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Lieu d’hébergement
Espace de rencontres
artistiques sans
emplacement fixe
#1 / URGENCE / REVUE
Décembre 2007
LH
« Il y a donc des pays sans lieux et des histoires Lieu d’hébergement est un gang
sans chronologies. Des cités, des planètes, des Lieu d’hébergement n’est pas un manifeste
continents, des univers, dont il serait bien Lieu d’hébergement est soumis aux flux de
impossible de relever la trace sur aucune carte ni l’immobilier
dans aucun ciel, tout simplement parce qu’ils Lieu d’hébergement n’a pas d’ADN
n’appartiennent à aucun espace. Sans doutes ces Lieu d’hébergement ne pourra jamais être
cités, ces continents, ces planètes sont ils nés renvoyé dans son pays
comme on dit, dans la tête des hommes ou à vrai Lieu d ‘hébergement est [potentiellement] : un
dire dans l’interstice de leur mots, dans cimetière, une prison, une maison close, le
l’épaisseur de leurs récits ou encore dans le lieu sommet d’une montagne, un asile
sans lieu de leur rêve, dans le lit de leur cœur, psychiatrique, une maison de retraite, un jardin
bref c’est la douceur des utopies ». Michel public, le trottoir souillé, le toit d’une église, un
Foucault, Extrait de « l’art de penser », squat, le hall de gare, le trajet d’un bus, un
conférence donnée autour de la notion théâtre national, un panneau d’affichage, un
d’hétérotopie, 1967. salon privé, une pensée inutile
Lieu d’Hébergement ne cherche pas à Lieu d’hébergement accepte les deniers publics
réaliser l’emplacement d’une utopie en mais n’a pas de compte en banque
pensant la construction d’un lieu (en terme Lieu d’hébergement est une chose publique
d’édifice), mais bien à penser sa nature nomade Lieu d’hébergement n’est pas une revue
et immatérielle comme une possibilité de mensuelle
multiplier et d’éprouver à chacune de ses éditions Lieu d’hébergement est une page en cours de
la capacité d’agir et de penser en confrontant construction…
l’espace matériel (lieux déjà existants dans Pour cette première traversée, Lieu
lequel Lieu d’hébergement s’inscrit : lieu comme d’hébergement s’est posé sur le terrain de la
topographie mais aussi comme fait social, délocalisation des usines de collants Well dans
politique, historique, etc.) et l’espace agissant les Cévennes, en proposant - autour de la
(imaginaire, discursif, festif, poétique) que création de la pièce de théâtre « Les
produit l’art. Mangeurs » créée par les associations Sîn et
Enquête - une rencontre-débat à caractère
Sa principale qualité : Lieu d’hébergement n’a
performatif autour de la notion d’urgence.
pas d’emplacement
Ce compte-rendu de la rencontre qui s’est
Lieu d’hébergement n’est pas un lieu de diffusion tenue le 06 novembre 07 à Gare au Théâtre
Lieu d’hébergement n’est pas un territoire de l’art fera l’objet de l’édition du numéro zéro de la
Lieu d’hébergement n’a pas une régularité mais revue Lieu d’H. accompagnée du texte de la
se soumet aux flux pièce de théâtre « Les Mangeurs » de Caroline
Lieu d’hébergement se déplace sur un axe Masini, librement inspirée par la délocalisation
déviant des usines Well.
Lieu d’hébergement est une préparation H. (lieu
d’ : hébergement, hétérotopie, habeas corpus, habitat, habitus, haine,
hall, halle, hallucination, halogène, halte, hamac, hamburger,
hamadryade, hameau, hameçon, hampe, hangar, hanté, happening,
happy end, happy few, haptonomie, hara-kiri, harangue, harasse,
harcèlement, hard, hardi, hardware, harem, hargne, harissa,
harmonie, haro, harpie, haut-parleur, hâve, havre, hécatombe,
héliocentrique, hématome, hémicycle, hémisphère, hémodynamique,
hémoglobine, hémorragie, hémorroïde, hémostase, hennissement,
hérésie, héritage, herméneutique, herméticité, héroïsme, hertzien,
hésitation, hétairie, heurt, hibernation, high-tech, hilarité, histoire,
hold-up, homéopathie, homérique, hommage, hormone, horreur, hors-
concours, hors-d’œuvre, hors-jeu, hors-la-loi, hors-piste, hors-service,
hors-sujet, hospitalité, hostilité, houle, hourra, huée, humanité,
humidité, humiliation, humus, hurlement, hydraulique, hydrocution,
hyperacidité, hyperactivité, hyperémotivité, hypernervosité,
hypertension, hypnose, hypocrisie, hypothèse, hystérie…)
LH
Décembre 2007 – Numéro Zéro
RENCONTRE
Présentation
Interventions
PIERRE GONZALES – neR 07- CAHIER DES CHARGES
PATRICIA PERDRIZET – 6 MINUTES
ANNE KAWALA – ZADRAS zélé
OLIVIER MARBOEUF – MAINTENANT, TOUT DE SUITE,
MAINTENANT, IMMEDIATEMENT, SI POSSIBLE
CLYDE CHABOT / HUYN JOO SONG – 2007 MEDEE(S) et UNE
FEUILLE NOIRE de Huyn Joo Song
FRANCK GUILLAUMET –
MUSTAFA AOUAR – DEVONS de G.LEPINOIS
ERIC CHEVANCE – POUR UNE AUTRE RELATION A L’ART ET
AUX POPULATIONS - DES PRINCIPES POLITIQUES POUR UNE
NOUVELLE EPOQUE DE L’ACTION ARTISTIQUE ET CULTURELLE
CIE. KTHA –
YOVAN GILLES – ACTIVITE ARTISTIQUE ET MONDE DU
TRAVAIL
Synthèse
AUDIO
Dans un second temps, il est apparu significatif que la nature même de ce projet,
et la posture adoptée face à une réalité à l’état brute, se mettait à questionner,
au-delà du fait réel dans toute sa gravité, un mode de relation entre art et
société, un mode de dialogue entre artiste et population, et, par
extension, un mode d’être à la société.
Enfin, suite à une discussion cherchant à étayer le thème, il est apparu que la
notion d’urgence se mettait à soulever des questions liées à la place même de
l’artiste dans la société, aux langages mis en œuvres pour y participer.
[à lire au mégaphone ou dispositif similaire, sur la bande son "Turn over Emergency", qui elle
nécessite une sonorisation sur 2 ou 4 enceintes (= 6mn10s : manière son contre son. Si
possible terminer la lecture avant la fin de la bande son (entre 10 et 30s) pour la laisser se
terminer sans concurrence avec la lecture]
PROCESS/ACTION UTILITE
LATE IN TIME
BURN OUT
IMMANENCE / COLLECTIVITE
UN ETAT DE FETE
La dimension socio-économique
[modifier]
1 DEMARCHE 2 QUALITE
Enfin, notre système de couverture santé et de
dissuasion culturelle est sans cesse rediscuté [du fait
de la rationalisation policière de ses coûts], les
gouvernements successifs n’ont eu de cesse de
chercher à réduire « le coût de la santé et de la
création » en France, par des gains de productivité.
Le recours de plus en plus courant aux services
d’urgences et de médiation entre les corps et entre
les imaginaires pèse, ainsi, un poids non négligeable
dans la privatisation économique, et la normalisation
sécuritaire, de la CULTURE et de la SANTE.
Le blog : travailetcreation.over-blog.org
6 MINUTES
J’ai réfléchi a ce que j’allais pouvoir dire en 6 minutes,
Je pense que le plus simple et le plus utile est de vous présenter les activités de notre association …
Faire connaissance, être vu et entendu par les acteurs ici présent, ceux avec qui on partage certaines
galères mais aussi certaines utopies me semble la priorité. Je vais vous le faire rapide jusqu’au projet
qui nous occupe actuellement et jusqu’en 2009, voir 2010… après advienne que pourra… épuisée,
j’irais peut être cultiver mon potager a la campagne
C’est parti
(Rapide)
L’association au nom rigolo choisi sans aucune réflexion, mais par impulsion, coup de foudre, a été
créée en 1992.
Au départ c’était pour éditer un collector sur Boby Lapointe qui n’a jamais vu le jour, peu importe, je
commence l’année invitée au pop club de José Arthur pour en parler, puis je découvre chez un des
rare artiste que je connaissais Marc Daniau, illustrateur de son état, des vaches, plein, je décide de les
sortir brouter en public, une amie me conseille d’élargir et d’ouvrir l’expo a d’autres, c’est pas toi qui
t’y colle, bon ok, l’avantage de mon aveuglement d’autodidacte c’est que je n’ai aucune conscience du
travail et beaucoup d’énergie
Ainsi nait Vache d’Expo, premier événement du sourire, une performance, 80 artistes, 250 vaches,
sans ordinateur, sans fichier Xell, sans savoir ce qu’était une attachée de presse, j’étoffe d’un coup
mon carnet d’adresse d’autant, je fais des connaissances, je deviens même présidente de
l’association (vous savez ceux qui ont édité Persépolis) à la suite de l’organisation de cette exposition
notre partenaire nous demande d’organiser un concours d’art plastique sur l’animal, devenu une
véritable étable nous décidons d’éditer un ouvrage « Nos vaches » qui présente plus de 450 vaches,
peintes sculptées, photographiées par 200 artistes, il a été vendu a 13000 exemplaires
Suite aux vaches, le premier. de plusieurs expositions et éditions organisées a l’occasion de la fureur
de lire, du temps des livres et aujourd’hui de lire en fête et en complément du remarquable travail du
CPLJ(centre de promotion du livre jeunesse) de Seine St Denis nous éditons un ouvrage, sorte de
guide de l’illustration en France Les illustres qui présente le travail de 150 illustrateurs a travers la
commande.
Puis nous organisons avec l’AFAA une exposition de treize illustrateurs qui va tourner en Asie et en
Europe de l’est pendant 5 ans.
Et enfin, nous éditons Color Star, prétexte encore a la découverte de 60 artistes à colorier,
Motivée par la recherche du bien commun, et après un cours séjour en Afrique, l’association s’est
tournée définitivement vers le domaine de la création investie, impliquée, engagée dans des
problématiques de société.
En 2000 soutenus par la commission européenne, nous avons organisé une exposition sur le
thème de l’usine, 73 artistes contemporains et européens.
De 2003 à 2005, nous avons produit un événement sur la mémoire du travail J’ai travaillé mon
comptant ; Initié par la plasticienne Françoise Pétrovitch, motivée par une envie de capter et de
transmettre, nous avons recueillit dans différentes régions de France le témoignage de 100 retraités
sur leur vie au travail.
Un ouvrage et une exposition, accompagnés de lectures des textes et de rencontres se déplacent,
depuis fin 2005, en France.
Elle a récemment été présentée à la bibliothèque de Vitry et se promène dans les bibliothèques du
nord de la France.
Depuis 2 ans, soutenus par la région Ile-de France, nous avons engagé un gros chantier, une sorte de
recherche-action sur la question du travail « Au Boulot ! Travail et création » qui va prolonger les
événements ci-avant cités, Usine et j’ai travaillé mon comptant
Un premier colloque a eu lieu en février au sein de l’événement « Et voilà le travail ! Les bâtisseurs en
Seine-Saint-Denis » à Aubervilliers.
Il s’articulait autour de trois tables rondes :
«Comment être sujet dans son travail ? », « Comment la création artistique travaille-t-elle son
époque? », et « Les artistes et les travailleurs ensemble dans la défense de la valeur Travail. »
Parmi les intervenants : Yves Clot, professeur titulaire de la chaire de psychologie du travail du CNAM;
Claire Villiers, cofondatrice d’AC ! (Agir ensemble contre le chômage) ; Nicolas Frize, compositeur…
Le projet vise à donner la parole au travail à rendre visible l’invisible, à consolider le réseau, à
développer une plate forme d’échange en faisant en sorte que le plus grand nombre possible
d’acteurs-relais du monde du travail, de l’éducation, de la création, de la recherche et de la formation,
s’emparent de la question.
Des collaborations se mettent en place avec différents partenaires :
Un autre projet est en train de se monter entre l'Association Emmaüs Paris et le collectif La Forge
autour de la question « Et le travail ? », une interpellation présente, insistante, répétée…
Après les agricultrices (Thiérache du Centre), les métallurgistes (Montataire), les salariés d’un lieu
d'expérimentation sociale passée (Guise), cette question est posée en marge de la société, dans le
monde fragile de la précarité, de la pauvreté et de la diversité.
Quelle mémoire du travail ont nos interlocuteurs ? Quel travail vivent-ils ? Comment vivent-ils
l'absence de travail ? Quel travail espèrent-ils vivre ?
La Forge est composée d’un écrivain, d’un plasticien, d’un photographe, d’un graphiste et d’un
chercheur qui produisent un ensemble d'écritures et de créations visuelles à partir des échanges.
Un projet avec le collectif le Bar Floréal sur l'apprentissage avec les CFA, les
lycées professionnels et, nous l’espérons, avec la ville de Vitry
Un projet avec les étudiants de 2eme année de l’école des arts décoratifs de
Paris
Enfin, nous avons mis en place un blog, centre de ressources, qui répertorie toutes les créations, sans
sélection, des cartes informatives sont a votre disposition
Si j’ai encore du temps, permettez-moi de vous citer une citation de Claire Mercou, cadre au chômage
qui a participé a la création de la pièce Top Dogs, produite par le CDN de Montreuil,
- « Il est nécessaire de bien situer la démarche dans le monde du travail d’aujourd’hui, c’est-à-
dire un monde du travail difficile, précaire, instable, un monde du travail où les modes de
management s’appuient parfois sur la peur paralysante anti-créatrice, un monde du travail
prenant en compte les nouveaux métiers du tertiaire et ses «o.s.» et donner quelques clés,
quelques expériences positives où l’imagination, la participation, la créativité ont permis de
vivre autre chose autrement et où la question de la place de l’Homme est portée. Là, se
situent les véritables enjeux. »
Et une d’Yves Clot, psychologue du travail au CNAM, qui nous rappelle que :
- « Pour que le travail soit efficace, paradoxalement, il faut avoir le loisir de penser dans le
travail. Bien souvent on sépare le travail des loisirs. Les loisirs, le temps libre seraient en
dehors et le temps de travail serait le contraire du temps libre et inversement. Je pense, sur la
base d’années de recherches, et pas seulement des miennes, que la liberté du temps est
d’abord dans le travail. Et quand la liberté du temps n’est pas dans le travail, le fameux temps
libre extérieur est souvent du temps mort. C’est du temps qu’on passe à récupérer ce qu’on a
dû subir à l’intérieur du travail. Il ne faut pas que le temps libre, les loisirs, soient du temps
mort voué à la consommation immédiate. […] Moi je considère que l’efficacité passe aussi par
des arrêts. Par de la respiration. »
- « Alors évidemment, lorsque des artistes, des artistes au sens large, tous les arts confondus,
cherchent à parler à des gens qui ont été désœuvrés à l’intérieur de situations de travail, c’est
très difficile. Ils sont contaminés par ces situations d’impuissance dans lesquelles ils ont été
placés. Alors quand on est impuissant, quand on est attaqué dans sa dignité à l’intérieur de
l’activité professionnelle, c’est très difficile ensuite de se confronter à l’art, à la création, à
l’interrogation. Je fais un lien très fort entre désœuvrer l’activité humaine à l’intérieur du
travail et la difficulté pour des artistes de trouver des interlocuteurs, de les rendre sensibles à
des œuvres Tant qu’il y a du désœuvrement en situation professionnelle, l’œuvre n’a pas de
sens à l’extérieur du travail et on regarde la création artistique comme un divertissement, une
raison de plus d’oublier ce qui s’est passé, voire de s’oublier soi-même. »
Voilà c’est ca
6 minutes ?, c’est bon ?
A vous les studios
ANNE KAWALA
Née en 1980. De formation d'abord scientifique, suit ensuite le cursus art de l'ENBAL
(DNSEP en 2005) où a eu lieu l'expérimentation de différents médiums (installations,
internet, écrits, vidéo, dessin). Choisit (enfin) la poésie sonore et visuelle
(http://a.naked.lawn.over-blog.org ) et mène en parallèle un travail de critique
(http://www.paris-art.com, 02, catalogues) notamment en proposant avec Emilie
Perotto et Sarah Tritz le webzine KazaK (http://corner.as.corner.free.fr/kazak.html).
Premier recueil publié par les éditions du Clou dans le fer
(http://ed.lecloudanslefer.free.fr/ ) en avril 2008.
Après la création de la maison d’édition AMOK en 1992 puis Frémok en 2001, Olivier
Marboeuf fonde Khiasma, association de développement de projets culturels inscrits dans
l’espace social et assure, depuis 2004, la direction artistique de l’Espace Khiasma (espace
dédié aux arts visuels et aux littératures vivantes, basé aux Lilas.) Ses projets actuels
s'orientent plus spécifiquement vers l'écriture critique (notamment autour des
problématiques associées à la communication, au langage et à la culture de masse) et à la
création d’œuvres littéraires destinées à la performance. Depuis 2005, il présente
plusieurs conférences en Seine-Saint-Denis autour du thème "Marques et démarques,
esthétique de l'appartenance et de la distinction."
Depuis 2005, il enseigne l'art contemporain et la communication à l’Ecole Nationale
Supérieure d'Art de Nancy.
Premier poème
Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy
Cécilia Sarkozy
Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy
Khiasma
Cécilia Sarkozy
Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy
Cécilia Sarkozy
Cécilia Sarkozy
Khiasma
Nicolas Sarkozy
Khiasma
Cécilia Sarkozy
Cécilia Sarkozy
Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy
Khiasma
Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy
Cécilia Sarkozy
Cécilia Sarkozy
Cécilia Sarkozy
Cécilia Sarkozy
Cécilia Sarkozy
Khiasma
Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy
Khiasma
Au vu du peu de temps dont je dispose pour porter à votre connaissance l’existence de Khiasma, il me
semble opportun d’utiliser ici et maintenant une technique efficace pour capter votre attention. La
réduction du temps d’attention de l’auditeur, du spectateur et du téléspectateur, est un phénomène
contingent de l’émergence des médias de masse, qui s’est accentué par la prise de rang des nouvelles
technologies de l’information et de la communication que nous appellerons ici pour plus de commodité
les NTIC. L’influence des NTIC sur la marchandisation, notamment de la culture, a contribué à
déplacer le commerce de contenu vers un commerce de la présence, qu’on peut aussi appeler
audience. La présence dont nous parlerons ici n’est pas d’origine organique, c’est-à-dire qu’elle ne
repose pas sur la détermination de la position dans l’espace d’une agglomération complexe de cellules
appelée communément être humain (pensant et agissant.) Elle est subordonnée à un clic, c’est-à-dire
une pression mécanique traduite en un signal électronique lui-même traduit en langage machine afin
de produire un ordre. Le clic, indique donc que vous êtes présent, le nombre de clics la persistance de
votre présence dite aussi qualité de présence. L’utilisation de mots dont les occurrences d’apparition
sont nombreuses permet à un système électif dit « moteur de recherche » d’identifier la pertinence du
lieu où je me trouve, son importance ou traduit dans une logique de flux, de vitesse : son urgence.
Vous comprendrez par conséquent pourquoi nous avons décidé de substituer le terme « monde » par
celui plus précis de « base de donnée globale » Ainsi en environnant le nom de la structure que je
dirige d’un « tags cloud » ou nuage de mots-clefs à fort potentiels, je favorise la réception de ce nom
par une large audience.
Le rôle de l’artiste dans une société de l’urgence peut par conséquent se détacher de la production
traditionnelle de biens de consommation pour s’affirmer comme une activité de production de
situations de présence apparemment gratuites, audience qui valorise dans le nuage des tags, sa
propre marque, son occurrence, qu’on pourra choisir d’appeler existence. En vous invitant à devenir
mes amis, je vous demande de venir cliquer mon nom de façon régulière. Notre relation induira de fait
une meilleure réception de mon nom dans l’imaginaire collectif interrogé par le moteur de recherche.
Mais il existe d’évidence d’autres possibilités. La posture de l’urgence est une manière d’inscrire la
vitesse des événements dans leur nature intrinsèque, de naturaliser la vitesse en quelque sorte
comme on naturalise le marché. Le mode de communication contemporain de la politique notamment
est marqué par une inflexion de la structure du discours liée à la vitesse. A la façon d’un paysage
déformé à la fenêtre d’un train à grande vitesse, le discours ne fonctionne plus sur un principe
d’articulation ou même d’argumentation mais dans une logique de juxtaposition. Le langage de
l’urgence opère comme une glue cinétique qui construit un continuum logique à partir de mots dont la
relation n’est jamais réellement articulée. C’est donc la vitesse qui fait sens en traversant des
éléments placés à proximité les uns des autres. L’intérêt, vous l’aurez compris, de ce discours est qu’il
est incontestable car non formulé. Pour finir, je voulais partager avec vous, un poème qui associe à la
fois le principe de cinétique et celui d’occurrence. Cela s’appelle « j’ai vu un nuage de mots clefs par la
fenêtre du tgv »
Immigration
Islam
Islam
Islam
Emeutes urbaines
Islam
Immigration
Immigration
Immigration
Islam
Tournante
Cave
Cave
Cité
Tournante
Immigration
Tournante
Cave
Islam
Immigration clandestine
Cave
Cocktail Molotov
Cave
Tournante
Immigration
Islam
Islam
Emeutes urbaines
Respect
Respect
Respect
Voitures brûlées
Voitures brûlées
Immigration
République
Islam
Emeutes républicaines
Voitures clandestines
Voitures républicaines
Islam
Islam
Immigration
Ceux qui n’aiment pas la France n’ont qu’à la quitter.
Merci.
SYNTHESE I
Débats 1/2
Extrait
- Jean Hurstel (médiateur) : la question qui ressort de ce premier cycle d’interventions est celle du langage,
de la nature d’une parole et de sa circulation. Le public peut-il rester passif face à cette question.
- Homme du public : l’art devrait créer du langage ; passage obligé pour créer de nouvelles idées, de
nouvelles luttes.
- Jean Hurstel (médiateur) : Interaction entre réalité et langage ?
- Jeune femme du public: Les contraintes du dispositif de cette rencontre créent une juxtaposition de
différentes choses. Pour nous public cela crée une difficulté pour digérer et réagir dans l’immédiateté.
Par ailleurs, il semble que cette diversité, créée par les contraintes de temps et d’espace imposées au préalable à
chaque intervenant, mette l’auditeur dans une situation où il lui apparaît difficile de cerner un propos et de construire
une réaction dans le temps de la rencontre-débat. L’auditoire n’est-il tout simplement pas habitué à la nature de cette
rencontre ? Aurions-nous dû donner aux auditeurs des espaces-temps de « digestion » à l’intérieur desquels ils
auraient construit une réflexion face à la diversité de cette forme discursive ?
CLYDE CHABOT / HUYN JOO SONG
Prendre le temps.
Entre chaque mot, une respiration, entre chaque phrase, à chaque virgule, point, point virgule,
une respiration
A un moment ça glisse. Tu ne sais pas pourquoi mais ça n’accroche plus. C’est passé, ailleurs, pour les
autres. Tu sais que ça existe, d’autres sont pris dans le tourbillon du désir, sexuel ou amoureux,
commercial ou intime, superficiel ou profond. Dans les rituels de séduction (physique, intellectuelle,
politique). Toi tu entends le bruit de ça au loin, sur un autre rivage.
A priori, pour l’instant tu n’y crois plus, tu n’en veux plus.
Temporairement épuisé.
Pourtant tu peux penser que l’être humain ne vit, ne vaut que dans son mouvement amoureux, dans
son aptitude à l’enivrement, au vertige, aux sensations fortes, au désir. Qu’il ne faudrait pas
seulement avoir vécu ou imaginer mais vivre vraiment les choses, ne pas être spectateur ou rêveur de
sa vie mais acteur sensible, agent actif de l’existence, du politique, de l’amour, tout ça
A moins que tout ça ne te soit tombé dessus. En fait, tu n’as aucun pouvoir sur ta propre vie.
Et tu subis. Tu es manipulé. Tu n’y peux rien. Tu n’as pas de chance. Tout ça te glisse dessus.
Les choses sont comme elles sont et tu n’y peux rien.
Ou bien encore tu dois décider de ton pouvoir d’action, de ta volonté. C’est le seul positionnement qui
rend possible ta propre vie.
Donc partir de là et retour à la case départ : Tu es responsable de ta nausée occidental. Tu peux t’en
accabler.
Tu peux aussi envisager chaque seconde / minuit / heure / jour / mois / année comme une page
blanche qui appelle ton geste, ton écriture. Tout est OPEN.
Etre là, dans ses bras, dans ce petit espace d’un mètre carré
Je respire la légèreté, la liberté, l’odeur du désir, du vivant
De l’espoir de l’espoir de quelqu’un
La force de repartir loin peut être là-bas, d’où je suis venue
Pour ne pas accepter
Ici à côté de toi
Les fausses urgences de ma vie
FRANCK GUILLAUMET
Entré au Ministère de la Culture en 1990, il devient délégué syndical CGT à la Réunion des
Musées Nationaux (RMN) en 1995, puis élu au comité de l’entreprise de l’établissement
peu après. Tout en quittant RMN pour la Direction des Musées de France, il prend ensuite
des responsabilités nationales au syndicat CGT du Ministère de la Culture (secrétaire
national). Il est depuis janvier 2007 conseiller confédéral à la politique culturelle.
Je prends la parole devant vous ce soir au nom de la CGT et plus particulièrement de son activité de
politique culturelle.
Il me semble donc nécessaire de revenir rapidement sur la « raison sociale » de notre organisation. La
CGT, c’est la Confédération Générale du Travail et non pas comme d’aucuns le pensent la
Confédération Générale des travailleurs même si, bien évidemment, nous nous employons à défendre
leurs intérêts individuels et collectifs, à les rassembler pour de nouvelles avancées sociales.
Cette nuance est sensible. Elle nous importe beaucoup. Le travail est en effet au cœur de nos
orientations et de notre trajectoire syndicale depuis plus de cent ans maintenant.
Ainsi pour nous, le travail compris comme l’une des médiations fondamentales entre la nature et
l’homme est indissociable du fait social. Regarder en face les conséquences dévastatrices de sa
dégradation, de sa précarisation ou pire encore de sa disparition nous permet de conscientiser
précisément en quoi il est indispensable à la construction d’une société de progrès, libérée, ouverte au
monde et réellement démocratique.
Nous nous battons donc pour ré-affirmer que non seulement travail et culture sont étroitement liés
mais de surcroît pour faire progresser l’idée que le travail est en soi culture – fait social et culturel
majeur.
Dans les responsabilités syndicales qui sont les miennes à présent mais plus largement aussi en tant
que citoyen, je me félicite que la CGT à son 48ème congrès en avril 2006 ait adoptée une résolution
engageant toute l’organisation à militer pour l’édification d’une démocratie culturelle.
Nous sommes convaincus que les tensions et les contraintes de notre époque commandent de se
défaire au plus vite d’une conception surplombante de la culture – la culture en ce sens étant le plus
souvent réduite aux seuls champs des beaux-arts et des belles lettres, culture prétendument élitiste,
culture dominante, sorte d’horizon indépassable – pour créer les conditions de la reconnaissance des
cultures de tous et de l’émancipation de l’individu, du travailleur, du citoyen, acteur à part entière
d’une réelle démocratie sociale et culturelle.
A l’heure de la mondialisation, il est aussi clairement question de s’opposer à la standardisation et à
l’uniformisation de la culture, et, au contraire, de lutter pour son essor dans l’accomplissement de ses
diversités essentielles, du pluralisme de ses formes et de ses modes d’expression et de diffusion.
Ces ambitions que l’on peut qualifier sans exagérer de vitales se heurtent, on le sait, à des forces
considérables et se situent dans le contexte d’évolutions tout à fait rétrogrades sous l’impulsion en
particulier de politiques publiques nocives et en dessous même de la ligne de flottaison de la fameuse
démocratisation de la culture.
Reste que le travail et son potentiel de cultures, que la rencontre souvent complexe, voire improbable
mais somme toute salvatrice de la création artistique et du travail recèlent des capacités
insoupçonnées de transformation sociale.
C’est cette dynamique pensée comme un affranchissement de toute domination qu’avec d’autres,
qu’avec vous, nous voulons faire grandir – sans tarder.
Entré au ministère de la culture en 1990, je suis devenu délégué syndical CGT à la Réunion des
Musées Nationaux (RMN) en 1995, puis élu au comité de l’entreprise de l’établissement peu après.
Tout en quittant la RMN pour la Direction des Musées de France, j’ai pris ensuite des responsabilités
nationales au syndicat CGT du ministère de la culture (secrétaire national).
Je suis depuis janvier 2007 conseiller confédéral à la politique culturelle.
MUSTAFA AOUAR
Mustafa Aouar est fondateur et directeur de Gare au Théâtre à Vitry sur Seine et
metteur en scène de la Compagnie de la Gare.
B- A- B-
A-
A- B- A-
Peu. B-
( Tu parles ! )
A-
( Avec un oeil
dans l'dos. )
Devons !
ERIC CHEVANCE
Les pratiques artistiques et culturelles subissent sans cesse et de plus en plus fréquemment les
souffrances de notre démocratie.
Face à ce qui nous englobe, et qui nous est imposé, face aux modèles dominants, l’art ouvre pourtant
la possibilité de l’autre, l’autre interprétation, l’autre communauté, l’autre regard.
Comme vision sensible du monde, il se pose comme élément fondamental constitutif de la personne,
en tant qu’être humain autonome, social et responsable.
Comme construction d’un vécu collectif, d’une expérience commune et partagée, il est l’un des
fondements de la démocratie, seule possibilité acceptable, aujourd’hui, du vivre ensemble.
Il se pourrait même que, comme dans de nombreuses situations historiques du passé, l’art soit un
recours pour une société devenue de plus en plus difficile, où, au-delà des apparences, notre
démocratie accepterait ses propres renoncements.
Et c’est cette nouvelle réalité qu’il nous faut considérer et dans laquelle nos vigilances et nos
engagements doivent se retrouver, face aux dégradations quotidiennes d’une démocratie de plus en
plus malmenée et beaucoup plus fragile qu’il n’y paraît.
Comment alors accepter la dégradation des politiques publiques, de toutes les politiques publiques,
mais particulièrement de celles de l’art et de la culture ?
Comment alors accepter la précarisation des artistes et plus largement de très nombreux intervenants
des champs artistique et culturel, comment accepter la standardisation des œuvres au goût du plus
grand nombre, comment accepter que les déclarations sur la diversité culturelle ne soient que
rarement suivies d’actes ?
Comment accepter enfin l’oubli complet de certaines des initiatives artistiques les plus novatrices, les
plus originales, tout en restant les plus populaires ?
Dans ces temps de confusion sur les valeurs qui fondent notre société, Autre(s)pARTs affirme
solennellement la nécessité de tendre vers une véritable démocratie culturelle, qui remette
radicalement en cause les dogmes sur lesquels, depuis plus de quarante ans, s’appuie l’action
culturelle dans notre pays.
Une démocratie culturelle qui, dans le sillage des idéaux et des pratiques de l’éducation populaire,
implique des interactions renouvelées entre mondes artistiques et autres champs sociaux, qui rende
actives les populations dans la construction d’un authentique développement culturel, qui mêle dans
les mêmes lieux, sur de mêmes projets, amateurs et professionnels.
Il est d’une nécessité absolue de repenser les objectifs et les moyens des diverses politiques publiques
dans ce domaine, de considérer avec la plus grande attention les expériences artistiques citoyennes
qui se développent et prouvent qu’une approche populaire de l’art n’est pas une utopie passéiste,
mais bien une réalité en marche.
Plus largement, nous militons pour un certain nombre de principes politiques, en concordance avec la
spécificité de nos pratiques artistiques et culturelles, et qui concernent notre société tout entière.
2 – Nous revendiquons la primauté des droits culturels au sein des droits de l’homme, comme droit
d’accès de chacun aux ressources nécessaires à son développement personnel et social.
Celui de co-construction des pratiques artistiques et des politiques culturelles avec tous les acteurs
sociaux concernés s’en trouve induit.
3 – Nous revendiquons donc aussi la primauté de l’initiative civile et citoyenne ayant d’autres fins que
lucratives dans le développement de notre société.
La nécessité d’une réelle « sécurité sociale professionnelle » est particulièrement sensible dans les
milieux artistiques, mais touche fondamentalement l’ensemble de notre société capitaliste hantée par
l’innovation et la flexibilité.
Elle devra être rendue viable par une redistribution d’une part accrue de la richesse collectivement
produite au profit du plus grand nombre.
Nos pratiques, nos projets se veulent en tout cas au cœur d’un processus historique d’émancipation
de l’être humain, dans lequel la dimension sensible et créative de l’activité artistique est partie
intégrante du mode d’organisation et de développement politique pour lequel nous militons.
Ainsi, nous engageons dès maintenant le débat avec tous ceux qui sont conscients de l’importance,
pour les individus comme pour la collectivité, de construire de nouvelles relations, riches, fortes,
durables, entre art et populations. Les acteurs sont présents, les idées foisonnent, il ne manque
qu’une volonté politique et citoyenne affirmée. Avec qui la porterons-nous ? Il y a urgence.
ARIEL CYPEL
Ariel Cypel est metteur en scène et directeur artistique de Confluences, Maison des
Arts Urbains à Paris.
Il travaille actuellement sur le projet Murmure, pièce écrite et mise en scène avec
Gaël Chaillat, d’après des témoignages de Amira Haas et Mahmoud Al Safadi.
Bonsoir, je représente le projet Murmure qui évoque à travers une comédie dans diverses langues le
destin de la journaliste israélienne Amira Haas et de l’ancien détenu palestinien Mahmoud Al Safadi
et je suis venu ici partager avec vous mon doute profond quant à la question de l’urgence.
En effet nous traitons d’un sujet qui est plus que centenaire et si les choses continuent ainsi on en a
pour encore au moins cent ans donc je ne vois pas d’urgence…
Nous traitons un sujet qui est tellement médiatisé que je vois peut être l’urgence à en traiter d’autres
et nous traitons un conflit qui ne se véhicule qu’ a travers la représentation et je voudrais vous faire
mon part de mon paradoxe et de mon questionnement puisque la réalité n’est vécue qu’à travers la
représentation qu’elle génère et le théâtre trop souvent est le lieu de la non représentation en ce qui
concerne ces conflits, donc je me pose encore plus la question de l’urgence. J’en vois une, c’est
l’urgence de mettre en avant deux personnes qui se distinguent parce qu’elles refusent absolument
d’aller dans le sens prédominant, qui est celui de l’ethnie, de leur communauté, de leur sang. Elles
sont seules, elles continuent à évoquer des mots qui semblent avoir perdus tout leur sens, qui sont
ceux de justice et d’égalité.
Roméo et Juliette étaient bien dans le monde dans lequel ils vivaient. C’étaient des princes. Et il leur a
fallu tomber amoureux pour un jour se rendre compte que leur société véhiculait certains carcans.
Mahmoud Al Safadi et Amira Haas étaient seuls avant de se connaître, seuls chacun dans sa société et
c’est pour ça et seulement pour ça qu’ils peuvent se parler aujourd’hui.
Ils ont accepté de raconter leur histoire seulement et seulement si c’était par le biais d’une comédie
alors je veux rendre grâce au sentiment d’urgence qu’ils véhiculent à chaque instant.
COMPAGNIE KTHA
www.ktha.org
L’urgence
L’urgence de dire
L’urgence de faire
Les urgences
Dr carter ?
Défibrillation
Urgence Pratique : revue médicale d’urgence préhospitalière
Il y a urgence / ça urge
Je suis dans l’urgence
Qu’est-que j’y peux ?
Dépêche-toi !
Procédure d’urgence
Etat d’urgence : Régime exceptionnel qui, en cas d'atteinte grave à l'ordre public ou de calamité
nationale, renforce les pouvoirs de l'autorité administrative. L'état d'urgence (...) permet aux autorités
administratives de prendre toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et des publications de
toute nature (BELORGEY, le Gouvernement et l administration de la France, 1967, p. 143).
Planète urgence : l’association Planète Urgence permet à tous de partir en congé solidaire au sud.
Au sud de quoi ?
Au Sud de qui ?
Allo ?
Allo ?
Y’a quelqu’un ? Répondez s’il vous plaît.
Aidewindows.net :
Urgence : en cas de problème, il est nécessaire de savoir quoi faire
- effacement de fichiers
- plantage de l'ordinateur
- difficulté au démarrage
- utilisation de la disquette de démarrage
Tic tac tic tac tic tac tic tac…
Mais il n’y a donc personne pour répondre ?
Qu’est-ce qu’on fait ?
Qu’est-ce qu’on fabrique ?
Et le Darfour ? C’est urgent ?
Prioriser les urgences
L'urgence, c'est un concept qu'on travaille à la ktha depuis longtemps, peut-être depuis les origines, je
ne sais plus ce qui est venu en premier, l'œuf ou la poule. Il nous semble essentiel pour pouvoir bien
dire. On fait très attention dans le travail à la distinction entre urgence et précipitation. Pour pouvoir
bien dire, bien transmettre, bien "dire à", il me semble qu'il faut être dans un certain état d'urgence.
En tous cas, c'est un état que j'aime voir chez les acteurs. Un état de présence importante sur le
plateau. Il n'y a rien d'ésotérique dans mon utilisation du terme "présence". Il s'agit juste d'être là,
rien de plus. Mais en travail, en répétition, j'aime pousser doucement les acteurs vers cet état
d'urgence.
On développe souvent nos "indications" en précisant qu'il faut dire tout, très précisément, que
l'interlocuteur (en l'occurrence le spectateur) doit tout entendre, tout assimiler en le moins de temps
possible. Le plus important pour nous, dans cette notion d'urgence, n'est pas la restriction de temps,
qui vient après, mais la nécessité de tout transmettre précisément.
Pour expliquer ça, on prend souvent l'image d'une scène de film. Elle nous parle et nous amuse et
puis tout être normalement constitué l'a vu (merde, en disant ça, je suis à peu près certain de vexer
quelqu'un, tant pis). Il s'agit du briefing de l'attaque de l'étoile noire dans la guerre des étoiles. La
base des rebelles est sur le point de se faire détruire, une poignée de pilote à peine formés sont
réunis. Ils sont le dernier espoir de la rébellion pour détruire l'étoile noire, la planète-arme de l'empire
dont les méchants se servent pour éclater des planètes. L'état major rebelle vient d'avoir les plans de
l'étoile noire, les officiers ont quelques minutes pour expliquer aux pilotes le plan d'attaque. Si les
pilotes décollent trop tard, ils se feront détruire avant d'atteindre l'étoile noire, si ils loupent un détail
du plan, ils iront se scratcher sur les défenses de l'étoile.
Ce briefing est pour nous l'exemple parfait de l'urgence.
Et puis il y a cette sensation politique d'urgence. Quelque chose ne va pas et il faudrait faire quelque
chose. Quelque chose de pertinent, de fort et vite. ça part en vrille et faut pas laisser faire, il faut agir,
faire, vite. Parce que les choses sont en train de s'installer à une vitesse faramineuse, mais en silence,
ou presque. Parce que le ministère de l'immigration et de l'identité nationale est en place, depuis des
mois et que c'est comme ça, parce que les test adn et puis voilà, parce que la confiscation des tentes
et des couvertures des familles à la bourse et le silence derrière, parce que le discours de Sarkozy à
Dakar(?????), parce que les militaires en arme dans les gares sous prétexte de vigie pirate (état
d'urgence national en place depuis 1996, si je ne m'abuse) parce qu'il y a ne serait-ce que 15 ans on
nous aurait dit ça, on aurait hurlé de rire en se moquant de nous et qu'aujourd'hui, rien. et tout ça qui
s'accélère ces derniers temps, le sentiment de manque d'action, très fort.
Urgence parce que chaque parole a un temps, et après maintenant : elle peut être trop tard. Parce
que l'AFP fait chauffer nuits et jours tous ses tuyaux pour rappeler que c’est le retour aux
fondamentaux, à l'orthographe, au travail, à la famille, à la patrie.
Et puis en même temps, l'urgence m'inquiète beaucoup. Un peu l'impression d'en faire l'éloge alors
que je râle contre très souvent. Parce qu'elle cache souvent le manque de réflexion, de recul, parce
que je trouve insupportable les gyrophares et leurs sirènes en permanence dans ma rue, l'usage
excessif de l'urgence par les flics de Paris me fait peur et m'énerve au plus haut point. Est-ce que je
suis parano ou depuis quelques années, on entend trois fois plus de sirènes qu'avant? (j'ai d'ailleurs
noté au passage une augmentation notable des sirènes dans le quart d'heure qui précède les matchs
"importants" - curieux, même si un peu hors sujet, quoi que).
Pour essayer d'être un peu plus constructif, l'état "urgent" me semble à double tranchant. Il est un
formidable moteur d'action, c'est indéniable. Mais il a aussi beaucoup de défaut et est peut-être
justement ce qu'il nous faut éviter (peut-être). Il agit possiblement dans le sens de nos ennemis en
nous empêchant de prendre du recul sur les choses, en ne laissant pas la place à la réflexion, qui
prend du temps et nécessite un état de calme, de repos. Être dans l'urgence, c'est souvent palier au
plus pressé, c'est la gestion de type ONG du gouvernement actuel, ce sont les actions express de
Sarkozy, ça ne sert à rien dans le fond, mais ça donne l'impression qu'on fait des trucs. Se mettre
dans l'urgence, c'est aussi accepter que le cours des évènements nous dirige.
Nous avons choisis cette forme, elle nous semble pertinente avec les deux mots clés. Avec le réel
surtout. L'idée nous est venue du premier lieu de stockage de la compagnie. C'était un boxe en sous
sol. Il n'y avait pas de lumière dans notre boxe, juste une minuterie dans le couloir. C'était une vraie
galère, on se retrouvait dans le noir avec nos plaques de plastique dans les bras. Et en même temps,
ça rythmait les chargements/déchargements.
Vite, vite, vite, vite, vite, vite, vite, vite, vite vite vite vite vitevitevitevitevitevievitevite
Grouille
Abrège
Mais magne toi bon sang
On y sera jamais à temps
On y sera jamais
tout s'écroule
Les murs sur nous
on reste là dressés comme des lions
assis
couchés
et tout s'effondre
sur nos poings fermés au sang
vite
parle
dis tout
tous les mots possibles
dis tous les mots possibles
mais vite
ca tourne
j'ai mal
j'aurais voulu juste un instant pouvoir regarder sans courir
Quand on cours on voit moins bien la beauté
Mais je cours
Vite
Dressé
Plus vite
Le fouet claque
Juste regarder
qui manie le fouet
et fondre
fondre sur lui avant d'y rester
lui broyer son chrono
sa compétitivité
son rendement
sa productivité
sa compétition
ses productions
lui broyer les doigts
les manger
le laisser sans doigts pour compter
pour décompter
faire la peau au bourreau
faire la pause au bureau
vite
arrête
vite
arrête toi
YOVAN GILLES
Yovan Gilles est membre fondateur des Périphériques vous parlent.
www.lesperipheriques.org
Intervention accompagnée d’un extrait vidéo tiré de : La voix des coulisses ( 20 mn - 2007)
Un film de Federica Bertelli, Yovan Gilles et Marc’O ; extrait de la dernière pièce inédite de Marc'O
L'autre côté des merveilles.
Musique : Arnold Schoenberg et Gustav Mahler
La prise de parole musicale d’un régisseur de théâtre confiné dans sa cabine de régie. Un discours sur
le travail et un hommage aux techniciens de l’ombre œuvrant dans les coulisses du théâtre.
Ces trois dimensions, souligne Gorz, ne sont pas des catégories pures : elles sont susceptibles
perméables les unes aux autres. La production de soi peut en partie s’appliquer à l’activité artistique
sous l’angle de la poïésis. En effet, le travail qui est art désigne le mouvement par lequel l’être humain
se réalise en réalisant quelque chose. C’est là un « but dérivé », et de l’art et du travail, qui nous
signifie en pointillé la coïncidence du produit et du producteur. Cette intimité entre la production du
produit et la production de soi ouvre à la dimension du poïétique, laquelle introduit autant à un
examen du mode d'existence de l'objet artistique qu'à la manière dont l'artistique questionne l'essence
du travail humain.
Or, à l’évocation de la production de soi, Alain Caillé a raison de nuancer qu’il nous faut trouver « des
articulations fines entre subjectivation et objectivation qui rompent avec les oppositions entre la pure
subjectivation créatrice et l’objectivation salariale », entre la production du sujet pour lui-même et le
travail purement hétéronome auquel elle semblerait s’opposer. Car cette dualité demeurant tranchée
de cette façon blesse justement, par son tranchant, tous ceux dont elle semble murmurer à l’oreille la
condition infamante. Cependant, une exigence éthique, que semble recouper la production de soi, ne
sert pas une forme d’épanouissement affectif ou contemplatif laissée à la discrétion du moi. Deleuze
remarquait que si l’œuvre est personnelle, elle est plus que personnelle. La production de soi ne
destine pas ainsi au quant-à-soi. Elle s’insère dans la trame des relations intersubjectives, elle se
glisse également dans la contrainte organisée du travail productif ; comme elle peut s’y noyer aussi et
y disparaître, sans que les victimes consentantes ou flouées s’en inquiètent le moins du monde.
Quoi qu’il n’y paraisse, il peut paraître à priori délicat de distinguer entre le travail aliénant et le travail
qui autoriserait la production de soi. Bien sûr, peu soutiendront sans provocation que le travail borné
et dégradant d’un journalier puisse être épanouissant en quelque façon. Certains le soutiennent avec
bonne foi, au prétexte qu’il n’y a pas de sot métier, et en arguant que ceux qui le subissent s’en
accommodent, et que l’on peut toujours tirer une fierté de l’exercice d’une activité servile. On peut
concéder que n’importe quel travail comporte une part de réalisation de soi parce « qu’il faut de tout
pour faire un monde », sentence proférée par un nihilisme de basse intensité. Mais à la condition de
considérer que la production de soi se déplace du contenu du travail vers des fins pour lesquelles le
sacrifice du travail est racheté par des gratifications qui en rachètent l’ingratitude.
La dégradation morale, attachée au travail servile, n’est pas que de l’ordre du jugement de valeur de
la part des classes qui en sont prémunies. La fierté elle-même des exploités ne vise pas à valoriser les
tâches sordides auxquelles les voue une condition insultante. Elle est l’expression d’une résistance qui
affirme d’abord que le travail le plus sordide n’arrive pas à dépouiller ceux qui en sont les victimes,
d’une humanité que leurs exploiteurs et le regard social leur dénient. Cette fierté honore alors la
mémoire d’un assujettissement qui doit être dépassé dans la lutte.
Sur un autre plan, le salaire peut bien compenser cet obstacle à ma liberté que le travail représente.
L’ennui que je supporte, à toutes fins utiles, résigne à la patience. L’idée d’une certaine forme de
réalisation de soi est alors différée dans les espaces hors-travail par des avantages compensateurs qui
rachètent en partie la ruine d'un temps sacrifié à la nécessité d’occuper un emploi. Je peux m’estimer
satisfait, à défaut d’être heureux, d’un travail sécurisant. Cet argument suffit à ce que la réalisation de
soi embrasse également les expédients qui font de la survie économique une sorte de miracle au
quotidien.
Ceci pour dire, que la nécessité sous laquelle je plie dans le cadre de la société salariale ne se
présente pas comme une pure extériorité, dictée par un devoir, ou un impératif me signifiant une
soumission sans appel. Dans la mesure où l’existence elle-même se présente confusément solidaire de
la contrainte au travail, la liberté auquel l’obligation de travailler semble faire obstacle, n’apparaît pas
plus désirable que la négativité du travail qui m’enchaîne à lui. C’est bien pour cette raison que le
travail aliène, c’est-à-dire qu’il force le consentement à ce point, où ceux qui le subissent, n’ont plus
même les moyens de se figurer les termes même de cette aliénation. Et l’aliénation peut même
prendre la forme d’une réclamation sociale pressante. D’ou les rapports souvent délicats entre les
artistes mobilisés sur les luttes sociales et les normes définissant la société salariale.
Synthèse II
Débats
Extrait
- Jean Hurstel (médiateur) : Comment passons-nous à l’acte ? la série de prises de
parole à laquelle nous venons d’assister révèle une grande diversité culturelle. Les notions
d’urgence et de vitesse, présentes dans chaque intervention, nous mobilisent sur différents
fronts : Démocratie culturelle, la question des sans-papiers, pouvoir…
- Une femme : « Le gasoil nous met à poil ! ». Nous parlons de démocratie culturelle, mais
il nous faut également penser à la démocratie ouvrière. Elle nous réunie ici, de part le
contexte dans lequel est organisé cette rencontre (Lien avec la création « Les mangeurs »
et actualité sociale). Nous devons alors parler de la grève. J’appelle à la grève générale.
Que se passe-t-il dans les NTA de ce point de vue ? Sont-ils des lieux caractérisés par le
fait de produire dans l’urgence ?
- Jean Hurstel (médiateur) : Pourquoi ne mettons-nous pas l’accent sur la décroissance
culturelle imposée par l’Etat ? On parle d’utopie sociale sans prendre en compte cet aspect
des choses pourtant très important et que nous subissons tous ici réunis et pour la plupart
liés aux champs culturels.
- Un homme : L’Urgence est une notion présente dans chaque période de l’Histoire. Y’a-t-il
plus urgence aujourd’hui qu’hier ou demain ?
- Jean Hurstel (médiateur) : Nous sommes en train de vivre une révolution
conservatrice. L’Etat et la chose collective représentent aujourd’hui le Mal. Une régression
généralisée nous impose de devenir ou producteur ou consommateur. Nous sommes de
plus en plus uniquement des consommateurs. Art et culture sont ils les derniers espaces
créatifs ?
- Un homme : Ne faire que se poser la question des subventions et des petits problèmes
du secteur culturel reviendrait à sectoriser les luttes alors que nous devons les globaliser.
C’est une nécessité.
- Une femme : Le type d’espace-temps dans lequel nous sommes réunis est important.
C’est le temps de la prise de parole et de la réflexion. Il nous faut prendre le temps. C’est
une nécessité.
- Un homme : Il faut se questionner sur la forme des mouvements sociaux nécessaires.
Créons des temps pour ne plus être le « nez dans le guidon » lorsque nous luttons. Lier
art, culture et société, c’est s’inscrire dans une démarche de partage et ainsi déjouer les
pièges du consumérisme et de l‘individualisme.
- Un homme : Ce qui me gène, c’est que selon moi, dans un espace de liberté personne
ne devrait définir par avance les notions proposées. Sinon cette personne impose une
orientation à la réflexion collective. La définition d’un mot n’existe pas au préalable elle se
créée par le langage.
- Jean Hurstel (médiateur) : L’Histoire défini les notions auxquelles nous sommes
confrontées.
-
- Le même homme : Vous imposez votre définition !
- Jean Hurstel (médiateur) : Ai-je ma propre liberté de parole ? Si ce n’est pas le cas
alors point de débat.
- Un homme : Nous faut-il nécessairement lier société et travail ? Le travail est il le seul
générateur de stabilité sociale ? Y’a t’il un monde du non-travail ? Qui s’y intéresse ?
(Lecture de « l’Appel de Rouen »*)
- Une femme : Ce que je trouve intéressant dans la forme de rencontre à laquelle nous
participons ce soir c’est qu’elle nous oblige à assumer notre propre langage, notre propre
positionnement par rapport à la notion imposée. Quant à l’écoute, elle ne se perd pas dans
de longs déroulements discursifs. C’est positif. Mais alors est-ce que nous réfléchissons
ensemble ou fait-on le constat que nous avons tous des opinions différentes ?
- Un homme : Le croisement entre poésie et réalité, lutte sociale et art, révèle une
question idéologique. Il nous faut sortir d’une forme de marchandisation culturelle. En
regardant la Tv, nous subissons des programmes basés sur cette idéologie, nous ne
choisissons pas. Se libérer c’est s’extirper du rôle de spectateur passif.
- Une femme : J’ai peur des hommes politiques. Personnellement, mon point de vue est
distancié par rapport au monde culturel. Je suis autodidacte. J’ai peur des hommes
politiques parce qu’ils sont déconnectés de la réalité. Ils ne peuvent pas avoir de volonté
culturelle.
- Un homme : La révolution conservatrice est en marche depuis 1985. C’est la question de
l’émancipation qui est importante. Emancipation par le travail ? L’argent ? Emancipation
par la culture ? le sexe ? le politique ? Suis-je émancipé ?
- Un comédien de « Les Mangeurs » : Demain, nous représentons un spectacle qui
traite de l’ensemble des sujet que nous abordons. Est-ce que les personnes présentes ce
soir le seront à cette occasion ?
- Jean Hurstel (médiateur) : Une des questions brûlantes, ce soir, semble être celle des
liens entre art et travail. Les ouvriers de chez Well et les populations ouvrières en
générales nous manquent pour approfondir la réflexion.
- Un homme : Y’a-t-il, ici, diversité culturelle ? Ou diversité des expressions culturelles ?
Toute expression culturelle est elle constructive ? Ne nous racontons pas d’histoire. On dit
souvent qu’au contraire du théâtre, la télévision abruti. Mais une pièce de théâtre peut
avoir exactement le même effet. Il ne faut pas nous complaire dans nos certitudes.
- Caroline Masini (théâtre Enquête): Est-ce que la forme de la rencontre ce soir a
produit de la pensée ? Il y a certes diversité culturelle, mais n’y a-t’il pas malgré tout
ressemblance ? Nous nous retrouvons ce soir entre membres d’une même communauté
socioculturelle. Devons-nous faire un constat d’échec ? Il nous faut continuer à réfléchir le
mode de ce type de rencontres.
LH
Aujourd'hui jeudi 25 octobre 2007 à Rouen une Assemblé Générale a déclaré la grève, l'occupation
et le blocage de l'Université. Nous sommes la génération qui s'est battu dans la rue ces dernières
années, ces derniers mois. Depuis plusieurs jours, nous avons observé la mobilisation des autres
villes. Il nous a semblé que chacun, là où il était, attendait un signal, une étincelle, pour que tout
commence. Nous n'avons plus de raison d'attendre.
Des cheminots nous retenons la force de paralysie, la capacité à dérégler les gestes tellement
huilés du quotidien. Du CPE nous gardons la force d'initiative et la possibilité de vaincre dans
l'affrontement. Si ce mouvement nait du prétexte de la loi sur l'autonomie des universités, il
s'inscrit plus généralement dans une offensive à l'encontre du pouvoir en place. La France d'après,
nous y sommes et rien ne nous la fera aimer. Ce à quoi nous sommes confrontés n'est pas un
simple durcissement des institutions mais la constitution d'une force politique prête à tout pour
éliminer ceux qui ne filent pas droit, ceux qui ne partagent pas leur désir d'un monde parfaitement
policé où les cadres aux dents colgate roulent en velib' au milieu des rafles de sans papiers. Il n'y
aura pas de trêve. C'est une vérité de l'époque que nous devons assumer.
Les cheminots, la loi sur l'ADN, les profs, les fonctionnaires, tous ces fronts qui s'ouvrent appellent
le meilleur de notre intelligence, une pensée stratégique maximale. Nous faisons le pari que ce
moment est opportun pour nous retrouver, pour retourner dans la rue, pour prendre le pavé et
nous jeter dans la lutte. Notre mouvement sait qu'il n'est pas isolable, qu'il rentre en résonnance
avec tous ceux qui ont pris la décision de lutter là où ils sont, à leur manière et de toute leur
détermination. Nous savons que le préalable à tout mouvement est une suspension du cours
normal des choses. D'où la grève. Nous avons besoin de temps et de lieux pour nous retrouver,
nous organiser et penser ensemble. D'où l'occupation. Nous pensons que ce monde se tient par la
circulation ininterrompue d'argent, de travail, et d'information et que pour l'entamer il nous faut
enrayer cette machine. D'où le blocage.
Nous appelons ceux qui nous entendent à nous rejoindre, à s'organiser là où ils sont. Le travail est
à déserter, les lieux sont à occuper, les flux sont à bloquer.
La première conclusion réside dans notre volonté de poursuivre la réflexion sur la capacité d’action
et d’invention sociale qui peut résider dans la recherche de nouveaux modes de rencontres. Les
futurs Lieux d’H. auront comme point de départ la volonté de poursuivre, à travers d’autres
dispositifs, cette recherche.
Dans un second temps il apparaît que la caractéristique principale de Lieu d’hébergement est bel et
bien que « Lieu d’Hébergement n’a pas d’emplacement ». Ceci n’est en rien un slogan mais bien
une identité qui soumet Lieu d’H. à un mode singulier d’investissement de l’espace de la pensée
sur différents territoires et au contact de différentes populations. Lieu d’H. souhaite penser ses
interventions en se donnant la possibilité d’un temps de réaction très bref face à certains
phénomènes sociaux (possibilité d’investir rapidement un espace ou une réflexion dans son
immédiateté), tout en gardant la possibilité de penser des interventions dont les préparations en
amont nécessitent plus de temps.
Enfin, l’écueil qui nous semble le plus grand suite à cette première rencontre a été celui de réunir
une communauté tout à fait identifiable et dont les liens familiers n’ont fait que nous conforter
dans un discours connu voire daté. La mixité des types de paroles a certes renforcé le constat
d’une réflexion en marche mais n’a que partiellement permis d’approfondir le débat sur le lien
entre création artistique et invention sociale. L’absence des ouvriers de l’usine Well et de leurs
représentants syndicaux invités a mis d’autant plus en valeur le manque de diversité dans la
communauté réunie.
Cependant, cette première édition a eu comme effet de réunir des intervenants avec qui l’équipe
de Lieu d’H. souhaite poursuivre la réflexion et expérimenter les éditions à venir. Elle aura permis
aussi d’expérimenter un dispositif singulier de prise de parole et d’en tirer les leçons. De plus, il
apparaît fondamental de poursuivre la confrontation en cherchant à ouvrir Lieu d’H. à d’autres
artistes et penseurs soucieux de penser le lien entre création artistique et invention sociale.
Il s’agit, pour le printemps prochain, de réfléchir à un Lieu d’Hébergement autour des écrits
d’Edward Bond en questionnant l’usage et la fonction de la « violence » dans nos sociétés
contemporaines et dans l’espace même de la création artistique. En phase de construction, ce futur
Lieu d’Hébergement, se tiendra entre le Théâtre de la Méditerranée à Toulon et le Collectif Mix’art
Myrys à Toulouse, autour de la création du Crime du XXIème siècle d’Edward Bond, par la
Compagnie Sîn.
LH
Lieu d’hébergement
Espace de rencontres artistiques sans emplacement fixe
#1 / URGENCE / REVUE
Décembre 2007