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Jeanne dans ce chapitre I, heureuse, vient de revenir aux peuples avec ses
parents et de retrouver sa chambre avec son père. Elle se couche mais ne
parvient pas à dormir. « L’impatience de son esprit » la tient
éveillée ;Maupassant compose un tableau de Jeanne à la fenêtre, seule devant
le spectacle de la nuit : Elle contemple son pays et rêve d’amour.Elle se trouve
au seuil d’une existence nouvelle, sortie du couvent la veille, elle n’est pas
encore rentrée dans la vraie vie. Maupassant nous présente Jeanne et son pays
en une sorte d’union intime et en même temps nous amène à découvrir la
valeur symbolique qu’il donne à son paysage normand.
Les effets de réel sont nombreux ; Nous sommes en Normandie, dans le pays de Caux
avec une topographie réelle (Rouen, Yport, Etretat…).Le paysage est précisément décrit,
les arbres sont nommés (Ormes et peupliers avec leur nom local de peuples). Ensuite les
ajoncs(au bord de l’eau) et finalement la « falaise de 100 mètres, droite, blanche,
baignant sont pied dans les vagues » .La comparaison « jaune comme du beurre »
renvoie aux spécialités locales.Pourtant ce paysage n’est pas simplement réaliste comme
une photographie : Il est coloré et animé par un tempérament et une sensibilité.
Ce paysage est animé par des verbes d’actions : Deux arbres « se dressaient », la côte « s’abattait », « baignant
son pied… », donnant une perception intime du paysage à travers les 5 sens de Jeanne.
C’est Jeanne qui « ouvrit sa fenêtre et regarda ». La vue est sollicité par le spectacle
nocturne. Le toucher est suggéré par les expression « nus pieds », « nus bras », l’odorat
perçoit les parfums « toutes les senteurs d la terre ». On entend les rafales de vent et
même on perçoit le goût « salin » et les « saveurs fortes ».La jeunesse de Jeanne est en
harmonie avec les « feuilles naissantes du printemps ».
Cette focalisation interne de la description favorise l’identification avec Jeanne et donc permet de
percevoir la valeur symbolique du paysage.
II UN PAYSAGE SYMBOLIQUE
Mais au delà de ce paradis lumineux, simple, paisible on entrevoit le monde menaçant et néanmoins plein
d’attraits.
De même que sa chambre s’achève sur la représentation des malheurs de Pyrame et thysbee, note paysage
décrivant le domaine s’achève sur l’extérieur du microcosme qui est redoutable.
C’est un monde sauvage et violent, jamais en repos ou se déchaînent tous les ouragans de la vie.
Jeanne se trouve encore dans son cocon et rêve de le quitter pour rejoindre le monde adulte malgré les pièges
qu’il comporte.
Jeanne est donc vue comme spectatrice. Mais c’est aussi à travers elle que le paysage est perçu et son
domaine décrit. Maupassant nous fait un portrait, nous fais même entrer dans le personnage, dans sa
mémoire en nous suggérant son passé et ses rêves d’avenir.
La description réaliste n’exclut pas la dimension symbolique ; au contraire elle la renforce par l’union
établie entre le paysage et le personnage.
Chapitre 1
« La baronne peu à peu s’endormait […] d’une façon superbe et touchante »
Notre passage se situe dans le premier chapitre. L’héroïne et ses parents se trouvent dans la calèche qui
les conduit de Rouen au manoir des Peuples. Maupassant veut peindre « l’humble vérité » en décrivant
une famille de la petite noblesse normande à laquelle il appartient lui même. Il dresse le tableau de toute
une classe social déclinante.
En suivant le point de vue d’un narrateur omniscient, nous découvrons
un tableau de famille émouvant avec toutes les apparences du bonheur.
Mais ce même narrateur nous propose en même temps une analyse sans
pitié d’une décadence annoncée.
I L’APPARENCE DU BONHEUR
1)Une famille unie
Le baron, tout aussi aveugle que la baronne, lui remet l’argent qu’elle est
incapable de retenir (elle le fait tomber).Ils jouissaient d’un héritage important
(31 fermes) mais c’était la neuvième vendue. Le patrimoine est déjà écorné. « Ils
possédaient cependant encore environ 20000 livres de rentes en terres ».
Personne ne se rend compte de la disparition de l’argent. Même leur bonté est ici
une faiblesse « un trou sans fond toujours ouvert ». La métaphore de l’eau qui
montre la baronne liquéfiée se prolonge ici avec l’argent liquide qui coule sans
fin : « cela coulait, fuyait, disparaissait ». Cette gradation à rythme ternaire ,
cette nouvelle métaphore de l’eau suggère que l’argent « tari » dans leurs mains.
Cela s’apparente à une forme de bêtise : ils sont tout les trois dépensier, sans
discernement, et ne s’en aperçoivent pas.
Ainsi Maupassant dans cette scène apparemment anodine de la calèche nous peint non seulement ses
personnages mais aussi leur bonheur illusoire et en même temps nous propose de percevoir à travers eux
le comportement et le destin de toute une classe sociale menacée, celle de la petite noblesse provinciale.
I LE ROLE DE LA MEMOIRE
1)La mémoire de Jeanne
Elle réduit en cendres le passé de sa mère et le sien : elle a brûlé les lettres
familiales et amoureuses.
Nous l’entendons pousser une « plainte désolée » au discours direct « Oh ! ma pauvre maman ».
Puis elle se torture et nous suivons ses réflexions, sa pensée au discours indirect
libre « la connaissance de l’affreux secret n’amoindrirait-elle pas son amour
filial ? » puis « comme c’était loin ! ».Enfin nous entrons dans ses pensées
amères au discours indirect : « se demandant s’il était possible que, sur cette
terre[…] il n’y eut ni joie ni bonheur ».Ces choix progressifs de discours, nous
éloigne peu à peu de Jeanne, avec le discours direct nous partageons son chagrin
ensuite ses divagations sur la résurrection de sa mère sont mises à distance, puis
sa pensée plus générale (presque philosophique), sa réflexion sur la vie, nous est
transmise indirectement comme si le narrateur et nous même pouvaient aussi la
partager.Nous partageons aussi son souvenir de la première soirée aux peuples,
selon la manière de Maupassant de nous associer à la mémoire du personnage. Il
crée ainsi son diptyque en renforçant l’unité de l’œuvre et nous fait parcourir
l’épaisseur temporelle d’une durée subjective.
Notre scène avait été annoncée par celle des amoureux à qui le prêtre avait
lancé des pierres « comme on fait aux chiens ».
Dans cette scène de la chienne en gésine, Maupassant reprend le thème de l’accouchement qu’il avait déjà
traité avec Rosalie et Jeanne. Il lui donne un caractère encore plus réaliste et par différents procédés lui
donne un rôle symbolique dans l’œuvre.
I UNE SCENE REALISTE
1)Un sujet réaliste
Avant Flaubert et Maupassant le corps avec ses besoins, ses faiblesses et ses maladies n’avait pas été décrit dans
le détail dans la littérature.Ici c’est le contraire : rien ne nous est épargné des détails ignobles et répugnants.
Nous assistons à un spectacle réel, habituel, à la campagne, mais Maupassant lui donne
un relief particulier.
Comme une scène de théâtre elle commence à l’arrivée de Tolbiac et finit par sa sortie
fracassante, qui correspond à son expulsion par le baron. Elle est présentée comme un
spectacle et dans l’esprit du lecteur renvoit aux deux autres accouchements 2)Une
technique réaliste
Notre narrateur omniscient n’intervient pas, ne juge pas l’abbé mais réussi à faire saisir au lecteur le rôle
et le sens de cette scène contrastée.
II LE ROLE DE LA SCENE
-L’humanisation de la chienne nous touche mais aussi nous fait comprendre comment les femmes sont
persécutées par la religion stupide en lutte contre les lois de la nature. C’est le cas de Jeanne persécutée par
Tolbiac.-La mort des chiots annonce la mort de l’enfant de Jeanne.-Le fanatisme de l’abbé aura des
conséquences dramatiques sur la vie des autres personnages.Montré ici comme assassin, il sera plus tard
l’instigateur d’un crime : le meurtre du val de Vaucottes .-Maupassant dénonce en passant certains prêtres
fanatiques ayant une fausse morale qui leur fait mépriser les valeurs de la vie, qui détruisent et répande la haine
et qui sont d’ailleurs haïs par tous les paysans et le baron.as Maupassant a sa manière dans cette scène lutte
contre les préjugés moralisateurs et rigoristes à la fois sur un plan artistique comme Courbet qui montre
que l’on peut tout peindre et sur le plan du récit puisqu’il réussit sans intervenir à montrer les ravages
d’une certaine intolérance religieuse.
Maupassant, Une vie (1883)
Chapitre 14. "Une naissance salvatrice"
Explication
Après avoir définitivement quitté les Peuples, Jeanne reçoit une lettre de Paul, en délicate
situation : sa femme est mourante et il ne peut subvenir aux besoins de son nouveau-né.
Rosalie va chercher l’enfant à Paris. Le troisième jour, Jeanne reçoit " un seul mot de (sa
servante) annonçant son retour par le train du soir. Rien de plus. " Elle l’attend sur le quai
de la gare.
I - L’opposition de Jeanne et de Rosalie
A. L’action
C’est Rosalie qui, depuis la mort du baron, veille sur Jeanne et pallie ses faiblesses. Elle
remplace sa maîtresse, incapable de faire le voyage. Dans le texte, l’émotivité de Jeanne la
paralyse : " elle craignait de tomber tant ses jambes étaient devenues molles ".
Au contraire, Rosalie, malgré la fatigue du voyage (" me v’là revenue, c’est pas sans peine "),
ne laisse rien paraître : " avec son air calme ordinaire ".
B. Le dialogue
Sous le coup de l’émotion, Jeanne s’exprime difficilement : " balbutia ", " murmura ", " et
n’ajouta rien ". Elle reste silencieuse lorsque Rosalie lui donne l’enfant, ainsi qu’à la fin du
texte. Rosalie, elle, s’exprime tranquillement : " dit ", " répondit ", " reprit ". A la fin,
l’impératif " finissez " montre son autorité.
C. Le sentiment
Sous des dehors frustes (elle annonce les trois événements successifs -la mort, le mariage et la
présence de la petite- sans ménager Jeanne), Rosalie est dévouée à sa maîtresse,
reconnaissante envers sa famille, et participe à sa joie (" contente et bourrue "). Elle plaint
sans doute Jeanne pour son destin, d’où la consolatrice phrase finale (" répondant sans doute à
sa propre pensée "). En revanche, Jeanne a été tellement déçue qu’elle n’est plus guère
sensible au malheur d’autrui. Seule sa petite fille l’intéresse, Maupassant soulignant
auparavant que la mort de la mère lui procure une " joie perfide ".
II - Le sens du dénouement
A. La ferveur de la vie retrouvée. Une nouvelle fois, c’est au printemps que la vie semble
sourire à Jeanne. Des métaphores soulignent les couleurs dont s’orne le paysage, rempli de
fleurs : " l’or des colzas en fleur ", " le sang des coquelicots ". L’hyperbole " inondant de
clarté " indique l’intensité de la lumière. L’adjectif " tachées " fait penser au tableau d’un
peintre. La vivacité des hirondelles (" comme des fusées "), les " sèves " qui germent donnent
l’impression d’une renaissance. Le spectacle est d’autant plus doux que la vitesse de la
carriole berce ses occupants.A l’unisson du paysage, l’enfant qui vient de naître ranime la vie
de Jeanne : son influence bénéfique est signalée par les expressions " une tiédeur douce ",
" une chaleur de vie ", " la chaleur ". Le réchauffement physique et moral est exprimé par le
champ lexical du mouvement : " traversant ", " gagna ", " pénétra ". La fragilité de l’enfant est
attendrissante : " la frêle créature, frappée par la lumière vive ". La réaction de Jeanne est
d’autant plus spectaculaire que Maupassant la fait attendre : l’enfant est d’abord invisible dans
le linge, avant que sa chaleur ne rappelle sa présence et n’amène Jeanne, dans une apothéose
d’émotion, à découvrir sa figure. B. La continuation d’une vie ; Jeanne passe dans cette
scène de l’apathie à l’exaltation. S’agit-il d’une renaissance, d’une revanche sur le sort, ou
d’un énième et vain espoir ? Le narrateur souligne la violence de Jeanne : " (elle) se mit à
l’embrasser furieusement, la soulevant dans ses bras, la criblant de baisers ". Cet amour
rappelle déjà celui, possessif et hystérique, qu’elle vouait à Paul. Le nouveau-né, traité comme
un objet, offre un nouveau support à sa tendresse idéale. L’expression " la fille de son fils "
évoque le penchant de la baronne et de Jeanne pour la généalogie, propice aux illusions de
bonheur. L’hyperbole de l’ " émotion infinie " n’est pas non plus sans faire penser aux rêves
nourris plus tôt dans le roman. Quant à la conclusion de Rosalie, concentré de sagesse
populaire, elle consacre l’insignifiance d’une vie.Avec cette fin larmoyante destinée à plaire
au public, Maupassant revient à la convention qu’il a plutôt bien évité dans l’œuvre, et qu’il
dénonçait justement dans l’esprit romanesque de ses personnages. Mais on peut lire ces
dernières lignes avec le regard ironique auquel le narrateur nous a accoutumés précédemment.
Lettres à un jeune poete
Une seule chose est nécessaire: la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-
même, et ne rencontrer, des heures durant, personne - c'est à cela qu'il faut parvenir.
Etre seul comme l'enfant est seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à
des choses qui semblent grandes à l'enfant et importantes du seul fait que les grandes
personnes s'en affairent et que l'enfant ne comprend rien à ce qu'elle font. S'il n'est pas
de communion entre les hommes et vous, essayez d'être prêt des choses: elles ne vous
abandonneront pas. Il y a encore des nuits, il y a encore des vents qui agitent les arbres
et courent sur les pays. Dans le monde des choses et celui des bêtes, tout est plein
d'évènements auxquels vous pouvez prendre part. Les enfants sont toujours comme
l'enfant que vous fûtes: tristes et heureux; et si vous pensez à votre enfance, vous revivez
parmi eux, parmi les enfants secrets. Les grandes personnes ne sont rien, leur dignité ne
répond à rien.
« Rentrez en vous-même. Cherchez la raison qui, au fond, vous commande d'écrire. […]
Creusez en vous-même jusqu'à trouver la raison la plus profonde. […] Et si de ce
retournement vers l'intérieur, de cette plongée vers votre propre monde, des vers viennent à
surgir, vous ne penserez pas à demander à quiconque si ce sont de bons vers. »Le succès des
Lettres à un jeune poète tient certainement à cette dimension quasi universelle de la réflexion
du poète. Rilke explore la raison intime qui détermine les choix d'existence que tout un
chacun peut découvrir en soi. La création artistique apparaît, sous la plume de Rilke, comme
l'acceptation de ce que l'on est véritablement. La poésie apparaît comme saisie authentique du
monde, comme expression d'une expérience vécue et assumée: expérience de la solitude, de
l'amour, de la tristesse, de la mélancolie, du conformisme et de l'anticonformisme.Ainsi peut-
on lire dans sa dernière lettre : « Dans toute situation réelle, on est plus proche de l'art, plus
voisin de lui que dans les irréelles professions semi-artistiques qui, en faisant croire qu'elles
touchent à l'art de près, en nient pratiquement l'existence et l'agrément, comme fait par
exemple le journalisme tout entier et presque toute la critique et les trois quart de ce que l'on
nomme littérature et qui veut être nommé ainsi. Je me réjouis, en un mot, de voir que vous
avez évité de tomber dans ces pièges et que vous restez vaillant et solitaire au milieu d'une
dure réalité. »