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L’ « effroyable imposture » de Paul-Eric Blanrue

Ce texte est une réponse aux questions qui n’ont pas été
publiquement posées par les « laudateurs » et les « ennemis « de M.
Paul-Eric Blanrue au sujet des deux livres Sarkozy, Israël et les Juifs et Le
Monde contre soi. Anthologie des propos contre les Juifs, le judaïsme et le
sionisme.1 Surtout, il souhaite rappeler aux lecteurs – anonymes ou
connus - de cet ouvrage que le sens critique ne devrait jamais être sacrifié
aux passions.

Nous laissons donc volontiers à d’autres les interrogations sur


l’appartenance, réelle ou supposée, de l’auteur à tel ou tel mouvement
politique ou idéologique, interrogations qui ne nous semblent ni
justifiées ni pertinentes, voire même pernicieuses.2 Nous ne discutons
pas non plus la « thèse » développée par M. Blanrue. Malgré nos
nombreuses lectures, nous n’estimons pas être suffisamment qualifiés
pour proposer une réflexion globale sur M. Sarkozy, le sionisme, la
politique étrangère de la France, Israël et les réseaux pro-israéliens.3

En revanche, nous présentons plusieurs éléments permettant de


démystifier celui qui se présente comme « historien spécialisé dans les
mystifications passées et présentes. Nous montrons ainsi que M.
Blanrue, si prolixe lorsqu’il s’agit de sa promotion, omet soigneusement
de dire que ses deux ouvrages sont en grande partie d’habiles plagiats
d’écrits à peine plus récents. De nombreuses précisions doivent
également permettre aux internautes de mesurer beaucoup plus
sérieusement les qualités réelles du travail fourni par M. Blanrue et la
place qu’il convient d’accorder à son « œuvre ». Il devrait alors sembler
évident, à tout esprit lucide et critique (« zététique », dirait sans doute M.
Blanrue), qu’il s’agit d’une véritable escroquerie intellectuelle.

1 A notre connaissance, seul M. Alain Gresh a tenté une véritable analyse critique, sans
toutefois développer ses intuitions sur le livre Sarkozy, Israël et les Juifs.

2Voir Alain de Benoist. La « reductio ad hitlerum » (1994).


http://www.alaindebenoist.com/pdf/la_reductio_ad_hitlerum.pdf

3Pour les questions liées à l’expertise, on lira avec profit Dr Marc Girard. Alertes grippales.
Paris : Dangles, 2009. En particulier le chapitre 2 : Auditer les experts.

1
Un livre victime de la « censure par le vide » ?

L’éditeur belge Marco Pietteur affirme que son « diffuseur français


habituel [DG Diffusion ?] ne souhaitait pas le distribuer. Il en a lu le
premier chapitre et ne l’a pas apprécié. » Paul-Eric Blanrue pense que la
raison de ce refus est le sujet abordé : les relations entre Sarkozy, Israël et
la communauté juive, trois sujets selon lui « tabous ». Il voit également
dans le silence médiatique entourant la sortie de son livre la
confirmation de son hypothèse. Toutefois, il reconnaît avoir présenté son
livre à « une quinzaine d’éditeurs, dont des éditeurs qui m’avaient déjà
édité » et « que tous [les éditeurs] que j’ai fait, en tous cas, m’ont
répondu négativement, pour la plupart, ou positivement pour un certain
nombre d’entre eux mais c’était pour les années 2011 ou 2012. » Il précise
même : « je me suis contenté de faire les éditeurs sérieux, qu’ils soient de
France, comme La Fabrique4 ou de Belgique, comme Aden. » On en
déduit que M. Blanrue aurait pu être édité en France, et même diffusé,
s’il avait été un peu plus patient. Mais, nous dit-il, « j’avais mon propre
agenda, c’était un livre assez urgent parce qu’il me semble que c’est un
livre d’actualité, même d’une actualité brûlante et donc j’ai décidé de
m’expatrier éditorialement – si l’on peut dire – et de prendre un éditeur
qui était un peu plus courageux que les éditeurs français», éditeur « de
Michel Collon et d’Eva Golinger ».

M. Blanrue a réussi une véritable prouesse : faire accepter aux


internautes, sur la foi de sa seule parole, l’idée que son livre a « effrayé »
les éditeurs français et a été « censuré » par le diffuseur en raison des
sujets qu’il aborde. Bien sûr, nous savons que l’autocensure dans les
médias existe, et peut-être, effectivement, Sarkozy… en a-t-il été la
victime. Peut-être M. Blanrue est-il de bonne foi. Peut-être…

Toutefois, nous faisons remarquer que M. Blanrue s’autoproclame


historien alors que rien ne permet, dans son parcours universitaire ou
professionnel, comme dans ses écrits, de lui accorder ce statut.5 Il se

4Nous avons contacté les éditions La Fabrique qui affirment – sauf erreur de leur part – de
pas avoir reçu le manuscrit de M. Blanrue.

5Nous renvoyons les lecteurs à la discussion très vive qui a opposé M. Blanrue à deux
internautes sur Wikipedia, entre le 14 mars et le 2 juillet 2008. Il s’agissait de savoir si M.

2
prévaut d’une qualité qui n’est manifestement pas la sienne mais cela ne
semble pas gêner les internautes alors que tout expert autoproclamé
passant dans les médias traditionnels serait, à n’en pas douter,
immédiatement brocardé pour cette raison. Et nous ajoutons qu’à notre
connaissance rien ne permet de dire que M. Blanrue a effectivement
présenté son manuscrit à telle ou telle maison d’édition comme il
l’affirme, et rien ne démontre que si refus d’éditer il y eut, ce fut
uniquement en raison du sujet du livre. La mise en ligne des mails des
maisons d’édition (annoncée par l’auteur durant sa conférence de presse
et curieusement absente de son blog) permettrait peut-être enfin de lever
une partie de nos doutes légitimes…

M. Blanrue, les éditeurs et les cautions intellectuelles

M. Blanrue omet de dire que Michel Collon était d’abord


régulièrement édité par EPO et n’a en fait publié qu’un seul livre, en
2005, chez Marco Pietteur (depuis, il a publié deux autres ouvrages),
après avoir cessé (définitivement ?) sa collaboration avec son ancienne
maison d’édition. Est-ce en raison du catalogue très particulier de
l’éditeur, spécialisé dans les pseudo-sciences6, qui contraste fortement
avec le sérieux des travaux de Michel Collon et son exigence de
démonstration par la preuve ? N’y a-t-il pas d’ailleurs, M. Blanrue, une
étrange contradiction à publier chez un éditeur en pseudo-sciences, alors
que vous fustigez celles-ci, depuis des années, comme tout bon zététicien
qui se respecte ? Contribuer à la prospérité de ce qu’on condamne
fermement, est-ce bien moral et n’est-ce pas trahir certains principes
éthiques, alors que par ailleurs vous vous faites le chantre de la critique
et de la moralité? Et cela signifie-t-il, M. Blanrue, que vous seriez prêt à
être publié par une maison d’édition israélienne bien qu’elle soit
« sioniste » ?

Paul-Eric Blanrue était bien historien : il nous semble que les conclusions, à l’issue de cette
querelle, sont sans appel et, malheureusement pour notre écrivain, lui sont défavorables.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Paul-%C3%89ric_Blanrue/Archive1
6 Voir http://editionsmarcopietteur.blogspot.com/, http://www.resurgence.be/ et
http://www.testezeditions.be/accueil.php

3
L’écriture du livre, nous dit-on, a été dictée par l’urgence (l’attaque
israélienne contre Gaza en décembre 2008). L’argument étonne et
questionne lorsque l’on sait que M. Blanrue préparait déjà, 3-4 mois
après l’attaque israélienne contre le Liban (été 2006), son Dictionnaire de
l’antisémitisme, résolument « sioniste » si l’on veut bien admettre les
critères de classification de l’auteur.7 L’urgence ne semblait alors pas
guider son écriture, et son « antisionisme » était pour le moins discret…

Ajoutons que le site de la Fnac annonce la sortie prochaine (date


inconnue) d’un livre du très controversé Israël Shamir, Le pin et l’olivier,
aux éditions… Oser Dire. Israël Shamir et Paul-Eric Blanrue qui passent
en même temps des éditions Blanche aux éditions Oser Dire, « hasard ou
coïncidence »?8

En définitive, la grande chance de M. Blanrue, c’est d’avoir profité


d’un buzz énorme. Comment cela a-t-il commencé ? On sait que le livre
Sarkozy… a été écrit de février à avril 2009, présenté aux éditeurs puis
accepté début mai par Marco Pietteur. Une semaine après, celui-ci
annonce à son auteur le refus du diffuseur. Très vite, le 20 mai, M.
Blanrue est l’invité de Radio Vraiment Libre de son ami Patrick Berger
(du Cercle zététique), obtient le soutien public de M. Jean Bricmont
(peut-être rencontré lors d’un entretien pour le Cercle zététique) et lance
véritablement sa promotion avec l’entretien accordé par M. Thierry
Meyssan (Réseau Voltaire) puis sa conférence de presse du 4 juin. Les
grands sites font la promotion du livre (Egalité & Réconciliation,
michelcollon.info, notamment) les forums s’animent , les blogs suivent le
mouvement : la nouvelle se répand qu’un livre parlant des relations
entre Sarkozy, Israêl et les Juifs a été interdit, censuré. Le buzz est lancé,
le « succès » éditorial acquis…

M. Blanrue a en définitive habilement joué sur deux registres : il a


profité de ses relations amicales et professionnelles pour lancer sa

7« L’arme essentielle du sionisme, c’est la guerre des mots. Et la guerre des mots, c’est le
chantage à l’antisémitisme » P-E Blanrue dans l’entretien avec Clap 36. Nous en déduisons
donc que le livre de M. Blanrue est un livre « sioniste »…

8« Hasard ou coïncidence ? » : question posée par M. Blanrue lors de sa conférence de presse


au sujet de la sortie, en même temps que son livre, d’un numéro du NouvelObs intitulé
« Obama, Israël et les Juifs » ? Tandis que nous écrivons, nous ne savons toujours pas si M.
Blanrue a fait preuve d’ironie ce jour-là, ou s’il ignore la définition du mot « coïncidence »…

4
promotion, et a profité des travers de la contestation radicale sur le net, à
savoir les réflexes pavloviens très fréquents « anti-Sarkozy », « pro-
Palestine », « anti-médias traditionnels ». Les internautes anonymes,
mais aussi étrangement les intellectuels (MM. Collon et Bricmont) n’ont
pas voulu (ou pas su) voir l’ « effroyable imposture » de M. Blanrue, qui
a reproduit à l’identique les techniques promotionnelles du Parti de la
Presse et de l’Argent que dénonce avec talent le journal Le Plan B. Cette
cécité a conduit tout ce monde à abandonner la critique objective du
livre, tant au niveau de la forme que du fond. On peut raisonnablement
se demander si M. Blanrue, rompu à la communication et aux pratiques
éditoriales et médiatiques, a délibérément mis en oeuvre cette stratégie
de vente, considérant que le scandale ou l’interdit qui font vendre lui
permettraient à terme de réintégrer le circuit de vente traditionnel. Sans
doute conscient des lacunes et du vide analytique de son livre, et se
souvenant de l’échec commercial cuisant du Monde contre soi… qui, pour
le coup, visait à séduire les « pro-Sarkozy », les « pro-Israël » et les
médias traditionnels, il a très bien pu miser sur la naïveté et la partialité
d’une partie des acheteurs qu’il visait. Par chance pour lui, le pari a
réussi…

Le Dictionnaire de l’antisémitisme ou Le Monde contre


soi. Anthologie des propos contre les Juifs, le judaïsme et le
sionisme.

Dans une « réponse » à Elisabeth Roudinesco (9 novembre 2009),


M. Blanrue dit, au sujet du Monde contre soi…: « Je n’ai jamais écrit un
Dictionnaire de l’antisémitisme. Mme Roudinesco, qui se pique d’érudition,
ne connaît pas le titre d’un ouvrage qu’elle prétend disséquer. (…)
Jamais ce livre n’a été baptisé ni rebaptisé Dictionnaire de l’antisémitisme.
Cette erreur se trouvant parfois diffusée sur le net, on voit où Mme
Roudinesco a puisé une partie de sa documentation ».

En réalité, si Mme Roudinesco a une bonne intuition 9, elle tombe


néanmoins juste à côté. Le livre devait initialement être publié dans la

9Pour autant, nous ne souscrivons pas aux extrapolations de Mme Roudinesco au sujet de
M. Blanrue qui témoignent d’une lecture hâtive, imparfaite et de présupposés idéologiques.
Rappelons que c’est cette même Roudinesco qui avait brandi l’accusation d’antisémitisme

5
collection Hugo doc sous le titre Dictionnaire de l’antisémitisme. Il ne s’agit
pas d’une erreur du net comme le dit M. Blanrue. Jean-Paul Enthoven,
dans sa lettre du 25 avril 2007, dit bien : « j’ai donc regardé de très près,
et avec un vif intérêt, ce Dictionnaire de l’antisémitisme. ». Et M. Blanrue le
confirme lui-même dans son introduction : « (…) ce dictionnaire se
présente exclusivement comme un livre sur l’antisémitisme et non sur les
antisémites (…) dictionnaire classique et actuel ». Dans les faits, les
éditions Hugo et Cie se seraient apparemment débarrassées en dernière
minute du livre encombrant, et l’auraient laissé à leur partenaire du
même groupe, les éditions Blanche, plus habitué aux publications
« sulfureuses ». Cela explique d’ailleurs que l’introduction de l’ouvrage
parle exclusivement d’antisémitisme plutôt que d’antijudaïsme ou
d’antisionisme.

Car M. Blanrue, malgré ses dénégations répétées, tente bien une


recension inédite de l’antisémitisme depuis Moïse. Les passages qui
suivent, extraits de l’introduction au Monde contre soi sont très clairs :

« De nombreuses études, érudites, bardées de citations, sont parues sur cette


rémanence historique, mais nul n’a jamais entrepris de relever les traces de la haine
antijuive de façon systématique en les rendant, tel un anatomiste, visibles pour le
grand public, non versé dans des travaux universitaires souvent rebutants. Le but
que je me suis assigné est modeste : montrer, informer. Pour mener à bien cette tâche,
j’ai défriché des documents de diverses natures (livres, interviews, films…), interdits,
cachés, méconnus, lus ou vus trop vite, qui incommodent parfois ceux qui, rendus
aveugles ou amnésiques, aimeraient mieux ne pas savoir ni devoir admettre ce que
leurs contemporains et prédécesseurs, ceux dont il arrive qu’ils se réclament ou
suivent les traces (ne songeons qu’aux disciples d’Heidegger), ont été capables de
déclarer à un moment de leur vie, en public, comme en privé. »

Plus précisément, et bien qu’il s’en défende devant Mme


Roudinesco, il dresse bien une « liste de plus de cinq cent [509
exactement] personnalités dites antisémites » :

« En fait, il existe autant d’antisémitismes que d’antisémites [NB : il existe sans doute
aussi autant de coquilles d’escargot que d’escargots, et peut-être autant de cerveaux
humains que d’êtres humains] que ceux-ci se rattachent ou non à un courant
idéologique, religieux ou politique quelconque. Voilà le cœur du sujet, l’objet de ce

contre M. Jacques Bénesteau pour son livre Mensonges freudiens et l’accusation de


révisionnisme (entendez négationnisme) pour Le Livre noir de la psychanalyse. Voir
notamment http://squiggle.be/la-psychanalyse-dans-la-presse/droit-de-reponse.html

6
dictionnaire et la justification du classement qu’il propose. (…) dans ce dictionnaire,
je fais ainsi la recension de la plupart de ceux qui avec des accents antisémites plus
ou moins prononcés, et parfois sous la forme de simples blagues , ont joué quelques
rôle dans le monde politique, artistique, littéraire, économique, scientifique de leur
temps.(…) Puisqu’au fond les « judéophobes », selon le néologisme popularisé par le
politologue Pierre-André Taguieff, qui assimile dans un même élan , antisémitisme,
antijudaïsme et antisionisme, ont tous une dilection commune, c’est cette constante
qui constitue le socle du livre. »

Et M. Blanrue d’assigner à son livre une noble mission :

« Ce projet se propose de montrer les hommes tels qu’ils sont ; de les mettre face à
leurs démons ; de rassembler leurs propos oubliés dans l’enfer des bibliothèques et le
trou noir des consciences, afin de rédiger une sorte de manuel d’éducation civique
non conformiste et d’ouvrir les yeux de ceux qui veulent savoir d’où ils viennent, à
quel type d’humanité ils appartiennent et quelles directions s’offrent à eux dans le
grand labyrinthe de la Venise universelle, où les masques ne sont pas toujours portés
par ceux que l’on croit. »

Il ne fait donc aucun doute que Le Monde contre soi est un livre
militant, de combat, un livre à thèse qui doit permettre d’identifier les
antisémites. Etrange livre donc, diamétralement opposé aux ambitions
de Sarkozy, Israël et les Juifs, et qui pose la question du retournement
idéologique si rapide de son auteur…

Mais le véritable scandale du Monde contre soi est ailleurs et tient en trois
mots : diffamations, médiocrité et plagiat.

Diffamations :

M. Blanrue ne craint pas de qualifier d’ « antisémites » :

Noam Chomsky, Emmanuel Todd, Norman Finkelstein, Georges Steiner,


Abraham Leon, Claude Lévi-Strauss, Yeshayahou Leibowitz,
Sigmund Freud, Rainer Werner Fassbinder, John Le Carré,
Halevi Yossi Klein, Pierre Desproges, Roald Dahl, Louis Zukofsky,
Tony Judt, Raymond Aron, Rony Brauman, Israël Shahak,
Esther Benbassa, Pierre Assouline, Edgar Morin, Michel Onfray,
Maurice Rajsfus, Jacques Attali, José Bové, Emmanuel Lévyne
Denis Sieffert et Joss Dray, Alfred Sauvy, Maxime Rodinson,
Jean-François Kahn, Pascal Boniface, Maurice Duverger
7
Salvador Allende, Michel Rocard, Ernest Mandel,
Pier Paolo Pasolini, Michael Moore, Ken Loach, Marlon Brando,
Alain Soral, Dieudonné, Tariq Ramadan,
Robert Mitchum, Spike Lee, Sniper (rap), Jostein Gaarder

La liste est pour le moins surprenante, d’autant plus que ces


personnalités côtoient, dans son livre, d’authentiques antisémites de
l’histoire mondiale. Pour appuyer sa thèse, M. Blanrue propose soit des
citations non pertinentes, décontextualisées, tronquées ou
volontairement mal interprétées ; soit des citations rapportées par un
tiers ; soit des citations dont les sources nous paraissent difficilement
accessibles (donc sans doute non consultées directement) ou sujettes à
caution.10

10

 J-F Kahn : « Peuple élu : Une seule question se pose : a-t-il été élu démocratiquement ?
D’ailleurs, y avait-il d’autres candidats ? » (Dictionnaire incorrect, Plon, 2005).
Commentaire de PEB : « Il s’agit ici d’humour douteus » (sic)
 PEB sur Maxime Rodinson : « Il est fréquemment cité par les antisémites et les
révisionnistes. » CQFD ?
 PEB sur Emmanuel Todd : « Il est parfois cité comme caution par des antisémites.»
CQFD bis ?
 Robert Mitchum (questionné sur le massacre de six millions de Juifs par les nazis) :
« C’est ce que les Juifs disent… Il y a des gens qui en discutent. » Interview dans
Esquire Magazine, février 1983, p.56 (par Barry Rehfeld). M. Blanrue voudra bien
nous indiquer comment accéder à la source qu’il cite, introuvable sur le net et
indisponible en France. Et il nous dira sans doute à quelle occasion il a pu la
consulter. Merci d’avance.
 Georges Patton : PEB donne un extrait du journal du général Patton et comme
référence le National Vanguard, n°53, 1977. Il reprend la traduction française
disponible sur le site de la Racial Nationalist Library qui réunit des écrits antisémites,
négationnistes, antisionistes. Le journal ou les mémoires de Patton, parus il y a près
de 35 ans, n’ont en effet jamais été traduits en français. Et PEB reproduit l’erreur de
traduction du site qu’il a visité : il aurait du écrire National Vanguard Tabloid, le
National Vanguard étant un parti nazi américain qui s’est détaché de la National
Alliance à la fin des années 1980, et le National Vanguard Tabloid étant donc sa revue.
Ironie de l’histoire : le mois de parution du Monde contre soi (mai 2007), le site
armees.com, pour lequel PEB avait écrit un article, Hitler a-t-il vécu jusqu’en 1964 ?
(sic !), proposait sa propre une traduction de l’extrait présenté par notre auteur. Voir
http://www.armees.com/spip.php?page=imprimer&id_article=6770 ;
http://www.armees.com/Le-general-George-S-Patton-son-discours-D-Day-et-
son,15914.html

Pour ne pas allonger à l’infini nos notes, nous arrêtons là notre recension mais nous tenons à
disposition des internautes curieux le reste des éléments critiques dont nous disposons.

8
En outre, il affirme dans l’introduction : « Je note si tel ou tel est,
par la suite, revenu sur ses déclarations, s’il les a nuancées dans d’autres
écrits, ou s’il ne s’agit que d’un trait d’humour, douteux ou non. ». Mais
rien de tel dans le corps de l’ouvrage : les affaires Dieudonné ou Soral ne
sont pas développées ou nuancées, les citations prêtées à Salvador
Allende ou Mahmoud Abbas ne sont pas critiquées, Maurice Duverger
est de facto à nouveau diffamé, Maxime Rodinson et Emmanuel Todd
sont présentés comme inspirateurs ou références des antisémites… 11

Médiocrité et plagiat :

M. Blanrue commet plusieurs fautes d’orthographe pour les


patronymes (Tariq Ramadam, Emmanuel Heymann, Ghandi, Maurice
Rafsjus – dans Sarkozy… il écrit Alain Gresch)et des erreurs de datation
(la présidence d’A. Burg à la Knesset est placée en 1988 au lieu de 1999-
2003, la naissance d’Yvette Guilbert est datée de 1867 au lieu de 1865).
Ses sources de référence n’indiquent pas la pagination, les chapitres des
œuvres manquent souvent, l’ordre alphabétique de son classement n’est
pas toujours respecté (aux lettres K, M, Z), les copies de citations sont
parfois infidèles aux textes originaux (l’auteur a d’ailleurs, la fâcheuse
manie de mettre systématiquement une majuscule au mot « juif » au
mépris du texte original qui emploie parfois la minuscule). Enfin, M.
Blanrue propose des textes en français mais cite des sources
correspondantes en anglais ou allemand (doit-on conclure que les
traductions sont de lui ?).

Surtout, nous pouvons dire que M. Blanrue est l’auteur de plagiats


répétés :

Il reprend sans le dire 108 entrées sur les 165 du livre d’Emmanuel
Haymann, et reproduit fidèlement nombre d’entre elles : Juvénal,
Bossuet, Chesterton, Cicéron, Clémenceau, Cloots, Collin de Plancy,
Denoël, Drieu la Rochelle, Ben Khlouf, Fichte, Willette, Alfred de Vigny,
etc. D’autres citations sont coupées ou allongées: Daniel-Rops,

11Informations disponibles sur simple demande à l’auteur, ou dans quelques temps sur le
blog noammailer@blogspot.fr

9
Feuerbach, Fourier, Grégoire de Tours, Montesquieu, Voltaire, Verne,
Tharaud, etc.

Une très grande majorité des notices biographiques qui précèdent les
citations sont les copies exactes mais raccourcies des notices que l’on
trouve sur Wikipedia. Pour s’en convaincre, il suffit de vérifier les
versions des mois de décembre 2006 ou janvier 2007 que l’on trouve dans
l’historique. Si nous n’avons pas entrepris la quantification exacte du
nombre de notices plagiées (travail ô combien fastidieux) nous avons
établi une liste de 50 notices vérifiées, ce qui suffit amplement, nous
semble-t-il, à caractériser le plagiat : Soljenitsyne, Bourdaloue, Brauman,
Bürger, Chomsky, Casino, Duverger, Mandel, Steiner, Renoir, Le Carré,
Moïse, Moore, Ramadan, Reed, Rodinson, etc.

En outre, nous constatons que plusieurs dizaines de citations se


retrouvent sur le site antisémite de M. Ahmed Rami, Radio Islam, dans le
document intitulé « 1000 citations sur les juifs ». La coïncidence est
troublante car, si quelques citations de ce site sont reprises du livre de M.
Blanrue (le livre est nommé comme source de référence), la très grande
majorité des citations communes aux deux textes ne font pas référence
au Monde contre soi. Se pourrait-il que M. Blanrue ait puisé
abondamment sur ce site pour l’écriture de son livre ? Nous ne pouvons
pas conclure, d’autant plus que M. Blanrue n’explique nulle part
comment il a réussi l’exploit de réunir cette somme littéraire
considérable, qui embrasse toutes les époques historiques.12

Enfin, nous remarquons qu’Emmanuel Haymann pointe bien


l’antisémitisme de M. Ahmed Rami et du site Radio Islam (page 74 de son
livre). Or, si M. Blanrue reprend 108 entrées de son confrère, il oublie
étonnamment celle de M. Rami. Oubli fâcheux, surtout lorsqu’on relit (cf
ci-dessus) la liste des « antisémites » contemporains sélectionnés par
notre auteur. Ajoutons d’ailleurs que si M. Haymann retient Mahomet
dans sa recension, M. Blanrue l’évacue et le remplace par Moïse ! Un
« tri sélectif » discutable et qui ne cesse de nous intriguer…

12
Son livre ne contient aucun index et aucune bibliographie, contrairement à celui
d’Emmanuel Haymann.

10
Concluons ce survol rapide du Monde contre soi en apportant
quelques corrections aux affirmations de M. Blanrue lors de la
conférence de presse du 4 juin 2009 : « Je vous informe que ce livre, Le
Monde contre soi, m’a valu d’être invité au salon du B’nai B’rith. Zéro
ligne dans la presse. C’est pour vous dire que, j’ai été invité au salon des
écrivains du B’nai B’rith en 2007.» Si la presse n’a en effet pas écrit une
ligne, on trouve en revanche quelques recensions promotionnelles sur le
site de l’UPJF (mise en ligne par Menahem Macina), sur Novopress.info,
sur Le Mague et sur le blog de Michel Louis Lévy. Toutes les recensions
sont alors faites dans le cadre de « politesses amicales » : Michel Louis
Lévy se serait en effet vu proposer la préface du Monde contre soi mais
aurait refusé ; Menahem Macina, virulent polémiste pro-israélien renvoie
les internautes au blog de son prédécesseur qu’il connaît bien et au site
Novopress.info ; enfin, sous la plume d’Olivier Chapuis d’Orgival, M.
Frédéric Vignale parle de son ami Paul-Eric Blanrue pour Le Mague.

Sarkozy, Israël et les Juifs : un nouveau type de plagiat ?

M. Blanrue a été très souvent salué pour le « travail d’information


remarquable » que constituerait son livre. Mais l’essentiel du livre,
l’aspect « brûlant » de la « thèse » proposée, est objectivement contenue
dans les chapitres 3, 4, 5, 6 et 7. La conclusion frappe en effet par son
indigence, une absence de mises en perspective historique et
géopolitique, et surtout elle repose sur des hypothèses débordant le
cadre de l’analyse historique – nous rappelons que l’ambition affichée et
répétée de l’auteur était d’écrire l’histoire immédiate, et non pas de jouer
les Cassandre bon marché. Quant à l’introduction et aux deux premiers
chapitres, ils se résument à cette idée : « M. Sarkozy mène une politique
inédite, dictée par les intérêts de l’idéologie sioniste. Ce faisant, il tourne
résolument le dos à la politique d’inspiration gaullienne, suivie par la
France depuis 50 ans, et caractérisée par une recherche d’équilibre entre
les parties qui s’affrontent au Moyen-Orient, avec néanmoins une légère
inclinaison pro-arabe. »

Plus grave, les chapitres 3 et 4 sont des copies intégrales, à


quelques nuances près (différence de ton et quelques coupures), de deux
chapitres d’un article de François Costes, article qui connaît entre 2005 et

11
mai 2009 plusieurs moutures de longueurs variables avec des titres
parfois différents. La plus ancienne version que nous avons retrouvée a
été mise en ligne par LesOgres.org le 15 février 2005 (le texte est daté du 6
février) sous le titre Don Sarko et l’Internationale sioniste. Elle est ensuite
reprise par plusieurs sites : Stormfront.org (octobre 2005), Ism-France.org
(23 juin 2008). Mais c’est sur le site Toutsaufsarkozy.com qu’elle est le plus
publiée (à 12 reprises), évoluant progressivement entre le 13 avril 2007 et
le 26 janvier 2009 de sa forme d’origine vers la forme plagiée par M.
Blanrue (cf les versions des 12 janvier 2008, 30 juin 2008 et 26 janvier
2009). Le titre est toujours le même : La France sous le joug de l’empire
israélo-américain. Notons également que la revue Réfléchir & Agir en
publie un extrait dans son numéro 32 de l’été 2009 (pp. 29-31). Pour
simplifier, on peut globalement dire que le chapitre « Sarkozy
l’Israélien » correspond à « Sarkozy au pays d’Arik » et que « L’homme
des réseaux américains » est la reprise de « Sarkozy au pays d’Arnold ».

Deux hypothèses sont envisageables :

M. Blanrue a plagié François Costes, auteur pour lequel nous n’avons


aucun renseignement, et alors cela nous mène à deux possibilités :
- Notre écrivain ne connaît-il que le plagiat pour faire parler de lui ? Et
pourquoi M. François Costes ne se manifeste-t-il pas pour demander
réparation ?
- François Costes est le pseudonyme de Paul-Eric Blanrue : on aimerait
alors savoir si l’ « historien » a des commentaires particuliers à fournir
sur ce qui a été dit jusqu’à présent.

Concernant les chapitres 5, 6 et 7, nous pouvons dire – que M.


Blanrue nous pardonne – qu’aucun étudiant en histoire quelque peu
sérieux n’oserait fournir une copie pareille : absence de problématique,
absence de plan et absence d’analyse personnelle sont les traits majeurs
de ces 90 pages.

Le plan des trois chapitres (nous mettons entre parenthèse les


pages :

Chapitre 5 : P. Devedjian (99-101), C. Goasguen (101-103), H. Novelli (103-105), P.


Lellouche (105-106), E. Raoult (107-108), P. Balkany (108-111), Arno Klarsfeld (111-
113), P. Gaubert (113-115), B. Kouchner (115-119), R. Yade (121-122), R. Dati (122-123)

12
Chapitre 6 : Crif (127-144), B’nai B’rith (144-145), UPJF (145-147), UEJF (147-148),
WIZO (148-149), Siona (149), François Zimeray (149-150), France-Israël (150-152),
Rudy Salles (152-153), Groupe parlementaire d’amitié France-Israël (153-155)

Chapitre 7 : Donald Morrison et Christophe Boïcos (157-160), BHL (160-167), A.


Finkielkraut (167-170), A. Glucksmann (170-171), Le Meilleur des Mondes (171-173),
D. Mermet (173-174), E. Morin (174-175), A. Ménargues (175-179), Dieudonné (179-
183), Liberté pour l’histoire (183-186)

On croirait lire une des brochures Faits & Documents de M.


Emmanuel Ratier. Emmanuel Ratier qui a d’ailleurs reçu Paul-Eric
Blanrue sur Radio Courtoisie le 19 juillet 2007 pour Le Monde contre soi, ce
que M. Blanrue n’a jamais évoqué.

Nous avons enfin calculé qu’environ 90% des lignes de la rédaction


consistent en citations placées entre guillemets et en courtes phrases qui
les introduisent. Les 10% restant sont souvent des déclarations
péremptoires, simplistes ou réductrices.

En guise de conclusion (provisoire ?)

Nous nous sommes efforcés de présenter des éléments, souvent


inédits, qui devraient enfin permettre une critique raisonnée des écrits de
M. Blanrue.

Une des raisons du succès du livre Sarkozy… est que de nombreux


internautes étaient prédisposés à accueillir l’argumentation (même
pauvre) de l’auteur, du simple fait qu’elle semblait confirmer les
croyances, les préjugés ou les opinions qu’ils partagent ou croient
partager sur M. Sarkozy, Israël et la Palestine, les réseaux pro-israéliens,
le sionisme, l’antisémitisme, la politique étrangère… En conséquence de
quoi ils ont eu tendance « à ignorer, ne pas rechercher, ou sous-estimer
l’importance » de ce qui pouvait les contredire. C’est ce qu’on appelle en
zététique le biais de confirmation : « de nombreuses études ont démontré
que les gens accordent généralement une importance excessive aux
données confirmantes, c’est-à-dire aux données qui sont positives ou qui
appuient une position ».

13
La promotion répétée et mimétique de l’ouvrage assurée par
plusieurs sites d’informations alternatives (qui permettent des
rapprochements affinitaires entre internautes transcendant les
appartenances sociales, professionnelles et politiques), cette publicité
appuyée par des cautions intellectuelles a été l’autre élément décisif du
buzz. Cela doit nous conduire à réfléchir et à critiquer la tendance
perverse des médias alternatifs à se comporter comme leurs confrères
des médias traditionnels dans le traitement de l’information.

Nous espérons que cet article amènera des commentaires


argumentés qui permettront une critique salutaire des mécanismes qui
président, sur le net, à la mise en avant de telle ou telle information au
détriment d’une autre…

Nous encourageons fortement M. Blanrue à lire les nombreux


travaux d'historiens et intellectuels parus ces dernières années (aux
éditions La Fabrique, La Découverte, Aden mais aussi les grandes
maisons d'édition) sur les questions qu'il a vainement tenté de traiter. Et
nous soumettons à sa réflexion cette remarque:

"Je dois préciser ici, et j'essaierai de le montrer plus loin, que, contrairement aux
allégations convergentes des antisémites et des publicistes juifs autosatisfaits, je ne
pense pas que les invocations de l'Holocauste aient eu la moindre influence
significative sur la politique américaine envers Israël. Cette politique s'est appuyée
essentiellement sur des considérations de Realpolitik et, dans une moindre mesure,
sur des calculs concernant l'influence politique des Juifs américains"
(Peter Novick. L'Holocauste dans la vie américaine. Paris: Gallimard, 2001. p.18)

Saidchomsky,
le 02 février 2010

Bibliographie indicative

Emmanuel Haymann. L'antisémitisme en littérature. Pour en finir avec les


clichés, les préjugés ou la haine. Paris: Favre, 2006
Hélène Maurel-Indart. Du plagiat. paris: PUF, 1999
Dr Marc Girard. Alertes grippales. Paris: Dangles, 2009

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Normand Baillargeon. Petit cours d'autodéfense intellectuelle. Québec: Lux,
2005
Peter Novick. L'Holocauste dans la vie américaine. Paris: Gallimard, 2001

Jean Bricmont. Antifascistes encore un effort... si vous voulez l'être vraiment.


21 octobre 2009
Alain Gresh. Sarkozy, Israël et les Juifs. 27 août 2009
François Costes. La France sous le joug de l'empire israélo-américain. 2005-
2009
Frédéric Baillette. Les dix commandements de la critique radicale!

Blog www.sarkozyisraeletlesjuifs.blogspot.com

Site de l'AFIS: www.pseudo-sciences.org

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