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BIBLIOGRAPHIC RECORD TARGET Graduate Library University of Michigan Preservation Office Storage Number: ABR4693 ULFMTBRTaBLmT/C DT 07/18/88 R/DT 07/18/88CC STAT mmE/L1 035/1: a (RLIN)MIUG86-B53422 a (CaOTULAS) 160126021 040: : |a CSt |e CSt |d NIC |d MIU 100:1 : |a Alembert, Jean Le Rond a’, | d 1717-1783. 245:00: |a Traité de dynamique, |c par Jean d'Alembert. : |a Paris, |b Gauthier-Villars, |c 1921. a2v. |bdiagrs. | 18 cm. | Maitres de la pensée scientifique. : Ja "Le texte que nous reproduisons est celui de la deuxitme Edition, publiée a Paris en 1758 ... Cette nouvelle édition, a 6té soigneusement revue et considérablement augmentée par D'Alembert." }: |a Dynamics RAS |s 9124 Scanned by Imagenes Digitales Nogales, AZ On behalf of Preservation Division ‘The University of Michigan Libraries Date work Began: ‘Camera Operator: UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN TRAITE DE DYNAMIQUE UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN COLLECTION “ LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE " Viennent de paraitre : HUvyGHENS (Christian). — Traité de la Lumiere. Un yol. in-16 double couronne (180x115) de XII-156 pages; 1920; broché, net........ Ioschaslueolseds 3 tr. 50 Lavoisier, —' Mémoires sur la respiration et la transpiration des animauc.... a sone BMP, SPALLANZANI (Lazare). — Observations et Expériences faites sur tes Animatcutes des Infusions, Tome Ter. Un vol. in-16 double couronne (180x115) de viII- 106 pages; 1920; broché, net. as eeee nee . Bir. — Tome II. Un vol, in-16 double couronn: 115) de 122 pages; 1920; broché, net........ soe Bf, CrarRavt.— Eléments de Géométrie, 2 vol. chaque vol. 8 fr. BO LAVOISIER et LAPLACE. — Mémoire sur la Chaleur...... 3 fr. CARNOT, Réflerions sur la métaphysique du Calcut ‘infinitésimat, 2 vol., chaque vol. D'ALEMBERT.— Traité de Dynamique, 2vol.,chaquevol, DurRocET, Les mouvements des Végétaux. — Du réveit et du sommeil des plantes.... . Sous presse : Ampéne, De Vaction exercée sur un courant électrique par un autre courant, ctc., avec la lettre @ Van Beck. LAPLAcE, Essai philosophique sur les probabilités. Paraitront prochainement : HERTZ, Equations électrodynamiques fondamentales des corps en mouvement et des corps en repos. GALILEE, Dialogues et démonstrations concernant deux sciences nouvelles: BOUGUER, Essai @'optique sur la gradation de la lumiere, NEWTON, Principes mathématiques de la philosophie naturelle, Etc., ete, DEMANDER LE PROSPECTUS SPECIAL Il est tiré de chaque volume 10 exemplaires sur papier de Hollande, au prix uniforme et net de 6 francs. UNIVERSITY ¢ MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN < Mestaaber tare LES MAITRES DE LA PENSKE SCIENTIFIQUE Couzection pe Mémoires Er Ouvraaes Publiee par les soins de Maurice SOLOVINE TRAITE DE DYNAMIQUE PAR Jean D’ALEMBERT PARIS GAUTHIER-VILLARS ET Cie, EDITEURS LIBRAIRES DU BUREAU DES LONGITUDES, DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE. Quai des Grands-Augustins, 55 1921 UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN Digitized by Criginal from UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN NOTICE SUR LA COLLECTION Laccroissement rapide des découvertes scien- tifiques engendre fatalement Voubli des décou- vertes passées et de leurs auteurs — oubli encore Javorisé par le fait regrettable que la plupart des mémoires et des ouvrages, ot ces découvertes se trouvent eaposées, sont compléetement épuisés et introuvables, La collection des Maitres de la Pensée scien- tifique comprendra les mémoires et les owvrages les plus importants de tous les temps et de tous les pays. Elle est destinée a rendre accessibles aua savants et au public cultivé les travaux originaua, qui marquent les étapes successives dans la cons- truction lente et laborieuse de Védifice scienti- fique. Tous les domaines de la Science y seront représentés ; les mathématiques, Vastronomie, la physique, la chimie, la géologie, les sciences naturelles et biologiques, la méthodologie et la philosophie des sciences. Etant la plus complete, elle fournira les documents indispensables aux historiens de la science et de la civilisation, qui voudront étudier Vévolution de Vesprit humain sous sa forme la plus élevée. Elle permettra aux savants de connaitre plus intimement les décou- UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN vE LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. vertes de leurs devanciers et d’y trouver nombre Widées originales. Les philosophes y trouveront une mine inépuisable pour Vétude épistémolo- gique des théories, des hypothéses et des concepts, au moyen desquels se construit la connaissance de Vunivers. Elle offrira enfin a la jeunesse studieuse un moyen facile et peu coiteua de prendre contact a leur source méme avec les méthodes expéri- mentales et les procédés ingénieur que les grands chercheurs ont da inventer pour résoudre les difficultés -— méthodes conerétes, infiniment plus suggestives et plus fécondes que ne sont les régles schématiques des Manuels. On trouve encore dans les mémoires classiques, ot la profondeur de la pensée et la justesse du raisonnement se manifestent sous une forme remarquablement lucide et élégante, le secret @exposer les découvertes scientifiques d’une fagon claire et précise, comme Vont demandé a plusieurs reprises les savants les plus illustres de notre temps. ae Les mémoires et les ouwvrages francais seront réimprimés avec grande exactitude d’apres les textes originaux les micux établis, et ceua des savants étrangers seront traduits intégralement et avec une rigoureuse fidélité. err UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF Notice biographique. Jean Le ROND D’ALEMBERT naquit & Paris le 16 novembre 1717 et y mourut le 29 octobre 1783, Depuis sa quatriéme jusqu’a sa douziéme année il recut ses premiéres instructions dans une pension et fut ensuite mis au collége Mazarin, oi il montra des aptitudes remarquables pour les sciences exactes, et prin- cipalement pour les mathématiques. Apres avoir été recu maitre és arts en 1735, il entreprit l’étude du droit et puis celle de la médecine, en vue de se faire un état, mais, toujours attiré par sa « chére géométrie », il abandonna ses premiers desseins et se consacra exclusivement a l'étude de cette derniére. Les progrés qu'il y fit furent rapides et éclatants. Déja en 1739, & peine 4gé de 22 ans, il présenta a l'Académie des sciences un mémoire sur le mouvement d'un corps solide a travers un fluide, et en 1740 un autre sur le calcul intégral, deux travaux qui lui valurent d’étre recu dans cette compagnie en 1742, En 1743 il publia son admirable Traité de dynamique®, ow les problémes les plus difficiles sont traités avec une remar- quable maitrise, et o1 se trouve énoncé le principe qui devait immortaliser son nom, Il aborda ensuite les problémes les plus variés et publia successivement le Traité de V’équilibre et du mouvement des fluides (1744), les Réflexions sur la cause géné- (@) Le texte que nous reproduisons est colui de la deuxitme édition, publiée & Paris en 1758, et dont le titre est le suivant: Traité de Dynamique, dans lequet tes lois de Véquilibre et du mouvement des Corps sont réduites au plus petit nombre possible, et démontrées d'une manibre nouvelle, et oi Von donne un Principe général pour trouver le Mouvement de plusieurs Corps qui agissent les uns sur les autres @une' manivre quelconque. — Cette nouvelle édition a été soigneu- sement revue et considérablement augmentée par D'Alembert. La premitre, publiée en 1743, ne contenait que 186 p. ind’, tandis que Ja deuxidme en contient 272 du méme format, et est en outre enrichie do U1 figures supplémentaires. UNIVERSITY OF MICHIGA\ UNI RSITY OF HIGAI van LES MAITRES DE LA PENSE SCIENTIFIQUE rate des vents (1747), les Recherches sur la précesston des équt- noxes et sur la nutation de Uaxe de la terre (1749), les Elements de musique théorique et pratique, suivant les principes de M, Rameau, éclaireis, développés et simplifés (1752), \'Essat @une nouvelle théorie sur ta résistance des fluides (1752), les Recherches sur les différents potnts tmportants du systeme du monde (1754-56), les Kléments de philosophie (1759), et enfin les Opuscutes mathématiques (8 vol. in-i0, 1761-1780), qui contien- nent des mémoires ot sont traités des sujets du domaine de Vanalyse, de la mécanique et de lastronomie. A ces travaux iJ faut encore ajouter les Nouvelles tables de la lune, la Nova tabutarum Wunartum emendatio, le Discours prétiminaire (1751) et les nombreux articles de Encyclopédie, les Mélanges de Uttérature, a’histotre et de phitosophie (1759-60), et ses Eloges académiques. D’Alembert fit preuve dans ses recherches d'une vigueur G'esprit peu commune, et fut souvent obligé d'inventer de toutes piéces de nouvelles méthodes analytiques pour donner une solution satisfaisante aux problémes les plus ardus: c’est ainsi qu'il a créé la théorie des équations aux dérivées partielles pour résoudre le probléme des cordes vibrantes. Par ses travaux de mécanique il a préparé la vole a la Mécanique analytique de Lagrange, et entre Newton et Laplace il occupe la position la plus élevée dans la mécanique céleste. Penseur autant que géométre, original et profond, il n’a jamais perdu de vue dans ses investigations 1'Intérét philoso- Dhique que présentent les problémes, et ses écrits abondent en vues pénétrantes sur les fondements des sciences, les principes de 1a connaissance et les bases de la morale. Parmi les mathé- maticiens du XVIII¢ sidcle, il est celui qui est le plus pénétré de philosophie, A ces éminentes qualités de savant iJ joignait celles d’une grande bonté de cceur et d’un trés vif sentiment de la justice. Les exemples de bienfaisance et de dévouement qu’il a donnés pendant sa vie trouvent leur expression adéquate dans cette belle pensée qu'il a écrite dans ses Eléments de philosophie : le désintéressement est la premiere des vertus morales, et il n’est pas permis d’avolr du superfiu, lorsque d'autres hommes n’ont pas méme le nécessaire. M. 8. UNIVERSITY ¢ MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN AVERTISSEMENT Cette seconde édition est augmentée de plus dun tiers. On a ajouté au discours préliminaire quelques réfeaions sur la question des forces vives, et Pexamen dune autre question importante, pro- posée par VAcadémie Royale des Sciences de Prusse, Si les lois de la Statique et de la Méca- nique sont de vérité nécessaire ou contingente ? Dans la premiére Partie de VOuvrage, ce qui regarde la mesure et la comparaison des forces accélératrices est expliqué avec beaucoup plus de détail que dans la premiére Edition, et contient sur cette matiere des remarques qu’on ne trou- vera point ailleurs; on a inséré aussi, dans cette premiere Partie, plusieurs nouvelles recherches sur les lois de Véquilibre. Les additions principales de la seconde Partie sont quelques propositions sur Vétat du centre de gravité de plusieurs Corps qui agissent les uns sur les autres ; la solution complete d'un Pro- bleme de Dynamique, qui n’avait été qwimpar- faitement résolu jusquici, parce quon navait pu séparer les indéterminées de Véquation. finale UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN x LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. (ce Probléme se trowve art. 97 et suivants); une solution beaucoup plus simple du Probleme V, sur le mouvement d’un fil chargé de plusieurs poids, avec un grand nombre de réflexions curieuses sur ce Probléme; une solution plus détaillée et en méme temps plus simple du Pro- bléme des Corps qui vacillent sur des plans; enfin des recherches nouvelles et des observations importantes sur le choc des Corps a ressort. Je ne parle point de plusieurs autres additions moins considérables répandues dans le corps de TOuvrage, et qui ont principalement pour but de développer davantage ce qui ma paru en avoir besoin. Mais je ne dois pas laisser ignorer les obligations que j’ai a4 M. Bezout, de VAca- démie Royale des Sciences, qui a bien voulu me fournir pour cette Edition un grand nombre de notes, dont Vobjet est de mettre VOuwvrage a la portée d'un beaucoup plus grand nombre de Lecteurs quil ne Vétait dans la premidre Edi- tion. Ces notes, au nombre de plus de soivante, sont au bas du Teate. Quoique cette nouvelle Edition soit déja fort augmentée, mon dessein était dy ajouter encore plusieurs autres morceaux, la plupart composés depuis longtemps, et qui ont tous rapport a la Dynamique. Ces morceaux étaient ; I° Des re- cherches sur le mouvement d’un corps qui tourne autour d'un axe mobile, Probléme du méme genre que celui de la précession des Equinoxes; VOuvrage que j'ai mis au jour sur ce dernier sujet en 1749 contient tous les principes néces- UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF ‘TRAITE DE DYNAMIQUE. xr saires pour résoudre le Probléme général dont il sagit, et les recherches dont je parle ici, et que je voulais joindre @ ce Traité, ne sont que Vappli- cation de ces principes. 2° Plusieurs additions a@ VE%ssai d’Hydrodynamique entiérement neuf que jai donné dans ‘les Chap. VIIT et IX de ma Théorie de la résistance des fluides, publiée en 1752; ces additions ont pour objet de faire voir que cet Essai d’Hydrodynamique, quoique trés court, renferme une Méthode aussi générale quon le puisse désirer pour soumettre au calcul le mouvement des fides, et de déterminer en méme temps le petit nombre de cas dans lesquels on peut appliquer rigoureusement le calcul a la recherche de ce mouvement. 3° Une théorie des oscillations des corps flottants, pour servir de supplément @ celle que j’avais ébauchée dans le Chapitre VI de mon Essai, déja cité, de la résis- tance des fluides. # Un écrit assez étendw sur les vibrations des cordes sonores, en réponse aue objections qui mont été faites sur ce sujet dans les Mémoires de Académie de Berlin de 1753, par deux grands Géometres, MM. Bernoulli et Euler, divisés @ailleurs entre eux, méme dans ce qwils me contestent, puisgue un m’accorde ce que Vautre me nie. 5° Enfin une démonstra- tion du principe de la composition des forces, @ la vérité moins simple que celle qui a été donnée dans Varticle 28 de cet Ouvrage, mais que je crois cependant wétre pas indiftérente pour les mathé- maticiens, par le moyen que jai trouvé de sim- plifier la démonstration trés ingénieuse de ce UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF xr LES MATTRES DE LA PENSKE SCIENTIFIQUE. méme principe, qu’on peut lire dans le premier Tome des Mémoires de Pétersbourg. Mais ces différentes additions, quoique toutes intéres santes par leur objet, auraient trop grossi t Volume que je mets au jour; je me propose done de les publier, ensemble ou séparément, dans quelque autre occasion. ge UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF DISCOURS PRELIMINAIRE La certitude des Mathématiques est un avan- tage que ces Sciences doivent principalement & Ja simplicité de leur objet. I] faut avouer méme yue, comme toutes les parties des Mathématiques n’ont pas un objet également simple, aussi la certitude proprement dite, celle qui est fondée sur des principes nécessairement vrais et évidetits par eux-mémes, n’appartient ni également, ui de la méme maniére & toutes ces parties. Plusieurs d’entre elles, appuyées sur des principes Phy- siques, c’est-i-dire sur des vérités d’expérience, ou sur de simples hypothéses, n’ont, pour ainsi dire, qu’une certitude d’expérience, ou méme de pure supposition. I] n’y a, pour parler exacte- ment, que celles qui traitent du calcul des gran- deurs, et des propriétés générales de l’étendue, c’est-a-dire lAlgébre, la Géométrie et la Méca- nique, qu’on puisse regarder comme marquées au sceau de l’évidence. Encore y a-t-il dans la lumiére que ces Sciences présentent A notre esprit, une espéce de gradation, et, pour ainsi dire, de nuance a observer. Plus l'objet qu’elles embrassent est étendu, et considéré d’une maniére générale et abstraite, plus aussi leurs principes sont exempts de nuages et faciles & saisir. C’est UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGA xiv LES MAITRES DE LA PENSER SCIENTIFIQUE, par cette raison que la Géométrie est plus simple que la Mécanique, et l'une et Vautre moins simples que l’Algébre. Ce paradoxe ne paraitra point tel A ceux qui ont étudié ces Sciences en Philosophes; les notions les plus abstraites, celles que le commun des hommes regarde comme les plus inacces- sibles, sont souvent celles qui portent avec elles une plus grande lumiére : Vobscurité semble s’emparer de nos idées 4 mesure que nous exa- minons dans un objet plus de propriétés sen- sibles; Vimpénétrabilité, ajoutée a Vidée de V’étendue, semble ne’ nous offrir qu’un mystére de plus; la nature du mouvement est une énigme pour les Philosophes; le principe Métaphysique des lois de la percussion ne leur est pas moins caché; en un mot, plus ils approfondissent l’idée quwils se forment de la matiére, et des propriétés qui la représentent, plus cette idée s’obscurcit et parait vouloir leur échapper; plus ils se per~ suadent que l’existence des objets extérieurs, appuyée sur le témoignage équivoque de nos sens, est ce que nous connaissons le moins impar- faitement en eux. Tl résulte de ces réflexions que, pour traiter suivant la meilleure Méthode possible quelque partie des Mathématiques que ce soit (nous pourrions méme dire quelque Science que ce puisse étre), il est nécessaire non seulement d’y introduire et d’y appliquer autant qw’il se peut, des connaissances puisées dans des Sciences plus abstraites, et par conséquent plus simples, mais UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF ‘TRAITE DE DYNAMIQUE. xv encore d’envisager de la maniére la plus abs- traite et la plus simple qu’il se puisse, l’objet particulier de cette Science; de ne rien supposer, ne rien admettre dans cet objet, que les pro- priétés que la Science méme qu’on traite y suppose. De 1a résultent deux avantages : les principes recoivent toute la clarté dont ils sont susceptibles : ils se trouvent d’ailleurs réduits au plus petit nombre possible, et par ce moyen ils ne peuvent manquer d’acquérir en méme temps plus d’étendue, puisque Vobjet d’une Science étant nécessairement déterminé, les principes en sont d’autant plus féconds, quwils sont en plus petit nombre. On a pensé depuis longtemps, et méme avec succes, & remplir dans les Mathématiques, une partie du plan que nous venons de tracer : on a appliqué heureusement, PAlgébre & la Géo- métrie, la Géométrie A la Mécanique, et chacune de ces trois Sciences & toutes les autres, dont elles sont la base et le fondement. Mais on n’a pas été si attentif, ni A réduire les principes de ces Sciences au plus petit nombre, ni & leur donner toute la clarté qu’on pouvait désirer. La Mécanique surtout est celle qwil parait quon a négligée le plus A cet égard : aussi la plupart de ses principes, ou obscurs par eux- mémes, ou Gioncés et démontrés d’une maniére cbscure, ont-ils donné lieu & plusieurs questions épineuses. En général, on a été plus oceupé jus- qwA présent 4 augmenter Védifice qu’a en éclairer l’entrée; et on a pensé principalement & UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF XVI LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE, Vélever, sans donner & ses fondements toute la solidité convenable. Je me suis proposé dans cet Ouvrage de satis- faire & ce double objet, de reculer les limites de la Mécanique, et d’en aplanir l’abord; et mon but principal a été de remplir en quelque sorte un de ces objets par l’autre, c’est-d-dire, non seulement de déduire les principes de la Méca- nique des notions les plus claires, mais de les appliquer aussi & de nouveaux usages; de faire voir tout A la fois, et Vinutilité de plusieurs prineipes qu’on avait employés jusqwici dans la Mécanique, et avantage qu’on peut tirer de la combinaison des autres pour le progres de cette Science; en un mot, d’étendre les principes en les réduisant. Telles ont été mes vues dans le Traité que je mets au jour. Pour faire connaitre au Lecteur les moyens par lesquels j’ai taché de les remplir, il ne sera peut-étre pas inutile dentrer ici dans un examen raisonné de la Science que j’ai entrepris de traiter. Le Mouvement et ses propriétés générales sont le premier et le principal objet de la Mécanique ; cette Science suppose l’existence du Mouvement, et nous la supposerons aussi comme avoudée et veconnue de tous les Physiciens. A l’égard de la nature du Mouvement, les Philosophes sont au contraire fort partagés la-dessus. Rien n’est plus naturel, je ’aveue, que de concevoir le Mouve- ment comme l’application successive du mobile aux différentes parties de l’espace indéfini, que nous imaginons comme le lieu des corps ; mais UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN TRAITE DE DYNAMIQUE. xvir cette idée suppose un espace dont les parties soient pénétrables et immobiles; or personne n’ignore que les Cartésiens (Secte qui & la vérité n’existe presque plus aujourd’hui) ne recon- naissent point d’espace distingué des corps, et quils regardent l’étendue et la matitre comme une méme chose. I] faut convenir qu’en partant d’un pareil principe, le Mouvement serait la chose la plus difficile & concevoir, et qu'un Carté- sien aurait peut-étre beaucoup plutét fait d’en nier l’existence, que de chercher & en définir la nature. Au reste, quelque absurde que nous paraisse l’opinion de ces Philosophes, et quelque peu de clarté et de précision qu'il y ait dans les Principes Métaphysiques sur lesquels ils s’effor- cent de lappuyer, nous n’entreprendrons point de la réfuter ici; nous nous contenterons de remarquer, que pour avoir une idée claire du Mouvement, on ne peut se dispenser de distin- guer au moins par l’esprit deux sortes d’étendue : Yune, qui soit regardée comme impénétrable, et qui constitue ce qu’on appelle proprement les corps; l’autre, qui, étant considérée simplement comme ¢tendue, sans examiner si elle est péné- trable ou non, soit la mesure de la distance d’un corps & un autre, et dont les parties, envisagées comme fixes et immobiles, puissent servir A juger du repos ou du mouvement des corps. TI] nous sera done toujours permis de concevoir un espace indéfini comme le lieu des corps, soit réel, soit supposé, et de regarder le Mouvement comme le transport)du..mobile d’un lieu dans up,autre. UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGA xvi LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. La considération du Mouvement entre quel- quefois dans les recherches de Géométrie pure; cest ainsi qu’on imagine souvent les lignes, droites ou courbes, engendrées par le Mouvement continu d’un point, les surfaces par le Mouve- ment d’une ligne, les solides enfin par celui d’une surface. Mais il y a entre la Mécanique et la Géométrie cette différence, non seulement que dans celle-ci, la génération des Figures par le Mouvement est, pour ainsi dire, arbitraire, et de pure élégance, mais encore que la Géométrie ne considére dans le Mouvement que l’espace par- couru, au lieu que dans la Mécanique on a égard de plus au temps que le mobile emploie % par- courir cet espace. On ne peut comparer ensemble deux choses dune nature différente, telles que l’espace et le temps, mais on peut comparer le rapport des parties du temps avec celui des parties de Vespace parcouru. Le temps par sa nature coule uniformément, et la Mécanique suppose cette uniformité. Du reste, sans connaitre le temps en lui-méme et sans en avoir de mesure précise, nous ne pouvons représenter plus clai- rement le rappert de ses parties, que par celui des portions d’une ligne droite indéfinie. Or Vanalogie qwil y a entre le rapport des parties une telle ligne, et celui des parties de l’espace parcouru par un corps qui se meut d’une maniére quelconque, peut toujours étre exprimée par une équation : on peut done imaginer une courbe, dont les abscisses représentent les portions du UNIVERSITY 01 MICHIGAN UNIVERSITY OF TRAITS DE DYNAMIQUE. xix temps écoulé depuis le commencement du Mou- vement, les ordonnées correspondantes désignant les espaces parcourus durant ces portions de temps; l’équation de cette courbe exprimera, non le rapport des temps aux espaces, mais, si on peut parler ainsi, le rapport du rapport que les parties du temps ont A leur unité, & celui que les parties de l’espace parcouru ont 4 la leur. Car Véquation d’une courbe peut étre considérée, ou comme exprimant le rapport des ordonnées aux abscisses, ou comme l’équation entre le rapport que les ordonnées ont A leur unité, et le rapport que les abscisses correspondantes ont a Ja leur. Tl est done évident que par l’application seule de la Géométrie et du calcul, on peut, sans le secours d’aucun autre principe, trouver les pro- priétés générales du Mouvement, varié suivant une loi quelconque. Mais comment arrive-t-il que le Mouvement d’un corps suive telle ou telle loi particulitre ? C’est sur quoi la Géométrie seule ne peut rien nous apprendre, et c’est aussi ce qu’on peut regarder comme le premier Pro- blame qui appartienne immédiatement & la Mécanique. On voit d’abord fort clairement, qu’un corps ne peut se donner le Mouvement & Jui-méme. Il ne peut done étre tiré du repos, que par l’action de quelque cause étrangére. Mais continue-t-il & se mouvoir de lui-méme, ou a-t-il besoin pour se mouvoir de l’action répétée de la cause ? Quelque parti qu’on ptit prendre la-dessus, il sera toujours incontestable, que l’existence du UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN Xxx LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. Mouvement étant une fois supposée sans aucune autre hypothése particuliére, la loi la plus simple qu’un mobile puisse observer dans son Mouye- ment, est la loi @’uniformité, et c’est par consé- quent celle qu’il doit suivre, comme on le verra plus au long dans le premier Chapitre de ce Traité. Le Mouvement est done uniforme par sa nature ; j’avoue que les preuves qu’on a données jusqwa présent de ce principe, ne sont peut- étre pas fort convaincantes; on verra dans mon Ouvrage les difficultés qu’on peut y opposer, et le chemin que j’ai pris pour éviter de m’engager & les résoudre. Tl me semble que cette loi d’uni- formité essentielle au Mouvement considéré en lui-méme, fournit une des meilleures raisons sur lesquelles la mesure du temps par le Mouvement uniforme puisse étre appuyée. Aussi j’ai cru devoir entrer li-dessus dans quelque détail, quoi- qu’au fond cette discussion puisse paraitre étran- gere d Ja Mécanique. La force dinertie, cest-i-dire la propriété qwont les Corps de persévérer dans leur état de repos ou de Mouvement, étant une fois établie, il est clair que le Mouvement, qui a besoin d’une cause pour commencer au moins d exister, ne saurait non plus étre accéléré ou retardé que par une cause étrangére. Or quelles sont les causes capables de produire ou de changer le Mouve- ment dans les Corps ? Nous n’en connaissons jus- qu’a présent que de deux sortes : les unes se mani- festent 4 nous en méme temps que l’effet qu’elles produisent, ou plutdt dont elles sont l'occasion ; UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF f CHIGAN TRAITE DE DYNAMIQUE. XXI ce sont celles qui ont leur source dang Vaction sensible et mutuelle des Corps, résultante de leur impénétrabilité : elles se réduisent 4 ’impulsion et & quelques autres actions dérivées de celle-la ; toutes les autres causes ne se font connaitre que par leur effet, et nous en ignorons entidrement la nature : telle est la cause qui fait tomber les Corps pesants vers le centre de la Terre, celle qui retient les Planétes dans leurs orbites, etc. Nous verrons bientét comment on peut déter- miner les effets de l’impulsion, et des causes qui peuvent s’y rapporter; pour nous en tenir & celles de la seconde espéce, il est clair que lors- quw’il est question des effets produits par de telles causes, ces effets doivent toujours étre donnés indépendamment de la connaissance de la cause, puisqwils ne peuvent en étre déduits : c’est ainsi que, sans connaitre la cause de la pesanteur, nous apprenons par l’expérience que les espaces décrits par un Corps qui tombe, sont entre eux comme les carrés des temps. En général, dans les Mou- vements variés dont les causes sont inconnues, il est évident que l’effet produit par la cause, soit dans un temps fini, soit dans un instant, doit toujours étre donné par l’équation entre les temps et les espaces : cet effet une fois connu, et le principe de la force d’inertie supposé, on n’a plus besoin que de la Géométrie seule et du calcul, pour découvrir les propriétés de ces sortes de Mouvements. Pourquoi done aurions-nous recours & ce principe dont tout le monde fait usage aujourd’ hui, que la force -accélératrice ou UNIVERSITY 01 MICHIGAN UNIVERSITY OF xt LES MAITRES DE LA PRNSRE SCIENTIFIQUE. vetardatrice est proportionnelle & l’élément de la vitesse ? principe appuyé sur cet unique axiome vague et obscur, que l’effet est propor- tionnel & sa cause. Nous n’examinerons point si ce principe est de vérité nécessaire, nous avoue- rons seulement que les preuves qu’on en a apportées jusqu’ici, ne nous paraissent pas hors datteinte; nous ne l’adopterons pas non plus, avec quelques Géométres, comme de vérité pure- ment contingente, ce. qui ruinerait la certitude de la Mécanique, et la réduirait & n’étre plus qu'une Science expérimentale : nous nous con- tenterons d’observer que, vrai ou douteux, clair ou obscur, il est inutile & la Mécanique, et que par conséquent il doit en étre banni. Nous n’avons fait mention jusqu’a présent que du changement produit dans la vitesse du mobile par Jes causes capables d’altérer son Mou- vement, et nous n’avons point encore cherché ce qui doit arriver, si la cause motrice tend & mouvoir le corps dans une direction différente de celle qu'il a déja. Tout ce que nous apprend dans ce cas le principe de la force d’inertie, c’est que le mobile ne peut tendre qwa décrire une ligne droite, et & la décrire uniformément : mais cela ne fait connaitre ni sa vitesse ni sa direc- tion. On est donc obligé d’avoir recours & un second principe, c’est celui qu’on appelle la composition des Mouvements, et par lequel on détermine le Mouvement unique d’un Corps qui tend & se mouvoir suivant différentes directions & la fois avee des vitesses données. On trouvera UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF f CHIGAN ‘TRAITE DE DYNAMIQUE. XXTIL dans cet Ouvrage une démonstration nouvelle de ce principe, dans laquelle je me suis proposé, et d’éviter toutes les difficultés auxquelles sont sujettes les démonstrations qu’on en donne com- munément, et en méme temps de ne pas déduire d'un grand nombre de propositions compliquées, un principe qui, étant l’un des premiers de Ja Mécanique, doit nécessairement étre appuyé sur des preuves simples et faciles. Comme le Mouvement d’un Corps qui change de direction peut étre regardé comme composé du Mouvement qu’il avait d’abord et d’un nou- veau Mouvement qu'il a recu, de méme le Mou- vement que le Corps avait d’abord peut étre regardé comme composé du nouveau Mouve- ment qwil a pris, et @’un autre quil a perdu. De 1a il s’ensuit que les lois du Mouvement changé par quelques obstacles que ce puisse étre, dépendent uniquement des lois du Mouvement détruit par ces mémes obstacles. Car il est évident qu il suffit de décomposer le Mouvement qu’avait le Corps, avant la rencontre de l’obstacle, en deux autres Mouvements, tels que l’obstacle ne nuise point A lun, et qu’il anéantisse l’autre. Par 14, on peut non seulement démontrer les lois du Mouvement changé par des obstacles insur- montables, Jes seules qu’on ait trouvées jusqu’d présent par cette Méthode, on peut encore déter- miner dans quel cas le Mouvement est détruit par ces mémes obstacles. A l’égard des lois du Mouvement changé par des obstacles qui ne sont pas insurmontables en eux-mémes, il est clair, UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIC AN ‘XXIV LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. par la méme raison, qu’en général il ne faut pour déterminer ces lois, qu’avoir bien constaté celles de V’équilibre: Or quelle doit @tre la loi générale de équi- libre des Corps? Tous les Géometres conviennent que deux Corps, dont les directions sont opposées, se font équilibre quand leurs masses sont en raison inverse des vitesses avec lesquelles ils tendent 4 se mouvoi ; mais il n'est peut-tre pas facile de démontrer cette loi en toute rigueur, et dune maniére qui ne renferme aucune obscurité ; aussi la plupart des Géométres ont-ils mieux aimé la traiter d’axiome, que de s’appliquer a la prouver. Cependant, si lon y fait attention, on verra qu'il n’y a qu’un seul cas ot) l’équilibre se manifeste d'une mauniére claire et distincte, c’est celui ott les masses des deux Corps sont égales, et leurs vitesses égales et opposées. Le seul parti quw’on puisse prendre, ce me semble, pour démon- trer l’équilibre dans les autres cas, est de les réduire, s’il se peut, A ce premier cas simple et évident par Iui-méme. C’est aussi ce que j’ai taché de faire; le Lecteur jugera si j’y ai réussi. Le principe de l’équilibre joint & ceux de la force d’inertie et du Mouvement composé, nous conduit donc & la solution de tous les Problémes ot l’on considére le Mouvement d'un Corps, en tant qu’il peut étre altéré par un obstacle impé- nétrable et mobile, c’est-i-dire en général par un autre Corps & qui il doit nécessairement communiquer du Mouvement pour conserver au moins une partie du sien. De ces Principes UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN ‘TRAITE DE DYNAMIQUE. xxv combinés on peut done aisément déduire les lois du Mouvement des Corps qui se choquent d’une maniére queleonque, ou qui se tirent par le moyen de quelque Corps interposé entre eux, et auquel ils sont attachés. Si les Principes de la force d’inertie, du Mou- vement composé, et de ]’équilibre, sont essentiel- lement différents l'un de l’autre, comme on ne peut s’empécher d’en convenir; et si d’un autre c6té ces trois Principes suffisent & la Mécanique, eest avoir réduit cette Science au plus petit nombre de Principes possible, que d’avoir établi sur ces trois Principes toutes les lois du Mouve- ment des Corps dans des circonstances quelcon- ques, comme j’ai taché de le faire dans ce Traité. A Végard des démonstrations de ces Prin- cipes en eux-mémes, le plan que j’ai suivi pour leur donner toute la clarté et la simplicité dont elles m’ont paru susceptibles, a été de les déduire toujours de la considération seule du Mouvement, envisagé de la maniére la plus simple et la plus claire. Tout ce que nous voyons bien distincte- ment dans le Mouvement d’un Corps, c’est qwil parcourt un certain espace, et qu’il emploie un certain temps 4 le parcourir. C’est done de cette seule idée qu’on doit tirer tous les Principes de la Mécanique, quand on veut les démontrer d’une maniére nette et précise; ainsi on ne sera point surpris qu’en conséquence de cette réflexion, j’aie, pour ainsi dire, détourné la vue de dessus les causes motrices, pour n’envisager uniquement que le Mouvement quw’elles produisent; que j’aie UNIVERSITY 01 MICHIGAN UNIVERSITY OF XXxvI LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. entigrement proscrit les forces inhérentes au Corps en Mouvement, étres obscurs et Métaphy- siques, qui ne sont capables que de répandre les téndbres sur une Science claire par elle-méme. C’est par cette raison que j’ai cru ne devoir point entrer dans l’examen de la fameuse ques- tion des forces vives. Cette question, qui depuis trente ans partage les Géométres, consiste & savoir, si la force des Corps en Mouvement est proportionnelle au produit de la masse par la vitesse, ou au produit de la masse par le carré de la vitesse : par exemple, si un Corps double dun autre, et qui a trois fois autant de vitesse, a dix-huit fois autant de force ou six fois autant seulement. Malgré les disputes que cette ques- tion a causées, Vinutilité parfaite dont elle est pour la Mécanique m’a engagé & n’en faire aucune mention dans l’Ouvrage que je donne aujourd’hui; je ne crois pas néanmoins devoir passer entitrement sous silence une cpinion, dont Leibniz a cru pouvoir se faire honneur comme d'une découverte, que le grand Bernoulli a depuis si savamment et si heureusement appro- fondie (*), que Mac-Laurin a fait tous ses efforts pour renverser, et & laquelle enfin les écrits d’un grand nombre de Mathématiciens illustres ont contribué & intéresser le Public. Ainsi, sans (*) Voyer le Discours sur les lois de la communication du Mou- yoment, qui a mérité I’éloge de l'Académie en l'année 1726, ott Ie P. Mazidre remporta le prix. La raison pour laquelle la pitce de H. Bernoulli ne fut point couronnée, se trouve dans T’éloge que fai pubhié de ce grand Géometre, quelques mois aprés sa mort, arrivée au commencement de 1748. UNIVERSITY ¢ MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN TRAITE DE DYNAMIQUE. XXVIE fatiguer le Lecteur par le détail de tout ce qui a été dit sur cette question, il ne sera pas hors de propos d’exposer ici trés succinctement les Principes qui peuvent servir A la résoudre. Quand on parle de la force des Corps en Mou- vement, ou l’on n’attache point d’idée nette au mot qu’on prononce, ou I’on ne peut entendre par la en général, que la propriété qu’ont les Corps qui se meuvent, de vaincre les obstacles qu’ils rencontrent, ou de leur résister. Ce n’est donc ni par l’espace qu’un Corps parcourt uniformément, ni par le temps qu'il emploie & le parcourir, ni enfin par la considération simple, unique et abstraite de sa masse et de sa vitesse qu’on doit estimer immédiatement la force : c’est unique- ment par les obstacles qu’un Corps rencontre, et par la résistance que lui font ces obstacles. Plus Tobstacle qu’un Corps peut vainere, ou auquel il peut résister, est considérable, plus on peut dire que sa force est grande, pouryu que sans vouloir représenter par ce mot un prétendu étre qui réside dans le Corps, on ne s’en serve que comme d’une manitre abrégée d’exprimer un fait, A peu prés comme on dit qu’un Corps a deux fois autant de vitesse qu’un autre, au lieu de dire qwil parcourt en temps égal deux fois autant d’espace, sans prétendre pour cela que ce mot de vitesse représente un étre inhérent au Corps. Ceci bien entendu, il est clair qu’on peut opposer au Mouvement d’un Corps trois sortes dobstacles; ou des obstacles invincibles qui UNIVERSITY OF (CHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN XXVIII LES MAITRES DE LA PENSEL SCIENTIFIQUE. anéantissent tout & fait son Mouvement, quel qu'il puisse étre; ou des obstacles qui n’aient précisément que la résistance nécessaire pour anéantir le Mouvement du Corps, et qui l’anéan- tissent dans un instant, e’est le eas de l’équilibre; ou enfin des obstacles qui anéantissent le Mouve- ment peu & peu, c’est le cas du Mouvement retardé. Comme les obstacles insurmontables anéantissent également toutes sortes de Mouve- ments, ils ne peuvent servir & faire connaitre la force : ce n’est donc que dans |’équilibre, ou dans le Mouvement retardé qu’on doit en chercher la mesure. Or tout le monde convient qwil y a équilibre entre deux corps, quand les produits de leurs masses par leurs vitesses virtuelles, c’est- A-dire par les vitesses avec lesquelles ils tendent & se mouvoir, sont é6gaux de part et d’autre. Done dans l’équilibre le produit de la masse par la vitesse, ou, ce qui est la méme chose, la quan- tité de Mouvement, peut représenter la force. Tout le monde convient aussi que dans le Mou- vement retardé, le nombre des obstacles vaincus est comme le carré de la vitesse; en sorte qu’un Corps qui a fermé un ressort, par exemple, avec une certaine vitesse, pourra avec une vitesse double fermer, ou tout A la fois, ou successive- ment, non pas deux, mais quatre ressorts sem- plables au premier, neuf avec une vitesse triple, et ainsi du reste. D’ot les partisans des forces vives concluent que la force des Corps qui se meuvent actuellement, est en général comme le produit, de la masse par le carré de la vitesse. UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN TRAITE DE DYNAMIQUE. XXIX Au fond, quel inconvénient pourrait-il y avoir & ce que la mesure des forces fit différente dans Véquilibre et dans le Mouvement retardé, puis- que, si on veut ne raisonner que d’aprés des idées claires, on doit n’entendre par le mot de force, que effet produit en surmontant l’obstacle ou en lui résistant ? Tl faut avouer cependant que Vopinion de ceux qui regardent la force comme le produit de la masse par la vitesse, peut avoir lieu non seulement dans le cas de l’équilibre, mais aussi dans celui du Mouvement retardé, si dans ce dernier cas on mesure la force, non par la quantité absolue des obstacles, mais par la somme des résistances de ces mémes obstacles. Car on ne saurait douter que cette somme de résistances ne soit proportionnelle & la quantité de Mouvement, puisque, de l’aveu de tout le monde, la quantité de Mouvement que le Corps perd & chaque instant, est proportionnelle au produit de la résistance par la durée infiniment petite de Vinstant, et que la somme de ces produits est évidemment la résis- tance totale. Toute la difficulté se réduit done i savoir si on doit mesurer la force par la quan- tité absolue des obstacles, ou par la somme de leurs résistances. Tl paraitrait plus naturel de mesurer la force de cette dernitre maniére, car un obstacle n’est tel qu’en tant qwil résiste, et c'est, & proprement parler, la somme des résis- tances qui est l’obstacle vaincu : d’ailleurs, en estimant ainsi la force, on a l’avantage d’avoir pour l’équilibre et pour le Mouvement retardé une mesure commune; néanmoins comme nous UNIVERSITY 01 MICHIGAN UNIVERSITY OF XXX LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE n’avons d’idée précise et distincte du mot de force, qu’en restreignant ce terme & exprimer un effet, je crois qu’on doit laisser chacun le maitre de se décider comme il voudra 1a-dessus, et toute Ja question ne peut plus consister, que dans une discussion Métaphysique trés futile, ou dans une dispute de mots plus indigne encore d’occuper des Philosophes. Tout ce que nous venons de dire suflit assez pour le faire sentir & nos Lecteurs. Mais une réflexion bien naturelle achévera de les en con- vaincre. Soit qu’un Corps ait une simple tendance 2 se mouvoir avec une certaine vitesse, tendance arrétée par quelque obstacle; soit quil se meuve réellement et uniformément avec cette vitesse; soit enfin qwil commence & se mouvoir avec cette méme vitesse, laquelle se consume et s’anéantisse peu & peu par quelque cause que ce puisse étre : dans tous ces cas, l’effet produit par le Corps est différent, mais le corps considéré en lui- méme n’a rien de plus dans un cas que dans un autre; seulement l’action de la cause qui produit Veffet est différemment appliquée. Dans le pre- mier cas, l’effet se réduit A une simple tendance, qui n’a point proprement de mesure précise, puisqu’il n’en résulte aucun mouvement; dans le second, Veffet est Yespace parcouru unifor- mément dans un temps donné, et cet effet est proportionnel & la vitesse; dans le troisiéme, Yeffet est espace parcouru jusqu’A l’extinction totale du Mouvement, et cet effet est comme le carré de la vitesse. Or ces différents effets sont UNIVERSITY 01 MICHIGAN UNIVERSITY OF ‘TRAITA DB DYNAMIQUE. XXXE évidemment produits par une méme cause; donc ceux qui ont dit que la force était tantét comme la vitesse, tantét comme son carré, n’ont pu entendre parler que de l’effet, quand ils se sont exprimés de la sorte. Cette diversité d’effets provenant tous d’une méme cause, peut servir, pour le dire en passant, A faire voir le peu de justesse et de précision de l'axiome prétendu, si souvent mis en usage, sur la proportionnalité des causes a leurs effets. Enfin ceux mémes qui ne seraient pas en état de remonter jusqw’aux Principes métaphysiques de Ja question des forces vives, verront aisément qu’elle n’est qu'une dispute de mots, s’ils consi- dérent que les deux partis sont d’ailleurs entiére- ment d’accord sur les principes fondamentaux de l’équilibre et du mouvement. Qu’on propose le méme Probléme de Mécanique 3 résoudre & deux Géometres, dont l'un soit adversaire et Yautre partisan des forces vives, leurs solutions, si elles sont bonnes, seront toujours parfaitement daccord; la question de la mesure des forces est donc entiérement inutile a la Mécanique, et méme sans aucun objet réel. Aussi n’aurait-elle pas sans doute enfanté tant de volumes, si on se ftit attaché & distinguer ce qu’elle renfermait de clair et d’obscur. En s’y prenant ainsi, on n’au- rait eu besoin que de quelques lignes pour décider la question, mais il semble que la plu- part de ceux qui ont traité cette matiére, aient craint de la traiter en peu de mots. La réduction que nous avons faite de. toutes UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN XXXII LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE les lois de la Mécanique & trois, celle de la force dinertie, celle du mouvement composé, et celle de l’équilibre, peut servir a résoudre le grand Probleme métaphysique, proposé depuis peu par une des plus célébres Académies de l'Europe, si les lois de la Statique et de la Mécanique sont de vérité nécessaire ou contingente ? Pour fixer nos idées sur cette question, il faut d’abord la réduire au seul sens raisonnable qu’elle puisse avoir. I] ne s’agit pas de décider si |’Auteur de la nature aurait pu lui donner d’autres lois que celles que nous y observons; dés qu’on admet un étre intelligent capable d’agir sur la matiére, il est évident que cet étre peut A chaque instant la mouvoir et l’arréter & son gré, ou suivant: des lois uniformes, ou suivant des lois qui soient différentes pour chaque instant et pour chaque partie de matidre; l’expérience continuelle des mouvements de notre corps, nous prouve assez que la matiére, soumise & la volonté d’un prin- cipe pensant, peut s’écarter dans ses mouve- ments de ceux qu'elle aurait véritablement si elle était abandonnée A elle-méme. La ques- 4ion proposée se réduit done & savoir si les lois de l’équilibre et du mouvement qu’on observe dans la nature, sont différentes de celles que la matiére abandonnée 4 elle-méme aurait suivies; développons cette idée. 11 est de la derniére évi- dence qu’en se bornant & supposer l’existence de la matiére et du mouvement, il doit nécessaire- ment résulter de cette double existence certains effets; qu’un Corps mis en mouvement par quel- UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MIC TRAITE DE DYNAMIQUE. XXXII que cause, doit ou s’arréter au bout de quelque temps, ou continuer toujours & se mouvoir; qu’un Corps qui tend 4 se mouvoir A la fois suivant les deux cétés d’un parallélogramme, doit nécessai- rement décrire, ou la diagonale, ou quelqu’auire ligne; que quand plusieurs Corps en mouvement se rencontrent et se choquent, il doit nécessaire- ment arriver en conséquence de leur impénétra- bilité mutuelle quelque changement dans 1’état de tous ces Corps, ou au moins dans [état de quelques-uns d’entre eux. Or des différents effets possibles, soit dans le mouvement d’un Corps isolé, soit dans celui de plusieurs Corps qui agissent les uns sur les autres, il en est un qui dans chaque cas doit infailliblement avoir lieu en conséquence de l’existence seule de la matiére, et abstraction faite de tout autre principe diffé- rent, qui pourrait modifier cet effet ou l’altérer. Voici done la route qu’un Philosophe doit suivre pour résoudre la question dont il s’agit. I] doit tacher d’abord de découvrir par le raisonnement quelles seraient les lois de la Statique et de la Mécanique dans la matidre abandonnée & elle- méme; il doit examiner ensuite par l’expérience quelles sont les lois dans l’univers; si les unes et les autres sont différentes, il en conclura que les lois de la Statique et de la Mécanique, telles que l’expérience les donne, sont de vérité contin- gente, puisqu’elles seront la suite d’une volonté particulitre et expresse de I’Etre supréme; si au contraire les lois données par l’expérience s’accordent avec celles que le raisonnement seul UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF ‘XXXIV LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. a fait trouver, il en conclura que les lois obser- vées sont de vérité nécessaire, non pas en ce sens que le Créateur n’efit pu établir des lois toutes différentes, mais en ce sens qu’il n’a pas jugé & propos d’en établir d’autres que celles qui résul- taient de l’existence méme de la matiére. Or nous croyons avoir démontré dans cet Ouvrage, qu’un Corps abandonné & lui-méme doit persister éternellement dans son état de repos ou de mouvement uniforme; nous croyons avoir démontré de méme que s’il tend a se mouvoir 4 la fois suivant les deux cétés d’un parallélogramme quelconque, la diagonale est la direction qu’il doit prendre de lui-méme et, pour ainsi dire, choisir entre toutes les autres. Nous avons démontré enfin que toutes les lois de la communication du mouvement entre les Corps se réduisent aux lois de l’équilibre, et que les lois de l’équilibre se réduisent elles-mémes a celles de l’équilibre de deux Corps égaux, animés en sens contraires de vitesses virtuelles égales. Dans ce dernier cas les mouvements des deux Corps se détruiront évidemment l'un V’autre, et par une conséquence géométrique il y aura encore néces- sairement équilibre, lorsque les masses seront en raison inverse des vitesses; il ne reste plus qu’a savoir si le cas de l’équilibre est unique, c’est- a-dire si, quand les masses ne seront pas en raison inverse des vitesses, un des Corps devra néces- sairement obliger l’autre 4 se mouvoir. Or il est aisé de sentir que dés qu'il y a un cas possible et nécessaire d’équilibre, il ne saurait y en avoir UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN TRAITR DE DYNAMIQUE. xxxv d’autres : sans cela les lois du choc des Corps, qui se réduisent nécessairement & celles de l’équi- libre, deviendraient indéterminées, ce qui ne saurait étre, puisqu’un Corps venant en choquer un autre, il doit nécessairement en résulter un effet unique, suite indispensable de l’existence et de Vimpénétrabilité de ces Corps. On peut Wailleurs démontrer l’unité de la loi d’équilibre par un autre raisonnement, trop mathématique pour étre développé dans ce Discours, mais que jai taché de rendre sensible dans mon Ouvrage, et auquel je renvoie le Lecteur (*). De toutes ces réflexions il s’ensuit que les lois de la Statique et de la Mécanique, exposées dans ce Livre, sont celles qui résultent de l’existence de la matiére et du mouvement. Or l’expérience nous prouve que ces lois s’observent en effet dans les Corps qui nous environnent. Donec les Jois de Véquilibre et du mouvement, telles que Vobser- vation nous les fait connattre, sont de vérité nécessaire. Un Métaphysicien se contenterait peut-étre de le prouver, en disant qu'il était de la sagesse du Créateur et de la simplicité de ses vues, de ne point établir d’autres lois de équi- libre et du mouvement, que celles qui résultent de Vexistence méme des Corps, et de leur impé- nétrabilité mutuelle; mais nous avons cru devoir nous abstenir de cette maniére de raisonner, parce qwil nous a paru qu’elle porterait sur un prin- cipe trop vague; la nature de |’Etre supréme (*) Voyez Varticle 46 & la fin du troisitme cas, et Varticle 47. UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN XXXVI LES MATTRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. nous est trop cachée pour que nous puissions connaitre directement ce qui est ou nest pas conforme aux vues de sa sagesse; nous pouvons seulement entrevoir les effets de cette sagesse dans l’observation des lois de la nature, lorsque le raisonnement mathématique nous aura fait voir la simplicité de ces lois, et que l’expérience nous en aura montré les applications et l’étendue. Cette réflexion peut servir, ce me semble, & nous faire apprécier les démonstrations, que plusieurs Philosophes ont données des lois du mouvement d’aprés le principe des causes finales, c’est-i-dire d’aprés les vues que l’Auteur de la nature a di se proposer en établissant ces lois. De pareilles démonstrations ne peuvent avoir de force qu’autant qu’elles sont précédées et appuyées par des démonstrations directes et tirées de principes qui soient plus & notre portée ; autrement il arriverait souvent qu’elles nous induiraient en erreur. C’est pour avoir suivi cette route, pour avoir cru quwil était de la sagesse du Créateur de conserver toujours la méme quantité de mouvement dans l’univers, que Descartes s’est trompé sur les lois de la percussion. Ceux qui Vimiteraient courraient risque, ou de se tromper comme lui, ou de donner pour un principe général ce qui n’aurait lieu que dans certains cas, ou enfin de regarder comme une loi primitive de la nature, ce qui ne serait qu’une conséquence pure- ment mathématique de quelques formules. Aprés avoir donné au Lecteur une idée géné- rale de lobjet que je me suis proposé dans cet UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN ‘TRAITH DE DYNAMIQUE. ‘XXXVIT Ouvrage, il ne me reste plus qu’un mot a dire sur la forme que j’ai cru devoir lui donner. J’ai taché ‘dans ma premiére Partie de mettre, le plus qu'il m’a été possible, les Principes de la Mécanique & la portée des commengants; je n’ai pu me dispenser d’employer le calcul différentiel dans la théorie des mouvements variés; c’est la nature du sujet qui m’y a contraint. Au reste, jai fait en sorte de renfermer dans cette pre- miére Partie un assez grand nombre de choses dans un fort petit espace, et si je ne suis point entré dans tout le détail que la matiére pouvait comporter, c'est qu’uniquement attentif 4 l’expo- sition et au développement des principes essen- tiels de la Mécanique, et ayant pour but de réduire cet Ouvrage & ce quil peut contenir de nouveau en ce genre, je n’ai pas cru devoir le grossir d’une infinité de propositions particu- liéres que l’on trouvera aisément ailleurs. La seconde Partie, dans laquelle je me suis proposé de traiter des lois du mouvement des Corps entre eux, fait la portion la plus ce: rable de lOuvrage : c’est la raison qui m’a engagé & donner & ce Livre le nom de 7'raité de Dynamique. Ce nom qui signifie proprement la Science des puissances ou causes motrices, pourrait paraitre @abord ne pas convenir & ce Livre, dans lequel j’envisage plutét la Mécanique comme la Science des effets, que comme celle des causes; néanmoins comme le mot de Dyna- migue est fort usité aujourd’hui parmi les Savants, pour signifier la Science du mouvement UNIVERSITY 01 AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN XXKVIIL LES MAITRES DE LA PENSRE SCIENTIFIQUE. des Corps, qui agissent les uns sur les autres @une maniére quelconque, j’ai cru devoir le epnserver, pour annoncer aux Géométres par le titre méme de ce Traité, que je m’y propose prin- cipalement pour but de perfectionner et d’aug- menter cette partie de la Mécanique. Comme elle n’est pas moins curieuse qu’elle est difficile, et que les Problémes qui s’y rapportent com- posent une classe trés étendue, les plus grands Géométres s’y sont appliqués particulitrement depuis quelques années; mais ils n’ont résolu jusqu’a présent qu’un trés petit nombre de Pro- blames de ce genre, et seulement dans des cas particuliers : la plupart des solutions qu’ils nous ont données sont appuyées outre cela sur des principes que personne n’a encore démontrés dune maniére générale, tels, par exemple, que celui de la conservation des forces vives. J’ai donc cru devoir m’étendre principalement sur ce sujet, et faire voir comment on peut résoudre toutes les questions de Dynamique par une méme Méthode fort simple et fort directe, et qui ne consiste que dans la combinaison, dont j’ai parlé plus haut, des principes de l’équilibre et du mouvement composé. J’en montre V’usage dans un petit nombre de Problémes choisis, dont quelques-uns sont déji connus, d’autres sont entitrement nouveaux, d’autres enfin ont été mal résolus, méme par les plus savants Mathémati- ciens. Lélégance dans Ja solution d’un Probléme consistant surtout A n’y employer que des prin- UNIVERSITY 01 MICHIGAN UNIVERSITY OF ‘TRAITR DE DYNAMIQUE. XxxIx cipes directs et en trés petit nombre, on ne sera pas surpris que l’uniformité qui régne dans toutes mes solutions, et que j’ai eue principale- ment en vue, les rende quelquefois un peu plus longues, que si je les avais déduites de principes moins directs. La démonstration que j'aurais été obligé de faire de ces principes, ne pouvait Wailleurs que m’écarter de la britveté que j’au- rais cherché & me procurer par leur moyen; et la portion la plus considérable de mon Livre, n’aurait plus été qu’un amas informe de Pro- plemes peu digne de voir le jour, malgré la varidté que j’ai taché d’y répandre, et les diffi- cultés qui sont particuliéres & chacun d’eux. Au reste, comme cette seconde Partie est des- tinée principalement & ceux qui, déja instruits du caleul différentiel et intégral, se seront rendus familiers les principes établis dans la premiére, ou seront déji exercés A la solution des Pro- plémes connus et ordinaires de la Mécanique, je dois avertir que pour éviter les circonlocutions, je me suis souvent servi du terme obscur de force, et de quelques autres qu’on emploie com- munément quand on traite du mouvement des Corps; mais je n’ai jamais prétendu attacher & ces termes d’autres idées que celles qui résultent des principes que j’ai établis, soit dans ce Dis- cours, soit dans la premiére Partie de ce Traité. Enfin, du méme principe qui me conduit A la solution de tous les Problémes de Dynamique, je déduis aussi plusieurs propriétés du centre de gravité, dont les unes sont entitrement nouvelles, UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN XL LES MAITRES DE LA PENSRE SCIENTIFIQUE. les autres n’ont été prouvées jusqu’a présent que @une maniére vague et obscure, et je termine VYOuvrage par une démonstration du principe appelé communément la conservation des forces wives. L’accueil que le Public a fait & ce premier essai, lorsqwil parut en 1748, m’a engagé a publier en 1744 un autre Ouvrage, dans lequel ce qui concerne le mouvement et l’équilibre des fluides a été traité suivant la méme Méthode, et par le méme principe. Cette matiére épineuse et délicate n’est pas la seule & laquelle j’aie appliqué ce principe; j’en ai fait le plus grand usage dans mes Recherches sur la précession des Equinoxes, probléme dont j’ai donné le premier la solution, longtemps et inutilement cherchée par de trés grands Géométres; dans mon Essai sur la résistance des fluides, fondé sur une théorie entiérement nouvelle; dans mes Réflexions sur la cause des vents, pour calculer les oscillations que l’action du Soleil et de la Lune doivent produire dans notre Atmosphére, et que personne n’avait encore entrepris de déterminer; enfin, jose dire que plus j’ai eu d’occasions d’employer les Méthodes exposées et développées dans cet Ouvrage, plus j’ai reconnu la simplicité, la géné- ralité et la fécondité de ces Méthodes. UNIVERSITY ¢ F MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGA TRAITE DE DYNAMIQUE DEFINITIONS ET NOTIONS PRELIMINAIRES I. Si deux portions d’étendue semblables et égales entre elles sont impénétrables, cest-a-dire si elles ne peuvent étre imaginées unies et confondues lune avec Vautre, de maniére qu’elles ne fassent qu’une méme portion d’étendue moindre que la somme des deux, chacune de ces portions d’étendue sera ce qu’on appelle un Corps. L’impénétrabilité est la propriété principale par laquelle nous distinguons les Corps des parties de l’espace indéfini, ot nous imaginons qwils sont placés. Le léew d’un Corps est la partie de Vespace qu’il occupe, c’est--dire la partie de l’espace avec laquelle Vétendue du Corps est coincidente. IL. Un Corps est en repos quand il reste dans un méme lieu; il est en mouvement quand il passe d’un lieu dans un autre, c’est-’-dire quand il occupe successivement et sans interruption des parties de Pespace immédiatement contigués les unes aux autres. UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN 2 LES MAITRES DE LA PENSHE SCIENTIFIQUE. III. Comme un Corps ne peut occuper plusieurs lieux & la fois, il ne peut arriver d’un lieu & un autre dans le méme instant: le mouvement ne peut done so faire que durant un certain temps. Iv. L’espace parcouru par un Corps qui se meut est divisible & V’infini; le temps est done aussi divi- sible & V'infini. On congoit de plus, que si un Corps se meut en ligne droite, sans subir & chaque instant d@’autre changement que le changement de place, il ne peut manquer de parcourir des espaces égaux en temps égaux. Dans co cas, on dit que le Corps se meut uniformément. Si les espaces par- courus en temps égaux sont croissants ou décrois- sants, le mouvement est dit accéléré ou retardé. AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN ‘TRAITE DE DYNAMIQUE. a PREMIERE PARTIE. Lois générales du mouvement et de l’équilibre des Corps. 1. On peut réduire tous les Principes de la Méca- nique & trois, la force d’inertie, le mouvement composé, et l’équilibre. Au moins j’espére faire voir par co Traité, que toute cette science peut tre déduite de ces trois Principes. Je traiterai de chacun en particulier dans chacun des Chapitres suivants. CHAPITRE PREMIER. De Ia force d’inertie, et des propriétés du mouvement qui en résultent, 2. Jappelle avec M. Newton force @inertie, la propriété qu’ont les Corps de rester dans l’état ot ils sont: est cette propriété qu’il faut démontrer ici. Or un Corps est nécessairement dans état de repos ou dans celui de mouvement; il faut done démontrer les deux Lois suivantes. I. Lor. 3. Un Corps en repos y persistera, & moins qu’une cause étrangtre ne Ven tire. Car un Corps ne peut UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN 4 LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. se déterminer de lui-méme au mouvement, puisqu’il n’y a pas de raison pour qu’il se meuve d’un coté plutét que d’un autre. CoroLLaIRE. 4. De la il s’ensuit, que si un Corps regoit du mouvement par quelque cause que ce puisse étre, il ne pourra de lui-méme accélérer ni retarder ce mouvement. 5. On appelle en général puissance ou cause motrice, tout ce qui oblige un Corps & se mouvoir. II. Lor. 6. Un Corps mis une fois en mouvement par une cause quelconque, doit y persister toujours uni- formément et en ligne droite, tant qu’une nouvelle cause, différente de celle qui ’a mis en mouvement, nagira pas sur lui; c’est-d-dire qu’4 moins qu’une cause étrangére et différonte de la cause motrice, wagisse sur ce Corps, il so mouvra perpétuellement en ligne droite, et parcourra en temps égaux des espaces égaux. Car, ou Vaction indivisible et instantanée de la cause motrice au commencement du Mouvement, suffit pour faire parcourir au Corps un certain espace, ou le Corps a besoin pour se mouvoir de Vaction continuée de la cause motrice. Dans le premier cas, il est visible que l’espace parcouru ne peut étre qu’une ligne droite décrite uniformément par le Corps mt. Car (iyp.) passé le premier instant, l’action de la cause motrice n’existe plus, et le Mouvement néanmoins subsiste UNIVERSITY ¢ MICHIGAN UNIVERSITY OF f CHIGAN TRAITE DE DYNAMIQUE, 5 encore : il sera donc nécessairement uniforme, puisque (Aré. 4) un Corps ne peut accélérer ni retarder son Mouvement de lui-méme. De plus, il n’y a pas de raison pour que le Corps s’écarte & droite plutdt qu’i: gauche. Done dans ce premier cas, ot l’on suppose qu’il soit capable de se mouvoir de lui-méme pendant un certain temps, indépen- damment de la cause motrice, il se mouvra de lui- mémo pendant ce temps uniformément et en ligne droite. Or un Corps qui peut se mouvoir de lui-méme uniformément et en ligne droite pendant un certain temps, doit continuer perpétuellement a se mouvoir de la méme maniére, si rien ne l’en empéche. Car supposons le Corps partant de A (Fig. 1*), et capable de parcourir de lui-méme a cD BOG Fig. 1. uniformément la ligne A B; soient pris sur la ligne AB deux points quelconques C, D entre A et B. Le Corps étant en D est précisément dans le méme état que lorsqu’il est en CG, si ce n’est qu’il se trouve dans un autre lieu. Done il doit arriver & ce Corps la méme chose que quand il est en @. Or étant en C il peut (hyp.) se mouvoir de lui-méme uniformément jusqu’en B. Done étant en D il pourra se mouvoir de lui:méme uniformément jusqu’au point G, tel que D G=C B, et ainsi de suite. UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF 6 LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. Done si action premitre et instantanée de la cause motrice est capable de mouvoir le Corps, il sera mi uniformément ct en ligne droite, tant qu’une nouvelle cause ne len empéchera pas. Dans le second cas, puisqu’on suppose qu’aucune cause étrangtre et difiérente de la cause motrice r’agit sur le Corps, rien ne détermine donc la cause motrice & augmenter ni & diminuer; dou il s’ensuit que son action continuée sera uniforme et constante, et qwainsi pendant le temps quelle agira, le Corps se mouvra en ligne droite et uniformément. Or la méme raison qui a fait agir la cause motrice cons- tamment et uniformément pendant un certain temps, subsistant toujours tant que rien ne s’oppose & son action, il est clair que cette action doit demeurer continuellement la méme, et produire constamment le méme effet. Done ete. Done en général un Corps mis en mouvement par quelque cause que co soit, y persistera toujours uniformément et en ligne droite, tant qu’aucune cause nouvelle n’agira pas sur lui. La ligne droite qu’un Corps décrit ou tend & décrire, est nomméo sa direction. REMARQUE PREMIERE. 7. Je me suis un peu étendu sur la.preuve de la seconde Loi, parce qu'il y a eu et qu'il y a peut-étre encore quelques Philosophes qui prétendent que le mouvement d’un Corps doit de lui-méme se ralentir peu & peu, comme il semble que Vexpérience le prouve. Il faut convenir au reste que toutes les UNIVERSITY 01 AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN TRAITE DE DYNAMIQUE. 4 preuves qu’on a données jusqu’ici de la conservation du mouvement, n’ont point le degré d’évidence nésessaire pour convaincre Vesprit; elles sont presque toutes fondées, ou sur une force qu’on imagine dans la matiére, par laquelle elle résiste & tout changement d’état, ou sur Vindifférence de la matitre au mouvement comme au’ repos. Le premier de ces deux Principes, outre qu’il suppose dans la matitre un Etre dont on n’a point d’idée nette, ne peut suffire pour prouver la Loi dont il est question. Car quand un Corps se meut, méme uni- formément, le mouvement qu’il a dans un instant quelconque, est distingué eb comme isolé du mou- vement qwil a eu ou qu’il aura dans les instants précédents ou suivants. Le Corps est donc en quelque maniére & chaque instant dans un nouvel état, dans un état qui n’a rien de commun avec le précédent; il ne fait, pour ainsi dire, continuellement que com- mencer & se mouvoir, et on pourrait croire qu’il tendrait sans cesse & retomber dans le repos, si la méme cause qui l’en a tiré d’abord, ne continuait en quelque sorte & en tirer toujours. A Végard de l’indifférence de Ja matitre au Mou- vement ou au repos, tout co que ce Principe présente, ce me semble, de bien distinct 4 Vesprit, c’est qu’il nest pas essentiel 4 la matiére de se mouvoir toujours, ni d’étre toujours en repos; mais s’ensuit- il clairement de 14 qu’un Corps en Mouvement ne puisse tendre continuellement au repos? Ce n’est pas que le repos lui soit plus essentiel que le Mouvement; mais on pourrait penser qu’il ne faut autre chose 4 un Corps pour étre en repos, que d’étre un Corps, cifeaN UNIVERSITY ¢ MICHIGAN UNIVERSITY OF f 8 LES MAITRES DB LA PENSEE SCIENTIFIQUE. au lieu que pour le Mouvement il a peut-étre besoin de quelque chose de plus, qui doit étre, pour ainsi dire, continuellement reproduit en lui; & peu pres comme nous |’éprouvons dans le mouvement de notre corps, qui pour se mouvoir a besoin d’un effort continuel, lequel se consume et renait & chaque instant. Nous ne prétendons pas donner pour juste le paralléle des corps animés aux corps inanimés; mais ce paralléle peut au moins faire croire confu- sément, quoique sans raison, qu'il y a quelque chose dans un corps en mouvement qui n’est pas dans un corps en repos, et suffit par conséquent pour rendre insuffisante la preuve que nous examinons ici. La démonstration donnée ci-dessus de la conser- vation du Mouvement, a cela de particulier, quelle a lieu également, soit que la cause motrice doive toujours étre appliquée au Corps, ou non. Ce n’est pas que je croie l’action continuée de cette cause, nécessaire pour mouvoir le Corps; car si l’action instantanée ne suffisait pas, quel serait alors l’effet de cette action? Et si action instantanée n’avait point d’effet, comment l’action continuée en aurait- elle? Mais comme on doit employer & la solution d’une question le moins de Principes qu'il est possible, j’ai cru devoir me borner & démontrer que la continuation du Mouvement a lieu également dans les deux hypothdses; il est vrai que notre démonstration suppose l’existence du Mouvement, et & plus forte raison sa possibilité; mais nier que fe Mouvement existe, c'est se refuser 4 un fait que personne ne révoque en doute. UNIVERSITY ¢ MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN TRAITE DE DYNAMIQUE. 9 REMARQUE SECONDE, 8. L’expérience est d’accord avec lo raisonnement pour prouver le principe de la force d’inertie : 1° Nous voyons que les corps qui nous environnent restent en repos, tant que rien ne les en tire; et s'il arrive quelquefois qwils paraissent se mouvoir sans que nous en voyons la cause, nous avons lieu de juger par Vanalogie, par Vuniformité des lois de la nature, et par Vincapacité de la matitre a se mouvoir d’elle-méme, que cette cause n’en est pas moins réelle pour nous étre cachée. 2° Quoiqu’il n’y ait point de corps qui conserve éternellement son mouvement, puisqu’il y a toujours des causes qui le ralentissent peu & peu, comme le frottement et la résistance de Vair, cependant nous voyons qu'un corps en mouvement y persiste d’autant plus long- temps que les causes qui retardent co mouvement sont moindres; d’ot nous pouyons conclure que le mouvement ne finirait point, si les causes retarda- trices étaient nulles Du Mouvement uniforme. 9. Nous venons de voir qu’un Corps se meut uni- formément et en ligne droite, quand aucune cause étrangére n’agit sur lui. D’ot il s’ensuit que le méme Corps peut encore se mouvoir uniformément, lorsque (*) On trouvera dans ’Enoyclopédie au mot Foncs plusieurs autres réflexions sur le principe de la force d'inertie; comme elles n'appar- tiennent pas immédiatement & notre sujet, nous y renvoyons le Leoteur. UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF f CHIGAN 10 LES MAITRES DE LA PENSKE SCIENTIFIQUE. deux causes étrangéres agissent en méme temps et également, Vune pour accélérer, l’autre pour retarder son Mouvement. (C’est ainsi, pour le dire en passant, que les Corps qui tombent parviennent & se mouvoir uniformément, lorsque la résistance du Fluide ot ils sé meuvent tend 4 diminuer leur mouvement, autant que leur pesanteur tend & Vaugmenter). Dans tout autre cas, le Mouvement est nécessairement accéléré ou retardé. 10. Si deux parties queleonques 4 B, AC (Fig. 2) dune ligne indéfinie 4 O représentent deux portions 4, NN aR LI re Fig. 2 | 0 du temps écoulé depuis le commencement du Mouve- ment, ot les lignes BD, CB, les espaces parcourus durant ces temps par un Corps dont le Mouvement est uniforme, les points D, #, seront & une ligne droite A DB. Car, puisqu’un Corps qui se meut uniformément parcourt des espaces égaux en temps égaux, les points D, H doivent étre & une ligne tele, que si on prend AB, BC égales entre elles eb quelconques, on UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF ‘TRAITE DE DYNAMIQUE. u ait toujours B D=/' #, Or cette propriété n’appar- tient qu’& la ligne droite. Done ete. Corontarre. 11. BD:CH AB: AC, Cest-a-dire que dans le Mouvement uniforme, les espaces sont entre eux comme les temps employés 4 les parcourir. Remarque sur la mesure du temps. 12. Comme le rapport des parties du temps nous est inconnu en lui-méme, l’unique moyen que nous puissions employer pour découvrir ce rapport, c'est d’en chercher quelque autre plus sensible et mieux connu, auquel nous puissions le comparer; on aura donc trouvé la mesure du temps la plus simple, si on vient & bout de comparer de la maniére la plus simple quw’il soit possible, le rapport des parties du temps, avec celui de tous les rapports que l’on connait le mieux. De 1a il résulte que le Mouvement uniforme est la mesure du temps la plus simple. Car Wun cété, le rapport des parties d’une ligne droite est celui que nous saisissons le plus facilement; et de l’autre, il n’y a point de rapports plus aisés & comparer entre eux, que des rapports égaux. Or dans le Mouvement uniforme, le rapport des parties du temps est égal & celui des parties correspondantes de la ligne par- courue. Le Mouvement uniforme nous donne done tout & la fois le moyen, et de comparer le rapport des parties du temps au rapport qui nous est le plus sensible, et de faire cette comparaison de la manitre la plus simple; nous trouvons donc dans le Mouve- ment uniforme la mesure la plus simple du temps. UNIVERSITY 01 AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN 12 IES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. Je dis, outre cela, que la mesure du temps par le Mouvement uniforme, est, indépendamment de sa simplicité, celle dont il est le plus naturel de penser ase servir, En effet, comme il n’y a point de rapport que nous connaissions plus exactement que celui des parties de l’espace, et qu’en général un Mouve- ment quelconque, dont la loi serait donnée, nous conduirait & découvrir le rapport des parties du temps par l’analogie connue de ce rapport avec celui des parties de lespace parcouru il est clair qwun tel Mouvement serait la mesure du temps la plus exacte, eb par conséquent celle qu’on devrait mettre en usage préférablement & toute autre. Done, s'il y a quelque espice particulitre du Mouvement, ot lanalogie entre le rapport des parties du temps et celui des parties de l’espace parcouru soit connue indépendamment de toute hypothése, et par la nature du Mouvement méme, et que cette espece particuliére de Mouvement soit la seule & qui cette propriété appartienne, elle sera nécessairement la mesure du temps la plus naturelle. Or il n’y a que le Mouvement uniforme qui réunisse les deux conditions dont nous venons de parler. Car (art. 6) le Mouvement d’un Corps est uniforme par lui- méme, il ne devient accéléré ou retardé qu’en vertu d'une cause étrangére, et alors il est susceptible une infinité de lois différentes de variation. La loi d’uniformité, c’est-A-dire l’égalité entre le rapport des temps et celui des espaces parcourus, est done une propriété du Mouvement considéré en lui-méme. Le Mouvement uniforme n’en est par 1a que plus analogue & la durée, et par conséquent plus UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF TRAITE DE DYNAMIQUE. 13: propre & en étre la mesure, puisque les parties do la durée se succédent aussi constamment et uni- formément. Au contraire, toute loi d’accélération ou de diminution dans le Mouvement est arbitraire, pour ainsi dire, et dépendante de circonstances extérieures. Le Mouvement non uniforme ne peut étre par conséquent la mesure naturelle du temps; car, en premier lieu, il n'y aurait pas de raison pourquoi une espice particulitre de Mouvement non uniforme fat la mesure premitre du temps plutét qu’une autre; en second lieu, on ne pourrait mesurer le temps par un Mouvement non uniforme, sans avoir découvert auparavant par quelque moyen particulier Panalogie entre le rapport des temps et celui des spaces parcourus, qui conviendrait au Mouvement proposé. D’ailleurs, comment connaitre cette analogie autrement que par V’expérience, et Vexpérienco ne supposerait-clle pas qu’on efit déja. une mesure du temps fixe et certaine? Mais le moyen de s’assurer, dira-t-on, qu’un Mouvement soit parfaitement uniforme? Jo réponds @abord, qwil n’y a non plus aucun Mouvement non uniforme dont nous sachions exactement la Loi, et qu’ainsi cette difficulté prouve seulement que nous ne pouvons connaftre exactement et en toute rigueur le rapport des parties du temps; mais il [ne] s’ensuit pas de la, que le Mouvement uniforme n’en soit, par sa nature seule, la premidre et la plus simple mesure. Aussi ne pouvant avoir de mesure du temps précise et rigoureuse, c'est dans les Mouvements & peu prés uniformes que nous en cherchons la mesure au moins approchée. Nous avons trois moyens do UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN 4 EHS MAITRES DE LA PENSHE SCIENTIFIQUE juger qu’un Mouvement est & peu prés uniforme: 1° Quand le Corps qui se meut parcourt des espaces égaux dans des temps que nous avons lieu de juger égaux; et nous avons lieu de juger les temps égaux, quand nous avons observé par une expérience réi- térée, qu’il se passe durant ces temps des effets semblables, que nous avons lieu de juger devoir durer également longtemps. Ainsi nous avons liew de juger que les temps qu’une méme clepsydre met & se vider sont égaux; si done pendant ces temps un corps parcourt des espaces égaux, nous avons liew de juger que son mouvement est uniforme. 2 Quand nous avons lieu de croire que effet de la cause accélératrice ou retardatrice, s'il y en a une, ne peut étre qu’insensible. C’est par la réunion de ces deux moyens qu’on a jugé que le mouvement de la terre autour de son axe est uniforme, et cette supposition non seulement n’esb point contredite par les autres phénoménes célestes, mais elle parait méme s’y accorder parfaitement. 3° Quand nous comparons le Mouvement dont il s’agit & d’autres Mouvements, et- que nous’ observons la méme Loi dans les uns et les autres. Ainsi, si plusieurs Corps se meuvent, de manitre que les espaces qu’ils par- courent durant un méme temps soient toujours entre eux, ou exactement, ou & peu prés dans le méme rapport, on juge que le Mouvement de ces Corps est ou exactement, ou au moins a trés peu prés uniforme. Car si un corps A qui se meut unifor- mément patcourt l’espace / durant le temps 7 pris & volonté, et qu’un autre corps B, se mouvant aussi uniformément, parcourt l’espace e pendant le méme UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN TRAITE DE DYNAMIQUE. 1B temps 7’, le rapport des espaces B, ¢, sera toujours le méme, soit que les deux corps aient commencé & se mouvoir dans le méme instant ou dans des instants différents; et le mouvement uniforme est le seul qui ait cette propriété. C’est pourquoi si on divise le temps en parties quelconques égales ou inégales & volonté, et si on trouve que les espaces parcourus par deux corps durant une méme partie de ce temps sont toujours dans le méme rapport, plus le nombre des parties du temps sera grand, plus on sera en droit de conclure que le mouvement de chaque corps est uniforme. Aucun de ces trois moyens n’est exact dans la rigueur géométrique; mais ils suffisent, surtout quand ils sont répétés et réunis, pour tirer une conclusion valable, sinon sur l’uniformité absolue, au moins sur l’uniformité trés approchée. 13. Un Corps qui se meut uniformément est dit se mouvoir d’autant plus vite, que Vespace BD qu’il parcourt dans un méme temps 4B est plus grand; de sorte que si BD, Bd sont les espaces parcourus uniformément par deux Corps dans le méme temps AB, on dit que les vitesses de ces deux Corps sont entro elles comme BD & Bd. CoRoLLaIRE. BD Bd BD Ce 14. BD est a Bd:: donc en général les vitesses de deux Corps sont entre elles comme les espaces BD, Ce qwils parcourent UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF 16 LES MAITRES DE LA PENSRE SCIENTIFIQUE. dans des temps quelconques, ces espaces étant divisés par les temps employés & les parcourir ®. La vitesse d’un Corps mf uniformément est done en général comme l’espace divisé par lo temps. La vitesse ne renfermant qu’une idée relative n’a point de mesure absolue, on ne juge point de la vitesse @un Corps en elle-méme, mais en la comparant & la vitesse d’un autre Corps. Ainsi cette manidre de parler si commune chez les Mécaniciens, que la vitesse est égale @ Vespace divisé par le temps, n’est qu'une expression abrégée pour dire que les vitesses de deux corps qui se meuvent unifor- mément, sont entre elles comme les espaces que ces Corps parcourent, divisés par les temps qu’ils emploient 4 les parcourir; expression qu’il faut entendre elle-méme dans le sens expliqué par la note. Du Mouvement accéléré ou retardé. 15. Si les lignes BD, CL (Fig. 3 et 4), repré- sentant les espaces parcourus pendant les temps A B, AC, ne sont pas & une ligne droite, mais & unecourbe ADE, alors le Mouvement n’est plus uniforme, (1) L’espace et le temps étant des quantités de nature différente, ainsi qu’on l’a remarqué dans le Discours préliminaire, on sent Dien qu’on ne peut diviser Vespace par le temps; ainsi quand on Git que les vitesses sont comme les espaces divisés par les temps, c'est une expression abrégée qui signifie que les vitesses sont comme les rapports des espaces & une méme commune mesure, divisés par Jes rapports des temps & une méme commune mesure; c’est-a-dire que si on prend, par exemple, le pied pour la mesure des espaces, et la minute pour la mesure des temps, les vitesses de deux corps qui se meuvent uniformément sont entre elles comme les nombres de pieds parcourus divisés par les nombres de minutes employées & les parcourir, et non pas comme les pieds divisés par les minutes. Voyez Encyclopédie & la fin du mot Equation. UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN TRAITS DE DYNAMIQUE. 17 mais il est accéléré ou retardé, selon que la courbe ADB est convexe ou concave vers AG; car si le Fig. 3. Fig. 4. Mouvement est accéléré, par exemple, les espaces DX, PH (Big. 3!) parcourus dans des temps égaux BQ, BC, sont croissants; en sorte que PZ! est > Ay FE DX; co qui no saurait étre & moins que la courbe ADE ne soit convexe vers AC. Cette variation continuelle ne peut provenir- (art. 6) que de quelque UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF 18 LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. cause étrangére qui agit sans cesse, pour acoélérer ou retarder le Mouvement. La vitesse du Corps mf change alors 4 chaque instant, et ne peut avoir, comme dans le Mouvement uniforme, une quantité constante pour mesure. On congoit seulement que son expression pour un instant donné, doit étre la méme qu'elle serait, si dans cet: instant le Mouvement cessait d’étre accéléré ou retardé. Supposons done, par exemple, que le Mouvement du corps soit accéléré; et qu’d Vinstant méme ot le corps finit de parcourir la ligne BD, il vienne & se mouvoir uniformément avec la vitesse qu’il a en D; il est clair, 1° que les lignes 7 Z, PV (Fig. 3/), représentant les espaces qu’il décrirait alors dans des temps finis quelconques BM, BC, seraient terminées par une ligne droite D V; 2° que ces lignes PN, TZ, doivent étre plus grandes que les espaces DX, Dz, qwil a parcourus précédemment dans des temps Bm = BM, et BQ =BC; 3° que ces mémes espaces PN, 74% doivent @tre plus petits que les espaces PH, TG, quil aurait parcourus dans les temps BC, BM, si son mouvement avait continué & étre accéléré. Or pour cela il faut que DN soit tangente®, On démontrera la méme chose dans le cas du mouvement retardé; d’ot il s’ensuit, en général, en tirant la tangente DV, que PN serait (2) 11 est visible qu’on ne peut supposer que le corps décrive par son mouvement uniforme un espace PO plus petit que Vespace PV terminé par 1a tangente DN; car PO serait alors plus petit que DX, puisque PO = Dy. On ne peut supposer non plus qu'il décrive un espace PR plus grand que PN, car alors on pourrait toujours supposer le point 7 tellement placé, que Vespace TG! parcoura uniformément pendant le temps DT f0t plus grand que l’espace TG terminé & la courbe, ce qui ne se peut. UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN ‘TRAITS DE DYNAMIQUE. 19 Vespace que le corps parcourrait dans le temps BC au lieu de PH. Dans ce cas (art. 14) PN . pp expri- merait sa vitesse; or le rapport de PV & DP est le méme que celui de J’Elément de BD & Elément de AB, parce que DW est tangente. Done si on nomme en général t le temps, e Vespace corres- pondant parcouru par le corps, u la vitesse & la fin é du temps f, on aura wu =—5 Si on prolonge la tangente DW (Fig. 3 et 4) jus- qu’a ce qu’elle rencontre 4 B en F, BF exprimera le temps que le corps emploierait & parcourir uni- formément BD avec la vitesse qu’il a au point D. Done si par le point A on tire Ad paralléle & FD, Bd sera espace que co méme corps parcourrait uni- formément avec cette méme vitesse dans le temps A B. Oa voit par 1a (Fig. 3) que si A DZ, par exemple, est une parabole, c’est-’-dire si les espaces BD, CE sont entre eux comme les carrés des temps, on aura A B=2HF, ect Bd =2BD. Coronuarre I. 16. Les espaces V /, ne sont les espaces que le Corps parcourt pendant les temps BC, Be, de plus ou de moins que les espaces PV, pn qwil efit par- courus uniformément avec la vitesse qu’il a en D. Or si on suppose les temps BC, Be infiniment petits, les lignes V #, me sont entre elles comme le carré de BC au carré de Be. Car Vare D #, & cause de sa petitesse infinie, peut étre regardé comme un are de cercle; or soit DV (Fig: 5) la partie infini- UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN 20 LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. ment petite de la tangente d’un are de cercle; et par le point W, et un autre point n quelconque de cette partie, soient tirées & volonté les paralldles V Q, nq; Fig. 5. on aura par la propriété du cerele V 2 x NV Q=D WN; nexng=Dn% et & cause que les lignes ng, VQ doivent étre regardées comme égales, on aura NE: ne::DN?:Drn’. Or (Fig. 3 et 4) DN :Dn::BC: Be, et par conséquent en général NE:ne::BO: Be. Corottarre IT. 17. Il est clair que les espaces V F, ne seraient ceux que la cause accélératrice ferait parcourir au corps dans les instants BC, Be si au commence- ment de ces instants il n’avait aucune vitesse. Done les espaces parcourus par un corps en vertu d’uno puissance accélératrice quelconque sont au com- mencement du Mouvement comme les carrés des temps. UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF TRAITE DE DYNAMIQUE. 21 Coroutaire III. 18. Donec en regardant BC ou dt comme constant, on pourra supposer 74, = F, F étant une quantité NE Ba quelconque® qui variera si l’on veut pour chaque abscisse A B, mais qui pourra étre censée constante, tant que A B ne variera qu’infiniment peu. Corotnarre IV. 19. Si dans un cercle queleonque #D@ (Fig. 5) on tire les cordes infiniment petites RD, DL, les- quelles soient égales, ou difftrent Pune de Vautre @une quantité infiniment petite par rapport a elles, et qu’on prolonge & J en O en sorte que DO=R D, qu’enfin on mbne par les points 0, H la ligne 0Q et par le point D la tangente DW qui rencontre 0 Q en N, on aura par la propriété du cercle DN= NExNQ;ODx0OR w2D0=08x0Q; done & cause que les lignes DV et DO, NQ eh OQ doivent étre regardées comme égales, on aura Oh =aNn BM, NE _ ne Ba ~Ba’ sera aussi exprimé par F, F gardant la (8) La proportion NE :ne:: B02: Bc2 donne SE st F, Saga oH exprims par Fy Fy méme valeur, et par conséquent F reste la méme lorsque AB varie infiniment peu. (4) Lorsque les lignes OD, DB sont égales, on pent démontrer rigoureusement que O# =2NE. Car le triangle DOE est isocele, Vangle ODE a pour mesure la moitié de Yarc RDB, et langle NDE ia moitié de Varc DE. D’ou il s’ensuit que DN divise Vangle QDE en deux également, et qu’ainsi A cause de DO=DE, on a done si UNIVERSITY 01 MICHIGAN UNIVERSITY OF 22 LES MAITRES DE LA PENSRE SCIENTIFIQUE. Done si on considdre V’élément DH d’une courbe queleonque A DH (Fig. 3 et 4) comme un petit arc de cercle, ce qu’on peut supposer sans erreur, il sensuib que la différence seconde 0 # de Vespace parcouru est double de Vespace réel WZ, que la puissance aceélératrice ou retardatrice ferait par- courir au corps dans Vinstant BC, quoique ces deux lignes O H, WV # paraissent étre égales dans la courbe considérée comme polygone, parce qwalors la tan- gente DV se confond avec le prolongement ) 0 du petit cdté RD de la courbe. Coronnarre V. 20. Done si on appelle e l’espace parcouru BD pendant le temps ¢, on aura @e=2N BE, et, puis- NE que 75 =F, on aura os =2F; done en général Von peut supposer que l’équation différentio-diffé- rentielle de la Courbe 4 DW est gd? = + de, ¢ exprimant une fonction queleonque de e et de ¢, ou méme de ces grandeurs et de leurs différences; le signe + étant pour le cas ob le Mouvement est accé- léré, c'est-A-dire, ot la courbe A D # est convexe vers AC, et le signe — pour le cas ot le Mouvement est retardé, c’est-a-dire, ob la courbe A D H est concave vers AC, UH =2NH; mais la démonstration que nous avons donnée dans le texte s’étend encore au cas ot OD, DE différeraient d'une quantité infiniment petite par rapport & elles, et par conséquent ne seraient pas rigoureusement égales. UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MIC ‘TRAITE DE DYNAMIQUE. 23 Corotraire VI. 21. Puisque (art. 15) wu Tp OF aura, & cause de dt constant, de = dudt; donc Véquation pré- cédente edt = + dte se changera en celleci gdt=4du, ou gde=+udu. Remarques sur les forces accélératrices, et sur la comparaison de ces forces entre elles. Remarque 1. 22. Le Mouvement uniforme d’un Corps ne peut étre altéré que par quelque cause étrangére. Or de toutes les causes, soit occasionnelles, soit immé- diates, qui influent dans le Mouvement des corps, iln’y a tout au plus que Vimpulsion seule dont nous soyons en état de déterminer l’effet par la seule connaissance de la cause, comme on le verra dans la seconde Partie de cet Ouvrage. Toutes les autres causes nous sont entidrement inconnues; elles ne peuvent par conséquent se manifester & nous que par Veffet qu’elles produisent en accélérant ow retardant le Mouvement des corps, et nous ne pouvons les distinguer les unes des autres que par la loi et la grandeur connue de leurs effets, c’est-A- dire par la loi et la quantité de la variation qu’elles produisent dans le Mouvement. Done, lorsque la cause est indonnue, co qui est le seul cas dont il soit question ici, l’équation de la courbe A DE doit atre donnée immédiatement, ou en termes finis, ou en quantités différentielles. L’équation, est donnée ordinairement|enodifiérences, lorsque)le; Mouvement) 5 24 LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. est accéléré ou retardé suivant une loi arbitraire et de pure hypothése. Elle est au contraire donnée ordinairement en termes finis, quand la loi du rapport des espaces aux temps est découverte par Vexpérience. Ainsi, supposons que la puissance qui accélére soit telle que le corps regoive continuelle- ment dans des instants égaux des degrés égaux de vitesse; alors dt étant constant, du le sera aussi, eb par conséquent 9 sera une quantité constante. L’équation 9dt = dw sera en ce cas donnée immé- diatement par hypothése. Supposons, au contraire, que dans un cas particulier on découvre par Vex- périence que les espaces finis, parcourus depuis le commencement du Mouvement, sont comme les carrés des temps employés a les parcourir, ’équation do la ‘ courbo 4D F sora. e =k, a étant Vespace parcourn pendant un temps constant queleonque 7; d’ot Von tire de = 290" ot du = Gt que dans cette supposition lés accroissements de vitesse 4 chaque instant sont égaux, ce qu’on exprime autrement en disant quo la force accélératrice » est constante; ainsi, dans ce cas et dans d’autres sem- blables, les équations différentielles pd# = + de, gdt = + du, se tirent de l’équation donnée de la courbe 4D F en termes finis. Ll est done évident que quand la cause est inconnue, l’équation g dt = + du est toujours donnée ®, . On voit par la (5) On vient de voir que de quelque manidre que le mouvement soit acoéléré ou retardé, V’équation différentio-diftérentielle de Ia courbe sera toujours de cette forme + a°e=9dt*. Or sion veut faire usage de cette équation, ainsi que des équations gdt= 4 du UNIVERSITY 01 MICHIGAN UNIVERSITY OF 'TRAITE DE DYNAMIQUE. 25 La plupart des Géométres présentent sous un autre point de vue Péquation gdt = du entre les temps et les vitesses. Ce qui n’est, selon nous, qu’une hypo- thése, est érigé par eux en principe. Comme Vaccroissement de la vitesse est l’effet de la cause accélératrice, et qu’un effet, selon eux, doit étre toujours proportionnel & sa cause, ces Géomitres ne regardent pas seulement la quantité » comme la simple expression du rapport de du a dt; cest de plus, selon eux, l’expression de la force accélératrice, & laquelle ils prétendent que dw doit étre propor- tionnel, d ¢ étant constant; de 1a ils tirent cet axiome général, que le produit do la force accélératrice par Vélément du temps est égal & 1’élément de la vitesse. AM, Daniel Bernoulli (Mém. de Pétersb. Tome T) prétend que ce principe est seulement de vérité contingente, attendu gu’ignorant la nature de la cause et la manitre dont elle agit, nous ne pouvons savoir si son effet lui est réellement proportionnel, ou s'il n’est pas comme quelque puissance ou quelque fonction de cette méme cause. M. Luler, au ot ¢de= 4 wdu pour déterminer dans un mouvement quelconque la relation entre u, t, ¢, il faut connaitre ¢ et Yon pourrait penser quo pour cet effet 1a connaissance de la cause qui aceélére ou retarde le mouvement serait nécessaire; objet de la Remarque est de faire voir que non, mais que ¢ est toujours donné par la définition méme de Vespece de mouvement dont il est question ; ainsi, confor mément & cette méme Remarque, quand on voudra faire usage des équations gdt?= 4 de, edt=adu et ode=+udu pour éterminer la relation des espaces, des vitesses et des temps dans un mouvement dont la loi sera donnée, il suffira de substituer dans ces équations & la place de ¢ une quantité propre & exprimer Ia loi suivant laquelle on supposera que se font les augmentations ou diminutions de vitesse; quand on supposera, par exemple, que les diminutions instantanées de vitesse sont comme les carrés de la vitesse, on écrira gu’dt=—du, guide=—udu (g stant un coefficient constent),\etainsi du reste. UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF f CHIGAN 26 LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. contraire, s’est efforeé de prouver fort au long dans sa Mécanique, que ce principe est de vérité nécessaire. Pour nous, sans vouloir discuter ici si ce principe est de vérité nécessaire ou contingente, nous nous contenterons de le prendre pour une définition, et d’entendre seulement par le mot de force accélératrice, la quantité & laquelle V’accroisse- ment de la vitesse est proportionnel. Ainsi, au lieu de dire que Vaccroissement de vitesse 4 chaque instant est constant, ou que cet accroissement est comme le carré de la distance du corps & un point fixe, ou ete., nous dirons simplement pour abréger et pour nous conformer d’ailleurs au langage ordi- naire, que la force accélératrice est constante, ou quelle est comme le carré de la distance, ou etc. et en général, nous ne prendrons jamais le rapport de deux forces que pour celui de leurs effets, sans examiner si l’effet est réellement comme sa cause, ou comme une fonction de cette cause : examen entitrement inutile, puisque l’effet est toujours donné indépendamment de la cause, ou par expé- rience, ou par hypothése. Ainsi nous entendrons en général par la force motrice le produit de la masse qui se meut par Pélément do sa vitesse, ou, ce qui est la méme chose, par le petit espace qu’elle parcourrait dans un instant donné en vertu de la cause qui accélére ou retarde son Mouvement; par force accélératrice, nous entendrons simplement I’élément de la vitesse. Aprés de pareilles. définitions, il est aisé de voir que tous les Problémes qu’on peut proposer sur le Mouvement des Oorps mus en ligne droite, et UNIVERSITY ¢ MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN ‘TRAITE DE DYNAMIQUE. 27 animés par des forces qui tendent vers un centre, ou exergant les uns sur les autres une attraction mutuelle suivant une loi queleonque, sont des pro- blémes qui appartiennent pour le moins autant a la Géométrie qu’ la Mécanique, et dans lesquels la difficulté n’est que de calcul, pourvu que le mobile soit regardé comme un point. On imaginerait peut-étre que l’équation pdt = +du regardée, non comme hypothise, mais comme principe, serait au moins nécessaire pour calculer les effets dont les causes sont connues, comme Vimpulsion, surtout quand cette impulsion consiste en de petits coups réitérés. J’espére qu’on verra dans la seconde Partie de cet Ouvrage, que non seulement co prétendu principe est encore inutile dans ce cas, mais que l’application en est insuffi- sante et pourrait méme étre fautive. Remarque II. 23. Il n’est pas inutile de remarquer que quand on a d’abord |’équation entre ¢ et ¢ en termes finis, et qu’on en tire par la différentiation & Vordinaire Véquation @e = 9 dé, la valeur de de qu’on trouve par ce calcul est précisément celle de OH, véritable différence seconde de BD; on pourrait d@abord douter , vu la nature méme du caleul diffé- (6) Tl suffit pour former ce doute de se rappeler le principe @aprés Iequel on trouve les différences secondes. Supposant 4 Mf = ¢ (Fig. 4/) et MP = une fonction de t que je représente par ¢ (¢), pour avoir 1D on suppose que t devienne t-+dt, et alors BD étant = 9 (¢+dt), on a [D=9(t+dt)—9(t) on négligeant les quantités infiniment petites du second ordre et des ordres ultérieurs. Ensuite, pour avoir ZO on suppose dans la valeur de 1D que ¢ devienne t+ dt, et on néglige dans ce calcul les quantités infini- UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN 28 LES MAITRES DE LA PENSHE SCIENTIFIQUE. rentiel, si la valeur de dde trouvée par cette difiérentiation représente véritablement O#, ow quelque autre ligne, par exemple WH. Mais on peut se convaincre par le calcul méme que la quantité trouvée od # est égale & OD. ment petites du troisitme ordre et des ordres ultérieurs pour avoir la valeur de RE, en sorte qu’on prend pour d? ¢ la différence entre cette valeur de RE, et celle qu’on a trouvée pour 7D. Mais il faut remarquer que puisque dans la valeur de J D on a négligé les quan- tités du second ordre, cette omission peut influer sur la différence cherchée des lignes 1D, RE, laquelle différence est infiniment petite du second ordre, par conséquent on nest en droit de conclure que OF est égal & la valeur de d2 ¢, qu’autant qu’on aura fait voir que l’omission dont il s’agit ne produit dans le caleul qu’une erreur infiniment petite au-dessous du second ordre. Pour y patvenir nous allons d'abord démontrer une proposition que notre Auteur a donnée dans ses recherches sur le systeme du monde. Soit » (2+ £) une fonction de z+ ¢, ¢ étant une quantité tres petite dont on suppote que # augmente, on aura 9 (@ + &) = H@)HEA CE Bre, ete., A (2) étant le coefficient de dz dans la diftérentiation de 9 (2), et T (2) eelui de dz dans Ja différen- tiation de A (z). Car si on suppose ¢ (2+ ¢) =9 (2) + wu et qu’on différentie en supposant z constant (ce qui est permis ici, puis- qu’on suppose que 2 ne croft actuellement que de la quantité £), on aura dfA(z + ¢) = du; soit A(2+é) = A(z) + 7, on aura @eP (e+ g)= adr; soit Pete) =P (2)+s, on aura del @+ £) = ds, dono en continuant de la méme manitre, on aura FEFO 6) + SHEA) 4 SdEsaEL (a) + faesde sae @ eo=9@+eaw@ EEO 4 LEO Cela posé, MP étant =9(t) on a BD = 9(t + at) = 9(t) + ata) + + ete, CB = o(t + 2dt) = o(t) + 2dtA(t) + 2dAT (A) + ete. a Done 1D = ata(y + SAPO, + ete. dar (ty a RE = dtd(t) +d ard), RE —1D ou— 0B ou— @e = de (t). Mais par les méthodes ordinaires du calcul différentiel, on aurait ID=ata(d, RE = dtA(t+dt) = dta(t)+aanr(ty donc RE —1D ou — OF ou — de = dB T(t). Done le de que donne le calcu) différentiel est en effet la vraic valeur de OZ. UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF f CHIGAN TRAITE DE DYNAMIQUE. 29 Remarque III. 24. Nous avons vu ci-dessus (art. 15) que quand les espaces parcourus sont comme les carrés des temps correspondants, un Corps qui parcourt un espace dans le temps 7’, parcourrait unifor- mément dans le méme temps Vespace 2H avec la vitesse qu'il a & Vextrémité de espace #. Or quelle quo soit la puissanco accélératrice ou retardatrice, les espaces ne, V H, parcourus en vertu de cette puissance durant les instants Bc, BC, sont entre Fig. 4. eux comme les carrés de ces instants. D’od il s’ensuit que dans la courbe polygone, O# ou d'e =2N E, considérée comme l’effet de la puissance accélératrice ou retardatrice, doit étre regardée comme parcourue d'un mouvement uniforme avec la vitesse infiniment petite que lo corps a acquis a la fin de Vinstant BC. On voit par 1a de quelle manitre on peut réduire & un mouvement uniforme Veffet instantané de la puissance qui accélére ou qui retarde le mouvement. Remarque IV. 25. Dans la courbe polygone les effets de la force aceélératrice pendant les instants Bc, BO (Fig. 4") UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF LES MAITRES DE LA PENS&E SCIENTIFIQUE. sont représentés par les lignes 0! H’, O H; ces espaces O'E', OF sont évidemment entre eux comme les temps Bc, BC, a cause des triangles semblables D H'0!, DE O; et cette proposition sert & confirmer ce que nous venons de remarquer, que l’espace O # est censé parcouru uniformément pendant le temps BC; car quand les espaces 0! £’, O # sont entre eux comme les temps Bc, BC employés & les parcourir, {ce mouvement est uniforme. Fig. 4, De 1a il s’ensuit que, puisque dans la courbe polygono Veffet de la puissance accélératrice est représenté par un mouvement uniforme, on ne doit point supposer dans cette hypothése que la vitesse du corps s’accélére par degrés pendant l’instant BC, mais qu’au commencement de cet instant BC, lorsque le corps a parcouru Vespace BD, sa vitesse regoive brusquement et comme d’un seul coup toute Vaugmentation ou la diminution qu’elle ne doit réellement avoir qu’a la fin de V’instant BC. UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN TRAITE DE DYNAMIQUE. 31 Pour confirmer cette remarque, on peut observer que T E’, R E (Fig. 4!) sont les espaces que le corps parcourt réellement durant les instants Be, BC, dans Vhypothéso do la courbe polygone; que ces espaces sont parcourus uniformément, puisqu’ils sont entre eux comme les temps Bc, BC; qu’ainsi la vitesse pendant l’instant BC est censée uniforme, et qu'elle est @ la vitesse dans l’instant précédent BM comme FF est & ID. D’ot il s’ensuit qu’au commencement de Vinstant BC, la vitesse change brusquement, suivant le rapport de RH &TD. Au contraire dans la courbe rigoureuse, les effets de la puissance accélératrice ou retardatrice, pendant les instants Be, BC, sont représentés par ne, N # (Fig. 4”) et sont entre eux, comme les carrés de ces instants; dans ce cas la vitesse est censée s’accélérer ou ‘so retarder uniformément pendant tout le cours de l’instant BC, en vertu de la puis- sance accélératrice, qui est consée donner au mobile pendant cet instant une suite de petits coups égaux et réitérés; et la somme de ces petits coups est égale au coup unique, que la méme puissance est censée donner au corps dés le commencement de V’instant BC dans Vhypothése de la courbe polygone. On pourrait faire ici une difficulté qu’il est bon de prévenir. L’équation trouvée de = 9d appar- tient & la courbe rigoureuse et & 1a courbe polygone; donc puisque 9 est regardée comme constante pendant Vinstant BC, d’e ou OF est propor- tionnelle & d#, c’est-’-dire au carré de BC, méme dans la courbe polygone; cependant, nous venons de voir que les lignes £’ 0’, HO sont proportionnelles UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN 32 LES MAITRES DE LA PENSER SCISNTIFIQUE. aux lignes Bc, BC. Comment accorder ces deux propositions! La réponse est trés simple, c’est que &! O' west pas le d*e qui répond & Vinstant Bes comme il est facile de s’en assurer par la seule inspection de la Fig. 4. Remarque V. 26. Les Géombtres doivent prendre garde & cette distinction des courbes polygones et des courbes rigoureuses, dans l’estimation des effets des forces accélératrices et dans la comparaison de ces effets entre eux. Si un des effets est calewlé dans ’hypo- thése de la courbe rigoureuse, il faut caleuler Vautre dans la méme hypothése; autrement on courrait risque de faire le rapport des forces, c'est-A-dire de leurs effets, double de ce qu’il est réellement®, (7) Ti faut remarquer que ce qui détermine FO pour la diffé- rence seconde de la ligne MP, c'est la supposition que les trois points P, D, B soient & la courbe rigoureuse; or PD, DB étant considérées comme soutendantes de cette courbe, il est impossible que le point £! lui appartienne, ainsi EY OF n’est point le de qui répond & Be. BO étant supposé le d?e qui répond & BC, pour déterminer celui qui répond a Be, il faut prendre Bm = Be, et ayant tiré mp paralléle A BD, qui rencontre la courbe en p, on tirera pDo, qui rencontre en o la ligne ceo paralléle & BD, et alors €0 sera le d2¢ qui répond & Be; il y aura seulement cette différence, que la courbe polygone, au lieu d’étre considérée comme ayant DP et DE pour cotés contigus, sera considérée comme ayant Dp et De pour cotés; par conséquent (DN étant la tangente de la courbe rigoureuse au point D, et ¢ double de ne) puisqu’on a NE:ne::B0%:Be%, on a aussi 0 B:0¢::BC2:Bc2; ainsi les de sont toujours comme les dt2, et les lignes 0, O/B! terminées A la courbe polygone et a sa tangente restent comme les dt. (8) On peut estimer Veffet d’une cause accélératrice de deux manieres, ou par Vespace qu’elle fait’ naturellement parcourir dans un instant, on par celti que le corps pourrait pareourir pendant un instant égal avec la vitesse acquise pendant ce premier instant, continuée uniformément, Dans le premier cas, NE (fig. 3 et 4) marque cet effet, DN étant tangente de la courbe rigoureuse} dans le second cas, Veffet est marqué par OB double de NE, DO UNIVERSITY OF MICHIGA\ UNI RSITY OF HIGAI TRAITS DE DYNAMIQUE. 33 Remarque VI. 27. Si on suppose une puissance accélératrice constante p telle que la pesanteur, en vertu de laquelle un corps parcoure l’espace fini z pendant le temps fini 6, on aura 1p:: &f 226 : NE ot OIPit aie, OW epi: Tai deg 2 2 Done 9d =P", on dte = 22d eo ,_ ezdtt NE 7 étant tangente de la courbe polygone. On est maitre d’estimer l'effet de la cause accélératrice de Vune ou de Vautre de ces deux manitres; mais lorsqu’on aura deux causes acoélératrices & com- parer, il faudra observer que si on a exprimé un des effets par NE dans la courbe qui représente les espaces que l'une fait décrire, Yautre effet soit de méme exprimé dans sa courbe correspondante par la ligne correspondante; et c'est 14 ce qu’on entend lorsqu’on dit que si un des effets a été caleulé dans Vhypoth®se de la courbe rigoureuse, Vautre doit étre calculé dans la méme hypothtse ete. (9) On se propose dans cette Remarque de comparer toute force accélératrice & la pesanteur; et voici le fondement de cette com- paraison : Véquation ¢@t2 = d%e donne 9 = ae 5 par la méme , a raison p = $3; mais au tiew du capport 22, on peut substituer ‘un rapport de quantités finies, en observant que les espaces parcourus naturellement, en vertu d'une puissance accélératrice constante, sont az comme les carrés des temps; ainsi on a @02:0@:: <> _ a ‘ observera que nous avons mis “= dans Ia proportion, et non pas dz, parce que d3z, comme on V’a déja dit, est double de espace réel, que la puissance ferait naturellement pareourir pendant V’ins- 125 (on @2 32 tant d#). On aura done TF = AZ, et par consequent pp: oe 22 | eo qu'on peut encore démontrer d’une autre maniére ; car, 79 en intégrant Véquation pde = dz, on a Véquation ps = 22, qui, étant comparée & Véquation d2e = @dt2, donne la méme pro- portion. UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF HIGAN 34 TES MAITRES DE LA PENSEE SCIBNTIFIQUE. ozdt? pe” comme on pourrait y étre porté en prenant die pour WV H; car il est évident que par cette opération on n’aurait que la moitié de la valeur de d*e qui est égal & 2 £; ainsi en intégrant on n’aurait que la moitié de la valeur de e. Veut-on s’en assurer par un exemple simple? Qu’on suppose 9=p, c’est-a-dire la puissance constante et égale & la pesanteur; on sait que les espaces ¢, z sont alors entre eux comme Il faut se donner de garde d’écrire d¥e = ‘ a les carrés des temps #?, 62; donc on a ¢ = a et c’est ce que donne en effet (quand on l’intégre) l’équation 2 a Pe = 2924 oy ge = 22dt, pe e » . zdb 5, 2e Véquation de = oF ne donnerait que e= ae au lieu que oest-a-dire la moitié de la valeur de e. UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN TRAITE DE DYNAMIQUE. 35 CHAPITRE II. Du Mouvement composé. Theoréme. 28. Si deua pwissances quelconques agissent @ la fois sur wn corps ou point A (Fig. 6) pour le mouvoir, Pune de A en B uniformément pendant un certain temps, Vautre de A en CO uniformément pendant le méme temps, et qu'on achéve le parallé- Fig. 6. logramme ABDC, je dis que le corps A parcourra la diagonale A D uniformément, dans le méme temps quil edt parcouru AB ow AC. Soit Ag la ligne inconnue parcourue par le corps A; il est certain (art. 6) que cette ligne sera une ligne droite, et que le corps A la parcourra unifor- mément. II n’est pas moins évident qu’elle sera dans UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN 36 LES MAITRES DE LA PENSEE SCIBNTIFIQUE, lo plan des lignes 4 B, AC, puisqu’il n’y a pas de raison pourquoi elle s’écarte de ce plan plutét dun cdté que de Vautre. De plus, si, lorsque le corps est arrivé & un point quelconque g de cette ligne, on supposait que deux puissances vinssent A agir sur lui, dont l'une tendit & le mouvoir suivant g¢ paralléle & AC avec la méme vitesse qu’il a en A suivant AC’, et en sens contraire, et l'autre tendit & lui faire parcourir la ligne go égale et pafalléle aA B, et en sens contraire, dans le méme temps qu’il aurait parcouru A B, il est clair que le corps res- terait en repos au point g. Car sa vitesse et sa direction au point g est précisément la méme, que s‘il était animé en ce point par deux puissances égales et paralléles aux puissances suivant AB et AU, et par conséquent égales et contraires aux puis- sances suivant go, g¢. Cela posé, imaginons que le corps A qui décrit la ligne 4g soit sur un plan KLMH qui puisse glisser librement entre les deux coulisses KL, I M, paralldles & 4 C. Qu’on fasse mouvoir ce plan entre les deux coulisses, de maniére que tous ses points g décrivent des lignes gc égales et paralléles & AC, dans le méme temps que le corps 4 eft décrit la ligne AC; et quwen méme temps les deux coulisses se meuvent en emportant le plan parallélement & A B, et en sens contraire, avec une vitesse égale a celle que le corps A aurait eue suivant A B; il est évident que tous les points g du plan décriront unifor- mément des lignes ga, égales et paralléles & la diagonale AD du parallélogramme BC. II est de plus évident que le corps ou point mobile A est tiré UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN ‘TRAITE DE DYNAMIQUE. 37 continuellement en cet état par quatre puissances contraires et égales deux & deux, et que par consé- quent il doit rester en repos dans l’espace absolu. D’oi il s’ensuit que quand le corps ou point mobile A est arrivé 4 un point yg du plan, ce point g doit se trouver & la place que le corps occupait quand il a commencé de se mouvoir. Ce qui ne saurait étre, & moins que la ligne Ag ne tombe sur la diagonale AD, et lo point g sur le point D, Done ete. Remarque. 29. La démonstration qu’on apporte d’ordinaire du Théor’me précédent consiste & imaginer quo le point A se meuve uniformément sur une régle AB avec la vitesse qu’il a regque suivant 4B, et qu’en méme temps la ligne ou régle A B se meuve suivant AC avec la vitesse que le corps A a regue suivant AC. On prouve trés bien, dans cette supposition, que le point mobile A décrit la diagonale 4D. En général la plupart des démonstrations communes de cette proposition sont fondées sur ce qu'on regarde les deux puissances suivant 4B et AC, comme agissant sur le corps A pendant tout le temps de son mouvement, ce qui n’est pas précisément état de la question. Car l’hypothése est, que le corps A tend a (10) Puisque le point mobile A doit rester en repos dans Vespace absolu, il fant que le mouvement du plan sur lequel on le suppose Yemporte en sens contraire précisément de la méme quantité dont il se serait avancé sans le mouvement du plan; donc, quand il a aéorit une ligne = 44g, le point du plan qui était en g, au commen- cement du mouvement, doit avoir décrit g A et ére par conséquent d'un autre cété ce point a dd décrire une ligne paralléle la diagonale 4D, donc la ligne 4g ne peut étre que la diagonale méme. UNIVERSITY ¢ MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN 38 LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. so mouvoir au premier instant suivant 4 B eb AC & la fois, et on demande la direction et la vitesse qu'il doit avoir en vertu du concours d'action des deux puissances. Des qwil a pris une direction moyenne 4D, les deux tendances suivant AB et AC n'existent plus; il n’y a plus de réel que sa tendance suivant AD. Vai done cru devoir prévenir cette difficulté, et faire voir que le chemin du corps A est le méme, soit que les deux puissances n’agissent sur lui que dans le premier instant, soit qu’elles agissent continuelle- ment toutes deux a la fois sur le corps. C’est & quoi jo crois étre parvenu dans la démonstration que j’ai donnée ci-dessus. Corottarre I. 30. Si un corps parcourt ou tend & parcourir une ligne droite 4C (Fig. 7) avec une vitesse quel- Ha B B Fig. 7. conque, et qu’on prenne un point B partout ob Yon youdra sur cette ligne AC, prolongée ou non, la vitesse 4 C’ pourra étre regardée comme composée de la vitesse AB et do la vitesse BC. Car 4G peut étre regardée comme la diagonale d’un parallé- logramme, dont AB, BC sont les cétés.. Done ete. Remarque. 31. Quelques Lecteurs pourront étre surpris de ce que je tire la démonstration d’une proposition, si UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF TRAITE DE DYNAMIQUE. 39 simple en apparence, d’un cas général beaucoup plus composé; mais on ne peut, ce me semble, démontrer autrement la proposition dont il s’agit ici, qu’en regardant comme un axiome incontestable, que Peffet de deux causes conjointes est égal & la somme de leurs effets pris séparément, ou que deux causes agissent conjointement comme elles agiraient sépa- rément, principe qui ne me paratt pas assez évident, ni assez simple, qui tient d’ailleurs de trop prés A la question des forces vives et au principe des forces accélératrices dont nous avons parlé ci-dessus (art. 22). C’est la raison qui m’a obligé & éviter d’en faire usage, ayant d’ailleurs pour but dans ce Traité do réduire la Mécanique au plus petit nombre de principes possible, et de tirer tous ces principes de la seule idée du mouvement, c’est-d-dire de espace parcouru et du temps employé 4 le parcourir, sans y faire entrer en aucune fagon les puissances et les causes motrices. Corotnarre IT, 32. Si un corps est poussé suivant 4B et AC (Fig. 8) par deux puissances accélératrices quel- A B ¢ D Fig. 8. conques, sa direction sera la diagonale d’un parallé- logramme fait sur des cétés A B, A C, proportionnels UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MIC 40 LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE aux forces accélératrices suivant A B et AC; et sa force accélératrice suivant AD sera & chacune des deux suivant 4 B et AC, comme A D est & A Bet AC. Car soient Ab et Ac les espaces que le corps A efit parcourus dans le commencement de son mouvement en vertu de chacune des puissances, on aura (art. 22) 4b: Ae:: AB: AC. Donc les lignes b d, ed, paralléles & AC, AB, concourront au point d de la diagonale 4 D. De méme si 48, 4 a sont les espaces parcourus en temps égaux en vertu de ces mémes puissances, on aura 4b: 4@: : le carré du temps par 40 ou par Ac au carré du temps par 48 ou par A a, cest-a-dire comme A c est & A 2; done le point de concours 5 des lignes @ 5, #8 sera encore sur la diagonale A D. Done si on suppose que le corps 4 se mouve sur la réglo A B, au premier instant, avec la force accélératrice qu’il a suivant AB, et que la puissance accélératrice suivant AC agisse en méme temps sur la régle pour la porter de A vers C, le point A décrira la diagonale 4d, dans le méme temps quwil aurait déerit Ab ou dc, et sa force aceélératrice suivant AD sera & chacune des forces suivant les cétés, comme la diagonale & chacun de ces mémes cétés. De la on voit, comment & une force accélératrice quelconque, on peut en substituer d’autres, en tel nombre qu’on voudra. ‘Au reste, comme nous avons vu ci-dessus (art. 24) de quelle maniére on peut réduire & un mouvement uniforme l’effet instantané d’une puissance quel- conque, il est clair que la combinaison des effets de tant de puissances qu’on voudra, et la recherche UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF ‘TRAITE DE DYNAMIQUE. 41 de Veffet unique qui en résulte, se réduit par la fort aisément aux lois du mouvement composé uniforme. Du Mouvement en ligne courbe et des forces centrales. 33. Comme un corps tend de lui-méme a se mouvoir en ligne droite, il ne peut décrire une ligne courbe qu’en vertu de Vaction d’une puissance qui le détourne continuellement de sa direction naturelle. On peut déduire de Varticle précédent les principes du mouvement d’un corps sur une courbe. Tl est démontré qu’un arc infiniment petit d’une courbe queleonque peut étre pris pour un are de cerele, dont le rayon serait égal au rayon de la déve- loppée de cet are de la courbe. On réduit par ce moyen le mouvement d’un corps sur une courbe quelconque au mouvement de ce méme corps sur un cercle dont le rayon change & chaque instant. La puissance qui retient un corps sur une courbe est appelée particulitrement force rentrale, quand ello est toujours dirigée vers un point fixe; mais nous la nommerons ici force centrale en général, soit qu’elle tende vers un point fixe ou non. Cette puissance n’est par sa nature qu’une puissance aceélératrice ou retardatrice, dont la direction est différente de celle du corps. On peut, par tout ce qui a été dit ci-dessus (art. 24 et 32), réduire & un mouvement uniforme Jeffet instantané de cette puissance, en regardant comme un polygone d’une infinité de cétés la courbe qu’elle fait décrire au corps; et cet effet est double de celui que la force centrale produirait dans la courbe considérée exac- UNIVERSITY 01 AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN 2a LES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. tement comme courbe. Ainsi, supposons qu’un corps décrive un are de cercle infiniment petit RDH (Fig. 5) en vertu d’une puissance, qui au point D le détourne de la ligne droite suivant une direction donnée; si on regarde le cercle comme un polygone, la corde FR D sera la ligne que le corps aura décrite dans Vinstant précédent, et DO, égale et en ligne droite avec # D, celle qwil tend & décrire instant suivant. Done, tirant OF paralléle & la direction de la force centrale en D, O # sera l’efiet instantané de cette puissance; au contraire, si on considérait le cerele comme cercle rigoureux, la tangente DV serait la ligne que le corps tendrait & décrire, et N E Veffet de la puissance qui le retiendrait sur la courbe. La ligne V #, divisée par le carré du temps employé & la parcourir, est (art. 18, 22 et 26) Vexpression de la force accélératrice en vertu de laquelle le corps décrit la courbe; or cette ligne VF est égale au carré de la ligne D WV ou de Vare DL ou R&D, divisé par WV Q, et VQ est au diamdtre du cercle, comme le sinus de angle que fait la force centrale avec la courbe est au sinus total "; de plus, la ligne D #, divisée par le temps employé & la par- courir, est (art. 15) Vexpression de la vitesse du corps. Donec, dans une courbe quelconque, Veffet de la force centrale est comme le carré de la vitesse divisé par le rayon de la développée, et multiplié par le rapport du sinus total au sinus de Pangle que fait cette force avec la courbe. (4) Car VQ ou £Q est le double du sinus de Vangle VED. UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF ‘TRAITS DE DYNAMIQUE. 43 En général, l’élément du temps étant supposé cons- tant, la force centrale est représentée par la ligne OF dans la courbe polygone, et par V H dans la courbe rigoureuse. I] faut par conséquent avoir égard & cette différence d’expression dans la com- paraison des effets de deux forces centrales; et pour ne pas faire l’un des effets double de ce qu’il est par rapport & l’autre, il faut considérer les deux courbes, ou toutes deux comme polygones, ou toutes deux comme rigoureuses. Les forces centrales, et en général toutes les forces accélératrices (si par le mot de force nous n’en- tendons que les effets) sont entre elles comme les petits espaces qu’un corps parcourt dans un méme instant en vertu de ces forces. On a coutume de com- parer toutes ces forces 4 la force accélératrice constante que nous connaissons le mieux, je veux dire & la pesanteur. Si Z est l’espace qu’un corps pesant parcourt dans un temps fini 7’, eae sera, Vespace qu’il parcourra dans le temps dt, et si are DE est supposé parcouru dans le méme temps dt, la force centrale sera & la pesanteur, comme la ligne NBA a » 2Ed# a , ou comme OF =2N Ea =F Or soit r le rayon de la développée de la courbe en WV, S le sinus de l’angle que fait la direction de la force centrale avec la courbe, A le sinus total, e Vespace que le corps parcourrait uniformément dans le temps 7 avec la vitesse qu’il a en D, on aura edt DE A_@dt.A DB =p ON HX EES UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN 44 LES MAITRES DB LA PENSEE SCIENTIFIQUE. Done, Veffet instantané de la pesanteur est & celui eA de la force centrale, comme 2H & Br ou comme : Fa EA; ct ainsi le rapport do ces deux offets, que la plupart des Géométres prennent pour celui des causes mémes, est exprimé en termes finis(*). () On trouvera dans PEncyclopédie au mot Forcz plusieurs autres Théortmes et Remarques sur la mesure de la force centri- fuge. Ce que nous en disons ici suffit pour Vobjet que nous nous proposons. UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF f CHIGAN ‘TRAITE DE DYNAMIQUE. 45 CHAPITRE III. Du Mouvement détruit ou changé par des obstacles. 34. Un corps qui se meut peut rencontrer des obstacles qui altérent, ou méme qui anéantissent tout & fait son mouvement; ces derniers, ou sont invincibles par eux-mémes, ou n’ont précisément de résistance que ce qu’il en faut pour détruire le mou- vement imprimé au corps. Un obstacle invincible peut étre tel, qu’il ne per- mette au corps aucun mouvement, comme quand un corps tire une verge droite attachée & un point fixe; ou Vobstacle pourrait étre de telle nature, qu’il n’empéchat pas le corps de se mouvoir dans une autre direction que celle qu’il a, comme quand un corps rencontre un plan inébranlable. 35. Si obstacle, invincible ou non, que le corps rencontre ne fait qu’altérer et changer son mou- vement sans le détruire, en sorte que le corps ayant, par exemple, la vitesse a avant que de rencontrer Yobstacle, il soit obligé de prendre une vitesse b dont la quantité et la direction soit différente de la premiére, il est évident qu’on peut regarder la vitesse a que le corps a lorsqw’il rencontre obstacle, comme composée de la vitesse & et d’une autre vitesse c, et qu'il n’y a que la vitesse ¢ qui ait été détruite par Pobstacle. UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF 46 EES MAITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE. 36. De 1a il s’ensuit qu’un corps sans ressort, qui vient choquer perpendiculairement un plan immo- bile et impénétrable, doit s’arréter aprés co choc et rester en repos. Car il est visible que si ce corps a du mouvement aprés la rencontre du plan, co ne peut étre qu’en arridre, et dans la direction de la perpendiculaire; soit w sa vitesse avant le choc, v sa vitesse en arribre, que je suppose = mu, m expri- mant un nombre inconnu quelconque, on aura (art. 30 eb 35) u=—mututmu, Done ut mu est la vitesse perdue par le corps & la rencontre du plan. Mais il n’y a point de raison pourquoi m soit plutét tel nombre que tel autre. Car la seule condi- tion, par laquelle on puisse déterminer la vitesse ut+mu, est qu'elle doit étre détruite par le plan; or puisque (hyp.) le plan est inébranlable, il n’y a point de raison pourquoi il anéantirait plutét la vitesse w+ mu, qu’une autre vitesse w+ nu. Done le nombre m ne peut étre plutédt tel nombre que tel autre. Donec il sera zéro. En effet, si la vitesse w+ mw peut étre anéantie par la ren- contre du plan, comme on le suppose, & plus forte raison la vitesse ~ pourra étre détruite par la ren- contre de ce méme plan. Done elle sera détruite réellement : done mu, et par conséquent v sera = 0. Done ete. Corotnarre I. 37. Si on suppose qu’un corps A (Fig. 9), mfi sui- vant AB, rencontre le plan immobile et impéné- trable BD sur lequel il soit foreé de se mouvoir, sa vitesse suivant B D sera 4 sa vitesse suivant 4 Bou UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN TRAITE DE DYNAMIQUE. ay BC, comme le sinus du complément de langle C BD au sinus total. Car il faudra regarder la vitesse BC, comme composée de deux autres, dont une BZ soit perpendiculaire au plan BD, et Vautre BD soit dans ce méme plan; or la vitesse BH étant détruite a? Fig. 9. par le plan, le corps A n’aura plus quo la vitesse BD qui sera & BC: : lo sinus de angle BC D, complé- ment de C BD, au sinus total. Corotzarre IT. 38. Si un corps se meut lo long de plusieurs plans AB, BC, CD, etc. (Fig. 10 et 11), qu’on prolonge AB, \~ AD HI OK Zz Fig. 10. Fig. 11. et BC indéfiniment en F et en 2; qu’ensuite d’un rayon arbitraire GL on décrive are LM, et qu’on UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN 48 LES MAITRES DE LA PENSBE SCIENTIFIQUE. fasso LGM = C BF; qu’ayant apres cela abaissé la perpendiculaire M K, on décrive du rayon @ K Vare WK, tel que Vangle K GN = DCB, et qu’on mene la perpendiculaire WI, et ainsi de suite; je dis que si on prend GZ pour représenter la vitesse suivant AB, GI exprimera la vitesse suivant @ D. Cela suit évidemment du Corollaire précédent. Corontarre III. 39. Donc la somme des vitesses perdues de A en D est égale & LJ, c’est-t-dire & la somme des sinus verses des angles C BF, DC £, ete. en prenant suc- cessivement G L, GK, ete. pour sinus totaux. Corouzarre TV. 40. Done en prenant @ L pour sinus total commun a tous les sinus verses, la vitesse perdue sera moindre que la somme de ces mémes sinus verses. Du Mouvement d’un Gorps le long d'une surface courbe. Lemus. 41. Si dans une courbe ABCDR (Fig. 12), aprés avoir tiré les tangentes AY, RY, on inserit un polygone ABCDR dont les angles eatérieurs BAY, CBF, DOE, ete. sotent égaux entre eux, je dis qwon peut imayiner ce polygone dun si grand nombre de cétés, que la somme des sinus verses des angles BAY, CBF, DCE, RDS, ete. soit moindre qwune grandeur donnée. UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF ‘TRAITS DE DYNAMIQUE. 49 Car la somme des angles BAY, CBF, DC E, ete, est égale 4 langle RY Z fait par les tangentes # Y, AY de la courbe. Done si on fait angle ryz Fig. 12, (Fig. 13) = RY Z, Vangle ryn =a un des angles BAY ou CBF, et qu’on nomme 7 le nombre des angles, on aura are rm x m = are rz, et corde rn? rh corde rn® rh 2 roan rl (x étant un nombre donné, puisque les r lignes rh, rl, et Vare rz sont donnés), la somme atl n x nm=A la somme des sinus verses. Mais are rz sche ————— ; soit Dare nrh des sinus verses:sera,done < UNIVERSITY OF MICHIGAN . Orcpaisanesn et UNIVERSITY HIGAN 50 LES MATITRES DE LA PENSEE SCIENTIFIQUE rl sont des quantités constantes, on peut rendre » EXT si grand que soit moindre qu’une grandeur donnée; donc & plus forte raison, la somme des sinus verses sera moindre que cette méme grandeur donnée. Théoréme. 42. Si un corps m& suivant une droite XA (Fig. 12) rencontre la surface courbe AR, towchée en A par XA, et sur laquelle il soit obligé de se mouvoir, je dis quil ne perdra de A en R aucune partie de sa vitesse. Car on peut inscrire dans la courbe un polygone ABCDR @un si grand nombre de cétés, que la somme des sinus verses de ses angles extérieurs soit toujours (art. 41) moindre qu’une grandeur donnée, et qu’ainsi & plus forte raison (art. 40) la vitesse perdue de A en & soit toujours aussi petite qu’on voudra. Done si ce polygone se confond avec la courbe, la vitesse perdue de A en RF sera zéro. CoronnarRE. 43. Il résulte de 14 que quand un corps se meut sur une courbe, sa vitesse 4 chaque point de la courbe est précisément altérée de la méme manitre, toutes choses d’ailleurs égales, que s'il se mouvait sur la tangente de la courbe en ce point. Remarque. 44. On démontre d’ordinaire ce dernier Théoréme, en regardant la courbe comme un polygone ABCDR uno infinité de edtés, dont les angles UNIVERSITY 01 AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN TRAITE DE DYNAMIQUE. 61 extérieurs C BF sont infiniment aigus; les sinus verses de ces angles étant infiniment petits du second ordre, on en conclut qu’un corps ne perd & chaque instant qu’une partie de vitesse infiniment petite du second genre, de sorte que la perte totale de A en R n’est qu’infiniment petite du premier. La démonstration que j’ai donnée, quoique peut- étre un peu longue, me parait aussi plus lumineuse, d’autant que la vitesse perdue de A en F est réelle- ment ou exactement nulle ou zéro, et non pas infini- ment petite. Quand on veut démontrer en toute rigueur les propriétés des courbes, on tombe néces- sairement dans des démonstrations un peu longues; la méthode des infiniment petits abrége beaucoup ccs démonstrations, mais elle n’est pas si rigoureuse. Elle a de plus un autre inconvénient, c’est que les commengants, qui n’en pénétrent pas toujours esprit, pourraient s’accoutumer & regarder ces infiniment petits comme des réalités; c’est une erreur contre laquelle on doit étre d’autant plus en garde, que de grands hommes y sont tombés, et qu’elle-méme a donné occasion & quelques mauvais Livres contre la certitude de la Géométrie™. La méthode des infiniment petits n’est autre chose que la méthode des raisons premitres et derniéres, c’est- a-dire des rapports des limites des quantités finies(*), Quand on a bien congu Vesprit et les (4) LOuvrage de M. Mac-Laurin, qui a pour titre, A Treatise of fluxions, a éé pubiié & Voccasion d’un Livre Anglais intitulé, The Analyst etc. contte 1a certitude des Mathématiques, et dont la plupart des arguments sont contre la Méthode des infiniment er Voyez Encyclopédie, aux mots DivrERENTIBL et FLUXION. La Métaphysique du calcul différentiel est expliquée, dans le premier de.ces articles, d’une manitre qui ne doit laisser aucune difficulté. UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN 52 TES MAITRES DE LA PENSEN SCIENTIFIQUE. principes de cette Méthode, alors il est utile de la mettre en usage pour parvenir & des solutions élégantes. De lEquilibre. 45. Si les obstacles que lo corps rencontre dans son mouvement n’ont précisément que la résistance nécessaire pour empécher lo corps de se mouvoir, on dit alors qu'il y a équilibre entre le corps et ces obstacles. Théoréme. 46. Si deux corps, dont les vitesses sont en raison inverse de leurs masses, ont des directions opposées, de telle maniére que un ne puisse se mowvoir sans déplacer Vautre, il y aura équilibre entre ces deux corps. Premier Cas. 1° Si les deux corps sont égaux et leurs vitesses égales, il est évident qu’ils resteront tous deux en. repos. Car il n’y a point de raison pourquoi Pun se menve plutét que Pautre dans la direction qu'il a; dailleurs il est clair, par Varticle 36, qwils ne peuvent se mouvoir dans une direction contraire. Done ete. Je suppose ici, afin que la démonstration ne souffre aucune difficulté, que les. deux corps soient non seulement égaux, mais encore parfaitement sem- blables, que ce soient par exemple deux globes, deux parallélépipédes rectangles, ete. Nous verrons plus bas (art. 57) la démonstration du méme Théoréme dans le cas ott les corps ne sont pas semblables. UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MIC ‘TRAITE DE DYNAMIQUE. 53, Second Cas. Si, un de ces corps restant dans le méme état, on augmente du double la masse de l’autre, et qu’on diminue sa vitesso de la moitié, il y aura encore équilibre. Car on peut regarder (art. 80) la vitesse du petit corps comme composée de deux vitesses, égales chacune & la vitesse du grand; et la masse du grand, comme compos¢ée de deux masses égales, animées chacune de la méme vitesse. Done, a la place de chacune des masses proposées, on peut imaginer de chaque cété deux masses égales animées de vitesses égales. Or dans cette dernitre hypothtse il y aurait équilibre (Cas 1). Done ete. On peut encore démontrer cette proposition de la maniére suivante. Soit m la masse du petit corps, 2m celle du grand, w la vitesse du grand corps et par conséquent 2 u celle du petit. Je regarde la masse 2m du grand corps comme composée de deux masses m, m’, égales chacune & la masse du petit; et au liew de supposer chacune de ces deux masses m, m/ animées de la vitesse u, je suppose, ce qui revient au méme, que la masse antérieure m’, celle qui touche le petit corps, soit animée de la vitesse 2 uv en avant, et do la vitesse — w en arritre, tandis que la masse postérieure m conserve sa vitesse wv. I] est évident que la masse m! animée de la vitesse — w doit faire équilibre & la masse égale m animée de la vitesse wu. Done il ne restera que la masse m/ animée de la vitesse 2u, laquelle fera équilibre (Cas 1) & la masse du petit corps m animée de la vitesse 2 w. UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MIC 54 LES MATTRES DE LA PENSKE SCIENTIFIQUE. Dans ce second Cas ot dans les deux suivants, ainsi que dans les Corollaires qui en seront tirés, je suppose, afin que la démonstration no souffre aucune difficulté; que les corps soient deux parallélé piptdes rectangles de bases égales et semblables, et de différente longueur, qui se choquent par leurs bases. On verra plus bas (art. 57) la démonstration du Théoréme pour des corps de figure quelconque. Troisiéme Cas. Si les deux masses sont entre elles comme deux nombres rationnels quelconques, soient M, m ces deux masses, V, u, leurs vitesses, py. la masse qui est la mesure commune des deux masses M, m, v la vitesse qui est la mesure commune des deux vitesses V, u;on auram=pp, M=pPju=vP, V=ep, P et p exprimant deux nombres entiers. Cela posé, on prouvera, comme on a fait dans le Cas précédent, qw2 chacune des masses animée de sa vitesse, on peut substituer un nombre P x p de masses » ani- mées de la vitesse v, et qui par conséquent se feront équilibre de part et d’autre. Donc ete. ‘Avant que de passer au quatriéme Cas, nous obser- verons que dans les trois Cas précédents si MV > ou < mu, il ne peut y avoir d’équilibre. Car suppo- sons pour un moment que les corps M, m se fassent équilibre en cet état; soient imaginés ces deux corps M, m sur un plan, et soit supposé que ce plan soit mi en emportant les deux corps avec une vitesse « qui soit dans le sens de V ou dans un sens contraire, et qui soit telle que MV + Ma = mu F ma; ilest UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF MIC ‘TRAITS DE DYNAMIQUE. 5B visible que les corps M, m, ainsi emportés, se cho- queront dans l’espace absolu avec des vitesses V + 2, w ¥ x qui seront en raison inverse de leurs masses, et que par conséquent, suivant ce qui a ébé démontré ci-dessus, ils doivent rester en repos dans cet espace absolu. Cependant ils n’y resteraient pas, si, comme on le suppose, ils se faisaient équilibre avec les seules vitesses V et u. Car ces vitesses V et uw étant détruites, par Vhypothése, 4 la rencontre des deux corps, il leur resterait la vitesse commune @ avec laquelle rien ne les empécherait de se mouvoir. Done, si deux masses commensurables queleonques sont en équilibre, et qu’on augmente ou qu’on diminue la vitesse de l'une d’elles, V’équilibre sera rompu. A plus forte raison le sera-t-il si on aug- mente ou qu’on diminue & la fois la vitesse et la masse d’un des corps. Quatriéme Cas. Supposons enfin que les masses @, m soient incom- mensurables, de manidre que m = p.p eb M = pP +2, P et p étant deux nombres entiers et 2 pP +p. De plus, cette dernitre masse p P + p, animée do la UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF 56 LES MAITRES DE LA PENSRE SCIENTIFIQUE. vitesse /"_, fera équilibre & la masse m animée pP +p mu mu oP to gPaw c’est-a-dire < V. Done, par la Remarque de la vitesse w. Or puisque z < p, on a qui est & la fin du Cas précédent, la masse uP +21, qu’on suppose plus grande que » P + p, étant animée de la vitesse V plus grande que mu aPen saurait étre en équilibre avec la masse m animée de la vitesse wu. Done t doit nécessairement étre < p, et, comme p peut étre aussi petit qu’on voudra, il s’ensuit que ¢.= 0. Done ete. Si la quantité ¢ était une quantité qu’il fallit retrancher, on aurait, en supposant t > p, uP be t BEXCV tr et BP tL Mais, & cause de l’équilibre, 4K =PB. Done UM x Ail =BL x CV. Done les puissances A H, BH sont entre elles en raison inverse des distances do leurs directions au point fixe, AK= se xee en effet les cdtés AH, 4K du triangle AKH doivent étre entre eux comme les sinus des angles 4 KH, AHA, ou de leurs égaux CAL, CAM, efest-i-dire, én prenant OA pour rayon, que AH: AK::0D:0M. (13) L'équation CM x AH =BEXCV ou CMx AH —BEXOV=0 fait voir que quand deux puissances sont en équilibre sur un leyier, si on multiplie chaque puissance par sa distance & Vappui, la différence des produits doit étre zéro, En général, pour que tant de puissances qu’on voudva, dirigées dans un méme plan, se fassent équilibre, il faut que la somme des produits de chaque puissance par sa distance & I'appui soit zéro, en prenant avec des ‘signes contraires celles qui agissent dans des sens différents. Quoique cette proposition soit démontrée dans tous les Livres de Statique, cependant, comme nous en ferons usage par la suite eb que nous voulons épargner au Lecteur la peine de recourir ailleurs, nous allons la démontrer ici pour trois puissances seulement, mais de maniére & faire voir que 1a démonstration réussirait de méme pour un plus grand nombre. Soit le levier 4PLE (Fig 16’) dont Vappui est en Z, et aux trois points 4, P, B soient appliquées trois puissances représentées par 40, PQ, BH. La force PQ peut se décomposer en deux PV, PR, dont la premiére passe par V'appui, la seconde par le point B3 cette seconde peut se décomposer de nouveau en deux autres EP, BI, la premitre couchée sur 4B, la seconde dirigée & appui. Les deux forces 40 et EH peuvent chacune se décomposer en deux, une dirigée & Vappui, Vautre couchée sur la ligne 4B. Cela posé, les forces dirigées aux appuis y sont détruites, il faut dono que les forces AD, EF, EK se détruisent entre elles, o’est-a- dire que AD = KE — EF. Or lf PQ:PR ou EG::LS:0M, eb B@:BF::L7:LS; dono PQ: EP :: LT : UM, et par conséquent BP UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIV (12) AK RSITY OF TRAITE DE DYNAMIQUE. 63 Corotraire VI. 54. Si le point C n’était pas fixe, alors il faudrait se servir du Corollaire II ci-dessus, pour savoir quelle puissance il faudrait appliquer en C pour résister aux puissances 4 @, BF. Or comme les puis- sances AG, BF peuvent étre regardées comme composées des puissances 4H et Ak, BE et Bp, et que les puissances 4%, Bp sont égales et se détruisent, il s’ensuit que la puissance capable de faire équilibre aux puissances AG, BF sera la méme quo celle qu’on trouverait, si, au lieu de ces BAC: AD:: LT: LN, eb BH: BK ::LT:L0; done ACxLN BHXLO . AD = ACKEN et EK = ~“AE° saone véquation AD = ACxLN EHXLO PQxLM KE — EF sera STARR 2 AOS EO on ACXELN+PQXLM—BHXLO=0. Ce quit fallait démontrer. Fig. 167. En suivant la méme méthode que dans les Corollaires V et VI, on démontre de méme que les puissances appliquées en 4, P, E agissent sur Vappui Z, comme si elles étaient immédiatement appliquées & ce point. UNIVERSITY ¢ MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN 64 LBS MAITRES DE LA PENSBE SCIENTIFIQUE. puissances AG, BF, on imaginait les puissances AH, BE, appliquées en C avec leurs directions propres. Remarque sur le cas ot le Levier est droit. 55. La démonstration précédente du principe du levier suppose que les lignes 4 C et CB fassent un angle, et il semble par conséquent qu’elle ne puisse s’appliquer au cas ot le levier est droit et les direc- Fig. 17. tions des puissances paralléles. Cependant comme la proposition est vraie, quelque obtus que soit Vangle AUB, il est clair quelle doit étre vraie encore, lorsque angle 4 C B est de 180 degrés. Voici, au reste, une démonstration plus rigoureuse du cas dont il s’agit. Soient 4 P, AR (Fig. 17) les bras de levier, PD, KS les directions des deux puissances que je suppose en équilibre; il est évident, en premier licu, quo si les bras de levier sont égaux, les puissances P, Ié doivent étre égales. Mais si les bras 4 P, AR sont inégaux, alors, ayant tiré a volonté la ligne 4 S, imaginons que cette ligno soit une verge inflexible, UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF TRAITE DE DYNAMIQUE. 65 & Vextrémité S de laquelle soient appliquées deux puissances S, 8’, égales et opposées, dans la méme ligne que la puissance 2; supposons, de plus, que la seule puissance $! qui tire en embas soit capable de faire équilibre avec la puissance P sur le levier PAS. Test constant que la puissance S, opposée & celle-ci, doit faire équilibre & la puissance ZR, c’est- adire (art. 52) quelle doit lui étre égale. Done R= 8 = (art. 53) *FA Done 2: P 1:4 PAR. Ce qwil fullait démontrer. Je ne suis pas le seul qui aie déduit les propriétés du levier droit de celles du levier courbe. M. Newton en a usé de la méme maniére dans ses Principes, quoiqwil ait suivi uno route différente de la nétre, et il y a lieu de croire que ce grand Géométre sentait la difficulté qu'il y aurait eu & s’y prendre. autre- ment. J’ai tiré les propriétés du levier courbe de Véquilibre entre deux puissances égales et opposées en ligne droite, mais comme ces deux puissances disparaissent dans le cas du levier droit, la démonstration pour co cas n’a pu étre tirée qu’in- directement du cas général. On peut démontrer les propriétés du levier droit, dont les puissances sont paralléles, en imaginant toutes ces puissances réduites & une seule, dont la direction passe par le point d’appui : c’est ainsi que M. Varignon en a usé dans sa Mécanique. Cette Méthode entre plusieurs avantages, a celui de l’élé- gance et de l’uniformité; mais n’a-t-elle point aussi, comme les autres, le défaut d’étre indirecte, et de n’étre pas tirée des vrais principes de l’équilibre? UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF 66 TES MAITRES DE LA PENSEY SCIENTIFIQUE. Il faut imaginer que les directions des puissances prolongées concourent & l’infini, les réduire ensuite & uno seule par la décomposition, et démontrer que la direction de cette dernidre passe par le point d’appui. Doit-on s’y prendre de cette maniére pour prouver Péquilibre de deux puissances égales, appli- quées suivant des directions paralltles & des bras égaux de levier? Il me semble que cet équilibre est aussi simple et aussi facile & concevoir, que celui de deux puissances opposées en ligne droite, ou d@’une puissance retenue par un point fixe, eb que nous n’avons aucun moyen direct de réduire Vun A Vautre; or si la Méthode de M. Varignon pour démontrer Péquilibre du levier est indirecte dans un cas, elle doit l’étre aussi nécessairement dans l’application au cas général. Corotzarre VIT. 56. Toutes choses demeurant les mémes que dans la Remarque précédente, si on suppose au lieu du point fixe A une puissance qui fasso équilibre aux puissances P ot 2, il est évident que sa direction sera paralldle et contraire & celle de ces puissances, et quelle sera égalo a leur somme. Car, en supposant qu’elle fasse équilibre aux puissances P, S!, elle sera = P + $', Done, puisque 8’ = R, elle sera aussi = P + RO, (14) Car, par le Corollaire VI, les puissances appliquées en P et en S/ agissent sur le point A comme si elles étaient appliquées en ce point; or dans ce dernier cas, le point A serait sollicité avec une force = P + Si. (15) De tonte cette Théorie du levier, il est facile de conclure que, pour réduire & une seule force tant de puissances que l'on voudra, qui agissent suivant des directions paralléles et dans un UNIVERSITY ¢ MICHIGAN UNIVERSITY OF f CHIGAN ‘TRAITE DE DYNAMIQUE 67 Remarque I. 57. Lorsqu’un corps se meut ou tend & se mouvoir suivant une direction quelconque, on peut imaginer ce corps comme composé d’une infinité de petits parallélépipedes rectangles d’une égale épaisseur, dont les cétés soient paralléles & la direction du corps; ces parallélépipédes se mouvront ou tendront. & se mouvoir suivant leur longueur avec une vitesse égale, et, par le principe du levier, on pourra toujours réduire le mouvement de co corps & celui dun de ces parallélépiptdes, qui aurait une vitesse égale & la somme des vitesses de chaque parallélé- piptde, cest-d-dire égale & Ja vitesse du corps multipliée par le nombre des parallélépipédes. Par la on voit aisément comment l’équilibre de deux corps se réduit & celui de deux parallélépipédes & bases égales, ot par conséquent comme le Théortme de l’article 46 s’applique & des corps de figure quel- conque. Remarque IT. 58. Soient deux lignes He, Zz (Fig. 17/) perpendi- culaires lune & Vautre, et CZ’ perpendiculaire au méme plan sur un levier, il suffit de chercher sur ce levier un point tel, qu'en y appliquant parallélement a toutes ces puissances une force égale A leur somme (si elles tirent toutes dans le méme sens), ou égale & Vexcts de la somme de celles qui tirent dans un sens sur la somme de celles qui tirent dans Vautre, la somme des produits de chaque puissance par sa distance & un point, pris & volonté dans le levier, soit égal au produit de cette puissance totale par sa distance & co méme point, En général, si tant de puissances paralléles qu’on voudra et per- pendiculaires & un méme plan sont en équilibre, la somme des produits de ces puissances par leurs distances & un plan quelconque, situé comme on voudra, sera toujours nulle, Ces deux propositions sont aisées a démontrer par le principe du levier, et se trouvent dans beaucoup d’ouvrages. UNIVERSITY ¢ MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN 68 LES MAITRES DE LA PENSBE SCIENTIFIQUE. plan de ces deux-li; imaginons une puissance G paralldle & Ce, dont la distance au plan HZze soit t, ct la distance au plan #’ Ce, y; uno puis- sance F paralléle & Oz, dont la distance au plan B Zze soit L, et la distance au plan H’ Cz, 6; enfin urie puissance II paralldle & CH’, dont la distance au plan CO’ C'¢ soit u, et la distance au plan A’ 2, v5 Fig. 17, on peut réduire l’action de ces puissances a celle de trois autres : la premitre sera égale et paralléle a la puissance G, et agira (Fig. 17") sur un point Z! du plan 4’ Cz, tel ae menant Z/ L paralléle a C # , on ait L=¢ i, et que ZL! paralléle & C Z soit égale 4 4 y; Ia seconde puissance sera dirigée suivant LZ! parallélement & CH! dans le plan HIVZ, et sera = I; la troisitme sera dirigée UNIVERSITY AICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN TRAIT DE DYNAMIQUE. 69 parallélement & Zz dans le mémo plan Z’CZ, sera égalo a F, et agira & une distance de Z2 qu’on trouvera facilement. Ces propositions peu- ___¢f x Fig. 17, vent so démontrer aisément par les articles 20, 21, 22 do mes Recherches sur la précession des Equi- noes 1), (16) Que ta puissance G (Fig. 17/) rencontre le plan B/C z au point Q, la puissance F le plan E/Ce au point @, et soient tirées QP!, QD paralidles & OH, Cz; GEI, GR! paralidles 2 Ce, CB; et enfin €Q qui rencontre en F la ligne B/F paralléle & Cz. Au lieu de la puissance G, qui agit au point @, on peut prendre deux Puissances qui agissent l'une en C, Vautre en F, paralldlement a la puissance G, dont la somme soit = G, et qui soient entre elles en raison de FQ & CQ, ou, ce qui revient au méme, qui soient a la puissance G, comme FQ eb CQ sont & CF, ou comme DE! et CD sont & CE; ainsi la puissance qui agit en @ sera G - et celle qui agit en F sera &£; mais cette dernitre rencontrant ‘nécessairement en quelque point K Ja puissance F dirigée suivant UNIVERSITY ¢ MICHIGAN UNIVERSITY OF MICHIGAN 70 LES MAITRES DE LA PENSSE SCIENTIFIQUE. Ce principe sert & trouver la loi a’équilibre de tant de puissances qu’on voudra, qui agissent dans des plans et dans des directions queleonques. On décomposera, co qui est toujours possible, chacune de ces puissances en trois autres, paralléles aux @XK, il nait du concours de ces deux forces une force dirigée suivant Kn, qui prolongée rencontre en N le plan EC Z, et peut ate censée agir au point N; or il est visible, en tirant VO! paral- Tele @ PK, que le point N est sollicité de la méme manitre que si on Ini appliquait, suivant WF et V OF, les forces qui agissaient tout & Vheure suivant GK et F K+ nos deux forces sont done réduites & Ge trois, dont ’'une = F agit suivant NF, la seconde = G ~ Posie a 7 suivant Ce, la troisitme = 4 agit suivant NOM paralléle & Ce; mais ces deux derniéres peuvent, comme on V’a vu, se réduire & une seule égale & leur somme, et par conséquent = @, qui passera par B, oi QD rencontre GN; car CB:ON::0Q:QF c'est-A-dire en raison inverse des puissances appliquées en O et N. De plus, les deux forces suivant FK et GK ayant produit une force dirigée suivant WV Kn, il est visible que si on représente la premitre par FK, la seconde doit étre représentée par FN, et qu’ainsi on a pw: ££ :: N:P K ou GBI ov 6; done FN = 24S. = GE D’ailleurs les triangles CDQ, CEIF donnent BF = 3b et par . Pet xt. Fo” consequent WB = Sp°® —A8; done BD = TP — x} dono tes deux forces @ et F sont réduites & deux autres, qui sont aussi G et F, dont Ja premiere agit on B parallélement & Ce & une distance de C / — x et Vautre agit suivant VF dans le plan B/ Cz a la dit tance CB’. Maintenant (Jig. 177) que V soit le point ot la puissance II ren- contre le plan ¢@z, Soit tirée par le point B, ot est actuellement appliquée 1a puissance G, la ligne BL paralléle & @B/, on aura BL = €; soit tirée ensuite LV; la puissance appliquée en B peut se décomposer en deux, Vane suivant BT prolongement de BD, Yautre suivant BK paralitle A LV, eb qui rencontrera par consé- quent Ja direction VO de Ia puissance IS. Ayant tiré VR paral- Tele & Ce, les triangles semblables LR¥, SBK donneront SK ov G@xbR @xbV, Fy? et la force suivant BK ==; Ja force suivant BT = UNIVERSITY OF MICHIGAN UNIVERSITY OF HIGAN

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