ARCHIVES DE L'ORIENT CHRETIEN
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R, JANIN
DE LINSTITUT FRANCAIS D'ETUDES BYZANTINES
CONSTANTINOPLE
BYZANTINE
DEVELOPPEMENT URBAIN
ET REPERTOIRE TOPOGRAPHIQUE
Publié avec le concours du Centye National de la Recherche Scientifique
INSTITUT FRANCAIS
DETUDES BYZANTINES
PARIS
1392520.PIAE MEMORIAE
Cc, A. EMEREAU
BYZANTINARUM = ANTIQUITATUM
STUDIOSISSIMO
CITA MORTE PRAEREPTO
HOG OPUS
AB EO INITIATUM
GRATUS
DEDICAT - AUCTORAVANT-PROPOS
Geoffroy de Villehardouin traduil ainsi dans son rude parler
champenois l’impression que la vue de Byzance fit sur ses compa-
gnons de la quatriéme croisade: « Or pocz savoir que mult esgaderenl
Cosiantinople cil qui onques mais ne ('avoient veue; que il ne pooient
mie cuidier que si riche vile peust estre en lot le monde, cum il virent
ces halz murs el ces riches tours dont ele ere close tot entor a la ronde,
et ces riches palais et ces haltes yglises, dont il avoit tani que nuls
nel poist croire, se il ne le veisl & V'oil, et le lone ef le 1é de la vile qui
de loles les aulres ere soveraine. Et sachiez que il n’i ol si hardi cui
la chars ne fremist; e¢ ce ne fu mie merveille; que onques si granz
affaires ne fut empris de nulle gent, puis que il monz fu estorez ».
Beauté incomparable du sile, splendeur orgueilleuse des édifices,
puissance redoutable de l'appareil militaire; c'est ce qu’avaient
déja dil et qu'onl répélé depuis lors les mille voix pélerines qui ont
célébré celle capitate merveilleuse ; c'est ce qu'aisément soupgonne
encore le voyageur moderne qui, par la méme route de Thrace, proméne
le long des murs sa fldneric érudite. Toutefois ni ce fragile prélude,
ni Pimposante image qu’en compose ce volume ne sauraient rendre
toute son dme & ce grand corps de ville aux membres mutilés, Sa
gloire s'est écroulée sous une autre, Votlomane, qui déja s’effrite sur
elle, & ce point que, malgré leur lustre millénaire, comme les
Misérables du poéte:
Ils n’ont du plein midi qu’un lointain crépuscule !
Les témoins toujours visibles de Uantique Byzance soni néan-
moins innombrables, qu’ils gisent en lambeaux dans la poussidre
des siacles, ou que, pour les micua enchdsser dans la vie turque on
leur ait posé un masque oriental. L'inventaire ici tenié n’en pouvait
élre aisé, car il est au monde peu de métropoles dont I'hérédité soit
aussi chargée ef quasi complexe que celle-la. Moins pure qu’Athénes,
moins forte que Rome, mais plus riche et plus subtile qu’elles, Byzance
ajoule, sous un ciel d'une égale magnificence, a la fine élégance
de l'une el & la majesié de l'autre, Vinguiélante empreinte de Pindolence
orientale.n CONSTANTINOPLE BYZANTINE
Tous les voyageurs ef les écrivains qui son! entrés en contact
avec elle l’ont décrite ou chaniée. De nombreux spécialistes, émules
de Du Cange ei de Banduri, en ont dénombré les monuments et
esquissé la physionomie. L’auteur du présenl ouvrage se propose
Woffrir un essai de topographie urbaine selon une formule nouvelle
qui, d'une parl, rende compte du développement historique de la
mélropole el, de Vautre, réalise un premier inventaire de sa loponymic.
i
Il est ainsi amené & nous présenter d’abord le site et les divers
visages qu’au cours des siécles [ui composa le rythme de la vie ou le
caprice des empereurs.
Nulle ville au monde ne fournit démonstration plus pertinente
de la relalion qui existe entre la position siratégique et la destinée
historique d’une cité. Située au carrefour d'un réseau de voies mari-
times ef terresires, Byzance vit passer dans son aire el sur ses eaux
le mouvement d’hommes ct d'affaires le plus dense du moyen age.
Le Danube et les grands fleuves russes, le Dniestr, le Dniepr ed le Don,
Ia mirent en rapports avec les plus lointaines tribus nordiques
qui se paraient orgueilleusement de ses éloffes et de ses bijou, Par
les Dardanelles, les riverains de la Méditerranée et, plus que tous
les autres, les Italiens de mulliples obédiences, se disputdrent dpre-
meni son marché et ses priviléges. Par antique voie égnatienne ou
la nouvelle route oblique qui d’Allemagne sillonne les Balkans,
l'Europe des pélerinages et des croisades se présentail sous ses murs.
Sur le conlinent asiatique, du fond de la Chine et de I' Inde, arrivaient
Par un mouvement convergent d’innombrables caravanes chargées
des parfums les plus sublils, de bois précieux, de pierres fameuses
deslinées aux couronnes impériales, aux nimbes des sainis et aux
mille créations d’une mode ou d’un art raffinés. La route de la soie
qui, plus iardivemeni, canalisera vers Trébizonde et Vicina le
commerce avec la Perse, n’échappa jamais compléiement & son contréle.
A la vérité, les Délroits ne manquaienl pas d'emplacement digne
de recevoir pareille capilale, mais, a égalité de sile, Byzance offrait
un avantage essentiel: le vaste et profond mouillage de la Corne
@Or propice & Paménagement des comploirs et au repli des navires.
A une époque ot la navigation n’avail pas encore dans la vie des
peuples Vimportance primordiale qu'elle ne tarda pas & conquérir,
ceite supériorilé fut invariablement méconnue. On se rappelle le mot
railleur décoché par l’oracle de Delphes aux fondateurs de Chalcédoine:
aveugles qui n’avaient pas su apprécier les avaniages d’une position
destinée par ia nature & porter une reine de Punivers! Or les colons
de Mégare, a la recherche d’un habilat convenable, pouvaient abrilerAVANT-PROPOS m1
partout leurs inléréts limités. Qu'edt pensé le devin d’empereurs,
qui, comme Dioelétien, implantéreni la capitale dans la profonde et
agresle Nicomédic, ou qui, comme Constantin lui-méme, voulurent
la cacher en quelque sinuosité des Dardanelles? L'intervention des
dieux parait donc opportune qui fixa le choix de Vhomme sur celte
terre élue. Et néanmoins la premiere période de son histoire, de sa
naissance & sa promotion au rang de capitale, ful comme une protes-
tation contre cette volonté du ciel. Jamais, en effet, ville ancienne,
dans le choix de ses alliances politiques, ne misa plus obstinément
sur le tableau des vaincus: dans les guerres médiques, contre
Philippe de Macédoine et contre Vespasien, pour Pescennius Niger
ef, derniére malchance, pour Licinius. Chaque fois Uinstinel du
suicide U'aceula @ la destruction que Septime-Sévére voulut totale.
Mais la cité vaincue sul, elle une ensorceleuse, toujours plaire a ses
nouveaux matires jusqu’a ce que son dernier vainqueur, Constantin,
pour mieux dompier son génie contraire, Vallachdt a la fortune de
Uempire ef lui donndl son nom. C'est alors la Sagesse elle-méme —
serait-ce pour cela que le plus grand temple chrélien de UOrient est
dédié 4 sainie Sophie — qui fit obstacle 4 la volonté impériale pour
délourner la ville de son destin politique. Les disciples de Plolin,
en présidant le 8 novembre 324 auzx riles de la fondation pour la
partie paienne, se croyani sur le site consacré par leurs incantations
plus qu'un droil de parrainage, demandéreni qu’on les y laissdt
fonder la cilé des sages voulue par le Maitre alexandrin. Une nuée
de légendes, comme il s’en éléve toujours aulour des enfances
heureuses, embellissaieni déja dans la littérature la figure de la cilé.
A son fronl fleuri par les poétes les philosophes se croyaient appelés
a melire Pauréole de la pensée pure.
Mais la raison romaine ruina @ iemps les préleniions somp-
tuaires des rhéteurs, et le lieu vil grandir en son sein, non la
Platonopolis de leurs doux réves, mais Constantinople deslinée &
devenir plus que le siége d'une école de penseurs, Pune des plus
grandes capitales de Uhumanité. Apres un essai sentimental & Nich
sa patrie, apres la lenlalive romantique de ressuseiler la Troie ancienne,
aprés avoir dit ensuite avec enlélement: « Ma Rome est a Sardique »,
Constantin, irop ambiticux pour diviser les deux parties du monde
que le sort des armes réunissait en ses mains, opla pour Byzance,
@ot il lui sembla qu'il pourrait plus aisément gouverner U Europe
el assagir l’Asie.
Celte incursion dans l’ordre des fails ow de la légende nous a écariés
du plan de ce livre. Essayons de caractériser les diverses étapes de
Ja formation de la ville qui, vue de profil, — et ce n'est pas son moins
bel aspect — esl apparue a des voyageurs averlis sous la gracieuse
figure d'une voile de navire largement lendue, symbole opulent de sa
toawv CONSTANTINOPLE BYZANTINE
glorieuse destinée. Les jhistoriens, mesurant d'un qil indulgent
celle pointe sud-ouest du Bosphore, y ont vu un lriangle vaguement
isocéle; les géométres, lenus & plus de rigueur, ont insislé sur sa
forme trapézoidale, tout en soulignant la faible dimension de son
c6lé oriental. Sur la gauche, pour celui qui vient de Thrace, s’éche-
lonnent le long de la Corne d’Or, de la porte d'Andrinople a la Pointe
du Sérail, les six mamelons qui formérent les six collines antiques,
tandis gu’a droile chevauchent les unes sur les autres les hauleurs
trés douces dont une organisation ingénieuse a fait la septiéme colline.
La préoccupation du fondateur fut en effet de réaliser une idendité
parfaite de la nouvelle Rome avec l’ancienne, ef il y fit parvenu si,
au liew du Lycus trop souvent aliéré comme le Céphise athénien,
la nature avail fait couler entre les deux chaines de la presqu’ile
quelque Tibre majestueux. Vu dans son ensemble, du haut des
murailles terrestres, le sol paratt onduler doucement entre ciel cf eau.
Les élévations moyennes alleignent rarement quarante métres et le
plus haut sommet n’en compte pas sotwxante-dix. Il n’est pas un
point de cette enceinte fortifiée d’ou le spectaleur ne jouisse d'un
paysage noyé dans la verdure ou baigné dans une vapeur d'un bleu
sublil, C'est de la que l'on peut aussi le plus exaclemenl juger du
développement de la ville et des divers moments de son évolution.
De Byzas, le héros éponyme, & Théodose II, la cité ful en effet en
mouvement continu d'exiension de Vest 4 Vouesl.
Le centre de l'agglomération primitive se dérobe a l'autre boul,
sur le vaste éperon qu’Istanbul enfonce dans la mer. Byzas y précéda
le sultan avec Vimposant cortege de ses dieux protecieurs. Temples,
palais ef demeures de ious ordres couvraient une superficie limitée
que défendail une muraille flanquée de vingi-sepl tours. Celle premiére
cilé fut pour les poctes la mére des pélamides et des jolis thons, mais
sa numismatique, ou triomphent les épis, les raisins et les figues,
dit assez que la fertililé du sol ne le cédait pas au flot nourricier.
Riche ef prospére en temps de paix, mais périodiquement ruinée
par des guerres malheureuses, la colonie mégarienne n'eiit connu
quiune vie restreinte de petite république grecque. C'est au génie de
Rome qu’elle dui de voir dilater ef ses institutions el ses murs.
Septime-Sévére ne rasa la ville, en 196, que pour la reconstruire
plus belle et plus vaste. Les temples que se partagent alors dicux
grecs ei latins se mutltiplieni el s’agrandissenl, mais ses ornemenis
nouveaux soni avant tout les bains de Zeuwippe, si célébres durant
tout le moyen dge, el surtout le cirque, copie exacte et cotileuse du
Cireus maximus. Ge sera, c'est encore ’hippodrome (ou Atmeydant),
dont il fallut, au pri de iravaux cyclopéns, corriger la déclivité et
dablir l’esplanade sur de puissants murs de soulénement. La, les
factions des Veris et des Bleus et leurs bourdonnantes cohues donnerontAVANT-PROPOS v
@ la cité couleur ef vie. Enrichie dans la suile d'autres construclions,
telles que la place du Tétrastoos, le stade, le thédire, les ports de la
Corne d'Or el du Néorion, l'aquedue d’Hadrien que Valens agrandira,
la Byzance sévérienne avait déjd ses allures de brillante capilale,
brillante mais petite, dont la Colonne briléc, sur la deuxiéme colline,
marque U'eatréme limile.
L’euvre de Constaniin fut, 4 Vencontre, gigantesque, couvrant
la plus grande partie de la presqu’tle. La nouvelle Rome, & qui un
décret, gravé au Stratégion sur la colonne impériale, confére lous
les droits de Uancienne, aura ses sept collines historiques au réle bien
défini: la premitre porte l’Augustéon, le Sénai, le Palais Sacré,
Phippodrome et Sainte-Sophie; la seconde, le foram du fondateur
que domine sa statue; la iroisiéme (Vacluelle Universilé), le Capitole
el le forum de Théodose ; la quatriéme, le Saint-Denys des Byzantins
ou basilique des Sainls-A péires ; les cinquiéme, siziéme ef septi¢me,
la muraille terresire. Deua grandes avenues & portique, disposées en
corniche le long du rivage entouraient la presqu’ile d’une ceinture
dont [es murs maritimes suivront plus tard le tracé. Deux aulres
routes, mises boul 4 bout, composérent la voie triomphale qui, prolongée
jusqu’ad la Porte Dorée, sera la Mésé du moyen dge, par ot sont
Passés, aux acclamations d’un peuple au délire facile, ious les corléges
de la Victoire, Sur ’immense élendue vierge, nouvellement englobée
dans Venceinte, surgirent & un rythme accéléré les organismes indis-
pensables @ une grande vie politique: ministéres centraux, tribunauc,
entrepéts, douane, aqueducs, tout élait a faire et tout fut fail avec
splendeur. Suivant une tradition fort ancienne Conslantin poussa
méme la délicatesse jusqu’é faire reproduire les habilalions des
patriciens romains exaclement comme elles se trouvaient sur le Tibre
pour que, iransférés & Byzance dans un cadre de féerie, ils n'eussent
rien @ relrancher de leurs habitudes. Mais l'ajflux de la population
ful, sans tarder, si dense que le rempart conslantinien ful bienlél
débordé. Autour de Care de triomphe qui, & un kiloméire et demi
de la, encadrera plus lard la Porte Dorée, se forme un quarlier de
petites gens avides d’air et de liberlé ; puis les couvenis s'y mulliplient
loin de Vagitation du centre, mais bientét tout ce qui a une fortune y
crée villas ef sanctuaires, de sorte qu’il se forme une seconde ville,
te Deutéron de la topographie urbaine, que Théodose II dut, moins
d'un siécle aprés la fondation,en 413 el 447, proléger par un formi-
dable ouvrage a triple série de défenses. C'est le mur lerrestre qui,
aujourd'hui encore, sur une longueur de sept kiloméires,de la Corne
d'Or @ la Propontide, est, avec Sainte-Sophie, l'une des grandes
eréations du génie byzanlin. Plus imposante qu'Aigues-Mortes,
dit M. Diehl, et que Carcassonne, plus poélique qu’Avignon ef plus
grandiose que Rome, elle est le digne aboutissement de l'évolutionVI CONSTANTINOPLE BYZANTINE
urbaine, car les travaue d'Héraclius el les perfectionnements de
Michel II et des Comnénes n'opéreront qu’un rajustement destiné
@ comprendre dans Uenceinie fortifiée le quarlier des Blachernes,
oit s'élevait un sancluaire fameua de la Vierge et ott les basileis finirent
par installer leur résidence officielle.
C'est sous la protection de ce gigantesque apparcil, qui ne sera
pris que le jour ot l’'empire ne pourra plus lui fournir assez de
défenseurs, que Byzance abrita durani un millénaire ses splendeurs
el ses miséres. C'est aussi ld derriére que se constituera des le premier
momeni et que s’enrichira sans cesse de siécle en siécle jusqu’au
pillage de 1204 le Musée d'art et d'architecture le plus somplueuse-
ment divers qu’ail connu le moyen dge.
II
Les piéces mattresses en furent au premier chef les monuments
dont la capilale eut profusion dés le premier jour. En donnant un
nouveau centre 4 V'empire, Constantin eut ceries ambition de faire
aussi grand, mais encore — la magnificence du ciel d'Orient I'y
incitait — plus beau qu’a Rome, Saint Jéréme qui eul la dent dure
pour toutes les vaniiés humaines, disait de Constantinople qu’elle
était habillée de la nudité de presque toutes les autres villes. Si le
mot est méchant, la chose esi striclement vraic, car, pour mieux
Lembellir, U'empereur décréla une gigantesque rafle administrative
dont la Gréce, |'Asie, l'Afrique, !'Egypte el Rome méme qu'il jallait
dépasser firent les frais. Etrange aspect de la Byzance chrétienne
dont la ferveur de ses débuts! Tous les chefs-d’ceuvre, toule la défroque
du culte et du souvenir paiens s'élalaient dans un désordre éludié
sous les porliques des avenues, d U'hippodrome, aux abords des palais,
dans les forums, parlout ot une figure ou groupe pouvail poser avec
avantage, L’ Athéna de Lindos, une Vénus de Prawitéle, un Zeus de
Phidias que Périclés avait consacré au temple d’Olympic, l'image
du temps par Lysippe, entre auires pidces fameuses, et toute une
faune rituelle de licornes, de tigres, de vautours, de girafes, d’antilopes,
de centaures et de paons donnaient & la ville chrélienne o, pour
racheter celle profusion de faux dieux désaffectés, les croix élaient
innombrables, un visage splendidement anachronique, Pres de
4,500 maisons patriciennes — le double de ce que Viclor Publius
aileste pour Rome — absorbaient une bonne partie de ce irésor arlis-
tique. Epoque fabuleuse ou ce n’était partout que lambris dorés,
porles d'ivoire, murs incrusiés de marbres ou couveris de lames d’or,
mosaiques animées dont de récenies fouilles nous onl rendu de
magnifiques exemplaires.AVANT-PROPOS vit
Il ne reste de celte premiére opulence que quelques rares débris
disséminés @ travers le monde. Les invasions barbares, en ruinant
les provinces, appauvrirent l’aristocralie en la privant de ses revenus.
Ce que le temps, les incendics et la méchancelé des hommes épargnérent
ful brocanié sans scrupule aux époques de besoins pressants, toul
comme, sous le coup de la misére, on vend parfois jusqu’d ses biens
de famille. A la fin du VIe siécle, la vie byzantine, partiellement
restaurée, s’insialla, non dans une pauurelé qu'elle ne connaitra
vraiment que dans les deux derniers siécles, mais dans une large
aisance. En méme temps, la marque de Rome s'alténua el Byzance,
reniant avec certains rites du paganisme officiel une parure qui ne
parlait plus & son ame et parfois méme blessait son idéal, créa des
@uures propres & son génie. Les bibliothéques et les musées des deux
mondes se pariagent aciuellement une mullilude d'ceuvres ou d’objels
dus a son labeur. La ville contemporaine est pour ainsi dire vide des
innombrables irésors artistiques qui Vembellirent pendant des siécles.
En revanche, les monuments, solidement implantés dans le sol, y
foisonnent, quoique en état de conservation fort divers.
On a dit joliment qu’a Constantinople Dieu avait Sainle-Sophie,
Pempereur le Palais Sacré et le peuple ’ Hippodrome : trois monuments,
trois péles aulour desquels gravila l'essenliel de la vie byzantine.
Le temps a élé propice a la maison de Dieu, car Sainte-Sophie
vit ef surtout revivra quand, sous le patient effort des travaux en cours,
elle aura recouvré, avec ses tons originaux, sa splendeur d’antan.
Ce prestigieua édifice, ot la puissance de Rome s’allie au génie de
lV'Orient, est la merveille du régne de Justinien. Byzance n'a rien
eréé de plus parfait ni de plus grand. A vrai dire, sa masse peut
parattre de Vewtérieur quelque peu décevante, étouffée qu'elle fut ou
dui élre, au cours des siéeles, par un pesant appareil de contreforls,
Aussi bien, c'est de Viniérieur surtoul qu'il faul juger une basilique
byzantine ei celle-ci entre toutes, car c'est Ia qu’éclale toute sa
splendeur, que s’éalent sa puissante originalité, sa magnificence et
sa beaulé. Un écrivain du XIV® siécle a dit que Dieu avait assu-
rément regu Justinien en sa miséricorde pour cela seul qu’il avait
bati Sainte-Sophie. Un autre chef de peuple, entré lui aussi dans
Uhistoire, le président Ataturk, aura acquis devant les hommes la
reconnaissance durable de iout le monde civilisé pour avoir libéré
de son décor parasile ce monumeni de l'esprit humain.
Celle merveille de Sainle-Sophie est au point de départ de mal-
tiples créations urbaines de lout module et de toules époques. La
réplique la plus vaste et la plus sompiueuse fut, comme il convenait,
une wuvre de Pimpératrice Théodora. Les méchantes langues assurent
que Uombrageuse souveraine sut ici encore explotter la faiblesse de
son épouz pour marquer une fois de plus sa supériorité sur lui,vii CONSTANTINOPLE BYZANTINE
Si te calcul fut fait, il ful mauvais, ce qui élonne de ta part de ce génie
maléfique aux coups précis et strs. Quoi qu'il en soit, celte nouvelle
église, dédiée le 28 juin 550, avait aussi grande allure, puisque,
nous dit Procope, la coupole des Saints-Apétres semblait flotter
dans les airs. Mais il n'en reste qu’un souvenir sur le sol et de larges
descriptions dans les livres. En revanche, le fopographe signale
a noire allention un choix irés varié d'églises-mosquées encore debout,
les unes & UVabandon, les autres soigneusement enchdssées dans leur
accoutrement islamique. Nommons tres parliculiérement les formes et
la décoration des anciens sanctuaires bdtis ou restaurés aprés 1300;
Kahriyecami, Uantique Chora aux mosaiques flamboyantes, le type
de décoration le plus complet que nous ayons; Fethiyecami ou la
Pammacaristos, second siége du Patriarcal aprés la Congquéte;
Fenerisa ou monastére de Lips, remanié suivant une formule qui
devrail lui valoir un meilleur sort dans un quartier désert et affreuse-
ment humide. La richesse el les formules raffinées de ces monuments
tardifs élonnent en des siécles de si grande décadence politique. Toute-
fois les édifices les plus imposants et les plus classiques paraissent
incontestablement les plus anciens, Sainte-Iréne, élevée par
Justinien en place de la vieille basilique dédiée par Constantin a la
Paiz divine, ct l'église des Sainis~Serge-et-Bacchus, tres improprement
dite « Pelile Sainte-Sophie». La frise est signée sur l’entablement
au nom de Pempereur qui ne dort jamais et de la souveraine dont
Pesprit est illuminé de piéé ef qui dormait encore moins. Puis vient
une série d'édifices échelonnés entre le V Ie et le LX® siécle, qui marquent
la transition entre la basilique & coupole et le plan en forme de croix
grecque: Kalendercami, dédié au Sauveur Inconcevable, un vrai
bijou qui s’adosse a Vaqueduc de Valens, puis, au bord de ta Corne
@Or, Vimposante Gtilhané ou mosquée des roses, anciennemeni
Sainte-Théodosie (du IX siecle). A partir de ceite époque le plan
de la croix greeque ou croiz a quatre branches égales, dont la Nouvelle
Eglise, construite par Basile Ie* & Vintériewr du Palais, fut
Uexpression la plus parfaile, s’implante définitivement partoul.
Au type le plus ancien appartienneni Bodrumcami du X® siéecle,
Kilisecami, du X I¢,oi1 des travaue récents onl reslitué des mosaiques
@une fratcheur exiréme; Véfacami, qui réalise le type parfait du
nouveau plan. Enfin loules les constructions des Gomnénes et des
Paléologues, dont les types les mieua conservés sont, entre autres
Saint-Jean in Trullo, le Sauveur Pantépopte (au regard omniscient},
auj. Eskiimaretcami, surtout le Pantocrator (Zeyrelkilisecami),
admirable complexe d'architeclure religieuse.
Sainle-Sophie s'est ainsi donné une trés longue postérité d’églises,
bloilies & sa grande ombre, mais la formule, apres avoir reflué sur
certains points de l'Orient, s'est trouvée féconde en Italie, de Venise aAVANT-PROPOS x
Monreale, pour pénétrer jusque dans le Périgord (Saint-Front de
Périgueux) el refleurir de nos jours, dans la réaliste Normandie,
& Listeua, sur la tombe de la plus charmante des sainles contempo-
raines. Ces créations multiples, en vingi pays el sur quinze siécles
divers, composent 4 la « Grande Eglise » byzantine un splendide
corlége qui a tour & tour inspiré les hisioriens, les architecies et les
poétes.
Les habitations impériales n'ont résisté ni & Vinjure du temps,
ni a la cupidité ou a la vindicte des hommes. Elles se sont effondrées
avec Pempire de leurs mailres, ef leurs rsines couvrent, tant aupres
de Sainte-Sophie qu'au loinlain quarlier des Blachernes, de vastes
éiendues dont les profondeurs hantent l'imagination des archéologues
ef emcitent le fluide des sourciers chercheurs de trésors depuis la
sensationnelle découverte que la mission écossaise fit dans les décombres
du Palais Sacré. Ces longues bandes de mosatques retracent avec un
art exquis les scénes les plus diverses de la vie familitre. Mais si le
lourd appareil des subsiructions autorise des restitutions de I’édifice,
la topographie en est encore trop peu esquissée et la décoralion trop
fragmentaire pour qu’il soit possible de rétablir jamais la splendeur
de ces salles innombrables et l'anarchique entassemeni de constructions
ou l’on trouvait, en plus de huit palais privés des souverains, de
longues galeries, des salles de garde, des bains, des bibliothéques,
des églises, des prisons, des casernes. Des cours, des terrasses, des
escaliers, de vastes jardins pleins d'eau courante et de verdure, sépa~
raient ces divers bdlimenis répartis sans aucun plan, sans aucun
souci de symétrie sur une énorme surface de 100.000 meétres carrés.
On en peut admirer encore d’imposanls vestiges, des pavillons, des
escaliers monumentaux, des piéces en différents étals, comme la
« Maison de Justinien » en bordure de mer ou le gracieux « Palais de
Constaniin» auz murs terrestres. Mais, sur ces ruines confuses
Vimaginalion doit péniblement broder pour retrouver la ligne de ces
édifices somptueux, lémoins des porpes les plus magnifiques et ou
Von s’étudiait trés parliculiérement a forcer Vadmiration des
ambassadeurs éirangers, en qui Byzance s’obstina toujours 4 ne voir
que des barbares.
L’hippodrome parle davantage aux yeux et le plan s'en refait
aisément dans lespril. L'actuelle place Atmeydant ou Marché aux
chevauc a d’ailleurs exaclement gardé la forme elliptique de ancien
cirque, ef le sol conserve encore in situ trois points de repére irréeu-
sables, la colonne serpentine transférée du sanctuaire de Delphes o&
elle avait été vouée par les 31 villes greeques associées aprés leur
victoire de Platée sur les Perses, un obélisque d’Egyple que Théodose
fit ériger en ornant le piédestal de bas-reliefs qui, pour n’étre pas d'un
irés grand art, forment une précieuse page d’histoire documentaire,x CONSTANTINOPLE BYZANTINE
et enfin, vers l'auire bout, une seconde pyramide, érigée la Irés tét
el que Constantin Porphyrogénéte fit resiaurer au X° sidcle en la
recouvranl de plaques de bronze doré.
L’aire qu’ornent ces monumenis vil les jeux les plus divers, depuis
ceux du cirque ott les basileis conienaient par des amusements les
passions populaires et ceux, plus. tragiques, ot s’affrontaienl, dans
V invective el le sang, les factions rivales. Ce fut également 1a, 4 diverses
époques, le dernier refuge des liberiés publiques, Pendroit ott le peuple,
se souvenant qu il était Uhéritier du peuple romain, manifestait
bruyamment jusque sous les yeux de l'empereur contre l’oppression
de la tyrannie.
Jai mis Vaccent sur ces irois ordres de monuments: églises,
palais, hippodrome, dont il ne faul pas séparer les multiples forums
disséminés par la ville. Ce sont la, si on peut s'exprimer ainsi, des
ouvrages de poriée personnelle & Dieu, au basileus son délégué ct au
peuple, pour reprendre une formule de tout a Uheure. Mais il y en
a @auires. Il suffira de nommer deux genres de conslruction qui ne
sont pas le moindre orgueil de la ville aciuelle: la muraille théodosienne
dont il a éé parlé el — ce qu’aucune cilé antique n’offre en si grand
nombre ni avec une aussi élonnanle diversité — les citernes, depuis
les immenses réservoirs @ ciel ouvert, depuis ces lacs souterrains qui
ont tourmenté ['dme de Loti ei l’ impressionnisme de Théophile Gautier
jusqu’aux modesies bassins des habitalions privées. Ajoulez les
tnnombrables colonnes qui élevaient souvent trés haut la slalue de
Pautocrator et dont certaines racontaient, comme la colonne Trajane de
Rome, les victoires du régne. Plusieurs subsistent encore qui comptent
pour le lopographe parmi les points de repére les plus précieua.
Les desiructions et les bouleversements de Vépoque turque ont
rendu méconnaissable le visage d’une cité qui cut son million d'habi-
lanis ei qui, aue dires d'un voyageur enthousiaste, délinl les deux
Hers de avoir du monde. L'Occident, oit les capitales n'élaient encore
que de médiocres bourgades, a révé d’elle durani toul le moyen age
tout en la redoulant pour ses artifices et ses infidélités. Elle a
aujourd'hui perdu sa physionomie, al ses trails se soni dilués sous la
patine des siécles, ld ot ils n'ont pas été sacrifiés a la cupidilé ou au
fanatisme.
I
En bdlissant un Elat moderne, le régime kémaliste se piqua de
compréhension envers les diverses civilisations qui, dans la Turquie
actuelle, ont précédé la sienne. Des spécialistes curenl mission de
reconnaitre les monuments de leur passé et des mesures furent édictées
pour leur conservation. A Istanbul, un urbanisle frangais, M. Prost,
recut le mandal de présenter un plan de ville ott les anliquités byzan-AVANT-PROPOS xI
tines et ollomanes fussent dégagées et mises en valeur. Celle sage ef
généreuse délerminalion aurail dé panser les innombrables blessures
de la ville meurtrie, Déja le transfert @ Ankara de la capitale du
nouveau régime a sauvé les rives du Bosphore du lourd et alarmant
spectacle de minisldres massifs ef de buildings exoliques dont il y a
par endroits de irop affligeants exemplaires. L’aménagement des
principales voies d’accés, un entrelien plus soulenu des abords, des
restauralions faciles, Vouverlure de judicieux champs de fouilles
feraient d’ Istanbul lout d'abord wn cenire de tourisme a plein rende-
ment. Pareil effort rendrati surtout, sur le plan intellectuel, a ce qui
n'est plus qu’une grosse agglomération de province, ce réle de capitale
universelle o& lout peuple civilisé peut et doit pouvoir reirouver
quelque reflet de son génie ou quelque lambeau de son passé.
Malheureusement le libéralisme d' Ataturk est en voie de régression.
Les sites les plus fameux de Uhisloire byzantine, ceux sur lesquels,
au cours de mainies révolutions de palais se sont jouées les destinées
du monde méditerranéen, sont plus que jamais livrés & la fantaisie
des archilectes. On consiruit sans discrimination aux Blachernes el sur
Vemplacement du Palais Sacré; de irés vicilles églises sont rasées ;
@autres s’effondrent dont aucun édile ne se soucie. Seuls les archéo-
logues élevent périodiquement la voi. Une requéle a élé présentée —
ei le premier Congrés internalional des Etudes classiques vient de la
renouveler — aux termes de laquelle le gouvernement d'Antara est
sollicité de constiluer 4 Istanbul un pare archéologique comprenant
tous les monuments ayant joué un réle essentiel dans la vie grecyue
et turque. Je ne sache pas qu'il ait élé d ce jour prété audience a ce
veeu légitime du monde savanl. Les sites les plus fameux se couvrent
de lourds édifices sans égard pour les vieux souvenirs, comune si
chacun de ceua-ci pesaii sur la conscience des mattres d'aujourd'hui
comme un remords !
Cette carence des aulorités fera micux apprécier fe travail qui
est ici fourni. Il devient en effel nécessaire de procéder, avant que le
laissez-aller des constructions anarchiques ct le tracé arbilraire de
nouvelles rues aicnt browillé les données topographiques encore
repérables, de dresser sur place un inventaire aussi complet que
possible de la toponymie byzantine. Gelle entreprise avait tenié jadis
Pun de nos collaborateurs, le P. Casimir Emereau (+ 1937), qu'une
belle formation classique, un sens affiné du grec et une connaissance
approfondie des institutions el des lieux qualifiaient tres spécialement.
Les vicissiludes de Uewistence le détournérent malheureusement trop
tét de ces recherches sur lesquelles il ambitionna un moment de bdlir
Peuvre de sa vie. Quand il nous quitla pour Florence, le tiers du plan
élaii & peine réalisé. Son manuserit, néanmoins considérable, a
servi de base @ l'auteur du présent volume pour la mise au point dexr CONSTANTINOPLE BYZANTINE
la premiere partie; Le développement urbain. Mais le champ de la
recherche a élé élargi tandis que maintes conclusions ont éié révisées
ou simplement abandonnées. Il en est sorli un texte nouveau dans
une rédaction nouvelle, ov l'on trouve la premiere étude rationnelle
de la iopographie urbaine de Constantinople byzantine.
Personne durant ce demi-siécle ne s'est peut-élre mieux familiarisé
que le P. R. Janin avec les sites et les monuments de la vieille cité
consiantinienne. Durant prés de trente ans, notre collaborateur a
pu 4 loisir visiter par le détail les moindres recoins ct vérifier sur
place les hypotheses que la lecture des sources lui suggérait. S'il
y a en toute recherche, méme difficile, un maximum de certitude,
il a pu y prétendre en se penchant longuement, patiemment sur les
liewx, en confronfani sur place, dans Vaire méme ot se posaient
les données de multiples problémes, ses conclusions avec celles de ses
devanciers ou de ses émules. La seconde partie de ce volume offre
spécialement le résullal de ses recherches et de ses réflexions sous forme
de catalogue alphabétique intentionnellement dressé pour faciliter
auz historiens Videniification de toponymes doni les textes foisonnent.
Les événements de la capitale ayant toujours eu des remous ou leur
épilogue dans les deua banlieues européenne et asialique, l’auteur a
sagemeni décidé d’enclore cet espace dans son enquéte, en sorte qu'en
principe aucun nom de localité, de quartier ou de site qui n'y doive
figurer, suivi des données bibliographiques sur quoi se base son
tdenlification, oi se trouve son signalemeni. Un porlefeuille de quinze
carles conerétise les données les plus certaines et présente de la « Reine
des villes» de multiples tableaua de détail ou d’ensemble aux lignes
souvent inédiles,
Pour juger équilablement cet ouvrage, il faut ce semble —
souligner les difficullés ef l'ampleur de Centreprise. On n’aborde
jamais pareil travail avec l'ambilion d’éire complet ni parfait. Son
champ s’éfend en effel a toute la littérature byzantine, au dépouillement
de nombreux récits de voyages comme a la visite et a Peaamen de lieux
sans nombre. Les observations de la critique et les apports nouveaum
de recherches qui conlinueront amélioreront les détails du réperioire.
IL arrivera peul-élre que cerlaines vues générales, esquissées ici
pour la premtére fois, devront éire corrigées ou rajustées. Mais quelles
que doivent étre les retouches fulures, il n'en reste pas moins que
Houvrage s’imposait sous cetle forme précise.
i s'imposait surtout & Vauteur, dont ce n'est dans la phase
présente de son aclivilé lopographique qu'un prélude. Le moment
esl en effet venu pour lui de mettre le derniére main au monument
gui a depuis toujours sa sollicitude: son grand travail sur les monu-
ments religieux de Constantinople byzantine (églises, monasléres,
jondations pieuses, fontaines sacrées el aulres lieux) ot s’épanchaAVANT-PROPOS xm
ou se raviva l’exigeante piété du moyen dge. On n’en trouvera mention
dans ces pages que dans la stricte mesure ott ils intéressent le probleme
dopographique. En revanche, cette enquéle préalable s'imposait qui
dui a permis de donner plus de fixilé et de précision aux cadres o&
s’inséreront les innombrables édifices qui ont joué un réle souvent
décisif dans la vie spirituelle de l'empire. Mais ce service qu’il devait
se rendre a lui-méme profitera auz chercheurs toujours plus nombreux
qui s’inléressenl au passé d’une ville qui régenta si longlemps les
destinées de Orient chréien: Tévovto !
Paris, ce 29 septembre 1950.
V. Laurent.BIBLIOGRAPHIE
Les sources d'information relatives a la topographie de Constanti-
nople ct de sa banlieue a I’époque byzantine sont aussi nombreuses que
variées. Si elles manquent parfois de précision, du moins fournissent-elles
assez d’éléments pour que on puisse se faire une idée suffisante de aspect
de la ville et de ses monuments. Cette idée se précisc encore davantage
par la comparaison des textes plus ou moins paralléles qui permet plus
de rigueur dans la détermination,
Il ne faut pas se dissimuler cependant que bien des points resteront
obscurs, et peut-étre pour toujours ; car on n’a guére l'espoir de découvrir
des textes nouveaux susceptibles de modifier de fagon appréciable l'état
de nos connaissances. Raison de plus pour étudier attentivement ceux
que l'on posséde et pour en tirer le meilleur parti possible, au lieu de se
fier aveuglément. a tout ce qu’ont écrit les devanciers, quelle que soit lour
répulation scientifique. Il est de plus en plus certain en effet que dans
bien des cas ils n'ont pas recouru aux textes et n’ont fait que répéter
ce que d'autres avaient écrit avant cux.
Le premier travail consiste nécessairement 4 réunir tous les documents
épars. Du Cange Ia fait d’une fagon remarquable dans sa Constantinopolis
christiana avec les éléments connus au xvt® siécle?. Depuis lors la biblio-
graphie relative & la topographic de Constantinople byzantine s'est
enrichie de toxtes nombreux et de grande valeur qui en ont renouyelé le
contenu. Il faut ensuite étudier les documents, non pas en les isolant
les uns des autres, mais en les replagant dans leur milieu et en les com-
parant pour en faire jaillir le plus de lumidre possible. Une certaine
hardiesse d’imagination permel parfois des hypothéses dont les textes
prouvent la justesse. C’est sans doute un cas assez rare, mais qui procure
une joie particuliére au chercheur penché sur un probléme qui paraissait
d’abord insoluble.
(1) Deux auteurs modernes ont repris Je travail de Du Cange. F. W. Unger a
réuni et traduit les textes byzantins concernant le développement do la ville et un
grand nombre d’édiflces profanes, Quellen der byzantinischen Kunstyeschichte (Quel-
lenschriften far Kunsigeschichle und Kunsllechnih des Mittelalters und der Renaissance),
Vienne, 1878. J. P. Richlor a fait le méme travail pour les églises, les monasteres, Ies
palais et autres édiflees publics, Quellen der bytantinischen Kunsigeschichte (Bitelber
ger-ligs Quollensehriften), Vienne, 1897.XVI CONSTANTINOPLE BYZANTINE
Les documents A utiliser sont de deux sortes : 1° les sourees byzantines
et étrangéres ; 2° les récits des voyageurs qui apportent des précisions
nouvelles soit sur a position des monuments, soit sur leur état de con-
servation, Par ailleurs il ne faut pas négliger les travaux d’ensemble
auxquels se sont livrés divers auteurs modernes, ni les études particu
liéres sur tel quartier ou tel monument. Nous signalerons les uns et, les
autres, surtout dans notre répertoire final et nous indiquerons les plans
qui accompagnent parfois les travaux de nos devanciers et que l'on
utilise encore aujourd’hui. Nous laissons délibérément de cdté tout ce
qui concerne les églisos, les monastéres et les institutions de bienfaisance
qui feront objet d’un ouvrage & part.
I. — Les sources
Sur le Bosphore et Byzance antique, en dehors des renseignements
donnés par Hérodote, Polybe, Strabon, Pline, Arrien, Philostrate, Hésy-
chius Illustrius, etc., il faut mentionncr la description de Denys de
Byzance, Dionysii Byzantini De Bospori navigalione quae supersunt,
4d. C. Wescher, Paris, 1874; notes critiques de F. Wieseler, Goll. gel.
Anz., 1876, 321-329) ; of. aussi de C, Wieseler, Spicilegium ex locis serip-
lorum ad Bosporum Thracium speciantibus, Gottingen, 1875.
La plus ancienne description de Constantinople est la Urbs Constan-
linopolitana Nova Roma d'un anonyme sous Théodose II (vers 430),
reproduite au xvi® siécle avec la Nolitia dignitalum, notamment par
Panciroli, Venise, 1593; P. Gylles l'avait daji éditée a la suite de son
De lopographia Constantinopoleos, Lyon, 1561. Du Cange V’inséra dans
sa Consientinopolis christiana, On en trouve une nouvelle édition dans la
Nolitia dignitatum d’O. Seeck, Berlin, 1875, 227-243, et dans les Geographi
Latini minores, coll. A. Riese, Heilbronn, 1878, 133-139.
Viennent ensuite les patriographes, surtout le pseudo-Codinus,
Tldxpuce Kavoravrwounbases, compilation de renseignements sur la topo-
graphie et histoire de la ville et de sa banlieue, L’auteur, qui a vécu vers
a fin du x® sitcle, a rédigé son travail en s’inspirant de plusieurs écrits
aujourd’hui perdus et on copiant les trois ouvrages suivants qui sont.
parvenus jusqu’ nous a) les [ldepia Kavoravrivoundhews d’Hésychius
illustrius de Milet (vi° s.); 6) les Tleguardcerg alveoyo: ypoviced d’un
anonyme du milicu du vine siécle ; c) la Avhyynote reph tig obxoBoyiis Tic
‘Arlag Eoplag ou Récit de la construction de Sainte-Sophie d’un autre
auteur anonyme, Ces trois ouvrages et celui du pseudo-Codinus ont été
édités par Th. Preger, Scriplores originum Constantinopolilanarum,
Leipzig, fasc. I, 1901 ; fase, 11 et III, 1907, avec un plan sommaire de
la ville ot de sa banlicue, Le texte du psoudo-Codinus se trouve aussi dans
Yédition de Bonn, 1943, et dans la Patrologic Grecque, t. CLVII. Outre.BIBLIOGRAPHIES XVII
le texte du pseudo-Codinus on posséde également le travail d’un auteur
anonyme contemporain d’Alexis Comnéne (1081-1118) et qui a adapté
le texte de son devancier a la disposition topographique de la ville. C’est
Vanonyme dit, de Banduri (Anonymi de antiguilatibus Constantinopoli-
tanis, A. Banduri, Imperium Orientale sive Antiquitates Constantino-
politanae, t, 1, pars III, Paris, 1711; Venise, 1727; il existe une autre
édition dans la Patrologie Grecque, t, CXXII, col. 1189-1316. Signalons
aussi pour les portes de la ville un anonyme du xvi® sigcle dans God.
Vindob. hist, gr. 94 ( = Suppl. cod. 128) et P’étude qui en a été faite par
Th. Preger et B, Pantchenko, Studien zur Topographie Konstantinopels,
BZ, XXI, 1912, 461-471.
Sans doute les informations des patriographes sont trop souvent
sujettes A caution lorsqu’il s'agit de Porigine de tel monument ou de
V'étymologie de tel nom. Cependant ils n’ont certainement pas inventé
les édifices dont ils parlent ct dont la plupart étaient encore debout &
Vépoque oi ils écrivaient. Si leur témoignage ne peut étre récusé, on aurait.
tort par contre de croire qu’ils suivent toujours un ordre rigoureusement
logique dans leurs énumérations ; celles-ci varient d’ailleurs avec les
manuserits. La conflance aveugle qu’on leur a accordée a causé bien des
erreurs chez les auteurs modernes qui se sont figs A cos énumérations sans
on étudier Ia valeur.
Aprés les patriographes, le plus important ouvrage sur la topographic
de la capitale et sur le Grand Palais en particulier, c'est le Livre des
cérémonies, compilation faite par Constantin VII Porphyrogéndte (912-
969) “Exleais cig Bacthelov sé£ewe, Bonn, 1828; PG, CXII; A. Vogt,
Le Livre des cérémonies, t. I et II et Commentaires, Paris, 1935, 1940.
L’ouvrage du Porphyrogénéte se compose de textes anonymes rédigés
& diverses époques.
Parmi les auteurs byzantins les plus anciens il faut citer les deux
historiens Socrate ot Sozoméne (ve s.), PG, LXVII; Zosime (ve s.),
Bonn, 1837; Leipzig, 1887, important pour la description de la ville
constantinienne ; Procope (vi® s.), Mepl xriopecwv ou De aedificiis, Bonn,
1838 ; Leipzig, 1913, dont le premier livre décrit les monuments de la
ville eb de la banlieue construits ou restaurés par Justinien ; Agathias
(vie s.). Bonn, 1828 ; PG, LKXXVIII ; Jean Malalas (v1® s.), Bonn, 1831 ;
PG, XCVII; Théophylacte Simocattas (vie s,), Bonn, 1834, Leipzig,
1887; le Chronicon Paschale ou Aleaandrinon, écrit peu avant 641,
Bonn, 1829 ; PG, XCII; Constantin le Rhodien (cf, Th. Reinach, Com-
mentaire archéologique sur le poéme de Constantin le Rhodien, REG, 1X,
1896). N’oublions pas deux auteurs latins Idace (v®s.), Fastes consulum,
PL, LI, el le comte Marcellin (vi® s.}, Chronicon, PL, LI.
A parlir du 1x® siécle, ce sont surtout les chroniqueurs qui fournissent
de nombreux renseignements topographiques Théophane le Confessour
(x® s,), Bonn, 1839-1841 ; PG, CVIII ; Leipzig, 1883-1885 ; le patriarcheXVIII CONSTANTINOPLE BYZANTINE
Nicéphore (2x® s.), Bonn, 1837; PG, C; Leipzig, 1880; Georges Moine
(ix? s,), Bonn, 1837; PG, CIX ; Leipzig, 1904; Léon le Grammairien
(ixe s.), Bonn, 1842; PG, CVITI; Théophane continué (xe s.), Bonn,
1834; PG, CIX ; Léon Diacre (x° s.), Bonn, 1828 ; PG., CXVII ; Génésius
(x® 5.), Bonn, 1834; PG, CIX; Syméon Magistor (x* s.), Bonn, 1837
PG, CIX ; Théodose de Méliténe (xi* s,), éd. Tafel, Vienno, 1859 ; Jean
Skylilzds (x1° s.) ot Georges Cédrénus (xm® s,), Bonn, 1838-1839 ; PG,
CXXI-CXXII ; Nicéphore Bryennios (xu°s.), Bonn, 1836 ; PG, CXXVII ;
Anne Comnéne (x1 s.), Bonn, 1889-1878 ; PG, CXXX1 ; Leipzig, 1884 ;
éd. Leib, Paris, 1937-1945 ; Michel Glycas (xu® s,), Bonn, 1836; PG,
GXLVII; Michel Attaliates, (xu s,), Bonn, 1853; Jean Zonaras
(x1 s.), Bonn, 1841-1897; PG, CXXXIV-CXXXV Leipzig, 1884;
Josl (début du xine s,), PG, GKXXIX; Nicétas Choniatds (début du
xint s.), Bonn, 1835; PG, CXXXIX; Georges Acropolite (xm s.),
Bona, 1887; PG, CXL; Leipzig, 1903; Georges Pachymére (x11° s.),
Bonn, 1885; PG, CXLIII-CXLIV Nieéphore Calliste Xanthopoulos
(xiv? s.), PG, CXLV-CXLVII ; Jean Cantacuzine (x1v® s,), Bonn, 1828-
1832; PG, CLIILCLIV; Nicéphore Grégoras (xiv? s.), Bonn, 1829-
1855; PG, CXLVIIL-GXLIX; Michel Ducas (xv° s.), Bonn, 1834;
PG, CLVIT ; Georges Phrantzés (xv° s.), Bonn, 1838 ; PG, CLVI ; Leipzig,
1935; enfin Anonyme de Sathas (Acta el diplomata graeca medii aevi,
VII, Paris, 1894), qui n'est autro quo Théodore Scoutariotés, métropolite
de Cysique (of. A. Heisenberg, Analelta. Mitteilungen aus italianischer
Handschriflen byzanlinischer Chronogrophen, Munich, 1901, 3-18, et
Georgii Acropolitue Opera, Leipzig, 1, 1903, p. xxv).
Bien qu’elles soient souvent farcies de légendes, los vies des saints
renferment toutefois des renseignements précieux sur les monuments de
la ville Acta Sanctorum ct Analecta Bollandiana, des Bollandistes de
Bruxelles ; Théophile Ioannou, Mynyeta dywohoyuxd, Venise, 1884, elc.,
Par contre, les encomia ou panégyriques sont trés souvent déccvants a
cel égard, Signalons encore les Synaxaircs, dont le principal, celui de
Sirmond, a élé édité par le P. H. Delehaye, Synazarium Ecclesiae Cons-
fantinopolilanae e codice Sirmondiano, Acta Sanctorum. Propylaeum
novembris, Bruxelles, 1902; A, Dmitriewskij, Opisanie liturgidesiilch
rukopise], Typika. 1, Kiev, 1895; M. Gédéon, Bulavrwdv éoproAdyiov,
Constantinople, 1899. Enfin il faut tenir compte des Typika ou Chartes
de fondation des monastéres, de la correspondance de certains personnages,
des accords passés entre les empercurs byzantins el les colonies latines,
des actes officiels de ces colonies, qui fournissent. des données précicuses
pour la topographie de Ja ville. Il ne faut pas non plus négliger (pour les
édifiees antérieurs au vir® sidcle) |’ Anthologie Palaline, éd. Fr. Ditbner,
Paris, 1864-1872; P. Walz, Paris, 1928, les lois du Code Théodosien et
du Code Justinien, les Novelles dos empereurs, les Actes patriarcaux
(F. Miklosich ot J, Miiller, Acta ef diplomata graeca medii cevi, I-VI,BIBLIOGRAPHIE XIX
Vienne, 1860-1890), les notes marginales des manuscrits, etc. Enfin les
Actes des conciles sont également une source importante d'information.
II. — Les voyaceurs
Les sources byzantines sont heureusement complétées par les récits
des voyageurs étrangers et des pélerins qu’attirait & Constantinople la
renommée de ses sanctuaires. Rares jusqu’au xur® sidcle, les visiteurs
orientaux et occidentaux se font de plus en plus nombreux dans les
derniers temps de l'empire. J, Ebersolt, Constantinople byzantine et les
Voyageurs du Levant, Paris, 1918, en a donné une longue liste qui est
cependant incompléte. Il note dans son ouvrage ce quiils ont dit des
divers monuments.
Le premier de ces voyageurs qui ait fait part de ses impressions est
VArabe Hfroun-ibn-Yahya, vers 880, dont Ia relation a été conservée
par l'écrivain arabo-persan Ibn Rosteh dans son Kilab al-A‘lak al nafisa
(Livre des choses précieuscs), publié par De Goeje dans la Bibliotheca
geographorum arabicorum, La Haye, 1883, (VII, 119-130). Au siécle
suivant, c'est Liutprand, évéque de Crémone, ambassadeur du roi
Bérenger auprés de Constantin VII, puis de Pemperour d’Allemagne auprés
de Nicéphore Phocas (Anlapodosis ot Legatio, Monumenta Germaniae
historica. Scripiores, t. III), qui donne des détails fort intéressants sur le
Grand Palais. Les croisades permettent aux Occidenlaux de voir de prés
la fastueuse capitale dont le prestige et les richesses les éhlouissent. C’est
ainsi qu’Odon de Deuil, De Ludovici VII Iinere, 1. 1V, PL, CLXXXV et
Guillaume de Tyr, Willelmi Tyrensis archiepiscopi Hisloriae, II, 7;
XX, 23, Recueil des Historiens des Groisades, t. I, 1, p. 81-83; t. I, 2,
p. 983-985, enrichissent notre documentation. Toujours au x1® sitcle,
l’Arabe Edrisi (Géographie d’ Edrisi, trad. par P. A. Jaubert, t. IL, Paris,
1840) et le rabbin Benjamin de Tudéle (Voyage, La Haye, 1735) savent
également voir et décrire, Vers 1190, un anonyme anglais, dont S. G.
Mereati a publié le texte (Saniuari e reliquie Cosiantinopolitane secondo
il codice ottoboniano latino 169 prima della conquista lalina (1204), Rendi-
conti della Ponlificia Accademia Romana di Archeologia, vol. XII, 1936),
s'intéresse surtout aux églises et précise la position de plusieurs d’entre
elles. Dix ans plus tard, commence, avec Antoine de Novgorod, la série
des pélerins russes qui se succéderont jusqu’é la fin de l’empire (B. de
Khitrowo, Itinéraires russes en Orient, Genéve, 1889). Sans doute ils se
préoccupent avant tout des sanctuaires et des reliques, mais ils fournissent,
aussi des renseignements inédits. Geoffroy de Villehardouin, La conquéle
de Constantinople, éd. Natalis de Wailly, Paris, 1872, et Robert de Glari
(cf. Ch. Hopf, Chroniques gréco-ramanes inédites ou peu connues, Berlin,
1873) on donnent d’autres au xim® siécle. Au début du xrve, l’ArabeXX CONSTANTINOPLE BYZANTINE
Aboulféda (Géographie d'Aboulféda, trad, par M. Reinaud, UL, Paris,
1848) consigne ce qu'il a vu de remarquable, imité quelque temps plus
tard par Ibn Batoutah (Voyages d'Ibn-Baloutah, texte et traduction par
C, Defrénery et B, R. Sanguinetti, Paris, 1854). Enfin, en 1403, Ruy
Gonzalez de Clavijo, ambassadour d’Honri III, roi de Castille et de
Léon, auprés de Timour Leng (Tamerlan) (Historia del gran Tamorlan
ilinerario del Viage y Relacion de la embajada que Ruy Gonzales de
Clavijo le higo por mandato dato del muy poderose Rey y Seiior Don Enrique
Terccro de Casiilla, Madrid, 1582; 2° éd., 1782); en 1420, le Florentin
Christophore Buondelmonti (Liber Insularum Archipelagi, éd. L. de Siner,
1824 ; version grecque tirée d’un manuscrit du Sérail éditée par
E, Legrand, Description des tles de l’Archipel, Paris, 1897; G, Gerola,
Le vedute di Costantinopoli di Cristoforo Buondelmonti. Studi bizantini
e neoellenici, Rome, III, 1931); on 1432, Bertrandon do la Broquiére
(Ch. Schefer, Le Voyage d'Outremer de Bertrandon de la Broquitre, Paris,
1892) et en 1437-1438, l'espagnol Pero Tafur (Andagas ¢ viajes de Pero
Tofur por diversas partes del mundo avidos, 6a. D. Mareos Jimenez de la
Espada, Madrid, 1874) nous livront les dernigres données purement
byzantines sur la ville impériale, dont ils signalent d’ailleurs Pétat de
déergpitude.
Les sources de renseignements ne sont pas épuisées aprés la chute de
VEmpire byzantin, car on en trouve encore d’importantes dans les récits
des voyageurs qui ont visité Constantinople aprés Vinstallation des
Tures. Nous ne pouvons citer que les principaux. Le plus important est
Pierre Gylles, qui y a séjourné plusicurs années, de 1540 & 1547 el en 1550 ;
il a laissé De Bosporo Thracio libri tres, Lyon, 1561, et De topographia
Constantinopoleos et de illius antiquitatibus libri quatuor, Lyon, 1561.
On rencontre ensuite Augier Ghislain de Busbeoq, dont l'ceuvre, Minera
Constantinopolitanum ef Amasianum, Anvers, 1582, cut de nombreuses
édilions. Toujours au xvi® sidcle, c'est Stephan Gerlach, chapelain de
Vambassade d'Allemagne en 1573 (cl. M. Hafenrefler, Oratio funebris
in obilum reverendi ef clarissimi viri D. Stephani Gerlachii, Tubinguc,
1614; cet opuseule renferme une Episiola ‘OSouropuch de Gerlach) ; citons
encore de celui-ci son Tagebuch, Francfort a. M., 1674, Son compagnon
Martin Crusius a publié sa Turcograecia, Bale, 1594, tandis que Johann
Loevenklau (Leunclavius) écrivait les Annales sullanorum Othmanidarum,
Bale, 1594, Francfort, 1598. Dilich, qui séjourna 4 Constantinople a la
fin du xvré siécle et au commencement du xvue, publia une Higendlliche
Kurlze Beschreibung und Abris der weitiberiihmlen heyserlichen Stadt
Conslantinopel, Cassel, 1606, Evlija efendi visita et étudia la ville en 1634
(Narrative Travels in Europa, Asia and Africa in the seventeenth century,
dead. from turkish by the Ritter J. von Hammer, 1, Londres, 1834, De Mont-
conys est a Constantinople en 1648, Journal des Voyages de M. de Moni-
conys publié par le sieur de Liergues, son fils, Lyon, 1665, Antoine GallandBIBLIOGRAPHIE XI
accompagne le marquis de Nointel, ambassadeur de Louis XIV,
Ch. Schefer, Journal d’Antoine Galland pendant son séjour @ Conslanii-
nople 1672-1673, Paris, 1881. Guillaume-Joseph Grelot publie la Relation
nouvelle d'un voyage a Constantinople, Paris, 1680, Jcan-Baptiste
Tavernier donne Les siz voyages de J~B. Tavernier en Turquie, en Perse
el aux Indes, Paris, 1677. L'Anglais John Covel est 4 Constantinople &
peu pris la méme époque, J. Théodore Bent, Ealracls from ihe diares
of Dr John Covel 1670-1679 dans Early Voyages and Travels in the Levant,
The Hakluyt Society, Londres, 1893. L’abbé italien Sestini visite la ville
cn 1778 : Lelires de 'abbé Dominique Sestini a ses amis de Toscane pendant
le cours de ses voyages en Italie, en Sicile ol en Turquie, traduites par
M. Pingeron, Paris, 1789. Le comte de Choiseul-Gouffier, ambassadeur
de Louis XVI, a laissé un Voyage pitloresque dans ? Empire oltoman, en
Gréce, dans la Troade, les fles de l’Archipel et sur les céles de l’ Asie Mineure,
Paris, 1842, Tl avait des collaborateurs, comme Frangois Kautfer, qui
leva le plan de la ville, ct JB. Lechevalier, qui publia le Voyage de la
Propontide of du Pont-Eucin, Paris, an VIII. A la fin du xvine sitcle,
, Comidas de Carbognano donne la Descrizione topografica dello stato
presente di Costantinopoli, Bassano, 1794. Au x1xe siécle, on rencontre
Pouqueville qui publie son Voyage en Morée, 4 Constantinople, en Albanie
et dans plusieurs autres parties de Uempire ottoman, Paris, 1805 ; Ch, Per-
tusier, qui donne les Promenades pittoresques dans Constantinople el sur
les rives du Bosphore, Paris, 1815, avec un atlas, Paris, 1817 ; Joseph von
Hammer, qui réunit les documents pour son ouvrage Conslanlinopolis
und der Bosporos, Pesth, 1822, etc.
TI. — Les Travaux D'ENSEMBLE
On a beaucoup écrit sur Constantinople. Nous ne saurions donner Ia
liste complate des ouvrages et articles, d’ailleurs de valeur inégale, publiés
depuis plusieurs sidcles. Nous nous contenterons d’indiquer les princi-
paux qui peuvent contribuer plus utilement a faire connattre la ville
byzantine.
P. Gyuues, De Bosporo Thracio libri tres, Lyon, 1561 ; De topographia
Constantinopoleos ef de illius antiguilatibus libri, quatuor, Lyon, 1561.
Cu. pu Frese pu CancE, Constantinopolis christiana seu descriptio
urbis sub imperatoribus christianis libri qualtuor, Paris, 1682.
J. von Hamann, Constantinopolis und der Bosporos, 2 vol., Pesth,
1822,
Constantios (Patriarche), Kavoravrwds nothark xott vewrépa, Hror
meprypaph Kaveruvrvourddcwc, Vienne, 1824 une seconde édition
grecque a paru a Constantinople en 1844; il existe aussi une éditionXx CONSTANTINOPLE BYZANTINE
frangaise Conslantiniade ou description de Consiantinople ancienne ef
moderne, Constantinople, 1846,
Conte ANDREossy, Constantinople et le Bosphore de Thrace, Paris,
1828,
Sc. Byzanrios, Kavorayrwobnoktc. ‘H neprypagh tomoypaguch, deyat-
odoyexh xa Lotopixh tie tatyng mepiavvpotérys peyarondrcws, t. I et
II, Athénes, 1851, 1862.
M. I. Gépton, Kevotavtwotmortg dans le Ackmdy ‘Iotoplag xat
Tewypaglug de Boutyras et Karidés, t. III et IV, Athénes, 1881.
F. W. Uncer, Quellen der byzantinischen Kunsigeschichie, Vienne,
1878.
A. G. Paspari, Butavewel werérou, Constantinople, 1877; T& Butav-
vk dvexrope ual ro née adriiv iSpdyera, Athénes, 1885.
A. D. Morprmann, Esquisse topographique de Conslantinople, Lille,
1892.
E. Osersummen et W. Kuprrscrex, Byzanlion, Real-Encyclopadie
Pauly-Wissova, III, 1116-1158.
J. P. Ricwmr, Quellen der byzantinischen Kunsigeschichte, Vionne,
1897.
D. J. Buetsanv, Byzanlion, I, 11, dans Zapiski imperatorskago russkago
archeologiteskago obgéestua, t. V, VI, nouvelle série, Pétrograd, 1892,
1893 ; Byzaniion, III, dans Zapiski classiteslkago oldjelenija imperator-
skago archeologiteskago ob3éestoa, t. VI, Pétrograd, 1907.
W. Sauzenberc, Alt-chrislliche Baudenkmdler von Constantinopel,
Berlin, 1877.
G. Guntur, Die Baukunst Konsiantinopels, Berlin, 1907.
AL. vAN Mituincen, Byzantine Constantinople. The Walls of the Cily
and adjoining historical Sites, Londres, 1899.
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TV, 963-1013.
E, Bouvy, Souvenirs chréliens de Constantinople et des environs,
Paris, 1896.
Dom H. Lecuraco, Byzance, Dictionnaire d'archéologie chrélienne el
de liturgie, 11, 1363-1454,
L. Bréutur, Byzance, Dictionnaire d'histoire of de géographie ecclé-
siaslique, X, 1501-1511.
M. L. Gépton, Kavoravewobmontc, Meydin éddnvuch éyxuxomadela,
XV, Athénes, 1931, 596-626.
A.-M. Scunewer, Byzanz. Vorarbeilen zur Topographie und Archdo-
logie der Stadt {Istanbuler Forschungen), Berlin, 1936.
Parmi les ouvrages de vulgarisation citons, en dehors des Guides:
P. A. Dursien, Der Bosporos und Constanlinopel, Vienne, 1873.
H. Barra, Constantinople (Les villes d'art célebres), Paris, 1903.BIBLIOGRAPHIE, soa
Warwick Goppe et AL, van MILLINGEN, Constantinople, Londres,
1906.
C. Guruirr, Konsiantinopel, Berlin, 1908.
W. H. Hurron, Constantinople (Medieval Towns), Londres, 1909.
Dsetat Essap, Constantinople. De Byzance 4 Stamboul, Paris, 1909.
Cx, Drext, Constantinople (Les villes d’art célébres), Paris, 1924.
IV. — Lug PLANS ET LES VUES A VOL D’OISEAU
Dans sa Vie de Charlemagne Eginhard rapporte que par son testament
le grand empereur Iégua & la basilique Saint-Pierre de Rome une table
d'argent carrée représentant la ville de Constantinople, B. Caroli Vita,
PL, XCVII, 60.
Le plan moderne le plus ancien que l'on connaisse est celui de Christo-
phore Buondelmonti dans son Liber Insularum Archipelagi (1422). Ce
n’est qu’une vue a vol d’oiseau indiquant avec plus ou moins d’exactitude
Yemplacement des principaux monuments. Il se conserve en plusieurs
manuscrits différents (cf. G. Gerola, Le vedute di Costantinopoli di Cristo-
Phoro Buondelmonti. Studi bizantini e neoellenici, III, 247-279.
Aprds la conquéte turque on rencontre un plan imprimé entre 1566
et 1574, mais dont V'archétype doit avoir ét¢ composé sous Mahomet II,
Caedicius =A. Mordtmann, Ancien plan de Constantinople imprimé
entre 1566 et 1574 avec notes explicatives, s. d. Il faut signaler aussi la vue
& vol d’oiseau publiée par Hermann Schedel dans sa Weltkronik, Nurem-
berg, 1493, puis celle que dessina Jérome Maurand au milicu du xvi® siécle,
Ja vue monumentale de Stamboul que pri Melchior Lorch ou Lorichs
de Flensbourg (1557), Une quinzaine d’années plus tot avait paru l'ceuvre
d@un auteur ture, Nasuh es-Salihi el-Matraki racontant les campagnes
de Soliman le Magnifique en Irak. Son récit est accompagné de vues &
vol d’oiseau des villes traversées par l’expédition. Celles de Stamboul
et de Galata fournissent des renseignements précieux, A. Gabriel, Les
étapes d’une campagne dans les deux Iraks (1537-1538), Syria, 1928,
pl. LXXV et LXXVI. Salomon Schweigger, qui résida 4 Constantinople
de 1578 4 1581, dessina une vue A vol d’oiseau de Stamboul, ainsi que le
patriarcat grec alors A la Pammuacaristos. A la méme époque, un autre
Allemand, Michel Heberer de Bretten, un Italien, Giuseppe Rosaccio,
un Flamand, Wilhelm Dilich, prennent des croquis de méme genre.
Le premier plan levé selon les régles de la cartographie est da a l’ingé-
nieur hongrois von Rebon (édition de Homann's Erben, Nuremberg,
1764), mais il ost bien inférieur & celui que Fr. Kauffer leva en 1776 et
qu'il corrigea en 1786. Sous sa forme originale on le trouve dans le Voyage
pittoresque de la Gréce de Choiseul-Gouffier, t. II, et dans le Voyage de la
Propontide de J.-B. Lechevalier, Paris, 1800.XxIV CONSTANTINOPLE BYZANTINE
Les byzantinistes modernes ont essayé de dresser le plan de la ville
ancienne suivant leurs connaissances. P. A. Dethier en a donné un,
asscz fantaisiste, dans son ouvrage Der Bosporos und Konstantinopel,
Vienne, 1873, Gelui d’A. D. Mordtmamn, dans son Esquisse topographique
de Constantinople, Lille, 1892, est bien meilleur, quoique victime encore
des erreurs topographiques de I’époque. Celui de Meyer adopté par
Oberhummer dans son article Gonstantinopolis de la Real-Encyclopadie
Pauly-Wissowa, IV, 1892, roproduit celui de Mordtmann avec quelques
corrections de détail. Al, van Millingen ’améliore un peu dans sa Byzan-
tine Constantinople, Londres, 1899. E, M. Antoniadés, "Exppuatc tic:
‘Aylag Zoplac, 1907, s’en inspire également, mais il y introduit quelques
améliorations en tenant compte des travaux scientifiques de ses contem-
porains, La carte publiéc par Th. Preger A la suite de son ouvrage
Scriptores originum Constantinopolitanarum, Leipzig, 1907, est trés som-
maire et se référe uniquement au texte du pseudo-Codinus. En 1909,
Djélal Essad suit les traces d’Antoniadés, mais la transcription des noms.
byzantins laisse beaucoup & désirer. Dans son Guide de Consianiinople
E. Mamboury public une carte de Ja ville byzantine qui marque un
progrés sur certains points; par contre on y retrouve bien des erreurs
devenues en quelque sorte classiques et une facheuse transcription des
noms grees et latins. En 1936, A.-M. Schneider domne & la suite de son
ouvrage Byzanz, Vorarbeiten une carte grossitrement dessinée qui brille
surtout par Vabsence d'indications Lopographiques. En 1937, M. Is.
Nomidis édite en grec sous Ie pscudonyme de Misn une Carle topographique
el archéologique de Consiantinople au moyen age (6dition frangaise en 1938,
allemande en 1939), ainsi que la carte (en grec) des murs terrestres avec
les inseriptions (1938). Ces cartes, fort bien dessinées, reproduisent tou-
jours les erreurs traditionnelles, Celle qui illustre l'article de M. I. Gédéon,
Kavoravewobmohig dans la Meyda eddyvuch éyxuxdonadela, t. XV,
p, 607, est & notre avis la meilleure qui ait paru jusqu’ici, bien qu'elle
retienne encore nombre d’erreurs qui auraient pu étre corrigées. Nous
espérons faire micux dans la présente étude, sans nous flatter d’avoir
pleincment réussi,
V. — BrpiiocRaPHIE GENERALE
On trouvera la liste des ouvrages & consulter dans Particle
@E, Oberhummer, Consiantinopolis, Real-Encyclopddie Pauly-Wissowa,
IV, 963-1013, et surtout dans louvrage du D¥ Arif Mifid Mansel, Tir
kiyenin Arkeoloji, Epigrafi ve Tarihi Cografyast igin Bibliyografya (voll.
Tiirk Tarth Kuramu Kaytnlarindan, X11 Seri, n° 1), Ankara, 1948, 435-
BIS. Celte bibliographic, abondante quoique incompléte, indique les
travaux parus jusqu’en 1942 (généralités, murs et portes, quartiers,
églises et monastéres, hippodrorne, colonnes, palais, aqueducs, canalisa~
tions, fontaines, bains, monuments funéraires, inscriptions, banlieue).ABREVIATIONS
Acta SS, = Acla Sanclorum, édition des Bollandistes, Bruxelles.
AIZ = A. Papaporoutos-Krramnus, ’Avéexta tepooohuputixiis orayvo-
Aoylac, Saint-Pétersbourg, 1891-1898.
An. Boll, = Analecita Bollandiana, Bruxelles.
BCH = Bullelin de Correspondance Hellénique, Paris.
BH =M, I. Gédéon, Butavawdy éopzordyiov, Constantinople, 1899.
BIRC = Bulletin de VInstitut archéologique russe de Constantinople,
Sofia.
BNGI = Byzanlinisch-Neugriechische Jahbiicher, Berlin.
Bonn = Corpus seriptorum historiae byzantinae, Bonn.
BT =P. Gyiues, De Bosporo Thracio, Lyon, 1561.
Byz. Ven. = Byzantine de Venise.
Sc. Byzantros = Sc. Byzantios, Kavorvavrwobmodg, Athénes, I et II,
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Chron. Pasch. = Chronicon Paschale.
Comrr ManceLtin = Comte Mancexiin, Chronicon.
H. Duxeuayr, Deux typica = H. Delchaye, Deux typica de Pépoque des
Paléologues, Bruxelles, 1902.
Ducancz = C. du Fresne du Cange, Consiantinopolis christiana.
EB = Fiudes byzantines, Paris, 1941-1945.
EEBY = ’Enernple éraipelag Bulavrwav onovdév, Athénes.
EO = Echos d’ Orient, Paris, 1897-1940.
EOS = ‘Enrnvinde qudodoyinds obdoyos, Constantinople, 1863-1921.
G. Gunota, Le vedute = G. Grnota, Le veduie di Cosiantinopoli di Cristo-
foro Buondelmonti, Siudi bizanlini ¢ neoellenici, Rome, III, 1931.
Heisenserc, Mesarites = A. He1sensenc, Nikolaus Mesariles. Die
Palast Revolution des Johannes Comnenos, Wirzbourg, 1907,
IB = A. Papadopoulos-Kerameus, ‘Iepoaohvureuch Br6AtoOyxn. Saint-
Pétersbourg, 1891-1915.
Jdl = Jahrbuch des Deulschen Archdologischen Instituts.
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Landmauern (Die) = B. Meven-Pratn et A.-M. Scunetpen, Die Land-XXVI CONSTANTINOPLE BYZANTINE
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Reiches), U, Berlin, 1943.
Manst = Manst, Sacrorum conciliorum amplissima collectio,
MB =Sathas, Mecwuvoch @:6ho0%xn, Venise et Paris, 1872-1894.
Manoatt, Santuari =8.G.Muncatt, Santuari e reliquie Costantinopolitane
‘secondo il codice oltoboniano latino 169 prima della conquista latina
(1204), Rendiconti della Pontificia Accademia Romana di Archeolo-
gia, vol. XII, 1936. i ;
MM. = Fr, Mixxosicx et J. Mutter, Acta et diplomata graeca medii
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Monptwann, Esquisse = A. D. Mordtmann, Esquisse lopographique de
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C. Miunr, Fragmenia = C. Minumr, Fragmenta hisloricorum graecorum,
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OC = Orientalia christiana, Rome.
Pap-Ker. = A. PAPADOPoULos-KEnamaus.
PG = Patrologia graeco-latina, édition Migne, Paris.
PL = Patrologia latina, ddition Migne, Paris.
Ta, Parcrr = Tu. Precnn, Seriplores originum Consiantinopolitanarum,
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REB = Revue des Eludes byzanlines, Paris, 1946 sq.
REG = Reoue des tudes grecques, Paris.
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Ricuren = J. P, RicuTen, Quellen der byzanlinischen Kunstgeschichte,
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Scutumpencer, MA = G. ScHLumpEacer, Mélanges d'archéologie byzan-
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Scuuumpencen, Sigillographie = G. Scurumptrcrn, Sigillographie de
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E, Scuwanrz = E. Scuwarrz, Acta conciliorum oecumenicorum, Berlin.
Sib = Siudi bizaniini e neoellenici, Rome.
Syn, CP =H, Dewewayr, Synazarium Conslantinopolilanum. Acta
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Syroroutos = Synorovtos, Historia concilii Florentini, édition Creygh-
ton, La Hayo, 1660.
Taret eb Thomas, Urkunden = Fr. Tare und M, Tuomas, Urkunden
zur dlleren Handels- und Slaalgeschichle der Republik Venedig, Vienne,
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TC =P. Gunes, De topographia Consiantinopoleos ef de illius antiqui-
lalibus, Lyon, 1861.
Tafopose pe Méuirins = Tufopose pe Méurinz, Chronographia,
édition Fr. Tafel, Vienne, 1859.ABREVIATIONS XXVIE
THEOPHANE = THEOPHANE LE Conrrsseur, Chronographia, édition
G. de Boor, I, Leipzig, 1883.
Typika = A. Dmrrrrmwsxis, Opisanie lilurgitieskikh rukopisej. 1,
Typika, Kiev, 1895.
Uncen =F. W. Uncen, Quellen der byzantinischen Kunsigeschichle,
Vienne, 1878.
Varia = A. Papapopoutos-Keramrus, Varia graeca sacra, Saint-
Pétersbourg, 1909.
Viz. Vrem. = Vizanliiski Vremennik, Saint-Pétersbourg et Léningrad,
depuis 1894,
TRANSCRIPTION DES NOMS TURCS
Nous avons adopté l’orthographe admise lors de la réforme de l’écriture
en 1928, Voici la correspondance pour les lettres qui ont un son différent
de celui qu’elles possédent on frangais
o— dj 1—e mut
¢— tch u—ou
g— g dur é6—eu
& — g aspiré i—u
§— chINTRODUCTION
LA SITUATION GEOGRAPHIQUE DE CONSTANTINOPLE
Si Constantinople a été de tout temps un des carrefours les plus
importants du globe, c’est 4 cause de Ja situation géographique
exceptionnelle dont elle jouit. Le Bosphore qu’elle commande,
la Corne d’Or qui lui sert de port, le promontoire sur lequel elle
s'est établie et développée, ce sont la trois conditions physiques
d’une portée incalculable.
Le Bosphore (Béeropog ou Sreviv, le Détroit, ou encore ‘Petipa,
le Courant). C’est un canal qui fait communiquer la mer Noire
(le Pont-Euxin des anciens) avec la Marmara (ancienne Propontide).
Il est coudé dans sa partie méridionale et rectiligne au nord, Sa
longueur moyenne est de 31 kilométres, pas méme la moitié de
celle des Dardanelles. Sa largeur varie de 550 a 3.200 métres.
Tl coule entre des terrains primaires que ses eaux ont érodés et
qu’elles ont fini par ouvrir. Au-dessus de ses rives" bordées de
Kiosques, de palais, de jardins, s'élévent, tantét abruptes, tantéot
douces et sinueuses, les pentes des collines. On peut supposer que
ces collines formaient jadis un seul et méme massif ; la chatne du
Petit Balkan, qui vient jeter ses derniers sommets dans la région
de Biiyiikdere, a pu, en effet, se souder au massif bithynien de
l’Alemdaja. Le Bosphore se serait donc ouvert lui-méme un chemin
par la force de son courant, complétant ainsi les effets d’un trem-
blement de terre ou d’un grand cataclysme dont les anciens ont
gardé le souvenir.
Chemin fleuri que plumes et pinceaux ont retracé a l’envi.On a
souligné avec complaisance la grace de son relief, qui ne connatt
ni les saillies violentes, ni les fortes altitudes ; le Paradis ou Pointe
de Kabatag, au-dessus de Biiyiikdere, sur la céte européenne,
atteint sculement 250 métres ; sur la céte asiatique, le mont du
Géant n’a que 195 métres; les deux sommets du Bulgurlu, au
pied duquel s’étend Scutari, sont aussi modestes, le grand Gamlica
avec ses 268 métres et le petit Gamlica, haut de 225 miétres ;8 CONSTANTINOPLE BYZANTINE
ailleurs le point culminant de la région, PAydosila
tient a la chatne bythinienne, n’accuse que 541 mé
mamelons sont jetés sans ordre, au bord des eaux ; un gracioux
caprice les a mélés, enchevétrés, découpés, frone's, donnant, insi
naissance aux innombrables caps et criques dont Je littaral est
comme haché ; de la des changements perpétuels dans le panorama
de ses rives; de la ces perspectives inattendues ct déconcertantes
qui, tout & coup, au détour d’un long canal, découpent ou ferment
Vhorizon, faisant des nappes d’eau ainsi emprisonnées comme des,
lacs d’Italie. Ajoutez a ce modelé fantaisiste, A ce lial trés doux
du sol, une végétation toujours luxuriante, en dépit des coupe.
sombres qu’on y opére sans cesse. Le cypris vt Ie platane, los deux
arbres traditionnels de Constantinople, poussenl ivi 4 l'envi, mais
dans leur voisinage verdoient également d'autres essences el des
plus variées : le pin, surtout le pin parasol, Ie sapin, Je hdtre, Te
chéne, le bouleau, J’orme, l’'yeuse, le chataignier, le peuplier, On
rencontre ces essences au grand complet, quand on visite les deux
foréts voisines, celle de Belgrad en Kurope et celle de l’Alemdagn
en Asie.
Les eaux qui baignent ces verts cOteaux, si elles ont parfois
aspect d’un beau lac, ne connaissent cependant jamais le calme.
Sans cesse elles s’agitent. Un courant violent sillonne le Basphore ;
il atteint de 3 45 kilométres 4 I’heure. Il est dd a V’afllux de da
mer Noire dont l’évaporation est plus faible et qui, alimentée
les fleuves puissants des Balkans et de la Russie (Danube, Dniestr,
Dniepr, Don), a besoin de verser dans la Marmara ot la Méditerranée
Je trop plein de ses flots. Il y a une autre cause a cette agitation
du Bosphore : c'est le souffle apre des vents nord-nord-est, qui
s'engouffrant dans l’étroit couloir, y régnent la plus grande partie
de l’année. Le Bosphore prend ainsi les allures du Rhone; il en a,
4 certains jours, toute l’impétuosité. Mais il n’esl. pas, comme Ie
fleuve frangais, servi par de puissants aflluents ; bien mudestes
tous ces ruisselets et torrents qui, A travers d’innombrables vallon
lui apportent leur tribut ; ce sont, pour ne nommer que les prit
cipaux, sur la rive européenne le Flamurdere de B
kéydere, le Baltalimandere, I'Istinyedere, le Biytkdere, le
Sariyardere ; sur la cOte asiatique, le Poyrasdere, le Sullaniere
de Hunkyariskelesi, le Beykosdere, le Cibuklusu, le Biiyiik et Ie
Ktgiksu des Eaux-Douces d’Asie, i
Le grand fleuve marin mel, en communication deux énormes
masses d’eau, le Pont-Euxin ou mer Noire et la mer If (par la
Marmara) ; il sépare deux continents, l'Europe et PAsi
importance n’est pas moins grande aujourd'hui qwaux Comps
anciens. Le chemin de fer de Bagdad, qui a sa téte de ligne
un, qui appar-AMALIE 9
Haydarpaga, tend alurllenient
LAsie occidentale, il Lrouve de fortes concurrences dans I
lignes de Smyrne, PAs andrelte-Alep, de Zonguldak et de Tré-
Izonte, Par ailleurs le rdle de débouché des régions balkaniques
devient de plus en plus faible of restreint, En conséquence, c'est
wt as de la mer Noive et la Méditerranée
qui ire la plus grosse partie du commerce, donnant. ainsi aw
mmarché de Constantinople une valeur exeeptionnelle,
A monopoliser le commerce
La Corned’ Or (Npvatxspas ou plus ordinairement Képag, la Gorne),
Longue (environ UL kilométyes, large on moyenne de 400 mitres,
‘earne Or forme un des phis beaux hassins du monde ; elle
st ligne I Is de sa brillant renommée, Crest le fond
Mun Siu, Sonn sl heureux entre Galata el. la
Pointy du Sérail, on ka voit. stouvrir en un vaste pavillon, tandis
wedela d'Eytip elle replie, engageant pointe Mégante a
ier de. Cerres, ot elle vient sep grands:
res S'embanehent an fond de ee repli; e a gauche
PAlibeysu (ane, Cydaros), a droile le Kagathanesu (ane, Barbyzés
Le premier nail eb se développe dans In région de Hoklue
vutkiy-Bogazkiy, revevant sur sa droit
de Paquedue de Juslinien, le Cebevikéysu, i Alibeykéy, le Nited
kéysu j sur sa gauche, an nord de ce mene aquedue, Ie Taghdere,
puis, plas loin, le Pribolitzadere et le Cobandere, Le hassin du
Kagithanest’ mest pe moins Hlendu «UC moins riche; son cour,
d'eau est forme i renident des hauteurs sil
ud PAkpunar autres allluents, sur :
whe, Te Davutpig » Pagadere, Ie premier environ
un kilomélre ef demi au nord de Pyrgos, le second, & peu pros A
ménue distanes an sid de ce village en descendant
Kagithane, VAya . La vallée ot il serpente, de Icagithane
noembouehure, tine les Eaux-Douces d'Europe. Ainsi le.
Muents, alee la Corne d'Or sillonnent de leur cours et de celui
s qui les grossissenl, & peu pros toute
Ml a une part, eee el Dei
au
la région omy
dante part
conduite de
soptentrio
Ce dernier se gre
embouchure, du Biilbilde:
y et le Kasunpagasn,
Sache un peu avant s
La presqu’ fanbul et son relief. ‘engageant a Vintd-
rieur des ane Or a découpé au sud une large presqu’tle
en Corny (14, sol gontlé d'histaire, Massielte
de Fanvienne ville, Les topographes la raménent & la figuee un10 CONSTANTINOPLE BYZANTINE
; ils prennent pour bases, d’une part unc ligne Yedikule-
Bee de Teta! la parallele joignant la Pointe du Sérail a de
Topkap: et le Phare de Gilhane ; ils tracent les deux autres cles,
avec la ligne Eyiip-Topkapy et la ligne Yedikule-Phare de Gilhane.
La base de Yedikule-Eyip mesure 6 kilométres 400 miétros, Ia
base Topkapt-Phare de Giilhane 1 km., 300 ; la hauteur du Lrapize
donne environ 5 km., 500, Avec sa pointe arrondi¢e au nord-est
et sa courbe rentrante qui suit la Gorne d’Or, la presqu’tle & la forme
d'un bonnet phrygien. Les voyageurs du moyen Age usaient de
comparaisons plus gracieuses. Odon de Deuil, abbé de Saint-Denis
et de Saint-Corneille de Compidgne, qui accompagnait Louis VII
le Jeune pendant la deuxiéme croisade, disait de Constantinople
qu'elle ressemble & une voile de navire Constantinepolis, ( Fraecu~
rum gloria, fama dives ef rebus ditior, ad formam veli navalis in
trigonum ducitur?.
Le relief de la presqu’tle est d'un modelé a la fois légant et.
riche. Il contraste singulitrement avec les mornes conLréus de
la Thrace orientale dont elle fait partie et offre l’aspect d'une
véritable oasis. Quand on la contemple du haut des remparts
théodosiens, d’Edirnekapi (Porte d’Andrinople) ou de Topkayn,
on voit devant soi Je sol qui ondule, semé de cyprés, de minarets
et de coupoles. Sur la gauche, d’Edirnekapi a la Pointe du Sérail,
on voit bien alignés le long de la Corne d’Or six mamelons : er: sont,
les six collines antiques. Sur la droite, on apergoit des hauteurs
trés douces réduites en un seul bloc pour former la septitme colline
de la ville et compléter le septimontium qui donne A Constanti-
nople une ressemblance de plus avec Rome. Ainsi deux ch
montueuses, deux épines dorsales forment l’ossature de
Tune s’étendant au long de la Corne d’Or, avec se:
Yautre jetée au bord de la Propontide avec son amalgame d'acvi-
dents. Il manque 4 la ville aux sept collines un fleuve pour com-
pléter la ressemblance avec Rome ; un modeste cours d'eau on
tient lieu ; c'est le Lycus, dont les rives verdoyantes séparent les
deux chaines. Mais la Corne d’Or est un merveilleux moyen de
communication en méme temps qu’on ornement incomparable.
Les sept collines. — La premiére colline se compose dt "éperon
gigantesque que Stamboul enfonce dans la mer ’ entrée du Bos-
phore. Elle est sacrée entre toutes. Elle a porté la cité primitive
avec son acropole et ses hauts lieux; elle porte aujourd'hui le
Sérail, Sainte-Sophie, I'Atmeydam, la mosqués d’Almet, :"ust-
a-dire l'avant-sctne de Ja ville, et tout ce décor de murailles rises
(1) De Ludoviei VII Juntoris Minere, IV ; PL, CLXXXY, enl. 1LA SITUATION GROGRAPIIQUE 11
, de coupoles bleudtres, de blancs minarets, de cyprés
qui fail une si vive impression sur le voyageur qui
: par voice de mer, Cetle premiére hauteur est la plus vaste
des six qui s'alignent le long de la Corne d'Or; elle s’étond de
Sirkeci au nord jusqu’au-dessus de Kadirgalimam au sud. Elle
forme, a l’oxtrémité de la chatne A laquelle elle appartient, comme
un renflement ¢minemment propice A I’établissement d'une cité.
TL est naturel qu'on en ait fait le berceau de Constantinople.
La deuxiéme colline porte 4 son sommet la Colonne Brilée et
Nurosmaniye ; 4 lest, elle est. s¢parée de la premiére colline par
une dépression de terrain assez forle, une vallée qui s’étend de la
Préfecture (ancienne Sublime-Porte) & Yenivalidecami et d Emi-
nin; & Pouest, court une seconde vallée, celle du Grand Bazar,
qui marque la séparation entre la deuxitme et la Lroisidme colline ;
¢ aujour@hui PAyasofyameydam (Place de
ophie) avec la Golonne Bralée, fait ainsi communiquer le
plateau de la premiére colline avec celui de la deuxidme ; ses pentes
sont assez roides, moins roides cependant que celles qui montent
d’Eminénit ad la Colonne Bralée.
Le plateau de la troisitme colline est doming par l’ancien Seras-
kerat (Ministére de la Guerre), devenu l'Université depuis 1924,
Tl porte en bordure les mosquées de Boyazit an sud, de Sileyman
le Magnifique au nord; ses pentes méridionales s'étendent de
Kumkap & Langabostam ; au sud-ouest, Aksaray fait la sépara-
ration entre la (roisiéme et la septidme colline, Landis qu’d louest
Sahzade met en communication la troisitme et la qualritme
colline par des pentes trés douces que franchit Paqueduc de Valens
et d’ot se forment, an sud la route d’Aksaray, an nord, les rues
menant au pont du Gazi.
La mosquée du Conquérant (Fatih) se dresse sur la quatriémo
colling, au milivu d’une vaste esplanade. Au nord ¢t au nord:
Eskiimareteami (anc. Sauveur Pantepople) eb Zeyrekcami (an
Pantocrator) commandent les hauteurs qui dominent la région
du pont du Gazi ; au sud, les pentes du plateau s'inclinent vers la
vallée du Lycus et vers Aksaray ; c’est la région d’Atikalipaga.
Fenerisamescid (anc, monastére de Lips) est a la deseente de ces
pentes, au bord du Lycus, dont les deux rives en cot endroit portent
le quartier dit de I’Etmeydam, ou Marché des viandes, l’ancien
quartier des janissaires.
C'est le vallon de Gilcami ou Mosquée des Roses (ane. église de
Sainte-Théodosie) qui sépare la quatritme de la cinquidme colline.
Celle-ci_ porte a son sommet la mosquée du sultan Sélim. Elle est
formée des hauteurs assez abruptes qui dominent Je quartior du
Phanar. L'école patriarcale greeque et la petite Fethiyecami (anc.12 CONSTANTINOPLE BYZANTINE
ise de la Pammacaristos) sont encore deux autres points culmi-
ae a cette colline, mais au dela de Fethiyé, la vallée quiméne
4 Balatkapi, sur la Corne d’Or, annonce déja une nonvelle série ile
hauteurs, la sixiéme colline. ar
Celle-ci porte les remparts de la ville et les quarticrs a Idirnekapi
et d’Ayvansaray. Sa configuration est assez irrégulit tantot
elle présente des pentes assez douces, comme dans la région de
Kahryecami (anc. monastére de Chora), aux abords
tant6t elle se hérisse au contraire de sommets aigus, comm
Kesmekaya. I] n'est pas étonnant que ce coin de Gon:
ait formé, de trés bonne heure, une petile cité a 4 avec son
enceinte particuligre ; la nature en avait déja fait une position
privilégiée. :
Du quartier d’Aksaray aux remparts s’étend le large miassif
qui a formé la septidme colline. On a déja dil. quil avait la forme
d'un triangle. Ses sommets peuvent en effet se marquer par les
trois points suivants région de Topkapi, Aksaray cl. Yedihule.
Du sommet d’Aksaray partent deux artéres urbaines lune se
dirige vers Topkapi, en suivant le cété septentrional du massif et.
parallélement au cours du Lycus ; l'autre conduit. & Yedikule
les quartiers d’Avretpazar et de Samatya, et suit. le versant m
dional de la chatne et le littoral de la Marmara. Le centre dere
triangle est le Cukurbostan (citerne de Mocius), au nord d’Alli-
mermer (Eximarmara).
Les deux centres géographiques de la presqu’ile. — La seplidmir
colline est s¢parée de la troisiéme, de la quatriéme, de la cinquidme et,
de la sixiéme par le Lycus. Ce cours d’eau n’a rien re saw
de terrible, comme son nom (le Loup, Avxoc) pourrail. Ie |:
entendre. En dehors des fortes pluies de février qui Ie font. souvent.
déborder, il est trés modeste, n’ayant aucun allluent, Descendu
des hauteurs de Topciler, petite campagne des cnvirons de la
porte d’Andrinople, il pénétre dans la ville sous le rempart, entre
Edirnekapi et Topkapi. Il s’en va, portant la fécondité au long des
collines, transformant ses rives en « Nouveau Jardin, Yenihahiee »,
comme dit le peuple de Constantinople pour désigner Ie cur de
la petite vallée, Son parcours n’a pas plus de six kilométres, Il vient
se jeter dans la Marmara, A Langabostani, apres avoir contourni
les hauteurs d’Avretpazar. La plaine qui avoisine son emhouchure.
porte le nom d’Aksaray (Palais Blanc), peut-étre en souvenir de
celui qu’y possédait l’impératrice Irdne, au début du r le,
C'est un des centres orographiques de la ville, car c’esb 1A, autour
du Lycus, que convergent Jes deux chatnes mattr ale ba
presqu’ile, la premiére avec la troisitme et la quatritme vollines
Ja seconde avec le chatnon d’Avretpazar. De ce fait il est, naturelLA SITUATION — louRAPIgtT: 13
Hagar soit dovenu un neud de communications : a
y abou nit les routes de Yedikule et de Topkapi, et celles
it ef de Sahznde,
sb le quartier de Sahzade qui, aujourd'hui comme autre-
fois, représente le vérilable ombilic (uesépqadov) ile la cité. Salizade
se trouve entre la Lroisidme ct la quatriéme collines, done au contre
de fa plus importante chatne du promontoire. On y rencontre
effectivement toutes les communications voulues — & Pest, ¢’est le
voie de l'Université, de Beyazit et de PAtmeydam, a travers les
erétes de la troisitme, de la deuxiéme ef de la premiére collines ;
au sud, cost, he de. sente ve Ay ek des artéres, par
I; Hines ; 4 Pouest
est la montée vers Balih, par les pentes orientales de la quatritme
colline ; au ne vest roule du oe au (i Assan sow le
Marmara a Tt chrne Wor,
Le relief de la ville,
moyenne de 0 métres, imposent a la ville, en raison de l'étroitesse
deg collines, unr Jong de la chatne
principal lopographie doit en lenir un brs grand compte,
st pourquoi nons ayons estimd tire de dresser une earle
des lignes hypsometriques (earle TV) permetiant de se vendre
comple de Pas p sur lequel la ville élait construile,
tes lignes hypsomélriques sont d'ailleurs reproduiles sur la carte
ale (1). On y verra que dans certaines régions, prineipalement,
sur le versant de da Gerne d'Or, m: ussi sur celui de la Propon-
lide, il existe des pentes assez roides, Candis qu'ailleurs elles sont
mollement dessinées,
Les terrasses, Gelte configuration du terrain a naturellement
conduit les Byzantins A construire de nombreuses Lerrasses perm
fant de donner aux monuments une aire suffisante & leur plein
développement, Gest Boune canstalation quia longtemps échapy
aux archéologues penchés sur le plan de la ville. M. i. Mamboury
a justement fait remarquer, au Congres des Btudes by: :
Brnxollea, en anit 1948, combien cette ignorance portail préjudice
& la connaissance le des lieux!. Ces terrasses byzantines sont
encore nombreu comme on pourra s’en rendre comple en
éluiliant la carte VI. Certaines sont intactes, d'aulres réparées
par les Tures, autres enfin masquées par un mur d'épaque pos
ay M
por tn
rop le
Mamboury a bien youl nous communiguer ta carte
ede It ville comprise dans Penevinte constant
de sin nimable courloisie,4 CONSTANTINOPLE BYZANTINE
rieure qui n’a fait que renforcer celui du temps des Ry
La hauteur de ces terrasses est d’ailleurs trés variable, suivi
pente du terrain. Elle va de quelques métres & peine sur lex i
vités moins grandes jusqu’a une vingtaine le long des pento,
abruptes. C’est ce qui arrive surtout du cdté de In Gorne d'Or, mais
il en est aussi d'importantes du cOté de la Propontide. C'est ainsi
qu’en dehors de celle qui terminait I’hippodrome au sud-ouest,
au-dessus du port Sophien (Kadirgalimam) et qui ne mesurait,
pas moins de 20 métres de haut, on peut en signaler une autre,
presque aussi élevée, qui se voit encore au sud-ouest de ta pla
Beyazit, au-dessus de la plaine d’Aksaray. Comme ‘es [
demandaient de grands matériaux de remblai on y a paré en
aménageant 4 !’intérieur des souterrains dont un certain nombre
étaient des citernes. Cf. carte VI.
Les rues qui montaient de la mer jusqu’au sommet de la chame
de collines passaient naturellement entre terra e dont il
faut soigneusement tenir compte dans le tracé des voiex, Ces rue.
en pente roide étaient assez souvent en escaliers ou en rampe,
inclinées, comme on en trouve tant d’exemples dans les ville.
anciennes.CHAPITRE PREMIER
DES ORIGINES A CONSTANTIN
I, Thraces, Phéniciens et Grecs
1. Les prem habitants, Le bourg de Ligos. Les premier:
vesliges de vivilisation sur les tives du Bosphore ont éLé retrouvés
dans lia banlieur ea de Gonst antinople. La rianfe valléo du
Chalesdon (Kurbagahsn), petit edtier qui deseend de la région
du Kaygdagi, passe a Test de Kadikiy, Vantique Ghaleddoine, et.
se jetle dans Ie golfe de Kalamig, a révélé, ainsi que le plate
dErenkéy, un certain nombre instruments en pierre polie (haches,
poincons) et des débris de verre, Ges instruments, enfouis & pre,
de deux imétres de profondenr, appartiennent a l'épaque néoli-
Uhique ; ils sont absolument. identiques a ceux que Sebliemann a
trouvés dans la premiére ef la plus profonde des cités troyennes
de THisarlike,
A la méme époqu rive curopéenne GLail également habilée.
Elle porte, a Vextrémilé du promontoire formé par la Gorne d'Or,
des murs: lopéens dont on a découvert. les restes, en 1871, lore
dela construction du chemin de fer de Roumélie el, pls récem-
ment, au cours des fonilles entre Corp “Poeeupation
frangais, de 1921 1923. GC serait 1a la plus ancienne aggloméra-
tion humaine formée sur le promontoire. ile semble correspondre
an Lygos dont, parle Pline Ancien Oppidum Byzantium liberae
condicionis antea Lyyos diclum’,
Les populations qui habitaient ainsi les rives du Bosphore étaient
thraces, au dire des hisloriens, Thracos sont les noms de i
villes el de leurs sile. Bosphore, Byzance, Mucaporis, ele. ‘Ther:
Maieul les divinité. qu'elles venéraient. Parmi ‘es dernitres il
His Bilder tom Bosporus, Bospucts,
xx
a AG16 CONSTANTINOPLE BYZANTINE
faut signaler le fameux dieu cavalier dont les représentations sont
nombreuses. La plus grande est celle du relief trouvé a Thessalo-
nique et placé au musée des antiquités d’Istanbul. Le dieu avait
des autels sur le plateau qui portera plus tard l'Augustéon de
Constantin et a !’endroit ov s’élévera le forum de ce prince. C'est
le Zetg trmoc?.
2. Les Phéniciens et les Mégariens 4 Chaleédoine. — A l'époque
égéenne, on trouve les Phéniciens installés au promontoire de
Moda (Kadikéy). La, comme en beaucoup d'autres cétes impor-
tantes, ils possédaient un comptoir qui a laissé des traces*, Cette
position était tout a fait conforme aux méthodes commerciales
des Phéniciens. A la différence des Grecs, ils ne recherchaient pas
les conquétes ; ils ne s’enfermaient pas dans des ports; ils se
tenaient sur les hauteurs, d’ow ils pouvaient surveiller les mers
et s'adjuger la libre pratique. Is ne s'installérent pas dans la
Corne d’Or, car ce lieu ne leur convenait pas. Et, sans doute, la
population guerriére qui s’abritait derriére les hauts murs de
Lygos, ne le leur eft jamais permis.
D'aprés la tradition, assez tardive, une colonie de Mégariens,
conduite par Archias, s'installa, vers 685 av. J.-C., a la place des
marchands de Tyr et de Sidon, 4 Chalcédoine, apportant avec
elle la civilisation hellénique. Petit 4 petit Chalcédoine formera
un petit Btat sans cesse en concurrence avec celui de Byzance.
3. Les Mégariens 4 Byzance. — Les légendes byzantines fixaient
le premier emplacement de Ja future capitale au fond du Chryso-
kéras ou Corne d'Or, aux embouchures du Cydaros (Alibeysu) et
du Barbyzés (Kagithanesu), prés des autels de Sémestra. L’histoire
ne leur a jamais fait écho. Elle place 4 la Pointe du Sérail la fon-
dation jetée par une colonie mégarienne, vers 658 av. J.-C. Comme
onl’a vu plus haut, les Mégariens ne furent pas les premiers 4 habiter
ce coin de terre. Mais ils ne s'y seraient installés qu’aprés avoir
consulté l’oracle de Delphes, suivant la coutume antique’. Et
Voracle leur aurait en effet indiqué les lieux situés en face de la
«cité des aveugles », des Chalcédoniens, ainsi appelés parce qu’ils
n'avaient pas su choisir le meilleur emplacement. C'est ce que
rapporte Tacite d’aprés les traditions grecques : Namque arctissimo
inter Europam Asiamque divortio Byzantium in exiremo posuere
Graeci, quibus Pythium Apollinem consulentibus ubi conderent
urbem, redditum oraculum est quaererent sedem caecorum terris
aduersam. Ea ambage Chaleedonii monstrabantur quod priores illuc
(1) CE. Soph. jragm., 523.
(2) A. D. Monptwawn, op. cit., 28 Bq.
(3) Fuste: ne Couranars, La oité antique, UI, 4.DES ORIGINES A CONSTANTIN 17
evecti, praevisa locorum utilitate, priora legissent!, Les Chalcédoniens
métaient pas aussi aveugles que semblait le dire l’oracle, En effet
Ja position qu’ils avaient choisie était excellente et, s’ils ne
s’établirent pas sur le promontoire d’en face, c'est que probable-
ment les habitants de Lygos ne le leur permirent pas. D’ailleurs
Yendroit manquait d’eau, circonstance peu favorable a l’établis-
sement d’une colonie.
Le chef de la colonie dite mégarienne établie sur la céte euro-
péenne aurait porté le nom de Byzas el serait devenu ainsi le
héros éponyme de la ville. Les légendes ont fait de Byzas le fils
de Sémestra, une nymphe du pays, et !’époux de Phidaleia, laquelle
était la fille de Barbyzos, roi de la contrée. Byzas se présente avec
un compagnon, le héros Antés ; leurs deux noms fondus ensemble
auraient donné le mot Byzantion (Butévnov)*, L’étymologie est
charmante, mais c’est tout. En outre la mythologie byzantine a
emprunté 4 la mythologie romaine les traits dont elle avait besoin
pour rehausser le prestige de la ville. Il y a sept stratéges a Byzance
comme il y avait sept rois 4 Rome ; Byzas a un frére appelé Strom-
bos ; avec lequel il est en aussi mauvais termes que Romulus avec
Rémus ; les chiens aboient quand Philippe de Macédoine attaque
Ja ville, comme les oies crient & Rome devant. le péril gaulois,
En réalité le mot Byzance est d'origine thrace et n’a rien de méga-
rien. Il faut le rapprocher des autres noms thraces, Butlx, Butnpes,
Butavele, et du nom de Barbyzés (Bap6utnc). Il a donc été donné
avant l’arrivée des Grecs, Ceux-ci, en s’installant dans la petite
cité thrace, n’ont pu faire disparattre complétement l’ancien état
des choses. IIs ont di composer avec 1’é]ément indigéne.
II. — La Byzance des Mégariens
L’ Acropole. — Le centre de Ja fondation mégarienne, c’est
V’Acropole. Elle s’élevait dans l’angle oriental de la presqu’ile, sur
le site occupé de nos jours par le Sérail. Comme J’écrivait un
patriographe du x® siécle, «c’était une coutume des anciens de
se batir des palais sur les acropoles »*, Byzas n’aurait pu déroger
a cette coutume imposée par la prudence. Les pieux Byzantins,
qui ne doutaient pas, comme nous, de l'existence du grand chef
national, savaient donc oa chercher sa demeure ; il leur suffisait
de lever les yeux vers la colline inspirée. Ils y voyaient. les temples
(1) Annates, X11, 63.
(2) Hésychius do Milet, dans Tx. Parorr, Scriptores originum Constantinopoli-
lanarum, Leipzig, 1901, 3, 4; Tlapaotdocts oivropot xpovimat, ibid., 42, 48,
(3) Tu. PREGER, op. cil., 11, 140.18 CONSTANTINOPLE BYZANTINE
de leurs dieux protecteurs Zeus, Apollon, Poseidon, avec Artémis
et Aphrodite, avec Athéna Ecbasia, qui présidait au débarquement.
On voit maintenant au Musée de Sainte-Sophie un petit autel anti-
que en porphyre, décoré de guirlandes et posé sur un chapiteau
renversé, qui se trouvait jadis dans une cours du Sérail. Il provient
peut-étre de quelqu’un des temples qui ornaient |’Acropole,
Au moyen Age, une église de Saint-Ménas remplacera le sanctuaire
de Poseidon, tandis qu’en bas autour de I’enceinte, s'éléveront un
grand nombre d’autres fondations chrétiennes : les établissements
hospitaliers du quartier d'Eugéne, Sainte-Barbe, Saint-Nicolas,
Saint-Démétrius surtout. Ce coin de la ville s'appellera méme sur
le tard I’« angle de Saint-Démétrius ».
L’enceinte. — La ville répandue autour de cette citadelle est
munie d’une enceinte de dimensions assez modestes, a en juger
par la description du pseudo-Codinus. Le rempart est flanqué de
vingt-sept tours faisant saillie a l’extérieur et disposées en crémail-
lére, de fagon a enserrer l’ennemi 4 la premiére approche. « Il com-
mence au mur de l’Acropole et s’étend jusqu’a la tour d’Eugéne ;
de la il monte au Stratégion pour atteindre les bains d’Achille.
A cet endroit l’arc qu’on appelle (au moyen 4ge), Arc d’Urbicius,
était une porte terrestre des Byzantins. L’enceinte s'avance ensuite
vers les Chalkoprateia jusqu’au Milion ; 14 aussi se trouve une porte
terrestre, Puis elle atteint les colonnes torses des Tzykalaria ; elle
descend ensuite vers les Topoi et revient dans la direction de
l’Acropole, en passant par les Manganes et les Arcadianae... Tel est
le tracé de la ville de Byzas »*.
Ce tracé serait reproduit approximativement par la série des
trongons suivants : a) de Yahkogkkapi (Tour d’Eugéne) al’ancienne
Sublime-Porte (Stratégion); b) de Vancienne Sublime-Porte-
Zeynebcami (Chalkoprateia) & l’entrée de la place Ayasofya, du
cété de Divanyolu (le Milion se dressait prés de cette entrée)? ;
c) de la place d’Ayasofya a l’hdpital de Gilhane (région des Topoi
et des Arcadianae) ; d) de Gilhane 4 Degirmenkapi (quartier des
Manganes). Du cété de la mer, les murailles étaient peu élevées ;
des jetées en pierre (x,t) les protégeaient contre les assauts des
vagues.
Le pseudo-Codinus prétend que cette enceinte dura depuis les
origines de la ville jusqu’au régne de Constantin®. Il fait erreur,
comme on le verra plus loin. Son tracé remonte peut-étre a la
(1) Ta, Panera, I, 141.
(2} Les travaux exécutés vers 1930 pour V'installation des égouts ont permis de
retrouver les fondoments do ce qui fut probablemont l'enceinte de Byzas.
(3) Ta, Precze, lo. cil.DES ORIGINES A CONSTANTIN 19
conquéte de Pausanias, en 479 av. J.-C. Pausanias doit avoir
reconstruit la ville, car certains textes cités par Ducange! en font
un des fondateurs de Byzance. Un autre restaurateur célébre, c'est
Léon, archonte des Byzantins, qui commandait la défense en 340,
au moment du siége entrepris apr Philippe de Macédoine. Léon fit
réparer le rempart au moyen des pierres tombales, d’ot le nom
de Tymbosyné (Tuyécovvy) donné A une des parties restaurées.
Lorsque Byzance prit parti pour Pescennius Niger, Septime-
Sévére se vit obligé de renoncer A I’attaquer, les fortifications
étant jugées imprenables. Hérodion dit en effet que Byzance était
entourée de remparts trés puissants (dyuedrarn terexyrozévov)®.
A la méme époque, la ville passe pour étre trés peuplée et trés
riche’,
Les guerres ne lui manquérent pas, aprés lesquelles elle dut se
relever, renforcer, élargir ses murs. Al. van Millingen‘ distingue
deux enceintes antérieures 4 Septime-Sévére, mais la délimitation
de la seconde est imprécise. Byzance ne put jamais rester neutre
dans les luttes de compétition. On la voit devenir tour 4 tour
spartiate et athénienne; elle se déclare contre Mithridate, mais
il lui faut prélever I’impdt en faveur des Romains ; elle fait sienne
la cause de Pescennius Niger, mais c’est pour tomber sous les
coups de Septime-Sévére ; elle combattra pour Licinius, mais
Constantin s’en rendra maitre. Presque toujours elle mise sur le
mauvais tableau, mais elle échappe a la catastrophe a cause de sa
position privilégiée.
Places et monuments. ~ Deux places importantes sont signalées
par les historiens le Stratégion et le Thrakion. Le Stratégion
(Ztparyyvov) doit étre placé au nord de la ville, dans la vallée qui
sépare la premiére colline de la deuxiéme, probablement dans le
quartier de l’ancienne Sublime-Porte. C’était le Champ de Mars.
La tradition y faisait camper Alexandre et son armée ; au début
du moyen 4ge, on y voyait une statue de ce prince que Constantin,
disait-on, avait transportée de la Pointe de Damalis ov elle s’élevait
tout d’abord. Au Stratégion, Jes chefs militaires venaient recevoir
les distinctions et les récompenses®.
Le Thrakion (@pdxtov) était une belle place, « vide de maisons et
a terrain plat »*. Sa position ne se laisse pas facilement deviner.
(1) Gonstantinopolis christiana, I, 18.
(2) “HewBtevot