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AIEQNHY EOHMEPIS THE NOMISMAT. APXAIOAGIIAE
a Ute /309./
JOURNAL INTERNATIONAL
D’'ARCHEOLOGIE
NUMISMATIQUE
DIRIO& PAR
J. N. SVORONOS
TOMB DBUXIEME
1899
A
BARTH et von HIRST, £prreurs
Bue de VUniversité 58.LES ERES DE BOTRYS ET DE BERYTE
(PHENICIE).
A. L’ ére de Botrys.
La rareté extréme des monnaies de cette ville a 6té le
principal obstacle a la détermination certaine de son ére
jusqu’a aujourd’hui. Vaillant, d’aprés une monnaie d’Ela-
gabale frappée dans cet atelier monétaire et faisant partie
de sa collection, a fixé cette are a 1’ année de Rome 705,
soit 50-49 avant J.C. Cet auteur, suivant son habitude, n’a
cité que le revers de cette monnaie et en a donné (Vaillant,
Numism. imper. a populis romanae ditionis graece loquent.
percussa I, p. 126) une description des plus sommaires:
«BOTPYHNON OC. Astarte, in templo sex col.»
Aussi Eckhel (D. N. v. ITT, p. 859) a-t-il fait, a ce sujet,
les réserves suivantes: «Epochae annus CC in unico Ela-
»gabali. Norisius (Epoch Syromaced. p. 392) epocham ju-
>» lianam suspicatur ab anno U. C. 705. Tamen ex unico numo,
»eoque forte non satis integro, nihil certi adfirmari confitetur >
Néanmoins Mr Barclay V. Head ( Hist. numorum. p. 668)
a cru devoir adopter l’année précitée pour le début de l’ére
de Botrys. Mr Ernest Babelon, dans son savant Catalogue
des Perses Achéménides, p. CLXV, rejette résolument les
opinions de tous ses devanciers: «La premitre pidce de
»notre Catalogue, No 1340, dit-il, a pour type Dionysos, évi-
»dente allusion au nom méme de la ville, Béspus; grappe de
-raisin. Dans le champ, on distingue nettement les lettres
»>N et C; si elles doivent former une date, elles représentent
>)’année 250, et, puisque la téte impériale est celle a@’Blaga-
>bale, qui régna de 218 a 222, 1’are a laquelle se rapporte
»eette date, commencerait nécessairement entre l’an 32 et10 J. ROUVIER (2)
>l’an 28 avant notre dre. Ce serait l’gre d’Actium, qui a son
»point de départ en 31 av. J.C. Ce résultat n’a rien d’in-
»vraisemblable, puisque d’ autres villes syriennes, comme
»Berwa, Antioche, Apamée, Rhosus, Séleucie, ont aussi em-
»ployé Vere d’Actium sur leurs monnaies>.
«L’autre pice de notre catalogue, est de Julia Soaemias,
»>la mere d’Elagabale. Le type est Astarte sous un portique
»a huit colonnes. A l’exergue, on lit N—CA. Si les lettres NC
»sont une date, comme nous le croyons, c’est-A-dire la méme
»date que sur les monnaies d’Elagabale, de l’an 250, il est
»impossible de tenir compte de la lettre A, 4 moins de sup-
»poser que le graveur 1’a mal placée, par erreur, et qu’on
»doive lire ANC=251. Quoiqu’il en soit, ceci ne change rien
»au résultat que nous considérons comme acquis: Botrys se
»servait, sur ses monnaies, de l’ére d’Actium >.
Dans ce passage, que j’ai cru devoir rapporter intégra-
lement, vu son importance, Mr Babelon exprime formelle-
ment son opinion. Malheureusement, il ne donne a |’ appui
aucun argument décisif, et méme aprés qu’il l’eut fait con-
naitre, ce probléme n’a pu étre considéré comme définitive-
ment résolu. Je suis heureux de signaler les monnaies sui-
vantes, qui confirment le sentiment du Conservateur du Ca-
binet de France, et démontrent, sans conteste, l’emploi de
Vere d’Actium, a Botrys. La description de Vaillant est donc
fautive, et la date OC=270 doit étre rectifiée NC=250.
1o.—AYT.K.M.A...... Téte laurée d’Elagabale, avec
le paludamentum. — R.— BOTPY[HNWN]. Temple hexastyle,
muni d’un escalier, et, au milieu, Astarte debout; a l’exer-
gue, la date BNC (an 252).
Monnaie attribuée par erreur 4 Caracalla.
2 6.— Mionnet, t. VIII suppl, p. 250, No 66, d’aprés Ses-
tini, Lett. num. cont t. IV, p. 101, tab. VI, fig. 20.— Rollin et
Feuardent, Catalogue No 7309.
Cette précieuse monnaie existe, 4 Beyrouth, dans ma col-(3) LES BRES DE BOTRYS ET DE BERYTE (PHENICIE) 11
lection: deux exemplaires, 21 millim., chalques, 8 gr. 50;
et dans celle du Dr P. Schroeder, # 29, dichalque, 12 gr. 75.
Voici 1a description de ces exemplaires, qui compldte celle
de Mionnet:
.ANTQNINOC..... Téte d’Elagabale, laurée, a
droite, grénetis au pourtour.
R.— BOTPYHNUWN. Temple hexastyle, a fronton triangu-
laire au sommet, semi-circulaire a la base, muni d’un esca-
lier; sous le portique Astarté tourelée, debout de face, la
main droite appuyée sur une stylis, portant une corne d’abon-
dance (?), dans la main gauche; la déesse est vétue d’ une
tunique talaire et d’un péplos. Grénetis.
Sur ces 3 monnaies, la date se trouve, par suite d’une
frappe défectueuse, en majeure partie en déhors du champ.
Toutefois on reconnait nettement, a l’exergue, a gauche de
Vescalier, les traces de la lettre B.
2o.— La monnaie suivante d’Alexandre Sevére posséde
un revers identique a la précédente, avec Ja méme date
BNC==252, fait qui ne doit pas surprendre, cet empereur
étant monté sur le tréne en 222, l’année méme de la mort
de son prédécesseur Elagabale.
errr AYP. AAEZANAP .... Buste drapé d’Alexandre Sé6-
vere, a droite, la téte nue. Grénetis au pourtour.
R.—BOTPYHNWN. Méme type d’Astarte dans le méme
temple hexastyle A l’exergue, les lettres B—NC (an 252).
Grénetis au pourtour.
& 24,—Chalque, 9 gr.50. Ma collection, deux exemplaires.
Jusqu’ici on a ecru que la ville de Botrys a inauguré tar-
divement son monnayage, sous Marc Auréle, et n’a émis que
des monnaies impériales. La monnaie autonome suivante de
cette ville, datée également de ]’ére d’Actium, prouve que
ce sentiment est erroné.
— Téte tourelée de Tyché, a droite, les cheveux relevés
en chignon derritre la nuque. Grénetis au pourtour.12 J. ROUVIER (4)
R.—BOTPYHNWN. Diota dans une couronne. Dans le
champ, a gauche L BK (an 28).
# 20.—Chalque, 5 gr. 07. Coll. Univers. améric. de Bey-
routh.
Cette monnaie autonome n’est sfrement pas la seule qui
ait 6t6 frappée a Botrys. Dans son catalogue, No 2627, Mr
Hoffmann en a décrit une autre, A 5, avec méme droit, et
au revers, BOT, et une proue, mais sans date.
CONCLUSION.
L’ére employée a Botrys sous l’ empire romain a 6té
celle d’ Actium.
B. Les éres de Béryte.
La ville de Béryte, malgré son ancienneté, est une des
cités phéniciennes les moins connues de l'histoire jusqu’a
V’époque de sa transformation en colonie romaine sous le
régne d’Auguste. Diverses causes ont contribué a entretenir
notre ignorance & son sujet; ce sont les suivantes:
1o. A aucune époque, sous les dominations successives
des rois de Perse, d’Egypte ou de Syrie, elle n’eut un dé-
veloppement comparable a celui d’Arados, de Tyr et de
Sidon. Son importance fut donc médiocre, et les anciens au-
teurs ne la citent qu’ en passant, dans les écrits qui nous
sont conservés.
20. On ne posséde aucun document épigraphique de Bé-
ryte antérieur 4 Auguste. Cette lacune s’explique par l’igno-
rance absolue oi 1’on était de la situation dela Béryte gréco-
phénicienne, jusqu’ au commencement de 1898. Dans divers
mémoires communiqués a |’ Académie des inscriptions et
belles lettres et au Ministdre de l’ instruction publique, j’ ai
fait connaitre les premiers résultats obtenus dans mes fouil-(6) LES ERES DE BOTRYS ET DE BERYTE (PHENICIE) 13
les pour la retrouver. La Béryte gréco-phénicienne et sa
nécropole existaient sur un point du littoral, 4 quelques ki-
lométres au sud de la Beyrouth moderne, dont 1’ emplace-
ment correspond a celui de la Béryte romaine. :
80. Au Ilme siécle avant notre ére, de Séleucus IV a Ale-
xandre II Zébina, Béryte porta le nom de Laodicée de Ca-
naan’.
4o. On a cru jusqu’a ces derniers temps, d’aprés un pas-
sage de Strabon’, a la disparition compléte de Béryte, dé-
truite par Tryphon en 140 ay. J. C, jusqu’ en 14 ou 15 avant
notre gre. Dans 2 memoires* j’ai démontré que, si 1’ asser-
tion de Strabon est exacte, Béryte n’a pas di tarder a étre
restaurée, et qu’en tout cas elle a frappé des espéces mo-
nétaires dans la premiére moitié du IIme sidcle et dans le
cours du Ier siécle avant J. C. Cette conclusion est confir-
mée par la découverte que j’ai faite sur le territoire de Bé-
ryte-Laodicée. Un hypogée phénicien en forme de puits,
avec chambres souterraines non violées, renfermait outre
des ossements humains et divers objets funéraires des chal-
ques de Démétrius II, frappés a Sidon en rip (an 183 des
Séleucides)= 129 av. J. C.
5o. Avant la publication récente d’ un travail que j’ ai
consacré a leur étude‘, les documents numismatiques de Bé-
ryte n’avaient pas été utilisés pour élucider certains probld-
mes de son histoire sous les Séleucides. Il ne pouvait gure
en étre autrement Les autonomes de Béryte bien conser-
vées sont rares dans les collections publiques ou particu-
liares. Elles ont été confondues par Pellerin, Eckhel et les
autres auteurs de numismatique jusqu’a ce sidcle, avec les
1, Voir mon mémoire sur Une métropole phénicienne oubliée, ap. Revue
numismatique, 1896.
2, Strabon, XVI, 2, 9.
8. Une métropole phénicienne oubli
Revue numismatique, Ime ot 1Vme_tri
4, Les antonomes de Béryte.
et Les antonomes de Béryte, ap.
re 1898.14 J ROUVIER (6)
autonomes de Birytus ou Birytis en Troade. Cette confusion
persiste dans l’ouvrage de Mionnet! et ne disparait que
dans le supplément du méme ouvrage*. Les publications
postérieures de MMrs Barclay V. Head? et Babelon* ont
pourtant su éviter cette erreur. Les autonomes de Béryte-
Laodicée a légendes gréco-phéniciennes ne portent jamais
de dates. Un petit nombre seulement d’autonomes a légen-
des grecques sont datées.
Les autonomes a légendes grecques, de Béryte, portent
des dates empruntées 4 une are qui commence en 81 avant
J. C2 C’est l’sre que, sur la foi de documents inexactement
interprétés, tous les numismates et moi-méme avons ap-
pelée jusqu’ici a tort la seconde dre de Béryte, bien qu’elle
soit la seule ere nationale de cette ville dont l’existance soit
incontestable.
Ces dates ont été attribuées 4 une autre ére, commen-
gant en 197 av. J.C. Celle-ci fut inventée par Liébe. Pelle-
rin ne l’a acceptée qu’ avec réserve et s’6tonne de son sin-
gulier point de départ: «On n’observe, remarque-t-il', pa-
»reil exemple dans aucune autre ville du royaume des Sé-
»leucides». Eckhel n’a pas essayé’ de résoudre ce probléme,
L’opinion de Liébe a paru trouver confirmation dans un
travail publié en 1820, par Allier de Hauteroche®, sur un
poids antique. Ce poids, aujourd’hui au Cabinet de France,
ov il est catalogué sous le numéro 2250, porte sur une pre-
mitre ligne les lettres LAZPMZ, dans lesquelles Allier de
Hauteroche a lu deux dates: L A=P, an 161 de l’are des
Seleucides, et MZ, an 47, année correspondante d’une pré-
tendue premiére ére nationale de Béryte. Celle-ci aurait donc
. Mionnet, t. V, p. 886, Nos 11 ot 12.
. Mionnet, t. VIII, suppl. p 550, Nos 360-862.
. Historia numorum, p 470 et 668.
. Perses Achéménides, p. CLXIV. 5. Voir Les autonomes de Béryte
. Recueil de médailles, t. 11, p 215 7. DN. V. t Ill, p 865
Exsai sur explication d'une tessdre antique, portant 2 dates,
eoreme(?) LES ERES DE BOTRYS ET DE BERYTE (PHENICIE) 15
commencé en 198/197 avant J.C. Cette interprétation, de
prime abord si satisfaisante, a 6t6 adoptée depuis par MMrs
Barclay V. Head' et Ernest Babelon’. Ce dernier auteur n’a
pas tardé a la rejeter, et l’interprétation nouvelle qu’ il
donne de la légende de ce poids, pour mériter une légére
rectification, n’en est pas moins préférable a tous égards.
Dans son « Catalogue des bronzes antiques de la Biblio-
théque nationale», publié en collaboration avec Mr J. Adrien
Blanchet en 1895, deux ans aprés ses «Perses Achéméni-
des», Mr E. Babelon a donné, pp. 685 et 686, la description
et la figure du poids d’ Allier de Hauteroche. MMrs E. Ba-
belon et J. A. Blanchet ne lisent plus deux dates a la pre-
mitre ligne, mais «"Eroug 161, pyvds 7». Cotte lecture avait an-
térieurement 6t6 proposée par Mr A. Dumont*. Je partage
entitrement |’opinion de ces savants auteurs, les lettres MZ
désignant sfrement un mois, et non une date. Mais la der-
niére lettre Z ne peut étre numérale. Dans les inscriptions
grecques, recueillies en Orient, les années seules sont comp-
tées d’aprés une dre variable; les mois, lorsqu’ils figurent,
sont toujours désignés par leurs noms ou initiales. Au lieu
donc de traduire la lettre Z par 7, “E68éuov, jo lis ZANAIKOY.
Cette lecture est justifiée par la légende: ETOYC FIT MHNOC
ZANAIKOY .. . qui figure, en toutes lettres, sur un autre poids
provenant d’ Antioche*, Le mois Zandicos ou Xanthicos cor-
respondait au mois de mars.
L’ere de 197 av. J.C. n’a done jamais existé, et le seul
monument que 1’on invoquait en safaveur ne démontre au
IIme sidcle avant J. G. que l’emploi a Béryte de l’sre des
Séleucides. Celle-ci est aussi confirmée par un autre poids
de la méme ville, ot j’ai signalé’ la date 184 de la méme
1. Loe. cit. p. 668. 2. Loe. cit. p. CLXIV.
8. Ap. Revue archeologique. 1869,t. Il, p. 202,
4. Ernest Babelon et J. A. Blanchet, Catalogue des bronzes antiques de la
Bibliothdque nationale, p. 685, No 2249
6. Un poids antique de Béryte,: Revue numism. 1897, p. 869-87216 J. ROUVIER, LES ERES DE BOTRYS ET DE BERYTE (8)
ére, et par des tétradrachmes émis 4 Béryte-Laodicée, avec
le symbole du trident et des dates, par Alexandre I Bala
en 162 et 163, et par Démétrius II en 167 et 168 des Séleu-
cides. J’ai d’ailleurs prouvé dans différents mémoires que,
sauf dans la Phénicie septentrionale (Arados et ses filles,
Marathos, Carné, etc), toutes les autres villes phéniciennes,
avant le régne d’Antiochus VIII, ont employé l’ére des Sé-
leucides, soit seule soit conjointement, comme Tyr, avec une
autre ére nationale. 7
Jusqu’a quelle époque l’tre des Séleucides fut-elle ex-
clusivement en vigueur 4 Béryte? Jusqu’a l’adoption de son
’re nationale, que j’ai démontré' remonter a 1’ an 81 av
J.C. C’est précisement en cette méme année que fut émise
la dernitre monnaie autonome de Byblos-Gébal, datée de
Vere des Séleucides, 231. Il ne faut pas toutefois oublier que
9 ans plus tard, en 240-72 av. J.C, Tripolis, aprés avoir mo-
mentanément adopté une ére nationale, reprend encore |’ére
des Séleucides, qu’elle emploie pendant quelques années
conjointement avec |’ ére d’ Actium, avant de |’ utiliser ex-
clusivement jusqu’a la fin de son monnayage
CONCLUSIONS.
1o.— Béryte n’a pas eu d’ére nationale commengant en
197 av. J.C.
20. — Cette ville comme les autres cités phéniciennes, sou-
mises aux rois de Syrie, a employé l’ére des Séleucides,
jusqu’en 81 av. J.C. od elle a inauguré une ére nationale,
abolie, au plus tard, a l’époque de la colonisation romaine,
en 14 ou 15 av. J.C.
Beyrouth le 3 Janvier 1899.
JuLEs ROvUvIER.
1. Les autonomes de Béryte.
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