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Les rayonnements en médecine

Roland ITTI

Faculté de Médecine RTH Laënnec - Lyon

Plan

1ère partie : Atomes et rayonnements


Chapitre I Ondes et particules élémentaires
Chapitre II Structure électronique des atomes
Chapitre III Rayons X

2ème partie : Radioactivité


Chapitre IV Structure et stabilité des noyaux atomiques
Chapitre V Modes de désintégration radioactive
Chapitre VI Lois de la décroissance radioactive et filiations radioactives
Chapitre VII Emissions de rayonnements et schémas de désintégration
Chapitre VIII Production d’isotopes radioactifs pour la médecine
Chapitre IX Radioactivité naturelle

3ème partie : Interactions rayonnements / matière

Chapitre X Interaction des photons avec la matière


Chapitre XI Notions sur l’imagerie radiologique: détection des rayonnements
Chapitre XII Interaction des particules avec la matière
Chapitre XIII Eléments de dosimétrie
Chapitre XIV Irradiation et contamination
Les rayonnements en Médecine Professeur Roland ITTI

Introduction

Les rayonnements jouent un rôle fondamental en médecine car ils sont à l’origine de l’imagerie médicale. A la
suite de l’essor de la radiologie, qui fait appel aux rayons X, découverts il y a plus de cent ans, bien d’autres
agents physiques (rayons gamma, ultrasons, radiofréquences) ont participé au développement de cette imagerie,
dont l’importance ne cesse de croître : actuellement, on estime que 80% des patients hospitalisés bénéficient, au
cours de leur hospitalisation, d’au moins un examen d’imagerie !

Mais à côté de l’imagerie diagnostique, les rayonnements ont également une importance thérapeutique : c’est le
domaine de la radiothérapie, qu’elle mette en oeuvre des sources de rayonnements scellées (accélérateurs,
cobalt, curiethérapie) ou des sources non scellées (radiothérapie métabolique).

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Chapitre I : Ondes et particules élémentaires

I. Ondes électromagnétiques

Définitions

Les ondes électromagnétiques sont constituées par l’association d’un champ électrique sinusoïdal et d’un champ
magnétique de même période, qui lui est perpendiculaire.

Ce champ électromagnétique se propage dans une direction perpendiculaire au plan défini par les deux champs.

propagation
onde plane

B
Il s’agit donc d’une onde plane dont les caractéristiques sont les suivantes :


Fréquence et période T = 1 / T

Propagation dans le vide (célérité) c # 3 108 m.s-1

Longueur d’onde  = c T = c / 

La représentation ondulatoire explique de nombreux phénomènes en rapport avec la propagation des ondes :
réflexion, réfraction, interférence, diffraction, phénomènes surtout importants dans le domaine de la lumière
visible. L’aspect ondulatoire de la lumière sera d’ailleurs précisé dans le chapitre relatif à l’optique et à la vision
(indice de réfraction, lois de Descartes).

Intensité énergétique : c’est l’énergie transportée, par unité de temps, d dans un angle solide d
-1
I = d/ d exprimée en 
watt par stéradian : W.sd

Spectre d’un rayonnement électromagnétique

Il représente la distribution des intensités en fonction des fréquences. On peut distinguer plusieurs types de
spectres :

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raie unique raies multiples spectre continu


intensité énergétique

fréquence

Photons

Ils permettent l’explication de l’effet photoélectrique (Einstein 1905) : l’onde se comporte comme un flux
discontinu de « paquets » d’énergie qui se propagent en ligne droite à la même célérité que l’onde associée.

Chaque photon transporte un « quantum » d’énergie proportionnel à la fréquence de l’onde.

Relation de Planck : E = h
E = énergie en joules
= fréquence en hertz
-34
h = constante de Planck = 6,62 10 J.s

Classification des rayonnements électromagnétiques (« spectre »)

La classification peut se faire en fonction de la fréquence, de la longueur d’onde dans le vide ou de l’énergie.

rayons X ou 
, ultra-violet, lumière visible, infra-rouge, ondes hertziennes

Dans cette liste de rayonnements aux dénominations variées, la nature physique de l’onde reste identique pour
tous ces rayonnements, seule l’énergie change (ici elle diminue de gauche à droite) ou la longueur d’onde (qui
augmente de la gauche vers le droite).

Définition de l’électron-volt (eV) : L’électron-volt est une unité correspondant au produit de la charge
élémentaire e par une différence de potentiel de 1 volt.

ddp = 1 volt
-19
électron de charge 1,6 10 C

- + différence de potentiel de 1 V

1 eV = 1,6 10-19 J
e-

- 15
Valeur de la constante de Planck avec l’énergie en électron-volts : h = 4,136 10 eV s

Rayonnements ionisants

Les rayonnements d’énergie suffisante sont capables d’ioniser les atomes, c’est-à-dire d’arracher un électron à
un atome. De même, ils sont capables de couper des liaisons intra-moléculaires (par exemple : ionisation de
l’eau).

Dans le cas des tissus biologiques on considère que les rayonnements d’énergie supérieure à 13,6 eV (énergie
d’ionisation de l’hydrogène ou de l’oxygène) sont ionisants.

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Les UV, la lumière visible, les IR et les ondes hertziennes ne sont pas ionisantes.

Dualité ondes - corpuscules

Pour des rayonnements de faible fréquence (lumière) l’aspect ondulatoire est prédominant (photons d’énergie
trop faible pour interagir avec la matière) alors que pour les rayons de haute fréquence (X) l’aspect corpusculaire
est prédominant (indice de réfraction = 1 quelle que soit la matière traversée, et donc absence de phénomènes
d’optique – miroirs, lentilles etc.).

II. Particules élémentaires


Atomes : nombre d’Avogadro

Par définition N atomes de carbone (isotope 12) ont une masse de 12 g.

N vaut dans ces conditions : N = 6,02 1023

L’on définit l’unité de masse atomique :

1 u m a. = 1 / N = 1,66 10-27 kg

Electrons : Ils ont les caractéristiques suivantes :

e = 1,6 10 -19 C et me = 9,109 10-31 kg = 1 / 1822 u m a.

Mécanique ondulatoire

Pour expliquer certains phénomènes (optique électronique – microscope électronique - par exemple) Louis de
Broglie (1924) propose d’associer à une particule de masse m et de vitesse v, une onde de longueur d’onde :


= h / mv

Relation masse énergie

Einstein établit l’équivalence entre masse et énergie sous la forme de la relation fondamentale de la relativité :
2
E = mc

On en déduit la valeur en énergie (en eV) d’1 u.m.a.


-27 16 -19 8
1 u.m.a. = 1,66 10 x 9 10 / 1,6 10 = 9,33 10 eV = 933 MeV

De la même manière, la masse au repos d’un électron correspond à 511 keV.

«Masse» du photon (au repos !)

(énergie du photon) et E = m c2 (Einstein) on pourrait déduire :


Des relations E = h= hc /

m = h / c

Mais il faut remarquer qu’une particule qui se déplace à la vitesse de la lumière (particule relativiste – c’est le
cas du photon) ne satisfait pas aux relations de la mécanique classique, et que, par ailleurs, le photon au repos
n’existe pas.

Transformations ondes / particules / ondes

Plusieurs exemples peuvent illustrer la dualité ondes - particules, et notamment le fait qu’il peut y avoir passage
de l’une à l‘autre, dans un sens ou dans l’autre.

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Matérialisation d’un photon (création de paires) :

+ noyau
photon de haute énergie
atomique
-

paire d’électrons partant à 180°

Le phénomène peut se produire lors de l’interaction (choc) d’un photon d’énergie suffisamment élevée avec un
noyau atomique.

La règle de conservation de la quantité de mouvement p = mv implique d’avoir 2 électrons orientés à 180° l’un
de l’autre

Cette réaction n’est possible que si l’énergie du photon est supérieure à 2 fois la masse de l’électron (création de
deux électrons de charge différente, mais de masse identique) :

E > 2 x (1 / 1822) = 933 / 911 = 1,024 MeV

Freinage d’un électron avec émission de rayons X («bremmsstrahlung») :

cible
électron accéléré

rayon X
L’énergie cinétique de l’électron se transforme en énergie radiante (photon)

Annihilation d’un positon : rencontre avec un électron et disparition de la masse au bénéfice de deux photons
d’énergie équivalente à la masse convertie en énergie

Production de 2 photons à 180° l’un de l’autre

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Chapitre II : Structure électronique des atomes

I. Noyau et électrons

Un atome comporte un noyau de charge positive (Z = numéro atomique), entouré de z électrons

Il existe une «énergie de liaison» qui résulte d’un équilibre entre des forces répulsives qui s’exercent à très
faible distance et des forces attractives qui s’exercent à distance plus grande.

Cet équilibre empêche les électrons de «tomber» sur le noyau.

Pour éloigner les électrons du noyau (ionisation ou excitation) il faut apporter une énergie égale au moins à cette
énergie de liaison.

Elle est très variable : 13,6 eV pour arracher un électron de l’atome d’hydrogène
15 eV en moyenne pour un tissu biologique
mais 70 keV pour arracher un électron d’une couche profonde du tungstène
(cible d’un tube à rayons X).

II. Quantification des niveaux d’énergie des électrons

Couches : l’atome de Bohr

A partir d’observations portant sur le spectre d’émission de lumière par l’atome d’hydrogène, on a pu démontrer
que les électrons se situent sur des niveaux d’énergie discontinus - couches - caractérisés par un nombre
quantique principal désigné par la lettre n :

n=1 couche K
n=2 couche L
n=3 couche M etc...

La distance moyenne entre l’électron et le noyau croît comme n 2 et l’énergie de liaison des électrons décroît
2
comme 1 / n . Un électron est donc d’autant plus lié que n est plus petit.

Une relation plus ou moins empirique donne la valeur de l’énergie de liaison d’un électron pour un atome de
numéro atomique Z et pour une couche de nombre quantique principal n :
2 2
En = - b Z / n

Cette énergie est par convention négative, ce qui signifie qu’il faut apporter de l’énergie à l’atome pour arracher
l’électron lié et le rendre libre : il a alors une énergie de liaison nulle.

Lorsque n augmente, l’énergie de liaison diminue en valeur absolue, mais augmente en valeur relative, pour
s’approcher de la valeur 0 qui correspondrait à n infini.

Ainsi dans le cas de l’atome d’hydrogène (Z = 1) et pour la couche K (n = 1, la seule occupée à l’état basal),
l’énergie de liaison de cet électron unique correspond à l’énergie d’ionisation de l’hydrogène, soit 13,6 eV. Pour
les autres couches (non occupées à l’état basal, mais qui peuvent être occupées lors de l’excitation de l’atome) de
l’atome d’hydrogène, l’énergie varie selon la relation :

E n = 13,6 / n2 (eV)

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Ainsi, lors d’une transition entre deux couche n 1 et n2 (n2 > n1 ) il faudra apporter de l’énergie pour faire passer
l’électron de n 1 vers n2 , ou bien l’on recueillera de l’énergie - raie lumineuse d’émission - lors du retour inverse
de n2 vers n1.

excitation avec apport d’énergie à l’atome


émission d’une raie lumineuse par l’atome

n=3
n=2
n=1

par exemple pour la transition de L vers M

E = - 13,6 / 4 - ( - 13,6 / 9) = 13,6 [ 1 / 9 - 1 / 4 ] = - 1,89 eV

et inversement, la transition de M vers L se traduit par une émission d’énergie de + 1,89 eV.

Les raies d’émission de l’atome d’hydrogène répondent donc à une formule du type :
2 2
E (eV) = 13,6 [ 1 / n1 - 1 / n2 ]

Sous-couches : le modèle Sommerfeld

La représentation précédente, à l’aide d’une orbite circulaire quantifiée que définit le nombre quantique orbitaire
n s’est rapidement avérée insuffisante. Une représentation plus complète consiste a considérer l’orbite d’électron
comme étant elliptique, ce qui conduit à introduire trois autres nombres quantiques.

Nombres quantiques secondaires

Nombre quantique azimutal l : il peut être considéré, de manière très simpliste, comme caractérisant la forme
des orbites des électrons qui gravitent autour du noyau : circulaire (l = 0) ou de plus en plus elliptiques (l = 1, 2
etc...).

On peut également dire que ce nombre quantique définit des «sous-couches», c’est à dire que pour une couche
donnée, il existe plusieurs niveaux d’énergie, proches mais bien distincts les uns des autres. Ceci se traduit par
une multiplication des raies spectrales d’émission lors des transitions entre couches : la structure fine des raies.

Pour une couche donnée (n) , l prend les valeurs allant de 0 à n-1 :

l = 0 pour la couche K (n = 1)
l = 0 ou 1 pour la couche L (n = 2) etc...

On appelle les sous-couches par des lettres minuscules : s pour l = 0, p pour l = 1, d pour l = 2...

Nombre quantique magnétique m : il rend compte du dédoublement des raies d’émission lorsqu’un atome est
soumis à un champ magnétique. On peut admettre qu’il caractérise l’orientation de l’orbite dans l’espace.

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La valeur de m est comprise entre - l et + l, soit au total 2l+1 valeurs :

m = 0 pour la sous-couche s
m = -1, 0 ou 1 pour la sous-couche p etc...

On pourrait dessiner l’orientation des orbites


dans l’espace de la manière suivante :

Nombre quantique de spin s : de manière imagée il pourrait rendre compte du sens de rotation de l’électron
autour de son propre axe. Pour un électron donné, il peut prendre deux valeurs :

s=+1/2 et s=- 1 /2

Remplissage des couches électroniques : Principe d’exclusion de Pauli

Pour un atome comportant plusieurs électrons, le principe de Pauli postule qu’il ne peut y avoir deux électrons
qui possèdent la même distribution des 4 nombres quantiques n, l, m ou s.

On peut ainsi procéder au remplissage des couches au fur et à mesure de l’augmentation du nombre d’électrons
de l’atome (quand Z augmente) :

couche K : saturée avec deux électrons : 1, 0, 0, 1 / 2 et 1, 0, 0, - 1 / 2

couche L : 2 sous couches : s, saturée avec deux électrons


p, comportant 3 orbites : m = -1
m=0
m = +1
donc au total, 6 électrons possibles

Le remplissage des couches se fait progressivement : par exemple pour l’atome d’oxygène (8 électrons) on peut
écrire la distribution sous la forme :
2 2 2
O: 1s , 2s , 2px , 2py, 2pz

Au début du tableau de Mendeleïev les niveaux d’énergie se succèdent de manière logique, une couche étant
saturée avant que ne commence le remplissage de la couche suivante. Pour des valeurs plus élevées de Z il peut y
avoir des inversions : pour la couche M (n = 3) les sous-couches s et p se remplissent, puis on passe à la sous-
couche s de N (n = 4) avant de remplir la sous-couche d de M. On commence donc à remplir la quatrième couche
avant d’avoir saturé la troisième. Cela se traduit sur le tableau de Mendeleïev par le fait que la troisième ligne ne
comporte que 8 éléments, alors que la couche M pourrait contenir 18 électrons.

III. Transitions électroniques


Il s’agit des différents déplacements d’électrons entre les niveaux d’énergie possibles, avec les phénomènes
d’absorption ou d’émission qui les accompagnent. On peut alors dstinguer quatre mécanismes d’échange
énergétique : ionisation, excitation, fluorescence, effet Auger.

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Excitation et ionisation correspondent à une absorption d’énergie par la structure électronique d’un atome avec
expulsion d’un électron (ionisation) ou déplacement d’un électron d’une couche interne vers une couche plus
périphérique (excitation). Ces deux mécanismes ont déjà été vus : ils laissent l’atome dans un état d’énergie
supérieur à l’état fondamental et l’évolution ultérieure de cet atome sera de revenir à l’état fondamental.

Fluorescence et effet Auger sont les deux mécanismes qui accompagnent ce retour à un état de moindre
énergie.

La fluorescence correspond à l’émission d’énergie sous forme de photons lors du passage d’un électron d’une
couche électronique externe de nombre quantique n vers une couche interne de nombre quantique n-1 .
L’énergie du photon émis correspond à la différence des niveaux d’énergie de départ et d’arrivée. Comme
chaque couche électronique comporte des «sous-couches» il existe une «structure fine» des raies d’émission de
fluorescence, avec une multiplication des raies par rapport à la seule transition entre couches.

Les niveaux d’énergie possibles pour chaque couche électronique sont quantifiés et font appel à un nombre
quantique supplémentaire par rapport aux quatre nombre déjà vus.

Ce nombre quantique appelé j est le moment angulaire total et il correspond à la somme des deux moments
angulaires, orbital et de spin :

j=l+s

On peut donc imaginer que j quantifie le mouvement total de l’électron sur son orbite, composition de son
mouvement orbital l et de son mouvement de spin s. Cependant on admet que j n’existe que pour le orbites
elliptiques (l > 0) et que pour une orbite circulaire (l = 0) il n’y a pas de dédoublement des niveaux d’énergie de
telle sorte que j n’a pas lieu d’être pris en compte.

On peut ainsi écrire les niveaux d’énergie pour les différentes couches électroniques :

Couche K n=1 l=0 s = ± 1/2 pas de j un seul niveau : K

Couche L n=2 l=0 s = ± 1/2 pas de j un niveau LI


l=1 s = -1/2 j = 1/2 deux niveaux LII
s = +1/2 j = 3/2 LIII

Couche M n=3 l=0 s = ± 1/2 un niveau MI


l=1 s = - 1/2 j = 1/2 deux niveaux MII
s = + 1/2 j = 3/2 MIII
l=2 s = - 1/2 j = 3/2 deux niveaux MIV
s = + 1/2 j = 5/2 MV

Toutes les transitions entre ces différents niveaux ne sont pas possibles et seules celles qui correspondent aux
deux règles suivantes peuvent se produire :

l = ± 1 et J = 0 ou ± 1

Ainsi pour les émissions correspondant aux transitions de L vers K seules deux raies sont permises (de L III vers
K et de L II vers K) la troisième (de LI vers K) qui ne satisfait pas aux règles précédentes est une transition
interdite.
LIII
LII
LI

K1 K2 raie interdite

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La nomenclature traditionnelle des raies est la suivante :

couche d’arrivée
K1 numéro de la raie parmi les
différentes transitions
couche de départ : possibles
= n + 1,
= n + 2 etc...

Chaque transition qui comble un «trou» laissé sur une couche par le départ d’un électron, crée en même temps
un autre trou sur la couche suivante qui sera lui-même comblé par un électron plus externe, avec émission d’un
nouveau photon. On observe donc des cascades de fluorescence :

h
1
M

L
K

h2

L’effet Auger ne correspond pas à l’émission d’énergie sous la forme de photons, mais au contraire sous la
forme d’un électron qui emporte l’énergie de désexcitation par la vitesse à laquelle il est émis (énergie cinétique
de l’électron = 1/2 m v 2).

Tout se passe comme si le photon libéré lors d’un réarrangement (L vers K par exemple) ne sort pas de l’atome,
mais transfère son énergie vers un électron plus périphérique qu’il expulse de son orbite avec une certaine
vitesse. :

K
Electron
Auger

Il existe en fait une certaine «compétition» entre les deux mécanismes d’émission d’énergie possibles lors du
réarrangement du cortège électronique des atomes, fluorescence et effet Auger. Pour les éléments lourds
(tungstène, par exemple) l’effet de fluorescence est prédominant, et se retrouve sous la forme des raies
caractéristiques qui accompagnent l’émission de rayons X. Pour les éléments légers, en revanche, l’effet Auger
est prépondérant, et comme ces éléments constituent l’essentiel de la matière vivante, cet effet est primordial
lorsqu’on évalue les effets biologiques des rayonnements.

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Chapitre III : Rayons X

Découverts par Rœntgen en 1895, les rayons X ont très rapidement trouvé des applications médicales et la
radiologie a maintenant plus de 100 ans. Les dangers des rayons X n’ont été perçus qu’un peu plus tard, lorsque
les premiers radiologues ont présenté des pathologies liées à l’irradiation.

I Nature des rayons X


Ce sont des ondes électromagnétiques de haute énergie, et donc de haute fréquence puisque

E = h

Ils sont ionisants (seuil d’ionisation des tissus biologiques aux environs de 13,6 eV) et se situent très largement
au-dessus de ce seuil avec des énergies comprises entre 10 keV (rayons X mous) et un ou même plusieurs MeV
(rayons X employés en radiothérapie). Les rayons X utilisés en radiodiagnostic sont dans la gamme des 100 keV.
-10
La longueur d’onde des rayons X est de l’ordre de l’angström (Å), soit 10 m.

II. Production des rayons X


Pour produire les rayons X, il faut fournir de l’énergie, et cette énergie doit être au moins égale, mais plus
généralement supérieure, à l’énergie des rayons X obtenus. Ceci signifie que cette production s’effectue
rarement avec un rendement de 100%, mais qu’il y a des pertes d’énergie, que l’on retrouve sous forme de
chaleur.

Par rapport à l’énergie de liaison des électrons dans les atomes, l’énergie des rayons X utilisés à titre
diagnostique est proche des énergies de liaison des électrons K dans les atomes métalliques (par exemple 70 keV
pour le tungstène). Les transitions électroniques de ces atomes vont donc jouer un rôle dans la production des
rayons X et c’est notamment le tungstène qui interviendra de manière privilégiée, car il s’agit d’un métal
réfractaire – a point de fusion élevé – et qu’il est donc capable d’absorber l’excédent de chaleur qui accompagne
la production des rayons X.

Deux mécanismes de production coexistent en général :

- le freinage des électrons (BREMMSSTRAHLUNG)


- la fluorescence (Raies caractéristiques)

Rayonnement de freinage (mécanisme n°1)

Il s’agit de la conversion de l’énergie cinétique d’électrons accélérés dans un champ électrique en énergie
rayonnante sous forme de rayons X . Le phénomène se produit lorsque les électrons qui touchent une cible sont
brutalement arrêtés, ce qui se produit en pratique lorsque ces électrons interagissent avec le champ électrique
positif des noyaux de la cible. Si les électrons, en revanche, touchent d’autres électrons de la cible, c’est le
second mécanisme (fluorescence) qui se produit.

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mécanisme n° 2

électrons
accélérés
électron déplacé
mécanisme n° 1

rayon X de freinage

Dans ce mécanisme l’énergie cinétique des électrons est toujours supérieure, et au mieux égale, à l’énergie des
photons X obtenus :

EX <= E e

La différence entre ces deux énergies est transformée en chaleur qui chauffe la cible et qu’il faudrait donc
évacuer.

ddp de l’ordre de 100kV cible (tungstène = W)

cathode - + anode ou
énergie cinétique de 100 keV
anticathode

rayon X d’énergie inférieure ou


égale à 100 keV

Ce mécanisme donne lieu à une émission de rayons X sous la forme d’un spectre continu : très peu de rayons
ont l’énergie totale des électrons accélérés, et la proportion de rayons d’énergie plus basse augmente
régulièrement au fur et à mesure que le rendement de la conversion électron-photon diminue :

Nombre de photons

Spectre continu
Energie des rayons X

E max = énergie des électrons


Il s’agit là d’un spectre théorique car, comme on le verra, les photons d’énergie basse seront absorbés par le
verre de l’ampoule qui constitue le tube à rayons X et le spectre réel aura une forme différente.

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Rayonnement de fluorescence

Lorsque l’énergie cinétique des électrons qui frappent la cible est suffisante et que l’interaction, au lieu de
s’effectuer avec des noyaux, se produit avec des électrons, il peut y avoir ionisation des atomes de la cible, avec
expulsion d’un électron profond, et réarrangement. Lorsqu’il s’agit des électrons K du tungstène, les photons de
fluorescence K 1 et K2 se situent dans la gamme d’énergie des rayons X.

Les deux raies de fluorescence vont se superposer au spectre continu de freinage en donnant le spectre théorique
suivant :

Nombre de photons

K2 K 1

Energie

Spectre réel d’un tube à rayons X

C’est l’atténuation des rayons de faible énergie par le verre du tube qui modifie la distribution spectrale des
rayons. De plus, on est souvent amené à filtrer le rayonnement afin de sélectionner les rayons les plus
énergétiques en interposant sur le trajet du faisceau des écrans absorbants (par exemple une plaque
d’aluminium). Dans le spectre réel final, celui qui sera utilisé pour le radiodiagnostic, la distribution des énergies
peut donc être sensiblement différente :

Nombre de photons

Raies de fluorescence du W

Spectre continu

Energie

E max

Technologie des tubes à rayons X

La source d’électrons au niveau de la cathode est un filament chauffé par effet joule à haute température, cette
chaleur produisant une atmosphère d’électrons libres autour du filament (effet thermoélectronique), électrons qui
peuvent être accélérés par la différence de potentiel entre la cathode et l’anode. Les électrons se propageant plus
facilement dans le vide que dans l’air, un vide poussé est fait dans le tube de verre qui contient le dispositif.

La haute tension de l’ordre de la centaine de kV est obtenue par redressement et transformation du


courant alternatif. L’anticathode est en tungstène et elle est orientée à 45° de la direction du faisceau d’électrons

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car l’intensité de rayons X la plus grande se situe à 90° de cette direction. L’intensité des rayons X est
caractérisée par l’intensité du courant qui traverse le tube (exprimée en milliampères).

Différents dispositifs permettent d’évacuer l’excédent de chaleur de l’anticathode (ailettes).

Pour les applications en imagerie radiologique, il est important que la zone de production des rayons X
(foyer situé sur l’anticathode) soit le plus fin possible pour une géométrie optimale en projection de l’image. Des
diaphragmes et des filtres limitent le faisceau et sélectionnent les énergies pour une adaptation à chaque type de
radiographie.

alimentation HT

ailettes de
refroidissement

anticathode

filament

foyer

diaphragme
filtre

Principe du tube à anode tournante :


moteur

électrons rotation

L’impact des électrons se fait sur un foyer circulaire,


ce qui permet de répartir la chaleur crée.
rayons X

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Chapitre IV : Structure et stabilité des noyaux atomiques

Les substances radioactives (radio-isotopes) possèdent deux propriétés importantes qui sont à l’origine de leur
utilisation médicale et qui conditionnent leurs effets sur les organismes vivants :

- elles émettent spontanément des radiations ionisantes de différentes natures,


- leur activité décroît au cours du temps avec une demi-vie radioactive variable selon l’isotope
considéré

Les rayonnements jouent un double rôle en médecine, du fait de leur caractère qui est à la fois :

- ionisant : ils ont une action radio-biologique sur les substances vivantes qui peut être mise à profit en
radiothérapie,

- pénétrant : ils servent alors à visualiser par détection externe des processus fonctionnels à l’intérieur
de l’organisme et ont ainsi un rôle diagnostique.

En revanche, ces propriétés s’accompagnent d’un danger d’irradiation qu’il faut connaître et être capable de
quantifier et de maîtriser.

La décroissance radioactive est importante à considérer en cas de contamination radioactive car elle est en
rapport avec la durée d’action de la radioactivité, qui diminue au cours du temps. De ce point de vue la
contamination radioactive est très différente de la contamination microbienne, même si les moyens de protection
à mettre en oeuvre sont comparables, car la contamination microbienne a plutôt tendance à augmenter au cours
du temps, du fait de la prolifération des germes, ce que ne fait pas la contamination radioactive.

I. Noyaux atomiques

Densité de la matière

La matière est constituée d’atomes comportant un noyau entouré d’un cortège d’électrons qui gravitent autour du
noyau. Si l’on considère les densités respectives de la matière macroscopique, des atomes et des noyaux, on
constate qu’en réalité la matière est essentiellement formée de vide :

- densité de l’eau = 1 (1kg / l ou, dans le système international, 1000 kg / m 3)


- densité des atomes = 200
- densité des noyaux = 2 10 14

On constate donc qu’il y a un rapport de densité entre les noyaux et les atomes qui se situe aux environs de 1012 ,
et si l’on se souvient que le volume d’une sphère est proportionnel au cube du rayon, il y a un rapport de 1 à
10 000 entre les rayons des noyaux et ceux des atomes. Ainsi, si l’on imagine, pour avoir une idée de ce rapport,
qu’un noyau mesure 1 cm de rayon, l’atome complet aurait un rayon de 10 000 cm, soit 100 m.

Particules élémentaires

La matière comporte essentiellement des électrons et des nucléons, ces derniers pouvant être de deux espèces :
protons et neutrons. La physique nucléaire moderne fait appel à d’autres particules élémentaires, notamment les
quarks, qui résultent du fractionnement des nucléons, mais la liste en est complexe et elle évolue constamment.

Un noyau X peut ainsi être représenté par plusieurs nombres caractéristiques :

A
Z XA-Z
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formule dans laquelle :


z = nombre de protons = numéro atomique
A = nombre de protons et de neutrons = nombre de masse
A – Z = nombre de neutrons

Par exemple, le noyau du carbone naturel comporte 6 protons et 6 neutrons :

12C
6
Les principales caractéristiques (masse et charge électrique) des particules élémentaires sont les suivantes :

électrons : charge e = 1,6 10- 19 C


-31
masse me = 9,1 10 kg
nucleons : proton mp = 1,673 10-27 kg
-27
neutron mn = 1,675 10 Kg

Il existe donc une légère différence de masse entre le proton et le neutron :


– 27
m = 0,0023 10 kg

alors que les charges de l’électron et celle du proton sont identiques en valeur absolue (mais de signe opposé).
Les masses des nucléons, au lieu de s’exprimer dans le système international (kg) peuvent s’exprimer dans un
système mieux adapté aux très faibles masses : le système u m a = unités de masse atomique.

Ce système se définit à partir de la masse du carbone (isotope 12 du carbone), 1 u m a étant définie comme
1/12ème de la masse d’un atome isolé de ce carbone (N atomes pesant 12 g, N étant le nombre d’Avogadro =
23
6,023 10 ). Il en résulte que :
1 u m a = 1,661 10-27 kg

et les masses des particules élémentaires dans ce système deviennent :

mp = 1,00728 u m a
mn = 1,00866 u m a
me = 0,00055 u m a
Défaut de masse des noyaux

Si l’on pouvait peser les atomes et comparer la masse d’un atome à celui des nucléons qui le composent, on
trouverait un résultat à première vue paradoxal : l’atome complet a une masse inférieure à la somme des masses
de ses nucléons.

Cette observation s’explique par le fait que les nucléons sont liés à l’intérieur du noyau, et Einstein a établi la
relation qui lie le défaut de masse m à l’énergie de liaison des nucléons E :
2
E = m c

relation dans laquelle intervient la vitesse de la lumière dans le vide : c .

L’énergie de liaison peut s’exprimer en electron-volts (eV), unité bien adaptée aux ordres de grandeurs des
énergies que l’on rencontre en physique nucléaire :

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l’électron-volt est l’énergie délivrée par un électron qui se déplace sur une distance de 1 m
et qui est placé dans un champ électrique de 1 V / m.

II. Noyaux stables et instables


Energie de liaison des nucléons dans le noyau

Les énergies de liaison inter-moléculaires sont de faible niveau, par exemple la liaison H – H de la molécule
d’hydrogène représente une énergie de 4,5 eV, et d’une façon générale les liaisons chimiques sont de l’ordre de
grandeur de 5 eV.

Dans le domaine des liaisons nucléaires, par contre, les énergies de liaison sont beaucoup plus importantes. On
peut, par exemple considérer la réaction suivante (théorique) de décomposition d’un neutron sous forme d’un
électron et d’un proton :
-
n  
p + e + 0,78 MeV

réaction qui suppose qu’un neutron est constitué par un proton neutralisé par un électron. En pratique, les
énergies de liaison des nucléons dans les noyaux se situent dans la fourchette de 1 à 9 MeV
( 1 MeV = 10 6 eV).

Cette énergie de liaison d’un nucléon variant selon la masse du noyau dans son ensemble, il est intéressant de
considérer le rapport de l’énergie de liaison totale d’un noyau E L au nombre de nucléons A (c’est l’énergie de
liaison par nucléon E L / A), et d’en étudier la variation selon la masse du noyau A :

Energie de liaison par nucléon (MeV)

molybdène iode
uranium

fission

fusion

deutérium Nombre de masse A

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240

Ce diagramme (approximatif) montre qu’aux deux extrémités de l’échelle des masses atomiques, vers les faibles
masses (deutérium = hydrogène lourd, par exemple) comme vers les masses élevées (uranium, par exemple),
l’énergie de liaison par nucléon est plus faible que dans la partie moyenne de la gamme (par exemple pour le
molybdène – 99 ou pour l’iode – 131, pour prendre des isotopes qui seront vus par la suite en raison de leur
importance médicale).

Or les corps pour lesquels l’énergie de liaison est plus élevée (noyaux plus stables) peuvent être obtenus à partir
d’éléments dont les nucléons sont moins fortement liés (noyaux moins stables), et cela de deux manières
différentes :

- par fission d’éléments lourds comme l’uranium ou le plutonium, dont le noyau se fragmente en
dégageant de l’énergie (bombe A ou réacteurs nucléaires à uranium),

- par fusion d’éléments légers comme le deutérium, dont les noyaux peuvent se regrouper pour former
des noyaux plus lourds (bombe H).

Le premier processus (fission) peut être spontané (uranium – 235) ou induit par bombardement neutronique
(uranium naturel) alors que le second (fusion) nécessite d’être amorcé par un processus dégageant une forte

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énergie (réaction de fission ou laser, par exemple) mais lorsqu’il est en route il dégage une quantité d’énergie
plus considérable que la fission (la différence d’énergie entre le deutérium et ses voisins plus lourds est bien plus
importante que la différence entre l’uranium et les produits de fission du milieu de la gamme des masses
atomiques..

Diagramme de stabilité des noyaux

La cohésion des noyaux résulte de l’équilibre entre deux forces opposées : les forces d’attraction entre nucléons,
forces qui font partie des interactions dites « fortes », par opposition aux forces de gravité qui elles aussi
expriment l’attraction entre des corps possédant une certaine masse, mais qui sont infiniment plus faibles, et les
forces de répulsion électrostatique qui affectent des particules chargées avec le même signe. C’est grâce à la
combinaison de neutrons et de protons dans le noyau que ces forces antagonistes peuvent coexister, l’attraction
« massique » des nucléons (protons et neutrons) compensant la répulsion « électrique » des seuls protons. Les
neutrons jouent donc en quelque sorte le rôle d’isolateurs séparant les protons.

Pour les éléments légers les nombres de protons et de neutrons sont généralement égaux pour un noyau stable,
par exemple :

carbone – 12 = 6 protons et 6 neutrons


azote – 14 = 7 protons et 7 neutrons
oxygène – 16 = 8 protons et 8 neutrons etc…

Dans ce cas, le rapport neutrons sur protons est égal à 1 :

n/p=1

Lorsque la masse atomique A augmente, un déséquilibre entre neutrons et protons se manifeste, au bénéfice des
neutrons qui deviennent prédominants, comme s’il était nécessaire d’introduite un excès de neutrons pour éviter
la répulsion des protons lorsque ceux-ci deviennent plus nombreux :

iode – 127 = 53 protons et 74 neutrons n / p = 1,40


uranium – 238 = 92 protons et 146 neutrons n / p = 1,59

(l’uranium – 238 n’est pas stable, mais a une longue période qui permet de l’assimiler à un élément stable dans
ce raisonnement).

On constate donc que le rapport n / p augmente lorsque A augmente. Cette constatation conduit à considérer le
diagramme de n en fonction de p (A – Z en fonction de Z) pour y place les différents noyaux, radioactifs ou
stables, afin d’en décrire la composition en nucléons.

Sur ce diagramme on constate que la zone de stabilité des noyaux s’écarte notablement de la bissectrice pour les
noyaux « lourds », alors qu’elle est confondue avec cette bissectrice pour les noyaux « légers ».

Cette zone de stabilité n’est en fait pas une véritable ligne, mais plutôt une zone d’une certaine largeur, et l’on
parle donc plus volontiers de « vallée de stabilité » que de ligne de stabilité.
nombre de neutrons = A-Z

Zone de stabilité

nombre de protons = Z
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Isotopes et isobares

Sur ce diagramme on définit deux catégories de noyaux, selon que Z est constant ou que A est constant :

-les isotopes correspondent à des noyaux de même Z, avec des valeurs variables de A. Il s’agit, par
exemple, des isotopes de l’iode comme :

123
I, 125I, 127I (stable), 131I, 132I

Tous ces isotopes, qui possèdent donc le même numéro atomique, correspondent à la même espèce chimique
(même nombre d’électrons périphériques) et occupent la même case dans le tableau de Mendeleïev. Dans le cas
de l’iode, seul l’iode – 127 est stable, et tous les autres isotopes de l’iode sont instables, donc radioactifs. Sur le
diagramme de stabilité des noyaux, les isotopes d’un même élément sont tous situés sur une même ligne
verticale.

- les isobares caractérisés par le fait qu’ils ont la même masse atomique, mais qui correspondent donc à
des éléments chimiquement différents étant donné que leur numéro atomique varie. Pour que la masse
reste constante, il faut que le nombre de neutrons augmente (ou diminue) de la même valeur que le
nombre de protons diminue (ou augmente) lorsqu’on passe d’un isobare à l’autre. Les isobares
correspondant à une masse A déterminée se trouvent tous situés sur une droite perpendiculaire à la
diagonale du quadrant A-Z en fonction de Z.

A-Z

isobares
isotopes

Exemples d’isobares : molybdène – 99 et technétium – 99

Différents types de radioactivité

L’arrangement des nucléons au sein du noyau stable est le fait d’un équilibre entre des forces répulsives
électrostatiques (qui tendent à écarter les protons) et des forces attractives à très court rayon d’action qui tendent
à rapprocher les nucléons.

La radioactivité résulte d’un déséquilibre des ces forces. Pour un nombre donné de protons et de neutrons, donc
pour Z et A déterminés, un noyau peut exister sous plusieurs états dits isomères qui correspondent à des niveaux
d’énergie différents et quantifiés :
A
- l’état fondamental, noté X, est l’état d’énergie minimale, il ne correspond pas
nécessairement à un état stable.
A *
- les états excités, notés
-12
X
, sont très instables. Ils ont une durée de vie moyenne très brève,
inférieure à 10 s, au bout de laquelle ils subissent une transformation vers un état plus stable.

Am
- les états métastables, notés
-12
X
, sont également instables, mais leur durée de vie moyenne
99m
dépasse 10 s et peut atteindre plusieurs heures. Par exemple, le technétium 99 métastable ( Tc),
isotope le plus utilisé en scintigraphie, a une période physique de 6 heures.

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Les nucléides instables par excès de neutrons sont placés au-dessus de la ligne de stabilité ; ils s’en
approcheront grâce à une réaction nucléaire interne qui transforme un neutron en proton selon le schéma :

0
1
0 n  11 p 01 e 0
-
L’électron négatif émis par le noyau est caractéristique de la radioactivité , il est accompagné de l’émission
d’un antineutrino (antiparticule).

Les nucléides instables par excès de protons sont situés sous la ligne de stabilité, ils s’en approchent par une
transformation nucléaire qui change un proton en neutron selon le processus :

p n  1 e  0 
1 1 0 0
1 0

L’électron positif (antiparticule) libéré par le noyau donne son nom à la radioactivité + , il est accompagné de
l’émission d’un neutrino (particule). Il est donc toujours nécessaire d’avoir un couple antiparticule + particule.

La troisième possibilité de se situer en-dehors de la zone de stabilité est que le noyau soit globalement trop
« lourd » et comporte à la fois un excès de protons et un excès de neutrons : on est alors en présence de la
radioactivité . Le retour vers un état stable s‘accompagne alors de l’émission d’une particule de masse 4 et de
charge 2, qui correspond en fait à un noyau d’hélium.

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Chapitre V : Modes de désintégration radioactive

Il existe essentiellement 4 types de transformations radioactives :

1– la radioactivité alpha ()


– - -
2– la radioactivité bêta ( et ,  )
3– la radioactivité bêta+ (+ et + , )
4– la capture électronique

Cependant, il est plus intéressant de distinguer deux grands groupes de transformations radioactives :

les transformations qui s’accompagnent d’un changement de masse du noyau, et qui correspondent en
fait à la radioactivité alpha,

les transformations isobariques (sans modification de la masse du noyau), qui regroupent les trois
autres types ci-dessus.

I. Radioactivité alpha ()


Ce mode de désintégration s’observe essentiellement pour les atomes très lourds, de numéro atomique supérieur
à 82 (plomb), dont les noyaux contiennent un excès des deux types de nucléons : protons et neutrons. Le noyau
émet une particule constituée de 2 protons et 2 neutrons. Il s’agit donc en fait d’un noyau d’hélium. Dans cette
désintégration, le nombre de masse A diminue de 4 unités et numéro atomique Z diminue de 2 unités.
L’émission a pour équation :
A A 4
X  He  Z 2 Y
4
Z 2

Le nouveau nuclide Y peut être lui-même stable ou radioactif (possibilité de filiations successives, comme c’est
le cas pour les familles radioactives naturelles).

Exemples :
Ra  He  86 Rn
226 4 222
88 2
238
92 U  24 He 23490 Th
Les particules sont émises avec de très grandes énergies (entre 4 et 8 MeV), spécifiques du radio nuclide
émetteur. Elles ont toutes la même énergie et le spectre de l’énergie des particules est un spectre de raies.
nombre de particules

émission mono-énergétique

énergie

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Le bilan énergétique de la réaction (en unités de masse) est le suivant :

mX = mY + m  + m

de telle sorte que l’énergie libérée lors de la transformation du noyau se retrouve sous la forme d’énergie
cinétique correspondant à la fois à la vitesse de la particule alpha expulsée du noyau et à la vitesse de recul de ce
dernier :


m
v noyau V
M

Il doit y avoir conservation de la quantité de mouvement : M v = m V


de telle sorte que l’énergie cinétique se partage entre les deux objets en mouvement :
2 2 2
E c = m c = 1/2 M v + 1/2 m V

En raison de leur masse élevée et de leur charge double de celle de l’électron (en valeur absolue), les particules 
sont soumises à de nombreuses interactions avec la matière environnante ce qui explique qu’en dépit de leur
grande énergie cinétique, les particules ont une très faible profondeur de pénétration (de l’ordre de 0,03 mm
dans les tissus mous) et ne sont utilisés en médecine que pour des thérapies de contact. Elles sont arrêtées par des
écrans très légers (une feuille de papier est suffisante pour les arrêter totalement) mais elles sont très
dangereuses, soit en cas de contact direct, soit surtout en cas d’ingestion (contamination radioactive).

Les particules sont très ionisantes du fait de leur taille et de leur double charge positive. Elles ont un trajet
rectiligne et court dans la matière avec une vitesse relativement faible ne dépassant pas 20000 km/s.

II. Transformations isobariques


Ces transformations radioactives sont caractérisées par le fait que la masse (masse atomique = somme des
nucléons) reste constante (le noyau de départ et le noyau d’arrivée sont des isobares) ce qui ne veut pas dire que
de petits changements de masse liés à des modifications d’énergie de liaison des nucléons n’aient pas lieu.
-
Radioactivité 

C’est une radioactivité caractérisée par l’expulsion d’un électron d’un noyau qui possède un excès de neutrons
par rapport au nombre de protons. Il s’agit bien d’une réaction isobarique, comme le montre le schéma général
de la transformation :
Y 1 e 0 
A A 0
X 
0
Z Z 1

0
L’émission  est caractérisée par l’expulsion d’un électron 1
-
e . Le noyau fils a donc le même nombre de
masse que le noyau père, mais une charge positive en plus.

L’électron ne préexiste pas dans le noyau : il provient de la transformation d’un neutron en proton :

n p 1 e
1 1 0
0 1
Exemple :
N  10 e 0 
0
14
6 C  14
7

L’émission n’est pas mono-énergétique comme l’émission . Il y a deux particules : la particule  et


- -

l’antineutrino qui se partagent de façon aléatoire l’énergie émise lors de la réaction. On observe donc toujours un

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spectre continu s’étendant depuis la valeur 0, quand l’antineutrino emporte toute l’énergie de la réaction,
jusqu’à la valeur maximale E max quand l’antineutrino n’emporte aucune énergie.

nombre de particules

spectre continu

énergie
Les - peuvent avoir une vitesse élevée, voisine de celle de la lumière, leur pouvoir ionisant est plus faible que
celui des particules , mais leur trajectoire est plus longue et plus sinueuse.

Radioactivité 
+

C’est aussi une radioactivité uniquement artificielle. Elle se produit lorsque les noyaux ont un excès de protons
par rapport aux neutrons. Il s’agit d’une réaction isobarique puisque le nombre de masse A ne change pas, en
effet la réaction s’écrit de façon générale :

Y 1 e 0 
A A
X 
0 0
Z Z 1
Exemple :
18
9 F  18
8 O  10 e  00 

Comme dans le cas de l’émission , on a toujours deux particules qui se partagent de façon aléatoire l’énergie
-

libérée au cours de la réaction : une anti-particule et une particule. On a donc également un spectre continu en ce
qui concerne la distribution de l’énergie des positons. Cependant la durée de vie des positons est très courte, et
lorsqu’un positon rencontre un électron, il se produit le phénomène d’annihilation, avec disparition de la masse
des deux particule, et production de photons : deux photons de 511 keV (émis à 180° l’un de l’autre pour des
raisons de conservation de quantité de mouvement).

En effet, d’après EINSTEIN : 2 me c2 = 1,022 MeV

Le bilan des masses doit donc être supérieur à deux fois la masse de l’électron au repos. Si cette condition n’est
pas obtenue, il peut se produire un autre phénomène qui conduit au même résultat : c’est la capture électronique.

Capture électronique

Survenant, comme la transformation précédente, pour des noyaux présentant un excès de protons, la capture
électronique consiste non plus en l’émission d’un corpuscule mais en l’intégration au noyau de l’un des électrons
périphériques, en général l’un des deux électrons de la couche K.

A
Z X  10 e  A
Z 1 Y  00 

A l’intérieur du noyau, la capture de l’électron conduit à la transformation d’un proton en neutron :

1
1 p  10 e  1
0 n  00 
A la suite de la réaction de capture par le noyau d’un électron de la couche K, il y a réarrangement électronique
avec émission de fluorescence X : raies Kou Kde l’atome produit par la réaction.
201 201
Exemple : transformation du Tl en Hg avec émission de la raie Kdu mercure voisine de 80 keV

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Chapitre VI : Lois de la décroissance radioactive


et filiations radioactives

I. Décroissance radioactive

Le phénomène de désintégration radioactive est un phénomène aléatoire. Ceci signifie que si l’on considère un
noyau radioactif donné, il est impossible de prédire à quel instant la désintégration va se produire. En revanche,
en présence d’une source radioactive comportant un très grand nombre de noyaux, il est statistiquement établi
avec une grande précision combien de noyaux vont se désintégrer au cours d’un intervalle de temps donné.

La loi de décroissance exprime ainsi la variation du nombre, en fonction du temps, N(t) d’atomes radioactifs
contenus dans une préparation qui renferme initialement, au temps t = 0, N0 atomes.

Sous une forme différentielle, on peut écrire que le nombre d’atomes dN, qui se désintègrent au cours d’un
temps dt s’exprime ainsi :

dN = - N dt

avec un coefficient qui s’appelle « constante radioactive » et un signe – qui traduit le fait qu’il s’agit d’une
décroissance (fonction à dérivée négative).

Cette relation signifie simplement que le nombre de désintégrations qui se produisent à un instant donné est
proportionnel au nombre d’atomes N(t) encore radioactifs à cet instant. Comme ce nombre décroît au cours du
temps, l’ « activité » de la source, définie comme le nombre de désintégrations par unité de temps (dN / dt),
décroît parallèlement à N(t).

L’intégration de cette équation différentielle du premier ordre à coefficients constants conduit très simplement à
la loi de variation de N(t) :

N = N0 e - t

Cette relation correspond à une fonction exponentielle décroissante de coefficient  représentée sur la figure
suivante.

La variation exponentielle de N est également caractérisée par la période T, temps au bout duquel N diminue la
moitié.

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Nombre de noyaux radioactifs

N0

N0/2

temps

T
La décroissance exponentielle d’une grandeur physique est caractérisée par une constante de temps 1/. Celle-ci
représente le temps au bout duquel la grandeur est réduite à 1/e, pour la décroissance radioactive, la constante
1/ représente la vie moyenne.

Mais pour caractériser une décroissance radioactive, plutôt que la constante , c’est la demi de vie T, ou
période radioactive, qui est employée et elle est liée à par la relation suivante :

N0/2 = N 0 e – T

soit : log (1/2) = -T

En pratique on peut également utiliser les relations :

= 0,693 / T ou T = 0,693 / 

Ci-dessous figurent quelques exemples de périodes radioactives pour des éléments employés en médecine :

Radionuclides utilisés en scintigraphie (diagnostique) conventionnelle :

technétium – 99 m 6 heures
iode – 123 13 heures
thallium – 201 3 jours

Radionuclides employés en tomographie par émission de positons (TEP) :

oxygène – 15 2 minutes
carbone – 11 20 minutes
fluor – 18 2 heures

Radionuclides employés en thérapie (radiothérapie métabolique)

iode – 131 8 jours

Radionuclides employés en biologie (in-vitro) :

iode – 125 60 jours


tritium (hydrogène – 3) 12 ans
carbone – 14 5730 ans

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II. Activité et unités


L’activité d’une source se définit comme le rapport :

A = dN / dt

Et représente le nombre de désintégrations par unité de temps. L’activité étant par définition un nombre positif,
dN / dt est considérée en valeur absolue (sans le signe – qui figure dans le relation de décroissance radioactive).

On écrit donc, de cette manière : A = N

L’unité d’activité du système international (SI) est le becquerel (Bq) qui correspond à une désintégration par
seconde.

Une activité de 1 Bq est extrêmement faible et, en pratique, on utilise les multiples du becquerel :

méga-becquerel MBq = 106 Bq


9
ou giga-becquerel GBq = 10 Bq

A titre indicatif, les activités couramment employées en médecine nucléaire diagnostique sont de l’ordre de
quelques dizaines à quelques centaines de MBq, alors qu’en thérapie on dépasse souvent le GBq.

Une unité d’activité d’intérêt historique est le curie (Ci) qui est ‘activité d’un étalon de radium isolé par Madame
Curie. Cette unité, en revanche, correspond à une activité élevée puisque :
10
1Ci = 3,7 10 Bq

Dans ces conditions, les activités employées dans les applications médicales sont de sous-multiples du curie :
micro-curie (Ci) ou milli-curie (mCi).

La connaissance de l’activité d’une source et de sa période radioactive permet de calculer le nombre d’atomes
présents dans la source (et sa masse en tenant compte de la masse atomique des noyaux).

On parvient ainsi à la relation suivante :

A = N = (0 ,693 / T) N d’où N = (A T) / 0,693

De même, on peut écrire que l’activité d’une source diminue au cours du temps de la même manière que le
nombre de noyaux radioactif :

A = A0 e-t

III. Filiations radioactives

Un certain nombre de radionucléides donnent par décroissance un autre nucléide, lui même radioactif ou instable
(états métastables vus plus loin à propos de l’émission de rayonnements gamma par désexcitation des noyaux).

La filiation la plus simple d’un isotope radioactif « père » et d’un isotope stable « fils » :

X* Y stable

peut donc comporter des états instables intermédiaires, soit sous forme d’états radioactifs
(notés par *), soit sous forme d’états métastables (notés par m) :

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X* Y* Z stable
m
X* Y Y stable

L’application médicale concrète de ce type de filiation est le générateur de radio-isotopes. Il est constitué par un
couple nucléaire père-fils, tel que la séparation de l’élément fils de son précurseur permet de disposer du
nucléide désiré avec un degré de pureté radionucléidique élevé. Les générateurs de laboratoire, qui permettent
ainsi une préparation « extemporanée », résolvent en partie les problèmes logistiques liés à la production et à
l’utilisation de radio-isotopes à vie courte dans le domaine médical.

Le schéma de décroissance simplifié suivant peut être appliqué à la majorité des générateurs :

1 2 3
1 2
N1 N2 N3

1 est le radionucléide père, 2 le radionucléide fils et 3 le résultat de la décroissance de 2, qui dan le cas le plus
simple est stable (mais qui pourrait aussi être radioactif, en prolongeant la filiation vers d’autres éléments – voir
les familles radioactives naturelles).

L’analyse de cette filiation sous forme différentielle consiste à écrire un système d’équations donnant les
variations de N 1, N2 et N3 au cours du temps :

décroissance de N1 dN1 / dt = – 1 N1

croissance et décroissance de N 2 dN2 / dt = 1 N1 – 2 N2

croissance de N 3 dN3 / dt = 2 N2

La résolution de ce système d’équations différentielles est relativement complexe et il suffit de connaître le


résultat sous forme graphique, à savoir les courbes de variation des trois fonctions N1(t), N2(t) et N3(t) :

nombre de noyaux

N0

N3 (t)
N1 (t) N2(t)

temps

A tout instant, la somme de tous les noyaux présents dans la source doit rester constante :

N1 (t) + N2(t) + N3(t) = N0

Si au lieu de considérer le nombre de noyaux (radioactifs ou stables) on s’intéresse aux activités (qui ne
concernent que les noyaux radioactifs, les noyaux stables ayant par définition une activité nulle), on obtient un
diagramme différent :

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activités

A0
A1(t)

activité maximale de l’élément n°2

A2(t)

A 3(t) = O temps

tM
Ce schéma mont que si l’activité de l’élément « père » ne peut que décroître, celle de l’élément « fils » passe par
un maximum à un instant t M qui dépend des constantes radioactives des deux éléments radioactifs en présence
(le troisième élément stable ayant une constante radioactive nulle).

On qualifie cette situation d’ « équilibre de régime » et l’instant où l’élément « fils » atteint son activité
maximale est donné par la formule suivante (qui se déduit du fait qu’à cet instant la dérivée de la fonction A2(t)
est nulle) :
t M = ln(1 / 2) /(1 – 2)
99 99m
Parmi les couples utiles en médecine nucléaire le générateur Mo Tc reste de très loin le plus largement
utilisé, puis viennent ensuite les générateurs 81 Rb  81mKr et 90Sr  90 Y et à un degré moindre le 113Sn 
113m 188 188
In et W  Re.

Dans le cas de la filiation molybdène – 99 / technétium – 99m, les constants radioactives du molybdène et du
technétium sont telles que l’instant du maximum d’activité se situe à 24 heures. Cette particularité est mise à
profit dans l’utilisation quotidienne de ce générateur dans les Services de Médecine Nucléaire (voir plus loin).

Une autre situation un peu particulière concerne le cas où l’élément « père » a une vie très longue par
comparaison avec l’élément « fils ». On obtient alors un régime particulier appelé « équilibre séculaire » dans
lequel l ‘activité du « père » reste pratiquement constante, et très rapidement l’activité du « fils » devient
également constante et égale à celle du « père ».

L’exemple le plus utile à connaître est celui de la transformation du radium – 226 en radon – 222, par
radioactivité alpha. Le radon est en effet un gaz radioactif qui pose des problèmes de contamination et qui
constitue une des principales sources d’irradiation naturelle. Le schéma de l’équilibre séculaire se présente ainsi :

activités
Activité d’équilibre du radium et du radon

radium

radon

temps

Avec les caractéristiques suivantes :


période physique du radium – 226 1600 ans
période physique du radon – 222 3,8 jours

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Chapitre VII : Emissions de rayonnements


et schémas de désintégration

L’utilisation médicale de la radioactivité est fondée sur le fait que ces substances radioactives émettent des
rayonnements de nature variée, qui sont employés aussi bien pour des applications diagnostiques que pour des
applications thérapeutiques. Dans le premier cas il est souhaitable que l’irradiation inévitable, que ces rayons
sont susceptibles de faire subir au patient soit la plus réduite possible, alors que dans le second cas, les effets
radiobiologiques, notamment sur des tumeurs cancéreuses, sont l’effet recherché, et l’irradiation doit être plus
importante pour que le traitement soit efficace.

I. Les émissions de rayonnements liés à la radioactivité


Le schéma général de toutes les émissions de rayonnements nucléaires réside dans la transformation d’un noyau
instable, possédant un niveau d’énergie élevé, vers un noyau stable, dont l’énergie est plus basse. Comme il a
déjà été vu à propos des filiations radioactives, ce passage entre l’instabilité et la stabilité peut comporter des
niveaux d’énergie intermédiaires : états excités ou états métastables.

Elément radioactif de départ X* X* X*


énergie E 1

état excité intermédiaire Y*


m
énergie E 2 état métastable intermédiaire Y

élément stable à l’arrivée Y Y Y


énergie E 3

L’énergie émise par les rayonnements correspond à la différence entre les états de départ et d’arrivée.

On distingue plusieurs étapes lors de ce processus d’émission d’énergie, qui se suivent souvent de manière
pratiquement instantanée, mais qui peuvent aussi être différées dans le temps.

Rayonnements nucléaires en relation directe avec le phénomène de désintégration

Ces rayonnements que l’on peut qualifier de « primaires » caractérisent le type de radioactivité, et donnent leur
nom au mode de désintégration :

rayons , émis sous forme de particules lourdes mono-énergétiques (spectre de raies)


-
rayons , électrons accélérés distribués selon un spectre continu avec une énergie maximale
+
rayons , positons également distribués initialement selon un spectre continu

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Le quatrième mode de désintégration, la capture électronique, ne donne pas lieu à une émission primaire de
rayonnements.

Rayonnement de désexcitation des noyaux : émission gamma

L’existence d’états excités, intermédiaires entre l’état instable et l’état stable, donne lieu à une émission
d’énergie sous forme de rayonnements dont l’origine reste nucléaire (rayons issus du noyau des atomes) mais qui
peuvent être qualifiés de « secondaires », par comparaison avec les rayons « primaires » vus plus haut.

Il s’agit d’énergie « pure », sans support matériel, dans la mesure où la composition du noyau en nucléons n’est
pas modifiée par la désexcitation : ce sont les rayons gamma, de nature photonique, qui ne se distinguent pas
physiquement des rayons X, si ce n’est que leur production est nucléaire, alors que les rayons X ont une origine
électronique.

La cinétique de désexcitation peut prendre différentes formes, selon que la succession entre émission primaire et
émission secondaire est instantané, ou s’effectue avec un certain décalage dans le temps. Dans ce denier cas,
lorsque l’état excité possède une certaine « durée de vie », on parle d’état « métastable » (noté par m placé à coté
99m
du symbole et du nombre de masse de l’élément, par exemple Tc). Il existe alors une cinétique de
décroissance exponentielle pour l’état métastable, avec une période qui possède les mêmes propriétés que la
période radioactive à proprement parler.

Ainsi, la période physique du technétium – 99m est de 6 heures, et l’émission de photons se fait avec une
énergie de 140 keV.

Désexcitation des noyaux avec transfert d’énergie vers des électrons atomiques : conversion interne

L’émission gamma n’est pas la seule possible pour permettre la désexcitation des noyaux. Un autre phénomène,
qui est en compétition avec le précédent est la conversion interne.

Il s’agit du transfert de l’énergie de désexcitation vers un électron qui gravite autour du noyau, habituellement un
électron d’un couche profonde : couche K, lequel est alors éjecté de l’atome avec une certaine vitesse. L’énergie
de désexcitation se partage entre l’énergie nécessaire pour libérer l’électron (énergie de liaison sur la couche) et
l’énergie cinétique relative à la vitesse avec laquelle il quitte l’atome. Le rayonnement de désexcitation est donc,
dans ce cas, constitué par un rayonnement d’électrons.

Annihilation des positons

La durée de vie des positons (anti-particules = anti-électrons) est très brève et leur parcours dans la matière est
très court, de l’ordre du millimètre, distance variable avec leur énergie.

Dès qu’un positon rencontre un électron, il présente le phénomène d’annihilation, avec disparition de la masse
des deux électrons et conversion (selon l’équivalence masse / énergie) en énergie photonique. Deux photons de
511 keV chacun sont émis à 180° l’un de l’autre à partir du site de l’annihilation.

Réarrangement électronique des atomes

Plusieurs phénomènes nucléaires donnent lieu à une perturbation du cortège électronique des atomes, avec
notamment production d’une lacune électronique sur un couche profonde de cet atome :

la capture électronique, désintégration radioactive comportant le passage d’un électron K vers le


noyau avec production d’une lacune sur la couche K

la conversion interne, phénomène de désexcitation qui éjecte un électron K hors de l’atome sous l’effet
de l’énergie émise par le noyau.

Dans les deux cas il va se produire un réarrangement du cortège électronique de l’atome, avec émission de
rayonnements de fluorescence (éventuellement en cascade, de L vers K, puis de M vers L etc.).

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On peut résumer l’ensemble


des émissions de rayonnement
émission 
sur le schéma théorique ci-contre :
rayons X de
fluorescence
émission -

capture électronique
émission +
annihilation
du positon
conversion interne
émission 

électron de
511 keV
conversion interne

II. Schémas de désintégration

Il est commode de représenter sur un schéma la synthèse des transformations énergétiques qui conduisent du
noyau père au noyau fils, ainsi que la nature des émissions de rayonnements.

Le symbolisme utilisé pour ces schémas de désintégration consiste à indiquer le passage entre les niveaux
d’énergie au moyen de flèches, dirigées vers la gauche dans les cas où la transformation s’accompagne d’une
diminution du numéro atomique des noyaux (émission – et dans ce cas on utilise une double flèche pour
signifier que la diminution est de deux unités – et émission +, accompagnée le cas échéant par la capture
électronique) et dirigées vers la droite lorsque le numéro atomique augment (cas de la radioactivité -). La
désexcitation des noyaux (émission ou conversion interne) est représentée par une flèche verticale, étant donné
que la composition du noyau ne se modifie pas.









 
CE










Quelques exemples :
A 226 A 32
X Ra X P

α 4.8 MeV β E max = 1.7 MeV

A-4 222 A 32
X Rn X S

Emission α Emission βpure

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A 137 A 60
X Cs X β Co
β1 0.514 MeV Y1 *
92% γ
1 1.17 MeV
Y* β2 Y2 *
8% γ0.662 MeV γ
2 1.33 MeV
A 137 A 60
Y Ba Y Ni
Emission β+γ

Il arrive qu’un même radionuclide admette plusieurs modes de désintégration . On est alors en présence d’un
« embranchement » comportant plusieurs voies possibles, caractérisées chacune par leur probabilité (en %). On
rencontre également des embranchements lorsqu’il existe de nombreux niveaux intermédiaires entre les noyau
père et fils. Ces émissions complexes se définissent par la proportion des rayonnements des différents groupes
rapportés à 100 désintégration, comme on peut en voir quelques exemples dans le tableau suivant :

Nucléide T Emission (keV)


3
H 12.26 a β- 18.6 100%
+
11 β 980 100%
C 20.5 min
2γ 511
14 -
C 5700 a β 156 100%
15 β+
1720 100%
O 124 s
2γ 511
β- 1389 99%
24
Na 15 h γ 1369 100%
γ 2754 100%
32 -
P 14.3 j β 1710 100%
β- 319 99%
60
Co 5.27 a γ 1332 99%
γ 1173 99%
99m
Tc 6h γ 140 80%
125 CE 27 100%
I 60 j
γ 35 10%
β- 608 87%
-
β 340 13%
131
I 8.07 j γ 364 80%
γ 637 7%
γ 284 5%
-
133 β 350 99%
Xe 5.27 j
γ 81 50%

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Chapitre VIII : Production d’isotopes radioactifs


pour la médecine

A quelques rares exceptions près, les radionuclides employés à des fins médicales ou biologiques entrent dans la
catégorie des « radioéléments artificiels » par opposition aux « radioéléments naturels ». Il existe différents
modes de production de ces radioéléments artificiels .

Souvent cette production fait appel à des réactions nucléaires, c’est à dire à une transformation de la structure
des noyaux d’un élément stable au départ (cible), en un élément radioactif, avec apport d’énergie sous la forme
d’un rayonnement qui vient irradier cette cible.

Dans sa forme la plus générale, une telle réaction nucléaire se représente par le schéma suivant :

X(i,e)Y

Ans lequel X est l’élément de départ (cible), Y est l’élément d’arrivée de la réaction, i est une particule incidente
qui déclenche la réaction et e est une particule émise qui emporte l’excédent d’énergie non utilisé dans la
réaction.

I. Produits de fission
Certains noyaux lourds, comme l‘uranium par exemple donnent lieu au phénomène de fission, c’est à dire que
ces noyaux peuvent se diviser en deux noyaux plus légers. La fission peut être spontanée, mais le plus souvent,
pour se produire, elle est favorisée par l’impact d’un neutron, et elle peut à son tour s’accompagner de l’émission
de plusieurs neutrons (2 ou 3). Cette multiplication des neutrons provoque une « réaction en chaîne » qui,
lorsqu’elle est contrôlée, peut produire de l’énergie (réacteur nucléaire), mais qui peut aussi être explosive
(armes nucléaires).

noyau n°1

2 ou 3 neutrons émis

neutron incident

noyau d’uranium
noyau n°2

Les deux noyaux résultant de la fission ne sont pas identiques, leur masse sont de l’ordre de 130 pour le plus
gros, et de 100 pour le plus petit. La réaction peut s’écrire :

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235 +/- 130 +/-100


U ( n , 2 ou 3n) X+ Y

de telle sorte que la somme des masses soit conservée.

La fission donne lieu à un mélange d’isotopes variés, dont il faut extraire, chimiquement ou physiquement, les
produits que l’on désire à l’état purifié en vue de leur utilisation diagnostique ou thérapeutique.

Les principaux produits de fission employés en médecine sont :

éléments « lourds » iode – 131, xénon – 133


éléments « moins lourds » molybdène – 99 (père du technétium – 99m)

Le phénomène de fission explique également qu’en cas d’accident nucléaire (voir Tchernobyl), les principaux
contaminants de l’environnement sont l’iode – 131 (contamination qui disparaît rapidement du fait de la période
de 8 jours) et le césium – 137 (contamination durable, avec une période de 30 ans).

II. Irradiation par neutrons

Une manière simple d’irradier ne cible au moyen de neutrons consiste à la placer au « cœur » d’un réacteur
nucléaire, lieu où il existe un nombre importants de neutrons, à la suite de la fission des barres d’uranium qui
constituent le réacteur.

Ces neutrons peuvent avoir des énergies différentes et il est possible de favoriser l’irradiation, soit par des
neutrons « lents » (dits neutrons thermiques) soit par des neutrons plus énergétiques.

Les neutrons de faible énergie donnent des réactions de type (n, ) pour lesquelles un neutron supplémentaire
est simplement incorporé dans le noyau de la cible, avec émission d’énergie en excès sous forme de photon. Par
exemple : préparation du chrome – 51 ou du fer – 59 (employés tous les deux dans les études hématologiques
pour marquage des globules rouges).
50 51 58
Cr ( n , ) Cr Fe ( n , ) 59Fe

Dans ces réactions, on constate que l‘élément résultant est de même nature chimique que l’élément de départ (le
nombre de protons du noyau n’est pas modifié). La séparation chimique des deux isotopes n’est pas possible et
l ‘ « activité spécifique » du produit final est faible (présence d’isotope stable mélangé à l’isotope radioactif).

Les neutrons d’énergie plus élevé donnent des réactions de type (n,p). C’est, par exemple, le cas de la
préparation du phosphore – 32 (biologie moléculaire) :
32 32
S(n,p) P

Ici la séparation chimique entre le soufre et le phosphore est possible.

III. Accélérateurs de particules

L’accélération des particules chargées peut être réalisée par passage dans des champs électromagnétiques
successifs, soit linéaires (accélérateurs linéaires), soit circulaires (cyclotrons). Les cyclotrons sont les
accélérateurs les plus largement utilisés pour la production de radionucléides en médecine. Seules des particules
chargées peuvent être accélérées, ce qui n’est donc pas le cas des neutrons.

Ces particules peuvent être des protons, des deutons, des hélions-3, des particules alpha ou des ions lourds. Ces
espèces sont toutes chargées positivement, comme le sont aussi les noyaux de l’atome cible. Afin de surmonter
les interactions coulombiennes, il est nécessaire d’accélérer ces particules à des vitesses qui correspondent à des
énergies de plusieurs millions d’électrons -volts.

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Principe du cyclotron

Le principe du cyclotron consiste à guider, au moyen d’un champ magnétique, des particules chargées de
manière à leur donner une orbite circulaire, et à les accélérer par des passages successifs dans un champ
électrique de haute fréquence.

Le cyclotron classique comprend un électro-aimant à pôles cylindriques, fournissant dans l’entrefer un champ
magnétique uniforme. Dans cet entrefer est logée une chambre d’accélération renfermant, dans la région
centrale, la source d’ions et dans le plan médian le système d’électrodes d’accélération en forme de D, appelées
-5 -6
« dees ». Un vide de 10 à 10 torr est maintenu dans cette chambre d’accélération.

Les particules ionisées, émises à faible énergie par la source d’ions, sont soumises à une tension alternative de
très haute fréquence, dont la demi-période d’oscillation est égale au temps de parcours des particules ionisées à
l’intérieur de l’une des électrodes. Les particules ionisées circulent alors le long d’une spirale recevant, à chaque
fois quelles pénètrent dans un dee, une énergie cinétique supplémentaire.

L’énergie maximale d’accélération dépend de la tension appliquée et du nombre de passages entre les deux dees.

cible

tension accélératrice de haute fréquence : inversion de la polarité à chaque tour

Différents types de cyclotrons

Cyclotrons « médicaux »

Installés dans l’enceinte même d’un centre hospitalier, ils sont destinés à la production journalière de
radionucléides de très courte période (<2 heures) utilisés pour le diagnostic ou la recherche. Ils peuvent
accélérer des protons et des deutons à des énergies respectives de 10 MeV et 5 MeV, ce qui permet la production
+ 15 18
locale de radionucléides émetteurs β ( 0, F). Des cyclotrons un peu plus puissant (18 MeV proton / 9 MeV
deuton) ont des application plus étendues, avec, d’une part, la production à plus grande échelle de radionucléides
émetteurs β+ précédemment cités, et, d’autre part, celle du carbone-11 et de l’azote-13.

Ces cyclotrons sont « compacts » et ne demandent qu’un espace réduit, avec cependant la nécessité d’une
protection importante des installations environnantes et du personnel (murs épais en béton) contre les
rayonnements parasites émis.

Une telle installation hospitalière demande, en plus, un laboratoire radio-protégé pour la synthèse des
radiopharmaceutiques employés chez l’homme, et au total il s’agit d’équipements coûteux, encore peu répandus
3 ou 4 en France)

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Cyclotrons à « moyenne énergie » et à « haute énergie »

Les cyclotrons de moyenne énergie sont utilisables pour la neutronothérapie (irradiation de cancers par des
neutrons) et la production de radionucléides avec la possibilité d’accélérer des ions jusqu’à une énergie de 30
MeV.

Les cyclotrons de haute énergie sont dédiés à la recherche en physique nucléaire et sont aussi partiellement
utilisés pour la production de certains radionucléides. Leurs performances sont de 10 à 80 MeV pour les protons,
10 à 5 MeV pour les deutons, 20 à 130 MeV pour le hélions-3 ou de 20 à 100 MeV pour les alpha.

Exemples d’application

De très nombreux radionucléides peuvent être produits à l’aide d’un cyclotron. Les radionucléides les plus
importants dans le domaine du diagnostic peuvent être classés en deux catégories :

les émetteurs β+ : 18F, 11


C, 13N, 15
O, 75Br, 76Br qui ont une période courte et qui doivent être produits in situ en
milieu hospitalier.
201 67 123 111
Les émetteurs γ: Tl, Ga, I, In qui ont leurs période plus longue et sont produit dans un centre
spécialisé, puis distribués dans les différents hôpitaux.

Production du radionucléide Oxygène – 15


15
L’isotope de l’oxygène, O (T1/2 = 122 s) a comme réaction de formation :
14
N ( d , n )15 O
+ 15 15 15
Il produit une émission β de 1.72 MeV. Il est utilisé sous forme de gaz ( O2, C O, C O2) par inhalation pour
la ventilation pulmonaire ou sous forme d’eau (H 215O) par injection intra-veineuse pour les explorations en
15
cardiologie ou enfin sous forme de gaz carbonique C O 2 pour l’étude de la consommation cérébrale en oxygène.

Production du radionucléide Fluor – 18

Le fluor – 18, de période 110 min, a comme réaction de formation :


18 18
O(p,n) F
+ 18
Il se désintègre avec une émission β de 0.635 MeV, et il est principalement utilisé sous forme de 2-( F)Fluoro-
2-Déoxy-D-Glucose (18 FDG), notamment en cardiologie, pour les études de viabilité myocardique et surtout en
cancérologie pour la recherche de tumeurs primitives ou secondaires, caractérisées par leur métabolisme élevé et
l’augmentation de la consommation de glucose qu’il entraîne.

Production du radionucléide Thallium 201

Le thallium – 201 ( T1/2 = 73h) a comme réaction de formation :

203
Tl ( p , 3n ) 201Pb + 
CE 201
Tl

On constate que dans cette production, c’est en réalité du plomb – 201 qui est fabriqué, mais comme il a un
période très courte, ce dernier se transforme rapidement en thallium – 201 par filiation.

Ce radioélément, sous forme de chlorure, est utilisé pour le diagnostic et l’évaluation thérapeutique ou
pronostique des maladies coronariennes.

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IV. Générateurs de radio-isotopes

Un certain nombre de radionucléides donnent par décroissance un autre nucléide, lui même radioactif : ainsi on
parle d’un isotope père et d’un isotope fils. Un générateur de radio-isotopes est constitué par un couple nucléaire
père-fils et la séparation de l’élément fils de son précurseur permet de disposer de nucléide avec un degré de
pureté radionucléidique élevé. Les générateurs permettent de contourner les problèmes logistique liés à la
production et à l’utilisation de radio-isotopes à vie courte.

Le schéma de décroissance simplifié suivant peut être appliqué à la majorité des générateurs :

1 2
1 2 3

ou 1 est le radionucléide père, 2 le radionucléide fils et 3 le produit de décroissance de 2 qui peut être stable ou
encore radioactif. Dans la mesure où la période radioactive du père est supérieure à celle du fils, un régime
d’équilibre va s’établir entre la quantité d’isotope fils produit par décroissance du père et la quantité d’isotope
fils disparaissant du fait de sa propre décroissance.

Si la vitesse de formation de 2 est telle que :

dN 2 
2N 2 1 N 1e t 
0  0
dt
L’intégration de cette équation différentielle, tenant compte du fait qu’au temps t = 0, N 2(0) = 0, donne :

N2   0 
N 1  e 2 t 
e 1t 
1
2 1
ce qui conduit à l’activité de 2 :
A2   0 
A1 e 2 t 
e 1t 
2

2 1

Le choix du couple (père – fils) est lié aux caractéristiques radioactives du descendant (T1/2 , type d’émission).
99 99m
Parmi les couples utile en médecine nucléaire le générateur Mo Tc reste de très loin le plus
largement utilisé, mais les générateurs 81 Rb 81m
Kr , sont également de plus en plus utilisés (étude de la
ventilation pulmonaire au moyen d’un gaz radioactif)..

Exemple : le générateur molybdène – 99 technétium - 99m

Le technétium – 99m est issu de la décroissance radioactive de 99Mo, lui même obtenu par fission de l’uraniu-
98 99
235 ou par réaction nucléaire du Mo ( n , γ) Mo.

D’après la loi de filiation, on constate que, on fonction de 1 et 2, le temps de production du maximum
d’activité de technétium a une valeur proche de 24 heures, ce qui permet l’extraction journalière de 99mTc. C’est
un radioélément parfaitement adapté aux gamma-caméras en terme d’émission γd’ énergie 140 keV et absence
d’émission de particule β.

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Le générateur de technétium – 99m est construit selon le principe suivant :

NaCl physiologique

Protection plombée
Colonne d’alumine chargée
en molybdène - 99

Eluat de technétium – 99m

99 2-
L’anion molybdate ( MoO4 ) est fixé en milieu acide sur une colonne d’alumine qui dans ces conditions de pH
conduit à des oligomères qui sont liées de façon irréversible à la surface de l’alumine. La colonne est
99m -
périodiquement éluée par une solution aqueuse physiologique (NaCl 0,9%) et l’ion TcO4 est entraîné alors
99 2-
que les polymères de MoO4 sont retenus sur la colonne. Seul le technétium – 99m est recueilli lors de
l’élution de la colonne.

Cette opération d’élution peut s’effectuer tous les jours à la même heure (par exemple le matin) et l’on dispose
de technétium pour les examens de la journée. Le générateur se régénérant en 24 heures, un maximum d’activité
sera à nouveau disponible le lendemain à la même heure.

Evolution de l’activité du molybdène - 99

0 24 h 48 h 72 h 96 h
Elutions quotidiennes de technétium – 99m

Dans le cas du générateur rubidium / krypton, la séparation entre le père et le fils est encore plus facile car le
krypton est un gaz qui se dégage spontanément, alors que le rubidium reste fixé dans le générateur.

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Chapitre IX : Radioactivité naturelle

La radioactivité naturelle n’est pas négligeable, et elle peut servir de repère pour les comparaisons des niveaux
de radioactivité artificielle dans l’environnement, d’origine accidentelle ou d’origine industrielle et médicale.
Elle a deux grandes origines :

- la radioactivité qui persiste sur terre des milliards d’années après la formation de notre planète,

- la radioactivité qui est produite en permanence dans l’atmosphère terrestre sous l’effet des irradiations
d’origine cosmique.

I. Radioactivité tellurique

Les données chiffrées concernant la formation de l’univers, le « Big Bang » ou la création de la terre, quoique
imprécises, peuvent néanmoins s’évaluer en milliards d’années :

- 16 à 20 10 9 années pour le Big Bang


9
- 4,6 10 années pour la formation de la terre.

Lors de ces événements, des noyaux radioactifs de toutes compositions se sont formés, dont la plupart, de durée
de vie plus ou moins brève, ont disparu par décroissance spontanée, mais dont certains, de période physique très
longue, du même ordre de grandeur que l’âge de la terre, ont survécu jusqu’à nos jours.

On distingue deux catégories de substances qui répondent à ces critères :

- des noyaux à vie longue qui se transforment d’emblée en noyaux stables lors de leur désintégration,

- des familles radioactives dont l’élément de départ possède une vie très longue, et qui aboutissent en fin
d’évolution sur un élément stable, mais qui au cours de leur filiation peuvent comporter des éléments à
vie beaucoup plus courte.

Eléments de longue période physique

40
Il en existe une dizaine, mais le seul qui présente un intérêt médical est le potassium – 40 ( K) dont la période
est de 1,3 10 9 années. Présent dans de nombreux aliments riches en potassium, il contribue de manière non
négligeable à la contamination humaine, totalement inévitable.
10
D’autres exemples de ces éléments isolés de très longue vie sont le rubidium – 87 (période =4,8 10 ans) ou le
samarium 148 (période = 8 1015 ans). Ils sont nettement moins répandus que le potassium.

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Familles radioactives naturelles

On retrouve dans la nature trois grandes « familles » radioactives (théoriquement il devrait y en avoir quatre,
mais la quatrième ne semble pas exister).

La famille de l’uranium – 238 (période 4 ,5 10 9 ans) peut se représenter par le schéma suivant :

éléments successifs remarques (périodes)

238
92 U U 234 élément de départ 238U

91 Pa 234 234

90 Th 234 230 désintégration 

désintégration 
-
89 Ac

226
88 Ra Ra radium naturel (1620 a)

87 Fr

222
86 Rn Rn radon gazeux (3,8,jours)

85 At 218

84 Po 218 214 210

83 Bi 214 210
206
82 Pb 214 210 Pb plomb stable

81 Tl 210 206

Entre l’ancêtre de la famille, l’uranium – 238 et l’aboutissement final, le plomb – 206 stable, le famille comporte
de nombreux éléments en filiation, avec des transformations qui sont soit de type , soit de type -.

Au cours de ces transformation sil peut y avoir des éléments de courte vie (jours, minutes ou même fractions de
seconde) et c’est surtout l’élément de départ qui a une vie longue et qui est une survivance de la formation de la
terre. Devant ces différences importantes de périodes physiques, il y aura donc des situations d’ « équilibre
séculaire », comme c’est par exemple le cas pour la filiation radium – radon.

Un point important est la présence dans la descendance de l’uranium d’un gaz (le radon) qui pose un problème
de radioprotection dans la mesure où il est émis à partir de roches radioactives (granit, par exemple), et qu’il peut
en résulter une contamination des habitations mal ventilées.
8 10
Les familles de l’uranium – 235 (période = 8,5 10 ans) et du thorium - 232 (période = 1,4 10 ans)
comportent des étapes comparables dans leur évolution, avec notamment :

- l’aboutissement final vers le plomb stable


- une succession de transformations comportant des désintégrations de type ou de type -
- la présence d’éléments intermédiaires de périodes variables, qui peuvent être très courtes
- le passage par un élément gazeux, isotope du radon, et descendant d’un isotope du radium.

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II. Radioactivité atmosphérique

Le rayonnement cosmique, outre une composante importante de photons de haute énergie, comporte également
un rayonnement de particules variées, avec une forte proportion de protons (plus de 80%), ainsi que des alphas et
d’autres noyaux lourds. Ces particules peuvent être à l’origine de réactions nucléaires lorsqu’elles interagissent
avec les gaz atmosphériques.

A coté d’une dizaine d’autres substances de peu d’intérêt, deux isotopes radioactifs prédominent dans
l’atmosphère : le tritium (3H)de période 12,3 ans, et le carbone – 14 (14C)de période 5730 ans.

Le carbone – 14, outre ses applications dans le domaine de la biologie – marquage de toutes sortes de molécules
organiques contenant du carbone – présente l’intérêt de pouvoir « dater » des substances organiques (bois, en
particulier) vieilles de plusieurs milliers d’années. Le principe est simple : la proportion entre le carbone
radioactif et le carbone stable dans l’atmosphère étant parfaitement fixe et connue, les végétaux incorporent ce
mélange (photosynthèse). Lorsque les végétaux meurent, le carbone – 14 n’est pas renouvelé et décroît par
14 12
décroissance physique. Le rapport C / C évolue au cours du temps et permet de connaître la durée écoulée
entre la mort du végétal et l’instant de la mesure.

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Chapitre X : Interaction des photons avec la matière

Cette interaction est à la base du contraste radiologique, la traversée des tissus par les rayons X étant variable
avec la densité de la matière traversée. L’image radiologique représente la plus ou moins grande atténuation
qu’ont subi les rayons X lors de la traversée d’un sujet :

sujet

film ou détecteur de
rayonnements

tube à rayons X

On ne traitera ici que de l’interaction des photons avec la matière, d’autres interactions, notamment pour les
rayonnements de particules, seront vues à propos de la radioactivité.

I. Mécanismes de l’interaction
Plusieurs mécanismes peuvent exister, certains relatifs à l’interaction des photons avec les électrons de la
matière, et d’autres qui concernent l’interaction avec les noyaux :

électrons noyau

diffusion simple matérialisation (paires)


effet Compton réactions nucléaires
effet photoélectrique

Pour la radiologie diagnostique, seules les interactions avec les électrons sont importante, les interactions avec
les noyaux ne pouvant se produire que pour des rayons X d’énergie très supérieure à celle utilisée communément
en radiodiagnostic. En revanche, en radiothérapie, ces dernières interactions sont possibles.

Diffusion simple (phénomène de Thomson - Rayleigh)

Le photon incident est absorbé par l’atome, puis réémis sans modification d’énergie, mais selon une direction
différente de la direction incidente :

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photons diffusés avec


changement de direction

photons incidents

Même s’il n’y a pas d’échange d’énergie entre les photons et la matière, ce phénomène est néanmoins important
en radiologie car les photons diffusés dégradent la qualité de l’image. Il est possible de les éliminer en partie par
l’emploi de grilles anti-diffusantes qui ne laissent passer que les photons qui sont dans la bonne direction :

photons incidents

grille

photons transmis
Effet Compton

Il s’agit d’une interaction avec des électrons faiblement liés de la matière : tous les électrons pour un élément de
faible numéro atomique, et seulement les électrons périphériques pour un élément de Z élevé.

L’énergie incidente est partagée, dans des proportions variées, entre l’électron et le photon diffusé (qui change
donc d’énergie) :
hincident = 1/2mv2 + h’diffusé

l’énergie de liaison de l’électron (faible) étant négligée.

L’énergie transférée à l’électron est faible (choc tangentiel) ou maximale (choc frontal) :

photon diffusé avec un


choc tangentiel = électron faiblement déplacé maximum d’énergie

électron Compton de faible énergie

photon rétro -diffusé de faible énergie

choc frontal = électron fortement déplacé électron Compton de forte énergie

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Effet photoélectrique

Il s’agit de l’absorption totale de l’énergie du photon incident, avec déplacement d’un électron de la matière
éjecté hors de sa couche et transfert de l’excédent d’énergie à cet électron sous forme d’énergie cinétique : (pour
une interaction avec un électron de la couche K)
2
hincident = énergie de liaison EK + énergie cinétique 1/2 mv

Par la suite, la lacune laissée par l’expulsion de l’électron va se combler selon la cascade de fluorescence
classique (ou sous forme d’effet Auger).

Matérialisation des photons

Au voisinage d’un noyau, toute l’énergie du photon incident peut se matérialiser (création d’une paire
d’électrons : électron négatif + électron positif) à la condition que l’énergie du photon soit suffisante pour
permettre cette matérialisation.

Sachant que (Einstein) l’énergie correspondant à la masse de deux électrons est de 1,02 MeV, seuls des photons
qui ont au moins cette énergie peuvent donner ce phénomène. Il ne s’agit donc pas des photons employés
traditionnellement en radiodiagnostic :

photon incident (h> 1,02 MeV)

noyau

énergie cinétique = 1/2 (h- 1,02 MeV)

Le supplément d’énergie se partage entre les deux électrons.

Réactions nucléaires

Il peut y avoir absorption du photon X par le noyau avec transformation de celui-ci (par exemple: réaction
(,n)). Ce type de réaction sera vu à propos de la radioactivité et ne concerne que des photons de très haute
énergie.

II. Coefficient d’atténuation des photons


L’interaction d’un photon avec la matière est un phénomène probabiliste et pour une épaisseur dx de matière
traversée, le nombre de photons absorbés est proportionnel au nombre de photons entrant dans cette couche de
matière :
dx

N(x) N(x) - dN

N0
x = profondeur

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On peut donc écrire : dN = -N dx

ce qui donne en intégrant cette expression différentielle :

N(x) = N0 e - x

A partir de cette expression on définit la CDA (couche de demie-atténuation) telle que :

N0 / 2 = N0 e - CDA

= coefficient d’atténuation exprimé en m .


-1
avec :

Ce coefficient dépend de la nature du milieu et de l’énergie des photons qui le traversent.


et
Si l’on appelle les coefficients correspondant respectivement aux effets Compton et photoélectrique :


 - décroît lorsque l’énergie E = haugmente (approximativement en E - 1/3)


- est proportionnel au nombre d’électrons par unité de volume, c’est à dire en pratique à la masse
volumique du milieu


3
- décroît rapidement lorsque E augmente (en 1 / E )
- croît rapidement lorsque Z augmente (en Z3)
- est proportionnel à la masse volumique 

Ces données sont importantes pour la compréhension du contraste radiologique en fonction de l’énergie des
rayons X, qu’il faut choisir en fonction des organes examinés (mammographie (tissus mous), radio pulmonaire
(air), radio osseuse (os)).

Pour tenir compte de la proportionnalité de l’absorption avec la masse volumique des tissus, on définit également
un coefficient massique d’atténuation :
2 2

exprimé en m /kg ou en cm /g

de telle sorte que la relation de l’atténuation s’écrit :

- (

x
N(x) = N0 e

qui tient mieux compte de la quantité de matière contenue dans une lame qui absorbe les rayons X (intérêt en
radioprotection).

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Chapitre XI : Notions sur l’imagerie radiologique :


détection des rayonnements

L’obtention d’une image nécessite la détection du rayonnement qui établit le lien entre un objet et son image :
parfois l’image est purement analogique et elle résulte du contraste existant entre différentes zones
correspondant à un flux de radiations plus ou moins élevé; dans d’autres cas, les photons sont comptés
individuellement et l’image devient numérique. Enfin la détection des rayonnements est également importante
pour la radioprotection, afin de connaître l’importance de l’irradiation existant dans un contexte donné.

I. Film radiologique
Le noircissement d’une émulsion photographique par les rayons X a été à l’origine de leur découverte. Ce
phénomène reste à la base de la radiographie, même si la tendance va de plus en plus dans le sens de l’imagerie
numérique.

L’émulsion photographique comporte des sels d’argent qui sont sensibles à la lumière (bromure d’argent). Sous
l’action des photons (lumineux ou X) et après développement du film, des grains d’argent métallique sont formés
qui noircissent le film d’autant plus que le nombre de photons détecté est plus élevé : l’image radiologique est
donc une image en négatif, les zones les plus denses de l’objet (os) apparaissent en blanc, et les zones les moins
denses (poumons) en noir.

Cette même méthode de détection est employée en radioprotection (films dosimètres) pour l’appréciation semi-
quantitative de l’irradiation reçue par le personnel travaillant avec des rayonnements.

II. Ecran radioscopique

Certaines substances irradiées par les rayons X émettent de la lumière dans le domaine de la lumière visible : par
exemple le sulfure de zinc donne une luminescence correspondant à une longueur d’onde de 555 nm, qui se
situe au voisinage du maximum de sensibilité de l’œil.

La couche sensible est déposée sur un verre au plomb d’une épaisseur suffisante pour protéger l’opérateur qui se
trouve placé sur le trajet du faisceau de rayons X.

La luminance de l’écran est cependant fonction du flux de rayons X et nécessite des débits importants peu
compatibles avec une faible irradiation des patients. Cette technique est donc pratiquement abandonnée.

III. Amplificateur de luminance


La lumière émise par une couche luminescente avec une faible intensité (faisceau de rayons X peu intense) peut
être amplifiée par accélération des électrons émis par une couche photo-sensible à l’intérieur d’un tube
électronique :

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électrodes
écran fluorescent
de sortie

optique électronique caméra TV

moniteur
couche photo-émissive

écran fluorescent d’entrée

IV. Détecteurs à gaz

Principe général

La détection est fondée sur l’ionisation d’un gaz placé dans une enceinte comportant deux électrodes pour
collecter les charges électriques produites :

-
+
-

Le mode de fonctionnement du détecteur est différent selon la valeur de la tension appliquée aux électrodes.
Pour qu’un rayon soit détecté, il est nécessaire qu’il se produise une interaction avec le gaz contenu dans le
détecteur, ce qui suppose qu’un phénomène d’absorption se produise dans le compteur. Un rayon qui traverse le
compteur sans donner d’interaction n’est pas détecté, et dans le cas d’un gaz de faible masse volumique, la
probabilité de détection reste faible. On utilise donc de préférence des gaz «lourds» (xénon, par exemple),
éventuellement sous pression pour en augmenter la densité. Parfois des composés organiques sont ajoutés au
mélange gazeux et facilitent le phénomène d’ionisation.

Chambre d’ionisation

Pour une tension relativement faible (quelques centaines de volts) un courant d’ionisation s’établit qui
correspond à la collection des paires d’ions formées. Les photons ou particules détectées ne produisent pas des
impulsions distinctes, mais on mesure un courant global qui fournit la quantité d’ionisations produites pendant
un certain temps.

Les applications des chambres d’ionisation se situent dans le domaine des mesures de doses (débit de dose =
énergie détectée pendant une unité de temps).

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Compteurs proportionnels

Ils correspondent à une tension plus élevée pour laquelle les ions formés sont capable d’induire d’autres paires
d’ions sur leur trajet vers les électrodes (avalanche de Townsend). A la sortie du détecteur on obtient des
impulsions électriques dont l’amplitude est proportionnelle à l’énergie de l’interaction photon - gaz. Il s’agit
donc d’un véritable compteur qui permet la sélection des impulsions en fonction de leur amplitude
(spectrométrie) et leur comptage au cours du temps.

Il faut noter que des détecteurs matriciels (Charpak) sont fondés sur ce principe et permettent la localisation dans
l’espace des rayons détectés.

Compteur de Geiger - Muller

La tension aux bornes est encore plus élevée (supérieure à 1000 V) de telle sorte que le compteur se situe à la
limite de la décharge spontanée sous forme d’avalanche. Le passage d’un rayon à travers le compteur est le
facteur déclenchant de l’avalanche et produit une impulsion de forte amplitude. Ces impulsions sont faciles à
compter et ne nécessitent que peu d’amplification.

Avalanches électriques

Photons
incidents

Impulsions détectées et comptées

V. Détecteurs à gaz rares liquéfiés

On peut remplaces le gaz du détecteur par un gaz liquéfié (xénon liquide, par exemple) ce qui augmente
considérablement le pouvoir d’absorption du détecteur, et donc son rendement de détection.

VI. Détecteurs à semi-conducteurs

Leur mode de fonctionnement est comparable à celui d’un détecteur à gaz, mais le milieu étant plus dense, la
sensibilité est meilleure. La jonction entre deux semi-conducteurs de caractéristiques différentes (n = porteurs
de charges négatives libres et p porteurs de «trous» équivalents à des charges positives libres) peut être polarisée
sous l’effet d’une tension électrique en créant l’équivalent d’un détecteur de type compteur proportionnel :

jonction

n p
+ -

rayons détectés

La zone de détection correspond à la jonction entre les deux semi-conducteurs, qui est « dépeuplée » sous l’effet
de la tension de polarisation appliquée (le pôle + attire les électrons du semi-conducteur n et le pôle - attire les
trous du semi-conducteur p).

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VII. Détecteurs à scintillation


C’est le détecteur actuellement le plus utilisé pour la détection des rayons gamma dans ses applications
médicales. L’appareil proprement dit, ou sonde à scintillations, se compose d’un scintillateur, d’un
photomultiplicateur et d’un pré-amplificateur.

Le scintillateur est constitué par un milieu, solide ou liquide, dans lequel se déroulent deux phénomènes bien
distincts : l’absorption de l’énergie du rayonnement et l’émission de photons (scintillations) lors de la
désexcitation.

Le milieu de détection est constitué par un cristal d’iodure de sodium dopé au thallium : NaI(Tl). Il s’agit
d’un cristal doué de la propriété de scintillation, c’est-à-dire que l’absorption d’un photon de haute énergie libère
un grand nombre de photons d’énergie plus faible, dont la longueur d’onde se situe dans le domaine du visible
ou de l’UV proche. La quantité de lumière émise est proportionnelle à l’énergie absorbée dans le cristal.

Le scintillateur se comporte en définitive comme un transformateur de rayonnement. Par exemple un photon


dépose dans le cristal une énergie de 0.3MeV, et il apparaît 10.000 photons de 3 MeV :

1 photon X ou : E = h
scintillation : N photons d’énergie e = h’

cristal NaI(Tl)

L’intensité de la scintillation dépend de l’énergie déposée par le photon dans le cristal : elle est maximale lorsque
toute l’énergie est transférée au cristal (absorption par effet photoélectrique) et elle est moindre en cas
d’absorption partielle (par effet Compton, par exemple).

Le photomultiplicateur est la pièce électronique essentielle du détecteur. Il est constitué de deux parties : la
photocathode qui émet des électrons lorsqu’elle est soumise à la lumière et un dispositif multiplicateur
d’électrons (dynodes). Chaque dynode, frappée par un électron, restitue à son tour plusieurs électrons (effet de la
multiplication). En plaçant une série de dynodes portées à des potentiels croissants, pour que les électrons
libérés soient toujours attirés d’une dynode vers la suivante, on peut atteindre un facteur de multiplication
10
énorme, supérieur à 10 . Finalement, les électrons sont recueillis sur l’anode où ils donnent naissance à des
impulsions électriques que l’on peut compter.

anode
photon X ou 
impulsion électrique

cristal NaI(Tl)

photocathode multiplication des électrons


émis par la photocathode

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Pour résumer, la lumière résultant de la scintillation est mesurée par un photomultiplicateur qui fournit une
impulsion électrique amplifiée, d’amplitude proportionnelle à l’énergie d’interaction.

L’ensemble du dispositif est placé dans une enceinte étanche à la lumière pour éviter une interférence avec la
lumière ambiante capable de stimuler le photomultiplicateur.

Le spectre obtenu à l’aide d’un détecteur à scintillation (nombre d’impulsions en fonction de l’énergie
(amplitude) des impulsions a l’allure suivante :

nombre d’évènements (d’impulsions)

pic d’absorption totale (effet photoélectrique)

diffusion Compton

énergie des interactions photon -


cristal = amplitude des impulsions à la
sortie du photomultiplicateur

électron absorbé
absorption par effet Compton

rayon X ou  photon diffusé

absorption totale par effet photoélectrique

VIII. Statistiques de comptage

La nature aléatoire de l’émission de rayonnements ainsi que des interactions avec les détecteurs, entraîne des
fluctuations de comptage, de part et d’autre d’une valeur moyenne correspondant au phénomène mesuré. Ces
fluctuations répondent à une loi de Poisson caractérisée par le fait que l’écart type de la distribution est égal à la
racine carrée de la valeur moyenne.

Si M est la valeur moyenne théorique d’un comptage de rayonnements, les valeurs effectivement observée vont
se situer dans un intervalle centré sur M et d’écart type M.

Ainsi, 95% des valeurs se situent dans l’intervalle :

M–2 M ........ M+2 M

Par exemple, pour un comptage théorique de 10 000 coups, l’intervalle de variation comportant 95% des valeurs
est de 9800 à 10200 coups.

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Chapitre XII : Interaction des particules avec la matière

Les rayonnements rencontrés en médecine et en biologie sont constitués, soit par des particules matérielles,
chargées (électrons, positons, deutons et alphas), ou neutres (neutrons), soit par des photons (rayonnement γet
X). Les électrons, positons et particules alpha sont des produits de désintégration des sources radioactives. Les
accélérateurs de particules produisent également des protons, des deutons et des alphas de grande vitesse, ainsi
que des électrons accélérés.

Les électrons et les positons rapides perdent l'essentiel de leur énergie par ionisation de la matière. Les particules
non chargées (neutrons) sont indirectement ionisantes car elles mettent en mouvement des particules chargées
secondaires, lors d’interactions avec le milieu qu’ils traversent. Les forces qui interagissent entre particules
chargées et matière sont les forces de Coulomb, répulsives ou attractives, selon la nature des charges en
présence.

Lorsqu'une particule chargée passe au travers des atomes d'un milieu absorbant, elle peut :

- déplacer des électrons des atomes en créant des ions positifs ou négatifs :
- exciter les atomes et porter des électrons sur des niveaux plus éloignés du noyau ;
- rompre des liaisons moléculaires
- produire un rayonnement de freinage (rayons X)

Le transfert linéique d'énergie (TLE) caractérise l'énergie que perd une particule par unité de longueur dans un
milieu (exprimé par eV/micron). Le nombre de paires d'ions produits par unité de longueur de trajectoire est
appelée densité linéique d'ionisation (D.L.I.). Elle est fonction de la nature de la particule, de son énergie et du
matériau absorbant.

I. Divers processus d'interaction d'une particule chargée avec la matière


Collisions élastiques avec le noyau. La particule incidente est diffusée sans exciter le noyau. Ce processus est
particulièrement important avec les électrons. C'est la diffusion Rutherford.

Collisions élastiques avec les électrons. Ce phénomène n'intervient que pour des particules de faible énergie
(<1OOeV).

Collisions inélastiques avec le noyau. Dans cette interaction une particule est déviée et peut rayonner une partie
de son énergie : c'est le rayonnement de freinage (bremsstrahlung). Ce phénomène n'intéresse que les électrons
de haute énergie.

Collisions inélastiques avec les électrons atomiques. Ce mécanisme d'ionisation et d'excitation des atomes est
le phénomène essentiel. Ainsi une particule chargée se déplaçant dans un milieu absorbant perdra-t-elle son
énergie jusqu'à la thermalisation (acquisition de l'énergie d'agitation thermique du milieu)

II. Interactions des électrons avec la matière

L’énergie cinétique initiale des électrons peut avoir des valeurs très différentes qui, se situent entre quelques
dizaines de keV et quelques MeV. L’interaction d’un électron avec l’électron est appelée collision et elle
entraîne un transfert d’énergie à la matière qui est à l’origine des effets produits sur le milieu et l’interaction avec
un noyau est appelée freinage. Les deux types d’interaction ont comme origine commune l’interaction
coulombiènne entre deux particules chargées et ils présente des particularités liées à la masse très différente de la
particule cible en cause.

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Dans le cas d’interaction électron – électron, on peut avoir des pertes de l’énergie du valeur 0, collisions à
l’infini, à T, collision frontale, mais la valeur du transfert de l’énergie peut prendre la valeur maximale T/2. Les
collision lointaines sont plus nombreuses que les collisions proximales pour simple raisons géométriques. Le
pouvoir d’arrêt linéique (par collision) du milieu vis -à-vis des électrons d’énergie T est définie par Sc = ΔT/Δx,
où Δx représente un petit segment de sa trajectoire et ΔT les fluctuations statistique de sa énergie cinétique
autour d’une valeur moyenne. Il s’exprime d’habitude en MeV/cm ou en keV/μm et il dépend de l’énergie T et
du milieu.

Dans le cas d’interaction électron – noyau la seule conséquence est un changement de direction de l’électron,
une diffusion accompagné par l’émission d’un rayonnement sous forme d’un photon dont l’énergie est prélevée
sur l’énergie cinétique de l’électron. Cette interaction est désignée sous le nom de freinage et le rayonnement
émis est le rayonnement de freinage ou bremsstrahlung. On définit le pouvoir d’arrêt par freinage par Sf =
ΔTr/Δx, où ΔTr est l’énergie perdu en moyenne par un électron d’énergie T par des freinage qu’il subit sur un
segment Δx de sa trajecto ire. Sr est proportionnel en première approximation à l’énergie T des électrons, à Z et à
la densité des noyaux.

Le pouvoir d’arrêt total est défini par le perte d’énergie totale résultant des collision et freinage :

S t = S c + S f = (ΔTc + ΔTr)/ Δx

La perte d’énergie par collision est en pratique le mécanisme le plus important. Pour les milieux et les énergies
qui nous intéressent, le ralentissement des électrons dans la matière résulte essentiellement des collisions et le
seul intérêt pratique du freinage est d’être à l’origine de la production des RX.

III. Interactions des particules lourdes chargées avec la matière


Les particules lourdes chargées (protons, deutons, particules α), ayant l’énergie de l’ordre de quelques MeV, sont
émises par des réactions nucléaires, désintégrations radio-actives spontanées ou réactions provoquées par
bombardement de noyau avec des particules accélérées, ou accélérées artificiellement avec des cyclotrons (
énergies de plusieurs dizaines de MeV).

Dans le moment de pénétration dans un milieu les particules chargées perdent progressivement leur énergie au
cours de collisions avec les électrons du milieu. La particule lourde subit peu de déviation par rapport à sa
direction initiale, elle a une trajectoire rectiligne.

Le pouvoir d’arrêt pour une particule de charge z et de vitesse v est proportionnel à z 2 et en première
2
approximation à 1/v . La valeur très élevée du pouvoir d’arrêt a des conséquences importantes : le parcours des
particules lourdes est, à m’énergie égale, beaucoup plus petit que celui des électrons et le TEL au long de la
trajectoire est très élevé ce qui confère à ces particules une efficacité biologique élevée.

IV. Interactions des neutrons avec la matière


Des nombreuses réactions nucléaires, provoquées par le bombardement de certains noyaux avec des particules
lourdes accélérées ou par la fission des atomes lourdes, ont comme résultat la production des neutrons de grande
énergie de quelques MeV à quelques dizaines de MeV.

Les neutrons rapides perdent leur énergie cinétique qu cours de chocs avec le noyaux atomiques, transférant un
partie de son énergie au noyau heurté. Ces interactions sont aléatoires ayant la longueur de la trajectoire et la
profondeur atteint dans le milieu très variables. Le transfert d’énergie est faible lorsque le noyau cible a une
masse élevée et cette interaction entraîne seulement la diffusion du neutron. Lorsque la masse du noyau est
égale à celle du neutron on a un choc frontal et pour arrêter les neutrons on utilise des milieux riches en
hydrogène (paraffine). Les neutrons thermiques, ayant leur énergie cinétique réduite à une valeur très faible,
correspondant à l’énergie cinétique de l’agitation thermique, sont absorbés dans le milieu par capture nucléaire et
il en résulte la production d’un isotope souvent radioactif.

Les applications principales des neutrons sont la production des radio-éléments et l’analyse par activation, mais
la présence de neutrons au voisinage des piles atomiques des accélérateurs soulève des problèmes de protection.

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Chapitre XIII : Eléments de dosimétrie

La dosimétrie a comme objectif de quantifier les interactions des rayonnements ionisants avec la matière, quels
que soient les mécanismes de cette interaction, ionisation ou excitation.

L’ionisation qui consiste à expulser un électron d’une couche atomique, notamment un électron profond de la
couche K, nécessite une énergie très variable selon la nature des atomes. Le seuil qui définit le caractère ionisant
d’un rayonnement est de 13,6 eV, et correspond à l’ionisation d’un atome d’hydrogène. Mais pour des éléments
plus lourds, l’énergie d’ionisation augmente, par exemple :

522 eV pour l’oxygène


88000 eV pour le plomb

mais en fin de compte, il s’agit toujours d’un dépôt d’énergie dans la matière.

On peut, par exemple, admettre que l’énergie d’ionisation moyenne d’un milieu biologique se situe aux alentours
de 32 eV (mélange de carbone, d’oxygène, d’azote et surtout d’hydrogène) et si dans ce milieu hétérogène une
énergie de 1 MeV est absorbée, cette interaction s’accompagnera d’environs 30 000 ionisations.

I. Définition de la dose absorbée

Grandeur purement physique, qui ne tient pas compte des mécanismes intimes de l’absorption de l’énergie par la
matière, la dose absorbée D se définit simplement comme le rapport de l’énergie absorbée à la masse de la
matière dans laquelle elle est absorbée :


m

énergie incidente Ei énergie transmise Et

E = Ei - Et

soit : D = E / m

Dans le système international, l’unité de dose absorbée est le gray (Gy) qui correspond au joule par kilogramme.
Souvent on utilise encore une unité ancienne, le rad, tel que :

1Gy = 100 rads

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Le gray est une unité de dose qui correspond à une irradiation relativement élevée, rarement rencontrée en milieu
professionnel dans le cadre de la radioprotection du personnel (mais fréquente en radiothérapie anticancéreuse).
On utilise donc souvent les sous-multiple de gray : centigray (cGy = rad) ou milligray (mGy).

II. Transfert linéique d’énergie (TLE)

Si la dose absorbée rend compte globalement des dépôts d’énergie dans la matière, et du nombre total
d’ionisations qu’elle entraîne, elle ne précise pas la topographie de ces ionisations, qui peuvent avoir des effets
biologiques très différents, selon qu’elles sont concentrées sur une zone limitée, ou au contraire réparties de
manière plus diffuse sur un espace plus large.

Par exemple, dans le cas des rayons alpha, dont le trajet dans la matière est très bref, de l’ordre de quelques
dizaines de microns, variable avec l’énergie des particules, un très grand nombre d’ionisations se trouvent
concentrées sur ce trajet court, et provoquent des lésions moléculaires ou cellulaires importantes.

Pour les rayons bêta (électrons), au contraire, le trajet est plus long et sinueux, de telle sorte que les ionisations
sont dispersées, et donc moins dangereuses, à dose absorbée équivalente.

+
-
+
 - -
--+-++
++-+-- 
+
-

Rayonnement de TLE élevé Rayonnement de TLE faible

La notion de TLE est donc fondamentale pour évaluer le risque d’irradiation par des rayonnements de nature
physique différente, même si la dose absorbéeest identique.

III. Dose efficace

Les effets biologiques des rayonnements ionisants sont variables avec la nature des rayonnements, mais, en
outre, ils sont également variables selon les tissus ou organes qui sont touchés par l’irradiation.

Pour les rayonnements de nature ou d’énergie différente, on parle, par exemple, d’efficacité biologique relative
(EBR), valeur qui, par définition, est égale à 1 pour les rayons X ou 
, mais qui peut être supérieure à 1 pour
d’autres types de radiations : par exemple 20 pour les rayons , dont on a vu qu’ils avaient un fort potentiel
d’ionisation sur un faible volume de matière (et donc une densité d’ionisation élévée). Cela signifie que pour
une même dose d’irradiation physique (en grays) la “dose équivalente” qui détermine les effets biologiques de
l’irradiation sera 20 fois plus élévée pour des que pour des X.

De même, tous les organes ne présentent pas le même risque vis à vis de l’irradiation. Certains ont plus sensibles
(moelle osseuse, gonades, intestin, poumons, par exemple) et d’autres le sont moins (peau, foie, tissus

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nerveux).On a donc défini des coefficients de pondération pour renir compte de ces variations de
radiosensibilité.

La dose réellement significative pour apprécier les effets biologiques d’une irradiation n’est donc pas
simplement la dose absorbée, purement physique, mais une dose “biologique” qui tient compte de facteurs de
pondération :

- pondération selon la nature plus ou moins dangereuse des rayonnemets : w r


- pondération en fonction de la plus ou moins grande radiosensibilité des organes ou tissus : w t.

En incorporant ces deux éléments selon des formules plus ou moins compliquées, on aboutit à une “dose
efficace” qui s’exprime en sievert (Sv).

IV. Normes de radioprotection

Les doses maximales admissibles (DMA) pour les personnes susceptibles d’être soumises à une irradiation sont
fixées par la législation. Les chiffres donnés ci-dessous sont ceux des normes françaises, mais des normes
européennes, plus restrictives, sont en cours d’élaboration, et les doses vont évoluer dans le sens d’une
diminution de ces seuils.

On distingue trois catégories de personnes, selon leur activité professionnelle et le degré de surveillance
médicale dont elles bénéficient :

- les travailleurs de catégorie A, directement affectés à des travaux sous rayonnements (DATR), qui
bénéficient d’une surveillance médicale complète et régulière. Dans le milieu médical, il s’agit, par
exemple des personnes travaillant dans les services de radiologie ou de médecine nucléaire, et qui sont
quotidiennement au contact des appareils de radiologie ou des patients radioactifs;

- les travailleurs de catégorie B, susceptibles d’être en contact professionnel épisodique avec des
rayonnements, et qui bénéficient d’une survillance allégée;

- le public, qui ne doit jamais être en contact avec des rayonnements dans les actes de la vie courante,
en excluant bien évidemment les irradiations médicales volontairement provoquées à titre diagnostic ou
thérapeutique.

Les DMA sont exprimées en sievert et concernent surtout l’irradiation du corps entier. Pour certains organes
particuliers, plus exposés et moins sensibles (mains, par exemple) les normes peuvent avoir des valeurs
supérieures. En revanche, les normes applicables aux femmes enceintes sont nettement inféreures.

Actuellement, pour les travailleurs affectés à des taches qui peuvent les exposer à une irradiation la limite de
dose est fixée à 50 mSv/an pour le corps entier, c’est-à-dire en moyenne 1 mSv/semaine. L’irradiation doit être
répartie de manière la plus uniforme possible au cours du temps, avec notamment un seuil de 30 mSv à ne pas
dépasser au cours du même trimestre.

Pour le personnel non directement affecté à des travaux sous rayonnements, la limite de dose est fixée à 15
mSv/an et pour le public elle est de 5 mSv/an.

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Chapitre XIV : Irradiation et contamination

Les effets des radiations ionisantes sur la matière vivante sont le résultat d’événements physiques et biologiques
complexes. Ils ont pour conséquence des risques pour les personnes qui, soit dans l’exercice de leur profession,
soit à l’occasion d’examens ou de traitements comportant une irradiation, qu’il est important de réduire le plus
possible.

I. Irradiation externe et contamination interne

Les risques, ainsi que les mesures de protection qui peuvent contribuer à les prévenir, sont très différents selon
que la source d’irradiation est externe ou interne par rapport au sujet exposé.

Irradiation

Il s’agit typiquement de la situation où la source d’irradiation n’a pas de contact direct avec les personnes
soumises au rayonnement : cas en général en Radiologie (radiodiagnostic comme radiothérapie), qu’il s’agisse
de tubes à rayons X, de sources de rayonnements d’origine nucléaire en sources scellées (à distance =
téléradiothérapie, ou au contact = curiethérapie), ou de rayonnements produits par des accélérateurs de
particules.

Les rayonnements qui ont des pénétrations variables dans la matière vont se comporter différemment, compte
tenu de la présence éventuelle d’obstacles à leur pénétration : dans le cas des rayons , un vêtement ou
l’épaisseur de la couche cornée de la peau suffit à empêcher toute action en profondeur sur les cellules vivantes,
et ces rayonnements seront peu dangereux en cas d’irradiation (on verra que la situation est diamétralement
inversée en cas de contamination).

A l’opposé, les rayons photoniques (X ou  ) de haute énergie, très pénétrants, sont capables de traverser la
matière sans être absorbés, et là encore, les effets biologiques seront faibles.

Contamination

En cas de contamination, les sources de rayonnements sont internes à l’organisme et de multiples facteurs
interviennent pour évaluer leur action :

- la voie d’entrée de la contamination : ingestion, inhalation blessure


- le site et le volume de distribution de l’agent contaminant : local, circulant, intra-vasculaire,
intracellulaire etc.
- la nature des émissions de rayonnements et leur énergie
- l’existence d’organes cibles qui fixent préférentiellement l’agent contaminant en fonction de ses
caractéristiques physico-chimiques
- les voies d’excrétion

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Au total, on sera amené à considérer une cinétique propre de la substance contaminante sous la forme d’une
demi-vie (ou période) biologique, qui viendra se combiner avec la période physique pour caractériser la
cinétique d’élimination de la radioactivité, sous la forme d’une période effective, telle que :

1 / Teff = 1 / T phys + 1 / T biol

Les sources d’irradiation étant au contact même des cibles radiosensibles (acides nucléiques, par exemple) la
notion de pénétration des rayonnements n’intervient plus : les rayons , avec leur trajet court et leur forte densité
d’ionisation deviennent les rayons les plus dangereux en cas de contamination, alors qu’ils étaient pratiquement
sans danger pour l’irradiation. Les lésions au niveau cellulaire peuvent être très importantes : mort cellulaire, à
court terme, ou mutations génétiques irrécupérables et risque de cancérisation, à long terme.

II. Protection contre l’irradiation et la contamination


Les risques de l’irradiation et de la contamination étant très différents, les moyens de protection le sont
également, et sont parfois diamétralement opposés.

Trois moyens, souvent assez faciles à mettre en œuvre, permettent d’éviter ou de limiter les risques de
l’irradiation :

- le temps : la dose d’irradiation est directement proportionnelle au temps que dure l’exposition au
rayonnement. Dès que l’on sort du faisceau de rayons ou que l’on arrête l’émission (cas d’un tube à
rayons X) l’irradiation s’arrête. Il est donc recommandé de rester le moins longtemps possible dans une
zone susceptible d’irradier, et d’effectuer les tâches indispensables le plus rapidement possible.

- la distance : l’irradiation diminuant en raison inverse du carré de la distance par rapport à la source, il
est important de s’éloigner le plus possible de celle-ci, chaque fois que cela est possible.

- les écrans : l’interposition d’un milieu absorbant vis à vis des rayons diminue d’autant l’irradiation. Il
convient donc, dans la mesure du possible, de se protéger en portant, par exemple, un tablier plombé, ou
de se tenir derrière une vitre plombée dans une salle d’examens.

Dans le cas de la contamination, les moyens de protection consistent essentiellement à éviter la contamination,
au niveau des diverses portes d’entrée dans l’organisme, ainsi que la dispersion des substances radioactives dans
l’environnement :

- port de gants, masques, vêtements adaptés, etc.

- ne pas manger, boire ou fumer sur le lieu du travail ;

- éviter les blessures (piqures d’aiguilles, par exemple)

- gérer les déchets radioactifs et les éliminer de manière adéquate

Des mesures préventives ou curatives existent, pour diminuer les incidences d’une contamination radioactive .
En cas d’accident nucléaire s’accompagnant d’émission d’iode dans l’atmosphère, on peut proposer la saturation
de la glande thyroïde au moyen d’iode stable (distribution de comprimés d’iode dans les zones à risque). Si la
contamination s’est produite, on peut essayer d’accélérer l’élimination de la radioactivité par des moyens
classiques en toxicologie : augmentation de la diurèse, utilisation de chélateurs pour éliminer les métaux, etc.

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