«Le Monde

Economie»
Zone euro : en route
vers la crise de 2011
Supplément

Mardi 19 octobre 2010 - 66e année - N˚20446 - 1,40 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Eric Fottorino

Social : le pari Le constat d’échec d’Angela Merkel

sur l’intégration des immigrés
risqué de la t La chancelière remet en cause le multiculturalisme Page 8

fermeté face
aux syndicats
t M. Fillon: « Je ne laisserai pas bloquer notre pays»
t Raffineries, transports publics: mobilisation accrue

C
hangement de ton gouvernemen-
tal. Et nouveau leitmotiv : la France
ne sera pas bloquée. « Je ne laisserai
pas l’économie française étouffée par un
blocage de l’approvisionnement en carbu-
rant », a lancé, dimanche 17 octobre, Fran-
çois Fillon. Lundi, le ministre de l’indus-
trie, Christian Estrosi, a martelé le détail
des missionsd’un gouvernement «respon-
sable » : « Pas de blocage pour les entrepri-
ses (…), les transports (…), les usagers de la
route. » La discussion du projet de réforme
des retraites au Sénat arrive à son terme,
une nouvelle vague de manifestations est
attendue mardi. Thème commun : ne pas
lâcher. p Lire pages 10, 21, 23 Angela Merkel devant le congrès des Jeunes CDU à Potsdam, le 16 octobre. THOMAS PETER/REUTERS

Le populisme déjà vedette A Nagoya, la planète KContre-enquête

des élections américaines au chevet de la biodiversité
2 novembre Sus à Washington et aux impôts fédéraux ! Environnement Réunis au Japon jusqu’au 29 octobre,
Médias-banlieues:
Les Tea Parties qui secouent la droite pourraient coûter
cher à Barack Obama et aux démocrates. Pages 5 et 22
193 pays doivent s’entendre sur de nouvelles mesures
pour freiner la disparition des espèces. Page 4
l’incompréhension?
K Pourquoi les journalistes sont-ils mal perçus
et mal reçus dans les quartiers sensibles?
Le silence de l’ONU face au président iranien K Comment travaillent-ils?

D
es habitants des cités et des journalistes arguent, quant à eux,

B
onne nouvelle : Téhéran a
dit oui à la proposition de
l’Union européenne de
renouer le dialogue sur le pro-
gramme nucléaire iranien. Les
conversations pourraient repren-
dre à la mi-novembre, à Vienne,
au siège de l’Agence internationa-
le pour l’énergie atomique. Faut-
il, pour autant, baisser la garde
vis-à-vis du régime iranien ? Non.
Pour deux raisons.
D’une part, la décision de l’Iran,
annoncée vendredi 15 octobre, est
le signe que les pressions sur Téhé-
UK price £ 1,50
islamique se comporte comme ment à la disparition de cet Etat. le club des Nations unies, la règle élus locaux ont récem- de la difficulté de faire leur métier
un Etat parmi les autres. Le prési- Pas d’un gouvernement, d’un minimale, même entre ennemis, ment exprimé leur colère dans les quartiers sensibles, où ils
dent Mahmoud Ahmadinejad en Etat ! Tollé sur la scène internatio- est de ne pas appeler à la mort contreplusieursreportages de télé- sont pris pour cible, assimilés à
a encore donné l’exemple la nale, à coup sûr ; saisie du Conseil d’un des membres ! vision ou articles de presse. Ils se des représentants de l’autorité. Ils
semaine dernière au Liban. Il est de sécurité de l’ONU, vraisembla- On peut comprendre la colère sentent bafoués dans leur dignité, se heurtent également à une for-
allé au sud de ce pays pour lancer blement. Là, rien. Silence. Pas de des habitants du sud du Liban. Ils reprochent aux médias de défor- me de méfiance, voire de loi du
ses invectives habituelles contre réaction du secrétaire général de ont subi de terribles bombarde- mer la vie en banlieue, de la résu- silence,qui les contraindrait à utili-
Israël. Dans la localité de Bint l’ONU, M. Ban Ki-moon, ni du ments israéliens, notamment mer à la violence, dans une quête ser des intermédiaires. p
Jbeil, il a prôné « l’éradication [ou Conseil de sécurité. Parce qu’il avec des engins à fragmentation, permanente du sensationnel. Les Lire pages 12 et 13
« la disparition », selon les s’agit d’Israël ? qui n’ont pas épargné les civils.
traductions] des sionistes ». Il a Il y a un minimum de règles Mais ce n’est pas cela que dit
jugé que cela ne devrait pas pren-
dre trop de temps, puisque
entre membres des Nations unies,
la seule assemblée à incarner la
M. Ahmadinejad. Lui, chef d’Etat
reçu à l’ONU il y a encore trois
Les déboires des producteurs
« Israël est aussi fragile qu’une
toile d’araignée ».
légitimité internationale. On se
fait la guerre. On s’en prend à des
semaines, déclare vouloir la fin
d’un autre Etat membre des
d’OGM en Arkansas

ran ne sont pas sans effet. Votées
il y a cinq mois, les sanctions éco-
nomiques de l’ONU – qui soupçon-
ne Téhéran de développer clandes-
tinement une arme atomique –
déstabilisent les dirigeants ira-
niens beaucoup plus qu’ils ne veu-
lent bien le dire.
Mais il n’y a pas que cela.
Moins que jamais, la République
Editorial
Imaginons, un instant, qu’un
autre président en activité, quel-
que part dans le monde, aille à la
frontière d’un Etat étranger avec
lequel il a un différend, même
substantiel, et appelle publique-
régimes. On dénonce des idéolo-
gies. On attaque des systèmes. On
s’invective. Durant toute la guerre
froide, les deux protagonistes,
Américains et Soviétiques, ont pu
dire pis que pendre l’un de l’autre.
Mais ils n’ont pas préconisé les
uns la disparition de l’URSS et de
ses satellites, les autres celle des
Etats-Unis et de leurs alliés. Dans
Nations unies. Ses propos partici-
pent d’une campagne de délégiti-
Reportage Elle porte le joli nom d’amarante de
mation d’Israël d’où ne sortira Palmer, mais est devenue le cauchemar des cultivateurs
rien de bon, sinon davantage de du Midwest, qui l’ont surnommée « l’herbe à cochon ».
crispation nationaliste à Jérusa- Cette plante vigoureuse a développé une résistance à
lem, ce dont personne n’a vrai- l’herbicide Roundup, de Monsanto, et a déjà envahi
ment besoin en ce moment. Le
Conseil de sécurité aurait dû voter
6 millions d’hectares dans vingt-deux Etats américains.
une résolution contre le discours Après s’être enrichis grâce aux OGM, les fermiers
du président iranien. p s’interrogent aujourd’hui sur leur avenir. Lire page 20

Le regard de Plantu
CHANGER VRAIMENT
“ 10 propositions pour revenir
parmi les meilleurs. ”
France Culture

“ Un président qui n’a pas

la langue dans sa poche. ”
Studyramag

Par Louis Vogel

Président de lʼUniversité Panthéon-Assas

WWW.PUF.COM

Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤,
Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,
 24 heures dans le monde 0123
Mardi 19 octobre 2010

Les gens Les faits Les chiffres

affronter la réalité » du PS et en dénonçant « l’escroquerie » que représente, t Cosmologie

3,7
t Zinédine Zidane aInternational à ses yeux, une plus forte taxation du capital qu’il préconise. La première
n’exclut plus
de devenir entraîneur
La Conférence de Nagoya secrétairedu PS arépondu en estimant que lepremier ministreétait «plus
obtus et fermé que jamais» et en dénonçant son attitude « méprisante et

pour la biodiversité réunit 193 pays arrogante » vis-à-vis des syndicats. Lire page 10 (PHOTO AFP)
n Sur Lemonde.fr : le suivi de la mobilisation en direct
Des représentants de 193 pays, liés par la Convention sur la biodiversité
biologique, sont réunis du 18 au 29 octobre, à Nagoya, dans le centre du
Japon, afin de définir les moyens de lutter contre la destruction d’espèces Queues aux stations-service, mais le milliards
animales et végétales. Selon les Nations unies, qui organisent la 10e Confé-
rence des parties, les ressources naturelles disparaissent à un rythme
alarmant. La Conférence de Nagoya pourrait permettre de dessiner les
gouvernement écarte toute pénurie
Les douze raffineries de métropole sont touchées par un mouvement de
d’années
contours d’un protocole international pour organiser l’accès et le parta-
ge de ces richesses. Lire page 4
grève faisant craindre une pénurie à la pompe. La préfecture de Seine-et-
Marne a pris, dimanche 17 octobre, un arrêté afin de requérir du personnel Letempsqui
«pour procéder au chargement et à la livraison des clients de la raffinerie »
nousresteavant
Réunion franco-germano-russe Total de Grandpuits. L’arrêté concerne trois salariés de la raffinerie qui,
selon la CGT, ont « été menacés de cinq ans d’emprisonnement s’ils refu-
lafindel’éternité
à Deauville sur la sécurité en Europe saient ». Par ailleurs, les pompes approvisionnant en kérosène les aéro-
ports parisiens à la Compagnie industrielle maritime du Havre ont été «Il est improbable que l’univers s’ar-
Nicolas Sarkozy devait accueillir, lundi 18 et mardi 19 octobre, à Deauville remises en service dimanche par «une poignée de cadres absolument pas rête durant notre durée de vie, mais
Quatre ans après sa retraite sporti- (Calvados), la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président rus- formés pour ce type d’opération », selon Philippe Saunier, secrétaire dépar- il y a 50 % de chance que le temps
ve, Zinédine Zidane, 38 ans, envisa- se, Dmitri Medvedev, pour un « sommet tripartite » destiné à consolider temental CGT. De nombreuses files d’attente se sont formées ce week-end connaisse une fin dans les 3,7mil-
ge de devenir entraîneur. Interro- « l’ancrage stratégique » de Moscou à l’Ouest, avec, au cœur des discus- aux stations-service, mais le premier ministre, François Fillon, a assuré, liards d’années », estiment des
gé dans Le Parisien du dimanche sions, « des échanges approfondis (…) sur les enjeux de sécurité qui nous dimanche sur TF1, qu’il « ne laissera pas l’économie française étouffer par astrophysiciens américains et japo-
17 octobre sur la possibilité de le sont communs », selon l’Elysée. Le rendez-vous normand, organisé à un un blocage de l’approvisionnement en carburant ». Lire page 10 nais qui remettent en question la
voir un jour entraîner une équipe, mois du sommet de l’OTAN, qui se tiendra à Lisbonne les 19 et 20 novem- n Sur Lemonde.fr : les témoignages des internautes théorie acceptée par la plupart des
l’ancien capitaine des Bleus bre, a suscité des rancœurs chez certains absents, comme la Grande-Bre- cosmologistes d’une expansion
répond : « Il y a trois ans, c’était
non. Aujourd’hui, pourquoi pas ?
tagne ou la Pologne. Paris a assuré aux autres pays de l’Union européen-
ne qu’aucune décision ne serait prise à Deauville et qu’ils seraient tenus La progression de la pauvreté devient éternelle de l’espace-temps. «Il est
important de comprendre que
Peut-être que dans trois ans je
serai sur le point de transmettre ce
informés des discussions. Lire page 6
inquiétante, selon ATD Quart Monde nous ne disons pas être certains de
cette conclusion que le temps aura
que j’ai appris aux plus jeunes. » Il
avait auparavant annoncé sur Report du sommet de Paris une fin, mais ne pouvons pas exclu-
re que cela puisse vraiment arri-
Europe 1, samedi 16 octobre, qu’il
allait « collaborer » avec José Mou- sur le Proche-Orient ver», souligne Raphael Bousso,
astrophysicien à l’université de
rinho, sans donner plus de détails Israël a annoncé, samedi 16 octobre, le report du sommet de Paris qui Californie, à Berkeley, principal
sur le rôle qu’il serait amené à devait se tenir le 21 octobre pour relancer les négociations de paix entre coauteur de ces travaux publiés
tenir auprès de l’entraîneur du Israël et les Palestiniens. Cette rencontre devait réunir le président égyp- sur le site Internet ArXiv.org.
Real Madrid. (PHOTO AFP) tien, Hosni Moubarak, et le premier ministre israélien, Benyamin
Nétanyahou, le président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, t Marseille-Fos
t Eric Besson
aimerait bien quitter
et la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton. Cette rencontre devait
aussi préparer le sommet de l’Union pour la Méditerranée (UPM), qui
doit se tenir le 20 novembre à Barcelone. Lire page 5
61 navires
l’immigration
Le ministre de l’immigration,
bloqués en mer
Soixante et un navires était blo-
EricBesson (UMP), 52ans, invité du
«Grand entretien» de RCJ, Radio
aFrance qués en mer dimanche 17octobre,
de la communauté juive, a déclaré
dimanche 17octobre, qu’il «aime-
Le premier ministre affirme que en raison de mouvements de grève
affectant toutes les activités du
rait bien », «un jour » lors du pro-
chain remaniement ou lors d’un
la réforme des retraites «sera votée» port de Marseille à l’exception des
croisières. Au total, 27 pétroliers,
autre, «retourner » vers les dossiers La journée mondiale du refus de la misère étaitcélébrée, dimanche 17octo- 2chimiquiers et 9 gaziers étaient
économiques dont il s’occupait bre, au Trocadéro à Paris, à l’initiative de l’organisation ATD Quart Monde, en attente en rade de Fos-sur-Mer,
lorsqu’il était au Parti socialiste. qui s’inquiète d’un accroissement de la pauvreté enFrance, s’appuyantsur 20pétroliers, 2 chimiquiers et un
deschiffres del’Insee. Le nombre depersonnestrès pauvres aaugmenté de gazier dans celle de Marseille en rai-
t Laurent Hénart 2,2 %, selon les chiffres cités par l’association, tandis que le taux de person- son du blocage des terminaux
nesavec pour seul revenu le RSA a,quant àlui, grimpé de 11 %.« On considè- pétroliers de Fos-Lavera, commen-
veut que les Français re que la pauvreté s’aggrave depuis l’arrivée de la crise. Il y a de plus en plus cé le 27 septembre, a détaillé le
abandonnent un de précaires sans espoir », a déclaré Bruno Tardieu, délégué général d’ATD Grand Port maritime de Marseille.
Quart Monde. (PHOTO AFP)
nouveau jour de congé
Le président de l’Agence nationa-
le des services à la personne, le
député UMP de Meurthe-et-Mosel- aEconomie Les scores
le, Laurent Hénart, 42 ans, a esti-
mé, samedi 16 octobre, dans un M.Trichet veut mettre fin t Football
entretien au Journal du dimanche,
qu’« il faudra demander un jour aux dissonances au sein de la BCE Les résultats
de la 9e journée de Ligue 1
de RTT aux Français » pour finan- Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, Marseille - Nancy ...................... 1 - 0
cer la dépendance des personnes a exprimé son désaccord avec la proposition du président de la Bundes- Montpellier - Sochaux ............. 2-0
âgées. Soulignant que « les dépar- bank allemande, Alex Weber, de mettre fin prochainement aux achats Auxerre - Bordeaux .................. 0 - 1
tements ne peuvent plus payer » Alors que les syndicats appellent à la sixième journée de mobilisation d’obligations d’Etat par la BCE, dans un entretien au quotidien italien La Caen - Monaco .......................... 0 - 0
pour la dépendance, et « veulent contrela réforme desretraites, mardi19 octobre,le premierministre,Fran- Stampa, dimanche 17 octobre. M. Weber a récemment proposé de mettre Brest - Arles - Avignon ........... 0 - 0
être déchargés du fardeau », le çoisFillon,adéclaré, dimanche17octobresur TF1,quela réformedes retrai- fin aux rachats d’obligations d’Etats de la zone euro par la BCE, décidés Toulouse - Paris SG .................. 0 - 2
député considère qu’il « faut trou- tes « ira à son terme au Sénat » et qu’elle « sera votée », malgré la crise socia- aprèslacrisedelaGrècepourvenirenaideauxpayséprouvantdes difficul- Lens - Rennes ............................ 0 - 0
ver un nouveau système ». le que traverse le pays. Selon le premier ministre, de nombreux «gestes » tésà placerdesemprunts d’Etatsurlemarché.M. Weber,membredudirec- Lorient - Valenciennes ............ 2 - 1
ont été faits au Parlement « sur les retraites des mères de famille, les lon- toire de la BCE, avait estimé la semaine dernière que «ces achats de titres Nice - Saint - Etienne ................ 2 - 1
gues carrières, la pénibilité », et on est arrivé « au bout du système ». Le devraient maintenant être éliminés progressivement». «Non ! Ce n’est pas Lyon - Lille ...................................... 3 - 1
Société éditrice du « Monde » SA report de l’âge légal à 62 ans « est la clé du financement de la retraite de la position du directoire, dans son écrasante majorité », a répliqué M. Tri- Classement
Président du directoire, directeur
de la publication : Eric Fottorino demain », a-t-il assuré. M. Fillon a enfin écarté la demande de Martine chet. Depuis début mai, les achats d’obligations publiques – une initiative 1. Rennes ............................................. 19
Vice-président, directeur général : David Guiraud Aubry de « suspendre» la réforme en ironisant sur «l’absence de courage à inédite dans l’histoire de la BCE – ont dépassé les 60milliards d’euros. 2.Saint-Etienne ................................... 17
Secrétaire général du directoire :
Pierre-Yves Romain 3. Paris SG .......................................... 15
Directeur du « Monde » : Eric Fottorino 4. Marseille .......................................... 15
Directeur adjoint : Laurent Greilsamer 5. Brest ................................................. 15
Editeur : Michel Sfeir
Directrice de la rédaction : Sylvie Kauffmann
Directeurs éditoriaux : Gérard Courtois
et Alain Frachon.
L’histoire Virginie Malingre (Londres, correspondante) 6. Lille .................................................. 14
7. Bordeaux .......................................... 14
8. Toulouse ......................................... 14
Rédacteurs en chef : Jean-Jacques Bozonnet,
Michel Kajman, Franck Nouchi, Isabelle Talès,
Didier Pourquery (« Le Monde Magazine »).
Chef d’édition : Françoise Tovo.
Burqa de rigueur dans des écoles anglaises 9. Montpellier ...................................... 14
10. Sochaux ......................................... 13
Directrice artistique : Sara Deux. 11. Caen .............................................. 13

Veille de l’information : Eric Azan.
Secrétaire général : Jean-Pierre Giovenco
Médiatrice : Véronique Maurus
Conseil de surveillance : Louis Schweitzer,
président. Gilles van Kote, vice-président
Le Monde est édité par la Société éditrice du «Monde» SA
Durée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000.
Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal : Le Monde SA.
Rédaction :80,boulevardAuguste-Blanqui,75707Paris
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0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SA).
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tration. Commission paritaire des publications et agences de presse
n° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037
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Tél : 01-57-28-39-00
Imprimerie du Monde
12, rue Maurice-Gunsbourg,
Fax : 01-57-28-39-26 94852 Ivry cedex
I
l y a cette photo d’une cour de récréation
d’une ancienne école publique victorien-
ne, reconvertie en établissement scolaire
musulman pour jeunes filles de 11 à 18 ans.
Elles portent toutes la burqa ou le niqab
noirs – et ne laissent apercevoir de leur corps
que les mains, les chaussures et les yeux.
Nous sommes dans l’East End londonien,
dans le quartier populaire de Tower
Hamlets, où la population compte un tiers de
Bangladais. C’est là que s’est installée Mada-
ni Girls’School il y a moins de deux ans.
Le Daily Telegraph affirmait récemment
que cette école privée, qui ne reçoit aucune
subvention de l’Etat, obligeait ses élèves à
porter le voile intégral entre ses murs. Et
citait son site Web : « Le présent uniforme
est conforme au code de l’islam et inclut le
port de la burqa ou du niqab noir. »
D’autres sections du site nous apprennent
que «si des parents sont contactés par les servi-
ces de l’éducation nationale, ils ne doivent
révéler aucune information sans en avoir dis-
cuté au préalable » avec la direction. On peut
aussi y lire que « ce qui est considéré comme
acceptable dans les écoles normales peut être
considéré comme inacceptable à Madani ». A
lire le Daily Telegraph, deux autres écoles au
moins demandent à leurs élèves de se recou-
vrir intégralement au nom de l’islam : le pen-
sionnat pour filles de Jamea Al-Kauthar à Lan-
caster, qui dément le caractère obligatoire de
la chose sur son site, et la Jameah Girls’Acade-
my de Leicester.
L’école Madani a fait polémique
En Grande-Bretagne, où l’Eglise et l’Etat
ne sont pas séparés, et où les libertés reli-
gieuses sont au cœur de l’organisation de la
société comme en atteste l’existence d’éco-
les confessionnelles publiques en tout
genre, rien n’interdit le voile à l’école.
En 2005, la cour d’appel a donné raison à
une jeune musulmane, Shabina Begum, qui,
après avoir été exclue d’un lycée public par-
ce qu’elle portait le jilbab, avait décidé de
contester cette décision en justice. Depuis, le
ministère de l’éducation a délégué aux direc-
teurs d’établissements scolaires toute res-
ponsabilité en la matière : ils ont le droit,
s’ils le souhaitent, d’interdire de telles prati-
ques. Mais rien ne les y oblige.
Le cas de l’école Madani a fait polémique
dans la mesure où la mairie travailliste de
Tower Hamlets avait envisagé, un temps,
de donner à l’établissement un statut
public. C’est d’ailleurs dans cette optique
que ses services lui ont vendu, fin 2008, à
un prix bien en dessous de sa valeur de mar-
ché, les locaux qu’elle occupe aujourd’hui.
Alors que le gouvernement de
David Cameron souhaite voir se multiplier
les free schools (« écoles libres ») sur le modè-
le des charter schools américaines – ces éco-
les gérées par des parents ou des associa-
tions qui sont financées par l’Etat et gratui-
tes –, certains craignent que les musulmans
les plus radicaux n’en profitent pour répan-
dre le modèle Madani. p Lire page 8
12. Nice ................................................ 13
13. Lorient ............................................ 11
14. Lyon ................................................ 11
15. Valenciennes ................................ 10
16. Monaco ........................................... 9
17. Auxerre ............................................ 9
18. Nancy .............................................. 8
19. Lens ................................................. 6
20. Arles-Avignon ............................... 1
t Rugby
La Coupe d’Europe sourit
aux clubs français
Biarritz a battu la sélection irlan-
daise de l’Ulster (35-15), dimanche,
lors de la deuxième journée de la
Coupe d’Europe. Perpignan a fait
aussi bien face aux plus modestes
Italiens de Trévise (35-14). La
veille, Toulouse s’était imposé à
Newport (40-19) pendant que Tou-
lon s’effondrait face au Munster
(45-18).
0123
Mardi 19 octobre 2010 Page trois

Depuisseptjours,lelycéeSophie-Germain,àParis,estbloqué.Uncrève-cœur
pourladirection,dansunétablissementquicompte40%deboursiers
Lycée assiégé, proviseur affligé
C
haque matin, depuis
le mardi 12 octobre, le
proviseur Michel Vau-
dryetsonéquipeassis-
tent, impuissants, au
même cérémonial
matinal. Des bataillons de jeunes
entassentdevant l’entrée principa-
le du lycée Sophie-Germain, dans
le Marais, au centre de Paris, des
montagnes de poubelles trouvées
dans les immeubles avoisinants,
afin d’en bloquer l’accès. Logé dans
un ancien hôtel particulier, le lycée
prend des airs de château assiégé
et, depuis l’entrée des lycéens dans
la contestation de la réforme des
retraites, l’équipe éducative se
retrouve barricadée contre son gré.
Malgré la trêve du week-end,
dès 7h 30, lundi 18octobre, les pou-
belles ont repris la route de la porte
principale du lycée, interdisant
toute entrée ou sortie du bâtiment,
rue de Jouy. Comme d’habitude, le
majestueux portail en bois sculpté
de Sophie-Germain a rapidement
disparu derrière la pyramide dres-
sée par des élèves. Puis, à peine ins-
tallé, l’édifice est escaladé par des
lycéens haranguant leurs copains
du haut de l’échafaudage instable,
au risque de se blesser. Mais une
photo sur Facebook vaut bien de
courir ce risque. Parmi les jeunes
gens, des lycéens de Sophie-Ger-
main mais aussi d’autres lycées, et
parfois de simples agitateurs.
S’ilrappelleque «bloquerun éta-
blissement scolaire est illégal »,
M. Vaudry n’en veut pas aux parti-
sans du blocage, dont il refuse de
juger les motivations. Ni à ceux qui
aimeraient bien aller en cours
mais n’osent pas forcer le barrage Michel Vaudry, proviseur du lycée Sophie-Germain, dans le 4e arrondissement de Paris, le 15 octobre. CORENTIN FOHLEN/FEDEPHOTO POUR « LE MONDE »
en jouant des coudes. « C’est diffici-
le,quand ona 15ans,de forcer le bar- la journée de mercredi fut « plus proviseur pour le prévenir qu’une l’entrée avec des poubelles, le pro- M. Vaudry. Avec 40 % de boursiers, En attendant, la sonnerie de fin
rage devant tout le monde, recon- normale». Appelé à 7 heures par la pyramide de poubelles était en viseur dit à ses collègues qu’« il le lycée réussit à obtenir 96 % de de cours continue de scander la
naît-il. En plus, on a des élèves de gardienne,le proviseuret les mem- construction. Quand M. Vaudry et n’est pas question d’aller les affron- réussite au bac. « Sans doute parce journée dans le lycée vide. Comme
toutes les couleurs et de toutes les bres de son équipe qui habitent au des membres de son équipe sor- ter à nouveau ». Et s’exaspère : « Il y qu’ona encore66 %de filles,et qu’el- un cri déchirant qui accroît la déso-
religions. On leur dit qu’ils doivent lycée ont dû « batailler gentiment tent pour mettre fin à l’installa- en a marre de faire les zozos ! » les sont plus sérieuses que les gar- lation de son proviseur. p
se respecter, alors on ne peut pas les avec une vingtaine de lycéens » qui tion, un « meneur âgé et extérieur Mais ce ne sont pas ces situa- çons », estime-t-il. Marc Dupuis
pousser à s’affronter entre ceux qui avaient reconstruit leur pyramide au lycée » se plante devant lui et le tions à haut risque qui deman-
veulent bloquer et ceux qui veulent de poubelles. A force d’insistance menace : « Je ne sais pas ce qui me dent des qualités non requises
aller en cours. » et d’arguments, le porche a été retient de te mettre mon poing dans les concours de recrutement
www.citroenselect.fr
Des bagarres, il y en a eu, quand dégagévers 7h45et ceuxqui lesou- dans la gueule ! » Comme M. Vau- qui attristent le plus M. Vaudry. Ce
M. Vaudry, son adjointe, Geneviè- haitaient se sont rendus en cours. qui le désole profondément, c’est
ve Leclercq, et ses deux conseillers
principauxd’éducation(CPE),Régi-
Pas rancunière à l’égard des élè-
ves, l’équipe de Sophie-Germain
«Ceux qui bloquent, de voir que ses nombreux élèves
boursiers sont en train de prendre
ne Keller et Christian Germain, ont est beaucoup plus réservée quant à ce sont surtout un retard qu’ils ne pourront pas
tenté à plusieurs reprises de l’attitude de la police, qui observe les élèves les plus rattraper. AVANT D’ACHETER
démonter la muraille de poubelles les escarmouches du bout de la rue «Ceux quibloquent, a-t-il remar- UNE MAUVAISE OCCASION,
érigée par les manifestants. sans intervenir. « La voie publique nantis, qui n’ont pas qué, ce sont surtout les élèves les PASSEZ D’ABORD NOUS VOIR.
Lapire journée a été la première,
mardi, quand un « commando
n’est pas le champ d’action des pro-
viseurs, proteste M. Vaudry. Que
grand-chose plus nantis, qui n’ont pas grand-
chose à perdre parce que leurs
d’une cinquantaine de méchants, chacun prenne ses responsabilités. à perdre» parents pourront toujours leur
les uns avec des masques de mort, C’est àla policed’empêcher le bloca- Michel Vaudry payer des cours particuliers. Mes
les autres encapuchonnés, ge des lycées. Quand ils nous appel- proviseur du lycée boursiers, eux, n’en ont pas les
cagoulés ou casqués nous ont atta- lent pour nous demander “Com- Sophie-Germain moyens, et ils vont prendre du
qués avec une organisation pres- ment ça va ?”, ça énerve ! » retard sur les autres! »
que militaire, témoigne M. Vaudry. M. Germain approuve et donne dry lui répond : « Peut-être la police Longtemps lycée de filles, donc
Ils nous ont acculés contre la porte mêmeun conseil auxforces de l’or- au bout de la rue », son agresseur le sans section scientifique, Sophie-
avec les poubelles-containers que dre : « La police devrait venir tôt le pousse violemment. Germain était appelé « la ZEP du
nous tentions d’enlever, puis ils matin, quand il n’y a qu’un petit Lespoliciersaccourent etdisper- Marais ». Depuis qu’il propose aus-
nous ont lancé des poubelles et des noyau à l’œuvre. Après, c’est trop sent les attaquants. « Quelques si une section « S », sa réputation a
barrières de chantier au visage. En tard. » coups de bombe lacrymo en l’air changé. « Maintenant qu’on recru-
se protégeant, M. Germain a été En fait, la police est intervenue ont suffi à les disperser, sans avoir à te des élèves de tout l’Est parisien,
blessé au bras et il a fallu se replier à une fois, le jeudi 14 octobre. Ce charger», raconte M. Vaudry. dans le XIXe arrondissement, les
l’intérieur du lycée ». matin-là– c’est devenu une habitu- Vendredi 15 octobre, quand les familles se passent le mot : “Sophie-
A côté de cet épisode « chaud », de –, la gardienne a réveillé tôt le élèves recommencent à bloquer Germain, c’est bien” », se félicite

Le ministère de l’éducation ne donne pas de consignes Disponible

TOUJOURS prompte à exhiber ses
règlements ou à en inventer de
nouveaux, l’éducation nationale
ne dispose d’aucune consigne
indiquant aux proviseurs et à
leurs équipes la conduite à suivre
en cas de blocage de leur lycée.
Cela ne signifie pas pour autant
que les chefs d’établissement sont
abandonnés à leur sort.
En fait, explique le directeur de
l’académie de Paris, Claude
Michellet, « il n’y a pas de procédu-
re systématique et on ne souhaite
pas trop cadrer avec des consignes,
parce qu’il faut laisser aux provi-
seurs une marge de manœuvre ».
« C’est eux qui connaissent le
mieux leur établissement, ajou-
te-t-il. Chaque lycée est un cas par-
ticulier, selon les événements qui
s’y déroulent et sa typologie.
Sophie-Germain, dans une ruelle
étroite du Marais, n’est pas Paul-
Valéry, dans le 12e arrondissement,
bordé de grands espaces verts. »
« Un aveu d’échec »
En revanche, le rectorat dont ils
dépendent demande aux provi-
seurs victimes d’un blocage de
maintenir, dans la mesure du pos-
sible, le service public ouvert, « en
tenant compte de la sécurité des
élèves et des personnels ».
Seconde exigence : « Nous ren-
seigner régulièrement sur leur
situation. » « De notre côté, assure
M. Michellet, nous leur télépho-
nons régulièrement. » La fermetu-
re d’un établissement est « un
aveu d’échec énorme, et ne peut se
concevoir que de façon temporaire
et pour des raisons très graves »,
précise le directeur de l’académie
de Paris.
Parfois, des parents invoquent
des raisons de sécurité pour
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demander la fermeture du lycée
où va leur enfant. M. Michellet
leur rétorque : « Le fait de fermer 3. 2. 1. PARTEZ…
ne les met pas en sécurité. Au 3 ANS D’ASSISTANCE
contraire. C’est dans l’établisse- 2 VISITES DE CONTRÔLE
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ment, pas dans la rue, qu’ils sont
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peuvent rentrer chez eux. »
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4 Planète 0123
Mardi 19 octobre 2010

Cancers de l’utérus Pollution aux PCB «Le Temps des magiciens»

Huit papillomavirus humains (HPV) sont res-
ponsables de plus de 90 % des cancers du col de
l’utérus. Ces données, publiées par The Lan-
cet Oncology, pourraient améliorer la stratégie
vaccinale contre ce type de cancer, qui tue plus
de 300 000 personnes par an dans le monde.
Interdits à la vente depuis 1987, les polychlorobi-
phényles (PCB) présents dans le sol continuent
d’être dispersés dans les cours d’eaux en France :
selon l’association Robin des bois, tous les bas-
sins sont « plus ou moins touchés » par des arrê-
tés réglementant la consommation de poisson.
Révolution Internet, réchauffement
climatique, mutation de l’espace, du temps,
du travail, de l’économie: Bruno Jarrosson, philosophe
des sciences à Supélec, décrit les figures modernes
de l’apocalypse et de la magie. Ed. Le Pommier, 256 p., 22 euros.

Le monde au chevet de la biodiversité

A Nagoya, au Japon, 193 pays doivent prendre de nouveaux engagements pour freiner la disparition des espèces

C
ent quatre-vingt-treize pays
se retrouvent, du 18 au La Convention
29octobre, à Nagoya, dans le sur la diversité biologique
centre du Japon, pour faire à nou-
veau vœu de freiner la disparition 1992 La Convention sur la diversi-
accélérée des espèces et la destruc- té biologique (CDB) est signée en
tion des écosystèmes. En 2002, ils 2002, lors du Sommet de la Terre
s’y étaient déjà collectivement de Rio. Elle est ratifiée par 193
engagés en se fixant d’atteindre ce pays et entre en vigueur en 1993.
but d’ici à 2010. Aucun pays n’est Les Etats-Unis n’y participent pas.
au rendez-vous promis.
Année de la biodiversité oblige, Trois objectifs La CDB se doit
la dixième Conférence des parties d’assurer la conservation de la bio-
à la Convention sur la diversité bio- diversité, de la gérer durablement
logique(CDB), néeen1992desgran- et d’organiser l’accès aux ressour-
des promesses du Sommet de la ces génétiques avec son corollai-
re : le partage des avantages tirés
«Il n’y aura pas de leur exploitation commerciale.
En 2002, il a été convenu que ce
de plan B et, troisième objectif ferait l’objet
bien évidemment, d’un protocole contraignant.

pas de planète
de rechange non plus»
Jane Smart
Union internationale pour
la conservation de la nature
Terre de Rio, aura un peu plus de
retentissement médiatique que
les rendez-vous précédents. Mais
elle en aura beaucoup moins qu’on
aurait pu s’y attendre.
Après l’échec du sommet de
Copenhague sur le climat en
décembre 2009, il n’est pas ques-
tion pour les gouvernements de
donner une deuxième fois le spec-
tacle de leur incapacité à répondre
collectivement à l’autre grand défi
environnemental des années à
venir. « Il ne faut pas trop attendre
de Nagoya », « Ne suscitez pas trop
d’espoir » : telle est la petite musi-
que qui s’est installée depuis quel-
ques mois autour de la Conférence,
alorsqueles organisationsnongou-
vernementales tentaient de remo-
biliser sur l’enjeu de la rencontre.
Signe de cette frilosité, le pre-
mier événement de haut niveau
consacré à la biodiversité à la veille
de l’Assemblée générale des
Nations unies, le 22 septembre à
New York, a fait un flop. En 2009,
semblable initiative consacrée au
climat avait fait se presser plus
d’une centaine de chefs d’Etat.
Depuisprèsd’unan,lesscientifi-
ques sonnent pourtant le tocsin.
« La conférence de Nagoya peut
être notre dernière chance de met-
tre en place un plan qui marche. Il
n’y aura pas de plan B et, bien évi-
demment pas deplanète de rechan-
ge non plus », répétait encore, il y a
quelques jours, Jane Smart, de
l’Union internationale pour la
conservation de la nature (UICN).
Dernière chance? Il faut souhai-
Les ressources marines dépendent de la protection des récifs coralliens. Ici, dans l’océan Pacifique. CHRISTOPH GERIGK/FOCUS/COSMOS
ter que non, même si le tableau
dressé par toutes les études parues
récemmentn’invitepasàl’optimis-
me. La Liste rouge établie par l’UI-
CN montre qu’un tiers des espèces
répertoriées sont menacées d’ex-
tinction. Les Perspectives mondia-
les de la biodiversité, publiées en
mai par les Nations unies, ont
confirméquel’ensembledesindica-
teurs servant à décrire l’état de la
L’idéededonnerunevaleurmonétaireàlanatureprogresse
LE 20 OCTOBRE à la conférence sur
la biodiversité de Nagoya, au
Japon, l’économiste Pavan
Sukhdev présentera les conclu-
sions d’un travail entrepris en
2008, à la demande de l’Union
européenne, et destiné à chiffrer la
valeur monétaire des écosystèmes
et les services qu’ils nous rendent.
L’ancien banquier indien ne
dévoilera pas une équation qui,
d’un seul coup, éclairera le monde
sur les dangers qu’il court – et l’ap-
pauvrissement qui le guette – s’il
n’agit pas de toute urgence pour
préserver la biodiversité. A la diffé-
rence du climat, dont les erre-
ments peuvent au final se mesu-
nature sont au rouge. La superficie
et la santé des habitats naturels
dans la majorité des parties du
monde continuent de se dégrader.
Surtout, le rythme auquel dispa-
raissent les espèces apparaît beau-
coup plus rapide, « de 100 à 1 000
fois » plus que ce que les scientifi-
ques ont pu reconstituer au cours
des500 derniersmillionsd’années.
Alors de quoi va-t-on parler à
rer par la concentration de CO2
dans l’atmosphère, la biodiversité
est d’une complexité bien trop
grande pour se prêter à l’exercice.
Approche innovante
Pour autant, si le rapport
Sukhdev n’est pas le pendant du
rapport Stern sur le climat paru
en 2006, il fait apparaître au tra-
vers des multiples situations étu-
diées, une « valeur économique
de la nature ».
D’autres économistes ont déjà
travaillé sur le sujet, mais jamais
cette approche n’avait autant
dominé le débat international.
Combien rapporte un écosystème
Nagoya ? Trois sujets focalisent les
discussions. D’abord, fixer une
nouvelle échéance pour inverser le
mouvement actuel. L’année 2020
fait consensus car les désaccords
ne portent pas en réalité sur cet
objectif vague que la plupart des
pays, faute d’indicateurs, sont de
toute façon incapables d’évaluer.
En revanche, les discussions se ten-
dent lorsqu’il s’agit d’adopter une
s’il est bien géré ? Combien fait-il
perdre, à l’inverse, s’il dépérit ? Ce
discours mercantile si peu fami-
lier jusqu’alors aux naturalistes,
s’est imposé. Ultime tentative
pour mobiliser les consciences ?
Les institutions internationa-
les – Programme des Nations
unies pour l’environnement
(PNUE) en tête – et les grandes
ONG de conservation s’y sont
converties. « Nous devons nous
assurer que la valeur immense
d’écosystèmes en bonne santé est
prise en compte dans les décisions
économiques. Il faut mettre un
prix sur le rôle que joue la nature
en assurant de l’air sain, de l’eau
vingtaine de cibles plus concrètes,
comme lasuppression des subven-
tions à la pêche industrielle, res-
ponsables de l’effondrement de
certaines espèces de poisson ; ou
de porter la superficie des espaces
naturels protégés à 20 %, voire à
25 %, comme le réclament certai-
nes ONG. Ces espaces couvrent à
présent un peu moins de 13 % de la
surface terrestre.
propre dans nos villes, des stocks
de poisson en quantité suffisante
pour nous nourrir… », a ainsi plai-
dé, à la veille de Nagoya, le Fonds
mondial pour la nature (WWF).
Certaines entreprises ont com-
mencé à regarder ce que modifie-
rait cette prise en compte du « capi-
tal naturel » dans leur « business
model». Plusieurs gouvernements
prônent aussi cette nouvelle comp-
tabilité. Aucun n’a encore franchi
le pas. En revanche, les initiatives
prises à l’échelon des collectivités
locales commencent à se multi-
plier et c’est probablement l’une
des voies les plus prometteuses. p
L. C.
Autre sujet : l’aide financière
qu’attendent les pays en dévelop-
pementen échangede leur engage-
ment à mieux protéger la nature.
Combien ? Le secrétariat de la
Convention a imprudemment
avancé qu’il faudrait multiplier
par dix les fonds disponibles… sans
que personne ne connaisse l’am-
pleur des transferts actuels.
Enfin, les 193 pays vont tenter de
conclure la négociation engagée, il
yahuitans,surl’adoptiond’unpro-
tocole contraignant, organisant
l’accès aux ressources génétiques
et le partage des avantages tirés de
leur exploitation.
Ce protocole, baptisé APA dans
le jargon de la Convention, est le
véritable point dur de la rencontre
de Nagoya. Il oppose, d’un côté, le
front des pays en développement
regroupés au sein du G 77, et de
l’autre, les pays industrialisés, sou-
cieux de protéger les intérêts de
leurs entreprises pharmaceuti-
ques ou cosmétiques. Les centai-
nes de milliards de dollars de chif-
fres d’affaires engrangés chaque
année par ces secteurs aiguisent
les convoitises. Les industriels,
tout en réclamant une clarification
des «règles du jeu », ne conçoivent
cependant pas ce « partage des
avantages » comme une nécessai-
re restitution monétaire et préfè-
rent mettre en avant une compen-
sation faitede transfertsde techno-
logie, de formation ou de projets
sociaux…
Les pays en développement ont
prévenu que les sujets sur la table à
Nagoya formaient un tout. S’ils
campent sur cette position, cela
signifie que Nagoya se terminera
soit par un accord global, soit par
un échec total. p
Laurence Caramel

Intempéries Le typhon Megi

touche les Philippines
Le typhon Megi a touché, lundi
Un joyau forestier de l’île de la Réunion ravagé par un incendie
18 octobre au matin, le nord des La lutte contre le sinistre, le plus important depuis 1988, qui a pris dans la forêt du Maïdo, s'annonce très difficile
Philippines, privant d’électricité
des milliers de foyers et forçant
les compagnies aériennes à annu- Saint-Denis-de-La Réunion plus important depuis 1988, lors- composée, dans sa partie inférieu- ne de kilomètres de là, le volcan France. Ces derniers opèrent en
ler leurs vols. Les services météo- Correspondant qu’un feu avait ravagé 3 500 hecta- re, de tamarins des hauts, des s’est réveillé et lâche ses coulées commandos héliportés, tandis que
rologiques prévoient en son cen- res de forêts. arbres magnifiques, endémiques rougeoyantes depuis jeudi. 140 militaires des forces armées de

tre des pointes de vent de
250 km/h. Dixième et plus puis-
sant typhon à frapper les Philippi-
nes cette année, Megi risque de
détruire une partie de la produc-
tion de riz du pays : la province de
Cagayan, qui figure parmi les
régions les plus exposées, cultive
12 % de la production nationale
(soit environ un million de ton-
nes), et un tiers seulement de la
récolte a été effectué. Le directeur
de l’agence nationale de lutte
contre les catastrophes, Benito
Ramos, a annoncé que plus de
3 000 personnes avaient été éva-
cuées dans le nord de Luzon, la
principale île du pays. – (Reuters.)
D
enouveauxrenfortsétaient
attendus de métropole,
mardi 19 octobre, pour ten-
ter de maîtriser l’incendie qui rava-
ge depuis une semaine un des plus
beaux sites de La Réunion : la forêt
du Maïdo, située dans les hauts de
Saint-Paul, à l’ouest de l’île. Cette
zone inhabitée fait partie du parc
naturel inscrit en août au Patrimoi-
ne mondial de l’Unesco. Lundi
matin, près de 800 hectares
avaient été détruits. La nidification
d’oiseaux endémiques, comme le
tec-tec, pourrait être compromise.
Même si les incendies ne sont
pas exceptionnels dans cette par-
tie de l’île, ce sinistre est de loin le
L’incendie – dont l’origine,
imprudence ou malveillance, n’a
pas encore été établie – a commen-
cé à se propager, lundi 11 octobre, à
partir de deux départs de feu dis-
tincts. La sécheresse actuelle, dou-
blée de vents forts et imprévisibles,
ainsi que le couvert végétal, ne faci-
litent pas la tâche des pompiers.
« On ne sait jamais de quelle façon
va prendre le feu; en quelques dizai-
nesdeminutes,il peutchanger tota-
lement de sens », explique le colo-
nel Jacques Vandebeulque, direc-
teurdu servicedépartemental d’in-
cendie et de secours (SDIS).
La végétation, qui s’étale de
1700 à 2 900 mètres d’altitude, est
de l’île ; et dans la partie supérieu-
re, par des landes, où l’épaisse cou-
che d’humus joue des tours aux
sauveteurs.
Réveil du volcan
« C’est comme un feu de tourbe,
relate le patron du SDIS, il se pro-
page en sous-sol et ne peut pas être
éteint par l’usage des lances tradi-
tionnelles.» Alors que les flammes
semblent vaincues en un endroit,
elles peuvent resurgir brusque-
ment quelques dizaines de mètres
plus loin. « On a l’impression
d’éteindre du feu sur une coulée de
lave », rapporte l’officier.
Ironie de la nature, à une trentai-
La lutte est menée avec deux
priorités. D’une part, éviter que le
feu ne se propage dans le rempart
abrupt qui domine le cirque de
Mafate.Outreunedégradationdan-
gereuse de la paroi rocheuse, les
dégâts affecteraient la faune et la
flore endémiques de ces pentes
inaccessibles. D’autre part, empê-
cher le sinistre d’atteindre la forêt
detamarins,oùlesflammestrouve-
raientuncombustibledechoix.Sur
ce front, rien n’est encore gagné.
Plus de 400 hommes – pom-
piers, militaires, forestiers – sont
mobilisés.Les pompierslocaux ont
reçu le renfort de 120 hommes de la
sécurité civile arrivés du sud de la
la zone sud de l’océan Indien s’em-
ploient à creuser des tranchées
pour couper la propagation du feu.
Un ballet d’hélicoptères déverse
sans relâche des bâches de
800litres d’eau.
Ala demandedupréfet,leminis-
tère de l’intérieur a décidé d’en-
voyer un avion bombardier d’eau,
le Dash-8. L’appareil, attendu mar-
di soir, peut larguer 12 tonnes d’eau
à chaque rotation. De quoi aider à
tenir jusqu’à la pluie, qui n’est pas
prévue avant plusieurs jours. « Le
feu ne sera éteint que lorsqu’elle
aura imbibé les sols », affirme le
colonel Vandebeulque. p
Hervé Schulz
0123
Mardi 19 octobre 2010
A Las Vegas, Tea party
et démocrates mobilisent
à l’approche des élections
Le vote anticipé a commencé aux Etats-Unis,
à deux semaines du scrutin de mi-mandat, le 2novembre
Reportage
Las Vegas (Nevada)
Envoyée spéciale
A
deux semaines des élections
de mi-mandat, c’est fête
dans le camp de Sharron
Angle,la « Grand-MèreduNevada »
soutenue par le Tea Party, selon sa
propre présentation. En fait de
mamie gâteau, c’est plutôt Ma Dal-
ton. Les démocrates se sont fait un
plaisir de publier un recueil de ses
idées. « Dangereuse idée numé-
ro 1 » : privatiser le système de
retraites. « Dangereuse idée numé-
ro 4 » : supprimer le ministère de
l’éducation. La liste en compte cin-
quante : quitter les Nations unies,
informerlesfemmes«dulienscien-
tifiquement établi » entre avorte-
ment et cancer du sein, révoquer le
16e amendement (1913) qui a insti-
tué l’impôt sur le revenu…
Les bénévoles sont rassemblés
pour une soirée à l’Hôtel Orleans, le
casino décoré de balcons créoles.
Selon les sondages, Sharron Angle,
61ans,menacesérieusementlesor-
tant, l’influent sénateur démocrate
Harry Reid. La candidate n’est pas
là,mais ungroupe de« Sharronnet-
tes»a l’airderetrouver toutesajeu-
nesse en dansant sur des airs de
rock des années 1960. L’orchestre
chauffe la salle qui chante à pleins
poumons: « Obama-a-a-a-a-a ! Un
seul mandat-a-a-a-a… »
Aucune figure républicaine
dans l’assistance. Sharron Angle,
qui a remporté les primaires en
juin, est soutenue « avec fierté» par
l’état-major national. De tout le
pays, les activistes du Tea Party lui
envoient de l’argent pour l’aider à
battre le symbole de la majorité
démocrate au sénat, Harry Reid.
Mais sur le plan local, plusieurs
poidslourdsrépublicainsontpréfé-
Report du sommet de Paris
sur le Proche-Orient
La rencontre du 21octobre, voulue par l’Elysée,
est victime du blocage du processus de paix
Jérusalem
Correspondant
L
e report sine die du sommet
que Nicolas Sarkozy avait
prévu d’organiser fin octo-
bre à Paris pour relancer les négo-
ciations israélo-palestiniennes et
préparer celui de l’Union pour la
Méditerranée (UPM), qui doit se
tenir, en principe, le 20 novembre,
à Barcelone, illustre l’impasse du
processus de paix.
Cette rencontre, qui devait réu-
nir le premier ministre israélien,
Benyamin Nétanyahou, le prési-
dent de l’Autorité palestinienne,
Mahmoud Abbas, le président
égyptien, Hosni Moubarak, et la
secrétaire d’Etat américaine, Hilla-
ry Clinton, avait été envisagée à la
date du 21 octobre. Son annulation
a été annoncée, samedi 16 octobre,
par le bureau de M. Nétanyahou,
et non par l’Elysée.
L’Egypte avait émis des doutes
sur la tenue de ce sommet, souli-
gnant qu’il était « tributaire » de
progrès dans les discussions
israélo-palestiniennes. Or celles-
ci sont interrompues, malgré les
efforts de Washington, pour
convaincre Israël de prolonger le
moratoire sur la colonisation
dans les territoires occupés, une
décision susceptible de convain-
International 5
ré appeler à voter démocrate et le quartiers nord. Mission : informer
parti est au bord de la scission. les électeurs que des machines à
Comme dans le reste du pays, le voter sont à leur disposition au
vote anticipé vient de commencer. supermarché Albertson.
Lacourseàlaparticipationestenga- Avis Pickens et son fils Joe sont
gée. Un tiers des électeurs auront venus pour Harry Reid, mais aussi, Vote anticipé dans un supermarché de Las Vegas (Nevada), le 16 octobre. AFP PHOTO/MARK RALSTON
voté avant la date du scrutin, le et surtout, pour Obama. Autant
2 novembre. Outre le tiersdu Sénat, qu’un vote de protestation contre aussi. Ils ont quatre enfants et font Les bénévoles arpentent un d’unité. » John Franken est un élec-
les Américains renouvellent l’en- la situation économique, les élec- partie des rares Américains qui ne quartier de maisons construites du teurenregistréindépendant.«Oba-
sembledelaChambredesreprésen- tions de mi-mandat sont un réfé- se sont jamais sentis assez riches temps de l’opulence. Pas de pelou- ma, il faudrait qu’il arrête de pren-
tants et 37 postes de gouverneur. rendum sur le président. Avis Pic- pouracheter unemaison.Sonsalai- semais desrocailles etdes cactus :il dre l’argent des riches », lance-t-il.
kens en a assez d’entendre ses com- re est de 30 000 dollars par an. Le est devenu trop coûteux d’arroser. Pour lui, les représentants envoyés
Réactiver les réseaux patriotes se plaindre : « Ils confon- débat sur les déductions fiscales «Ce qu’il nous faudrait, grommelle au Congrès devraient représenter
Ayant engrangé 14 millions de denttout. Direqueleplande relance qu’il faudrait accorder aux hauts John Franken devant son garage, «l’homme de la rue » et ne « même
dollars(10millions d’euros) autroi- n’a pas marché, c’est prématuré. » revenus – plus de 250 000 dollars c’est quelqu’un à la Maison Blanche pasêtre payés». Ace stade, la démo-
sième trimestre, Sharron Angle est Enseignante dans le centre-ville de annuels – la laisse de marbre : « Ils qui contrôle la dette et décrète que crate Avis Pickens préfère prendre
en mesure de recruter du person- Las Vegas, elle a une vue directe sur ont tout. Pourquoi ne paieraient-ils l’anglais est la langue officielle. Ça congé. p
nel pour aller frapper aux portes. la pauvreté. Son mari est prof lui pas plus d’impôts ?» redonnerait aux gens un sentiment Corine Lesnes
Chez les démocrates on préfère
réactiver les réseaux et la coalition
jeunes-Latinos-Afro-Américains,
quiasibienréussien2008.«Uncer-
tain nombre de nos électeurs, chez
les jeunes notamment, sont partis CASDEN, la banque de l’Éducation, de la Recherche et de la Culture
ailleurs. Mais la bataille pour la
réforme de la santé a amené une
autre catégorie : les mères de
famille inquiètes pour leurs
enfants», explique José Moreno, de
Organizing for America, l’ancienne
organisation de campagne de
Barack Obama.
Selon lui, les partisans du prési-
dent sont en train de se remotiver.
«Obama a commencé à parler aux
gens directement. Il leur explique
que cette élection est aussi impor-
tante que 2008. » Mais il est clair
que les démocrates n’ont pas le
vent en poupe. « Les gens sont en
colère. Il est arrivé que des individus
passent devant le local en faisant
desgestesmenaçants. » Lesbénévo-
les ont reçu pour consigne de ne
pas essayer de faire du prosélytis-
me auprès des républicains.
Loin des tapis fatigués des casi-
nos de Las Vegas, les militants d’Or-
ganizing for America se sont donné
rendez-vous sur un parking des
CASDEN Banque Populaire - 77424 Marne-la-Vallée cedex 2 - Société Anonyme Coopérative de Banque Populaire à capital variable
Pour intéresser
mon banquier, il manque
des zéros à mon compte !
- Crédit photo : Christophe Boulze
Dans ma banque,
cre les Palestiniens de reprendre
les négociations directes.
on est tous égaux...
La décision israélienne d’autori-
ser la construction de 238 nou-
veaux logements à Jérusalem-Est
Elle est coopérative
ne peut que conforter la position et je me sens en confiance.
de l’Autorité palestinienne. Dans
un éditorial publié lundi 18 octo-
bre, le quotidien Haaretz écrit :
«La seule explication est une tenta-
Siret n° 784 275 778 00842 - RCS Meaux.
tive de saboter les efforts pour
reprendre les négociations entre
Israël et les Palestiniens. »
Il est trop tôt pour savoir quelle
incidence le report du sommet de
Paris aura sur celui de l’UPM. Le
premier avait été conçu par la
France comme devant préparer
une relance du processus de paix
dans le cadre de l’UPM, et M. Sarko-
zy n’avait pas caché son ambition
de jouer un rôle moteur pour per-
mettre à l’Union européenne – et
à la France – d’être davantage La CASDEN affirme ses valeurs d’entraide et de solidarité et donne à tous les enseignants et
impliqués au Proche-Orient. les personnels techniques et administratifs la possibilité de réaliser leurs projets dans les meilleures
Reporté une première fois de
mai à novembre, le sommet de l’U-
conditions. Partager avec vous une relation de confiance, à la CASDEN c’est une priorité.
PM pourrait être victime du bloca-
ge du processus de paix. Sans
compter que la présence possible
d’Avigdor Lieberman, l’ultranatio-
naliste ministre israélien des
affaires étrangères, pourrait inci- REJOIGNEZ-NOUS SUR WWW.CASDEN.FR OU CONTACTEZ-NOUS AU 0826 824 400
(0,15 € TTC/min en
ter des pays arabes à boycotter la L’offre CASDEN est également disponible dans le Réseau Banque Populaire. France métropolitaine)
réunion. p
Laurent Zecchini
6 International & Europe 0123
Mardi 19 octobre 2010

Unsommet France-Russie-Allemagne Un soutien français à la Charte 08

pourparler de lasécurité en Europe en Chine
L’ambassadeur français pour les droits de l’homme, François Zimeray, a
exprimé, dimanche 17 décembre, lors de l’émission « Internationales »
Un mois avant le sommet de l’OTAN, Nicolas Sarkozy accueille à Deauville le président russe, de TV5-RFI-Le Monde, un soutien à la Charte 08, la plate-forme de reven-
Dmitri Medvedev, et la chancelière allemande, Angela Merkel. Pour «ancrer la Russie à l’Ouest» dications politiques des opposants, dont le Prix Nobel 2010 de la paix,
Liu Xiaobo, avait été un des initiateurs en 2008. « Une charte qui deman-
de plus de démocratie, le respect des conventions internationales, dont le

T
ourà tourqualifiées par l’Ely-
sée de « rencontre », de « som-
met tripartite France-Russie-
Allemagne » ou de simple séance
de « brainstorming », les discus-
sions qui devaient s’ouvrir, lundi
18 octobre, à Deauville, sur la côte
normande, entre Nicolas Sarkozy,
son homologue russe Dmitri Med-
vedev et la chancelière allemande,
Angela Merkel, interviennent à un
moment où se négocie l’avenir de
la sécurité en Europe.
D’un côté, l’OTAN prépare un
nouveau « concept stratégique »
pour remplacer celui de 1999 ; de
l’autre, l’Organisation pour la sécu-
rité et la coopération en Europe
(OSCE), issue des accords d’Helsin-
ki de 1975, s’apprête à tenir en
décembre au Kazakhstan son pre-
mier sommet depuis onze ans.
L’Elysée cherche à rassurer les
absents en expliquant qu’à Deau-
ville il ne sera pas question d’un
«directoire » à trois qui gérerait les
affaires du continent. Aucune déci-
sionneseraannoncée,précise-t-on.
Depuis l’axe Paris-Berlin-Mos-
cou contre la guerre d’Irak en 2003
et le sommet Chirac-Merkel-Pouti-
neen 2006, «le contexte a changé »,
insiste-t-on à l’Elysée, «la France est
rentrée dans l’OTAN ».
Mais l’absence de la haute repré-
sentante européenne, Catherine
Ashton, qui n’est pas invitée, ne
fera que souligner le format res-
treint entre puissances, comme les
affectionne le Kremlin.
Au menu, selon l’Elysée, « des
échanges approfondis (…) sur les
enjeux de sécurité qui nous sont
communs ».
Prenant ses précautions avec
les Polonais, la présidence françai-
se a tenu à annoncer au préalable
un sommet du « triangle de Wei-
mar » (France, Allemagne, Polo-
gne) pour février 2011. Des messa-
ges relativisant la portée de Deau-
ville semblent aussi avoir été
envoyés aux Britanniques, qui
ont des relations heurtées avec
Moscou et discutent par ailleurs
avec Paris d’une relance de la coo-
pération bilatérale en matière de
défense.
« Conflits gelés »
L’ambitiondel’Elyséeest àla fois
vaste et imprécise pour ce sommet
qui durera le temps d’un dîner lun-
di. Viendront s’y ajouter deux heu-
res de discussions mardi matin sur
le thème « L’ancrage stratégique de
la Russie à l’Ouest».
Un conseiller de M. Sarkozy a
expliqué, vendredi, pourquoi la
Un « comité politique et de sécurité euro-russe »
Proposée pour la première fois
en juin par Angela Merkel, lors
d’un sommet à Meseberg (Alle-
magne) aux côtés du président
russe, Dmitri Medvedev, la créa-
tion d’un « comité politique et
de sécurité euro-russe » semble
acquise, selon un conseiller de
l’Elysée. Le comité réunirait la
haute représentante européen-
ne, Catherine Ashton, et le minis-
tre russe des affaires étrangè-
diplomatie russe «semble redécou-
vrir les mérites d’une attitude plus
coopérative avec les pays occiden-
taux ». Il a évoqué le « redémarra-
ge» (« reset») des relations avec les
Etats-Unis, les effets de la crise éco-
nomique, l’évolution de l’Ukraine
et les craintes suscitées par la mon-
tée en puissance de la Chine.
Cette nouvelle attitude russe est
cependant « fragile », a estimé le
conseiller, et il faut la « consolider ».
La Russie « continue de dire que
l’OTAN est un danger principal » et
elle voit le projet américain de bou-
clier antimissile pour l’Europe
«comme une menace ». Son attitu-
desurles «conflits gelés»(Transnis-
trie, Géorgie) est également un
point « d’ombre », notait le
conseiller.
Quelles tractations se profilent
à Deauville ? On sait que l’adminis-
tration Obama, relayée par le secré-
taire général de l’OTAN, Anders
Fogh Rasmussen, cherche à
convaincre le président Medvedev
res, Sergueï Lavrov. Encore flou,
ce mécanisme associerait la Rus-
sie à la politique commune euro-
péenne de sécurité et de défen-
se. Le dossier du « conflit gelé »
de la Transnistrie serait un pre-
mier point d’application. Le sou-
tien de Moscou à des opérations
militaires européennes au
Tchad et au large de la Somalie a
été salué par Paris comme un
début de rapprochement.
de participer à un sommet OTAN-
Russie à Lisbonne, en décembre,
pour illustrer les bénéfices du
« redémarrage ». A ce jour, Moscou
a refusé et fait monter les enchères
en demandant un droit de regard
sur le concept stratégique de l’Al-
liance, ainsi que sur la question du
bouclier antimissile.
M. Sarkozy va plaider auprès de
M. Medvedev pour qu’il revoie sa
position. Lors d’un entretien, ven-
dredi, avec M. Rasmussen, le prési-
dent français a « apporté son plein
soutien (…) à la perspective d’un
sommet OTAN-Russie ».
En affichant sa capacité à parler
avec la Russie de questions poli-
tico-militaires, le chef de l’Etat
français peut espérer accroître sa
marge de manœuvre auprès des
alliés. La France mène une bataille
diplomatique au sein de l’OTAN
pour empêcher que le bouclier
antimissiles soit considéré com-
me un substitut potentiel à la dis-
suasion nucléaire. Elle espère aus-
si des retombées pour son indus-
trie de la défense.
A Deauville, M.Medvedev a l’in-
tention de remettre sur la table son
projet de « traité » sur la sécurité
paneuropéenne. L’Allemagne sem-
ble réceptive mais Washington
rejette cette idée depuis des mois.
La France, elle, entretient le
flou. Elle n’a jamais dit formelle-
ment non, mais elle n’a guère d’il-
lusions sur la volonté russe de
redessiner toute l’architecture de
sécurité. p
Natalie Nougayrède
pacte relatif aux droits civils et politiques correspond exactement à ce
que nous demandons, en Chine comme ailleurs », a déclaré M. Zimeray,
alors qu’il était interrogé sur ce texte qui a valu à Liu Xiaobo d’être
emprisonné. Qualifiant Liu Xiaobo de « prisonnier politique », l’ambassa-
deur a appelé à sa libération et à celle des opposants détenus ou assi-
gnés à résidence. La réaction officielle française au Nobel 2010 s’était
limitée, le 8 octobre, à un communiqué du ministre des affaires étrangè-
res, Bernard Kouchner, prenant acte du choix du Comité Nobel. p
Espagne Batasuna « s’opposerait »
à des attentats de l’ETA
MADRID. L’un des chefs de file du parti indépendantiste basque Batasu-
na, Arnaldo Otegi, estime que le « recours à la violence armée » n’est pas
« compatible » avec l’indépendantisme et appelle le groupe armé ETA à
« décréter une trêve permanente », dans un entretien publié par le quoti-
dien El Pais, dimanche 17 octobre. Actuellement en prison pour avoir
tenté de reconstituer la direction de Batasuna, la vitrine politique de
l’ETA interdite depuis 2003, M. Otegi affirme qu’en cas de reprise des
attentats Batasuna « s’opposerait à de tels faits ». – (AFP.)p
Kosovo Elections législatives anticipées
PRISTINA. La Ligue démocratique du Kosovo (LDK) s’est retirée, lundi
18 octobre, du gouvernement de coalition dirigé par Hashim Thaci (Par-
ti démocratique du Kosovo). Cette décision intervient au lendemain de
l’annonce de l’organisation d’élections législatives anticipées, le
13 février 2011, pour résoudre la crise politique issue de la démission sur-
prise du président Fatmir Sejdiu (LDK). – (AFP.)
Belgique Nouvelle proposition de réforme
des institutions
BRUXELLES. Le chef des indépendantistes flamands, Bart De Wever, a
transmis, dimanche 17 octobre, une nouvelle proposition de réforme
des institutions belges aux sept partis politiques néerlandophones et
francophones qui tentent, depuis quatre mois, de former un gouverne-
ment. Les partis devaient répondre à cette proposition lundi. – (AFP.)
Niger Quatre membres de la junte au pouvoir arrêtés
NIAMEY. Un quatrième membre de la junte au pouvoir est détenu
depuis samedi 16octobre à Niamey, la capitale, pour « tentative de désta-
bilisation du régime ». Le colonel Abdoulaye Badié, ex-numéro deux de
la junte, et le lieutenant-colonel Abdou Sidikou avaient été arrêtés ven-
dredi, ainsi que le colonel Amadou Diallo. – (AFP.)

L’opposition égyptienne en panne de stratégie commune avant les législatives

Revigorés par l'arrivée de M. ElBaradei, l’ex-patron de l'AIEA, les adversaires du président Moubarak sont divisés face au scrutin du 29 novembre

Le Caire dès qu’il s’agit de politique, le res-

Envoyée spéciale te de l’opposition a aussitôt
dénoncé un « accord », passé entre

A
quelques semaines des élec-
tions législatives, prévues le
lundi29 novembre, les mou-
vements d’opposition au régime
du président Hosni Moubarak affi-
chent un front affaibli et divisé. Un
temps revigorée par l’arrivée de
Mohamed ElBaradei, l’ancien
patron de l’Agence internationale
de l’énergie atomique (AIEA) deve-
nu la personnalité contestataire la
plus en vue d’Egypte, l’opposition
s’est morcelée sur la question du
boycottage du scrutin.
En militant pour davantage de
démocratie, l’Agence nationale
pour le changement (ANC) de
M. ElBaradei, créée en février 2010,
avait suscité l’enthousiasme. Une
pétition réclamant des réformes a
été organisée via Internet, bénéfi-
ciant du soutien des Frères musul-
mans. Près de 900 000 signatures
ont été collectées. L’objectif du mil-
lion de signatures, annoncé par
l’ANC, sera probablement atteint
avant le jour des élections. « Et
après ? », s’est interrogée à plu-
sieurs reprises la presse indépen-
dante.
« L’opposition n’a jamais été en
si piteux état », déplore Georges
Ishak. Fondateur du mouvement
Kefaya ! (« Ça suffit ! »), qui avait
organisé des manifestations quasi
Mohamed ElBaradei, figure respectée de l’opposition, avant une conférence de presse, le 7 septembre au Caire. K. AL-FIQI/EPA
quotidiennes au cours de la pério-
de préélectorale de 2005, M. Ishak
poursuit la lutte auprès de M. ElBa-
radei. « L’unité a volé en éclats, cha-
que courant cherchant à imposer
son empreinte idéologique sur l’en-
semble de l’opposition, poursuit-il.
Celle-ci avait été ranimée par
M. ElBaradei mais l’appel au boy-
cottage n’a pas été suivi. Je ne veux
pas parler de trahison, mais c’est
une grande perte. »
L’idée de ce boycott, explique
Abdul Rahman Youssouf, un poè-
te populaire par ailleurs coordina-
teur général de l’ANC, s’inscrit
dans une stratégie de « désobéis-
sance civile ». « Ce régime est expert
en violence. Si nous jouons la carte
de laforce, c’est perdu d’avance, dit-
il. La désobéissance civile est la seu-
le attitude capable de forcer la
main du régime en le décrédibili-
sant. Le boycottage est un moyen
de dénoncer la fraude et le caractè-
re antidémocratique de ces législa-
tives qui vont se dérouler sans la
supervision de juges dans les
bureaux de vote. »
L’efficacité de ce projet repose
sur la renommée internationale
de M. ElBaradei. « Mettre en avant
le nom d’ElBaradei a montré
qu’une troisième voie était possi-
ble, à côté du Parti national démo-
cratique (PND), aujourd’hui au
pouvoir, et des Frères musulmans,
estime le poète. M. ElBaradei n’est
ni un militaire, ni un fondamenta-
liste, ni un athée. Son prix Nobel l’a
rendu populaire auprès des Egyp-
tiens et le protège. Le régime peut
difficilement le jeter en prison –
comme il l’a fait avec les Frères
musulmans ou avec Ayman Nour
[lechefdu partilibéral Ghad, candi-
dat à l’élection présidentielle de
2005] – sans soulever un tollé de la
communauté internationale. »
Mais pour remporter le succès
«Ce régime est expert
en violence»
Abdul Rahman Youssouf
Coordinateur de l’Agence
nationale pour le changement
escompté, encore fallait-il que
M. ElBaradei soit soutenu jusqu’au
bout. Face à la toute-puissance du
PND, l’opposition s’est révélée
incapable d’adopter une stratégie
commune. La première défection
est venue du Wafd. Ce parti, qui a
mené la lutte pour l’indépendance
de 1919 à 1952, a longtemps été
interdit. Il a repris ses activités en
1983 en proposant un programme
libéral, suscitant l’engouement
des Egyptiens. Puis leur indifféren-
ce. L’élection de Sayyed Badawi au
poste de président du parti, le
28 mai 2010, lui a insufflé une nou-
velle jeunesse. M. Badawi, milliar-
daire de l’industrie pharmaceuti-
que,a injecté dansle Wafd des som-
mes considérables, tout en
menant une politique médiatique
agressive. Il possède trois chaînes
de télévision câblées et a racheté,
enaoût 2010, lequotidien indépen-
dant Al-Dostour. Or, le boycottage,
selon le Wafd, équivaut à « un suici-
de politique ».
Illustrant la méfiance caracté-
ristique de l’état d’esprit égyptien
le régime et le Wafd, qui aurait
pour but de «fabriquer une opposi-
tion artificielle au sein du Parle-
ment ». Le licenciement, le 4 octo-
bre, d’Ibrahim Eissa, le rédacteur
en chef d’Al-Dostour, connu pour
ses positions critiques à l’égard du
pouvoir, a depuis écorné l’image
de Sayyed Badawi.
En attendant le score du Wafd
aux prochaines élections, force est
de constater que les 24 partis d’op-
position légaux du pays ont peu
d’influence sur la vie parlementai-
re. Au total, ils n’ont ainsi rempor-
té que 9 sièges (sur 454) lors des
législatives de 2005, tandis que les
Frères musulmans, interdits par le
régime, en obtenaient quatre-
vingt-huit grâce à la candidature
d’« indépendants » tous élus sous
le slogan, lui aussi interdit, de « l’is-
lam est la solution ». Après hésita-
tion, la confrérie a, elle aussi, refu-
sé de boycotter les législatives.
Echaudés parune vague d’arres-
tations massives de ses membres,
les Frères musulmans vont « parti-
ciper sans exagération », explique
Essam Al-Erian, un de leurs porte-
parole. « Nous avons essayé de par-
venir à une position commune
avec le reste de l’opposition, dit-il,
mais cette tentative a échoué. Les
demandes de réformes n’abouti-
ront jamais dans le contexte
actuel, et nous pensons qu’être
absents du Parlement ne fera que
servir l’intérêt du régime. »
Face aux craintes exprimées par
le pouvoir d’une «explosion de vio-
lence » le jour du scrutin, la confré-
riemeten avantses intentionspaci-
fiques. « Nous ne visons pas un sco-
re trop élevé, pour ne pas affoler le
régime, précise M. Al-Erian. Notre
action dépendra des résultats. Nous
organiseronsdessit-in,desmanifes-
tations ; nous irons devant les tribu-
naux pour dénoncer la fraude. Tout
sauf la violence. » p
Cécile Hennion
8 Europe
La place de l’immigration
L’Allemagne brise à son tour
le tabou du débat sur l’islam
Selon la chancelière chrétienne-démocrate Angela Merkel,
l’approche multiculturelle de l’immigration «a totalement échoué»
Berlin
Envoyée spéciale
A
ngelaMerkel a senti que l’Al-
lemagne avait franchi un
cap. Que le climat était en
train de changer. Que la grande
majorité des Allemands, à droite
comme à gauche, étaient prêts à
l’entendre : les partisans du gou-
vernement conservateur-libéral
comme l’opposition social-démo-
crate (SPD).
Devant les Jeunesses conserva-
trices, samedi16octobre, la chance-
lière – également présidente de la
bien nommée Union chrétienne-
démocrate (CDU), le premier parti
politique allemand – a osé enfon-
cer le clou. « Nous nous sentons liés
aux valeurs chrétiennes, a-t-elle
dit. Celui qui n’accepte pas cela n’a
pas sa place ici. »
Depuis dix ans au moins, aucun
dirigeant de l’Allemagne n’avait
oséexprimer si radicalement ce cli-
vage : entre « nous », les chrétiens,
et « lui », que l’on évite de nom-
mer : l’immigré musulman.
Lui, ce voisin venu d’ailleurs,
principalement de Turquie mais
aussi d’Afghanistan ou d’un camp
palestinien du Liban. Celui à qui,
en 2000,le gouvernement « rouge-
vert » du social-démocrate
Gerhard Schröder a donné le droit
à la double nationalité pour en
finir avec le droit du sang, passant
outre les tollés et les pétitions des
conservateurs. Ce représentant de
l’islam accusé, comme le fait indi-
rectement Mme Merkel, d’oublier
que « ce qui s’applique ici, c’est la
loi fondamentale, pas la charia ».
Les critiques de la droite menacent Angela Merkel
Berlin
Correspondant
Elue pour quatre ans en septem-
bre 2009, Angela Merkel est en
principe chancelière jusqu’à
l’automne 2013. En principe. Si l’on
en croit la presse, son sort pourrait
se jouer dès le dimanche 27 mars
2011, jour des élections dans le
Bade-Wurtemberg. En principe, ce
scrutin devrait constituer un non-
événement. Dans cet Etat-région
riche et conservateur, les chrétiens-
démocrates de la CDU ont, depuis
1953, toujours dominé la vie politi-
que locale. La seule question était
jusqu’ici de savoir s’ils attei-
gnaient la majorité absolue ou s’ils
avaient besoin d’un allié pour se
maintenir au pouvoir. Mais cette
fois, la situation pourrait changer.
En raison notamment de la très
forte opposition que suscite « Stut-
tgart 21», le gigantesque projet
d’aménagement de la gare de Stut-
tgart, la CDU n’est plus sûre d’elle-
même. Elle devrait certes rester le
«20%del’électorateuropéencraint queladiversificationculturellefragiliselesnations»
Pour l’historien Patrick Weil, «la question des minorités est toujours agitée à des fins politiciennes dans les moments de crise»
Entretien
P
atrick Weil, historien, cher-
cheur au CNRS, professeur
associé à l’université de Yale
(Etats-Unis),estspécialistedesques-
tions d’immigration. Il est notam-
ment l’auteur de Qu’est-ce qu’un
Français ? et de La France et ses
étrangers (Gallimard, Folio Histoi-
re). Il analyse les différences de
modèle d’intégration entre la Fran-
ce et l’Allemagne et replace la décla-
ration d’Angela Merkel dans le
contexte allemand et européen.
La chancelière allemande, Angela
Merkel, vient d’affirmer que le
modèle d’une Allemagne multicul-
turelle « avait totalement
échoué ». En quoi ce modèle se
Fini, le modèle d’une Allema-
gne Multikulti (multiculturelle,
multireligieuse, hétérogène, tolé-
rante), où chacun cohabiterait
dans l’harmonie ? « L’approche
Multikulti a échoué, totalement
échoué », a affirmé solennelle-
ment la chancelière, même si
« nous vivons côte à côte et nous
nous en réjouissons ». Dans l’Alle-
magne peu laïque, où vivent quel-
que 4 millions de musulmans (5 %
de la population), la sacro-sainte
loi fondamentale appelle, dans
son préambule, à la responsabili-
«Le livre de Thilo
Sarrazin a créé
unclimat dangereux
en Allemagne»
Neco Celik,
cinéaste d’origine turque
té « devant Dieu et les hommes ».
Et c’est l’Etat qui se charge de col-
lecter les impôts dus aux Eglises,
en fonction de la profession de foi
de chacun.
Mme Merkel ravive un débat fon-
damental de l’Allemagne, vieux
des années 1980 : entre la notion,
introduite par les Verts, d’une
société Multikulti et celle de la Leit
Kultur(culture dominante, autoch-
tone et chrétienne), prônée par les
chrétiens-démocrates. « Subven-
tionner les immigrants » ne suffit
pas, l’Allemagne est en droit
« d’avoir des exigences » envers
eux, a-t-elle affirmé. Autrement
dit : les immigrés sont bienvenus,
premier parti mais les Verts pour-
raient atteindre un score histori-
que et être les maîtres du jeu.
D’ores et déjà, le SPD, en perte de
vitesse pour avoir soutenu « Stut-
tgart 21» avant de tourner casa-
que, a indiqué être prêt à partici-
per à une coalition présidée par un
Vert, ce qui constituerait une pre-
mière. Si la CDU perdait le Bade-
Wurtemberg, le séisme serait tel,
affirment certains, que Mme Merkel
n’aurait plus l’autorité suffisante
pour gouverner. Le 13 octobre, la
Frankfurter Allgemeine Zeitung
affirmait que des dirigeants de la
CDU envisageaient d’ores et déjà
des solutions alternatives.
Qui pourrait la remplacer ?
Trois noms circulent: Roland
Koch, l’ancien ministre-président
de la Hesse qui a démissionné fin
août pour quitter la vie politique
mais occupe toujours le devant de
la scène, Ursula von der Leyen,
ministre du travail proche d’Ange-
la Merkel, et Karl-Theodor zu Gut-
tenberg, ministre de la défense,
différencie-t-il du modèle d’inté-
gration français ?
D’abord, il faut dire que d’autres
pays européens qui ont développé
unmodèlemulticulturaliste d’inté-
gration, comme le Royaume-Uni
ou les Pays-Bas, ont depuis peu
effectué un virage et s’efforcent de
valoriser l’apprentissage et le res-
pect de valeurs communes.
L’Allemagne a effectué un pre-
mier tournant il y a dix ans. Jus-
qu’alors, elle ne reconnaissait pas le
droit du sol, contrairement à la
France, qui depuis 1889 a attribué
sa nationalité aux enfants d’étran-
gers nés sur son territoire, indépen-
damment de la conservation d’une
nationalité d’origine.
Outre-Rhin,ledroitdelanationa-
souhaités pour pallier la pénurie
demain-d’œuvre qualifiée et auto-
risés à avoir leurs valeurs… à condi-
tion de reconnaître d’abord celles,
structurantes, de l’Allemagne chré-
tienne qui les accueille.
On ne parle plus que de « ça » en
Allemagne. Depuis deux mois, il
ne se passe pas un jour sans un
« talk show », à la télévision où
viennent s’affronter conserva-
teurs, progressistes, intellectuels
d’origine turque, travailleurs
sociaux ou représentants de diver-
ses communautés religieuses sur
la question de l’immigration, de
l’intégration, de l’islam.
La polémique a gagné le plus
haut niveau de l’Etat : le président
de la République, Christian Wulff,
a suscité l’indignation de sa
famille conservatrice en déclarant
que « l’islam fait partie de l’Allema-
gne ». Angela Merkel, toujours
attentive à plaire à tout le monde,
lui a donné raison tout en se disant
«compréhensive» àl’égard des pro-
pos, à l’extrême opposé, de Horst
Seehofer, ministre-président de la
très catholique Bavière. Celui-ci a
demandé d’arrêter l’immigration
venue de « pays aux cultures diffé-
rentes comme les Turcs et les Ara-
bes »… « Plus le débat se poursuit,
plus le niveau baisse », observe
l’hebdomadaire de centre-gauche
Der Spiegel.
Dans une Allemagne toujours
traumatisée par son passé nazi,
soucieuse à l’extrême de se
construire des garde-fous démo-
cratiques, où toute évocation de
« l’étranger » et des minorités ne se
fait qu’à grands renforts de précau-
extrêmement populaire. Si celui-ci
fait figure de favori, il a deux handi-
caps: sa jeunesse – il n’a que 38ans
– et son appartenance non pas à la
CDU mais à la CSU bavaroise. Que
le beau et brillant Karl-Theodor et
sa ravissante épouse Stéphanie,
partie en lutte contre le porno-chic
et la maltraitance faite aux
enfants, se préparent à entrer un
jour à la chancellerie ne fait pas
l’ombre d’un doute. Que leur heu-
re sonne dès 2011 n’est pourtant
pas évident. Dimanche 17 octobre,
M.zu Guttenberg a d’ailleurs quali-
fié cette rumeur de «farce ».
Popularité fragile
Fondées ou non, ces spécula-
tions soulignent la faiblesse du
gouvernement actuel. Après onze
mois d’indécisions et de querelles
internes à la majorité, Angela Mer-
kel avait promis au début du mois
de septembre « un automne de
décisions » et pouvait s’appuyer
sur la bonne situation économi-
que du pays. Mais depuis, deux
lité ne permettait pas aux enfants
nés de parents étrangers de devenir
automatiquement allemands. Se
développait un multiculturalisme
d’exclusion. Depuis 2000, les
enfants nés de parents résidents
étrangers sont allemands dès la
naissance à la condition qu’ils
optent pour la nationalité alleman-
de à leur majorité. Jusqu’alors, ils
ne pouvaient accéder à la nationali-
té qu’adultes, en passant par une
procédure de naturalisation décla-
rative. Ce n’est donc que récem-
ment que l’Allemagne a signifié sa
volonté d’intégrer ses étrangers,
d’en faire des Allemands. Or cette
réforme ne produira ses effets que
dans une ou deux générations.
Uneautredifférenceavec laFran-
Pancarte dénonçant Thilo Sarrazin, auteur d’un livre controversé sur l’immigration. STACHE/EPA
tions, cette polémique virulente et
désinhibée, qui traverse les classes
sociales et les courants politiques,
ressemble à la levée d’un tabou.
A l’origine de ce tohu-bohu
général, un livre publié fin août,
au titre apocalyptique : L’Allema-
gne court à sa perte. Et un auteur,
d’autant plus écouté qu’il est une
personnalité de poids : Thilo Sarra-
zin, membre du directoire de la
Banque centrale (poussé depuis à
la démission), ancien responsable
des finances au Sénat de Berlin et
ténor du Parti social-démocrate,
cachet de bonne foi idéologique.
Le livre met en garde contre le
déclin de « l’identité culturelle »
allemande et l’invasion islamique
en cours. L’Allemagne « s’abru-
tit », écrit-il, à cause du faible
niveau d’éducation des immigrés
musulmans et de leur manque
d’intégration.
thèmes occupent l’espace public
et divisent le pays : la prolonga-
tion de l’activité des centrales
nucléaires décidée par la chance-
lière et l’intégration des immigrés
musulmans, sujet qui déchire les
deux grands partis : la CDU et le
SPD. Mme Merkel sait que sa popu-
larité reste fragile au sein même
de la CDU. La base reproche à cette
protestante de sembler plus à
l’aise à la tête d’une grande coali-
tion CDU-SPD qu’avec un gouver-
nement de droite.
Jusqu’ici Mme Merkel semblait
assez sûre d’elle pour imposer à
cette base catholique des réformes
telles que la fin du service militai-
re obligatoire ou la promotion du
travail des mères de famille. Mais
au fur et à mesure que les échéan-
ces électorales approchent, la
chancelière doit remobiliser son
camp et donner des garanties à sa
droite. D’où sans doute ses derniè-
res déclarations sur l’échec des
politiques d’intégration. p
Frédéric Lemaître
ce se joue sur la scolarisation des
enfants,quiintervientplus tardive-
ment en Allemagne, vers 6 ans. Les
Allemandsn’ontpas lemêmesystè-
me de crèches collectives que les
Français.Or lascolarisationen com-
mun, avec l’apprentissage précoce
de la langue du pays d’accueil, est
un important facteur d’intégra-
tion.Enfin, pourdesraisonshistori-
ques,l’Allemagne s’estmontréejus-
qu’à récemment plus réticente que
la France à propager sa culture ou
même sa langue.
En France, des voix s’élèvent pour
considérer qu’ici aussi
l’intégration serait un échec…
C’est effectivement ce que pro-
clament Nicolas Sarkozy et Brice
Hortefeux ! Comme en Allemagne,
Au-delà des dérives unanime-
ment condamnées sur les « tares
génétiques » des immigrés du Pro-
che-Orient », le pamphlet de Thilo
Sarrazin a su toucher au cœur de la
peur allemande. Il ne s’est pas
contenté de pointer l’immigration
musulmane, il a combiné l’embar-
ras qu’elle suscite à une angoisse
plus profonde : le déclin démogra-
phique de l’Allemagne.
Les deux ingrédients ensem-
ble – une population autochtone
vieillissante et une population
immigrée jeune, de culture diffici-
lement compatible – pose la ques-
tion qui fait mouche, la même
qui taraude les pays d’Europe
gagnés par l’islamophobie et le
populisme : l’identité allemande
va-t-elle disparaître ?
Résultat : au moins
600 000 exemplaires vendus.
Près de 5 000 lettres de soutien à
Thilo Sarrazin envoyées par les
militants sociaux-démocrates de
base à la direction du SPD, qui a
entamé une procédure d’expul-
sion à son encontre. « Ils nous
disent : “Sarrazin dit la vérité que
vous ne voulez pas dire” », expli-
que, embarrassé, un membre du
SPD. Des voix s’élèvent pour souli-
gner la justesse du diagnostic : le
problème de l’islam dans la socié-
té allemande.
«Une certaine catégorie d’immi-
grants ne veut pas accepter la
démocratie, souhaitent vivre selon
les coutumes musulmanes et le
revendiquent comme un droit »,
déplore l’essayiste d’origine tur-
que Necla Kelek. L’historien Hans
Ulrich Wehler, membre du SPD,
dénonce « une politique de l’immi-
gration qui n’a jamais rien exigé
des nouveaux immigrants :
connaissance dela langue alleman-
de ou préparation à l’intégration ».
A la mairie (SPD) de Neukölln,
un quartier au cœur de Berlin où
plus de la moitié des habitants
n’ont pas de passeport allemand,
on se félicite que le livre, malgré
ses outrances, ait enfin jeté le pavé
dans la mare.
« Les populations immigrées
il y a une dimension politicienne à
ces discours. Mme Merkel subit une
chute libre dans les sondages.
Pourquoi les débats se
focalisent-ils sur l’immigration
en Europe ?
La question des minorités est
toujours agitée à des fins politicien-
nes dans les moments de crise. Les
Européens sont confrontés à une
grandeincertitude sur l’avenir.Cela
crée des angoisses qui peuvent être
soit apaisées soit excitées par les
politiques.
Dans toute l’Europe, environ
20 % de l’électorat craint que la
diversification culturelle qui s’est
développée depuis cinquante ans
fragilise les nations. La façon de
répondre à cette angoisse varie
0123
Mardi 19 octobre 2010
6,7 millions d’étrangers
Population 81,8 millions
de personnes en 2009, dont
6,694 millions d’étrangers.
Principaux pays d’origine des
étrangers Turquie, 1,658 million ;
Italie, 517 474 ; Pologne, 398 513 ;
Grèce, 278 063 ; Croatie, 221 222 ;
Russie, 189 326.
Migrations En 2008, 15,5 mil-
lions de personnes vivant
en Allemagne avaient un « passé
migratoire ». Sur ce nombre,
il y a 8,2 millions d’Allemands
(dont 5 millions qui ont eux-
mêmes immigré) et 7,2 millions
d’étrangers (dont 5,6 millions
ont eux-mêmes immigré).
vivent en repli, en particulier les
musulmans, constate Arnold Men-
gelkoch, adjoint au maire. Certains
regardent la télévision turque,
d’autres la chaîne du Hezbollah.
Les imams refusent l’aide des tra-
vailleurs sociaux. » Il martèle : « La
seule clef, c’est l’école, il est temps
que les politiques réagissent. Le sys-
tème scolaire à mi-temps, l’absen-
ce d’école primaire empêchent le
brassage social et l’apprentissage
de l’allemand. »
Selon une étude récente, un
tiers des Allemands se sentent
« submergés » par les étrangers et
souhaitent leur départ. « Le livre a
créé un climat dangereux en Alle-
magne », s’inquiète Neco Celik,
cinéaste d’origine turque. Fried-
bert Pflüger, membre de la CDU,
exprime une inquiétude partagée
chez les intellectuels et les politi-
ques. « Si Sarrazin créait un parti
sur ses idées populistes, il aurait
10 % ou 15 %. » L’Allemagne, si
consciencieusement rééduquée
aux compromis démocratiques, si
vigilante à l’égard de toute forme
de xénophobie, semble prête à son
tour à rejoindre une Europe
gagnée par le populisme.p
Marion Van Renterghem
d’un pays à l’autre : contrairement
à M. Sarkozy, il faut noter que Mme
Merkel n’a pas initié le débat
auquel elle participe. Et ce n’est pas
la même chose de dire que le multi-
culturalisme a échoué que de créer
un ministère de l’identité nationa-
le,d’affirmer quelaFrancepayecin-
quante ans d’erreur de politique
migratoire, d’annoncer sa volonté
de déchoir de leur nationalité des
Français d’origine étrangère.
D’un côté, il y a la reconnaissan-
ce qu’il faut valoriser plutôt ce qui
est commun que la différence, de
l’autre il y a stigmatisation et insi-
nuation de présence illégitime
dans la communauté nationale. p
Propos recueillis par
Cécile Prieur
10 France
Le conflit sur la réforme des retraites
Le gouvernement durcit le ton face à la radicalisation
François Fillon exclut toute concession alors que la crainte d’un blocage du pays se propage dans l’opinion
A
la veille d’une nouvelle jour-
née de mobilisation mardi
19 octobre, le gouverne-
ment cesse de jouer au chat et à la
souris avec les syndicats. Il ne fait
plus mine de multiplier les conces-
sions ou de ne vouloir brusquer
personne.
Il faut en sortir rapidement. Il y a
urgence, carle débat est en passe de
conduireNicolasSarkozydansl’im-
passe qu’il a sans cesse voulu évi-
ter : la création d’abcès de fixation,
qui menaceraient toute la réfor-
me: les mouvements de lycéens, le
blocage des raffineries et des
dépôts de carburant. Les routiers
sont en train de se joindre au mou-
vement, en organisant, lundi
matin, des opérations-escargot.
Le premier ministre François
Fillon a été particulièrement ferme
dimanche sur TF1. La première
urgence, c’est de mettre fin à la
panique sur l’essence, qui a
conduit les Français à remplir leurs
réservoirs pendant le week-end. « Il
n’y aura pas de pénurie de carbu-
«On va suivrel’affaire
hectolitrepar hectolitre.
Sibesoin, il y aura
des dépôts de rouverts»
Franck Louvrier
conseiller en commuinication
de l’Elysée
rant », a mis en garde M. Fillon. « Je
ne laisserai pas l’économie françai-
se étouffer par un blocage de l’ap-
provisionnement en carburant », a
assuré le premier ministre, alors
que les blocages se poursuivent
dans les douze raffineries et dépôts
de carburant. « Le droit de grève, ce
n’est pas le droit d’empêcher l’accès
à un dépôt de carburant », a marte-
lé M. Fillon. « On va suivre l’affaire
hectolitre par hectolitre. Si besoin, il
y aura des dépôts rouverts », confie
Franck Louvrier, conseiller en com-
munication de l’Elysée.
La crainte d’une pénurie de car-
burantdansles aéroportsdelacapi-
tale semble écartée. L’oléoduc Tra-
pil, qui dessert une partie de la
région parisienne, a été remis en
route.
Toutefois, les propos rassurant
du secrétaire d’Etat aux transports,
Dominique Bussereau, contras-
tent avec les files d’automobilistes
confrontés à un millier de stations-
service en rupture de carburant,
selon l’Union des importateurs
indépendants pétroliers (UIP), qui
représente la grande distribution,
soit 60 % des ventes en France.
Le gouvernement voulait éviter
jusqu’à présent l’affrontement
avec les grévistes des raffineries,
mais il ne peut se permettre
d’avoir une France paralysée pour
les vacances de Toussaint. L’objec-
tif de M. Fillon, qui a cité plusieurs
A Tours, «on n’a peut-être pas protesté assez fort, dans le passé…»
C’était vrai samedi, ce le sera encore mardi: les cortèges tourangeaux défilent sous le regard de ceux qui jugent les manifestations «superflues»
Reportage
Tours
Envoyée spéciale
A
vec ses maisons en tuffeau
etsabonhomieradical-socia-
liste,Toursestunevillepaisi-
ble. Une ville dans le mouvement
social, avec ses cortèges réguliers et
ceux qui les regardent passer.
Samedi 16 octobre, sur l’avenue
de Grammont, l’une des principa-
les artères du centre, aucun com-
merce n’a baissé le rideau. Flot
lent, sous le soleil d’automne, le
cortège avance. « Tous ensemble
pour nos emplois, nos salaires, nos
services publics, nos retraites »,
égrène la banderole jaune, barrant
la tête du défilé. Les drapeaux des
syndicats se dressent juste derriè-
re, symbole affiché de l’unité.
fois le nom de François Chérèque,
secrétaire général de la CFDT, est de
briser l’unité syndicale. Mais il
prend un risque. « Le mouvement
va se radicaliser et se durcir après
l’intervention du premier minis-
tre », estime Eric Aubin, membre
de la direction confédérale de la
CGT. « On n’a jamais eu autant de
manifestations, même en 1995, et
l’on a un soutien fort de l’opinion. »
Marcel Grignard, numéro deux de
la CFDT juge, de son côté, « de plus
en plus probable » une « radicalisa-
tion». « Elle constitue, pour unepar-
tie des salariés opposés à la réfor-
Des grévistes bloquent un dépôt pétrolier à Caen, lundi matin 18 octobre. KENZO TRIBOUILLARD/AFP
Les actions se multiplient avec l’entrée des routiers dans le conflit
POUR Christian Estrosi, cela ne
fait pas de doute. « Il n’y aura pas
de blocage pour les entreprises,
pas de blocage pour les transports,
pas de blocage pour les usagers de
la route », a déclaré, lundi 18 octo-
bre, sur RTL, le ministre de l’indus-
trie. Le gouvernement, assure-t-il,
fera cesser toute tentative de para-
lyser l’activité économique. Lundi
matin, l’action des opposants à la
réforme des retraites donnait
cependant des signes de durcisse-
ment notamment avec l’arrivée
dans le conflit des syndicats de
salariés des transports routiers.
Alors que le gouvernement
exclut toujours tout risque de
pénurie à la pompe malgré la grè-
ve persistante des douze raffine-
Le spectacle est rodé, les slogans
connus par cœur – « les jeunes
dans la galère, les vieux dans la
misère, on n’en veut pas, de cette
société-là » – et le trajet immuable,
de la place de la Liberté jusqu’aux
bords de la Loire, avec retour place
Jean-Jaurès.
Ce samedi, il y a moins de mon-
deque lors des manifestations pré-
cédentes : 19 000 manifestants,
selon les syndicats ; 5 500, selon la
police. Mais on vient quand même,
encore et encore. Et la mobilisation
du samedi ne préjuge pas de celle
de mardi. Beaucoup du secteur
public,unpeuduprivé,tels ceuxde
Michelin, de SKF ou de la clinique
Léonard-de-Vinci.
« C’est le seul moyen qu’on a de
s’exprimer », souligne Marie-Hélè-
ne Verrière, employée de la fonc-
tion publique. Même si les jeux
me, une stratégie de substitution
aux grèves reconductibles qui ne
marchent pas. » La réquisition des
salariés dans les raffineries est « un
vrai sujet de crispation ». « Nous
entrons dans une période où la
situation peut nous échapper »,
poursuit M. Grignard.
La situation sera encore plus
incontrôlable si les transporteurs
routiers se joignent aux salariés
des raffineries. « Ils ont des condi-
tions de travail difficiles, ils appar-
tiennent à des professions extrême-
ment fermées et corporatistes, ana-
lyse M.Grignard. Dans ces deux sec-
ries françaises et la ruée sur les sta-
tions-service – plus d’un millier
était en rupture de stock, selon la
grande distribution – des actions
éparses sont recensées dans plu-
sieurs régions.
A l’appel de leurs syndicats, les
routiers, parfois rejoints par les
salariés d’autres secteurs, concen-
trent leurs actions sur le blocage
des dépôts de carburant. Lundi
matin, étaient touchés ceux de
Saint-Pierre-des-Corps, près de
Tours, de Port-La-Nouvelle (Aude)
et de Frontignan (Hérault). Rou-
tiers, cheminots et salariés de
Total menaient des «actions mobi-
les» autour des dépôts de carbu-
rant de Dunkerque. A Saint-Priest,
près de Lyon, une action de bloca-
sont faits, au Parlement du moins,
et bientôt au Sénat. « On souffre de
ça, très exactement : de ce fatalis-
me », s’énerve la fonctionnaire.
Elle est venue défiler en famille.
« On n’a peut-être pas protesté
«Je comprendrais
mieux si les jeunes
se battaient pour
trouver du travail»
Henri Barré
patron de la pharmacie
Normale, à Tours
assez fort, dans le passé… », ajoute
son mari Robert, tandis que leur
fille Camille, lycéenne, sourit timi-
dement.
Quelquecinq centsde sescongé-
nères sont aussi venus battre le
teurs, nombre de personnes, qui
pensaient partir à 55 ans, vont
devoir travailler deux ans de plus.
Cela les pousse à se radicaliser. Le
gouvernement n’a pas voulu trai-
ter la question de la pénibilité. Il se
prend en retour la mobilisation du
transport routier. »
Deuxième sujet de préoccupa-
tion, les lycéens, qui bloquaient 261
établissements lundi matin. On
minimise l’ampleur de leurs mobi-
lisations, tout en ayant une sourde
inquiétude. Ainsi, Nathalie Kos-
ciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à
l’économie numérique et maire de
ge de plusieurs heures a eu lieu.
Des barrages mobiles mis en place
avec l’aide de véhicules parfois
peu nombreux ont gêné le trafic
autoroutier au nord d’Avignon,
sur l’A6 au sud de Paris mais aussi
entre Lille et Arras, sur l’A1.
« Péage gratuit »
Au Mans, des barrages ont été
dressés à l’entrée de la zone indus-
trielle sud pendant qu’à Lorient,
des manifestants empêchaient l’ac-
cès à la zone portuaire. A Fresnes-
lès-Montauban, dans le Pas-de-
Calais, des salariés des transports
routiers rejoints par des chemi-
nots devaient organiser une opéra-
tion «péage gratuit» sur l’A1.
Malgré les appels à l’action lan-
pavé. En attendant de rebloquer
encore leurs établissements dans
la semaine. Les slogans fusent, gen-
timent grivois : « Sarkozy, serre les
fesses ! On arrive à toute vitesse » ;
oujouant lacontrepèterie : « A vous
les riches, des couilles en or ! A nous
les pauvres, des nouilles encore ! »
Les étudiants sont là aussi, peu
nombreux. « Le samedi, ce n’est
pas le jour idéal », reconnaît Lolita
Hubert, membre de l’UNEF-Tours.
La réforme de la retraite va aggra-
ver la situation des jeunes diplô-
més, répète-t-elle, «il y aura un mil-
lion d’emplois “bloqués” par les
vieux salariés, quand ma généra-
tion arrivera, autour de 25 ou
27 ans, sur le marché du travail ».
Henri Barré, patron de la phar-
macie Normale, avenue de Gram-
mont, regarde passer le cortège.
« Le premier problème, c’est celui
Longjumeau dans l’Essonne, a reçu
copie d’un SMS que se transmet-
tent les lycéens de sa ville. Rendez-
vous est pris, avec des fautes d’or-
thographe, pour bloquer le lycée
mardi matin. Bref, une agitation
anormale pour sa ville « Il y a un
phénomène qu’on ne connaît pas,
c’est le phénomène de blocage par
SMS », concède le numéro deux du
gouvernement Jean-Louis Borloo.
Reste le processus parlementai-
re. « Beaucoup de gestes ont déjà
été faits au Parlement : pour les
mères de famille, pour les longues
carrières, pour la pénibilité. On est
cés par les syndicats de chauffeurs-
routiers, le patronat affiche son
optimisme. « Nous ne nous atten-
dons pas à une mobilisation massi-
ve », indiquait, lundi matin, Nico-
las Paulissen, délégué général
adjoint de la Fédération nationale
des transporteurs routiers (FNTR),
principale organisation de trans-
porteurs routiers. Selon M. Paulis-
sen, le congé de fin de carrière, qui
permettait jusqu’à présent à cer-
tains conducteurs de partir en
retraite à partir de 55 ans, « sera
touché par la réforme des retraites
mais en aucun cas supprimé ».
Dans les transports en com-
mun, les perturbations sont très
variables. A Toulouse et Saint-
Etienne, des dépôts d’autobus et
de l’emploi – pas celui des retraites.
Je comprendrais mieux si les jeunes
se battaient pour trouver du tra-
vail», lâche-t-il, jugeant la manifes-
tation « superflue ».
Une de ses jeunes employées se
dit « préparée à ne pas avoir de
retraite ». Elle y pense pourtant.
« Je vais essayer de mettre des sous
de côté, dit-elle, pour acheter un
studio ou un appartement. » « Ce
sont toujours les mêmes qui mani-
festent », s’agace l’employé d’un
magasin de fleurs. La réforme, il
n’est «ni pour ni contre». Il sait seu-
lement qu’« un fleuriste de 67 ans,
çan’existe pas : on a les doigts défor-
més, le dos en compote, j’en pas-
se… » Il insiste pour ne pas être cité,
« sinon, mon patron va me virer ».
Parmi les drapeaux des syndica-
listes de Sud, Marie-Christine Bor-
dessoul, cinquante-cinq ans, mani-
0123
Mardi 19 octobre 2010
bout du système », a affirmé le pre-
mier ministre. « Si on revient sur la
question des 62 ans, on ne paye plus
la retraite des Français. »
Le gouvernement espère une
adoption rapide de la loi, qui met-
trait fin au conflit. « Nous sommes
dans un pays de droit, explique un
conseiller de l’Elysée. Ce texte va
être voté. A partir du moment où il
est voté, il doit s’appliquer. » Une
exception notable, en 2006, le
contrat première embauche de
Dominique de Villepin a été retiré
alors que la loi avait été promul-
guée.
L’affaire conduit à un durcisse-
ment politique, qui ne déplaît ni à
la droite ni à la gauche. M. Fillon a
opposé une fin de non-recevoir à
Martine Aubry, la première secré-
taire du PS, qui demande une sus-
pension du texte. « Ce qui est sur-
tout suspendu chez le Parti socialis-
te, c’est son courage à affronter les
réalités », a-t-il ironisé.
Pour Ségolène Royal, le gouver-
nement et la droite croient qu’en
« jouant la surenchère ou le désor-
dre, ils vont retourner l’opinion
publique, mais, ils se trompent, et
leur démarche est très dangereu-
se».
L’opinion, cependant, continue
de soutenir massivement le mou-
vement social. Selon un sondage
CSA pour Le Parisien réalisé les 15 et
16 octobre, une large majorité des
Français soutiennent (52 %) ou ont
de la sympathie (19%) pour l’appel
à la grève et aux manifestations
lancés pour mardi, tandis que seu-
lement 18 % s’y disent opposés, 6 %
y étant franchement hostiles. 34 %
des sympathisants de droite sou-
tiennent le mouvement. Surtout,
le soutien aux manifestants ne
baisse pas en dépit de la radicalisa-
tion du conflit. p
Claire Guélaud
Pierre Jaxel Truer
et Arnaud Leparmentier
de tramways étaient bloqués lun-
di matin. En revanche, la mobilisa-
tion apparaît faible en région pari-
sienne où la RATP faisait état d’un
« trafic normal ou quasi normal »
sur l’ensemble de son réseau. Seu-
le exception ; la ligne B du RER, où
ne circulaient que deux trains sur
trois.
A la SNCF, où les syndicats veu-
lent croire à « un rebond significa-
tif » de la mobilisation, la direc-
tion annonçait pour la journée un
trafic conforme aux prévisions
(un TGV sur deux et un peu plus
d’un TER sur deux). En revanche,
aucun Thalys ne devait circuler
lundi vers Bruxelles. La faute à
une grève des cheminots belges. p
Jean-Michel Normand
festante « non syndiquée », a
confectionné sa pancarte person-
nelle, contre les « politiciens cumu-
lards de salaires, de retraites, de pri-
vilèges ». Ils sont plusieurs, à son
image, qui défilent avec leurs car-
tons, leurs mots à eux. Ils sont la
vraie surprise du défilé.
Un gaillard qui a fait, expli-
que-t-il, tous les boulots du mon-
de, porte sur le dos un panneau : il
prévient qu’« il n’y a pas que le cos-
tume, l’argent et le sexe qui font
l’histoire », mais aussi « la colère du
peuple ». Il a signé de son nom,
Michau. A 38 ans, il est « un gars
usé », explique ce fils et petit-fils
de paysan. « La retraite, conclut-il,
je ne la verrai peut-être pas. » S’il
est venu, c’est « pour faire masse ».
Promis, juré : mardi prochain, il
reviendra.p
Catherine Simon
12
K Pourquoilesrapportsmédias-
banlieuessont-ilsaussidégradés?
K Comment ce climat de méfiance s’est-il installé?
K Quelle est la responsabilité des journalistes?
K Pourquoi ont-ils recours à des «fixeurs»?
Décodage
L
e piège tendu par un
« fixeur » (censé faciliter le
travail sur le terrain) à un
journaliste du Point, pris en
flagrant délit d’invention fin
septembre, alors qu’il prépa-
rait un article sur la polyga-
mie, a relancé la polémique
sur le traitement médiatique des ban-
lieues. Intervenant au moment de la diffu-
sionparArte, le29septembre, d’unreporta-
ge contesté (« La cité du mâle ») sur le
machisme en banlieue, l’épisode illustre
une nouvelle fois l’ampleur de la défiance
entre le monde des médias et les quartiers
sensibles. Au sentiment des habitants de
subir une stigmatisation de la part des
médias répond le désarroi de journalistes
qui affirment avoir les plus grandes diffi-
cultés à travailler « en banlieue ».
Un traitement en dents de scie Le traite-
ment médiatique des quartiers est très
variable. Extrême en période d’émeutes,
avec des centaines de journalistes français
et étrangers mobilisés, il disparaît presque
complètement en période calme. D’où le
sentiment, aux yeux des habitants, que les
médias ne s’intéressent qu’aux « voitures
qui brûlent » et aux « jeunes à capuche ».
Les critiques visent principalement la télé-
vision. « La télé réalise ses reportages pen-
Contre-enquête
France
dant les horaires de bureau, et donc montre
des “galériens”, les autres étant au bureau
ou à l’école. Les jeunes ont compris la méca-
nique médiatique et occupent l’espace
public dans les quartiers. Les petits voyous,
ces faux durs qui stigmatisent l’ensemble
des populations, se créent une notoriété
locale », constate Nordine Nabili, cofonda-
teur du Bondy Blog, un site animé par des
blogueurs issus des quartiers.
Le ressentiment est tel qu’il se traduit
par des violences répétées contre les jour-
nalistes.Pasunreportertravaillantréguliè-
rement en banlieue qui n’ait eu l’expérien-
ce d’agressions ou de vols. «Toutes les équi-
pes sont devenues des cibles clairement
assumées dans les quartiers, explique
Deux épisodes des tensions médias-banlieues
En septembre, « Le Point » piégé
par un « fixeur »
Le Point a publié, dans son édition du
30 septembre, un article racontant la vie
d’une famille polygame. Les auteurs de
l’article citent une mère de famille et
décrivent son « joli visage légèrement sca-
rifié de chaque côté des yeux ». Sauf que
son histoire et son existence ont été com-
plètement inventées par un habitant de
Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) qui
s’est filmé alors qu’il répondait au télé-
Thierry Thuillier, chef de l’information à
France Télévisions. Il est quasiment devenu
impossible de travailler en banlieue sans
être accompagné. C’est stupéfiant. » Consé-
quence : « Le volontariat de journalistes, y
comprisdeceux désireuxdemontrer unlar-
ge éventail de vues, est difficile à obtenir. »
De la même manière que les médias ont
tendance à renvoyer toute la banlieue à
l’imagedujeunequitientlesmurs, leshabi-
tants associent l’ensemble des médias aux
dérives de quelques-uns. « A moi qui suis
sur le terrain, on va me reprocher que
d’autres n’y soient pas ou un reportage pas-
sé sur TF1. On doit répondre très souvent au
nom de la profession », témoigne Julie
Marie-Leconte, 34 ans, correspondante
phone à un journaliste du Point. Sur la
vidéo, révélée par le site Arrêt sur images,
on le voit changer de voix pour mimer la
mère de famille. Le jeune homme, qui se
présente comme « fixeur », a expliqué
avoir voulu montrer les dérives médiati-
ques en banlieue.
En août, Arte contrainte de déprogram-
mer un documentaire
Le 31 août, à la dernière minute, Arte avait
déprogrammé la diffusion d’un reportage
dans le Val-d’Oise de France Bleu Ile-de-
France, l’une des quatre reporters en rési-
dence (RER) installés en région parisienne.
Une approche qui balance entre le très
négatif et le très positif Les émeutes de
2005 ont marqué un tournant, aggravant
les tensions ponctuelles qui existaient
auparavant. A cause du déferlement
médiatique exceptionnel. « Le divorce
entre les médias et la banlieue ne date pas
d’hier. Mais certaines chaînes se sont mal
conduites,ontpris les gensde banlieuecom-
me de la chair à télé. On paie ça. Un mille-
feuille d’incompréhension s’est construit »,
relève Elise Lucet, journaliste de France
Télévisions.
intitulé « La cité du mâle », réalisé à Vitry-
sur-Seine (Val-de-Marne), dans le quar-
tier où une jeune fille de 17 ans avait été
brûlée vive en 2002. La chaîne avait fait
état de menaces potentielles contre la
« fixeuse » à l’origine du sujet. Celle-ci a,
de son côté, affirmé avoir été trahie par la
nature du reportage, finalement diffusé
sur Arte le 29 septembre. Dans une lettre
ouverte, des responsables associatifs de
banlieue ont vivement critiqué un reporta-
ge qualifié de « manipulateur ».
0123
Mardi 19 octobre 2010
Les habitants ont aussi pu constater que
la médiatisation des émeutes de 2005,
puis de celles de Villiers-le-Bel (Val-d’Oise)
en 2007, n’avait pas réduit les inégalités
mais qu’elle avait contribué à détériorer
leur image dans la société. « Les jeunes ont
vu des centaines de journalistes, français et
étrangers, qui ont montré une réalité plus
complexe et parfois plus positive, note Paul
Labrosse, journaliste à France 3. Ces jeunes
le reconnaissent. Mais voilà, ils constatent
aussi que cela n’a rien changé pour eux.
Que malgré les médias, ils sont restés dans
leur misère. »
Le traitement a pourtant évolué ces
cinqdernièresannées. Lesimages de voitu-
res brûlées ont, par exemple, largement
disparu des écrans télévisés. Dans certai-
nes rédactions, les journalistes sont aussi
incités à « faire du positif » sur les quartiers.
Une demande d’ailleurs relayée par les
pouvoirs publics, soucieux de promouvoir
leurs«plansbanlieue»et désireuxdemon-
trer une situation qui s’améliore. Mais
l’équilibre entre le «positif » et le «négatif »
reste difficile à trouver dans la mesure où,
sur les problèmes de fond, comme la pau-
vreté, l’éducation, l’emploi ou la sécurité,
la situation a continué de se dégrader
depuis les émeutes de 2005.
Le durcissement des rapports entre une
partie des jeunes et les médias apparaît
0123
Mardi 19 octobre 2010 Contre-enquête 13
France
comme un révélateur de la ghettoïsation
en cours de certains quartiers. Comme les
pompiers, les policiers ou les chauffeurs de
Portraits
et autoportraits
Les fixeurs,
bus, les journalistes sont parfois perçus
comme des représentants des institutions.
de banlieue vrais
Avecsonexpériencedejournalisteetdefor-
mateur, Nordine Nabili replace la question
médiatique dans une problématique plus
Le photographe Hervé
Lequeux suit depuis des
mois des jeunes vivant en
témoins
large:«Le travailenbanlieueest plusdiffici-
leque lasortie duconseil desministres parce
banlieue, dans leur vie quo-
tidienne, leurs lieux de ren- et faux amis
que les quartiers sont des territoires en souf- contre et leurs amitiés. En
france, désertés par tous, où personne ne s’interrogeant sur leur rap-
vient, hormis la police et les journalistes. Il port à l’image et aux
n’yaplusde corpssociaux. Nibistrotsni syn- médias, il remet l’appareil
dicats, syndicats de locataires ou sections
politiques.»
photographique entre
leurs mains afin qu’ils s’ap-
Zoom
proprient en retour le

La faiblesse des moyens d’enquête
L’universdesquartiersestaujourd’huitota-
lement fragmenté, sans porte-parole. Pour
desmédias,quiontdûprocéderàdesréduc-
tions d’effectifs, l’investissement nécessai-
re en temps, donc en argent, pour repérer
les bonnes sources, les interlocuteurs fia-
bles, est souvent jugé trop important. Peu
de rédactions consacrent des moyens per-
manents aux banlieues.
Des expériences ont été conduites, par
exemple par France 3 Ile-de-France, qui va
ouvrir une antenne en Seine-Saint-Denis,
ou Radio France avec des postes de repor-
ters spécialisés. Mais ces bonnes pratiques
ne pèsent pas lourd en période de déferle-
ment médiatique après une nuit d’émeute.
Et ces avancées sont contrebalancées par
des reculs: RFI vient de supprimer une des
meilleures et des plus anciennes émissions
sur les banlieues, « Microscopie».
Ce constat vaut aussi pour la presse écri-
te. Si Le Parisien, en situation de quasi-
monopole en Ile-de-France, bénéficie d’un
réseau dense de journalistes de terrain,
ceux-ci ne disposent que d’une place très
réduite pour raconter la vie quotidienne
des départements : quatre à six pages en
moyenne, par exemple, pour parler de la
vie des 1,5 million d’habitants de la Seine-
Saint-Denis ou des Hauts-de-Seine. A com-
parer aux dizaines d’éditions locales dans
des quotidiens régionaux comme Ouest-
France ou La Voix du Nord.
La différence est importante : là où Le
Parisien doit sélectionner de façon drasti-
que l’information, les autres quotidiens
régionaux peuvent raconter, plus facile-
ment, la banalité de la vie sociale (assem-
blées générales d’associations, résultats
sportifs,etc.).EtcommeLeParisienestdeve-
nu prescripteur, notamment pour les télé-
visions, le quotidien régional contribue, à
son corps défendant, à façonner l’image
des banlieues aux yeux des autres médias.
La mobilisation des habitants Le piège
monté par le « fixeur » du Point, Abdel
El-Otmani, inaugure-t-il une nouvelle for-
me de « résistance », comme l’a qualifiée
A
medium et son langage, bdel El-Otmani, qui s’est
comme en témoignent les fait passer pour la femme
clichés sur ces deux pages. d’un polygame auprès
Et notamment ci-contre, le d’un journaliste du Point,
portrait de « Yucos » a déclaré sur Canal+ qu’il existait
(14 ans, habitant la cité une quinzaine de « fixeurs » à Cli-
Grandcoing à Villetaneu- chy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
se, en Seine-Saint-Denis), Mais qui sont-ils, ces « fixeurs »,
réalisé par son ami Verson qui facilitent le travail des journa-
Detitsho-Tshikevah. listes, contre rétribution, comme
c’est le cas en France depuis quel-
ques années dans certains quar-
tiers de banlieue ?
Rares sont les journalistes qui
avouent s’être alloué leurs servi-
ces. Thierry Thuillier, directeur de
l’information de France Télévi-
sions, reconnaît que le service
public a eu recours à eux, car « les
équipes n’arrivent plus à travailler
en banlieue, on leur oppose des fins
de non-recevoir ». « Ça peut être uti-
le, mais ce n’est pas la panacée. »
« Pratiques désordonnées »
Comment sont-ils rémunérés ?
Sous forme de fiche de paie ? En
liquide, de la main à la main ? Là,
encore, les usages sont flous. « Il
faut mettre bon ordre à ces prati-
ques désordonnées », estime
Thierry Thuillier. Pour Julie
Marie-Leconte, qui couvre le Val-
d’Oise pour France Bleu, « rétri-
buer un fixeur, c’est lui donner du
pouvoir. Il va plutôt vous empê-
cher de parler à certaines person-
nes qui ont un point de vue diffé-
rent du sien ».
Pour Tony Comiti, à la tête de
l’agence de presse qui porte son
nom, les fixeurs « manipulent les
journalistes et ne tiennent pas leur
parole ». Lors des incidents de Vil-
liers-le-Bel (Val-d’Oise), en 2007,
des jeunes se présentant comme
des « auteurs » l’ont contacté pour
De l’art de cadrer des coudes et des pieds en chaussettes proposer des images de voitures
brûlées et de véhicules de police
caillassés. Il les a achetées

Daniel Schneidermann, le fondateur
d’« Arrêt sur images » ? Les réactions criti-
quesfaceautraitement médiatiquese mul-
tiplient. A Maubeuge (contre « Sept à huit»,
sur TF1), à Stains (contre « Pièces à convic-
tions », sur France 3), à Sarcelles (contre « 66
minutes », sur M6), à Tremblay-en-France
(contre « Haute Définition », sur TF1) ou à
Vitry (contre « Thema », sur Arte), des habi-
tants ont publiquement fait part de leur
colère.Les élus – quijouent la réputationde
leur ville, donc le prix de l’immobilier et
unepartie deleurs recettes fiscales – n’hési-
tent plus à organiser des manifestations,
voire à déposer plainte. Le feuilleton des
polémiques entre médias et quartiers n’est
donc pas prêt de prendre fin. p
Luc Bronner, Véronique Cauhapé
et Macha Séry
V
oix trafiquées, visages floutés, sil-
houettes méconnaissables : voilà ce
qui reste, à quelques exceptions
près, des personnes qui s’expriment dans
« La Villeneuve à Grenoble : cité interdite »,
diffusé dans le magazine « Pièces à convic-
tion», lundi 18octobre sur France 3 (disponi-
ble le 19 sur Pluzz.fr pendant sept jours).
« Parfois j’en avais marre de filmer des
bustes, des coudes et des jambes », s’amuse
presque Willy Gouville, le coauteur du
reportage, dont l’une des images les plus
curieuses est un plan-séquence sur… des
pieds en chaussettes. Explication : les jeu-
nes interviewés se sont soudain rendu
compte qu’on pourrait les reconnaître à
leurs chaussures et les ont donc retirées.
Fondé sur un travail « à chaud » aux
côtés des policiers et doublé d’une investi-
gation « à froid » menée sur le terrain, ce
reportage fait sens autant par ce qu’il mon-
tre que par ce qu’il déforme ou dissimule.
Et pose non plus le problème de l’image des
banlieues, mais celui de l’image en ban-
lieue. « Il faut sans cesse demander l’autori-
sation de filmer, même pour une façade
d’immeuble », souligne Willy Gouville.
Dans cette cité de l’Isère, la méfiance
envers tout ce qui vient de « l’extérieur » a
atteint son paroxysme depuis le 16 juillet,
jour où le jeune braqueur du casino d’Uria-
ge-les-Bains a été tué par la police, entraî-
nant durant plusieurs jours de violents
affrontements entre jeunes et forces de
l’ordre.
Dresser l’état des lieux quelques mois
après un tel fait divers est loin d’être aisé.
Comment rapporter des images quand la
police ne veut plus apparaître à visage
découvert, quand les jeunes ne veulent pas
non plus être reconnus, sous peine d’être
perçus comme des traîtres, des « balances »
ou simplement des « mecs qui se la jouent
devant les caméras », et que la population
dans son ensemble se méfie ? Comment fil-
mer ce qu’il est interdit de filmer, alors
même que l’on désire montrer pour mieux
comprendre ?
« L’effet de groupe est hypertrophié dans
les banlieues, on y travaille toujours sur un
fil. Parfois, des habitants, des jeunes aussi,
nous disent des choses très importantes,
mais refusent de les énoncer devant la camé-
ra », explique Willy Gouville, dont le repor-
tage finit par se construire à force d’images
nocturnes et de cadrages serrés. p
V. Ca.
2 000 euros. « Quand on a regardé
toutes les bandes de film, raconte
M. Comiti, le monteur m’a signalé
qu’à la fin d’une séquence on enten-
dait en voix off un individu se van-
ter : “C’est bon, on va pouvoir ven-
dre à TF1.” J’ai appelé toutes les
rédactions pour les alerter qu’elles
étaient bidonnées. »
NordineNabili, qui tient la chro-
nique « Dans nos quartiers » sur
LCI depuis le début du mois de sep-
tembre, assure que plusieurs jeu-
nes collaborateurs du Bondy Blog
(yahoo.bondyblog.fr) ont déjà été
contactés par des journalistes
pour jouer ce rôle de fixeur, offre
qu’ils ont tous déclinée. p
M. S.

«Des habitants se sont sentis bafoués à la suite de reportages »

Julie Sedel, maître de conférences en sociologie et en science politique à l’université de Strasbourg et chercheuse au Groupe de sociologie européenne

Entretien
A partir de quand les relations
entre les médias et les banlieues
ont-elles été problématiques ?
Au début des années 1980,
après les premiers affrontements
avec les policiers aux Minguettes,
dans la banlieue de Lyon. Des pho-
toreporters de France-Soir sont
accusés de payer des jeunes pour
qu’ils mettent le feu aux voitures,
pour le cliché. Cette décennie est
marquée par la montée du Front
national, notamment lors des
élections municipales à Dreux
[Eure-et-Loir], et la Marche pour
l’égalité et contre le racisme. Les
« jeunes de la deuxième généra-
tion » vont être associés aux « ban-
lieues » et devenir un enjeu. SOS-
Racisme va être positionné com-
me l’interlocuteur légitime des
médias sur le front antiraciste
face à Jean-Marie Le Pen.
Mais, dans les années 1990, tan-
dis que le FN s’installe dans la
durée, SOS-Racisme perd ses sou-
tiens dans la presse d’informa-
tion générale. En 1990, les « émeu-
tes » de Vaulx-en-Velin, près de
Lyon, donnent lieu à un emballe-
ment médiatique, sans commune
mesure avec l’intérêt suscité par
le soulèvement des Minguettes.
Faute d’interlocuteurs, les journa-
listes se tournent vers les sources
institutionnelles tandis que des
experts sont invités à fournir des
grilles d’explication. A l’époque,
le sociologue Alain Touraine évo-
que des ghettos à l’américaine.
La focalisation médiatique et
politique autour des phénomè-
nes de violences va s’accentuer,
au point que la lutte contre la peti-
te délinquance devient la préoccu-
pation principale de l’élection pré-
sidentielle de 2002.
La grille de lecture de la ques-
tion sociale en banlieue change,
les classes populaires urbaines
sont perçues non plus sous l’an-
gle des problèmes qu’elles rencon-
trent, mais sous l’angle des problè-
mes qu’elles posent. A partir des
années 1990, les journalistes
disent avoir perdu la confiance de
leurs intermédiaires dans les
quartiers d’habitat social de la
périphérie.
Sur quoi repose la méfiance, voi-
re l’hostilité, des habitants des
cités vis-à-vis des journalistes ?
Beaucoup d’habitants se sont
sentis bafoués à la suite de repor-
tages. Tel que celui paru dans
Paris Match en 1998, intitulé « J’ai
vécu dans une cité qui fait peur »,
en l’occurrence la Grande-Borne à
Grigny, dans l’Essonne. Ou ces
individus affublés de fausses bar-
bes dans un reportage diffusé
dans « La marche du siècle » (Fran-
ce 3) et Khaled Kelkal, impliqué
dans un attentat raté contre la
ligne TGV Paris-Lyon et tué par la
police sous l’œil des caméras, près
de Lyon, en 1995.
Le sentiment d’être dépossédé
de son image et que les journalis-
tes se comportent comme des pré-
dateurs est très prégnant. Il se dou-
ble de la perception que, pour les
affaires judiciaires, il y a deux
poids, deux mesures. Ce qui a frap-
pé récemment les esprits, c’est la
présentation, en 2005, des deux
jeunes électrocutés à Clichy-sous-
Bois (Seine-Saint-Denis) comme
des délinquants par les politi-
ques, version reprise par les jour-
nalistes, ce qu’ils n’étaient pas du
tout.
Cette erreur, et la façon dont
elle a été relayée, sans recul, par la
presse, a été très mal vécue. En
banlieue comme dans n’importe
quel milieu, la réputation, l’ima-
ge de soi, sont des questions très
importantes.
Ce n’était pas une méprise de
journaliste…
Oui, mais, en banlieue, les jour-
nalistes sont souvent « embed-
ded » avec la police, dont la com-
munication est très bien rodée. Ce
qui peut contribuer à la percep-
tion qu’ils sont de leur côté. Et
concernant les fautes profession-
nelles, les journalistes auteurs de
bidonnages ne sont pas sanction-
nés. Certains sont même promus.
Pourquoi, souvent, le mot « ban-
lieues » est-il égal à« jeunes » ?
C’est la population la plus visi-
ble, la plus disposée à parler, au
moins les flambeurs. Et c’est celle
que les journalistes recherchent.
Les autres habitants ne se rencon-
trent pas dans la rue comme ça. Ils
ont de fortes inhibitions. C’est dif-
ficile de parler aux journalistes.
Certains se sentent mal outillés et
s’autocensurent. Par pudeur, ils
ne veulent pas s’entretenir avec
des gens de l’extérieur sur cer-
tains sujets. Dans les classes popu-
laires, on règle les problèmes
entre soi. p
Propos recueillis par
M. S.
Julie Sedel est l’auteur de « La Banlieue
et les médias » (Le Bord de l’eau, 2009)
14 France 0123
Mardi 19 octobre 2010

Dujardind’enfantsàlafind’unecarrière:
Fiscalité
François Fillon opposé
à une hausse de la TVA
François Fillon a affirmé, dimanche 17 octobre, sur TF1, qu’il n’y aura
« pas d’augmentation de la TVA ». La commission Attali, dans son rap-
l’écolerénovéeselonlePartisocialiste
port remis vendredi 15 octobre à Nicolas Sarkozy, a évoqué cette piste,
incitant à la mise en place d’une « TVA sociale » (avec baisse parallèle Dans un texte que s’est procuré «Le Monde», le parti met l’accent sur le primaire et repense le collège
des cotisations sociales).
Jean-François Copé, le président du groupe UMP à l’Assemblée nationa-

A
le, a également fait cette proposition. « La France est un pays qui a déjà l’heure où les jeunes défi-
un taux de TVA élevé, a déclaré le premier ministre. La question ce n’est lent dans la rue, répétant à
pas d’augmenter les impôts, c’est de réduire la dépense publique. »p longueur de manifestations
leur angoisse de l’avenir, le Parti
Affaire Bettencourt socialiste propose une école réno-

Un syndicat de magistrats vée pour 2012. Dans un texte intitu-

lé « Education et formation pour

dénonce l’abus de procédures l’égalité », qui devra être discuté

par les militants, puis voté, avant
L’annonce par Liliane Bettencourt du dépôt d’une plainte contre sa fille, d’être intégré à la Convention pour
Françoise Meyers-Bettencourt, pour « violence morale » a suscité une l’égalité réelle du 11 décembre, se
réaction agacée de Christophe Régnard, président de l’Union syndicale dessinelesocleduprogrammeédu-
des magistrats (USM, majoritaire). « Il faut arrêter d’instrumentaliser la catif du candidat à la présidentielle
justice », a-t-il déclaré dimanche 17 octobre sur Europe 1. « Nous avons de 2012.
autre chose à faire que de gérer les “guéguerres” de la famille Betten- Mené par Bruno Julliard, secré-
court », a ajouté le magistrat. Me Pascal Wilhelm, l’un des avocats de Lilia- taire à l’éducation depuis le
ne Bettencourt, a indiqué que Mme Bettencourt envisage par ailleurs de congrès de Reims de 2008, ce tra-
demander à la justice d’annuler « pour ingratitude » les donations qu’el- vail constitue une rupture dans la
le a faites au profit de sa fille en 1992. p vision de l’école du parti de Marti-
ne Aubry. Le projet, qui devait « fai-
Terrorisme redel’école lefer de lance del’égalité
Brice Hortefeux évoque une menace après réelle », va loin. Un peu d’autono-
des informations en provenance d’Arabie saoudite mie pour les établissements, une
Les services saoudiens ont alerté « il y a quelques jours » les Européens redéfinition du métier d’ensei-
sur une menace terroriste « sur le continent européen, et notamment en gnants…c’estunenouvellearchitec-
France », venant d’Al-Qaida, a indiqué, dimanche 18 octobre, le ministre ture qui émerge là, dessinant un
de l’intérieur, Brice Hortefeux, au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro. M. Hor- continuum de formation du jardin
tefeux n’a pas précisé la nature du renseignement saoudien. « La mena- d’enfant à la fin d’une carrière. Voi-
ce est réelle et notre vigilance est totale », a-t-il indiqué, en précisant que ci les dix lignes forces de ce projet.
le plan Vigipirate était « maintenu à un niveau élevé ». Concentrer les moyens sur l’en-
seignement primaire C’est une
Corse des priorités du PS. Alors que la
L’ancien militant nationaliste Antoine Nivaggioni tué France dépense 8 % de moins que
par balles à Ajaccio la moyenne des pays de l’OCDE
L’ancien militant nationaliste corse Antoine Nivaggioni a été tué par bal- pour l’école, et que c’est à ce
les, lundi matin 18 octobre, à proximité de son domicile à Ajaccio (Corse- niveau que les difficultés apparais-
du-Sud). Fondateur et directeur de la Société méditerranéenne de sécuri- sent. Le Parti socialiste propose de
té (SMS), ancien dirigeant du Mouvement pour l’autodétermination développer la scolarisation dès
(MPA), Antoine Nivaggioni était un proche d’Alain Orsoni. Il avait été 2 ans (aujourd’hui, seuls 15 % des
mis en examen et incarcéré en janvier 2009 après quatorze mois de enfants sont scolarisés à cet âge).
cavale, dans un dossier d’attribution frauduleuse de marchés de sécuri- L’école serait « obligatoire à 3 ans »,
té. Il avait été remis en liberté en septembre 2009. contre 6 ans actuellement. Ce qui
obligerait à une plus grande assi-
duité.
Raccourcir les vacances d’été et
revenir à la semaine de cinq
jours Le texte propose de mieux
répartir les heures de cours sur
l’année et la journée en raccourcis-
sant les vacances d’été, en organi-
sant une semaine de cinq jours
éducatifs, comprenant un temps
de loisir culturel et incluant les
devoirs du soir.
Donner plus d’autonomie aux
établissements Il faut « confier
auxétablissements unepart impor-
tante de la dotation horaire globa-
le [le nombre d’heures d’enseigne-
ment dont dispose chaque
établissement] pour donner corps
au projet d’établissement et aux
projets locaux, accompagner les
élèves », précise le texte. C’est une
nouveauté pour un parti très atta-
ché à la dimension nationale de
l’éducation.
Créer des collèges où l’on ne
redouble plus C’est la deuxième
priorité du PS. Pour garantir la
transmission d’une culture com-
mune et amener chaque élève à
donner le meilleur de lui-même,
Bruno Julliard estime nécessaire
d’en finir avec un collège organisé
comme une « antichambre du
lycée ». « On assume le socle com-
mun, ajoute-t-il, mais il faut l’amé-
liorer. » Aussi propose-t-il une
«architecture plus transversale des
enseignements», des parcours per-
sonnalisés permettant aux élèves
de progresser à leur rythme sans
redoublement. « Nous ne sommes
pas sûrs que tous les élèves aient
besoin du même nombre d’heures
de cours et proposons la participa-
tion d’enseignants du primaire au
collège et réciproquement dans le
cadre de projets communs», ajoute
M. Julliard, en précisant que des
enseignantssupplémentairespren-
dront aussi en charge les enfants
rencontrant le plus de difficultés.
Parpragmatisme, lePSattendde
voir les résultats de la réforme Cha-
telpourlancerdeschangementsau
lycée, même s’il estime nécessaire
de fluidifier les parcours entre les
voies générale, technologique et
professionnelle.
Casser les ghettos de pauvres,
mais aussi de riches «L’ancienne
carte scolaire ne garantissait pas la
mixité sociale, mais sa suppression
par le gouvernement n’a fait qu’ag-
graver les ségrégations existantes
en ghettoïsant les établissements
les plus fragiles et en déstabilisant
les établissements moyens, précise
«Nous ne ferons pas
deréforme du système
sansl’assentiment
des enseignants»
Bruno Julliard
secrétaire national à
l’éducation au Parti socialiste
ledocument.Ilfautdépasserlalogi-
que strictement territoriale et intro-
duire des critères sociaux et scolai-
resdans lenouveaudispositifde sec-
torisation, notamment en créant
un indice de mixité sociale. » En
clair, il s’agirait d’imposer un pour-
centage d’élèves défavorisés dans
chaque collège ou lycée.
Permettre aux enseignants de
travailler autrement « Nous ne
ferons pas de réforme du système
sans l’assentiment des enseignants.
Mais nous sommes persuadés qu’il
faut leur donner plus de liberté »,
précise Bruno Julliard. Et d’ajouter :
« Pour développer d’autres façons
de travailler, en petits groupes avec
les élèves, en équipe entre ensei-
gnants, la définition du métier d’en-
seignant ne se réduirait plus au
nombre d’heures de cours qu’il doit
assurer»,commec’estlecasaujour-
d’hui.Touteslestâches seraientpri-
ses en compte, et leur exécution
permettrait une revalorisation.
Leur offrir une vraie formation
«Nous ferons de la refonte de la for-
mation des enseignants, massacrée
par la droite, une priorité absolue. »
Une formation passant par une
« spécialisation disciplinaire, une
formation pratique et théorique au
sein d’IUFM reconstruits et une
option qui pourrait être soit la
recherche, l’enseignement d’une
deuxième discipline ou la direction
d’établissement ». Une manière
habile de proposer aux professeurs
d’enseigner deux matières, compé-
tence nécessaire dans le collège
rénové.
Astreindre l’enseignement pri-
vé à des contraintes « Une juste
contrepartie du financement
public dans les établissements pri-
vés sous contrat impose qu’ils
soient soumis aux mêmes objectifs
de mixité, et donc qu’ils entrent
dans la sectorisation », précise
Bruno Julliard. Aujourd’hui, les
enseignants du privé sous contrat
sont payés par l’Etat, mais les éta-
blissements choisissent librement
leurs élèves.
Traiter à part les établisse-
ments les plus en difficulté « La
dotation aux établissements diffici-
les se fera en fonction de leurs
besoins » et de « leurs initiatives
innovantes ». Du cas par cas qui
permettrait d’offrir beaucoup
plus aux plus défavorisés.
Donner à chacun une seconde
chance Chaque sortant du systè-
me éducatif doit partir avec en
poche un compte formation indi-
viduel à deux étages. Le premier
étage serait un complément à sa
formation initiale utilisable dans
les deuxans après lasortie de lafor-
mation ; le second serait utilisable
tout au long de la vie. p
Maryline Baumard

Un programme qui fait bouger les lignes

D
t 8 n  
 JT
ù 
Fnç

nt    ! D’un Parti socialiste qui propose
Ce nouveau rendez-vous de l’info
allie actualité et interactivité.
Chaque soir, sur le plateau du Nouveau Journal,
trois Français débattent avec l’invité du jour,
sous l’arbitrage de Clélie Mathias.
N
yz 
tt, fesseur enseigne plusieurs disci-
dvnz t d ’
nf t
n !
TNT (caNal 8), caNalsaT (caNal 35), Numericable (caNal 8), aDsl (caNal 8), TéléphoNie 3g, www.DirecT8.Fr
Analyse
Serait-ce le retour du PS qui ose ?
soient en ZEP ou en grande diffi- n’épargne pas les ghettos de
un programme éducatif plutôt
qu’un tract syndical ? A la lecture
d’« Education et formation pour
l’égalité », on a l’impression d’un
PS prêt à lutter contre les blocages
du système.
Le texte n’hésite pas à propo-
ser qu’en début de collège, un pro-
lui assignant de recevoir aussi des ger l’année scolaire en mordant
plines et, qu’en primaire, il refas-
se cours le mercredi matin. De
quoi faire grincer quelques
mâchoires enseignantes, peut-
être, mais aussi de faire évoluer
l’école ! Le programme rédigé par
Bruno Julliard fait en effet bouger
les lignes.
Côté pile, c’est un programme
classique de gauche, qui pense
d’abord aux plus fragiles, qu’ils
culté ailleurs. Une plate-forme
qui se soucie de rappeler que le PS
« refuse la marchandisation de la
réussite et le recours aux entrepri-
ses privées de “soutien” scolaire
qui amplifie les inégalités » et don-
ne un petit coup de patte au passa-
ge à l’enseignement catholique,
élèves défavorisés.
Côté face, c’est le programme
volontariste d’un PS qui a
conscience de l’état du système,
veut une école « moderne »,
même si cela bouscule un peu. On
recrée une vraie formation pour
les enseignants, mais on repense
la définition du métier ; on casse
les ghettos de pauvres en repen-
sant la carte scolaire, mais on
riches, l’entre-soi, non plus.
Il y a même quelques proposi-
tions structurelles que certains
membres de la majorité ne renie-
raient pas, qu’il s’agisse d’offrir
plus d’autonomie aux établisse-
ments dans la gestion des horai-
res qu’on leur octroie, ou d’allon-
sur les vacances d’été, comme Luc
Chatel rêve de le faire.
Reste à voir ce qui subsistera
du texte après discussion dans les
sections, passage par la conven-
tion et adoption par le candidat à
la présidentielle. p
M. B.
 RALPH LAUREN
Pink Pony 10th Anniversary*

“Le cancer du sein ne touche pas seulement les femmes

il affecte aussi tout leur entourage : frères, maris,
pères, enfants, amis. L’association Pink Pony est notre
effort contre le cancer du sein.”

VENTES AUX ENCHÈRES PINK PONY

DU 1ER OCTOBRE AU 21 OCTOBRE 2010
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*10 ème Anniversaire de Pink Pony

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L’ASSOCIATION PINK PONY DE LA FONDATION POLO RALPH LAUREN, EST L’INITIATIVE INTERNATIONALE DE RALPH LAUREN
DANS LA LUTTE CONTRE LE CANCER DU SEIN. POUR PLUS D’INFORMATIONS, N’HÉSITEZ PAS À CONSULTER LE SITE
RALPHLAUREN.COM/PINKPONY
16 France 0123
Mardi 19 octobre 2010

A Metz, un marathon pour La semaine où les impôts augmentent

sauver le service du Dr Roux
F
rançois Zieger, 58 ans, a « plu-
sieurs pontages à son actif ».
Dimanche matin 17 octobre,
ce cadre supérieur était au départ
de près de 11milliards d’euros
agent estime que l’on peut « faire
dire n’importe quoi aux chiffres ». Les députés examinent, à compter du lundi 18 octobre, les recettes du budget 2011
« Comme en Angleterre, on peut
refuser d’opérer les patients les

D
du marathon de Metz. « Merci au plus âgés ou les plus durement ’ici à une semaine, la « pres- Il souligne par exemple que la
personnel de l’hôpital Bon- atteints pour améliorer les statisti- sion fiscale » exercée sur Les ménages vont supporter l’essentiel taxation accrue des retraites cha-
Secours», lit-on sur son maillot de ques, confie un médecin. Ce n’est les Français devrait être de la pression fiscale peaux provoque des réactions :
coureur, barré d’un gros cœur rou- pas notre politique.» augmentée de près de 11 milliards « Elle ne concerne pas seulement les
ge. « J’ai été opéré six fois en 1994, d’euros. La « note » pourrait être RÉPARTITION DE L’EFFORT dirigeants d’entreprise, mais aussi
ces gens m’ont sauvé la vie», témoi- « Intérêts occultes » plus élevée si les députés, comme des cadres. Il faudra y être atten-
gne-t-il. Avec un petit groupe com- Depuis jeudi, trois experts char- ils en affichent l’intention, renfor- Entreprises Ménages tif. » Le député (UMP) Hervé Mari-
posé d’anciens patients, de méde- gés par l’ARS de conduire une cent les mesures relatives aux 3,8 milliards d’euros 4,9 milliards d’euros ton fait remarquer que « ça coince
cins et d’infirmiers, M.Zieger «mission d’inspection complémen- recettes contenues dans le budget 20 % sur l’augmentation de la fiscalité
s’échauffe en faisant circuler une taire» épluchent les dossiers de 2011, qu’ils examinent à compter mobilière, les gens nous faisant
pétition dénonçant la « fermeture malades et interrogent le person- de lundi 18 octobre et sur lesquel- remarquer que cela concerne aussi
Total
brutale» du service de chirurgie nel. Cet audit devrait durer plu- les ils voteront mardi 26 octobre. 45 % des portefeuilles moyens, destinés
cardiaque du CHR de Metz-Thion- sieurs semaines. C’est ce qui Pour autant, selon les études
10,7 milliards à préparer la retraite ».
ville et réclamant sa « réouverture inquiète Nathalie Griesbeck, mem- d’opinion, les Français n’apparais- d’euros Le bouclier et l’ISF « Le vrai ris-
immédiate». « Je souhaitais vous bre du conseil de surveillance de sentpasparticulièrement« remon- que pour Nicolas Sarkozy, c’est
faire part de l’énorme émotion l’hôpital et députée européenne tés » face aux augmentations de 35 % comment il va gérer le bouclier et
qu’a provoquée cette mesure (MoDem), une des rares politiques prélèvements et taxes et aux dimi- l’ISF », avance M. Fourquet. La sup-
incompréhensible », lance-t-il sur à avoir pris ouvertement fait et nutions ou suppressions de niches pression du bouclier, « devenu
le podium d’animation, juste cause pour l’équipe du docteur fiscales et sociales programmées Banques/assurances symbole d’injustice », selon le
avant de s’élancer dans la course. Roux. « Je ne suis pas contre le prin- par le gouvernement. Nicolas 2,1 milliards d’euros ministre du budget, François
Une semaine après la décision cipe d’une évaluation, expli- Sarkozy et sa majorité semblent Baroin, est quasiment acquise.
de l’Agence régionale de santé que-t-elle. Ce qui me scandalise, courir peu de risques politiques, SOURCE : RAPPORT DE GILLES CARREZ L’opinion y est favorable, y com-
(ARS) de Lorraine de suspendre c’est que l’on sape la réputation de même si, pour une bonne part, ces pris à droite. La majorité voudrait
l’activité du service du docteur tout un service avant même de mesures affectent les classes ser pour ramener ce déficit à 6 % du La réaction des Français « Les l’accompagner de la suppression
Pierre-Michel Roux, après qu’une connaître les résultats de l’inspec- moyennes supérieures et les hauts produitintérieurbrut(PIB)fin2011, Françaisnesont pas forcément heu- conjointe de l’ISF, quitte à réamé-
mission d’inspection y eut consta- tion.» Mezza voce, Mme Griesbeck revenus, c’est-à-dire plutôt un élec- contre 7,7% fin 2010, 10,9 milliards reux face à la hausse des prélève- nager la fiscalité du patrimoine
té une « forte augmentation de la évoque des « intérêts occultes». torat de droite. proviendront de « recettes nouvel- ments. Une hausse générale des (plus-values, droits de succes-
mortalité», en2009 et 2010, l’émo- « Je crois savoir que le nouvel Insti- Laréformedelafiscalitédupatri- les » : hausse de certains prélève- impôts aurait été mal acceptée, sion). C’est l’objet de la réflexion
tion reste vive, à Metz. « Le person- tut du cœur et des vaisseaux du moine, annoncée par le chef de ments, augmentation de taxes, avec ce saupoudrage, cela passe », lancée par M. Sarkozy qui abouti-
nel est en état de choc et souffre ter- CHU de Nancy [vers lequel une par- l’Etat, mardi 12 octobre, et qui vien- réduction de niches. relève Jérôme Fourquet, directeur ra, en juin 2011, à un projet de loi.
riblement», confie un membre de tie des patients du CHR de Metz a dra rebattre les cartes en juin 2011, Les cibles « Au plan fiscal, c’est un adjoint du département opinion « Il faudra bien gérer la contre-
l’équipe du pôle cardiologie. été renvoyée] n’a pas une activité pourrait être porteuse de plus de budget d’équilibriste », fait remar- de l’IFOP. « La démarche est habile. partie d’une suppression de l’ISF,
La direction du CHR, qui a don- débordante. Peut-être serait-il heu- risques. Elle englobera le bouclier quer Mathieu Plane, de l’Observa- Une majorité de Français est favo- d’autant que celle-ci, tout comme
né ordre au personnel de « ne pas reux d’accueillir plus de fiscal, dont plus grand monde ne toire français des conjonctures éco- rable à l’encadrement ou à la sup- celle du bouclier, n’est pas un
communiquer avec la presse », a patients? », feint-elle d’interroger. veut,mais aussil’impôtsurlafortu- nomiques (OFCE). La ponction fis- pression des niches », ajoute-t-il. enjeu pour la grande masse de
mis en place une cellule d’assistan- Une fermeture «précipitée » ne (ISF), dont la possible suppres- cale supplémentaire affecte quasi Les Français « ont la perception l’électorat de droite », avance
ce psychologique. « Ce n’est pas du pour accélérer la réorganisation sion est rejetée par une majorité de équitablement ménages et entre- qu’il faut agir sur le déficit et la det- M. Fourquet. « Il y aurait, ajou-
luxe. Certains collègues ont des cri- de l’offre de soins en Lorraine ? Français,ycomprisceuxqui seclas- prises sur les deux ans qui vien- te » et « ils sont persuadés qu’il y te-t-il, un risque politique sur les
ses de larmes, beaucoup n’en dor- Jean-Yves Grall, directeur de l’ARS, sent à droite. nent, les dernières devant être un aura des augmentations générales classes moyennes et moyennes
ment plus la nuit. Le regard des s’en défend. « J’ai demandé la sus- Les mesures Le gouvernement, peu plus touchées en 2011 (6,4 mil- d’impôtsd’ici à 2012», note Gaël Sli- supérieures s’il était décidé de
autres, c’est ce qu’il y a de plus dur pension pour la sécurité des toutenécartantunehaussegénéra- liards, contre 4,5 milliards pour les man, directeur général adjoint de créer une tranche supérieure d’im-
à vivre ; quand on entend dans les patients, je n’entends pas fermer le lisée des impôts, a fait de la hausse ménages). BVA. « Alors, taper sur les niches, pôt sur le revenu pour financer
médias que l’on tue des gens, alors service de chirurgie cardiaque du de la fiscalité un de ses principaux L’impact final pourrait être cela fait moins de hausses d’impôts une suppression de l’ISF. »
que l’on fait tout pour les sauver, CHR de Metz », assure-t-il. p outilspour réduire,dès 2011, ledéfi- plus défavorable pour les ména- à venir », poursuit-il. « Il faudra être capable de
ça fait mal. » Suivant la ligne de Nicolas Bastuck cit public. Sur les 40 milliards d’eu- ges (3,4 milliards en plus, selon L’électorat de droite Ces mesu- démontrer, en fin de mandat, que
défense du patron du service, cet (Metz, correspondant) rosquereprésentel’«effort»àréali- l’OFCE), car les entreprises pour- res « ne représentent pas de risque nous avons bien baissé les impôts.
raient répercuter le relèvement de pour la majorité », assure M. Four- C’est un marqueur. Il faut être cré-
fiscalité en hausses de prix. quet, même si elles affectent plu- dible là-dessus », prévient M. Mari-
« Ce sont les Français des classes tôt les catégories supérieures et ton. « Il y a un danger politique sur
APPEL D’OFFRES - AVIS D’ENQUETE moyennes supérieures et à hauts aisées, c’est-à-dire une part de son l’ISF et faire tout cela à six mois
revenus » qui devraient être les électorat. « Le message sur l’assai- d’une élection présidentielle n’est
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plus concernés par ce surplus de nissement budgétaire passe bien », pas très prudent », appuie M. Sli-
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE pression fiscale, relève M. Plane. confirme Philippe Marini, le rap- man. « Le grand risque, c’est que
MINISTERE DES FINANCES Les classes moyennes médiane et porteur général (UMP) du budget tout cela ne suffise pas à corriger
DIRECTION DES OPERATIONS BUDGETAIRES ET DES INFRASTRUCTURES
basse « seront surtout touchées par au Sénat, qui pointe «quelques cris- l’image d’injustice qui colle à la
les réductions des dépenses publi- pations, car les Français sont atta- peau de M. Sarkozy », conclut-il. p
Avis d’Appel d’offres internAtionAl restreint Mf/doBi/sdM n° 01/2010 ques ». chés à leurs intérêts particuliers ». Philippe Le Cœur
Le Ministère des Finances – Direction des Opérations Budgétaires et des Infrastructures – lance à l’intention des Banques d’Affaires et
Cabinets d’Expertise Internationaux spécialisés, seuls ou constitués en Groupement, un avis d’appel d’offres international pour le
choix d’un partenaire devant l’accompagner dans l’opération d’acquisition, par l’Etat Algérien, de la Société « Orascom Telecom Algérie ».
Les candidats intéressés par le présent avis d’appel d’offres peuvent, dès la publication de celui-ci, retirer le cahier des charges y afférent,
directement ou par leurs représentants dûment mandatés, à l’adresse suivante :
Ministère des Finances
Réforme des collectivités territoriales:
Direction des Opérations Budgétaires et des Infrastructures - Sous Direction des Marchés
Immeuble Ahmed Francis – Cité Malki – Ben-Aknoun – Alger (Algérie)
(3ème étage – Zone H – Bureau n° 03160)
les élus réaffirment leurs craintes
Les offres doivent être conformes au cahier des charges et être accompagnées des pièces suivantes :
1. L’Offre technique, à insérer dans une enveloppe à part portant uniquement la mention « Offre technique », suivie du nom du
La réunion entre députés et sénateurs a été reportée au 3novembre
soumissionnaire, doit comprendre ce qui suit :
• une déclaration à souscrire, établie selon le modèle joint en annexe du cahier des charges ;

L
• une déclaration de probité, établie selon le modèle joint en annexe du cahier des charges ;
• une copie certifiée conforme de l’extrait du registre de commerce ;
a réformedes collectivités ter- ritoire pour passer d’environ en Moselle, a vu fondre la contribu-
• une copie certifiée conforme des statuts, dans le cas où le soumissionnaire est une société ; ritoriales attendra. Faute d’ac- 15 000 syndicats et groupements tion des entreprises de 30 millions
• une copie certifiée conforme de l’agrément, s’il y a lieu ; cord avec les centristes, le pré- actuels à moins de 4 000. d’euros à 10 millions, et notam-
• l’offre technique proprement dite, établie conformément aux dispositions du cahier des charges ; sident de la République, Nicolas Alors que le gouvernement doit mentcelle d’Arcelor, «sans engage-
• la méthodologie et le planning proposés pour la réalisation des prestations ;
• les références professionnelles du soumissionnaire justifiées par des attestations de bonne exécution délivrées par les clients
Sarkozy, a reporté au 3 novembre la redécouper les cantons pour l’élec- ment ni contrepartie. »
concernés ; réunion de la commission mixte tiondesconseillersterritoriauxsié-
• les références bancaires du soumissionnaire ; paritaire (CMP) qui doit départager geant au département et à la « Atteinte aux ressources »
• les copies certifiées conformes des bilans financiers des trois (03) derniers exercices (2007, 2008 et 2009) ; députés et sénateurs sur les points région, François Patriat, président Réunisaumêmemoment àTou-
• une délégation de pouvoirs selon le modèle joint en annexe du cahier des charges, dans le cas où le signataire de l’offre n’est pas
le soumissionnaire lui-même ;
de blocage du texte : le mode de (PS) du conseil régional de Bourgo- louse,lesprésidentsdecommunau-
• le curriculum vitae (CV) détaillés des experts appelés à intervenir dans la réalisation des prestations selon modèle joint au cahier scrutin des conseillers territoriaux gne, s’interroge sur la cohérence tés urbaines considèrent que cette
des charges ; et le partage des compétences des structures territoriales. réforme est « un rendez-vous man-
• une déclaration, selon le modèle joint au cahier des charges, confirmant que ni le soumissionnaire, ni les intervenants auxquels il entre les collectivités. A cela, les Cette crainte est amplifiée par qué ». Ils l’ont réaffirmé dans une
fera appel, ne se trouvent dans une situation d’incompatibilité par rapport à la nature des prestations ;
• en cas de Groupement, le protocole d’accord faisant apparaître la répartition des missions entre les membres du Groupement, élus locaux ajoutent leurs craintes leseffets attendus de laréforme fis- motion adoptée à l’unanimité – à
avec indication de leurs parts en pourcentage ; concernant les modalités de mise cale et le gel des dotations de l’Etat l’exception de Nice –, transmise à
• le cahier des charges portant le cachet et la signature du soumissionnaire, précédés de la mention « Lu et Approuvé », avec toutes en œuvre de cette loi symbolique aux collectivités. Charles-Eric Michel Mercier, ministre de l’amé-
les pages paraphées. duquinquennatainsiquelesconsé- Lemaignen (UMP), président de nagement du territoire. Ce dernier
N.B. : Les copies certifiées conformes doivent être authentifiées par les Services consulaires algériens compétents du pays de
résidence du soumissionnaire, sous peine de rejet de l’offre. quences de la suppression de la l’agglomération d’Orléans, reste a tenté de les rassurer : « L’Etat va
2. L’Offre financière, à insérer dans une enveloppe à part portant uniquement la mention « Offre financière », suivie du nom
taxe professionnelle sur le finance- convaincu que « les inquiétudes verser 99milliards aux collectivités
du soumissionnaire, doit comprendre ce qui suit : ment des collectivités. sontplus liées à lacrise qu’à la réfor- locales, on ne peut pas dire qu’il se
• la lettre de soumission selon le modèle joint en annexe Les élus des groupements et me». A la tête d’un territoire «fisca- désengage.»
• le bordereau des prix unitaires ; syndicats de communes réunis au lementriche mais socialement pau- Lesprésidentsdesgrandesagglo-
• le devis quantitatif et estimatif en hors taxes et en toutes taxes comprises (montant total en chiffres et en lettres)
sein de l’Assemblée des commu- vre », Philippe Tarillon, maire (PS) mérations déplorent une « atteinte
Les deux enveloppes ci-dessus, comportant l’offre technique et l’offre financière, doivent être insérées dans une seule enveloppe nautés de France (ADCF) ont multi- de Florange et président de l’agglo- àleursressources », conséquencede
anonyme et fermée ne portant que les indications suivantes :
plié les mises en garde lors de leur mération de la vallée de la Fensch, la chute des recettes de l’impôt éco-
Appel d’offres international restreint n° 01/2010 ayant pour objet le choix d’un partenaire devant accompagner le Ministère
des Finances dans l’opération d’acquisition, par l’Etat Algérien, de la société « Orascom Telecom Algérie »
rencontre annuelle les 13, 14 et nomique évaluée à 800 millions
« A NE PAS OUVRIR » 15octobre, à Dijon. «L’intercommu- Pour des « Etats généraux d’euros. Maire (PS) de Lyon et prési-
nalité est même la seule institution de la décentralisation » dent de l’assemblée des commu-
La date de dépôt des offres est fixée pour le 24 novembre 2010 de 10h à 12h à l’adresse suivante :
clairement renforcée par la réfor- nautés urbaines, Gérard Collomb
Ministère des Finances
Direction des Opérations Budgétaires et des Infrastructures - Sous Direction des Marchés
me », considère son président, Pour évaluer les conséquences «comptaitsur une hausse de 24 mil-
Immeuble Ahmed Francis – Cité Malki – Ben-Aknoun – Alger (Algérie) DanielDelaveau, maire (PS)de Ren- de la réforme des collectivités et lions de la taxe professionnelle pour
(3ème étage – Zone H – Bureau n°03160) nes. Sans attendre le vote définitif de leur financement, Claudy financer un plan d’investissement
L’ouverture des plis aura lieu le 24 novembre 2010 à 13h30, en présence des soumissionnaires ou de leurs représentants dûment de la loi, « il va falloir préciser le Lebreton, président (PS) de l’As- de 2,5 milliards d’euros d’ici à 2016.
mandatés, à l’adresse suivante : mode d’emploi de ces réformes et sociation des départements de A la place, je n’aurai que 4 millions
Ministère des Finances en mesurer les incidences ». France, qui sera en congrès les 20 de contribution économique. Fau-
Direction des Opérations Budgétaires et des Infrastructures - Sous Direction des Marchés Première échéance : d’ici au et 21 octobre à Avignon, a deman- dra-t-il reporter cet effort en aug-
Immeuble Ahmed Francis – Cité Malki – Ben-Aknoun – Alger (Algérie)
(Salle de réunion n° 3170 située au 3ème étage – Zone H) 30 juin 2013, il faudra achever la dé au gouvernement d’organiser mentant la taxe d’habitation ?»p
Les soumissionnaires resteront engagés par leurs offres pendant un délai de quarante cinq (45) jours à compter de la date de leur dépôt. carte de l’intercommunalité et pro- des « Etats généraux de la décen- Michel Delberghe (à Dijon)
céder à une restructuration du ter- tralisation et de la fiscalité ». et Stéphane Thepot (à Toulouse)
0123
Mardi 19 octobre 2010
En hausse
JCDecaux
Le géant français de l’affichage a remporté pour
dix ans le marché de la diffusion de publicité
dans les 26 aéroports d’Arabie saoudite, où tran-
sitent chaque année 45 millions de passagers.
Le travail de nuit, censé
rester exceptionnel,
se banalise en France
Plus de 15% des salariés sont concernés. La pénibilité
de ces horaires a ressurgi avec le débat sur les retraites
B
ien qu’il concerne plusieurs
millions de personnes, le tra-
vail de nuit figure rarement
en tête de liste dans l’agenda des
syndicats. Le sujet a toutefois
émergé à la faveur du débat sur la
réforme des retraites, soumise au
vote des sénateurs en principe
mercredi 20 octobre. Plusieurs
organisations représentant des
professionnels de santé ont, par
exemple, souligné que ces horai-
res atypiques constituaient un fac-
teur de pénibilité insuffisamment
pris en compte dans notre systè-
me de pensions. L’idée de limiter le
recours à ces formes d’organisa-
tion commence à se frayer un che-
min.
Le fait qu’une telle opinion s’ex-
prime aujourd’hui tient sans doute
à la progression du travail de nuit :
en 2008, 15,4 % des salariés se trou-
vaient à leur poste, de façon occa-
sionnelle ou habituelle, entre
minuit et 5 heures, soit environ
3,6 millions de personnes, contre
13 % en 1991 (2,5 millions), d’après
l’Insee. Il faut y ajouter environ
570 000 travailleurs de nuit non
salariés (professions libérales, arti-
«Une belle différence sur la fiche de paie», mais, avec l’âge, on se sent «à l’envers»
Témoignages
Pour les uns, il s’agit d’un choix
délibéré. D’autres n’étaient pas
demandeurs mais ils ont néan-
moins accepté de travailler la nuit.
Avec les années, la plupart consta-
tent que leur organisme s’essouf-
fle à force d’être soumis à ces horai-
res atypiques.
Employé par Fleury-Michon, à
Mouilleron-en-Pareds (Vendée),
Jean-Philippe Nauleau, 44 ans, est
chargé de pasteuriser des plats cui-
sinés. Il prend son poste à 22heu-
res et quitte l’usine à 6 heures.
«C’est ce que je voulais, ça corres-
pond à mon rythme, je ne suis pas
du matin », explique-t-il. Et puis la
nuit, l’ambiance n’est pas la même
qu’en journée. Il y a moins de mon-
de sur le site, donc « moins de ris-
ques de conflits». « L’entraide est
plus importante», juge Jean-Philip-
pe Nauleau.
Il y a aussi « une belle différence
au niveau de la fiche de paie»: envi-
ron 300 euros net par mois, en
AffaireQuick-Caissedesdépôts:l’infractionprésuméeaétérequalifiéeen«fauxbilan»
La justice belge enquête sur les modalités de rachat de la chaîne de restauration rapide par la structure publique au milliardaire Albert Frère
Y
a-t-il une « affaire Quick » ? La
Caissedesdépôtsetconsigna-
tions (CDC), groupe public,
a-t-elle favorisé le milliardaire bel-
ge Albert Frère, proche de la droite
française et de Nicolas Sarkozy, en
lui achetant au prix fort la chaîne
de restauration rapide, en 2006?
Depuis décembre 2009, la jus-
ticebelge enquêtesurles modalités
de cette opération, à la suite d’une
plainte déposée par l’homme d’af-
faireslorrainJean-MarieKuhn,par-
tie civile dans ce dossier, pour
«faux, usage de faux, escroquerie et
abus de confiance».
La juge d’instruction de Charle-
roi, France Baeckeland, épaulée par
sans…).L’augmentationest particu-
lièrement sensible pour les fem-
mes : 8,8 % d’entre elles tra-
vaillaient la nuit en 2008, soit
3points de plus qu’en 1991.
Ces tendances résultent, en par-
tie, de l’application de la loi du
9mai 2001 qui a mis fin à l’interdic-
tion du travail de nuit féminin
dans l’industrie. Cette règle, instau-
rée au XIXe siècle, a été abrogée par
les parlementaires car elle entrait
en contradiction avec la réglemen-
tation européenne fondée sur le
principe de non-discrimination
entre les hommes et les femmes.
Accroître la rentabilité
Dansun rapport présenté début
juillet, le Conseil économique,
social et environnemental (CESE)
met en avant d’autres facteurs
pour expliquer la diffusion des
horaires nocturnes: « L’intensifica-
tion du travail », « les évolutions
technologiques dans le domaine de
la communication » et « les straté-
gies commerciales qui placent le
client au centrede l’activité ». «L’ex-
ternalisation croissante de certai-
nes fonctions » (nettoyage, infor-
tenant compte des «majorations
de salaires et des primes d’équipes
qui sont plus élevées ».
Jusqu’à présent, cette organisa-
tion n’a eu aucun retentissement
sur sa santé: « Je dors facilement, il
n’y a pas de bruit dans la maison,
nous vivons à la campagne.» Pas
de souci, non plus, du point de vue
familial: « Nos deux enfants sont
grands, ils ont un boulot. »
Infirmier de nuit depuis 2000 à
l’hôpital Cochin, à Paris, François
Sénac, 45ans, tenait aussi à ces
horaires: «C’est une question de
rythme, j’ai horreur de me réveiller
à 5 heures du matin.» Lui aussi
constate que le climat s’avère plus
détendu dans ces moments-là : «Il
y a une solidarité plus grande. La
présence hiérarchique est moins
pressante et moins pesante. Dans
la journée, on peut être sollicités
par plusieurs personnes : un méde-
cin, un patient, quelqu’un de l’admi-
nistration…»
Mais «avec l’âge », François
Sénac remarque qu’il a davantage
leprocureurduroi,ChristiandeVal-
keneer, ont requalifié les éléments
du dossier en « faux bilan ». Une
expertise comptable est en cours
dont les résultats, tenus secrets,
devront éclairer le dossier.
«Cela ne préjuge en rien de la sui-
te de l’instruction, précise le substi-
tut du procureur du roi. Nous som-
mes encore très en amont du dos-
sier. » « Nous ne voulons pas nous
faire instrumentaliser par un éven-
tuel règlement de comptes entre
M.Kuhn et Albert Frère», ajoute-t-il.
De fait, leplaignant, M.Kuhn, est
en conflit avec M. Frère pour un
contentieux commercial vieux de
plus de dix ans, étranger à l’affaire.
En baisse
Le Mondial de l’auto
La fréquentation du Salon de Paris s’est élevée
en 2010 à 1,26 million de visiteurs, en baisse
par rapport à la précédente édition, en 2008,
qui avait atteint 1,43 million de visiteurs.
matique, etc.) semble avoir joué
dans le même sens, ajoute-t-il.
Enfin, dans certains secteurs
industriels, les entreprises cher-
chent à augmenter la durée d’utili-
sation de leurs équipements : le
phénomène s’explique davantage
par le souci d’accroître la rentabili-
té économique que par des « impé-
ratifs techniques », d’après une étu-
de publiée en 2005 par la Dares (un
service coiffé par les ministères du
travail et de l’économie).
Ces évolutionsposent une ques-
tion de santé publique car le tra-
vail de nuit prolongé a des inciden-
ces néfastes sur l’équilibre physi-
que et psychique des personnes
concernées : troubles du système
digestif et du sommeil, risques
accrus de problèmes cardio-vascu-
laires… Début 2008, le Centre inter-
national de recherche sur le cancer
a classé le travail de nuit posté par-
mi les agents probablement cancé-
rogènes pour l’être humain.
Les horaires nocturnes créent
également des difficultés d’ordre
privé, du fait des décalages entre
vie professionnelle et vie
familiale.
de difficultés «pour récupérer».
Les «passages à vide» vers 3 ou
4 heures du matin deviennent
plus fréquents. A la fin d’un cycle
de quatre nuits, la fatigue s’avère
«extrême ». «On se sent épuisé. » A
force de s’alimenter sur le pouce
en pleine nuit, à des heures sans
cesse changeantes, il constate
avoir pris du poids.
« Je n’ai pas eu le choix »
Agent de sûreté à la RATP, Sébas-
tien, qui témoigne sous un pré-
nom d’emprunt, a fait la « grande
nuit» car c’est mieux rémunéré :
«environ 400 euros de plus par
mois », indique-t-il. Les horaires :
de 22 h 30 à 6 h 30 pendant cinq
jours consécutifs suivis de trois
journées de repos. Quand il a com-
mencé au milieu des années 1990,
il avait 24 ans et appréciait ce ryth-
me qui lui permettait de pénétrer
des « univers intéressants » avec
des collègues plus anciens que lui
– «les nuiteux». Sébastien se sou-
vient des opérations anti-graf-
Il n’a de cesse, depuis, d’enquêter
sur les pratiques du milliardaire.
Selon lui, la vente de Quick s’est
faitedans desconditionsdélictueu-
ses. En 2006, la société est contrô-
lée par la société GIB, détenue en
partie par M. Frère. CDC Capital
Investissement, une filiale de la
CDC, décide de l’acquérir via une
offrepubliqued’achat(OPA)amica-
le, pour 800 millions d’euros. Une
somme « surévaluée », selon
M.Kuhn, qui souligne qu’en 2004,
dans le journal Les Echos, le patron
de Quick, Jean-Paul Brayer, valori-
sait l’entreprise à 300 millions.
M. Kuhn en est donc persuadé :
la CDC, agissant pour le compte de
Centre de tri postal à Wissous, dans l’Essonne, en 2008. Cette année-là, 8,8 % des femmes
travaillaient la nuit. LUCILE CHOMBART DE LAUWE/LE BAR FLOREAL
Face à ces constats, le CESE se
demande s’il ne faut pas réviser la
loi de 2001. Ce texte, rappelle-t-il, a
« consacré le caractère dérogatoire
du travail de nuit » ; il doit rester
« exceptionnel » et être justifié par
« la nécessité d’assurer la continui-
té de l’activité économique ». Mais
feurs, des boulangeries ouvertes à
point d’heure où «on allait cher-
cher des croissants ». « C’était une
ambiance presque familiale. » Une
fois rentré chez lui, Sébastien gar-
dait son fils pendant que sa fem-
me s’absentait.
Grâce aux différentes «primes »
liées à sa condition de travailleur
nocturne, il a pu s’acheter une mai-
son loin de Paris et y réaliser des
travaux. Il est même parvenu à
«mettre de l’argent de côté ». Mais
«la nuit use », souligne Sébastien.
«Vous êtes à l’envers. » Au réveil, il
a régulièrement des maux de tête.
Il se sent plus irritable, bougon. Sa
vie sociale en a un pris un coup :
l’envie de sortir, de retrouver ses
amis le week-end s’est émoussée
au fil des ans. Son couple en a éga-
lement souffert. «Vous perdez l’ha-
bitude de dormir avec votre épou-
se », confie-t-il.
Depuis dix ans, Priscille René-
Daunay surveille des réseaux de
sociétés de Bourse en alternant les
postes de jour et de nuit.
l’Etat, a fait un «cadeau » à M.Frère,
afin que celui-ci se renforce dans le
capital de Suez et favorise ainsi la
fusion de GDF avec Suez, souhaitée
par l’Elysée. En contrepartie de ce
« cadeau », M. Frère aurait aussi
financé la campagne présidentielle
de Nicolas Sarkozy. Contacté, le
groupe d’Albert Frère n’a pas sou-
haité faire de commentaire.
Obstruction
L’entrepreneur lorrain va plus
loin encore, accusant la France
d’avoir tenté de faire obstruction à
l’instruction judiciaire ouverte en
Belgique. Il s’appuie sur des infor-
mations en ce sens de France Info,
Economie 17
Les cours du jour (18/10/10, 09h57)
Euro 1 euro: 1,4089 dollar (achat)
Or Once d’or: 1367,50dollars
Pétrole Light sweet crude: 80,65dollars
Taux d’intérêt France: 2,699 (à dix ans)
Taux d’intérêt Etats-Unis: 2,547 (à dix ans)
cette notion, pas clairement défi-
nie dans le code du travail, a laissé
la place « à des interprétations très
extensives».
Pour le Conseil économique et
social, d’autres organisations doi-
vent être privilégiées. Quant aux
secteurs « exigeant par nature un
Employée par la société de servi-
ces informatiques Atos Origin, elle
a d’abord effectué des journées de
deux fois douze heures, le week-
end, en Ile-de-France. « J’avais
23ans, ça m’arrangeait. » Les avan-
tages ? Avoir du temps libre tout
en percevant une rémunération
satisfaisante grâce aux majora-
tions de salaires. « J’avais toute la
semaine pour me retaper lorsque
j’étais de nuit. »
Fin 2006, elle a mis au monde
un garçon. A son retour de congé
maternité, elle a «trouvé ça plus
difficile », car la charge de travail
s’était accrue dans son service à la
suite de suppressions de postes.
Quelques mois après, l’organisa-
tion a changé: trente-deux heures
du vendredi au dimanche. Un
deuxième enfant a vu le jour en
2009. La vie familiale devenant
plus dense, Priscille a, plus d’une
fois, attaqué ses trois jours de servi-
ce en n’étant « pas reposée ».
Aujourd’hui, les nuits de travail
s’avèrent lourdes à digérer : « le
vendredi 15 octobre, pourtant
contestées par la justice belge.
«Nous n’avons fait l’objet d’aucune
pression », assure le substitut du
procureur du roi à Charleroi.
Du côté de la CDC, le démenti est
formel : il n’y a pas d’affaire Quick.
Jean Eichenlaub, patron de Qua-
lium Investissement (ex-CDC Capi-
tal Investissement), qui a hérité du
dossier à son arrivée, il y a un an,
explique avoir vérifié la conformi-
té de cette vente. « Quick était une
superbe affaire, acquise avec une
prime très correcte de 18 % par rap-
portàsavaleurboursière,argumen-
te-t-il. Il s’agissait d’une OPA et ce
prix a été agréé ! » M. Eichenlaub
fonctionnement la nuit », il
conviendrait de renforcer la sur-
veillance médicale et d’améliorer
les conditions de travail. Le«princi-
pe du retour sur un poste de jour »
devrait également être inscrit
dans la loi.p
Bertrand Bissuel
coup de barre à 3 heures du
matin », elle connaît désormais.
«Le plus dur, c’est de se montrer
agréable en début de semaine »,
car la fatigue accumulée ressort à
la fin de son cycle de travail.
Catherine Liochon a été embau-
chée en 2006 comme « soudeuse à
l’arc » dans un site d’Areva implan-
té à côté de Chalon-sur-Saône (Saô-
ne-et-Loire). Son planning : deux
journées qui débutent vers 5 heu-
res, suivies de deux autres qui
démarrent vers 13heures puis
deux à partir de 21 heures.
«J’aurais préféré travailler la jour-
née mais je n’ai pas trop eu le
choix. » Jadis, elle avait déjà tra-
vaillé de nuit dans un restaurant
autoroutier. Le métier qu’elle exer-
ce aujourd’hui est très physique :
la chaleur, les vêtements de cuir,
les positions inconfortables. Par-
fois, à la fin d’un service, « on est
vidés». «J’approche de la quaran-
taine, je ne vais pas faire les nuits
pendant des années. »p
B. Bi.
souligne aussi que cette opération
a été faite par les équipesde gestion
de CDC Capital Investissement en
toute indépendance vis-à-vis de
leur maison mère.
Dominique Marcel, numéro
deux de la CDC au moment des
faits, confirme : «A aucun moment,
le directeur général ou moi-même
n’avons eu à nous prononcer sur
l’achat de Quick. » M. Marcel, qui
fut le directeur adjoint du cabinet
de Lionel Jospin à Matignon, ajoute
qu’il n’y a pas eu « l’ombre d’une
intervention du pouvoir politique
del’époque pourfavorisercette opé-
ration». p
Claire Gatinois et Anne Michel
18 Economie
Le Royaume-Uni renoue avec les grandes
privatisations de l’ère Thatcher
Le gouvernementprévoit de vendre ou d’introduire en Bourse la poste britannique
Londres
Correspondant
L
es privatisations sont à nou-
veau à la mode au Royaume-
Uni. Tandis que des coupes
dans les dépenses publiques doi-
vent être annoncées mercredi
20octobre, lacoalition conservatri-
ce - libérale-démocrate au pouvoir
renoue avec les ventes d’entrepri-
ses publiques, plus par nécessité
budgétaire que par idéologie.
L’annonce,le13octobre, dela pri-
vatisation partielle de la poste est
la première étape. Actuellement, la
poste est composée de trois divi-
sions, le réseau des bureaux (Post
Office),l’acheminement etla distri-
bution du courrier (Royal Mail) et
les colis (Parcelforce).
En vertu du projet de loi présen-
té par le ministre des entreprises,
Vincent Cable, la Royal Mail et Par-
celforce doivent être privatisés,
par le truchement soit d’une mise
en Bourse, soit d’une vente à un
opérateur étranger. Quelque 10 %
des actions seront distribuées aux
salariés de ces deux filiales. En
revanche, l’Etat garde le contrôle
des 11 500 bureaux de poste qui
devraient être transformés en
mutuelle ou en partenariat.
Cette privatisation partielle a
trois objectifs : empêcher une nou-
velle détérioration des services,
minimiser les pertes d’emplois
tout en garantissant les retraites –
le déficit de la caisse de retraite de
la poste atteint 9,2 milliards d’eu-
ros –, et protéger le contribuable
L’acheminement et la distribution du courrier et des colis sont concernés par cette réforme,
tandis que le réseau de bureaux de poste demeurera public. MATT CARDY/GETTY IMAGES
contre la possibilité d’une nouvel-
le et coûteuse opération de sauve-
tage. Pour le gouvernement,
l’avantage est de laisser aux inves-
tisseurs privés le soin d’imposer la
discipline financière et les réfor-
mes structurelles nécessaires face
aux syndicats réputés pour leur
combativité.
Si les bureaux de poste ont été
exclus de ce processus, c’est parce
que des élus redoutaient le mécon-
tentement de leurs administrés
devant une cascade de fermetures
de petits bureaux non rentables.
Outre-Manche,en dehors des gran-
des villes, la majorité des guichets
ne sont en fait que des comptoirs
gérés par l’épicier ou le marchand
de journaux. La suppression de ce
revenu d’appoint en mènerait
plus d’un à la faillite.
La privatisation de la poste est
pilotée par le Shareholder Executi-
ve, l’organisme gérant les partici-
pations de l’Etat. La récente nomi-
nation à la tête du département
opérationnel d’un banquier venu
de la Deutsche Bank, un spécialiste
des restructurations, illustre la
volontéducabinetde mettreànou-
veau l’accent sur une politique lar-
gement abandonnée par le Labour,
au pouvoir entre 1997 et 2010, au
profit du partenariat privé-public.
Après les privatisations de l’ère
Thatcher-Major, entre 1979 et le
début des années 1990, le parc de
l’Etat est constitué de vingt-huit
compagnies, contrôlées soit en
totalité, soit en partie : la Royal
Mail, le Tote (équivalent du PMU),
les prêts aux étudiants, la ligne à
grande vitesse entre Londres et le
tunnel sous la Manche, le tunnel de
Dartfordsous laTamise, le contrôle
aérien, etc. La City estime la valeur
potentielle de ce portefeuille à une
dizaine de milliards de livres.
Révolution culturelle
Le retour aux privatisations ne
manquera pas de relancer le débat
sur le bilan du modèle anglais des
années 1980, copié dans l’Europe
entière. Celles-ci ont abouti à une
véritable révolution culturelle :
réduction des coûts, découverte
du marketing, politique commer-
cialeagressive,haussedela produc-
tivité. Cette embellie s’est accom-
pagnée de la réduction du pouvoir
syndical, de la libéralisation du
marché du travail et de la création
d’une véritable concurrence dans
dessecteurs-clés de l’économie bri-
tannique.
Toute médaille a son revers. Les
consommateurscritiquentl’explo-
sion destarifs et une médiocrequa-
lité de service. Le développement
d’un capitalisme populaire n’a pas
été confirmé, loin de là.
Les nouvelles privatisations
vont-elles attirer les investisseurs
institutionnels comme les petits
porteurs ? Le premier ministre,
David Cameron, doit gérer une
situation plus délicate que ses pré-
décesseurs. La lune de miel entre
les Britanniques et la Bourse n’est
plus qu’un souvenir. La crise finan-
cière de 2008 est passée par là. p
Marc Roche
Finance Bruxelles
appelle la Chine à laisser
sa monnaie s’apprécier
Le commissaire européen chargé
des affaires économiques et
monétaires, Olli Rehn, a appelé la
Chine, samedi 16 octobre, à laisser
sa monnaie s’apprécier. « Il est
essentiel que la Chine autorise le
renminbi [yuan] à se renforcer par
rapport à tous ses partenaires com-
merciaux, y compris l’Union euro-
péenne », a déclaré Olli Rehn dans
un entretien à la chaîne de télévi-
sion finlandaise YLE.
Les Etats-Unis et l’Union euro-
péenne accusent Pékin de mainte-
nir le yuan à un niveau artificielle-
ment bas afin de favoriser ses
exportations. – (Reuters.)
Le leader espagnol du BTP
lance une offensive
sur l’allemand Hochtief
Lenouveaugroupeseraitnumérouneuropéen
dusecteur.ABerlin,lesréactionssontcontrastées
Berlin
Correspondant
F
lorentino Perez, président du
Real Madrid, n’était déjà pas
très populaire en Allemagne
depuis qu’il avait racheté à prix
d’or à l’équipe de football de Brê-
me l’un de ses joueurs les plus
talentueux, Mesut Özil. Que le
même homme, président du grou-
pe de travaux publics ACS, cherche
aujourd’hui à s’emparer, cette fois
au moindre coût, du leader alle-
mand du BTP, Hochtief, ne va pas
arranger sa popularité.
ACS, groupe espagnol dont le
chiffre d’affaires est de 15,6 mil-
liards d’euros, est surtout présent
en Europe occidentale. S’emparer
de Hochtief, qui réalise un chiffre
d’affaires de 18 milliards d’euros et
dont il détient déjà 29,9 %, lui per-
mettrait de prendre pied sur plu-
sieurs marchésimportants: l’Euro-
pe centrale, l’Amérique du Nord et
l’Australie, trois continents où le
groupe allemand s’est développé
ces dernières années. Accessoire-
ment, le nouvel ensemble réalise-
rait un chiffre d’affaires d’environ
33 milliards d’euros, coiffant sur le
poteau les deux leaders euro-
péens, les Français Vinci (32 mil-
liards) et Bouygues (31 milliards).
Pour cela, le groupe espagnol
est prêt à dépenser 2,7 milliards
d’euros par échange d’actions.
Mais la proie n’entend pas se lais-
ser avaler et se défend par tous les
moyens, notamment politiques.
Dès l’annonce de l’opération, le
16 septembre, Hochtief a deman-
dé l’aide des pouvoirs publics.
Ministre de l’économie et membre
du parti libéral (FDP), Rainer
Brüderle a fait savoir début octo-
bre qu’il n’entendait pas venir en
aide au groupe. Le même ministre
s’était déjà opposé au printemps à
une aide à General Motors desti-
née à sauver Opel, la filiale euro-
péenne du constructeur améri-
cain en difficulté.
Il n’en fallait pas plus à Sigmar
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B ogramme sur
NOVEoM
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EN PARTENARIAT AVEC
0123
Mardi 19 octobre 2010
Gabriel, président du Parti social-
démocrate (SPD), pour se rendre à
Essen, jeudi 14 octobre, soutenir la
direction et les 11 000 salariés alle-
mands de Hochtief unis contre l’es-
pagnol. « Le gouvernement doit
offrir une protection aux entrepri-
ses allemandes », a déclaré le prési-
dent du SPD, conseillant notam-
ment au gouvernement de tenter
de mettre en place un consortium
qui prendrait 25 % du capital et
empêcherait l’opération ou de
changer la loi sur les offres publi-
ques d’achat (OPA) pour les rendre
plus difficiles à effectuer. Une
intervention qui en a rappelé une
autre : en 1999, le chancelier (SPD)
Gerhard Schröder avait exigé des
Angela Merkel a fait
savoir qu’elle était
«très attentive»
à ce dossier
banques qu’elles aident le groupe
de BTP Holzmann, ce qui ne fit que
retarder de quelques années la
faillite de celui-ci.
Sentant malgré tout le danger,
la chancelière chrétienne-démo-
crate (CDU), Angela Merkel, a fait
savoir, vendredi 15 octobre, que
Hochtief constituait « un fleuron
de la technologie allemande »,
qu’elle était « très attentive » à ce
dossier et qu’elle souhaitait que
«les structures industrielles et le siè-
ge de Hochtief restent à Essen ». Ces
déclarations semblent contredire
lepoint de vue du ministre de l’éco-
nomie, mais ont été appréciées
par la direction de Hochtief.
Reste qu’aucune des solutions
avancées par le président du SPD
ne semble réaliste. Aucun cheva-
lier blanc allemand ne semble vou-
loir aider le groupe Hochtief, et un
changement de législation ne
pourrait intervenir qu’après
l’OPA, qui devrait être lancée en
novembre. p
Frédéric Lemaître
rg
UN ÉVÉNEMENT
0123
Mardi 19 octobre 2010 Economie 19

Rio Tinto et BHP Billiton Ecofrictions

renoncent à leur projet Le lait coté en Bourse, une fausse bonne idée ?
de fusion en Australie
L
a scène se passe au Space, le salon de l’éle- teurset aux industriels de deuxième transforma- teur a la possibilité de se couvrir, il devient
La création d’une coentreprise dans le minerai vage de Rennes, le 15 septembre. Lors tion. Mais il peut néanmoins être aussi bénéfi- moins vulnérable et aura tendance à moins
d’une conférence, le futur marché à terme que aux éleveurs en leur apportant une visibilité répercuter les fluctuations des prix sur les pro-
de fer posait des problèmes de concurrence européen du lait est présenté. Dans la salle, de quant à l’évolution des cours, visibilité qu’ils ducteurs », soutient le second.
nombreux éleveurs écoutent, attentifs. Ne leur n’ont pas aujourd’hui, relève Maxime Jouenne, Mais pour que les cours fassent référence, il
a-t-on pas laissé entendre que ce type de mar- de la société de conseil Agritel. Désormais, on faut que les acteurs se rendent sur ce marché. Il

C
oup d’arrêt dans le Monopo-
ly industriel qui agite le sec-
teur minier depuis plusieurs
mois: les deuxmastodontes anglo-
australiens, BHP Billiton et Rio Tin-
to, ont annoncé, lundi 18 octobre,
avoir renoncé « à contrecœur » à
fusionner leurs activités dans le
minerai de fer en Australie. Le pro-
jet de coentreprise se heurtait à
l’opposition des autorités de la
concurrence de plusieurs pays.
«Depuis la signature de l’accord,
il devenait de plus en plus évident
que l’obtention des autorisations
réglementaires était sujette à cau-
tion », ont expliqué les deux grou-
pes dans un communiqué. Cette
société conjointe à 50 % devait per-
mettre à BHP et Rio Tinto, respecti-
vement numéro deux et numéro
trois mondiaux de la production
deminerai de fer, de réaliser 10 mil-
liards de dollars (7,2milliards d’eu-
ros) d’économies.
Le projet de fusion suscitait la
réticence du secteur de la sidérur-
gie, inquiet d’un affaiblissement
de la concurrence. Principale
consommatrice de minerai de fer
aumonde, la Chinedénonce delon-
gue date l’oligopole constitué par
les trois géants que sont BHP, Rio
Tinto et le groupe brésilien Vale.
Les sidérurgistes chinois font
valoir que seule une multiplicité
d’acteurs permet d’engagerde véri-
tables négociations sur les prix.
Ces derniers mois, les aciéristes
européensavaientà leur tour récla-
mé l’aide des autorités européen-
nes face à la menace de « diktat »
sur les prix. In fine, la Commission
européenne et les autorités de la
+Le point de vue des chroniqueurs de l’agence économique
Reuters Breakingviews
Enfaisanttournerlaplancheà
billets,M.Bernankefaitfausseroute
concurrence en Allemagne, au
Japon, en Corée du Sud, mais aussi
en Australie ont signifié aux deux
parties qu’elles refuseraient d’ap-
prouver leur projet de coentrepri-
se.Dansun premiertemps,Canber-
ra avait favorisé en coulisses cette
initiative, inquiet devant les ris-
ques de mainmise de Pékin sur les
mines de fer australiennes, l’une
des principales ressources du pays.
Frénésie de consolidation
L’échec de cette fusion inter-
vient au moment où le secteur
minier dans son ensemble est
engagé dans une course au gigan-
tisme. Une frénésie de consolida-
tion qui s’explique par le fait qu’il
est plus rentable et moins hasar-
deux de racheter les mines d’un
concurrent, plutôt que d’en creu-
ser de nouvelles.
BHP Billiton avait d’ailleurs
déjà lancé un raid sur Rio Tinto,
abandonné en novembre 2008 en
raison de la récession. Le projet de
coentreprise de leurs activités
dans l’ouest australien avait été
annoncé moins d’un an plus tard,
en juin 2009, alors que le secteur
de l’acier était toujours plongé
dans la crise économique. Rio Tin-
to était en outre lourdementendet-
té, depuis son rachat du spécialiste
de l’aluminium canadien Alcan.
Mais, entre-temps, la forte pous-
sée des prix du minerai de fer a
aidé les deux géants miniers à
renouer avec de confortables béné-
fices. Selon les analystes, le rappro-
chement était en conséquence
devenu moins attractif. p
Marie de Vergès (avec AFP)
chés financiers, qui permet d’acheter ou de ven-
dre dès aujourd’hui une production future,
était à même de les protéger de la volatilité
croissante des prix du lait ? Ne leur a-t-on pas
dit que ces marchés pouvaient aider leur filière
à sortir du marasme dans laquelle elle se trou-
ve ? Soudain, l’un d’eux lève la main et s’excla-
me : « Un contrat de 24 tonnes ! Ça fait peur !
Cela ira pour les industriels, mais moi, produc-
teur, je ne pourrai jamais… ».
L’opérateur boursier américano-européen
NYSEEuronext, premier acteur en Europe sur le
marché des dérivés de matières premières agri-
coles, devait lancer, lundi 18 octobre, un nou-
veau marché à terme sur la poudre de lait écré-
mé. Sur ce marché pourront être achetésou ven-
dus des contrats adossés à de la marchandise
physique, chacun portant sur un volume de
24 tonnes de poudre, soit plus de 250 000 litres
de lait. Suivront, au cours du premier semestre
2011, des contrats sur deux autres dérivés du
lait, le beurre et le lactosérum.
De toute évidence, ce nouvel outil qui s’offre
à la filière laitière ne sera pas à la portée des pro-
ducteurs de lait, du moins pas dans l’immédiat,
d’autant qu’il ne porte pas sur le lait liquide.
« Ce contrat à terme sur la poudre de lait est des-
tiné avant tout aux collecteurs-transforma-
La vie des entreprises
Finance KKR prêt à racheter
un fonds australien
Le fonds d’investissement améri-
cain Kohlberg Kravis & Roberts
(KKR) a fait une approche pour
racheter le fonds australien Perpe-
tual entre 37,4 et 39,4 dollars par
action, ce qui valorise ce dernier à
1,73milliard de dollars américains
selon la presse australienne du lun-
di 18 octobre. – (AFP.)
Energie Rubis achète
à Shell la distribution
de GPL en Afrique australe
Le spécialiste français du stockage
et de la distribution de produits
pétroliers Rubis va acheter, pour
50millions d’euros, les activités de
distribution de gaz liquéfié GPL du
pétrolier Shell en Afrique australe,
lui permettant de doubler de taille
aura des cotations sur des échéances allant jus-
qu’à 18 mois. En disposant de prix à échéance
lointaine, l’éleveur pourra alors décider ou non
d’investir en connaissance de cause. Si la poudre
de lait augmente, il pourra se dire qu’il a des
chances d’être rémunéré à un prix intéressant.
Dans le cas contraire, il sera prudent. »
NYSE Euronext devait lancer,
lundi 18 octobre, un nouveau
marché à terme
sur la poudre de lait écrémé
Ce nouveau marché à terme aura pour méri-
te d’apporter de la « transparence » au sein de la
filière laitière, abonde Benoît Labouille, patron
de la société de conseil Offre et demande agrico-
le : « Cela permettra d’avoir une cotation officiel-
le transparente, inexistante aujourd’hui. Face à
son collecteur, l’éleveur disposera ainsi d’un prix
qui fait référence. »
MM. Labouille et Jouenne se disent convain-
cus qu’à terme, cela peut transformer la rela-
tion entre producteur et collecteurs. « Actuelle-
ment, le collecteur joue le tampon entre les pro-
ducteurs et le marché mondial. Or, si le collec-
Social
Molex ne veut toujours pas financer
le plan social de son usine française
L’entreprise américaine Molex refuse de revenir sur sa décision de ne
plus financer le plan social pour les salariés de son usine française de
Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) si une plainte déposée aux
prud’hommes n’est pas retirée, a indiqué lundi 18 octobre sa vice-prési-
dente Anna Rodriguez. « Nous sommes ouverts à un dialogue, a-t-elle
expliqué aux Echos, lundi. Mais il faudrait au préalable que les 188 plain-
tes soient retirées. » Molex a annoncé récemment qu’il allait cesser de
financer le plan social pour son usine française, fermée en 2009 après
onze mois de lutte, et s’en remettre à la collectivité pour le faire. Ceci
fait suite à une action aux prud’hommes engagée par des salariés pour
obtenir des indemnités supplémentaires. – (AFP.)p
pour 1,8milliard de dollars (1,2 mil- Green Power) à 1,80-2,10 euros par
liard d’euros). Pour financer le
coût de la marée noire du golfe du
action, ce qui valorise EGP entre
9 et 10,5 milliards d’euros.
Mexique, BP a annoncé la cession
d’actifs pour plusieurs dizaines de Presse Le « New York
a quand même fallu six à sept ans pour que le
marché à terme du blé d’Euronext, lancé en
1998, trouve son rythme. Aujourd’hui, la filière
laitière, à commencer par les industriels de la
collecte de lait, regarde le lancement de ce nou-
veau marché avec circonspection.« Si,potentiel-
lement, les contrats à terme peuvent être intéres-
sants pour se couvrir contre la volatilité des prix,
les opérateurs ne vont pas se précipiter, note
Christèle Josse, directrice de la Fédération des
coopératives laitières. Ils attendront de voir si ce
marché ne va pas être accaparé par les spécula-
teurs. » La crainte de ces acteurs ? Que ce mar-
ché attire des acteurs purement financiers, qui
accroissent encore la volatilité des cours.
Reste que la filière laitière française souffre
moins de volatilité que d’un « manque de com-
pétitivité », juge Olivier Picot, président de l’As-
sociation de la transformation laitière françai-
se, qui n’a pas noté d’« engouement » parmi ses
membres. « Quand les prix baissent, les coûts de
revient restent trop élevés : il est là le problème,
mais on se refuse de l’aborder de front. » Marcel
Danieul, vice-président de la Fédération natio-
nale des producteurs de lait, affiliée à la FNSEA,
relève lui-même : « Le marché à terme reste un
outil, cela ne fait pas une politique. » p
Laetitia Van Eeckhout
lité. L’application, qui est pour
l’instant gratuite, deviendra
payante quand le quotidien com-
mencera à rendre son site payant,
début 2011. – (AFP.)
Infrastructures Les trois
majors du BTP candidats
à la LGV Le Mans-Rennes
Réseau Ferré de France a annoncé,
le 15 octobre, qu’Eiffage, Bouygues
et Vinci ont remis leur offre finale
pour réaliser en contrat de partena-
riat la ligne à grande vitesse Breta-
gne-Pays de la Loire. Ce projet de
3,5 milliards d’euros permettra de
relierParis à Rennes en 1 h 26 et a
Nantes en 1h 52.
Mode Montaigne Fashion
à nouveau cotée
Suspendue jeudi 14 octobre à

A
ssouplir ou ne pas assou-
plir la politique de la Réser-
ve fédérale américaine
(Fed) ? En septembre, l’indice amé-
ricain des prix à la consommation
(CPI) hors alimentation et énergie
a progressé de 0,8 % sur un an, un
record de modération sur les cin-
quante dernières années. Comme
la flambée des matières premières
se répercute sur les prix des
importations et à la production, il
semble que ce soit le facteur tra-
vail qui permette d’obtenir des
prix comprimés en bout de chaî-
ne. Aujourd’hui, l’économie améri-
faussement modeste. Par ailleurs,
un nouveau recours à la planche à
billets a peu de chances de stimu-
ler la création d’emplois – l’autre
indicateur sur lequel la Fed est
chargée de veiller officiellement,
en plus de l’inflation. Il aurait plu-
tôt pour conséquence de faire
baisser le taux d’épargne améri-
cain et d’aggraver le déficit de la
balance des paiements, car le cré-
dit bon marché provoquerait un
surcroît d’importations et ajoute-
rait à la fièvre qui saisit les mar-
chés de matières premières.
dans ce secteur en Afrique. – (AFP.) milliards de dollars. Times» va lancer une Paris, l’action Montaigne Fashion
application payante sur iPad devait reprendre sa cotation lundi
TNK-BP investit au Enel introduit ses énergies Le New York Times a dévoilé, le 18 octobre. Le repreneur Krief
Venezuela et au Vietnam renouvelables en Bourse 15 octobre, une nouvelle applica- Group a fait venir dans cette entre-
La co-entreprise russo-britanni- Le groupe d’électricité italien Enel tion conçue pour la tablette iPad prise en redressement judiciaire
que TNK-BP a annoncé, lundi a lancé, lundi 18 octobre, l’intro- d’Apple. Elle propose 25 rubri- un nouvel actionnaire de référen-
18 octobre, le rachat des actifs de duction en Bourse de sa branche ques, plus de vidéos et de photos ce, le groupe strasbourgeois Jekiti
BP au Vietnam et au Venezuela des énergies renouvelables (Enel et un système d’alertes sur l’actua- Mar Capital, à hauteur de 19,15 %.
Marchés Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr
VALEURS DU CAC40 LES BOURSES DANS LE MONDE 18/10, 9h57
Lundi 18 octobre 9h45 Pays Indice Dernier
cours
% var. Maxi
2010
Mini
2010
PER

caine a besoin d’un sérieux rééqui-

librage, pas d’un énième épisode
Pour rendre Valeur Dernier
cours
Cours
préc.
% var.
/préc.
% var.
31/12
Plus
haut
Plus
bas
Divid.
net
Code
ISIN FRANCE CAC 40 3809,03 18/10 -0,48 4088,18 11/1 3287,57 25/5 11,80
ACCOR .........................◗ 29,08 29,38 -1,02 11,15 30,74 22,25 1,05 T FR0000120404
de création monétaire par la Fed. les Etats-Unis plus AIR LIQUIDE .......................◗ 93,24 94,16 -0,98 19,98 94,85 70,59 2,25 T FR0000120073
ALLEMAGNE
ROYAUME UNI
DAX Index
FTSE 100 index
6473,73 18/10
5682,38 18/10
-0,29
-0,37
6512,78 15/10
5833,73 16/4
5433,02 5/2
4790,04 1/7
11,90
12,30
ALCATEL-LUCENT ...........◗ 2,65 2,64 0,34 11,21 2,70 1,83 0,16 T FR0000130007
Le CPI standard, intégrant l’ali-
mentation et l’énergie, a augmen-
compétitifs, il faut ALSTOM ............................◗ 35,87 36,06 -0,55 -26,90 55,14 35,42 1,24 T FR0010220475 ETATS-UNIS Dow Jones ind. 11062,78 15/10 -0,29 11258,01 26/4 9614,32 2/7 12,40
ARCELORMITTAL................ 24,58 24,85 -1,09 -23,62 35,45 21,33 0,16 A LU0323134006
té de + 1,1 % sur un an, mais sa faciliter l’accès AXA ....................................◗
BNP PARIBAS ACT.A ........◗
13,64
51,75
13,73
52,08
-0,66 -17,53
-0,63 -7,42
17,60
60,38
11,51
40,81
0,55
1,50
T
T
FR0000120628
FR0000131104 JAPON
Nasdaq composite
Nikkei 225
2468,77 15/10
9500,25 15/10
1,37
-0,87
2535,28 26/4
11408,17 5/4
2061,14 1/7
8796,45 1/9
18,20
15,70
hausse reste bien inférieure au
taux de 4 % affiché par les prix à la
au capital BOUYGUES .......................◗ 32,08
CAP GEMINI ......................◗ 37,95
32,32
38,10
-0,74 -11,93
-0,39 18,71
40,56
40,30
30,40
30,20
1,60
0,80
T
T
FR0000120503
FR0000125338
PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice
courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.
CARREFOUR .....................◗ 38,12 38,51 -1,00 13,59 41,28 31,81 1,08 T FR0000120172
production et les prix à l’importa- CREDIT AGRICOLE ............◗ 11,44 11,47 -0,31 -7,48 13,78 7,87 0,45 T FR0000045072
(Publicité)
tion sur la même période. L’écart Non, pour rendre l’Amérique DANONE ............................◗ 43,69 43,87 -0,41 2,01 46,88 39,34 1,20 T FR0000120644 SICAV ET FCP
s’expliquerait aussi par une bais- plus compétitive, il importe que EADS ...................................◗ 17,55 17,66 -0,62 24,57 19,70 13,29 0,17 T NL0000235190
EDF ......................................◗ 30,82 30,80 0,05 -25,85 42,84 30,14 0,60 S FR0010242511 SÉLECTION publiée sous la
se du coût du travail, lequel pèse le différentiel de coût du crédit ESSILOR INTL ....................◗ 49,38 49,23 0,33 18,29 51,17 40,84 0,70 T FR0000121667 responsabilité de l'émetteur Multi-promoteurs
lourd dans le CPI. L’ampleur du existant entre les Etats-Unis et le FRANCE TELECOM ............◗ 16,68 16,61 0,45 -4,30 17,92 14,01 0,60 A FR0000133308
Dernier cours connu le 18/10 à 9h CM-CIC EUROPE 23,53 14/10
chômage et peut-être la concur- reste du monde s’accentue, pour GDF SUEZ ...........................◗ 27,82 27,82 0,02 -8,14 30,77 22,64 0,67 S FR0010208488
Valeur Cours date Fonds communs de placements
LAFARGE ...........................◗ 41,62 41,82 -0,49 -28,01 63,00 35,57 2,00 T FR0000120537
rence de pays où la main-d’œuvre que l’accès à un capital moins oné- L’OREAL ............................◗ 83,96 84,00 -0,05 7,64 85,00 70,90 1,50 T FR0000120321
en euro valeur CM-CIC EURO ACTS C 19,82 14/10
CM-CIC SELECT.PEA 7,61 14/10
est moins chère entraînent une reux puisse compenser le coût LVMH MOET HEN. ............◗ 110,20 111,90 -1,52 40,60 112,40 74,19 1,30 S FR0000121014
CM-CIC MID EUROPE 20,39 14/10
MICHELIN...........................◗ 57,63 57,95 -0,55 11,35 64,49 48,12 1,00 T FR0000121261
régression du coût du travail qui plus élevé du travail aux Etats- NATIXIS ..............................◗ 4,34 4,36 -0,46 22,33 4,90 3,06 0,45 T FR0000120685
CM-CIC TEMPERE C 171,25 14/10
CM-CIC DYN.EUROPE 33,53 14/10
contrebalance l’inflation. Unis. Cela implique que les taux PERNOD RICARD...............◗ 61,81 62,11 -0,48 3,17 68,64 54,89 0,61 A FR0000120693
CM-CIC FRANCE C 32,45 14/10
A l’occasion d’un discours pro- d’intérêt soient plus élevés et le PEUGEOT............................◗ 27,45 27,88 -1,52 16,02 28,57 17,92 1,50 T FR0000121501
CM-CIC EQUILIBRE C 71,14 14/10
PPR .....................................◗ 115,70 119,20 -2,94 37,35 120,50 81,00 3,30 T FR0000121485
noncé à Boston vendredi 15 octo- déficit public moins lourd, deux PUBLICIS GROUPE ...........◗ 36,48 36,51 -0,08 28,00 36,96 27,66 0,60 T FR0000130577
Fonds communs de placements CM-CIC DYN.INTERN. 26,54 14/10
ECUREUIL BENEFICESRESPONSABLES 38,83 14/10 CM-CIC OBLI C.T.D 135,64 15/10
bre, le président de la Fed, Ben Ber- résultats que de nouvelles mesu- RENAULT............................◗ 38,80 39,23 -1,11 7,17 40,39 26,56 3,80 T FR0000131906
ECUREUIL ACTIONS EUROPEENNES C 16,07 14/10 CM-CIC MID FRANCE 32,10 14/10
SAINT-GOBAIN..................◗ 34,79 35,06 -0,78 -8,62 40,28 27,81 1,00 T FR0000125007
nanke, a estimé que l’inflation res d’assouplissement monétaire SANOFI-AVENTIS .............◗ 50,10 50,47 -0,73 -9,01 58,90 44,01 2,40 T FR0000120578 ECUREUIL CAPIPREMIERE C 2913,97 14/10
était « trop faible » et qu’une inter- ne peuvent produire. C’est là SCHNEIDER ELECTRIC .....◗ 103,05 103,45 -0,39 26,01 103,60 72,00 2,05 T FR0000121972 ECUREUIL OBLI CAPI C 62,33 14/10
SOCIETE GENERALE .........◗ ECUREUIL PROFIL 90 D 33,57 14/10
vention pour soutenir la croissan- qu’est l’os. M. Bernanke penche 41,58 41,52 0,14 -15,06 53,12 29,70 0,25 T FR0000130809
ECUREUIL PROFIL 75 D 38,27 14/10
STMICROELECTR. .............◗ 5,63 5,65 -0,25 -12,34 8,08 5,16 0,06 A NL0000226223
ce américaine serait justifiée, vrai- pour cette option, mais la réalité SUEZ ENV. ..........................◗ 13,77 13,74 0,22 -14,60 17,86 12,46 0,65 S FR0010613471 ECUREUIL EURIBOR 1260,53 17/10 Fonds communs de placements
ECUREUIL EXPANSION C 18475,55 17/10 CM-CIC DYN.INTERN. 26,54 14/10
semblablement sous la forme d’in- lui commande de s’en abstenir. p TECHNIP.............................◗ 61,64 61,72 -0,13 24,78 64,85 45,14 1,35 T FR0000131708
ECUREUIL INVESTISSEMENT D 44,30 14/10 CM-CIC OBLI C.T.D 135,64 15/10
TOTAL .................................◗ 39,09 39,19 -0,26 -13,14 46,73 35,66 1,14 S FR0000120271
jections de liquidités, via l’achat Martin Hutchinson UNIBAIL-RODAMCO ........◗ 148,45 148,80 -0,24 -3,42 167,00 119,85 20,00 D FR0000124711 ECUREUIL MONEPREMIERE C 2385,46 17/10 CM-CIC OBLIGATIOND 26,71 15/10
de bons du Trésor américain. (Traduction de Christine Lahuec) ECUREUIL SECURIPREMIERE C 2614,48 14/10 CM-CIC MID FRANCE 32,10 14/10
VALLOUREC .......................◗ 77,26 78,37 -1,42 21,62 81,61 60,35 3,50 T FR0000120354
ECUREUIL TRESORERIE C 66,94 17/10 CM-CIC PLANBOURSEC 18,56 14/10
En fait, dans un contexte où les VEOLIA ENVIRON. .............◗ 20,07 20,11 -0,15 -13,19 26,49 17,96 1,21 T FR0000124141
ECUREUIL OBLI EURO D 270,86 14/10 CM-CIC TEMPERE C 171,25 14/10
VINCI...................................◗
cours mondiaux des matières pre- n Sur Breakingviews.com 39,22
VIVENDI ..............................◗ 20,54
39,38
20,60
-0,41 -0,63
-0,32 -1,25
44,98
21,47
33,01
16,18
1,10
1,40
S
T
FR0000125486
FR0000127771 ECUREUIL MONEPREM.INSTC 117458,76 17/10 CM-CIC EURO ACTS C 19,82 14/10
CM-CIC FRANCE C 32,45 14/10
mières grimpent rapidement, il Plus de commentaires sur l’actualité Cours en euros.
.......................................................................................
◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.
faut s’inquiéter de cette inflation économique et financière. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2010. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.
20 Décryptages Enquête
« Pigweed » (herbe à cochon)
– surnom de l’amarante
de Palmer – peut pousser
de 5 centimètres par jour et
atteindre plus de 2 mètres.
ROBERT KING/POLARIS
Gaëlle Dupont
Marianna, Forrest City
(Arkansas, Etats-Unis)
Envoyée spéciale
K
en Smith, professeur d’agro-
nomie à l’université de l’Ar-
kansas, avait prévenu :
«Vous verrez. Ce qui impres-
sionne dans notre agricultu-
re, c’est sa dimension et son
intensité. » Effectivement, dans le Mid-
South américain, l’agriculture ressemble à
une industrie. Tout est disproportionné :
les champs taillés au cordeau ; les machi-
nes pour semer, récolter, épandre les pesti-
cides;lestourbillonsdepoussièrequimon-
tent au ciel, soulevés par les cueilleuses
mécaniquesdecotonetlespick-updesagri-
culteurs.
Mais, depuis quelque temps, les fer-
miers les plus modernes du monde doi-
vent revenir à des outils d’un autre âge, la
houe et la pelle, pour déloger la mauvaise
herbe qui envahit leurs champs. L’amaran-
te de Palmer est surnommée pigweed
(l’herbe à cochon), entre autres vocables si
grossiers que les agriculteurs n’osent pas
lesrépéter.Cen’est pasunepetiteherbefol-
lemais « un monstre », dit Claude Kennedy,
directeur de la station agricole expérimen-
taledu bourg de Marianna: «Elle est deplus
en plus agressive et prend des formes si
étranges que parfois elle me fait presque
peur.»Laplante peutpousserde 5centimè-
tres par jour et atteindre plus de 2 mètres
de haut. Avec ses branches tourbillonnan-
tes,ellerappelle lesarbrestorturés quipeu-
plent les films du maître du fantastique,
Tim Burton. Il arrive que ses racines cas-
sent les moissonneuses.
Elle est le rejeton non désiré d’un maria-
ge qui fut longtemps sans nuages entre les
agriculteurs américains et les semences
OGM Roundup Ready, la technologie pha-
re de Monsanto. Le principe : un gène de
tolérance à l’herbicide total Roundup est
introduit dans une plante cultivée. Quand
leproduitest épandu,toutes lesmauvaises
herbes meurent, tandis que l’OGM survit.
Lesagriculteurs de l’Arkansas parlentde
l’âge d’or de ce système avec des étoiles
dans les yeux. « Ces semences sont arrivées
en 1996, se souvient Sid Fogg, cultivateur
de coton et de soja. C’était formidable. On
semait, on passait deux fois du Roundup et
on avait les champs les plus propres, les plus
jolis qu’on ait jamais vus. »
Cet été, une armée
de journaliers a désherbé
à la houe les champs
de coton dans tout
le sud-est des Etats-Unis,
du jamais-vu depuis
les années 1960
Aux Etats-Unis, 58 % du coton, 66 % du
maïs et 93 % du soja sont Roundup Ready.
La majorité des OGM cultivés dans le mon-
de également, et le glyphosate, contenu
dans le Roundup, est la molécule herbicide
la plus utilisée sur terre. Dans l’Arkansas, le
paysage a été bouleversé. Le labour – un
moyen de lutter contre les mauvaises her-
bes – a été abandonné. La dizaine d’herbici-
des qui se partageaient le marché ont été
balayés. Chacun a pu cultiver plus. Les
exploitations se sont agrandies, les agricul-
teurs enrichis. « Tout était facile, trop faci-
le», laisse tomber l’agriculteur Bill Wilkie.
Cette époque bénie est révolue. « Mère
Nature n’en a fait qu’à sa tête», résume Sid
Fogg. Au bout de quinze ans d’usage inten-
sif et exclusif du glyphosate, une dizaine
de mauvaises herbes, présentes à l’origine
en quantités modestes, sont devenues
résistantes au produit. Dont Amaranthus
palmeri. « Le mécanisme de la sélection
naturelle a joué, explique Ken Smith. Dans
Lamauvaise
graine
deMonsanto
la population initiale, certains individus
étaient naturellement résistants, ils se sont
multipliés.»
Quelque 6 millions d’hectares sont tou-
chés dans vingt-deux Etats américains,
selon les dernières estimations, soit un
peu moins de 10 % des surfaces OGM du
pays. Le sud-est des Etats-Unis, cœur de la
production de coton et de soja, est le plus
concerné. Mais les herbes indésirables
gagnent constamment du terrain. « Par-
tout où il y a usage exclusif du glyphosate,
le problème se posera tôt ou tard », affirme
Claude Kennedy. Des résistances ont déjà
été observées dans une quinzaine de pays,
dont la Chine, l’Argentine, le Brésil, ou le
Canada.
« De nouvelles variétés de semences
Roundup Ready continuent d’arriver sur le
marché, comme l’alfalfa ou la betterave à
sucre, relève David Mortensen, spécialiste
des adventices à l’université de Pennsylva-
nie. Cela exacerbera le problème. » Ardent
défenseur du glyphosate, qu’il compare à
la pénicilline en médecine, l’universitaire
australienStephenPowles voitdanssa per-
ted’efficacité «une menacepour la produc-
tion alimentaire mondiale ».
Dans l’Arkansas, l’explosion a eu lieu
cette année. Les agriculteurs ont été pris
par surprise. « On se disait que ça pouvait
arriver,mais pas autant, aussi vite »,témoi-
gne West Higgins devant l’un de ses
champs, où son soja a littéralement été
étouffé.Dans les restaurants où les agricul-
teurs se retrouvent pour petit-déjeuner
avant l’aube, les pigweeds sont devenus le
sujet numéro un de conversation. « Reflex,
Treflex, Dual, Valor… » : attablés chez Cleo, à
Marianna, Rusty Carter et Chad Russel,
deux producteurs de soja et de coton, énu-
mèrent les produits qu’ils tentent d’appli-
quer. De la « vieille chimie », disent-ils. Le
Treflan, qui figure en bonne place au
Musée du coton de Memphis, date de 1964.
Certaines molécules font l’objet d’une
surveillance de l’Agence américaine pour
la protection de l’environnement (EPA) en
Les grandes cultures jamais-vu depuis les années 1960. « Le
champ est propre pendant deux ou trois
de l’Arkansas semaines, puis elles reviennent », constate,
amer, Chad Russel. Chaque femelle
sont envahies contient 250000 graines. « Je crains que ça
ne soit de pire en pire, souffle Bill Wilkie. Je
par l’amarante de ne sais pas où on va. »
« Parfois, je pense à mon père, se désole
Palmer, une plante Sid Fogg. S’il voyait toutes ces mauvaises
herbes, il me dirait, mon fils, qu’est-ce que
qui est devenue tu fais ? » Surtout, tout cela revient très
cher. En moyenne, 30 dollars supplémen-
résistante à taires par demi-hectare pour produire du
soja, 70 pour du coton. Les rendements
l’herbicide Roundup, sont en baisse de 20 % à 30%. « Cette affaire
coûte des millions, affirme Ken Smith. Cer-
produit par la
tains pourraient ne pas tenir l’année pro-
chaine. »
multinationale. Colby McChesney, 26 ans, n’a « pas l’in-
tention de changer de métier ». « Je laisse
Convertis de longue complètement tomber le Roundup Ready,
lance ce jeune homme, tout en parcourant
date aux OGM, en trombe ses 1 500 hectares. Certains s’ac-
crochent à l’espoir que ça va aller mieux,
enrichis grâce à eux, moi je pense que, si on veut réparer le systè-
me, il faut tout changer. Sinon, on risque de
les agriculteurs perdre le contrôle. » L’année prochaine, il
sèmera du coton et du soja LibertyLink, un
s’interrogent OGM de Bayer. Il fonctionne avec un herbi-
cide différent, relativement efficace sur
aujourd’hui Amaranthus palmeri. Le jeune agriculteur
essaiera aussi des semences convention-
sur leur avenir nelles «pour voir ».
Beaucoup d’agriculteurs y pensent, à
contrecœur, comme une régression. Sid
Fogg a tenté l’expérience sur quelques par-
raison des risques pour l’eau. Le dicamba, celles. Comme aucun semencier ne vend
utilisé pour « brûler » les mauvaises herbes plus de variétés conventionnelles, c’est
au printemps, est particulièrement agres- l’université de l’Arkansas qui lui a founi
sif. C’est un dérivé du 2,4-D, un composant des graines. « Je ne vois pas pourquoi je
de l’agent orange, défoliant utilisé pen- continuerais à payer les semences Monsan-
dantlaguerredu Vietnam. Au total,lestrai- to trois fois le prix des conventionnelles,
tements ont été au minimum multipliés alors que je vais dans les deux cas dépenser
par trois. « Mais rien n’en vient vraiment à de l’argent en herbicides », explique-t-il. Le
bout », observe Rusty Carter. problème, c’est qu’il n’y aura pas assez de
Alors, cet été, une armée de journaliers a graines LibertyLink et conventionnelles
désherbé à la houe les champs de coton pour tout le monde l’année prochaine.
dans tout le sud-est des Etats-Unis, du Chuck Yates, le marchand de produits agri-
0123
Mardi 19 octobre 2010
coles de Marianna, estime que 75 % de la
demande seulement sera honorée.
Monsanto reconnaît que le problème
est « sérieux ». « Nous pensions au départ
quel’émergence derésistances serait diffici-
le, affirme Rick Cole, chargé du dossier.
Nous devons maintenant reconnaître que
d’autres produits doivent être utilisés avec
le Roundup pour les maîtriser.» L’entrepri-
sese retrouve contrainte de faire la promo-
tion d’herbicides vendus par des concur-
rents. Elle rembourse même 12 dollars par
demi-hectare aux producteurs de coton
qui y ont recours. Mais, selon elle, le Roun-
dup «a toujours de la valeur ». « Il reste effi-
cace sur 300 mauvaises herbes, les agricul-
teurs ont peut-être tendance à l’oublier,
poursuit Rick Cole. Et les rendements des
variétésRoundup Ready resterontcompéti-
tifs.»
Monsanto prépare déjà le coup d’après.
Le semencier annonce pour 2014 un soja
résistant au dicamba et au glyphosate. Et,
deux ans plus tard, un coton résistant à
troisherbicides différents. Ses concurrents
sont également sur les rangs. « Celui qui
arrivera le premier gagnera beaucoup d’ar-
gent! », s’amuse Rusty Carter.
L
es anti-OGM dénoncent les promes-
ses non tenues de Monsanto, qui a
longtemps vanté les économies de
pesticides réalisées avec les variétés Roun-
dup Ready. «C’était vrai au début, mais pas
sur le long terme », confirme Colby
McChesney. Mais, malgré leurs déconve-
nues, les agriculteurs de l’Arkansas ne sont
pas devenus hostiles aux plantes transgé-
niques. Colby McChesney ne comprend
rien au débat qui agite l’Europe : « Ça fait
dix ans que je croque des graines de soja et
je suis en parfaite santé. » Aucun ne regret-
te non plus d’avoir adopté ces semences.
« Sur le coup, c’était vraiment une bonne
affaire, résume Bill Wilkie. Maintenant il
faut qu’on nous trouve autre chose. »
En veulent-ils à Monsanto ? Pas unique-
ment. «Tout cela est d’abord de notre faute,
on n’a pas réfléchi, et on a utilisé trop long-
temps un seul produit », affirme Sid Fogg.
« C’était comme une drogue », renchérit
Bill Wilkie. D’autres sont plus accusateurs.
« Si ces semences avaient été promues cor-
rectement, on n’en serait pas là, souligne
Joe Whittenton, un gros producteur de
coton. Moi, j’ai toujours continué à utiliser
d’autres herbicides par crainte des résistan-
ces. Les gens de Monsanto venaient chez
moi et me disaient : “Laisse tomber, tu n’as
pas besoin de tout ça !” Ils n’ont pas regardé
assez loin dans le futur. » p
0123
Mardi 19 octobre 2010 Analyses Décryptages 21

L’incertitude du sens,
depuis trop longtemps », ne ces-
sent de marteler le président de la
République et tous les caciques du
gouvernement et de l’UMP. «Le
resté au dialogue de sourds qui se son projet, le gouvernement ne va
prolonge depuis. évidemment pas reculer. «Le
«Quand on réforme, on déran- débat ira à son terme et la réforme
ge», ajoute bravache, pour ne pas sera votée », vient de réaffirmer,

la confusion du moment
vrai courage serait d’entraîner tou-
te la France dans une réforme glo-
bale, répartissant les efforts de
façon équilibrée et juste », réplique
la première secrétaire du PS, Marti-
ne Aubry.
La justice ? Chacun la revendi-
dire méprisant, le ministre de l’in-
térieur, Brice Hortefeux. Occultant
commodément ce qu’expriment
les manifestations à répétition :
non un « dérangement », mais une
inquiétude réelle et une sourde
indignation devant l’effritement
impavide, le premier ministre. Et
votée au plus vite possible pour
éviter que l’exaspération encore
sporadique dans les transports ou
les raffineries ne conduise à un blo-
cage du pays ; ou que les lycéens,
toujours imprévisibles, ne s’avi-

France que. «La première des injustices

serait de maintenir un système de
Gérard Courtois retraites qui ne serait plus finan-
cé », assène inlassablement Eric
Woerth, le ministre chargé du dos-
sier. « Le maître mot, c’est la justice,
et il n’y en a pas », tranche Martine
général des systèmes de solidarité
et de progrès social mis en place
depuis un demi-siècle ou plus.
Le peuple a appris
à maîtriser sa colère
sent de rentrer massivement dans
la danse.
Resterait, alors, le plus difficile :
surmonter le malaise né de cette
réforme, l’humiliation des syndi-
cats et, au-delà, l’amertume de
tous ceux qui ont essayé, sans suc-

U et à canaliser
n événement suffit pour
construire les légendes :
parce qu’ils ont décidé, le
21janvier 1793, de couper la tête de
leur roi, les Français sont tenus,
depuis, pour un « peuple régici-
de». L’actuel président de la Répu-
blique le répète à qui veut l’enten-
dre. Comme pour mieux souli-
gner les risques de la fonction qu’il
exerce, autant que le courage qui
l’anime.
Que l’on sache, pourtant, les
mêmes Français n’ont jamais réci-
divé, depuis plus de deux siècles.
Bien sûr, ils ont refait quelques
révolutions, chassé d’autres souve-
rains – rois ou empereurs –, puis
bousculé des Républiques, enfin
contesté parfois vigoureusement
quelques présidents, paralysé
leurs gouvernements et bloqué tel-
le ou telle initiative imprudente
ou maladroite. Mais de guillotine,
point. Sauf à considérer comme
une forme morale de ce sinistre
instrument la mise en échec d’un
projet politique, ce qui serait pour
le moins exagéré.
Le peuple a donc appris à maîtri-
ser sa colère et à canaliser sa violen-
ce. Il en fait la démonstration
depuis des semaines, à propos des
retraites. Voilà une réforme dont
chacun – gouvernement, opposi-
tion, syndicats – s’accorde à dire
qu’elle est nécessaire, mais que
beaucoup jugent incomplète,
injuste et inefficace. Et, qui plus
est, conduite par le pouvoir com-
me une démonstration de force
politique, destinée à ressouder son
camp et à prouver sa capacité réfor-
matrice; bref, à restaurer sans
ménagement une autorité sérieu-
sement entamée.
Depuis des semaines, pourtant,
pas l’ombre d’un « régicide» dans
les cortèges qui ont envahi les rues
de France et de Navarre, à cinq
reprises déjà, pour dénoncer ce
projet. Parce qu’il est le chef de
l’Etat et qu’il l’est de manière impé-
rieuse, Nicolas Sarkozy polarise évi-
demment grogne ou exaspération.
Mais à peu d’exceptions près – For-
ce ouvrière et l’extrême gauche –,
personne ne réclame le retrait du
projet. Les principaux syndicats,
dont le gouvernement lui-même
salue la «responsabilité », deman-
dent que le débat en cours au Parle-
ment soit suspendu et que s’enga-
ge, enfin, une vraie négociation.
Quant aux socialistes, après quel-
ques flottements, ils se sont ralliés
à cette attitude pour mieux expo-
ser leur contre-projet, plus juste et
plus sérieux, plaident-ils.
Nous en sommes là: non pas
dans une impasse puisque le gou-
vernement franchit au trot enlevé
les haies parlementaires et espère
voir son texte adopté par le Sénat
cette semaine et par le Parlement
avant la fin du mois. Mais dans
une sorte de malaise confus et
incertain.
La confusion résulte de la
constante réversibilité des mots
qui tournent en boucle depuis des
semaines: courage, justice, négo-
ciation, responsabilité. «Nous
avons, nous, le courage de sortir de
l’immobilisme, d’affronter les diffi-
cultés structurelles du pays et d’en-
gager les réformes esquivées
Aubry, avant de prendre la défense
de tous les petits et les sans-grade
que la réforme va pénaliser : ceux
qui ont commencé très tôt et
devront travailler plus longtemps,
ceux qui, usés par des travaux
pénibles, ont une espérance de vie
de plusieurs années inférieure à la
moyenne, ou les mères de famille
qui ont eu, de ce fait, des carrières
hachées et incomplètes.
La négociation? Elle a eu lieu,
assure le gouvernement, en rappe-
lant les consultations syndicales
du printemps ; mais il omet d’ad-
mettre que faute de trouver un
syndicat prêt à chercher un com-
promis sur les bases proposées –
comme le CFDT en 2003 –, il en est
présente
sa violence. Il en fait
la démonstration
depuis des semaines
A cette confusion du sens s’ajou-
te l’incertitude du moment.
Depuis la fin de l’été, le pouvoir
escompte que sa détermination
finira par décourager les résistan-
ces à son projet. Semaine après
semaine, il est démenti par une
mobilisation qui, sans être excep-
tionnelle, demeure tenace et ne
désarme pas. Reste à savoir com-
ment sortir de ce face-à-face. A
quelques jours de l’adoption de
cès, de se faire entendre. « Il y a mil-
le raisons au malaise de la France,
notamment la difficulté à trouver
une autorité juste », note avec saga-
cité le ministre de l’agriculture,
Bruno Le Maire, dans un petit essai
(Sans mémoire, le présent se vide,
Gallimard) qui paraît ces jours-ci.
Et il ajoute : « Je ne suis pas loin de
penser que la réélection de Nicolas
Sarkozy passera avant tout par la
redéfinition de sa propre autorité
et des conditions de son exercice. »
Qu’il s’agisse d’un conseil ou d’un
avertissement, c’est bien vu, com-
me le démontre toute l’affaire des
retraites. p
Courriel : courtois@lemonde.fr

Le livre du jour
Détestation française
L
a France, on l’aime ou on la
quitte. » C’est le slogan du
Front national, repris par Phi-
lippe de Villiers puis par Nicolas
Sarkozy pendant la campagne
pour l’élection présidentielle de
2007, qui donne le coup d’envoi au
livre de Corinne Maier, Tchao la
France. On est ainsi prévenu :
l’auteur, chargée d’études écono-
miques à EDF, licenciée de l’entre-
prise publique en 2006 après la
publication de Bonjour paresse
Tchao la France
Corinne Maier
Flammarion
220 pages, 16 ¤
(Michalon, 2004), un ouvrage sati-
rique sur le monde du travail, ne
fera pas dans la dentelle.
Son premier essai avait été un
coup de maître. Bonjour paresse,
réimprimé quatre fois, s’était ven-
«des petits vins de pays, de la tarti-
flette et du cassoulet fait maison »,
rien ne trouve grâce à ses yeux
dans ce passage en revue ronchon
d’une France qui ronronne, repue,
à peine inquiète, tellement sûre
d’elle-même et de l’excellence de
son bordeaux, de ses élites et de la
beauté de ses paysages.
La « France de l’an 2000 », cette
«République bananière », protégée ENTRÉE GRATUITE
par « un Etat préservatif », donne
de l’urticaire à Corinne Maier. Elle
l’a d’ailleurs quittée, en 2006, pour
s’installer à Bruxelles, sur laquelle
elle ne tarit pas d’éloge. Un petit
paradis, Bruxelles. Outre-Quié-
vrain,nulle bureaucratie,«pasd’ar-
rogance, pas de morale », assure la
fraîche exilée, « les seules person-
nes désagréables sont certains
apparatchiksculsserrés de l’ambas-
sade».

Rien ne trouve grâce

du, l’espace d’un été, à
30 000 exemplaires. Un « phéno-
mène de librairie », comme ont dit
dans ces cas-là, que la procédure
disciplinaire intentée par EDF
contre l’auteur avait sans doute
opportunément servi.
En plein débat sur le maintien
de la réforme des 35 heures, la pres-
se nationale avait donné un large
écho au petit livre iconoclaste. La
presse internationale s’était
même, à son tour, passionnée pour
cette critique radicale – et telle-
mentfrançaise ! – du mondedu tra-
vail et de l’entreprise.
Corinne Maier a tenté de renou-
veler ce petit miracle. Son pam-
phlet aux têtes de chapitres un peu
racoleuses mais plaisamment
troussées – « Des intellos mous du
bulbe », « Sarkozy, un président
tout petit », parfois allégrement
démagogiques sur ce « pays de
cumulards », « où la concentration
du pouvoir entre les mains d’une
petite élite n’a d’équivalent nulle
part dans le monde » – voire… –, est
résolument anti-hexagonal. L’Etat,
les patrons, l’école républicaine,
jusqu’à « la tyrannie de la bouffe »,
Tout savoir pour choisir
à ses yeux dans
ce passage en revue
votre grande école
ronchon d’une France
Elèves en classe de première ou terminale, élèves de classes prépa, étudiants bac + 2
qui ronronne, repue
ou niveau licence, parents d’élèves, professeurs : venez découvrir les conférences,
En France, en revanche, tout est programmes, admissions et débouchés des écoles de commerce et d’ingénieurs.
petit, en France, tout est républi-
cain, en France, tout est lourd, assè-
ne l’auteur, pas très légère.
Macho, arrogant, trouillard, ENTRÉE GRATUITE. INSCRIVEZ-VOUS VITE !
raciste,paresseux bien sûr, veillant
jalousement sur ses « petits week- www.salon-grandes-ecoles.com
ends», chauvin dressé par l’école et
son catéchisme républicain, humi-
liéparses chefs,abruti parsa télévi- Samedi : 13 heures - 19 heures
sion médiocre, le Français version
CorinneMaier estunêtreminuscu- Dimanche : 10 heures - 17 heures
le, craintif, assommé par des règle-
ments tatillons, obsédé par le sala-
riat auquel il voue un vrai culte,
toujours à l’affût d’un passe-droit,
d’un coupe-file, d’un piston, et qui
mène « une vie de chien ».
«Assez de clichés !», clameCorin-
ne Maier en ouverture de son livre.
On a irrésistiblement envie de lui
répondre : « Chiche »! p
Christine Garin
22 Décryptages Le grand débat 0123
Mardi 19 octobre 2010

Le populisme, hostile à Washington et aux impôts fédéraux, secoue la droite

américaine. Il va peut-être coûter à Barack Obama les prochaines élections
législatives, non sans bouleverser, en même temps, le Parti républicain
Tea Party, une vague de fond
L
’origine du mouvement ultra-
conservateur de la Tea Par-
ty est surprenante parce que
improvisée : Rick Santelli, jour-
naliste spécialisé dans l’analy-
se de l’évolution des cours de la
Bourse de Chicago sur la chaîne de télévi-
sion CNBC, exprimait sa colère, le
19 février 2009, contre les profiteurs des
politiques fédérales.
Ceux-ci, assurait-il, achetaient des mai-
sons grâce à des crédits immobiliers sub-
ventionnés par l’Etat ; ils abusaient du sys-
tème sans subir la moindre sanction, au
détriment des citoyens honnêtes qui
payaient leurs impôts et remboursaient à
temps leurs prêts hypothécaires. Il était
donc temps de réagir de la façon la plus
vigoureuse contre le président améri-
cain, Barack Obama, et sa politique d’ac-
cès facile à la propriété. Pourquoi, alors,
ne pas organiser, à Chicago, une protesta-
tion du style de la Tea Party au mois de
juillet ?
Les mots étaient lâchés : Rick Santelli
proposait de faire revivre, au XXIe siècle,
une émeute comparable à celle
Ils dénoncent le coûteux plan de sauveta-
ge des banques, le plan de relance de l’éco-
nomie de 787 milliards de dollars
(556,7 milliards d’euros), les dépenses
induites par le programme de réforme de
l’assurance-maladie, les hausses d’impôts
prévues pour les plus riches, dont les reve-
nus dépassent 250 000 dollars par an. Le
programme politique des « insurgés » est
manifestement démagogique et contra-
dictoire, car il prône en même temps la
baisse des impôts, l’abolition des droits de
succession et la réduction du déficit bud-
gétaire, tout en préservant un seuil élevé
de dépenses militaires et les principaux
acquis sociaux.
Les plus extrémistes prônent la privati-
sation du retrait des aides aux chômeurs,
la suppression de toute progressivité fisca-
le, l’abandon du plan de relance voté par le
Congrès, la fermeture des ministères de
l’éducation et de l’énergie, bref, un chacun
pour soi généralisé, sans la moindre consi-
dération pour les sujets les plus vulnéra-
bles de la société : les enfants, les chô-
meurs, les malades, les personnes âgées,
les nouveaux immigrés… Reagan dénon-
ton Post, le 3 octobre, qu’Obama était un
partisan de l’eugénisme, comme Woo-
Denis Lacorne drow Wilson et comme Hitler, puisqu’il
était prêt à mettre en place, avec sa réfor-
me du système d’assurance-maladie, des
Directeur de recherches à Sciences Po « tribunaux de la mort » : des médecins
Né en 1945, cet historien et spécialiste d’histoire bureaucrates qui décideraient du droit de
américaine, directeur de recherches au Centre d’études vie et de mort en fonction des fonds dispo-
des relations internationales (CERI-Sciences Po), nibles.
a dirigé l’ouvrage « Les Etats-Unis » (Fayard, 2006). Le même Glenn Beck se réappropriait
Il est l’auteur de nombreux livres, dont la grande marche sur Washington de
« La Crise de l’identité américaine. Du melting-pot Martin Luther King, pour en faire, quaran-
au multiculturalisme » (Gallimard, 2003), te-sept ans plus tard, le 28 août, une mani-
et « De la religion en Amérique » (Gallimard, 2007) festation dédiée aux militaires, aux
patriotes et à tous les conservateurs de la
Tea Party. Cette parodie du mouvement
Un budget en expansion constante des droits civiques avait pour titre : « Res-
DÉPENSES DE L’ÉTAT FÉDÉRAL TAUX D’IMPOSITION FÉDÉRALE taurer l’honneur de l’Amérique ».
en % du PIB en % Le grand discours de King, « I have a
60 50 dream », devenait, dans le remake de
0,01 % des plus riches Beck, un discours insipide consacré « aux
2de guerre
50 bonnes choses qui ont été réalisées en Amé-
mondiale 40
– 11,4 % rique ». Pas question d’évoquer les « bles-
40 sures de l’histoire », précisait Glenn Beck ;
1re guerre 30
mondiale il fallait se concentrer sur l’avenir, sur
30 « l’histoire de l’Amérique qui est l’histoire
Guerre 20 – 4,4 % de l’humanité » tout entière. Et surtout,
Projection

qu’avaient organisée les révolutionnai-
res américains, en 1773, pour protester
contre les taxes imposées par la
monarchie anglaise sur les exportations
de thé destinées aux colonies d’Amérique
du Nord. Cette émeute, appelée ironique-
ment Tea Party, consistait, alors, à vider,
dans le port de Boston, des sacs de thé sai-
sis par les insurgés américains sur des
navires britanniques.
çait jadis les « welfare queens », ces « reines
de l’aide sociale » qui abusaient des sub-
ventions de l’Etat dans les ghettos noirs
en conduisant, prétendait-il, des Cadillac.
Les militants de la Tea Party s’imagi-
nent entourés de « welfare queens » par-
tout et tout le temps ; ils vivent dans la
hantise d’un « Big Government » omnipré-
sent qui ruinera bientôt l’Amérique.
Mais ils n’offrent pas de modèle de
20 de Sécession expliquait-il, évitons de transformer nos
10 enfants en « esclaves des dettes de l’Etat
10 Autour de la médiane fédéral ». On ne pouvait mieux travestir la
pensée de Martin Luther King.
0 0
1795 1870 1945 2010 2060 1980 1985 1990 1995 2000 2005 Ultraconservatisme
SOURCE : WALL STREET JOURNAL, 17 septembre 2010 SOURCE : NYT, 24 mars 2010 Quel a été l’effet du mouvement de la
Tea Party sur le Parti républicain ? Les stra-
Pensez-vous tèges du Grand Old Party pouvaient crain-
dre la scission d’un parti entre une aile

Rébellion patriotique
L’appel à la Tea Party symbolisait, en
2010, une rébellion patriotique contre les
excès de l’Etat fédéral, contre le « Big
Government », la réincarnation moderne
d’une monarchie abusive et dépensière.
Ce rappel farfelu de l’histoire américai-
ne, cette réappropriation d’un passé loin-
tain lancée à tout hasard par un journa-
liste passablement énervé, fut habile-
ment saisi par des militants conserva-
teurs, proches du Parti républicain, qui
décidèrent d’utiliser le label de la Tea Par-
ty pour signaler leur colère contre l’esta-
blishment washingtonien. Très décentra-
lisé, privé de ténors politiques, composé
d’amateurs qui voulaient faire de la politi-
que autrement, le mouvement apparais-
sait éphémère et voué à l’échec à cause de
ses incohérences.
Pourtant, en six mois, cette organisa-
tion a acquis une légitimité, fondée sur de
surprenants succès électoraux dans six
Etats, lors des primaires sénatoriales, en
août. La crédibilité du mouvement fut
renforcée par le ralliement de personnali-
tés conservatrices comme Sarah Palin,
l’ex-gouverneure de l’Alaska, ou Jim
DeMint, le sénateur républicain de la
Caroline du Sud, qui ont cru se reconnaî-
tre dans un courant qui leur était au
départ étranger.
« Sortez les sortants » ; « Affamez la
bête», tels sont les slogans clés d’une révol-
te qui s’inscrit plus directement encore
dans la tradition historique de l’« anti-
fédéralisme » – tradition défendue par les
adversaires du projet de Constitution
fédérale, rédigé à Philadelphie, en 1787. La
crainte des antifédéralistes était qu’un
Etat central trop puissant ne porte attein-
te aux libertés individuelles des citoyens,
menacés de ruine par de nouveaux
impôts fédéraux destinés à maintenir au
pouvoir des parasites, imbus de grandeur
et dévorés de prétentions aristocratiques.
« Ce nouveau pouvoir fédéral, écrivait
« Brutus », le pseudonyme de l’un des lea-
ders du mouvement antifédéraliste, s’in-
troduira dans tous les coins de la ville et de
la société… et son langage sera toujours le
même, quelle que soit la classe d’hommes
ou les circonstances. Il leur dira “PAYER,
PAYER” » (27 décembre 1787).
Les militants de la Tea Party, comme
leurs ancêtres antifédéralistes et les parti-
sans de Ronald Reagan, dans les années
1980, ou ceux de Ross Perot (le candidat
indépendant à l’élection présidentielle de
1992), veulent moins d’Etat, moins d’im-
pôts et le retour à l’équilibre budgétaire.
sortie de crise, bien au contraire :
freiner brutalement les dépen- que le mouvement modérée, composée de la majorité des
sortants, et une faction radicale dominée
ses de l’Etat, dès cet automne,
serait le meilleur moyen de Trop Suffisamment de la Tea Party a une par les tea partiers (partisans de la Tea Par-
ty). Il n’en est rien, parce que les élites du
prolonger la récession.
Les candidats de la Tea 30 % 33 % influence sur le Parti parti et leurs conseillers ont su coopter
l’énergie du mouvement en l’insérant
Party sont des amateurs
qui ignorent tout de la lan- républicain ? dans des réseaux militants et financiers
préexistants.
gue de bois, à leurs risques Sondage WSJ/NBC NEWS, septembre Les militants de la Tea Party sont ainsi
et périls. Quelques exem- incités à se former à la bonne gestion des
ples significatifs : Christine campagnes électorales dans des milliers
O’Donnell, du Delaware, qui Ne sait pas Trop peu de séminaires de cadres, organisés par
l’emporta dans les primaires des fondations privées comme Citizens
sénatoriales républicaines
contre un homme chevronné de
19 % 18 % te abolir la plupart des régimes d’assistan-
souris qui ce sociale. Elle s’oppose aussi à toute cou-
for a Private Economy, Americans for Tax
Reform, Regular Folks United, Americans
la politique, Mike Castle, soutenu fonction- verture médicale obligatoire pour les for Prosperity ou FreedomWorks.
par les modérés du parti de l’éléphant nent avec des enfants autistes ou les femmes enceintes Ces fondations, financées par des parti-
[animal emblème des républicains]. cerveaux humains… au prétexte que ces conditions ne sont sans de l’ultralibéralisme – comme les
A force de trop en dire ou de démentir pas des maladies. Enfin, elle est convain- milliardaires du Kansas, les frères David
Opinions délirantes des propos réellement tenus dans le pas- cue qu’Obama est un dangereux « socialis- et Charles Koch –, utilisent tout le savoir-
Christine O’Donnell, comme Sarah sé, Mme O’Donnell devient la risée des te », dont le seul objectif est d’instaurer un faire de vieux professionnels de la politi-
Palin, s’exprime avec spontanéité sur médias, ce qui diminue ses chances de suc- Etat-providence de style européen. que. FreedomWorks, la plus influente de
tout et n’importe quoi, sans faire preuve cès lors des élections de novembre. Shar- Bien sûr, les héros de la Tea Party ne ces fondations, est ainsi dirigée par Dick
du moindre recul critique. D’où ces affir- ron Angle, la candidate victorieuse de la défendent pas tous des opinions aussi Armey, l’ancien chef de la majorité répu-
mations recueillies par la presse : il faut Tea Party lors des primaires sénatoriales délirantes. Des candidats très conserva- blicaine à la Chambre des représentants.
interdire la masturbation parce que c’est du Nevada, espère l’emporter contre teurs au poste de gouverneur comme Joe Mais l’intégration réussie des militants
une forme d’adultère ; la preuve que Harry Reid, le leader de la majorité démo- Miller, en Alaska, Rand Paul, dans le Ken- de la Tea Party au sein du Grand Old Party
Darwin a tort : on ne voit pas de singes se crate au Sénat. tucky, Marco Rubio, en Floride, et Rob a un coût : la droitisation de l’idéologie
transformer en êtres humains ; les préser- Comme Mme O’Donnell, c’est une néo- Portman, dans l’Ohio, ont de bonnes chan- républicaine et la marginalisation des
vatifs sont inutiles : ils ne protègent pas phyte de la politique. Féroce critique de ces de réussir. En fait, la vague de fond du candidats les plus modérés, obligés
contre les maladies sexuellement trans- l’establishment républicain « aussi dépen- mouvement de la Tea Party est si forte d’adopter un discours répressif pour res-
missibles ; des scientifiques ont créé des sier que le camp démocrate », elle souhai- que les républicains peuvent espérer ter dans la course, ou de quitter un parti
emporter la majorité des sièges à la Cham- qui a cessé de les apprécier.
Républicains sous pression bre des représentants, d’après les der-
niers sondages du mois d’octobre. Une tel-
le victoire conduirait à une complète para-
A terme, la droitisation du Parti répu-
blicain aura un effet probable sur les can-
didatures déjà officieusement annon-
lysie législative, et elle compromettrait cées pour l’élection présidentielle de
les chances de réélection de Barack Oba- 2012. Un modéré comme Mitt Romney
ma, en 2012. sera sérieusement concurrencé par des
JOHN MCCAIN, le candidat républicain à main contre J. D. Hayworth, lors des pri- Certains journalistes influents utili- candidats qui recevront l’aval ou revendi-
la dernière élection présidentielle, a dû se maires du mois d’août. Sa victoire était sent le flambeau de la Tea Party pour don- queront l’appui du mouvement de la Tea
distancer du projet de réforme de l’immi- facilitée par les propos excessifs tenus par ner une nouvelle légitimité à leurs Party. Les plus conservateurs, Newt Gin-
gration qu’il avait défendu avec Ted Ken- son adversaire à propos d’une décision conceptions pour le moins bizarres de grich, Mike Huckabee et Sarah Palin, sont
nedy, en 1965. Ce projet prévoyait une récente de la Cour suprême du Massachu- l’histoire des Etats-Unis. Le plus visible désormais les « étoiles montantes » du
amnistie partielle et des accommode- setts légitimant le mariage homosexuel. aujourd’hui est Glenn Beck, un collabora- Parti républicain.
ments raisonnables avec les sans-papiers. Cette décision, prétendait Hayworth teur de Fox News, qui anime notamment L’issue des élections du 2 novembre
En 2010, pour doubler sur sa droite son contre toute évidence, permettrait à un une émission didactique intitulée les dépendra, en bonne partie, du degré de
adversaire, J. D. Hayworth, soutenu par le homme d’épouser un cheval ! Son concur- « Vendredi des fondateurs ». Lors de ces mobilisation des électeurs les plus moti-
mouvement de la Tea Party aux primaires rent, rétorquait McCain, n’avait manifeste- émissions, Glenn Beck reconstruit, de vés du Parti démocrate : les jeunes, les His-
sénatoriales de l’Arizona, M.McCain multi- ment pas les qualités requises pour être façon hystérique, l’histoire des Etats-Unis paniques, les Afro-Américains. Seront-ils
pliait les propos répressifs sur le danger un élu du peuple. en utilisant tous les rapprochements pos- plus nombreux à voter que les tea par-
d’une immigration mal contrôlée. Il défen- D’autres élus sortants furent sibles et imaginables pour « détruire » ses tiers, estimés à plus du tiers des électeurs
dait la loi de son Etat autorisant les contrô- contraints de quitter le Parti républicain. adversaires politiques. du Parti républicain ?
les d’identité intempestifs des immigrés, C’est le cas de Charlie Crist, gouverneur Barack Obama est ainsi décrit comme Les partisans de l’Etat-providence l’em-
sur simple soupçon d’illégalité – loi qui républicain de Floride et candidat aux le traître par excellence, celui qui a rompu porteront-ils contre les nouveaux anti-
encourage, en fait, le profilage racial. Il sénatoriales de son parti, qui préféra faire avec les Pères fondateurs. Ses origines, fédéralistes ? L’enjeu est de taille, car il
réclamait, en outre, la construction d’une campagne sous l’étiquette d’« indépen- disait Glenn Beck, le 28 août sur Fox News, s’agit de savoir si la majorité des électeurs
« triple barrière » entre le Mexique et l’Ari- dant » pour éviter des primaires difficiles sont celles de tous les progressistes de gau- américains sera capable de surmonter cet-
zona et la présence de 3 000 gardes natio- et pour mieux confronter Marco Rubio, le che : « C’est 1848, Karl Marx, le socialis- te maladie infantile de l’ultraconservatis-
naux pour surveiller la frontière. candidat de la Tea Party, aux élections de me ! » Sinistre Coluche, Glenn Beck lais- me que le grand historien Richard Hofs-
Ce nouveau discours musclé permet- novembre. p sait entendre, en 2009, d’après l’enquête tadter qualifiait jadis de « style paranoïa-
tait à John Mc Cain de l’emporter haut la D. L. menée par Dana Milbank pour le Washing- que en politique américaine ». p
0123
Mardi 19 octobre 2010
Ne nous résignons pas au despotisme des maîtres actuels à Pékin
Les Européens ne doivent pas contribuer à l’étouffement du Nobel chinois
I
l y a un an, souvenez-vous, le Prix
Nobel de la paix submergeait l’ac-
tualité, la presse l’adulait, les res-
ponsables du monde entier le cou-
vraient d’éloges ; l’« obamania »
battait son plein. Aujourd’hui,
honoré par l’académie norvégienne, le
prisonnier de conscience Liu Xiaobo, sur
la brèche depuis Tiananmen (1989), sem-
ble, sitôt élu, sitôt oublié du personnel
politique.
Seul parmi les chefs d’Etat, Barack Oba-
ma, tributaire de la médaille, se fend
d’une félicitation, tandis que ses collè-
gues présidents avalent leur langue. Ser-
vice minimum en Europe : la Chine,
seconde puissance économique du glo-
be, rend-elle nos officiels muets et pusil-
lanimes ?
Pas seulement. Une discrète complici-
té double les geôles chinoises par le mur
de nos mutismes. Le modèle sournois du
despotisme moderniste, élaboré à Pékin,
séduit insidieusement.
Une naïveté nouvelle chasse l’ancien-
ne. Après la chute du mur de Berlin et la
dislocation de l’empire soviétique, la
démocratie universelle devait, par un
automatisme gracieux, accompagner la
mondialisation et les modernisations. Il
suffisait d’attendre mains croisées et de
raison garder, l’horloge de l’histoire son-
Eric Woerth: «La réforme des retraites
est une réforme gaulliste»
DIMANCHE SOIR POLITIQUE
France Inter « Le Monde » i -TELE
b b
avec Dailymotion
Eric Woerth
ministre du travail,
de la solidarité
et de la fonction publique
Le gouvernement a-t-il bien pris conscien-
ce des risques de radicalisation du mouve-
ment contre la réforme des retraites?
Le gouvernement a conscience de cela
mais il n’est pas là pour évoquer des idées
ou faire des colloques. Il est là pour prendre
des décisions et c’est ce que nous faisons. La
première des injustices serait de laisser les
retraites non financées, de vivre à crédit, de
construire des retraites sur du sable, du
vent, des marchés financiers. La France
emprunte aux banques pour payer les
retraites. Il faut que ça s’arrête.
La réforme a été longuement concertée.
Maintenant il faut la faire. Qu’il y ait des
contestations est assez naturel quand on
réforme un des éléments du système social.
En 2007, en 2003, il y avait déjà eu des mou-
vements de protestation. Ce que nous fai-
sons est une réforme gaulliste, au sens pro-
pre du terme. C’est une réforme pour l’inté-
rêt général qui, parfois, percute un peu l’opi-
nion publique parce que l’opinion n’a pas
envie de travailler plus longtemps. En
revanche, elle est consciente qu’il faut agir.
Vous allez envoyer l’armée pour assurer
l’approvisionnement en essence ?
Les forces de l’ordre vont débloquer les
dépôts au fur et à mesure. Ça a été le cas ces
derniers jours.
Les syndicats se plaignent d’une ruptu-
re du dialogue…
On ne cherche pas l’affrontement. Quel
gouvernement pourrait chercher l’affron-
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CHAQUE
JOUR
CHAQUE
SEMAINE
EN
PERMANENCE
André Glucksmann
Philosophe
nerait l’heure du triomphe inéluctable
de la liberté.
Aucune panne n’était envisageable.
Quand surgit l’imprévu au programme
des réjouissances, une crise financière
d’ampleur planétaire, les boussoles s’af-
folent et l’exemple chinois fait florès :
libéralisme économique effréné plus
contrôle politique autoritaire de la socié-
té, voilà l’inespérée martingale pour sor-
tir du bourbier ! Confucius avec moi !
Place de la Porte-de-la-Paix-Céleste, le
comité central du Parti communiste
chinois incarne l’apothéose du « retour
aux fondamentaux », que prêche, sur le
Vieux Continent, chaque postulant au
trône en mal de transcendances per-
dues. L’icône du Chinois calme et triom-
phant, parce qu’enraciné dans ses tradi-
tions, fait tourner les têtes occidentales.
Rien de nouveau sous le soleil des idéo-
logies. Il y a bien longtemps, les bons frè-
res missionnaires décrivirent un empire
céleste, paisible et sage, sous la férule
d’une hiérarchie intellectuelle et érudite
tement? Les contacts téléphoniques sont
quasiment quotidiens avec l’ensemble des
syndicats, Le dialogue démocratique exis-
te. Depuis son examen à l’Assemblée natio-
nale, le texte a été modifié dix-huit fois.
Mais vous refusez obstinément
de rediscuter des mesures d’âge…
Dans aucun pays au monde, on a fait
une réforme des retraites sans toucher à
l’âge. L’âge, c’est le cœur de tout système de
retraite. Travailler deux ans de plus est un
effort raisonnable. Si on y renonce, il fau-
drait surtaxer les Français ou diminuer les
pensions de 15% à l’horizon de 2018. On ne
peut pas faire ça.
Vous refusez aussi l’idée d’un Grenelle
des retraites…
Un Grenelle des retraites, qu’est-ce que
ça veut dire ? Qu’on fait une vaste concerta-
tion, qu’on décide plus tard ? Mais ça fait
vingt ans qu’on parle de la réforme des
retraites. Et, avec la gauche, il n’y en a
jamais eu.
Ne craignez-vous pas d’avoir perdu la
bataille de l’opinion ?
Mais non, on n’a rien perdu du tout. Les
choses changent très vite. C’est tellement
plus facile de venir sur un plateau de télévi-
sion et dire «c’est injuste». On va continuer
à expliquer sans relâche.
Pensez-vous que le Sénat aura voté la
réforme mercredi ?
Le débat est approfondi, il avance à un
rythme lent. Je ne sais pas si on sera prêt
mercredi. Ça dépendra des sénateurs et de
leur volonté ou pas d’accélérer les débats.
Le texte peut-il encore bouger ?
Les parlementaires ont le droit d’amen-
dement mais l’essentiel du texte n’est pas
modifiable.
Un remaniement est annoncé après la
réforme. Souhaitez vous rester membre
du gouvernement ?
10SEMAINES POUR
€ AULIEUDE95€*
38
CHAQUE
MOIS


(recrutée sur examen, s’il vous plaît).
Leurs courriers enjolivés imposèrent
l’idéal du « despotisme éclairé » qui fit
vibrer Voltaire et Frédéric de Prusse,
Marie-Thérèse, Diderot et Catherine II.
En vérité, un panier de crabes bureaucra-
tique, dominé par des mafias d’eunu-
ques, finit par décider, d’échecs en catas-
trophes, des destinées impériales.
La corruption galopante et les conflits
à couteaux tirés sont partie prenante des
sacro-saintes traditions. Mao n’a rien
inventé. Aujourd’hui, les dirigeants
chinois se consolent en se repaissant des
scandales politico-financiers qui écla-
tent ailleurs et ne désespèrent pas de
nous voir sombrer avant eux.
Les maîtres de la Chine, depuis tou-
jours, se méfient. Pas seulement de leurs
voisins ou de l’Occident, mais aussi et
surtout de leurs compatriotes, qui, pri-
vés des libertés élémentaires, se révol-
tent parfois avec une rare brutalité.
Les autorités impériales de jadis,
maoïstes d’hier, ou communistes
« modernistes » d’aujourd’hui, cédèrent
et cèdent encore à l’obsession de la forte-
resse assiégée comme au fantasme du
contrôle absolu des cerveaux.
Pourtant, trente années d’ouverture
et de mondialisation accélérée ont
enrichi mais inquiètent Big Brother.
Oui, je l’ai déjà dit. Est-ce que ce sera le
cas? Je n’en sais rien.
N’auriez-vous pas intérêt à quitter le
gouvernement pour mieux vous défen-
dre des accusations qui vous visent
dans le cadre de l’affaire Bettencourt ?
Pas du tout. Il y a une enquête prélimi-
naire, elle va aller au bout. Je suis très à
l’aise. C’est un problème personnel.
Vous avez vécu avec cette affaire pen-
dant des mois…
Oui, j’ai eu un article de presse à peu
près par jour, sur des sujets parfois déli-
rants.
Ça ne vous gêne pas qu’un juge d’instruc-
tion n’ait pas été chargé de l’enquête ?
Je ne m’exprimerai pas là-dessus. La jus-
tice s’organise comme elle le souhaite.
Quand vous revoyez la séquence, recon-
naissez-vous que vous avez péché par
imprudence ?
Je m’exprimerai le moment venu là-des-
sus. Je le ferai complètement. Ce n’est pas
facile d’avoir un article de journal tous les
jours qui essaie de vous détruire souvent
d’une façon assez folklorique. J’ai à la fois
du recul et pas de recul. Il faut du recul,
sinon vous ne résistez pas, et pas trop,
sinon vous ne vous défendez pas.
Ministre du budget et trésorier de
l’UMP, c’était une légèreté…
C’était parfaitement transparent et j’y
mettais ma déontologie.
Faut-il édicter des règles pour éviter les
conflits d’intérêts ?
Le conflit d’intérêts est un sujet pour tout
le monde. Pour les journalistes, les chefs
d’entreprise. On a vite fait de lancer l’oppro-
bre. Oui, je suis favorable à des règles.p
Propos recueillis par
Jean-François Achilli,
Jean-Jérôme Bertolus
et Françoise Fressoz
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Débats Décryptages 23
Pareille mutation ne reste pas purement
économique, elle commence à s’affir-
mer socialement (grèves ouvrières, mou-
vements dans les campagnes) et intellec-
tuellement : la Charte 08, inspirée de la
Chartre 77 de Vaclav Havel et ses amis,
refuse « la vie dans le mensonge », quitte
à se rendre passible de « crime de mots »,
donc de « subversion de l’Etat ».
Les dissidents
s’obstinent
à freiner les délires
qui logent en chacun,
humble ou puissant,
Occidental ou Oriental»
L’Histoire enseigne que les miracles
économiques, si impressionnants soient-
ils, ne suffisent pas. A l’orée du XXe siècle,
le « miracle économique » s’intitulait
Allemagne et Japon : deux empires qui
ne firent ni le bonheur de leur peuple ni
celui de la planète.
Pour dompter les démons de l’intolé-
rance, les ravages de la xénophobie, l’hy-
bris de la toute-puissance et finalement
la guerre, il faut des consciences coura-
geuses. Liu Xiaobo en est une. Les trois
Du bon usage de l’Europe
Dépenser moins, grâce à l’UE
Alain Lamassoure
Député européen, président
de la commission des budgets
N
ous nous servons mal de
l’Europe. Apprenons à en
faire le meilleur usage.
Prenons le budget. Dans
chacun de nos pays, la poli-
tique nationale est écarte-
lée entre deux contraintes contradictoires :
d’un côté, l’urgence absolue de réduire les
déficits, pour échapper à une hausse mor-
telledesfraisfinanciers;del’autre,lanéces-
sitéévidentedefinancerlesdépensesd’ave-
nir dont dépend le retour à une croissance
forte. Comment faire ?
A ce stade surgit le débat sur le budget
européen: les politiques européennes sont
financées par un budget communautaire
d’environ 130 milliards d’euros (40 % du
budget national français). Malheureuse-
ment, celui-ci trouve l’essentiel de ses res-
sources dans des contributions des bud-
gets nationaux.
On comprend la réaction épidermique
des ministres du budget : nous ne pouvons
pas en plus prendre en charge les besoins
accrus de l’Europe ! Le budget communau-
tairedoitobéirauxmêmesexigencesd’éco-
nomie de moyens. Pour cela, il faut inté-
grer la dimension européenne dès le
départ de la réflexion économique et des
travaux budgétaires. L’occasion en est don-
née par la mise en place de la « gouvernan-
ce économique » dont les modalités
devraient être arrêtées à la fin du mois. Nos
grands dirigeants veulent mettre en place
une étroite coordination des politiques
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cents intellectuels de renom, les dix mil-
le internautes qui signèrent, avec lui, la
Charte 08 de leur nom au risque de leur
vie et de leur liberté, constituent l’ébau-
che d’un contre-pouvoir. Grains de sable
qui enrayent les machines totalitaires,
selon Alexandre Soljenitsyne, les dissi-
dents s’obstinent à freiner les délires qui
logent en chacun, humble ou puissant,
occidental ou oriental.
Foin d’un réalisme à courte vue, inuti-
le de se pâmer devant le paradigme
d’une gouvernance à la chinoise. Même
rebaptisée complaisamment « despotis-
me éclairé », l’absence de démocratie lais-
se sans défense devant les dérives techni-
ques et mentales. Le plus beau cadeau
qui vient d’être offert à la Chine et, par là,
au monde entier, est le prix prestigieux
décerné à Liu Xiaobo derrière les bar-
reaux. Avec l’espoir, comme pour
Alexandre Soljenitsyne, comme pour
Lech Walesa, Desmund Tutu, Andreï
Sakharov et Nelson Mandela, que, petit à
petit, la liberté ira s’élargissant.
Un continent d’un milliard trois cents
millions d’habitants ne peut trop long-
temps être privé du droit de contester,
de discuter ou d’opiner, sauf à devenir
esclave des pires rumeurs et de sauvages
exaltations. Le silence abyssal des chefs
européens est extravagant. p
budgétaires, assortie d’une surveillance
desdéficitsetdel’endettementpublics.Pro-
posons-leur deux amendements.
1. Intégrons le budget européen à cette
coordination. Ce « 28e budget» est complè-
tementliéauxvingt-septautresparunphé-
nomène intégral de vases communicants:
ses recettes proviennent de ceux-ci, et, en
sens inverse, ses dépenses les soulagent
d’autant. Ainsi, le budget agricole français
serait dix fois supérieur sans les finance-
ments communautaires.
2. Ne limitons pas la coordination des
budgets au contrôle des soldes. Regardons
ensemble leur contenu. Le regard collectif
va nous révéler des pépites restées invisi-
bles au seul observateur national
La vocation des agences européennes,
créées en matière de sécurité alimentaire,
de sécurité aérienne, de sécurité ferroviai-
re, de lutte contre la drogue, n’est pas de se
superposer aux services nationaux, mais
bel et bien de les remplacer. Nous avons
misenplaceunvéritableservicediplomati-
que européen : les administrations diplo-
matiques et consulaires nationales doi-
vent évidemment être allégées parallèle-
ment. Il y en a un autre, encore plus specta-
culaire: la défense.
Ce serait une faute historique de ne pas
saisir l’occasion pour bâtir le début d’une
défense européenne commune, en accep-
tant enfin le partage des tâches, industriel
et militaire, auquel nous aurions dû procé-
der depuis la fin de la guerre froide.
D’unautrecôté,lapossibilité d’addition-
ner des efforts nationaux pour atteindre la
masse critique de moyens financiers et
humains indispensable à la réussite : la
recherche, l’innovation, l’aide au dévelop-
pement, sont des domaines où la duplica-
tion sans addition de dépenses nationales
aboutit à un gaspillage inutile. p
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24 Culture
Les chansons de Lennon
sous coffret zen
L’ancien Beatles, mort en 1980, fait l’objet d’une vaste
campagne de réédition de ses enregistrements en studio
Musique
L
es Beatles, encore et toujours.
L’année 2009 avait été celle
de la parution événementiel-
le de l’ensemble des enregistre-
ments du groupe britannique
enfin mis techniquement au plus
près de leur splendeur originelle.
L’année 2011 devrait être celle de
Paul McCartney, dont le catalogue
phonographique va être réédité,
avec dès le 8 novembre la sortie de
Band on the Run (1973), succès pla-
nétaire de son groupe post-Beatles,
The Wings. Mais, pour l’heure, l’an-
née 2010 est celle de John Lennon
(1940-1980), avec un ensemble de
parutions – depuis début octobre –
supervisé par sa veuve, Yoko Ono,
portant un nom de campagne poli-
tique: « Gimme Some Truth» (don-
nez-moi un peu de vérité).
Soit Power to the People : The
Hits, compilation de quinze succès
du chanteur et guitariste assassi-
né,à l’âgede 40 ans,par MarkChap-
man le 8 décembre 1980, à New
York ; un coffret thématique en
soixante-douze chansons sur 4 CD
Gimme Some Truth (le rock, la poli-
tique, l’amour, la vie quotidienne) ;
une édition en double CD de Dou-
ble Fantasy (1980) et, enfin, socle à
partir duquel ces diverses formes
voientle jour,le John LennonSigna-
ture Box. Le tout en CD et fichiers
numériques à télécharger.
Ce coffret, en forme de cube tout
de blanc et de bleu pâle zen vêtu,
comprend 11 CD, un épais recueil
de photos, avec textes agiographi-
Chanteuses et femmes d’influence
L
es femmes invitées, du 13 au
16 octobre, au Women’s
Forum doivent leur présen-
ce à Deauville à leur part de pou-
voir dans le circuit des affaires, à
leur ténacité exemplaire ou à
leurs capacités d’influencer. La
manifestation a été créée en 2005
par Aude Zieseniss de Thuin.
Tout, absolument tout, se dit en
anglais, et on ne lésine pas sur la
démonstration.
Vendredi 15 octobre, l’actrice
américaine Aimee Mullins (fem-
me guépard dans Cremaster 3, du
plasticien Matthew Barney, repor-
trice dans World Trade Center,
d’Oliver Stone) donnait les recet-
tes pour survivre dans un monde
de brutes. Ancienne employée du
Pentagone, athlète de haut
niveau, c’est le styliste britanni-
que Alexander McQueen qui l’a
Sur France Info
Olivier Emond
“En direct du Monde”
du lundi au vendredi à 21h25
avec
ques, reproductions de manuscrits
de chansons, et, caché dans un
petit tiroir, l’un de ses dessins. Len-
non post-Beatles – la séparation du
groupe est annoncée officielle-
ment le 10 avril 1970 –, ce sont huit
albums en studio (dont un double
et un posthume). Y sont ajoutés un
recueil de six chansons parues uni-
quement en singles (dont Instant
Karma et Give Peace a Chance) et
treize inédits, versions dépouillées
de certaines chansons et essais
plus ou moins aboutis. Prix, selon
les magasins, de 120 à 140 euros.
Retour à la source
des mixages
originaux d’avant
le passage au CD
John Lennon avait déjà bénéfi-
cié de plusieurs campagnes de réé-
dition soignées. Toutes déjà avec la
participation active – pour ne pas
dire le contrôle tatillon – de Yoko
Ono, qui pourtant déclare dans un
texte qu’il lui a été difficile de revi-
vre les souvenirs suscités par
l’écoute des cent vingt et une chan-
sonsdu corpus.En 2000-2001,Len-
non avait été remixé et remaste-
risé aux normes du numérique. En
2005-2006, nouvelle campagne,
nouveau mixage – mettant en
avantlavoixdeLennon, luiquisou-
haitait tant la noyer, la transfor-
mer,comme le rappelle Geoff Eme-
rick dans son livre En studio avec
les Beatles : les mémoires de leur
définitivement convaincue que
le handicap est un atout. En 1999,
pour un défilé Givenchy, il lui
crée une paire de jambes en hêtre
sculpté. Les spectateurs y voient
des bottes de bois portées par un
mannequin gracieux, ignorant
que l’élégante qui les porte a des
prothèses à la place des pieds, per-
dus à l’âge de 1 an.
Une image béton
Ces femmes sont ici parce qu’el-
les ont « un impact dans leur dis-
cours». Aimee Mullins dit que « la
beauté est l’expression de la curio-
sité», que tout le monde a son han-
dicap. Elle a douze paires de pro-
thèses, accessoires de beauté qui
lui permettent de varier de taille.
Angélique Kidjo a eu neuf frè-
res et sœurs. La chanteuse franco-
béninoise, née à Cotonou, vit aux
ingénieur du son (Le mot et le reste,
2009). Il est cette fois « digitally
remastered using original audio
mixes », soit un retour à la source
des mixages originaux des albums
d’avant le passage au CD et le
numérique. Une tendance du mar-
ché de la réédition depuis deux ou
trois ans.
En comparant, à l’oreille, avec
les 33-tours parus entre 1970 et
1980 et l’une ou l’autre des précé-
dentes éditions en CD, ce Lennon
2010 est en tout cas le plus exact.
Les équipes dirigées aux studios
Abbey Road par Allan Rouse – déjà
aux commandes pour les précé-
dentes rééditions Lennon, celles
des Beatles et celles à venir de
McCartney – n’ont pas poussé les
décibels (cache-misère qui donne
du volume et une impression de
clarté), ont rendu le flou et les bru-
mes caractéristiques des enregis-
trements de Lennon, en particulier
ceux produits par Phil Spector, et
laissé la voix à sa place.
Ason meilleur, il y a le doublé du
début, le quasi-autoportrait de
John Lennon/Plastic Ono Band
(1970), suivi d’Imagine (1971). Bais-
se de régime avec Sometime In New
York City (1972) plombé de chan-
sons slogans de Lennon en penseur
politique au ras des paquerettes.
Retour de forme avec Mind Games
(1973) et son mélange de ballades
rêveuses et de charge rock. Un cran
au-dessous, l’inégal Walls & Bridges
(1974) et l’exercice de style qu’est
Rock’n’Roll (1975), dans lequel Len-
non, avec Spector, visite ses classi-
Etats-Unis, où elle s’est forgé une
image béton. Ambassadrice de
l’Unicef, elle a créé une fonda-
tion, Batonga, pour l’éducation
des jeunes filles africaines. Aude
Zieseniss de Thuin l’a rencontrée
à Washington, en mars, lors
d’une soirée avec Hillary Clinton.
« Incontestablement, Angélique
Kidjo est une femme d’influence,
dit la directrice du Women’s
Forum. La chanson est une de ses
expressions, pas la seule. » Et par-
ce que le discours d’un artiste
peut autant marquer les esprits
que les performances financiè-
res, « Andjelique » était de la par-
tie deauvilloise – cinq chansons
au cocktail dînatoire, des nouvel-
les amitiés nouées et des débats.
Début octobre, Angélique Kid-
jo a chanté à Paris avec Bono, le
leader de U2, lors du vernissage
de l’exposition « Africa Rising »,
organisée par Louis Vuitton et
Edun, la marque de vêtements
d’Ali Hewson, épouse de Bono. Ni
Bono ni Angélique Kidjo ne figu-
rent dans le classement des
« 100 femmes les plus puissantes
du monde » publié par la revue
Forbes en octobre ; le premier est
un homme, la seconde n’a pas
atteint le niveau de fortune de
Lady Gaga (7e) ou de Beyoncé
Knowles (9e) et n’a gagné qu’un
seul Grammy Award, contre six
pour l’ancienne chanteuse des
Destiny’s Child. En ce cas, l’africa-
nité peut être un handicap.
Mais si Lady Gaga vient s’im-
miscer dans le peloton des dix
gagnantes de la liste Forbes –
Michelle Obama (1re), Angela Mer-
kel (4e), Hillary Clinton (5e), Indra
Nooyi, PDG de PepsiCo (6e)… –,
c’est, déclare un organisateur du
Women’s Forum, « parce qu’elle a
libéré les femmes des conventions
et défendu la cause des gays ».
Qu’elle est, donc, une femme d’in-
fluence. p
Véronique Mortaigne
(Deauville, envoyée spéciale)
John Lennon, à New York, en 1974. BOB GRUEN/AP
ques. Double Fantasy (1980), sera
l’album d’un retour aux affaires de
Lennon, parfois gentiment gnan-
gnan. Ce coffret permet de suivre
d’un seul tenant les hauts et les bas
Larry Clark refuse de grandir
L’exposition controversée fait apparaître un artiste qui s’autoanalyse
Photographie
L
es visiteurs de l’exposition de
Larry Clark émoustillés par
l’interdiction aux moins de
18 ans en sortiront déçus. Il n’y a
rien, dans la rétrospective « Kiss
the Past Hello », au Musée d’art
moderne de la Ville de Paris, qui
soitsusceptible de choquerun ado-
lescent d’aujourd’hui. A côté de ce
qu’ilcroisesansexplicationniaver-
tissement sur les réseaux sociaux,
les sites de vidéos ou de télécharge-
ment en ligne, les 200 images et les
deux vidéos de Larry Clark paraî-
traient presque ridicules : des
pénis en érection, des coïts cadrés
en plan large, des scènes de shoot,
des armes à feu.
Et il suffit d’entrer dans la pre-
mière salle, où est exposée la série
la plus réussie de Larry Clark, Tulsa,
pour que la force de l’œuvre fasse
passer la question de la respectabi-
lité au second plan. Ces images
noir et blanc, ici en beaux tirages
d’époque,ont faitdatedansl’histoi-
re de la photographie par leur cru-
dité et leur désespoir.
Au début des années 1960, Larry
Clark se morfond dans une petite
ville de l’Oklahoma, Tulsa. En l’ab-
sence de leurs parents, ses amis et
lui s’injectent des amphétamines,
couchent à tout va, roulent à tom-
beau ouvert et manient des flin-
gues. Clark photographie cette vie-
là, ses côtés sordides et ses éclats,
sans recul, quasiment en même
temps qu’il la vit. Et il le fait avec
style : formé par une mère qui
gagnait sa vie en photographiant
des bébés, il soigne le cadrage, joue
du contre-jour. Dans une image
célèbre, la lumière ourle le profil
d’une jeune fille qui se pique : elle
est enceinte. Clark ne prône rien,
ne dénonce rien. Mais il n’élude
pas non plus les conséquences de
cette vie d’autodestruction. L’ima-
ge qui suit montre les funérailles
de John Lennon. De chaque album
surgissenten toutcasunsensmélo-
diqueévident etdes chansonsdoré-
navant classiques. p
Sylvain Siclier
du bébé de quelques mois. Quand
le livre Tulsa sort en 1971, l’Améri-
que prend une claque.
Clark réussit à montrer ce que
personne ne veut voir : « A l’épo-
que, tout le monde savait qu’il y
avait des incestes, de la drogue, des
enfantsbattus, maison faisait com-
me si ça n’existait pas. » Il s’y fait
aussi le pionnier d’une veine auto-
biographique qui sera revendi-
quée par des artistes comme Nan
Goldin.TeenageLust(1984),son tra-
vail suivant, journal intime « des-
troy », mêle dans le même raffine-
ment terrible des photos ancien-
nes et des images de son compa-
gnonnage avec des adolescents qui
se prostituent à New York.
« Adolescence de merde »
Par la suite, Larry Clark va rom-
preavec ladrogue etla violence,fai-
re des enfants. Mais il restera blo-
quésur l’adolescence,dansses pho-
tos comme dans ses films, de Kids
(1995) à Wassup Rockers (2005).
Sans doute parce qu’il a le senti-
mentden’avoirjamais vécupleine-
ment cet âge : « J’ai eu une adoles-
cence de merde. J’ai commencé la
drogue à 15 ans. Je n’ai atteint la
puberté qu’à 16 ans, je pensais que
j’étais anormal. »
Il faut donc prendre ses images
moins comme un propos sur la
déliquescence de la jeunesse que
comme une interminable séance
d’autoanalyse, la vision fantasmée
et trouble d’un enfant attardé qui
refuse de grandir. Et cette obses-
sion peut lasser.
Au fur et à mesure que Clark
prendde la distance avec ses sujets,
les scènes se font plus posées, les
images plus académiques, il y a des
répétitions, de la complaisance.
Comme quand il fait poser, en
1992, de façon pesante, un éphèbe
qui suce un pistolet avec un plaisir
évident. Et lorsque Clark suit le ska-
teur Jonathan Velasquez de 14 à
0123
Mardi 19 octobre 2010
John Lennon Signature Box, 1 coffret
de 11 CD, Capitol/EMI. Albums disponi-
bles individuellement (sauf celui avec les
singles et les inédits). Power To The
People-The Hits, 1 CD EMI.
21 ans, ses grands formats couleur
ne sont pas inoubliables.
Pour autant, il reste celui qui a le
mieuxsaisile narcissisme et l’exhi-
bitionnisme propre à cet âge – et
sans doute à l’époque. A voir les
sites où des adolescents postent
images et récits scabreux de leurs
exploits, on se dit que les obses-
sionsde Larry Clarkrejoignent sou-
vent la réalité.p
Claire Guillot
« Kiss the Past Hello ». Musée d’art
moderne de la Ville de Paris, 11 av. du
Président-Wilson Paris 16e. Tél. :
01-53-67-40-00. Mo Alma-Marceau. Du
mardi au dimanche, de 10 à 18 heures
(nocturne le jeudi jusqu’à 22 heures). De
2,5 ¤ à 5 ¤. Jusqu’au 2 janvier 2011. Inter-
dit aux moins de 18 ans.
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0123
Mardi 19 octobre 2010 Culture 25

Réserves et incertitudes autour du projet Beckett dans la voix

de la Maison de l’histoire de France de Lou Doillon
Présentant la future institution lors des Rendez-Vous de l’Histoire de Blois, les responsables Au Théâtre d’Orléans, «L’Image», une courte
du projet ont répondu, dimanche 17octobre, aux critiques formulées par certains historiens pièce mise en scène par Arthur Nauzyciel
Blois terme de “maison”, c’est justement «galerie du temps », et dont la loca- te. Tout comme quand je lis dans la Théâtre c’est une image. Beckett la décrit en
Envoyé spécial parce que nous ne voulons pas met- lisation, sur le site historique des lettrede mission adressée à Eric Bes- une seule phrase sans virgules, qui
tre l’histoire dans la naphtaline, Archivesnationales, àParis, suscite son en mars 2009, que le musée Orléans (Loiret) tient sur deux feuilles. Nauzyciel a

D
ehors, le froid était glacial. mais montrer l’histoire telle qu’elle une vive controverse depuis son doit“faire vivrenotreidentiténatio- Envoyée spéciale choisi de la porter à la scène en
Dedans, l’accueil l’était tout se fait, en organisant notamment annonce par Nicolas Sarkozy, le naleauprèsdugrandpublic”.»Don- 2006, à l’invitation du festival du

autant. Et pourtant, ils ont
fait comme si de rien n’était, arbo-
rant de larges sourires et multi-
pliant les efforts pour rassurer
ceux qui s’inquiètent du projet
dont ils sont responsables.
Invités, dimanche 17 octobre,
aux 13es Rendez-vous de l’histoire
de Blois, à présenter ce que sera la
Maisondel’histoire deFrance,Jean-
François Hébert, Hervé Lemoine et
Charles Personnaz ont répondu
pendant une heure et demie aux
critiques que soulève, auprès des
historiens, la future institution.
Ces critiques sont de plusieurs
types. Pour certains, c’est le princi-
pe même d’un musée d’histoire
qui est condamnable. « L’histoire
est contradictoire et conflictuelle.
Un conflit, ça ne se met pas en
musée », avait ainsi estimé Michèle
Riot-Sarcey,professeur àl’universi-
té Paris-VIII, lors d’un débat aux
Archives nationales, à Paris, jeudi
14 octobre. « Si nous avons choisi le
Le personnel des Archives nationales toujours mobilisé
Une quinzaine de membres de
l’intersyndicale (CFDT, CFTC,
CGC, CGT) des Archives nationa-
les (AN) étaient présents à
Blois, dimanche 17 octobre, pour
faire signer une pétition contre
l’installation de la Maison de
l’histoire de France dans le « qua-
drilatère historique » des AN, à
Paris. Estimant que cette déci-
sion met en cause les arbitrages
desdébatsetdescolloques », aexpli-
qué M. Hébert, président de l’Asso-
ciation de préfiguration de la Mai-
son d’histoire de France (APMHF).
Pour d’autres universitaires,
l’histoire a sa place au musée, mais
le cadre spatio-temporel envisagé
pose problème. Michelle Perrot,
professeurémériteà Paris-VII, pen-
se qu’« à l’époque de la globalisa-
tion un tel musée n’est pas une prio-
rité », et qu’« il faut plutôt concevoir
des projets à l’échelle européenne
ou mondiale».
Annette Becker s’interroge, elle,
sur l’amplitude chronologique
choisie. « Un bon musée d’histoire
est un musée à la pointe de l’histo-
riographie sur un sujet précis, affir-
me la vice-présidente du centre de
recherche de l’Historial de Péronne
(Somme). Croire qu’on peut être
pointu sur 2 500 ans est ridicule. »
Cette critique vise directement
la partie de la future « Maison »,
que ses concepteurs appellent la
validés en 2009 par le ministère
de la culture, Wladimir Susanj,
de la CGT, a déclaré à Hervé
Lemoine, directeur des archives
de France : « On ne vous laissera
pas faire ! Vous êtes des cas-
seurs ! » Selon l’intersyndicale,
qui occupe depuis le 16 septem-
bre l’hôtel de Soubise, dans le
quartier du Marais, la pétition a
déjà recueilli 4 000 signatures.
12septembre.
Critiquée par de nombreux his-
toriens qui y voient le lieu possible
Un conseil
scientifique «de 30
à 40 membres»
serait nommé
courant novembre
d’un « roman national » convenu,
faisant la part belle aux grandes
dates et aux grands hommes, cette
galerie pourrait être plus modeste
que prévu. « Cet espace a intérêt à
être synthétique, afin de laisser un
maximum de place pour les exposi-
tions temporaires, qui sont plus
aptes à porter un point de vue criti-
quesur l’histoire»,a indiqué M.Per-
sonnaz, directeur de l’APMHF.
Reste la question de la légitimité
du projet. Pour Fabrice d’Almeida,
professeur à Paris-II, « l’idée n’a
rien d’indigne en soi, mais cette
“Maison” ne compensera jamais les
dégâts que ce gouvernement a cau-
sés dans l’enseignement de l’histoi-
re, notamment en n’en faisant plus
qu’une option en terminale S ».
« Tout le projet est placé sous le
sceau du sarkozysme triomphant,
soutient Nicolas Offenstadt, maî-
tre de conférences à Paris-I. Quand
jelis sous la plume d’HervéLemoine
que le musée doit mettre en éviden-
ce “l’âme de la France”, je m’inquiè-
nant la liste des ministères asso-
ciésàla réflexion sur lafuture insti-
tution, Hervé Lemoine, directeur
des Archives de France, a cité la
culture, l’éducation nationale, l’en-
seignement supérieur et la défen-
se… mais pas l’identité nationale.
« Grâce au rapport de force éta-
bli par ses opposants, j’ai l’impres-
sionqueleprojet,quiau départ pou-
vait susciter des réticences philoso-
phiques légitimes, est en train de se
recentrer », explique Pascal Ory,
professeur à Paris-I. « L’enjeu essen-
tiel, maintenant, est que la Maison
de l’histoire de France soit totale-
ment indépendante de l’autorité
politique », ajoute Vincent Duclert,
professeur à l’Ecole des hautes étu-
des en sciences sociales.
Pourasseoirla légitimitédel’ins-
titution, dont l’ouverture est pré-
vue pour 2015, Jean-François
Hébert a précisé qu’un « conseil
scientifique de 30 à 40 membres »,
serait nommé courant novembre.
Pour le présider, le nom de Jean-
PierreRioux est souvent cité.Celui-
ci nous a indiqué qu’il n’était « can-
didat à rien », mais samedi, au
grand dîner organisé au château de
Blois par les Rendez-vous de l’his-
toire, tout le monde a remarqué la
présence de l’ancien inspecteur
général de l’éducation nationale,
auteur en 2009 d’un rapport sur la
localisation du futur musée, à la
table de MM. Hébert, Lemoine et
Personnaz. p
Thomas Wieder
L
ou Doillon fait ses premiers
pas au théâtre. Jusqu’au
22 octobre, elle dit L’Image, de
Beckett, dans la mise en scène d’Ar-
thur Nauzyciel, directeur du Cen-
tre dramatique national d’Orléans.
Elle n’est pas seule : une musicien-
ne, Mileece, et un danseur, Damien
Jalet, interviennent dans ce specta-
cle à trois voix et en forme de per-
formance,courte(45minutes)com-
me un flash, qui vous laisse un sou-
venir tenace. Il se donne dans la
nouvelle salle de répétition du
Théâtre d’Orléans, recouverte
d’une pelouse qui sent l’herbe fraî-
che. Le public est assis sur des
bancs blancs, le long des murs. La
lumière est celle d’un plein jour.
Ce jour est celui d’un souvenir.
Quand il écrit L’Image, dans les
années 1950, Samuel Beckett
(1906-1989) se revoit à 16 ans, avec
une fille, dans un champ. Cela se
passe au mois d’avril ou de mai, la
fille n’est peut-être pas jolie et lui a
des boutons. Mais ils se tiennent
par la main, et le ciel est « bleu
d’œuf ». Ils grimpent sur une mon-
tagne, mangent des sandwichs en
semordant avecdes baisers.Le bon-
heur ? Oui, mais avec un goût de
boue dans la bouche, l’« envie de
crier plaque-la là et cours t’ouvrir
les veines », et ce geste qu’il fait d’al-
longer au maximum son bras dans
l’axe de la clavicule, parce que ça
l’aide, il ne sait pas pourquoi.
Chacun peut lire L’Image com-
meil l’entend, justement parceque
centenaire de la naissance de
l’auteur d’En attendant Godot, à
Dublin. Depuis, il a repris le specta-
cle à Reykjavik, Bordeaux et New
York. Toujours dans des endroits
décalés. En 2008, Lou Doillon a pris
le rôle créé au départ par Anne Bro-
chet.Ellesait qu’onl’attendautour-
nant,comme«fille de»et« manne-
quin qui voudrait faire du
théâtre».
La « boue » inquiétante
Tout cela s’oublie quand on la
voit,droitedans sesbottes,et qu’on
l’entend, avec sa voix de fumeuse:
elle a une présence et un appétit
des mots, qu’elle malaxe sans peur
de déglutir la « boue » inquiétante
dont parle Beckett. Entre elle et ses
camarades,leliensetisse toutnatu-
rellement, qui fait entendre les
sons organiques imaginés par
Mileece– une découverte, àla Björk
–, et les impressionnants mouve-
ments saccadés et rampants de
Damien Jalet : chacun à sa façon et
chacun en un quart d’heure, ils
sculptent L’Image comme un orga-
nisme vivant. p
Brigitte Salino
L’Image, de Beckett. Mise en scène :
Arthur Nauzyciel. Avec Lou Doillon,
Damien Jalet, Mileece. Théâtre d’Or-
léans, bd Pierre-Ségelle. Tél. :
02-38-81-01-00. Mardi 19 octobre, à
20 h 30 ; mercredi 20, à 19 h 30 ; jeudi 21,
à 20 h 30 ; vendredi 22, à 19 h 30. De 7 ¤ à
20 ¤. Texte édité chez Minuit (17 p., 5 ¤).

FlorentMarchetetlessubtilitésdelachanson«concernée» Instantané musique

Pour son troisième album, «Courchevel», le chanteur a créé un studio et un label
Piano sous l’autorité de Debussy
Rencontre FLORENCE CIOCCOLANI semble son de l’auteur de La Mer, dans l’an-
placée sous haute surveillance lors- cien salon devenu Auditorium

A
lors que Paris s’ébroue entre
grèves et manifestations,
dans un café près de la place
de la République, Florent Marchet
se revendique « chanteur concer-
né ». Petite moustache, silhouette
de dandy fragile mais conviction
solide, il s’étonne que « ça ne pète
pas davantage » face au « mépris
affiché par le président et aux
acquis sociaux qui ne cessent de
reculer ».
Auteur, à 35 ans, de trois albums,
dont le récent Courchevel, Berri-
chon exilé dans la capitale, Mar-
chet s’est révélé l’une des plumes
les plus attachantes de la nouvelle
vaguedelachansonfrançaiseappa-
rue dans les années 2000. Plus
adepte des subtilités ironiques que
des slogans définitifs, cet enfant
d’activistes culturels en milieu
rural, grandi à Lignières, un village
du Cher, ne prend pas moins au
sérieux son rôle d’artiste.
« Alors que l’on recommence à
rendre synonyme travail et souf-
france, il faut souligner l’importan-
ce de la culture, de l’épanouisse-
ment de soi dans le progrès social. »
Avantd’être un engagement politi-
que, cette « réalisation de soi dans
le travail » a d’abord été une quête
personnelle.
Premièreétape :comment s’épa-
nouir dans un genre ringardisé par
la variété des années 1990 ? « Ado-
lescent, j’écoutais en boucle Ferré,
Brigitte Fontaine et Bashung, mais
j’avais honte de dire aimer la chan-
son française », se souvient Mar-
chet. « Pour mes copains, elle était
d’abordsynonymedePagnyetObis-
po. Heureusement des artistes com-
me Miossec ou Dominique A nous
ont décomplexés, en donnant de la
chair à leurs textes et de l’ambition
à leur musique. »
Dans cette brèche ouverte par
ces chanteurs sensibles aux auda-
ces rock comme à la langue de
Gainsbourg, d’autres (Vincent
Delerm, Jeanne Cherhal, Mic-
key 3D…) se sont engouffrés. Avec
ses faux airs de Dutronc et de
vraies tonalités à la Souchon, Flo-
rent Marchet se plaçait en arrière-
plan de charme, avec un premier
album, Gargilesse (2004), puis
l’audacieux Rio Baril (2007), ques-
tionnant en particulier ses racines
provinciales entre nostalgie et
détestation.
Nouvelles voies
Son besoin de « se réaliser dans
l’exil » se complétait rapidement
d’une envie de casser les codes du
couplet-refrain. Approché par des
festivals de littérature, le chanteur
se lie alors avec des auteurs com-
me Arnaud Cathrine ou Olivier
Adampour denouvelles voies créa-
tives. « Mes copains écrivaient des
romans, je me suis mis à écrire une
histoire », rappelle le chanteur
pour expliquer la genèse de Rio
Baril album concept en forme de
western pop. En 2008, Marchet
poussait ses complicités littéraires
jusqu’à un livre-disque, Frère ani-
mal (Verticales, 98 p., 15 ¤), regard
acerbe sur le monde du travail,
conçu avec Arnaud Cathrine.
Lâché par une maison de dis-
ques (Barclay) peu friande de ces
ambitions formelles, Marchet doit
maintenant chercher son épa-
nouissement dans l’autonomie de
sa propre maison de production
(Nodiva). Enregistré dans le studio
qu’il a créé pour l’occasion, Cour-
chevel se trouve être paradoxale-
ment son album le plus accro-
cheur. « Je voulais revenir à plus de
simplicité, de fulgurance », admet-
il. « Trop de poésie peut brouiller les
pistes. » Riche d’une plus grande
DR
variété musicale, ce troisième
album dont la pochette a été
conçue par le photographe améri-
cano-cubain, Anthony Goicoléa,
varie les angles descriptifs et les
degrés de morsure, les chansons
saisissent le spleen d’une jeunesse
dorée (Courchevel), ironisent sur
les licenciements (La Charrette),
content un drame familial (Nar-
bonne Plage) ou la violence d’une
vie de sans-abri (Qui je suis).
« Pourquoi êtes-vous si triste ? »,
questionne un des titres. « Comme
disait Chabrol, je ne suis pas un dea-
ler de divertissement », s’amuse
Marchet. « Le rêve, l’oubli, il y a des
drogues pour ça. » p
Stéphane Davet
Courchevel, de Florent Marchet, 1 CD
Nodiva/PIAS.
En tournée à partir du 21 octobre, lieux
et dates sur Florentmarchet.com
qu’elle s’assied au piano samedi Yvonne-Lefébure, on croirait avoir
16octobre, en fin d’après-midi, accès à du Debussy de première
pour donner un récital devant une main. La suite du programme
trentaine de personnes dans la mai- confirme la sensation d’authentici-
son natale de Claude Debussy, à té qui émane du jeu de Florence
Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). Cioccolani.
Au mur, un portrait peint du La lauréate de l’édition 2008 du
compositeur tend l’oreille à celle Concours international de piano
qui va interpréter quelques-uns de d’Orléans – distinction qui lui vaut
ses préludes. Tout aussi « pesan- de publier un premier CD pour la
te», une photographie de la pianis- compagnie Sisyphe, à dominante
te Yvonne Lefébure (1898-1986), contemporaine – se retrouve dans
interprète et grand professeur, son élément avec Martin Matalon
vaut à Florence Cioccolani d’appa- et Bruno Mantovani.
raître entre deux profils très inti- Le premier séduit par les recher-
midants… ches coloristes de Dos formas del
Encadrée par de telles icônes, la tiempo, tandis que le second – pro-
tête de l’interprète, âgée de 29 ans, che de Debussy dans l’aptitude à
reste froide, et son jeu, incroyable- témoigner de l’infini dans un
ment posé, y compris dans les cadre clos – permet, avec Suonare,
traits de virtuosité. Ce qu’a vu le d’apprécier en Florence Cioccolani
vent d’ouest est restitué avec une la maîtrise d’une nature explosi-
rare autorité. ve.p
Au deuxième étage de la mai- Pierre Gervasoni
Droits d’auteur Le fournisseur d’accès Free accepte
d’envoyer les courriels d’avertissement de l’Hadopi
Dans un entretien accordé au quotidien économique Les Echos, Xavier
Niel, le patron fondateur du fournisseur d’accès à Internet Free (Iliad), a
déclaré que sa société allait «commencer à envoyer » les courriels d’aver-
tissement de l’Hadopi aux pirates dès lundi 18 octobre. Free rejoint ainsi
Orange, SFR et Bouygues, qui s’étaient conformés, début octobre, à l’in-
jonction légale d’envoyer ces messages. M. Niel précise que la position de
refus de la société Free n’était «ni marketing ni financière. Nous n’avons
pas gagné un abonné en refusant de collaborer au-delà de ce que nous
imposent les textes ». M.Niel est futur actionnaire majoritaire du Monde.
Cinéma « Jackass 3D » en tête du box-office
nord-américain
Le film Jackass 3D, de Jeff Tremaine, déclinaison en relief d’une émis-
sion de télévision américaine dans laquelle des jeunes se lancent des
défis insensés, a pris la tête du box-office nord-américain, selon les esti-
mations de la société Exhibitor Relations publiées dimanche 17 octobre.
Le film a empoché 50 millions de dollars (36 millions d’euros) lors de
son premier week-end d’exploitation. Red, de Robert Schwentke, avec
Morgan Freeman et Bruce Willis, est à la deuxième place du classement
avec 22,5 millions de dollars. The Social Network, de David Fincher, est au
troisième rang avec 11 millions de dollars, après avoir été en tête du box-
office pendant deux semaines (63 millions de dollars au total). – (AFP.)
26 & Vous 0123
Mardi 19 octobre 2010

L’art du déchet
Quand le recyclage de déchets devient une œuvre d’art, il s’ex-
pose à l’espace Bastille Design Center, à Paris. Organisée par
l’association Artistes à la Bastille, l’exposition « Uni-Vert » est
ouverte au public du mercredi 20 au samedi 23 octobre. Un
filet tendu en l’air retient toutes sortes de détritus repeints en
vert (cartons d’emballage, bidons, couverture de survie, bou-
teilles…). Des boîtes de conserve détournées ou repeintes
logent dans les casiers de bois de ce bel espace, construit en
1850, afin d’y accueillir le dépôt d’une usine de quincaillerie.
« Les exposants devaient poser un questionnement écologique
sur l’état de la planète », explique Christian Rouchouse, le pré-
sident de l’association, créée en 1989 pour promouvoir les
artistes du quartier de la Bastille et des arrondissements limi-
trophes. Des bouchons, des ficelles ou des morceaux de tissu
collés par la peintre Béatrice Douillet sur des morceaux de car-
ton deviennent, par exemple, les éléments d’une installation
en forme de croix, appelé Notre-Dame-du-Dépotoir. « Je fais
une prière pour que l’on garde notre environnement propre »,
commente l’artiste. p Rafaële Rivais (PHOTOS DR)
« Uni-Vert », au Bastille Design Center, 74, boulevard Richard-Lenoir,
Paris 11e.Tél. : 01-48-06-67-99.
Bastille-design-center.com ; Artistesalabastille.com

Enfants sous surveillance électronique

Une trentaine de maternités en France ont équipé les bébés de puces. Aux Etats-Unis, une école a déjà franchi le pas

Mode de vie lesquels sont insérées des puces

RFID actives. Le but : économiser

A
u nom de la sécurité, notre
société doit-elle tout accep-
ter ? L’entreprise Lyberta
vient de renoncer à équiper des
bébés de ses puces électroniques
dans plusieurs crèches de la région
parisienne. L’information, révélée
par Le Parisien en septembre, avait
suscité une polémique. Syndicats,
municipalités, associations
s’étaient indignés de l’arrivée de
Big Brother au royaume des tout-
petits. Mais, paradoxalement, sur
les forums en ligne, les avis étaient
partagés: « J’en rêvais depuis que je
suis maman, a ainsi écrit une fem-
me sur LePost.fr. Ma fille de 3 ans
estsortiede lamaternelle,etles maî-
tresses l’ont retrouvée dans une rue
plus loin. (…) Je préfère mettre une
puce à mon enfant qu’avoir recours
au plan alerte enlèvement. »
Dans une société qui aspire au
risquezéro, fantasmequeles politi-
ques agitent à chaque crise en par-
lant du principe de précaution,
sommes-nous prêts à faire porter
des puces à nos enfants ? Pour Alex
Türk, président de la Commission
nationale de l’informatique et des
libertés (CNIL), « le problème de
fond est que nous assistons à un
déferlement technologique, alors
que notre société n’a aucune
réflexion sur ces sujets ».
Car, avant même qu’un débat
ait eu lieu, la technique, elle, est
d’ores et déjà efficiente. Cequi pou-
vait passer il y a encore une décen-
nie pour de la science-fiction est
accessible grâce à l’identification
par radiofréquence (RFID). Les
puces RFID, sortes de « radio éti-
quettes », permettent de stocker
des données à distance. Il suffit
d’apposer, de coller ou d’incorpo-
rer cette puce dotée d’une antenne
pour qu’un bracelet ou un vête-
ment devienne non seulement
« intelligent », mais également
« unique ».
La puce RFID peut être passive
– comme celle incluse dans le pas-
se Navigo de la RATP, qui a besoin
d’un émetteur, la borne, pour s’ali-
menter – ou active. Dans ce dernier
cas, la puce est autonome et émet
un signal à intervalle régulier. Le
lieu à surveiller est maillé de récep-
teurs qui localisent à tout moment
les puces et leurs possesseurs. Près
de 150 maternités dans le monde
utilisent déjà ce type de système :
desbracelets équipés de puces acti-
vespermettent de localiserles nou-
veau-nésdans les bâtiments.L’aler-
te est donnée lorsque le bracelet
est coupé, recouvert ou sorti du
périmètre de surveillance.
« Notre premier contrat a été
signé en 2001 avec la maternité
publique de Birmingham, expli-
que Laurent Levasseur, directeur
général de l’entreprise française
Bluelinea. Peu de temps avant, un
nourrisson avait été kidnappé. » La
société s’est depuis développée
dans 17 pays, notamment aux
Etats-Unis, à Hongkong, au
Koweït, en Espagne, au Benelux…
Un nouveau-né muni d’un bracelet électronique à la maternité de l’hôpital du Raincy-Montfermeil. OLIVIER LABAN-MATTEI/AFP
« Le Portugal et le Brésil ont même
légiféré pour rendre obligatoire un
dispositif de sécurité individuel
dans les maternités pour lutter
contre les rapts et les échanges »,
précise M. Levasseur. Quelque
300 000 bébés ont été équipés
dans le monde en 2009.
La France n’est pas en reste où
près de 50 000 nouveau-nés ont
porté une puce en 2009. « Une
trentaine d’hôpitaux utilisent
Une expérimentation en 2011 avec des malades d’Alzheimer
UNE EXPÉRIENCE INÉDITE se pré-
pare pour le début 2011 en France.
La société Bluelinea souhaite équi-
per d’un bracelet électronique
5000 patients atteints de la mala-
die d’Alzheimer pour les surveiller
à domicile. Coût de cette opération
pilote, gratuite pour les patients:
environ 10 millions d’euros. L’en-
treprise, qui fournit les bracelets,
annonce un investissement de
5millions. Elle recherche des parte-
naires financiers locaux, notam-
ment auprès des agences régiona-
les de santé (ARS). Objectif affiché :
tester cette technologie dans qua-
tre à cinq régions. « Il n’est pas
impossible que nous financions
une partie de l’opération Alzhei-
mer, sous réserve des déclarations
obligatoires à la CNIL », affirme
Hervé Barge, chargé de mission sys-
tème d’information et télémédeci-
ne de l’ARS de Franche-Comté.
Selon le dispositif, le malade
porte 24 heures sur 24 au poignet
notre bracelet, mais le sujet est
encore tabou », ajoute M. Levas-
seur. « En 2009, deux tentatives de
rapt ont eu lieu dans des materni-
tés françaises, dont une dans notre
région, explique Philippe Cruette,
directeur adjoint de la polyclini-
que Bordeaux-Nord. Nous avons
voulu répondre aux craintes des
mamans qui avaient eu connais-
sance de ces faits par la presse. »
Depuis janvier, le bracelet à puces
un bracelet rehaussé d’un cube de
la taille d’un domino. Dans ce boî-
tier, une puce RFID (identification
par radiofréquence) émet une pul-
sation par seconde d’une portée
de 15 mètres. Dans la maison, un
récepteur permet de vérifier que
la puce est toujours dans le péri-
mètre à surveiller. Dans le cas
contraire, une alarme se déclen-
che via une hotline présente
24 heures sur 24 à Saint-Etienne,
qui prévient alors les personnes
concernées dans l’entourage.
« Rester à domicile »
«Ce que nous proposons est
avant tout un bracelet de répit
pour soulager les aidants et proté-
ger les patients, explique Laurent
Levasseur, directeur général de
Bluelinea. Nous voulons, par ce pre-
mier test, privilégier des personnes
ayant un aidant à domicile. » Pour
recruter les malades participant à
cette expérimentation, il compte
est ainsi proposé sur la base du
volontariat. « Une mère sur deux le
demande, précise M.Cruette. Plu-
tôt de jeunes femmes qui viennent
d’accoucher de leur premier
enfant. »
Si le marché est florissant, le
directeur de Bluelinea s’est fixé
comme ligne de conduite de
n’équiper ni crèches ni écoles :
« Les premières demandes sont
venues de Belgique, après l’affaire
s’appuyer sur les centres locaux
d’information et de coordination
(CLIC), où toute personne de plus
de 60 ans peut se rendre.
Côté terrain, cette initiative
issue du secteur privé n’est pas
mal perçue. « Des personnes âgées
souhaitent rester à domicile, mais
certains problèmes de sécurité, s’ils
ne sont pas gérés, peuvent hâter
une mise en institution, explique
Rudy Lanchais, directeur de l’hôpi-
tal gériatrique de Sully-sur-Loire.
Une solution technique comme cel-
le proposée par Bluelinea est plutôt
séduisante. Mais il faut plusieurs
prérequis. Une simplicité d’utilisa-
tion, ce qui semble être le cas. Ce
projet doit aussi être celui de la per-
sonne et de son entourage. Enfin, si
l’alarme est déclenchée, le système
doit s’appuyer sur des relais locaux,
comme les CLIC, qui me paraissent
être un bon support.»
Le philosophe Pierre Le Coz,
vice-président du Comité consul-
Dutroux. J’ai refusé. Il existe un
effet pervers à équiper des mineurs,
cela les déresponsabilise. On ne
peut pas faire n’importe quoi sous
prétexte que la technique le per-
met.»
Des considérations qui ne sont
visiblement pas de mise aux Etats-
Unis. Depuis septembre, une école
maternelle de Richmond (Califor-
nie) fait porter à des bambins de 3 à
6 ans des maillots de basket dans
tatif national d’éthique (CCNE),
est plus dubitatif. « Je trouve dom-
mage que le CCNE ne soit pas saisi
de cette question par une institu-
tion nationale, explique-t-il. Cet
effet de masse annoncé,
5 000 patients, ne me paraît pas
opportun. A partir de quand
devient-on " puçable" ? Je ne suis
pas un adversaire de cette techno-
logie, mais il ne faut s’y résoudre
que si l’on a vraiment tenté toutes
les autres solutions. La Sécurité
sociale a 22 milliards d’euros de
déficit. Jouons carte sur table : sous
un habillage pseudo-éthique, on a
des arrière-pensées d’économies. »
Laurent Levasseur ne le nie pas :
« Le maintien en institution d’une
personne vulnérable coûte entre
7 000 et 10 000 euros par mois.
Notre solution demanderait 1 000
à 1 500 euros pour l’installation,
puis 50 euros par mois pour en
assurer le suivi. » p
L. Be.
3 000 heures de surveillant. « C’est
une école payée par des fonds fédé-
raux. Les enfants qui la fréquentent
viennent de milieux très défavori-
sés. Les parents ne comprennent
pas vraiment les enjeux, explique
Nicole Ozer, avocate et membre de
l’organisation de défense des liber-
tés American Civil Liberties Union
of Northern California (ACLU-NC).
Cela a coûté 160 000 dollars.
Autant d’argent qui aurait permis
d’engager des enseignants supplé-
mentaires. De surcroît, il a été prou-
vé que ces systèmes peuvent être
piratés et mettre encore plus les
enfants en danger. »
LaCalifornien’en estpasàsapre-
mière expérience. En janvier 2005,
une école primaire au nord-ouest
deSacramento avait équipéses élè-
«Je suis assez
pessimiste. Notre vie
privée, telle que
nous la concevons,
n’existera plus»
Alex Türk
président de la CNIL
ves avant d’y renoncer, six semai-
nes plus tard, devant la bronca de
parents d’élèves s’insurgeant
contre ce mode de surveillance dis-
proportionné. Une expérience
éclair qui a tout de même permis
aux associations de défense des
droits civiques d’élaborer un pro-
jet de loi pour encadrer l’utilisa-
tion des puces dans les écoles.
« Ce projet a été massivement
adopté en 2007, explique Mme Ozer.
Cette loi stipule que les parents doi-
vent être informés de la technolo-
gie et donner leur accord. Mais le
gouverneur, Arnold Schwarzeneg-
ger,n’apassigné ledécretd’applica-
tion, arguant, à l’époque, que cela
était inutile car aucun cas n’était
plus à signaler en Californie. » L’ac-
tualité récente lui a donné tort.
« Je suis assez pessimiste. Notre
société va être secouée ces quinze
prochainesannées,carnotre viepri-
vée, telle que nous la concevons,
n’existera plus, commente Alex
Türk. Il faut être parfois capable de
renoncer à la tentation technologi-
que.Nous allonsversune miniaturi-
sation des équipements. Et plus
ceux-là sont petits, plus il est diffici-
le de légiférer. Le parlement fran-
çais doit se saisir du sujet des RFID
et avoir un vrai débat au niveau
national puis international. »
Selon le président de la CNIL, « les
puces RFID et la géolocalisation en
général devraient faire l’objet
d’une procédure d’autorisation de
la CNIL avant toute installation. A
l’image de la biométrie depuis
2004 ». Ainsi, si le contrat avait été
passé avec Lyberta, l’association de
crèches parisiennes « nous aurait
juste prévenus », regrette Alex
Türk. p
Laure Belot
0123
Mardi 19 octobre 2010
M. Aulas: «Je suis obligé de remonter au front»
Entretien Le président de l’Olympique lyonnais confirme qu’il tirera le bilan de l’action de Claude Puel le 27octobre
Football
V
ainqueur de Lille (3-1),
dimanche 17 octobre, en clô-
ture de la 9e journée de Ligue
1, l’Olympiquelyonnais (OL) s’offre
un peu de répit après un début de
saison raté. Quatorzième s au clas-
sement, les septuples champions
de France, qui accueillent Benfica
Lisbonne mercredi 20 octobre,
réussissent en revanche un sans-
faute en Ligue des champions. Le
président de l’OL, Jean-Michel
Aulas, livre son analyse.
Le bilan de l’action de votre
entraîneur, Claude Puel, fixé au
mercredi 27 octobre, est-il tou-
jours d’actualité ?
Oui. Le succès contre la très bon-
ne équipe de Lille nous permet
d’enchaîner trois victoires de rang,
maisilfautavoir l’honnêtetéd’ana-
lyser notre niveau après dix jour-
nées de championnat et les trois
premiers matches de Ligue des
champions. L’objectif est de cali-
brer l’effectif, d’évaluer le staff au
sein duquel évolue l’entraîneur,
Claude Puel. Ceux qui continuent
de me dire que finir la saison der-
nièreà la deuxième place ducham-
pionnat de Ligue 1 et en demi-fina-
le de la Ligue des champions, ce
n’est pas suffisant, ne font pas une
analyse objective de la situation !
En recrutant Puel en juillet 2008
avec le titre de manageur, vous
souhaitiez prendre un peu de dis-
tance dans la gestion du club.
Cela n’a pas été aussi simple ?
L’arrivé de Claude Puel s’est fai-
te d’une part parce que l’on appré-
ciait l’homme et ses résultats,
d’autre part parce que l’on considé-
rait qu’il avait le profil de ce que
l’on recherchait : un manageur
L’avenir d’Alberto Contador suspendu à la décision de l’Union cycliste internationale
L’UCI doit annoncer si elle ouvre une procédure disciplinaire après la découverte de clenbutérol dans les urines du vainqueur du Tour de France
Cyclisme
C
’est une gigantesque réu-
nion de famille qui se dérou-
le, chaque année, au Palais
des Congrès de Paris. Celle du vélo
qui se retrouve quelques heures
pour célébrer le vainqueur du der-
nier Tour de France et découvrir le
tracé du prochain. Mais voilà, mar-
di 19 octobre, Amaury Sport Orga-
nisation (ASO), le propriétaire de la
Grande Boucle, devait dévoiler le
parcours de l’édition 2011 sans son
tenant du titre, Alberto Contador.
Le coureur espagnol est, depuis
le 30 septembre, suspendu « provi-
soirement » par l’Union cycliste
internationale (UCI) après la
découverte, dans ses urines, de tra-
ces infimes de clenbutérol, une
substance d’usage vétérinaire qui
peut avoir de puissants effets ana-
bolisants. Le triple vainqueur du
Tour (2007, 2009, 2010) accuse
une viande de son pays de l’avoir
contaminé le 21 juillet, lors de la
seconde journée de repos, à Pau.
L’UCI,qui a lancé des «investiga-
tions scientifiques complémentai-
res » pour éprouver la thèse de la
0123
HORS-SÉRIE JEUX
QUESTION (page 30)
Décodez cette anagramme
pour retrouver le nom
d’une comédie célèbre de Molière :
LA MAIN AGILE DE MARIE
Dimanche 17 octobre, en dépit de la victoire sur Lille (3-1) au stade Gerland, des supporteurs
lyonnais appelaient encore à la démission de l’entraîneur de l’OL, Claude Puel. PHILIPPE MERLE/AFP
général au rôle plus développé que
celui d’un entraîneur, à l’instar de
ce qui se pratique en Angleterre.
Sur ce plan, nous avons moins bien
réussi, il faut le reconnaître, puis-
que je suis obligé de remonter au
front très régulièrement, soit pour
défendre son bilan, soit pour amé-
liorer la relation avec les suppor-
teurs, soit pour discuter avec les
médias.
On vous a vu discuter avec les
supporteurs furieux de la défai-
te contre Saint-Etienne (le
contamination alimentaire,
devait rendre sa décision avant la
présentation du Tour.
Elle pourrait s’inspirer de la
décision du tribunal antidopage
italien qui vient de suspendre un
an Alessandro Colo pour un
contrôle positif au clenbutérol
lors du Tour du Mexique en avril.
L’Italien avait avancé la même
explication que l’Espagnol. En
Armstrong: l’enquête américaine passe par la France
LORS DU TOUR de France 2009,
les enquêteurs de l’Office central
de lutte contre les atteintes à l’en-
vironnement et à la santé publi-
que (Oclaesp) ont saisi des kits de
perfusion (seringues et poches de
plastique) au sein de l’équipe
Astana, l’ex-formation d’Alberto
Contador et de Lance Armstrong.
Le matériel de perfusion figu-
re sur la liste des méthodes inter-
dites par l’Agence mondiale anti-
dopage (AMA). Dans le cadre de
l’enquête préliminaire – toujours
en cours – ouverte par le parquet
96 PAGES DE QUIZ ET DE JEUX - 300 QUESTIONS POUR VOUS TESTER
EN VENTE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX
25 septembre). Est-ce le rôle du
président de club de jouer ainsi
les pompiers ?
En période de crise, c’est le rôle
du président de trouver des solu-
tions. J’ai profité de cette occasion
pour insister sur l’importance
d’un dialogue permanent avec les
groupes de supporteurs, comme
dans une entreprise classique qui
s’appuiesur des représentantssyn-
dicaux. Nous sommes dans un
moment de vie sociale en France
extrêmement important. Le jour
réussissant à prouver qu’une par-
tie de la viande produite au Mexi-
que contenait du clenbutérol, il a
obtenu que sa suspension soit
réduite de deux à un an mais a
tout de même été sanctionné. Le
code mondial antidopage stipule
en effet que les athlètes sont res-
ponsables de ce qu’ils ingèrent.
Le pongiste allemand Dimitrij
Ovtcharov, quadruple champion
de Paris, les gendarmes ont enten-
du plusieurs membres de l’enca-
drement de l’équipe (médecin et
directeur sportif). Les éléments
recueillis par l’Oclaesp intéres-
sent aussi la justice américaine.
Depuis que Floyd Landis, vain-
queur déchu du Tour 2006, a
accusé Lance Armstrong de
l’avoir initié au dopage, un tribu-
nal fédéral de Los Angeles enquê-
te sur le septuple vainqueur de la
Grande Boucle.
Selon nos informations, les
enquêteurs américains devraient
Lisez la suite dans votre hors-série
du derby face à Saint-Etienne, j’ai
eu des contacts avec les autorités
préfectorales. Elles ont été bluffées
par notre gestion de crise, dans une
situation très tendue, mettant face
à face 40 000 supporteurs et des
forces de l’ordre très nombreuses.
Lyon accueille Benfica, mercredi
20 octobre, en Ligue des cham-
pions. L’ambition demeu-
re-t-elle de conquérir un titre
européen avant l’Euro 2016 ?
C’est en tout cas le plan que
nous nous sommes imposé. Nous
d’Europe par équipe, a lui été
blanchi par sa fédération, vendre-
di 11 octobre, alors qu’il avait égale-
ment été contrôlé positif au
clenbutérol en août. Le joueur
avait expliqué qu’il revenait tout
juste de l’Open de Chine et qu’il
avait pu être victime lui aussi
d’une viande. Une explication qui
a convaincu sa fédération après
des analyses poussées.
prochainement venir en France
pour rencontrer leurs collègues
de l’Oclaesp. Ils peuvent aussi
compter sur la collaboration de
l’Agence française de lutte contre
le dopage (AFLD). Son président
démissionnaire, Pierre Bordry,
tient à leur disposition les
fameux échantillons urinaires du
Tour 1999 qui contiendraient des
traces d’érythropoïétine.
Mercredi 13 octobre, le direc-
teur de l’AMA, David Howman, a
déclaré qu’il ne serait pas surpris
que des révélations aussi fracas-
meurt pendant la 4e représentation.
Molière, qui interprète le rôle principal,
en 1673 au Théâtre du Palais-Royal.
Dernière pièce de Molière, elle est jouée
Le Malade imaginaire (Molière).
ne sommes pas certains d’y parve-
nir, mais nous nous sommes
armés en termes sportifs, au tra-
vers d’investissements lourds,
pour avoir une équipe susceptible
de jouer un rôle. L’année dernière,
nous n’étions pas très loin puisque
Lyon a fini parmi les quatre
meilleurs clubs européens.
«Pourfinancer
l’arrivéedeYoann
Gourcuff,nousallons
procéderàune
émissiond’obligations
convertibles»
Le recrutement de Yoann Gour-
cuff pour 22 millions d’euros
(plus gros transfert de la Ligue 1
cette saison) s’inscrit-il dans cet-
te perspective ?
Pour aller le plus loin possible
enLigue 1 et surtout en Coupe d’Eu-
rope, il faut les meilleurs joueurs.
Nous avons dans nos rangs Gour-
cuff, élu meilleur joueur de Ligue 1
en 2008-2009, et Lisandro, sacré la
saison dernière. Hugo Lloris méri-
terait aussi d’avoir ce titre-là mais
les gardiens sont rarement distin-
gués.
L’OL a enregistré 35,6 millions
d’euros de pertes en
2009-2010. C’est inquiétant ?
Il s’agit d’un accident après une
série de six années très profitable.
Nous restons le club le plus renta-
ble de France, le plus performant
sur le plan financier, grâce à des
réserves de fonds propres éva-
luées à plus de 130 millions d’eu-
ros. Pour financer l’arrivée de
YoannGourcuff, nous allons procé-
La difficulté pour Alberto Conta-
dorestqu’en Europe,l’usage vétéri-
naire du clenbutérol est interdit.
Unrapport de la Direction générale
de la santé de la Commission euro-
péenne souligne ainsi que sur les
43 161 contrôles effectués en 2009
sur de la viande, un seul s’est révélé
positif au clenbutérol. Et ce n’était
pas en Espagne. Aussi, l’Agence
mondiale antidopage (AMA) ne
santes que celle de l’affaire Balco
– qui, en 2008, avait envoyé en
prison la reine du sprint améri-
cain, Marion Jones – sortent des
enquêtes en cours.
Lance Armstrong a d’autant
plus de raisons de s’inquiéter que
le fin limier chargé de l’enquête
aux Etats-Unis n’est autre que
Jeff Novitzky, l’agent de la Food
and Drug Administration, qui
avait mis au jour le réseau de
dopage organisé par le labora-
toire Balco. p
Stéphane Mandard
RÉPONSE
Sport 27
derà une émission nouvelle d’obli-
gations convertibles, afin d’aug-
menter de 25 millions d’euros ces
fonds propres. L’opération devrait
intervenir au plus tard à la fin de
l’année.
Où en est le projet de nouveau
stade baptisé « OL Land » ?
Depuis trois mois, nous tra-
vaillons avec le cabinet McKinsey
sur la mise au point du projet de
financement du grand stade. Nous
devrions aboutir à un modèle avec
un tiers de financement en « equi-
ty » (augmentation de capital) et
deux tiers en endettement (fonds
propres). Le financement devrait
être bouclé au premier semestre
2011, avec l’espoir que le permis de
construire soit délivré en juin 2011,
que la première pierre soit posée
en septembre 2011 et que les fini-
tions soient achevées fin 2013.
Vous semblez favorable à
l’initiative de la Ligue de football
professionnel qui a déposé
le 15 octobre un dossier sur
la TNT payante ?
Jusqu’à présent, en matière de
droits télé, on a toujours eu deux
partenaires, Canal+ et TPS puis
Canal+ et Orange. Demain, il est
possible que la stratégie d’Orange
change. Il me semble pertinent de
déposerun dossier pour être candi-
dat à l’obtention de cette fréquen-
ce, pour en faire une alternative ou
un complément à la discussion
avec Canal. Autre piste inspirée de
ce qui se pratique en Italie ou en
Angleterre: développer une appro-
che « à la demande », permettant
aux utilisateurs d’acheter les mat-
ches qui les intéressent, sans abon-
nement.p
Propos recueillis par
Simon Roger
croit pas à l’explication de Conta-
dor. « Nous avons déjà entendu cet-
te excuse et à plusieurs reprises, elle
a été rejetée. Le problème est le sui-
vant: pouvez-vous le prouver ? C’est
assez difficile », a déclaré son direc-
teur, David Howman.
Transfusion sanguine
Surtout, Alberto Contador doit
faire face à un autre soupçon :
celui de transfusion sanguine.
Dans un échantillon prélevé le
20juillet,des tracesde résidus plas-
tiques – contenus dans les poches
pour stocker le sang – auraient été
retrouvées dans ses urines.
L’AMA, qui doit rendre un rap-
port sur les conditions dans les-
quelles les contrôles ont été réali-
sés par l’UCI lors du Tour 2010,
prend cette hypothèse très au
sérieux même si la méthode de
détectionn’est pas totalement vali-
dée scientifiquement. Et l’AMA a
déjà fait savoir qu’elle saisirait le
Tribunal arbitral du sport si l’UCI
décidait de ne pas ouvrir de procé-
dure disciplinaire à l’encontre de
Contador. p
Mustapha Kessous
28 Météo & Jeux Ecrans 0123
Mardi 19 octobre 2010

< -5° -5 à 0° 0 à 5° 5 à 10° 10 à 15° 15 à 20° 20 à 25° 25 à 30° 30 à 35° 35 à 40° > 40° Les soirées télé
Mardi 19 octobre En Europe 101 Lundi 18 octobre Mardi 19 octobre
5 990
Pluie sur la moitié nord 19.10.2010 12h TU
1025
TF 1 TF 1
Lille Reykjavik
9 13
www.meteonews.fr 10 20.45 Les Toqués. 20.45 Les Experts : Miami.
30 0
Cherbourg 30 km/h 100 Oslo Helsinki Allô Mars, ici Vénus. Téléfilm. Laurence Katrian. Série. L’Ennemie commune. Aller-retour
12 14 Amiens St-Pétersbourg
35 km/h 10 13 Avec Ingrid Chauvin, Edouard Montoute (2010). à L.A. U (saison 8, 17 et 16/24, inédit) ; Défilé

15
Stockholm

D
Châlons-

10

25
Rouen 22.30 New York unité spéciale. électrique (S6, 7/21) U. Avec David Caruso.
en-champagne

10
9 11 Riga
7 10
Moscou
Série. Destin brisé V. Savoir et se taire U 23.15 Près de chez vous (90 min).
99

PARIS Edimbourg
A
Copenhague
5

Caen Metz
Brest 10 13 (S11, 14 et 15/24). Avec Christopher Meloni.
11 14 7 10
11 13 Strasbourg Dublin Minsk 0.10 New York police judiciaire. FRANCE 2
Rennes Amsterdam Berlin Varsovie
5 10 Londres 1005 Prague Série. Au-delà de l’évidence (S20, 8/26) U.
10 15 Orléans Bruxelles
7 13 Kiev 1.00 Au Field de la nuit. Invités : Vincent 20.35 La Maison des Rocheville.
Nantes
10 15
Besançon Paris Munich Vienne
Budapest
Ravalec, Daniel Duigou, etc. (70 min). La Maison sous influence. Téléfilm. Jacques
Berne
4 11 Odessa Otmezguine. Avec Virginie Desarnauts,
Poitiers Dijon
Zagreb
8 15 5 11 Milan
FRANCE 2 Alexandre Brasseur. [4/5] (France, 2010).
5 Belgrade
101 1005 Bucarest 22.20 Face aux Français...
Chamonix Sofia
1020 Rome 20.35 Cold Case, affaires classées. conversations inédites. Débat.
D
Clermont-Ferrand -1 8 Barcelone
Barcelone
Limoges 2 11 Istanbul
5 11
Lyon 101 Madrid Série. Histoire de prof (saison 6, 2/23, inédit) ; 0.25 Journal, Météo.
30 km/h 4 12 5 Ankara
Lisbonne
Lisbonne
La Clé U (saison 4, 7/24). 0.40 Ciné-club : L 627 pp
Séville
Grenoble Tunis
Tunis
Athènes 22.05 Complément d’enquête. Film. Bertrand Tavernier. Avec Didier Bezace,
Bordeaux 3 13 Alger Terrorisme, les Français sous la menace. Claude Brosset (France, 1992, 140 min) U.
D
25 km/h 6 17
Rabat
Tripoli
Beyrouth Invités : Pierre Camatte, Marc Trévidic...
A Anticyclone D Dépression
Tripoli
0.00 Journal, Météo (20 min).
Nice Front chaud Front froid Jérusalem FRANCE 3
Montpellier Marseille Le Caire
Toulouse 10 18 Occlusion Thalweg
Biarritz 5 16 7 16 8 17 FRANCE 3 20.35 Incroyables expériences.
8 16 Antilles Des averses orageuses menaceront fréquemment Divertissement. Invités : Thomas Ngijol, Malika
En Europe Riga éclaircies -1 6 New Delhi bienensoleillé 25 34
20.35 Pièces à conviction. Ménard, Michel Cymes.
Perpignan Enquête au cœur de l’ultra-violence. Invités :
Amsterdam aversesmodérées 10 12 Rome assezensoleillé 13 19 New York aversesmodérées 9 15 22.32 Météo, Soir 3.
9 17 Ajaccio Athènes risqueorageux 20 23 Sofia averseséparses 10 19 Pékin bienensoleillé 6 17
80 km/h Brice Hortefeux, Josselyne Buruchian, etc.U. 22.55 Ce soir (ou jamais !). Magazine.
Températures à l’aube 1 22 l’après-midi 10 18 Barcelone bienensoleillé 13 17 Stockholm pluiemodérée 6 8 Pretoria assezensoleillé 13 24
Belgrade fortepluie 11 12 Tallin assezensoleillé 2 7 Rabat bienensoleillé 16 24 22.30 Soir 3. 0.10 Pétanque. Championnat du monde,
Berlin averseséparses 3 9 Tirana risqueorageux 15 20 Rio de Janeiro averseséparses 20 23 22.55 Ce soir (ou jamais !). à Izmir (Turquie, 50 min).
Saint René Lever 08h16 Lever 17h08 Berne éclaircies 2 11 Varsovie éclaircies 4 10 Séoul bienensoleillé 10 19
0.10 La Case de l’oncle Doc (50 min).
Coeff. de marée 60 Coucher 18h52 Coucher 04h30 Bruxelles averseséparses 8 12 Vienne bienensoleillé 5 11 Singapour risqueorageux 26 33
Bucarest fortesaverses 12 19 Vilnius faiblepluie 1 6 Sydney éclaircies 14 16
Budapest éclaircies 8 13 Zagreb pluiemodérée 7 9 Téhéran beautemps 22 27 CANAL +
Mercredi 10 18 20 CANAL +
Aujourd’hui Copenhague aversesmodérées 9 Dans le monde Tokyo éclaircies
7 11 6 9 Dublin bienensoleillé 9 10 Alger beautemps 14 20 Tunis averseséparses 14 19 20.45 Football.
Une perturbation traversera la France du Edimbourg assezensoleillé 7 8 Amman bienensoleillé 20 34 Washington assezensoleillé 15 19 20.50 Maison close. Ligue des champions (1re phase, 3e journée,
Helsinki trèsnuageux 6 6 Bangkok risqueorageux 25 30 Wellington averseséparses 9 13
nord au sud pour se situer vers la 7 10 Istanbul risqueorageux 17 20 Beyrouth bienensoleillé 24 34 Outremer Série (saison 1, 5 et 6/8) V. groupe F) : Marseille - Zilina. En direct.
mi-journée de la frontière allemande au Kiev aversesmodérées 3 9 Brasilia risqueorageux 20 29 Cayenne bienensoleillé 25 32 22.40 Spécial investigation. Attention : 22.35 Les Rencontres de la soirée de mardi.
La Valette averseséparses 19 21 Buenos Aires beautemps 12 24 Fort-de-Fr. risqueorageux 28 31 flashball! Pistolet Taser : arme fatale ? U.
Bordelais où il pleuvra. Plus au nord, un 6 14 5 9 22 23.45 Rien de personnel pp
Lisbonne bienensoleillé 12 22 Dakar assezensoleillé 27 30 Nouméa averseséparses 22
ciel de traîne alternera éclaircies, passages Ljubljana bienensoleillé 2 11 Djakarta risqueorageux 26 32 Papeete bienensoleillé 25 27 23.30 Mensomadaire (30 min). Film Mathias Gokalp. Avec J.-P. Darroussin,
nuageux et averses. Des régions 6 10 Londres averseséparses 8 12 Dubai beautemps 28 35 Pte-à-Pitre risqueorageux 25 30
Luxembourg averseséparses 6 9 Hongkong assezensoleillé 24 29 St-Denis averseséparses 23 26 Denis Podalydès (France, 2009, 90 min).
méridionales aux Alpes, un temps plus sec Madrid beautemps 3 20 Jérusalem beautemps 21 33 ARTE
11 16 7 12 Moscou bienensoleillé -3 6 Kinshasa risqueorageux 24 32 Météorologue en direct
et lumineux s'imposera. Mistral et ARTE
Nicosie bienensoleillé 23 30 Le Caire bienensoleillé 25 37 au 0899 700 703
tramontane resteront de la partie près du Oslo trèsnuageux 7 9 Mexico bienensoleillé 8 27
20.40 La vie est belle pp
9 15 1,34 € l’appel + 0,34 € la minute
golfe du Lion. La fraîcheur résistera. Prague assezensoleillé 0 10 Montréal assezensoleillé 0 11 7 jours/7 de 6h30-18h Film Roberto Benigni. Avec Roberto Benigni, 20.40 Le Fils de la mariée pp
11 17 Reykjavik assezensoleillé 2 5 Nairobi éclaircies 15 27 Nicoletta Braschi (Italie, 1997, audiovision). Film Juan José Campanella. Avec Ricardo
Jours suivants 22.35 Musica - Le Pianiste Yundi Li. Darín, Héctor Alterio (Argentine, 2001).
Jeudi Vendredi Samedi 23.25 La Ville de demain. 22.44 Thema - Afrique :
0.20 Medium - Les Marchands les bons, les brutes et les truands.
Nord-Ouest 0 3 9
13 13 15 PLUS SOUVENT LISBONNE de tableaux. Moyen métrage (60 min). 22.45 Les Biens mal acquis. L’Enquête interdite.
23.35 Le Salaire de la dette (50 min).
Ile-de-France 4

4
2 7
11 12 13
by VOLS M6
PAR JOUR M6
Nord-Est 0 1 2 20.40 Ne le dis à personne pp
8 11 10
airfrance.fr
Film Guillaume Canet. Avec François Cluzet, 20.40 Desperate Housewives.
Sud-Ouest 5 5 6 Marie-Josée Croze (France, 2006, audio.) U. Série. Cette comédie qu’on appelle la vie. Robin.
15 15 17 22.55 Les Autres pp La séduction est un art (S6, 14 à 16/23).
Sud-Est 4 5 9 Au départ de Paris. By Air France : signé Air France.
Film Alejandro Amenábar. Avec Nicole Kidman, 23.10 Medium.
14 17 16 Alakina Mann (coproduction, 2001, 110 min) V. Série (saison 5, 1 et 2/19, 100 min) U.

Les jeux La sélection radio

Mots croisés n˚10-249 Sudoku n˚10-249 Solution du n˚10-248
Lundi 18 octobre Mardi 19 octobre
FRANCE CULTURE FRANCE CULTURE
Retrouvez nos grilles sur www.lemonde.fr 2 9 3 8 5 4 1 6 7
7 4 8 7 6 3 9 1 4 2 5 17.00 Sur les docks. En Russie [1/5]. 18.00 et 2.00 Journal.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12 4 1 5 2 6 7 8 9 3 18.00 et 22.00 Journal. 18.20 Du grain à moudre.
6 3 8 7 6 4 1 2 3 9 5 8 18.20 Du grain à moudre. 19.00 Le Rendez-vous.
I 5 3 1 4 8 9 2 7 6 19.00 Le Rendez-vous. 20.00 A voix nue.
9 1 9 8 2 5 7 6 3 4 1 20.00 A voix nue. Henri Cueco [1/4]. Henri Cueco : [2/4] La Figuration narrative.
20.30 Le Feuilleton.
II 3 2 7 6 4 8 5 1 9 20.30 Le Feuilleton.
1 6 8 6
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Vie et destin, de Vassili Grossman [10/19].
21.00 Questions d’éthique.
Vie et destin, de Vassili Grossman [11/19].
21.00 Les Racines du ciel.
III 22.15 Hors-champs.
4 8 3 5 Très facile
Les Roms. Invité : Emmanuel Filho.
22.15 Hors-champs. Avec Matthieu Ricard. Invitée : Diane Grimonet.
IV 23.00 Les Passagers de la nuit. 23.00 Les Passagers de la nuit.
9 2 Complétez toute la
grille avec des chiffres 23.30 Du jour au lendemain. 23.30 Du jour au lendemain.
V allant de 1 à 9. 0.05 L’Eloge du savoir. 0.05 L’Eloge du savoir.
3 7 1 Chaque chiffre ne doit
VI être utilisé qu’une FRANCE MUSIQUE FRANCE MUSIQUE
4 1 8 2 seule fois par ligne,
VII 18.00 Le Magazine. Louis Langrée. 18.00 Le Magazine.
par colonne et par
1 6 carré de neuf cases.
19.00 Journal. Invités : François-Xavier Roth, Jacques
19.10 Open jazz. Nat King Cole. Bonnaure, Henri Demarquette.
VIII http://yangeorget.blogspot.com/2009/12/sudokus.html 19.00 Journal.
20.00 Les Lundis
de la contemporaine. Festival Musica. 19.10 Open jazz. Yaron Herman.
IX Par le Remix Ensemble, dir. Baldur Brönnimann : 20.00 Le Concert du soir.
X Loto œuvres de Moreira, Bianchi, Rzewski.
21.45 Alla breve : l’intégrale.
Le Carnaval de Venise, de Campra, par Les
Chantres du Centre de musique baroque de
22.00 Le Magazine Versailles, dir. Olivier Schneebeli, et le Concert
Résultats du tirage du samedi 16 octobre. spirituel, dir. Hervé Niquet, Judith van Wanrolj,
de la contemporaine :
Horizontalement Verticalement 1, 13, 22, 37, 46 ; numéro chance : 9. Misato Mochizuki au Festival d’Automne ; Marina de Liso, Andrew Foster-Williams...
I. Pour bien terminer le poulet. 1. Beaucoup trop de mots quand Rapports : Sur le vif : Gilbert Nouno ; Relations extérieures. 22.30 Organo pleno.
II. Expulse assez brutalement. un seul suffirait. 2. Du rouge dans 5 bons numéros et numéro chance : pas de gagnant ; 23.00 Le Portrait. Thierry Machuel. Toulouse les Orgues 2010, avec Michel Bouvard,
Laisse le tutu à son mâle. les pavillons. 3. Toujours difficile à 5 bons numéros : 59 741,90 ¤ ; 23.30 A l’improviste. Jan Willem Jansen, James David Christie.
III. Symbole de dureté. Doublé garder. Victoire sociale. 4. En trop. 4 bons numéros : 963,70 ¤ ; 0.00 Jazzistiques.
romain. Aide à caser les belles et Fait des longueurs. 5. Désagréable 3 bons numéros : 10,10 ¤ ; RADIO CLASSIQUE
les moins belles. IV. Se lancent à entendre dans la remontée. Fixa 2 bons numéros : 5,10 ¤. RADIO CLASSIQUE
18.00 et 0.00 Passion classique.
dans l’aventure avant de se poser solidement. 6. Serrée entre Numéro chance : grilles à 2 ¤ remboursées. 18.00 et 0.00 Passion classique.
Invitée : Hélène Grimaud.
des questions. V. Parfois copains. Dangereusement Joker : 4 138 418. 19.30 La Collection Radio Classique. Invité : Christian Millau.
nécessaire pour joindre les deux invisible. 7. Note. Efface après Tchaïkovski. 19.30 La Collection Radio Classique.
bouts. Joignis les deux bouts. retournement. 8. Protège des Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées diman- 20.05 Vos soirées classiques. Mozart.
Jeune propos. VI. Sortiront en chutes du ciel. Couleur de robe. che-lundi, mardi, mercredi et vendredi. 23.00 Les Discoportraits. 20.05 Vos soirées classiques.
premier. Au passage du mur. 9. Illicite. Le chlore. 10. Mon oncle Tous les jours Mots croisés et sudoku. Kurt Sanderling. 23.00 Les Discoportraits.
VII. Bouts de rang. Fait des éclats. devant et derrière la caméra. De Steven Isserlis.
Enfant d’Anchise. VIII. Sur la rose. bons mots à toutes les pages. FRANCE INTER
En marge. Ne doit pas manquer. 11. Bas de gamme. Froidement Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13 FRANCE INTER
Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ; 17.10 Le Grand Entretien. Eddy Mitchell.
IX. Sur la table. Amarante. couvert. 12. Fait circuler la presse. télécopieur : 01-57-28-21-21 17.50 Le Journal de la culture. 17.50 Le Journal de la culture.
Homme d’Obama. X. Finement Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;
Paul Virilio, pour L’Administration de la peur. Spécial Roland Barthes.
Par courrier électronique : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr
terminée. Philippe Dupuis Médiatrice : mediateur@lemonde.fr 18.15 Le Magazine. 18.15 Le Magazine.
Abonnements : par téléphone : de France 0-825-000-778 19.00 Le 19 heures. 19.00 Le 19 heures.
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Solution du n° 10 - 248 Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/
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Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr 21.50 Un temps de Pauchon. 21.50 Un temps de Pauchon.
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22.00 C’est Lenoir. 22.00 C’est Lenoir.
Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40
VIII. Ornementés. IX. Ouche. Ue. 9. Rami. Non. 10. Ici-bas. TGV. Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60 23.00 Voulez-vous sortir avec moi ? 23.00 Voulez-vous sortir avec moi ?
Gré. X. Nie. Evasives. 11. Er. Uretère. 12. Nauséeuses. 0.00 Les Nuits de Lavige. 0.00 Les Nuits de Lavige.
0123
Mardi 19 octobre 2010 Carnet 29
Aix-en-Provence, le 14 octobre 2010. Georges et Simone Lazare, Sa sœur, Luc Granger,

0123
ses parents, Ses enfants, Alexandre Manoïlov,
Les Écritures Croisées Petits-enfants, Thierry Leenhardt
Philippe et Olivier, Arrière-petits-enfants, Et tous les collaborateurs
Le Carnet ont la tristesse de faire part du décès ses frères de Qualis Formation
Ses amis
cette semaine de leur présidente, Et compagnons de Paul-Bert,
--------------------------------------------------------- Et toute la famille,
ont la tristesse de faire part du décès
Faites part Liliane DUTRAIT, ont la douleur de faire part du décès ont la tristesse d’annoncer la disparition de leur ami et associé,
de de
de vos événements survenu le 4 octobre 2010, Raphaël ZIMER,
par téléphone : 01 57 28 28 28 Françoise LAZARE, Marie-Louise ROUSSAT,
par e-mail : carnet@mondepub.fr et s’associent à la douleur de sa famille. survenu le 11 octobre 2010.
par fax : 01 57 28 21 36 survenu le 15 octobre 2010, survenue le 12 octobre 2010,
à l’âge de quarante-cinq ans. La cérémonie aura lieu au crématorium
dans sa quatre-vingt-dix-huitième année.
Tarifs 2010 (prix à la ligne) M. et Mme Michel Fosset,
d’Evreux, le mardi 19 octobre,
M. et Mme Olivier Reveillaud, Une cérémonie aura lieu au crématorium
Naissances, Anniversaires M. et Mme Jean-Pierre Grellier, du Père-Lachaise, salle la Coupole, Son souffle est passé, la petite lumière à 15 heures.
de naissance, Mariages, M. Marc Fosset, le vendredi 22 octobre, à 14 heures. est restée.
Fiançailles… : 18 TTC M. et Mme Bernard Fosset, Anniversaire de décès
ses enfants, La direction, Le mardi 19 octobre, la cérémonie
commencera à 15 h 45, en la maison Le 19 octobre 2009
Décès, remerciements, Ses petits-enfants et ses arrière-petits- La rédaction
Avis de messe, Anniversaires enfants Et les personnels funéraire de Boisguillaume (Seine-
de décès, Souvenirs : 24 TTC Maritime), 33256, route de Neufchatel. Jean BÜRCKEL
-------------------------------------------------- Et toute la famille, du journal Le Monde,

Thèses : 15 TTC Une messe sera célébrée à 16 h 30, nous quittait.

HORS-SÉRIE
ont la douleur de faire part du décès de ont appris avec une profonde tristesse
Réduction abonnés le décès de en l’église Sainte-Trinité, de
Un justificatif d’identité sera demandé. Nous pensons toujours à lui.
UNE VIE, UNE ŒUVRE Boisguillaume.
me
M Geneviève FOSSET, Françoise LAZARE, veronique.attay@free.fr
née RICHARD, journaliste. Cet avis tient lieu de faire-part.
AU CARNET DU «MONDE»
Elle était jeune, brillante, volontaire. Mme Barnet, Souvenir
survenu le 14 octobre 2010, Une journaliste remarquable, à qui souriait 71, rue Millet, Il y a cinquante ans, le 19 octobre 1960,
Naissances dans sa quatre-vingt-douzième année. 76230 Boisguillaume.
le plus bel avenir. disparaissait, à Mont-Bonvillers (Meurthe-
Claude
Strasbourg. et-Moselle),
Lévi-Strauss Elle est partie rejoindre son époux, [Une femme d’un courage hors norme.
M. Roussat,
L’esprit
Gaspard, Hector et Till Le Haut-Bourg,
des mythes
sont très heureux d’annoncer l’arrivée Après l’accident qui manqua lui coûter la vie François DAUBIGNY,
Un explorateur de l’humain, par Roger-Pol Droit
M. André FOSSET, en 1993, elle fit de son existence une quête 89220 Rogny.
de leur petite sœur, ancien ministre, exemplaire de sens. Elle fut pour nous tous un à l’âge de trente-quatre ans.
-------------------------------------------------- Eugénie. sénateur honoraire des Hauts-de-Seine, modèle de ténacité et d’humilité. A tous les Ceux qui l’aiment et ceux qui l’ont
siens, Le Monde présente ses plus vives aimé, Son fils qui ne l’a jamais oublié.
Louise Altorffer et Grégoire Florence. décédé le 27 mars 2001. condoléances. E.F.] Marine, Thibaud, Arnaud, Hervé,
Thierry, Conférences
La cérémonie religieuse sera célébrée Aliette, ses enfants,
Laure PAUDRAT le mardi 19 octobre, à 10 h 30, en l’église
et Romain LORTHIOIS son épouse, Martine Sicard, Les lundis de l’économie deviennent
ainsi que leurs parents, Saint-Romain de Sèvres, suivie Laurent et Didier, leur mère, Les Amphis de l’AJEF.
Vendredi 15 daté samedi 16 octobre ses enfants,
sont très heureux d’annoncer la venue de l’inhumation, à 17 heures, au cimetière Maï Melander et Annick von Norman,
au monde de leur fille et petite-fille, de Randonvilliers (Aube). et leurs épouses, Rendez-vous pour la suite du cycle
En couverture me
M Marie-Rose Carlié-Fournier,
Ses petits-enfants, ses sœurs,
Alain, « Qu’est-ce qui fait société ? »,
Iris, le mercredi 20 octobre, à 20 heures,
L’insupportable sa femme, ont la tristesse d’annoncer le décès de son frère,
« Grandeur et décadence
née à Paris, le 12 octobre 2010. Mme Marcel Levesque, Sa famille,
Monsieur Banier sa sœur, Benoît MANDELBROT, de l’idée de propriété »,
né le 20 novembre 1924, à Varsovie, ont la douleur de faire part du décès du par Mikhail Xifaras.
ses enfants et petits-enfants,
Enquête Marie-Hélène et Jean-Jacques
LOTTIN
Mme Emmanuel Carlié, survenu le 15 octobre 2010, à Cambridge. Conférence organisée par l’AJEF,
sa belle-sœur, docteur Yves SOBEL,
Au tribunal des mineurs sont très honorés d’annoncer la naissance
de leur troisième petite-fille ses enfants et petits-enfants, L’inhumation aura lieu dans l’intimité 1938 - 2010,
en partenariat avec le CNAM.
Toute la famille familiale. psychiatre,
Accès libre, sans inscription.
Luce, Et tous les amis proches,
75 Cambridge Pkwy Lycée Louis-le-Grand,
Collections
-------------------------------------------------------
chez
Delphine LOTTIN, Thomas ROYER
ont la chagrin de faire part du décès de Cambridge, MA 02142 Etats-Unis.
survenu à son domicile, le 1er août 2010.
123, rue Saint-Jacques, Paris,
(métro : Saint-Michel ou Luxembourg).
Il repose sous l’étoile de David.
et Margaux, Marie-Louise Servier-Mathé, Information : 01 34 51 83 71
Louis FOURNIER,
sa sœur. son épouse, ou lundi.ajef@yahoo.fr
journaliste, éditeur, 3, rue de Flandres,
cofondateur de l’association Monique Joly-Mathé,
28100 Dreux.
sa sœur,
Matthieu LAMOURE « Atelier au fils d’Indra ». Catherine Gaston-Mathé,
et Lise-Maïa, née NORA, sa fille, Hélène Sussman,
Il nous a quittés le 13 octobre 2010, Jean-Louis Gaston-Mathé, « Couleur ou coloris ?
ont le bonheur d’annoncer la naissance, dans la paix, à quatre-vingt-six ans. son épouse,
son gendre, La mutation de la théorie artistique »,
le 4 octobre 2010, de Géraldine, Yann et Mathilde Isabelle et David Chandler,
Gaston-Mathé, Diane et Dominique Poudevigne, le vendredi 22 octobre 2010, à 18 h 30,
La messe sera célébrée le jeudi
Victoria. 21 octobre, à 15 heures, en l’église Saint- ses petits-enfants, ses enfants, avec Jacqueline Lichtenstein,
Paul, rue Saint-Antoine, Paris 4e. Eliot, Emilie, Martin et Valentine, Marius, Samuel, Abel et Orféo, professeure d’esthétique et de philosophie,
34, boulevard des Italiens, ses arrière-petits-enfants, université Paris IV- Sorbonne.
75009 Paris. ses petits-enfants,
Ni fleurs ni couronnes. ont la tristesse de faire part du décès du Henri Sussman,
Jardin des Tuileries.
Décès La quête réalisée sera le dernier don
son père,
Métro : Concorde.
professeur Georges MATHÉ, Paul Sussman,
de Louis, grâce à vous, à l’Atelier Réservation : 01 44 77 81 11.
Andrée ARLIE de Pondichéry. survenu le 15 octobre 2010, son frère
à l’Institut Fred Siguier de l’hôpital Paul- et ses enfants,
est allée rejoindre ceux qu’elle a aimé, Brousse, à Villejuif. Débats
Livre 20 : Cet avis tient lieu de faire-part. Geneviève Babaï,
le 14 octobre 2010.
Un hommage lui sera rendu en la sa belle-sœur
BUSSY-RABUTIN Elle repose au cimetière de Souppes- La directrice, chapelle de l’hôpital, le jeudi 21 octobre, et ses filles,
dès le jeudi 14 octobre sur-Loing (Seine-et-Marne). Les enseignants, à 11 h 15.
--------------------------------------------------- Les étudiants ont la douleur de faire part du décès de
M. et Mme Henri Rousseau, Et les personnels Sylvie Masson Pailhes,
M. Gérard Brun, de l’Ecole nationale supérieure son épouse,
M. Antoine Dorizon des Arts Décoratifs, Rodrigue et Laurence Pailhes,
Et ses amis, Ezechiel Pailhes et Alice Sfintesco, M. Robert SUSSMAN, Des bons usages
Arthur et Severine Pailhes, du principe de précaution
ont appris avec une profonde tristesse
ont la douleur de faire part du décès de Leila Pailhes, Grand débat organisé
le décès de ses enfants,
survenu à Lagny, le 13 octobre 2010, par l’Académie des technologies
M. Jean-Pierre BRUN, Philémon, Zadig, Balthazar, Féodor, le mardi 26 octobre 2010,
n
longatio
Laure Philippine, Adelie, Augusta et Cleola, à l’âge de soixante-douze ans. de 18 heures à 20 h 30.

Pro
survenu à Paris, le 13 octobre 2010,
dans sa soixante-troisième année.
La cérémonie religieuse aura lieu
le mardi 19 octobre, à 10 h 30, en l’église
Notre-Dame d’Auteuil, Paris 16e.
16, rue Leconte-de-Lisle,
75016 Paris.
ldlparis16@mac.com
Dès le vendredi 15 octobre
GRANDS COMPOSITEURS
AU PIANO
le double CD-livret n° 41
de GAUDEMARIS-LOUTREL,
diplômée de l’Ecole nationale supérieure
des Arts Décoratifs
et enseignante à l’Ecole depuis 2000,
survenu le 13 octobre 2010.
L’Ecole s’associe à la douleur de sa
famille et de ses proches.
ses petits-enfants, Avec William Dab,
Les obsèques auront lieu le mercredi Christine Noiville, Yves Farge, Roland
ont la douleur de faire part du décès de Masse et Dominique Peccoud.
20 octobre, à 11 heures, au cimetière
Jean PAILHES, du Montparnasse, 3, boulevard Edgar- Conservatoire national des arts et métiers
Quinet, Paris 14e. amphithéâtre Abbé-Grégoire,
survenu le 12 octobre 2010. 292, rue Saint-Martin, Paris 3e.
Entrée libre.
Rue Bourgeoise, 31, rue des Moines-Saint-Martin, En savoir plus :
32420 Simorre. 94360 Bry-sur-Marne. www.academie-technologies.fr

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voir conditions générales de vente 2009
30 0123 Mardi 19 octobre 2010

Patron français
sées dans les magazines et un apparte-
ment destiné à essayer les téléviseurs, réfri-
gérateurs et machines à laver. Pas moins…
Pour ce fils d’industriel parisien, tout a
les incessants allers-retours hebdomadai- généralement que bien fonctionner. Je suis
res en Eurostar, le missionnaire transMan- à la croisée de ces deux cultures», réplique
che s’est tout naturellement installé à ce bienheureux apparemment dépourvu
South Kensington, le village français de d’états d’âme.

pour presse anglaise

commencé avec un grand-père maternel,
André-Marie Gérard, qui fut inspecteur de
l’ORTF, patron de L’Aurore et de Femme
d’aujourd’hui, et auteur d’un Dictionnaire
de la Bible. Pendant les études à l’Ecole
supérieure de commerce de Paris, le pre-
mier coup de génie d’Arnaud de Puyfontai-
Londres.
A son poste dès 7h 15, le capitaine d’in-
dustrie prend peu de déjeuners et reste
tard au bureau. Il y a peu de place pour les
mondanités voire pour les loisirs. Circula-
tion oblige, l’intéressé se déplace rarement
dans la Rolls Royce 1954 de fonction, préfé-
Malgré la crise de la presse, NMC se por-
te bien. Les chiffres le prouvent. Mais par
les temps qui courent, il n’est pas question
pour l’expatrié de se reposer sur ses lau-
riers. La concurrence sur le marché des
magazines est à couteaux tirés. Parmi ses
projets, de Puyfontaine pourrait s’intéres-

Lettre de la City ne fut la création du « Figaro grandes éco-

Marc Roche
C
itizen Kane ? Grâce à Orson Welles,
on imagine que pour diriger Hearst,
l’empire américain des médias, il fal-
lait peser plus de cent kilos, trimbaler une
grosse bedaine, avoir une grande gueule et
un gros cigare à la bouche. Observez
Arnaud de Puyfontaine, directeur de la
National Magazine Company (NMC), dans
son bureau proche d’Oxford Street : sil-
houette mince malgré l’embryon de brio-
che, grands yeux agiles, sourire bien-
veillant, manières courtoises. Et des mots
qui coulent, coulent sans arrêt.
Ce Français de 46 ans, à l’apparence bri-
tannique, mais avec l’exubérance en plus,
parle du magnat de la presse écrite
William Randolf Hearst (1863-1951), fonda-
teur de cette constellation de magazines
au Royaume-Uni en 1910, avec une admira-
tion touchante. Comme s’il était son confi-
dent le plus cher: «C’est un métier de pas-
sion et d’éternel recommencement. » Tout
est dit avec cette éloquence un peu guin-
dée du descendant de la fine fleur de l’aris-
tocratie franc-comtoise teintée de dandys-
me anglophile. Toujours détendu, mais
sans laisser-aller…
Depuis mai 2009, Arnaud de Puyfontai-
ne règne sur le pôle européen de l’ensei-
gne Hearst basé à Londres. Un millier de
collaborateurs, vingt et un titres consti-
tuant la fine fleur des magazines de presti-
ge disponibles dans les maisons de la pres-
se d’Outre-Manche, de Cosmopolitan à
Harper’s Bazaar, de Men’s Health à Esquire.
Dans les locaux de Broadwick Street, le visi-
teur découvre avec stupeur des cuisines
permettant de tester les recettes propo-
les» en 1985. Après un passage dans un
bureau de consultants, le jeune homme
buissonnier entre au Figaro en 1989 pour
épauler Philippe Villin, alors administra-
teur général du groupe Hersant.
En 1995, de Puyfontaine va émousser
son glaive chez l’éditeur britannique de
magazines Emap en créant de toutes piè-
ces Emap France. Après la déroute aux
Etats-Unis d’une maison-mère prise de
folie des grandeurs, l’heure est au délesta-
ge des activités dans l’Hexagone. Cet hom-
me lisse au fonctionnement huilé et sans
à-coups quitte le canard boiteux en 2006
pour l’Elysée, où il est l’un des animateurs
des Etats généraux de la presse écrite. Lors-
que notre interlocuteur accepte l’offre de
Hearst et débarque à la gare de St-Pancras,
la presse anglaise l’accueille en ironisant
sur le «conseiller de Sarkozy» parachuté à
Londres!
Depuis septembre, celui qui incarne le
second souffle de l’empire Hearst s’est ins-
tallé définitivement dans la capitale britan-
nique avec épouse et enfants. Fatigué par
rant le bus à impériale.
«La créativité latine
et la rigueur d’exécution
anglo-saxonne ne peuvent
généralement que bien
fonctionner. Je suis
à la croisée de ces
deux cultures»
Arnaud de Puyfontaine, directeur
de la National Magazine Company
Comment expliquer le succès d’un Fran-
çais dans l’univers très introverti des
médias britanniques, qui tiendrait pres-
que entièrement dans quelques clubs de
Soho? Serait-ce, au dire de ses critiques, le
vernis culturel allié à l’accent français d’un
anglais parlé depuis le plus jeune âge qui
lui auraient valu les faveurs des Améri-
cains? «La créativité latine et la rigueur
d’exécution anglo-saxonne ne peuvent
ser aux publications de la BBC mises en
vente pour répondre aux accusations de
concurrence déloyale.
Par ailleurs, le PDG s’est engagé à rééqui-
librer les revenus tirés essentiellement de
nos jours de la publicité et de la vente au
numéro en mettant l’accent sur le com-
merce en ligne, le numérique et les bases
de données. Ainsi, le mensuel Country
Living, destiné à ceux qui vivent à la cam-
pagne, produit une émission style
«L’amour est dans le pré ». Cosmopolitan
dispose, lui, de son réseau social.
Le sacre d’Arnaud de Puyfontaine a eu
lieu, le 11 octobre, lors de la somptueuse
réception donnée en l’honneur du cente-
naire de la filiale au musée Saatchi de Chel-
sea. Le thème choisi était « les cent fem-
mes les plus influentes au Royaume-Uni».
La récompense est allée à JK Rowling,
l’auteur de Harry Potter. Le manager serait-
il lui aussi un apprenti sorcier humaniste ?
Suite sur papier glacé au prochain numéro
du magazine.p
Courriel : roche@lemonde.fr

Billet Robert Solé

cartier.com - 01 42 18 43 83

Lapsus dominicus
INVITÉ, dimanche, du « Grand Jury RTL - Le Figaro - LCI », le ministre
de l’intérieur a parlé du terrorisme. « La menace est réelle, et notre
vigilance est intacte », a dit Brice Hortefeux, qui souhaite cependant
« informer sans alarmer ». Répondant à une question sur le fichage
ethnique, toujours avec ce souci d’informer et une vigilance inenta-
mée, il a rappelé l’existence de « deux fichiers majeurs : le fichier des
empreintes génitales et le fichier des empreintes génétiques ».
Des auditeurs se sont peut-être étranglés, ne connaissant que les
empreintes digitales, mais la plupart ont appris à tenir compte du
lapsus dominical. Chaque semaine, désormais, la langue d’un respon-
sable politique se met à fourcher. Cette contamination mécanique
des sons relève, selon les observateurs, d’un débordement intrusif de
l’inconscient dans le champ verbal. Faut-il le regretter ? Nul n’aurait
prêté attention aux analyses économiques de Rachida Dati si l’ancien-
ne garde des sceaux n’avait confondu inflation et fellation.
« Toute grande pensée est de l’ordre du lapsus », affirmait le sociolo-
gue et philosophe Jean Baudrillard. L’association des mots « généti-
que » et « génital » cache sûrement une pensée géniale.p

Le courrier du jour
Société
Lecture de Victor Hugo
Mes concitoyens voient assez que
le fameux (fumeux) adage émis,
«travailler plus pour gagner plus »,
n’a agi que comme un virus men-
tal produit pour les courtiser, l’es-
pace d’un vote, et, mieux encore,
les mystifier le temps d’une législa-
ture. Mais mes concitoyens savent
d’évidence, depuis l’école primai-
re, que ce qui s’est énoncé ainsi
sous forme d’une égalité arithméti-
que alléchante s’est révélé n’être,
en fin de compte, qu’une savante
manipulation ou, si l’on veut, que
le slogan trompeur d’une propa-
gande, aujourd’hui nous le voyons
mieux, fondamentalement inégali-
taire.
Retraité (66 ans, montant mensuel-
le de la pension CRAM + complé-
mentaire : 2 300 euros), comment
se plaindre ? C’est trois fois plus
que la retraite de mon père agricul-
teur (pénibilité !). Une fois et demi
le salaire mensuel de l’institutrice
en fin de carrière (utilité!). Mais
quatre fois moins que l’indemnité
de mission plus chauffeur propo-
sés à une députée ancienne minis-
tre (opportunité!). Cent fois moins
que le cachet pour cinq plateaux
d’un animateur télé qui, parce
qu’il est « vu », est en vue (futilité !)
Enfin, pour remercier et défendre
le système de retraites par réparti-
tion acquis après plus de trente
années de scène (théâtre public),
j’ai envie de conclure joyeusement
en citant, à défaut de les réciter,
quelques vers de Ruy Blas, de Vic-
tor Hugo.
Ruy Blas, le premier ministre du
roi d’Espagne, qui, ayant surpris
les conseillers de ce dernier en
train de se partager les richesses
du royaume, leur adresse le
fameux: «Bon appétit, Messieurs !
Ô ministres intègres !/Conseillers
vertueux! Voilà votre façon/De ser-
vir, serviteurs qui pillez la mai-
son !/Donc vous n’avez pas honte et
vous choisissez l’heure,/l’heure
sombre où l’Espagne agonisante
pleure!/ »
Et si l’actualité de ces vers, appli-
qués à l’Europe ou à la France,
vous a paru indépassé, retrouvez-
en la suite dans « l’œuvre en calibre de cartier
ligne » du grand Hugo ou encore
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à quoi rime la guerre des chefs qui fait rage
à France 24 ?
pTiragedu Mondedatédimanche17-lundi18octobre2010:464316exemplaires. 123