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LES CAHIERS
D'HÉMATOLOGIE
-2-
PARTIE I LES AFFECTIONS BÉNIGNES DE LA
MOELLE OSSEUSE ET DES GANGLIONS
par
FRANÇOIS JOBIN, PIERRE F. LEBLOND
ROBERT DELAGE et VINCENT BERNIER
Centre d'hématologie du CHA
Hôpital de l’Enfant-Jésus
[1] LA NEUTROPÉNIE
1. Physiologie de la granulopoïèse .................................................................................................. 1
1.1 Compartiment médullaire ................................................................................................... 1
1.1.1 Prolifération............................................................................................................. 1
1.1.2 Maturation ............................................................................................................... 1
1.1.3 Réserves ................................................................................................................... 3
1.2 Compartiment sanguin ........................................................................................................ 3
1.3 Compartiment tissulaire ...................................................................................................... 3
1.4 Particularités de la granulopoïèse ....................................................................................... 3
2. Définition biologique de la neutropénie ...................................................................................... 4
3. Manifestations cliniques de la neutropénie.................................................................................. 5
3.1 Dans l’agranulocytose......................................................................................................... 5
3.2 Dans les neutropénies modérées ......................................................................................... 5
3.3 Dans les neutropénies légères ............................................................................................. 5
4. Les grands mécanismes de production d’une neutropénie .......................................................... 6
5. Classification des neutropénies.................................................................................................... 6
6. Les neutropénies associées à la prise de médicaments ................................................................ 9
6.1 L’agranulocytose médicamenteuse ..................................................................................... 9
6.1.1 La chimiothérapie anticancéreuse ........................................................................... 9
6.1.2 Les anti-inflammatoires ou antipyrétiques............................................................... 9
6.1.3 Les dérivés des sulfamidés ..................................................................................... 11
6.1.4 Les antibiotiques .................................................................................................... 11
6.2 Les neutropénies légères ou modérées d’origine médicamenteuse................................... 11
7. Les neutropénies associées aux infections................................................................................. 11
7.1 Les infections bactériennes ............................................................................................... 11
7.2 Les infections virales ........................................................................................................ 12
7.3 Autres................................................................................................................................ 12
8. Les neutropénies associées aux maladies immunes................................................................... 14
8.1 Le lupus érythémateux...................................................................................................... 14
8.2 L’arthrite rhumatoïde ........................................................................................................ 14
8.3 Autres................................................................................................................................ 15
2. Les polynucléoses...................................................................................................................... 37
2.1 La polynucléose neutrophile (neutrocytose) ..................................................................... 37
2.1.1 Démargination ....................................................................................................... 37
2.1.2 Inhibition de la diapédèse ...................................................................................... 38
2.1.3 Libération médullaire accrue................................................................................. 38
2.2 La polynucléose éosinophile (éosinophilie)...................................................................... 43
2.3 La polynucléose basophile (basophilie)............................................................................ 43
2.4 La monocytose.................................................................................................................. 43
3. La thrombocytose (hyperplaquettose) ....................................................................................... 44
¾ Auto-évaluation ......................................................................................................................... 45
¾ Réponses aux questions de l’auto-évaluation ............................................................................ 50
CHAPITRE 1
LA NEUTROPÉNIE
1.1.1 Prolifération
Lorsque stimulés de façon adéquate, les précurseurs "myéloïdes" (par opposition à
lymphoïdes ou érythroïdes) de la moelle osseuse se divisent pour produire une génération
de 16 ou 32 cellules qui développeront éventuellement les attributs morphologiques et
fonctionnels de granulocytes ou polynucléaires neutrophiles. Le principal facteur de
croissance soluble responsable de cet effet est le G-CSF (granulocyte colony stimulating
factor, ou granulopoïétine), produit entre autres par les fibroblastes et par les cellules de
soutien (stroma) de la moelle osseuse.
1.1.2 Maturation
Parallèlement à ce premier phénomène d'amplification cellulaire s'amorce un processus
de maturation au cours duquel la cellule acquiert ses granulations spécifiques
(neutrophiles) et son pouvoir de phagocytose. À l'examen au microscope, on distingue
les différentes étapes de cette maturation d'abord sous forme de myéloblastes, pro-
myélocytes et myélocytes, trois stades morphologiques au cours desquels la cellule
conserve son pouvoir de se diviser. Aux stades suivants de métamyélocyte, stab (cellule
à noyau en bandeau) et polynucléaire, la cellule ne se divise plus. Contrairement au cas
des érythrocytes, les cellules de cette lignée atteignent leur maturation finale dans la
moelle osseuse.
TABLEAU 1-1
GRANULOPOÏÈSE NORMALE
1.1.3 Réserves
À la différence des cellules des autres lignées hématopoïétiques, les polynucléaires
matures demeurent dans la moelle pour y former un immense pool de réserve équivalent
à près de 15 fois le nombre des polynucléaires circulants eux-mêmes. Cette masse de
cellules peut être mobilisée rapidement en cas d'infection grave par exemple. Le passage
des granulocytes au sang circulant se fait, comme dans le cas des réticulocytes, direc-
tement à travers la paroi endothéliale des sinus médullaires.
Le sang périphérique constitue seulement une voie de passage pour les polynucléaires
dont la fonction s'exerce principalement dans les tissus. La durée de vie de ces cellules
est en moyenne d'une dizaine d'heures seulement, soit environ 300 fois plus courte que
celle des globules rouges. Les polynucléaires du sang sont de plus répartis en deux sous
compartiments : un premier appelé circulant proprement dit et un second appelé
marginé, puisque cette portion des cellules, sous l’effet de molécules de surface appelées
intégrines, demeure fixe, accolée aux parois vasculaires. En temps normal, l'importance
relative de ces deux sous compartiments est à peu près équivalente (50/50). Il faut bien
réaliser que, lors d'une numération sanguine, seule la portion circulante peut être
appréciée numériquement.
Tôt ou tard, les polynucléaires marginés quittent le sang circulant par diapédèse à travers
les parois vasculaires et migrent vers les sites possibles d'invasion microbienne dans les
tissus. Cette migration est généralement favorisée par une attraction chimique qui incite
les cellules à se mouvoir dans la bonne direction plutôt qu'au hasard (le chimiotactisme).
Lorsque cette migration est suffisamment importante, elle donne rapidement lieu à la
formation d'un exsudat inflammatoire purulent, se collectant parfois sous forme d'un
abcès. Une fois leur fonction de phagocytose accomplie, les polynucléaires sont
généralement détruits et remplacés.
Chez l'adulte caucasien normal, il y existe en moyenne de 3,5 à 4,0 milliards (109)
de neutrophiles par litre de sang avec un écart qui s'étale entre 2,0 et 7,0 x 109/L. Par
définition donc, toute diminution du nombre de neutrophiles ayant une valeur absolue
inférieure à 2,0 x 109/L constitue une neutropénie.
Chez l'enfant de 1 à 6 ans, on accepte une valeur de 1,5 x 109 de granulocytes par
litre comme limite inférieure de la normale, de sorte que la définition d'une neutropénie
doit être ajustée en conséquence.
EXEMPLE A EXEMPLE B
LEUCOCYTOSE TOTALE : 3,5 X 109/L 23,0 X 109/L
DIFFÉRENTIELLE (Formule leucocytaire) :
Éosinophiles : 0,02 0,01
Basophiles : 0,01 0,01
Stabs neutrophiles : 0,01 0,00
Polynucléaires neutrophiles : 0,64 0,06
Lymphocytes : 0,26 0,88
Monocytes : 0,06 0,04
NOMBRE ABSOLU DE NEUTROPHILES : 2,3 x 109/L 1,5 x 109/L
Dans un cas comme dans l'autre, la sévérité des manifestations cliniques est fonc-
tion de la rapidité d'apparition de la neutropénie et de son importance numérique. Les
souches microbiennes les plus souvent impliquées dans les infections sont le
staphylocoque, l'hemophilus, le pseudomonas, le klebsiella et l'escherichia coli. Étant donné
l'impossibilité pour l'organisme de former des exsudats chez les malades neutropéniques,
il arrive souvent que certaines manifestations cliniques ou radiologiques habituelles ne
peuvent être retrouvées chez ces patients, ce qui complique parfois l'appréciation du
tableau infectieux. Il n'est pas rare, par exemple, que ces malades souffrent d'une
pneumonie importante sans image de condensation sur la radiographie du poumon ! De
la même manière, les infections des tissus mous prennent le plus souvent l'aspect d'une
cellulite diffuse alors qu'on s'attendrait plutôt à y retrouver un abcès.
TABLEAU 1-2
TABLEAU 1-3
NEUTROPÉNIE ISOLÉE
Bactérienne Virale
Ex : Neutropénie Ex :
« paradoxale » mononucléose
infectieuse
Fungique
- Post-irradiation
Acquise Congénitale
Neutropénie Neutropénie
chronique chronique
idiopathique
Neutropénie
cyclique
TABLEAU 1-4
ANTI-INFLAMMATOIRES ANTITHYROÏDIENS *
Dipyrone ** Méthimazole
Aminopyrine** Thiouracil
Phenylbutazone Méthylthiouracil
Oxyphenbutazone Propylthiouracil
ANTIMICROBIENS TRANQUILISANTS
Chloramphénicol* Chlorpromazine
Pénicilline Népazine
Carbénicilline Méprobamate
Céphalosporines Thioridazine
Sulfamidés et dérivés Promazine
Quinine, quinidine
Allopurinol
Cimétidine, Ranitidine
Phénobarbital
Furadantin
* rarement utilisés
** retirés du marché
6.1.3 Les dérivés des sulfamidés peuvent entraîner des neutropénies progressives par
un mécanisme moins bien connu. Cette catégorie de médicaments inclut plusieurs
substances fréquemment utilisées comme les antimicrobiens (Sulfaméthoxazole), les
hypoglycémiants oraux (Tolbutamide) ou les diurétiques (thiazides).
Même si les infections causées par les bactéries s'accompagnent habituellement d'une
augmentation du nombre des neutrophiles circulants (voir chapitre 2), l'inverse est parfois
rencontré. C'est ce qu’on appelle la neutropénie paradoxale, qui survient le plus souvent
chez les personnes âgées, débilitées, ou souffrant de carence nutritionnelle (Tableau 1-
5).
Mais cette cinétique où les entrées de neutrophiles l'emportent sur les sorties, fait
défaut dans certaines circonstances :
7.3 Autres
TABLEAU 1-5
LA NEUTROPÉNIE PARADOXALE
Une neutropénie habituellement légère (1,0 à 2,0 x 109/L) et sans conséquence clinique
accompagne près de 20 % des cas de lupus érythémateux aigu disséminé et cette manifes-
tation compte parmi les critères officiels du diagnostic de la maladie (American Rhuma-
tism Association). La neutropénie du lupus est accompagnée la plupart du temps d'une
lymphopénie proportionnelle de sorte que la différentielle leucocytaire, exprimée en
pourcentage, demeure souvent normale chez ces malades. La présence d'anticorps anti-
neutrophiles a été documentée dans certains cas.
8.3 Autres
Il existe des cas de neutropénie isolés où la présence de leuco agglutinines dans le sérum
du malade, associée à une hyperplasie granulocytaire de la moelle osseuse, suggère
fortement l'existence d'un processus auto-immun de destruction des granulocytes circu-
lants, même en l'absence de toute maladie sous-jacente. Dans la majorité des cas, ces
neutropénies sont sans grande conséquence clinique et constituent souvent une énigme du
point de vue diagnostique. Il faut les considérer comme la contrepartie, au sein de la
lignée granulocytaire, des anémies hémolytiques auto-immunes et rechercher chez le
malade d'autres signes pouvant suggérer l'existence d'une maladie lymphoproliférative.
Il s'agit presque toujours d'une neutropénie tout à fait bénigne sur le plan clinique,
même si le nombre des polynucléaires circulants est souvent inférieur à 1,0 x 109/L et
parfois même à 0,5 x 109/L chez certains malades. L'incidence d'infections est si faible
en réalité qu'on pourrait croire que la monocytose de compensation suffit véritablement à
assurer une protection adéquate. Le mécanisme présumé en est un de granulopoïèse
inefficace bien que l'aspect morphologique de la moelle osseuse, dans la majorité des cas,
soit tout à fait normal, sans signe particulier suggérant l'existence d'un défaut de matura-
tion. La rate est aussi de volume normal chez ces malades. L’existence chez ces malades
d’une pseudo-neutropénie par margination excessive est souvent difficile à éliminer.
Cette situation peut persister pendant plusieurs années. Chez l'adulte, aucune
rémission spontanée ne semble avoir été rapportée jusqu'ici. Par contre, rien ne permet
de craindre chez ces malades une évolution défavorable vers l'apparition éventuelle d'une
leucémie aiguë ou d'une aplasie médullaire et il est très important de savoir les rassurer à
cet effet. Les patients asymptomatiques ne requièrent aucune forme de traitement. En
cas d'infection, il est recommandé d'avoir recours aux antibiotiques de façon aussi
précoce que possible. Certains ont préconisé l'essai de corticostéroïdes ou de G-CSF
recombinant (Neupogen™) lorsque la fréquence des infections devient excessive. La
splénectomie est considérée par tous comme inutile et même nocive.
Cette affection beaucoup plus rare que la précédente se caractérise sur le plan clinique
par l'apparition périodique, à des intervalles réguliers de 3 ou 4 semaines, de clochers de
température et d'ulcérations douloureuses (aphtes) de la muqueuse oro-pharyngée.
L'examen de la formule sanguine permet d'observer chez ces malades une neutro-
pénie sévère qui survient à tous les 21 jours environ, qui dure pendant 3 ou 4 jours et qui
est toujours suivie d'une remontée progressive du nombre de polynucléaires à des valeurs
normales ou plus élevées encore. L'examen de la moelle peut montrer une hypoplasie
importante de la lignée granulocytaire au moment des épisodes de neutropénie avec
normalisation complète durant les intervalles. L'étude expérimentale approfondie d'un
phénomène tout à fait semblable survenant chez une race particulière de chiens Collie
suggère l'existence, à l'origine de cette maladie peu commune, d'un défaut de la
régulation de la cellule souche hématopoïétique entraînant une granulopoïèse par
"vagues" successives. La cause exacte d'une telle anomalie est encore inconnue.
9.3 Autres
Certains malades, pour une raison inconnue, semblent avoir dans leur sang un
excès de polynucléaires neutrophiles marginés aux dépens du sous compartiment
circulant proprement dit, réalisant ainsi les conditions d'une "pseudo-neutropénie". Dans
ces cas, l'injection sous-cutanée d'une très faible dose d'adrénaline peut entraîner une
augmentation anormalement grande du nombre de polynucléaires circulants, de l'ordre de
500 % à 600 % du nombre de base observé avant l'injection (chez un individu normal,
l'élévation observée est d'environ 100 %). Dans les cas de neutropénie idiopathique, il est
possible d'éliminer par cette épreuve l'existence d'une pseudo-neutropénie.
10.1 Dans les neutropénies légères, Aucune forme de traitement n'est habituellement
requise si ce n'est celui de la cause de cette neutropénie lorsqu'elle est bien connue et
qu'elle doit véritablement être traitée, ce qui n'est pas toujours nécessairement le cas.
Dans toute neutropénie dont l'étiologie n'apparaît pas évidente à première vue, une
première mesure essentielle constitue l'arrêt de tout médicament sauf, bien entendu, ceux
dont le malade ne peut absolument pas se passer.
AUTO-ÉVALUATION
[ CHAPITRE 1 ]
1. Granulopoïèse neutrophile :
______________________________________________________________
b) Dans ces réserves, trouve-t-on des granulocytes immatures aussi bien que matu-
res ?
______________________________________________________________
______________________________________________________________
2. La durée de vie des polynucléaires neutrophiles dans le sang est-elle plus courte que
celle des érythrocytes ?
__________________________________________________________________
b) Pseudo-neutropénie: _____________________________________________
c) Neutropénie sévère ou
agranulocytose: _________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
____________________________________
____________________________________
____________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
[ CHAPITRE 1 ]
2. Oui. Elle est environ 300 fois plus courte. Par contre, les neutrophiles sont environ
1000 fois moins nombreux que les globules rouges (dans le sang).
6. ¾ Polychimiothérapie anticancéreuse.
¾ Anti-inflammatoires.
¾ Dérivés des sulfamidés.
¾ Antibiotiques.
CHAPITRE 2
LES DÉFICITS IMMUNITAIRES
Les déficits immunitaires peuvent être congénitaux ou acquis. Les formes hérédi-
taires se manifestent la plupart du temps durant l’enfance et elles conduisent souvent à
une espérance de vie limitée. Ce sont généralement des maladies rares et profondes dont
le diagnostic et le traitement nécessitent une expertise très particulière n’existant que dans
certains grands centres pédiatriques. Les formes acquises sont au contraire beaucoup plus
fréquentes et elles se rencontrent couramment dans la pratique médicale, nécessitant alors
une reconnaissance et une attention particulières.
1. MANIFESTATION CLINIQUES
Elles sont le premier indice de l’existence possible d’un déficit immunitaire et se ren-
contrent aussi bien dans les déficits congénitaux qu’acquis, bien que souvent à un âge
différent.
Les principaux agents infectieux sont presque toujours des bactéries susceptibles
de causer des infections chez les individus normaux : staphylocoque, streptocoque ou
pneumocoque, hemophilus influenzæ, pseudomonas, clostridium, etc.
En ce qui a trait aux déficits immunitaires acquis, il importe de rappeler leurs cau-
ses les plus fréquentes, puisqu’elles sont souvent reliées à la nature-même de diverses
maladies hématologiques décrites dans ce cours ou encore à leur traitement :
3. DIAGNOSTIC ET INVESTIGATION
Toute suspicion d’un déficit immunitaire doit normalement faire l’objet d’une investiga-
tion plus approfondie, tant clinique que biologique, afin d’en déterminer si possible le
mécanisme, la cause et, bien sûr le traitement.
3.1 En clinique
3.2 Au laboratoire
Une formule sanguine doit être obtenue en premier lieu afin d’éliminer au départ une
neutropénie ou une lymphopénie pouvant servir d’indice diagnostique immédiat. Dans
l’hypothèse d’une neutropénie cyclique, celle-ci devra être répétée systématiquement à
toutes les semaines pendant un minimum de 6 semaines avant de pouvoir conclure.
Rappelons au passage qu’une lymphopénie se définit habituellement par une numération
lymphocytaire absolue inférieure à 1 x 109/L chez l’adulte ou 2 x 109/L chez le jeune
enfant (pour les critères numériques de neutropénie, voir au chapitre 1 de ce cahier).
4. CAS PARTICULIERS
Comme l’indique son nom, cette forme de déficit immun (acquis?) est relativement
commune puisqu’elle survient approximativement chez 1/50,000 personnes. Elle est aussi
dite variable en raison de la variation dans l’importance de ses manifestations cliniques.
AUTO-ÉVALUATION
[ CHAPITRE 2 ]
N.B.: Les réponses sont données à la suite de l'auto-évaluation.
__________________________________________________________________
2. Quels sont les deux déficits immunitaires les plus souvent observés en pratique
médicale courante ?
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
4. Quels sont les tests laboratoire utiles au diagnostic d’un déficit immunitaire ?
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
[ CHAPITRE 2 ]
CHAPITRE 3
LES «CYTOSES» RÉACTIONNELLES
1. L’ÉRYTHROCYTOSE
1.1 Définition
Le terme d’érythrocytose fait référence à une augmentation isolée du nombre des globules rouges
circulants et ne doit pas être confondu, comme c’est souvent le cas, avec celui de polyglobulie,
qui signifie une augmentation simultanée des globules rouges et d’au moins un autre type de
cellules sanguines (voir le chapitre 8 de ce cahier).
L'érythrocytose est définie plus strictement comme une augmentation anormale du volume
total d’érythrocytes dans l'organisme.
+ 25 %
HOMMES :
max = [(1486 x M2 ) – 825]ml x 1.25
moyenne
Référence : Pearson et al (ICSH). Brit J Haematol 89:748-756, 1995
- 25 %
FEMMES : + 25 %
max = [(1.06 x âge) + (822 x M2 )]ml x 1.25
moyenne
- 25 %
Les érythrocytoses secondaires sont presque toutes causées par une sécrétion augmentée soit
d'érythropoïétine normale, soit d'une substance anormale à activité équivalente sur les progéni-
teurs médullaires de l’érythropoïèse. Cette hypersécrétion d'érythropoïétine est appropriée bien
sûr lorsqu’il y existe une hypoxie tissulaire, mais elle peut aussi être inappropriée.
1.2.1.3 Cardiopathie avec shunt droit-gauche, elle cause une désaturation de l’hémoglobine du
sang artériel avec hypoxie.
TABLEAU 3-1
RELATIVE ABSOLUE
(factice)
Polyglobulie
de Vaquez
(voir Chap. 8)
SECONDAIRE
Le diagnostic de la
polyglobulie de Vaquez (voir
chapitre 8) était jusqu’à tout
récemment un diagnostic
d’exclusion. On a découvert en
2005 une mutation du gène
codant pour la protéine JAK2,
une tyrosine kinase essentielle
à la signalisation associée au
récepteur membranaire de
l’érythropoïétine. Cette kinase
n’est normalement activée que
lorsque l’érythropoïétine se lie
au récepteur. La mutation
V617F entraîne une auto-activation spontanée de JAK2, donc une hypersensibilité anormale du
récepteur de l’érythropoïétine, ce qui résulte en une augmentation inappropriée du volume
érythrocytaire, même en l’absence d’érythropoïétine. Cette mutation se retrouve dans plus de
90% des cas de polyglobulie de Vaquez et on ne la retrouve jamais dans les érythrocytoses
secondaires ou relatives.
TABLEAU 3-2
CARBOXYHÉMOGLOBINÉMIE ?
(SANG VEINEUX)
POLYGLOBULIE
DE VAQUEZ (>90% DES CAS)
SAO2 S AO 2
DIMINUÉE < 92% NORMALE ≥ 92%
ÉRYTHROCYTOSE DE STRESS
MALADIE DE GAISBOCK
DOSAGE DE KYSTES
VOLUME NORMAL HYDRONÉPHROSE
(ÉRYTHROCYTOSE FACTICE) L’ÉRYTHROPOÏÉTINE
SÉRIQUE GRAWITZ ?
STÉNOSE ARTÉRIELLE ?
TUMEUR EXTRA-
RÉNALE
VOLUME AUGMENTÉ POLYGLOBULIE DE VAQUEZ SECRÉTANTE ?
(ÉRYTHROCYTOSE VRAIE) JAK2-NÉGATIVE (< 10%) ?
PRISE D’ANDROGÈNES ?
2. LES POLYNUCLÉOSES
INTRODUCTION
La moelle normale réagit à diverses formes d'agression par une surproduction d'éléments cellulai-
res de la lignée granulocytaire. Cette réaction dure aussi longtemps que persistent dans la
circulation les médiateurs solubles (facteurs de croissance) résultant de cette agression, et cessera
après la fin de celle-ci.
PHYSIOPATHOLOGIE
Les divers mécanismes de neutrocytose sont le miroir de la pathogénie des neutropénies (voir
chapitre 1, notamment pour la physiologie de la granulopoïèse et des granulocytes neutrophiles
intravasculaires). Il existe une polynucléose neutrophile lorsqu'il y a plus de 7 x 109
polynucléaires neutrophiles/L en circulation.
2.1.1 Démargination
a) Cette sorte de neutrocytose est en réalité une pseudo-neutrocytose car le nombre
total de neutrophiles intravasculaires n'est pas augmenté.
Mais le compartiment des neutrophiles circulants (donc comptés lors d'une prise
de sang) augmente au détriment du compartiment marginal.
c) Elle est de courte durée, cessant moins de 60 minutes après la fin de l'événement
déclenchant.
La neutrocytose du malade prenant des corticostéroïdes est trompeuse, car elle suggère
une capacité réactionnelle intacte de la granulopoïèse et des neutrophiles. En réalité, elle traduit
une déficience fonctionnelle. D'autre part, les corticostéroïdes ont un deuxième effet, soit d'aug-
menter la libération médullaire des granulocytes neutrophiles.
C'est l'ensemble des anomalies neutrocytaires sanguines habituellement rencontrées dans les
neutrocytoses avec production médullaire accrue, soit : augmentation des stabs, présence occa-
sionnelle de quelques métamyélocytes et formes plus jeunes, et présence de granulations toxiques
et de corps de Döhle. Déviation à gauche signifie déviation vers les formes cellulaires plus
jeunes.
TABLEAU 3-3
CAUSES ET MÉCANISMES DE NEUTROCYTOSE
CAUSES MÉCANISMES
I- ÉTATS PHYSIOLOGIQUES :
1. Nouveau-né
2. Menstruations
3. Grossesse
II- ÉTATS RÉACTIONNELS :
3. Convulsions
4. Cancers et lymphomes.
5. Maladies diverses (plus rarement) :
hémorragie ou hémolyse aiguë, into-
xication, éclampsie, et autres.
6. Lithium (RX de la maladie bipolaire)
2. Dans les cas extrêmes (ou chez les splénectomisés), ces anomalies sont même plus accu-
sées encore : c'est la réaction leucémoïde. Par contre, dans les infections graves surtout,
on peut observer tout le contraire, c'est-à-dire :
3. La neutropénie paradoxale: cette réaction inattendue peut survenir lors d’infections très
sévères dans lesquelles on s’attendrait plutôt à observer une neutrocytose réactionnelle
(voir le tableau 5 du chapitre 1). La neutropénie paradoxale s'accompagne habituellement
d'une augmentation relative des stabs et des autres signes de déviation à gauche : la pro-
duction médullaire, malgré ses limitations, est quand même augmentée et accélérée par
rapport à son régime habituel chez ce malade. La neutropénie paradoxale est l'équivalent
physiopathologique, pour les polynucléaires neutrophiles de l'anémie hémolytique avec
érythropoïèse typiquement augmentée mais relativement insuffisante.
Le tableau 3-4 résume les constatations faites à l'hémogramme dans les neutrocytoses et
neutropénies induites par divers mécanismes..
TABLEAU 3-4
SYNTHÈSE
ALTÉRATIONS DE LA FORMULE DES NEUTROPHILES
DANS DIVERSES CIRCONSTANCES
CIRCONSTANCES
ALTÉRATIONS DE LA FORMULE LEUCOCYTAIRE
ET MÉCANISMES
I- NEUTROCYTOSES
II- NEUTROPÉNIES
Elle existe lorsqu'il y a plus de 0,4 x 109 polynucléaires éosinophiles/L. Les causes principales
des éosinophilies réactionnelles sont :
1. des affections allergiques (asthme, eczéma, réactions médicamenteuses, autres aller-
gies chroniques);
2. certaines parasitoses (ascaris, oxyure, ankylostome, trichinose, et autres);
3. la vasculites granulomateuses (Wegener, Churg-Strauss, périartérite noueuse);
4. certaines maladies pulmonaires (ex: syndrome de Loeffler).
5. certains cancers, hématologiques (Hodgkin) ou autres; et
6. de rares cas de mastocytose systémique.
Il existe une condition très rare appelée leucémie à éosinophiles qui doit être aussi
considérée lorsque aucune cause apparente ne peut être trouvée pour expliquer une éosinophilie
importante et persistante chez un patient donné.
Elle existe lorsqu'on trouve plus de 0,2 x 109 polynucléaires basophiles/L de sang. Elle est rare,
se rencontrant dans les circonstances suivantes : leucémie myéloïde chronique ou autres syndro-
mes myéloprolifératifs (voir chapitre 8 de ce cahier), urticaire pigmentaire, grande
hyperlipidémie. Elle est souvent associée à une hyperhistaminémie et susceptible de causer du
prurit.
2.4 La monocytose
La monocytose est définie par l’existence d’un nombre absolu de monocytes circulants supérieur
à 1,0 x 109/L
Étiologie :
Une monocytose réactionnelle peut s’observer en association avec :
1- Les infections (chroniques surtout) • bactériennes (ex. tuberculose)
• parasitaires (ex. paludisme)
• virales.
2- Un début de régénération médullaire après une période d’aplasie profonde.
3- Certains syndromes inflammatoires (connectivites, polyarthrite rhumatoïde, sarcoï-
dose, entérite régionale, etc.).
4- Un état post-splénectomie
3. LA THROMBOCYTOSE (HYPERPLAQUETTOSE)
Une thrombocytose existe, chez l'adulte, lorsque la numération des plaquettes se situe au-delà de
400 x 109/L après avoir été mesurée à plusieurs reprises. L'hyperplaquettose secondaire est soit
transitoire, soit persistante.
En l’absence de l’une ou l’autre des conditions mentionnées ci-dessus, il faut alors soup-
çonner l’existence d’un thrombocytose primaire ou néoplasique reflétant l’existence sous-
jacente d’une thrombocytémie essentielle ou un autre syndrome myéloprolifératif apparenté dont
nous discuterons plus en détails au chapitre 8 de ce cahier.
AUTO-ÉVALUATION
[ CHAPITRE 3 ]
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____________________________________________________________________
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CAS NO 1:
Médecin québécois de 39 ans, de retour d'une expédition de trois mois dans l'Himalaya.
Consulte pour lassitude, céphalées, malaises généraux. Examen physique normal. T.A. 145/90.
QUESTIONS
_________________________________________________________________________
_________________________________________________________________________
_________________________________________________________________________
_________________________________________________________________________
CAS NO 2:
Une femme de 68 ans est réadmise pour détérioration récente de sa maladie pulmonaire obstruc-
tive chronique. Elle fume quelque 40 cigarettes par jour depuis trente ans. Elle est traitée depuis
des années pour emphysème pulmonaire maintenant très avancé, et pour une bronchite chronique
ponctuée de dangereuses crises de bronchospasme : elle souffre d'hyperréactivité bronchique.
Dans les jours précédant l'admission, elle a développé les symptômes et signes cliniques caracté-
ristiques d'une pneumonie du lobe inférieur droit, ce que la radiographie pulmonaire faite à la
salle d'urgence a confirmé.
L'examen physique à l'arrivée révèle une femme souffrante, très dyspnéique et légè-
rement déshydratée. On constate une cyanose des ongles et des muqueuses, des signes
d'emphysème important, les anomalies habituellement associées à une hépatisation du lobe
inférieur droit, et en plus l'auscultation suggère un bronchospasme diffus et sévère, ce que
confirmeront les tests de physiologie respiratoire. Le cœur tient bon, même si l'électrocardio-
gramme révèle des signes de surcharge du coeur droit et d'ischémie sous-endocardique étendue.
QUESTIONS
1. Pour cette malade chez qui une érythrocytose est suggérée par l'hémoglobine et l'héma-
tocrite, quel(s) test(s) allez-vous pratiquer pour déterminer si l'érythrocytose est réelle ou
apparente seulement? Décrivez le principe de ce(s) test(s).
_________________________________________________________________________
_________________________________________________________________________
3. Votre externe se dit d'avis qu'il s'agit d'une érythrocytose secondaire à sa maladie respira-
toire : quel(s) test(s) devrait-il pratiquer pour confirmer son hypothèse diagnostique?
_________________________________________________________________________
_____________________________________________________________________
b) le VGM érythrocytaire ?
_____________________________________________________________________
_____________________________________________________________________
Deux années passent. La fonction respiratoire continue à se détériorer, et le coeur est maintenant
en décompensation : la malade présente des douleurs angineuses de plus en plus fréquentes. Puis,
comme on le craignait, elle fait un infarctus myocardique transmural étendu, débordant sur le
ventricule droit. Une insuffisance cardiaque globale, droite et gauche, vient aggraver une
situation déjà fort intriquée. L'hémoglobine étant à 192 g/L et l'hématocrite à 0,575, le
cardiologue fait faire quelques saignées, avec amélioration de l'insuffisance cardiaque et
diminution des douleurs angineuses.
QUESTIONS
_____________________________________________________________________
b) Parmi les examens de routine, quel est le meilleur paramètre pour mesurer l'impact
quantitatif des érythrocytes sur la viscosité du sang total ?
_____________________________________________________________________
6. Nommez trois (3) propriétés du globule rouge qui sont déterminantes pour sa déformabilité
et son impact sur la viscosité sanguine.
_________________________________________________________________________
_________________________________________________________________________
[ CHAPITRE 3 ]
1. a) Libération des réserves médullaires de neutrophiles matures (polynucléaires et stabs).
3. Il y a «paradoxe» lorsqu'une déviation à gauche est associée non pas à une neutrocytose
comme c'est habituellement le cas, mais à une neutropénie. La moelle est incapable de pro-
duire en quantité suffisante dans cette circonstance.
CAS NO 1:
1. Érythrocytose secondaire.
4. Hémoglobine normalisée.
__________________________________________________________________
CAS NO 2:
Par contre, l’hématocrite supérieur à 0.55 chez cette femme est suffisamment élevé pour
affirmer sur une base de probabilité qu’il s’agit bien d’une érythrocytose vraie. Le test au
chrome radioactif n’est donc probablement pas nécessaire dans ce cas-ci.
4. a) Le tabac peut causer une érythrocytose. L'alcool peut causer une anémie (toxicité
médullaire directe ou carence en folates ou hémorragie(s) digestive(s) supérieure(s).
b) L'éthylisme (mais non le tabagisme) peut causer une macrocytose (VGM habituel-
lement entre 100 et 110 fL), souvent sans anémie associée.
b) L'hématocrite.
__________________________________________________________________
CHAPITRE 4
LES AFFECTIONS BÉNIGNES DES
LYMPHOCYTES ET DES PLASMOCYTES
1. RAPPEL D'IMMUNOLOGIE
Le thymus joue un rôle essentiel dans le développement lymphoïde car il assure en tant
qu'organe lymphoïde central le peuplement des organes lymphoïdes périphériques :
ganglions, rate, plaques de Peyer. L'ablation du thymus dès la naissance entraîne une
lymphopénie périphérique et des déficits immunitaires graves. La greffe du thymus
rétablit le peuplement lymphocytaire périphérique et les fonctions. La moelle osseuse
joue aussi un grand rôle dans le peuplement lymphoïde périphérique. Les lymphocytes
médullaires migrent dans le thymus, acquièrent des fonctions immunocompétentes et
peuplent en partie les organes périphériques.
Notons que chez les oiseaux il existe deux organes lymphoïdes centraux : le thy-
mus qui régit l'immunité cellulaire et la bourse de Fabricius qui régit l'immunité
humorale. Il existe donc deux populations lymphoïdes, l'une thymodépendante, les
thymocytes ou "cellules T" intervenant surtout dans l'immunité cellulaire, l'autre
"bursodépendante", les bursocytes ou "cellules B" intervenant dans l'immunité humorale.
Chez l'homme, la moelle osseuse joue le rôle d'organe central de l'immunité humorale, les
cellules B étant donc d'origine médullaire directe (Voir figure 4-1).
Le lymphocyte est une cellule de petit diamètre, à noyau dense nucléolé, quoique
le nucléole ne soit visible habituellement qu'au microscope électronique; son cytoplasme
est peu abondant et contient peu d'organites.
FIGURE 4-1
Sang
Progéniteur
myéloïde Gl. Rouges
Granulocytes
et Monocytes
Plaquettes
ORGANES
LYMPHATIQUES
Cellule Pré-T
THYMUS Lymphocytes T
Cellule-souche GANGLIONS
hématopoïétique
RATE
INTESTIN
AMYGDALES
Progéniteur
lymphoïde Lymphocytes B
Cellule Pré-B
Moelle osseuse
Les fonctions des lymphocytes sont capitales pour l'immunité humorale aussi bien que
pour l'immunité cellulaire. Ce sont deux populations lymphocytaires distinctes qui
entrent en jeu dans l'une ou l'autre de ces branches de l'immunité.
L'immunostimulation spécifique par un antigène est celle qui est la mieux connue et la
plus fréquente. Elle provoque des réactions immunitaires spécifiques, par exemple
l'entrée en action privilégiée des lymphocytes à mémoire qui ont le souvenir de cet
antigène particulier, et ultérieurement la sécrétion d'anticorps à activité spécifique pour
les déterminants antigéniques de l'antigène en cause.
TABLEAU 4-1
(SURVEILLANCE IMMUNITAIRE)
--------------------------------------------------
Le frottis sanguin révèle parfois des lymphocytes beaucoup plus atypiques que les
précédents, si bien qu'on a peine à reconnaître qu'il s'agit d'un lymphocyte. La cellule
mononucléée est de plus grande taille, son cytoplasme est abondant et
plus franchement basophile. De plus, le noyau est souvent plus gros, à
contours irréguliers avec encoches ou incurvations, et sa chromatine
est plus fine, évoquant le noyau du monocyte. Le terme de
mononucléaire atypique, parfois encore utilisé, traduit la difficulté de
savoir s'il s'agit d'un lymphocyte ou d'un monocyte à l’observation
morphologique de routine. D'autres méthodes ont montré que ces
cellules sont bien d'origine lymphocytaire et réactionnelle. Ces cellules se rencontrent
classiquement dans la mononucléose infectieuse (voir chapitre 6). En général, le noyau
est "rassurant", en dépit des modifications observées : ces modifications ne sont
habituellement pas suspectes de malignité pour un observateur expérimenté.
TABLEAU 4-2
Infection
AFFECTIONS
LYMPHOCYTAIRES Infection
- Lymphocytes atypiques
(sang) Immunisation
OU - Mononucléose
infectieuse
- Syndromes mononucléosiques - Cytomégalovirus
(sang) - Viroses
- Autres infections
PLASMOCYTAIRES
BÉNIGNES
- Arthrite rhumatoïde
et auto-immunité
- Plasmocytoses réactionnelles - Néoplasie maligne
(moelle) - Cirrhose
- Infections
TABLEAU 4-3
A. LYMPHOCYTOSES RÉACTIONNELLES :
a) Lymphocytoses virales :
• lymphocytose infectieuse aiguë de l’enfant ou
maladie de Carl Smith;
• oreillons, varicelle, hépatite, etc.
b) Lymphocytoses bactériennes :
• coqueluche;
• brucellose.
B. LYMPHOCYTOSES MALIGNES :
AUTO-ÉVALUATION
[ CHAPITRE 4 ]
N.B. : Les réponses sont données à la suite de l'auto-évaluation.
1. Quelle est l’origine commune à toutes les cellules composant notre système
immunitaire ?
__________________________________________________________________
2. À l'état normal, lesquels des lymphocytes T ou des lymphocytes B, sont les plus
abondants :
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
[ CHAPITRE 4 ]
2. a) Lymphocytes T.
b) Lymphocytes B.
3. a) T (immunité cellulaire).
b) B (immunité humorale).
c) T (hypersensibilité retardée).
d) B.
CHAPITRE 5
LES SYNDROMES MONONUCLÉOSIQUES
1. DÉFINITION
Il faut aussi savoir que la mononucléose infectieuse confère une immunité perma-
nente au sujet qui l'a contractée (anticorps anti-EBV IgG anti-capside virale et anti-
antigène nucléaire): cette maladie ne récidive jamais, sauf dans les cas très exceptionnels
d'immunodéficience congénitale ou acquise.
TABLEAU 5-1
1. Mononucléose infectieuse :
2. Toxoplasmose acquise :
3. Infection à cytomégalovirus.
3. LA MONONUCLÉOSE INFECTIEUSE
Le virus EBV est répandu sur toute la planète d'une manière égale, et les infections
cliniquement manifestes surviennent surtout chez les jeunes d'âge adolescent. Les
infections qui arrivent dans la petite enfance sont le plus souvent asymptomatiques, et
passent inaperçues. À vingt ans, près de 90% des gens possèdent des anticorps contre le
virus EBV, le plus souvent sans notion antérieure d'un syndrome mononucléosique.
Au questionnaire, il faudra vérifier les points suivants, afin de discriminer les pos-
sibilités diagnostiques:
¾ La fièvre est sans patron particulier, avec sueurs nocturnes et frissons; elle est
souvent précédée de malaises généraux et "grippaux" pendant quelques jours.
¾ Un mal de gorge avec difficulté à avaler, à parler et une toux sèche non pro-
ductive.
TABLEAU 5-2
MANIFESTATIONS CLINIQUES
DE LA MONONUCLÉOSE INFECTIEUSE
FIGURE 5-1
FIGURE 5-2
Ces anomalies cytologiques ne sont pas spécifiques, puisque l'on peut les ren-
contrer dans la toxoplasmose et la plupart des infections virales. À signaler qu'au début
de la maladie, on peut observer une légère neutropénie et leucopénie, puis une élévation
des globules blancs aux dépens des polynucléaires avec une augmentation des formes
jeunes (stabs).
La biologie hépatique : elle est souvent perturbée avec des signes de cytolyse
(transaminases augmentées) et de choléstase légères (la MI s’accompagne presque
toujours d’une légère hépatite, le plus souvent asymptomatique). Rarement, il peut y
avoir une hyperbilirubinémie suffisante pour causer un ictère cliniquement apparent.
Chez les jeunes adultes, on trouvera donc un Monotest positif dans 90% des cas.
Cependant, il faut savoir que l'anticorps hétérophile spécifique de la mononucléose infec-
tieuse apparaît entre la sixième et la dixième journée, atteint son titre maximum durant
les deuxième et troisième semaines subséquentes, pour décroître progressivement
pendant un à trois mois (figure 5-2). Donc, si un premier test est négatif, il faudra le
répéter durant un mois, pour ne pas rater un résultat positif.
TABLEAU 5-3
Lymphocytose
SÉROLOGIE:
ou
Les anticorps spécifiques à l'EBV (Tableau 5-4): ce sont des épreuves coûteu-
ses dont il faut se servir avec parcimonie, dans des situations où il est essentiel d'obtenir
un diagnostic étiologique certain (chez les jeunes enfants en particulier). Il existe trois
structures antigéniques, les antigènes précoces (Early Antigens, EA), les antigènes
nucléaires du virus Epstein-Barr (EB Nuclear Antigens, EBNA), et les antigènes de la
capside virale (Viral Capsid Antigen, VCA). On détectera dans le sérum du sujet des
anticorps dirigés contre ces protéines virales, selon le stade de la maladie.
Il est toujours pertinent de faire aussi une recherche de streptocoque à tous les
sujets de moins de 25 ans au moyen d’un prélèvement pharyngé à cause du risque de
RAA (rhumatisme articulaire aigu).
Il pourrait être très vaste (voir au début), mais nous nous en tiendrons aux choses fré-
quentes vues en Amérique du nord.
TABLEAU 5-4
Complications: elles sont rares dans la MI, mais parfois mortelles (Tableau 5-5).
¾ Myocardite ou péricardite.
3.6.2 Traitement
Il n'existe pas de traitement spécifique de la mononucléose; on se limite à intervenir au
niveau du support, si besoin.
3.6.3 Pronostic
La mononucléose infectieuse est une affection à bon pronostic dans la plupart des cas.
Elle est habituellement de durée limitée (immunisation efficace) et la guérison survient
normalement en 4 à 6 semaines.
Mais des complications graves, si rares soient-elles, sont à craindre : les principa-
les causes de décès au cours de cette maladie sont les complications neurologiques, les
surinfections bactériennes et la rupture de la rate.
3.6.4 Prévention
Il n'existe aucune mesure préventive particulière au virus EBV, sauf d'éviter les
contacts intimes avec une personne en phase aiguë, et de se laver les mains avant et après
contact.
Ce syndrome a connu beaucoup de publicité au cours des dernières années : il s'agit d'un
ensemble de signes et symptômes que l'on n'a pas encore réussi à relier de façon certaine
à un virus en particulier, bien que le virus EBV ait été pressenti avec la mise en évidence
chez certains de ces malades d'anticorps anti-EA. Les premières observations n'ont
malheureusement pas été confirmées par d'autres chercheurs, et le syndrome de fatigue
chronique est toujours orphelin. Vous constaterez que la fatigue est un symptôme qui est
souvent évoqué en consultation, sans autres malaises plus spécifiques. Dans l'approche
d'un problème de fatigue, il faudra être plus que jamais rigoureux, et objectif.
TABLEAU 5-5
PRINCIPALES COMPLICATIONS DE LA
MONONUCLÉOSE INFECTIEUSE
Pharyngites bactériennes
Groupe A streptocoques........................................................................... 0,07 - 0,30
ß-hémolytique ..................................................................................................... rare
Respiratoires
Obstruction des voies respiratoires supérieures..................................... 0,001 - 0,01
Hématologiques
Thrombopénie immune....................................................................................... rare
Anémie hémolytique auto-immune.....................................................................0,03
Rupture splénique ................................................................................ 0,001 - 0,002
Aplasie médullaire .............................................................................................. rare
Lymphome ......................................................................................................... rare
Hépatiques
Enzymite (AST/ALT) asymptomatique..................................................... fréquente
Neurologiques
Méningite, myélite ou encéphalite...................................................................... rare
Ataxie cérébrale aiguë......................................................................................... rare
Syndrome de Guillain et Barré ........................................................................... rare
Paralysie de nerfs crâniens, surtout paralysie de Bell......................................... rare
AUTO-ÉVALUATION
[ CHAPITRE 5 ]
N.B.: Les réponses sont données à la suite de l'auto-évaluation.
___________________________________________________________________
2. Quelle est la durée moyenne des manifestations suivantes dans une mononucléose
infectieuse :
a) fièvre : _________________________________________________________
b) pharyngite : _____________________________________________________
c) lymphocytose : __________________________________________________
d) adénopathies : ___________________________________________________
e) splénomégalie : __________________________________________________
___________________________________________________________________
___________________________________________________________________
___________________________________________________________________
___________________________________________________________________
[ CHAPITRE 5 ]
2. a) 7 à 14 jours.
b) 7 à 14 jours.
c) 3 semaines.
d) 3 semaines.
e) 3 semaines.
f) 1 an ou plus.
CHAPITRE 6
LES ADÉNOPATHIES RÉACTIONNELLES
1. APPROCHE CLINIQUE DES ADÉNOPATHIES
Les ganglions, dérivés du mésoderme, sont des petites formations allongées servant de
relais immunologiques interposés sur le trajet des vaisseaux lymphatiques un peu partout
dans l’organisme. Comme la rate, et les plaques de Peyer, ils font partie des organes
lymphatiques dits périphériques.
Les ganglions sont nombreux (de 500 à 600) et généralement très petits : leur
diamètre varie de 1 à 5 mm (0,5 cm), parfois jusqu’à 1 cm dans les chaînes profondes. Ils
sont donc rarement palpables à l'état normal, ou visibles sur des radiographies.
Lorsqu’ils sont augmentés de volume (>1 cm de diamètre) on parle alors d’adénomégalie
ou d’adénopathie.
Bien que répartis un peu partout le long du système lymphatique, les ganglions ont
tendance à se regrouper dans certains territoires appelés chaînes ganglionnaires où ils
drainent la lymphe provenant des diverses régions anatomiques de l'organisme.
Région mammaire
Thorax et abdomen supérieur
1.2.1 Aiguës
Volume variable (> 1 cm) - douloureux spontanément et sensibles à la palpation - mobi-
les. La consistance est plutôt molle et parfois il peut y avoir fluctuation. Le problème est
différent selon que l'adénopathie est localisée/régionale, ou si elle est généralisée.
1.2.1.1 Locorégionale
La localisation, la mobilité et la consistance permettent généralement d'éviter la
confusion avec des lésions telles un kyste, un lipome infecté, une inflammation de
glandes salivaires, une hydro-adénite (à l'aisselle en particulier). Ne pas confondre une
artère fémorale saillante (athérosclérose) avec une adénomégalie. L'artère est pulsatile...
Dans la région inguinale, attention de ne pas confondre avec une hernie inguinale,
souvent proéminente en position verticale mais qui disparaît en position déclive.
a) avant tout une cause infectieuse dans le voisinage ou dans le territoire corres-
pondant :
ex: ganglions cervicaux : infection de la sphère ORL, des dents, du cuir
chevelu
ex: ganglions axillaires : blessure aux membres supérieurs, griffure chat ou
autre, infection de la peau, cellulite, etc.
1.2.1.2 Généralisée
Les adénopathies aiguës généralisées s'accompagnent le plus souvent de symptômes
systémiques : T°, courbatures, frissons, sudations.
Leurs causes les plus fréquentes sont des maladies de systèmes et des infec-
tions comme la mononucléose infectieuse, la primo-infection par le VIH, la toxoplas-
mose, l’infection à cytomégalovirus, l’histoplasmose, la brucellose, la tularémie.
Il peut aussi s'agir, parfois, d'une réaction immune aiguë, comme par exemple une
maladie sérique.
1.2.2 Chroniques
Les ganglions sont de volume variable mais peuvent parfois être très volumineux, en
particulier dans les lymphomes. Ils ne sont pas douloureux. Leur consistance est ferme,
plutôt caoutchouteuse dans les lymphomes et ligneuse (consistance de bois) dans les
métastases de carcinomes ou de sarcomes.
Ils sont généralement mobiles mais peuvent être fixés sur les plans profonds, dans
les pathologies malignes. Ils peuvent être séparés les uns des autres ou devenir
confluents et former des masses pluri-ganglionnaires.
Comme pour les formes aiguës, les adénopathies chroniques peuvent être locali-
sées ou régionales, ou encore généralisées.
1.2.2.2 Généralisée
Les adénopathies chroniques généralisées peuvent être associées à une splénomégalie. Il
peut s'agir :
TABLEAU 6-1
Adénopathie palpable
à l’examen physique
Localisée Disséminée
Territoire de
draînage ?
LYMPHOCYTOSE
ANORMAL NORMAL
À LA FORMULE SANGUINE?
Si diagnostic incertain…
BIOPSIE REQUISE
TABLEAU 6-2
1. Lymphome de HODGKIN
3. Tuberculose
4. Sarcoïdose
2. Lymphome de HODGKIN
3. Métastases de cancers
• Digestifs
• Rénaux
• Ovaire
• Prostate
• Utérus
Diverses substances, organismes, cellules peuvent arriver par la lymphe au niveau d'un
ganglion lymphatique et évoquer divers types de réactions. Les réactions peuvent être de
nature inflammatoire ou immunologique.
Parmi celles-ci, les lymphadénites granulomateuses sont celles qui ont une impor-
tance clinique. Leurs causes sont variées et incluent entre autres : infections (mycobacté-
ries, champignons, etc.), réactions médicamenteuses, substances étrangères, association à
des néoplasies, maladie de Crohn, syndromes d'immunodéficience et sarcoïdose.
Parmi les lésions vasculaires intéressant les ganglions lymphatiques, deux méritent d'être
mentionnées. D'abord, l'infarctus ganglionnaire; celui-ci peut être secondaire à des
embolies, à une vasculite ou parfois spontané sans cause connue. Cependant, il faut
retenir que dans plus de 30 % des cas, l'infarctus ganglionnaire masque une néoplasie
sous-jacente, le plus souvent lymphomateuse.
AUTO-ÉVALUATION
[ CHAPITRE 6 ]
___________________________________________________________________
___________________________________________________________________
___________________________________________________________________
___________________________________________________________________
___________________________________________________________________
___________________________________________________________________
a) _______________________________________________________________
b) _______________________________________________________________
_______________________________________________________________
_______________________________________________________________
___________________________________________________________________
___________________________________________________________________
[ CHAPITRE 6 ]
3. Dans les centres germinatifs des follicules lymphoïdes secondaires. Les follicules
secondaires sont issus de la transformation de follicules primaires provoquée par la
stimulation antigénique.
b) Toxoplasmose.
6. NON. L'hyperplasie de la zone T est une réaction non spécifique. Elle accompagne
souvent une infection virale.
CHAPITRE 7
1. Notions générales
2. Terminologie
3. Classification des cancers hématologiques
4. Introduction schématique aux cancers hématologiques
(récapitulation pour les ateliers 4 et 5)
5. Introduction : investigation initiale d’un cancer hématologique soupçonné
6. Méthodes de typage des hémopathies malignes
AVERTISSEMENT
1. NOTIONS GÉNÉRALES
E) À des degrés variables, les cellules cancéreuses ont une déficience de différencia-
tion ou de maturation cellulaire : à titre d’exemples de variations extrêmes, il peut
en résulter une surabondance d’érythrocytes tout à fait mûrs (adultes), ou à l’opposé
une accumulation de leucoblastes, c’est-à-dire de cellules très indifférenciées. Des
blocages à de multiples stades intermédiaires de maturation s’observent, correspon-
dant à autant d’hémopathies malignes distinctes. C’est ce qui explique la
complexité et la difficulté du sujet, car la définition précise du degré d’immaturité
de ces cellules est souvent ardue et, dans certains cas, encore mal résolue.
TABLEAU 7-1
HÉMATOPOÏÈSE ET LYMPHOPOÏÈSE
MONOBLASTES MONOCYTES
CSML
2.1 Définitions
Clone cellulaire : l’ensemble des cellules issues par mitoses successives d’une
même cellule-mère, et possédant de ce fait des propriétés morphologiques et fonc-
tionnelles identiques.
2.2 Synonymes
Le tableau 7-2 aborde l’un des sujets les plus complexes de l’hématologie, soit la
classification et la description comparée de la plupart des hémopathies malignes.
NOTE : a) Il est probable que l’étudiant(e) trouvera plus profitable de différer
l’étude approfondie de ce tableau jusqu’au moment où il(elle) fera son
TABLEAU 7-2
CELLULES
SOUCHES GROUPES NOSOLOGIQUES
NÉOPLASIQUES
SYNDROMES MYÉLOPROLIFÉRATIFS
CHRONIQUES
MYÉLOÏDES * LEUCÉMIES AIGUËS MYÉLOÏDES
(« NON LYMPHOBLASTIQUES »)
SYNDROMES MYÉLODYSPLASIQUES
MALADIE DE HODGKIN
HÉMOPATHIES RARES
¾ aiguës
Les leucémies sont
¾ chroniques
Dans les leucémies aiguës, le tissu hématopoïétique normal est remplacé ou absent.
¾ Par l’hémogramme (ou la formule sanguine complète (FSC), habituellement faite en
premier) :
Note : leucémie signifie «sang blanc» : l’association d’une élévation des globules
blancs malins (leucoblastes) et d’une pâleur sanguine secondaire à l’anémie
sévère explique cette appellation.
Leucémie aiguë
•RÉPONSE :
c) parce que leur capacité de maturation partielle varie selon les altérations du génome
qui se produisent dans tel ou tel cas.
a) dissémination différente;
LYMPHOMES
(ganglions, rate)
LEUCÉMIES
HÉMOPATHIES AIGUËS SYNDROMES
MALIGNES HÉMOPATHIES MYÉLOPROLIFÉRATIFS
MÉDULLAIRES LEUCÉMIES
(moelle) CHRONIQUES LEUCÉMIE LYMPHOÏDE CHRO-
NIQUE (ET NÉOPLASIES RARES)
4.5.3 En résumé, toutes les fonctions du sang et des systèmes hématopoïétique et immuni-
taire peuvent être touchées par une leucémie :
¾ transport d'oxygène;
¾ hémostase;
¾ défense contre l'étranger par phagocytose;
¾ immunité;
¾ circulation et viscosité sanguine.
Y a-t-il :
1. Déficit de l’hématopoïèse normale ?
2. Atteinte de l'état général ?
3. Des signes et symptômes d'un syndrome tumoral ?
4. Un syndrome d'immunodéficience ?
5. Déficience ou excès de l'hémostase ?
6. Un syndrome d'hyperviscosité sanguine ?
7. Des complications auto-immunes ?
8. Des perturbations métaboliques ?
La nosologie est la science des caractères distinctifs des maladies. Elle évolue avec l'évolution
des méthodes de typage. Pour les hémopathies malignes, ces caractères distinctifs proviennent
des méthodes diagnostiques suivantes :
Le tableau 7-3 résume les principales contributions de ces diverses méthodes au typage
nosologique.
TABLEAU 7-3
CONTRIBUTIONS PRINCIPALES
DES DIVERSES MÉTHODES DIAGNOSTIQUES À LA NOSOLOGIE
CHAPITRE 8
LES NÉOPLASIES D’ORIGINE MYÉLOÏDE
1.1 Rappel
La leucémie aiguë myéloïde résulte d’une prolifération maligne des précurseurs des
cellules d’origine myéloïde de la moelle osseuse, secondairement à des altérations
génomiques de ces cellules. Cette prolifération s'accompagne du passage (parfois tardif)
des cellules malignes dans le sang.
1.2 Étiologie
Des virus, les radiations ionisantes, le benzène, et autres cancérigènes qui entraînent des
anomalies génétiques sont mis en cause (aussi vrai pour tous les types de néoplasies).
On distinguera les deux grandes classes de leucémies aiguës selon l’origine cellulaire
soit : lymphoïde (leucémie aiguë lymphoblastique ou LAL : voir au chapitre 9 ou
myéloïde (leucémie myéloblastique aiguë, LAM). Le degré de différenciation des cellu-
les leucémiques sera utile pour déterminer les sous-catégories de la LAM, soit de M0 à
M7. Les distinctions entre les divers types de LAM seront principalement en relation
avec leur stade apparent de maturation. Vous avez constaté que, dans le développement
normal des diverses lignées, les cellules passent par diverses étapes de maturation avant
de devenir une cellule mature. Le processus leucémique peut se traduire par un arrêt de
maturation à l’un de ces divers stades, créant ainsi des différences morphologiques entre
les différentes leucémies selon le stade où le blocage s’est effectué. Les cellules plus
TABLEAU 8-1
Selon critères
morphologiques cytochimiques
M0 Myéloblastique
"indifférenciée"
M1
LEUCÉMIES AIGUËS Myéloblastique
MYÉLOÏDES M2
OU
NON LYMPHOBLASTIQUES
M3 Promyélocytaire
M4 Myélo-monocytaire
M5 Monoblastique
M6 Érythroleucémie
M7 Mégacaryoblastique
1.5 Symptômes
Elle est reliée aux deux mêmes mécanismes : prolifération maligne et insuffisance médul-
laire.
1.6.1 Sang
Anémie - thrombopénie - leucocytose variable - avec cellules leucémiques (ces dernières
sont parfois absentes du sang circulant).
Lorsque les cellules leucémiques n'apparaissent pas dans le sang, on parle de leu-
cémie «aleucémique».
La moelle est plus riche, mais les précurseurs immatures sont en surnombre et il
peut y avoir une certaine dysplasie des cellules plus matures.
Le tissu médullaire normal est plus ou moins remplacé par des « blastes »
leucémiques. L'envahissement blastique doit être d’au moins 20% et peut atteindre
jusqu’à 100 % dans certains cas.
S'il y a rechute, les chances d’obtenir une seconde rémission complète à l’aide
d’une nouvelle chimiothérapie d’induction demeurent assez bonnes, cependant les
chances de survie à long terme sont très minces. On pourra envisager dans ces cas le
recours à la transplantation allogénique de cellules souches hématopoïétiques. Les
donneurs pour la greffe allogénique sont recrutés parmi les frères et sœurs. Il y a 30 % de
chances de trouver un donneur compatible. Si aucun donneur n’est identifié dans la
famille, on pourra avoir recours à un donneur non apparenté. En 2007, le registre interna-
tional comptait plus de 9 millions de donneurs potentiels.
La Figure 8-2 vous donne, à titre indicatif, les courbes de survie, par tranches
d’âge, de 927 patients suédois chez qui un diagnostic de leucémie aiguë myéloïde a été
effectué entre 1997 et 1999.
Figure 8-1
Principe de traitement des LMA
13
10
Seuil de détection Rechute
# Cellules
Maladie non
tumorales
détectable
Survie globale des patients avec LAM en Suède,
Induction Consolidation
1997-1999 Guérison…
Figure 2
Figure 8-2
Survie globale des patients avec LAM en Suède,
1997-1999
Les syndromes myélodysplasiques (SMD) sont des maladies clonales de la cellule souche
hématopoïétique caractérisées par 1) une ou plusieurs cytopénies chroniques découlant
d’une hématopoïèse médullaire inefficace et/ou 2) une évolution à court ou moyen terme
vers une leucémie aiguë myéloïde franche (on les appelait auparavant les syndromes pré-
leucémiques). Leur diagnostic est souvent difficile car il réside sur l’identification
d’altérations morphologiques et cytogénétiques parfois discrètes. La classification des
SMD selon l’OMS reconnaît les cinq principales entités suivantes:
Les SMD s’observent le plus souvent chez les personnes de >60 ans et se
présentent fréquemment sous forme d’anémie (ou pancytopénie) macrocytaire
(VGM > 100 fL). Dans ces cas, il est essentiel d’éliminer tout d’abord, à l’aide de
dosages appropriés, une simple carence en vitamine B12 ou en acide folique susceptible
de répondre rapidement à un traitement opportun.
La myélodysplasie avec caryotype 5q- est une entité plutôt rare, rencontrée de
préférence chez les femmes et caractérisée par une anémie chronique réfractaire
nécessitant des transfusions, mais sans neutropénie associée et avec des plaquettes
normales ou augmentées en nombre. Ce syndrome distinctif possède deux particularités
importantes : 1) il conduit rarement à l’éclosion d’une leucémie aiguë, même après
plusieurs années d’évolution et 2) l’anémie peut être corrigée efficacement dans plusieurs
cas à l’aide d’un médicament appelé lenalidomide, dérivé de la thalidomide.
Le pronostic des malades atteints d’un SMD peut être estimé en fonction d’un
« score » international appelé IPSS. Ce système tient compte chez chaque malade de
l’existence ou non d’un certain nombre de facteurs de risque prédéfinis pour ensuite
établir la somme des points obtenus (score) et en dériver le pronostic global de survie ou
de transformation leucémique, tel qu’illustré ci-dessous à partir des données publiées par
Greenberg et coll. (Blood, 89(6) :2079-2088, 1997)
Les maladies formant ce groupe nosologique sont des néoplasies malignes du tissu
hématopoïétique, aussi appelées tissu myéloïde, dont l'évolution naturelle est habituelle-
ment chronique, s'étalant sur quelques années. Il existe quatre syndromes myéloprolifé-
ratifs principaux :
3- La thrombocytémie essentielle.
3.3.1 Introduction
La leucémie myéloïde chronique est une maladie myéloproliférative due à une hyperpla-
sie maligne de la lignée granulocytaire qui s'accompagne, dans la plupart des cas, d'une
splénomégalie importante, d'une hyperleucocytose de 50 à 100,0 x 109 leucocytes/L, et
d'une anomalie chromosomique spécifique qui permet d'en porter le diagnostic formel
dans plus de 90 % des cas : le chromosome de Philadelphie. Ce chromosome est la
résultante de la translocation réciproque des chromosomes 9 et 22 (t 9;22) qui entraîne la
formation d’un gène chimérique appelé bcr-Abl. Ce réarrangement provoque une
augmentation de l’activité tyrosine kinase du gène Abl qui est impliqué dans les signaux
de prolifération cellulaire. Il en résulte une augmentation de la prolifération cellulaire. Ce
réarrangement peut être retrouvé dans des cas de LMC où le chromosome de Philadelphie
est absent selon la cytogénétique conventionnelle.
Cette maladie compte pour environ 15 à 20 % des leucémies chez l'adulte occi-
dental, et elle se manifeste le plus souvent entre l'âge de 40 et de 70 ans, rarement avant
30 ans. Les mêmes facteurs étiologiques discutés pour les leucémies aiguës sont envisa-
gés pour la LMC : virus, radiations ionisantes, et produits chimiques.
3.3.3 Biologie
mesure où leur âge, leur état général et la disponibilité d’un donneur HLA-compatible le
permettent.
TABLEAU 8-2
1. PRÉSENTATION
9 Symptômes d'anémie et d'atteinte de l'état général.
9 Malaises à l'hypocondre gauche (splénomégalie importante).
9 Douleurs ostéo-articulaires (goutte, infiltration néoplasique).
9 Découverte fortuite à l’hémogramme : hyperneutrocytose avec myélémie.
2. DIAGNOSTIC
9 Hyperneutrocytose avec myélémie (myélocytes et métamyélocytes surtout).
9 Chromosome de Philadelphie (90 % des cas).
9 Réarrangement génique bcr-Abl (près de 100 % des cas).
3. ÉVOLUTION
9 Incurable (sauf si greffe de cellules souches).
9 Phase chronique : dure de 6 mois à 10 ans (médiane de 42 mois).
Qualité de vie généralement satisfaisante.
Durée prolongée avec imatinib et analogues ?
9 Phase avancée : accélération ou transformation en leucémie aiguë → décès
après 1 à 6 mois (sauf si greffe de cellules souches).
4. TRAITEMENT
9 Phase chronique
Imatinib (ou analogues plus puissants encore à l’essai), durée indéfinie
Greffe de cellules souches si intolérance ou résistance à l’imatinib.
9 Phase avancée :
Imatinib ou analogue, suivis d’une greffe de cellules souches si un retour
à la phase chronique est obtenu.
Palliation
TABLEAU 8-3
2. CARACTÉRISTIQUES
DISTINCTIVES
Chromosome Philadelphie +
2.3 Caryotype Normal
(90 % des cas)
3.4.2 Biologie
L'hémogramme révèle le plus souvent une leucocytose modérée, qui dépasse rarement
50,0 x 109/L; la lignée granulocytaire neutrophile prédomine largement, avec des élé-
ments aux divers stades de maturation, surtout des polynucléaires, des métamyélocytes et
des myélocytes. Une érythroblastémie s'y associe le plus souvent (= leuco-
érythroblastose), et aussi une anémie avec une morphologie érythrocytaire caractérisée
par une anisocytose et une poïkilocytose souvent très importantes, avec fréquemment des
hématies "en larme" ou en raquette. Une polyglobulie est parfois présente au tout début,
et une thrombocytémie existe plus rarement.
L'étude de la moelle osseuse par ponction aspiratrice est souvent peu caractéristi-
que, les étalements obtenus étant fréquemment pauvres (ponction sèche, causée par la
fibrose médullaire). La biopsie médullaire démontre par contre une moelle de cellularité
augmentée, un excès de mégacaryocytes et une fibrose médullaire dont l'importance croît
à mesure que la maladie évolue.
TABLEAU 8-4
MYÉLOFOBROSE ESSENTIELLE
TABLEAU RÉCAPITULATIF
1. PRÉSENTATION
9 Découverte fortuite.
3. TRAITEMENT
9 Splénectomie parfois.
TABLEAU 8-5
THROMBOCYTÉMIE ESSENTIELLE
TABLEAU RÉCAPITULATIF
1. PRÉSENTATION
9 Découverte fortuite.
9 Thromboses ou hémorragies.
2. ÉVOLUTION
3. TRAITEMENT
9 Monochimiothérapie (hydroxyurée).
9 Aspirine
TABLEAU 8-6
4. Thrombocytémie essentielle :
9 Plaquettes ↑↑
9 Exclusion de thrombocytoses secondaires
9 JAK2 présent dans 50-60% des cas
9 Bcr-Abl et Phi absents
3.6.1 Introduction
C'est un syndrome myéloprolifératif, qui a pour caractéristique une hyperplasie autonome
de la lignée érythropoïétique avec surproduction d’érythrocytes matures et augmentation
de la masse érythrocytaire circulante au-delà des valeurs normales. Contrairement aux
érythrocytoses réactionnelles bénignes (voir chapitre 3 de ce cahier), il n'y a pas d'hyper-
sécrétion, appropriée ou non, d'érythropoïétine et on y retrouve dans >90% des cas une
mutation acquise du gène JAK2, se traduisant plutôt par une sensibilité anormale du
récepteur de l’érythropoïétine. Très fréquemment, les trois lignées hématopoïétiques
principales sont hyperplasiques, et l'on parle alors de polycythémie (dans le sang) ou de
panmyélose (dans la moelle osseuse). Comme les autres syndromes myéloprolifératifs,
cette maladie évolue habituellement en deux phases : une phase chronique, durant
volontiers une quinzaine d'années, suivie d'une phase terminale plus grave et plus courte.
Toutefois, des complications thrombotiques ou hémorragiques peuvent provoquer le
décès ou une morbidité grave durant la phase chronique.
3.6.2 Symptomatologie
Celle-ci est riche et variée, mais la maladie peut être découverte fortuitement.
3.6.3 Complications
L'évolution de la phase chronique est marquée par un risque majeur, celui des thrombo-
ses artérielles ou veineuses (accidents cérébrovasculaires, accidents coronariens, throm-
bose artérielle périphérique, thrombose splénique ou mésentérique, thrombophlébite
profonde des membres inférieurs avec ou sans embolie pulmonaire). Des hémorragies, le
plus souvent mineures mais parfois intracérébrales, ou gastroduodénales graves sont
relativement fréquentes.
Les formes plus rebelles ou sévères nécessitent souvent un traitement ayant pour
objectif de réduire la production érythrocytaire par une myélosuppression, généralement
à l’aide d’hydroxyurée ou de phosphore radioactif (32P) (Tableau 8-7).
Tôt ou tard, la phase chronique cède la place à une phase plus grave, caractérisée
dans 20 % des cas par une transformation en leucémie aiguë rebelle aux traitements
habituels, et dans les autres cas par une insuffisance médullaire grave, avec pancytopénie
et évolution vers la myélosclérose. La durée moyenne de survie est de l'ordre de douze
ans dans les cas bien traités, si bien que plusieurs malades déjà âgés au moment du
diagnostic mourront d'une autre affection entre-temps.
TABLEAU 8-7
POLYGLOBULIE DE VAQUEZ
TABLEAU RÉCAPITULATIF
1. ÉLÉMENTS DIAGNOSTIQUES
Hématocrite élevé > 0.60 chez l’homme ou > 0.55 chez la femme
Aucune cause d’érythrocytose secondaire (voir Tableau 3-2, page 36)
Mutation JAK2 présente (90% des cas)
±
Plaquettes > 400x109/L
Neutrophiles absolus >10x109/L
Splénomégalie clinique ou échographique
Érythropoïétine sérique normale ou diminuée
Volume érythrocytaire absolu augmenté (médecine nucléaire)
2. ÉVOLUTION
9 Phase chronique (5 à 10 ans) : moelle hyperactive.
9 Hypervolémie sanguine.
9 Manifestations d’hyperviscosité sanguine.
9 Thrombo-embolies et hémorragies.
9 Phases tardives :
A. Moelle épuisée :
y Production ↓↓ → pancytopénie sévère
B. Phase terminale :
y Myélofibrose (15 %)
y Leucémie aiguë (5%)
3. TRAITEMENT :
9 Saignées.
9 Hydroxyurée (Hydréa™).
9 Phosphore radioactif parfois.
4. SURVIE :
9 Médiane de 10 - 12 ans
AUTO-ÉVALUATION
[ CHAPITRE 8 ]
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
1- ______________________________________________________________
2- ______________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
[ CHAPITRE 8 ]
3- En conséquence :
a) elle est incapable de produire des cellules sanguines fonctionnelles.
b) elle se multiplie sans cesse, car faute de maturation les mitoses cellulai-
res continuent indéfiniment.
3. 1- Symptômes d'anémie.
3- Hémorragies.
4. a) Syndrome myéloprolifératif :
b) Leucémie aiguë :
CHAPITRE 9
LES NÉOPLASIES D’ORIGINE LYMPHOÏDE
1.1 Introduction
La leucémie aiguë lymphoïde (LAL) résulte d’une prolifération maligne des précurseurs
lymphoïdes immatures de la moelle osseuse, associée à des altérations génomiques de ces
cellules. Cette prolifération s'accompagne du passage des cellules malignes au sang
périphérique sous forme de lymphoblastes, cellules nettement anormales qui ne se
rencontrent jamais dans les lymphocytoses réactionnelles ni dans les syndromes mononu-
cléosiques. Dans plusieurs cas, les lymphoblastes leucémiques peuvent aussi envahir
secondairement les organes lymphoïdes périphériques, c’est-à-dire les ganglions et la
rate.
La leucémie aiguë est la forme de cancer la plus souvent observée chez le jeune
l’enfant. Dans 80% des cas, à cet âge, il s’agira d’une leucémie aiguë lymphoïde plutôt
que myéloïde. La leucémie aiguë lymphoïde se rencontre aussi chez l’adulte, mais elle ne
représente que 20% environ des cas de leucémie aiguë observés après l’âge de 20 ans.
Comme pour les autres formes de leucémies aiguës, l’étiologie de cette maladie
n’est pas connue à l’heure actuelle. Elle survient de manière aléatoire, atteint également
les deux sexes et il n’existe pas présentement de mesure préventive reconnue.
Le système de classification FAB demeure encore le plus utilisé de nos jours. Ce système
distingue trois variantes morphologiques de LAL dénommées L1, L2 et L3.
Le type L1 est celui que l’on observe le plus souvent (80%) chez le jeune enfant.
Il se distingue par une population blastique très homogène et de faible diamètre avec une
positivité caractéristique en grains ou en perles pour la coloration du PAS;
Le type L2 est le type le plus souvent observé chez l’adulte (80%) avec une
population blastique plus hétéromorphe, de plus grand diamètre et pouvant parfois donner
le change pour une leucémie aiguë myéloïde de type M5. Heureusement, la cytochimie et
Les LAL peuvent aussi être catégorisées selon leur phénotype ou leur degré de
maturation, tel que révélé par une analyse cytométrique des marqueurs cellulaires en
immunofluorescence. Les LAL d’origine T (moins fréquentes) portent à leur surface les
marqueurs CD7 (pré-T) ± CD2 (T), tandis que celles, plus fréquentes, d’origine B portent
le marqueur CD19 (pré-pré-B) avec ou sans CD10 associé (forme «commune»). Les
formes B plus « matures » peuvent arborer une immunoglobuline intracytoplasmique
(pré-B) ou même de surface (B). Il n’existe toutefois pas de corrélation entre les types
morphologiques FAB décrits ci-dessus et l’immunophénotype, sauf dans le cas de la
LAL-L3 (Burkitt) qui est la seule à porter une immunoglobuline de surface.
1.5 Le pronostic
Tel que déjà mentionné au début de ce chapitre, la LAL est une forme de leucé-
mie qui, chez l’enfant, comporte à l’heure actuelle un potentiel de guérison très élevé
(90%), tandis qu’à l’âge adulte, la curabilité ne dépasse guère 50% dans les meilleurs cas.
1.6 Le traitement
L’allogreffe de cellules souches hématopoïétiques peut être envisagée dans les cas
de moins bon pronostic, lorsque l’âge et l’état du malade le permettent et moyennant la
disponibilité d’un donneur compatible, préférablement mais non exclusivement dans la
fratrie.
FIGURE 9.1
Hôpital Saint-Jude :
enfants traités pour LAL entre 1962 et 2000
1.1 Introduction
2.2.3 Pronostic
La survie médiane, selon le stade de Rai au moment du diagnostic, est illustrée ci-
dessous. D’autres facteurs susceptibles d’influencer défavorablement le pronostic sont un
patron diffus (vs focal) d’infiltration médullaire, un temps de doublement de la lympho-
cytose inférieur à 12 mois, un taux élevé de la β2-microglobuline ou de la LDH sériques
et l’absence de réponse initiale au traitement.
Survie
Années
(Montserrat E, Rozman C. Baillieres Clin Haematol 6:849, 1993)
2.2.4 Traitement
L’abstention thérapeutique, parfois pendant plusieurs années, est la règle chez les mala-
des qui se présentent aux stades 0 ou I de Rai, sans atteinte systémique et sans facteur
particulier de mauvais pronostic. Lorsque s’impose la nécessité d’un traitement, une
monochimiothérapie orale à l’aide d’un agent alkylant, chlorambucil ou cyclophospha-
mide, est habituellement amorcée. Advenant une résistance à ce médicament, une
proportion importante des malades pourra encore répondre à une chimiothérapie de
deuxième instance à l’aide de fludarabine associée un anticorps monoclonal anti-CD20,
le rituxumab. Certains auteurs recommandent maintenant l’usage de fludarabine-
rituximab en première instance. Malgré un meilleur taux de rémissions, il est toutefois
incertain que cette attitude n’influence en quelque manière la survie éventuelle du
malade. L’usage de l’allogreffe de cellules-souches a été rapporté de façon expérimentale
chez quelques rares individus de moins de 50 ans atteints de LLC-B. En cas d’anémie
hémolytique ou de thrombopénie auto-immune, les corticostéroïdes sont généralement
recommandés.
Comme son nom le suggère, cette leucémie chronique d’évolution très lente se caracté-
rise par la présence dans le sang de cellules à cytoplasme « chevelu » appelées trichocy-
tes. Ces cellules appartiennent à un clone lymphocytaire B
néoplasique de phénotype CD5-/CD19+/CD23-/CD25+ avec une
immunoglobuline de surface de forte intensité. Elles sont de taille
légèrement supérieure à celle d’un lymphocyte normal, possèdent un
noyau à contours monocytoïdes et un cytoplasme à rebords très
irréguliers avec des projections filiformes caractéristiques, ressemblant à des poils ou à
des cheveux.
Le diagnostic est le plus souvent suggéré par l’examen du frottis sanguin, mais
l’existence de trichocytes doit toujours être confirmée, soit par cytométrie de flux (phé-
notype énoncé ci-dessus) soit par la réaction cytochimique de la phosphatase acide
résistante au tartrate. L’aspiration de moelle s’avère souvent infructueuse en raison de la
présence de fibrose médullaire. Par contre, la biopsie ostéomédullaire montre habituelle-
ment un envahissement cellulaire caractéristique associé à une fibrose réticulinique
importante, permettant de confirmer le diagnostic lorsqu’il est impossible de le faire
autrement.
Cliniquement, on retrouve très souvent chez les malades atteints de tricholeucémie une
splénomégalie qui, dans certains cas, peut être énorme et causer des symptômes tels que
douleur au quadrant supérieur gauche de l’abdomen ou satiété précoce. Des symptômes
reliés à la présence d’anémie (dyspnée, angine, etc.) ou de thrombopénie (ecchymoses)
peuvent aussi exister. La fièvre et les infections sont également fréquentes chez ces
malades en raison de la neutropénie et de la dysfonction immunitaire B reliée à la mala-
die elle-même.
Plusieurs types de lymphomes non hodgkiniens (voir chapitre 9-3) peuvent se manifester
d’emblée par une expression leucémique sous la forme d’une lymphocytose sanguine
d’aspect mature. À prime abord, ce mode de présentation ressemble beaucoup à celui
d’une leucémie lymphoïde chronique B aux stades I ou II. Comme ces lymphomes n’ont
pas nécessairement le même pronostic et ne répondent pas au même traitement qu’une
LLC-B, il est important de pouvoir les reconnaître et les distinguer.
LLC-B + + + — —
Ly manteau + + — — ±
Ly follicul — + — — ±
Ly marginal — — — — —
Tricho — + — + —
En plus des entités décrites ci-dessus, il existe plusieurs autres syndromes lymphoproli-
fératifs chroniques, tous d’origine lymphocytaire T ou NK, dont la fréquence est très
faible mais qui constituent un défi diagnostique que seule une analyse détaillée des
marqueurs phénotypiques du clone cellulaire permet de résoudre. Les syndromes
connus actuellement sont :
¾ la leucémie prolymphocytaire chronique T;
¾ le syndrome de Sézary;
¾ la leucémie chronique T à grands lymphocytes granulés;
¾ la leucémie à lymphocytes NK;
¾ le lymphome hépatosplénique Tγδ.
3. LES LYMPHOMES
Les lymphomes sont des cancers originant principalement des organes lymphatiques
périphériques : les ganglions, la rate et les plaques de Peyer (les cancers originant du
thymus sont appelés thymomes). Contrairement aux autres cancers hématologiques, le
sang est rarement envahi au moment du diagnostic, et la moelle osseuse n’est pas tou-
jours atteinte. Il existe une minorité de lymphomes à début extra-lymphatique (ex : foie,
poumon, peau, etc.).
Certains lymphomes peuvent afficher d’emblée une expression leucémique (c’est souvent
le cas, par exemple, des lymphomes non hodgkiniens de la zone du manteau). Dans
d'autres cas, l’évolution conduit à un envahissement secondaire du sang périphérique par
les cellules malignes. On parle alors de lymphome leucémique, dont le pronostic est
souvent très sombre. Il existe des formes rares de lymphomes qui ne s’expriment que
dans des sites extra-lymphatiques, comme par exemple les lymphomes angiocentriques.
D’autres lymphomes originant des lymphocytes T ont un tropisme particulier pour la
peau à laquelle ils peuvent demeurer confinés pendant des années avant d’atteindre les
organes lymphatiques (ex : mycosis fongoïde).
Il a été dit plus haut que le diagnostic exact doit d’abord être fait par l’étude histopatho-
logique de la biopsie ganglionnaire afin de déterminer précisément le type de lymphome
(hodgkinien ou non hodgkinien) et sa variété particulière (ex : lymphome non hodgkinien
diffus à grandes cellules B, lymphome hodgkinien, type sclérose nodulaire, etc.). Ceci est
largement la responsabilité du pathologiste.
Nous savons maintenant depuis quelques années que, dans la grande majorité des cas, le
lymphome de Hodgkin est d’origine lymphocytaire B. Cependant, la cellule néoplasique
possède deux immunophénotypes différents. Dans le type Prédominance lymphocytaire
forme nodulaire, la cellule possède l’immunophénotype suivant :
CD45+; CD20+; CD15-; CD30- alors que pour les quatre autres
types, l’immunophénotype, dit classique, est : CD45-; CD20-;
CD15+; CD30+. La cellule classique, illustrée ci-contre, est
appelée cellule de Reed-Sternberg en l’honneur de ceux qui l’ont
décrite au début du siècle dernier. On lui reconnaît cependant des
variantes dont la cellule hodgkinienne (forme mononucléée), la
Cellule de Reed-Sternberg
cellule L&H, la cellule lacunaire et la cellule anaplasique.
Aspect microscopique
Histologiquement, le lymphome de Hodgkin présente habituellement un aspect polymor-
phe faisant contraste avec les lymphomes non hodgkiniens qui sont plus monomorphes.
Seules les cellules de Reed-Sternberg ou ses variantes sont néoplasiques, les autres
cellules, dites d'accompagnement, étant réactionnelles et constituant l’environnement
hodgkinien. Elles incluent des lymphocytes, polynucléaires éosinophiles, plasmocytes et
histiocytes présents en quantité variable suivant le type histologique du lymphome.
C'est en 1966 que Rappaport présentait une première classification des lymphomes non
hodgkiniens (LNH) basée non seulement sur le type de cellules constituantes mais
également sur l’architecture de la prolifération. Plusieurs études ont démontré par la suite
sa grande utilité, sa reproductibilité et son intérêt clinique. Cependant, le développement
rapide des connaissances en immunologie au début des années 70 est responsable des
nombreuses autres classifications proposées durant cette décade, ajoutant ainsi à la confu-
sion et à la complexité des LNH. En 1982, un groupe d'experts internationaux, sous
l’égide de l’Institut National du Cancer des États-Unis, a élaboré une classification
appelée « Formulation de Travail pour usage clinique » dans le but d'uniformiser la
terminologie employée dans la classification des LNH. La « Formulation de Travail » a
vite été reconnue supérieure aux classifications précédentes, particulièrement pour le
clinicien puisqu’elle était basée entre autres sur le pronostic des différents lymphomes.
Cependant, toujours en raison du développement des connaissances, cette classification
est rapidement devenue incomplète. C’est alors qu’un groupe international de travail
réunissant d’éminents pathologistes a proposé une nouvelle classification publiée en
1998, soit la classification REAL (Revised European and American classification of
Lymphomas). Un peu plus tard, en 2000, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a
publié la dernière version de la classification des tumeurs hématopoïétiques incluant celle
des lymphomes. Tout comme pour la classification REAL, elle définit chacun des lym-
phomes selon ses paramètres cliniques, son aspect histologique, l’immunophénotype des
cellules constituantes, les données génotypiques du lymphome et enfin selon son pronos-
tic.
Le pronostic des lymphomes non hodgkiniens est déterminé entre autres par deux
paramètres histologiques : le premier correspond au type de cellules constituant le lym-
phome, et le deuxième à l’architecture de la prolifération cellulaire. Le pronostic des
lymphomes non hodgkiniens est donc parallèle au stade de différenciation des éléments
TABLEAU 9-1
Une seule région ganglionnaire (I) ± une atteinte extra-lymphatique contiguë (IE)
I OU
Un seul site extra-lymphatique isolé, sans atteinte ganglionnaire (IE)
Deux régions ganglionnaires ou plus d’un seul et même côté du diaphragme (II)
II
± atteinte contiguë d’un seul site ou organe extra-lymphatique (IIE)
TABLEAU 9-2
Précurseurs B Précurseurs T
- Leucémie/lymphome lymphoblastique B Leucémie/lymphome lymphoblastique T
Lymphomes Hodgkiniens
Forme à prédominance lymphocytaire nodulaire
Forme classique:
Sclérose nodulaire (grades 1 et 2)
Cellularité mixte
Déplétion lymphocytaire
Riche en lymphocytes
FIGURE 9.2
Il est maintenant établi que les lymphomes hodgkiniens originent tous d’une aber-
ration cellulaire de la lignée lymphocytaire B, mais leur étiologie demeure toujours
inconnue. La cellule maligne pathognomonique observée dans les ganglions biopsiés est
appelée cellule de Reed-Sternberg.
Des modes de présentation beaucoup plus rares se rencontrent dans les formes
viscérales isolées de la maladie de Hodgkin (poumon, foie, os, système nerveux). La
maladie peut parfois se présenter aussi sous forme de fièvre isolée, d’étiologie indétermi-
née au début. Dans un cas comme dans l’autre, ces modes de présentation constituent
souvent un défi diagnostique de taille dont l’issue ne peut être tranchée que par une
biopsie ciblée sur l’organe atteint ou par une biopsie ostéomédullaire démontrant les
critères du diagnostic d’une maladie de Hodgkin (cellules hodgkiniennes ou de Reed-
Sternberg).
3.5.3 Diagnostic
Dans tous les cas, le diagnostic d’une maladie de Hodgkin doit être confirmé par une
biopsie. Le site recommandé est généralement le ganglion le plus important et le plus
accessible. Dans certains cas, il est nécessaire de procéder à une médiastinotomie, une
thoracotomie ou à une laparotomie. Il est important d’informer au préalable le chirurgien
de l’hypothèse d’un lymphome de façon à ce qu’il en avertisse aussi le pathologiste afin
de s’assurer de la qualité de l’échantillon à prélever. Bien que moins traumatisantes pour
le malade, il arrive assez souvent que les biopsies au trocart effectuées sous guidage
radiologique ne permettent pas d’obtenir suffisamment de matériel pour permettre au
pathologiste d’effectuer un examen complet et détaillé.
L’examen physique doit toujours être complémenté par une imagerie détaillée,
morphologique et fonctionnelle comprenant des tomodensitométries cervicale, thoraci-
que, abdominale et pelvienne de même qu’une scintigraphie pancorporelle au gallium. Là
où cette technologie existe, la scintigraphie au gallium peut être avantageusement rem-
placée par une tomoscintigraphie par émission de positrons (PET scan), encore plus
sensible à démontrer tous les sites profonds d’atteinte de la maladie, même en l’absence
d’atteinte radiologique (Figure 9-3). Le bilan d’imagerie devrait normalement être
effectué dans un délai maximum de deux semaines et il doit conduire à l’établissement du
stade radiologique définitif de la maladie en utilisant le système d’Ann Arbor (I à IV ± E
et A ou B ± X).
La moelle osseuse peut parfois être atteinte dans la maladie de Hodgkin et cette
localisation extra-lymphatique peut aisément passer inaperçue à l’imagerie. Dans tous les
cas accompagnés de symptômes B, et dans ceux où l’imagerie, la clinique ou la formule
sanguine laisseraient soupçonner l’existence d’une atteinte osseuse ou médullaire, il est
recommandé de procéder à une biopsie ostéomédullaire afin de ne pas sous-estimer un
stade IV.
3.5.5 Pronostic
Le lymphome hodgkinien est un des cancers actuellement les plus curables. En ce sens, il
comporte le plus souvent un « bon » pronostic. La survie rapportée à cinq ans, tout stade
confondu, est de 84,7%. Cette généralisation doit néanmoins être modulée par l’existence
de facteurs susceptibles d’influencer de manière importante l’évolution naturelle de la
maladie ou sa réponse au traitement dans chaque cas particulier.
Advenant une récidive post-traitement (5 à 25% des cas, selon le stade initial),
une chimiothérapie sera toujours proposée d’emblée dans l’espoir d’un réchappage. Dans
certains cas, on envisagera un traitement de chimiothérapie myéloablative à très forte
dose suivi d’une autogreffe de cellules-souches hématopoïétiques. Cette stratégie permet
encore d’enrayer définitivement la maladie dans > 50% des cas.
FIGURE 9.3
40.0%
Hodgkin
30.0%
% des nouveaux cas
Non Hodgkin
20.0%
10.0%
0.0%
<20 20-34 35-44 45-54 55-64 65-74 75-84 >85
tranche d'âge (ans)
FIGURE 9.4
TOMOSCINTIGRAPHIE PAR ÉMISSION DE POSITRONS (PET SCAN)
DANS LES LYMPHOMES
NB :
L’accumulation
au cœur,
aux reins FRONTAL
et à la vessie
est normale et
physiologique.
LATÉRAL
FIGURE 9.5
A : LE MANTELET
B : LE « Y » INVERSÉ
Les lymphomes non hodgkiniens peuvent s’observer plus fréquemment chez cer-
tains malades, lorsqu’il existe un contexte clinique propice, comme une déficience
immunitaire, (ex: SIDA, greffe d’organe) ou une maladie auto-immune chronique (ex :
polyarthrite rhumatoïde, maladie de Sjögren). Les LNH peuvent aussi survenir comme
second cancer chez les malades traités plusieurs années auparavant par chimiothérapie ou
radiothérapie pour un premier cancer (ex : maladie de Hodgkin).
Il existe enfin des formes de lymphomes non hodgkiniens avec expression leucé-
mique, d’emblée ou secondairement. Il peut être difficile, voire impossible, de distinguer
ces lymphomes des leucémies lymphoïdes avec envahissement ganglionnaire puisqu’il
s’agit souvent des mêmes cellules néoplasiques (mêmes marqueurs phénotypiques) dont
l’expression tumorale s’exprime différemment d’un cas à l’autre ou parfois chez un
même malade en fonction du temps. Citons comme exemples le lymphome lymphoblas-
tique T et la leucémie aiguë lymphoblastique T, ou encore le lymphome B à petites
cellules matures (de type LLC) et la leucémie lymphoïde chronique B.
3.6.5 Pronostic
Tel que déjà mentionné, c’est le type histologique du LNH qui détermine en premier lieu
son pronostic et sa survie (Tableau 9-4). Une certaine généralisation permet d’avancer
les principes suivants : certains types de lymphomes, dits biologiquement indolents ou de
faible malignité (ex : LNH folliculaires, à petites cellules, MALT) et souvent disséminés
au diagnostic sont incurables, mais ils peuvent évoluer par rémissions et rechutes succes-
sives pendant plusieurs années (5 à 15 ans) avant d’entraîner des symptômes importants
et, éventuellement, la mort du malade en dépit des traitements appliqués. D’autres LNH,
biologiquement agressifs ou de malignité élevée (ex : LNH diffus à grandes cellules,
Burkitt, anaplasiques) se présentent plus souvent à un stade I ou II d’Ann Arbor. Ils ont
une évolution naturelle qui, sans traitement, peut devenir rapidement fatale (quelques
semaines ou mois), mais ils peuvent néanmoins être guéris dans une proportion impor-
tante des cas, moyennant l’institution rapide d’un traitement approprié. Ce paradoxe est
habituellement expliqué par le fait que les LNH de malignité élevée originent de cellules
en multiplication rapide, ouvrant ainsi la porte à l’action de plusieurs agents de chimio-
thérapie efficaces à différentes phases du cycle cellulaire, tandis que les LNH de faible
malignité originent, eux, de cellules qui demeurent le plus souvent au repos (phase G0 ou
G1 du cycle cellulaire) et sont par conséquent peu sensibles aux mêmes agents thérapeu-
tiques. Certains lymphomes, ceux de la zone du manteau par exemple (histologie diffuse,
à petites cellules), se situent à mi-chemin entre ces deux extrêmes et constituent de ce fait
un défi pronostique et thérapeutique particulier.
L’immunothérapie occupe depuis quelques années une place nouvelle et très inté-
ressante dans l’arsenal thérapeutique des lymphomes grâce au développement et à la mise
La radiothérapie occupe une place d’appoint dans le traitement des LNH. Elle
s’avère particulièrement efficace dans les formes indolentes, composées principalement
de cellules qui ne sont pas activement engagées dans le cycle mitotique. On l’utilise
souvent en complément d’un traitement de chimiothérapie sur les sites tumoraux de plus
de 10 cm, dans le but d’éviter le risque d’une récidive locale. Elle peut être particulière-
ment utile comme traitement local lorsqu’il y a compression d’organes ou douleur en
association avec des masses lymphomateuses.
TABLEAU 9-3
Zone du manteau 6
Lymphoblastique T 2
Lymphoplasmocytaire 1
Burkitt <1
TABLEAU 9-4
LYMPHOMES B LYMPHOMES T
Malignité Burkitt
très élevée Lymphoblastique B Lymphoblastique T
TABLEAU 9-5a
Faible 0 ou 1
Moyen 2
Élevé 3
Très élevé 4 ou 5
RISQUE:
Faible
% survie
Moyen
Très élevé
Élevé
Années
Cahier 2, chapitre 9 ©Centre d’Hématologie du CHA
- 175 -
TABLEAU 9-5b
Faible 0 ou 1
Moyen 2
Élevé ≥3
RISQUE:
TABLEAU 9-6
Traitement : Traitement :
Polychimiothérapie Abstention/observation
Radiothérapie Monochimiothérapie
Autogreffe de cellules-souches Polychimiothérapie
Immunothérapie
Radiothérapie
Autogreffe de cellules-souches
Allogreffe de cellules-souches
AUTO-ÉVALUATION
[ CHAPITRE 9-3 ]
1. Décrivez les principaux éléments du système d’Ann Arbor utilisés pour classifier
l’extension anatomique des lymphomes.
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
5. Quels sont les 2 variantes histologiques les plus fréquemment observées de lympho-
mes non hodgkiniens ?
__________________________________________________________________
__________________________________________________________________
VRAI OU FAUX ?
7. L’envahissement de la moelle osseuse est très rare dans les lymphomes non hodgki-
niens.
VRAI FAUX
8. Le type histologique a une plus grande valeur pronostique dans les lymphomes non
hodgkiniens qu’hodgkiniens.
VRAI FAUX
VRAI FAUX
VRAI FAUX
11. Une atteinte d’un organe extra-lymphatique sans atteinte ganglionnaire ni splénique
associée correspond à un stade IV de la classification d’Ann Arbor.
VRAI FAUX
12. La radiothérapie occupe une place privilégiée dans le traitement des lymphomes.
VRAI FAUX
[ CHAPITRE 9-3 ]
7. FAUX. La moelle est souvent envahie dans les lymphomes non hodgkiniens, même
et particulièrement dans les formes indolentes et peu symptomatiques.
8. VRAI.
9. VRAI. Les lymphomes non hodgkiniens font partie des cancers secondaires obser-
vés comme conséquence à long terme du traitement de la maladie de Hodgkin.
11. FAUX. Lorsqu’il n’y a qu’un seul organe extra-lymphatique atteint SANS atteinte
ganglionnaire associée, on classifie comme stade I.
4.1 Introduction
Chez certains malades, lors d’une électrophorèse des protéines, on peut observer
dans le sérum et/ou dans l’urine la présence, en concentration nettement anormale, d’une
gamma-globuline prédominante dont toutes les molécules, à l’immunofixation, appar-
tiennent à une même classe (IgG, IgA ou IgM) et possèdent une même chaîne légère. La
détection d’une telle immunoglobuline (ou paraprotéine) dite monoclonale évoque
toujours l’existence sous-jacente d’un clone plasmocytaire ou lympho-plasmocytaire
néoplasique, capable d’entraîner tôt ou tard diverses manifestations pathologiques.
La partie C-terminale des chaînes légères et lourdes est constante alors que la par-
tie N-terminale est variable à l'intérieur d'un même type immunochimique. C'est cette
dernière partie de la molécule de l'anticorps qui se combine à l'antigène correspondant.
Chez l'adulte normal, la concentration moyenne des IgG sériques est de 11,7 g/L
tandis qu'elle est de 2,2 g/L pour les IgA et de 1,2 g/L pour les IgM. Le poids molécu-
laire des IgG et des IgA est de 160,000, tandis qu'il est d'environ 1,000,000 pour les IgM.
Les chaînes légères ont un poids moléculaire de 22,000, ce qui explique que lorsqu'elles
circulent à l’état libre dans le sérum, elles traversent facilement le filtre glomérulaire pour
être éliminées dans l'urine. Les IgG constituent le support principal des anticorps, tandis
que les IgM apportent le support des immunisations initiales. Les IgA se retrouvent en
particulier dans les liquides de sécrétion. Seules les IgG sont capables de traverser la
barrière placentaire. Les immunoglobulines sont sécrétées principalement par les plasmo-
cytes, mais aussi par certains lymphocytes B partiellement différentiés appelés lympho-
plasmocytes (sécrétion d’IgM surtout).
Les deux principales maladies décrites plus loin sont le myélome multiple (parfois appelé
myélome plasmocytaire) et la macroglobulinémie de Waldenström, décrite au début des
années 1940 par un médecin suédois du même nom. Il faut aussi inclure à ce chapitre une
condition appelée gammapathie monoclonale de signification indéterminée (en anglais
MGUS) et mentionner les gammapathies monoclonales secondaires, parfois rencontrées à
titre d’épiphénomène en association avec d’autres syndromes lymphoprolifératifs, comme
la leucémie lymphoïde chronique B ou certains lymphomes d’origine lymphocytaire B.
TABLEAU 9-7
Leucémie lymphoïde
chronique
Lymphocytaire:
Lymphomes B
AVEC
GAMMAPATHIES PROLIFÉRATION Lympho- Macroglobulinémie
MONOCLONALES plasmocytaire: de Waldenström
AVEC OU "SANS"
PROLIFÉRATION
LYMPHOPLASMO-
CYTAIRE MALIGNE
• Myélome
multiple
Plasmocytaire:
• Plasmocytome
extramédullaire
TABLEAU 9-8
TABLEAU RÉCAPITULATIF
¾ elles ne sont PAS dirigées contre un antigène spécifique (sauf rare excep-
tion).
4.4.1 Définition
Il s’agit d’une prolifération néoplasique de plasmocytes, envahissant la moelle osseuse en
foyers (d’où le terme de myélome multiple) et synthétisant généralement une immunoglo-
buline monoclonale complète ou des fragments d'immunoglobulines (dans ce dernier cas,
on parle de myélome à chaîne légère). Il existe de rares cas de myélome non sécrétoire.
Son incidence annuelle rapportée aux USA est de 5,5/100,000 habitants avec un âge
médian de 71 ans. Le myélome survient rarement avant l'âge de 40 ans. La principale
cytokine impliquée dans la croissance des plasmocytes néoplasiques est l’interleukine-6.
Cette dernière induit aussi la production d’interleukine-1 bêta, un puissant activateur des
ostéoclastes, expliquant la déminéralisation osseuse typiquement observée au voisinage
des cellules tumorales.
4.4.2 Principales manifestations cliniques : elles peuvent être très variables et inclure
l’une ou plusieurs des suivantes
¾ tableau d’atteinte de l’état général : asthénie et amaigrissement;
¾ douleurs osseuses, évoquant souvent un tableau "d'arthrite" ou de lombalgie
chronique (fractures, ostéolyse);
¾ fractures spontanées ou pathologiques des os du squelette axial;
¾ anémie ou pancytopénie par insuffisance médullaire;
¾ vitesse de sédimentation érythrocytaire fortement accélérée;
¾ insuffisance rénale (avec protéinurie de Bence-Jones);
¾ infections bactériennes fréquentes ou rebelles par déficit immunitaire acquis.
Le myélome pourra par la suite être évalué selon trois stades d’évolution, corres-
pondant respectivement à une masse tumorale faible, modérée ou élevée :
Stade 1 (masse tumorale faible) : tous les critères suivants doivent être présents :
9 Hémoglobine > 100 g/L;
9 Calcémie normale (corrigée pour l’albuminémie);
9 0 ou 1 seule lésion osseuse lytique sur les radios;
9 IgG sérique monoclonale < 50 g/L ou IgA < 30 g/L;
9 Chaînes légères urinaires < 4 g/jour.
Chez certains patients, l’excrétion urinaire massive de chaînes légères libres peut
conduire à une insuffisance rénale irréversible. Il est important dans ces cas d’instituer le
plus rapidement possible un traitement du myélome afin d’éviter, si possible, la nécessité
d’une hémodialyse à long terme. Le rôle de la plasmaphérèse (échange plasmatique)
comme mesure thérapeutique d’appoint est actuellement à l’étude dans ce genre de
situation.
4.4.6 Traitement
Une chimiothérapie orale au melphalan, associé aux corticostéroïdes, constitue la base
traditionnelle du traitement du myélome. Dans environ la moitié des cas, cette formula-
tion suffit à stopper la progression de la maladie et à entraîner une régression partielle de
la masse tumorale, telle que reflétée par une diminution du taux de la paraprotéine
sérique. Les rémissions complètes (disparition de la paraprotéine) sont toutefois très rares
avec ce traitement et une reprise de la progression tumorale survient inévitablement tôt ou
tard, le plus souvent après quelques mois seulement.
La radiothérapie occupe aussi une place d’appoint très importante dans le traite-
ment du myélome lorsqu’il y a compression de la moelle épinière, risque imminent de
fracture vertébrale ou fémorale, ou simplement des douleurs osseuses incapacitantes,
notamment au gril costal.
TABLEAU 9-9
MYÉLOME MULTIPLE
TABLEAU RÉCAPITULATIF
1. INVESTIGATION BIO-HÉMATOLOGIQUE
2. ÉVOLUTION
¾ INCURABLE
¾ formes agressives → survie de 3 - 5 ans selon traitement
¾ formes indolentes → survie de 10 ans et +
3. TRAITEMENT
¾ chimiothérapie (monochimiothérapie ou polychimiothérapie)
¾ radiothérapie sur lésions osseuses
¾ biphosphonates
¾ autogreffe cellules souches
¾ allogreffe allégée en expérimentation
4.5.1 Définition
Cette néoplasie origine de cellules appelées lympho-plasmocytaires, se situant à un stade
de différenciation qui précède immédiatement le plasmocyte. Ces cellules ont la capacité
de sécréter uniquement des immunoglobulines de classe M, d’où la désignation de
macroglobulinémie, faisant référence au poids moléculaire élevé de la paraprotéine IgM
toujours observée dans le sérum des individus atteints de cette maladie. Contrastant avec
le myélome, il n’y a jamais d’atteinte osseuse dans la maladie de Waldenström. Son
incidence est aussi beaucoup plus faible que celle du myélome. La maladie ne s’observe
guère avant 50-60 ans mais sa fréquence augmente par la suite de façon exponentielle
avec l’âge.
Les principaux organes pouvant être infiltrés par la tumeur et atteints dans leur
fonction sont les poumons, la peau ou le tractus digestif. Des dépôts de substance amy-
loïde (type AL) peuvent aussi compliquer le tableau clinique et biologique de la maladie.
4.5.6 Traitement
Chez les patients symptomatiques, une monochimiothérapie orale du type de celle
utilisée dans la leucémie lymphoïde chronique est habituellement proposée en premier
lieu. Advenant une résistance ou inefficacité des alkylants, on peut tenter un traitement
intraveineux à la cladribine ou à la fludarabine, deux analogues des purines rapportés
efficaces lorsque utilisés en deuxième instance. Il n’existe pas de place reconnue à la
greffe de cellules-souches ni à la radiothérapie dans le traitement de la maladie de
Waldenström. Quant à l’immunothérapie, encore peu étudiée dans cette maladie, elle
pourrait théoriquement être envisagée dans de rares cas, puisque les cellules tumorales
portent à leur surface l’antigène CD20, contre lequel est dirigé le rituximab. Enfin, la
plasmaphérèse peut s’avérer utile à réduire les symptômes associés à l’hyperviscosité
plasmatique.
TABLEAU 9-10
MACROGLOBULINÉMIE DE WALDENSTRÖM
TABLEAU RÉCAPITULATIF
2. PRÉSENTATION
¾ rare < 50 - 60 ans
¾ anémie, rouleaux érythrocytaires, sédimentation ↑↑
¾ immunofixation anormale
¾ syndrome d’hyperviscosité
¾ polyadénopathie ± hépatosplénomégalie
3. ÉVOLUTION
¾ incurable
¾ indolente
4. TRAITEMENT
¾ abstention si aucun symptôme
¾ chimiothérapie (chlorambucil, fludarabine ou cladribine)
¾ plasmaphérèse (hyperviscosité)
¾ rituximab (rares occasions)
4.6.1 Définition
On regroupe sous ce terme les gammapathies pour lesquelles l’investigation n’arrive pas
à mettre en évidence de prolifération tumorale expliquant l’existence d’une paraprotéine
monoclonale, ou encore pour lesquelles les critères diagnostiques d’un myélome ou d’une
macroglobulinémie de Waldenström ne peuvent pas être rencontrés.
4.6.4 Traitement
Aucun n’est requis. Cependant, ces malades doivent subir des examens de contrôle
périodiques pendant plusieurs années.
AUTO-ÉVALUATION
[ CHAPITRE 9-4 ]
[ CHAPITRE 9-4 ]
a) Une seule classe d'immunoglobuline est affectée (IgG ou IgA ou IgM ou IgD
ou IgE);
7. Les MGUS se définissent par la présence d’une paraprotéine isolée, sans signe
détectable de prolifération tumorale et sans satisfaire aux critères diagnostiques du
myélome ou de la maladie de Waldenström. Leur taux d’évolution vers une néopla-
sie lymphocytaire ou plasmocytaire franche est d’environ 1% par année.