Mise en scène du corps dans la photographie contemporaine-Volet 2

Le musée départemental d’art ancien et contemporain à Epinal montre son intérêt pour la
photographie contemporaine et la mise en scène du corps dans une seconde œuvre de ORLAN
intitulée Vierge blanche au nuage en plastique bulle réalisée en 1984. Dans cette
photographie, l’artiste française se mets à nouveau en scène travestie en vierge reprenant la
tradition du tableau vivant.
La référence à la statuaire religieuse baroque se fait par les gestes et le vêtement : ORLAN,
les bras levés vers le ciel porte une robe blanche aux nombreux plis rigides. Sa tête est coiffée
d’une étoffe blanche qui enserre son visage. Ce tissu préfigure celui du champ opératoire des
interventions chirurgicales qu’elle fera subir à son corps dans les années 90.
Son regard n’est pas levé vers les cieux mais dirigé vers le spectateur invité de ce fait à
observer la photographie. Le regard est doublement mis en valeur par la même image du
visage d’ORLAN figurant sur un écran qui sert de socle au corps de l’artiste. La touche
d’humour est apportée par le plastique bulle représentant des nuages qui se détachent sur un
mur de brique clôturant l’espace.

En 1985, l’artiste français Philippe CAZAL se met en scène également dans sa photographie
dont le titre De plus en plus de gens apprécient l’art moderne, nous aussi figure sur l’œuvre
tel un slogan .
L’auteur est visible dans la partie supérieure droite de la photographie. Son visage et sa main
droite tenant une cigarette sortent mystérieusement de l’obscurité comme dans un film noir
américain.. Il semble nous regarder de haut . Une jeune femme élégante, dont il est séparé par
un vide, figure dans la partie inférieure gauche et regarde à l’extérieur de la photographie.
Tout deux semblent appartenir à une classe sociale aisée.
Philippe CAZAL utilise ici le vocabulaire de la publicité : le format de l’œuvre est celui d’une
affiche, le texte évoque un slogan ou un titre de film et sa signature en noir et blanc , figurant
en bas à droite de l’œuvre, prend la forme d’un logo.
A travers l’attitude des personnages et l’emprunt au domaine de la publicité l’auteur propose
dans cette œuvre énigmatique une réflexion sur la place de l’art dans la société et sur la
lecture des œuvres : à qui s’adresse l’art ? Tout public a t’il accès aux œuvres ? l’art est-il un
signe de standing ? Quels rôles joue l’art et l’artiste dans la société ?…

Virginie Duval-Wingel