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C’est pour moi un très grand plaisir de vous accueillir à Rabat pour ce séminaire sur les
politiques de ciblage d’inflation. Je suis très heureux de relever, aussi bien le haut niveau que
la large participation aux travaux de cette rencontre qui est, je suis convaincu, consacrée à un
thème d’actualité pour toutes les économies de la région Moyen Orient et Afrique du Nord, à
un moment où leur ouverture internationale s’accélère.
Dans ce contexte, il y a convergence de vue entre le Ministère des finances et BAM sur
les nécessaires évolutions à réaliser pour progresser à moyen terme vers un régime de
cible d’inflation. Pour atteindre cet objectif, cohérent avec la situation
macroéconomique actuelle du Maroc, notre approche consiste à graduellement
renforcer les prérequis d’un passage réussi à une politique de cible d’inflation. En ce
sens, nous agissons sur quatre dimensions : (1) la stabilité macroéconomique, (2) les
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progrès institutionnels, (3) la consolidation de la solidité du système financier et le
développement des marchés, et, (4) le renforcement de la capacité technique de la
banque centrale.
2. Les efforts ont également concerné la dimension institutionnelle. Un des prérequis pour
une politique monétaire crédible dans le cadre d’une politique de cible d’inflation est que la
banque centrale ait un mandat clair de poursuite de la stabilité des prix et un degré élevé
d’indépendance dans la manipulation des instruments de la politique monétaire. Elle doit être
capable de résister aux pressions politiques visant à influencer la politique monétaire. Les
pressions inflationnistes générées par des déficits publics élevés peuvent en effet affecter
l’efficacité de la politique monétaire. La mise en oeuvre d’une politique de ciblage de
l’inflation nécessite une crédibilité et une réputation “anti-inflation” avérée de la banque
centrale.
L’objectif de la stabilité des prix est aujourd’hui consacré par les nouveaux Statuts de
Bank Al-Maghrib (2006). Ainsi, le mandat légal de Bank Al-Maghrib définit clairement sa
mission fondamentale et lui donne une véritable autonomie au plan opérationnel pour
l’atteindre. L'objectif final est la stabilité des prix. Les nouveaux statuts de Bank Al-Maghrib
interdisent ainsi formellement toute forme d’avance à l’Etat et aux entreprises publiques.
Seule est prévue une facilité de caisse limitée à 5% des recettes ordinaires de l'année passée et
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pour une durée limitée à 120 jours, lorsqu’elle ne gène pas la conduite de la politique
monétaire de Bank Al-Maghrib.
Si une plus grande indépendance vise à éviter les conflits d’intérêts pouvant survenir
entre l’objectif de la politique monétaire et la politique budgétaire, elle suppose des
mécanismes de coordination efficaces et approfondie avec le Ministère des finances ; en
charge de la politique budgétaire. En effet, l'absence de coordination entre les deux
politiques donne lieu à un équilibre sous optimal. Dans la pratique, nous avons convenu de
mettre en place un cadre formalisé et permanent de concertation entre le Ministère des
finances et Bank Al-Maghrib (Ministre/Gouverneur, et services des deux institutions). Des
discussions ont ainsi lieu, non seulement au moment de la préparation de la Loi de finances et
son exécution, mais aussi sur tous les sujets qui nécessitent une coordination entre les deux
institutions.
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cinq dernières années, les actifs du système bancaire ont, en moyenne, représenté
environ 57 % du total des actifs du système financier.
Au niveau du système bancaire, les efforts de ces dernières années ont porté sur
plusieurs grands axes. La nouvelle loi bancaire (2006) a aligné le Maroc sur les meilleurs
standards internationaux en la matière et lui permet de faire face aux enjeux de l’ouverture
extérieure dans de bonnes conditions. La fonction de supervision bancaire a été renforcée et
largement étendue. Le pôle public bancaire a fait l’objet d’un processus d’assainissement et
de restructuration en profondeur. L’Etat reste présent dans le système bancaire, mais moins
massivement que dans bien des pays émergents. Le niveau des créances en souffrance a baissé
de manière significative pour s’établir globalement à 10,9% à fin 2006, et à moins de 9% pour
les banques privées. Concomitamment, la mise en place des dispositions de l’accord de Bâle
II, qui implique une réforme en profondeur de la gestion et de la couverture des risques,
renforce encore la stabilité du système bancaire. Le premier reporting des banques sur cette
base se fera avant fin juin 2007. L’adoption des normes internationales d’information
financière (IAS / IFRS) dotera également le secteur bancaire d’un cadre de comptabilité et
d’information financière conforme aux standards internationaux. Plus largement, une
commission de coordination des organes de supervision du système financier, qui sera activée
très bientôt, viendra étendre le dispositif de surveillance prudentiel à l’ensemble du système
financier.
Pour conclure sur ce point, concernant le système financier en général, nos analyses
indiquent que la profondeur financière au Maroc est en ligne avec celle des autres pays
émergents, mais qu’elle progresse plus rapidement. Il est intéressant de noter que le
secteur des assurances est plus développé que dans d’autres pays à revenu équivalent. Par
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ailleurs, la capitalisation boursière augmente rapidement (actuellement 90% du PIB) et
s’élargit de plus en plus à de grands acteurs.
Ainsi, la Banque centrale fonde aujourd’hui son analyse, en plus des agrégats
monétaires et des indices des prix, sur une gamme diversifiée d’indicateurs présentant
des liens avec l’inflation, et des modèles de prévision de l’inflation. C’est le cadre de
diagnostic global, servant de base aux orientations de la politique monétaire, soumis au
Conseil de Bank Al-Maghrib pour ses réunions trimestrielles. Ainsi, les décisions de politique
monétaire du Conseil sont aujourd’hui prises à la suite d’une réflexion approfondie sur la
situation conjoncturelle, la prévision de l’inflation et l’évaluation des risques inflationnistes à
moyen terme (balance des risques). Les analyses, préparées chaque trimestre par les services
de la Banque à l’attention du Conseil, y compris les prévisions de l’inflation, sont depuis
décembre 2006 accessibles au grand public avec la publication, en fréquence trimestrielle,
d’un Rapport sur la politique monétaire. Bien évidemment, le renforcement des capacités
techniques de Bank Al-Maghrib est un processus qui devra se poursuivre de manière
permanente.
Voici là donc quelques réflexions, certes spécifiques au Maroc, mais nous attendons beaucoup
de vos contributions et du partage des leçons de vos expériences pour enrichir notre approche,
nos analyses et nos travaux en cours. Je suis sûr que vos contributions apporteront un
éclairage novateur et pratique sur tous ces sujets.
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Je souhaiterais en conclusion soumettre à votre réflexion la proposition que cette
réunion ne reste pas une rencontre ponctuelle, mais, qu’elle soit plutôt le point de départ
d’une concertation régulière, qui nous permettrait de continuer dans l’avenir à partager
nos expériences respectives et à échanger sur les progrès réalisés dans ce domaine.
Je vous remercie de votre attention, et vous souhaite un excellent séjour à Rabat ainsi que
plein succès à nos travaux.
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