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Construction
Métallique
RECONSTRUCTION
DE LA PASSERELLE DU MOULIN À CHELLES
GOURNAY – CHAMPS SUR MARNE – FRANCE
par A. Garcia Garcia-Diego, F. Petruscu, M. Perrier
1. – INTRODUCTION
Lieu privilégié de promenade pour les habitants des communes riveraines, les bords de
Marne sont l’objet d’aménagements paysagés dans le cadre de la mise en valeur des
espaces naturels.
Au droit des vestiges des arches d’un ancien moulin, une passerelle piéton avait été ins-
tallée en 1937. À la suite des crues de novembre 1998, cette passerelle a été percutée
par une péniche ayant rompu ses amarres et a dû être condamnée.
Suite d’un appel d’offre, le projet proposé par le groupement Atelier Jacques Coulon –
paysagiste, Coup d’éclat – concepteur lumière, et Arcora – bureau d’étude, a été retenu.
1,1. – Silhouette
1,2. – Équipements
Les garde-corps originaux sont constitués d’une large tablette en doussié (bois origi-
naire d’Afrique de teinte brun doré) et d’un remplissage par caillebotis thermolaqué.
Le tablier, devant supporter un cheminement piéton et une piste cyclable, est constitué
de deux platelages en lames d’Ipé séparés par une dalle en béton coulée sur bacs acier
galvanisé formant coffrage perdu et revêtue d’une résine de couleur verte.
La mise en lumière est réalisée par un éclairage linéaire indirect se reflétant en sous-
face des garde-corps pour éclairer le plancher (tubes de 140 mm de diamètre suspendus
sous la tablette, en éléments de longueur pouvant atteindre 19 m).
Six fourreaux en acier galvanisé, permettant le passage de divers réseaux, sont suspen-
dus sous l’ouvrage. 3
1,3. – Couleurs
Le choix des couleurs s’est porté sur un vert pale pour la structure et un brun olive pour
les éléments de remplissage, permettant ainsi une intégration parfaite dans le site.
D’une largeur utile de 3,5 m, la passerelle présente un platelage en bois pour la circula-
tion des piétons et une zone centrale en béton revêtu de résine pour la circulation des
cycles et handicapés. Sa masse est de l’ordre de 200 tonnes.
2. – CARACTÉRISTIQUES STRUCTURELLES
Le tablier
Les hauteurs des profilés varient de 1 200 mm sur pile pour les éléments centraux,
800 mm pour les éléments intermédiaires, à 500 mm aux extrémités sur culées. Les pro-
fils de rive sont des laminés de 270 mm de hauteur constante.
PASSERELLE
ELEVATION
PASSERELLE
STRUCTURE PLAN
PLATELAGE PLAN
Transversalement, ces poutres sont reliées par des traverses réalisées en poutrelles
laminées de 200 mm de hauteur, l’ensemble étant contreventé à l’aide de cornières.
Des appareils d’appuis en élastomère fretté constituent les appuis sur piles.
Le revêtement
Revêtement central
Il est réalisé par des bacs métalliques de 1,20 m par 5 m et de 12 cm de hauteur, utilisés
en coffrage perdu, dans lesquels est coulée une dalle en béton, armé d’un treillis soudé,
et revêtue d’une résine polyuréthane saupoudrée de corindon.
Revêtements latéraux
Ils sont réalisés à l’aide d’un platelage en lames de bois mis en place sur des lam-
bourdes, elles-mêmes fixées par vis sur les semelles des poutres métalliques.
Les lames sont de 200 mm de largeur et de hauteur variable (35 ou 38 mm) de façon à
réaliser un effet de crantage assurant un effet anti-glissement sur la passerelle.
5
Fig. 5 – Coupe longitudinale sur platelage bois
3. – ÉTUDE DYNAMIQUE
À l’époque de l’élaboration du cahier des charges, les données normatives étaient quasi-
ment inexistantes. De ce fait, le seul normatif auquel on peut se référer pour déterminer
les critères de confort des utilisateurs est la norme ISO 2631-1 : «Vibrations et chocs
mécaniques. Évaluation de l’exposition des individus à des vibrations globales du corps».
Cette norme n’est pas spécifique aux passerelles. Elle s’applique surtout aux moyens de
transport et aux bâtiments soumis à des vibrations issues des outillages mécaniques. En
tenant compte de cette norme, il a été décidé de limiter la réponse en accélération de la
passerelle à 0,5 m/s2, ce qui conduirait à une sensation de léger inconfort.
Cette valeur de 0,5 m/s2 est définie comme une valeur efficace de l’accélération pondé-
rée, c’est à dire une accélération moyenne sur un certain intervalle de temps et non une
accélération de pointe.
Σ
1
aw = a2w (t) ∆t 2 (1)
T 0
Il ne s’agit donc pas de limiter la réponse de la passerelle à 0,5 m/s2 mais de pondérer la
réponse de la passerelle selon la norme ISO 2631-1.
Les actions susceptibles de déclencher des vibrations sont des sollicitations temporelles
périodiques. Dans le domaine d’utilisation des passerelles, on trouve notamment les
sollicitations provoquées par les piétons dans leur déplacement. Ces sollicitations ont
d’autant plus d’importance que leurs caractéristiques oscillatoires sont proches des fré-
quences propres des passerelles, ce qui peut provoquer des phénomènes d’oscillations
dans la structure.
Les effets de la marche sont très variables selon les individus, leur poids, leur vitesse de
déplacement. Des études scientifiques (Bachmann, Rainer, etc.) ont été menées pour
modéliser la charge d’un piéton qui se déplace ([1] [2] [3] [6]).
Selon le type de déplacement, les différents cas de charges dynamiques envisagés sont
les suivants :
La méthode généralement utilisée pour modéliser ces charges tient compte du fait que
toute fonction périodique peut se représenter comme une série de Fourier 1. Les études
scientifiques ont permis d’établir les valeurs des coefficients de Fourier calculés à partir
de mesures faites par des essais.
Analyse dynamique
L’analyse dynamique débute avec une analyse modale. Il faut calculer les modes
propres et les fréquences propres de la structure à travers l’équation :
(K – ω2M) . φ = 0 (2)
Pour ce calcul, le logiciel Robot Millenium v 15.0 a été utilisé. Pour cette passerelle,
seuls les dix premiers modes propres, donnés sur le tableau 1 ci-contre, ont été retenus ;
les modes suivants ont une fréquence propre supérieure aux fréquences de la marche
et de la course ( 4 Hz).
1 Une fonction x (t) périodique de période T peut s’exprimer comme une série de Fourier :
a0
x (t) =
2
+ Σ (an cos nωt + bn sin nωt )
n=1
T
T
2π 2 2 2 T
avec ω = ; a0 = x (t)dt ; an = x (t) cos (nωt) dt ; bn = x (t) sin (nωt)dt.
T T 0 T 0 T 0
Les fonctions an cos (nωt) et bn sin (nωt) s’appellent harmoniques de degré n de la fonction périodique x (t) étant leurs
périodes T/n. Les coefficients an et bn s’appellent coefficients de Fourier [5].
TABLEAU 1
Modes propres de la passerelle du moulin
Mode Fréquenc e Mas. cour. 2 Mas. cour. Mas. cour. Coef par t 3 Coef par t Coef par t
(H z) UX (%) UY (%) UZ (%) UX UY UZ
1 1.23 0.01 0 3.41 -4.35 0.15 107. 48
2 1.43 0 0.12 0 2.19 -20.06 -0.02
3 1.47 0 0 0 -2.1 -0.07 0.01
4 1.61 0.05 0 0 -12.75 -0.45 0.12
5 1.73 0 1.92 0 0.06 -80.74 -0.32
6 2.21 0.03 0 65.1 9.58 - 2.04 -469.8
7
8
2.58
3
0.21
9.27
6.01
10.1 9
0
0
-26.44
-177.3 1
142. 76
-185.8 7
-1.6
-3.41
7
9 3.13 1.55 53.1 6 0 72.5 9 424. 63 0.17
10 4.11 0.36 0.02 0 34.7 5 -8.44 0.56
2 Les masses participantes sont des masses dynamiques participant dans le mouvement de la structure pour chaque
déformée modale et pour chaque degré de liberté. Elles sont exprimées comme masses courantes pour le mode
propre actuel. Les valeurs sont affichées en pourcentage des masses dynamiques totales (celles-ci sont aussi calcu-
lées par le logiciel).
3 Les facteurs de participation sont définis de la façon suivante : γ = V TMD où :
i i
D - vecteur unitaire défini de la façon suivante :
D (j) = 1,0 si « j » correspond au i-ème degré de liberté
D (j) = 0,0 si j ≠ i,
Vi - vecteur du mode propre « i » normalisé de sorte que V Ti MVi = 1,0.
TABLEAU 2
Valeurs extrêmes de l’accélération et du déplacement pour une sollicitation à 1.23 Hz
AX(mm/s2) AY(mm/s2) AZ(mm/s2) UY (mm) UZ (mm)
MAX 0.576 1.8588 39.3846 0.0259 0.5675
Nœud 51 1507 1507 1508 1507
Intervalle 22 20 20 18 22
MIN -0.6102 -1.687 -36.3352 -0.0264 -0.5826
Nœud 1013 1507 1507 1508 1507
Intervalle 30 18 22 20 20
TABLEAU 3
Valeurs extrêmes de l’accélération et du déplacement pour une sollicitation à 2,21 Hz
AX(mm/s2) AY(mm/s2) AZ(mm/s2) UY (mm) UZ (mm)
MAX 0.8652 1.4576 31.8364 0.0074 0.1851
Nœud 20 507 507 508 507
Intervalle 26 26 80 8 30
MIN 0.9428 -1.398 -32.0042 -0.008 -0.1905
Nœud 19 507 507 508 507
Intervalle 24 8 30 26 80
Les résultats obtenus montrent que l’amplitude du déplacement vertical (UZ) est plus
grande pour le mode fondamental (mode 1) que pour le mode 6, ce qui justifie la théorie
qui considère le mode fondamental comme prépondérant dans la réponse.
De plus, les nœuds qui ont un déplacement vertical maximal se trouvent sur le même
axe transversal que la charge appliquée mais aux extrémités opposées, ce qui signifie
que la réponse contient des modes supérieurs de torsion.
4 80 daN correspond au poids statique d’un piéton et 0,46 est le premier coefficient de Fourier pour une marche de
fréquence 2,21 Hz.
Les valeurs des accélérations ne sont pas très différentes du fait que l’accélération est
déduite du déplacement en multipliant celui-là par le carré de la pulsation. De sorte
qu’un mode propre à fréquence élevée peut engendrer des accélérations importantes,
tandis qu’un mode propre de fréquence plus faible peut générer des déplacements plus
importants et des accélérations moindres. On attire l’attention sur le fait que les dépla-
cements sont ressentis différemment selon les piétons et ils peuvent être gênants
lorsqu’il s’agit d’un déplacement horizontal même s’il est faible.
Le cas le plus défavorable est celui où l’action du piéton est localisée au point de dépla-
cement maximal sous charges permanentes (barre 2042).
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La vitesse est de 1,8 m/s et la longueur du pas est de 0,85 m. Le piéton prendra alors
60 secondes pour traverser 108 m. La période de l’excitation est de 0,45 secondes.
L’analyse temporelle sur Robot a une particularité qui peut avoir une grande incidence
sur les résultats. En effet, il n’est pas possible de spécifier une fréquence sauf à utiliser
une fonction sinusoïdale sur laquelle Robot fait des mesures selon un pas d’enregistre-
ment donné. Il est important de prendre un pas d’enregistrement adéquat pour que la
modélisation de la sollicitation corresponde à une sinusoïde.
Si la période est de 0,45 secondes pour une fréquence de 2,21 Hz, le pas d’enregistre-
ment choisi sera de 0,113 secondes pendant une minute, ce qui représente un quart de
la période.
Comme indiqué précédemment, l’effet des vibrations sur l’usager est évaluée au travers
des valeurs de l’accélération et notamment à l’endroit où elle est maximale c’est-à-dire
au nœud 507.
F ( Hz ) 2 2.5
Wk 0.531 0.631
En général, la course correspond à une sollicitation d’environ 3 Hz. Mais pour le cas de
la passerelle du moulin, il a été choisi une fréquence de 3,13 Hz, en tenant compte de la
présence d’un mode propre horizontal de cette fréquence.
La course de fréquence 3,13 Hz implique une vitesse de 5,2 m/s. Le temps d’application
de la sollicitation sera alors de 21 secondes, en tenant compte de la longueur de la pas-
serelle de 108 m.
Le coefficient préconisé par l’ISO 2631-1 pour la fréquence de 3,13 Hz est Wk = 0,8.
5 Pondération fréquentielle pour l’ième bande d’un tiers d’octave (valeurs issues de l’ISO 263) pour les vibrations ver-
ticales.
Nous avons considéré un groupe de quatre personnes qui marchent en cadence, parce
que ce cas semble très probable compte tenu de la largeur de la passerelle (3,5 m). Les
personnes sont situées sur une ligne perpendiculaire à l’axe longitudinal de la passe-
relle au point de flèche maximale sous charges permanentes. La charge correspond à
une marche de fréquence 2,21 Hz, de sorte que nous avons gardé la même modélisation
de la charge que pour le cas de la marche d’un piéton.
12
En suivant une procédure analogue aux cas précédents, nous avons trouvé une valeur
de l’accélération pour le confort des usagers de 0,044 m/s2, ce qui est toujours large-
ment au-dessous de la valeur limite préconisée de 0,5 m/s2.
La modélisation de la charge de la foule n’est pas possible car chaque individu dans la
foule, même s’il peut considérer une forme de synchronisation, agit individuellement et
différemment de son voisin. Les différents degrés de synchronisation de la foule sont
très difficiles à appréhender.
En référence notamment aux travaux de Fujino [4], on considère qu’environ 20% des
individus dans une foule sont synchronisés spontanément. Le calcul proposé est déve-
loppé ci-après.
Sur la base d’une densité de 1,5 personnes/m2 et en considérant que le cas le plus défa-
vorable celui de la travée de rive complètement chargée par la foule :
n = nombre de personnes
Conclusion
On peut considérer que les calculs ont été réalisés pour le ou les cas les plus défavo-
rables :
Malgré cela, les accélérations efficaces pondérées obtenues sont largement inférieures
à l’accélération maximale de confort issue de la norme ISO 2631-1, à savoir 0,5 m/s2.
4. – RÉALISATION
● Impossibilité d’acheminement par la rivière, qui n’est pas accessible aux péniches
dans la zone d’implantation de la passerelle ;
● Minimiser la gêne aux riverains du bord de Marne en laissant le libre accès aux com-
merces ;
● Assurer le maximum de travaux en atelier afin de diminuer la durée d’intervention sur
site ; 13
● Acheminer les plus gros tronçons possibles sur le chantier, compatibles avec la capa-
cité maximale de la grue pouvant accéder dans l’emprise du chantier.
La fabrication
Les dix tronçons de la passerelle ont été réalisés dans l’unité de fabrication vosgienne
de l’entreprise J. Richard-Ducros (fig. 17 et photo 6). Chaque tronçon a été fabriqué en
prenant en compte une contre-flèche calculée en considérant les différentes phases de
montage sur site.
Une présentation à blanc, deux tronçons par deux tronçons, a permis de garantir un
bon ré-assemblage sur site.
Chaque élément a été équipé de ses garde-corps et de ses fourreaux prévus pour le pas-
sage des réseaux sous l’ouvrage.
Culée
Culée CHELLES
GOURNAY 1
PILE
PILE
2
14
PILE
PILE
3
PILE
PILE
4
PILE
PILE
15
Photo 5 – Fabrication du tablier dans l’atelier
– Sur les éléments secondaires, (garde-corps, fourreaux, etc. …) mise en œuvre d’une
galvanisation suivie de l’application du système certifié ACQPA N° C4GNV805 com-
prenant deux couches pour une épaisseur de 100 microns.
La plus grosse grue pouvant accéder sur le chantier, des deux cotés de la Marne, était
une grue de 450 tonnes de capacité. Cet engin a permis, d’une part de déposer l’ancienne
passerelle rustique rendue inutilisable suite à un choc lors d’une crue, et d’autre part
d’assurer la mise en place des différents tronçons du nouvel ouvrage (photo 9).
16
– Mise en place d’une palée provisoire entre la culée rive droite et la première pile ;
– Pose des quatre premiers tronçons avec la grue implantée en rive droite ;
– Pose de quatre tronçons, préalablement ré-assemblés par soudure deux par deux,
depuis la rive gauche ;
Vint ensuite la pose des bacs remplis de béton constituant la piste cyclable dans l’axe de
17
18
Ces lames sont vissées sur des lambourdes également en Ipé, elles-mêmes fixées direc-
tement sur les poutres métalliques porteuses.
19
La partie supérieure des garde-corps est équipée d’une tablette en bois, constituée de
quatre lames de Doussié de 145 mm de largeur, 34 mm d’épaisseur et 3 m de longueur,
posées en joints croisés, et sur laquelle est fixée une main courante métallique.
5. – CONCLUSION
6. – DONNÉES CHIFFRÉES
Quantités
7. – LES INTERVENANTS
21
8. – BIBLIOGRAPHIE
[3] BAUMANN K., BACHMANN H. – « Dynamic loading induced by persons and its
effect on beam structures » (in German), Institute of Structural Engineering, Swiss
Fed. Inst. of Techn. (ETH) Zürich, report 7501-3. 1987.
[6] RAINER J.-H., PERNICA G., ALLEN D E. – « Dynamic loading and response of foot-
bridges » in Canadian Journal of Civil Engineering, 15(1): 66-71, February. 1988.
[7] OPPENHEIM A.-V., WILLSKY A.-S. – Señales y sistemas, Prentice Hall Hispanoame-
ricana, Mexico. 1994.
[9] XP-ENV-1991-1 Eurocode 1 – Bases de calcul et actions sur les structures. Partie 1 :
Bases de calcul, avril, indice de classement P06-101. 1996.