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De la

Dynastie Boulduc,
aux

Bolduc
du Nouveau Monde via

Louis Boulduc (Bosleduc)


notre ancêtre.

Compilation de Yan J. Kevin Bolduc le 15 avril 2011


(plus récente mise à jour : 27 mars 2022 pages 9 et 10),
avec l’aide très précieuse de MM. Pierre Bolduc, Richard Bolduc,
Matthew Bolduc, Dany Bolduc, et la très grande générosité
du Dr Christian Warolin, et de M. Yves Delamarre.
Grands remerciements à Dorothy (Dodo) Roy, ma mère,
pour son aide avec mes traductions françaises.

1
Table des matières
Dynastie Boulduc
La dynastie des Boulduc, par Dr Christian Warolin p. 3
Pierre Boulduc p. 4
Louis Boulduc p. 16
Simon Boulduc p. 20
Augustins Déchaussés p. 42
Gilles-François Boulduc p. 44
Jean-François Boulduc p. 60
Pierre Boulduc (frère aîné de Louis) p. 81
Jacques Boulleduc [?] p. 85
Pharmaciens au Muséum, par Philippe Jaussaud p. 92
Médaillon de Gilles-François Boulduc, par Marcel Chaigneau p. 98
Éloges des Académiciens, par M. Dortous de Mairan p. 99
Dynasties d’Apothicaires Parisiens, par Gustave Planchon p. 102
Apothicaires membres de l’Académie Royale des Sciences, par Paul Dorveaux p. 110
La Chimie du Dix-huitième Siècle, par Frederic Lawrence Holmes p. 121
Affinité, ce rêve évasif, par Mi Gyung Kim p. 126
Membres de l’Académie des Sciences, par David J. Sturdy p. 130
Dynastie Bolduc
Louis Boulduc, par André Vachon p. 145
Louis Boulduc (1648-1701), ancêtre des Bolduc en Amérique, par Hélène Routhier p. 147
Nos Ancêtres, par Gérard Lebel p. 159
Dictionnaire National, par l’Institut Généalogique Drouin p. 162
Un Quartier Français, par Ron Graham p. 163
Les Grandes Familles, par Louis-Guy Lemieux p. 165
Notes
Origines, par Lucien Eugene Bolduc, Jr. p. 168
Compilation de noms, par Pierre, Yan J.K. et Richard Bolduc p. 183
Dynastie des Pijart, par Dr Christian Warolin p. 187
Les Alliances de Louis Boulduc/Bolduc, par Dr Christian Warolin p. 192
Conversations avec mes ancêtres, par Gilles Brassard p. 196
Arbre d’origine, par Yan J.K. Bolduc p. 221
Contrat de Mariage p. 226
Anciens Boulleduc p. 227
Explication Boulleduc, théorie proposée p. 235
Laurens de Bouleduc, le plus ancien ancêtre ? p. 238
Vidéos Documentaires, par Dany Bolduc p. 265
Origine : Celtique ? p. 272
Française ? p. 273
En Espagnol p. 278
Louis Bolduc Notre ancêtre, malgé tout… , par M. Yves Delamarre p. 321
Le Comte de Frontenac Étude sur le Canada Français… (Chapitre VI), par Henri Lorin p. 422
Appendice p. 435

(1680) 2
[Note de Yan J. K. Bolduc (yanbolduc@hotmail.com) : le but de cette recherche est
de pouvoir partager la richesse du patrimoine BOLDUC à tous ceux qui seraient
intéressés. Tous les résultats de ce document je les offre gracieusement. Je les ai
compilés à la mémoire de mon père Joseph Réginald O. Bolduc, Physiologiste
(PhD ès physiologie des plantes, Purdue University), qui a voulu en savoir
davantage de son vivant. Mon père était le fils de Lucienne Deslongchamps et de
Wilfrid Bolduc (ci-contre), Lac Drolet.]

La dynastie des Boulduc


Apothicaires à Paris
aux XVIIe et XVIIIe siècles
par Christian Warolin
Communication présentée le 23 juin 2000, à la réunion commune de la Société d’histoire de la pharmacie et du Club d’histoire de la chimie.
REVUE D’HISTOIRE DE LA PHARMACIE, XLIX, No 331, 3e TRIM, 2001, 333-354.

Résumé :
(À Paris, aux XVIIe et XVIIIe siècles, la famille Boulduc a compté quatre apothicaires qui se sont succédé de père en fils : Pierre,
Simon, Gilles-François et Jean-François. Deux furent membres de l’Académie royale des sciences mais tous exercèrent d’importantes
fonctions, soit au sein de la communauté des apothicaires de Paris, soit dans le corps des apothicaires royaux. Un des cinq fils de
Pierre Boulduc, Simon, fut membre de l’Académie royale des sciences, un autre, Louis partit au Canada et devint procureur du Roi de
France en la Prévôté de Québec. Il y fonda une famille et ses huit enfants sont probablement [les enfants de Louis Boulduc SONT →]
à l’origine des très nombreux Bolduc — le patronyme ayant été modifié — vivant actuellement au Québec. Victime d’intrigues et
accusé de malversations, il rentra en France et y mourut. Le fils de Simon, Gilles-François, fut comme son père membre de
l’Académie royale des sciences et son propre fils Jean-François fut Premier apothicaire du Roi.)

***

L’étude de la dynastie des Boulduc a été abordée par G. Planchon 1 ancien directeur de l’École supérieure de
pharmacie de Paris, décédé il y a un siècle. Cette célèbre famille parisienne a compté quatre apothicaires de père
en fils : Pierre, Simon, Gilles-François et Jean-François. Simon et Gilles-François furent membres de
l’Académie royale des sciences et apothicaires royaux. Le dernier de cette lignée, Jean-François, fut également
apothicaire du Roi.

G. Planchon a établi qu’à l’origine de la parentèle, il y avait un épicier Louys (ou Loys) Boulduc reçu à la
maîtrise le 11 mai 1595 « par chef-d’œuvre », ce qui implique qu’il n’était pas fils d’épicier 2. Ce fait est
confirmé grâce à un contrat de mariage retrouvé aux Archives nationales. Reçu à la maîtrise d’épicerie Louys
qui exerçait aux Halles, au Marché-aux-Poirées, s’engagea à épouser Françoise Lebrun. Le contrat de mariage 3,
signé le 6 août 1595, précise qu’il était le fils de défunt Symon Boulduc, marchand drapier à Sèvres Senlis, et de
Jacqueline Debonnaire. C’est donc au commerce du drap que s’adonnait cet ancêtre de la famille au XVIe
siècle.

Françoise Lebrun et Louys Boulduc eurent trois enfants : Pierre, futur apothicaire, Louis, épicier, et Marie qui
se mariera deux fois, d’abord avec Jacques Parent — ils auront une fille Françoise — puis avec Gilles Gond 4.

L’inventaire après décès des biens de Louys Boulduc 5 fut commencé le 25 juin 1622, à la requête de son fils
Pierre. Louys était propriétaire d’une maison au Marché-aux-Poirées [Voir page 262] à l’enseigne du Soleil
d’or 6 dont ses descendants hériteront.
3
(Armorial Général de J.B. Rietstap (XIXè siècle),
blason illustré par Victor et Henri Rolland (1903)
et colorié par Lionel Sandoz (1993-2002).)
[Correction du rouge par Yan J. K. Bolduc]
Portrait n° 74 – Pierre BOULDUC
Reçu maître apothicaire en 1636, fut garde de 1661 à 1663. Son portrait daté de 1663 le représente à l’âge de 56
ans. Il était le père de Simon Boulduc (portrait n° 67).
Lors de la restauration de 1811, les armoiries de Pierre ont été repeintes sans préoccupation d’exactitude au sujet
des couleurs et même en contradiction avec les règles de l’art héraldique, ce qui est une hérésie. On peut lire : d’or
au chevron d’argent (sic) chargé de trois étoiles de même (sic) et accompagné de trois ducs de … chacun placé sur
une boule de gueules [Voir p.9]. En réalité, d’après l’armorial de Rietstap, l’analogie entre Pierre et Gilles-François,
le petit-fils, aurait du être : d’argent au chevron d’azur chargé de trois étoiles d’or et accosté de trois ducs (oiseaux)
de gueules tenant sous leurs pattes une boule de sable.
On devine aisément que l’on est en présence d’armes parlantes, y compris celles de Simon avec les boules et les
ducs (Boulduc).
Source : ‘ La salle des actes de la faculté de pharmacie-Paris V ’ (Comité de rénovation), réalisé par Annette Pâris-
Hamelin, 1996.
Photographies des portraits : Jean Rochaix

Pierre Boulduc, apothicaire-épicier, garde de la Communauté (1607 - 14 mai 1670)

Petit-fils de Symon Boulduc, marchand drapier, fils de Louys, épicier, Pierre Boulduc naquit en 1607 7.
L’inventaire après décès de ses biens, commencé le 21 mars 1671, indique qu’il décéda le 14 mai 1670 8.
Exécuté tant à la requête de Gillette Pijart, sa femme — tutrice des enfants mineurs Louis, Simon, Gilles et
Jacques — que de Pierre, leur fils aîné, cet important inventaire fournit de nombreuses références d’actes et
inclut la transcription du testament du défunt. De surprenantes révélations y sont faites sur leur fils Louis qui
avait entrepris une carrière au Québec.

Le même jour, le 11 février 1622, Pierre et Louis, les deux fils de Louys, furent reçus maîtres épiciers par
examen 9, mais Pierre s’orienta vers l’apothicairerie. Son brevet d’apprentissage fut signé le 6 octobre 1626 10.
Le 20 novembre suivant, il subit l’examen permettant aux gardes de juger s’il était capable d’être reçu
apprenti 11. Dix ans plus tard — cursus normal — le 7 octobre 1636, il fut immatriculé pour se présenter à
l’examen de maîtrise 12. Enfin le 2 décembre de la même année, il signa le Codex du Concordat 13, dernier acte
lui permettant d’exercer son métier. Il semble qu’il ait été compagnon apothicaire à Montpellier: un Pierre
Boulduc « dit de Beaulieu », natif de Paris, y fut immatriculé le 28 novembre septembre 1631 14. La mention

4
ajoutée à son patronyme reste obscure. Une autre question — peut-être liée a la précédente — reste sans
réponse. En effet, le rôle des marchands épiciers et apothicaires de Paris établi le 5 décembre 1655 15 fait état de
deux Pierre Boulduc, l’un reçu maître épicier en 1622 — c’est le fils de Louys —, l’autre en 1636. Celui-ci
nous est inconnu.

Pierre Boulduc fut garde de la Communauté des apothicaires-épiciers en 1661, 1662 et 1663. Son portrait
armorié, exposé à la Salle des Actes de la Faculté de pharmacie de Paris-V 16, porte l’inscription suivante :
« Petrus Boulduc Pharmacop. Paris. Præfectus annis 1661,62,63. Ætatis 56 anno 1663. »

Les armes des Boulduc : trois ducs (oiseaux) tenant sous leurs pattes une boule de sable, y sont figurées 17.

En 1642, Pierre Boulduc fut élu conseiller de la juridiction consulaire 18. Il fut également un des directeurs du
Jardin des apothicaires au faubourg Saint-Marcel [Voir page 260] et fut chargé en 1652 de recueillir auprès de
« messieurs ses confrères » les fonds engagés pour l’installation des conduites d’eau nécessaires à
l’approvisionnement du Jardin 19. Le compte spécial qu’il établit à cette occasion mentionne les noms des
soixante-dix-neuf apothicaires constituant l’ensemble de la Communauté 20.

En 1662, il fut scrutateur lors de l’élection consulaire au siège de Paris 21. II n’y a rien d’étonnant à cela car,
cette même année, il était garde de la Communauté, donc membre du conseil des Six-Corps et l’on connaît les
interrelations existant entre cette juridiction et ce corps privilégié.

Pierre Boulduc exerça son métier rue Saint-Jacques où il était déjà installé en juin 1639 22. Était-ce dans la
maison à l’Image Notre-Dame qu’il loua 23 — ou reloua — le 16 novembre 1649 pour six ans ? II s’agissait
d’une demeure importante « consistant en deux corps de logis, l’un devant, l’autre derrière », comportant
boutique, cour, puits, appartenant a Marie Hubert, fille de Jean Hubert, apothicaire, et femme de Nicolas
Cappon, docteur-régent à la Faculté de médecine de Paris [Voir page 243]. Située sur la censive de la ville de
Paris 24, du côté de Saint-Jean-de-Latran, et tenant par derrière au Collège des Trois Évêques, ou collège de
Cambrai, elle était proche de la porte d’entrée du charnier de Saint-Benoît-le-Bestourné. Voisinage nauséabond,
sans nul doute, mais notre apothicaire, qui était marguillier en charge de la fabrique de l’église Saint-Benoît 25,
n’avait qu’à traverser la rue Saint-Jacques pour exercer son œuvre charitable !

Cette maison était imposée au titre de la taxe pour le nettoiement des rues, en exécution de la déclaration
royale du 9 juillet 1637, mais le nom de l’occupant est altéré en Pierre Barleduc 26.

[Anecdote : une autre mention de cette demeure se retrouve dans le livre Le Cadre de Vie des
Médecins Parisiens aux XVIe et XVIIe Siècles, de Françoise Lehoux (1976). En voici l’extrait,
page 375 :
(…) L’image Notre-Dame 1 [rue Saint-Jacques], (…), était un immeuble à deux corps d’hôtel,
(…). (…) le 16 novembre 1649, (…) Nicolas loue la maison entière, pour six ans, à Pierre
Boulduc, apothicaire-épicier, moyennant 710 l. de loyer et 3 l. t. de rente à “Messieurs de
Sorbonnes” 2.
Notes :
1 Aucune enseigne n’est mentionnée dans les baux de 1641 et 1649, infra. Mais l’inventaire de Marie Hubert (inv. 70,
fol. 6) relève en ces termes le bail de 1649 : “ Bail faict … à Me Pierre Bolduc (sic) … d’une maison size à Paris, rue
S. Jacques, où est pour enseigne l’Image Nostre-Dame, vis-à-vis le charnier S. Benoist ”.
2 16 novembre 1649. Bail par Nicolas Cappon, “ demeurant rue Tirechappe ”, à Pierre Boulduc, demeurant rue Saint-
Jacques “ en la maison cy après déclarée ” d’ “ une maison concistant en deux corps de logis, l’un devant et l’autre
derrière … aud. sieur, bailleur apartenant à cause de Marie Hubert sa femme ”. Le bailleur s’engage à “ faire faire un
esvier de pierre dans le bouge de la seconde ou troisième chambre regardant la court, avec la descharge de plomb, au
choix dud. Preneur ”. XLIII, 59.]

En janvier 1655, Boulduc acquit la maison mitoyenne a l’enseigne des Trois cochets, au prix de 8,000 l.t.,
somme qu’il versa aux créanciers de François Fléau, procureur à la Cour de Parlement 27. C’est dans cette
5
maison, également située sur la censive de la Ville 28, qu’il vivra dorénavant et mourra le 14 mai 1670. La
maison comportait une boutique, bien garnie si l’on en juge par la longue liste — 23 pages de l’inventaire — de
marchandises et ustensiles prisés, après le décès de Pierre, par l’apothicaire Louis-François Desréaux 29. Nous
publierons ultérieurement cet inventaire. Pierre Boulduc avait hérité de ses parents la moitié de la maison du
Soleil d’or, au Marché-aux-Poirées, l’autre moitié étant entrée dans le patrimoine de sa sœur Marie 30.

Il forma plusieurs compagnons apothicaires : Toussainctz Gorenflos 31, Emmanuel d’Estas 32 et Nicolas de
Saincte-Beufve 33. Avec deux autres apothicaires parisiens, il passa en 1639 une commande groupée de mortiers
de bronze à Pierre Mobon, maître fondeur demeurant rue du faubourg Saint-Marcel, paroisse Saint-Médard 34.

Le 27 décembre 1639 Pierre Boulduc épousa Gillette Pijart, fille d’Adam Pijart, orfèvre, et de Jacqueline Le
Charon qui la dotèrent de 9 000 l.t., somme honorable à l’époque. Douée de 200 l.t. de rente, elle bénéficiait
d’un préciput de 500 l.t. 35. Au foyer de Gillette et de Pierre naquirent cinq fils. L’aîné Pierre fut praticien, clerc
au Châtelet puis, en 1667, il acheta un office de procureur postulant au Châtelet et juridiction des auditeurs 36.
Lors d’une transaction intervenue en 1701 avec son frère Simon, il fut qualifié « lieutenant de la maréchaussée
des Armées du Roi » 37. Curieuse évolution !

Deux autres fils, Gilles et Jacques, choisirent la vie spirituelle et furent religieux profès au couvent des
Augustins-Déchaussés à Paris, supprimé à la Révolution (il se situerait place des Petits-Pères).

[Anecdote : dans une chanson satirique du livre Recueil dit de Maurepas, Leyde 1865 Tome III,
on trouve un vers (sur les Augustins déchaussés, dit les Petits Pères de la place des Victoires, à
Paris) en page 43 parlant d’un « Amable » nommé Bosleduc, fils d’un apothicaires de Paris, exilé
à Clairefontaine, en Beauce. Il était commun à l’époque que certains adoptent un nom inconnu
pour leur nouvelle vie religieuse.]

Louis et Simon eurent un destin totalement différent comme nous allons le montrer.

[Anecdote : on peut lire aussi dans la publication Revue Militaire Suisse à Lausanne (1897), une
note numéroté 2 en bas de la page 399 :
L’invention du « fusil à percussion » a pour origine l’emploi du fulminate de mercure comme
amorce, et cet emploi est dû aux progrès modernes de la chimie. Les premières recherches
chimiques relatives aux composés détonnants remontent à 1699, et elles sont dues à Pierre
Boulduc ; Nicolas Lemery fit, de 1712 à 1714 des recherches sur le même sujet ; Bayen,
pharmacien en chef des armées sous Louis XV, fit connaître, en 1774, le fulminate de mercure et
ses propriétés explosibles, mais on n’eut pas l’idée, à cette époque, d’employer ce fulminate,
d’une manière quelconque, dans les armes à feu. (…)
Cette information provient presque mot pour mot de la publication Les Merveilles de la Science
ou description populaire des inventions modernes par Louis Figuier, Paris, 1869, sous la section
‘Les Armes a Feu Portatives’, Chapitre II, page 473.]

6
Source : http://www.bmsenlis.com/sitebmsenlis/galerie/picture.php?/639/category/218
7
FAMILLE BOULDUC
(Dernières découvertes de Senlis rendue possible grâce à Richard Bolduc le 5 septembre 2011, et Pierre Bolduc le 1er décembre 2012, sur le site Web : http://archives.oise.fr/archives-en-ligne/etat-civil/)
[Table I]
(Les Boulduc de Senlis, France [Voir Note 3])
Gauthier de Belleduc Jehan Boulleduc
Résident de Senlis en 1262. Jean Boulduc Occupe le Carrefour des Tisserands avant 1522.
Occupe la maison « Les Deux Anges » en 1480.
Laurens de Bouleduc Jehan [Jacques] Boulduc
Henri Boulduc Hérite la maison « Le Mouton Rouge » occupée par Loys Thierry, en 1507.
Bourgeois de Paris en
Occupe la maison « La Torche Rouge » en 1486, et propriétaire d’un
1418.
[Voir Note 2] jardin derrière « L’Aigle d’Or » en 1485. Jacques Boulduc [Le même]
Marie Boulduc Loys Thierry, au lieu de Jacques Boulduc, doit payer une dette sur cette maison
Loys Boulleduc Fille d’Henri, épouse de Jean Malenvoge, héritière du jardin en 1506. en 1522.
b. vers 1520
Henry Boulduc Simon Boulduc
Religieux Profès Novice
Héritier de la maison « Les Trois Écuelles » en 1507. Occupe « Le Mouton Rouge » en 1531.
du Couvent Saint-
Lambert Boulduc
Nicolas en 1553, Senlis.
Fils d’Henry, doit payer une dette sur cette maison en 1522. † Éloy Boulduc
[Voir Note 4] Sa fille lègue « Le Mouton Rouge » à son fils Jacques Dugaast en 1607.
Henry Boulduc [Boulleduc], b. vers 1500 X Marguerite Lobry
Mentionné Marchand Bourgeois en 1556 & Marraine de Katherine Boulduc en 1560.
1557 à Senlis. [Voir Note 4]

Marie Boulduc Prisce Boulduc Jacques Boulduc Henry Boulduc Jeanne Boulduc, b. 11 août 1541 Simon (Symon) Boulduc Charles Boulduc, b. 21 avril 1545
[b. vers 1525, [b. avant 1530] Parrain de Jacques [b. vers 1539] [† après 23 juin 1625] [Voir Note 3] b. 19 avril 1543 † octobre 1590 [Voir Note 6]
† après 1570] X Pierre Darras Darras qui est fils X Marie Roussel Épouse de Loys Bruslé † entre 28 août 1579 & Marchand à Paris en 1585, &
X Henry Coquin Marraine de de Prisce Boulduc [† avant 1595] 6 août 1595 [Voir note 8] hôtelier à Paris, rue du Bourg-
en 1541. Katherine Boulduc en 1557. Marraine de Symonne Boulduc en Marchand Drapier à l’Abbé. Parrain de Charles Boulduc
en 1560. 1565. Senlis. le 23 mars 1585.
X X
Katherine (Catherine) Boulduc Pierre Boulduc Jacqueline de Bonnaire Marie de Verberie
b. 9 mai 1560, † en 1583 à Senlis b. 29 juin 1562 b. 8 mars 1548 Marraine de Nicolas
[Voir Table II]
X Louis Dugast († en 1583) le 15 juillet 1581 X Hélène Joye en 1589 [† après 20 juillet 1599] Boulduc le 23
Marraine de Marguerite Boulduc le 2 août 1572. à Senlis. [Voir Note 1] septembre 1575.

[Il y a un Jacques Boulduc mentionné dans


Symonne Boulduc Henry Boulduc Jacques Boulduc
Imprimeurs & Libraires Parisiens du XVIe
b. 5 décembre 1565 b. 31 octobre 1567 b. 11 août 1569
siècle, Philippe Renouard, 1979, p. 506,
Parrain : Jean Lobry Parrain : Martin de Bonnaire [† 1574 ?]
comme étant Marchand Drapier, et parrain de
Marraines : Simonne de Bonnaire & Marraine : Jeanne Lobry
Jacques Constant le 18 juillet 1564, à Paris.]
Jeanne Boulduc épouse de Loys Bruslé

Louis (Loys) Boulduc X Françoise le Brun Marguerite Boulduc Jacques Boulduc Nicolas Boulduc Antoine Boulduc
b. 1 octobre 1570 Épouse Loys Boulduc le 6 b. 2 août 1572 b. 31 août 1574 b. 23 septembre 1575 b. 10 janvier 1577
Marchand Épicier au août 1595, à Paris. Marraines : Symonne de Parrain : Symon de Bonnaire Marraine : Marie de Verberie Juré-Peseur pour les Poids
« Marché aux Poirées » à Bonnaire & Catherine du Roi & Marchand
Paris. Boulduc fille d’Henry Épicier, Paris. [Voir Note 7]
Parrains : Louis Brusley & [Voir Table II] Boulduc Parrain : Jean Lobry le Petit
François Lobry
8
Robert Bolduc
Jacqueline Boulduc Charles Boulduc Geneviève Boulduc Jacques Boulleduc b. 5 décembre 1605
b. 30 janvier 1579 b. 23 mars 1585 b. 23 janvier 1588 Drapier et Cinquantenier à (Paroisse de St. Aignan)
Parrain : Charles Boulduc, Paris. Senlis
Marchand à Paris Habite près de l’Église St. Père : Henri Bolduc [sic]
Lieu-St. Gilles en 1571. [Le même que Henry b. 1567 plus haut ?]
[Voir Note 5]
Mère : Marguerite Coussains
[Pour la descendance d’Antoine Boulduc Juré-Peseur, frère de Loys et grand-père de l’orfèvre Pierre Boulduc (voir plus bas page 183), voir : [Il y a aussi mention d’un Henri Boulduc,
https://gw.geneanet.org/virgile81?lang=fr&n=boulduc&nz=nival&oc=1&ocz=1&p=antoine&pz=mathieu+maurice+andre] Parrain de Sébastien du Val en avril 1556,
dans la même paroisse de St. Aignan.]

* **

NOTE 1 : Les parents de Jacqueline de Bonnaire étaient Simon de Bonnaire et Colette Fouques. Ses Marraines étaient Marie de Bonnaire épouse de Jacques Sauvage et Catherine Fouques,
fille de feu Jean Fouques (8 mars 1548). Jacqueline fut Marraine le 20 juillet 1599 à Senlis (Archives de Senlis).
Ici, « b. » veut dire « Baptisé ».
Seuls les Parrains et les Marraines avec des surnoms d’intérêts sont pris en note.
Les documents ne se reculent que jusqu’en octobre 1539 pour la paroisse de Ste. Geneviève, et mai 1543 pour St. Pierre. Ainsi, rien ne peut être confirmée au-delà de ces dates.
Il y a aussi un grand manque dans les archives de Ste. Geneviève entre septembre 1548 et juillet 1565.
NOTE 2 : Source : Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, Quatrième Série, 1844, page 204.
NOTE 3 : Sources : Maisons et Enseignes de Senlis, du XIVe au XVIIIe Siècle, Volumes 1-5, 1984-88.
NOTE 4 : Sources : Comité Archéologique de Senlis, Comptes-Rendues et Mémoires, Deuxième Série, Tome V, 1880, page 127 (Henry Boulleduc), & Tome VIII, 1884, page 98 (Loys
Boulleduc).
NOTE 5 : Sources : Registre des Ordonnances, Mandemens, Assemblées, Deliberations et autres Expeditions Faictes au Bureau de la Ville de Paris, 1883, page 375, et Journal de Pharmacie
et de Chimie, Sixième Série, Tome Premier, 1895, page 283.
* Blason de Pierre et Gilles-François Boulduc. Source : Pharmaciens au Muséum, Philippe Jaussaud, 1998.
** Blason peint comme tel sur le portrait de Pierre Boulduc avec des couleurs mal représentées.
Source des trois Blasons en couleurs : La salle des actes de la faculté de pharmacie-Paris V, Comité de rénovation, 1996.
NOTE 6 : En 1930, un libraire parisien a vendu un manuscrit (46 pages) du 21 octobre 1590 : « Inventaire des biens de Charles Boulduc, hôtelier à Paris, rue du Bourg-l’Abbé, fait à la
requête de Marie de Verberye, sa femme, et de ses autres héritiers. » (L’hôtel inventorié faisait l’angle de la rue du Bourg-l’Abbé et de la rue Garnetat (Gretena), emplacement absorbé par le
boulevard Sébastopol. L’inventaire porte sur les caves, cour, cuisines, chambres de l’hôtel, tableaux, livres, armes, etc.) [Source : L’Église réformée de Paris sous Louis XIII : de 1621 à
1629, Jacques Pannier, 1931, p. 264, note 80.]
NOTE 7 : Sources : Glossaire du Droit François, Tome II, 1704, page 228 ; Le Bibliographe Moderne, Courrier International des Archives et des Bibliothèques, 1905, page 249 ; Centre
historique des Archives nationales à Paris, 1613-1623/AN ET-LXXXVI-312, P.617 ; Archives nationales de France, Minutes et répertoires du notaire Jean II Chapellain, 9 juillet 1610-
décembre 1623 (étude XXIV) & Centre historique des Archives nationales à Paris, 01/01/1644-04/30/1644/AN ET-XXXIV-89, P.108.
NOTE 8 : Minutes et répertoires du notaire Jean CHAZERETZ (étude I), janvier - 1579, décembre MC/ET/I/4. Accord d'héritage entre frères concernant Jacqueline DEBONNAIRE, femme
de Simon BOULDUC, 28 août 1579. Archives Nationales (France).

9
FAMILLE BOULDUC
(GÉNÉALOGIE SIMPLIFIÉE)
[Table I]
[Table II]

Charles Boulduc X Marie de Verberie Symon Boulduc X Jacqueline Debonnaire


[Voir Table I] [Voir Table I] Ysambert Le Brun X Perette Conseil
Marchand Bourgeois
[?]
à Paris.

Laurent Boulduc
Marchand au Palais de Paris. Loys Boulduc X Françoise Le Brun Guillaume Le Brun Geneviève Le Brun
(Cousin-germain de Loys) [Voir Table I] Marchand Bourgeois
à Paris.
Adam Pijart X Jacqueline Le Charon
Orfèvre

Marie Boulduc Louis Boulduc Pierre Boulduc X Gillette Pijart


1 X Jacques Parent Épicier Apothicaire
2 X Gilles Gond 1607-14.05.1670

Claude Hubert X Isabelle Fontaine


Procureur au
Parlement de Paris.

Pierre Boulduc Louis Boulduc X Élisabeth Hubert Simon Boulduc X Marie-Élisabeth de Lestang Gilles Boulduc Jacques Boulduc
Lieutenant au Maréchaussée. Procureur du Roi Apothicaire du Roi, Religieux Religieux
X Mme Barbié de la Prévôté Membre de l’Académie
de Québec. Royale des Sciences.
1652-22.02.1729

Gilles-François Boulduc Simon-Charles Boulduc Marie-Élisabeth Boulduc Marie-Madeleine Boulduc


Apothicaire du Roi, Chanoine à Lisieux. X
Membre de l’Académie Royale des Sciences. [Voir page 240] Guy Érasme Emmerez
Dynastie Canadienne 20.02.1675-17.01.1742 Docteur à la Faculté de Médecine X
BOLDUC 1 X Marie-Anne Alexandre † 1714 de Paris. François Spire Chastelier
2 X Edmée Catherine Millon Procureur au Châtelet.

Jean Boulduc Jean-François Boulduc


[1697] [Voir l’Appendice, 1er Apothicaire du Roi.
page 463]
20.02.1728-18.08.1769
Sans descendance.
[Voir : https://gw.geneanet.org/adum?lang=fr&pz=alain&nz=dumont&ocz=2&p=marie+elisabeth&n=boulduc]

10
Vue fantaisiste de Hartmann Schedel sur Paris, tirée de l’édition latine du Liber Chronicum, publiée en 1493.

Le Liber Chronicarum: Das Buch der Croniken und Geschichten de Hartmann (communément appelé
Chronique de Nuremberg, basée sur la ville de sa publication), fut le premier livre laïque à inclure le style
d’illustrations somptueuses précédemment réservées aux Bibles et autres œuvres liturgiques. L’ouvrage a été
conçu comme une histoire du monde, de sa création jusqu’à 1493, terminant avec une section consacrée aux
derniers jours.
(Source : https://www.raremaps.com/gallery/detail/34860/parisius-paris-schedel)

11
(1478 [Rome])

12
(1548)
13
(1552)

14
(1615)

15
Source : http://pistard.banq.qc.ca
Louis Boulduc, marchand, procureur du Roi en la Prévôté de Québec

L’inventaire après décès des biens de Pierre Boulduc et son testament olographe transcrit dans cet
inventaire 38, font référence à l’installation de son fils Louis à Québec au Canada. Ceci nous a conduit a
consulter le Dictionnaire biographique du Canada 39 et le Dictionnaire généalogique des familles
canadiennes 40, conservés au Service culturel de l’Ambassade du Canada à Paris.

Selon ces deux ouvrages, Louis Boulduc, né vers 1648-1649, débarqua à Québec le 17 août 1665 en tant que
soldat de la compagnie d’Andigné de Grand-Fontaine du régiment de Carignan. Trois ans plus tard, il épousa le
20 août 1668 Élisabeth Hubert, fille de Claude Hubert, procureur au Parlement de Paris, et d’Isabelle Fontaine,
demeurant rue de la Tisseranderie, paroisse Saint-Gervais. Le contrat de mariage 41 fut passé le 8 août 1668
devant le notaire Lecomte à Quebeq (sic) suivant la coutume de Paris en présence de nombreuses personnalités.
La fiancée apportait une dot de 4 l.t. en meubles, habits, bagues et joyaux.

[Anecdote : on trouve un détail important dans le livre The Good Regiment (Le régiment de
Carignan-de Salières au Canada, 1665–1668) par Jack Verney (1991) concernant le surnom de
Louis Boulduc, en page 159, Appendice B (traduction libre de l’anglais par Yan J. K. Bolduc) :
LISTE DE NOMS (…)
Table 4 ( continué )
Rôles de compagnie
( Noms de guerre montré entre parenthèses ) (…)
COMPAGNIE GRANDFONTAINE
Rang Nom Notes biographiques (…)
Soldat Louis Boulduc Établi au Canada en 1668.
( Bosleduc ) ] (Voir : http://books.google.fr/books?id=ozYlMN-I3i8C)

Sur la recommandation du comte de Frontenac, gouverneur général du Canada (1672), Louis fut nommé par
lettres royales du 15 avril 1676, procureur du Roi en la Prévôté de Québec. Victime des intrigues politiques
locales Boulduc fut « accusé de concussion de vol dans toutes les maisons dans lesquelles on le souffre, de
débauches et de crapulles continuelles » ! On le jugea encore « un fripon achevé à ne jamais souffrir dans une
pareille charge ». Le protégé de Frontenac, accusé de malversations, fut traîné devant le Conseil souverain et
déchu de sa charge le 20 mars 1682, décision confirmée par le Roi le 4 juin 1686. Sa femme étant rentrée en
France en 1685, Louis la suivit et mourut dans son pays natal entre le 8 février 1700 et le 2 avril 1701 42. Leurs
huit enfants 43 firent souche au Canada et prirent le nom de Bolduc. Leur descendance est considérable, si l’on
admet que le millier de Bolduc inscrits dans l’annuaire téléphonique de Québec et ses environs ont une même
origine. Ils sont très nombreux à Montréal et il y en a aux États-Unis. Dans les années 1930, la plus célèbre
chanteuse québécoise, Mary Travers, était surnommée « La Bolduc » !

Qu’en est-il des accusations de malversations portées contre Louis Boulduc au Québec ? Sont-elles fondées ?
Dans le testament qu’il rédigea le 30 avril 1666, alors que Louis était depuis huit mois au Québec, Pierre
16
(1648) 17
(1568) 18
Boulduc supplie et conjure sa femme Gillette Pijart de « vouloir un jour avoir la bonté de pardonner à tous les
mauvais déportemens de la vie passée de Louis Boulduc, nostre fils, comme je luy pardonne, si tant est qu’avec
la grâce de Dieu, comme je l’espère, estant revenu à resipiscence par la recognoissance de toutes les faultes
qu’il a cydevant faict, il fasse toutes les soubsmissions requises et nécessaires en pareil cas et rencontre et, ce
faisant, qu’elle l’assiste charitablement et raisonnablement de ses bons advis et conseils [...] ». II prie enfin sa
femme de ne pas déshériter leur fils.

Nous n’avons aucun acte permettant d’identifier les fautes commises par Louis, des péchés de jeunesse sans
doute, car il n’avait que dix-huit ans lors de la rédaction du testament paternel, mais fautes graves aux yeux
d’un père croyant dont deux fils allaient entrer en religion. Quelques actes cités dans l’inventaire des biens de
Pierre Boulduc 44 se réfèrent à des achats destinés à Louis ou à des sommes d’argent qui lui furent avancées
pour son installation au Québec :

* Le 5 septembre 1665, un marchand de Paris, François Meslier, donne quittance de 300 l.t. à Pierre
Boulduc 45 pour des fournitures faites à Louis Boulduc qui venait d’arriver au Québec.

* Par lettre missive du 17 mai 1669 adressée à Pierre Boulduc, Paul Ragueneau reconnaît que Gillette Pijart
lui a remis 1 000 l.t. à envoyer à son fils Louis au Kébec (sic) pour l’achat d’une maison. On sait que Louis va
acquérir à Charlesbourg le 7 octobre 1669 une terre de quarante arpents appartenant à Jacques Bédard au prix de
800 l.t.

* Le 18 mai 1669, Louis étant de passage à Paris logé chez ses parents et « estant sur le point de s’en
retourner en lad. ville de Kébec » supplie ceux-ci « de le vouloir assister de quelque chose pour faire son
establissement et négoce de marchandise ». Il reçut 1 500 l.t. en avancement d’hoirie 46.

* Ce même 18 mai, Pierre Boulduc prie un marchand de Rouen de fournir des marchandises à son fils Louis
d’un montant de 500 l.t., y compris le frêt, et s’engage à le régler en juillet.

* Le 23 juillet de la même année, par acte sous seing privé, Paul Ragueneau reconnaît avoir reçu de Madame
Boulduc 250 l.t. sur les 500 livres qu’il a avancées à Louis.

* La dernière pièce, non datée, se réfère à un mémoire de marchandises fournies à Louis Boulduc sur ordre
du Révérend Père Ragueneau.

Né à Paris en 1608 le Père Ragueneau arriva au Québec en 1636 et fut supérieur général de la Mission des
jésuites au Québec. Revenu en France en 1662 il fut procureur de la Mission à Paris et mourut dans la capitale
le 3 septembre 1680. Deux oncles de Louis Boulduc, l’un et l’autre Jésuites, participèrent à la Mission
québécoise. Ils étaient les fils de Claude Pijart et de Geneviève Charon. L’aîné, Claude Pijart, naquit à Paris en
1600, arriva à Québec en 1637 et y resta jusqu’à sa mort le 16 novembre 1683. Il enseigna la théologie, la
philosophie, les humanités au Collège des jésuites de Québec. Son frère Pierre était également d’origine
parisienne, né en 1608, il parvint à Québec en 1635 mais quitta la Mission et revint en France en 1650. Il décéda
à Dieppe le 26 mai 1676.

Il est probable que les subsides remis au Révérend Père Ragueneau et destinés à Louis Boulduc parvenaient à
Québec par l’intermédiaire des Missions jésuitiques parisienne et québécoise.

Louis avait un troisième oncle religieux. Sébastien Pijart, frère de Gillette, était docteur en théologie et
demeurait au couvent des Dames religieuses Ursulines du faubourg Saint-Jacques. Il fit une donation de ses
biens à sa sœur en 1656 47.

19
Portrait n° 67 – Simon BOULDUC
Reçu maître apothicaire le 8 novembre 1672, fut garde de 1687 à 1689, consul en 1698, juge en 1707. Apothicaire
du Roi il fut démonstrateur de chimie au Jardin du Roi (1695) et membre de l’Académie royale des sciences. Il était
le fils de Pierre Boulduc (portrait n° 74).
L’Armorial de d’Hozier donne : d’or à un chevron d’azur chargé de trois étoiles d’argent et accompagné de trois
ducs (oiseaux) de sable chacun posé sur une boule de même. Simon, fils de Pierre, a donc tout simplement changé
les couleurs de l’ensemble de l’écu.
Source et photographie : ibid.

Simon Boulduc, apothicaire-épicier, membre de l’Académie royale des sciences (1652-22 février 1729)

Si Pierre Boulduc, en rédigeant son testament 48, s’éleva avec véhémence contre les agissements de son fils
Louis, en revanche, il manifesta une réelle affection pour Simon promis à une brillante carrière d’apothicaire,
voici en quels termes : « Je lègue [...] A Simon Boulduc, mon fils, en considération des bons services
obéissance et respects qu’il m’a rendu et pour le bon amour et affection que je luy porte tous mes livres
d’humanitez et les avoir tant imprimez que manuscrits traitans de la médecine, pharmacie, galénique et
chymique, et de la chyrurgie, latins, grecs et françois et tous autres petits escrits parus touchant ces matières,
tous lesquels livres et escrits sont dans mon cabinet ou ailleurs [...] à condition et en cas qu’il continue son
premier dessein et la volonté de professer l’art d’appoticairerie et qu’effectivement il parvienne un jour à la
maistrise. »

Simon sera un bénéficiaire privilégié des biens de ses parents. Le 27 janvier 1692, Gillette Pijart fit un
compte rendu à ses fils 49 Louis et Simon de la tutelle de leurs biens et à Pierre, son fils majeur, de la gestion de
ses avoirs depuis le décès de leur père le 14 mai 1670. Les trois frères étaient héritiers, chacun pour un tiers, de
leurs deux frères religieux Gilles et Jacques puisque ceux-ci en conséquence de leur état étaient considérés
comme « morts au monde » et assimilés aux morts civils. De ce fait leur succession s’ouvrait. Un mois plus
tard, le 26 février, Gillette fit donation universelle à Simon de tous les biens meubles et immeubles lui
appartenant ou qui se trouveront lui appartenir le jour de son décès 50. Parmi les charges et conditions imposées
au donataire figuraient le règlement de rentes constituées, dont une au profit de la Maison et couvent des
Jésuites au Canada soit 100 l.t. au principal de 2 000 livres. Après le décès de leur mère, antérieur de peu à avril
1701, une transaction à l’amiable fut négociée le 2 avril 1701 entre Pierre et Simon 51 — Louis étant décédé —
20
afin d’éviter les frais de procès pendant entre eux devant les requêtes de l’Hôtel du Palais. La succession
n’ayant rien rapporté et Simon n’étant pas reliquataire, il fut accordé qu’il jouirait des parts de la succession
parentale en toute propriété et les deux frères décidèrent de se désister du procès.

G. Planchon 52 et P. Dorveaux 53, utilisant les archives de l’ancienne École de pharmacie (BIUP), ont décrit
les principales étapes de la vie scientifique de Simon que nous compléterons. Il serait né en 1652, selon l’index
biographique de l’Académie des sciences, date qui nous semble peu compatible avec celle de sa réception à la
maîtrise d’épicerie le 5 janvier 1662 car il n’aurait eu que dix ans 54. Le 8 novembre 1672, il était reçu maître
apothicaire 55.

Garde de 1687 à 1689, consul à la juridiction consulaire de Paris en 1698, il fut élu juge en 1707 56, ayant été
dès 1674 conseiller des Six-Corps pour l’apothicairerie. Le 10 mars 1722, la Communauté des apothicaires de
Paris le nomma directeur perpétuel du Jardin des apothicaires 57. Apothicaire privilégié, il fut apothicaire-artiste
des rois Louis XIV et Louis XV, apothicaire de la princesse Palatine — Madame — et de la reine douairière
d’Espagne, enfin démonstrateur de chimie au Jardin du Roi [Voir page 261]. Sa renommée scientifique lui
ouvrit les portes de I Académie royale des sciences et il fut successivement académicien-chimiste en 1694,
pensionnaire-chimiste en 1699, puis vétéran en 1723. Son portrait exposé à la Salle des Actes de la Faculté de
pharmacie Paris-V 58, porte l’inscription suivante : « Simon Boulduc Parisiens. Pharmacop. Regius e Regia
Scientar. Academia praefectus et Consul. Obiit anno 1729. »

Il exerça son métier dans une maison de la rue des Boucheries-Saint-Germain, au faubourg Saint-Germain,
paroisse Saint-Sulpice. Nous ne savons pas à quelle date il s’y installa, mais lors du mariage de sa fille Marie-
Élisabeth, en février 1691, il y demeurait. Contrairement à ce qu’affirme P. Dorveaux il ne s’agissait pas de « la
maison de ses ancêtres » puisque, nous l’avons dit, son père avait vécu rue Saint-Jacques, d’abord à « L’image
Notre-Dame » puis dans la maison à l’enseigne des « Trois cochets » 59.

L’inventaire après décès des biens de Simon Boulduc commencé le 3 mars 1729 60 — il décéda le 22 février
rue de Tournon [Voir page 259] — fait état de la cession du contenu de sa boutique à son fils apothicaire Gilles-
François le 1er avril 1702, sans autre précision.

En tant qu’apothicaire du Roi, il usa de son droit de louer son privilège d’ouvrir boutique d’apothicaire à
Paris en faveur de l’apothicaire Morin pour trois ans et au prix annuel de 120 livres 61.

Simon épousa Marie-Élisabeth de Lestang, fille de Bénigne de Lestang et d’Élisabeth Herne (ou Hervé). Le
contrat de mariage fut signé le 12 juin 1674 62 et Marie-Élisabeth fut dotée par sa mère, veuve de Lestang, de
7 000 l.t. dont elle conserva les deux-tiers en propre. Ils eurent quatre enfants : Gilles-François, Simon-Charles,
futur chanoine à l’église cathédrale de Lisieux, Marie-Madeleine et Marie-Élisabeth, déjà nommée. Celle-ci,
âgée de quinze ans s’engagea par contrat de mariage du 12 février 1691 63 à épouser Guy-Érasme Emmerez,
docteur en médecine de la Faculté de Paris. L’importante dot de 12 000 l.t. dont elle bénéficia était à l’image de
la situation enviable qu’occupait son père. Fait remarquable, des personnalités appartenant à la haute noblesse
assistèrent à la signature du contrat : la duchesse Bénédicte de Brunswick, Charlotte et Amélie de Brunswick-
Lunebourg, ses filles, la princesse de Mecklenbourg, amies. Bénédicte de Brunswick était la fille d’Anne de
Gonzague, princesse Palatine. Était aussi présent Dupin, intendant des Maisons et Affaires de la duchesse
Bénédicte, après avoir été en charge de l’intendance de la Maison de la princesse Palatine qui lui légua par
testament 12 000 livres.

Comment peut-on expliquer la qualité de cette assistance ? La jeune fiancée, Marie-Élisabeth Boulduc
appartenait-elle à la Maison de la duchesse Bénédicte ?

Rappelons que Simon Boulduc était apothicaire de l’autre princesse Palatine, Charlotte-Élizabeth de Bavière,
Madame, épouse de Philippe d’Orléans, nièce d’Anne de Gonzague et donc cousine de Bénédicte de
Brunswick. Il était ainsi parfaitement introduit dans le milieu de la haute noblesse palatine.
21
Simon Boulduc mourut le 22 février 1729 dans une maison de la rue de Tournon, paroisse Saint-Sulpice,
appartenant à l’Hôpital-Général 64. Ses biens et ceux de sa femme, décédée en mai 1700, furent prisés et les
biens meubles vendus 65. Deux maisons entraient dans la succession. Rue Saint-Jacques, la maison des Trois
cochets 66, achetée par Pierre Boulduc en 1655, fut prisée 18 000 I.t. alors qu’elle avait été payée 8 000 l.t. Au
Marché-aux-Poirées, la maison à l’enseigne du Soleil d’or 67, acquise par l’aïeul épicier Louys Boulduc, ayant
été l’objet d’un premier partage entre Pierre Boulduc et sa sœur Marie, il n’entrait dans la succession que la
demi-part évaluée à 10 000 l.t. Finalement la masse successorale s’éleva à 53 652 l.t. et chacun des quatre
héritiers reçut l’équivalent de 13 413 l.t. À Gilles-François échut la moitié par indivis de la maison de la rue
Saint-Jacques, l’autre moitié étant répartie entre son frère chanoine à Lisieux et une sœur. La moitié du Soleil
d’or fut partagée entre ses deux sœurs.

A noter que parmi les dettes actives de la succession figuraient une partie de la pension annuelle de 1 200 l.t.,
que versait l’Académie royale des sciences à Simon Boulduc, et une dette de la Maison de la reine d’Espagne
pour fourniture de médicaments pendant les années 1725-1727.

Les travaux scientifiques de Simon Boulduc

Paul Dorveaux n’a fait qu’évoquer ses recherches. Nous nous limiterons à exposer les « Observations
analytiques » que Simon Boulduc à publiées sur les plantes purgatives entre 1700 et 1712.

Un règlement du 26 janvier 1699 conféra de nouveaux statuts à l’Académie royale des sciences et donna
naissance à la série des volumes annuels Histoire et mémoires de 1’Académie royale des sciences qui se
poursuivra pendant tout le XVIIIe siècle jusqu’en 1790. Les académiciens furent invités à publier leurs
mémoires dans cet ouvrage et Boulduc se conforma à cette incitation.

Les travaux de Simon Boulduc concernent la chimie minérale (sublimé, sel d’Epsom, acide nitreux, lessives
de salpêtre), les eaux minérales de Saint-Amand, l’huile de pétrole, le sel volatil de succin, le sel polychreste de
Seignette, les calculs mais surtout la chimie des plantes.

Antérieuremcnt à 1699 1’Académie avait élaboré un projet d’histoire des plantes, resté inachevé, mais dont il
demeura un recueil publié vers 1701 sous le titre Les Plantes du Roi qui inspira probablement notre
académicien.

Les plantes qu’il étudia appartiennent aux familles suivantes : Clusiaceae : gomme-gutte ; Convolvulaceae ;
jalap, méchoacan, scammonée ; Cucurbitaceae : bryone, coloquinte, élatérium ; Polygonaceae : rhubarbe ;
Ranunculaceae : ellébore noir ; Scrophulariacea : gratiole ; Liliaceae : aloès.

Il faut ajouter quelques plantes ou drogues diverses : pavot rouge, cachou, pêcher et enfin l’agaric.

Quel fut le but des études entreprises par Boulduc ? La réponse est donnée dans un mémoire de 1700 qu’il
consacra à l’ipéca : « L’examen des vertus et différences des médicamens purgatifs est, à mon sens, ce qu’il y a
de plus mystérieux et de plus nécessaire dans toute la Physique expérimentale. »

Résumant les travaux de S. Boulduc sur l’ipéca, le secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences,
Fontenelle, décrivit la méthode employée :

« La distillation ne lui à pas donné de grandes lumières, mais par l’analise qu’il appelle d’extraction, il a vu que
ce mixte contenoit des parties salines et sulphureuses ou résineuses [...]. Il a tiré ces deux espèces différentes de
principes, chacune avec le dissolvant qui luy convenoit, les parties salines avec l’eau de pluye distillée, les
sulphureuses ou résineuses avec de l’esprit de vin bien rectifié. »

22
Pour Boulduc, les opérations chimiques devaient être complétées par l’étude physiologique des extraits ainsi
obtenus à partir de plantes ou de drogues, et « éprouvés sur différens malades avec les précautions
nécessaires ». Des essais de remèdes étaient déjà pratiqués à cette époque dans les hôpitaux parisiens, nous y
reviendrons.

Nous allons maintenant analyser les travaux réalisés par Boulduc sur les purgatifs puis sur l’ipéca avant de
tirer les conclusions de ces recherches.

Gomme-gutte
Il la range parmi les sucs résineux puisqu’elle se dissout dans l’esprit de vin et non dans les dissolvants
aqueux. La solution alcoolique est plus irritante et purge plus violemment que la drogue, alors que l’extrait
aqueux salin (solution de sel de tartre) purge doucement. Il prépare un pain purgatif en laissant la mie en contact
et à chaud avec un sachet rempli de poudre de gomme-gutte !

Jalap
Boulduc recommande ce purgatif résineux qui devrait être plus souvent employé. Ses détracteurs prétendent
« qu’il laissoit après son action le ventre sec, en sorte qu’il restoit quelques jours sans faire son devoir » ! Il
écarte la distillation, procède à des extractions avec l’esprit de vin qui entraîne la résine, mais la solution à un
effet irritant. L’extrait aqueux ne solubilisant que peu de résine ne purge que légèrement. Ainsi c’est l’union des
deux principes résineux et salin qui est nécessaire « joints ensemble les effets en sont louables », conclut-il, non
sans élégance de style !

Méchoacan
Le méchoacan, appelé encore rhubarbe blanche ou des Indes, est un purgatif moins puissant que le jalap. Il
contient plus de parties salines que résineuses mais « ni l’extrait salin ni le résineux ne purgent autant que la
substance elle-même [...] le mérite de ce purgatif comme d’un grand nombre d’autres est renfermé dans toute la
propre substance de cette résine ».

Scammonée
« Cette résine est ordinairement ce qu’il y a de plus actif dans les médicamens purgatifs mais c’est aussi ce
qu’il y a de plus violent », constate Boulduc. Dénué de sa partie saline et de sa partie mucilagineuse, ce principe
« devient souvent un vray caustique ». Il affirme que « la scammonée, telle qu’elle doit être, est des sa nature et
extraction l’essence de toute la plante puisque c’est un suc ». En cela elle diffère des autres purgatifs végétaux.
Cependant, il procède à la distillation qui est, dit-il, « de petites conséquences » et à plusieurs extractions.
L’esprit de vin dissout les trois quarts du suc, l’eau est un mauvais solvant, le vinaigre distillé dissout cinquante
pour cent du suc en donnant un extrait purgatif très doux. L’extrait résultant d’une décoction du suc avec de la
réglisse est aussi un « très bon et doux purgatif » comme la solution de scammonée obtenue en présence de sel
alcalin de tartre (c’est-à-dire de carbonate de potassium).

Bryone
C’est, dit-il, une plante du même genre que le méchoacan. La racine qui purge avec force à « plus de vertu,
prise en substance que de toute autre manière, ce qui lui est commun avec la plupart des purgatifs végétaux ».
Boulduc à recherché l’action des infusions et des décoctions aqueuses, mais il donne la préférence à une
infusion dans le vin blanc.

Coloquinte
C’est, écrit Boulduc, « un des plus violens et un des plus dangereux purgatifs que nous ayons ». Toutefois
l’infusion dans l’eau « ne produit pas tous ces méchans effets », mais « son insupportable amertume » la rend
inconsommable. En distillant le produit de la fermentation de la pulpe dans du moût de vin, il obtient un esprit à
effet purgatif mais générateur de tranchées. Le marc restant, clarifié pour le débarrasser de ses « terrestérités »
et contenant les « sels essentiels » du vin et de la coloquinte, est un purgatif doux, aussi Boulduc préconise-t-il
ce procédé pour atténuer la violence des purgatifs. Il prépare également et étudie l’action de macérations et
23
digestions aqueuses, puis il procède à une extraction avec de l’esprit de vin et conclut que « pour se servir
utilement et assurément de la coloquinthe il faut en rassembler toutes ses parties tant résineuses que salines mais
séparées des terrestres et mussilagineuses par de longues macérations et digestions qui tiennent de près à la
fermentation, qui sont la cause principale des irritations et des tenêmes ».

Rhubarbe
La rhubarbe est selon S. Boulduc un purgatif des plus doux et des plus efficaces. Par distillation il obtient un
flegme dont il ne tire pas d’enseignement. Ayant comparé les effets purgatifs d’infusions plus ou moins
prolongées et de décoctions de rhubarbe il en conclut que les « purgatifs, principalement d’entre les végétaux
perdent beaucoup de leur vertu par la grande chaleur ou par l’ébulition [...] il est souvent plus à propos
d’employer les médicamens, surtout les purgatifs, sans les décomposer et tels que la nature les produit à moins
que le médecin n’ait des raisons particulières pour en user autrement ». Il remarque encore que la solution
obtenue par digestion de la rhubarbe dans 1’esprit de vin rectifié est peu colorée et peu amère, contrairement
aux teintures aqueuses, « ce qui peut faire croire que la qualité purgative de la rhubarbe réside plus dans ses
parties salines que dans ses souphres » (par « souphres » il faut entendre « résines »).

Gratiole
Bien que purgatif drastique et émétique Boulduc prouve qu’elle a 1’avantage d’être une plante indigène. Il en
exprime le suc qui, après évaporation à consistance de sirop, se concrétise en globules qu’il qualifie « sel
essentiel » de la plante. En fait, cet extrait est un purgatif modéré. En revanche, le marc fournit, après une série
d’extractions en milieu aqueux, un extrait très amer et très purgatif. Aussi, considère-t-il qu’il est « plus à
propos de faire les extraits des plantes succulentes et de leurs parties par les infusions, macérations et décoctions
bien dépurées, qu’avec leurs sucs ». Mais, ajoute-t-il avec prudence, « c’est l’expérience qui doit guider ». Le
marc épuisé par l’esprit de vin fournit un extrait peu purgatif, mais il impute cette faible activité à la qualité
défectueuse du solvant trop riche en flegme.

Ellébore noir
Celui-ci a une action moins drastique que l’ellébore blanc, affirme S. Boulduc qui n’utilise que l’ellébore noir
croissant sur les montagnes suisses. Il procéde à des extractions avec l’esprit de vin et avec l’eau. L’extrait
alcoolique très peu abondant et résineux est un purgatif faible mais irritant, alors que l’extrait aqueux contenant
à la fois les parties salines mais aussi résineuses – ces dernières entraînées par les premières – purge
correctement. Ces observations le conduisent à la conclusion que « les extraits purement résineux purgent
ordinairement par irritation, que les purement salins ne purgent que peu ou point mais poussent par les urines et
que ceux qui renferment tous ces principes tant résineux que salins tirés seulement par l’eau, purgent doucement
et utilement ». Il conclut qu’en cas d’extraits purgatifs résineux « le seul secours des dissolvants aqueux » doit
être privilégié. Cette manière d’opérer « débarrasse les purgatifs de leurs parties terrestres [...] laisse aux
résineux les sels nécessaires [...] pour en modifier et pour en faciliter l’action ».

Aloès
Ce suc concret est un purgatif moyen dont il existe trois espèces : le succotrin, l’hépatique et le cabalin utilisé
comme purgatif des chevaux. Le succotrin, contenant moitié moins de résine, ou matière sulfureuse, et plus de
matière saline que l’hépatique, lui est préféré. L’hépatique provoquant des flux de sang, et des hémorragies,
« funestes fuites », est réservé à l’usage externe en tant que baume naturel. A nouveau Boulduc préconise
l’union des principes résineux et salins donc l’emploi de la drogue entière.

Ipécacuanha
Nous terminons la revue des analyses de plantes faites par S. Boulduc par les résultats de ses recherches sur
l’ipéca. Notre académicien considère l’ipéca comme un « remède divin pour les dévoyemens et flux
disentériques », tout en étant émétique, cathartique et astringent. Il en distingue trois sortes : le gris, moins
violent dans ses effets, le brun et le blanc. Il dénie à nouveau tout intérêt à la distillation car « le mixte est
détruit » et procède à des extractions avec l’esprit de vin et avec l’eau dans le but de supprimer « la force
émétique » des extraits obtenus. Boulduc note que la racine contient beaucoup plus de parties salines extraites
24
par l’eau que de parties résineuses. L’effet purgatif de l’ipéca et des autres drogues purgatives doit être imputé
aux parties résineuses, car l’extrait aqueux de cette racine débarrassé des parties résineuses purge modérément,
ne provoque que peu ou pas de nausées mais produit « l’effet spécifique dont cette racine est douée qui est de
guérir la dysenterie ». Ces résultats sont en accord avec les effets bien connus de l’infusion prolongée d’ipéca
dans l’eau à 1 %, utilisée comme antidysentérique selon la méthode dite brésilienne.

Quel est 1‘apport de Simon Boulduc à 1‘étude des plantes purgatives ?

Ce savant avait été frappé par le fait que des plantes appartenant à des familles botaniques différentes
possédaient cependant un effet physiologique commun : une action purgative. Il a alors imaginé que cette
activité pouvait être localisée dans certaines fractions végétales qu’il devait être possible d’extraire au moyen de
solvants appropriés, ceux dont les chimistes disposaient à cette époque : l’eau, les solutions salines (sel de tartre
ou carbonate de potassium, cf. gomme-gutte et scammonée). L’esprit de vin rectifié, le vinaigre distillé
(scammonée). L’esprit de vin lui permettait d’extraire les parties qu’il appelait « résineuses », mélange
complexe non défini formé de tout l’insoluble dans l’eau (lipides, cires, résines, tanins, etc.).

Boulduc dénie tout intérêt à la distillation, il la considère de « petites conséquences » (scammonée). Les
méthodes d’analyse utilisant la chaleur pour séparer les principes actifs doivent être rejetées car, écrit-il, « des
purgatifs, principalement d’entre les végétaux perdent beaucoup de leur vertu par la grande chaleur ou par
l’ébulition » (rhubarbe).

Le bilan qu’il tire de ses analyses est modeste, voire désabusé, car il ne retrouve pas sur chaque extrait
aqueux ou alcoolique, 1’effet purgatif global de la plante ou de la drogue. C’est, dit-il, l’union des deux
principes résineux et salin qui est nécessaire. Sa pensée est parfaitement exprimée dans le mémoire qu’il
consacra à 1’élatérium : « Il ne faut point que 1’Homme sépare ce que Dieu à joint », réflexion en parfaite
adéquation avec l’état de la technique. Dès la fin du XVIIe siècle, divers expérimentateurs s’étaient rendus
compte que l’analyse des végétaux n’aboutissait qu’à des résultats imprécis et qu’il était illusoire de tenter
d’isoler les principes chimiques.

Hélène Metzger est l’auteur d’un très intéressant ouvrage consacré à 1’étude des doctrines chimiques de
1’époque. Il faut reconnaître, écrit-elle, qu’aujourd’hui la lecture de tous ces mémoires est extrêmement
déconcertante. Les liqueurs obtenues par la distillation des plantes se ressemblent. Les chimistes isolent des
parties salines et des parties « sulfureuses », mais ils ne parviennent pas à définir ces termes. A la question « les
chimistes se seraient-ils livrés à un travail inutile ? », Louis Lémery répond : « On n’a été porté de penser juste
sur le compte des analyses que depuis qu’elles ont été faites et qu’on a pu en considérer avec soin toutes les
circonstances et les comparer les unes avec les autres. La connaissance de leur peu d’utilité étant donc le fruit de
l’expérience, il fallait, pour en être convaincu [...] que ces experiences eussent été faites [...] Mais ce qui
contribue encore à justifier ce travail, c’est qu’en examinant le recueil de ce qui a été fait sur une longue suite de
mixtes, on y trouve un grand nombre de faits curieux [...] qui auront leur utilité dans la suite. » Ces
considerations, pleines de bon sens, justifiaient a posteriori les recherches conduites par Simon Boulduc.

Les moyens analytiques dont disposaient les chercheurs n’étaient pas à la hauteur de leurs ambitions !

C’est en pratiquant systématiquement des essais chez l’homme sain ou malade que Boulduc aboutit au
constat que l’union des principes (parties salines, parties grasses) était nécessaire.

Mais, si l’on tient compte de la quantité d’extraits végétaux qu’il prépara, on reste pantois, pour ne pas dire
dubitatif, devant le nombre de patients qui furent soumis à l’étude de l’effet purgatif ! En fait, aucune
information n’est donnée sur les conditions de réalisation de ces « épreuves ».

Des essais de remèdes avaient déjà été réalisés à l’Hôtel-Dieu de Paris et à l’Hôpital Général à la fin du
XVIIe siècle, ainsi que le précise Maurice Bouvet dans un article sur « Les origines de la pharmacie hospitalière
25
à Paris ». Il cite les essais thérapeutiques effectués à 1’Hôtel-Dieu en 1687 et 1688 à la demande d’Adrien
Helvétius, le vulgarisateur de l’ipéca. Après les succès retentissants qu’il avait obtenus en soignant avec la
nouvelle drogue le Dauphin atteint d’un « flux de ventre et dissenterie », il sollicita l’autorisation d’essayer son
remède dans les hôpitaux de la capitale. Les essais, acceptés par le Roi en juillet 1687, furent pratiqués, sous la
responsabilité de deux médecins renommés, sur des volontaires ou des « malades abandonnés par la
médecine ».

En 1817, près de quatre-vingt-dix ans après le décès de Simon Boulduc, Joseph Pelletier, associé à Francois
Magendie, publia ses « Recherches chimiques et physiologiques sur l’ipécacuanha » et identifia l’émétine. Ces
deux savants écrivent : « L’analyse d’un médicament est, en quelque sorte, stérile pour la thérapeutique, si on
n’y joint l’examen physiologique des divers principes immédiats, dont l’existence a été reconnue, et l’étude de
leurs propriétés médicinales. » Afin de comparer les effets vomitifs de 1’ipéca et de l’émétine, ils ingérèrent
eux-mêmes les deux médicaments aidés en cela par Caventou et des étudiants. Ils notèrent l’effet purgatif de
l’ipéca, mais ne contrôlèrent pas 1’action antidysentérique.

En ayant engagé, dès le début du XVIIIe siècle, des recherches sur les effets physiologiques chez 1’Homme
des fractions extractives résultant de l’action des solvants sur des plantes ou des produits d’origine végétale,
Simon Boulduc s’avère un authentique précurseur de la pharmacologie expérimentale.

Source de l’image : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1114723/f1237

26
(p.687)

Source : https://books.google.com/books?id=8P00OYXhqeEC
27
(p.100)

Source : https://books.google.fr/books?hl=fr&id=7dZKAQAAMAAJ
28
(p.217)

(p.533)

(p.355)

(p.767)

(p.502)

29
(p.939) (p.1198)

(p.1005) (p.1199)

(p.1011)

[BOULDUC, SIMON]

(p.1196)

30
(p.119)

(p.120)

Source : https://books.google.fr/books?id=UJgqAAAAMAAJ
31
(p.301)

(p580.)
(p.303)

(p.581)

(p.437)

( )

32
(p.863)

(p.729)

( )

(p.731)

(pp.996-997)

(p.862)

( )
33
(p.1143)

(p.1152)

Source : https://books.google.fr/books?id=UZkqAAAAMAAJ
34
(p.216)

(p.55)

(p.345)

(p.198)

35
(p.488) (p.740)

(p.625) (p.858)

36
(pp.971-972)

(p.1192)

[Le fils de Boudin apothicaire (1686) ?]

Source : https://books.google.fr/books?id=npkqAAAAMAAJ
37
(p.236)

(p.48)

(p.246)

(p.149)

(p.346)

38
(p.619)

(p.438)

(p.704)

(p.519)

39
(p.797) (p.884)

(p.883)

[Le même garçon qu’auparavant ?]

40
Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63539485

41
Source : http://archive.org/details/histoireetrecher01sauv
42
(pp. 619-620)

(https://fr.wikipedia.org/wiki/Place_des_Petits-P%C3%A8res)
43
(Source : Gouverneurs lieutenans de Roy prevôts des marchands
echevins procureurs avocats du Roy greffiers receveurs conseillers et
quartiniers de la Ville de Paris [page 81], Turgot & Beaumont ;
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1510208n )

Portrait n° 62 – Gilles-François BOULDUC


Reçu maître apothicaire le 14 mars 1695 à 1711, consul en 1717, échevin en 1726, premier apothicaire du Roi et
de la Reine, démonstrateur de chimie au Jardin du Roi (1729), membre de l’Académie royale des sciences. Il était le
fils de Simon Boulduc (portrait n° 67).
Les armoiries de Gilles-François sont les mêmes que celles de Pierre.
Source et photographie : ibid.

Gilles-François Boulduc
20 février 1675-17 janvier 1742
Communication présentée à la séance de la Société d’histoire de la pharmacie, le 10 octobre 2001.
REVUE D’HISTOIRE DE LA PHARMACIE, L, No 335, 3e TRIM. 2002, 439-450.

Résumé :
(Fils de Simon Boulduc, Gilles-François Boulduc fut, comme son père, démonstrateur en chimie au Jardin Royal, apothicaire des rois
Louis XIV et Louis XV, membre de l'Académie royale des sciences mais, de plus, il fut échevin de la ville de Paris en 1726. Il exerça
son métier à Paris, rue des Boucheries, et s'associa à un autre apothicaire, Claude Pia. Il fut le fournisseur de médicaments du duc de
Saint-Simon qui le cite plusieurs fois dans ses Mémoires en se référant à son activité d'apothicaire royal.)

***

Dans un article précédent 68, nous avons montré que Gilles-François Boulduc était l’aînée des quatre enfants
de Simon Boulduc et de Marie-Élisabeth de Lestang. Son frère Simon-Charles était chanoine à l’église
cathédrale de Lisieux. Ses deux sœurs firent d’honorables mariages, Marie-Madeleine Boulduc épousa
François-Spire Chastelier, procureur au Châtelet de Paris, Marie-Élisabeth Boulduc se maria avec Guy-Érasme
Emmery, docteur de la Faculté de médecine de Paris (voir tableau généalogique).

Les recherches que nous avons conduites aux Archives nationales ont permis de retrouver l’inventaire après
décès des biens de cet apothicaire royal et d’autres pièces d’archives. L’inventaire fut commencé le 3 février
1742 69 à la requête de sa femme Edmée-Catherine Millon, tutrice de Jean-François Boulduc, leur fils unique
mineur. Étaient présents maître Pierre de Beauvais, avocat au Parlement de Paris, subrogé tuteur de Jean-
François, et Claude Pia, marchand apothicaire, l’associé de Gilles-François, comme nous le verrons.
44
Né le 20 février 1675, décédé à Versailles le 17 janvier 1742, Gilles-François cumula titres et honneurs
comme son père Simon et le dépassa même puisqu’il fut, de plus, échevin de la Ville de Paris en 1726. Cette
charge l’anoblissait et lui permettait de se parer du titre d’« écuyer » [Voir l’Appendice, pages 438-440]. Ce
riche parcours a été décrit par G. Planchon 70 et P. Dorveaux 71,72, à partir des documents conservés aux archives
de l’ancienne École de pharmacie de Paris (BIUP). Le tableau ci-après présente les titres, fonctions et mandats
du père et du fils.

Fonctions exercées par Simon et Gilles-François Boulduc.


Simon Gilles-François
1652 20 février 1675
22 février 1729 17 janvier 1742
Maîtrise d’apothicairerie 8 novembre 1672 14 mars 1695
Garde de la communauté 1687-1689 1709-1711
Directeur du Jardin des apothicaires 1722
Apothicaire privilégié Apothicaire–artiste du Roi Apothicaire du Roi
(Louis XIV et Louis XV) (Louis XIV et Louis XV)
Depuis 1712
Apothicaire de Madame Apothicaire de Madame
princesse Palatine princesse Palatine
1705-1722
Apothicaire de la reine Apothicaire de la reine
douairière d’Espagne Marie Leczinska 1735-1742
Juridiction consulaire Consul en 1698 Consul en 1717
Juge en 1707
Bureau de la Ville échevinage Échevin en 1726
Jardin du Roi Démonstrateur en chimie Démonstrateur en chimie
Académie royale Académicien-chimiste 1694 Adjoint pour la chimie 1716
des sciences Pensionnaire-chimiste 1699 Associé-chimiste 1727
Vétéran 1723

Ajoutons qu’en qualité d’apothicaire royal Gilles-François fut nommé par Louis XV membre de la
Commission médicale d’examen des remèdes secrets (édits du 25 octobre 1728 et 17 mars 1731).

Dans la série d’articles qu’il consacra aux apothicaires royaux, M. Bouvet montra que Gilles Boulduc fut
apothicaire de la reine Marie Leczinska de 1735 à 1742 73. Des ordonnances de paiement cité dans l’inventaire
de ses biens 74 confirment qu’il engagea des dépenses « en qualité d’apothicaire de la reine » au cours de la
période 1740-1741. Les remboursements de frais concernent le loyer d’une charrette ayant voituré ses coffres et
garde-robes de Versailles à Compiègne en 1740 et de Versailles à Fontainebleau pour le quartier d’octobre
1740. Sont également ordonnancées ses dépenses d’entretien de coffres et garde-robes pendant les six premiers
mois de l’année 1741 ou encore des dépenses de charrois pour les quartiers d’avril et de juillet 1741.

Le portrait de Gilles-François est exposé à la Salle des Actes de la Faculté de pharmacie de Paris 75. Il porte
l’inscription suivante : « Aegid. Francisc. Boulduc Parisinus Regis et Reginæ Pharmacop. Primarius e regia
Scientiar Academia Dudum præfectus consul et Œdilis. »

Son médaillon est placé sur la partie droite de la façade de la Faculté de pharmacie 76 [Voir pages 78 & 98].

[Anecdote : le livre L’Autriche contemporaine de Raoul Chélard (1894) mentionne en page 198 :
45
La science, à Vienne a toujours été en avance sur les autres manifestations de l’esprit.
L’Université fut fondée en 1365 ; au seizième siècle, il y eut déjà de grands médecins ; au dix-
septième siècle, les pharmaciens viennoises passaient pour des modèles et Gilles Boulduc (sic),
pharmacien du roi, Moïse Charas, chimiste, et d’autres savants français se rendaient à Vienne
rien que pour les étudier.]

Vie familiale de Gilles-François Boulduc

Il habitait comme son père rue des Boucheries au faubourg Saint-Germain, paroisse Saint-Sulpice, dans une
maison appartenant à Henry Millon, mercier, consul et ancien échevin de la ville de Paris (1732). Le bail de
cette maison, à l’enseigne du Balcon, fut renouvelé en faveur de Gilles-François par un acte du 24 janvier
1739 77 pour neuf années commençant à la Saint-Jean-Baptiste (24 juin) de l’an 1740, au prix de 2 220 l.t. (dont
20 livres de taxe de nettoiement des rues et entretien des lanternes publiques). Il s’agissait d’un grand corps de
logis de cinq étages (environ vingt chambres), trois boutiques, porte cochère, cour, puits.

Si Gilles-François n’était que locataire de la maison où il demeurait, il était copropriétaire de la maison à


l’enseigne des Trois cochets, rue Saint-Jacques, entrée dans le patrimoine familial lors de l’achat réalisé par
Pierre Boulduc, son grand-père, en 1655. À la mort de son père Simon Boulduc, Gilles-François avait hérité de
la moitié de cette maison, l’autre moitié étant répartie entre son frère, chanoine à Lisieux, et sa sœur Marie-
Madeleine 78.

Sur licitation amiable du 6 juillet 1729 79, il acquit la part de son frère avec l’intention de vendre rapidement
cette maison. En effet, le 27 septembre 1729, il la céda avec son beau-frère François Chastelier, mari de Marie-
Madeleine, à Fiacre Corbon, chirurgien de monseigneur le duc de Gesvres, au prix de 18 000 livres 80,81.

Gilles-François Boulduc se maria deux fois. En premières noces, il épousa Marie-Anne Alexandre, fille de
François Alexandre, marchand bonnetier à Paris, et de Marie Mignon sa femme, demeurant rue Quincampoix.
La haute noblesse était représentée à la signature du contrat de mariage le 23 avril 1707 82 par Madame,
princesse Palatine, épouse de Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV (elle signe : Élisabeth Charlotte), et aussi
par Madame, la duchesse d’Orléans, Françoise-Marie de Bourbon, épouse de Philippe II d’Orléans, duc de
Montpensier (elle signe : Marie-Françoise de Bourbon). Il y avait d’autres personnalités : François Dupin,
intendant des Maisons et Affaires de la duchesse de Brunswick – il avait déjà assisté à la signature du contrat de
mariage de Marie-Élisabeth Boulduc 83 –, M. Voille de Lagarde, maître des requêtes et secrétaire des
Commandements de SAR Madame, M. Flory des Essarts, trésorier de France, etc. Les parents et amis de la
fiancée étaient tous d’essence modeste, représentant la marchandise : le mariage était hypergamique pour cette
jeune femme qui fut dotée de 15 000 l.t. Le douaire préfix fut constitué par 300 l.t. de rente et le préciput fixé à
2 000 l.t. Sept ans plus tard, en janvier 1714, Marie-Anne Alexandre mourut. En effet, Gilles-François
consignera sur le second contrat de mariage que « Dame Marie-Anne Alexandre est décédée en l’année mil sept
cent quatorze, que de ce mariage il n’estoit resté qu’un fils qui est aussy décédé ». Donc, après vingt années de
veuvage et à près de soixante ans, Gilles-François se remaria avec Catherine-Aymée Millon, fille majeure,
demeurant rue de Seine au faubourg Saint-Germain, fille de défunct Lucien Millon, bourgeois de Paris, et de
Jeanne Adam. Le contrat de mariage fut signé le 27 mars 1734 84 dans la plus stricte intimité. En fait, il
s’agissait d’un mariage de raison, leurs fils Jean-François, né le 25 février 1728, avait six ans. C’était donc un
fils naturel à qui il convenait d’assurer une position sociale. Il sera le seul descendant de cette lignée de
Boulduc.

La future épouse apporta en dot la somme de 4 000 l.t. « sur ses gains et épargnes », dont elle conserva en
propre la moitié. En douaire, Gilles-François lui céda 700 l.t. de rente et ils s’attribuèrent un préciput de 3 000
livres.

[Anecdote : Gilles-François fut mentionné en cours concernant une Henriette Mellin (femme de
Herbolt Beisselt, m. mai 1724) née en août 1697 a Liège, fille de la veuve ‘le Comte’ (Marie-
46
Marguerite Soulas, comédienne française reconnu pour être une bonne chanteuse, surtout en
Italien). La fille Henriette (elle avait une sœur aînée Marie-Anne, née en septembre 1696 aussi à
Liège, femme de Taffar Tanneur, de Liège) voulait simplement être reconnu comme étant fille
légitime du Baron de Simeony, qui fréquentait depuis belle lurette sa mère, et qui était en toute
raison pratique le père biologique des deux filles. Par contre, personne ne voulait ou pouvait
confirmer ceci. La raison pour laquelle le Baron ne pouvait marier la le Comte, est parce qu’elle
lui aurait dit qu’elle était déjà marié, à Gille-François Bolduc (sic). Le Baron dit en cour :
« Après la mort du premier mari de la le Comte, elle s’est remariée légitimement avec Gille-
François Bolduc, âgé de dix-huit ans, fils d’un Apothicaire de Paris.
« Ce mariage s’est fait dans l’Église des RR. PP. Jésuites, à Hildesheim près de Hanover, par
le père Bertrand Trestay Missionnaire et Théologien ; (…) »
Le Baron ajoute qu’ils se seraient marié en 1693 ou 1694. Boulduc aurait apparemment quitté sa
femme peut après, mais personne ne pouvait prouver tout ceci, et Gilles-François ainsi que
Marie-Marguerite n’ont participé à aucune de ces procédures. Finalement la cour a donné raison
a Henriette le 9 août 1727, et le Baron fut obligé de la reconnaître et lui donner des versements.
Un détail intéressant dans tout ceci est sous la forme d’une lettre écrite par « Marie-Anne de
Blerel, femme du Sieur le Roi Apothicaire », qui écrivit le 6 juillet 1725 au Baron de Simeony :
« Je crois, Monseigneur, que vous avez trop de considération pour Madame le Comte, pour
abandonner entièrement une fille qui n’est pas la cause de sa naissance infortunée. Je vous avoue
que je suis fort surprise que vous la désavouiez pour votre fille ; la mère auroit pu suivre une
fortune plus heureuse en s’acquittant de son devoir ; mais sa folle complaisance pour les attraits
de sa passion, et pour les libéralités que vous lui saisiez, ne lui ont pas permis de suivre son mari
Bolduc (sic), fort joli homme ; sa faute est votre ouvrage. En cas de besoin, je serai obligée de
rendre témoignage à la vérité. »
Que croire dans toute cette histoire ? Les détails se trouvent dans le livre Causes célèbres et
intéressantes, avec les jugements qui les ont décidées recueillies par Mr. Gayot de Pitaval, avocat
au parlement de Paris, Tome dixième (1768), Amsterdam, sous le chapitre Fille qui veut changer
son état de Légitime, contre celui de Bâtarde (pages 291 – 380).
Une version condensé se trouve dans le livre Abrégé des causes célèbres et intéressantes, avec
les jugements qui les ont décidées par Mr. Besdel, Tome second (1793), Bath (pages 106 – 111).
Enfin une version encore plus courte et facile à lire se trouve dans le livre Dictionnaire contenant
les anecdotes historiques de l’amour, depuis le commencement du Monde jusqu’à ce jour par de
Mouchet, Tome cinq (1811), Troyes (pages 293 – 296).]

Vie professionnelle de Gilles-François Boulduc

L’inventaire après décès des biens de ce célèbre apothicaire est une importante pièce d’archive de cinquante-
deux feuillets comprenant vingt-cinq feuillets d’inventaire de drogues et ustensiles dont nous reportons l’étude à
une date ultérieure. Cet inventaire et prisée de marchandises d’apothicaires composait « le fonds de la Société
d’entre led. déffunt Boulduc et led. Pia ». En effet, le 27 novembre 1732 Gilles-François créa une société avec
Claude Pia 85, marchand apothicaire, demeurant rue de Gesvre, paroisse Saint-Jacques-de-la-Boucherie, afin
d’exercer le commerce de pharmacie galénique et chimique dans l’immeuble de la rue de la Boucherie à partit
du 1er décembre 1732. Les locaux commerciaux comprenaient une boutique, arrière-boutique, laboratoire,
magasin et logement des garçons. La société était constituée pour neuf ans, chacun des associés partageant par
moitié profits et pertes. Boulduc cédait la moitié de son actif à son nouvel associé à un prix à établir par
inventaire dont fut chargé Nicolas Pia, apothicaire à Paris, rue du Four, frère de Claude. Les marchandises et
ustensiles détenus par Gilles-François dans son laboratoire du Jardin du Roi, étaient compris dans la transaction.
En outre, il se réservait le droit et faculté d’exécuter ses charges d’apothicaire à la Cour, de résider
éventuellement hors Paris, de fournir seul et à son propre compte et profit les remèdes destinés à Madame la
princesse de Conti, princesse douairière, et aux communautés dépendant du Jardin du Roi, c’est-à-dire les
Carmélites de la rue de Grenelle, les Capucins et les filles de Sainte-Geneviève, quai de la Tournelle. Il

47
s’engageait à rembourser à la société les remèdes utilisés au prix déterminé par l’inventaire. Le prix du loyer
commercial fixé à 600 l.t. était réglé par la société.

De son côté, Claude Pia pouvait continuer provisoirement le commerce de sa boutique rue de Gesvres à son
compte et profit jusqu’à la vente devant intervenir au plus tard le 15 avril 1733. À partir de cette date Pia devait
se consacrer exclusivement au commerce établi rue des Boucheries. De plus, il lui était imposé de venir habiter
une maison voisine !

Il était également convenu qu’en cas de décès d’un associé, la société serait dissoute et que les veuves
hériteraient des marchandises et ustensiles selon leur valeur fixée par l’inventaire.

Si, à l’expiration du contrat, l’un des associés décidait de créer son propre établissement, il ne pourrait le faire
« qu’au-delà des ponts » et il serait tenu d’indemniser l’ex-associé à raison de 2 000 livres.

Ce contrat fut signé en présence de la femme de Claude Pia, Marie-Augustine Fleury.

L’inventaire des marchandises et ustensiles appartenant à Boulduc ayant été établi à la date du 4 mars 1733,
les associés réunis le 2 août 1734 fixèrent définitivement le montant de la part due par Pia, soit la moitié de
12 811 l. 6 s. 9 d.t.

Claude Pia avait été reçu maître apothicaire le 31 juillet 1720, il fut garde de 1744 à 1746 et consul en 1750.
On doit ces précisions à G. Planchon qui a consacré une étude à la dynastie des Pia 86.

Il y avait une importante différence d’âge et de prestige entre les deux associés. Les clauses du contrat très
favorables à Gilles-François étaient à la mesure de la notoriété dont jouissait l’associé-chimiste de l’Académie
royale des sciences.

Par contrat du 21 février 1739 87, Gilles-François Boulduc et Claude Pia « demeurant rue des Boucheries »
décidèrent de continuer la société pendant neuf autres années à partir du 1er décembre 1741, mais à certaines
conditions.

Ils écartèrent la clause de dissolution de la société en cas de décès d’un des associés mais optèrent pour sa
continuation en faveur du fils du défunt s’il était maître apothicaire ou décidé à le devenir. Dans ce dernier cas,
l’associé survivant exercerait seul le commerce dans l’attente de l’accomplissement de cette condition.

Afin de faciliter la transmission à Claude Pia du bail de la maison à l’enseigne du Balcon au cas où Gilles-
François – seul détenteur du bail 88 – décéderait au cours de la période de location, il sous-loua à son associé les
locaux commerciaux au prix de 600 l.t. par an.

Nous avons vu que Gilles-François Boulduc s’était réservé le droit d’exercer pour son compte ses charges
d’apothicaire à la Cour, et de procéder à des fournitures de médicaments à des nobles, hauts dignitaires ou
communautés religieuses, en dehors de ses obligations d’associé. Plusieurs mémoires cités dans l’inventaire de
ses biens font référence à ces achats de médicaments que les bénéficiaires n’étaient jamais pressés de régler !
Sont cités : le comte de Sabran ; le maréchal Jacques de Berwick, duc de Fitz-James (fils naturel du roi Jacques
II) ; le cardinal d’Auvergne ; le duc et la duchesse de Bouillon (un mémoire arrêté le 4 septembre 1730 par M.
Linotte, leur intendant, après avis de Moyse Charas, apothicaire ordinaire de leur Maison, fixa le montant des
médicaments fournis 1 200 l.t. 89) ; le duc et la duchesse de Ruffec 90 (sur un mémoire de marchandises fournies
jusqu’au 1er juillet 1741, il restait dû 8 284 livres) ; monseigneur Joachim François-Bernard Poitier, duc de
Gesvres (il constitua le 16 juin 1741 une rente de 275 l.t. en règlement d’une somme de 5 500 livres pour
médicaments fournis jusqu’au 23 février 1735 91).

Parmi les clients de Gilles-François et de Claude Pia, il y avait aussi le duc de Saint-Simon.
48
Selon deux constitutions de rente datées du même jour, 27 mars 1738, Saint-Simon 92 se trouvait débiteur vis-
à-vis de Gilles-François et de son associé Claude Pia d’une somme de 18 000 livres, compte tenu des
versements déjà effectués. Afin de s’acquitter de sa dette, il constitua à Boulduc une rente annuelle de 775 livres
correspondant à une dette de 15 500 livres et une rente de 125 livres à Pia, le duc lui étant redevable de 2 501
livres. Mais le Pair de France ne régla pas le premier versement dû à son apothicaire le 1er juillet 1739, aussi fut-
il contraint de payer sa dette par sentence rendue aux requêtes du Palais le 18 août 1739 93.

Dans ces Mémoires, Saint-Simon se réfère plusieurs fois à un « Boulduc » sans préciser le prénom, mais il est
hors de doute qu’il s’agit de Gilles-François. Notons qu’ils avaient le même âge.

Saint-Simon relatant la mort de Louis, deuxième Dauphin, duc de Bourgogne, intervenue le 18 février 1712,
écrit 94 : « Le mercredi 17, le mal augmenta considérablement j’en savois à tout moment des nouvelles par
Cheverny et quand Boulduc pouvoit sortir des instants de la chambe il me venoit parler. C’étoit un excellent
apothicaire du roi, qui, après son père, avoit toujours été et étoit encore le nôtre avec un grand attachement et
qui en savoit pour le moins autant que les meilleurs médecins, comme nous l’avons expérimenté et avec cela
beaucoup d’esprit et d’honneur, de discrétion et de sagesse. Il ne nous cachoit rien à Mme de Saint-Simon et à
moi. »

G. Planchon, qui fit état du texte de Saint-Simon relatif à la mort du Dauphin, identifia « l’excellent
apothicaire du roi » à Gilles-François 95, conviction partagé par Yves Coirault, éditeur des Mémoires dans la
Bibliothèque de La Pléiade 96. Celui-ci cependant, croyant à tort que Gilles-François n’était pas encore
apothicaire royal en 1712, se demanda à quel titre se trouvait-il dans la chambre du Dauphin 97. En fait, G.
Planchon avait indiqué que Gilles-François avait été nommé Premier apothicaire du Roi en 1712 98 et M. Bouvet
avait précisé qu’il avait succédé dans cette charge à Philbert Boudin au quartier d’avril 1712 99. En conséquence,
le second apothicaire cité par Saint-Simon ne pouvait être que Simon Boulduc 100.

En revanche, P. Dorveaux considéra que l’apothicaire du Roi appelé au chevet du Dauphin moribond était
Simon Boulduc 101. Dans ce cas, il faudrait admettre que le précédent apothicaire de Saint-Simon était Pierre
Boulduc, père de Simon, ce qui est erroné. Pierre Boulduc ne fut jamais apothicaire royal et décéda en 1670,
cinq ans avant la naissance de Saint-Simon. Celui-ci mentionne encore dans ses Mémoires un « Boulduc » à
l’occasion des décès de la Dauphine Marie-Adélaïde 102 et du duc de Berry 103. Il est évident qu’il s’agit toujours
de Gilles-François et non de Simon.

Ces décès parurent suspects aux yeux de Jean Boudin, médecin ordinaire du Roi et fils de Philbert Boudin, de
Guy Fagon, Premier médecin du Roi, mais aussi de Gilles-François Boulduc et de bien d’autres membres de la
Cour, tous convaincus qu’il y avait eu empoisonnements. Le duc d’Orléans, Philippe II, fut suspecté : ne se
livrait-il pas à de mystérieuses expériences de chimie dans son cabinet avec Wilhelm (Guillaume) Homberg,
son premier médecin ? Celui-ci était de plus le gendre du médecin du duc de Bourgogne. Mais les autopsies
n’auraient, semble-t-il, pas révélé d’empoisonnements, les morts étant dues à la rougeole ou à la scarlatine et
l’affaire en resta là.

Notons que pour arrêter les grands vomissements dont souffrait le duc de Berry au cours de son agonie, les
apothicaires lui administeraient « de l’eau de Rabel jusqu’à trois fois » 104 !

Boulduc fut encore cité à deux reprises par Saint-Simon. Au cours d’un entretien daté du 29 ou 30 juin 1720
entre Saint-Simon et le duc d’Orléans qui voulait limoger Trudaine, prévôt des marchands de Paris, pour une
sombre histoire de papiers publics, Saint-Simon lui rappela qu’il avait donné « son agrément d’une place
d’échevin pour Boulduc, apothicaire du Roi très distingué dans son métier », ce que Trudaine avait refusé
« avec la dernière brutalité » 105. S’agissait-il de Simon Boulduc comme l’affirme de nouveau P. Dorveaux ? 106
Nous ne le pensons pas, car Saint-Simon se référait constamment à Gilles-François. Quoi qu’il en soit celui-ci
fut admis à l’échevinat en 1726 et prêta serment de fidélité au Roi le 18 août 107.
49
[Anecdote : dans le livre Journal de Pharmacie et de Chimie, sixième série tome premier de
1895, on trouve un article (Allocution à la Société de pharmacie de Paris) écrit par M. Boymond
mentionnant ce petit passage (pages 154–155) :
En 1722, pour veiller aux réparations et aux embellissements du Jardin, on juge indispensable
d’adjoindre aux gardes-apothicaires dont la besogne s’accroît chaque jour, un directeur
perpétuel : François Boulduc, et deux directeurs temporaires : Nicolas Pia et Rousselot, qui
doivent être remplacés de deux en deux années au mois de mars. En 1728, François Boulduc
cède à la corporation quatre lignes d’eau qui lui avaient été concédées à titre d’ancien échevin de
la ville de Paris.]

Le 31 juillet 1721, le Roi [Louis XV] tomba malade et se mit au lit. Le lendemain Saint-Simon venu aux
nouvelles fut admis dans la chambre royale au moment où Boulduc « un de ses apothicaires lui présentait
quelque chose à prendre » 108. Louis XV, dont la maladie fut de courte durée, fut soigné par Jean Boudin et
Jean-Claude-Adrien Helvétius.

[Anecdote : Gilles-François était présent lorsque le Roi Louis XIV fut mourant. On peut lire dans
le livre Mémoires pour servir à l’Histoire de Madame de Maintenon (épouse de Louis XIV), par
Mr. De la Beaumelle, Tome cinquième à Maestricht (1778), cette note # 1 en bas de la page 248 :
(1) Je ne réfute point le mensonge grossier de Boulduc, premier Apothicaire du Roi, Membre
de l’Académie des Sciences : il assurait que Me. De Maintenon, se tournant vers l’assemblée,
avoit dit : Le beau rendez-vous qu’il me donne ! Cet homme-là (Louis XIV) n’a jamais aimé que
lui-même.
On retrouve une note similaire (# 3) dans le livre Biographie Universelle (Michaud) Ancienne et
Moderne, Tome vingt-six à Paris (1854), en bas de la page 155 :
(3) Boulduc, premier apothicaire du roi (voy. Boulduc), répandit contre madame de
Maintenon une calomnie atroce dont on ne parlerait pas ici, si elle n’avait été répétée par St-
Simon. Il prétendit qu’après ces dernières paroles du roi, madame de Maintenon se retourna du
côté des courtisans, et dit : « Voyez le beau rendez-vous qu’il me donne ! Cet homme-là n’a
jamais aimé que lui-même. » Ce fait n’est ni prouvé ni vraisemblable.
Enfin, dans le livre Mémoires secrets sur le règne de Louis XIV, La régence et le règne de Louis
XV, par Duclos à Paris (1865), on trouve sous les notes Écrites par M. l’abbé de Vauxcelles, sur
son exemplaire des Mémoires secrets en page 422 :
Bolduc (sic), premier apothicaire, m’a assuré qu’elle ( madame de Maintenon ) avait dit en
sortant : « Voyez le rendez-vous qu’il me donne, cet homme-là n’a jamais aimé que lui. » ( Pag.
95. )
Monsieur Duclos, l’apothicaire Bolduc, qui était homme de mérite, et dont j’ai connu les
enfants, n’a point entendu les paroles qu’on attribu à madame de Maintenon. Il les a crues sur la
foi de quelqu’un, comme vous sur la sienne. Je crois que cela est imaginé par quelque plaisant de
l’œil-de-bœuf, où parfois on s’avisait d’imaginer des contes à petit bruit.
La référence à la page 95 (Mémoires de Duclos) comprend ceci :
(…) Ce propos, que je ne garantirais pas, parce que les principaux domestiques ne l’aimaient
point, serait plus de la veuve de Scarron que d’une reine. (…)

Dans le livre d’Alexandre Dumas intitulé Louis XIV et son siècle à Paris (1851), on retrouve la
même chôse, mais avec des détails différent en page 398 (peu avant la conclusion) :
Madame de Maintenon ne répondit pas, mais, au bout d’un instant, elle se leva et sortit en
disant : – Voyez un peu le rendez-vous qu’il me donne ; cet homme-là n’a jamais aimé que lui.
Bois-le-Duc (sic), apothicaire du roi, qui était à la porte (sic), entendit ce propos et le répéta.
(…)
Si le duc de Saint-Simon est la source initiale de ce propos, il est logique de conclure que
Alexandre Dumas a pris cette information de ses mémoires. Ce qui est intéressant de noter est le
50
choix du nom pour Gilles-François que Mr. Dumas a choisi. Dans le livre Mémoires du duc de
Saint-Simon, Tome quatorzième à Paris (1874), en page 396 on lit :
On apprit la mort du comte d’Albemarle, gouverneur de Bois-le-Duc 1, et général des troupes
hollandoises. (…)
Cette note 1 nous apprend :
1. L’orthographe de Saint-Simon est Bosleduc.
Ce qui veut dire que Alexandre Dumas a délibérément choisi « Bois-le-Duc » pour son livre
concernant l’apothicaire du roi. (Lire aussi plus bas, page 75.)]

Gilles-François Boulduc ne se contentait pas de vendre des médicaments au poids médicinal, car il débitait
également en demi-gros comme l’attestent deux items de l’inventaire des biens : un sieur Laurent, de
Maubeuge, lui accusa réception le 30 décembre 1741 d’un tonneau de sel d’Epsom en le priant de lui adresser la
facture 109 ; un arrêt du Conseil royal des finances et commerce (non daté) lui accorda le privilège exclusif de la
vente et distribution du sel ammoniac dans toute l’étendue du royaume pendant vingt ans 110.

Les travaux scientifiques de Gilles-François Boulduc

Ses travaux scientifiques s’inspirèrent manifestement de ceux de son père Simon Boulduc et il les publia
également dans Histoire et mémoires de 1’Académie royale des sciences.

Il s’intéressa aux eaux minérales de Passy, Bourbon-l’Archambault, de Forges, y rechercha « l’acide


nitreux » – voir ses études sur la bourrache – et étudia le sel de Glauber, le sel polychreste de Seignette. Quant
au sel d’Epsom, nous avons vu qu’il en débitait des quantités importantes. Il améliora la préparation du sublime
corrosif. La seule publication connue dans le domaine végétal est son Essai d’analise des plantes, qui concerne
l’étude de la bourrache.

Essai d’analise (sic) des plantes

Les résultats de cette recherche ont été publiés en 1734, soit cinq ans après la mort de son père Simon
Boulduc. Curieusement, en introduisant son article, Gilles-François ne mentionne pas le nom de son père bien
qu’il rappelle « qu’un habile chimiste de cette Académie » ait tenté de séparer des fractions végétales plus
actives que la plante elle-même mais sans succès. Rappelons que Simon Boulduc avait conclu que « des
purgatifs, principalement d’entre les végétaux perdent beaucoup de leur vertu par la grande chaleur ou par
l’ébulition ». S’il oublie son père, Gilles-François se réfère à Wilhelm Homberg pour cautionner les résultats
précédents. Celui-ci aurait écrit à propos de 1’analyse des plantes que « le feu que l’on étoit obligé d’employer
pour ces analises changeant entièrement et dénaturant leurs principes, en sorte qu’ils n’étoient plus qu’en partie
des créatures du feu et non pas les principes que la Nature avoit employés à leur composition ».

W. Homberg, d’origine hollandaise, né en 1652, mort à Paris en 1715, un des meilleurs chimistes de son
temps, fut directeur de l’Académie royale des sciences en 1707, professeur de chimie et Premier médecin du
duc d’Orléans.

Il semble que l’expression « créatures du feu » soit attribuable à Robert Boyle qui avait observé lui aussi la
dégradation de divers produits lorsqu’ils sont soumis à un feu intense.

Donc, Gilles-François Boulduc se proposa d’étudier les sucs et décoctions des plantes et d’examiner les « sels
essentiels » qu’elles renferment. Il choisit la bourrache, « plante fort employée en médecine », en prépare une
décoction qu’il sépare en trois fractions. La première donne, après concentration, des cristaux qu’il assimile à
du salpêtre : « Voilà donc, assure-t-il, l’acide nitreux démontré dans cette plante ». Sur la deuxième fraction, il
isole le sel marin qu’il identifie par le « caillé blanc » obtenu par addition d’une dissolution d’argent par l’esprit
de nitre (acide nitrique). La troisième fraction contient, observe-t-il, plus de nitre (nitrate de potassium) que les
précédentes. Enfin, il analyse le résidu d’incinération de la plante dans lequel il identifie du tartre vitriolé
51
(sulfate de potassium ; le terme « tartre » ou « tartrate » s’appliquait au résidu de la calcination des plantes et à
tout dépôt). Il en conclut que la bourrache contient quatre sels différents, « le salpêtre, le sel marin, le tartre
vitriolé et enfin un sel alkali fixe », et ce qui le frappe, c’est de constater que « les trois acides minéraux se
trouvent en même temps dans une même plante ». Cependant, il ne doute pas que d’autres plantes puissent
fournir les quatre sels si on les traitait dans les mêmes conditions.

[Anecdote : dans la revue en ligne Axis, volume 1 numéreau 9 page 4 (9/7/2005, article intitulé
From Surrey to the moons of Jupiter (via Mars): The Story of Epsomite) par Andrew Dominic
Fortes (http://www.mineralogicalrecord.com/journal.asp), on trouve un passage concernant un
commentaire que Gilles-François a écrit en 1731 (BOULDUC, G.-F. : Recherche du Sel d'Epsom.
Histoire de l'Académie Royale des Sciences, avec les mémoires de mathématique et de physique, Année
1731, 347-357) sur son père avec ses recherches de reproduction du sel d’Epsom et l’eau de mer.
Il s’agit d’une citation des remarques de Gilles-François concernant ces même travaux, mais
impliquant un mélange d’alumine avec une liqueur salée de Tartre, conduit par son père Simon
en 1718 (BOULDUC, S. : Sur le Sel d'Epsom. Histoire de l'Académie Royale des Sciences, avec les
mémoires de mathématique et de physique, Année 1718, 37-40), et qui se lit ainsi :
« Mon Pere reconnut même san erreur quelque temps après, & si Dieu lui avait conservé des
jours, comme il étoit de bonne foi, qu’il aimoit la vérité, il se seroit fait honneur de déclarer
hautement sa méprise. En matiere de Physique, il est facile de tomber dans l’erreur, mais il n’est
pas également facile de la reconnoître, & d’en sortir. »]

En 1774, Hilaire-Marin Rouelle, démonstrateur de chimie au Jardin du Roi, publia ses Tableaux de l’analyse
chimique fixant l’état des connaissances en chimie végétale, quarante-cinq ans après la mort de Gilles-François
Boulduc. Il apparaît que le savoir en cette matière avait peu évolué car les résultats des extractions que Rouelle
pratiqua sur la rhubarbe diffèrent peu de ceux que Boulduc obtenait sur la bourrache.

Gilles-François Boulduc était redevable de sa culture pharmaceutique et chimique à son père, à Pierre Régis,
géomètre, membre de 1’Académie royale des sciences, et à Saint-Yon, professeur au Jardin royal des plantes.

Comblé d’honneurs, il cumula les fonctions les plus prestigieuses. Apothicaire des rois Louis XIV et Louis
XV, de la Palatine et de Marie Leczinska, il fournissait aussi des médicaments à des Maisons princières et
ducales. Nous avons vu que le duc de Saint-Simon était satisfait des services de cet « excellent apothicaire du
roi ». Il eut aussi la confiance des Six-Corps de marchands qui l’élurent au consulat, tribunal de commerce de
Paris, et, porté à l’échevinage de la Ville en 1726, il fut anobli.

Au Jardin royal, il fut démonstrateur de chimie. Enfin, l’Académie des sciences lui ouvrit ses portes où il
occupa successivement les sièges d’adjoint pour la chimie et d’associé-chimiste. Il ne fait guère de doute que
cette remarquable série de nominations fût facilitée par la situation prestigieuse de son père.

Les recherches qu’il publia s’échelonnent entre les années 1724 et 1735 mais furent, il faut l’admettre, d’un
niveau très modeste. Pourquoi cessèrent-elles ensuite jusqu’en 1742, année de sa mort ? Ses fonctions lui
imposaient de fréquents voyages hors Paris et ses multiples activités, peu propices à la conduite de recherches,
ne pouvaient qu’entraîner un surcroît de fatigue. Est-ce pour cela qu’il s’associa avec Claude Pia à partir de
1732 ?
Gilles-François Boulduc reste un modèle d’apothicaire au service de son Art, très impliqué sur les plans
professionnel et scientifique comme le furent Mathieu-François et Etienne-François Geoffroy avec lesquels
Simon et Gilles-François Boulduc entretinrent d’étroites et confraternelles relations.

52
(pp. 15-18)

Source : https://books.google.fr/books?id=quQRfokmKlQC

53
(…)

Distillatio, gravure de Jan Van der Straet, dans Nova Reperta, 1638.
54
Lettre de Gilles-François Boulduc.
(Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52507367h [p. 80])

55
(…)

Signature de Marie-Madeleine Boulduc (sœur de Gilles-François Boulduc) le 20 septembre 1731 à Paris,


épouse de François Spire Chastelier, Procureur au Châtelet.
(Source : https://en.geneanet.org/archives/registres/view/?idcollection=35321&page=15)

56
(pp. 398-399)

Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63592350
57
Source : https://books.google.fr/books?id=QZVLAAAAcAAJ
58
59
Jean-François Boulduc
20 février 1728-18 août 1769
Communication présentée à la Société d’histoire de la pharmacie le 11 septembre 2002.
REVUE D’HISTOIRE DE LA PHARMACIE, LI, No 337, 1er TRIM. 2003, 103-110.

Résumé :
(L'inventaire après décès des biens de Jean-François Boulduc a fourni les cotes de nombreux documents sur cet enfant naturel de
Gilles-François Boulduc (extrait baptistaire, testament, etc.) et a permis de préciser son activité professionnelle. Il exerça le commerce
de pharmacie galénique et chimique rue des Boucheries à Paris, s'associant successivement aux apothicaires Claude Pia et Michel
Depène. Premier apothicaire de Louis XV, il fournissait la Cour de Versailles et de Marly en médicaments qu'il préparait dans sa
boutique parisienne ou dans un laboratoire de sa maison de Marly-le-Roi. Il mourut à Paris le 18 août 1769 sans descendance.)

***

Dans un précédent article sur la dynastie des Boulduc consacré à Gilles-François Boulduc 111, nous avons
indiqué que lors de son mariage avec Catherine-Aymée Millon, en 1734, Jean-François, leur fils, né le 20
février [même date que son père] 1728, avait déjà six ans. Il s’agissait donc d’un enfant naturel ce que précise
son extrait baptistaire à l’église paroissiale et archipresbytérale Saint-Séverin à Paris. Cet extrait est annexé à
une constitution de rente en forme de tontine datée du 2 juin 1734 établie en faveur du jeune Jean-François 112.

Nous ne disposions jusqu’ici d’aucune étude le concernant à l’exception de deux courtes notes, l’une de G.
Planchon 113 mentionnant qu’il avait obtenu la survivance de la charge d’apothicaire royal de son père, l’autre
de M. Bouvet 114 indiquant qu’il avait reçu un brevet d’assurance de 30 000 livres en 1756 et la jouissance d’un
terrain non constructible situé à Marly, près de l’abreuvoir, le 20 novembre 1764.

Nos recherches conduites au Minutier central des notaires parisiens aux Archives nationales nous ont donné
la cote des scellés 115 apposés après la mort de Jean-François à son domicile rue des Boucheries, paroisse Saint-
Sulpice, puis l’inventaire de ses biens 116 commencé le 26 août 1769. L’inventaire fut établi à la requête, d’une
part, de Jacques-Louis Courdoumer, écuyer et premier valet de garde-robe du Roi demeurant rue des
Boucheries, exécuteur testamentaire du testament olographe de Jean-François Boulduc, Premier apothicaire du
Roi, et, d’autre part, de maître François-Simon Chastelier, avocat au Parlement, commissaire honoraire au
Châtelet, se portant seul et unique héritier du défunt, son cousin germain. Il n’y avait donc aucun descendant
direct de Jean-François et aucun contrat de mariage n’a été retrouvé.

Le futur apothicaire royal fut immatriculé pour se présenter à l’examen de maîtrise d’apothicaire devant la
communauté des apothicaires-épiciers de Paris le 5 février 1745 ; il subit l’examen de lecture le 15 mars et
exposa les drogues de son chef-d’œuvre le 29 mars 117. Il n’avait que dix-sept ans. Cependant il avait déjà
obtenu le 25 juillet 1741 la survivance de la charge d’apothicaire du Roi de son père 118 qui décéda six mois plus
tard.

Nous avons vu que Gilles-François Boulduc s’était associé à l’apothicaire Claude Pia afin d’exercer le
commerce de pharmacie galénique et chimique rue des boucheries à compter du 1er décembre 1732 pour neuf
ans. Le contrat fut renouvelé le 21 février1739 pour neuf autres années. Une nouvelle clause prévoyait qu’au
cas où un des associés décéderait avant le terme fixé, la société continuerait avec le fils du défunt s’il était
apothicaire ou décidé à le devenir. Dans ce cas l’associé survivant exercerait seul le commerce en attendant
l’accomplissement de cette condition. Or Gilles-François décéda le 17 janvier 1742 avant que son fils
n’obtienne la maîtrise en mars 1745. Sa veuve Catherine-Aymée Millon, tutrice de Jean-François, et Claude Pia
décidèrent, comme prévu, de mener le contrat à son terme, par acte du 16 mai 1742.

La société entre Jean-François Boulduc et Claude Pia fut renouvelée le 14 février 1750 119 mais des
changements intervinrent le 6 juillet 1752 120. Les deux associés reconnaissant les services que l’apothicaire
Michel Depène leur rendait depuis plusieurs années décidèrent de l’associer, dès le 1er juillet, à raison du tiers
60
de la valeur du fonds et des profits et pertes de l’exploitation. Le nouvel associé s’engageait à verser 5 000
livres à chacun des coassociés. De plus, Claude Pia promettait de se retirer de la société à l’échéance du contrat
du 1er décembre 1759. Jean-François Boulduc se réservait – à l’instar de son père – la faculté d’accomplir à la
Cour les fonctions de sa charge et de résider hors Paris, s’il y avait nécessité. Comme convenu, Claude Pia se
retira à l’expiration du contrat et reçut de ses associés la somme de 5 000 livres représentant sa part 121.

Par acte du 31 décembre 1759 122, Jean-François Boulduc et Michel Depène convinrent de continuer la
société jusqu’au 1er décembre 1768, puis un ultime renouvellement eut lieu en décembre 1768 123, car notre
royal apothicaire décéda le 18 août 1769. Le jour même, Jacques Courdoumer déposa entre les mains du
lieutenant civil de la ville de Paris un paquet scellé contenant le testament olographe 124 que le défunt avait
rédigé le 11 mai 1768. Le testament fut ensuite remis au notaire Jean-Nicolas Bontemps chargé d’établir
l’inventaire. En voici les principales dispositions :

- Jacques Courdoumer, l’exécuteur testamentaire, recevait un diamant de la valeur de 100 pistoles, son
testateur « le priant de vouloir bien l’accepter par amitié pour moy connoissant toute sa délicatesse » ;

- François Chastelier, cousin germain du défunt et héritier présomptif à même de supputer un riche héritage,
n’obtenait que 100 pistoles ;

- à Michel Depène, son associé, il léguait les drogues et ustensiles et généralement tout ce qui composait le
fonds de la boutique et commerce d’apothicairerie dont la moitié lui appartenait ;

- la dame de Randell, instituée légataire universelle, recevait le surplus des biens qui comprenaient une
maison à Marly-le-Roi.

En effet, Jean-François Boulduc avait acquis une maison avec jardin et dépendances au bourg de Marly-le-
Roi, avenue de l’Abreuvoir, par acte rédigé à Versailles par le notaire parisien René Poultier le 23 août 1764, au
prix de 18 000 livres incluant 2 000 livres de meubles 125. Le vendeur était Claude-Antoine Leschevin, premier
commis du contrôle général de la Maison du Roi et des secrétariats des commandements de la Reine et de
Madame la Dauphine, chef de paneterie-échansonnerie et bouche de la Dauphine. Domicilié à Versailles, rue de
la Porte de l’Orangerie, paroisse Saint-Louis, il était accompagné de sa femme Marie-Madeleine Pollard et de
leurs enfants dont Marie-Louise Leschevin, épouse de Charles-Asarthe Randell, gentilhomme de Monseigneur
le duc de Chevreuse, laquelle était la légataire universelle des biens cités ci-dessus.

La propriété d’environ deux arpents et close de murs consistait en une maison, entre cour et jardin, avec rez-
de-chaussée, deux étages, quatre pièces par étage, remises, écurie avec logement pour le jardinier et un
domestique, un potager, une serre et un petit édifice en haut du jardin planté d’arbres fruitiers. Mais l’ensemble
en très mauvais état nécessitait des réparations considérables.

L’inventaire réalisé à Marly en août 1769, soit exactement cinq ans après l’acquisition de la propriété par
Jean-François Boulduc, nous fait découvrir la destination des lieux. Il y avait douze chambres, certaines ornées
de nombreux tableaux, garde-robes, cabinets, cuisine, salle à manger, salle de billard, « salle de compagnie »,
une cave. Celle-ci était généreusement approvisionnée en vins : 2 feuillettes (tonneaux de 114 à 140 l.) de vin
de Bourgogne de Tonnerre, 2 feuillettes du même vin de la dernière récolte, nombreuses bouteilles de vin blanc
de Tonnerre, de vin de Malaga, de ratafia, etc. Boulduc savait recevoir ! Le petit corps de logis situé en haut du
jardin servait de laboratoire à l’apothicaire royal. Il comportait divers ustensiles de pharmacie prisés 245 livres :
fourneaux, alambics, entonnoirs, bouteilles, fioles, mortiers, balances, poids, poêles à confitures 126. Les drogues
et compositions étaient entassées dans deux chambres au premier étage de la maison. Le nombre de bocaux
contenant les drogues est impressionnant : 300 bocaux de « verres et cristaux » (200 l.t.), 200 bocaux de « règne
animal et madrépores » (600 l.t.), 1 500 « coquilles » (1 000 l.t.), 1 340 bocaux de « règne végétal » (800 l.t.).
L’ensemble des marchandises fut prisé 5 316 livres 127. L’inventaire précise encore que les effets de Boulduc

61
« qui étaient à Versailles […] ont été rapportés à la maison de Marly », ce qui confirme qu’il partageait son
activité d’apothicaire royal entre les deux châteaux.

[Anecdote : dans le Bulletin du Bibliophile publié par J. Techener, # 13, Janvier, Septième série
(1846), on peut lire en page 865 un extrait des Nouvelles à la main de l’année 1728 :
Du 15 novembre. – « Le onze de ce mois, l’on chanta un Te Deum à Notre-Dame pour le
rétablissement de la santé du roi. … L’hôtel de M. de Maurepas étoit décoré d’une pyramide de
lampions, torches et flambeaux, élevés à une hauteur prodigieuse. »
« Le douze, M. Boulduc, premier apothicaire du roi, fit illuminer sa maison de haut en bas, et
sous sa porte faisoit couler deux fontaines de vin au peuple. »
Nota. Boulduc (Gilles-François), démonstrateur de chimie au jardin du roi, membre de
l’académie des sciences, eut beaucoup de réputation dans son temps. On trouve une notice sur sa
vie et ses travaux dans les Éloges des académiciens par M. de Mairan. Paris, 1747, page 96. –
110.
On dirait peut-être que Jean-François aurait hérité de l’esprit festive, mais surtout du vin de son
père !]

Quelques livres furent prisés à Marly dont l’Histoire naturelle de Buffon, mais la majeure partie de la
collection était conservée à Paris, rue des Boucheries, dans une bibliothèque « faisant le pourtour d’un
cabinet » 128. La plupart des livres se rattachaient à des œuvres littéraires, philosophiques ou historiques :
Cicéron, Saint-Evremond, La Fontaine, Corneille, Voltaire, Rollin, La Motte, etc., et les Mémoires de Sully. Il y
avait aussi quelques ouvrages scientifiques et médicaux : recueils de chimie, histoire des plantes, dictionnaire de
drogues mais on retiendra surtout les 105 volumes des Mémoires de l’Académie royale des sciences, prisés 400
livres, dont une partie lui fut probablement léguée par ses illustres ancêtres.

[Anecdote : Jean-François légua sa bibliothèque à M. Balthazar Georges Sage, fils de Francis


Sage et Marie-Ursule des Cloitres, né à Paris le 7 mai 1740. Dans son livre Notice Biographique,
publié à Paris en 1818, Balthazar écrit (pp. 34-36) sous la section ‘Emploi de ma Bibliothèque’ :
Il n’y a personne à qui les livres aient été plus utiles qu’à moi ; j’y ai puisé de l’instruction, et
j’y ai trouvé une ressource pécuniaire, puisque la vente d’une partie de ma bibliothèque [avant la
Révolution] m’a produit soixante mille francs. On sera étonné que, né sans fortune, je sois
parvenu à former une aussi belle collection, dont voici l’origine. M. de Boulduc me légua sa
bibliothèque. M. le comte d’Angivilliers me fit don entre autres des Mémoires de l’Académie des
sciences. Sa Majesté Louis XV autorisa l’imprimerie royale à me donner un exemplaire de tous
les ouvrages de botanique qu’elle avait imprimé. M. de Miromenil, garde-des-sceaux, me nomma
censeur, et m’adressa tous les ouvrages qui avaient rapport aux arts, tels que les Voyages
pittoresques de Suisse, d’Italie, de Grèce, etc. (…) C’est afin de faire les fonds nécessaires pour
parvenir à terminer ce monument [à l’École royale des mines] que j’ai vendu ma bibliothèque et
ma terre de Vilberfol (…).]

La quantité de matériel pharmaceutique, de drogues et de compositions stockés dans la boutique et ses


dépendances était, ici aussi, considérable 129. La prisée, réalisée par les apothicaires Claude Pia, l’ex-associé, et
Pierre-Jacques Vasson, demeurant à l’Hôtel-Dieu, s’éleva à 14 905 l. 6 d.t. se répartissant en ustensiles (1 874 l.
12 s.t.), mobilier, boiseries et autres (1 174 l.t.), pots, bouteilles, récipients divers en faïence, grès, verre, etc.
(851 l. 8 s. 6 d.t.), drogues et compositions (11 005 l.t.). Plusieurs formes galéniques ont été prisées ensemble,
comme à Marly, et 400 livres-poids de confections et antidotes furent évaluée à 1 200 livres. Il est vrai qu’il
n’était pas nécessaire de détailler le contenu de la boutique dont la moitié appartenait à Michel Depène, l’autre
moitié lui revenant grâce au legs de son associé. Il prit possession de ce don d’une valeur de 7 452 livres le 26
novembre 1769.

62
63
64
(…)

(p. 373)

(…)

(Source : https://archive.oMarlyLeRoi)
65
(p. 383)

(1819)
[http://archives.yvelines.fr/article.php?larub=28&titre=cadastre-napoleonien]

66
(p. 375)

67
68
(p. 47)

(…)

(Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9600293m)
69
70
71
(p. 22)

(p. 77)

(Source : http ://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9601292h)


72
(p. 2552)
(…)

Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63481085

73
(pp. 2552-2553)

(…)

(Voir page 262.)

74
L’inventaire fait état de dettes actives importantes 130 résultant de fournitures et livraisons de médicaments
non réglées s’élevant à environ 18 000 livres que l’apothicaire Michel Depène évalua en :

- dettes présumées bonnes 10 315 l.t. - dettes regardées très mauvaises 994 l.t.
- dettes regardées comme douteuses 778 l.t. - dettes considérées comme perdues 5 912 l.t.

Donc, un tiers des créances ne serait jamais récupéré. Parmi les dettes présumées bonnes figurent celles de
quelques nobles : le comte de Vaudreuil devait 1 965 l.t. et le marquis de Tresnel 3 847 livres. Nous avons
montré 131 qu’il était constant que les apothicaires accordent de longs crédits à leurs clients. À leur décès
d’importantes dettes n’étaient pas recouvrables en raison de l’insolvabilité ou du décès du débiteur. En règle
générale, la veuve de l’apothicaire ou ses héritiers abandonnaient les petites créances ou renonçaient à
poursuivre les débiteurs dans la gêne.

La part de créances revenant à Jean-François Boulduc était exclue de la donation faite à son ex-associé et
entrait dans le legs dévolu aux de Randell, légataires universels. Ces biens incluaient aussi les « gages,
appointements, émolumens et tous autres fruits et revenus attribué et appartenant à la charge de premier
apothicaire du Roy dont le sieur Boulduc est décédé pourvu et qui étoient dus au sieur Boulduc au jour de son
décès ». C’est l’apothicaire Claude-Étienne Forgeot qui bénéficia de la survivance de la charge. Il fut reçu à la
maîtrise en 1769.

L’inventaire ne comporte aucune indication se rapportant à d’éventuelles publications de Boulduc qui ne fut
pas membre de l’Académie royale des sciences. Ayant un goût certain pour les sciences naturelles, il avait
souscrit à l’achat d’un recueil de mille planches sur les sciences, arts, métiers et manufactures 132. Il possédait un
remarquable cabinet d’histoire naturelle et, fervent amateur de conchyliologie, il possédait une belle collection
de coquillages 133.

[Anecdote : il y a une référence du mention de sa collection de coquillage dans le livre Livre-


Journal de Lazarre Duveaux marchand-bijoutier ordinaire du Roy 1748-1758, Tome I, Paris
(1873). Dans la section Notes supplémentaires sur les cabinets des curieux de Paris au milieu du
dix-huitième siècle, un petit paragraphe en page 258 (CCLVII) mentionne (classé
alphabétiquement par individus) :
BOISLEDUC (M.), apothicaire du Roi, rue des Boucheries, faubourg Saint-Germain. Cabinet
cité par la Conchyliologie nouvelle & portative de 1767, p. 317.

Il faut mentionner a présent un detail important qui fut mit à jour dans la publication Bulletin de
la société historique du VIe arrondissement de Paris, t. 1, Année 1898, page 80 :
« (…). C'est lui qui possédait une fort belle collection de Conchyliologie. Qu’est devenue cette
collection ? Je n’ai pu le savoir. Faisons, en passant, cette remarque qui pourra servir à d’autres,
que Boulduc est indiqué quelquefois, à tort, Bois le Duc. » (Texte intégral : page 90.)

Ce qu’il faut tirer de cette information est probablement sur le même ton que l’article suivant, un
détail similaire touvé, entre autres, dans le livre De la prononciation française depuis le
commencement du XVIe siècle, par Charles Thurot, Tome premier, Paris (1881), en page 372 :
(…) ; « Bois le duc. On le nomme [la ville de 's-Hertogenbosch] communément Bolduc, » Th.
Corneille ; « Quelques-uns semblent préférer Bois le duc ou Bos le duc à Bolduc ; mais ils se
trompent, nous disons et nous écrivons Bolduc, » Trévoux ; « Bois le duc ou Bolduc, » Poitiers.

Une autre mention de cette forme se trouve dans un manuscrit journal-mémoire du 2 mars 1722
écrit par le marquis de Calvière, concernant le jeune roi Louis XV et la reine, publié dans le livre
Portraits intimes du dix-huitième siècle par Edmond et Jules de Goncourt, 1878, page 7 :
« (…). En effet la princesse en avoit fait prendre, dès Chartres, à toute sa suite, même à M.
Boudin son médecin et à M. Bois-le-Duc. »]
75
Jean-François Boulduc a accompli une enviable carrière d’apothicaire auprès de Louis XV et sa Cour mais il
n’a jamais atteint la notoriété scientifique de son père et de son grand-père.

Michel Depène vivait encore rue des Boucheries en 1783. En effet, le 26 juillet de cette année, il déclara
devant les notaires au Châtelet qu’il était propriétaire d’une maison avec boutique et arrière-boutique rue des
Boucheries-Saint-Germain sur la censive de l’Abbaye de Saint-Germain-des-Prés, imposée à 19 sols parisis de
cens 134.

Ainsi s’achève l’étude de cette célèbre dynastie d’apothicaires parisiens. Depuis l’obtention par Pierre
Boulduc, son arrière-grand-père, de la maîtrise d’apothicaire en 1636, jusqu’au décès de Jean-François, cent
trente-trois années s’étaient écoulées. Quatre apothicaires de la communauté parisienne se succédèrent de père
en fils, dont trois furent apothicaires royaux, deux membres de l’Académie royale des sciences. Son grand-oncle
Louis Boulduc, procureur du Roi à la prévôté de Québec, est à l’origine de la branche canadienne de la famille.
NOTES ET BIBLIOGRAPHIE
1. G. PLANCHON, « Dynasties d’apothicaires parisiens : les Boulduc », J. Pharm. Chim., 1899, 6e série, p. 332-336.
2. BIUP, registre 7, f° 164, 11 mai 1595. Les fils de maître épicier étaient dispensés de chef-d’œuvre.
3. AN, MC, I, 25, 6 août 1595. Contrat de mariage de Louys Boulduc et de Françoise Lebrun. Celle-ci était la fille d’Isambert
Lebrun, marchand bourgeois de Paris décédé, et de Perrette Conseil, laquelle s’était remariée avec Loys Mauclerc, marchand rue
Saint-Denis. La dot fut de 500 écus d’or soleil, le douaire de 166 écus 2/3 et le préciput de 100 écus.
4. AN, MC, XXXV, 261, 20 juin 1649. Contrat de mariage de Françoise Parent, fille d’un premier lit de Marie Boulduc, sœur
de Pierre Boulduc, avec Rodolphe Gaudeau, épicier. Étaient présents Gilles Gond, épicier au Marché-aux-Poirées, et Marie Boulduc à
présent sa femme, auparavant veuve de Jacques Parent.
5. AN, MC, LXX, 25 janvier 1622, année en déficit. Inventaire après décès des biens de Louys Boulduc, cité dans l’inventaire
des biens de son fils Pierre, note 8, f° 35 v°, item 15. Les biens meubles furent vendus le 29 août suivant.
6. Louys Boulduc acheta une maison au Marché-aux-Poirées à l’enseigne du Soleil d’or le 22 avril 1612. L’acte passé devant le
notaire Ménard (étude XXXIX) n’a pas été retrouvé. Cette acquisition est citée dans l’inventaire de Pierre Boulduc, v. note 8, f° 36,
item 18 et dans celui de Simon Boulduc, v. note 60, f° 14 v°, item 7. La taxe des boues de 1637, BN, ms. fr. 18794, f° 32 et AN, KK
1025, f° 37, fut imposée sur cette maison appartenant pour moitié à Gilles Gond. À la mort de Louys Boulduc, Pierre Boulduc et sa
sœur Marie héritèrent du Soleil d’or. Cette maison était située sur la rive est du Marché-aux-Poirées et la douzième à partir de la rue
aux Fers en remontant vers la rue de la Cossonnerie.
7. La date de 1607 est calculée à partir de deux données : il avait 56 ans lors de la réalisation de son portrait de la Salle des
Actes de la Faculté de pharmacie de Paris V en 1663 (v. note 16) et 18 ans à la signature de son contrat d’apprentissage le 6 octobre
1626 (v. note 10).
8. AN, MC, XXXV, 431, 21 mars 1671. Inventaire après décès des biens de Pierre Boulduc.
9. BIUP, registre 7, f° 105 v°, 11 février 1622. Réception à la maîtrise d’épicerie par examen de Louis et Pierre Boulduc, fils de
Louys Boulduc décédé.
10. AN, MC, X, 60, 6 octobre 1626. Brevet d’apprentissage de Pierre Boulduc, âgé de 18 ans environ, fils mineur de défunt
Louis Boulduc et de Françoise Lebrun, présenté par Jacques Boulduc, marchand demeurant sous la Tonnellerie à Paris, tuteur de
Pierre. Mis en apprentissage chez Simon de Séqueville, maître apothicaire-épicier demeurant rue Saint-Martin, paroisse Saint-Nicolas-
des-Champs, pour quatre ans et au prix de 350 livres.
11. BIUP, registre 21, p.16, 20 novembre 1626. Immatriculation à l’apprentissage de Pierre Boulduc.
12. BIUP, registre 7, f° 146 v°, 7 octobre 1636. Immatriculation à l‘examen de maîtrise d’apothicairerie de Pierre Boulduc
présenté par Jehan Nicolas, marchand apothicaire-épicier.
13. BIUP, registre 44, signature du registre du Concordat par Pierre Boulduc le 2 décembre 1636.
14. Louis Dulieu, La Pharmacie à Montpellier, 1973, p. 98.
Voici la transcription du texte conservé aux Archives départementales:
« Je Pierre Boulduc dict de Beaulieu natif de Paris compagnon app re demeurant chez Monsr Bastise Me appre Montpellier ayant esté
examiné tant sur l’eslection et préparation des médicamens et en la practique de l’art de Pharmacie par Mons r Durand juré Maistre
lequel après m’avoir faict prester serment d’observer les statutz de leurs colleges m’ont permis en payant les droicts ordinaires
m’inscrire sur le présent livre de matricule. Faict à Montpellier ce 28 e septembre mil six cens trente et un
Boulduc dict de Beaulieu. »
La signature de Boulduc est identique à celle que l’on retrouve sur d’autres actes.
Je remercie Mme Colette Charlot de m’avoir aimablement adressé la reproduction de l’immatricule.
15. C. WAROLIN, « Les apothicaires et la maîtrise d’épicerie à Paris. I - Deux listes de réception en 1655 et 1671 », Rev. Hist.
Pharm., 1990, n° 286, p. 295-302.
16. C. WAROLIN, « Les portraits d’apothicaires et de pharmaciens », in La Salle des Actes de la Faculté de pharmacie Paris V,
édité par le Comité de rénovation et les éditions ECN, Paris, 1996, p. 52-53. Le portrait de Pierre Boulduc a reçu le n° 74.
17. M. CHAIGNEAU, ibid., p. 66 et 69. Description des armoiries représentées sur les portraits de la Salle des Actes, mais aussi
les armoiries d’apothicaires non représentées sur les tableaux.
76
18. BIUP, registre 21, p. 29, 31 janvier 1642.
19. G. PLANCHON, Le Jardin des apothicaires de Paris, Paris, 1895, p. 68-70.
BIUP, registre 28, pièce 14.
20. C. WAROLIN, Le Cadre de vie professionnel et familial des apothicaires de Paris au XVIIe siècle, thèse de doctorat,
Université Paris IV Sorbonne, 3 mars 1994, t. I, p. 170-171 ; t. Il, p. 173-175.
21. G. DENIÈRE, La Juridiction consulaire de Paris, Paris, 1872, p. 518.
22. Voir le marché de mortiers passé le 9 juin 1639, v. note 34.
23. AN, MC, XLIII, 59, 16 novembre 1649. Bail de la maison à l’Image-Notre-Dame, rue Saint-Jacques, pour six ans moyennant
710 livres de loyer et 3 livres de rente à « Messieurs de Sorbonne ».
24. AN, Ql 1099 l. Terrier de la ville de Paris, 4e cahier, n° 61.
Le terrier indique des noms de propriétaires de l’Image-Notre-Dame entre 1526 et 1728. Le nom de Boulduc n’apparaît pas. En
revanche, deux apothicaires sont mentionnés : en 1567 Godefroy Roussel et en 1610 Jean Hubert.
25. AN, MC, XLIII, 52, 25 avril 1647. Pierre Boulduc marguillier de l’église Saint-Benoît.
26. BN, ms. fr. 18788, f° 47 et AN, KK 1024, f° 61. Rôle de la taxe des boues en exécution de la déclaration du Roi du 9 juillet
1637.
« La maison où est pour enseigne La Belle image et contre le mur Le Mortier où est demeurant Pierre Barleduc maistre
apoticquaire : cent douze sols tournois. »
voir: C. WAROLIN, Le Cadre de vie professionnel et familial des apothicaires de Paris au XVII e siècle, op. cit., t. I, p. 130-152 ; t.
II, p. 113, et plan 16, p. 151.
27. AN, MC, XX, 283, 17 janvier 1655. Achat de la maison les Trois cochets, rue Saint-Jacques, par Pierre Boulduc.
28. AN, Ql 1099 l. Terrier de la Ville de Paris, 4e cahier n° 60.
Le terrier indique des noms de propriétaires des Trois cochets entre 1507 et 1655, année de l’acquisition de la maison par Pierre
Boulduc. Gillette Pijart, sa veuve, fit la déclaration au terrier le 2 juillet 1671.
29. Inventaire du contenu de la boutique de Pierre Boulduc, v. note 8, f° 11 v° - 22 v°.
30. Le 5 juin 1658, les copropriétaires du Soleil d’or — maison achetée en 1612 par Louys Boulduc, v. note 6 — en firent
déclaration au Domaine du roi, v. note 60, f° 14 v°, item 7.
Pierre Boulduc, Pierre Parent et Rodolphe Gaudeau, tuteur de ses enfants mineurs et de défunte Françoise Parent, sa femme, et
Isabelle Parent, fille majeure, déclarèrent que la maison du Soleil d’or leur appartenait de leurs propres comme héritiers, savoir : Pierre
Boulduc de feu Louys Boulduc et de Françoise Lebrun, ses père et mère, Pierre Parent et Isabelle Parent et les mineurs Gaudeau
comme héritiers de défunte Marie Boulduc, au jour de son décès femme de Gilles Gond et veuve de Jacques Parent.
Une expertise réalisée au Soleil d’or le 12 janvier 1650, cotée Zlj 269, et suivie d’une sentence du 25 juillet, prouve que Marie
Boulduc était encore en vie et remariée à Gilles Gond.
31. AN, MC, XLIII, 39, 4 avril 1643. Brevet de service pour deux ans de Toussainctz Gorenflos, fils d’un apothicaire angevin,
sans débours. Désistement le 2 avril 1644.
32. AN, MC, XLIII, 43, 12 mai 1644. Brevet de service pour deux ans d’Emmanuel d’Estas, fils d’un marchand de Compiègne,
sans débours. Désistement le 21 juillet 1644.
33. AN, MC, LXXIII, 382, 6 janvier 1646. Brevet de service de Nicolas de Saincte-Beufve, fils de Jacques de Saincte-Beufve
apothicaire à Paris. Prix 400 l.t. pour deux ans. Quittance le 31 janvier 1648.
34. AN, MC, XLIII, 27, 9 juin 1639. Marché de mortiers passé entre Pierre Boulduc, rue Saint-Jacques, Pierre Berger,
apothicaire-épicier, rue et paroisse Saint-Gervais, Nicolas Bovin, apothicaire (probablement privilégié), Grande rue du Four à Saint-
Germain-des-Prés, et Pierre Mobon, maître fondeur, rue du faubourg Saint-Marcel paroisse Saint-Médard. Les trois apothicaires
fournissaient une partie du métal sous forme de vieux mortiers « rompus ». Le maître fondeur apportait le « surplus de mestail de
cloche » au prix de 35 l.t. par 100 livres-poids plus 15 l.t. de façon pour 100 livres-poids de mortier façonné. Délai de livraison un
mois.
35. Contrat de mariage de Pierre Boulduc et Gillette Pijart du 27 décembre 1639 analysé dans l’inventaire de Pierre Boulduc, v.
note 8, f° 26 v°, item 3. Les archives du notaire Anceaume (étude LXIII) ont été détruites en 1871.
36. AN, MC, XXX, 68, 13 janvier 1667. Vente d’office à Pierre Boulduc fils.
37. AN, MC, I, 218, 2 avril 1701. Transaction entre Pierre Boulduc fils et Simon Boulduc, son frère, héritiers de Pierre Boulduc
et Gillette Pijart.
38. Testament de Pierre Boulduc du 30 avril 1666, intégré dans l’inventaire de ses biens, v. note 8, fos 24 v° à 26 v°, item 2.
Rappelons qu’il mourut le 14 mai 1670.
39. Dictionnaire biographique du Canada, Les Presses de l’Université Laval, 1966, t I, p. 92-93.
40. Dictionnaire généalogique des familles Canadiennes, Abbé Tanguay, Province de Québec, 1871, vol. 1, p. 64-65.
41. Archives nationales du Québec, Québec, Université Laval, notaire Lecomte, Contrat de mariage de Louis Boulduc et Isabelle
Hubert, 8 août 1668 (microfilmé).
42. Transaction entre Pierre Boulduc fils et Simon Boulduc. Il est précisé que Louis Boulduc était décédé ; v. note 37.
43. Dictionnaire généalogique des familles Canadiennes, op. cit., v. note 40, p. 64-65. Il y a désaccord entre les différents
dictionnaires généalogiques sur le nombre d’enfants, ce qui peut s’expliquer par le décès en bas âge de certains d’entre eux.
44. Inventaire des biens de Pierre Boulduc. v. note 8, fos 34 v° et 35.
45. AN, MC, XLIII, 117, 5 septembre 1665. Quittance à Pierre Boulduc, en déficit.
46. AN, MC, XLIII, 131, 18 mai 1669. Avancement d’hoirie à Louis Boulduc.

77
47. AN, MC, XLIII, 83, 27 décembre 1656. Donation de Sébastien Pijart à Pierre Boulduc et sa femme Gillette Pijart, ses beau-
frère et sœur, de tous ses biens meubles et immeubles et droits successifs, en contrepartie d’une pension. Acte insinué au Châtelet de
Paris, Y 194, 27 décembre 1656, f° 81 v°.
48. Testament de Pierre Boulduc, v. note 38.
49. AN, MC, I, 195, 27 janvier 1692. Compte entre Gillette Pijart et ses enfants.
50. AN, MC, I, 195, 26 février 1692. Donation universelle des biens de Gillette Pijart à Simon Boulduc.
51. Transaction entre Pierre Boulduc fils et Simon Boulduc, v. note 37.
52. G. PLANCHON, « Dynasties d’apothicaires parisiens, Les Boulduc », op. cit., note 1, p. 383-385.
53. P. DORVEAUX, « Apothicaires membres de l’Académie royale des sciences, Simon Boulduc », Rev. Hist. Pharm., 1930, n°
67, p. 5-15.
54. C. WAROLIN. « Les apothicaires et la maîtrise d’épicerie à Paris. II. Deux listes de réception en 1717 et 1722 », Rev. Hist.
Pharm., 1990, n° 287, p. 402-408. Simon Boulduc « doyen », reçu le 5 janvier 1662 à la maîtrise d’épicerie, par examen.
Il faut noter que le dossier personnel de Simon Boulduc à l’Académie des sciences n’indique aucune date de naissance.
55. LUDOVICO PENICHER, Collectanea Pharmaceutica, Paris, 1695. Ordo et nomina MM Pharmacopoeorun Parisiensium.
Simon Boulduc est domicilié rue des Boucheries, faubourg Saint-Germain.
56. G. DENIÈRE, La Juridiction consulaire de Paris, op. cit., p. 521.
57. Bull. Soc. Hist. Pharm., 1926, n° 53, p. 365.
58. C. WAROLIN, « Les portraits d’apothicaires et de pharmaciens », op. cit., v. note 16, p. 50-51. Le portrait de Simon Boulduc
a reçu le n° 67.
59. Simon Boulduc était devenu seul propriétaire de la maison des Trois cochets (v. notes 27 et 28) après le décès de sa mère
Gillette Pijart, grâce à la donation qu’elle lui fit de tous ses biens (v. note 50).
60. AN, MC, C I, 274, 3 mars 1729. Inventaire après décès des biens de Simon Boulduc.
61. Location de privilège d’ouvrir boutique d’apothicaire, v. note 60, f° 14, item 4.
62. Contrat de mariage de Simon Boulduc et de Marie-Élisabeth de Lestang, v. note 60, fos 12 v° et 13, item I. Le notaire
Delvoyes n’a pas été identifié.
63. AN, MC, I, 193, 12 février 1691. Contrat de mariage de Marie-Élisabeth Boulduc, fille de Simon Boulduc et de Marie-
Élisabeth de Lestang, avec Guy-Érasme Emmerez.
64. Décès de Simon Boulduc, rue de Tournon, le 22 février 1729 (et non le 23 comme l’indique P. Dorveaux), v. note 60, f° I v°.
65. AN, MC, CXXII, 585, 23 juin 1729. Partage des biens de Simon Boulduc et de Marie-Élisabeth de Lestang.
66. Maison des Trois cochets, v. notes 27, 28 et 59.
67. Maison au Soleil d’or, v. notes 6, 30.
68. C. WAROLIN, « La dynastie des Boulduc, apothicaires à Paris aux XVII e et XVIIIe siècles », Rev. Hist. Pharm., 2001, no
331, p. 333-354.
69. AN, MC, VIII, 1045, 3 février 1742. Inventaire après décès des biens de Gilles-François Boulduc.
70. G. PLANCHON, « Dynasties d’apothicaires parisiens : les Boulduc », J. Pharm. Chim., 1899, 6e série, p. 385-387 et 470-
474. Planchon se trompe sur la date de la mort de Gilles-François : 1742 et non 1744.
71. P. DORVEAUX, « Apothicaires membres de l’Académie royale des sciences, Gilles-François Boulduc », Rev. Hist. Phar.,
1931, no 74, p. 113-117.
72. P. DORVEAUX, « Les Boulduc, apothicaires de la princesse Palatine », Rev. Hist. Phar., 1933, no 82, p. 110-111.
73. M. BOUVET, « Apothicaires royaux », Rev. Hist. Phar., 1931, no 72, p. 26.
74. Inventaires des biens de Gilles-François Boulduc, op. cit., v. note 2, fo15, item 17.
75. C. WAROLIN, « Les portraits d’apothicaires et de pharmaciens », in : La Salle des Actes de la Faculté de pharmacie de
Paris-V, édité par le Comité de rénovation et les éditions ECN, Paris, 1996, p. 23-58, portrait no 62, p. 48.
76. M. CHAIGNEAU, Les Médaillons de la Faculté de pharmacie de Paris, éditions Louis Pariente, 1986, p. 39-41. Le
médaillon est situé sur la façade, le troisième à droite de la pendule.

Source : Notices biographiques sur les médaillons, M. Dupuy, 1881. Photo : Yan J. K. Bolduc, 13 avril 2007.
Voir : http://www.bium.univ-paris5.fr/histmed/medica/cote?90945x37x02 78
77. AN, MC, L, 347, 24 janvier 1739. Bail de maison à l’enseigne du Balcon.
78. V. note 1, Rev. Hist. Phar., 2001, no 331, p. 341.
79. AN, MC, CXXII, 586, 6 juillet 1729. Vente sur licitation amiable. Gilles-François Boulduc devenait propriétaire des cinq-
sixièmes de la maison et perçut 15 000 livres sur les 18 000 l. prix de la vente.
80. AN, MC, CXXII, 586, 27 septembre 1729. Vente de maison.
81. AN, MC, Q1 10991, 4e cahier, no 60. Terrier de la ville de Paris.
82. AN, MC, XXXIX, 242, 23 avril 1707. Premier contrat de mariage de Gilles-François Boulduc. Il déclara que ses biens
consistent en la somme de 12 000 livres tant en marchandises, meubles, vaisselle d’argent, ustensiles et fonds de boutique. De cette
somme, 4 000 livres entraient dans la communauté, le surplus restait en propre. Des 15 000 livres de dot, le tiers entrait dans la
communauté et le surplus demeurait en propre à la future épouse.
83. V. note 1, Rev. Hist. Phar., 2001, no 331, p. 341.
84. AN, MC, XIV, 288, 27 mars 1734. Second contrat de mariage de Gilles-François Boulduc.
85. AN, MC, CXXII, 598, 27 novembre 1732. Contrat de société entre Gilles-François Boulduc et Claude Pia.
86. G. PLANCHON, « Dynastie d’apothicaires parisiens : les Pia », J. Pharm. Chim., 1899, 6e série, 10, p. 385-392 et 530-537.
87. AN, MC, CXXII, 640, 21 février 1739. Renouvellement du contrat de société.
88. V. note 10.
89. Inventaire des biens de Gilles-François Boulduc, op. cit., v. note 2, fo 23 vo, item 56.
90. Ce personnage s’était arrogé le titre imaginaire de marquis de Ruffec et se faisait passer pour un fils du duc de Saint-Simon !
Il était en fait le fils d’un huissier de Madame. V. Mémoires de Saint-Simon, édition L. Hachette, 1865, VII, p. 351.
91. AN, MC, II, 484, 16 juin 1741. Constitution de rente par le duc de Gesvres.
92. AN, MC, XLIX, 598, 27 mars 1738. Constitutions de rentes par le duc de Saint-Simon.
93. Inventaire des biens de Gilles-François Boulduc, op. cit., v. note 2, fo 10 vo, item 6. Condamnation du duc de Saint-Simon.
94. SAINT-SIMON, Mémoires, édition Yves Coirault, Bibliothèque de la Pléiade, Éditions Gallimard, t. IV, p. 411.
95. G. PLANCHON, « Dynasties d’apothicaires parisiens : Les Boulduc », op. cit., p. 474.
96. SAINT-SIMON, op. cit., t. IV, p. 1234, note 9.
97. ibid., t. IV, p. 1234, note 10.
98. G. PLANCHON, « Dynasties d’apothicaires parisiens : Les Boulduc », op. cit., p. 473.
99. M. BOUVET, « Apothicaires royaux », Rev. Hist. Phar., 1930, no 67, p. 37.
100. SAINT-SIMON, op. cit., t. IV, p. 1234, note 11.
101. P. DORVEAUX, « Apothicaires membres de l’Académie royale des sciences, Simon Boulduc », Rev. Hist. Phar., 1930, no
67, p. 5-15. L’attribution à Simon Boulduc de la qualité d’apothicaire du duc de Saint-Simon en 1712 et 1714 (p. 11) est erronée. Il
s’agit de Gilles-François.
102. SAINT-SIMON, op. cit., t. IV, p. 444.
103. Ibid., t. IV, p. 766.
104. Ibid., t. IV, p. 767.
105. Ibid., t. IV, p. 681.
106. P. DORVEAUX, « Apothicaires membres de l’Académie royale des sciences, Simon Boulduc », op. cit., p. 12.
107. A. TRUDON DES ORMES, « Notes sur les prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris », Mémoires de la Société
de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, 1911, t. 38, p. 128.
108. SAINT-SIMON, op. cit., t. VII, p. 808.
109. Inventaire des biens de Gilles-François Boulduc, op. cit., v. note 2, fo 21, item 47.
110. Ibid., fo 20, item 43.
111. C. WAROLIN, « La dynastie des Boulduc, apothicaires à Paris aux XVII e et XVIIIe siècles, Gilles-François Boulduc (20
février 1675-17 janvier 1742) », Rev. Hist. Pharm., 2002, no 335, p. 439-450.
112. AN, MC, XIV, 288, 2 juin 1734. Constitution de rente à Jean-François Boulduc. Cette rente de 21 l. 8 s. 6 d.t. fut constituée
par les Prévôt des marchands et échevins de Paris au dernier 14 moyennant la somme de 300 livres tournois. L’extrait baptistaire du
registre des baptêmes de Saint-Séverin annexé à la constitution de rente est ainsi rédigé :
« L’an 1728 le mercredi 25e du mois de février fut baptisé Jean-François, né le 20 du même mois, fils naturel de François Boulduc,
bourgeois de Paris, et de Catherine Millon, ses père et mère, le parein messire Jean-François de la Bruyère, écuyer demeurant rue
Saint-Joseph paroisse Saint-Eustache, la marène damoiselle Anne Le Breton Demonville fille de défunt sieur Demonville, bourgeois
de Paris, demeurante sus-dite rue Saint-Joseph paroisse Saint-Eustache. Le père est absent. Ledict enfant nous a esté présenté par
monsieur Grégoire, chirurgien juré et accoucheur lequel nous a déclaré l’avoir receu chez lui rue du Petit Pont de cette paroisse. Signé
en la minute de Delabruière, Le Breton, Grégoire, avec Thomas, vicaire.
Collationné en l’original le présent extrait par moi prêtre soussigné dépositaire des registres de lad. église en l’absence du dépositaire
ordinaire et à Paris ce 11e décembre 1733. »
113. G. PLANCHON, « Dynasties d’apothicaires parisiens : les Boulduc », J. Pharm. Chim., 1899, 6e série, p. 474-475.
114. M. BOUVET, « Les apothicaires royaux. Les apothicaires de Louis XV. Quartier d’avril », Rev. Hist. Pharm., 1930, no 70, p.
202.
115. AN, Y 13 542. Scellés apposés le 18 août 1769 après le décès de Jean-François Boulduc, dans un appartement au premier
étage d’une maison de la rue des Boucheries, paroisse Saint-Sulpice. Le lendemain ils furent également apposé dans la maison de
campagne qu’il possédait au village de Marly.
116. AN, MC, XLV, 537, 26 août 1769. Inventaire après décès des biens de Jean-François Boulduc, décédé le 18 août 1769.

79
117. Registre 22 des Archives de la BIUP.
118. Brevet de survivance de la charge d’apothicaire du Roi, inventaire des biens de J.-F. Boulduc, op. cit., v. note 6, fo 26 vo, item
18.
Brevet daté du 25 juillet 1741 signé Louis, et plus bas par Leroy Chelypeaux, enregistré ès registres du contrôle général de la Maison
et Chambre aux deniers par Felix, contrôleur général de la Maison de Sa Majesté, registré en la Chambre des Comptes le 17 novembre
1742. Boulduc prêta serment le 31 juillet 1741.
Selon un petit livre inventorié à la suite, c’est-à-dire item 19, J.-F. Boulduc recevait 12 841 livres de revenu annuel pour sa charge de
Premier apothicaire.
119. AN, MC, VIII, 1086, 14 février 1750. Renouvellement du contrat de société entre J.-F. Boulduc et Claude Pia.
120. AN, MC, VIII, 1100, 6 juillet 1752. Modification du contrat de société.
121. Additif au contrat précédent, en date du 11 décembre 1759 (v. note 10).
122. AN, MC, VIII, 1133, 31 décembre 1759. Renouvellement du contrat de société.
123. AN, MC, XXVII, 338, 14 décembre 1768. Renouvellement du contrat de société.
124. AN, MC, XLV, 537, 18 août 1769. Procès-verbal de dépôt du testament de J.-F. Boulduc et testament annexé du 11 mai
1768.
125. AN, MC, XXXIII, 553, 23 août 1764. Contrat de vente de la maison de Marly. Par sentence du Châtelet de Paris du 8 mai
1765, la maison avec son jardin et dépendances fut adjugée à J.-F. Boulduc et par actes notariés des 27 juillet, 22 août et 7 octobre de
la même année le règlement du principal et des intérêts dus était enregistré.
126. Inventaire des biens de J.-F. Boulduc à Marly, op. cit., v. note 6, fos 15 et 15 vo.
127. Inventaire des biens de J.-F. Boulduc à Marly, op. cit., v. note 6, fos 20 et 21 vo.
128. Inventaire des biens de J.-F. Boulduc à Paris, op. cit., v. note 6, fos 6 à 7.
129. Inventaire des biens de J.-F. Boulduc à Paris, op. cit., v. note 6, fos 10-14.
130. Inventaire des biens de J.-F. Boulduc, dettes actives, op. cit., v. note 6, fos 30 vo- 32.
131. C. WAROLIN, Le Cadre de vie professionnel et familial des apothicaires de Paris au XVIIe siècle, thèse de doctorat,
Université Paris IV-Sorbonne, 3 mars 1994, t. I, p. 416-440. La totalité du chapitre 10 est consacrée aux parties (mémoires)
d’apothicaires relevées dans des inventaires après décès.
132. Inventaire des biens de J.-F. Boulduc, planches de sciences, op. cit., v. note 6, fo 26.
133. DUREAU, Bull. Soc. Hist. VIe arrondissement de Paris, 1898, t. 1, p. 78 et 80. A été cité par G. Planchon (v. note 3).
134. AN, S 2840, Abbaye de Saint-Germain-des-Prés, rue des Boucheries-Saint-Germain, 26 juillet 1783.

ABRÉVIATIONS
AN Archives nationales, Paris.
MC Minutier central des notaires aux Archives nationales.
BN Bibliothèque nationale, Paris.
BIUP Bibliothèque interuniversitaire de pharmacie de Paris.
ARS Académie royale des sciences, archives de l’Académie des sciences, Paris.

Québec, 1688, Carte d’Amérique du Nord de Jean-Baptiste Franquelin


Source : La Mesure d’un Continent, par Raymonde Litalien, Jean-François Palomino & Denis Vaugeois (2007), page 107.
80
Catherine de Baillon, Enquête sur une Fille du Roi
Raymond Ouimet et Nicole Mauger (Les Éditions du Septentrion, 2001)
(pp. 78-79)
Bien des nouvelles entre la France et le Canada passaient aussi par le bouche à oreille. C’est peut-être ainsi que
Catherine de Baillon reçut des informations sur la situation de son frère Antoine qui vivait dans l’entourage des grands du
royaume et sur sa réussite. D’autant plus que, parmi les relations des Miville, nombreuses étaient les personnes qui
retournaient en France par affaires. Par exemple, en 1690, Claude Bermen de la Martinière assistera à un mariage au
village de Gometz-la-Ville, paroisse de naissance de la mère de Catherine, Loyse de Marle21. De plus, Antoine de Baillon
entretenait lui-même des relations d’affaires avec un certain Pierre Boulduc, résidant à Paris et frère de Louis Boulduc,
procureur du roi en la Prévôté de Québec. Se peut-il que la fille du roi ait eu par leur entremise des nouvelles de sa mère
et de ses sœurs ? Quoi qu’il en soit, Catherine apprit le décès de sa mère Loyse de Marle très rapidement, c’est-à-dire
l’année même de sa mort.
21. Archives départementales de l’Essone, BMS de Saint-Germain de Gometz-la-Ville, mariage entre Thomas Pelé et Marie
Yvon, le 30 juillet 1690. Communication de Mme Claudine Michaud (Archiviste, Direction départementale des services
d’archives de l’Essonne) aux auteurs le 11 juillet 2001.
(pp. 155-156)
Cette aisance financière, Antoine de Baillon l’obtint non pas au moyen de l’héritage que lui laissa sa mère, mais grâce à
ses fonctions auprès du duc de Verneuil et du Grand Dauphin de France. Et il entretint ses avoirs en souscrivant à des
constitutions de rentes. Il s’agissait là d’une forme de prêt qui n’en avait pas le nom parce que celui-ci était assorti d’un
intérêt, ce que les autorités religieuses réprouvaient. L’Église autorisait cependant la constitution de rentes à la condition
qu’elle soit assigné sur un immeuble (hypothèque). Grâce à ces investissements, Antoine s’assura un revenu annuel
régulier. Par exemple, il « prêta » à Pierre Boulduc, frère de Louis, procureur du roi à la Prévôté de Québec, la somme de
4 000 livres contre une rente annuelle de 200 livres et une hypothèque sur deux maisons21. (…)
21. Archives Nationales de France, min. C. Sainfray, Paris, 6 avril 1684.
Annexe C, GALERIE DES PERSONNAGES (pp. 221-222)
BOULDUC Louis (Paris, ca 1648, - >1686). Soldat, colon, bourgeois, procureur du roi, né vers 1648 ou 1649, fils de
Pierre Boulduc, maître apothicaire-épicier de la rue Saint-Jacques, paroisse de Saint-Benoît, à Paris, et de Gilette Pijart.
Soldat de la compagnie d’Andigné de Grand-Fontaine du régiment de Carignan, Boulduc débarque à Québec le 17 août
1665. Il épouse, le 20 août 1668, Élisabeth Hubert, fille de Claude Hubert et d’Isabelle Fontaine, de Saint-Gervais,
Paris. Procureur du roi en la Prévôté de Québec de 1676 à 1682. Mort en France, il a laissé en Nouvelle-France une
nombreuse descendance qui a pris le nom de Bolduc.
BOULDUC Pierre ( ?). Frère du précédent, procureur au Châtelet de Paris, époux d’une certaine Barbié [Note : d’après
Jean-Pierre Dagnot (http://julienchristian.perso.sfr.fr/Chroniques/massicoterie.htm), dans l’inventaire papiers à Versailles :
un contrat passé en 1684, fait avec Pierre Boulduc, et Hélène Barbier sa femme au proffit du sieur Antoine de Baillon,
de 200 livres de rente moyennant 4.000 livres, que ladite somme soit pour employer au payment du prix du tiers en la
moitié faisant 600 au total d'une maison rue saint Jacques acquise de Louis Boulduc procureur en parlement en la
ville de Kébec …]. Il habite rue Saint-Martin, paroisse Saint-Nicolas des Champs, à Paris. Il constitue une rente
annuelle de 200 livres en faveur d’Antoine de Baillon, en 1684, en hypothéquant 1/6 d’une maison de la rue Saint-
Jacques, 1/6 d’une maison sise aux halles de Paris et une partie de l’office de procureur contre la somme de 4 000
livres.
ACTES concernant Pierre BOULDUC (ET LXIX 53, 4 février 1702, inventaire après décès devant Claude Vatel et …)
A la requête d’Hélène Barbier veuve de Pierre BOULDUC, lieutenant du prévôt général de l’armée de sa majesté en
Flandres et ancien procureur au châtelet de Paris, demeurant rue St-Martin, paroisse St-Laurent, séparée de biens et en
cette qualité créancière de la succession, et aussi à la requête de Simon BOULDUC, marchand apothicaire, ancien consul,
et l’un de l’Académie royale des sciences.
Le défunt décédé depuis peu à Bruxelles. Inventaire uniquement de papiers.
Contrat de mariage le 22 mai 1674 devant Noël De Beauvais (ET XCV). 8000 Livres de dot dont 5000 Livres comptant
et le reste dans trois ans.
Séparation de biens par sentence du châtelet du 2 juin 1688 et le mari condamné à rendre les 8000 Livres de dot.
La charge de procureur au châtelet acheté par Pierre BOULDUC à Pierre Pancot pour 9300 Livres par contrat du 13
novembre 1667 devant Lebert et Guyon.
Ladite charge revendue à Barthélémy Bernard par contrat du 16 mars 1691 devant Desprez. Prix non indiqué.
(Source : http://www.fichierorigine.com/app/recherche/detail.php?numero=250022)

81
(Description de l'Univers, Mallet, 1683, pp. 252-253) 82
(1654)

(1666) (1689)
83
Source : http://images.bnf.fr/jsp/consulterCliche.jsp?numCliche=RC-C-08855 84
[Québec et ses environs, circa 1670-1690]
Registre 1571
des Ordonnances, Mandemens, CCCCXCVII [CLXXXIV].
Assemblées, Deliberations et autres Expeditions [Mandement aux Quarteniers pour faire payer les
Faictes au Bureau de la Ville de Paris retardataires.]
(1883) 24 septembre 1571.
Source : http://www.archive.org/details/registresdesdl06pariuoft
374–375
(note 3)
(…) Ce rôle contient 172 noms, en regard desquels se trouve la taxe quadruplée. On ne trouve pas que des moins imposés sur cette
liste de retardataires, mais au contraire, un assez grand nombre de riches bourgeois, dont les cotisations se montent à un chiffre élevé.
Citons rue Saint-Denis : (…) ; Jacques Boulleduc, drapier, cinquantenier, 160 livres ; (…). A la suite de cet état a été transcrit le
mandement qui suit : « De par les Prevost des Marchans et Eschevins de la Ville de Paris. Vous, le premier sergent de lad. Ville ou
autre sergent roial sur ce requis, faictes commandement aux personnes denommez en ce present roolle, de paier les sommes sur eulx
cottées, chacun pour son regard, qui est le quadruple de leur cottization, à faulte d’avoir paié le simple, suivant l’ordonnance du Roi,
du XXVIe Juing dernier, et deliberation de l’assemblée generalle faicte en la grand salle de l’Hostel d’icelle Ville, le XXVIIIe jour de
Septembre dernier ; et au refuz ou delay de ce faire, ou monstrer presentement quictance vallable, contraignez iceulx au paiement
desd. Sommes par execution, prinse et vente prompte de leurs biens à l’instant. Et sy trouvés aucunes maisons fermées, faictes les
ouvrir reaulment et de faict, presens le Quartenier et, en son absence, le cinquantenier du quartier, avecq deux voisins notables,
garnisons en leurs maisons et autres voies deues et raisonnables, nonobstant oppositions ou appellations quelzconques, comme pour
les propres affaires du Roy. Vous faisant paier des commandemens et executions, à raison de six solz parisis, et vente de biens, huict
solz parisis chacune. Faict au Bureau de lad. Ville, le troisiesme jour d’Octobre M. Ve LXXI ». Signé : « Bachelier ». (Minutes du
Bureau de la Ville, Archives Nat., H 1881.)

Journal de Pharmacie et de Chimie Société de Pharmacie de Paris


Sixième Série Séance du 6 février 1895.
Tome Premier Présidence de M. Villiers, vice-président.
Paris Les Apothicaires dans les cérémonies de parade ;
(1895) par M. G. Planchon
Source : http://books.google.com/books?id=Qw0OAAAAYAAJ
– 283 –
En 1571, à l’occasion de l’entrée du roy Charles IX, la formule [convocations pour les cérémonies] devient
plus simple :
« De par les prevost des marchands et les eschevins de la ville de Paris.
« Il est mandé aux quatre mtres de lespicerye de ceste ville de Paris eulx tenir pretz por les entrées du Roy et
de la Reyne au nombre de quatre dont ils conviendront entre eulx vestus chacun de robbes de velours tanné brun
et marcher à cheval en housses jusques au lieu qu’il leur sera dict por porter le ciel sur la mate du Roy. Faict au
bureau de ladte ville le vingme j. de janvier CVCXXJ. »

« Bachelier. »
Et au dos : « Pour porter le ciel sur le Roy aulx gardes de lespicerie (2).
(2) Archives de l’École de Pharmacie, vol. n o 31, fol. 6, pp. 18–20. La convocation en question est pour engager les gardes à se
tenir prêts. Voici les deux convocations plus immédiates envoyées pour l’entrée même du Roy, puis de la Reyne :
« De par les preuost des marchans et Escheuins de la ville de Paris,
« Vous mes et gardes de la marchandise de Grosserye despicerye et apotiquererie de ceste ville Ne faillez à vous trouuer Le Lundi
cinquesme Jour de ce present moys en lhostel de la ville en la grande Salle dicelle de sept heures du matin ayant chascun de vous Les
Robbes de vellours de la coulleur qui vous a esté cy devant ordonnée avecq les principaux de vo tre marchandise ayant chascun leurs
bons habits et tous à cheval et en housse pour nous accompaigner et aller au deuant du Roy pour La Joyeuse entrée de sa maieste pour
ce après demeurer vous quatre qui estes charges de porter led t ciel deuant leglise de Sainct Leu Sainct Gilles cy la maison de Jacques
Bouleduc (sic) et Illec vous prandrez le ciel et poisle qui vous sera baillé par les m es et gardes de la draperye de ceste ville pour estre
par vous porte nues testes jusques devant La fontaine Sainct Innocent ou vous le delivrerez aux m es et gardes de la marchandise de
grosserye jouallerye et mercerye de ceste ville et le Reste de v tre compaignie nous accompaignera.
« faict au bureau de ladte ville Le premier jour de mars 1571.
« Bachelier ».

[Anecdote : en page 285 il y a une note (1) mentionnant les couleurs des « autres corporations à diverses époques :
Les drapiers ont, en 1504, la robe de satin cramoisi violet ; en 1514, de soie de livrée ; en 1517, de satin violet ;
en 1530 et 1539, de velours tanné ; en 1549, 1571, de velours noir ; en 1656, de velours tanné. »]
85
(Source : https://books.google.fr/books?id=3JVFAAAAcAAJ)
86
(1805)

87
Source : https://books.google.fr/books?id=MPw6AAAAcAAJ
(p. 553)

{
}

(Maitre Tailleur d’Habits, 1605)

= ?
(Texture de Tissu)
Source : http://en.geneanet.org/archives/registres/view/27475/46
88
Source : https://books.google.fr/books?id=1Po6AAAAcAAJ
(pp. 71-72)

(…)

Source : https://books.google.fr/books?id=vbYWAAAAQAAJ

89
Bulletin de la Société Historique
du VIE Arrondissement de Paris
Tome Ier. – Année 1898.

Épisode Historique
_______________
(pages 77–80)
e
Notes biographiques sur quelques naturalistes ayant habité le VI arrondissement.
Par le Dr A. Dureau, bibliothécaire de l’Académie de médecine, adhérent et membre
du Conseil d’administration de la Société Historique du VI e arrondissement de Paris.

En recueillant çà et là les matériaux d’un dictionnaire biographique des médecins établis à Paris depuis la
création de nos écoles de médecine, j’ai rencontré un certain nombre de naturalistes qu’il n’est que justice de
comprendre dans mon travail, en raison des services rendus par eux à la science médicale.
En relisant mes listes, après la fondation de la Société historique du VIe arrondissement (fondation due à
l’intelligente initiative de notre sympathique président, M. Herbert) j’ai constaté que les naturalistes qui ont
habité le VIe arrondissement sont très nombreux. Les plus illustres sont bien connus sans doute, mais la plupart
d’entre eux sont oubliés.
Mes notes n’offriront pas toujours de l’inédit à ceux de mes collègues qui possèdent bien l’histoire de Paris,
mais c’est justement pour solliciter d’eux des renseignements complémentaires que je prends la liberté de leur
faire connaître le peu que je sais. Sans adopter un ordre méthodique, je vais rappeler le nom d’un certain
nombre de personnages avec lesquels je voudrais faire plus ample connaissance.
Il y avait à Paris en 1782, plus de 40 cabinets d’histoire naturelle ; je parle des collections privées et non des
cabinets du jardin du roi (Muséum), de ceux des collèges officiels de la faculté de Médecine, du Collège de
pharmacie, de l’hôtel des monnaies, etc., etc. Ce nombre de 40 est considérable et je ne crois pas que Paris en
compte autant de nos jours. Aussi, avant d’en posséder la liste, avec les noms des propriétaires, je ne voulais pas
y croire ; ma surprise ne devait pas s’arrêter là. Parmi ces cabinets, je remarque des collections considérables
occupant les hôtels somptueux appartenant à des grands seigneurs du temps ; or, je sais bien ce que sont
devenus ces grands seigneurs, mais, je l’avoue (sans penser à mal) je préférais de beaucoup savoir ce que sont
devenues leurs collections !
Eh bien, à l’exception de deux ou trois, nous ignorons la place occupée par les autres. Les ouvrages que j’ai
consultés ne le disent pas, ni les héritiers non plus, et les archives de notre Muséum ne me l’ont pas appris
davantage. Quelques-unes de ces collections ont sans doute été vendues aux enchères publiques après le décès
de leurs propriétaires, un certain nombre ont été dispersées ; la Convention, grâce à l’abbé Grégoire, a pu en
sauver plusieurs de la destruction : lesquelles ?
Essayons de faire revivre maintenant quelques-uns des collectionneurs d’autrefois. Les ouvrages consacrés au
vieux Paris indiquent un naturaliste de mérite, Boulduc, qui habitait rue des Boucheries Saint-Germain ; il
possédait en 1767 un remarquable Cabinet d’histoire naturelle.
Cette rue des Boucheries Saint-Germain, pour le dire en passant, est pour notre Société une rue historique ;
tous ceux de mon âge l’ont connue ; elle a vécu jusqu’au percement du boulevard Saint-Germain.
C’était une rue célèbre par le nombre des bouchers qui l’habitaient, et célèbre surtout par une maison où se
réunissaient les comédiens sans emploi et les directeurs dans l’embarras, ceux-ci à la recherche de ceux-là et
ceux-là à la recherche de ceux-ci. Prudhomme, qui n’est pas tendre pour les comédiens, consacre à cette maison
les lignes suivantes :
« La rue des Boucheries est encore célèbre par la réunion de tous les souverains et souveraines de théâtre.

90
« C’est dans un café sombre, la deuxième maison en entrant dans cette rue, du côté de celle Saint-Germain-
des-Prés, que se réunissent, pendant la quinzaine de Pâques, tous ceux et celles qui doivent estropier, sur les
tréteaux de l’empire, la langue, les pièces, le bon ton, le bon sens.
« Là, vous voyez sur la porte du café et sur les bornes voisines, des empereurs sans empires, des reines sans
royaumes, souvent sans souliers ; c’est une espèce de foire, où les directeurs se promènent et marchandent pour
avoir au plus bas prix, en promettant de faire des avances. Une reine étique ne veut pas se donner à moins de
deux cents francs par mois ; un empereur desséché demande trois cents francs, un chanteur à voix rauque, cent
francs, une confidente qui parle toujours, cent vingt livres, etc., etc.
« Voilà ces comédiens qui doivent recevoir des applaudissements du public, qui, heureusement pour eux, ne
les a pas vus rue des Boucheries (1). »
Ce n’est pas tout : la rue des Boucheries avait encore un autre genre de célébrité ; elle n’était pas longue et,
cependant, possédait trois apothicaires ! J’imagine que cette abondance d’officines était due aux comédies et
aux comédiens du quartier. C’est sans doute un phénomène d’atavisme : les comédiens de nos jours aiment
encore beaucoup les médicaments et le médecin qui se bornerait à prescrire au chanteur ou à la danseuse en
renom, qu’une enrouement empêche de chanter ou de danser, du sirop de gomme ou le lait de poule de nos
grand’mères, serait fort mal accueilli !
Revenons à notre collection de la rue des Boucheries, son heureux possesseur était de haute lignée
scientifique, son grand-père et son père sont cités dans l’important ouvrage de M. Hamy, le savant professeur
d’anthropologie au Muséum d’histoire naturelle, et je lui emprunte les détails ci-après qu’il a bien voulu
m’envoyer (2).
Le premier Simon Boulduc avait été apothicaire de Madame (Duchesse d’Orléans) et de la Douairière
d’Espagne, il devint membre de l’Académie des sciences en 1694. Il apparaît dans les comptes de la Maison du
Roi en 1686, comme faisant le cours de chimie au Jardin du Roi, sans être cependant titulaire de l’emploi. Son
fils, Gilles-François Boulduc, frère (sic) [père] du propriétaire de la collection perdue, était premier apothicaire
du Roi en 1712, démonstrateur de chimie au Jardin royal et il mourut à Paris (sic) [Versailles] en 1742. Enfin,
Jean-François Boulduc avait été reçu Maître apothicaire en mars 1745 ; il devint plus tard apothicaire du corps
du Roi ; il figure en cette qualité à l’almanach royal de 1747 et mourut en 1769 (3). C’est lui qui possédait une
fort belle collection de Conchyliologie. Qu’est devenue cette collection ? Je n’ai pu le savoir. Faisons, en
passant, cette remarque qui pourra servir à d’autres, que Boulduc est indiqué quelquefois, à tort, Bois le Duc. [!]
(1) Prudhomme, Mémoire [Miroir] historique, politique et critique de l’ancien et du nouveau Paris. 3e édition, t. IV, p. 73. [1807]
(2) Hamy, Les Derniers jours du Jardin du Roi. Paris, 1898 [1893], in-4. Imprimerie nationale. [Note : il existe aucune mention
des Boulduc dans cet ouvrage.]
(3) Archives de l’École de Pharmacie, renseignements fournis par M. le D r Dorveaux, bibliothécaire.

(Canard jouant de la boule-aux-quilles)


[Interprétation libre par une agence héraldique d’une arme parlante pour ‘Bolduc’, mais anglicisé : « bowl[ing]duck ».]
91
Pharmaciens au Muséum
chimistes et naturalistes
par Philippe Jaussaud
1998

L’aube du jardin royal


(p. 29)
(…) deux “pseudo-chaires” de chimie (…) se constituèrent : l’une occupée par des démonstrateurs, puis
professeurs, qui furent tous – à l’exception de Simon Boulduc – des médecins, l’autre donnée à des sous-
démonstrateurs, puis démonstrateurs, dont presque tous furent des apothicaires.

Le temps des dynasties


(pp. 62–71)
Simon Boulduc, le sage
Né en 1652, Simon Boulduc était issu d’une famille d’épiciers parisiens, qui avait glissé vers l’apothicairerie
en 1636. Ceci n’est pas surprenant car les deux métiers, longtemps très voisins, restèrent réunis jusqu’en 1777
au sein d’une même corporation – la deuxième des six corporations de marchands –. Il existait des apothicaires-
épiciers, dont beaucoup furent titulaires au XVIIème siècle de la double maîtrise4. Pierre Boulduc, le père de
Simon, occupa une place importante dans sa communauté. Élu conseiller pour l’apothicairerie, puis garde, il
obtint à la cour une charge qui lui permit d’adopter des armes parlantes 5 “[…] d’argent au chevron d’azur,
chargé de trois étoiles d’or et accosté de trois ducs (oiseaux) de gueules tenant sous leurs pattes une boule de
sable”6. Ce blason, matérialisant sous forme de rébus le nom de Boul-duc, est retrouvé sur le portrait peint de
Pierre, à la Salle des Actes de la Faculté de pharmacie de Paris7.
À l’issue d’études classiques, Simon fut reçu maître-apothicaire en 1672, grâce à l’initiation prodiguée par
son père8. Précisons que les fils de maîtres avaient la possibilité d’accéder eux-mêmes à la maîtrise, à la suite de
leur apprentissage, selon des modalités avantageuses : ils pouvaient être dispensés de l’examen (ou “lecture”)
ou du chef-d’œuvre, ou bien encore subir les deux épreuves, mais simplifiées ; par ailleurs, ils payaient des
droits d’immatriculation moins élevés que les candidats ordinaires9.
Simon Boulduc tint à Paris une officine rue des Boucheries-Saint-Germain, dans la maison de ses ancêtres. Il
fit d’ailleurs, en 1683, une préparation publique de thériaque avec Mathieu-François Geoffroy et Antoine
Josson. Mais, l’apothicaire assuma au cours de sa vie beaucoup d’autres fonctions que celles de simple
dispensateur de médicaments. D’abord, il fut – à l’image de son père – conseiller, puis garde, consul et juge de
sa corporation. Nous verrons plus tard que celle-ci le nomma, alors qu’il atteignait la fin de son existence,
directeur perpétuel du Jardin des apothicaires. Ensuite, à la cour, outre les charges d’apothicaire de la princesse
palatine10 et de la reine douairière d’Espagne, Boulduc remplit celle d’“apothicaire-artiste du roi” Louis XIV.
Cette dernière fonction l’amena à occuper plusieurs domiciles, distincts de sa maison du Faubourg-Saint-
Germain déjà mentionnée : il résida ainsi au Palais-Royal jusqu’en 1720, au Cloître Saint-Honoré de 1720 à
1722, rue Saint-Honoré de 1722 à 1729 et dans les divers châteaux où se déplaçait le roi. Enfin, l’apothicaire eut
comme client le duc de Saint-Simon, qui le cite dans ses Mémoires11 (cf. infra)12.
Au Jardin royal, Simon Boulduc suppléa dès 1686 Fagon, qui créa pour lui six ou neuf ans plus tard un poste
de démonstrateur de chimie. Les dates données par Dorveaux et Lemoine pour la prise d’effet de cette fonction
divergent : 1692 selon le premier auteur, 1695 selon le deuxième13. Dorveaux cite Nicolas de Blégny, lequel
mentionnait dans son Livre commode des adresses de Paris, pour 169214 : “Il y a plusieurs apothicaires de cette
Communauté qui se piquent d’avoir chez eux un grand assortiment de préparations chimiques et
pharmaceutiques, par exemple : messieurs Geoffroy, rue Bourtribourg, et Bolduc [sic], rue des Boucheries-
Saint-Germain, qui opère au Jardin royal des plantes”15.
Et Dorveaux ajoute logiquement : “À cette époque [en 1692], Boulduc avait un laboratoire au Jardin royal
des plantes, où il était démonstrateur de chimie”16. “Il est certain en tout cas que, dans l’état des dépenses pour
1687, on trouve, dans les dépenses fixes, la somme accordée à Fagon pour son titre de démonstrateur, et, dans
les dépenses non fixes, “1.324 livres 10 sols à Boulduc apothicaire pour son cours de chimie””17.
92
De même, en 1691, mille trois cent quatre-vingt livres douze sols seront attribués “[…] à Boulduc,
Apothicaire par gratification en considération de son travail au cours de chimie […] qu’il a enseigné au
laboratoire du Jardin royal des plantes pendant 1690 et des drogues provenant dudit Cours dont il a délivré
une partie pour être distribuée aux charités des paroisses des environs de Paris, et l’autre partie aux
religieuses Capucines”18.
Simon entra en 1694 à l’Académie des sciences, dont il fut nommé chimiste-pensionnaire en 1699 et vétéran
en 1723. À cette dernière date, son poste devenu vacant fut occupé par Claude-Joseph Geoffroy, dit Geoffroy le
cadet, le second fils de Mathieu-François Geoffroy. Il nous faut préciser à ce propos, que c’est surtout Simon
qui établit les solides liens d’amitié unissant sa famille à celle des Geoffroy, la seconde dynasties d’apothicaires
dont nous allons parler. Il fut ainsi le “conducteur” (c’est-à-dire celui qui présente l’impétrant au jury)
d’Étienne-François Geoffroy, dit l’aîné, frère de Claude-Joseph, lors de son examen de maîtrise. Un an après,
Mathieu-François Geoffroy rendit le même service au fils de Simon, Gilles-François, tandis que ce dernier
“conduisit” ultérieurement à son tour Geoffroy le cadet.
Simon Boulduc mourut en 1729, dans la capitale. Détail curieux, Fontenelle qui avait promis trente ans
auparavant de faire l’éloge de tous les académiciens défunts, oublia de prononcer le sien. Le portrait de
l’apothicaire, conservé comme celui de son père et de son fils à la salle des Actes de la Faculté de pharmacie de
Paris19, fut décrit par Planchon de la manière suivante : “Simon Boulduc a la figure pleine de vivacité et
d’intelligence ; les cheveux, ou plutôt la perruque à la Louis XIV, sont de couleur brun foncé. Le grand col
Louis XIII [de Pierre] est remplacé par un rabat en tissu léger, translucide, qui sur la robe noire donne un faux
air d’abbé […]”20.
Le savant adressa de nombreux mémoires à l’Académie des sciences, portant sur la chimie, la pharmacie et la
médecine. Son domaine de prédilection, qu’il explora durant vingt ans, fut l’étude des propriétés physico-
chimiques des médicaments purgatifs. En 1699, Boulduc présenta cette thématique de recherche devant
l’Académie en ces termes21 : “Il serait très important de connaître en quoi consiste la vertu des médicaments
purgatifs. Les plus habiles d’entre les modernes, quoique beaucoup plus éclairés sur cette matière que les
anciens, n’en ont presque donné qu’une histoire naturelle, mais M. Boulduc entreprend d’en faire une recherche
physique par l’analyse, par les mixtions et les fermentations qu’il fera de ces médicaments, en suivant par ordre
leurs genres et leurs espèces. Comme c’est un travail d’une très longue discussion et qui demande un grand
nombre d’expériences, il ne sera fait tout au plus que dans deux ans, et ce pourra être un in-quarto de deux cents
pages”22.
L’apothicaire étudia donc tour à tour la coloquinte, le jalap, la gomme-gutte, l’ellébore noir, la scammonée, la
gratiole, l’aloès, la rhubarbe, la bryone, le concombre sauvage, l’agaric blanc, les fleurs et feuilles de pêcher, le
méchoacan, le sel d’Epsom… et même l’ipécacuanha, qu’il classait dans les purgatifs. Par ailleurs, Boulduc
ayant reconnu que la distillation sèche n’était pas un procédé infaillible pour l’extraction des principes actifs
végétaux, il eut l’idée d’employer des solvants. Ce pionnier de la phytochimie fut aussi l’un des précurseurs de
la titrimétrie : en 1698, il essaya de doser l’acidité du vinaigre par neutralisation avec du carbonate de
potassium, puis pesée du solide formé après évaporation23. Enfin, Simon Boulduc fut chargé par l’Académie de
rédiger un rapport sur un charlatan nommé Ozanne, “médecin empirique” à Chaudray. Malheureusement, le
document établi par l’apothicaire, n’a pu être retrouvé24.
Gilles-François Boulduc, le bon fils
Simon Boulduc fut remplacé en 1729 au Jardin royal par son propre fils, prénommé Gilles-François, auquel il
avait déjà fait exécuter des démonstrations à sa place. On trouve là le premier exemple d’une pratique qui allait
devenir courante dans le corps enseignant de l’établissement : le recrutement familial. Nous envisagerons plus
loin le cas des Rouelle, des Brongniart et des Milne-Edwards, mais les familles Jussieu et Becquerel sont
également restées célèbres à cet égard25. Notons au passage le rôle important de la pharmacie dans la
constitution de telles lignées puisque, ainsi que le rappela Cap, “les dynasties savantes des Geoffroy, des
Jussieu26 et des Brongniart sortirent toutes trois d’une officine pharmaceutique […]”27.

93
Gilles-François Boulduc, qui vit le jour à Paris en 1675, fit d’abord des études classiques. Puis, il s’initia à la
pharmacie de son père, tout en apprenant la physique de Descartes avec un membre de l’Académie des sciences,
nommé Régis. Après quoi, le jeune homme se consacra corps et âme à la chimie, sous la tutelle du tandem
apothicaire-médecin qui enseignait alors cette discipline au Jardin royal : Simon Boulduc et Antoine de Saint-
Yon, le second étant à l’époque le suppléant de Fagon. Selon Dortous de Mairan, secrétaire perpétuel de
l’Académie des sciences qui écrivit l’éloge de Boulduc fils : “Ce père attentif à l’instruction d’un fils qui lui
paraissait de plus en plus mériter tous ses soins, retraçait chaque jour à ses yeux dans le particulier, et par mille
opérations délicates mais sensibles, ce qu’une théorie abstraite n’avait présenté qu’à l’esprit. Les leçons
domestiques aidaient merveilleusement celles du Jardin du roi, et les unes et les autres secondées par le goût vif
du jeune artiste, le mirent bientôt en état de se distinguer dans la profession à laquelle on le destinait”28.
Gilles-François fut immatriculé auprès du corps des apothicaires le 14 janvier 1695 et reçu maître le 14 mars
suivant. Son immatriculation se trouva formulée comme suit : “Ce jourd’hui quatorzième janvier 1695,
monsieur Mathieu François Geoffroy nous a présenté François Boulduc, fils de monsieur Simon Boulduc, ci-
devant garde qui nous a certifié qu’il était de la religion catholique apostolique romaine, pour être immatriculé
pour exercer la Pharmacie, ce que nous lui avons accordé en faveur de laquelle immatricule il a donné la somme
de huit cents livres […]. Il nous a en même temps supplié de lui donner des Interrogateurs, ce que nous lui
avons accordé.
Domini Interrogaturi
MM. Claude Biet Champagneux Héron
Soubiron Balby Geoffroy
Lenoir Molinier Regnault”29.
Quant au programme de son chef d’œuvre, ce fut : “Pulvis contra pestem de la description de Renou, et
Diascordium de Fracastorius”30.
Boulduc fils eut ensuite une carrière calquée sur celle de son père, auquel il succéda dans presque toutes ses
charges. Garde de la communauté des apothicaires entre 1709 et 1711, consul en 1717, il fut nommé échevin en
1726. À la cour, après avoir pris la suite de Simon auprès de la princesse Palatine 31, il devint le premier
apothicaire de Louis XIV en 1712, puis celui de Louis XV trois ans plus tard et enfin celui de la reine en 1735 –
en remplacement d’Isaac Riqueur. Planchon précise que “Boulduc usa toujours de ces relations à la cour dans
l’intérêt de sa corporation” et que “ses fonctions le retenaient très souvent à Versailles”32. À l’Académie des
sciences, où il fut admis en 1699 comme élève de son père, Gilles-François fut nommé adjoint-chimiste en
1716, avant de devenir associé en 172733.
Saint-Simon, qui fut son client, mentionna plusieurs fois élogieusement l’apothicaire dans ses Mémoires34.
D’abord en 1712, à l’occasion de la mort du Dauphin Louis, duc de Bourgogne et père du futur Louis XV : “Le
mercredi 17 [février 1712], le mal augmenta considérablement. J’en savais à tout moment des nouvelles par
Cheverny, et quand Boulduc pouvait sortir des instants de la chambre, il me venait parler. C’était un excellent
apothicaire du Roi35 qui, après son père, avait toujours été et était encore le nôtre, avec un grand attachement, et
qui en savait pour le moins autant que les meilleurs médecins, comme nous l’avons expérimenté, et avec cela,
beaucoup d’esprit et d’honneur, de discrétion et de sagesse. Il ne nous cachait rien à M me de Saint-Simon et à
moi. Il nous avait fait entendre plus clairement ce qu’il croyait de la Dauphine, il m’avait parlé aussi net dès le
second jour sur le Dauphin. Je n’espérais donc plus […]”36.
Saint-Simon cite une deuxième fois l’apothicaire, précisément à propos du décès de la Dauphine Marie-
Adélaïde de Savoie, morte quelques jours seulement avant le Dauphin son époux : “La maladie de la Dauphine,
subite, singulière, peu connue aux médecins, et très rapide, avait dans sa courte durée noirci les imaginations
[…]. Fagon et Boudin ne doutèrent pas du poison, et le dirent nettement au Roi, en présence de M me de
Maintenon seule. Boulduc, qui m’assura en être convaincu, et le peu des autres à qui le Roi en voulut parler, et
qui avaient assisté à l’ouverture [l’autopsie du cadavre], le confirmèrent par leur morne silence”37.
Ces deux morts consécutives parurent donc suspectes à divers hauts personnages de l’époque, et le
mémorialiste titre lui-même : La Dauphine empoisonnée38. En fait, le Dauphin comme la Dauphine avaient
94
probablement succombé à une fièvre éruptive foudroyante, rougeole ou scarlatine39. La troisième rencontre
entre Saint-Simon et Boulduc au chevet d’un illustre mourant, se fit en avril 1714 à l’occasion du décès du duc
de Berry, troisième fils du Grand Dauphin. Là encore, la suspicion du poison plane : “Dès ce jour-là” explique
Saint-Simon “je sus qu’en croire : Boulduc, apothicaire du Roi, qui était extrêmement attaché à M me de Saint-
Simon et à moi, et dont j’ai eu quelquefois occasion de parler, me glissa à l’oreille qu’il n’en reviendrait pas et
qu’avec quelque petit changement c’était au fond la même chose qu’à Monsieur et Madame la Dauphine. Il me
le confirma le lendemain, ne varia ni pendant la courte maladie ni depuis, et il me dit le troisième jour que nul
des médecins qui voyaient ce prince n’en doutait, et ne s’en étaient pas cachés à lui qui me parlait” 40. En effet,
le duc de Berry mourut le 4 mai 171441.
Saint-Simon cite une quatrième fois notre apothicaire dans ses Mémoires42, à propos d’une place d’échevin
qu’il ne put lui faire obtenir : “Pour donner plus de poids aux miennes [paroles], je lui dis [au Régent] que ce
n’était point par amitié pour Trudaine que je lui parlais, puisqu’il pouvait se souvenir qu’il m’avait accordé son
agrément d’une place d’échevin de Paris pour Boulduc, apothicaire du Roi, très distingué dans son métier, et
que j’aimais beaucoup de tout temps ; que là-dessus je l’avais demandée à Trudaine qui me l’avait refusée avec
la dernière brutalité […]”43. Nous avons vu que Boulduc devint tout de même échevin, six ans plus tard.
Son portrait, visible à la Salle des Actes de la Faculté de pharmacie de Paris 44, nous donne une idée de son
physique. Gilles-François “porte une grosse perruque de couleur grise, pas de moustache ni de royale : les traits
sont forts, le visage pâle, la physionomie moins éveillée et moins vive que celle de ses prédécesseurs”45, c’est-à-
dire son père et son grand-père.
Ajoutons qu’un médaillon à l’effigie de l’apothicaire, orne la façade de la même Faculté46. Boulduc hébergea
le médecin chimiste allemand Jean Grosse, lequel géra son officine de la rue des Boucheries pendant trente ans
et devint son collègue à l’Académie47. Dortous de Mairan, dans son “Éloge”, a rappelé cette collaboration qui
nous éclaire sur les qualités humaines de notre personnage, dont les sentiments “de l’amitié la plus tendre et la
plus constante ne lui étaient pas moins connus : il a passé les trente dernières années de sa vie avec M. Grosse
savant chimiste allemand, de cette Académie, qu’il avait logé chez lui, et dont le caractère avait fortifié de plus
en plus une liaison que la conformité de leurs études avait fait naître”48.
Le pharmaciens jouit d’une robuste santé jusqu’en 1741 : il fut alors sujet à des malaises et contracta un
érysipèle – une streptococcie cutanée – à la jambe gauche. Se croyant guéri, il reprit le 15 janvier 1742 son
service à Versailles, où il mourut deux jours plus tard. Il avait obtenu auparavant de Louis XV la survivance de
sa charge de premier apothicaire du roi pour son fils, Jean-François, alors âgé de quatorze ans49.
Les travaux de Gilles-François Boulduc relève davantage de la pharmacie chimique que de la chimie pure. Le
savant s’intéressa notamment aux sels de Glauber (sulfate de sodium), d’Epsom (sulfate de magnésium), à
l’Elaterium de Dioscoride (purgatif extrait du concombre sauvage), à la cascarille, un petit arbre des Antilles
(Croton Elutheria) dont l’écorce était utilisée comme celle des quinquinas. Il simplifia la préparation du
sublimé corrosif et se pencha sur l’analyse des végétaux. Par ailleurs, Boulduc découvrit une nouvelle méthode
de préparation du sel polychreste de Seignette (tartrate double de sodium et de potassium), en même temps que
son collègue Geoffroy. Dortous de Mairan raconte à ce sujet l’anecdote suivante, qui constitue une excellente
approche des problèmes soulevés par les découvertes simultanées : “Pendant que M. Boulduc lisait à
l’Académie son mémoire sur le sel de Seignette et qu’il montrait un cristal qu’il venait de faire de ce sel, M.
Geoffroy qui travaillait comme lui sur cette matière, sans qu’ils s’en fussent rien communiqué, entra dans
l’assemblée, reconnut le sel polychreste à la première inspection de son cristal et sur le champ il en alla chercher
de tout pareil qu’il en avait fait aussi. L’Académie ayant vu les pièces justificatives de part et d’autre, et entendu
contradictoirement les parties, jugea que la découverte serait donnée sous les deux noms, comme elle l’a été, en
effet, dans l’histoire de 1731. Il y a dans toutes les sciences des principes et des règles invariables, qui ne
peuvent manquer de conduire au même but ceux qui savent les manier”50.
De plus, Boulduc fut probablement le premier à donner la composition du gypse. Mais ce sont surtout ses
recherches sur la composition des eaux minérales, de Forges, de Passy et de Bourbon l’Archambault, qui le
rendirent célèbre51.
95
(pp. 82–84)
(…). Le projet (mission de planter un jardin des apothicaires de Paris) vit le jour entre les rues de Lourcine et de
l’Arbalète, sur une grande parcelle carrée acquise en 1626, attenante au terrain dit des Vieux-Fossés94. (…) en
1652, Pierre Boulduc fut chargé de collecter les fonds nécessaires à la réalisation de divers travaux d’irrigation :
il s’acquitta de sa tâche avec “un zèle couronné du meilleur succès”98. “En 1722, on sentit la nécessité
d’adjoindre aux gardes (de la corporation des apothicaires), dont la besogne s’augmentait peu à peu, trois
directeurs pour veiller aux réparations ou embellissements du Jardin, de concert avec les gardes, qui en feront
rapport à la Compagnie. Dans la séance du mardi 6 mars, il est convenu que ces directeurs seront pris dans les
trois classes d’anciens, de modernes et de jeunes. “Et à cet effet ont été nommés à la pluralité des voix,
messieurs Boulduc [il s’agit de Simon], doyen, qui sera perpétuel et qui a bien voulu accepter cette nomination
à la prière de la Compagnie ; Pia du nombre des modernes, et Rousselot de celui des jeunes””99.
Le fils de Simon Boulduc, Gilles-François, fut aussi un bienfaiteur du Jardin des apothicaires. “Il assistait
probablement peu aux réunions de la rue de l’Arbalète ; sa signature ne se trouve que rarement au bas des
comptes rendus […] il ne se rendait guère au bureau des apothicaires que dans les circonstances
importantes”100. Mais, ayant obtenu, lorsqu’il quitta en 1728 sa charge d’échevin, la concession de quatre lignes
d’eau de la ville de Paris, il eut l’idée de céder cette propriété à ces confrères101. La donation fut faite par un
acte notarié en date du 8 juillet 1734, “eu égard aux diverses proportions de simples sur lesquelles journellement
ils [les apothicaires] s’appliquent à faire de nouvelles découvertes et progrès pour le soulagement et la
satisfaction du public […] ; ce qui leur cause qu’à peine ont-ils de l’eau pour la moitié de leur entreprise”102.
Les six lignes d’eau dont jouissait auparavant le Jardin des apothicaires s’étant rapidement révélées
insuffisantes, le don de Boulduc fut providentiel.
(…) un Boulduc, probablement Gilles-François107, ainsi que Claude-Joseph Geoffroy, furent chargés, l’un en
1707 et l’autre en 1708, des fonctions de démonstrateur de chimie108.
______________________
4. Les épiciers vendaient tout ce qui pouvait servir à relever les aliments, notamment des plantes aromatiques. En 1514, Louis XII
avait précisé : “Qui est épicier n’est pas apothicaires, mais qui est apothicaires est épicier”. Les apothicaires n’étaient donc pas obligé,
théoriquement, de soutenir une maîtrise d’épicerie en sus de celle d’apothicairerie, voir Dillemann (Georges), Bonnemain (Henri) et
Boucherle (André), La Pharmacie française : ses origines, son histoire, son évolution, Paris : Technique et Documentation Lavoisier,
1992, p. 17.
5. Armes dans lesquelles figurent une pièce ou un meuble rappelant le nom du titulaire.
6. Planchon (Gustave), “Dynasties d’apothicaires parisiens. II : les Boulduc”, Journal de pharmacie et de chimie, 6ème série, vol. IX,
1899, p. 383.
7. La Salle des Actes de la Faculté de pharmacie-Paris V, Paris : Éd. E.C.N., 1996, p. 69.
8. Dorveaux (Paul), “Apothicaires membres de l’Académie royale des sciences. III : Simon Boulduc”, Revue d’histoire de la
pharmacie, n°1, 1930, p. 6.
9. Planchon (Gustave), “Dynasties d’apothicaires parisiens. II : les Boulduc”, art. cit, p. 333.
10. Dorveaux (Paul), “Les Boulduc, apothicaire de la princesse Palatine”, Revue d’histoire de la pharmacie, n°16, 1933, pp. 110-111.
11. Saint-Simon (Louis de Rouvray de), “Mémoires (1711-1714)”, [additions], in Journal de Dangeau, Paris : Gallimard, 1985, vol.
IV, pp. 411-412 et 443-444 (La Pléiade) ; Saint-Simon (Louis de Rouvray de), Mémoires (1720), Paris : Gallimard, 1987, vol. VII, p.
681 (La Pléiade).
12. Dorveaux (Paul), “Apothicaires membres de l’Académie royale des sciences. III : Simon Boulduc”, art. cit.
13. Contant (Jean-Paul), Contribution à l’histoire de l’enseignement de la pharmacie : l’enseignement de la chimie au Jardin royal
des plantes de Paris, Thèse de Doctorat en pharmacie, Strasbourg : Université de Strasbourg, 1952, p. 51.
14. Blègny (Nicolas de), Le Livre commode des adresses de Paris pour 1692, Nelle éd., Paris : Édouard Fournier, 1878, t. 1, pp. 165-
166.
15. Cité par Dorveaux (Paul), “Apothicaires membres de l’Académie royale des sciences. III : Simon Boulduc”, art. cit., p. 7.
16. Idem.
17. Contant (Jean-Paul), Contribution à l’histoire de l’enseignement de la pharmacie…, op. cit., p. 52. Les italiques sont d’origine.
18. Idem.
19. La Salle des Actes de la Faculté de pharmacie-Paris V, op. cit., p. 51.
20. Planchon (Gustave), “La Dynastie des Geoffroy, apothicaires de Paris”, Journal de pharmacie et de chimie, 6ème série, vol. VIII,
1898, p. 384.
21. Depuis 1699, tout académicien était tenu de déclarer par écrit, au début de chaque année, le principal travail scientifique qu’il se
proposait d’effectuer.
22. Cité par Dorveaux (Paul), “Apothicaires membres de l’Académie royale des sciences. III : Simon Boulduc”, art. cit., p. 10.
23. Partington (James), A History of chemistry, Londres: McMillan, 1962, vol. III, pp. 44-45.

96
24. Dorveaux (Paul), “Apothicaires membres de l’Académie royale des sciences. III : Simon Boulduc”, art. cit., pp. 7-9.
25. Barthélémy (Guy), Les Jardiniers du roy : petite histoire du Jardin des plantes de Paris, Paris : Le Pélican, 1979, pp. 196-197 ;
voir également Duris (Pascal), “L’Enseignement d’Antoine-Laurent de Jussieu au Muséum”, in Blanckaert (Claude), Cohen
(Claudine), Corsi (Pietro) et Fischer (Jean-Louis), (sous la dir.), Le Muséum au premier siècle de son histoire, Paris : Muséum national
d’Histoire naturelle, 1997, p. 58 (Archives).
26. Laurent de Jussieu, fondateur de la dynastie, était apothicaire. Deux de ses fils, Antoine et Bernard, de même que son petit-fils
Antoine-Laurent et son arrière petit-fils Adrien Henri Laurent furent professeurs de botanique au Jardin royal ou au Muséum.
27. Cap (Paul-Antoine), “La Pharmacie au Moyen-Âge et au XIXème siècle”, Journal de pharmacie et de chimie, 4ème série, vol. XI,
1870, pp. 173-174.
28. Dortous De Mairan (Jean-Jacques), “Éloge de M. Boulduc”, Histoire de l’Académie royale des sciences, 1742, p. 168.
29. Cité par Planchon (Gustave), “Dynasties d’apothicaires parisiens. II : les Boulduc”, art. cit, p. 386.
30. Idem, p. 472.
31. Dorveaux (Paul), “Les Boulduc, apothicaire de la princesse Palatine”, art. cit.
32. Planchon (Gustave), “Dynasties d’apothicaires parisiens. II : les Boulduc”, art. cit, p. 474.
33. Dorveaux (Paul), “Apothicaires membres de l’Académie royale des sciences. IV : Gilles-François Boulduc”, Revue d’histoire de
la pharmacie, n°8, 1931, pp. 114-116 ; Planchon (Gustave), “Dynasties d’apothicaires parisiens. II : les Boulduc”, art. cit, p. 473.
34. Saint-Simon (Louis de Rouvray de), “Mémoires (1711-1714)”, art. cit. ; Saint-Simon (Louis de Rouvray de), Mémoires (1720),
op. cit.
35. En réalité, ainsi que le souligne Coirault dans une note de l’édition des “Mémoires” qu’il a commentée, “il ne sera apothicaire du
Roi que deux ou trois ans plus tard. À quel titre se trouvait-il dans la chambre du Dauphin ?” Saint-Simon (Louis de Rouvray de),
“Mémoires (1711-1714)”, art. cit.
36. Idem, p. 766.
37. Idem, pp. 443-444.
38. Saint-Simon (Louis de Rouvray de), “Mémoires (1711-1714)”, art. cit., p. 443.
39. Dorveaux (Paul), “Apothicaires membres de l’Académie royale des sciences. III : Simon Boulduc”, art. cit., p. 11.
40. Saint-Simon (Louis de Rouvray de), “Mémoires (1711-1714)”, art. cit., p. 766.
41. Dorveaux (Paul), “Apothicaires membres de l’Académie royale des sciences. III : Simon Boulduc”, art. cit., p. 12.
42. Saint-Simon (Louis de Rouvray de), Mémoires (1720), op. cit., p. 681.
43. Idem.
44. La Salle des Actes de la Faculté de pharmacie-Paris V, op. cit., p. 49.
45. Planchon (Gustave), “Dynasties d’apothicaires parisiens. II : les Boulduc”, art. cit, p. 474.
46. Chaigneau (Marcel), Les Médaillons de la Faculté de pharmacie de Paris, Paris : Louis Pariente, 1986, p. 39.
47. Dorveaux (Paul), “Jean Grosse, médecin allemand, et l’invention de l’éther sulfurique”, Bulletin de la Société d’histoire de la
pharmacie, n°61, 1929, pp. 182-187.
48. Dortous De Mairan (Jean-Jacques), “Éloge de M. Boulduc”, art. cit., p. 171.
49. Dorveaux (Paul), “Apothicaires membres de l’Académie royale des sciences. IV : Gilles-François Boulduc”, art. cit, p. 116.
50. Dortous De Mairan (Jean-Jacques), “Éloge de M. Boulduc”, art. cit., p. 169.
51. Dorveaux (Paul), “Apothicaires membres de l’Académie royale des sciences. IV : Gilles-François Boulduc”, art. cit, pp. 116-117 ;
Partington (James), A History of chemistry, op. cit., vol. III, p. 49.
94. Planchon (Gustave), “Le Jardin des apothicaires de Paris”, Journal de pharmacie et de chimie, 5ème série, vol. XXIX, 1894, pp.
200-201.
98. Planchon (Gustave), “Dynasties d’apothicaires parisiens. II : les Boulduc”, art. cit, p. 382.
99. Planchon (Gustave), “Le Jardin des apothicaires de Paris”, art. cit., 5ème série, vol. XXX, p. 260.
100. Planchon (Gustave), “Dynasties d’apothicaires parisiens. II : les Boulduc”, art. cit, p. 474.
101. Idem, pp. 472-473.
102. Cité par Planchon (Gustave), “Le Jardin des apothicaires de Paris”, art. cit., 5ème série, vol. XXIX, pp. 335-336.
107. La liste communiquée par Planchon ne mentionne pas le prénom. Planchon (Gustave), “L’Enseignement de la chimie au Collège
des apothicaires”, Journal de pharmacie et de chimie, 6ème série, vol. VI, 1897, p. 324.
108. Idem.

Source : http://www.shp-asso.org/index.php?PAGE=viewgal Source : http://www.google.com/books?id=d8_mAAAAMAAJ


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97
Gilles-François BOULDUC
Paris, 20 février 1675 – Versailles, 15 janvier 1742

Gilles-François Boulduc est le petit-fils de Pierre Boulduc, reçu maître-apothicaire en 1636 et le fils de
Simon Boulduc, maître apothicaire en 1672. Ce dernier avait acquis une grande célébrité. D’abord conseiller
des six corps (1674), il était devenu garde de la Communauté de 1687 à 1689, consul en 1698 et juge en 1717 ;
entre temps, il avait été nommé démonstrateur de chimie au Jardin du Roy et accédait à l’Académie Royale des
Sciences en 1694 pour y devenir successivement associé, pensionnaire, puis vétéran.

Il avait été choisi comme apothicaire de Madame – la seconde épouse de Philippe d’Orléans, frère de Louis
XIV – et de la reine douairière d’Espagne. Son officine était située rue des Boucheries-Saint-Germain.

Gilles-François reçoit une bonne éducation dès son plus jeune âge et poursuit des études en physique sous la
direction de M. Régis ainsi qu’en chimie avec son père et M. de Saint-Yon, professeur au Jardin Royal des
Plantes. A l’âge de vingt ans, en 1695, il est reçu maître-apothicaire et suit une ligne semblable à celle de son
père dans la Communauté des apothicaires : garde de 1709 à 1711, juge, consul en 1717. Il devient échevin en
1726.

Sans cesser d’exercer dans l’officine paternelle, où il est assisté du chimiste allemand Jean Grosse, il est
nommé apothicaire du roi en 1712 et de la reine en 1735. Il est également choisi pour exercer son art et comme
conseiller par le duc de Saint Simon qui lui accorde toute sa considération.

Entré à l’Académie Royale des Sciences, en qualité d’élève, en 1699, il en devient associé ordinaire en 1727.

En récompense de son zèle comme échevin, il bénéficie de l’attribution, en 1734, de quatre « lignes d’eau »
(environ un demi-mètre cube par jour), mais il en fait don au Jardin des apothicaires.

Source : Les Médaillons de la Faculté de Pharmacie de Paris, Marcel Chaigneau (1986), p. 39-41.

[La commande de ce médaillon de marbre a été fait par arrêtés du 28 janvier et du 8 février 1878,
à M. Charles Joseph Lenoir. Source : Bulletin des beaux-arts, Ministère de l’Instruction
Publique, Première année, No 4, Janvier 1878 (page 98).]

98
Éloges des Académiciens de l’Académie Royale des Sciences,
Morts dans les années 1741, 1742, & 1743.
Par M. Dortous de Mairan
(1767)

M. BOULDUC
Gilles-François Boulduc, premier Apothicaire du Roi, ancien Échevin, ancien Juge-Consul, Démonstrateur en
Chimie au Jardin Royal, et Associé Chimiste dans l’Académie des Sciences, naquit à Paris le 20 de Février
1675. Son père, Simon Boulduc, ancien Juge-Consul, et Apothicaire de feue Madame, et de la Reine Douairière
d’Espagne, avait aussi été Démonstrateur en Chimie au Jardin Royal, et membre de cette Académie, d’abord
Élève, et successivement Associé, Pensionnaire et Vétéran, jusqu’en l’année 1729 où il mourut.

M. Boulduc dont nous allons parler, né, pour ainsi dire, dans l’Académie des Sciences, avait reçu l’éducation
la plus propre à le rendre digne d’y être assis un jour parmi ceux qui la composent. Cet honneur lui était sans
cesse proposé par son père, et comme le prix des connaissances qu’il devait acquérir, et comme un des plus sûrs
moyens de les augmenter, de les rectifier et de les mettre utilement en pratique.

Ses premières études étant finies, il s’appliqua à la Physique de Descartes sous la direction de M. Régis, et il
y fit des progrès qui engagèrent ce célèbre Cartésien à lui ouvrir tous ses trésors.

Ce n’était cependant que le préliminaire à une autre science qu’on avait principalement en vue, mais qui
n’étant elle-même que la physique particulière de la contexture intrinsèque des corps, devait être précédée et
éclairée des grands principes de la Physique générale. Rien en effet ne pouvait mieux le prémunir contre les
mystérieuses et sublimes prétentions de l’ancienne Chimie, que la méthode et les principes de Descartes, qui
n’ont pour base et pour but que la clarté des idées et l’évidence. Aussi M. Boulduc ne donna-t-il jamais dans
aucune de ces rêveries d’Alchimiste encore assez communes dans le siècle passé, malgré l’atteinte mortelle que
leur avaient portée les leçons publiques et les livres de feu M. Lémery.

Enfin il se voua entièrement à la Chimie, et il l’étudia sous M. de Saint-Yon Médecin, Professeur au Jardin
Royal, et sous son père qui, comme nous l’avons dit, y était Démonstrateur. Ce père attentif à l’instruction d’un
fils qui lui paraissait de plus en plus mériter tous ses soins, retraçait chaque jour à ses yeux dans le particulier, et
par mille opérations délicates, mais sensibles, ce qu’une théorie abstraite n’avait présenté qu’à son esprit. Les
leçons domestiques aidaient merveilleusement celles du Jardin du Roi, et les unes et les autres secondées par le
goût et la vivacité du jeune Artiste, le mirent bientôt en état de se distinguer dans la profession à laquelle on le
destinait. Il fut reçu dans le Corps des Apothicaires en 1695, à l’âge de 20 ans, et quatre ans après il entra dans
l’Académie des Sciences en qualité d’Élève.

Il nous a donné depuis plusieurs morceaux de Chimie que l’Académie a presque tous fait insérer dans les
volumes qu’elle publie tous les ans: c’est une espèce d’aveu et d’approbation tacites qu’elle accorde avec choix,
quoiqu’elle ne prétende pas adopter toutes les idées contenues dans les ouvrages qu’elle juge dignes de paraître
parmi ses Mémoires.

Les ouvrages de M. Boulduc consistent la plupart en des analyses de différentes substances. Il avait entrepris
sous cette forme l’histoire des Purgatifs, dont il donna un essai en 1719 sur le Concombre sauvage, avec
quelques observations sur l’Élatérium de Dioscoride, qui est l’extrait ou le suc épaissi du fruit de cette plante, et
l’un des plus violent purgatifs qu’ait employé la Médecine ancienne; mais d’autres occupations l’empêchèrent
de suivre son projet. Il lut la même année à l’Académie une analyse du frai de Grenouille, et celle du Chacril
arbre de l’Amérique, que quelques Auteurs ont donné pour une septième espèce de Quinquina, et dont l’écorce
a en effet plusieurs vertus semblables à celles de ce fébrifuge.

99
M. Boulduc a beaucoup travaillé sur les Sels. Par l’examen qu’il fit en 1724 du Sel Cathartique d’Espagne,
qu’une source produit à cinq quarts de lieue de Madrid, et en 1727 du Sel de Dauphiné, que l’on prend dans la
terre auprès de Grenoble, il trouva que l’un et l’autre étaient un vrai Sel naturel de Glauber, Sel dont ce fameux
Chimiste faisait tant de cas, et qu’il nomma admirable, soit à cause des propriétés qu’il lui attribuait, soit qu’il
le jugeât digne de ce nom par tout ce qu’il lui avait coûté de méditations et de veilles. L’Art n’a presque jamais
rien de mieux à faire que d’imiter la Nature, mais il lui manque souvent, après l’avoir imitée, de savoir qu’il l’a
fait et rien de plus. C’est ce que Glauber avait ignoré à l’égard de son Sel admirable, et que M. Boulduc
développe parfaitement. Tout au contraire, dans le Sel Polychreste de Seignette et dans celui d’Epsom qu’il
entreprit aussi d’analyser, ce n’était pas la Nature qu’il s’agissait de dévoiler et d’imiter, mais l’art qui s’y
cachait, et qui avait intérêt de s’y cacher.

Pendant que M. Boulduc lisait à l’Académie son Mémoire sur le Sel de Seignette, et qu’il montrait un cristal
qu’il venait de faire de ce Sel, M. Geoffroy qui travaillait comme lui sur cette matière, sans qu’ils s’en sussent
rien communiqué, entra dans l’Assemblée, reconnut le Sel Polychreste à la première inspection de son cristal, et
sur le champ il en alla chercher de tout pareil qu’il avait fait aussi. L’Académie ayant vu les pièces justificatives
de part et d’autre, et entendu contradictoirement les parties, jugea que la découverte serait donnée sous les deux
noms, comme elle l’a été en effet dans l’Histoire de 1731. Il y a dans toutes les Sciences des principes et des
règles invariables, qui ne peuvent manquer de conduire au même but ceux qui savent les manier.

M. Boulduc proposa en 1730 une manière de faire le Sublimé corrosif, en simplifiant l’opération et en
retranchant l’esprit de nitre. Nous eûmes aussi de lui en 1734 un essai d’analyse des Plantes, où il prend pour
exemple la Bourache, qui est une des plus employées dans la Médecine.

Mais rien ne lui a fait plus d’honneur que ses recherches sur la nature de quelques Eaux minérales. Son
analyse des nouvelles Eaux de Passy, qu’il donna en 1726, a été regardée par les Maîtres de l’Art comme un
modèle dans ce genre. Il s’en répandit bientôt plusieurs extraits dans le public, et, ce qui n’est pas une des
moindres preuves du mérite de son travail, le prix et le débit de ces Eaux en furent considérablement augmenté.
Il fit en 1729 l’analyse des Eaux de Bourbon l’Archambaud pour feu M. le Duc, et en 1735 celle de la Source
minérale de Forges nommée la Royale, pour la Reine à qui ces Eaux avaient été ordonnées par les Médecins.

La charge de premier Apothicaire du Roi qu’il avait obtenue en 1712, et celle de premier Apothicaire de la
Reine qu’il eut en 1735, ne lui permettaient guère d’être assidu à nos Assemblées; mais les préparations et les
recherches qu’il était obligé de faire pour Versailles, tournaient aussi, comme on vient de voir, au profit de
l’Académie et du Public. C’est pourquoi l’Académie, qui ne se relâche pas facilement sur l’assiduité qu’elle
exige de ceux de ses Membres que leurs places y engagent, et quels que soient les emplois qui pourraient les en
dispenser, ne laissa pas d’accorder en 1727 à M. Boulduc une de ses places d’Associé ordinaire.

La bienveillance du Roi et de la Reine, glorieux fruit du zèle et de l’attention industrieuse que M. Boulduc
apportait à leur service, mille soins officieux rendus à des personnes considérables de la Cour, des manières
polies et prévenantes, un extérieur agréable avec les qualités essentielles du cœur, ne pouvaient manquer de lui
concilier des suffrages dans un pays où la seule faveur du Maître suffit pour y avoir des amis. L’usage le plus
marqué qu’il en ait fait, a été de procurer l’année dernière à son fils unique âgé seulement de 14 ans, la
survivance de premier Apothicaire du Roi; grâce à laquelle M. Boulduc fut infiniment sensible, mais dont on
pourrait croire que la demande avait été précipitée ou indiscrète, si l’on ne savait que ce fils montrait déjà une
maturité d’esprit et une intelligence qui se trouvent rarement dans une si grande jeunesse. Ces sentiments
paternels si sagement établis par la Nature, qui font que l’on se regarde après soi dans sa postérité, quelquefois
avec plus de complaisance que dans soi-même, agissaient avec beaucoup de force sur M. Boulduc. Ceux de
l’amitié la plus tendre et la plus constante ne lui étaient pas moins connus: il a passé les trente dernières années
de sa vie avec M. Grosse savant Chimiste Allemand, de cette Académie, qu’il avait logé chez lui et dont le
caractère avait fortifié de plus en plus une liaison que la conformité de leurs études avait fait naître.

100
Quoiqu’il fût d’un fort tempérament et qu’il parût jouir d’une santé parfaite, il était souvent attaqué de
vapeurs, et sujet à des palpitations de cœur violentes. Au mois de Décembre 1741 il lui survint un érésipèle à la
jambe gauche, il en fut traité Méthodiquement, et il en était guéri en apparence; mais empressé de se rendre à
ses devoirs, il partit le 15 Janvier dernier 1742 pour Versailles, et il y mourut le 17, fort regretté de Leurs
Majestés, et de tous ceux qui avaient eu occasion de le connaître.

CATALOGUE DES OUVRAGES


De M. Boulduc
Ils sont tous contenus dans les volumes d’Histoire et Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, que nous
citerons selon l’ordre des années.

Dans les Mémoires


1. Mémoires sur la qualité et les propriétés d’un Sel découvert en Espagne, qu’une Source produit
naturellement, et sur la conformité et identité qu’il a avec un Sel artificiel, que Glauber qui en est l’auteur
appelle Sel admirable. 1724
2. Essai d’Analyse en général des nouvelles Eaux Minérales de Passy. 1726
3. Examen d’un Sel tiré de la terre en Dauphiné, par lequel on prouve que c’est un Sel de Glauber naturel.
1727
4. Essai d’Analyse en général des Eaux chaudes de Bourbon-l’Archambaud. 1729
5. Manière de faire le Sublimé corrosif en simplifiant l’opération. 1730
6. Sur un Sel connu sous le nom de Sel Polychreste de Seignette. 1731
7. Recherches sur le Sel d’Epsom. ibid.
8. Essai d’analyse des Plantes. 1734
9. Analyse des Eaux de Forges, et principalement de la Source appelée la Royale. 1735

Dans l’Histoire
1. Observations sur le Chacril. 1719
2. Essai de l’Histoire des Purgatifs, et sur l’Élatérium ou Concombre sauvage. ibid.
3. Analyse du Frai des Grenouilles. Lue la même année à l’Académie comme il parut par les Registres.

Nous avons appris de M. Grosse son ami intime, qu’il avait donné quelques années auparavant une Dissertation
sur le Mercure.

101
Dynasties d’apothicaires parisiens ; par M. GUSTAVE PLANCHON
Journal de Pharmacie et de Chimie. 6e série. tome IX. (15 avril 1899.) 332-336, 382-387, 470-476.

Les Boulduc.

Parmi les dynasties d’apothicaires parisiens que je désire signaler à votre attention, celle des Boulduc trouve
tout naturellement sa place à côté de celle des Geoffroy, dont je vous ai précédemment entretenus. Venus à la
même époque, occupant des charges ou remplissant des fonctions analogues, les membres des deux familles se
rencontraient au bureau des apothicaires, au Jardin du Roi, à l’Académie des Sciences, et les livres
d’immatriculation montrent leurs relations étroites et les services mutuels qu’ils se rendaient en introduisant
réciproquement leurs fils au sein de la corporation.

Les premiers Boulduc mentionnés sur nos registres sont des épiciers prenant maîtrise. Il n’y a là rien que
d’ordinaire. On sait que les apothicaires et les épiciers formaient jadis un seul corps. Dans les anciennes pièces,
c’est même très souvent le nom seul d’épicier qui est employé pour désigner dans la série des six corps de
métiers de Paris la réunion des épiciers et des apothicaires. C’étaient d’ailleurs des bourgeois considérables et
généralement riches : il le fallait bien pour trafiquer avec les pays lointains de l’Orient et faire arriver, travers
bien des obstacles, ces épices si précieuses et si recherchées. On peut même dire que c’est le commerce de ces
denrées exotiques qui a fait la fortune et la situation sociale de plusieurs de ces familles, auxquelles la Science a
plus tard apporté l’illustration et la renommée.

En 1595, un Louys Boulduc est reçu maître épicier par chef-d’œuvre (1). Cette dernière mention indique qu’il
n’était pas fils de maître ; en effet, d’après les statuts de l’époque, les enfants de maîtres n’étaient astreints qu’à
un simple examen : on les dispensait du chef-d’œuvre que devaient exécuter les candidats ordinaires (2). Nous
pouvons, je crois, en conclure que le Louys en question était au point de vue commercial le fondateur de la
maison.

En 1622, deux frères sont reçus maîtres-épiciers le même jour (3). Ils sont donnés comme les fils de feu
Louis Boulleduc ; l’orthographe est si peu fixée à cette époque que nous ne croyons pas trop nous avancer en
identifiant leur père au Louys Boulduc, reçu maître en 1595. L’un des enfants, très probablement l’aîné, porte le
prénom du père ; l’autre s’appelle Pierre : ils sont tous deux reçus par examen, comme fils de maître.

Une autre branche s’établit parallèlement à la précédente. Anthoine Boulduc (4) est reçu maître par chef-
d’œuvre, le 20 novembre 1607 ; c’est, dit le registre, le serviteur de Loys Boulduc, ce qui signifie qu’il a fait
chez lui ses trois années d’apprentissage. Il fait souche d’épiciers. Vingt-cinq ans après, son fils est reçu par
examen comme fils de maître (5).

1° Le premier du nom parmi les apothicaires est Pierre Boulduc. Il est immatriculé en 1636, dans les termes
suivants :

« Pierre Boulduc aprentif d’honorable homme Simon de Sesqueville, marchant apoticquaire espicier nous a
esté présenté pour estre immatriculé en son rang par honorable homme Jehan Nicolas, aussi marchant
apoticquaire espicier pour subir lexamen et aultres actes nécessaires pour acquérir la maitrise en son Lieu ce que
nous lui avons accordé après avoir veu son brevect d’aprentissage et quittance, ledit brevect en datte du
sixiesme octobre mil six cens vingt six passé par devant Huart et Haguenier notaires et la quictance dudit
Sesqueville en datte du huictièsme octobre mil six cens trente faict en notre bureau ce septièsme octobre mil six
cens trente six (6).
« GEOFFROY, DE CAMBRAY. J. THIREMENT (7). »

Il avait donc fait 4 ans d’apprentissage chez Simon de Sesqueville (1626 à 1630) et passé ensuite six ans à
servir dans l’officine : c’est l’application exacte des règlements pour les aspirants qui n’étaient pas fils de
maître. C’est donc à Pierre que doit remonter la dynastie pharmaceutique des Boulduc.
102
D’où vient-il ? Il est très certainement de la famille des maîtres-épiciers dont nous avons parlé plus haut. Je
ne serais pas même éloigné de croire que c’est le Pierre Boulduc, fils de Louis, qui avait été reçu maître-épicier
en 1622, en même temps que son frère. Il était assez commun à cette époque de voir les apothicaires
commencer par la maîtrise d’épicerie. La seule objection un peu sérieuse à cette hypothèse serait l’âge du
candidat. Pierre Boulduc, d’après les indications de son portrait, devait être né en 1607 ; en 1622 il n’aurait eu
que quinze ans et aurait été vraiment un peu jeune pour être admis à la maîtrise. Cette objection n’est pas
cependant absolument décisive, si l’on songe surtout que le fils et le petit-fils de Simon Boulduc seront reçus
l’un à vingt ans, l’autre à dix-huit, à la maîtrise d’apothicaire qui demandait quatre ans de service de plus que la
maîtrise d’épicier.

Quoi qu’il en soit Pierre Boulduc prend une fort honorable place dans la corporation. Six ans après sa
réception, il est nommé conseiller pour l’apothicairerie dans le conseil des six corps de métiers (8). En 1652, il
est chargé par ses confrères de centraliser les souscriptions nécessaires pour payer les dépenses de la conduite
des eaux au jardin des apothicaires, et il le fait avec un zèle couronné du meilleur succès et, en même temps,
avec une fermeté et une indépendance d’allure, qui témoigne de l’autorité qu’il exerçait au sein de la
Compagnie (9). En 1661, il est élu garde, et à ce titre intervient activement dans diverses délibérations des six
corps de métiers.

Le portrait de Pierre Boulduc existe dans notre salle des Actes. Pierre porte, comme tous les personnages de
la période Louis XIII, les cheveux longs, tombant sur les épaules, le grand col, en toile blanche, raide, rabattu
sur la robe noire. Il a d’ailleurs une belle prestance, la figure pleine : les cheveux bruns, la moustache fournie,
pas de royale. La toile, peinte en 1663, le représente à l’âge de 56 ans.

Elle porte en effet l’inscription suivante :

Petrus Boulduc, Pharmacop. Paris, Præfectus annis 1661, 62, 63. Ætatis 56 anno 1663.

Un blason accompagne le portrait. Il a été fort maltraité par le temps et par des restaurations maladroites, de
sorte qu’il est difficile d’y reconnaître bien exactement le vrai blason des Boulduc : d’argent au chevron d’azur,
chargé de trois étoiles d’or et accosté de trois ducs (oiseaux) de gueules tenant sous leurs pattes une boule de
sable (10).

2° Pierre Boulduc eut pour fils Simon qui accrut la prospérité de la maison. Simon devint, en effet,
successivement maître en 1672, conseiller des six corps en 1674 (11), garde pendant les années 1687, 1688,
1689, consul en 1698, juge en 1717. Dans l’ordre plus spécialement scientifique, il est démonstrateur de chimie
au Jardin des Plantes et produit de nombreux et intéressants mémoires inscrits dans les publications diverses de
l’Académie des Sciences, dont il est successivement élève, associé, pensionnaire et vétéran (12).

C’est aux temps de Simon que s’établissent surtout les rapports avec la famille Geoffroy. Geoffroy Etienne II
avait signé, en qualité de garde, l’immatricule de Pierre, mais nous n’avons pas trace d’autres rapport, quoiqu’il
en ait déjà probablement existé entre les deux familles. Nous constatons par contre entre Mathieu-François
Geoffroy et Simon Boulduc des relations constantes. C’est Simon Boulduc qui accompagne au bureau des
apothicaires Etienne-François Geoffroy, le fils aîné de Mathieu-François, pour réclamer des examinateurs pour
son premier examen et lui faire donner les deux compositions de son chef-d’œuvre (13). D’autre part, l’année
suivante, Mathieu-François Geoffroy prête la même assistance au fils de Simon, Gilles-François, ainsi que nous
le verrons plus loin.

Dans le portrait de l’Ecole, Simon Boulduc a la figure pleine de vivacité et d’intelligence : les cheveux ou
plutôt la perruque à la Louis XIV sont de couleur brun-foncé. Le grand col Louis XIII est remplacé par un rabat
en tissu léger, translucide, qui sur la robe noire donne un faux air d’abbé à plusieurs des portraits de la
collection. La toile porte l’indication suivante :
103
Simon Boulduc Parisiens. Pharmacop. Regius e regia Scientiar. Academia præfectus et Consul. Obiit anno
1729.

Il était déjà, plusieurs années avant sa mort, le doyen de la corporation. Lorsqu’en 1722, on sentit la nécessité
d’adjoindre aux gardes de l’apothicairerie trop absorbés, trois directeurs pour s’occuper avec eux des
aménagements et de l’embellissement du Jardin, Boulduc fut placé en tête de la liste, comme doyen, et désigné
comme perpétuel, à la prière de la Compagnie, alors que les autres membres devaient être renouvelés tous les
deux ans (14). Sa signature se trouve fréquemment, soit dans le Livre des délibérations, soit dans celui des
immatricules. Nous la reproduirons plus bas avec celles de son fils et de son petit-fils.

Outre son titre de maître, Simon Boulduc avait des charges à la cour ; il était apothicaire de Madame, la
seconde femme de Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV, et de la reine douairière d’Espagne. Cette situation
le mettait en contact avec plusieurs grands personnages, qui appréciaient fort ses services. Son officine était
dans la rue des Boucheries-Saint-Germain, auprès de la foire Saint-Germain, sur l’emplacement de laquelle a
été établi le marché de ce nom : donc à côté des hôtels de la noblesse de l’époque (15). Ces relations avec de
grands personnages, ne fussent-elles que de client à marchand, avaient certainement facilité l’établissement de
son fils Gilles-François, qui a porté à son apogée la prospérité de la famille.

3° Gilles-François était né en 1675. Dortous de Mairan, qui a fait son éloge en qualité d’académicien, nous
apprend qu’il s’appliqua d’abord à la physique de Descartes, sous la direction de M. Régis, qui lui ouvrit tous
ses trésors. Puis il se voua entièrement à la chimie, guidé par M. de Saint-Yon, médecin-professeur au Jardin
des Plantes et par son père qui y était démonstrateur. « Ce père attentif à l’instruction d’un fils qui lui paraissait
de plus en plus mériter tous ses soins, retraçait chaque jour à ses yeux dans le particulier, et par mille opérations
délicates mais sensibles, ce qu’une théorie abstraite n’avait présenté qu’à l’esprit. Les leçons domestiques
aidaient merveilleusement celles du Jardin du Roi, et les unes et les autres secondées par le goût vif du jeune
artiste, le mirent bientôt en état de se distinguer dans la profession à laquelle on le destinait (16). »

En 1695, à l’âge de vingt ans, il fut reçu maître dans le corps des apothicaires.

« Ce jourdhuy quatorziesme janvier 1695, monsieur Mathieu François Geoffroy nous a présenté François
Boulduc, fils de monsieur Simon Boulduc, ci-devant garde qui nous a certifié qu’il estait de la religion
catholique apostolique romaine, pour estre immatriculé pour exercer la Pharmacie, ce que nous luy avons
accordé en faveur de laquelle immatricule il a donné la somme de huit cens livres....... II nous a en même temps
supplié de luy donner des Interrogateurs, ce que lui avons accordé.

Domini Interrogaturi

MM. CLAUDE BIET CHAMPAGNEUX HÉRON


SOUBIRON BALBY GEOFFROY
LENOIR MOLINIER REGNAULT (17) »

La formule d’immatriculation n’est plus semblable à celle du temps de Pierre Boulduc, en 1636 ; les
conditions nécessaires à l’immatriculation se sont en effet modifiées : elles étaient auparavant d’ordre purement
administratif et professionnel ; il s’y ajoute à présent une obligation d’une tout autre nature, des conditions
religieuses, qui sont bien dans l’esprit des temps. Le candidat doit déclarer qu’il est de la religion catholique,
apostolique et romaine. Les rigueurs qui ont éloigné de la France les Lemery, les Charas et tant d’autres sont
appliquées depuis longtemps déjà. La première immatriculation qui porte la mention intolérante est du 7 février
1673 ; on la retrouve, à partir de cette date, mais d’abord presque perdue au milieu des immatricules ordinaires.
Même après la révocation de l’édit de Nantes en 1685, les gardes oublient ou négligent souvent d’ajouter cette
déclaration dans le registre des matricules : ce n’est qu’au XVIIIe siècle qu’elle finit par devenir tout à fait de
règle.
104
Sept jours après l’immatriculation de Gilles-François Boulduc, Galet, apothicaire, était venu avec son
aspirant, Paul Dubois, cy devant immatriculé, demander au bureau un jour pour subir son premier examen, et on
lui avait accordé le mercredy prochain vingt-six du courant, sans préjudice aux droits et privilège de M.
Boulduc pour son fils, étant fils de maître (18).

Cette dernière restriction demande une explication.

Les fils de maître avaient un certain nombre de privilèges, dont quelques-uns se rapportant au nombre et à la
manière de leurs examens étaient parfaitement déterminés. D’autres beaucoup moins bien définis, avaient trait
au rang dans lequel ils pouvaient passer ces examens, quand ils étaient inscrits concurremment aux aspirants
ordinaires. Ils pouvaient, en effet, faire leur chef-d’œuvre avant ces candidats, alors même que ceux-ci avaient
été immatriculés avant eux, et par suite être portés en meilleure place sur le tableau du catalogue des maîtres et
jouir des prérogatives que conférait cette priorité du rang. Mais dans quelles limites pouvaient s’exercer ces
droits ? La question n’était pas suffisamment réglée et des contestations s’élevaient fréquemment, dont nous
trouvons le souvenir dans les délibérations de la communauté. Ce ne fut que fort tard en 1714, qu’on aborda
franchement cette discussion et qu’on établit des règles à cet égard (19).

Dans le cas spécial dont il s’agit, Boulduc ne passa son premier examen qu’après Paul Dubois, le 8 février
1695 ; mais le 25 février, conduit par M. F. Geoffroy, il recevait du bureau le programme de son chef-d’œuvre
(Pulvis contra pestem de la description de Renou, et Diascordium de Fracastorius), et il terminait tous ses actes
le 14 du mois de mars, près de deux mois avant la réception définitive de son camarade.

La situation de sa famille, l’autorité dont jouissait son père, son propre mérite devaient le faire remarquer
aussi bien dans le cercle qu’en dehors de la corporation. Aussi fut-il nommé successivement garde en 1710,
juge, consul, enfin échevin en 1728. Cette dernière fonction lui avait valu entre autres faveurs la concession de
lignes d’eau de la Ville de Paris ; il marqua son attachement à la corporation en obtenant de faire transporter au
service du Jardin de la rue de l’Arbalète, ce don qui lui avait été fait pour lui-même et pour sa maison (20).

Ses travaux scientifiques lui avaient ouvert le Jardin des Plantes, où il remplit comme son père les fonctions
de démonstrateur de chimie, et aussi l’Académie des Sciences. En 1699, il était entré dans cette compagnie en
qualité d’élève et devenait en 1727 associé ordinaire. C’est dans les mémoires de l’Académie que furent insérés
ses travaux, se rapportant tous à des sujets variés, mais avec ce caractère commun d’être scientifiques, sans
perdre de vue le côté pratique et pharmacologique. Il s’était occupé, concurremment avec Geoffroy, du sel de
Seignette et était arrivé aux mêmes résultats que lui. « Pendant que M. Boulduc lisait à l’Académie son
mémoire sur le sel de Seignette et qu’il montrait un cristal qu’il venait de faire de ce sel, M. Geoffroy qui
travaillait comme lui sur cette matière, sans qu’ils s’en fussent rien communiqué, entra dans l’assemblée,
reconnut le sel Polychreste à la première inspection de son crystal et sur le champ il en alla chercher de tout
pareil qu’il avait fait aussi. L’Académie ayant vu les pièces justificatives de part et d’autre, et entendu
contradictoirement les parties, jugea que la découverte serait donnée sous les deux noms, comme elle l’a été, en
effet, dans l’histoire de 1731. Il y a dans toutes les sciences des principes et des règles invariables, qui ne
peuvent manquer de conduire au même but ceux qui sçavent les manier (21). »

Boulduc avait été nommé, en 1712, premier apothicaire du roi, et en 1735, premier apothicaire de la reine.
Comme son père, il avait une grande réputation d’honnêteté et aussi de science. Saint-Simon, dont il était
l’apothicaire, en a parlé très avantageusement dans ses mémoires. « C’était, dit-il, un excellent apothicaire du
roi, qui, après son père, avait été et était encore le nôtre, avec un grand attachement et qui en savait pour le
moins autant que les meilleurs médecins, comme nous l’avons expérimenté, et avec cela beaucoup d’esprit et
d’honneur, de discrétion et de sagesse (22). »

Boulduc usa toujours de ces relations à la cour dans l’intérêt de la corporation : il assistait probablement peu
aux réunions de la rue de l’Arbalète ; sa signature ne se trouve que rarement au bas des comptes rendus ; ses
105
fonctions le retenaient très souvent à Versailles : il ne se rendait guère au bureau des apothicaires que dans les
circonstances importantes.

Son portrait de la salle des Actes porte inscrit sur la toile : Ægid. Francisc. Boulduc Parisinus Regis et
Reginæ Pharmacop. Primarius è regiâ Scientiar. Academia Dudum præfectus consul et Œdilis. Il porte une
grosse perruque de couleur grise, pas de moustache ni de royale ; les traits sont forts, le visage pâle, la
physionomie moins éveillée et moins vive que celle de ses prédécesseurs.

Les relations liées entre M. F. Geoffroy et Simon Boulduc se continuent toutes semblables entre leurs fils.
C’est F. G. Boulduc, qui est le conducteur de Claude-Joseph Geoffroy (23) et à son tour, c’est ce dernier qui
introduit dans la corporation le fils de Gilles, Jean-François Boulduc (24).

4° Jean-François Boulduc était tout jeune quand son père mourut en janvier 1744 ; il n’avait que quatorze
ans, mais il avait obtenu du vivant de Gilles Boulduc la survivance de sa charge ; il fut donc nommé apothicaire
du roi. Trois ans après, Claude-Joseph Geoffroy le faisait immatriculer, et le 17 mars 1745, il lui faisait donner
les compositions pour son chef-d’œuvre et dans le nombre le sel Polychreste soluble de Seignette, qui rappelait
à la fois les travaux de son père et ceux de son patron.

Jean-François Boulduc n’a pas laissé de traces bien remarquables, ni dans les Actes de l’école, où nous
trouvons à peine sa signature (25), ni dans les sociétés pharmaceutiques. II remplit très probablement sans grand
éclat sa charge d’apothicaire du roi et continua, rue des Boucherie-Saint-Germain, la gestion de son officine.
D’après le Dr Dureau (26), il avait amassé une belle collection de conchyologie, ce qui laisserait supposer qu’il
s’était adonné à l’histoire naturelle. Les listes de l’almanach royal le portent jusqu’en 1768 parmi les
apothicaires du roi. A partir de 1769, il n’en est plus question ; il est probable qu’il est mort à cette époque.
Ainsi s’éteint la dynastie des Boulduc.

Jeton de Bois-le-Duc frappé en 1713 relatif à la paix d’Utretch, pour mettre fin à
la guerre de Succession d’Espagne. La France conserve (article 15) le centre de
son empire nord-américain, avec la vallée du Saint-Laurent, les Grands Lacs et
la Louisiane. (Voir page 271.)
(1750-1770)
106
Au terme de cette esquisse historique, nous pouvons, en connaissance de cause, confirmer notre impression
initiale sur la très grande analogie dans le développement des deux familles, dont nous nous sommes occupé.
Leur marche est sensiblement la même. Baptiste et les premiers Etienne Geoffroy préparent l’importance
sociale de la famille comme les Boulduc créent des ressources pour leurs successeurs apothicaires. Avec le
dernier Etienne Geoffroy et Pierre Boulduc, les deux familles prennent l’une et l’autre une place remarquée
parmi leurs confrères et dans le commerce de la ville de Paris. Simon Boulduc, avec une valeur personnelle,
supérieure au point de vue scientifique, Etienne-François, avec plus de surface et des relations sociales plus
étendues, font à leurs fils une situation fort enviable, que ceux-ci augmentent encore par leur mérite personnel et
la valeur de leurs travaux. Puis, au moins au point de vue pharmaceutique, le déclin arrive rapidement, avec
deux descendants morts jeunes l’un et l’autre et qui n’ont pas laissé de successeur direct.

Boulduc (Louys)
(maître épicier en 1595)

Louys Boulleduc Pierre Boulleduc


(maître-épicier en 1622) (maître-épicier en 1622)
probablement le même
que Pierre Boulduc
maître-apothicaire en 1636

Simon Boulduc
(maître en 1672)

Gilles-François Boulduc
(1675-1742)
(maître en 1695)

Jean-François Boulduc
(1728-1769)
Armes de la compagnie des apothicaires et épiciers de Paris (1629) (maître en 1743)
Source : Histoire de la pharmacie en France, M. Bouvet, 1937.

Notes et bibliographie.
(1) Le 17 mai 1595.
Registre nº 7 des Archives de l’Ecole. — (Registre en parchemin. — Contenant de nombreuses immatricules de
1576 à 1645, feuillet 164.)
(2) Voici le texte de lettres patentes de Louis XIII portant confirmation de nouveaux statuts en 29 articles pour
le corps de l’épicerie et apothicairerie. — 28 novembre 1638.
« 8. — Seront, tenus ceux qui aspireront à la maistrise, faire leur apprentissage par le temps et espace de quatre
ans entiers pour les appoticaires espiciers, et trois ans pour les marchands espiciers, et ce pendant demeurer en
la maison et boutique d’un maître y servant actuellement et exerçant la ditte marchandise, lors de laquelle entrée
sera passé brevet d’apprentissage par devant notaires, qui sera dûment controllé par lesdits gardes et
immatriculé pour estre par ledit aspirant reçeu en son rang, et après lesdits quatre ans expirés pour lesdits
appotiquaires et trois ans pour lesdits espiciers, ceux qui se voudront faire recevoir maistres seront tenus de
rapporter leur dit brevet d’apprentissage, avec la quittance et le certificat et attestation du maistre chez lequel il
aura fait son dit apprentissage, comme il l’aura bien et fidèlement servi ; outre lequel temps d’apprentissage,
ceux qui aspireront à se faire recevoir maistres appoticaires seront tenus de servir les maistres du dit art pendant
le temps et espace de six ans soit en cette ville de Paris ou ailleurs ; et ceux qui voudront se faire recevoir
marchands espiciers, trois années, et rapporteront certificat des dits services... Ce fait seront les aspirans
diligemment examinez par ledits gardes sur le fait de la marchandise et art, et choses en deppendantes, et feront
le chef d’œuvre qui leur sera ordonné et prescrit par lesdits gardes.

107
« (Pour ce qui est de l’aspirant apothicaire, il devait subir d’abord un examen sur la grammaire, faire son
apprentissage, ses six ans de service, subir un premier examen sur les principes de la pharmacie ; un second sur
les plantes ; puis faire un chef d’œuvre, ou composition de 5 médicaments.)
« 12. — Et pour le regard des enfants des marchands espiciers ilz seront reçeus en subissant par eux l’examen
seulement, sans estre tenus de faire aucun chef d’œuvre.
« 13. — Et pour le regard des enfants des maistres appoticaires, seront seulement tenus de subir le premier
examen et faire le chef d’œuvre qui leur sera ordonné par les deux gardes, de deux compositions seulement. »
(Métiers et corporations de la Ville de Paris, I, XIVe-XVIIIe siècles. — Ordonnances générales. Métiers de
l’alimentation, par René DE LESPINASSE. Paris ; page 527-285.)
(3) « Louys Boulleduc fils de feu Louys Boulleduc a esté reçeu par examen comme fils de mestre le onzièmne
feburier 1622.
« Et le dit jour a esté reçeu Pierre Boulleduc fils de Louys Boulleduc cy dessus nommé par examen. »
(Registre nº 7, feuillet 103, verso.)
(4) Ibid. feuillet 173, verso.
(5) Ibid., feuillet 117.
(6) Ibid., feuillet 146, verso.
(7) Voir page 335 l’original avec la signature de Geoffroy Etienne II.
(8) Registre n° 21 des Archives de l’École (Elections des juges, consuls et conseillers, page 29).
(9) Voir G. PLANCHON. — Le Jardin des Apothicaires, page 70 et Journal de Pharmacie et de Chimie [5] t.
XXIX, 332.
(10) Telle est la description que veut bien nous communiquer notre confrère M. Boymond ; il l’extrait de
l’Armorial général de J.-B. RIETSTAP, Gouda, 1884, t. I, page 267 au nom BOULDUC. Tel devait être le
blason primitivement peint sur le portrait : mais la plupart de ces blasons avaient disparu à l’époque de la
Révolution sous une couche de peinture et ils ont été rétablis plus tard sans grande préoccupation d’exactitude,
au point de vue des couleurs, souvent même en contradiction avec toutes les règles de l’art héraldique.
Actuellement le fond de l’écu est jaunâtre, le chevron de couleur blanche, les étoiles de la même couleur, ce qui
constitue une grosse hérésie ; les boules sont de couleur rouge, les oiseaux (ducs) sont tout à fait effacés. Il est
facile de voir par le vrai blason que c’étaient des armes parlantes, les boules et les ducs formant ensemble le
nom de la famille Boulduc.
(11) Ibid. page 49.
(12) Histoire de l’Académie royale des Sciences. Année 1742. Paris, de l’Imprimerie Royale, 1745, page 167.
(13) Registre, n° 21. Ancien Livre des Immatricules des Marchands Appoth. Epiciers quy commence en
Lannée 1604, page 51.
(14) Livre des Délibérations (Assemblée du 6 mars 1722).
(15) Il y a plusieurs apothicaires de cette communauté qui se piquent d’avoir chez eux un grand assortiment de
préparations chimiques et pharmaceutiques : par exemple.
Messieurs Geoffroy, rue Bourtibourg, et Bolduc, rue des Boucheries-Saint-Germain, qui opère au Jardin des
Plantes.
(Le Livre commode des adresses de Paris pour 1692, par Abraham du Pradel (Nicolas de Bleigny.) Edit. Paris,
Daffis édit., 1818. I, page 165.
(16) Histoire de l’Académie des Sciences. Année 1742. Paris 1745, page 168.
(17) Registre 21 des Archives, pages 56 et 57.
(18) Voir Journ. de Pharm. et de Chimie, [6] t. VII, 289, 337 et t. IX, 233 et 382.
(19) Délibération du 30 octobre 1714.
Ce jourd’huy trentième d’octobre mil sept cents quatorze. La compagnie étant assemblée en nombre suffisant
pour pouvoir délibérer sur les matières qui seroyent proposées, Messieurs les gardes ont représenté qu’il serait
bon de prévenir dans la suitte les contestations qu’on a veu survenir depuis quelque temps entre les aspirants,
fils de maîtres, aspirants à l’ordinaire ou aggregez, au sujet du rang ou lieu qu’ils devoyent avoir sur le
catalogue des marchands apothicaires espiciers, qui est la règle que l’on suit dans les nominations et dans toutes
les assemblées, où les confrères ont droit de séance en voix délibérative pour donner leurs suffrages ; lesquelles
contestations n’arrivent que par rapport au temps et à la datte des différentes immatricules et par rapport au
nombre et à la distance des actes faits devant ou après les immatricules des uns et des autres.
108
La matière mise en délibération d’une commune voix la compagnie a jugé à propos d’établir pour règle
constante, qui sera reconnue et suivie à l’avenir les articles suivants sçavoir :
1e Lorsqu’un fils de maître sera immatriculé entre les deux examens d’un aspirant à l’ordinaire, il aura de droit
son rang dans la compagnie et sur le catalogue avant le dit aspirant, pourveu qu’il subisse son examen un mois
après son immatricule, lequel examen l’autre aspirant pourra subir son examen des plantes, ensuite le fils de
maître fera son chef d’œuvre avant luy et prestera serment le premier devant M. le lieutenant général de police,
pourveu que l’espace de temps entre son examen et son chef d’œuvre ne soit pas de plus de quinze jours.
2e Lorsque le fils de maître ne sera immatriculé qu’après les deux examens d’un autre aspirant, il ne pourra pas
prétendre avoir rang dans la compagnie ou sur le catalogue avant ledit aspirant, a condition néanmoins que ledit
aspirant fera son chef d’œuvre dans quinze jours a compter de l’immatricule du fils de maître, moyennant quoy
il sera présenté le premier à la prestation de serment et aura son rang avant ledit fils de maître.
3e Pour ce qui est de ceux qui seront receus par aggrégation, s’ils sont immatriculés après un fils de maître ou
un autre aspirant, ils n’auront point rang dans la compagnie avant les dits fils de maître ou autres et ne seront
point présentez à la prestation de serment avant eux, à condition que les fils de maîtres ou autres subiront leurs
examens et feront leurs chef d’œuvre dans les distances de temps qui suivent.
Les fils de maître un mois après leur immatricule subiront leur examen et quinze jours après leur examen
feront leur chef d’œuvre.
Les autres aspirants subiront leur premier examen quarante jours après leur immatricule, vingt jours après leur
premier examen ils subiront le second, et quinze jours après leur second examen ils feront leur chef d'œuvre.
Lesquelles distances de temps entre les examens et chefs d’œuvres ci dessus marquées, n’auront lieu à la
rigueur qu’au cas de concurrence entre les aspirants pour le rang. La compagnie par la présente délibération
fixant le temps des exercices pour les réceptions ordinaires à l’espace de trois mois au plus pour les examens et
chefs d’œuvres.
Tout ce que dessus a esté receu et approuvé par les suffrages unanimes de toute la compagnie et les confrères
marchands apoticaires epiciers presents à l’assemblée ont signé, fait et arrêté en notre bureau ce trentième jour
d’octobre mil sept cents quatorze.
(Livre des Délibérations, n° 37, page 67.)
(20) Voir dans le livre II des Archives, Concessions d’eau, les pièces portant les numéros 19 et 23.
(21) Histoire de l’Académie des Sciences pour 1742 (Éloge de Gilles Boulduc), p. 169.
(22) Saint-Simon. Mémoire. Edit. Hachette, in-18, t. VI, p. 238.
(23) Registre n° 21, page 82.
(24) Registre n° 22, page 170.
(25) Voici le fac simile de la signature des trois derniers Boulduc : la première de Simon ; les deux suivantes
de François Gilles — l’une avec une F pour se distinguer de son père, l’autre sans F après la mort du père ; la
dernière de Jean-François.

(26) Dr DUREAU. Notes Biographiques sur quelques naturalistes ayant habité le VIe arrondissement (Bulletin
de la Soc. Hist. du VIe arrondissement de Paris. Avril-sept., 1898, page 80).
109
Revue d’Histoire de la Pharmacie, TOME PREMIER
1930
LES GRANDS PHARMACIENS
Apothicaires membres de l’Académie Royale des Sciences
III. Simon BOULDUC
(par Paul Dorveaux)
(Pages 5–15)
Simon Boulduc est issu d’une famille d’épiciers parisiens, dont Gustave Planchon a publié l’histoire en 1899
1
( ).

Son père, Pierre Boulduc, né en 1607, pratiqua l’épicerie, rue des Boucheries, Faubourg-Saint-Germain, puis
il se fit recevoir maître apothicaire (2 décembre 1636), et devint garde de la communauté (1661-1663). Il obtint
à la cour une charge qui lui valut tous les privilèges accordés aux officiers des maisons royales, y compris les
armes parlantes que l’on voit figurées à l’angle supérieur droit de son portrait (2). Sa nombreuse clientèle
comprenait quelques familles aristocratiques, entre autres, la famille de Saint-Simon : le duc a mentionné à
plusieurs reprises les Boulduc dans ses Mémoires.

110
Né vers 1652 (3), Simon Boulduc fit des études classiques, puis il s’initia chez son père à la profession
pharmaceutique. Il fut reçu à la maîtrise le 8 novembre 1672, en qualité de fils de maître. Le registre des
immatriculés (4) où sont consignés les examens de 1604 à 1711, ne contient aucun des actes passés entre le 8
octobre 1666 et le 7 février 1673, par suite de la négligence des gardes remplissant les fonctions de secrétaires
pendant ce laps de temps ; mais la Faculté de médecine possède un registre (5) dit « du concordat », que les
candidats reçus maîtres devaient signer avant d’aller prêter serment devant le Lieutenant Civil, et où on lit ce
qui suit :
I. Simon Boulduc parisinus die VIII. novembris M.DC.LXXII, me professore DLV [de La Vigne].
Ego Simon Boulduc Parisinus in Pharmacopoeorum Parisiensium ordinem aggregatus, sub doctissimis clarissimisque medicis et
pharmaciae professoribus D.D. magistris Petro Perreau, Paulo Courtois et Michaele de La Vigne, polliceor me omnia in articulis
contenta servaturum, de quibus doctores medici et pharmacopoei convenerunt. Datum Parisiis die octavo novembris anni millesimi
sex centesimi septuagesimi secundi.
(Signé :) BOULDUC.

Le 10 février 1674, Boulduc, débute dans la juridiction consulaire (appelée de nos jours tribunal de
commerce), par le poste de conseiller des consuls pour l’apothicairerie, lequel lui est assigné par les gardes en
charge ; en 1698, il est élu consul et il devient juge en 1707.

En 1683, il fait avec Mathieu-François Geoffroy et Antoine Josson, une préparation publique de thériaque,
dont les programmes sont exposés dans la salle de lecture de la bibliothèque de la Faculté de Pharmacie.

Enfin, de 1687 à 1690, il remplit les fonctions de garde à la Communauté des maîtres apothicaires.

Nicolas de Blégny l’a mentionné dans son Livre commode des adresses de Paris, pour 1692, où on lit ce qui
suit :
Il y a plusieurs apothicaires de cette Communauté qui se piquent d’avoir chez eux un grand assortiment de préparations chimiques
et pharmaceutiques, par exemple : messieurs Geoffroy, rue Bourtibourg, et Bolduc (sic), rue des Boucheries-Saint-Germain, qui opère
au Jardin Royal des Plantes (6).

A cette époque, Boulduc avait un laboratoire au Jardin Royal des Plantes, ou il était démonstrateur de chimie.

Boulduc, académicien et le médecin de Chaudray.

Sa réception à l’Académie des Sciences a été relatée de la façon suivante :


Le samedy 7e d’aoust 1694. M. l’abbé Bignon a présenté à la Compagnie de la part de Monseigneur de Pontchartrain, M. Boulduc,
pour être de l’Académie et travailler conjointement avec M. Homberg à la chymie ( 7).

A la séance du 1er février 1696, le médecin Dodart lit « deux lettres touchant le paysan de la Chaudraye (sic),
proche Maigny, qui est en grande réputation pour ses remèdes », et l’Académie décide que Boulduc ira sur
place faire une enquête sur ce charlatan. Le 15 février, Boulduc lit le récit de la visite qu’il a faite au médecin de
Chaudray : « La conférence qu’il a eue avec lui, dit le procès-verbal de la séance, ne luy persuade pas que ce
soit un habile homme ».

La biographie du médecin de Chaudray a été faite par Auguste Benoit, conseiller à la Cour d’appel de Paris,
et publiée sous le titre suivant : « Notice sur Christophe Ozanne, médecin empirique de Chaudray, près de
Mantes. Chartres, imprimerie de Garnier, 1874 » (in-16 de 47 pages, extrait des Procès-verbaux de la Société
archéologique d’Eure-et-Loir, t. V, pp. 58-77). En 1927, elle a été reproduite dans la Chronique médicale, sans
indication de source.

L’Académie dit Chaudray « proche Magny », et Benoît, « près de Mantes » ; à vrai dire, Chaudray est situé
entre ces deux localités.

111
Christophe Ozanne, né à Chaudray, hameau de la paroisse de Villers-en-Arthies (Vexin français, aujourd’hui
département de Seine-et-Oise), fut baptisé à l’église de ce village le 15 novembre 1633 ; il mourut le 18 février
1713. Jean Bernier n’en parle pas dans ses Essais de médecine (Paris, 1689 ; supplément, Paris, 1691), qui
contiennent un long chapitre sur les charlatans ; mais Dionis l’a dépeint dans son Cours d’opérations de
chirurgie (Paris, 1707, pp. 659-660, et éditions postérieures). D’autres auteurs l’ont mentionné : M. de
Coulanges, dans une lettre à Madame de Sévigné, datée du 27 janvier 1696 ; Bossuet, dans deux lettres à
Madame de Beringhen, abbesse de Faremoutiers, diocèse de Meaux, en date des 21 septembre et 6 octobre
1696 ; le poète Boudier de la Jousselinière, qui florissait à Mantes ; l’abbé Bordelon, dans Les malades de belle
humeur, ou lettres divertissantes écrites de Chaudray (Paris, 1697) ; Louis-Théodore Hérissant dans ses
Nouvelles recherches sur la France (Paris, 1766). Tous ces auteurs sont cités par Benoît, qui a ignoré Madame
d’Aulnoy, le poète Baraton et une comédie en un acte : « Le Médecin de Chaudray », publiée en 1698.

Dans un des Contes des fées de Madame d’Aulnoy, intitulé : « Babiole », la princesse de ce nom fait porter le
prince blessé, son futur mari, « dans le plus bel appartement du palais, où rien ne manquait de tout ce qui lui
était nécessaire pour sa guérison : médecin de Chodrai (sic), chirurgiens, onguens, bouillons, sirops ».

Quant à l’épigrammatiste Baraton, il a imaginé une consultation ridicule, donnée à la jeune femme d’Alidor
par le médecin de Chaudray, au sujet duquel il s’exprime ainsi :

On sait que sans latin, sans grec et sans science,


Avec sa seule expérience,
Sur les maux souvent il dit vray.

En 1696, le médecin de Chaudray était dans l’apogée de sa gloire : les nombreuses citations que je viens de
faire le témoignent, ainsi que les estampes qui lui ont été consacrées. L’une d’elles, de format in-plano, est
particulièrement remarquable : intitulée « Christophe Ozanne, médecin de Chaudray » et ornée d’un
« Almanach pour l’an de grâce M. DC. XCVII », elle est analogue aux almanachs artistiques qui commémorent
les faits et gestes de Louis XIV. La bibliothèque de l’institut en possède un exemplaire, relié avec ces
almanachs très rares et très recherchés.

Il eut été intéressant de connaître le rapport de Boulduc sur Christophe Ozanne ; malheureusement cette pièce
a disparu, ainsi que les deux lettres qui ont occasionné son voyage à Chaudray.

Boulduc, académicien pensionnaire.

Le 16 janvier 1699, Louis XIV procédait au renouvellement de l’Académie des Sciences par l’octroi d’un
règlement en 50 articles, dont le deuxième établissait « quatre sortes d’académiciens : les honoraires, les
pensionnaires, les associés et les élèves », et le vingt et unième disait qu’ « au commencement de chaque année,
chaque académicien sera obligé de déclarer par écrit à la Compagnie le principal ouvrage auquel il se propose
de travailler ». Ce règlement était suivi d’une liste des académiciens, dressée par M. de Pontchartrain avec la
collaboration de l’abbé Bignon, et approuvée par le roi, dans laquelle « Boulduc, chimiste » figure comme
« académicien pensionnaire » (8).

Le règlement et la liste des membres furent lus dans la séance du 4 février. Immédiatement, ces messieurs se
mirent à l’œuvre pour la rédaction des projets de leurs futurs travaux, lesquels furent communiqués à
l’Académie le 28 février. Celui de Boulduc est ainsi conçu :
Il seroit très important de connoistre en quoy consiste la vertu des médicamens purgatifs. Les plus habiles d’entre les modernes,
quoyque beaucoup plus éclairés sur cette matière que les anciens, n’en ont presque donné qu’une histoire naturelle, mais M. Boulduc
entreprend d’en faire une recherche phisique par l’analise, par les mixtions et les fermentations qu’il fera de ces médicamens, en
suivant par ordre leurs genres et leurs espèces. Comme c’est un travail d’une très longue discussion et qui demande un grand nombre
d’expériences, il ne sera fait tout au plus que dans deux ans, et ce pourra être un in-quarto de 200 pages (9).

112
Boulduc, apothicaire privilégié.

Boulduc a rempli plusieurs charges à la Cour. Il y fut : « apothicaire-artiste du Roy », c’est-à-dire apothicaire-
chimiste de Louis XIV, puis de Louis XV ; apothicaire de Son Altesse Royale, Madame Douairière d’Orléans,
autrement dit, de la princesse Palatine Elisabeth-Charlotte de Bavière, seconde femme de Philippe Ier d’Orléans
(le Régent), laquelle mourut en 1722 ; enfin, apothicaire de la reine douairière d’Espagne, Louise-Marie-
Elisabeth d’Orléans, quatrième fille du Régent et veuve de Louis Ier roi d’Espagne, laquelle était revenue à la
cour de France après son veuvage (1724). Il figure dans l’Almanach Royal pour les années 1726 et 1729, à la
suite des « Médecins et chirurgiens de la reine II. douairière d’Espagne » (la reine I. douairière d’Espagne était
Marie-Anne de Bavière-Neubourg, veuve de Charles II, qui habitait Bayonne).

Boulduc avait sa demeure et sa boutique, rue des boucheries, Faubourg-Saint-Germain, dans la maison de ses
ancêtres. En sa qualité d’apothicaire du roi, il a eu bien d’autres domiciles : au Palais-Royal jusqu’en 1720, dit
l’Almanach Royal ; au Cloître Saint-Honoré, de 1720 à 1722 ; rue Saint-Honoré, de 1722 à 1729, date de sa
mort, sans compter les résidences dans les châteaux fréquentés par le roi. En février 1712, Boulduc est à Marly
avec la cour ; il y assiste à la maladie et à la mort du dauphin Louis, duc de Bourgogne, père du futur Louis XV.
Le duc de Saint-Simon s’y trouve également ; voici le passage de ses Mémoires où il parle de Simon Boulduc :
Le mercredi 17 (février 1712), le mal (c’est-à-dire la maladie du dauphin) augmenta considérablement. J’en savois à tout moment
des nouvelles par Cheverny, et quand Boulduc pouvoit sortir des instants de la chambre, il me venoit parler. C’étoit un excellent
apothicaire du Roi qui, après son père, avoit toujours été et étoit encore le nôtre, avec un grand attachement, et qui en savoit pour le
moins autant que les meilleurs médecins, comme nous l’avons expérimenté, et avec cela, beaucoup d’esprit et d’honneur, de discrétion
et de sagesse. Il ne nous cachoit rien à Mme de Saint-Simon et à moi (10).

Saint-Simon mentionne de nouveau Boulduc à l’occasion du décès de la dauphine Marie-Adélaïde de Savoie,


survenu quelques jours avant celui de son époux (11).

Tous deux avaient été emportés par une fièvre éruptive (rougeole ou scarlatine), et ces morts foudroyantes
faisaient dire à Fagon et à Boudin, médecins du roi, que le dauphin et la dauphine avaient été empoisonnés.
Boulduc opinait dans ce sens, à tel point qu’ « il assura (à Saint-Simon) en être convaincu (12) ».

De même lorsqu’il s’agit, sur la fin d’avril 1714, de la maladie de Charles-Emmanuel, duc de Berry,
troisième fils du Grand Dauphin, Boulduc fit un pronostic fatal.
Dès ce jour-là, dit Saint-Simon, je sus qu’en croire : Boulduc, apothicaire du Roi, qui étoit extrêmement attaché à M me de Saint-
Simon et à moi, et dont j’ai eu quelque fois occasion de parler, me glissa à l’oreille qu’il [le duc de Berry] n’en reviendroit pas et
qu’avec quelque petit changement c’étoit au fond la même chose qu’à Monsieur et Madame la Dauphine ( 13).

En effet, le duc de Berry, mourut le 4 mai 1714.

Boulduc figure encore dans les Mémoires de Saint-Simon en 1720. A cette date, il y avait à l’Hôtel-de-Ville
une place d’échevin vacante que Saint-Simon aurait voulu voir occupée par Boulduc. Il en parla au Régent, qui
lui « accorda son agrément » ; mais le prévôt des marchands, Charles Trudaine, refusa cette place à Saint-Simon
« avec la dernière brutalité » ; d’où colère du Régent qui révoqua Trudaine et le remplaça par le marquis de
Châteauneuf. Saint-Simon plaidant la cause de Trudaine devant le Régent, s’exprime ainsi :
Pour donner plus de poids aux miennes (paroles), je lui dis (au Régent) que ce n’étoit point par amitié pour Trudaine que je lui
parlois, puisqu’il pouvoit se souvenir qu’il m’avoit accordé son agrément d’une place d’échevin de Paris pour Boulduc, apothicaire du
Roi, très distingué dans son métier, et que j’aimois beaucoup de tout temps ; que là-dessus je l’avois demandée à Trudaine qui me
l’avoit refusée avec la dernière brutalité. Le Régent s’en souvint très bien, mais insista toujours et moi aussi. L’altercation fut encore
plus vive sur le maréchal de Villeroy (14).

Six ans après, Gilles-François Boulduc fut plus heureux que son père : il réussit à obtenir l’échevinat. Saint-
Simon y fut-il pour quelque chose ? C’est possible ; en tout cas ses Mémoires, finissant en 1723, ne nous
renseignent pas à ce sujet.
113
Boulduc, vétéran.

On lit, dans le procès-verbal de la séance du 24 avril 1723, ce qui suit : « M. l’abbé Bignon a dit que M.
Boulduc avoit demandé au Roy de se retirer de l’Académie en conservant la place de vétérinan, qu’il l’avait
obtenu et qu’on procéderoit à la huitaine à nommer trois sujets pour la place de chimiste pensionnaire » (15).
Le 30 avril, l’Académie désignait l’apothicaire Geoffroy le cadet, c’est-à-dire Claude-Joseph Geoffroy, le
médecin François Petit, dit Pourfour du Petit, et le chimiste Du Fay, pour la place de Boulduc, et le 14 mai, le
roi nommait Geoffroy, chimiste-pensionnaire.
Le titre de vétéran ne figure pas dans les règlements octroyés à l’Académie des Sciences. C’était un titre
spécial que pouvait obtenir tout officier qui, ayant exercé une charge pendant un certain temps, la quittait pour
un motif honorable ; sur sa demande, il recevait alors, du roi, des lettres dites de vétérance. Le vétéran
conservait les honneurs et privilèges attachés à son ancienne charge : ainsi, l’académicien-vétéran avait le droit
d’assister aux séances de l’Académie, qui, sous l’ancien régime, n’étaient pas publiques. C’est ce que fit
Boulduc, car les procès-verbaux signalent sa présence aux assemblées des 12 et 16 juin 1723, des 21, 28 et 30
juillet, du 4 août, etc…
Le premier vétéran nommé à l’Académie des Sciences fut Joseph Sauveur, professeur royal de
mathématiques et examinateur des ingénieurs, qui, ne pouvant assister aux séances à cause des obligations qui
l’attachaient à la cour, avait demandé à Louis XIV de conserver quelque entrée aux assemblées. Le 28 février
1699, M. de Pontchartrain mande à l’abbé Bignon « que le Roy a agréé la démission de M. Sauveur et luy
conserve l’entrée aux assemblées en qualité de vétéran ».
Un autre académicien, Denis Dodart, médecin de Madame la princesse de Conti, douairière, avait, au
commencement de ce mois de février 1699, été informé que sa charge l’obligeant à vivre hors de Paris, il devait,
en vertu de l’article 4 du règlement du 26 janvier 1699, être remplacé, mais que le roi, par une faveur spéciale,
le maintenait botaniste-pensionnaire. On n’avait pas alors songé à conférer la vétérance à Dodart.
C’est seulement le 23 mars 1707 que Louis XIV octroye aux vétérans de l’Académie des Sciences un statut
que Fontenelle communique à l’Assemblée du 2 avril suivant. Il y est spécifié :
Que les vétérans ayent toujours entrée dans toutes les assemblées ;
Qu’ils y aient les premières places dans la classe dont ils étoient avant que d’être devenus vétérans ;
Que de même ils ayent la voix délibérative, telle qu’ils l’avoient avant que d’être devenus vétérans ;
Qu’ils ne puissent être nommez pour remplir les places d’officiers, ny pour les commissions particulières ;
Qu’ils n’ayent plus de part à la distribution des jettons, ny de droit de nommer des élèves ;
Qu’ils puissent se servir des privilèges des Académies pour l’impression de leurs ouvrages ;
Qu’ils ayent un exemplaire des livres que l’Académie fait imprimer, et qu’il leur soit fait un service après leur mort, comme pour
les autres académiciens (16).

Mort de Boulduc. Son portrait, ses armoiries.

Simon Boulduc mourut à Paris, le 23 février 1729, laissant un fils apothicaire, Gilles-François, qui était son
confrère à l’Académie des Sciences. Fontenelle qui, en 1699, avait pris l’engagement de faire à l’avenir l’éloge
des membres de l’Académie des Sciences, oublia de prononcer celui de Simon Boulduc. Son successeur au
secrétariat de l’Académie, Dortous de Mairan, fit, en 1742, l’éloge de Gilles-François ; il en profita pour
rappeler que « Simon Boulduc, ancien juge-consul, et apothicaire de feue Madame et de la Reine Douairière
d’Espagne, avait aussi été démonstrateur en chymie au Jardin Royal et membre de cette Académie, d’abord
élève, et successivement associé, pensionnaire et vétéran, jusqu’en l’année où il mourut ». Dortous de Mairan
ne s’est pas rappelé que les titres d’élève et d’associé dataient de 1699 et que Simon Boulduc ne les avait point
portés parce qu’il était entré à l’Académie antérieurement à cette date.

Gustave Planchon a parlé des relations amicales qui existaient entre les familles Boulduc et Geoffroy, et de la
considération dont Simon Boulduc jouissait dans la communauté des maîtres-apothicaires. Il a aussi décrit son
portrait, qui se trouve dans la Salle des actes de la Faculté de pharmacie et dont une reproduction accompagne
cette notice biographique. Ce tableau porte l’inscription suivante : Simon Boulduc Parisiensis, Pharmacop.

114
Regius, è Regiâ Scientiar. Academiâ, Praefectus et Consul, obiit anno 1729. On n’y trouve pas les armes qui lui
sont attribuées par d’Hozier :
Simon Boulduc, marchand apothicaire, dit cet illustre généalogiste, porte d’or à un chevron d’azur, chargé de trois étoiles d’argent
et accompagné de trois ducs (oiseaux) de sable chacun posé sur une boule de même ( 17).

Travaux scientifiques.

Boulduc a fait de nombreuses communications à l’Académie des Sciences, sur la chimie, la pharmacie, la
médecine et même la chirurgie (le 4 août 1700, il dit avoir signalé à Fagon une opération de la taille faite par
frère Jacques, laquelle fut suivie de la mort du patient) ; mais ses principales recherches ont porté sur les
médicaments purgatifs. Dans son « projet » de 1699, il disait que ce « travail d’une très longue discussion et qui
demande un grand nombre d’expériences, ne serait fait, tout au plus, que dans deux ans ». Or, Boulduc le
poursuivit pendant vingt ans, et, lorsqu’il l’abandonna, en 1720 (il avait alors 68 ans), il était loin d’avoir
terminé la longue étude qu’il avait entreprise. Les purgatifs qu’il a analysés sont les suivants : l’ipécacuanha
(que Boulduc met au nombre des purgatifs), la coloquinte, le jalap, la gomme-gutte, l’ellébore noir, la
scammonée, la gratiole, l’aloès, la rhubarbe, le méchoacan, la bryone, l’agaric blanc, les fleurs et les feuilles

115
tendres du pêcher, le sel d’Epsom, le concombre sauvage et l’élatérium. Les mémoires concernant ces drogues
ont été imprimés dans l’Histoire de l’Académie Royale des Sciences des années 1700 à 1719 inclusivement ; au
reste, toutes les publications de Boulduc ont paru dans ce recueil.
________
(1) PLANCHON (G.). Dynasties d’apothicaires parisiens. II : Les Boulduc (Journal de Pharmacie et de Chimie, 6e série, t. 9, pp. 332,
382, 470, 1899).
(2) Les portraits de Pierre Boulduc, de son fils Simon et de son petit-fils Gilles-François, se trouvent dans la Salle des actes de la
Faculté de Pharmacie de Paris. Leur blason est, d’après RIETSTAP (Armorial général, t. I, p. 267, Gouda, 1884) : « D’argent au chevron
d’azur, chargé de trois étoiles d’or et accosté de trois ducs (oiseaux), de gueules tenant sous leurs pattes une boule de sable. »
(PLANCHON, loc. cit., p. 383.)
(3) Simon Boulduc dut, comme son fils Gilles-François, obtenir la maîtrise à vingt ans, en qualité de fils de maître.
(4) Bibliothèque de la Faculté de Pharmacie. Archives des Apothicaires, registre 21.
(5) Le « Règlement pour les maîtres apothicaires de Paris », en 12 articles, dit « Concordat », qui occupe le manuscrit 84 de la
bibliothèque de la Faculté de Médecine, a été imposé aux pharmaciens par les médecins en 1631. D’après cet accord, les médecins
devaient présider les visites des officines et tous les actes concernant les réceptions à la maîtrise ; les apothicaires s’engageaient à ne
donner aucun médicament sans ordonnances de médecins de la Faculté et à n’exécuter aucune recette d’ « empirique ou opérateur » ;
enfin, les aspirants à la maîtrise devaient signer le concordat avant d’être présentés au Lieutenant civil. Dans le registre du concordat,
les adhésions des candidats sont rédigées en français jusqu’en 1648 ; celle de Pierre Boulduc est ainsi conçue : « Je prometz entretenir
les articles cy-dessus selon la forme et teneur. Faict ce deuxiesme de décembre mil six cent trente-six. (Signé :) P. BOULDUC. » A partir
de 1649, les adhésions sont presque toutes en latin. Le « Concordat » a été reproduit in extenso dans les Pandectes pharmaceutiques,
par Adolphe LAUGIER et Victor DURUY, Paris, 1837, pp. 82-86.
(6) Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, par Abraham DU PRADEL (Nicolas DE BLÉGNY), nouvelle édition, par Edouard
FOURNIER, t. I, pp. 165-166, 1878.
(7) Archives de l’Académie des Sciences. Comptes rendues des séances, registre 14, f o 23 ro.
(8) Histoire de l’Académie Royale des Sciences. Année 1699, Paris, 1702, p. 12. L’académicien « pensionnaire » recevait une
pension du roi.
(9) Procès-verbaux des séances de l’Académie des Sciences, registre 18, f o 142 vo.
(10) SAINT-SIMON. Mémoires, nouvelle édition par A. DE BOISLISLE (Les grands écrivains de la France), t. 22, pp. 301-302, Paris,
Hachette, 1910. A. de Boislisle ignorait que Simon Boulduc fût le fils de l’apothicaire Pierre Boulduc ; c’est pourquoi il a identifié le
Boulduc, dont parle Saint-Simon, avec Gilles-François, fils de Simon ; mais comme Gilles-François n’était pas encore apothicaire du
Roi en 1712, Boislisle a accusé Saint-Simon d’ « inexactitude ».
(11) La dauphine mourut le 12 février, et le dauphin le 18 février 1712.
(12) SAINT-SIMON, Mémoires, éd. A. DE BOISLISLE, t.22, p. 362, Paris, 1910.
(13) SAINT-SIMON, Mémoires, éd. A. DE BOISLISLE, t.24, p. 248, Paris, 1912.
(14) SAINT-SIMON, Mémoires, publiés par CHÉRUDEL et Ad. REGNIER fils, t. 17, pp. 105-106, Paris, Hachette, 1874.
(15) Procès-verbaux des assemblées de l’Académie Royale des Sciences, registre 42, fo 78 vo.
(16) Procès-verbaux des assemblées de l’Académie Royale des Sciences, registre 26, année 1707, fo 115 vo.
(17) Manuscrit français 32217, Bibliothèque Nationale. Communication de M. Maurice Bouvet. La description des armes de Simon
Boulduc faite par d’Hozier, diffère légèrement de celle de Rietstap, citée plus haut.

[Dans ce volume, en page 202, on trouve ces informations :


Gilles-François Boulduc. – Apothicaire de Louis XIV, puis de Louis XV, il meurt, comme
nous l’avons vu [autre référence en page 37, note (29) : « Et non en 1744, comme l’indique
Planchon »] en 1742 (11).
Jean-François Boulduc. – Son fils, Jean-François, qui lui succède, a également fait l’objet
d’une étude importante de G. Planchon.
Nous rappellerons cependant que, le 15 octobre 1749 par brevet spécial, il est autorisé par le
roi à séjourner « en Angleterre pendant six mois pour y vaquer à ses affaires (12) ».
En 1756, il reçoit un brevet d’assurance de 30.000 livres (13) et, le 20 novembre 1764 (14), il
reçoit la jouissance d’un terrain situé à Marly, près de l’abreuvoir, sous condition d’arracher le
bois, d’entourer ce terrain de murs, de ne pas y bâtir, de ne pas le louer, etc.
En 1766, le 19 juin, Claude-Etienne Forgeot lui est adjoint comme survivancier (15).
__________
(11) Sa fille femme, Marie-Anne Alexandre, âgée de 27 ans, est enterrée à Saint-Sulpice le 23 mai 1714 (morte le
22) (Bibliothèque Nationale, Manuscrit français 32594, folio 701).
(12) Archives Nationales, O1 93, 1749, folio 295.
(13) Ibidem, O1 100, 1756, folio 273.
(14) Ibidem, O1 108, 1764, folio 487.
(15) Ibidem, O1 110, 1766, folio 276. ]

116
Revue d’Histoire de la Pharmacie, TOME II
1931
LES GRANDS PHARMACIENS
Apothicaires membres de l’Académie Royale des Sciences
IV. Gilles-François BOULDUC (1)
(par Paul Dorveaux)
(Pages 113–117)
Gilles-François Boulduc naquit à Paris le 20 février 1675. Son père, Simon Boulduc, maître-apothicaire, rue
des Boucheries, au faubourg Saint-Germain, entra à l’Académie Royale des Sciences le 7 août 1694, c’est-à-
dire dix-neuf ans après la naissance de Gilles-François. Par conséquent, Dortous de Mairan, secrétaire perpétuel
de cette compagnie et auteur de l’Eloge de M. Boulduc fils, exagère lorsqu’il dit « M. Boulduc né, pour ainsi
dire, dans l’Académie des Sciences ». Il ajoute qu’il « avoit reçu l’éducation la plus propre à le rendre digne d’y
être assis un jour parmi ceux qui la composent », et que « cet honneur lui étoit sans cesse proposé par son père,
et comme le prix des connoissances qu’il devoit conquérir, et comme un des plus sûrs moyens de les augmenter,
de les rectifier et de les mettre utilement en pratique ».
Ses études classiques terminées, Boulduc commença chez son père l’apprentissage de la pharmacie et en
même temps « il s’appliqua à la physique de Descartes sous la direction de M. Régis », membre de l’Académie
de Sciences ; puis « il se voua entièrement à la chimie, qu’il étudia sous M. de Saint-Yon, médecin, professeur
au Jardin Royale des Plantes, et sous son père qui y était démonstrateur ».
Immatriculé 14 janvier 1695, Boulduc fut reçu maître apothicaire le 14 mars suivant : il venait d’avoir 20 ans.
Il était admis si jeune dans le corps parce qu’il était fils de maître et que ceux-ci jouissaient de certains
privilèges.
L’Académie des Sciences lui ouvrit ses portes quatre ans plus tard. Après avoir octroyé à cette compagnie
son premier règlement, le 26 janvier 1699, Louis XIV nomma tous les membres qui devaient en faire partie.
Boulduc père devint académicien pensionnaire, et le 14 février suivant, Boulduc fils fut agréé pour élève de son
père qui l’avait présenté.
La situation d’élève est définie dans le règlement du 26 janvier. On y lit que l’élève doit habiter à Paris, avoir
20 ans au moins, être de bonnes mœurs et de probité reconnue, travailler sous un maître qui soit académicien-
pensionnaire et s’appliquer à son genre de science. L’élève est présenté à l’Académie par son maître. S’il est
agréé à la pluralité des voix, il est proposé au roi qui le nomme. Dans les assemblées, l’élève doit se tenir
derrière l’académicien, son maître, et il n’a le droit de parler que s’il y est invité par le président. Après un
temps plus ou moins long, il peut devenir d’abord associé, puis pensionnaire.
Dans la séance du 28 février 1699, le président de l’Académie lit « les projets des ouvrages principaux
auxquels les académiciens se proposent de travailler ». Boulduc fils, dit-il, « travaillera sur la pierre qui se
forme dans les reins de l’homme et l’examinera par différens dissolvans (2) ». Il dut renoncer à ce projet, car il
n’en est plus question dans les séances suivantes.
Pendant les années 1709, 1710 et 1711, Boulduc remplit les fonctions de garde de la Communauté des
maîtres apothicaires et, en 1712, il succède à Philibert Bourdin dans la charge d’apothicaire de Louis XIV (3).
C’est à cette époque qu’il reçoit et héberge chez lui, rue des Boucheries, faubourg Saint-Germain, Jean Grosse
(4) « sçavant chymiste allemand (5) », qui gèrera sa pharmacie pendant trente ans et deviendra son confrère à
l’Académie des Sciences.
Par son règlement du 3 janvier 1716, Louis XIV supprima la classe des vingt élèves de l’Académie des
Sciences et la remplaça par une nouvelle classe des douze adjoints, qu’il nomma séance tenante ; alors Boulduc
fils devint associé pour la chimie.
En 1717, Boulduc est élu consul, puis il devint échevin en 1726. L’année suivante, dans sa séance du 1 er
février, l’Académie « procède à la nomination de deux sujets pour remplir la place d’associé chimiste, vacante
par la promotion de M. Petit, le médecin (François Petit), à celle de pensionnaire, et la pluralité des voix est
pour Mrs Boulduc le fils et Bourdelin, docteur en médecine (6) », Boulduc est nommé associé chimiste le 4
février 1727. Cette nouvelle est annoncée à l’Académie le 8 février par Fontenelle, secrétaire perpétuel, qui la
mentionne dans les termes suivants : « J’ai lu à la Compagnie une lettre de Mr de Maurepas, du 4, par laquelle il
me fait savoir que, sur la nomination du 1er, le Roy a choisi Mr Boulduc le fils (7) ».
117
En 1729, Boulduc a la douleur de perdre son père (8) après lui avoir succédé dans toutes ses places. En 1736,
il en acquiert une nouvelle, celle d’apothicaire de la reine (9), où il remplace Isaac Riqueur. Son service à la
Cour le tenait éloigné de Paris une grande partie de l’année et l’empêchait de s’occuper de recherches
chimiques autant qu’il l’eut désiré.
En 1741, sa santé commence à décliner. Prévoyant sa fin prochaine, et profitant de la bienveillance du roi et
de la reine, Boulduc obtient alors pour son fils unique, âgé de 14 ans, la survivance de premier apothicaire du
Roi. En décembre, son état s’aggrave : il lui survient un érysipèle à la jambe gauche. Se croyant guéri, Boulduc
retourne à Versailles, le 15 janvier 1742, pour y reprendre son service. « Il y mourut le 17, fort regretté de Leurs
Majestés et de tous ceux qui avaient eu occasion de le connaître (10) ».
Son portrait se trouve à la Faculté de Pharmacie de Paris, dans la salle des actes, avec ceux de son père et de
son grand-père. Il a été reproduit en 1930, dans ce journal, où il accompagne la biographie de Simon Boulduc.

D’après Ferdinand Hœfer (11), Gilles-François Boulduc « a bien mérité de la pharmacie plutôt que de la
chimie proprement dite : il simplifia la préparation du sublimé corrosif et donna quelques notions intéressantes
sur l’analyse des végétaux, sur le sel polychreste de Seignette, sur le sel de Glauber et le sel d’Epsom, mais ce
qui lui valut le plus de renommée ce sont ses recherches sur les eaux minérales de Passy, de Bourbon-
l’Archambault et de Forges.
Toutes les publications de Boulduc ont paru, de 1719 à 1735, dans l’Histoire de l’Académie Royale des
Sciences, sous les titres suivants :
1o Sur le chacril (la cascarille), H. A. S., 1719, Histoire, pp. 53-56 ;
2o Mémoire sur la qualité et les propriétés d’un sel découvert en Espagne, qu’une source produit
naturellement, et sur la conformité et identité qu’il a avec un sel artificiel que Glauber, qui en est l’auteur,
appelle « sel admirable ». H. A. S., 1724, Mémoires, pp. 118-137 ;

118
3o Essai d’analyse, en général, des eaux minérales de Passy, avec des raisons succinctes, tant de quelques
phénomènes qu’on y aperçoit dans de différentes circonstances, que des effets de quelques opérations
auxquelles on a eu recours pour discerner les matières qu’elles contiennent dans leur état naturel. H. A. S., 1726,
Mémoires, pp. 306-327 ;
4o Examen d’un sel tiré de la terre en Dauphiné, par lequel on prouve que c’est un sel de Glauber naturel. H.
A. S., 1727, Mémoires, pp. 375-383 ;
5o Essai d’analyse, en général, des eaux minérales chaudes de Bourbon-l’Archambault. H. A. S., 1729,
Mémoires, pp. 258-276 ;
6o Manière de faire le sublimé corrosif en simplifiant l’opération. H. A. S., 1730, Mémoires, pp. 357-362 ;
7o Sur un sel connu sous le nom de « polychreste de Seignette ». H. A. S., 1731, Mémoires, pp. 124-129 ;
8o Recherche du sel d’Epsom. H. A. S., 1731, Mémoires, pp. 347-357 ;
9o Essai d’analyse des plantes. H. A. S., 1734, Mémoires, pp. 101-106 ;
10o Analyse des eaux de Forges, et principalement de la source appelée « la Royale ». H. A. S., 1735,
Mémoires, pp. 443-452.
________
(1) Toutes les biographies de Gilles-François Boulduc ont été faites d’après son éloge par DORTOUS DE MAIRAN, publié dans
l’Histoire de l’Académie Royale des Sciences, année 1742 (Histoire, pp. 167-171, Paris, 1745). Gustave PLANCHON y a ajouté, dans le
Journal de Pharmacie et de Chimie (6e série, t. IX, pp. 385 et 470, 1899), quelques détails tirés des archives des maîtres apothicaires
de Paris.
Dans l’éloge de Boulduc fils, DORTOUS DE MAIRAN a commis une erreur en lui attribuant « l’histoire des purgatifs », qui est l’œuvre
de son père (voir Revue d’Histoire de la Pharmacie, 1930, pp. 10 et 15). Cette erreur a été reproduite par Ferdinand HOEFER, dans son
Histoire de la Chimie (1re édition, t. II, p. 385, Paris, 1843 ; 2e édition, t. II, p. 377, Paris, 1869).
(2) Registre des procès-verbaux de l’Académie Royale des Sciences, t. 18, années 1698-1699, folio 144 ro.
(3) BOUVET, Les Apothicaires royaux (Revue de l’Histoire de la Pharmacie, 1930, p. 37).
(4) Jean GROSSE, médecin allemand, et l’invention de l’éther sulfurique, par P. D ORVEAUX (Bulletin de la Société d’Histoire de la
Pharmacie, t. 5, pp. 182-187, no 61, février 1929).
(5) DORTOUS DE MAIRAN, loc. cit., p. 171.
(6) Registre des procès-verbaux des séances de l’Académie des Sciences, année 1727, folio 49 r o.
(7) Ibid., fol. 63 ro.
(8) DORVEAUX, Simon Boulduc (Revue d’Histoire de la Pharmacie, 1930, p. 14).
(9) BOUVET. Les apothicaires royaux (Revue d’Histoire de la Pharmacie, 1931, p. 26).
(10) DORTOUS DE MAIRAN, loc. cit., p. 171.
(11) HOEFER (Ferdinand), Histoire de la chimie, 2e édition, t. II, p. 377, Paris, 1869.

[Dans ce deuxième volume, en page 154, on trouve cette information :


Elisabeth de Bavière. – La comtesse Palatine, plus connue sous la simple dénomination de « la
Palatine » est la deuxième femme de Philippe d’Orléans qu’elle épouse en 1671. Elle meurt en
1722.
Nous connaissons trois de ses apothicaires.
En 1672, comme en 1674 et en 1694 son apothicaire assure à la fois le service du corps, du
commun et des écuries. C’est Armand Souart, qui est payé 1800 livres.
En 1694, son fils aîné Joseph lui est adjoint comme survivancier et les deux noms figurent
encore sur l’état de paiement pour 1702.
A partir de 1708 cependant, nous avons relevé dans les Etats de la France le nom de Simon
BOLDUC ou BOULDUC, qui assure également les trois services avec le même traitement de 1800
livres (70).
__________
(70) ArchivesNationales, Zla 519 et Etats de la France, années 1708, 1712, 1718, 1722. Dans le premier
document Armand Souard est parfois dénommé : « SOUCHART ». Voir sur S. Boulduc, l’important travail de M. le Dr
DORVEAUX qui vient de paraître dans cette Revue. – Le 16 mai 1700, sa femme, Marie-Elisabeth de Lestang est
inhumée après un service à Saint-Sulpice (Bibliothèque Nationale, manuscrit français 32594, folio 491).
En 1708 aussi, il doit soutenir un procès contre le châtelain du Raincy, contrôleur général de la maison de
Madame (Archives de la Faculté de Pharmacie de Paris, dossier AX, 27 novembre 1708). Il s’agit d’une affaire de
diffamation. ]

119
Revue d’Histoire de la Pharmacie, TOME IV
1933

Les Boulduc, apothicaires de la Princesse Palatine


(par Paul Dorveaux)
(Pages 110–111)
Dans son grand travail sur « les Apothicaires royaux » (publié dans cette Revue, 1931, p. 154), M. Maurice
Bouvet a introduit les apothicaires de Madame, c’est-à-dire de la Princesse Palatine, Elisabeth-Charlotte de
Bavière, seconde femme de Philippe d’Orléans et mère du Régent, et il en a mentionné trois, dont le dernier est
Simon Boulduc, membre de l’Académie Royale des Sciences. Le hasard d’une recherche dans les procès-
verbaux de cette Société, m’a fait découvrir un quatrième apothicaire de Madame : Gilles-François Boulduc, fils
de Simon et élève chimiste à l’Académie des Sciences.
Le 26 janvier 1699, Louis XIV avait donné à l’Académie des Sciences un règlement dont l’article IV était
ainsi conçu :
Les pensionnaires seront tous établis à Paris : trois géomètres, trois astronomes, trois mécaniciens, trois anatomistes, trois chimistes,
trois botanistes, un secrétaire et un trésorier. Et lorsqu’il arrivera que quelqu’un d’entre eux sera appelé à quelque charge ou
commission demandant résidence hors de Paris, il sera pourvu à sa place de même que si elle avait vaqué par décès ( 1).

Dans un nouveau règlement, daté du 2 février 1705 et lu à l’Académie dans sa séance du 4 février, le roi,
revenant sur cet article IV, s’exprime ainsi :
Le Roy s’étant fait représenter les Règlemens faits pour l’établissement de l’Académie des Sciences et de celle des Inscriptions,
portant entr’autres choses que nul pensionnaire ne sera reçu et ne jouira des avantages attribuez à ces places, amoins qu’il ne fasse sa
résidence actuelle à Paris ; et qu’en cas que quelqu’un soit appellé à des charges ou employs qui interrompent cette résidence, il sera
retranché du nombre des Académiciens Pensionnaires ; Sa Majesté auroit été informée qu’il seroit néanmoins survenu quelque
difficulté sur ce sujet, à l’égard de ceux qui seroient pourvus de charges dans sa maison ou autres maisons Royales, ou qui pourroient
être Domestiques de Princes ou autres, et voulant qu’il ne reste aucun doute à cet égard ; Sa Majesté en interprétant en tant que de
besoin, ledit règlement, a déclaré, et déclare, veut et entend, qu’aucun officier, soit de Sa Majesté, soit des autres maisons royales, non
plus qu’aucun domestique de Prince ou autres, ne puisse dorénavant, sous quelque prétexte que ce soit, être admis, ny demeurer au
nombre des Pensionnaires de ladite Académie des Sciences et de celle des Inscriptions ; et que si aucuns de ceux qui sont a présent
Pensionnaires desdites Académies se trouvoient pourvus de semblables charges ou Employs, ils soient tenus d’opter, sinon qu’il soit
procédé à remplir leurs places, comme si elles étoient vacantes par mort ; voulant que le présent Règlement soit inséré dans les
Registres desdites Académies et qu’il soit observé selon sa forme et teneur. – Fait à Versailles, le 2 février 1705. – Signé : Loüis, et
plus bas : Phelypeaux (2).

Simon Boulduc, pensionnaire chimiste de l’Académie et apothicaire de la Palatine, se sentit touché par ce
nouveau règlement ; aussi s’empressa-t-il d’annoncer à ses confrères que, désirant conserver sa place à
l’Académie, il avait donné sa démission d’apothicaire de Madame, et que cette princesse avait bien voulu
accepter, pour lui succéder, son fils, Gilles-François, élève chimiste de ladite Académie. Voici un extrait du
procès-verbal de la séance du 7 février 1705, où ce fait est mentionné :
Le samedi 7 février 1705. – M. Boulduc qui depuis quelque tems avoit été choisi par S. A. R. Madame pour être son Apothicaire,
étant tombé dans le cas du nouveau Règlement rapporté sous le 4 e de ce mois, a déclaré en pleine Assemblée que puis qu’il étoit, selon
ce Règlement, dans la nécessité d’opter, il préféroit l’Académie. Il a dit en même tems que Madame avoit eu la bonté de donner sa
place à M. Boulduc son fils, élève de l’Académie ( 3).

Conclusion : Gilles-François Boulduc a succédé à son père dans la charge d’apothicaire de la Princesse
Palatine, au début du mois de février 1705.
________
(1) MAINDRON (Ernest). L’Académie des Sciences, Paris, Félix Alcan, 1888, p. 19.
(2) Procès-verbaux des séances de l’Académie Royale des Sciences, année 1705, fol. 42.
(3) Procès-verbaux des séances…, 1705, fol. 47 ro.

120
La Chimie du Dix-huitième Siècle comme entreprise investigatrice
par Frederic Lawrence Holmes
1988 (publ. 1989)
(Traduction libre de l’anglais par Yan J. K. Bolduc)

Conférence 2 : La chimie des sels


1. Investigations dans l’Académie des sciences de Paris
page 33
Le membre le plus conservateur du groupe était Simon Boulduc, autrefois apothicaire à la douairière de la
reine d’Espagne et démonstrateur en chimie au Jardin du roi, qui est devenu académicien en 1694. Boulduc était
principalement concerné avec l’objectif traditionnel d’améliorer les drogues. Mais nous verrons dans ma
prochaine conférence, cependant, qu’il s’est avéré être un investigateur innovatif.

pages 43–44
Une autre complication se développa quand il s’est avéré que la combinaison d’une terre alcaline avec de
l’acide pourrait elle-même être à peine soluble. En 1726 Gilles Boulduc, un des chimistes les plus jeunes qui
s'était joint à l’académie au début du siècle, mais avait été généralement moins actif dans la recherche que ses
collègues, trouva quand il a évaporé une eau minérale particulière qu’une substance est tombée au fond sous la
forme de cristaux réguliers. Pour Boulduc, cette manière de formation a semblé être suffisante pour démontrer
que le matériel était un sel moyen. En fondant les cristaux avec du sel de tartre (qui est un alcali fixe ordinaire)
et en dissolvant le produit dans l’eau, il a précipité une terre qui pouvait être redissoute en acides. Quand il a
évaporé la solution restante, il a obtenu des cristaux vitriolés de tartre (un sel moyen connu pour être composé
d’alcali et d’acides fixes de vitriol). Il l’a nommé sélénite en raison de sa similitude à certains minerais
cristallins connus par ce nom. Sans compter l’identification d’un nouveau sel moyen, Boulduc a également
augmenté la définition des sels. Dans le mémoire qu’il a édité sur sa découverte, il a défendu le fait que la
solubilité n’était pas essentielle au caractère des sels ; pour ceux qui ne pourraient pas accepter cet argument, il
a ajouté qu’il pouvait dissoudre les cristaux dans une grande quantité d’eau chaude. 60 La proposition
apparemment contradictoire qu'il pourrait y avoir des sels insolubles dans l'eau était une nouvelle perspective
ouverte par la définition alternative du sel moyen basé sur son mode de composition plutôt que sur une propriété
traditionnelle des sels.
60. Gilles Boulduc, "Essai d’analyse en général des nouvelles eaux minérales de Passy," HAS, 1726 [publ. 1728], 306–327.

3. Croissance de la chimie des sels


page 49
Occasionellement des chimistes aspirants allemands se rendaient à Paris pour aller étudier avec Louis
Lemery, Simon Boulduc, ou Jean Grosse. La plupart des chimistes allemands sont restés principalement des
praticiens et des professeurs dans des positions constamment en croissance dans les universités.

page 50
En 1746 Pott a précisé, cependant, que n’importe quelle terre calcaire combinée avec de l’acide vitriolique n'a
pas donné d’alun, mais du sélénite (sel à peine soluble identifié vingt ans plus tôt par Gilles Boulduc).

Conférence 3 : Les Chimistes dans le royaume des plantes


2. Le programme analytique de Simon Boulduc
pages 68–73
Lors de la première réunion de l’académie au dix-huitième siècle –9 janvier 1700– Simon Boulduc présenta
dans ses analyses qu’il avait faites de l’ipecacuanha, qu’une racine s’était avérée à avoir une action spécifique
contre la dysenterie, aussi bien que l’émétique général, cathartique, et des effets astringents. Après avoir décrit
les trois types d’ipecacuanha, il a écrit :

121
J’ai commencé en travaillant aux [variétés] gris, résolvant pour continuer mon travail sur les deux autres. Afin de
débuter mes analyses j’ai commencé en prenant la manière ordinaire, qui est celle de la distillation, en me
proposant, cependant, de poursuivre à d’autres [méthodes] pour le but d’accomplir mes observations et ma
recherche. Par conséquent, suivant notre méthode régulière et aux mêmes degrés de feu, j’ai opéré avec huit onces
de cette racine, et j’ai rassemblé trois parties.

Boulduc a alors décrit les liquides rassemblés successivement dans les trois récepteurs, la matière noire sèche
laissée dans la cornue, et le sel fermenté fixe qu’il avait extrait à partir de ce résidu après sa calcination. Il a
également appliqué "nos essais d’ordinaire" sur chacune des substances obtenues, mais conclues les résultats
sans importances suffisantes pour être détaillé.96

De ce fait il s’avère que Boulduc avait entrepris sa recherche en suivant les procédures normalisées que
Bourdelin avait utilisées pour l’analyse des plantes pendant presque trente années. Puisque Bourdelin était mort
juste quatre mois plus tôt, il est plausible que l’académie se soit même attendue à ce que Boulduc poursuive son
projet de longue date, bien que Boulduc avait déjà projeté le printemps précédent un grand travail sur les
purgatifs comme son projet personnel. En tout cas, il est rapidement devenu désabusé avec son approche
initiale :97

Mais puisque par cette analyse de distillation habituellement utilisée pour décomposer les mélanges, je n’ai rien
trouvé que les proportions des cinq principes, mon mélange a été détruit sans me permettre d’identifier sa vertu
dans ses éléments séparés ou regroupés…J’aie par conséquent cru de devoir procéder par une autre manière, ou par
une autre méthode d’analyse, que j’appellerais analyse par extraction, par laquelle je pourrais réussir à tirer de cette
racine une certaine partie essentielle dans laquelle je pourrais placer sa vertu spécifique telle qu’elle nous apparaît
dans son mélange intact.

Adoptant cette position, et étant très persuadé, d’ailleurs, que la force de cette racine peut seulement se composer
de sa partie résineuse…ou de sa partie saline, j’ai cru n’avoir qu’à rechercher seulement les dissolvants analogues
et commodes afin d’extraire chacune de ces pièces et d’exécuter après des expériences afin de s’assurer dans
quelles de ces vertus, émétique ou purgative, elles résident principalement. Dans ce but j’ai préparé plusieurs
infusions et digestions avec huit onces d’ipecacuanha gris et d’esprit de vin très rectifié, le solvant ordinaire pour
les parties résineuses.

Après avoir séparé de cette façon les parties dissoutes des parties résineuses de cette façon, Boulduc a infusé
le résidu restant en eau distillée pour extraire les substances "salines". Renversant l’ordre, il a extrait d’abord
avec de l’eau, mais a constaté que l’esprit de vin extrait très peu de matériel, il a donc impliqué que
l’ipecacuanha gris contient beaucoup plus de matière saline que résineuse. Boulduc a essayé les extraits obtenus
de l’esprit de vin et d’eau sur un certain nombre de patients souffrant de maladies non spécifiées, et a trouvées
que dans certains cas le patient avait récupéré, ou du moins que l’extrait avait favorisé les évacuations si
critiques pour les pratiques médicinales régnantes.98

Sous les apparences immédiates, Boulduc n’avait fait rien de bien nouveau. L’esprit de vin et l’eau avaient
été longtemps employés pour extraire des résines et des sels à partir de matières végétales. Néanmoins, ses
notes investigatrice, contenues dans la transcription de la présentation de Boulduc à ses camarade académiciens
(et présentées sous forme plus comprimée et moins révélatrices dans ses mémoires sur le sujet) capture l’étape
naissante d’un développement que nous pouvons voir rétrospectivement comme ligne de partage dans l’histoire
de la chimie des plantes.99 Ce qui était le plus significatif dans la manière de procéder de Boulduc était qu’il
avait poussé plus loin l’ordre standard profondément indélogeable de l’analyse, mettant a sa place un procédé
général d’analyse par extraction utilisant les méthodes qui avaient été autrefois appliquées seulement dans des
cas spéciaux. Après avoir pris cette méthode, il a suivi un nouvel élan investigateur avec une persistance
résolue.

Continuant ses expériences sur l’ipecacuanha, Boulduc pouvait distinguer la composition des variétés grises
et brunes en termes de proportions des extraits rapportés dans les résidus restant. En 1701 il a appliqué ses
méthodes extractives à quatre purgatifs supplémentaires : coloquinte, jalap, gomme-gutte, et le célèbré et
122
puissant mais dangereux hellébore noir. En 1705 il a examiné la plante française indigène la gratiole, et en 1708
le jus de l’aloès. L’année suivante il a pris le cachou, un jus épais d’Asie, suivi en 1710 de la rhubarbe et en
1714 de l’agaric, un champignon. Succombant sous le poids de la tradition, il a par habitude répétée l’analyse
ordinaire de distillation sur chaque plante, quoiqu’il ait régulièrement rapporté qu’elle n’avait indiqué rien
d’instructif. Avec ses extractions, par contre, il a souvent changé son procédé de base afin d’augmenter la
quantité de substances retirée ou explorer les variations résultantes de ses propriétés. Certaines des gommes qui
ne voulaient pas se dissoudre dans l’esprit de vin pouvaient se faire extraire dans une solution de sel de tartre ou
de tout autre alcali. Le vinaigre distillé a prouvé être un solvant très efficace pour quelques substances. Il a
expérimenté de manière intensive pour vérifier l’efficacité relative de l’eau sous différents degrés de chaleur.100

Des propriétés telles que la couleur et le goût, par lesquels les produits de l’analyse avaient été
traditionnellement jugés, ont souvent servi à Boulduc comme indices pour indiquer si ses produits incarnaient
les vertus médicinales recherchées ; mais il a considéré de tels critères comme trompant, et à régulièrement
examiné leurs propriétés en les administrant "avec toutes les précautions et la discrétion nécessaires" aux
patients.101 De ces expériences, il en a tiré la conclusion générale que les substances purement résineuses
extraites au moyen de l’esprit de vin purgeaient plus violemment que les matériaux bruts ; que les extraits
purement salins ont eu peu d’action de purgation, mais étaient diurétiques ; et que des parties salines et
résineuses mélangées ensemble purgeaient plus doucement et de manière plus utile. Sur la base de cette
expérience, il pouvait essayer d’améliorer les drogues rationnellement, en maintenant les actions qu’il souhaitait
avoir tout en éliminant les effets indésirables.

D’après Boulduc, les principes composant un mélange devraient être reconnaissables par leurs effets
médicinaux. Les substances obtenues par l’extraction ont maintenu des propriétés caractéristiques du matériel
original, tandis que celles dérivées par distillation n’ont possédé aucune action spéciale distinguant les produits
d’un mélange de ceux des autres. Ses résultats ont prouvés, affirma-t-il, que ses produits de la distillation, "qui
étaient incorrectement nommés des principes, n’en maintenaient aucune des vertus du mélange duquel elles sont
tirées : ce n’est pas la même chose pour ceux que nous donnent diverses extractions : nous savons que les
produits qui résultent d’eux comportent, comme dans un résumé, tous les principes actifs du mélange."102

Wilhelm Homberg et Simon Boulduc doivent avoir exécuté certaines de leurs analyses concernant les plantes
en même temps, dans le même laboratoire de l'académie des sciences. La juxtaposition de leur trajectoire
investigatrice contrastante est convenable aux thèmes généraux que j'ai décrits au début de cette conférence. Le
point de départ pour tous les deux était le projet massif de l'analyse des plantes faits par leurs prédécesseurs,
mais leurs relations à ces travaux en étaient différentes. On a demandé à Homberg d’évaluer ce qui avait déjà
été fait. Boulduc a essayé de suivre les mêmes modes opératoires utilisés dans ce projet pour son propre sujet
spécial de recherches, les drogues purgatives. Au début, Homberg, comme Boulduc, a été concerné par l'utilité
médicinale de telles analyses ; alors que pour Boulduc le souci était intrinsèque à son propre but central, pour
Homberg c’était probablement un devoir imposé par des circonstances institutionnelles. Pendant que Homberg
poursuivait son problème, il s’est immergé de plus en plus dans des questions plus générales au sujet de la
composition des plantes et de la justesse des analyses de distillation pour découvrir cette composition. Boulduc
a maintenu tout au long de sa recherche la priorité de la composition des critères médicinaux.

Homberg a été choisi par les historiens en tant que chimiste le plus avancé de l’académie de cette période. Il
est perçu en tant que savant scientifique largement qualifié et doué. De tous, c’était sur lui qu’on misait pour
contribuer à l’émergence de la chimie comme étant une discipline indépendante et progressive. Boulduc, d’autre
part, peu connu des historiens, apothicaire à la redevance, conservateur dans ses orientations diverses,
symboliserait dans l’académie, le supposé ancien subalterne de la chimie à la médecine.

[Anecdote : cette remarque concernant les Boulduc comme peu représenté dans l’histoire
s’applique pour Gilles-François aussi. Voici une observation publiée en 1781, dans le livre
Histoire de l'Academie royale des sciences, par l’Académie royale des sciences de Paris de
l'imprimerie royale (p.341), concernant ses travaux des analyses des eaux de Forges de 1735 :
123
(…) J’ai cru devoir rapporter tous ces faits, afin d’éclaircir un point de doctrine qui est encore
ignoré de beaucoup de Chimistes, puisque plusieurs ont regardé ce précipité comme purement
terreux, & afin de rendre à Boulduc l’antériorité d’une découverte qui lui appartient, & dont
cependant aucuns Chimistes n’ont fait mention. (…)]

Dans le royaume de la chimie des plantes, cependant, c’était Homberg qui s’est tenu plus étroitement à l’ordre
traditionnel de l’analyse et Boulduc qui ouvrit une nouvelle approche du problème. Il fit ainsi grâce à, plutôt
que malgré, son orientation médicinale. Comme l’évaluation de Homberg au projet de l’analyse des plantes le
démontre, il a reconnu mais n’a pas été personnellement limité par l’incapacité de l’analyse chimique de
différencier les plantes selon leurs propriétés médicinales. Dans les limites des méthodes analytiques courantes,
il a vu de la place à poursuivre les questions chimiques plus fondamentales. Pour Boulduc, cependant, le
manque de méthodes standards d’indiquer les principes dans lesquels les vertus médicinales ont résidé était
critique. C’était cet échec qui l’a conduit vers la voie investigatrice la plus innovative suivie d’un membre du
groupe talentieux représentant la chimie dans l’académie des sciences au début du dix-huitième siècle.
95. Homberg, "Observations sur les analyses des plantes," HAS, 1701, 2nd ed. [Paris, 1719], 117–119.
96. Procès verbaux (ref. 85), 19, 1–2.
97. Ibid., 18, 143v, 510–510v, and 19, 22v.
98. Ibid., 19, 2v–6.
99. Boulduc, "Analyse de l’ypecacuanha," HAS, 1700, 2nd ed. [Paris, 1719], 1–5, on 3–4.
100. Boulduc, "Suite des analyses de l’ypecacuanha," HAS, 1700, 2nd ed. [Paris, 1719], 76–78; "Observations analitiques du jalap,"
ibid., 1701, 108–111; "Observations analitiques de la coloquinthe," ibid., 1701, 12–17; "Remarques sur la nature de la gomme gutte et
ses differentes analyses," ibid., 1701, 133–137; "Observations sur la gratiole," ibid., 1705 [publ. 1706], 186–194; "Sur l’aloes," ibid.,
1708 [publ. 1709], 54–55; "Observations et analyses de cachou," ibid., 1709 [publ. 1711], 227–232; "Observations sur la rhubarbe,"
ibid., 1710 [publ. 1712], 163–169; "Sur l’agaric," ibid., 1714 [publ. 1717], 27–30.
101. Boulduc, "Analises de la coloquinte, du jalap, de la gomme gutte," HAS, 1701, 2nd ed. [Paris, 1719], 58–62, on 59.
102. Boulduc (ref. 99), 5.

3. La métamorphose d’une tradition


page 73
Le contraste important que Boulduc a dessiné entre les résultats positifs de son nouveau programme
analytique et les résultats non élucidants de ses méthodes de distillation standard n’a pas immédiatement incité
d’autres chimistes, même dans l’académie, à abandonner l’approche plus ancienne. L’aîné Lemery a continué
impassablement à publier ses investigations sur le miel et l’urine en utilisant les procédures standards.103
103. N. Lemery, "Du miel et de son analyse chymique," HAS, 1706 [publ. 1707], 272–283; "De l’urine de vache, de ses effets en
médecine, et de son analyse chymique," ibid., 1707 [publ. 1708], 33–40.

pages 75–76
Un mélange de conservatisme avec une croyance sensible que le potentiel pour améliorer les méthodes
usuelles de distillation pour l’analyse des plantes n’étant pas encore épuisé, peut expliquer la lenteur des
chimistes du début du dix-huitième siècle à adopter l’approche de Boulduc. Au cour de la première moitié du
siècle, cependant, nous pouvons tracer une variation progressive dans les attitudes et les pratiques. Les
distillations sont demeurées en avance, mais les vieux "ordres d’analyse" centrés sur une distillation graduée ont
reculé en importance. En attendant les extractions avec l’esprit de vin et l’eau furent plus largement utilisées. Il
est difficile d’évaluer le degré d’influence que Boulduc lui-même a eu sur cette tendance. Je n’ai à cet égard
jusqu’ici trouvé aucune référence explicite à ses travaux dans la littérature contemporaine sur cette tendance.
Pourtant son travail devait avoir été reconnu dans le cercle intime des chimistes de l’académie, et il était assez
important pour que les chimistes allemands l’aient inclus parmi ceux avec lesquels ils sont venus pour étudier à
Paris. Reinhard Löw a suggéré récemment que ses méthodes aient pu de cette façon avoir eu un impact sur un
des principaux étudiants allemands de Stahl, Caspar Neumann.108

[Anecdote : voici un exemple de l’étendue de ses influences, trouvé dans le livre The Curious
Cook de Harold McGee (1990), page 285 (traduction libre de l’anglais par Yan J. K. Bolduc) :

124
Au début du dix-huitième siècle, une méthode d'analyse alternative grandit. Cette nouvelle
méthode eut aussi ses racines vénérables dans la pratique pharmaceutique, et impliqua
l'extraction aux moyens de divers liquides. Les huiles essentielles des plantes pouvaient être
séparées en les imbibant dans une quantité d'huile neutre ou grasse, alors que d'autres principes
pouvaient se dissoudre dans l'eau. Aux alentours de 1700 le chimiste français Simon Boulduc a
étudié deux variétés de l'ipecacuanha médicinal de racine par distillation et par la double
extraction en eau et alcool, et pouvait distinguer les deux variétés par la technique d'extraction.
Vers la moitié du siècle, le chimiste allemand Andreas Marggraf utilisa l'extraction dans l’alcool
pour découvrir le sucre dans les betteraves (et a de ce fait créé la base pour l'industrie du sucre de
betteraves).]

Envoyé à l’étranger par deux fois pour l’étude de la chimie, Neumann a voyagé en 1719 de Londres à Paris,
où il a assisté à des conférences en chimie, a lui-même enseigné un cours, et a effectué des expériences deux
fois par semaine avec les frères Geoffroy. Il serait improbable qu’il n’ait pas eu également durant ce séjour
prolongé, des contacts avec Boulduc. […] Newmann, comme Boulduc, a écarté les analyses de distillation de
ces substances comme incapables de fournir des informations utiles pour son but.109
108. Reinhard Löw, Pflanzenchemie zwischen Lavoisier und Liebig (Straubing, 1971), 41.
109. Ibid., 57–60; Karl Hufbauer, "Newmann, Caspar," Dictionary of scientific biography, 10, 25–26.

page 77
Tels que ces passages impliquent, Neumann s’est distancé des procédures traditionnelles de distillation pour
des motifs similaires à Boulduc. Ils n’ont pas préservé les propriétés spécifiques caractéristiques de plantes
particulières.

page 80
Pendant ce temps [1750] le professeur le plus populaire de la chimie en France était Guillaume-François
Rouelle. Rouelle a commencé à donner des cours privés de pharmacie et de chimie quelque part entre 1737 et
1740, et des conférences publiques au Jardin du roi en 1742, quand il a succédé à Gilles Boulduc comme
démonstrateur de chimie au Jardin. Rouelle est surtout reconnu pour avoir popularisé en France les doctrines
chimiques de Stahl, par ses conférences.119
119. Rhoda Rappaport, "G.F. Rouelle: An eighteenth-century chemist and teacher," Chymia, 6 (1960), 68–85.

page 82
Simon Boulduc, Caspar Newmann, et Guillaume-François Rouelle ont chacun présenté les analyses
d’extraction en remplacement des analyses traditionnelles de distillation. Mais ce n’était pas aussi simple
cependant, d’après leurs propres discussions les deux méthodes opéraient sur les matières végétales à différents
niveaux.

[Anecdote : dans une toute autre direction, et impliquant Gilles-François Boulduc et l’étendue de
son savoir-faire, on trouve dans le livre L’Atelier Delisle, l’Amérique du Nord sur la table à
dessin de Nelson-Martin Dawson (2000), page 83, ce petit bout d’information intéressante :
Lettre de Philippe Buade à Jérôme Phélypeaux, comte de Maurepas, secrétaire d’État à la
Marine et à la Maison du roi
(…) Votre Grandeur peut m’objecter que dans l’instrument que j’ai donné, j’ai fait choix de
matière du bois et de l’ivoire au lieu du cuivre à cause des parties de fer qui s’y trouvent, mais la
générosité avec laquelle M. Boulduc lors de la lecture de mon Mémoire à l’Académie s’offrit
d’ôter du cuivre toutes les parties de fer qui pourraient s’y trouver me donnant toute facilité pour
l’exécution de la boussole en cuivre semble m’engager à profiter de cet avantage quoy que je
prévoye que le travail sera un peu long. (…)
Paris, le 22 juin 1732.]

125
Affinité, ce rêve évasif
Une généalogie de la révolution chimique
par Mi Gyung Kim
(2003)
(Traduction libre de l’anglais par Yan J. K. Bolduc)

Chapitre 1 L'espace de la théorie chimique


1.4 L’Académie royale des sciences
page 52
Simon Boulduc (1652-1729), qui a joint l'Académie en 1694, a commencé à critiquer ouvertement la
méthode de distillation et à préconiser la méthode d'extraction.141
141. Holmes, Eighteenth-Century chemistry as an Investigative Enterprise (Berkeley: Office for History of Science and Technology,
1989), 68–73.

Chapitre 2 Un moment théorique


2.1 La réorganisation de l'Académie
page 71
La réorganisation de l'académie en 1699 vit l’ajout de Nicolas Lemery comme associé dans la section
chimique, une ancienne connaissance de Homberg, avec deux élèves : Le protégé de Homberg Etienne-François
Geoffroy et le fils de Simon Boulduc, Gilles-François.13
13. Sturdy, Science and Social Status, 281–292; Holmes, “The Communal Context.”

Gilles Boulduc a souhaité étudier les pierres formées dans le corps humain avec différents dissolvants. Les
membres existants ont continué leurs travaux précédents, Bourdelin sur l'analyse des usines, Homberg sur la
vitre et l'encre invisible, et Simon Boulduc sur les purgatifs.15
15. PV (procès-verbaux de l’Académie royale des sciences, Paris) 18, 1699, 142r–144r (February 28).

2.4 Analyses chimiques et le domaine de la réalité


pages 79–80
Les courants ont commencé à changer rapidement après la mort de Bourdelin le 14 octobre 1699. En moins
de trois mois, Simon Boulduc a prononcé à l'Académie l'insuffisance des méthodes de distillation en obtenant
les ingrédients médicamentalement saillants.37 Avec l’analyse d'ipecacuanha, une racine connue pour avoir des
vertus émétiques et purgatives, Boulduc a prouvé que la méthode de distillation a rapporté les cinq principes
habituels, mais qu'aucune n'eut de valeur médicale. Il a affirmé que les produits de la distillation, « qui sont
incorrectement appelés des principes, ne maintiennent aucune des vertus du mélange duquel ils sont tirés. »38
Comme alternative, Boulduc a proposé une « analyse par extraction » qui exigerait de faire digérer la plante
dans un solvant pendant une certaine période avant de procéder au processus de distillation. Sa méthode
d'extraction était semblable à l'extraction spéciale de Béguin, mais il pouvait utiliser la connaissance
sophistiquée des dissolvants et de leurs actions qui s'étaient accumulées au cours du siècle précédent. Le défi de
Boulduc indique clairement que l'inefficacité des méthodes de distillation a menacé la légitimité des cinq
principes comme constituants de tous les corps. L’année suivante, il a intensifié sa rhétorique, en débattant le
fait que « la méthode commune » de distillation a donné seulement « une connaissance générale et
superficielle » des mélanges.39 Dans son projet à long terme d'analyser tout les purgatifs connus, il utilisa
régulièrement l'eau et l’esprit de vin comme étant « deux grands solvants » pour les parties salines et

126
sulfureuses ou résineuses des plantes, respectivement, pour préparer les divers « extraits » avec des effets
médicaux forts.
Le 18 juin 1701, moins de deux mois après la présentation de Boulduc sur le Jalap,40 Homberg a relevé le
défi de répondre à la question la plus sérieuse faisant face à la méthode de distillation : à savoir si les cinq
principes des plantes trouvés dans l'analyse chimique étaient « les principes véritables » qui ont composé le
mélange avant l'analyse.
37. Holmes, Eighteenth Century Chemistry, 68–72.
38. “Analyse de l’ipecacuanha,” PV, 19, 1700, 1r–6r (9 janvier); Histoire, 1700, 46–50; Boulduc, “Analyse de l’ipecacuanha,”
Mémoires, 1700, 1–5.
39. “Analises de la Coloquinte, du Jalap, de la Gomme Gutte,” Histoire, 1701, 58–62; PV 20, 1701, 162r–167v (Jalap, April 30) et
276r–280v (Gomme Gutte, 30 juillet); Boulduc, “Observations Analytiques du Jalap,” Mémoires, 1701, 106–109 et “Remarques sur la
nature de la Gomme Gutte, & ses differentes Analyses,” ibid., 131–135.
40. Voir la note précédente.

Chapitre 3 Affinité
3.7 Phlogiston
page 151
Puisque Geoffroy était le chimiste principal de l'Académie en ce temps, ce serait normal si les autres
chimistes suivaient ses coutumes et pigeraient dans les traitées de Stahl pour les opérations utiles et curieuses.
Cette évaluation prend forme dans les travaux de Boulduc, de Duhamel, et de Grosse durant les deux décennies
suivantes. Gilles Boulduc, dans son analyse sophistiquée des eaux minérales, a cité la Dissertation de Acidulis
& Thermis, Specimen Beccherianum de Stahl comme fondation pour son travail. La référence de Boulduc de
1726 du Traité des Sels, qui avait été édité seulement en allemand, suggère qu'il pourrait avoir aussi été traduit
en français avant sa publication en France en 1771. Une montée subite et soudaine de l'intérêt pour la variété de
sels moyens est apparente après la publication du travail de Stahl sur les sels. Du Hamel et Grosse, qui ont
examiné une variété de sels moyens systématiquement dans les années 1730, se sont constamment référés « à
l'illustre M. Stahl. »67
67. Gilles-François Boulduc, “Essai d’analyse en général des nouvelles eaux minérales de Passy,” Mémoires, 1726, 306–327; Du
Hamel and Grosse, “Sur les différentes manières de rendre le Tartre soluble,” Mémoires, 1732, 323–342.

3.8 Laboratoire et industrie


pages 154–155
En raison de la tradition de longue date de l'analyse des eaux minérales dans l'Académie, il n’est pas
surprenant que Gilles-François Boulduc a cherché à appliquer la connaissance évolutive des sels à ce sujet.78 Ce
qui est remarquable est le degré de sophistication dans son raisonnement analytique. Plusieurs particularités des
travaux de Boulduc méritent une attention particulière.
D'abord, Boulduc a cherché à reconstruire les sels qui étaient présents dans l'état normal des eaux minérales
de leurs produits de distillation. Pour éviter la critique que les « sels sont les productions de l'art avec le recours
du feu, & d’après leur expression créatures du feu, » il a dû concevoir de longues et laborieuses procédures.
Néanmoins, il a confirmé son analyse à la fin par des méthodes de solution. Il a précipité tous les différents sels
en appliquant successivement de nouvelles portions d’esprit de vin qui possédaient, selon la table de Geoffroy,
un rapport plus élevé en eau qu’en sels. Le fait que Boulduc se senti obligé de concevoir une preuve basée sur
des réactions de déplacement pour persuader les autres, indique que les méthodes de solution ont été
considérées comme un processus plus normal et moins destructif.
En second lieu, Boulduc a employé des raisonnements expérimentaux sévères pour éliminer les principes des
sels moyens. Le plus remarquable dans cette conjecture était sa considération des rapports entre divers acides et
alcalis, y compris une notion de « double échange » entre les paires d'acides et d’alcalis appartenant à différents
127
sels moyens. Afin de prouver la nature saline d'un nouveau sel ou sélénite moyen qu'il a trouvée dans les eaux,
il a invoqué des traits généraux des sels moyens qu'on pourrait « changer les sels moyens en différents
composés, transporter un de leurs principes à un autre corps, les décomposer, et, par ceci, s’assurer de quels
principes ils sont constitués. »79 En d'autres mots, les fondations de base de la table de Geoffroy étaient très
présents dans l'analyse de Boulduc. Prévoyant l'objection que le sélénite ne s’est pas dissout dans l'eau et
n’ayant pas ainsi la qualité essentielle du sel, Boulduc a escompté la solubilité comme critère nécessaire pour
déterminer la nature saline d'une substance, citant Stahl et Kunckel comme autorités. Bien qu'il ait rapidement
adoucit sa position en ajoutant que l'insolubilité était seulement apparente, et provoquée par une présence de
terre excessive, il a clairement compromis les frontières conventionnelles des sels en utilisant une nouvelle
définition compositionnelle. Il a caractérisé le sélénite comme sel moyen parce qu'il était composé d'acide
vitriolique et de terre excessive.
Troisièmement, l'analyse soigneuse de Boulduc a démontré l’importante découverte que le sel de Glauber,
longuement connu seulement dans le laboratoire, existe en nature. L'année suivante, il a identifié deux autres
sels normaux comme sel de Glauber parce qu'ils sont composés d'acide vitriolique et de base de sel marin. Ces
découvertes ont affaibli l'opinion originale de Glauber que son sel n'a pas été trouvé tout formé en nature80 et
ont aidé a combler le vide entre les sels normaux et artificiels. Dans les années suivantes, Boulduc a continué à
appliquer ses techniques à une variété de sujets afin de réfuter la prétention que les sels étaient les produits
artificiels du feu. Il a espéré découvrir un alcali minéral, ou un alcali normal et fossile qui a existé avant
l'analyse du feu. Le travail soigneux de Boulduc a gagné l'estime parmi les académiciens. Quand Boulduc a pris
l'analyse d'une autre eau minérale, Fontenelle a félicité la nature « précise et exacte » de son travail :
« On a vû en 1726 avec quel soin M. Boulduc a examiné les nouvelles Eaux de Passy, pour démêler toutes les différentes
matières qu'elles contiennent, ce qui demande beaucoup plus de travail, & un travail plus ingénieux & plus fin, qu'on ne le
croit ordinairement, car on se contente volontiers de quelques épreuves légères & superficielles, qui s’expédient en fort
peu de temps. »81
78. Gilles-François Boulduc, “Essai d’analyse en général des nouvelles eaux minérales de Passy,” Mémoires, 1726, 306–327;
Holmes, Eighteenth Century Chemistry, 43–44.
79. Boulduc, “Essai d’analyse,” 324.
80. “Sur un sel naturel de Dauphiné,” Histoire, 1727, 29–31.
81. “Sur les eaux minérales chaudes de Bourbon-l’Archambaut,” Histoire, 1729, 22–27, à 22.
page 156
Travail rapporté par Boulduc sur le sublimé corrosif en 1730 et travail sur deux sels nouvellement découverts
de grande utilité médicale en 1731.87
87. Gilles-François Boulduc, “Manière de faire le sublimé corrosif en simplifiant l’opération,” Mémoires, 1730, 357–362; “Sur un sel
connu sous le nom de Polychreste de Seignette,” Mémoires, 1731, 124–129; “Recherches du sel d’Epsom,” ibid., 347–357.

Bien que la recherche pratique sur les sels ait eu un apogée durant les années 1730, la procédure théorique a
été bien lente. Hormis les utilisations implicites de Stahl et de Boulduc, la seule indication que la table de
Geoffroy n'a pas été complètement oubliée jusqu'en 1749 vient de Jean Grosse, un chimiste allemand que
Geoffroy avait instauré dans l'Académie en 1731.
page 158
A cet époque cependant, les décès de C. F. Du Fay (1739), F. P. Petit (1741), G. F. Boulduc (1742), L.
Lemery (1743), et J. Grosse (1744) avaient laissé la chimie parisienne d'élite sous la conduite de Réaumur, qui a
détourné la dominance de la chimie pharmaceutique dans l'Académie.99
99. Eklund, “Chemical Analysis and the Phlogiston Theory.” 41.

Chapitre 4 Chimie dans la sphère publique

128
4.4 Guillaume-François Rouelle, professeur
pages 189–190
Guy-Crescent Fagon (1638-1718), initialement désigné à la position de démonstrateur et opérateur
pharmaceutique pour l’intérieur des plantes en 1672, acquit un plus grande contrôle de service durant son année
comme intendant. Jusqu'en 1695, son devoir d’enseignement a été assigné à Simon Boulduc, qui a alors acquis
une chaire additionnelle en chimie. À partir de ce moment-là, la chimie a eu deux chaires au Jardin. La nouvelle
chaire de Simon Boulduc est passée à son fils Gilles-François en 1729. Rouelle a pris cette position en 1743
comme démonstrateur en chimie au Jardin des Plantes, sous le titre de professeur en chimie.102 En parallèle avec
les conférences de Simon Boulduc, Etienne-François Geoffroy, Louis Lemery et Berger ont remplacé Fagon au
cours des années jusqu'à ce que Geoffroy ait été nommé démonstrateur de l’intérieur des plantes et professeur
en chimie et pharmacie en 1712.
102. Rappaport (G.-F. Rouelle, 9) conjectures that Rouelle began teaching in 1742.

Selon cette généalogie des chaires de la chimie du Jardin, E. F. Geoffroy, Louis Lemery, Simon Boulduc, et
G.-F. Boulduc sont parmi les candidats comme professeurs en chimie pour Rouelle, en plus de tous les cours
privés qu'il pouvait assister (comme Jean Grosse). Alors que leurs notes de conférences ne sont pas connues,
nous connaissons leurs spécialités par leurs publications de recherches qui indiquent quelques continuités entre
leurs publications et les conférences de Rouelle. Simon Boulduc était un expert en analyse végétale. Gilles-
François Boulduc a conduit l'analyse sophistiquée des eaux minérales. Geoffroy a préconisé un éloignement des
excès corpusculaires, tout en félicitant les travaux chimiques de Stahl. Lemery a développé une conception
sophistiquée de chimie de solution et du feu. Grosse a avancé l'arrangement théorique des sels moyens.

Annexe
Professeurs de chimie au Jardin du roi (source : J.-P. Contant, L’enseignement de la chimie au jardin royal
des plantes de Paris, A. Coueslant, 1952)
page 457
Professeurs Date de position Démonstrateurs
A. de Saint-Yon 1695 S. Boulduc
E. F. Geoffroy 1729 G. F. Boulduc

Chimistes à l’Académie royale des sciences, 1666-1785 (source : Index biographique de l’Académie des
sciences, 1666–1978, Gauthier-Villars, 1979)
pages 458–459
Académicien chimiste

1694 S. Boulduc
Pensionnaire Associé Élève

1699 G. F. Boulduc
1727 G. F. Boulduc

Périodes de vie et positions


page 460
Boulduc, Gilles-François (1675–1742); élève 1699, adjoint 1716, associé 1727
Boulduc, Simon (1652–1729); académicien chimiste 1694, pensionnaire 1699

129
La Science et le Statut Social
Les membres de l’Académie des Sciences, 1666 – 1750
David J. Sturdy
(1995)
(Traduction libre de l’anglais par Yan J. K. Bolduc)

Pages 229 – 230


(…) Fagon, un homme de forte personnalité et dominateur, utilisa sa position maître au Jardin ( il a été promu
Intendant en 1693 et Surintendant en 1699 ) pour recruter et promouvoir d'autres jeunes membres scientifique,
dont plusieurs sont devenu académiciens : ils étaient Simon Boulduc, (…).1

Pages 244 – 248


Simon Boulduc ( 1652 – 1729 )

Durant les années 1690, bien que plusieurs enfants des académiciens et les récemment dénommés membres
aient réussi à s’insérer dans l'Académie, la pratique ancienne continua toujours par laquelle les gens externes
pouvaient exercer leur influence a sécuriser la nomination de certains ‘ clients ’. À différents niveaux Simon
Boulduc, L'Hospital et Sauveur se trouve dans cette catégorie. Boulduc est peut-être le cas le plus direct ; il est
également une excellente illustration où l'adhésion a l'Académie pouvait alors ouvrir des perspectives de
carrière qui autrement ne se seraient pas développées.2 Sa famille était parisienne, avec une tradition de longue
date d’apothicaires. Son père Pierre ( 1607 – c.1670 ), qui avait un commerce dans la rue des Boucheries, a reçu
sa maîtrise en tant qu'apothicaire en 1636, et plus tard s'est élevé au rang de bourgeois de Paris.3 Parmi ses
clients était la famille du mémoiriste Saint Simon. Le fils le plus âgé de Pierre, Simon, a été élevé sur la
prétention que par la suite il hériterait et continuerait la tradition de la famille ; il y avait également un plus
jeune fils, Pierre, qui est devenu procureur aux Châtelet. Après avoir été formé par son père, Simon devenu
qualifié en maître apothicaire en 1672, et quand il s'est marié en 1674, s’est choisi une épouse d'une autre
famille d'apothicaire : Marie-Elisabeth de l' Estang ( d 1700 ) dont son père décédé avait été maître apothicaire
et épicier, bourgeois de Paris ; elle emporta une dot de 8,500 livres.4

Durant la phase suivante de sa vie, aux milieux des années 1680, Simon Boulduc a fait sa réputation parmi
les apothicaires de Paris, s’incorporant beaucoup dans leurs affaires communales : il a été élu garde de la
communauté des apothicaires. L’épisode qui, en rétrospectif, s’identifie comme ayant ouvert le chemin de sa
carrière, fut sa position donné par Fagon en 1686 comme suppléant au Jardin Royal Plantes ( la même chose
étant arrivé à Tournefort ) ; Boulduc ensuite assuma les fonctions de Fagon en tant que démonstrateur et
opérateur pharmaceutique ; il tenu cette position jusqu'en 1695 où, par sa propre vertu, il a été fait
démonstrateur [professeur] en chimie, un poste qu'il tenu jusqu’à la fin de sa vie.5 Boulduc avait probablement
attiré l'attention de Fagon en raison de la clientèle aristocrate qui fréquentait son magasin d’apothicaire, et en
raison de son rôle dans la guilde des apothicaires parisiens. De 1686 où il était, tout comme Tournefort était un
client de Fagon, comme Tournefort il a été introduit dans l’Académie des sciences à la requête de Fagon. Quand
il rentra en 1694, Boulduc était seulement le troisième apothicaire à être admis à l'Académie. Les membres
fondateurs avaient inclus Claude Bourdelin, mais ce n'était qu'en 1692 que le deuxième apothicaire avait été
nommé. ( Moyse Charas, qui sera discuté sous peu ). Bientôt d’autres, y compris le fils de Boulduc Gilles-
François, se joindront ; mais, dans les années 1690, un apothicaire-académicien était encore une rareté. En 1699
il fut réengagé comme pensionnaire ; il est devenu vétéran en 1723 en raison de ses engagements hors de
l'Académie. Lorsqu’il était membre, Boulduc emporta une contribution active à ses démarches : l’Histoire de
l'Académie Royale des Sciences liste dix-sept mémoires et autres communications qu'il a présentées entre 1700
et 1719.

Ses fonctions dans le Jardin l'ont emmené dans l'Académie ; l'Académie à son tour lui donnera d'autres
récompenses, principalement en le guidant à être choisi en tant qu'apothicaire personnel à la princesse Palatine,
Elisabeth-Charlotte de Bavière, deuxième épouse de Philippe d'Orléans. Avec Homberg, dont l'association avec
le régent a déjà été discutée, Boulduc s'est trouvé avec une ouverture dans cette grande maison princière, et a
130
apprécié la protection qu'elle pouvait procurer. Cependant, comme Sauveur dans des circonstances semblables,
Boulduc a trouvé difficile de répondre à la nécessité de rester à Paris comme pensionnaire de l'Académie, et
d’offrir sa présence chez la princesse Palatine. Par l'automne de 1714 il devait sous pression décider entre les
deux ; il choisit l'Académie. Le 22 décembre 1714, Fontenelle lisa à l'Académie cette lettre de Pontchartrain :

Vous savez, Monsieur, que le Sr. Boulduc a eu ordre d’opter entre son poste d’apoticaire de Madame et celuy
de pensionnaire de l’Academie Royale des Sciences, quelques instances que Madame ait pu faire au près du
Roy pour qu’il pût conserver les deux postes. Sa Majesté n’a point voulu absolument relâcher de l’article
premier du règlement. Ainsi le Sr. Boulduc a pris le partid’opter et de se deffaire de sa charge chez Madame
… J’ay cru devoir vous en donner avis, pour vous faire voir par là quelle est l’intention du Roy sur ce qui
regarde l’Académie des Sciences et que cela doit servir d’example pour l’avenir.6

La princesse Palatine mourut en 1722. En 1724 sa petite-fille, Louise-Élisabeth ( fille de Philippe d'Orléans ) est
revenue d'Espagne à la France après la mort de son mari, Louis Ier d'Espagne ; elle résidat au château de
Vincennes. Vers la fin de 1723 des plans furent conçus pour sa réception, y compris le pourvoir a ses besoins.
Boulduc a été invité à être son apothicaire ; il accepta et rechercha auprès du gouvernement des lettres de
vêtérance le libérant de tous ses engagements à l'Académie. Les lettres ont été accordées ; il a dépensé le reste
de sa vie pour le service de Louise-Élisabeth, et a cessé d'être un académicien actif, bien qu'il ait assisté à des
réunions de temps en temps.

Tout comme avec d'autres académiciens, l'adhésion à l'Académie – qui avait été le résultat du patronage de
Fagon – a donné à la carrière de Boulduc un tour qu'autrement il n'aurait pas pris. Comment cela a-t-il affecté sa
position sociale ? Jugeant par les mariages de ses enfants, ils sont restés dans le même stratus social. Simon et
son épouse ont eu quatre enfants. Les filles – Marie-Élisabeth et Marie-Madeleine – ont marié des Parisiens de
milieux semblables à elles-mêmes : l'aînée, quand elle eut quinze ans, est devenue l'épouse d'un docteur en
médecine de la Faculté de Paris, alors que la dernière fut mariée à un procureur au Châtelet. Quand le contrat
pour le mariage de Marie-Élisabeth a été élaboré en 1691 ( pendant que Boulduc était encore le suppléant de
Fagon au Jardin ), il a suivi la coutume d'inviter des figures honorables à signer en témoins : les deux premières
signataires pour sa fille étaient la Duchesse de la Noue et ses filles, Charlotte et Amalie de Brunswick et
Lunebourg, qui sont décrites dans le contrat comme ‘ amis ’ de la jeune promise.7 Clairement donc, même à ce
stade, Boulduc et sa famille portait des rapport avec les aristocrates encore plus étroit qu'on aurait provenant
d’une formalité professionnelle, et de ce fait masquait son statut social ‘ anodin ’. Boulduc a fourni à sa fille une
dot de 12,000 livres ; qu'il était en mesure de le faire ainsi qu’instruire ses deux fils et trouver une dot pour
l’autre fille, est évidence que sa position financière était robuste, tout comme ses contacts sociaux variés. Quand
le fils aîné, Gilles-François, se maria en 1707, les circonstances de la famille avaient changé : Simon était veuf,
devenu pensionnaire de l'Académie, et apothicaire de la princesse Palatine ; d'ailleurs, Gilles-François était
également apothicaire qualifié et aussi académicien. Néanmoins, il s'est marié dans une famille dont le statut
ressembla celui de Boulduc dans les années 1690 : son épouse, Marie Anne Alexandre, était la fille d'un
marchand bonnetier à Paris qui lui aurait donné une dot de 15,000 livres.8 Le deuxième fils, Simon-Charles, ne
s'est pas marié ; il est devenu prêtre, et depuis 1729 était chanoine à la cathédrale de Lisieux. Bien que les deux
Simon Boulduc, et plus tard Gilles-François, aient servi la maison d'Orléans, ceci ne les a pas menés à acquérir
des associés de mariage d'une plus haute strate sociale que celui dans lequel ils avaient été nés.

Le statut social de Boulduc, et celui de ses enfants, semble être resté relativement stable, mais le milieu de ses
connaissances a été considérablement élargi par son adhésion à l'Académie et à travers ses services à la maison
d'Orléans. Depuis lors il était devenu veuf, son épouse étant morte en mars 1700.9 Il utilisa systématiquement
ses contacts pour avancer la carrière de son fils aîné Gilles-François. En 1699 le fils est devenu l’élève de Simon
dans l'Académie, et bientôt joignit son père comme apothicaire à la princesse Palatine. Vers le début des années
1700, Simon a rendu ses affaires sur la rue des Boucheries à Gilles-François, et rentra d'abord dans un logement
sur la rue Coquillière près de Saint Eustache,10 et plus tard sur la rue de Tournoy dans le quartier Saint
Germain-des-Prés.11 Le fait qu'il s'était privé de ses affaires lui a permis de se concentrer sur le Jardin de
l'Académie, et ( indépendamment de la période 1714 à 1723 ) la maison d'Orléans.

131
Sa vie quotidienne pendant la dernière phase de sa vie était simple mais confortable. Ses salles sur la rue
Tournoy étaient composées d'une cave, une salle à manger avec une petite chambre jointe, une cuisine, sa
chambre à coucher dont juste à côté était une petite pièce servant pour son bureau, et sa bibliothèque.12 Les
meubles et autres articles de ménage qu'il a possédé étaient de bonne et forte qualité. Parmi les morceaux plus
valables étaient une horloge faite par Gaudron et évaluée à 200 livres, six tapisseries pour 300 livres de valeur
( il en avait d'autres mais de moindre significance ), et son argent qui a été évalué à 5,469 livres. Les murs de sa
chambre à coucher étaient décorés par deux gravures ( une étant de la Duchesse d'Orléans ) et cinq peintures, y
compris deux dépeignant la Vierge Marie et un autre de la princesse Palatine ; ce qui était habituel aux dix-
septièmes et début dix-huitième siècles, la valeur financière des peintures était beaucoup plus inférieure à celle
des tapisseries : seulement 16 livres. Quand le total capitaux des possessions de Boulduc fut calculé, il avait
37,167 livres dans les proportions suivantes :

livres
Biens ménager sur la rue Tournoy 1,941 (5%)
Argent 5,469 (15%)
Bibliothèque 1,757 (5%)
Demi-maison dans le Marché aux Poirées 10,000 (27%)
Maison sur la rue Saint Jacques 18,000 (48%)

La demi-maison dans le Marché aux Poirées avait appartenu à la famille des Boulduc depuis le début des années
1600, et celle sur la rue Saint-Jacques depuis 1655 ; Simon les avait hérités de son père. La maison sur la rue
Saint-Jacques se loua pour 700 livres par année, et la demi-maison dans le Marché aux Poirées pour 250 livres.
Boulduc était exceptionnel du fait qu’il avait aucune rentes ni pour l'état, ni pour des particuliers ; son capital se
déroulait entièrement sur ses propriétés. Son revenu ne peut être calculé avec exactitude : l'Académie, sa
clientèle dans la maison d'Orléans, le Jardin royal, les baux sur ses maisons, étaient tous des sources de revenu ;
peut-être, aussi, tirait-il quelques fonds du magasin d'apothicaire sur la rue des Boucheries même après l’avoir
transféré à Gilles-François. Son revenu annuel devait lui revenir à plusieurs mille livres, mais aucune figure
précise ne peut être calculée. Quand les enfants de son acte de partage ont ajouté au capital de Simon toute les
sommes qui lui ont été dues de diverses sources, et extrait de ses propres dettes, la valeur entière de ses biens
s’évalua à 53,652 livres ; ses enfants l'ont divisé en quatre parts égaux, chacun reçevant 13,413 livres.

La bibliothèque de Boulduc était composée de 1,091 volumes ( spécifiés dans l'inventaire sous 105 titres ) et
de quatre paquets des brochures. Le contenu est remarquable du fait qu’il ne contient aucun auteur classique et
seulement trois oeuvres en latin ; tout le reste est en français. Naturellement, il avait reçu une formation pratique
en tant qu'apothicaire sous les conseils de son père et, autant que nous savons, n'était pas allé à l’école ; il n'a
pas été élevé sous le milieu classique tant traditionel à l'éducation française, et ceci se réflète dans les livres qu'il
a possédés. Il y a, naturellement, beaucoup de volumes traitant sur la chimie, la médecine, la botanique et les
autres sciences relatives ; mais les deux autres sujets les plus prominents sont l’histoire ( sur les Juifs, la France,
l’Angleterre, le Pérou, Louis XIV, l'église, Constantinople, les Indes, Paris ; aussi les histoires par De Thou et
Mornay ) et le voyage ( en France, en Afrique, au Japon, sur les terres nordiques et autrepars ). Il avait plusieurs
atlas, dictionnaires, et autres publications mixtes ( Moéri, Bayle, Trévoux, travaux de l’Académie des
sciences ), des auteurs en littérature moderne ( Corneille, Montaigne, Rabelais ), une bible et un nouveau
testament. C'est la bibliothèque d'un savant immergé dans la culture moderne et ayant peu de connaissance du
monde classique.

[En voici un (page suivante) :]

132
Les Mémoires de feu Monsieur le Duc de Guise, première édition, Paris, 1668.
(Copie digitale : https://books.google.fr/books?id=UshX4-HVsKkC)
[Photos : Yan J. K. Bolduc]

Page 249
De Boulduc l'apothicaire et L'Hospital l'aristocrate nous nous tournons vers Joseph Sauveur le professeur en
mathématiques (…).

Page 254
(…) La position de vétérans dans l'Académie a été clarifiée en 1707 par un statut définissant leurs droits : ils ont
été autorisés à assister aux réunions, à contribuer aux discussions, à jouir des privilèges de publications que les
autres académiciens avaient, et de recevoir une copie de chaque livre édité par l'Académie ; mais ils ont été
interdits de tenir office dans l'Académie, de participer à ses commissions, ou de nominer les élèves.13

Page 262
La formation de l'éducation des membres de l'Académie, comme leur milieu social, est connue sous environ
cinquante pour cent des cas.

Nom Collège Jésuite Nom Faculté de Médecine


(…) (…)
Collège Oratorienne Faculté de Loi
(…) (…)
Éduqué par soi/parents Divers
(…) Boulduc apothicaire

133
Pages 289 – 291
La composition de l'Académie réformé

(…) Les ajustements à ces événements n'ont été accomplis que jusqu'au 3 mars 1700 ; ce ne fut que depuis
qu'on pourrait dire que la nouvelle Académie fut en place.

LISTE DES MEMBRES, 1700

Âge en
Honoraires 1699 Catégorie Lieu de naissance
(…)

Pensionnaires
Boulduc I ( 1652 -- 1729 ) * 47 Chimiste Paris

Associés
(…)

Elèves Attaché à :
Boulduc II ( 1675 – 1742 ) 24 Boulduc Paris

Vétérans
(…)

* Déjà membres avant 1699.

Page 292
Les origines géographiques des nouveaux membres natif de la France ( y compris les honoraires, mais
excluant les académiciens déjà membre avant 1699 ) sont conforme au style d’antant : Paris et le nord de la
France ont continué à prédominer. La proéminence de Paris a d'autant plus été marquée lorsqu’en 1699 ont a vu
l'admission de fils et de frères de membres existants : (…) Gilles-François Boulduc (fils de Simon Boulduc le
pensionnaire), (…).

Page 307
Dans la réforme de 1699 les sciences vivantes se portaient légèrement meilleures que les sciences
mathématiques, en ce qui concerne la qualité des nouvelles recrues ; de même, ils se sont tous avérés très
satisfaisant sur les deux comptes. Les treize membres fixé au poste d'anatomie, chimie et botanique incluait neuf
élèves. La présence de Bourdelin, Du Verney et la famille Boulduc a été renforcée, alors que les premiers
membres des dynasties de Lémery et Geoffroy s’introduisaient. (…)

Pages 321 – 324


Les Apothicaires parisiens de l'Académie de 1699 :
Gilles-François Boulduc et la famille Geoffroy
Avec Gilles-François Boulduc et Etienne-François Geoffroy nous rencontrons des familles parisiennes dont les
racines de cette ville étaient profondes et de longue date. Ces familles ont fourni un service distingué aux
organismes publics de Paris du fait qu’elles ont tous deux produits des chefs de la guilde des apothicaires
parisiens et des membres du conseil municipal, en échevinage. Même si aucune des deux famille n’auraient été
membre de l’Académie des sciences, ils seraient toujours dignes d'attention ; ils faisaient partie du corps solide
de bourgeois qui, avec les marchands, avocats, officiers et les hommes d'affaires, fournissent les oligarchies qui
normalement servent d'éléments stabilisants dans les affaires publiques de la ville, mais qui pouraient être
provoqués dans de rude résistance si un gouvernement maladroit et peu sensible aliénerait leurs affections.
134
Riches, intelligents et prédisposés à identifier leur propre intérêt pour la défense des libertés municipales dans
leur approche aux grandes questions publiques du jour, ils étaient le type de personnages dont le régime
Bourbon a dû cultiver la bonne volonté dans ses efforts de stabiliser la société et de gouverner efficacement.

Gilles-François Boulduc ( 1675 – 1742 )14

La référence a déjà été faite concernant la formation intellectuelle de Boulduc, à sa carrière et son premier
mariage. Il avait un élément très déterminant conduisant sa vie : considérant sa formation, il était prévu de se
qualifier d’apothicaire, entrer dans l'Académie, succéder à la pharmacie de sa famille, épouser une épouse
appropriée, devenir apothicaire à un aristocrate ou un membre de la famille royale, et hériter de la position de
son père au Jardin Royal des Plantes. Lorsqu’il avait épousé Marie Anne Alexandre en 1707 il avait accompli
les trois premiers de ces étapes ; les autres ont suivi en temps opportun : en 1712 il a été nommé premier
apothicaire de Louis XIV,15 en 1729 il a assumé les fonctions de son père au Jardin Royal, et en 1735 est
devenu premier apothicaire de la Reine Marie Leszczynska. Par revanche, son progrès dans l'Académie était
lent en raison de ses autres fonctions. Il est resté élève ou adjoint jusqu'en 1727 où il a été promu associé ; mais
il ne s'est jamais rendu jusqu’à pensionnaire. Ses recherches étaient concentrée sur l'analyse des eaux de
diverses régions de la France, mais la rareté de sa présence à l'Académie et de ses contributions à leurs
démarches le détenait du rang d’associé.16 Pendant plusieurs années il a suivi des événements de l'Académie par
l’interval de son ami allemand Johann Gross, qui entra à l'Académie en 1731 ( Gross logait avec lui vers 1711 et
resta pour les trente années suivantes ). Les énergies de Boulduc se consacrait ailleurs. Certains ont été dépensés
à la vie publique : entre 1709 et 1711 il était garde de la communauté des maîtres apothicaires ce qui, entre
autres, l'a placé responsable des finances de la guilde ;17 en 1726 il fut élu échevin de la ville de Paris. C’est
probablement étant échevin qu'il a reçu le titre annobli d’écuyer. Nous devrions envisager Gilles-François
Boulduc comme une figure constamment occupée dans des oeuvres d'affaires et de communauté, lorsqu’il
n'était pas à la cour royale ou à l'Académie des Sciences.

Ses services à la famille royale et aux aristocrates lui ont fait passer beaucoup de temps à la cour ; ceci en
retour lui imposait de lourde dépenses, parce qu’il devait maintenir une présence à Versailles proportionnée à
celle de sa position. Une source de revenu était, naturellement, sa pharmacie sur la rue des Boucheries. Il s'est
avéré être un directeur judicieux, utilisant ses contacts à la cour pour attirer une clientèle riche. Pendant
quelques années il a personnellement surveillé le fonctionnement de ses affaires, mais en 1732 il entra en
association avec Claude Six, un autre maître apothicaire ( ceci est le premier document juridique connu sur
lequel Boulduc se réfère comme étant écuyer ).18 Sous les termes de l'accord, Six acheta une demi part dans les
affaires de Boulduc et s’installera vivre sur les lieux pour diriger les opérations. Le contenu du magasin de
Boulduc a été évalué à 12,811 livres ; Six versa la moitié de cette somme.19 Boulduc et Six gardait
soigneusement des comptes20 bien que les originaux n'aient pas survécu, rendant impossible de trouver un
calcul approximatif de leur revenu. Durant les neuf années de leur association ils ont augmenté la valeur de leur
stock par environ douze pour cent jusqu’à 14,385 livres.21 Une deuxième source de revenu était les clients de
Boulduc à la cour et à Paris qui lui achetaient ses préparations pharmaceutiques. La famille de Saint Simon,
avec qui Simon Boulduc avait été apothicaire, a continué à employer Gilles-François ; d’autres familles incluait
les d’Aligres ( dont Boulduc maintenait des notes précise sur leurs santé ), le Duc et la Duchesse de Bouillon, la
Duchesse de Saint Servin, le Duc et la Duchesse de Rousset, la famille Crespy, le Marquis de Gesvres, et le
Maréchal de Berwick. Les prélats tels que l'évêque de Beauvais et le cardinal d'Auvergne ont également traité
avec Boulduc. Plusieurs maisons religieuses parisiennes – les Ursulines, Carmélites, Capucins et les Filles de
Sainte Geneviève – ont acheté leurs médicaments de Boulduc et de Six,22 dont les affaires semblaient prospérer
même si parfois ils avait à prendre des clients aristocratiques à la cour afin de confirmer des paiements de
factures.23 Pourtant une autre source de revenue importante – mais encore qui ne peut être mesuré – était une
demi part dans un privilège de vingt ans conférant le droit exclusif de vendre et de distribuer du sel-ammoniac
dans l'ensemble de la France.24 Boulduc reçevait des paiements de la grandeur du pays sur cet article standard
des répertoires de tout les apothicaires ; ceci devait lui remporter une grande somme d'argent.

135
Directement ou indirectement, le roi et la cour ont donc apporté un bénéfice financier considérable à
Boulduc. Ses autres revenus étaient probablement minime par comparaison : son salaire pour enseigner au
Jardin Royal des Plantes, et ses revenus sur une poignée de rentes. Seulement qu’un rente était de son propre
investissement : en 1738 il a prêté 15,898 livres à Louis de Rouvroy, Duc de Saint Simon, en échange d’un
rente de 755 livres ; c'était pour compenser le coût des médicaments de Saint Simon.25 Le Duc de Gesvres a
pareillement transféré à Boulduc une rente de 275 livres pour payer ses préparations pharmaceutiques. Boulduc
a également hérité de deux petites rentes de 31 livres et 34 livres de ses parents.26 À part ceux-ci, il évitait les
rentes comme forme d'investissement. Il a aussi montré un pareil désintérêt envers les propriétés. De son père il
a hérité la moitié d'une maison sur la rue Saint Jacques, dont la valeur était à peine 9,000 livres ( il l'a louée à
350 livres ), mais bien qu'il soit devenu annobli, il n'a jamais aspiré à un domaine élaboré qui lui aurait permit
d'être adressé comme étant ‘ sieur de ’.

Les termes sur lesquelles il occupait la maison et le magasin de la rue des Boucheries ne sont pas clair, et se
transposent à ses arrangements domestiques peu usuels. Son premier mariage, mentionné plus tôt, a eu lieu en
1707 ; l'année de la mort de Marie-Anne Alexandre n'est pas connue. Quand Boulduc a épousé sa deuxième
épouse, Cathérine Aymée Millon, en 173427 ils avaient déjà un fils, Jean-François qui avait été née en 1727 ; en
1742 ce fils à hérité la totalité de la succession de Boulduc. En 1734 il y a aussi référence à une fille ; ce n'est
pas clair si la mère était Marie-Anne Alexandre ou Cathérine Aymée Millon ;28 en tout cas, elle mourut avant
Boulduc. En raison des circonstances entourant le mariage de Boulduc et de Cathérine Aymée, le contrat a été
signé avec un minimum de formalité, le seul témoin étant un ami ; aucun membre des deux familles n'était
présent. Au temp du décès de Boulduc en janvier 1742, sa propriété sur la rue des Boucheries avait passé dans
les mains de Henri et de Louis-Auguste Millon, marchands bourgeois de Paris, vraisemblablement frères ou
cousins de Cathérine Aymée ; ils louaient la propriété à Boulduc pour 2,220 livres par année.29 Il y a mystère
concernant le transfert de la propriété, parce qu’aucun acte de vente n'a survécu et l'inventaire de Boulduc est
silencieux sur la matière. Néanmoins, les paragraphes d'ouverture de l'inventaire se rapportent à la maison
comme “ appartenant à M. Millon, ancien échevin ”.

Quel que soit les faits sur la propriété de la maison et du magasin sur la rue des Boucheries, Boulduc y
gardait des articles de valeur considérable. Au temp de sa mort, ses articles en argent seul étaient estimé à 6,985
livres, tandis que dans un petit bureau on trouva 300 livres comptant, une bague de diamant d’une valeur de 600
livres, une croix incrusté de diamants d’une valeur de 1,000 livres, une boîte de tabac de 300 livres et une
montre d'or également d’une valeur de 300 livres. Les murs de la résidence étaient couverts de peintures et de
gravures ; d'une autre part, l'inventaire ne fait aucune mention des tapisseries. Ce qui est peu commun, parce
qu’ils était non seulement des tapisseries d’une belle beauté, elles étaient une forme populaire d'investissement.
La bibliothèque de Boulduc, qui était petite, s'insérait à l’intérieur de deux grands placards. Il n’avait que 252
volumes dont la plus grande catégorie était 63 volumes de l’Histoire et Mémoires de l'Académie des Sciences ;
il avait également 11 volumes du Journal des Sçavans. En plus des travaux médicaux et relatifs tels que les
Éléments Botaniques de Tournefort, il avait l’Histoire Ecclésiastique de Fleury, l’Histoire de France du Père
Daniel, les travaux de Boileau et de Villiers, et quelques autres titres de l'histoire moderne. Il n'y avait aucun
auteur classique, aucun travaux religieux, aucune bible ou livre de prière.

Gilles-François Boulduc était un homme de la cour plutôt qu'un académicien ; il est donc évident qu'il morût
et soit enterré à Versailles plutôt qu' à Paris. Il n'est pas possible de calculer la fortune qu'il a léguée à son fils,
mais il semble qu’il ait laissé son fils bien pourvu ; en termes de statut social, il a laissé un titre annobli. Pour
Boulduc, l’Académie des Sciences était de moindre importance à la cour ; il ne semble pas avoir été inquiété du
fait qu'il soit resté adjoint et associé pour si longtemps. Du point de vue de la cour, la clientèle qu'il recevait
d’une réputation d’être échevin de Paris était politiquement astucieux aussi bien que médicalement avantageux.

Signature de Louis XIV


136
Page 324
La famille Geoffroy

L'autre famille d’apothicaires à examiner en cette conjoncture sont les Geoffroy ; durant cette discussion,
plusieurs différences entre eux et les Boulduc apparaîtront. D'abord, les Geoffroy étaient beaucoup plus riche
que les Boulduc, et deuxièmement, contrairement aux Boulduc ils n'ont fait aucune tentative pour devenir
apothicaires d’aristocrates ou de courtisans. (…)

Page 332
(…) En 1703, quand il avait seulement dix-huit ans, il [ Claude-Joseph Geoffroy ( 1685 – 1752 ) ] a été admis à
la guilde des apothicaires ( son répondant à la cérémonie de réception était Gilles-François Boulduc ) ; (…).

Page 341
Un bref résumé implicite des conclusions principales de cette discussion des dynasties des Boulduc et des
Geoffroy peut être utile. Leurs racines profondes à Paris, dans la guilde des apothicaires et dans l'échevinage,
sont d'une importance primordiale pour notre compréhension de leurs statut et de leurs carrières ; cette dernière
domaine d'activité – l'échevinage – a mené aux deux familles l’acquérance d’un titre noble d'écuyer. En dépit
d’un sens de supériorité que, par exemple, beaucoup de médecins ont montré dans leur attitude envers les
apothicaires, les Boulduc et les Geoffroy étaient des savants riches, intelligents, largement lus et fortement
cultivés, qui se maniait facilement parmi les élites sociales de la ville et de la cour royale, aussi bien que parmi
les élites intellectuel de l'Académie des Sciences. Même en laissant de côte Etienne-François Geoffroy qui reçu
son diplôme dans la médecine, seulement l'observateur le plus compromis pourrait s'entretenir de n'importe
quelle prétention sur les Boulduc et les Geoffroy, parce qu'ils étaient des apothicaires, des êtres inférieurs aux
académiciens qualifiés dans la médecine. Le soutien de leur position dans la société parisienne, et l'importance
de leur entrée dans le milieu, et leurs influence dans l'Académie, était leur richesse tangible. S'il peut être dit des
Boulduc que financièrement ils étaient extrêmement confortable, les Geoffroy étaient immensément riche ;
même Etienne-François, le “ plus pauvre ” des deux frères de l'Académie, avait une valeur bien au dessus de
100,000 livres, alors que la fortune de son frère n'était pas lointaine d'un million. D'ailleurs, les deux familles
ont adopté une approche réaliste à la richesse : ils ont employé leur argent pour augmenter leurs fortunes, et ont
généralement évité les formes de dépense – notamment sur les terres – qui aurait put s'accorder avec les notions
courantes du statut social, mais qui ne donnait aucun sens économique.

Ils devaient aussi leurs présence dans l'Académie à leurs association avec les figures influentes du monde de
la science : Simon Boulduc a été recruté et avancé par Fagon, et Etienne-François Geoffroy était endetté aux
contacts qu'il a faits aux conférences de son père. Une fois dans l'Académie, les chemins pris par les deux
familles ont tendu à diverger : les Boulduc de plus en plus ont été attiré dans le service des membres de la cour
royale, et ont payé le prix en délaissant la promotion dans l'Académie ; les Geoffroy ont resté des académiciens
énergiques, les deux les plus anciens atteignant de ce fait le grade de pensionnaire. (…)

Page 404
(…) Après la démission de Fagon en 1708, les sous-démonstrateurs de l'extérieur des plantes étaient aussi des
académiciens : (…) ; de même les professeurs de chimie jusqu’à la deuxième moitié du siècle : Simon Boulduc
de 1695 à 1729, Gilles-François Boulduc jusqu’à 1742, et Rouelle jusqu’à 1768. (…)

Pages 421 – 422


PREMIÈRE APPENDICE

Dirigeants en chef de l'Académie des Sciences, 1699 – 1750


(…)

Présidents, Vice-Présidents, Directeurs et Sous-Directeurs

137
(…)
1715
Président : Renau
Vice-Prés : Gouye
Directeur : Cassini II
Sous-Dir : Boulduc, S

(…)
Pages 424 – 425
DEUXIÈME APPENDICE

Académiciens désignés 1669 – 1698


(…)
(c) 1691 – 1698 ( Pontchartrain )

Année Nouveau membre (âge) Discipline Lieu de naissance Décès (âge)


(…)
1694 Boulduc ( 1652 – 1729 ) (42) Chimie Paris
(…)

Notes:
1 Laissus, ‘Le Jardin du Roi’, 327, 331 – 332.
2 Laissus, ‘Le Jardin du Roi’, 327, 336 ; Stroup, A Company of Scientists, 38 ; sur Boulduc, voir P. Dorveaux, ‘Apothicaires
Membres de l'Académie Royale des Sciences. iii. Simon Boulduc’, dans Bulletin de la Société d' Histoire de la Pharmacie, xviii
( 1930 ), 5 – 15 ; P. Dorveaux, ‘Les Boulduc, Apothicaires de la Princesse Palatine’, dans Revue d' Histoire de la Pharmacie, 32
( 1933 ), 110 – 111.
3 A.N., M.C., XXX – 261 : Mariage, 20 juin 1649 ; il est un témoin don’t la qualité est donné comme ‘Pierre Boulduc, marchand
apothicaire, épicier, bourgeois de Paris’.
4 A.N., M.C., CXXII – 1692 : Mariage, 12 juin 1674.
5 Laissus, ‘Le Jardin du Roi’, 327, 336.
6 A. des S., Dossiers Biographiques : Boulduc.
7 A.N., M.C., I – 193 : Mariage, 12 fév. 1691.
8 A.N., M.C., CI – 274 : Inventaire Après-Décès de Simon Boulduc, 3 mars 1729.
9 Aucun inventaire n'a été élaboré sur la mort de Marie-Elisabeth de l'Estang ; la famille à décidée d’attendre le décès de Simon
Boulduc quand un inventaire complet pourrait être préparé ( A.N., M.C., CXII – 585 : Partage, 23 juin 1729 ).
10 A.N., M.C., XXXIX – 242 : Mariage, 23 avril 1707.
11 A.N., M.C., CI – 274 : Inventaire Après-Décès de Simon Boulduc, 3 Mars 1729.
12 Ceci et l'information suivante est prise de l'inventaire de Boulduc et de la division subséquente de sa propriété par ses enfants
( A.N., M.C., CXII – 585 : Partage, 23 juin 1729 ).
13 Dorveaux, ‘Apothicaires Membres de l'Académie Royale des Sciences ; III : Simon Boulduc’, 9 – 10.
14 Sur Gilles-François Boulduc, voyez l’éloge de Mairan, et P. Dorveaux, ‘Apothicaires Membres de l'Académie Royale des
Sciences : iv : Gilles-François Boulduc’, dans Revue d'Histoire de la Pharmacie ( 1931 ), 113 – 126.
15 A.N., O1 56, f. 188v.
16 Il n'a pas soumis sa première communication à l'Académie que jusqu'en 1719 ; neuf de plus ont suivis, le dernier ayant lieu en
1735 ; la liste complète est imprimée dans Dorveaux, ‘Gilles-François Boulduc’, 125 – 126.
17 A.N., M.C., VIII – 1045 : Inventaire Après-Décès de Gilles-François Boulduc, 3 fév. 1742 : ‘Papiers Privés’, 68.
18 A.N., M.C., CXXII – 598 : Société, 27 nov. 1732.
19 Le contrat a également déclaré que sur la mort de l'un ou l'autre associé, le survivant hériterait de la moitié de la valeur courante
des affaires ; si l'un ou l'autre associé se retire de l'accord, il payerait une pénalité de 2,000 livres.
20 A.N., M.C., VIII – 1045 : Inventaire Après-Décès de Gilles-François Boulduc, 3 fév. 1742 : ‘Papiers Privés’, 8 – 10, 34 – 42, 54.
21 L'inventaire de Boulduc contient une section intitulée, ‘Les Marchandises de la Profession d'Apotiquaire Composant le Fonds de
la Société d'entre ledit deffunt Sr. Boulduc et ledit Six’, qui donne une description du contenu du magasin, avec leur valeur.
22 A.N., M.C., VIII – 1045 : Inventaire Après-Décès de Gilles-François Boulduc, 3 fév. 1742 : ‘Papiers Privés’, 6, 16, 23, 25 – 27,
50 – 58 ; A.N., M.C., CXXII – 598 : Société, 27 nov. 1732.
23 En 1735 et 1740 Boulduc a dû poursuivre le Duc de Bouillon et le Duc de la Pouy pour le non-paiement de dettes ( A.N., M.C.,
VIII – 1045 : Inventaire Après-Décès de Gilles-François Boulduc, 3 fév. 1742 : ‘Papiers Privés’, 55, 56 ).
24 ‘Deux copies informes et non signées de l’avocat du Conseil royal des finances et commerce qui accorde audit deffunt Sr.
Boulduc et ausr. Biron le privilege exclusif de la vente et distribution du sel ammoniac dans toute l’etendue du royaume pendant

138
l’espace de vingt ans’ [ aucune date ] ( A.N., M.C., VIII – 1045 : Inventaire Après-Décès de Gilles-François Boulduc, 3 fév.
1742 : ‘Papiers Privés’, 43 ).
25 En l’espace d’une année, Boulduc devait poursuivre Saint Simon pour le non-paiement de rente ( A.N., M.C., VIII – 1045 :
Inventaire Après-Décès de Gilles-François Boulduc, 3 fév. 1742 : ‘Papiers Préliminaires’, 1 – 2 ).
26 Ibid., ‘Papiers Privés’, 16.
27 A.N., M.C., XIV – 288 : Mariage, 27 mars 1734.
28 A.N., M.C., VIII – 1045 : Inventaire Après-Décès de Gilles-François Boulduc, 3 fév. 1742 : ‘Papiers Privés’, 48.
29 Ibid., ‘Papiers Privés’, 59.
ABRÉVIATIONS

A. des S. Archives de l’Académie des Sciences


A.N., M.C. Archives Nationales: Minutier Central
B.N. Bibliothèque Nationale
O1 Archives Nationales

(Représentation du 14e siècle.)

Source : Histoire de Paris, composée sur un plan nouveau, de GeorgesTouchard-Lafosse – 1833.


Voir : http://books.google.fr/books?id=-iQKAAAAIAAJ (p. 476-477)

139
(1664, Pierre Du Val [Paris])

140
(1677, Pierre Du Val [Paris])

141
142
Louis Boulduc (1648 ~ 1700)

Soldat, Procureur du Roi, Ancêtre.

Delaître, Ministère de la Guerre, Paris (XVIIe siècle) ; photo Tweedy, Ed. R.L.
Source : Nos Racines, l’histoire vivante des Québécois, Chapitre 9, p. 169 (1979).

(1713) (1730 ca) 143


(1680, Collection Cliobec/Bouchard)
Source: http://www.septentrion.qc.ca/banque-images/fiche-image.asp?id=890 144
« Portrait-robot » du procureur
Louis Boulduc

BOULDUC, LOUIS, soldat, colon, bourgeois, procureur du roi, né vers 1648 ou 1649, fils de Pierre Boulduc,
maître apothicaire-épicier de la rue Saint-Jacques, paroisse de Saint-Benoît [Voir page 246], à Paris, et de
Gilette Pijart, décédé en France entre 1699 et 1701.

Soldat de la compagnie d’Andigné* de Grandfontaine du régiment de Carignan, Boulduc débarqua à Québec


le 17 août 1665. Il y épousait, le 20 août 1668, Élisabeth Hubert, fille d’un procureur au parlement de Paris. Le
couple s’installa à Charlesbourg [Voir page 222], sur une terre de 40 arpents acquise de Jacques Bédard, au coût
de 800, le 7 octobre 1669. Mais Boulduc, en citadin qu’il était, ne s’intéressa que brièvement aux travaux des
champs. Le 18 novembre 1672, il louait une maison à Québec [Voir page 223] et, le 29 octobre 1674, il était
qualifié bourgeois de cette ville ; entre-temps il avait vendu sa terre, le 26 août 1674, pour la somme de 850ª.
Sur la recommandation de Frontenac [Buade*], à ce qu’il semble, il fut nommé, par lettres royales du 15 avril
1676, procureur du roi en la Prévôté de Québec, aux appointements de 300e. Le 31 août suivant, après avoir
prêté le serment d’usage, il était mis en possession de son office.

À l’époque du premier gouvernement de Frontenac, marqué d’incessantes querelles de partis, on ne pouvait


impunément se ranger du côté de l’irascible gouverneur. Boulduc, s’il ne le savait déjà, allait l’apprendre à ses
dépens, d’autant que Frontenac entendait se servir de lui et de la prévôté pour faire échec au Conseil souverain.
Or le choix n’était guère heureux, si l’on en croit Duchesneau*, personnellement mêlé aux intrigues, et
Denonville [Brisay], qui eut en 1685 le loisir de mener sa propre enquête : Boulduc, écrivait Duchesneau « est
accusé de concussion, de vol dans toutes les maisons dans lesquelles on le souffre, de débauches et de crapules
continuelles » , Denonville, à son tour, le jugeait « un fripon achevé à ne jamais souffrir dans une pareille
charge ».

À cet officier par trop vulnérable, les conseillers ne ménagèrent pas les tracasseries, dans le but de le
discréditer et de compromettre du même coup la prévôté. La lutte s’engagea pour de bon après que, en mai
1677, Louis XIV eut rétabli la Prévôté de Québec en sa première puissance, et confirmé en son emploi le
procureur Boulduc. Le protégé de Frontenac pouvait s’attendre à quelque affrontement sérieux. Le 13 novembre
1680, Duchesneau lui portait un premier coup dans une lettre au ministre ; et, en janvier 1681, accusé de
145
malversations, Boulduc était traîné devant le Conseil souverain. Objet d’une plainte d’un marchand de Bayonne
qui désirait peut-être se venger de lui, Boulduc allait bientôt voir les conseillers étendre leurs indiscrètes
enquêtes à toute sa vie, publique et privée. En conséquence d’un arrêt du 28 avril, il fut interdit et remplacé
provisoirement par Pierre Duquet*. On assista dès lors à un déchaînement peu commun de passion : les partis
s’entredéchirèrent interminablement dans une lutte à finir dont Boulduc, à vrai dire, n’était plus guère que
l’occasion et le prétexte. Enfin, après 14 mois d’une véritable bagarre, le Conseil reconnut Boulduc coupable de
malversations – c’était le 20 mars 1682 – et le déclara déchu de sa charge.

On peut penser que Frontenac, rentré en France, n’abandonna pas son protégé, car, par arrêt du 10 mars 1685,
Louis XIV accordait à la famille de Boulduc le tiers des appointements de ce dernier, et invitait l’intendant à lui
rendre son emploi, si on le jugeait suffisamment puni. Denonville s’opposa énergiquement au retour de l’ex
procureur, si bien que, le 4 juin 1686, le roi cassait définitivement le malheureux Boulduc.

Mme Boulduc était repassée en France en 1685, munie d’un congé de Denonville, qui se déclara heureux de
« délivrer le pays d’un assez mauvais meuble ». Boulduc la suivit, peut-être l’année suivante. Ils laissaient « des
enfants qui sont réduits à la charité des gens de bien ». Les Boulduc avaient en effet trois fils et deux (ou trois)
filles dont l’âge variait de neuf à 17 ans.— La cadette, Louise, dont on ne sait si elle vivait encore, était filleule
de Frontenac.— Ils restèrent tous dans la colonie et prirent le nom de Bolduc. Quant aux parents, ils moururent
en France, apparemment sans revoir leurs enfants.

Qui oserait porter un jugement définitif sur Boulduc ? Quels qu’aient été ses torts, il fut peut-être, avant tout,
la victime d’une époque troublée. L’intendant de MEULLES semble l’avoir pensé : « Beaucoup de passion ayant
été mis en cette affaire, le Roi ferait sagement de rétablir ce magistrat », écrivait-il le 12 novembre 1686.

ANDRE VACHON
[Le 8 févr. 1700, dans le contrat de mariage de son fils René, Louis Boulduc -pour lors en France -est dit vivant
(greffe Jacob) ; le 7 nov. 1701, au contrat de son fils Jacques, il est décédé (greffe Jacob). On en peut conclure
qu’il est mort en France entre l’été de 1699 et celui de 1701. a. v.]
AJQ, Greffe de Romain Becquet, 18 nov. 1672, 26 août 1674 ; Greffe de Pierre Duquet, 7 oct. 1669 ; Greffe de Leconte, 8 août 1668 ;
Greffe de Gilles Rageot, 26 août 1674, 8 nov. 1675.— AQ, NF, Ins. de la Prév. de Québec, I : 299, 543.— Correspondance de
Frontenac (1672–1682), RAPQ, 1926–27 : 140.—Jug. et délib., I, II, passim.— Lettres et mémoires de Ruette d’Auteuil, RAPQ,
1922–23 : 5s., 23.— Recensement du Canada, 1681 (Suite).— P.-G. Roy, Inv. ins. Cons. souv., 67s.— Gareau, La Prévôté de Québec,
RAPQ, 1943–44 : 104s.— Godbout, Nos ancêtres, RAPQ, 1957–59 : 429s.— Le Jeune, Dictionnaire, I : 200s.— P.-G. Roy, Louis
Boulduc ou Bolduc, BRH, XXII (1916) : 65–70.—Régis Roy, Boulduc, BRH, XXVI (1920) : 13.
© 2000 University of Toronto/Université Laval (Source : http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp?BioId=34782 )

Voir aussi : www.ourroots.ca/e/page.aspx?id=693807

[Anecdote : À noter que la présence des Bolduc dans la région des États-Unis d’aujourd’hui était
présente même avant l’évênement de la signature de la déclaration d’indépendance du 4 juillet 1776,
grâce à l’établissement de Louis Bolduc, de St-Joachim, à Ste-Geneviève, Missouri, aux débuts des
années 1760. Il se maria en 1765, et le 11 juin 1770 « Louis Boisleduc » conclut un contrat avec un
Louis Boulet pour construire une maison habitable avant la date du 30 septembre 1771 (elle fut
reconstruite plus éloigné après les grandes inondations de 1785). Elle a été entièrement restaurée en
1956-57, et est maintenant préservée dans son état original comme monument national historique
(1970) [Voir pages 266 & 267]. Il était le fils de Zacharie Bolduc, deuxième génération de notre
ancêtre commun. Source : Louis Bolduc, his family and his house, par Carl J. Ekberg (2002).]
146
Louis Boulduc (1648-1701), ancêtre des Bolduc en Amérique
L’Ancêtre, Revue de la Société de généalogie de Québec, Numéro 310, volume 41, printemps 2015, pp. 187-198
(Source : www.sgq.qc.ca/images/_SGQ/revue_lancetre/numero_310_volume41_printemps215pdfR.pdf)
Par Hélène Routhier [Extrait du travail d’Hélène Routhier, ajouté ici le 13 janvier 2018.]
Ses origines
Louis Boulduc est né à Paris vers 1648. Il est le second fils de Pierre et Gillette Pijart mariés à Paris le 27
décembre 1639. Son père, né en 1607, est Mtre apotiquaire epicier demeurant rue St-Jacques parroisse St
Benoist archevesché de Paris (BAnQ-Québec. Minutier du notaire Jean Lecomte, 8 août 1668 ). Reçu maître apothicaire
le 5 mai 1636, il fut garde de 1661 à 1663. Il était membre de l’Académie des sciences ; il est décédé le 15 mai
1670 à Paris. Sa mère a été baptisée le 14 mars 1623 à l’église Saint-Jacques-de-la-Boucherie à Paris. Elle est
la fille d’Adam Pijart, maître orfèvre, et Jacqueline Charron. Elle est décédée avant avril 1701.

Ses grands-parents paternels, Louis Boulduc, épicier, et Françoise Lebrun (Isambert, marchand de Paris, et
Perrette Conseil) ont passé un contrat de mariage à Paris le 6 août 1595 devant les notaires Pierre de Rossignol
(1578-1613) et Jean Chazerets (1577-1599). Ses arrière-grands-parents sont Symon Boulduc, marchand drapier
à [Senlis], et Jacqueline Debonnaire [ses arrière-arrière-grands-parents sont Henry Boulduc, marchand
bourgeois à Senlis, et Marguerite Lobry ; la lignée n’est pas connue plus loin].

Pierre Boulduc et Gillette Pijart donnèrent naissance à quatre autres garçons, tous nés à Paris : Pierre,
procureur au Châtelet et juridiction des auditeurs ; Gilles et Jacques, religieux chez les Augustins, et Simon
(1652-1729). Ce dernier, leur troisième enfant, est reçu maître apothicaire le 8 novembre 1672, il fut garde de
1687 à 1689, consul en 1698, juge en 1707. Apothicaire du Roi et de la noblesse, il fut démonstrateur en
chimie au Jardin du Roi (1695), membre de l’Académie royale des sciences (Société d’histoire de la pharmacie. La
Salle des Actes, www.shp-asso.org/index.php?PAGE=salledesactes4 (consulté en novembre 2014)), directeur du Jardin des
apothicaires, herboriste et chimiste, entre autres. Il fit de nombreuses recherches dont plusieurs ont été publiées.
Christian Warolin qualifie Simon Boulduc d’authentique précurseur de la pharmacologie expérimentale.

Dans son ascendance, Gillette Pijart, épouse de Pierre Boulduc, est issue d’une dynastie d’orfèvres. Son
père, Adam, son grand-père, Claude, et son arrière-grand-père, Pierre, avaient œuvré en ce domaine (WAROLIN,
Christian, « Étude de la dynastie des Pijart », Revue d’histoire de la pharmacie, vol. 94, no 355, 2007, p. 371-370.
www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_2007_num_94_355_6372 (consulté en octobre 2014)).

Gilles-François Boulduc (1675-1742) a suivi les traces de son père Simon et de son grand-père Pierre. Reçut
maître apothicaire le 14 mars 1695, il fut garde de 1709 à 1711, consul en 1717, échevin, premier apothicaire
du Roi et de la Reine, démonstrateur de chimie au Jardin du Roi (1729), membre de l’Académie royale des
sciences (Société d’histoire de la pharmacie. La Salle des Actes, op. cit.). Son fils Jean-François (1728-1769) fut
également apothicaire. Ils constituent une dynastie de quatre apothicaires Boulduc et autant de générations.

Les portraits de Gilles-François, de son père Simon et de son grand-père Pierre sont exposés à la Salle des
Actes de la Faculté de Pharmacie de l’Université Paris Descartes à Paris. Le portrait de Pierre date de 1663 et le
représente à l’âge de 56 ans. Dans cette salle, on retrouve 91 portraits illustrant des maîtres apothicaires, des
maîtres en pharmacie, des pharmaciens et des gardes, qui sont nés entre 1524 et 1852. Outre la dynastie des
Boulduc, s’y trouve également celle des apothicaires Godefroy (Estienne, Estienne, Mathieu-François et
Claude-Joseph), portraits numéro 4, 19, 20 et 24. Les portraits des trois pharmaciens Boulduc portent les
numéros 62 (Gilles-François), 67 (Simon), et 74 (Pierre) (Société d’histoire de la pharmacie. La Salle des Actes,
www.shp-asso.org/index.php?PAGE=salledesactes5 (consulté en novembre 2014)). Les armoiries personnelles de ce dernier
sont présentées au coin supérieur droit de son portrait qui porte l’inscription : Petrus Boulduc Pharmacop.
Paris. Praefectus annis 1661, 62, 63. Ætatis 56 anno 1663.

Soldat du régiment de Carignan-Salières


Le 13 mai 1665, Louis Boulduc, âgé d’environ 17 ans, quitte La Rochelle à bord du navire L’Aigle d’or. Il
amorce la traversée vers la Nouvelle-France avec les membres des compagnies Grandfontaine, La Fredyère, La
Motte et Salières du régiment Carignan-Salières. Ils mouillent à Québec le 18 août après une traversée de 97
147
jours. On ne sait pas depuis quand Louis Boulduc faisait partie de ce régiment qui a fait périple de la Lorraine à
La Rochelle de février à mai 1665. Cette année-là, 20 compagnies composées d’environ 50 personnes se
dirigeront vers la Nouvelle-France pour pacifier les Iroquois. Entre juin et septembre 1665, Marcel Fournier (Le
régiment de Carignan-Salières, 2014) estime que quelque 1300 militaires des troupes françaises débarquèrent à
Québec.

Dans l’article La dynastie des Boulduc apothicaires à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles (WAROLIN, Christian,
« La dynastie des Boulduc apothicaires à Paris aux XVII e et XVIIIe siècles », Revue d’histoire de la pharmacie, vol. 89, no 331, 2001,
p. 333-354. www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_2001_num_89_331_5246 (consulté le 11 octobre
2014)), Christian Warolin rapporte que, dans le testament olographe de Pierre Boulduc, transcrit dans
l’inventaire après son décès survenu le 14 mai 1670 à Paris, de surprenantes révélations y sont faites sur [son]
fils Louis qui avait entrepris une carrière au Québec.

Le testament fut rédigé le 30 avril 1666, soit moins d’un an après le départ de Louis pour la Nouvelle-France.
Pierre supplie et conjure sa femme Gillette Pijart de vouloir un jour avoir la bonté de pardonner à tous les
mauvais déportemens de la vie passée de Louis Boulduc, nostre fils, comme je luy pardonne, si tant est qu’avec
la grâce de Dieu, comme je l’espère, estant revenu à resipiscence par la recognoissance de toutes les faultes
qu’il a cydevant faict, il fasse toutes les soubmissions requises et nécessaires en pareil cas et rencontre et, ce
faisant, qu’elle l’assiste charitablement et raisonnablement de ses bons advis et conseils. Il prie sa femme de
ne pas déshériter leur fils. Cependant, rien ne permet d’identifier les fautes commises par Louis (Ibid., p. 338).
Est-ce qu’il s’est joint au régiment de façon volontaire ou cela lui fut-il imposé comme sanction ? Comme il
semble avoir connu d’assez sérieux écarts de conduite, il se pourrait que ce fût pour lui une peine imposée.

Le 2 septembre 1665, la compagnie Grandfontaine quitte Québec pour le Richelieu où elle participe à la
construction du fort Sainte-Thérèse et d’un chemin de ce fort jusqu’au fort Saint-Louis. Le capitaine est Hector
d’Andigné de Grandfontaine (1627-1696), les lieutenants sont François Provost et Pierre Joybert de Soulanges
et de Marsan, et l’enseigne est Pierre Bécard de Grandville. À la fin d’octobre, les compagnies La Motte,
Naurois et Grandfontaine sont de retour à Québec pour leur cantonnement d’hiver. En octobre 1666, après
quelques campagnes en territoire des autochtones, un traité de paix a été signé. Le régiment est rappelé en
France à l’automne 1668. On estime que plus de 400 officiers et soldats ont choisi de demeurer en Nouvelle-
France, dont Louis Boulduc.

Mariage
Le 8 août 1668, devant le notaire Jean Lecomte, Louis Boulduc signe un contrat de mariage. Louis Boulduc
fils de Pierre Baulduc Mtre apotiquaire epicier demeurant rue St-Jacques parroisse St Benoist archevesché de
Paris et Gillette Pijart sa femme ses père et mère d’une part et Isabelle Hubert fille de Claude Hubert
procureur au parlement de Paris demeurant rue de la Tissanderie paroisse St-Gervais du dit Archevesché de
Paris et Isabelle Fontesne sa femme ses père et mère d’autre part. Le contrat est signé en présence de Jean
Levasseur dit Lavigne et de Jean Bourdon, huissiers du Conseil souverain témoins à ce requis. Il se conclut par
23 signatures, dont celles du chevalier de Grandfontaine et de Jean Talon. La future épouse apporte une dot de
quatre cent livres pour tous ses meubles habits bagues et joyaux. Dans le contrat, le prénom de l’épouse est
Isabelle, mais elle signe Elisabelle. Sur la majorité des documents ultérieurs à celui-ci, elle est identifiée sous
le nom d’Élisabeth. Peut-être que, étant habituellement désignée Élisabeth, elle a automatiquement commencé
à signer de ce prénom pour le terminer avec la dernière partie du prénom Isabelle.

Le 20 août 1668, Louis et Isabelle se marient à l’église de Notre-Dame-de-Québec. Ce mariage figure au


registre de la paroisse. Furent témoins, Daniel de Rémy de Courcelles, gouverneur de la Nouvelle-France de
1665 à 1672, ainsi que le notaire Jean Lecomte qui avait rédigé le contrat de mariage.

L’an gbj soixante huit le vintiesme jour du mois d’aoust apres les fiancailles et la publication des trois bans
de Mariage d’entre Louis Boulduc fils de Pierre Baulduc et de Gillette Pijart ses pere et mere de la Paroisse de
St Benoist de la ville et Archevesché de Paris, d’une part, Et Isabelle Hubert fille de Claude Hubert et
148
d’Isabelle Fontaine ses père et mere dela Parroisse de St-Gervais à Paris d’autre part; Ne sestant découvert
aucun empeschement legitime, Je soussigne Prestre curé de cette paroisse les ay mariés et leur ay donné la
benediction Nuptiale selon la forme prescrite par la saincte Eglise en presence de Messire Daniel de Remy
Chevalier Seigr de Courcelle Gouverneur pour sa Majesté en ce pais Nicolas d’Hautcourt Escuyer Enseigne
d’une Compagnie du Regiment de Carignan-Salières et Jean Lecomte nottaire, De Bernières (www.ancestry.ca,
Registre paroissial de Notre-Dame-de-Québec).

Élisabeth Hubert, Fille du roi, est née vers 1651. Arrivée en Nouvelle-France en 1667, elle a environ 17 ans
lors de son mariage, et son époux en a environ 20. Le contrat et l’enregistrement de mariage ne font pas
mention qu’ils sont mineurs.

Lieux de résidence en Nouvelle-France


Le 7 octobre 1669, Louis Boulduc achète de Jacques Bédard une terre de 40 arpents située au Trait-Carré de
Charlesbourg. Il emprunte aux Jésuites les 800 livres nécessaires à cette transaction (ct notaire royale Pierre
Duquet). Le frère Boursier verse ce montant au vendeur, Jacques Bédard. Aujourd’hui, les adresses 8233, 8235
et 8237 du chemin du Trait-Carré Ouest sont situés à l’endroit où la terre de Louis Boulduc avait accès au trait-
carré de l’époque (DELAMARRE, Yves, Louis Bolduc, notre ancêtre malgré tout, 2007, p. 23).

Le 3 août 1670, le baptême de Marie-Anne Bolduc, fille de Louis, a lieu en la chapelle de Charlesbourg.
L’enregistrement du baptême de son fils René le 5 mars 1674 confirme également le lieu de résidence : fils de
Louis Bolduc habitant de Charlesbourg. Louis Boulduc et son épouse viennent de familles de la petite
bourgeoisie française. Les parents et aïeux Boulduc et Pijart que nous avons pu retrouver sur trois générations
les précédant sont des gens de métiers : commerçants, orfèvres, drapier, épicier, apothicaire… Quant à
Élisabeth, son père était procureur au Parlement de Paris. Ils n’ont probablement ni le goût ni beaucoup
d’aptitudes pour cultiver la terre.

Le 26 août 1674 (ct notaire Gilles Rageot), Louis Boulduc vend sa propriété de Charlesbourg à Jean Delguel dit
La Brèche (officier de l’état-major du régiment de Carignan-Salières) pour 850 livres. Le ménage quitte cette
agglomération pour Québec. Le même jour, Louis loue, pour un an, une maison située rue du Sault-au-Matelot,
au coût de 106 livres. Le 29 octobre de la même année, dans un arrêt du Conseil souverain, on qualifie Louis
Boulduc de bourgeois de cette ville (PERRON, Guy, Prévôté de Québec, vol. 4, Transcription des vol. 7 et 8 (registres civils) :
9 janvier 1674 au 20 décembre 1675, Longueuil, Éditions historiques et généalogiques Pepin, 2002, p. 205 ). Le 1er septembre
1675, il loue un corps de logis, voisin du couvent des Ursulines, pour 80 livres par année. En 1682, il deviendra
propriétaire de ce logis qu’il habitera jusqu’en 1686.

Au recensement de 1681, Louis Boulduc, procureur du roi, 32 ans et Élisabeth Hubert, 30 ans sont résidents
de Québec ainsi que leurs enfants Louis 12 ans, Marie 10 ans, Jacques 9 ans, René 7 ans, Marie 6 ans et Louise
4 ans. Louis possède un fusil et deux vaches (BAnQ-Québec. Recensement 1681).

Les archives notariales contiennent également les actes des transactions de Louis Boulduc passées devant le
notaire royal Pierre Duquet les 25 août et 10 novembres 1670, et le 18 octobre 1671, ainsi que devant le notaire
royal Romain Becquet, le 18 novembre 1672, pour des emprunts, des reconnaissances et des remboursements de
dettes. Cependant, comme ils doivent encore 600 livres sur la somme empruntée des Jésuites en 1669, Louis
Boulduc et Élisabeth Hubert, devant le notaire Romain Becquet le 15 avril 1678, hypothèquent leurs biens. Ils
devront verser aux Jésuites une rente annuelle de 30 livres. Cet acte précise qu’ils n’ont aucune autre dette ni
hypothèque.

Comment justifier l’emprunt, aux Jésuites, de la somme nécessaire pour payer l’achat d’une terre ? Christian
Warolin, dans l’article cité précédemment, précise que, dans l’inventaire des biens de Pierre Boulduc
commencé le 21 mars 1671, quelques actes font mention d’argent avancé pour l’installation de Louis à Québec.
- 5 septembre 1665 : quittance de 300 livres tournois à Pierre Boulduc pour la fourniture faites à Louis
Boulduc qui venait d’arriver à Québec.
149
- 17 mai 1669 : lettre de Paul Ragueneau, jésuite (Paul Ragueneau (1608-1680) arrive à Québec en 1636 et retourne en
France en 1662, procureur de la Mission à Paris), à Pierre Boulduc : le père Ragueneau reconnaît que Gillette Pijart
(mère de Louis Boulduc) lui a remis 1000 livres tournois à envoyer à son fils Louis à Kébec pour l’achat
d’une maison.
- 18 mai 1669 :
1- Louis de passage à Paris logé chez ses parents et « estant sur le point de s’en retourner en lad. Ville de
Kébec » les supplie « de le vouloir assister de quelque chose pour faire son establissement et négoce de
marchandise ». Il reçut 1500 l.t. en avancement d’hoirie.
2- Pierre Boulduc prie un marchand de Rouen de fournir des marchandises à son fils Louis d’un montant de
500 l.t. incluant le frêt et s’engage à le régler en juillet.
- 23 juillet 1669 : acte sous seing privé par lequel Paul Ragueneau reconnaît avoir reçu de Gillette Pijart 250
l.t. sur les 500 qu’il a avancées à Louis.
- Une dernière pièce, non datée, se réfère à un mémoire de marchandises fournies à Louis Boulduc sur ordre
du Révérend Père Ragueneau.

Warolin ajoute qu’il est probable que les subsides remis au Révérend Père Ragueneau et destinés à Louis
Boulduc parvenaient à Québec par l’intermédiaire des Missions jésuitiques parisienne et québécoise. Deux
pères jésuites au patronyme Pijart ont séjourné en Nouvelle-France dès 1635 et 1637. Claude, le fondateur de
la paroisse de Charlesbourg (DBC) a baptisé le deuxième enfant de Louis et Élisabeth en 1670.

Louis Boulduc était en France en mai 1669. Son épouse devait probablement être restée à Québec,
puisqu’elle y donne naissance à son premier enfant le 10 juillet. Le voyage aurait sans doute été trop risqué
pour elle. Si l’on considère la durée habituelle de la traversée de l’Atlantique, Louis est probablement rentré en
Nouvelle-France durant l’été. Le 7 octobre, il fait l’acquisition d’une terre à Charlesbourg.

Malgré le fait que ses parents aient été généreux envers lui, Louis Boulduc semble avoir eu des difficultés à
gérer ses biens. Les archives contiennent plusieurs extraits relatant les plaintes, revendications et comparutions
de Louis Boulduc devant la Prévôté de Québec, dont plusieurs concernent des dettes.

Démêlés judiciaires devant la Prévôté de Québec


1671 : Pour réclamation d’une barrique de vin qui lui aurait été livrée vide.
Pour répondre à une réclamation de 38 livres pour pension et nourriture d’Adrien Michelon.
1672 : Il est condamné à payer la somme de 270 livres due à Nicolas Dupont, 9 livres dues à Étienne
L’Anderson, à livrer 4 minots de blé à François Blondeau, à payer les frais de cour pour réclamation de
dettes impayées.
1674 : Amende de trois livres pour désobéissance à l’assignation de comparaître.
Condamné à payer 53 livres à Nicolas Durand.
Ordonne de saisie pour dettes de 432 livres.
Demande qu’Élie Jean lui paye la somme de 20 livres.
Condamné à payer 40 sols à un huissier.
1675 : Condamné à payer 20 sols à Adrien Michelon.
1676 : Jacques Manseau doit lui payer trois mineaux de blé.
Condamné à payer une cherretée de bois.

Procureur du roi
Le 31 août 1676, Louis Boulduc devient procureur du roi de la Prévôté de Québec au salaire annuel de 300
livres. Il est nommé à ce poste par Louis XIV, après vérification sur sa vie et ses mœurs faite par le conseiller
Villeray.
Du trente et unième et dernier jour d’août 1676 du matin. Le Conseil assemblé où étaient Monsieur
l’intendant les sieurs de Villeray, de Tilly, Damours, Dupont, Depeiras et de Vitray conseillers et le procureur
général présent. Vu, les letres de provisions du Roi données a Saint-Germain le quinzième avril dernier, signées
Louis et sur le replu par le Roi Colbert, et scellées du grand sceau de cire jaune, par lesquelles sa Majesté
150
donne et octroie à maître Louis Boulduc l’office de conseiller et procureur au siège ordinaire de la prévôté de
cette ville pour jouir par lui dudit office, et icelui dorénavant exercer aux honneurs, autorités, prérogatives,
exemptions et gages y appartenants; lesdites lettres adressées en cette Cour pour le mettre et instituer de par sa
Majesté en possession dudit office, requête dudit Boulduc…, information de ses vie et mœurs, religion
catholique apostolique et romaine faite par le sieur de Villeray conseiller en cette Cour commissaire en cette
partie suivant l’arrêt de la Cour de ce jour, ouï et ce consentant le procureur général. La Cour a reçu et
institué ledit maître Louis Boulduc en possessions dudit office de conseiller et procureur au siège ordinaire de
la prévôté de cette ville, ordonne les dites lettres être registrées au greffe d’icelle pour jouir par lui dudit office
conformément aux dites lettres, et mandé à la chambre aurait prêté le serment au cas requis. DUCHESNEAU
(BAnQ-Québec. TP1,S28,P1272).

Pendant les années de résidence de Louis Boulduc en Nouvelle-France, le pays était gouverné par le Conseil
souverain qui avait été établi en avril 1663 par le roi Louis XIV. Les trois principaux personnages à y siéger
étaient le gouverneur, l’évêque et l’intendant (fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_souverain_de_la_Nouvelle-France (consulté en
août 2014)).

En mai 1666, la Prévôté de Québec devient le tribunal de la Nouvelle-France. Elle gère ce qui concerne les
affaires de justice, police, commerce, navigations tant civiles que criminelles. Outre le lieutenant-général qui
dirige la Prévôté, on y trouve aussi le procureur général, le procureur du roi, le greffier et les huissiers qui
assistent habituellement aux séances.

Lors de la nomination de Louis Boulduc en 1676, Louis-Théandre Chartier de Lotbinière est lieutenant
général (il sera remplacé par son fils René-Louis en 1677), Denis-Joseph Ruette d’Auteuil (à qui son fils
François-Madeleine succèdera et qui occupera ce poste jusqu’en 1707) est procureur général (1674-1679), et le
notaire Gilles Rageot est greffier. Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau, est gouverneur depuis
1672 et le sera jusqu’à 1682, puis de 1689 à 1698. Après le départ de Jean Talon, le premier intendant venu
dans la colonie (1665-1672), Frontenac cumule les deux fonctions de gouverneur et d’intendant jusqu’à l’entrée
en fonction de l’intendant Jacques Duchesneau de la Doussinière et d’Ambault qui occupera ce poste du 5 juin
1675 jusqu’à l’automne 1682.

Le 20 octobre 1676, la décision du Conseil souverain ainsi que les lettres de provisions de Louis Boulduc
sont enregistrées afin que ce dernier puisse en jouir suivant sa réquisition. Cependant, ce poste occupé par
Louis Boulduc crée du mécontentement. On vit dans cette nomination l’intervention protectrice de Frontenac.
Duchesneau, l’intendant, ne tarda pas à prendre parti contre le protégé, il était secondé par Villeray (Louis
Rouer de Villeray, premier conseiller du Conseil souverain de 1663 à 1693. RAPQ, vol. 24, 1943-44, p. 104). À peine un mois
après son entrée en fonction, la neutralité de Louis Boulduc est mise en doute. L’une des parties impliquées
dans un procès lui aurait promis un cochon. Durant l’hiver 1678-1679, Agnès Morin est citée par Boulduc pour
l’accusation d’avoir mal parlé de Frontenac. Les magistrats reprochent alors au gouverneur Frontenac de se
servir de Louis Boulduc pour venger ses injures personnelles.

Les ennemis de Frontenac poursuivent Louis Boulduc de leurs rancunes. Le Conseil souverain le sachant
tout dévoué à Frontenac : on ne négligea rien pour lui rendre la tâche impossible. Il y eut un conflit d’autorité
entre la Prévôté privilégiée par Frontenac et le Conseil Souverain où D’Auteuil était procureur général et
Duchesneau l’intendant. Tous deux étaient en mauvais termes avec Frontenac. Quand Louis Boulduc fait des
demandes au Conseil, elles lui sont souvent refusées. En 1678, il demande de pouvoir agir comme juge à la
place de Chartier de Lotbinière, le juge habituel. Cette demande lui sera refusée, de même qu’une autre faite en
1680 lors du procès contre François Hazeur où il voulait changer l’enquêteur désigné, soit le sieur de Vitray à
qui il ne parle plus depuis trois ou quatre ans ayant eu plusieurs querelles et différends fort considérables.

Des accusations ne tardent pas à être portées contre Louis Boulduc. Après qu’il fut nommé procureur du roi
dans la controverse, s’amorce sa destitution. On lui reproche ses écarts de conduite, comme en fait foi cet
extrait d’une lettre datée du 13 novembre 1680 de l’intendant Duchesneau à Colbert, ministre de Louis XIV.
151
Pour le procureur du Roi de ce siège nommé lesr Bolduc, je ne dois pas vous dissimiler quil est tous à fais
indigne desa charge, il est accuse de concussion, de vol dans touttes les maisons dans lesquelles on lesouffre,
de desbauche et de crapulle continuelles, et sans que mr le comte de frontenac le protège, je luy aurais fait faire
son proces, je me suis contenté pour ne luy pas deplaire de faire audit procureur du roi une forte reprimande en
presence du sr lieutenant general (BAnQ-Québec. 4M00-1035 C11A 5/fol. 166-167).

Peu après, en janvier 1681, Louis Boulduc est formellement accusé de malversations. Pierre de Lalande,
marchand de Bayonne, porte également plainte contre lui parce qu’il aurait fermé les yeux sur une certaine
somme d’argent qu’il lui aurait remise. Louis Boulduc doit comparaître devant le Conseil souverain.

Les archives judiciaires contiennent une cinquantaine de documents relatant les étapes de ce procès.
Finalement, Louis Boulduc est suspendu le 30 avril 1681. Pierre Duquet est alors nommé procureur du roi en la
Prévôté de Québec en remplacement de Louis Boulduc. … le procureur général ayant fait signifier à maître
Louis Boulduc procureur du Roi en la prévôté de cette ville le décret d’ajournement personnel contre lui
décerné par l’arrêt du 21e du présent mois… Pierre Duquet… est commis pour faire les fonctions de la charge
de procureur du Roi… (BAnQ-Québec TP1, S28, P2726).

Le 13 novembre 1681, une lettre de Frontenac est adressée à Colbert pour l’informer du procès que
d’Auteuil, procureur général, a intenté à Louis Boulduc, son protégé.

LETTRE DE FRONTENAC AU MINISTRE COLBERT


Je n’avais point voulu Monsieur vous marquer dans la première lettre que je me suis donné L’honneur de
vous écrire qu’il y a onze mois que le Procureur général s’est avisé d’intenter un proces criminel contre le
procureur du Royde la Prevosté de cette ville, par ce qu’il n’est pas agréable à Mr duchesneau lequel lafait par
moyen de ceux de sa cabale, interdire de sa charge, sur la simple denonciation dun homme de Bayonne qui
negocie icy et quon a fait évader et passer en France depuis deux mois, contre la desfense queje lui en avais
faite, pa rce qu’ils ont vu qu’il ne pouvait prouver les choses quil avait avancées contre luy. Cependant le
procureur general nayant pas eu les preuves quil en rspérait ademandé quil fust informé de sa vie, et de ses
moeurs depuis 17 ans quil est en ce païys quoi quil y en ait six quil a este recu en Ladite charge de procureur
du Roy, sans aucune plainte ny opposition, et il a fait entendre soixte et dix temoins, sans avoir trouvé a ce quon
dit, aucune matiere d’asseoir une condamnation contreluy, ce qui est cause qu’apres toutes les chicanes
possible qui ont esté faites pour allonger lynstruction de ceste affaire, et nonobstant un grand nombre de
requestes presentées par le Procureur du Roy pour la faire juger. Leur dernière reqaite a esté de me faire
demander par le Rapporteur qui est lesr deVilleray, congé de passer en France, d’ouil nya qu’un an qu’il est
revenu. Ce qui m’a obligé a ne luypoint accorder afin que cet officier pust avoir plutost justice, laquelle il etait
Monsieur resolu de vous aller demander sur Loppression quil prétend, quon luya fait, si son proces avait esté
jugé avanle depart des vaisseaux, et qu’il eust pu en avoir toutes les pièces pour vous les porter. Frontenac
(Archives nationales d’outre-mer (ANOM), France. Coll. C11A 5/fol. 282, http://bd.archivescanadafrance.org/sdx-222-acf-pleade-
2/acf/doc.xps?id=CABAC_PIAF_6384_CABAC_PIAF_6384&gid=sdx_g3&fmt=tab&base=fa&n=16&root=CABAC_PIAF_6384&s
s=true&as=&ai=&from (consulté en novembre 2014)).

Malgré cet essai de Frontenac, Louis Boulduc sera reconnu coupable. La sentence déclarant Me Louis
Boulduc atteint et convaincu de crimes et de malversations pourquoi a privé et prive icelui Boulduc du d. office
de procureur du Roy…, lui faisant défenses d’exercer à l’avenir aucun office de judicature est prononcée le 20
mars 1682. Il est déchu de son poste de procureur du roi. Me Pierre Duquet, commis audit office par un arrêt
antérieur, continuera de l’exercer jusqu’à ce qu’il ait plût au Roi d’y pourvoir.

Élisabeth Hubert rentre en France en 1685. Cette même année, Louis XIV lui accorde le tiers de la rémuné-
ration donnée à Louis comme procureur du roi.

Le 13 novembre 1685, une lettre du marquis de Denonville (gouverneur de la Nouvelle-France de 1685 à


1689) à Colbert nous informe que ce dernier avait ordonné à l’intendant Desmeules de rétablir Boulduc à sa
152
charge de procureur du roi, ce qui ne lui plaisait pas. Il en informe Colbert : M. l’intendant dit que vous lui
aviez ordonné de rétablir le nommé Bolduc dans sa charge de procureur du Roy de la prévôté de Québec,
supposé que lui et moi jugeassions que la peine de sa longue absence fut insuffisante pour expier ses fautes.
Cela m’a donné lieu de m’enquérir de la vie et moeurs de ce Boulduc. J’ai appris que c’est un fripon achevé, à
ne jamais souffrir dans une pareille charge. Ce pays-ci, monseigneur, a besoin de châtiments pour ceux dont la
conduite est méchante. Sa femme passe cette année en France. Je lui ai volontiers donné son passeport pour
délivrer le pays d’un assez mauvais meuble (ANOM, France. Col. C11A 7/fol. 99-100).

Le roi destitue Louis Boulduc. L’extrait suivant du compte rendu d’une rencontre du Conseil souverain en
date du 24 octobre 1686 le confirme : … vu par le Conseil l’arrêt du Conseil d’état du Roi donné à Versailles le
quatre juin de cette présente anné, par lequel et pour les causes y contenues sa Majesté a cassé Louis Boulduc
de la charge de son procureur en la prévôté de cette ville (BAnQ-Québec. TP1,S28,P3532, 24 octobre 1686).

Louis Boulduc semble avoir rejoint son épouse en France en 1686 ou après. Sont-ils revenus en Nouvelle-
France ? Il n’y a pas d’informations [les retrouvant en Nouvelle-France] sur ce couple après cette date. Leurs
enfants, alors âgés entre 10 et 17 ans, sont demeurés à Québec. On ne sait qui en prit soin : Il nous laisse des
enfants qui sont réduits à la charité des gens de bien (Lettre du gouverneur Denonville à Colbert, 13 novembre 1685,
ANOM, France. Coll. C11A 7/fol. 100).

Élisabeth Hubert serait décédée avant le 5 novembre 1701, en France, selon Yves Landry, ou à Saint-
Joachim, selon René Jetté. Selon l’enregistrement du mariage de Jacques Bolduc et Marie-Anne Racine, le 7
novembre 1701, le couple Boulduc est décédé : Jacques Baulduc fils de feu Sr Louis Baulduc et de feue
Elisabeth Hubert ses père et mère de Saint-Joachim (Généalogie Québec : le site de généalogie sur l’Amérique française,
La Prairie (Québec), Institut généalogique Drouin, www.genealogiequebec.com, image d1p_30981571.jpg). Lors du mariage de
René, le 8 février 1700, ils étaient vivants. Le décès de Louis Boulduc aurait ainsi eu lieu entre ces deux dates.

Descendants
Louis Boulduc et Élisabeth Hubert ont donné naissance à sept enfants : Louis, Marie-Anne, Jacques, Louis
(2), René, Marie-Ursule et Louise ; Jacques et Louis (2) sont jumeaux. On ne fait pas mention de Louis (2) au
recensement de 1681. On suppose qu’il était décédé.

Jacques, Louis et René se sont établis à Saint-Joachim. Louis fut le premier des fils de Louis Boulduc à y
acheter une terre de Mgr Laval, en 1697. La maison érigée sur ce lot a abrité plusieurs générations de Bolduc
jusqu’en 1940. En 1701, Jacques s’établit sur le lot voisin de son frère Louis et René, deux lots à l’est de celui
de Jacques. Les trois ont des descendants ayant assuré la survie du patronyme. Marie-Anne n’a pas eu de
postérité issue de ses deux unions, tandis que Marie-Ursule a donné naissance à 10 enfants issus de trois unions.
Louise serait peut-être rentrée en France avec sa mère. Il n’est plus fait mention d’elle après le recensement de
1681.

Enfants de Louis Boulduc et Élisabeth Hubert (Les enregistrements de naissance de tous les enfants du couple Boulduc-
Hubert se trouvent dans le registre de la paroisse de Notre-Dame-de-Québec)
Louis : né le 10 juillet 1669, baptisé le 14 par Charles de Lauzon, prêtre en la chapelle de Beauport ; parrain
Jean Coste, marraine Jeanne Langlois, femme de René Chevalier. Mariage : Louise Caron (Jean-Baptiste et
Marguerite Gagnon), le 3 juin 1697 à Sainte-Anne-de-Beaupré ; décédé en 1737.
Enfants : Louise, Louis, Joseph, Pierre, Jean, Marie-Anne, Paul, Prisque et Marie-Françoise.

Marie-Anne : née le 30 juillet 1670, baptisée le 3 août par Claude Pijart, jésuite, en la chapelle de
Charlesbourg ; parrain Jean-Baptiste Deperas et marraine Anne Thirement (Tirman selon l’acte consulté (Anne
Thirement, Fille du roi, enfant de Jacques et Marie Hubert, tante d’Élisabeth) ). Mariages : Jean Marsolet (Nicolas et Marie
Barbier), le 28 mai 1690 à Québec, et Jean Prémont (Jean et Marie Hubert), le 19 février 1716 à Québec.

153
Jacques (jumeau) : né le 15 octobre 1672, baptisé le 17 à Québec par Henri de Bernières, curé de Notre-
Dame-de-Québec ; parrain Jacques Ragueneau et marraine Marie Juchereau, veufve de Mr de la Combe.
Frontenac est présent. Mariage : Marie-Anne Racine (Noël et Marguerite Gravel), le 7 novembre 1701 à
Sainte-Anne-de-Beaupré.
Enfants : Louis, Marie-Anne, Elisabeth et Reine.

Louis (jumeau) : né le 15 octobre 1672, baptisé le 17 à Québec par Henri de Bernières ; parrain Louis de
Buade, comte de Frontenac gouverneur pour le roy en ce pais, et marraine Madeleine La Guide, femme de Mr
Perrot, gouverneur de Montréal.

René : né 28 février 1674, baptisé le 5 mars par Henri de Bernières, fils de Louis Bolduc habitant de
Charlesbourg ; parrain René Louis Chartier Sr de Lotbinière (Membre du Conseil souverain, lieutenant général de la
Prévôté de Québec) et marraine Anne Gaultier, femme de Sr Jacques Ragueneau. Mariages : Marie-Anne Gravel
(Jean et Marie Cloutier), le 8 février 1700 ; Louise Senard (René et Françoise Philippeau), le 5 mai 1711 (ct
notaire Jacob), et Marguerite Malboeuf (Jean-Baptiste et Marguerite DesTroisMaisons), le 21 janvier 1717 à
Château-Richer.
Enfants : Jean-Germain, Marie-Anne, Zacharie, Françoise, Louise, Marguerite et Reine.

Marie-Ursule : née le 5 juillet 1675 et baptisée le 6 par Henri de Bernières ; parrain Jean le Chasseur et
marraine Anne Tirmant femme de Sr Jean Baptiste Dupeiras conseiller. Mariages : Henri Brault (Jean et
Suzanne Jousseaume), le 11 août 1692 à Québec ; Jean Drapeau (Antoine et Charlotte Joly), le 11 août 1700 à
Lauzon, et Richard Taylor (Robert et Mary Wilcher), le 5 octobre 1712 (ct notaire Dubreuil).
Enfants : Marie, Jean-François et Marguerite Brault ; Thérèse, Marie-Jeanne, Jean-Baptiste et Marie-Ursule
Drapeau ; Joseph, Marie-Anne et Louise Taylor.

Louise : née le 10 décembre 1677, baptisée le 12 par Henri de Bernières ; parrain Louis de Buade comte de
Frontenac gouverneur et lieutenant général pour le Roy en ce pais et marraine damoiselle Catherine Leneuf,
femme de Sr Pierre Denis.

Le patronyme Bolduc
Bolduc est un patronyme issu de la contraction de Bois-le-Duc, ville du Brabant-Septentrional des Pays-Bas.
Par syncope, Bois-le-Duc a donné son nom au bolduc, ruban servant à l’emballage des paquets-cadeaux
fabriqué dans cette ville et à Bolduc, patronyme courant au Québec (fr.wikipedia.org/wiki/Bois-le-Duc (consulté en
juillet 2014)). Au XVIIIe siècle, « bolduc » désigne donc un ruban utilisé pour ficeler des paquets. Sous forme
de ruban de couleur vive (généralement en coton), il est également utilisé par les couturières lors de moulages
de tissu sur mannequin, par transparence, afin de déterminer les lignes et coutures du prototype de vêtement
(fr.wikipedia.org/wiki/Bolduc (consulté en juillet 2014)).

Boualduc, Boulduc, Balduc, Baulduc, Bosleduc et enfin Bolduc sont les principaux graphites de ce
patronyme. Louis Boulduc est l’ancêtre des Bolduc d’Amérique. La graphie Bolduc est utilisée pour les
inscriptions concernant les descendants de Louis Boulduc.

Plus de 20 000 mille personnes portant le patronyme Bolduc sont recensées dans Le dictionnaire
généalogique des familles Bolduc d’Amérique, publié en 2008 par Pierre Bolduc. Dans la deuxième moitié du
XIXe siècle, plusieurs Bolduc, venant surtout des comtés de Beauce, de Bellechasse, de Lévis et de Mégantic,
immigrèrent aux États-Unis. On les répertorie surtout au Maine, au New Hampshire, au Massachusetts et
également au Minnesota.

Selon l’Institut de la statistique du Québec, ce patronyme occupait en 2006, le 63e rang des noms de famille
les plus courants au Québec. Il représente 0,187 % de la population du Québec, et 1,8 % de la population de la
MRC de Robert-Cliché est constituée de Bolduc (www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/population-demographie/caracteristiques/
noms_famille_1000.htm (consulté le 1er juillet 2014)). La même source donne la répartition en pourcentage des
154
personnes portant ce patronyme dans les 17 régions administratives de la province. Au Québec, un Bolduc sur
quatre réside dans la région de la Chaudière-Appalaches.

Certains descendants de Louis Boulduc et Élisabeth Hubert ont eux-mêmes, par leur enfant ou par leur
conjoint, marqué leur époque. Françoise Bolduc (1708-1771) et son époux Joseph Corriveau sont les parents de
Marie-Josephte Corriveau (1733-1763) surnommée « La Corriveau » ; Joseph Bolduc, notaire, a siégé comme
sénateur de 1884 à 1924 ; Édouard a épousé Mary Travers (Mariés le 17 août 1914 à la paroisse Sacré-Coeur-de-Jésus de
Montréal) (1894-1941) dite « La Bolduc », célèbre interprète de chansons folkloriques dont les œuvres sont
encore fréquemment reprises. Plusieurs autres Bolduc se sont illustrés dans les domaines artistique, politique,
scientifique ou autres.

Conclusion
La consultation de plusieurs documents d’archives nous a permis de mettre à jour quelques faits et gestes de
Louis Boulduc. Les précieuses informations contenues dans les documents conservés depuis plus de 350 ans
nous révèlent un certain aspect de la personnalité de cet ancêtre qui compte une imposante descendance.
L’année 2015 marque le 350e anniversaire de son arrivée en Nouvelle-France, ainsi que de celle des militaires
du régiment de Carignan-Salières. Trois ans après son arrivée, il épouse Élisabeth Hubert, Fille du roi, faisant
partie du groupe des 764 femmes venues en Nouvelle-France, entre 1663 et 1673.

Le relevé des soldats du régiment de Carignan-Salières et des troupes de Tracy effectué par Marcel Fournier
recense quelque 285 individus qui se sont mariés en Nouvelle-France, dont 169 avec des Filles du roi. Des
représentants de ces deux groupes figurent en grand nombre dans nos ascendances personnelles.
__________________________________________________________________________________________

(1759 [Boston])

155
(1759 [Edinburgh])

156
(1697)

Source : http://books.google.fr/books?id=2EEJwqXqDtcC
157
[Saint-Martin] (Siding = Embranchement
Ferroviaire.
[* Autorisé à vendre des mandats-poste.] Nom de cette voie : Long
Swamp, au nord-est de
Bury.)

(1929)
(1908)

(1903) [Oblitérations du village de Saint-Martin] (1983)


Source : http://books.google.com/books?id=bYACMpbJzQcC
(Voir Aussi : http://books.google.fr/books?id=Lx0pAAAAYAAJ)
158
Nos Ancêtres
Louis Bolduc
par Gérard Lebel, C.Ss.R., 1992

Louis Bolduc (Boulduc) était de bonne race. Son père Pierre, maître apothicaire-épicier, demeurait rue St-
Jacques, paroisse St-Benoît, à Paris. Sa mère Gillette Pijart avait, paraît-il, deux frères Jésuites, Pierre et Claude,
qui vinrent au Canada; son frère Simon, apothicaire de la reine d’Espagne, devint juge consul de Paris et reçut
ses titres de noblesse. Né en 1648, Louis fit ses études dans la ville-lumière avant de servir sa patrie sous les
drapeaux et d’être envoyé au Canada.

Soldat du Régiment
Louis Bolduc arriva à Québec, le 18 août 1665, à 10 hres du soir, sur un navire de près de 400 tonneaux. Il
faisait partie de la compagnie Grandfontaine. Dès le lendemain, M. de Tracy passa en revue 8 compagnies.
Celle de Louis fut dirigée avec 6 autres vers le Richelieu. Le 2 Octobre, début des travaux du fort Ste-Thérèse
et, le 22, M. de Courcelle affecta les compagnies La Motte et Grandfontaine à la construction du chemin reliant
le fort Ste-Thérèse à celui de St-Louis. Ces travaux terminés, les deux groupes revinrent à Québec prendre leurs
quartiers d’hiver. Louis dut recevoir son congé vers la fin 1667.

Un mariage avec Pompes


Au mois d’août 1668, le 8 après-midi, une brochette de deux douzaines de personnages influents dont le
Lieutenant-Gouverneur, le Chevalier de Grandfontaine et Jean Talon s’alignèrent devant le notaire Leconte pour
entendre la lecture du contrat de mariage de Louis. La future, Elisabeth, née vers 1650, fille de Claude Hubert,
procureur au parlement de Paris, et d’Isabelle Fontaine, apportait une dot de 400 livres “pour tous ses meubles
habits bagues et joyaux”. Ce beau monde signa avec d’élégants parafes. L’histoire ne dit pas si Louis avait
connu sa future à Paris. La célébration religieuse eut lieu sur le même ton solennel le 20 août suivant, en l’église
de Québec. Le Gouverneur, un représentant du régiment de Carignan et le notaire figuraient dans l’assemblée
présidée par l’abbé de Bernières.

Louis savait faire les choses en grand. Pouvons-nous conclure qu’il fit son voyage de noces en France, à
l’automne 1668? Chose certaine, nous le retrouvons à Paris, rue St-Jacques, au printemps 1669, 19 mai. Il est
dit “demeurant ordinairement en la ville de Kebec”. Il obtenait de ses parents 15 000 livres “en advancement”
de ses héritages.

Le Fermier
Louis aimait déjà assez le pays pour essayer d’y vivre modestement, même s’il avait les mains blanches. Il
chercha une ferme en exploitation, avec maison, grange et dépendances. Il trouva celle de Jacques Bédard à
Charlesbourg. Le 7 octobre 1669, celui-ci, avec les planches et les clous fournis par l’acheteur, refera le
plancher de la maison, posera une cloison, percera deux portes et clôturera la grange. Aucun mot du bétail ni
des instruments aratoires. Prix: 800 livres.

Au début de 1670, le couple-fermier improvisé s’installa sur sa terre de 40 arpents située entre celles de
Jacques Galarneau et Michel Chrétien. Trois semaines plus tard, Louis, habitant de Charlesbourg, emprunta 700
livres en argent du R.F. Joseph Bourcier, S.J. Il hypothéquait ses biens et ceux de la succession de son défunt
père valant 500 livres. L’année suivante, autre dette de 133 livres envers Pierre Nolan; il remboursera en argent
ou en pelletrie avant un an. En 1681, Louis fera un autre emprunt de 190 livres au R.P. Rafeix, S.J.

À la fin de 1672, Louis avait contracté une dette de plus de 409 livres pour achat et livraison de
marchandises de Jean de Peiras. Louis dépense plus qu’il n’économise! Il donne alors “une vache mère alait
sous poil rouge” pour 75 livres, ses 300 gerbes de blé etc. Il gardera cependant la bête durant 3 ans en payant 20

159
livres par an. Le 24 août 1674, les Bolduc vendaient leur terre au “trois quarré” de Charlesbourg à Jean Delquel
dit La Brèche, pour 850 livres tournois; le couple n’avait pas la vocation de colon.

Les jours de gloire


Enfin, l’air de la ville! Dès septembre 1674, la famille prit logis à Québec, dans la rue du Sault-au-Matelot,
Basse-Ville. Elle obtint par bail pour un an cette nouvelle résidence appartenant à M.-Catherine Leneuf. Prix de
location: 106 livres. Le 8 septembre 1675, Mme Pierre de Joybert fit signer un bail à Louis. Contrat avantageux:
une maison avec jardin et dépendances à la haute-ville pour 80 livres par année. Dans le contrat de Rageot,
Louis est appelé “bourgeois de cette ville”, titre nouveau obtenu par un acte officiel depuis plus d’un an,
semble-t-il. Bolduc appartenait désormais à la classe moyenne comme les gros marchands du bourg.

L’on sait que le 29 octobre 1674, le Conseil Souverain donna raison à Louis pour le payement par Nicolas
Dupont de 257 livres encore dues.

En 1676, 31 août, c’est la grande joie. “Vue les lettres de provision du Roy données à Saint-Germain le
quinzième avril dernier, signées Louis”, le C. Souverain “donne et octroye à Me Louis Bolduc l’office de
Conseiller et procureur au siège ordinaire de la prévoste de cette ville… Informations de ses vies mœurs,
religion catholique apostolique et Romaine…” L’ancêtre prêta serment d’office et entra en fonction le même
jour. Ses émoluments étaient fixés à 300 livres par année. La Prévôté de Québec était composée de trois
membres: un lieutenant-général, un procureur et un greffier, “pour connaître en première instance de toutes
matières tant civiles que criminelles” dont l’appel devait être porté au Conseil Souverain. Très sérieusement
Louis s’attela à sa tâche comme un fidèle serviteur de l’autorité, ce qui, hélas! provoquera sa perte.

Au recensement de 1681, Louis, 32 ans, père de 6 enfants vivants, possède 1 fusil et 2 vaches.

La Tempête
Le grand Frontenac de caractère ombrageux et vindicatif voulait tout contrôler. En nommant Bolduc
procureur de la Prévôté, il prétendait affaiblir l’influence puissante du Conseil Souverain. À Québec,
l’atmosphère était électrifiée. Le fils de l’intendant Duchesneau, Jacques-Marie, adolescent de 16 ans, avait
fredonné des airs moqueurs du haut des palissades du cap. Frontenac commanda son arrestation, lui administra
des coups de canne, faillit même lui arracher la manche de son manteau et le jeta en prison pour un mois… Le
conseiller Mathieu Damours avait obtenu un permis de traite valide de l’Intendant pour la région de Matane.
Frontenac le fit arrêter pour le traduire devant le Conseil. Attaquer Frontenac de front, c’était beaucoup risquer.
Colbert lui-même se plaignit da la tyrannie du Gouverneur. Le Conseil déclara donc la guerre à son ami trop
fidèle, Louis Bolduc.

En relisant les écrits de cette période troublée nous découvrons quelques escarmouches à partir de 1679, puis
la guérilla et la guerre ouverte. Notre ancêtre fut traité de tout ce que vous voudrez. Fripon et voleur sont des
mots trop faibles. Ce fut l’interminable procès. Frontenac fit son possible pour sauver son protégé. Il écrivit
même en France: M. Duchesneau “fut informé de sa vie et de ses mœurs depuis 17 ans qu’il est en ce pays
quoiqu’il y en ait six qu’il a été reçu en la dite charge…, sans aucune plainte ni opposition, et il a fait entendre
soixante et dix témoins sans y avoir trouvé, à ce qu’on dit, aucune manière d’asseoir une condamnation”.

Le 20 mars 1682, le C. Souverain prononçait un jugement de crimes et malversations. Frontenac s’interposa


encore. Rien n’y fit. Denonville ne voulut pas rétablir Louis dans ses fonctions en 1686, pour éviter de réveiller
les querelles. Le roi cassa officiellement Bolduc comme procureur, le 4 juin 1686, cinq ans après sa mise en
accusation.

Son épouse, probablement écœurée par tant d’acharnement contre son époux, était passée en France, l’année
précédente. Son mari alla la rejoindre, disent les auteurs. Le 12 novembre 1686, l’Intendant de Meules avouait
que “Beaucoup de passion avait été mis en cette affaire, le Roi ferait sagement de rétablir ce magistrat”. M.
André Vachon ajoute: Bolduc “fut peut-être, avant tout, la victime d’une époque troublée”.
160
La Relève
Lorsque les époux Bolduc quittèrent Québec, il leur restait 2 filles: Marie-Anne, Marie-Ursule, et 3 garçons
vivants. Les jumeaux Louis et Elizabeth étaient morts en bas âge, ainsi que la filleule de Frontenac, Louise. Les
âges s’échelonnaient entre 17 et 11 ans. Qui s’occupa des enfants? Mystère! Chose certaine, ceux-ci devinrent
par la suite d’honorables citoyens. Bon sang ne peut mentir.

Si les parents Bolduc allèrent en France, revinrent-ils au Pays? Je le crois. Des époux n’abandonnent pas
comme ça leur progéniture à tout jamais. Au mariage de Louis avec Louise Caron devant l’abbé G.-T. Erbery, 3
juin 1697, à St-Anne-de-Beaupré, le marié est dit fils de Louis Bolduc et d’Élisabeth Hubert, ses père et mère,
évêché de Québec. Lors du mariage de Jacques avec M.-Anne Racine, à Ste-Anne, 7 novembre 1701, l’abbé G.
Morin écrivait fils de feu Louis et de feu Elizabeth.

Les 3 garçons se marièrent à la côte de Beaupré et possèdent une descendance nombreuse. Louis s’établit à
St-Joachim où il obtint une concession de Mgr de Laval en 1697. Cette ferme, près de la Blondel, resta la
propriété des Bolduc pendant 6 générations, jusqu’en 1940.

Celui qui eut le privilège d’avoir le premier prêtre dans sa lignée fut René, époux d’Anne Gravel, marguiller
à St-Joachim en 1718. J.-B.-Zacharie Bolduc, 6e génération, fils de Joachim et de Madeleine Lessard, natif de
St-Joachim et ordonné prêtre au même endroit en 1841, se rendit en Orégon en passant par le cap Horn pour
exercer son apostolat missionnaire. En 1843, il était curé de Wallamette sur l’Île de Vancouver. Revenu dans
l’Est en 1850, il exerça différentes fonctions dont celle de procureur de l’Archevêché de Québec. Il reçut le titre
de Prélat Romain. A sa mort survenue le 8 mai 1889, Mgr Bolduc léguait par testament une relique se sainte
Anne au sanctuaire Ste-Anne-de-Beaupré. En 1670, Mgr de Laval avait fait don de la première: un fragment
notable de l’os d’un doigt de Sainte Anne. Un ancien curé, l’abbé Napoléon Laliberté, avait donné la seconde en
1877. Mgr Bolduc légua la troisième.

Fleur de Reconnaissance
L’ancêtre Bolduc éduqué, délicat et charitable, ne répondit jamais à l’injure par l’injure. Ecrasé, humilié, il
disparut dans le silence. Après trois siècles, il me semble juste de déposer une pensée, une fleur de
reconnaissance, au nom de tous les Bolduc d’Amérique sur le tombeau inconnu de ces sympathiques et
infortunés ancêtres: Elisabeth et Louis.

Images : http://www.civilization.ca/mcc/explorer/musee-virtuel-de-la-nouvelle-france/population/les-filles-du-roy/les-filles-du-roy4b
& http://www.civilization.ca/mcc/explorer/musee-virtuel-de-la-nouvelle-france/population/les-filles-du-roy/les-filles-du-roy5b

161
DICTIONNAIRE NATIONAL DES CANADIENS FRANÇAIS
INSTITUT DROUIN
Publié par l’Institut Généalogique Drouin, 1965.

LOUIS BOULDUC PROCUREUR DU ROI A QUÉBEC, VOTRE ANCÊTRE

Louis Boulduc était originaire de St-Benoît de Paris, Île-de-France. Il appartenait à une famille dont une
branche fut plus tard anoblie. Il vint au Canada dans le régiment de Carignan, compagnie de Grandfontaine, en
1665. En 1668, il fut licencié et s'établit à Charlesbourg. La même année, il épousait à Québec Elisabeth Hubert.
En 1674, il vendit son habitation de Charlesbourg et vint s'établir à Québec. Deux ans plus tard. il était nommé
procureur du Roi pour la prévôté de Québec.

Il occupa cette charge durant six ans. Pendant ce temps il eut de longs démêlés avec le Conseil Souverain et
en particulier avec l'intendant Duchesneau. Condamné par le Conseil, il dut retourner en France avec son ami et
protecteur Frontenac. Quatre ans plus tard le Roi le destitua à jamais de sa charge. Entre temps, Elisabeth
Hubert, son épouse, était repassée en France, avec une de leurs filles, Louise. Les autres enfants restèrent au
Canada.

Louis Boulduc fut accusé de malversations de toutes sortes et entre autres d'accepter des pots-de-vin dans
l'exercice de sa charge. Dans une lettre au Ministre le 13 novembre 1680, l'intendant Duchesneau, écrivait ce
qui suit: "Pour le procureur du roi de ce siège, le sieur Bolduc, je ne dois pas vous dissimuler qu'il est tout à fait
indigne de sa charge. Il est accusé de concussion, de vol dans toutes les maisons dans lesquelles on le souffre,
de débauche et crapule continuelle et sans que monsieur le comte de Frontenac le protège je lui aurais fait faire
son procès. Je me suis contenté, pour ne lui déplaire, de faire au dit procureur du roi forte réprimande en
présence du sieur lieutenant-général."

Comme vous le voyez, c'était assez raide comme accusation. Pour comprendre tout ceci, il faut bien se mettre
dans l'esprit du temps. On sait les chicanes effroyables qu'il y eut entre Frontenac et son intendant Duchesneau.
Les deux s'en voulaient à mort, souvent pour des vétilles. Or Boulduc était un protégé de Frontenac, d'où il suit
que l'intendant Duchesneau n'aimait guère votre ancêtre. Il semble bien que c'est dû pour une bonne part à
l'affaire Boulduc que Frontenac fut rappelé en France. Après sa condamnation par le Conseil Souverain, Louis
Boulduc tenta à plusieurs reprises de se faire réinstaller dans sa charge, mais ce fut en vain, comme on l' a vu
plus haut.

Entre temps, le gouverneur-marquis de Denonville écrivait au Ministre ce qui suit: "M. l'intendant dit que
vous lui aviez ordonné de rétablir le nommé Bolduc dans sa charge de procureur du Roi de la prévôté de
Québec, supposé que lui et moi jugeassions que la peine de sa longue absence fut insuffisante pour expier ses
fautes; cela m'a donné lieu de m'enquérir de la vie et mœurs de ce Bolduc. J'ai appris que c'est un fripon achevé
à ne jamais souffrir dans une pareille charge. Ce pays-ci, Monseigneur, a besoin de châtiments pour ceux dont
la conduite est méchante. Sa femme passe cette année en France. Je lui ai volontiers donné son passeport pour
délivrer le pays d'un assez mauvais meuble. Il nous laisse des enfants qui sont réduits à la charité des gens de
bien."

Il faut noter que ces premiers défrichements se trouvaient non pas sur les bords de la rivière actuelle de
Montmagny, mais sur les bords de la petite rivière à la Caille, à l' endroit où elle se jette dans le fleuve.

Que faut-il penser des accusations qui furent portées contre votre ancêtre? Peut de choses en somme, car la
passion qui divisa alors Québec en deux camps fut cause de bien des écarts de langage et sans doute d’autant
d’accrocs à la vérité, sinon à la charité.

Louis Boulduc et son épouse ne revinrent jamais au Canada. Votre ancêtre semble être décédé à Paris.

162
Un Quartier Français
Ron Graham
1992

(pp. 86 – 88)
(…)

La guerre de dissension et de récrimination entre le gouverneur et l’intendant allait se poursuivre pendant sept
ans, provoquant à plus d’une reprise la paralysie du gouvernement colonial. La vendetta atteignit son
paroxysme au début de 1681 quand une poignée d’hommes appartenant au clan du gouverneur sautèrent dans la
rue sur le jeune fils de Duchesneau. L’adolescent eut beau répéter qu’il avait simplement « fredonné pour son
propre plaisir » sans s’occuper de personne, on l’accusa d’avoir insulté Frontenac et on le traîna devant le
gouverneur qui le battit avec sa canne jusqu’à ce que des serviteurs interviennent et lui permettent de fuir. Les
Duchesneau père et fils se barricadèrent dans leur maison. Monseigneur de Laval se livra à un va-et-vient
incessant pour tenter d’éviter un conflit armé. Frontenac promit de passer l’éponge moyennant des excuses,
mais, lorsqu’on lui amena l’accusé, il le jeta en prison.

Les deux hommes avaient l’habitude de s’affronter par l’intermédiaire de leurs partisans quand ils ne
pouvaient le faire directement. Ce fut ce qui amena l’intendant et ses amis à choisir pour cible l’un de mes
ancêtres, Louis Boulduc, procureur du roi à Québec. Fils d’un apothicaire-herboriste de Paris, Boulduc était
arrivé en 1665 avec le régiment Carignan-Salières à bord de l’Aigle d’Or, le même navire peu étanche qui avait
amené Mathurin Bernier. Ayant lui aussi décidé de rester au Canada après trois ans de service, il s’était marié
avec l’une des jeunes femmes envoyées par le roi pour inciter les militaires à fonder un foyer. Mais ni Louis ni
sa nouvelle épouse (qu’un fonctionnaire avait décrit comme « un bien maigre lot » malgré qu’elle eût été la fille
d’un procureur parisien) n’étaient faits pour l’agriculture, si bien qu’au bout de deux ans ils avaient quitté leur
concession pour emménager à Québec. Louis avait réussi, d’une façon ou d’une autre, à se faire bien voir du
grand gouverneur ; il était devenu l’un de ses fidèles partisans et avait vu sa loyauté récompensée en 1676
quand il avait été nommé procureur général. Les tribunaux étant considérés comme un moyen par lequel
Frontenac pourrait tenter d’usurper la juridiction du Conseil, le nouveau procureur devint suspect,
particulièrement après qu’il eut accusé une femme d’avoir dit du mal du comte de Frontenac en public.

« Pour le procureur du Roi de ce siège, le sieur Boulduc, écrivit l’intendant en 1680, je ne dois pas vous
dissimuler qu’il est tout à fait indigne de sa charge. Il est accusé de concussion, de vol dans toutes les maisons
dans lesquelles on le souffre, de débauches et de crapules continuelles et sans que M. le comte de Frontenac le
protège je lui aurais fait faire son procès. » (« Que devons-nous faire de ces accusations portées contre votre
ancêtre ? » s’interroge brièvement l’aimable généalogiste dans une note ajoutée aux archives de la famille
Moncel prêtées par mon cousin. « Peu de chose, en somme, car les passions qui, à cette époque, divisaient
Québec en deux camps engendraient bien des divergences d’opinion et sans doute autant de manquements à la
vérité, sinon à la charité. »)

En janvier 1681, le Conseil se mobilisa contre Boulduc et l’accusa de détournement de fonds. L’affaire était
embrouillée et sans grande importance, mais Boulduc fut suspendu de ses fonctions pour la durée d’une enquête
approfondie, menée par nul autre que Louis Rouer de Villeray. Furieux, Frontenac riposta en mettant en cause
l’honnêteté de Villeray lui-même et en lui refusant l’autorisation de se rendre en France pour affaires. Il
s’empressa ensuite de justifier ses actions auprès du roi avant que de nouvelles calomnies n’atteignent Paris.

« […] il y a onze mois que le procureur général s’est avisé d’intenter un procès criminel contre le procureur
du Roi de la Prévôté de cette ville, parce qu’il n’est pas agréable à M. Duchesneau, lequel l’a fait, par le moyen
de ceux de sa cabale, interdire de sa charge, sur la simple dénonciation d’un homme de Bayonne qui négocie ici
et qu’on a fait évader et passer en France depuis deux mois, contre la défense que je lui en avais faite, parce
qu’ils ont vu qu’il ne pouvait prouver les choses qu’il avait avancées contre lui. Cependant le procureur général
n’ayant pas eu les preuves qu’il en espérait a demandé qu’il fût informé de sa vie et de ses mœurs depuis dix-
163
sept ans qu’il est en ce pays, quoiqu’il y en ait six qu’il a été reçu en ladite charge de procureur du Roi, sans
aucune plainte ni opposition, et il a fait entendre soixante et dix témoins sans avoir trouvé, à ce qu’on dit,
aucune matière d’asseoir une condamnation contre lui, ce qui est cause qu’après toutes les chicanes possibles
qui ont été faites pour allonger l’instruction de cette affaire, et nonobstant un grand nombre de requêtes
présentées par le procureur du Roi pour la faire juger, leur dernière requête a été de me faire demander, par le
rapporteur qui est le Sieur de Villeray, congé de passer en France d’où il n’y a qu’un an qu’il est revenu, ce qui
m’a obligé à ne lui point accorder, afin que cet officier pût avoir plus tôt justice […]. »

La justice se fit attendre, cependant, et elle ne fut peut-être même jamais rendue. Le 20 mars 1682, le Conseil
souverain déclara Louis Boulduc coupable de détournement de fonds, lui interdisant à jamais d’exercer des
fonctions juridiques. Cela constituait naturellement un nouvel affront pour Frontenac qui n’était plus en mesure
de riposter. Le roi et Colbert étaient de plus en plus las des interminables récriminations que leur apportait
chaque bateau. Las des intrigues byzantines et des arguties théâtrales. Las d’essayer de déterminer qui avait
raison ou tort et de démêler la situation. Quelques mois après l’affaire Boulduc, Frontenac et l’intendant
Duchesneau furent tous deux rappelés en France.

Durant les années qui suivirent, Louis XIV dut à maintes reprises regretter que l’Atlantique ne le séparât plus
du comte et de ses sautes d’humeur. De nouveau assiégé par ses créanciers dès son retour en France, Frontenac
réclamait un poste ou une pension sur un ton oscillant entre la fureur et le désespoir. Il devint une véritable
peste, plaidant des causes perdues comme celle de Louis Boulduc. En 1685, le ministère de la Marine consentit
un revenu à mon ancêtre et tenta même de le recommander aux nouvelles autorités en place au Canada, mais
personne ne voulut rien savoir de ce « fieffé coquin ». Peu de temps après, M. et Mme Boulduc quittèrent la
Nouvelle-France pour rentrer dans leur patrie, confiant leur demi-douzaine d’enfants aux soins des autres et leur
douteuse réputation au jugement des historiens.

Voir le documentaire :
https://www.youtube.com/watch?v=MMHSJ4PvAIs&sns=em

Pont Bolduc sur la route Bolduc, Ste-Clotilde-de-Beauce (Québec, Région Chaudières-Appalache), 1937.
Source : http://travel.webshots.com/photo/2142589710061648686AEWMlp

164
Les grandes familles
Les origines des patronymes les plus répandus dans la capitale et dans l’Est du Québec.
(Article écrit par Louis-Guy Lemieux pour le journal LeSoleil, dimanche 30 juillet 2006)

Pôvre Louis
L’ancêtre des Bolduc a abandonné ses enfants, ils ont sauvé son nom.

Louis Bolduc (Boulduc à l’origine) serait l’ancêtre unique des Bolduc d’Amérique. Son parcours professionnel en
Nouvelle-France est un échec total. S’il a fait souche, c’est grâce à ses sept enfants, des enfants abandonnés en
bas âge, et qui, pourtant, lui assureront une nombreuse descendance.

Les Bolduc viennent au 37ieme rang par le nombre de descendants vivant à l’intérieur du large territoire
desservi par Le Soleil. Ils occupent sensiblement le même rang à la grandeur du Québec.

Les familles Bolduc n’ont pas d’association représentative ni de bulletin de liaison. On comprend pourquoi à
la lumière de la vie de bâton de chaise de l’ancêtre. Il faut dire que Louis Bolduc n’a pas eu de chance. Certains
historiens, comme André Vachon que cite Jacques Lacoursière, croient que Bolduc “fut avant tout la victime
d’une époque troublée”. Suivez le guide.

Louis Bolduc est un Parisien originaire de la paroisse Saint-Benoît. Il est le fils de Pierre Boulduc, marchand
apothicaire et épicier demeurant rue Saint-Jacques, et de Gillette Pijart. Né en 1648, il a fait des études avant de
choisir de servir sa patrie sous les drapeaux et d’être envoyé au Canada.

Il vient au pays comme soldat dans la compagnie de Hector d’Andigné de Grandfontaine, du régiment de
Carignan-Salière. Il arrive à Québec le 18 août 1665 à bord du navire La Paix. Après avoir participé à la
construction du fort Sainte-Thérèse, sur les bords du Richelieu, il revient avec sa compagnie passer l’hiver à
Québec. Au printemps suivant, les troupes repartent guerroyer contre les Iroquois. Une fois la paix revenue, le
régiment Carignan-Salière est démembré, en 1668. Louis décide de demeurer dans la colonie.

LOUIS ÉPOUSE ÉLISABETH


Le 8 août 1668 toujours, une belle brochette de notables sont réunis chez le notaire Jean LeConte. Louis
Bolduc et Élisabeth Hubert signent un contrat de mariage. La valeur de la dot est fixée à 400 livres. Le
gouverneur Rémy de Courcelle, l’intendant Jean Talon, le chevalier de Grandfontaine et plusieurs officiers de
régiment de Carignan assistant à la signature du contrat.

Élisabeth Hubert est une “fille du roi”. Son père, Claude Hubert, avait été procureur au Parlement de Paris. Sa
mère s’appelait Isabelle Fontaine. À la suite de la mort de son père, Élisabeth avait été placée à l’Hôpital
général de Paris. Elle vint au pays, en 1667, en compagnie de 19 autres filles du roi. Élisabeth Hubert est un bel
exemple de ces filles de bonne famille qui deviendront filles du roi à la suite d’un accident de parcours.

Selon l’historien Jacques Lacoursière, le couple s’établit d’abord à Beauport. C’est là que naît le premier de
leurs sept enfants. Louis voit le jour le 10 juillet 1669 et il est baptisé à Québec quatre jours plus tard. Le 7
octobre de la même année, l’ancêtre Bolduc achète de Jacques Bédard une terre de 40 arpents située dans le
Trait-Carré de Charlesbourg. N’ayant pas d’argent pour en payer le prix de 800 livres, il emprunte cette somme
aux Jésuites. “Commencent alors pour Bolduc de continus problèmes d’argent”, note Jacques Lacoursière.

DES ANNÉES DE MISÈRE


Le généalogiste Michel Langlois dresse une liste de ses dettes qui donne des angoisses. Dans son Dictionnaire
biographique des ancêtres québécois, il écrit: “Il (l’ancêtre Bolduc) reconnaît cette obligation envers les
Jésuites devant le notaire Duquet, le 25 août 1670, et promet de rembourser le tout pour Noël, ce qu’il n’est
jamais en mesure de faire…”

165
Rapidement, il doit de l’argent à tout le monde. Autrement dit, il doit ses culottes. L’illustration la plus pénible
de sa situation précaire, c’est quand, le 18 novembre 1672, pour payer une dette de 409 livres et 10 sols à Jean
Deperas, il doit lui céder une vache à lait évaluée à 75 livres ainsi que tout le blé qui se trouve dans sa grange de
Charlesbourg. Pour un cultivateur, c’est la déchéance.

Pire encore, il doit se départir de sa ferme de Charlesbourg. Il la vend le 26 août 1674 à Jean Delguel dit La
Brèche au montant de 850 livres.

La suite est prévisible. Il se transporte, avec toute sa famille, d’un appartement à l’autre, d’abord rue du Sault-
au-Matelot, pour échouer ensuite dans un “corps de logis”, dans le Vieux-Québec, près des Ursulines.

Une sorte de miracle


Pour des raisons inexpliquées, le gouverneur de la Nouvelle-France, Louis de Buade, comte de Frontenac, a
pris notre Louis Bolduc sous sa protection. Il tente de le remettre en selle.

Sur la recommandation de Frontenac, le roi Louis XIV lui accorde le poste de procureur de la Prévôté de
Québec au salaire de 300 livres. Il entre en poste le 31 août 1676.

On pourrait croire que les malheurs de l’ancêtre Bolduc sont derrière lui. Il devait le croire lui-même. Eh bien,
non! L’embellie durera cinq ans et des poussières.

Michel Langlois écrit: “Sa nomination ne faisait pas l’affaire de certains intrigants parmi les conseillers qui
visaient eux-mêmes ce poste. Ils mettent tout en œuvre pour le faire destituer. Ils y parviennent quand, en 1681,
ils réussissent, suite à une plainte d’un marchand de Bayonne, à le faire comparaître devant le Conseil
souverain. On ouvre une enquête sur ses agissements. Les accusations de concussion, de vol dans toutes les
maisons où il passait, de débauche et de crapules continuelles, portées contre lui par l’Intendant Duchesneau
sont nettement exagérés. Malgré tout, il est déchu de sa charge le 20 mars 1682.”

Jacques Lacoursière précise que plusieurs mois auparavant, soit le 28 avril 1681, un arrêt du Conseil
souverain l’avait destitué et Pierre Duquet avait été nommé pour le remplacer jusqu’à la décision définitive.

Le généalogiste Gérard Lebel explique à sa façon les malheurs de l’ancêtre: “Le grand Frontenac, de caractère
ombrageux et vindicatif, voulait tout contrôler. En nommant Bolduc procureur de la Prévôté, il prétendait
affaiblir l’influence puissante du Conseil souverain… Attaquer Frontenac de front, c’était beaucoup risquer…
Le Conseil déclara donc la guerre à son ami trop fidèle, Louis Bolduc.”

Frontenac intervient auprès du roi en faveur de Bolduc. En mars 1685, selon Jacques Lacoursière, Louis XIV
autorise le versement à la famille du tiers des honoraires auxquels avait droit Bolduc lorsqu’il était en poste.

Élisabeth Hubert, l’épouse de l’ancêtre et la mère de ses enfants, ne peut pas en supporter davantage. Elle
craque. Elle décide de retourner en France, laissant ses enfants dans la colonie.

Quand, le 4 juin 1686, après des années de tergiversations et malgré l’appui de Frontenac, le roi lui enlève
définitivement sa charge de procureur, Louis Bolduc craque à son tour. Il abandonne ses enfants et retourne en
France lui aussi. Les époux avaient encore cinq enfants vivants: trois garçons et deux filles. Selon l’historien
André Vachon, leur âge variait de 9 à 17 ans. Ils vécurent de la “charité des gens bien”. Ils adoptèrent
définitivement le nom de Bolduc et laissèrent tomber le Boulduc de leur père.

Jacques Lacoursière croit que les deux ancêtres sont décédés en France, à une date indéterminée, sans avoir
jamais revu leurs enfants.

166
Les enfants s’en tirent bien
Les cinq orphelins se débrouilleront remarquablement bien dans les circonstances.

L’aînée, Marie-Anne, se mariera deux fois. Son premier mari, Jean Marsolet, était sieur de Bellechasse. La
petite sœur, Marie-Ursule, convolera trois fois en justes noces. Elle aura en tout 10 enfants.

Du côté des garçons, ils se marièrent tous les trois et auront tous des enfants. René, le deuxième, se mariera
même trois fois, comme sa sœur Marie-Ursule.

Louis était l’aîné de la famille. Le 3 juin 1697, il épouse, à Beaupré, Louise Caron, fille de Jean Caron et de
Marguerite Gagnon. Le couple s’installera à Saint-Joachim et aura une fille et trois garçons. Les quatre enfants
se marieront.

René n’aura des enfants que de sa première union avec Marie-Anne Gravel, fille de Jean Gravel et de Marie
Cloutier. Devenu veuf, il se remarie, en 1711, avec Louise Senard, fille du boulanger René Senard et de
Françoise Philippeau. René se marie une troisième fois, en 1717. L’épousée, Marguerite Malboeuf, est âgée de
22 ans. Le nouveau marié a 43 ans. Jacques Lacoursière signale que René est le grand-père de Jean-René, qui,
lui, se mariera quatre fois. C’est Jean-René qui est à l’origine de bon nombre de Bolduc qui, aujourd’hui,
peuplent la Beauce.

Vers 1750
Source : Ville de Montréal. Gestion de documents et archives, BM7,S2,SS1.
http://www2.ville.montreal.qc.ca/archives/500ans/portail_archives_fr/rep_chapitre4/chap4_theme1_doc12_page1.html

167
Les origines de la famille Bolduc dans l’ancienne France
[Texte synthèse de Lucien Bolduc de San Antonio Texas, d’après la recherche commandée d’un
généalogiste professionnel. Les paragraphes en lettres doubles sont des recherches de Richard Bolduc fait
aux Archives Nationales de Paris en Juillet 2010 :]
aa- 7 sept 1693 : Genevievre Ferrand veuve de Claude Hureau donne à son fils Germain Hureau qui demeure
rue Jean-Pain Mollet une rente acquise de Louis Boulduc conseiller et procureur du Roi en la ville de Québecq
et de Damoiselle Elisabeth Hubert sa femme par contrat passé par-devant Me Chuppin le 22 février 1693.
A- 4 sept. 1693 : Transport de rente. Vente de rente Louis Boulduc [Note de Richard Bolduc : Il s’agit de la
vente d’une rente à Germain Hureau (Voir 7 sept. 1693).]. Louis et son épouse, Élisabeth Hubert, furent alors
« à Paris, logé rue Jean-Paul Mallet [rue « Jean Pain-Mollet » : Voir Église Saint-Merry de Paris: histoire de la
paroisse et de la collégiale, par C. Baloche, Paris, 1911], à l’enseigne du Dauphin, paroisse St-Médar [St.
Médéric (Merry)] ».
bb- 14 mai 1693 : « Louis Boulduc employé dans les Fermes du Roy demeurant rue Jean Pain Mollet paroisse
St Médéric … »
B- 27 janv. 1692 : Cote de compte de tutelle. Cinq fils partagèrent l’héritage de leur père Pierre Boulduc défunt.
Pierre, louis, Simon, Gilles et Jacques. (Ces deux derniers étaient des « religieux au couvent des Augustins
Déchaussés »).
cc- 27 janv. 1692 : « Me Pierre Vaubert … au nom de Louis Boulduc … fondé de procuration passé à Péronne
le 17 novembre 1691. » [Voir paragraphe G]
C- Compte que rend l’aimable Dame Gilette Pijart, veuve de Pierre Boulduc, marchand apothicaire et bourgeois
de Paris. Pierre Boulduc décéda le 14 mai 1670 ; ses cinq fils partagèrent l’héritage : Pierre « procureur au
Chatelet », Louis, Simon « marchand apothicaire bourgeois de Paris », Gilles et Jacques « frères religieux chez
les Augustins Déchaussés ».
D- Deuxième chapitre de recepte. Établit que Gilette Pijart était la fille de Adam Pijart « marchand orfebre
bourgeois de Paris » et de Jacqueline Lechavon; que Gilette était la sœur de Sébastien Pijart.
E- Troisième chapitre de recepte. Identifie un contrat de mariage entre Pierre Boulduc et Gilette Pijart, signé à
Paris le 27 déc. 1639. Sébastien Pijart était « prestre docteur en théologie » qui décéda à Condom le 30 sept.
1665 : établit que Pierre Boulduc était le fils de Louis Boulduc et de Françoise Lebrun ; établit que Pierre avait
une sœur, Marie, épouse de Gilles Gond.
F- Dépense particulière audit Louis Boulduc. Note que Louis Boulduc, par « lettre missive du 5 nov. 1674 de
Kebek en Canada accusa réception de 200 livres de Gilette Pijart; de 500 livres par acte notarié du 5 mai 1676
et 133 livres auusy par luy receu suivant son billet le 17 juin 1683 ».
G- 17 nov. 1691 Pouvoir. Louis Boulduc « fils de défunt le sieur Pierre Boulduc, vivant marchand apothicaire »
(…) « Ledit sieur Louis Boulduc demeurant au village des Feuillères [Voir pages 282 à 287], gouvernement
dudit Péronne estant de présent en cette ville » ; Louis était donc déjà rentré en France.
H- 16 nov. 1649 Bail par Nicolas Cappon, régent en la faculté de médecine à Pierre Boulduc, d’une maison sise
rue St-Jacques pour 6 ans, moyennant 700 livres de loyer par an. Établit que Pierre était « marchand apothicaire
et épicier, bourgeois de Paris » ; la maison mise en bail par Cappon appartenait à son épouse Marie Hubert ;
ceci signifie qu’il y avait un lien entre les familles Boulduc et Hubert bien avant le mariage entre Louis Boulduc
et Élisabeth Hubert à Québec en 1668.
I- 9 juin 1639 Marché par Pierre Maubon, (…) à Pierre Boulduc (…) maître apothicaire et espicier, bourgeois
de Paris, rue St-Jacques, paroisse St-Benoît (…) pour livrer (…) mortier (…). Établit que Pierre Boulduc
réussissait déjà dans sa profession et résidait déjà dans la paroisse St-Benoît.
J- 6 août 1595 Contrat de mariage de Loys Boulduc, marchant espicier au marché aux Poirés avec Françoise Le
Brun passé le 6 août 1595 devant Maître Chazerets. Établit que le père de « Loys » Boulduc était « Symon
Boulduc », marchant drapier, demeurant à Senlis, qui décéda avant le 6 août 1595, et que sa mère était
Jacqueline Debonnaire, résidant alors à Senlis.
168
K- 1522 Lambert Boulduc au lieu de Henry son père doit 5 sols parisis. (L'hôtel des 3 Écuelles était censive de
l'église Notre-Dame de Senlis) Il y avait donc une famille Boulduc à Senlis vers le début du seizième siècle.
L- 1480 Jean Boulduc paie 8 livres de cens pour la maison « Les Deux Anges » à Senlis. Établit la présence
d'au moins un propriétaire « Boulduc » à Senlis vers la fin du quinzième siècle.
Le généalogiste professionnel qui a jusqu’ici si bien conduit ces recherches m’indique qu’il n’est pas optimiste
sur les possibilités de pousser plus loin la lignée des BOLDUC à Senlis.

201 Primrose Place


San-Antonio
TX, 78209
Le P. Jacques de Paris, Bolduc, Capucin.
On propose 1551 environ pour l’année de naissance, et sûrement Paris pour le lieu ; on ne signale ni les noms
de ses pères et mères, ni son nom de baptême. Il fût avocat au Parlement de Paris et n’entra chez les Capucins
qu’à l’âge de 30 ans. Il reçût l’habit sans doute à Meudon, le 15 juin 1581, des mains du P. Matthias de Sals',
supérieur italien délégué de Rome comme organisateur des Capucins de la province de Paris. Il fit profession à
Meudon le 16 juin 1582 ; le « tout Paris » assistait à la cérémonie.
Jacques de Paris étudia la théologie seul, et en devint un des premiers « lecteurs » (professeur) dans la
province de Paris ; on ignore quand et où il fût ordonné prêtre. Le 18 août 1590 il fût élu 2 e conseiller
(définiteur) du provincial et gardien (supérieur) du couvent du Faubourg St-Honoré à Paris ; reconduit dans ses
charges le 29 septembre 1591 et le 27 septembre 1592 ; il était en même temps élu représentant de la province
au chapitre général à Rome, mais n’eût pas l’occasion d’y aller, n’y ayant pas eu de chapitre général en ces
années-là.
Il fût consacré à la prédication surtout à Paris, devant des auditoires nombreux qu’il charmait par son beau
parler et son savoir, et cette prédication impressionnait les Huguenots qui venaient l’entendre. Commence alors
la série de gardiennats : en 1602 gardien de Caen ; 1610, gardien de Beauvais ; 1611, d’Auxerre ; 1613 il
participe à la fondation du couvent d’Evreux ; en 1615-1616 il est gardien d’Etampes ; 1617, de Pouloise ;
1618, de Montfort l’Amoury. Puis le voici de nouveau à Paris : le 13 mars 1621 il donne son approbation au
« Traité de la messe » du p. Joseph du Tremblay, tout comme il avait fait le 4 novembre 1613 pour le « Palais
de l’amour divin » du mystique capucin Laurent de Paris. De 1622 à 1631 Jacques Bolduc entretient une
controverse de théologie avec le jésuite Lapeyre, au sujet de … Melchisedech et de Job ! Le 15 mars 1624
nouvelle approbation d’un autre ouvrage de Joseph de Paris (du Tremblay). C’est vraisemblablement vers cette
époque aussi que le P. Pacifique de Provins aurait voulu l’engager dans son projet missionnaire pour les
Amériques… Ici la chronologie souffre d’un grand hiatus, car il faut attendre le 18 janvier 1634 pour trouver
une lettre du P. Jacques Bolduc à l’oratorien Marin, lettre conservée à la Bibliothèque Nationale de France,
collection Baluze, no 209 p.161. Le P. Marin était un homme de sciences. L’année d’après, 1635, le P. Bolduc
est pris à parti par le Jésuite Monet à propos de Melchisedech ! (Bibliothèque municipale d’Amiens, manuscrit
230). C’est dans cette décennie, le 27 décembre 1639 que Pierre Bolduc (sic) épousa Gilette Pijar : reste à
savoir quelle pouvait être la parenté entre l’apothicaire et le capucin ; au mieux le religieux pouvait être l’oncle
du pharmacien…
En tout cas on suppose le P. Jacques apparenté à Simon Bolduc (sic), premier apothicaire du roi (Louis XIV)
lequel mourût en 1703. Le P. Bolduc, malgré les critiques qu’il recevait, continuait d’écrire ; il publiait à Lyon
en 1640 in in-folio en latin : « … libri III in quibus declaromtus … Eucharistiæ sacramenta … ». À cette époque
le vénérable religieux tomba malade et infirme, ce qu’il resta plusieurs années et il mourût au couvent du
Faubourg Saint-Honoré à Paris le 8 décembre 1646.
On dit que c’était un homme patient, gai de tempérament, ouvert à tous. Il aurait cultivé le paradoxe et se
serait beaucoup servi de son imagination dans ses commentaires de la Bible !

169
Cette note est composée d’après de nombreuses indications puisées dans les manuscrits de la Bibliothèque
Provinciale des capucins de Paris.
Étampe : Christian W. van Dijk
26-32, rue Boissonade
Willibrord-Christian van Dijk [Capucin] F. 75014 Paris
Tél. : 01.40.64.59.35
Paris, samedi 22 mars 1997. C.C.P. Paris 4.345.47 P

Écriture et signature de Frère Jacques Boulduc, Capucin, 1634.


(Source : https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc341328, pages 161&162)

L’Honorable Sénateur Joseph Bolduc et son écu au plafond du Parlement d’Ottawa.


Source du portrait : http://www.parl.gc.ca/About/Parliament/Speakers/Sen/sp-18Bolduc-f.htm
Photo de l’écu : Lisa-Maria Bolduc

170
Source : https://books.google.fr/books?id=p_VLAAAAMAAJ
171
(Titre inscrit à l’encre sur le dos, 1626)

172
Source : http://books.google.fr/books?id=MAgSAAAAIAAJ

173
Source : https://books.google.fr/books?id=-I4AAAAAcAAJ

174
Source : http://en.eprevodilac.com/prevodilac-latinski-francuski
[Voir traduction page suivante.] 175
[Traduction non éditée du Latin a partir du site :
https://translate.google.com ]

« Dans Job, le plus ancien de Jacques Bolduc,


R. Père de la famille des Capucins Franciscains.

Excellent point de l'ouvrage esprits préfet est prêt,


La plus ancienne, et les décès astucieusement voix.
Trahit les journées dans les domaines de la lumière, de la récente
Job, et la voix aiguë de décès.
Aveugle parlait guère seclo connu:
Le plan de l'embouchure de la chose appris va maintenant prendre la
parole.
Son esprit jusqu'à, frapper à l'obscurité
Bolduc vigilant face à detenebrare
Osé pénétrer dans le chef de la moelle cachée,
Et notre entreprise, de la bouche d'un homme d'un si grand esprit.
Le médecin des sommets divins, et le point de la langue
Et les voix merveilleuses étaient cachés notes.
Qui tiennent des registres de première ancienne
Puis vint un homme mince décore son travail.
Priver injustement les propriétaires de la vieillesse
La page a un droit à émettre un champion sainte.
Ce surprenant de voir que les divinités de la chambre était médiocre,
Et Job accumulé beaucoup de ressources
La fortune se réjouissent de friction de Job; pour les nécessiteux
Celui-ci vous est plus grand que la chose, qu'elle ne l'était avant, est
parlée. »
JOANNES ALBERTUS J. C.

176
Source : https://archive.org/details/bub_gb_4vrUhglbRUEC

177
(Source : https://books.google.fr/books?id=qA9WGytwG3MC)
(…)
178
(…)

(…)

(Source : https://books.google.fr/books?id=eb18rwlg7DoC)

179
https://books.google.fr/books?id=b5dEAAAAcAAJ

180
Source : https://books.google.fr/books?id=L3ZRAAAAcAAJ

181
Source : https://books.google.fr/books?id=vDJHAAAAcAAJ

182
Compilation de Pierre Bolduc, Yan J. K. Bolduc et Richard Bolduc de diverses recherches (janvier 2018) :
De BOIS-LE-DUC (de) BOLDUC (de) BOULDUC BOLDUCQ
(Buscoducensis, …) (Boleduc, Bolleduc) (Bouleduc, Boulleduc) (Bolduck)
Jacob CNOYEN … Gerardus Guillaume Boulleduc Gurard de Bolducq, 1499
hollandais magistrat ecclésiastique orfèvre à Angers 1451 Professeur religieux, Louvain
Thiéry (dou Bos-le-Duc) Lille, France 1362 Guillemin de Boulleduc 1. Jan (dit Dumortier) & Christine
vers 1304 (Mons ?) Thierry, début XV ème vers 1462, éperonnier, Tours Parent, avant 11/9/1610 Valenciennes
Huon (de Bos-le-Duc) horloger du roi Jean, cité 1480 à Senlis 2. Marguerite (dit Dumortier)
Marchand de vin de Rivière Michiel vers 1416 1. Henri 11/9/1610 Valenciennes
vers 1304 (Hollande) Bijoutier ou marchand ? d. avant 1523 Pia et Marye Taillandier
Willem (Buscoducensis) Jean Bolduc, peintre 2. Lambert avant 7/11/1613 Valenciennes
vers 1372 Brabant Nord, vers 1460 cité 1522 à Senlis Paul et Franchoise Lecoq
Waultier (de Bos le Duc) Arian, peintre en 1468 Vincent (Bouduc alias avant 18/2/1614 Valenciennes
XIV ème « homme d’armes » Bruges, Belgique Boulduc) maître 1535 Nicolas & Louyse Blanchart
à Lille Bernard (Bernardo de Loys religieux 1553 avant 15/2/1616 Valenciennes
Hannequin Boleduco) 1539 Louis novice 1553 1. Paul (dit Lainotte)
Bourges France vers 1385 chanoine de Toulouse Henry Boulleduc cité 1556 2. Toussain (dit Lainotte)
Gossuyn (de Bos le Duc) Roque (d. 1561 à Séville) marchand bourgeois Senlis 28/7/1624 Valenciennes
1388 « maistre verrier » Paris imagier & statuaire flamand 1. Pierre
Jean-Jacques (Bouduc) 2. Jeane (de Valenciennes) m. Michel
Jacob du Boisleduc Écuyer André (Andrea Bolducco) Médecin ordinaire de S.A. Le Grand 1/4/1635 à Londres
Bretagne 1396 marchand à Venise 1574 cité 1571 Marguerite (de Valenciennes) m.
Henri vers 1400-1464 Jean (né en Suisse) Claude (Bauduc & Boulduc) Pierre Demain 1/10/1635 à Londres
théologien belge peintre graveur vers 1578 cité 1582, Dr en médecine Jaël m. Mathew Carlie
Jehan (de Bos le Duc) Père Bolduc, 1592 1. Symon Anne (Fille de Paul) de
1466 « joueur d’abiletez » Religieux de St Martin marchand drappier à Senlis Valenciennes m. Denis Du Prié
Lille ou « Brouxelles » 1. Charles m. Jacqueline Debonnaire 25/12/1641 à Londres
Nicolas 2. Laurent 2. Loys (Louis) 1. Pia (veuf) m. Marguerite
pédagogue enseignant brasseur à Caên, France marchand épicier Paris Mahieu 11/6/1655 à Londres
1486-1550 à Wesel (?) marchand à Paris m. 1595 Françoise Lebrun 2. Jean (fils de Pia) m. Susanne
Jean Sanderi de Bois-le-Duc m. avant 1610 enf: Louis, Pierre, Marie Le Blond 17/9/1637 à Londres
Notaire de Liège, 1511 Marguerite Brutal 3. Pierre 1607-1670 3. Sara, bap. 27/2/1642
Mathieu de Bois-le-Duc 3. Marguerite maître-apothicaire Paris Jean, 5/11/1643
Clerc de Liège, 1511-1512 m. 1623 à Charenton m. 1639 Gilette Pijart Pierre, (Bolduque) 19/7/1646
Lambert-Thomas Charles Drelincourt enf : Pierre, Louis, Simon, Mary, 10/10/1647
Malines, Flandres né 1547 ministre à l’église de Senlis Gilles, Jacques Daniel, (Bosleduc) 16/10/1651
Daniel Claire 1611 4. Simon 1652-1729 Jenne, 3/9/1654
clerc du diocèse de Liège, m. Jacques Angibert maître-apothicaire Ester, 29/3/1657, tous
Belgique vers 1573 Père Antoine, religieux 5. Gilles-François 1675- baptisés à Londres
Jean (– l’Évangéliste) flamand, 1685 1742 maître-apothicaire Barthelemy, 1790 (?)
auteur ascétique Paul, ministre de Laparade 6. Jean-François 1728-1769 garde terroir
décédé 1635 entre 1645 et 1679 maître-apothicaire
Oyen De Boilduc m. Marthe Philippot Jacques 1551-1646 BOLDU
vers 1685 Marie 1676 père capucin Nicholas
m. Guillaume Couvreur Antoine, 1601, Juré Peseur, 1524 à Vienne
Catherine 1676 marchand épicier Paris Pierre
François Boleduc 1678 (Dettey) Père Antoine (Bolduc/de 1534 en Italie
jardinier de Mme la marquise Boulduc) religieux flamand André
Louis Bolduc 1669-1681 1561 en Italie
n. 1658, d. 1681 à Adon Pierre 1702 x Marie J. Fety
Jean Bolduc, dit St Amant orfèvre [marque de Pierre]
Soldat au régiment de Thoy Daniel 1719
Compagnie du sieur de filius, de Cascarilla
Bonport, célibataire Simon-Charles Boulduc/de
Bagnard à vie pour désertion, Bolduc, 1726 – 1741
Marseille, 1694 chanoine de Lisieux
n. 1674 à Cazal, d. 1696 Jean-François 1731
Bonne taille, poils châtains marchand miroitier
[Explication possible de la Mère : Magdeleine Catherine-Françoise 1731
marque de Pierre Boulduc, Geneviève, 1680, Rennes
orfèvre.] Pierre Bolduc, 1762
183
(Suite, et plusieurs autres
jusqu’à aujourd’hui …)

BALDUC
1. Pierre
n. av. 1631-1673
marchand
m. Marie Dussiot
2. Marguerite
Mathieu Roguin
Paris
Godefroy
maître écrivain, juré Paris
1. Nicolas
m. Anne Varlet
2. Jean Blason Balduc [?]
d. 1683 près Troyes
2. Nicolas
1667 rubanier tissandier
Paris

Grande famille (imprimeurs) Balduc à Troyes aux 17 e & 18e siècles

Enseigne de Jacques Balduc


(Troyes, 1635)

Statue de Pierre Cuvé, dit Balduc, XVIième Siècle


(Clamecy)

184
(1600 ca, détails)

185
(1598, détail)

(1786, détail)

186
Étude généalogique de la dynastie des Pijart, orfèvres ou apothicaires à Paris
aux XVIe et XVIIe siècles
par Christian Warolin

REVUE D’HISTOIRE DE LA PHARMACIE, LV, No 355, 3e TRIM, 2007, 361-370.


Résumé :
(La dynastie des Pijart, établie à Paris aux XVIe et XVIIe siècles, comprend des apothicaires et des orfèvres ayant un ancêtre commun,
Michel Pijart, garde de l’orfèvrerie en 1507, marié à Jehanne Daumont, et mort avant le 23 juillet 1524. Ce couple donna naissance à
quatre fils, tous orfèvres, Pierre, Michel, Jehan et Nicolas. Pierre se maria deux fois. De son premier mariage avec Philippe Dusseau,
sœur d’un célèbre apothicaire, seul leur fils aîné, François, choisit le métier d’apothicaire, les trois autres, Jacques, Jehan et Philibert,
restèrent fidèles au métier de leur père. Les deux fils nés du second mariage avec Marie de Mézières, Claude l’aîné et Claude le jeune,
furent aussi orfèvres. Ainsi, chez les Pijart, le métier d’orfèvre fut privilégié. L’endogamie professionnelle était dominante dans cette
dynastie, à l’instar des marchands appartenant aux Six-Corps de métiers. Orfèvres et apothicaires entretenaient d’étroites relations
familiales qui se manifestaient lors des réunions festives (baptêmes, fiançailles). Il n’est pas contestable que la notoriété de cette
dynastie repose sur la célébrité des orfèvres qui la composent. Cependant, par le jeu des alliances, les Pijart s’apparentèrent à d’autres
familles d’apothicaires, la plus remarquable étant celle des Boulduc.)

***
La dynastie des Pijart était établie à Paris aux XVIe et XVIIe siècles. Elle comprend des apothicaires et de
célèbres orfèvres. Mme M. Bimbenet-Privat, conservateur en chef du Patrimoine, est l’auteur de très
remarquables ouvrages sur l’orfèvrerie parisienne à la Renaissance et au XVIIe siècle. Parmi les nombreuses
families d’orfèvres qu’elle a décrites, elle a mis en relief l’importance de l’œuvre due aux Pijart. Parallèlement,
nous avons procédé à l’étude des membres de cette famille ayant choisi d’exercer 1’apothicairerie.
L’objet de cet article est de préciser les relations familiales existant entre les Pijart, qu’ils soient apothicaires
ou orfèvres. Nous verrons que, par le jeu des alliances, les Pijart s’apparentèrent à d’autres familles
d’apothicaires, les Dusseau, de Cueilly, Fraguier, Boulduc.
L’ancêtre des Pijart est un orfèvre, Michel Pijart, mort antérieurement au 23 juillet 1524 car sa femme,
Jehanne Daumont, était veuve à cette date. C’est ce que révèle le contrat de mariage de leur fils Pierre Pijart,
orfèvre, avec Philippe Dusseau, fille de Robine Namyn et de Christofle Dusseau. La future épouse était la sœur
du célèbre apothicaire Michel Dusseau. Le partage de la succession de Philippe Dusseau fut réalisé le 28
décembre 1548, à la demande de son époux Pierre Pijart, tuteur et curateur de leurs enfants mineurs, sans que
ceux-ci soient nommés. Michèle Bimbenet-Privat a fait état de trois orfèvres prénommés Michel, de Michel I à
Michel III, mais elle cite également Michel Pijart, garde de l’orfèvrerie en 1507. Il nous semble plausible
d’assimiler celui-ci au mari de Jehanne Daumont, Michel Pijart, décédé avant le 23 juillet 1524. Nous le
dénommerons Michel Pijart l’aîné. Le 7 novembre 1530, Michel I épousa Claude Heurtault, fille de Simon
Heurtault, marchand, et de Catherine de Neufville, en présence de Jehanne Daumont, veuve de Michel Pijart et
mère du fiancé. Ils sont les parents de Michel II. L’inventaire après décès de Michel I, daté du 8 août 1555 et
établi à la requête de sa femme Claude Eustace, prouve qu’il s’était remarié après le décès de Claude Heurtault.
Ce second mariage avait eu lieu le 22 juin 1548. Le père de la fiancée était un orfèvre, Charles Eustace, et
Jehanne Daumont, veuve de Michel Pijart, était présente avec ses fils Pierre et Jehan. Un brevet du 14 juin
1555, figurant dans les papiers de l’inventaire, mentionne le nom de six héritiers de Jehan Daumont, leur oncle
maternel, enfants de Michel Pijart et de Jehanne Daumont. Ce sont : Marguerite et Catherine Pijart, veuves
l’une et l’autre, Pierre, Michel, Jehan et Nicolas Pijart, tous orfèvres. Pierre s’identifie à Pierre l’aîné, mari de
Philippe Dusseau, Michel à Michel I et Jehan à Jehan l’aîné. Enfin, Michel III est le fils de Michel Il et de
Jeanne Langlois. Ainsi, quatre générations d’orfèvres ont porté le prénom Michel, de père en fils.

Jehan Pijart l’aîné


Orfèvre, il épousa Marguerite Leconte, comme l’atteste le testament qu’il rédigea le 29 octobre 1557, l’année
précédant celle de sa mort, « Jehan Pigeart (sic), orfèvre sur le Pont-au-Change, charge sa femme Marguerite
Leconte exécuteur de ses volontés, présents Pierre Pigeart et Jehan Pigeart, ses frères » (Laborde). Nous
pensons qu’il faut lire : fils.

187
Jehan l’aîné et Marguerite eurent deux fils, orfèvres, Pierre et Jehan. Pierre – que nous appellerons Pierre le
jeune – se fiança à Isabelle Busson le 12 septembre 1568. Marguerite Leconte, qui s’était remariée, stipulait
pour son fils en présence de Jehan et de Nicolas Pijart, celui-ci oncle paternel du futur époux. La fiancée était la
fille d’un avocat, Jehan Busson, et d’Isabelle Chabot.
Nous allons maintenant nous attacher à l’étude de la nombreuse descendance de Pierre Pijart l’aîné riche en
orfèvres et en apothicaires.

Les deux mariages de Pierre Pijart l’aîné, orfèvre


Michèle Bimbenet-Privat a compté vingt-trois membres de la famille Pijart ayant exercé l’orfèvrerie à la
Renaissance, à Paris. En raison de la multiplicité des mêmes prénoms – elle a compté cinq Pierre – la réalisation
d’un arbre généalogique est d’une réelle difficulté. Mais, grâce aux données qu’elle a fournies et à nos
recherches, il a été possible de fixer les racines de cet arbre sur lequel se greffe le rameau des apothicaires. Nous
allons prouver que Pierre Pijart, probablement né en 1502, est le père de François, apothicaire, des orfèvres
Jacques, Jehan, Philibert et des deux Claude, l’aîné et le jeune. Une épitaphe de Saint-Jacques-de-la-Boucherie
indique qu’un marchand orfèvre, Claude Pijart, naquit le 23 janvier 1543 et décéda le 23 avril 1614. Sa femme,
Catherine Lebrun, mourut le 9 juillet 1612 « à 55 ans et plus » et son inventaire après décès, daté du 30 juillet
1612, fut établi à la requête de Claude Pijart « l’aîné », son époux. Si Pierre Pijart était le père de Claude l’aîné,
Philippe Dusseau, morte avant le 24 septembre 1542, ne pouvait être sa mère. Pierre Pijart s’était remarié avec
Marie de Mézières et, parmi les nombreux enfants qu’ils mirent au monde de 1543 à 1557 – que cite Laborde –
trois fils furent prénommés Claude. L’aîné, selon cette source, fut baptisé le 23 octobre (sic) 1543, son parrain
étant Jacques de Cueilly, apothicaire, et sa marraine et grand-mère Jehanne Daumont.

Les descendants de Pierre Pijart et de Philippe Dusseau


Ce sont François Pijart l’aîné, apothicaire, et les orfèvres Jacques, Jehan et Philibert.

Tableau 1 : La dynastie des Pijart à la Renaissance et leurs alliés.


Jacques x 2 Robine 1 x Christofle Michel x Jehanne Jehan
de Cueilly Namyn Dusseau Pijart Daumont Daumont
apothicaire l’aîné
orfèvre

Nicolas x 3 Jacqueline 2 x 2 Louis Michel Philippe x 1 Pierre 2x Marie Michel I Jehan Nicolas
Hébert Pajot de Cueilly Dusseau Dusseau Pijart de Mézières Pijart Pijart Pijart
apothicaire apothicaire apothicaire l’aîné (tableau 2) orfèvre l’aîné orfèvre
orfèvre orfèvre

1 x Claude x Marguerite
Heurtault Leconte
Louis Pierre x 1 Catherine 2 x François I Jacques I Jehan Philibert
Hébert Fraguier Legros Pijart Pijart Pijart le jeune Pijart 2 x Claude Pierre
apothicaire apothicaire apothicaire orfèvre orfèvre orfèvre Eustace Pijart
et colon au le jeune
Québec x Marie x Anne x Françoise Michel II orfèvre
Charreau Rivière Godefroy Pijart x
orfèvre Isabelle
? x Busson
Pierre François II Robine Guillaume Jacques II Jeanne
Pijart Pijart Pijart Pijart Pijart Langlois
Dr régent apothicaire apothicaire orfèvre Jehan
Pijart
x Geneviève x Françoise x Nicolas x Marie x Louise Michel III orfèvre
Godefroy Delalande Boutrayt Frande de Verneuil Pijart
apothicaire orfèvre

François Pijart l’aîné, apothicaire


François Pijart se maria avec Catherine Legros, veuve de 1’apothicaire Pierre Fraguier. Le contrat de mariage
fut signé le 27 décembre 1553 en la présence, pour le fiancé, de Pierre Pijart marchand orfèvre, son père, de ses
frères Jacques et Jehan, et de Michel Dusseau, apothicaire, oncle maternel. La mère de François était morte
depuis plusieurs années, comme nous l’avons indiqué. La fiancée était accompagnée par son père Marcelin
Legros, apothicaire, et par sa mère Jehanne Aubry. François Pijart, qui exerçait son métier à Paris au vieux
188
cimetière Saint-Jean en 1557, fut garde de la communauté des apothicaires-épiciers en 1581, 1582, 1584 et
1585, puis consul de la ville de Paris en 1596. En 1559, il acquit une partie d’une maison, sise rue Saint-
Honoré, de Pierre Pijart l’aîné, orfèvre, son père.
Nous disposons des inventaires après décès de Catherine Legros et de François Pijart, datés respectivement
du 19 novembre 1598 et du 7 juillet 1609. Le premier permet d’évaluer la valeur des biens du couple en 1598
comprenant le contenu de la boutique d’apothicaire – ustensiles, drogues et compositions – les objets de valeur
conservés au domicile conjugal, les créances. Le second inventaire, qui ne décrit que des objets de valeur,
prouve que François Pijart, veuf, avait cessé toute activité professionnelle.
De l’union de Catherine et de François naquirent quatre enfants : Pierre, François, Robine et Guillaume.
L’aîné, Pierre, fut docteur-régent de la Faculté de médecine de Paris. Il épousa Geneviève Godefroy, dont la
fortune était considérable. François le jeune fut reçu maître apothicaire le 22 avril 1580 et se maria avec
Françoise Delalande. Les unions étaient souvent endogamiques et Robine ne dérogea pas à la coutume en
épousant un apothicaire Nicolas Boutrayt, reçu à la maîtrise le 2 juillet 1577. À leur contrat de mariage, le 24
juillet 1577, quatre oncles de Robine, tous fils de Pierre Pijart l’aîné, étaient présents : Jacques, Philibert et les
deux Claude, l’aîné et le jeune. Robine était la demi sœur d’Estiennette Fraguier, la femme de Claude Pijart le
jeune. Le benjamin, Guillaume, reçu maître apothicaire le 12 juillet 1592, s’unit à Marie Frande. Il fut garde en
1619, 1620, 1624 et 1625. Son portrait est exposé à la Salle des Actes de la Faculté de pharmacie de Paris-V.
Catherine Legros, par ses deux mariages, fut à 1’origine de deux familles, où l’on dénombre treize apothicaires.

Armoiries représentées sur son portrait :


d’azur à une fasce d’or comportant un croissant et
deux roses de gueules et à trois fermaux d’or 2 et 1.

Portrait n° 89 – Guillaume PIJART


Reçu maître apothicaire le 12 juillet 1592, fut garde en 1619, 1620, 1624 et 1625. Son portrait, exécuté en 1643
par C. Carette, le représente à l’âge de 75 ans.
Source : ‘ La salle des actes de la faculté de pharmacie-Paris V ’ (Comité de rénovation), réalisé par Annette Pâris-
Hamelin, 1996.
Photographie du portrait par Jean Rochaix.

Jacques I Pijart, orfèvre


Nous avons vu que la filiation de Jacques, et celle de son frère Jehan, est attestée par le contrat de mariage de
leur frère François, apothicaire, avec Catherine Legros. Né en 1526, Jacques demeurait sur le Pont-au-Change
avec sa femme Marie Charreau. Celle-ci, « femme de Jacques », fut la marraine de Marguerite Pijart, fille de
Pierre l’aîné, en 1555 (Laborde).
Jacques I fut-il le père de Jacques Pijart – Jacques II – orfèvre et mari de Louise de Verneuil ? On ne peut
l’affirmer. Le contrat de mariage fut signé le 31 janvier 1593. Ils habitaient une maison Vallée-de-Misère à
l’enseigne de la Croix d’or. Après vingt et un ans de vie conjugale, Louise mourut, car l’inventaire de ses biens
fut établi le 13 octobre 1614. Quatre enfants se partageaient l’héritage : Catherine, 20 ans, Marguerite, 15 ans,
Pierre et Antoine, 13 ans et demi et 13 ans (sic). Laborde rapporte que le 28 octobre 1623, le convoi funèbre de
Jacques Pijart, orfèvre, fut formé Vallée-de-Misère. S’agissait-il de l’enterrement de Jacques II ?

189
Jehan Pijart le jeune, orfèvre
Il se fiança à Anne Rivière par contrat du 30 novembre 1550. « Femme de Jehan Pijart le jeune », elle était
présente au baptême de Marguerite Pijart, fille de Pierre Pijart et de Marie de Mézières en 1555 (Laborde).
Anne Rivière décéda en 1584 et l’inventaire de ses biens fut effectué le 13 avril 1584. Son mari ne lui survécut
pas et mourut la même année.

Philibert Pijart, orfèvre


Laborde mentionne le baptême de Philibert, fils de Pierre Pijart et de Philippe Dusseau, le 19 décembre 1534.
Il est également cité en tant que frère de François Pijart, apothicaire, et de Claude Pijart, orfèvre, au contrat de
mariage de Françoise Pijart et de Marin Lebrun, orfèvre, le 27 juin 1568. Françoise était la fille de Pierre Pijart
l’aîné et de Marie de Mézières. Philibert exerça le métier de changeur, puis opta pour l’orfèvrerie et épousa
Françoise Godefroy (Laborde).

Les descendants de Pierre Pijart et de Marie de Mézières


Leurs fils Claude Pijart l’aîné et Claude le jeune, tous deux orfèvres, sont à l’origine d’une nombreuse
descendance comptant de célèbres orfèvres. De plus, Gillette Pijart, arrière-petite-fille de Pierre Pijart et petite-
fille de Claude l’aîné, donna naissance, par son union avec l’apothicaire Pierre Boulduc, à une famille
d’apothicaires renommés, les Boulduc.

Claude Pijart l’aîné, orfèvre


Nous avons vu qu’il naquit le 23 janvier 1543 et mourut le 23 avril 1614. Il était le fils de Marie de Mézières
selon les termes du testament que sa mère rédigea le 17 septembre 1567 (Laborde). Son inventaire après décès,
récolement de celui de sa femme Catherine Lebrun, a été établi à la requête de ses fils majeurs François et
Adam Pijart, maîtres orfèvres, et de Pierre, mineur émancipé, aussi marchand orfèvre, assisté de Pierre Pijart,
docteur-régent à la Faculté de médecine de Paris, son curateur.

Tableau 2 : La dynastie des Pijart à la Renaissance et leurs alliés.


Philippe x 1 Pierre 2 x Marie Pierre x1 Catherine 2 x François I
Dusseau Pijart de Fraguier Legros Pijart
(tableau 1) l’aîné Mézières apothicaire apothicaire
orfèvre

Claude Claude
Pijart l’aîné Pijart le jeune
orfèvre orfèvre

x Catherine 1 x Estiennette
Lebrun Fraguier

2 x Marie
François Adam Pierre Baudouyn
Pijart Pijart Pijart
orfèvre orfèvre orfèvre

x Anne x Jacqueline
Lindo Le Charron
Jehan Simon
Pijart Pijart
Gillette orfèvre orfèvre
Pijart x
x Catherine
Pierre Millon
Boulduc
apothicaire

Louis Simon
Boulduc Boulduc
Procureur du Roi Apothicaire du Roi
au Québec Académie des sciences

190
François Pijart, orfèvre
Baptisé le 1er janvier 1577. I1 épousa Anne Lindo, selon le contrat de mariage signé le 29 janvier 1612 en
présence de ses parents et de son frère Adam. Il exerçait sur le Pont-au-Change, paroisse Saint-Jacques-de-la-
Boucherie, au Chapeau rouge. Leur fils Nicolas fut baptisé le 2 novembre 1614.

Adam Pijart, orfèvre


Baptisé le 18 janvier 1587. Ses parents assistèrent le 13 mars 1611 à la signature de son contrat de mariage
avec Jacqueline Le Charron, fille de Claude Le Charron, orfèvre sur le Pont-au-Change, et de Gillette
Boulanger. Pierre Pijart, docteur-régent, cousin, était présent. Laborde donne une liste impressionnante
d’enfants nés de ce mariage, parmi lesquels le prénom Gillette est mentionné deux fois. La première fille citée,
baptisée le 20 novembre 1618, épousa Pierre Boulduc, apothicaire à Paris (1607-1670). Leur contrat de mariage
fut conclu le 27 décembre 1639. Parmi les enfants de ce couple, deux sont particulièrement connus : Louis,
procureur du Roi à la Prévôté de Québec, à l’origine de la dynastie canadienne des Bolduc (sic), et Simon,
apothicaire, membre de l’Académie des sciences.

Pierre Pijart, orfèvre


Baptisé le 21 avril 1593.

Claude Pijart le jeune, orfèvre


Il était le frère de Claude l’aîné, selon les termes d’une transaction conclue entre les deux frères. Cet acte
précise également que Claude le jeune était marié à Estiennette Fraguier, fille de l’apothicaire Pierre Fraguier et
de Catherine Legros. Leur contrat de mariage, date du 17 avril 1569, est brièvement analysé dans l’inventaire
des biens de Catherine Legros. Après le décès de sa femme Estiennette, Claude Pijart se remaria avec Marie
Baudouyn (voir ci-dessous). Laborde cite les prénoms des enfants issus de la première union, parmi lesquels
Jehan.

Jehan Pijart, orfèvre


Baptisé le 8 mars 1571. Plusieurs actes confirment qu’il était le fils de Claude le jeune et d’Estiennette. Ainsi,
l’inventaire après décès de Catherine Legros révèle que Jehan et son frère Simon furent héritiers, par
représentation, d’Estiennette, leur mère défunte, elle-même héritière pour un septième des biens de sa mère
Catherine. Une transaction du 11 juillet 1599, entre les cohéritiers de Catherine Legros, confirme la filiation des
deux frères.
Jehan Pijart épousa Catherine Millon. Le contrat de mariage fut signé le 28 juin 1592. En 1610, il devint veuf
et, à sa requête, l’inventaire après décès de sa femme fut établi le 22 avril 1610. Leurs trois enfants étaient
encore mineurs : Pierre, âgé de 14 ans et demi, François, 12 ans et demi, et Jehan, 6 ans. Cet acte fait état du
remariage de Claude Pijart le jeune avec Marie Baudouyn, laquelle, devenue veuve, épousa Mathieu Lescot.

Conclusion
De cette étude, il résulte que, chez les Pijart, le métier d’orfèvre a été privilégié. Michel Pijart, l’ancêtre
connu, puis son fils Pierre l’aîné, ont nettement orienté le choix de leurs descendants. Cependant, François
Pijart, le fils aîné de Pierre et de Philippe Dusseau, choisit de devenir apothicaire, influence peut-être par la
notoriété de son oncle maternel, Michel Dusseau, auteur du premier ouvrage pharmaceutique rédigé en prose
française, l’Enchirid ou Manipul des miropoles (1561). Puis le fils aîné de François, Pierre Pijart, opta pour la
médecine, ce qui, à l’époque, était considéré comme une ascension sociale. L’endogamie professionnelle était
monnaie courante chez les membres des Six-Corps de marchands, auxquels apothicaires et orfèvres
appartenaient. Les trois fils de Pierre Pijart 1’aîné, issus de son premier mariage, Jacques, Jehan le jeune et
Philibert, furent tous orfèvres. Il en fut de même pour les fils nés de son second mariage avec Anne de
Mézières, Claude l’aîné et Claude le jeune. On retrouve le même choix chez les fils appartenant aux générations
suivantes. C’est ainsi que se constituaient de véritables dynasties professionnelles. Il y eut aussi quelques
mariages « mixtes ». Ainsi, Estiennette Fraguier, fille de l’apothicaire Pierre Fraguier, épousa l’orfèvre Claude
Pijart le jeune. Gillette Pijart, fille de l’orfèvre Adam Pijart, se maria avec l’apothicaire Pierre Boulduc.
Veuvages et remariages étaient frequents a cette époque et furent parfois à l’origine de vastes réseaux familiaux.
191
Le remariage de Catherine Legros, veuve de l’apothicaire Pierre Fraguier, avec l’apothicaire François Pijart,
scella l’union de ces deux families.
Apothicaires ou orfèvres, les Pijart entretenaient d’étroites relations familiales. Les parrains des enfants
d’orfèvres étaient souvent des alliés apothicaires. La signature des contrats de mariage était l’occasion de
réunions familiales chez le notaire. Quatre oncles orfèvres de Robine Pijart, fille de l’apothicaire François Pijart,
étaient présents lors de l’établissement de son contrat de mariage avec l’apothicaire Nicolas Boutrayt. De
même, à la signature de l’acte l’engageant à épouser Geneviève Godefroy, Pierre Pijart, docteur-régent, était
assisté de ses deux frères apothicaires, de ses deux oncles orfèvres, Philibert et Claude Pijart, et de son cousin
Jehan Pijart, changeur royal. Ainsi, la dynastie des Pijart, orfèvres et apothicaires parisiens, offre un exemple de
cohésion familiale tout à fait remarquable.
De plus, tous les Pijart étaient catholiques, alors que de nombreux orfèvres parisiens étaient protestants,
comme le souligne M. Bimbenet-Privat. Les œuvres des Pijart sont pour une large part de l’argenterie d’église.
Au terme de cette étude, nous devons admettre que la notoriété des Pijart est due à ses célèbres orfèvres,
quelle que soit la qualité des apothicaires ayant appartenu à cette dynastie.

Les alliances de Louis Boulduc / Bolduc, Procureur du Roi à la Prévôté de


Québec au XVIIe siècle, avec la dynastie des Pijart
par Christian Warolin

Source: REVUE D’HISTOIRE DE LA PHARMACIE, LVI, No 360, 4e TRIM. 2008, 395-400.


Résumé :
(Cet article complète les articles précédents relatif à la dynastie des Boulduc et à celle des Pijart. La filiation de Louis Boulduc est
désormais complète tant du côté paternel que du côté maternel. Il n’y a pas d’alliance entre les Pijart et les Béjart. Un tableau
généalogique a été constitué à partir de ces résultats.)

***
La publication de mes articles sur « La dynastie des Boulduc apothicaires à Paris aux XVIIe et XVIIIe
siècles » m’a valu de très nombreux courriels émanant de lecteurs canadiens, et même américains, descendant
de Louis Boulduc.
Procureur du Roi à la prévôté de Québec de 1676 à 1682, il est à l’origine de l’immense lignée des Bolduc*.
Les demandes d’informations portent sur l’origine de la dynastie, c’est-à-dire les ancêtres de Symon Boulduc,
marchand drapier à Senlis au XVIe siècle, et concernent Gillette Pijart, mère de Louis et épouse de l’apothicaire
Pierre Boulduc, ses oncles : Sébastien Pijart, prêtre, Claude et Pierre Pijart, jésuite, et enfin les alliances avec les
Béjart et Molière.
Je ne reviens pas sur l’abondante littérature relative à la bibliographie de Louis Boulduc-Bolduc développé
dans les ouvrages canadiens et, en particulier, le Dictionnaire biographique du Canada4 ou encore le
Dictionnaire généalogique des familles canadiennes5. J’ai résumé sa vie tourmentée dans notre revue6. La
publication de mon article « Étude généalogique de la dynastie des Pijart, orfèvre ou apothicaires à Paris aux
XVIe et XVIIe siècles »7 n’a que partiellement répondu aux attentes de mes correspondants, ce qui justifie la
présente mise au point.

* La modification du patronyme Boulduc en Bolduc ne concerne que la descendance de Louis Boulduc. Il signa Boulduc son acte
de mariage à Québec le 20 août 1668 mais le registre d’état-civil indique Bolduc. C’est peut-être l’origine de l’altération mais la
question reste ouverte.

Les descendants de Pierre Pijart et de Marie de Mézières


(Sébastien, Gillette, Charles, Louise et Geneviève Pijart, oncles et tantes de Louis Boulduc)
Par acte du 27 décembre 16568, Sébastien Pijart, prêtre, docteur en théologie, demeurant au couvent des
Dames religieuses Ursulines du faubourg Saint-Jacques, fit don de ses biens à Gillette Pijart, sa sœur, et à Pierre
Boulduc, apothicaire, son beau-frère, en contrepartie du versement d’une pension viagère annuelle de sept cents
192
livres. Sébastien était héritier pour un cinquième des biens de ses parents, Adam Pijart et Jacqueline Le
Charron, celle-ci fille de Claude Le Charron, orfèvre, et de Gillette Boulanger. Les droits successoraux de
Sébastien furent confirmés par sentence arbitrale du 11 octobre 1656 homologuée en la première chambre des
requêtes du Palais en décembre. La procédure n’était pas terminée puisqu’une sentence contradictoire
confirmant la donation de Sébastien fut rendue aux requêtes du Palais à l’audience du 10 juin 1667 entre les
cohéritiers : Gillette Pijart, Charles Pijart, Louise et Geneviève Pijart. Ainsi, les cinq enfants d’Adam Pijart et
de Jacqueline Le Charron sont identifiés.

Les descendants de Pierre Pijart et de Philippe Dusseau


(Guillaume Pijart, ses fils jésuites Claude et Pierre « oncles » de Louis Boulduc)
De nombreux ouvrages relatent les missions des jésuites au Québec au XVIIe siècle. Ils fournissent des
données biographiques sur ces deux frères jésuites, Claude et Pierre Pijart. Parmi ces livres, citons ceux de
Carlos Sommervogel9, Camille Rochemonteix10, Lucien Campeau11. Il y a aussi la Liste des missionnaires
jésuites en Nouvelle France12 et le Dictionnaire généalogique des familles du Québec13. Selon ce dernier, les
jésuites Claude et Pierre étaient les fils de Claude Pijart et de Geneviève Charron. Claude naquit à Paris le 10
septembre 1600, s’installa au Québec le 14 juillet 1637 où il mourut le 16 novembre 1683. Son jeune frère
Pierre également né à Paris le 17 mai 1608, arriva à Québec le 10 juillet 1635 mais revint en France et décéda à
Dieppe le 26 mai 1676. Le dictionnaire généalogique précité, et bien d’autres sources, assurent que ces deux
frères jésuites étaient les oncles de Louis Boulduc. Des Lettres du Bas-Canada14, consultées à la bibliothèque de
la compagnie de Jésus, à Paris, révèlent que les deux jésuites étaient les fils de Guillaume Pijart et de Geneviève
Le Charron. Pierre était le plus jeunes des cinq six enfants incluant trois quatre filles. Leur père, marchand
joaillier, bourgeois de Paris, à la piété affirmée, jouissait de la considération générale, y compris des « têtes
couronnées » (Marguerite de Valois). Sa femme Geneviève Le Charron mourut à 91 ans ! Aucune précision
n’étant fournie dans ces Lettres québécoises concernant la parenté avec Louis Boulduc, il convenait de la
confirmer. Le tableau généalogique tient compte de ce fait.
Guillaume Pijart et sa femme demeuraient en 1614 à la Coupe d’Or, paroisse Saint-Barthélémy, mais, en
1631, ils habitaient dans « l’isle du Pallais sur le quay regardant les Augustins en la maison du pot d’estain »,
même paroisse. Il s’agit bien entendu du quai des Orfèvres.
Plusieurs actes notariés permettent de déterminer les liens familiaux de Guillaume. Il était le fils de Philibert
Pijart, orfèvre, et de Françoise Godefroy, seconde épouse de Philibert. Celui-ci, fils de Pierre Pijart l’aîné et de
Philippe Dusseau, était le frère consanguin de Claude Pijart l’aîné, fils de Pierre Pijart, marié en secondes noces
à Marie de Mézières. Guillaume Pijart avait deux frères et une sœur. Jehan Pijart, demeurant au collège de
Montaigu, et Isabel Frot, sa femme – dont il était séparé de biens – eurent trois enfants : Isabel, Claude et
Charlotte15. Âgée d’environ 20 ans, en 1617, Isabel requit l’avis de ses parents, de ses oncles et tantes, pour son
entrée en religion, au couvent Saint-Étienne-lez-Soissons16.
Le second frère de Guillaume, Estienne, avocat en Parlement, épousa en 1614 Anne de Vymont17. Enfin,
Marguerite, leur sœur, était la femme de Claude de La Noue, orfèvre, installé sur le Pont-aux-Changeurs18. Tous
les quatre étaient les cousins germains d’Adam Pijart.
Guillaume Pijart et Geneviève Le Charron eurent de nombreux enfants dont six survécurent : quatre filles,
dont deux prénommées Marguerite, Geneviève, Marie, et deux fils, les futurs jésuites Claude et Pierre.
Marguerite, l’aînée, avait épousé l’orfèvre Antoine Crochet19.
Geneviève Pijart se maria avec l’orfèvre Simon Tostee, fils de Denis Tostee également orfèvre. Tous les
oncles et tantes précédemment cités étaient présents lors de la signature du contrat de mariage le 6 mars 1614 20.
Les parents dotèrent leur fille de 8 000 livres dont un tiers lui demeura en propre. Le futur époux lui alloua en
douaire préfix 3 000 livres et Denis Tostee avança à son fils 8 000 livres sur les droits de succession de sa
défunte mère.
Le 26 avril 1626, fut conclu le contrat de mariage de Marguerite, la jeune, avec Claude David joaillier, fils de
Simon David, lui aussi joaillier, et de Jehanne Boullard21. Pierre Pijart, futur jésuite et frère de Marguerite, était
présent. De sa dot de 9 000 livres, Marguerite conserva en propre le tiers. Son fiancé lui constitua un douaire de
3 000 livres. Les parents octroyèrent à leur fils 6 000 livres qui s’ajoutèrent à 2 000 livres qu’il avait gagnées et
épargnées grâce au « négoce et trafficq » de diamants avec des marchands des Pays-Bas.

193
Quelques années plus tard, fut célébré le mariage de Marie Pijart et de Pierre Le Maire, joaillier, fils de
Martin Le Maire, joaillier et parfumeur ordinaire de la reine, et de Simonne Tranchard 22. Les parents de Marie
la dotèrent de 12 000 livres dont un tiers lui resta en propre. Le douaire fut fixé à 400 livres de rentes. En faveur
de son mariage, Pierre Le Maire obtint de ses parents 9 000 livres en avance d’hoirie.
Le montant élevé des dots et douaires témoigne de l’aisance de ces marchands de l’orfèvrerie et de la
joaillerie parisiennes.
Les enfants de Guillaume Pijart et de Geneviève Le Charron étaient des cousins issus de germains de Gillette
Pijart et de Pierre Boulduc. Les deux frères jésuites, Claude et Pierre Pijart, étaient donc des cousins de Louis
Boulduc mais séparés par un degré de parenté. On peut considérer que Claude et Pierre étaient les oncles de
Louis Boulduc, mais à la mode de Bretagne !

Pijart n’est pas Béjart !


Que de confusions dans la littérature entre ces deux patronymes ! Elles ont créé le mythe d’une alliance entre
Gillette Pijart, son fils Louis, et les Béjart, Armande et Molière ! Voici quelques extraits édifiants d’un livre
publié par une descendante canadienne de Louis Bolduc. « Gillette Pijart était la fille d’Adam Pijart, marchand
orfèvre à Paris, et de Geneviève Le Chavon (sic). Elle était la sœur de Sébastien, prêtre, et de Joseph (?) époux
de Marie Hervé, famille de comédiens ». On peut lire encore : « Gillette Pijart avait deux frères jésuites, Claude
et Pierre, tous deux missionnaires au Canada depuis 1637 […] Le nom des Pijart diffère dans certains écrits. On
mentionne Béjart, Pizart ».
Cependant certaines sources canadiennes admettent que Gillette Pijart n’était pas la « belle-sœur » de
Molière.

Conclusion
Les liens familiaux de Louis Boulduc/Bolduc avec la dynastie des Pijart ont été précisés tant du côté des
descendants de Pierre Pijart et de Marie de Mézières que du côté des descendants de Pierre Pijart et de Philippe
Dusseau. Ses oncles et tantes sont tous identifiés. Les deux frères jésuites Claude et Pierre Pijart, fils de
Guillaume Pijart et de Geneviève Le Charron, sont des cousins de Louis Boulduc, mais des oncles à la mode de
Bretagne !
BIBLIOGRAPHIE
1. C. WAROLIN, « La dynastie des Boulduc, apothicaires à Paris aux XVIe et XVIIe siècles », Rev. Hist. Pharm., 2001, n° 331,
p. 333-354.
2. C. WAROLIN, « La dynastie des Boulduc, apothicaires à Paris aux XVI e et XVIIe siècles, Gilles-François Boulduc, 20
février 1675-17 janvier 1742 », Rev. Hist. Pharm., 2002, n° 335, p. 439-450.
3. C. WAROLIN, « La dynastie des Boulduc, apothicaires à Paris aux XVI e et XVIIe siècles, Jean-François Boulduc, 20 février
1728-18 août 1769 », Rev. Hist. Pharm., 2001, n° 337, p. 103-110.
4. Dictionnaire biographique du Canada, Laval, Les Presses de l’Université, 1966, t. 1, p. 92-93.
5. Dictionnaire généalogique des familles canadiennes, Province du Québec, Abbé Tanguay, 1871, vol. 1, p. 64-65.
6. C. WAROLIN, « La dynastie des Boulduc… », op. cit., n° 331, p. 337-339.
7. C. WAROLIN, « Étude généalogique des Pijart, orfèvres ou apothicaires à Paris aux XVI e et XVIIe siècles », Rev. Hist.
Pharm., 2007, n° 355, p. 361-370.
8. AN, MC, XLIII, 83, 27 décembre 1656. Donation de Sébastien à Gillette Pijart et Pierre Boulduc.
9. C. SOMMERVOGEL, Bibliotheca Mariana de la Compagnie de Jésus, Bruxelles-Paris, 1885.
10. C. ROCHEMONTEUX, Les Jésuites de la Nouvelle-France au XVIIe siècle, Paris, 1895.
11. L. CAMPEAU, Les Cahiers d’histoire des Jésuites : la première mission des Jésuites en Nouvelle-France (1611-1613) et les
commencements du Collège de Québec, Bibliothèque nationale du Québec, 1972.
12. Liste des missionnaires Jésuites en Nouvelle-France et Louisiane 1611-1800, Montréal, collège Sainte-Marie, 1929.
13. Dictionnaire généalogique des familles du Québec, Les Presses de l’Université de Montréal, 1983.
14. Lettres du Bas-Canada : sur Claude Pijart, par Léon Pouliot, t. 18, p. 151-161 ; sur Pierre Pijart, par Paul Desjardins, t. 20, p.
193-215 et t. 21, p. 19-35.
15. AN, MC, VIII, 589, 2 septembre 1615. Accord au sujet de rentes entre Jehan Pijart, tuteur de ses enfants, héritiers de
Philibert Pijart, Estienne et Guillaume Pijart.
16. AN, MC, VIII, 594, 8 juillet 1617. Avis de parents pour l’entrée en religion d’Isabel Pijart.
17. AN, MC, XIX, 381, 6 septembre 1614. Contrat de mariage d’Estienne Pijart et Anne de Vymont.
18. AN, MC, VIII, 577, 27 octobre 1610. Baux de location de Guillaume Pijart à Claude de La Noue.
19. Marguerite Pijart l’aînée, épouse d’Antoine Crochet. Voir les contrats de mariage de ses sœurs Marguerite (note 21) et Marie
(note 22).

194
20. AN, MC, VIII, 586, 6 mars 1614. Contrat de mariage de Geneviève Pijart et Simon Tostee.
21. AN, MC, VIII, 621, 26 avril 1626. Contrat de mariage de Marguerite Pijart et Claude David.
22. AN, MC, VIII, 634, 22 juin 1631. Contrat de mariage de Marie Pijart et Pierre Le Maire.

ALLIANCES DE LOUIS BOULDUC/BOLDUC, PROCUREUR DU ROI AU QUÉBEC AU XVIIe SIÈCLE


AVEC LA DYNASTIE DES PIJART

X1 Pierre Pijart l’aîné 2X


orfèvre
Philippe Dusseau Marie de Mézières

François I Pijart Jacques I Pijart Jehan Pijart le jeune Philibert Pijart Claude Pijart l’aînée Claude Pijart le jeune
apothicaire orfèvre orfèvre orfèvre orfèvre orfèvre

X X X 1 X Melle Castillon X
Catherine Legros Marie Charreau Anne Rivière 2 X Françoise Godefroy Catherine Lebrun
Claude Le Charron
orfèvre
Jehan Pijart Estienne Pijart Marguerite Pijart Guillaume Pijart Adam Pijart
avocat joaillier orfèvre X
Gillette Boulanger
X X X X X
Isabel Frot Anne de Vymont Claude de La Noue Geneviève Le Charron Jacqueline Le Charron
orfèvre

Marguerite Pijart Geneviève Pijart Marguerite Pijart Marie Pijart Claude Pijart Pierre Pijart Sébastien Pijart Gillette Pijart Charles Pijart Louise Pijart Geneviève Pijart
jésuite jésuite prêtre

X X X X X
Antoine Crochet Simon Tostee Claude David Pierre Le Maire Pierre Boulduc
orfèvre orfèvre joaillier joaillier apothicaire

. Dynastie des Boulduc, voir tableau généalogique, Rev. Hist. Pharm., 2001, n° 331, p. 335 Louis BOULDUC/BOLDUC
. Dynastie des Pijart, voir tableaux généalogiques, Rev. Hist. Pharm., 2007, n° 355, p. 363 et 366 Procureur du Roi au Québec

195
Conversations avec mes ancêtres
Source : blogue de Gilles Brassard (https://conversationsancetres.wordpress.com), consulté le 26-09-2020.

9. Gillette Pijart, ascendance (avril 4, 2018)


Gillette Pijart n’est pas mon ancêtre, mais celle de certains de mes neveux. La remontée de son ascendance a
été un vrai plaisir de chercheur. A un moment, j’ai cru que j’allais remonter jusqu’à Adam et Eve, chaque acte
que je trouvais contenant des indications pour deux ou trois autres ! Gillette est née dans une famille d’orfèvres ;
leurs contrats de mariages et leurs inventaires après décès donnent souvent de précieuses indications pour
remonter une génération de plus.

Elle a épousé Pierre Boulduc, marchand apothicaire et épicier. Leur contrat de mariage est passé devant les
notaires parisiens Charles Quarré et Jean Anceaume le 27 décembre 1639. (1) Leur fils Louis passera plusieurs
années en Nouvelle-France, arrivé comme soldat, brièvement colon, puis pourvu de la charge de procureur du roi
en la prévôté de Québec. Il fut révoqué au terme d’une longue querelle entre les différentes autorités de la colonie.
Il lui fut reproché des fautes et des manquements graves desquels il ne se relèvera pas. Il épouse, le 20 août 1668
à Québec, Elisabeth Hubert, fille du roy, elle aussi originaire de Paris. Le couple finira par retourner en France
définitivement, laissant ses enfants, tous mineurs, à Québec, où ils feront souche sous le nom de Bolduc. (2)

Gillette Pijart, fille d’Adam et de Jacqueline le Charron est née à Paris, dans la paroisse Saint-Jacques de la
Boucherie. Le couple y baptise trois filles appelées Gillette, le 20 novembre 1618, le 21 janvier 1622 et le 14
mars 1623. (FL)* Il n’est pas rare, à l’époque, de trouver des enfants portant le même prénom dans une famille.
Il est donc difficile de savoir laquelle des trois est notre Gillette. Son inventaire après décès est signé par ses fils
Louis et Simon en l’absence de leur frère Pierre, le 14 mai 1693 devant le notaire Claude Royer. (3)

Ses parents
Adam Pijart, maître orfèvre, et Jacqueline le Charron
ont signé leur contrat de mariage devant les notaires
Simon Moufle et Philippe Tulloue le 13 mars 1611. (4)
Adam est baptisé le 14 janvier 1587 à Saint-Jacques de la
Boucherie, à Paris. Il est le fils de Claude Pijart l’aîné et
de Catherine le Brun. (FL) Jacqueline est la fille de
Claude le Charron et de Gillette Boullanger.

Ses grands-parents
Claude Pijart l’aîné, maître orfèvre, et Catherine le
Brun signent leur contrat de mariage devant le notaire
René Contesse le 21 janvier 1574. L’information est tirée
de l’inventaire après décès du père de Catherine. Le
contrat original n’est pas consultable, la liasse où il se
trouve est trop abîmée pour être communiquée. Claude a
été baptisé à Saint-Jacques de la Boucherie. Trois
garçons nommés Claude sont baptisés par Pierre Pijart et
Marie de Maisières : le premier, le 23 octobre 1543, le
second, le 19 janvier 1544 et le dernier, le 31 mai 1548.
(FL) Le troisième est certainement celui qualifié dans les
actes qui le concernent de Claude Pijart le jeune. Claude
l’aîné est l’un des deux autres. Son épitaphe, retrouvée
dans l’église Saint Jacques de la Boucherie dit qu’il serait
né le 23 janvier 1543 et décédé le 23 avril 1614. (5)

196
La date de naissance de l’épitaphe se situe quatre mois après la signature du contrat de mariage de ses parents,
qui n’étaient pas mariés le jour de cette signature. Ils ne le sont toujours pas le 9 octobre 1542, dans un acte où
Pierre Pigeart augmente le douaire de Marie. Le même jour, un autre acte donne quittance à Marie Lyévin, Jehan
Bauyn, beau-frère de Marie et Nicolas Fleury, son beau-père, des sommes par eux promises lors de la signature du
contrat de mariage. Dans ces deux actes, Pierre et Marie sont dits fiancés. Soit la date de l’épitaphe est fausse,
soit l’enfant fut conçu avant le mariage. Les deux baptêmes notés par Laborde ne sont séparés que d’un peu
moins de trois mois. Le premier Claude aurait pu être baptisé longtemps après sa naissance, ce qui arrivait parfois
à l’époque, mais cela repose la question d’une conception avant mariage. Il peut aussi y avoir eu une erreur
d’écriture, soit dans les registres de Saint Jacques de la Boucherie, soit dans le relevé fait par Laborde, soit dans la
lecture de l’inscription de l’épitaphe. Il paraît bien difficile avec ces trois dates de naissance/baptême, de savoir
avec certitude quand est né Claude Pijart l’aîné.

Catherine le Brun, fille de Marin et de Catherine Cailleau, est baptisée à Saint-Jacques de la Boucherie le 3
octobre 1556 (FL) et est décédée le 9 juillet 1612.

Claude le Charron, maître orfèvre, et Gillette Boullanger ont signé leur contrat de mariage le 27 février 1590
devant le notaire Raoul Bontemps. (6) Claude, fils de Jehan et de Marguerite Palliot, est baptisé à Saint-Jacques
de la Boucherie le 11 juin 1563. ( FL) Gillette, fille de Jean Boullanger et de Jeanne Chazelle, est baptisée le 16
novembre 1572 à Saint-Jacques de la Boucherie. (FL) Elle est toujours vivante le 26 octobre 1649 ; elle fait une
donation à sa fille Jacqueline. Lors d’une précédente donation à sa fille, le deux août 1642, elle est dite veuve de
Claude le Charron.

Ses arrières grands-parents


Pierre Pijart, maître orfèvre, et Marie de Maisières ont signé leur contrat de mariage le 10 septembre 1542
devant le notaire Etienne Bruslé. (7) Les parents de Pierre ne sont pas nommés, mais on sait par ailleurs qu’il était
fils de Michel, marchand orfèvre, et de Jehanne Daumont. Le testament de Jeanne Daumont, veuve de Michel
Pijart, parle de Pierre et Iehan Pijart ses enfants, marchands orfèvres. Des pièces inventoriées dans les papiers de
l’inventaire après décès de Pierre Pijart parlent effectivement de Michel Pijart et de Jehanne Daumont, ses père et
mère, et de ses frères et soeurs. Cet inventaire est passé devant Etienne Bruslé, le 31 mai 1561. A cet inventaire
est joint le testament que Pierre Pijart avait dicté le 9 mai précédent à un prêtre de Saint Jacques de la Boucherie,
sa paroisse. Archives Nationales de Paris, Inventaires après décès, notaire Etienne Bruslé, MC/ET/VI/74

Au moment de son mariage avec Marie de Maisières, Pierre est veuf de Philippe Dusseau, dont il a eu au moins
quatre enfants. (5) Marie est la fille de Jean de Maisières et de Marie de Lyévin. Aucun acte ne permet de
connaître sa date et son lieu de naissance.

Marin le Brun, compagnon orfèvre et Catherine Cailleau (l’orthographe de son nom varie beaucoup) signent
leur contrat de mariage le 12 octobre 1555 devant les notaires Mathurin Patu et François Lozeman. (8) Marin a
comme témoin son frère Jean, marchand orfèvre. On ne sait pas où et quand il est né. On sait par un autre acte
que son père s’appelait Jean. Il donne ses dispositions de dernières volontés le 17 février 1576. Parmi les
dispositions qu’il prend, il demande à être enterré près de sa première épouse. (FL) Son inventaire après décès est
enregistré devant le notaire René Contesse le 27 du même mois. (9) Il épouse Catherine Cailleau en premières
noces, puis Françoise Pigeart, fille de Pierre et de Marie de Maisières, en secondes noces. Catherine Cailleau est
fille de Guillaume Cailleau et de ?? Parent. Au moment de son mariage avec Marin le Brun, elle est veuve de
Jehan Arondelle, maître orfèvre. Son inventaire après décès est fait le 14 juin 1568 devant le notaire René
Contesse. (10)

Jehan le Charron et Marguerite Palyot (orthographe variable) signent leur contrat de mariage devant le notaire
Jérôme le Charron le 13 avril 1561. (11) Jehan est probablement fils de Claude le Charron et de Jeanne
Hochecorne, baptisé à Saint Jacques de la Boucherie le 7 juillet 1534. A la signature de son contrat de mariage,
sont présents son frère, Pierre, son oncle paternel, Cosme le Charron et un autre oncle Jacques ———-, époux de
———— le Charron. Selon l’inventaire après décès de Marguerite Palyot, l’inventaire après décès de Jehan le
197
Charron aurait été fait devant les notaires Gilles Jaupitre et Adrien Arragon le 25 février 1585 ou 1586.
Marguerite est la fille de Claude et de Marie Crespin. Je n’ai rien trouvé sur sa naissance. Son inventaire après
décès est fait devant le notaire Raoul Bontemps le 23 septembre 1590. (12)

Jehan Boullenger, maître orfèvre, est probablement le fils de Michel Boullenger, maître orfèvre et de Catherine
Martin. Ce couple baptise deux fils nommés Jehan à Saint Jacques de la Boucherie, le premier le 2 avril 1533, et
le second le 5 janvier 1537. (FL) Jehanne Chazelle est la fille de Blaise, maître plumassier, et de Guillemette
Duboys.

On peut encore remonter un peu dans l’ascendance de Marie de Maisières, mais j’en parlerai dans un autre
article.

Notes :
(FL) Cette note indique que les informations sont tirées du Fonds Laborde.
(1) Je n’ai pas trouvé cet acte, mais il est inventorié dans l’inventaire après décès de Pierre Boulduc, AN de
Paris, Minutes du notaire Pierre Pavyot, MC/ET/XXXV/431
(2) André Vachon, « BOULDUC, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université
Laval/University of Toronto, 2003
(3) AN de Paris, MC/ET/I/197
(4) AN de Paris, MC/ET/XXIV/117
(5) Christian Warolin, Étude généalogique de la dynastie des Pijart, orfèvres ou apothicaires à Paris aux XVIe et
XVIIe siècles, Revue d’Histoire de la Pharmacie, Année 2007 355 pp. 361-370.
(6) AN de Paris, MC/ET/XXIII/95
(7) AN de Paris, MC/ET/VI/13
(8) AN de Paris, MC/ET/CXXII/1401
(9) AN de Paris, MC/ET/LIV/195
(10) AN de Paris, MC/ET/LIV/173
(11) AN de Paris, MC/ET/CXXII/1289
(12) AN de Paris, MC/ET/XXIII/95

38. Elisabeth Hubert, fille du roy (octobre 7, 2018)


J’ai parlé, dans l’article 9. Gillette Pijart, ascendance, de l’ascendance de la mère de Louis Boulduc, procureur
du roi en la prévôté de Québec. Je vais m’intéresser dans celui-ci à la famille de l’épouse de Louis, Elisabeth (ou
Isabelle) Hubert, fille de Claude et d’Elisabeth Fontaine, de la paroisse Saint-Gervais de Paris, selon la déclaration
d’Elisabeth lors de son mariage à Québec, le 20 août 1668. J’ai pu remonter quelques générations dans son
ascendance paternelle.

Par différents actes, on sait qu’Elisabeth Hubert était cousine d’Anne Thirement, toutes les deux filles du roy.
Anne était fille de Jacques Thirement et de Marie Hubert, elle-même fille de Claude Hubert et de Marie Soly.
Anne épouse à Québec Jean-Baptiste de Peiras, qui deviendra membre du Conseil Souverain de Québec.
Elisabeth Hubert est marraine d’Elisabeth de Peiras, fille de Jean-Baptiste et d’Anne Thirement. Anne Thirement
est marraine de Marie Anne et d’Ursule Boulduc, filles de Louis Boulduc et d’Elisabeth Hubert.

Lors des discussions et délibérations du Conseil au sujet des faits reprochés à Louis Boulduc, qui causeront sa
perte et son retour en France, Jean-Baptiste de Peiras devra se retirer des délibérations parce qu’il était parent de
Louis Boulduc, cette parenté aurait pu influencer son jugement. (1)

Claude Hubert et Elisabeth Fontaine s’épousent par contrat de mariage passé le 18 janvier 1640 devant le
notaire Jacques Plastrier. La date de ce contrat est tirée de l’inventaire après décès de Claude Hubert, procureur au
Châtelet, fait devant le notaire Pierre Gaudin le 21 avril 1677. Cet acte donne une image de la famille de Claude

198
Hubert et d’Elisabeth Fontaine. L’inventaire est dressé à la requête d’Elisabeth, tutrice de Marguerite et Jean
Hubert, mineurs en 1677. Charles Hubert, qui vit avec sa mère, est subrogé tuteur de ses frères et soeurs. Claude
Cartier est présent comme époux de Marie Hubert. César Brelat, substitut au Châtelet de Paris, représente Jacques
Advenier et Geneviève Hubert, absents. (*) Louis Boulduc, procureur du roi en Canada et son épouse Elisabeth
Hubert sont présents. Claude Hubert et Elisabeth Fontaine ont donc eu au moins 6 enfants : Marguerite, Jean
Baptiste, Charles, Marie, Geneviève et Elisabeth. (2)

Claude Hubert, père d’Elisabeth est donc frère de Marie, épouse de Jacques Thirement. Un acte donne une idée
précise de la famille de Claude Hubert et de Marie Soly, leurs parents, et confirme ce qu’on savait de la famille de
Claude Hubert et d’Elisabeth Fontaine. Le 27 décembre 1692 est déposé devant Jacques Morlon, notaire à Paris,
un acte passé sous seing privé le 14 août 1688 et qui règle le partage des biens d’Alexis Pierre Hubert, « vivant
conseiller du Roi, substitut de Messieurs les procureurs généraux au Parlement de Metz et Chambre Royale de
Paris ». Les personnes présentes sont :

• Marguerite Hubert, veuve de Gabriel Chicot, en son vivant avocat au Parlement


• Madeleine Hubert, veuve de Jacques Paul de Malon, écuyer, conseiller et secretaire du roi, en son nom et par
procuration pour Nicolas Hubert, conseiller du Roi, contrôleur ordinaire des guerres
• Gabriel de Tillières, avocat au Parlement, au nom et comme fondé de procuration d’Antoine Hubert, conseiller du
Roi, juge et garde royal de la Monnaie à Bayonne
• Charles Cartier, avocat au Parlement, au nom et comme fondé de procuration de Geneviève Hubert, épouse de
Pierre Advenier, seigneur des Préaux
• Charles Baltazard Hubert, bourgeois de Paris, Jean Baptiste Hubert, commis de l’extraordinaire des guerres, Marie
Hubert, femme non commune de biens avec Claude Cartier, avocat au Parlement, Louis Bolduc, conseiller et
procureur du Roi pour la ville de Québec en Canada et Elisabeth Hubert sa femme, Marguerite Hubert, fille
majeure et jouissante de ses biens
• Elisabeth Thirement, fille majeure et jouissante de ses biens, fille de feu Jacques Thirement, vivant conseiller du
Roi, commissaire ordinaire des guerres et Marie Hubert sa femme (Anne Thirement, soeur d’Elisabeth n’est pas
nommée parmi les héritiers, étant morte en 1679 à Québec).

Les biens d’Alexis Pierre Hubert sont partagés en 6 parts, une pour chacun de ses frères et soeurs vivants et
pour les enfants héritiers de ses frère et soeur décédés.

Marguerite, Madeleine, Nicolas et Antoine Hubert sont héritiers chacun pour une part en tant que soeurs et
frères du défunt. Geneviève, Charles Baltazard, Jean Baptiste, Marie, Elisabeth et Marguerite Hubert sont
héritiers ensemble d’une part en tant qu’ils représentent leur père décédé, Claude Hubert, frère du défunt.
Elisabeth Thirement est héritière de la dernière part, représentant sa mère décédée, Marie Hubert, femme de
Jacques Thirement, soeur du défunt. Claude Hubert et Marie Soly ont donc eu au moins sept enfants, Alexis
Pierre, Marguerite, Madeleine, Nicolas, Antoine, Claude et Marie. (3)

Le grand-père paternel d’Elisabeth, Claude Hubert, « commis de monsieur le garde général de l’artillerie de
France », et Marie Soly passent leur contrat de mariage le 6 décembre 1609 devant le notaire parisien Claude
Levoyer. Claude Hubert y est dit fils de noble homme Me Loys Hubert, chirurgien et valet de chambre ordinaire
du roy, et de Denise Rodier. Marie Soly est fille d’Henry, commissaire examinateur au Châtelet de Paris, et de
Marie Lambert. (4)

Le 13 novembre 1623, Claude Hubert ratifie un acte passé devant Fiacre Jutet par sa mère, Denise Rodier, et il
est dit commis et visiteur général des traites foraines de Normandie. (5) Le 26 mars 1625 devant Claude Levoyer,
Claude Hubert règle avec sa soeur Marie, épouse de François Mouchart, le partage de rentes qu’ils tiennent de leur
défunte mère, Denise Rodier. Dans cet acte, Claude Hubert est dit « recepveur des traittes foraines au bureau de
Calais ». (6) Claude sera plus tard greffier en chef (2 avril 1648, acte de donation de Joseph Soly à sa soeur Marie
(7) ) puis doyen des greffiers de la chambre civile et police du Châtelet de Paris (11 et 24 janvier 1649, acte

199
d’exhérédation de leur fils Antoine). Exhéréder signifie deshériter. Claude Hubert et Marie Soly sont décédés
après le 24 janvier 1649, date de cet acte d’exhérédation. (8)

Claude Hubert, fils de Louis et de Denise Rodier, est baptisé le 26 mars 1579 à l’église Saint-Jean-en-Grève de
Paris. (9) Le couple baptise un autre fils, Nicolas, dans la même église le 18 mars 1583. (10) Marie Soly, sa
future épouse, est baptisée dans la même église le 24 août 1588. L’église, démolie entre 1797 et 1800, se situait
entre l’Hôtel de ville et l’église Saint-Gervais. Son emplacement est maintenant occupé par le nouvel Hôtel de
Ville de Paris, reconstruit et agrandi après l’incendie de 1871.

Détail du plan de Turgot par Louis Bretez, 1739. On y voit, juste derrière l’Hôtel de Ville, l’église Saint-Jean-
en-Grève, et juste derrière elle, l’église Saint-Gervais. Ces deux paroisses ont été celles de la famille Hubert
pendant longtemps. Elisabeth déclare venir de Saint-Gervais, et son grand-père, Claude, est baptisé à Saint-
Jean-en-Grève.

Louis Hubert, dans quelques actes, est dit chirurgien ordinaire du roi, chirurgien juré au Châtelet de Paris. Il est
décédé avant le 13 novembre 1623. Dans un acte daté de ce jour, Denise Rodier est dite sa veuve. (5)

Louis Hubert est fils de Richard, chirurgien du roi. L’information est tirée d’un livre attribué à Eugène de
Sainte-Beuve, et qui parle dans une des lettres qu’il contient, des origines normandes de sa famille et de
l’installation à Paris de Jehan de Sainte-Beuve dans la première moitié du XVIè siècle. (11)
200
Marie Rodier est fille d’Estienne Rodier, barbier chirurgien, et de Perrette de Sainte-Beuve. Dans un acte du 14
juillet 1571 passé devant Eustache Goguier, notaire à Paris, Richard Hubert et Perrette de Sainte-Beuve vendent le
tiers d’une maison sise rue Saint-Jacques au nom de Marie Rodier, fille de defunt Estienne Rodier et de Perrette de
Sainte-Beuve. (12) Perrette est elle-même fille de Jehan de Sainte Beuve, apothicaire, et de Claire du Clou. Cette
information est donnée dans un acte du 10 mai 1572, où Perrette règle le partage de rentes venant de l’héritage de
ses parents avec sa soeur Marie et son frère Jacques. (13) Dans cet acte, Richard Hubert est dit « Chirurgien du
Roy et de Monseigneur » (le frère du roi).

Perrette de Sainte Beuve épouse en secondes noces, à une date inconnue pour l’instant, Richard Hubert, lui-
même veuf, père de Louis.

Un frère de Louis , Ambroise Hubert, qui vit à Senlis, y épouse Marguerite Durand le 6 mars 1594. Il est dit fils
de Richard Hubert, chirurgien ordinaire du roi, et de Marye de la Noue. (14) Marye est peut-être aussi la mère de
Louis *. La famille de la Noue comptait des barbiers chirurgiens dans ses rangs, dont Mathurin, Antoine et
Jérome, tous les trois chirurgiens du roi à la même époque.

* L’hypothèse s’est vérifiée depuis l’écriture de cet article. Je l’explique dans cet autre article : 72. Marie de la
Noue, arrière-arrière-grand-mère d’Elisabeth Hubert, c’est confirmé.

Je me demande si Ambroise Hubert n’avait pas eu comme parrain Ambroise Paré, ami de son père.

L’illustre Ambroise Paré, chirurgien du roi qui, à la Renaissance, fit faire de grands progrès à la médecine et à
la chirurgie, parle, dans ses Œuvres Complètes, de Richard Hubert. Il dit de Richard qu’il était « Chirurgien
ordinaire du Roy (duquel le renom est assez conneu) ». Un jour qu’ils allaient ensemble soigner un malade, le
cheval de Paré prit peur alors qu’ils devaient monter sur un bateau pour passer une rivière.

« …. ie luy donnay d’une houssine sur la croupe, dont la beste stimulée me rua un tel coup de pied, qu’elle me
brisa entièrement les deux os de la iambe senestre, à quatre doigts au dessus de la iointure du pied. Ayant reçu le
coup, et craignant que le cheval ne me ruast de rechef, ie demarchay un pas : mais soudain tombant en terre, les
os ja fracturés sortirent hors, et rompirent la chair, la chausse, et la botte, dont ie sentis telle douleur qu’il est
possible à l’homme d’endurer.

ie : je, houssine : baguette flexible de houx ou de tout autre arbre, qui sert à faire aller un cheval ou à battre des
habits, des meubles, etc. (Littré), iambe senestre : jambe gauche, iointure : jointure, ja : déjà.

Paré fut transporté dans une maison du village voisin, on le lava sur ses instructions, pendant qu’on lui
confectionnait un pansement fait de blanc d’oeuf, de farine de froment, de suie du four et de beurre frais fondu. Il
demande ensuite à Richard Hubert de ne pas l’épargner, d’oublier leur amitié et de le soigner comme il l’aurait fait
d’un inconnu.

« Sur tout, ie priay maistre Richard Hubert, ne m’espargner non plus que si j’eusse esté le plus estrange du
monde en son endroit : et qu’en réduisant la fracture, il mist en oubli l’amitié qu’il me portait. D’avantage
l’admonestay (ores qu’il sceust bien son art) de tirer fort le pied en figure droite, et que si la playe n’estait
suffisante, qu’il l’accreust avec un rasoir, pour remettre plus aisément les os en leur position naturelle : et qu’il
recherchast diligemment la playe avec les doigts, plustost qu’avec autre instrument (car le sentiment du tact est
plus certain que nul autre instrument) pour oster les fragmens et pièces des os, qui pouvaient estre du tout
séparées : mesmes qu’il exprimast et feist sortir le sang qui estoit en grande abondance aux environs de la playe :
et qu’il me bandast et situast la iambe ainsi qu’il scavait… » (15)

sceust : sut, accreust : du verbe accroître, recherchast : explorer, exprimast : exprimer signifie faire sortir un
liquide par pression.

201
Dessin contenu dans les œuvres complètes d’Ambroise Paré, pour illustrer la
façon de soigner, bander et immobiliser une jambe rompue avec plaie. Le
dessin rappelle évidemment la mésaventure qu’il avait vécu, bien que sa propre
plaie se trouvait plus proche de la cheville.

Pour finir, voici la grille d’ascendance paternelle d’Isabelle Hubert telle que
je peux l’établir aujourd’hui.

Notes :
(1) Banq (Bibliothèque et Archives Nationales du Québec) Fonds Conseil souverain, jugements et délibérations,
TP1,S28,P2624
(*) Dans l’inventaire après décès de Nicolas Hubert, fils de Claude et de Marie Soly, Geneviève Hubert est dite
« veuve de Pierre Avenier, sieur des Préaux, demeurante à Sérilly, province de Bourbonnais ». On trouve
effectivement l’acte de mariage de Pierre Advenier, sieur des Peryneaux (ou Pergneaux) avec Geneviève
Hubert dans les registres de Cérilly, dans le département de l’Allier. Ils se marient le 9 mai 1667. Les
parents de Geneviève sont nommés : Maître Claude Hubert, procureur au Châtelet de Paris et Isabelle
Fontaine. Archives départementales de l’Allier, 44 E-DEPOT GG9 Cérilly BMS 1667-1673.
(2) Archives Nationales de Paris, Minutes du notaire Pierre Gaudin, MC/ET/V/155. Cet inventaire après décès
a été relevé par Jean-Paul Macouin dans son ouvrage Les familles pionnières de la Nouvelle-France dans les
archives du Minutier central des notaires de Paris, diffusé sur Internet par la Société de recherche historique
Archiv-Histo, 2016.
(3) AN de Paris, Minutes du notaire Jacques Morlon, MC/ET/V/221. J’ai découvert l’existence de cet acte sur
la base généalogique dOlivier Jeannot sur Généanet.
(4) AN de Paris, Minutes du notaire Claude Levoyer, MC/ET/XII/39
(5) AN de Paris, Minutes du notaire Fiacre Jutet, MC/ET/VIII/614
(6) AN de Paris, Minutes du notaire Claude Levoyer, MC/ET/XII/54
(7) AN de Paris, Insinuations du Châtelet de Paris, Y//186
(8) AN de Paris, Minutes du notaire Jean de Monhénault, MC/ET/XXVI/74
(9) Gallica, VOLUMES RELIES du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires
généalogiques. Extraits, faits par Guiblet et autres généalogistes, des registres de baptêmes, mariages et
enterrements de diverses paroisses de Paris. (XVe-XVIIIe siècle). IV Paroisse de Saint-Jean-en-Grève. Vue
54/542, page de gauche.
(10) Idem, vue 61/542, page de droite.
(11) Jacques de Sainte – Beuve, docteur de Sorbonne et professeur royal : étude d’histoire privée, contenant des
détails inconnus sur le premier jansénisme, Ed. Auguste Durand, Paris, 1865, Lettre II, p. 29.
(12) AN de Paris, Minutes du notaire Eustache Goguier, MC/ET/CXXII/39
202
(13) AN de Paris, Minutes du notaire Eustache Goguier, MC/ET/CXXII/40
(14) AN de Paris, Insinuations du Châtelet de Paris, Y//133
(15) Gallica, Oeuvres complètes d’Ambroise Paré. Tome 2 / revues et collationnées sur toutes les éditions avec
les variantes […], accompagnées de notes historiques et critiques et précédées d’une introduction sur
l’origine et les progrès de la chirurgie en Occident du sixième au seizième siècle et sur la vie et les ouvrages
d’Ambroise Paré par J.-F. Malgaigne, J.-B. Baillière éditeur, Paris, 1840-1841, pp. 328-332.

40. Elisabeth Hubert, ascendance maternelle (octobre 25, 2018)


Elisabeth Hubert, fille du roy, épouse Louis Boulduc à Québec le 20 août 1668. Elle déclare être fille de Claude
Hubert et d’Isabelle Fontaine, de la paroisse Saint-Gervais de Paris. Dans l’article n° 38, j’ai remonté son
ascendance paternelle. Dans celui-ci, c’est son ascendance maternelle que je vais explorer. Le filon n’a pas été
simple à dénicher, mais en croisant plusieurs actes du minutier central de Paris, j’ai fini par trouver.

Comme je le disais dans l’article précédent, l’inventaire après décès de son père, Claude Hubert, donne la date
de son contrat de mariage avec Isabelle Fontaine, le 8 janvier 1640, mais ne dit rien sur les parents des époux. Le
notaire Pierre Gaudin, qui dresse cet inventaire le 21 avril 1677, dit simplement que le contrat a été passé devant
Jacques Plastrier et « son compagnon », sans nommer le compagnon. Jacques Plastrier n’a son étude de notaire
qu’en 1646 ; avant cette date, il travaille avec plusieurs notaires, et je n’ai pas encore trouvé quel confrère il a
assisté pour ce contrat de mariage.

L’inventaire rapporte cependant une pièce intéressante. Un transport de 350 livres est fait à Claude Hubert et
Isabelle Fontaine par Catherine Fontaine, veuve d’Hugues Duclos, et par François Fontaine, enfants majeurs de
défunt Claude Fontaine. Ce transport est daté du 7 octobre 1669 et est passé devant Pierre Gaudin, le même
notaire. Sur la même page de l’inventaire après décès de Claude Hubert se trouvent trois annotations ajoutées
dans la marge parmi lesquelles se trouve le fil qui, en le tirant, permet de retrouver les ascendants d’Isabelle
Fontaine.

203
La deuxième des ces trois annotations en marge dit ceci :

Item deux expéditions en papier de deux transactions dont l’une passée entre ledit feu sieur Hubert et dame sa
veufve d’une part et le sieur Claude Fontaine, père de ladite dame Hubert pardevant Moufle et Le Bert, notaires,
le sixième Mars mil six cent cinquante cinq, et l’autre faicte entre ledit feu sieur Hubert, ladite dame sa veufve
d’une part et Geneviefve Dubois, veufve dudit sieur Fontaine, d’autre part devant Auvray et Mousnier, notaires, le
huictième jour de may mil six cent soixante neuf. (J’ai ajouté la ponctuation pour faciliter la lecture.) (1)

Le père d’Isabelle est maintenant connu de manière certaine, mais rien ne prouve que Geneviève Dubois soit sa
mère.

Le 16 juin 1632, dans l’église Saint-Germain-l’Auxerrois de Paris est baptisé Jacques de Launay, fils de
Jacques et de Marie Fontaine. Sa marraine est Geneviève du Bois, femme de Claude Fontaine, maître apothicaire.
(2)

Un acte répond finalement à la question. Le 11 décembre 1668 est dressé devant Bernard Mousnier, notaire,
l’inventaire après décès de Claude Fontaine, maître apothicaire épicier à Paris, à la requête de Geneviève Dubois,
sa veuve. (3) Parmi les autres requérants, on trouve « Claude Hubert, procureur au Châtelet de Paris et dame
Elizabeth Fontaine sa femme à cause d’elle, qu’il autorise, fille dudit feu sieur Fontaine et de Elizabeth Le Lettier
sa femme en premières noces ». Claude Hubert et Elizabeth Fontaine habitent rue de la Tissanderie, paroisse
Saint-Jean-en-Grève. L’inventaire donne le nom des demi-frères et de la demi-soeur d’Elizabeth Fontaine, tous
enfants majeurs de Claude et de Geneviève Dubois, sa seconde épouse, et également héritiers de leur père :

• Catherine Fontaine, femme de Hugues Duclos, marchand de vins, bourgeois de Paris


• François Fontaine, commis aux gabelles en Guyenne
• Jean Fontaine, « de présent à La Rochelle »
• Jacques Fontaine, commis aux gabelles à Toulon

L’inventaire après décès de Claude Fontaine donne aussi d’autres précieux éléments. Sont inventoriés parmi les
titres et papiers du défunt ses deux contrats de mariage. Le second, avec Geneviève Dubois est passé devant
Gilles Janot et Jacques Morel le 28 janvier 1624. (4) Le premier, avec Elizabeth Le Lettier, est passé devant les
notaires Jacques Parque et Gilles Janot le 28 octobre 1618.

Ce contrat donne le nom des parents des deux époux. Claude de Fontaine est dit fils de feu Jean de Fontaine,
marchand boursier gibecier à Paris, et de Suzanne Duchemin, sa veuve, femme en secondes noces d’Estienne de
Bray, marchand drapier, bourgeois de Paris. Ysabel Le Lettier est fille de Claude Le Lettier, maître teinturier
demeurant rue de la Vieille Pelleterie, paroisse Saint-Jacques-de-la-Boucherie, et de feu Ysabel de Baillou. (5)

Le 5 novembre 1636, Michel Moreau, conseiller du roi, prévôt des marchands et lieutenant civil de la ville,
prévôté et vicomté de Paris répond à la demande d’Elizabeth Fontaine. Celle-ci, fille mineure de Claude
Fontayne, marchand apothicaire épicier, bourgeois de Paris, et de défunte Elizabeth le Lettier, a obtenu, le 17
octobre de la même année, une lettre d’émancipation de la Chancellerie du Palais. Elle en demande
l’entérinement par la réunion de ses parents et amis afin qu’ils donnent leurs avis et conseils. Elle obtient ce
qu’elle demandait, à l’exception de ses biens immeubles, qu’elle n’aura pas le droit de vendre ou aliéner tant
qu’elle ne sera pas majeure. Son oncle, Jacques de Launay, est à cet effet élu curateur par l’assemblée des parents
et amis d’Elizabeth. (6)

L’assemblée est constituée des personnes suivantes :

• Claude Fontayne, son père


• Suzanne Duchemin, « veufve en premières nopces de Jean Fontayne, vivant marchand bourgeois de Paris, ayeulle
paternelle »
204
• Anthoine Fontayne, marchand bourgeois de Paris, oncle paternel
• Pierre Fontayne, marchand bourgeois de Paris, oncle paternel
• Estienne Fontayne, juré mouleur de bois, oncle paternel
• Jacques de Launay, marchand orfèvre et monnayeur, oncle paternel à cause de sa femme (Marie Fontaine)
• Simon Le Lettier, docteur Sergent à la faculté de médecine, oncle maternel
• François Le Lettier, marchand bourgeois de Paris, oncle maternel
• Jacques Porcher, marchand drapier, oncle maternel à cause de sa femme (Maguerite Le Lettier)
• Claude de Baillou, marchand apothicaire, grand-oncle maternel

Claude Fontaine obtient sa maîtrise d’apothicairerie le 12 novembre 1616, et sa maîtrise d’épicerie le 16


novembre de la même année. (7) Au moment de son premier mariage, il demeurait dans la rue des Arcis, paroisse
Saint-Jacques-de-la-Boucherie. A la fin de sa vie, il habitait rue de la Vieille Monnaie, près du Châtelet et de
l’église Saint-Jacques-de-la-Boucherie. Cette rue est disparue lors de l’aménagement du boulevard de
Sébastopol ; elle se trouvait à quelques mètres à l’est de l’actuel boulevard, parallèle à lui, entre l’actuelle rue de
Rivoli et la rue des Lombards.

Les parents de Claude Fontaine, grand-parents d’Isabelle sont Jean Fontaine, boursier gibecier, et Suzanne
Duchemin. Un boursier gibecier fabriquait des bourses, des gibecières et autres objets semblables en peaux. Ce
couple eut au moins cinq enfants :

• Claude, l’apothicaire
• Antoine, marchand boursier gibecier, qu’on retrouvera plus loin
• Pierre, marchand
• Estienne, marchand drapier en 1624, puis juré mouleur de bois
• Marie, femme de Jacques de Launay, orfèvre
• Catherine, femme de François de Lavau, marchand mercier-grossier-joaillier au Palais, présent lors du second
contrat de mariage de Claude

Le père de Suzanne Duchemin est connu par un acte inventorié dans l’inventaire après décès de son second
mari. Cet acte, inventorié Trois dans les papiers et titres trouvés après le décès d’Estienne de Bray, parle de la
succession du père de Suzanne, feu Claude Duchemin, et nomme sa veuve, Marye de Launay, épouse en secondes
noces de Denis Hullot (?). Marie de Launay n’est pas la mère de Suzanne Duchemin. On apprend que Suzanne
avait deux soeurs, décédées toutes les deux, Marye, qui avait été l’épouse de François Cothereau, et Catherine, qui
avait été l’épouse de Pierre Pigeart. (8)

Claude Le Lettier et Isabelle de Baillou avaient passé leur contrat de mariage le 10 juillet 1594 devant le notaire
parisien Valeran de Saint-Fussien. Claude, marchand teinturier en drap demeurant rue de la Pelleterie, est fils de
Claude, également marchand teinturier en drap, et de Madeleine Lavache. Ses parents sont tous les deux décédés.
Isabelle est fille de Simon de Baillou, marchand bourgeois de Paris, et d’Isabelle Le Conte, demeurant rue de la
Verrerie. (9)

L’inventaire après décès de Claude Le Lettier et Elisabeth de Baillou est passé devant le notaire Jean Dupuys le
15 décembre 1628. Elisabeth est décédée avant le 4 août 1627. A cette date, Jacques Porcher demande
l’homologation d’une des clauses de son contrat de mariage avec Marguerite Le Lettier, fille de Claude et de
défunte Elisabeth de Baillou. Claude est décédé après cette date, puisqu’il est présent lors de sa rédaction.
Le partage des biens de Claude Le Lettier et d’Elisabeth de Baillou entre leurs héritiers se réglera l’année suivante.
Leurs héritiers sont :

• Noble homme Simon Le Lettier, docteur en la faculté de médecine


• Laurent Le Lettier, âgé de 16 ans, dont Simon est le tuteur
• Charles Le Lettier, marchand teinturier
• François Le Lettier, émancipé, usant et jouissant de ses droits sous l’autorité de son frère Simon
205
• Elisabeth Fontaine, fille de défunte Elisabeth Le Lettier, sa mère, représentée par Claude Fontaine, marchand
apothicaire épicier, son père
• Marguerite Le Lettier, femme de Jacques Porcher, marchand drapier

Isabelle Fontaine est dite âgée de 9 ans ou environ, ce qui paraît probable étant donnée la date du contrat de
mariage de ses parents. (10)

Un autre acte confirme qu’Elisabeth Fontaine est née en 1619. Le 15 avril 1642, elle signe avec son mari un
bail avec compromis de vente d’une maison faisant l’angle des rues Saint-Martin et Aubry-le-Boucher,
« appartenant à cause et du propre de ladite Elizabeth Fontaine et à elle advenue et eschue par le partage fait
entre elle et ses cohéritiers de la succession desdits Claude Le Letier et Elizabeth Baillou, ses aïeulx… » (11)
Vers la fin de cet acte, le notaire note qu’Elizabeth ne pourra vendre cette maison que lorsqu’elle aura atteint l’âge
de la majorité, étant, pour le moment, âgée de 23 ans ou environ. Un avenant à cet acte est ajouté le 1er septembre
1644. Il ratifie la vente de la maison, puisqu’Isabelle déclare avoir atteint l’âge de la majorité le 28 août
précédent. Isabelle Fontaine est donc née le 28 août 1619. Lors de sa démarche d’émancipation, elle était âgée de
17 ans.

Pour finir, deux de ces petits détails que j’aime bien. Un lien de parenté d’Elisabeth Hubert avec un autre
pionnier de Nouvelle-France, et une transmission étonnante d’un prénom sur 5 générations.

Elisabeth Fontaine a une cousine germaine, Elisabeth, fille d’Antoine Fontaine, marchand boursier gibecier,
qu’on a vu plus haut présent lors de l’acte d’émancipation de sa nièce, et de Marie Gastebois. Le fils de cette
cousine, Joseph Petit, fils d’elle et d’Henry Petit, partira aussi en Nouvelle-France en 1669, se mariera à Québec le
16 septembre 1675 avec Marie Madeleine Chesnay Lagarenne, avec laquelle il s’installe à Trois-Rivières. Il
achètera la seigneurie de Maskinongé. Elisabeth Hubert et Joseph Petit étaient donc cousins issus de germain.
Claude Fontaine, l’apothicaire, est présent, en janvier 1654, au conseil de famille qui doit élire le tuteur et le
subrogé tuteur des enfants de Henry Petit et de défunte Elisabeth Fontaine, dont Joseph. Claude est présent à titre
d’oncle maternel.

Elisabeth Hubert a rompu une longue chaîne en ne prénommant pas une de ses filles Isabelle ou Elisabeth. De
fille en mère, on peut remonter jusqu’à une de ses arrière-arrière grand-mère, et elles s’appellent toutes Isabelle ou
Elisabeth, les deux prénoms étant à peu près interchangeables à l’époque, comme on le voit au fil des actes.
Elisabeth Hubert est fille d’Isabelle Fontaine, elle-même fille d’Elisabeth Le Lettier, elle-même fille d’Isabelle de
Baillou, elle-même fille d’Isabelle Le Conte.

Voici la grille d’ascendance maternelle d’Isabelle Hubert, telle que je peux l’établir aujourd’hui.

206
Notes :
(1) Inventaire après décès de Claude Hubert, Archives Nationales de Paris, minutes du notaire Pierre Gaudin,
MC/ET/V/155
(2) Fonds Laborde
(3) Archives Nationales de Paris, minutes du notaire Bernard Mousnier, MC/ET/CXII/126
(4) AN de Paris, minutes du notaire Jacques Morel, MC/ET/XLII/65
(5) AN de Paris, minutes du notaire Gilles Janot, MC/ET/LVII/28
(6) AN de Paris, Registre des tutelles, Y//3903/B, juillet à décembre 1636
(7) Christian Warolin, Les apothicaires et la maîtrise d’épicerie à Paris. I. Deux listes de réception en 1655 et en
1671, article paru dans la Revue d’Histoire de la Pharmacie, N° 286, année 1990, pp. 295-302
(8) AN de Paris, minutes du notaire Etienne Paisant, MC/ET/LXVI/152
(9) AN de Paris, minutes du notaire Valeran de Saint-Fussien, MC/ET/XCIX/55
(10) AN de Paris, minutes du notaire Jean Dupuys, MC/ET/XXXIV/46
(11) AN de Paris, minutes du notaire Guillaume Le Roux, MC/ET/XX/243

41. Élisabeth Hubert, ascendance maternelle, suite. (novembre 12, 2018)


Je ne pensais pas, en commençant à travailler sur Elisabeth Hubert, qu’il y aurait tant à dire sur ses ancêtres. Le
fil de son ascendance peut encore être tiré un peu plus loin. Une série d’actes passés devant des notaires parisiens
permet de remonter quelques générations supplémentaires dans son ascendance maternelle.

Je replace ici la grille donnée à la fin de l’article précédent pour aider à comprendre d’où on repart.

Suzanne Duchemyn et son ascendance maternelle

Dans quelques actes concernant la famille Fontaine, on rencontre Pierre de Combes, présent, entre autres actes,
au contrat de mariage de Claude Fontaine avec Isabelle Le Lettier comme grand-oncle maternel de Claude.

La soeur de Suzanne Duchemyn, Catherine, est l’épouse de Pierre Pigeart le jeune. Je reparlerai de ce couple
plus loin. Ils baptisent des enfants à Saint-Jacques de la Boucherie entre 1580 et 1598. Suzanne Duchemyn est la
marraine de leur fils Pierre, baptisé le 6 juillet 1598. Jehan Fontaine est le parrain de leur fils Thomas, baptisé le 6
novembre 1597. (1) Le contrat de mariage de Catherine et de Pierre Pigeart est signé le 24 mai 1579 devant les
notaires Claude Franquelin et Philippe Cothereau. (2) Catherine est fille de Claude Duchemyn, marchand drapier,

207
et de Françoise de Combes. Pierre, marchand maître orfèvre et bourgeois de Paris demeurant sur le Pont aux
Changeurs, est fils de défunt Jehan Pigeart, marchand bourgeois de Paris sur le Pont aux Changeurs, et de
Marguerite Le Conte, épouse en secondes noces de Philippe Duquesnoy, grenetier pour le roi à Senlis. Les
témoins de Catherine sont « Anthoine Fortin, notaire au Chastellet de Paris et Catherine Girard sa femme,
auparavant veufve de feu Maître Robert de Combes, ayeulle maternelle, Pierre de Combes, marchand mercier au
pallais, bourgeois de Paris, oncle, et Marye de Combes, femme de Sire Guillaume Rondeau, maître appothicaire
et espicier, bourgeois de Paris, tante maternelle ».

L’autre soeur de Suzanne, Marie, signe son contrat de mariage le 11 janvier 1583 avec François Cothereau
devant le notaire François Croiset. (3) Elle est dite fille de Claude Duchemyn et de défunte Françoise de Combes.
Parmi ses témoins, il y a « Katherine Girard, veuve de feu Anthoine Fortin, et auparavant veuve de feu Robert de
Combes, ayeulle maternelle, et Pierre de Combes ». On trouve, grâce à ces deux contrats de mariage, le lien entre
Pierre de Combes et Claude Fontaine ; Catherine Girard est la mère de Françoise et Pierre de Combes. Pierre est
le frère de la grand-mère maternelle de Claude, donc effectivement son grand-oncle.

Le 23 décembre 1560, Marie Chenart, veuve de Pierre Girard, fait donation d’une rente à Robert, Françoise,
Pierre et Marie de Combes, enfants de défunt Robert de Combes, en son vivant notaire au Châtelet de Paris, et de
Catherine Girard. (4) Marie Chenart est certainement la grand-mère maternelle de Françoise de Combes, elle-
même grand-mère maternelle de Claude Fontaine, grand-père maternel d’Elisabeth Hubert.

Simon de Baillou

Simon de Baillou, marchand bourgeois de Paris, maître menuisier, demeurant rue de la Verrerie est décédé
après le 5 avril 1603 où il passe un acte devant Hilaire Lybault, notaire. L’inventaire après décès d’Elizabeth
Leconte, son épouse, est passé devant le même notaire le 20 juin 1613. (5) On y apprend que le testament
d’Elizabeth est enregistré par Hilaire Lybault le 28 mars 1613, et que l’inventaire après décès de Simon de Baillou
a été passé devant Nicolas Sevestre et Hilaire Lybault le 27 novembre 1607. Je n’ai pas encore pu consulter ces
deux pièces. Il n’est pas question du contrat de mariage de Simon de Baillou et d’Elizabeth Leconte dans
l’inventaire après décès de celle-ci. Avec un peu de chance, il en sera question dans l’inventaire après décès de
son mari. Un acte de 1579 nous apprend que le père de Simon s’appelait Nicolas de Baillou, et qu’il était aussi
maître menuisier.

208
Claude Le Lettier et son ascendance

Claude le Lettier, dans son contrat de mariage avec Isabel de Baillou, est dit fils de Claude Le Lettier et de
Magdeleine Lavache. Les parents de Claude père sont Sébastien Le Laictier et Marie Legrand. L’inventaire après
décès de Marie Legrand est dressé devant le notaire Jean Jacques le 15 septembre 1556, à la requête de Claude Le
Lettier, son fils. Noble homme Hugues de Vitry, second époux de Marie Legrand est aussi requérant. Les frères
et soeurs de Claude sont également nommés comme héritiers de leur mère. (6)

• Jacques l’aîné, marchand à Noyon


• Jehan, marchand affineur d’or à Paris
• Pierre, prêtre, chanoine de l’église Saint-Jean-le-Rond de Paris
• Jacques le jeune, teinturier à Paris
• François, prêtre, chanoine de Pithiviers
• Symonne, épouse de Guillaume Lelièvre, marchand frippier à Paris
• Anne, épouse de François Bourcelet, mouleur de bois à Paris
• Jeanne, mineure, future épouse de Nicolas Wattier (Wastier, Wacquier) marchand mercier à Paris
• Estienne, mineur

L’inventaire après décès de Sébastien Le Laictier est passé devant Pierre Poutrain le 21 juillet 1539 à la requête
de Marie Legrand, sa veuve. Leurs enfants, tous mineurs sont nommés : Jacques l’aîné, Claude, Jehan, Anne,
François, Marie, Jacques le jeune, Pierre, Simonne, Jehanne et Guy. En comparant cette liste avec la première,
nommant les héritiers de Marie Legrand, on devine que Marie et Guy ont du mourir entre la mort de leur père et
celle de leur mère, et que Marie Legrand devait être enceinte d’Estienne au moment du décès de son mari,
Sébastien. Jacques Le Laictier, prêtre, curé de Buon, dans le diocèse de Chartres est présent lors de cet inventaire
comme oncle des enfants mineurs, donc frère de Sébastien. Je n’ai pas trouvé de paroisse de ce nom dans l’ancien
diocèse de Chartres, mais il y une paroisse nommée Bullion, près de Rambouillet, dans l’actuel département des
Yvelines, qui se trouvait bien dans le diocèse de Chartres. Cet inventaire ne donne aucune information sur les
ascendants de Sébastien ou de Marie Legrand, autre que celles déjà connues. Quelques pièces inventoriées parmi
les papiers du défunt parlent de Simonne Beluart (Bluart), mère de Marie Legrand ; Simonne avait épousé en
secondes noces Jehan Le Rangeur dit Loyson, marchand bourgeois de Paris. (7)

Une des pièces de l’inventaire après décès de Marie Legrand, veuve de Sébastien Le Laictier, parle de biens
qu’elle tenait en propre du fait de la succession de sa mère, Simonne Belluart. La même Simonne avait cédé une
obligation à Claude Le Lettier, son petit-fils, le 16 mars 1534.

Les parents de Magdeleine Lavache sont connus grâce au contrat de mariage de Claude Le Lettier fils, où est
présente Jehanne Lavache, tante maternelle, veuve d’André Lemaistre. L’inventaire après décès de Jehanne est
passé le 16 mars 1621 devant le notaire Etienne Léomon. Quelques pièces parlent des parents de Jehanne, dont
une, très intéressante, qui relie Jehanne et Claude Le Lettier, son neveu. Il cède à sa tante, le 9 janvier 1588, une
rente de bail qu’il tenait en propre par le partage de la succession d’Anne Contesse, veuve d’Henry Lavache, ses
grands-parents, parents de Jehanne et de Magdeleine. (8)

Avant Magdeleine Lavache, Claude Le Lettier avait eu une première épouse, Bernarde Puleu. Leur contrat de
mariage est passé à Paris devant les notaires Philippe Cousin et Pierre Poutrain le 20 juin 1551. Claude est dit fils
de défunt Sébastien Le Laictier et Marie Legrand, épouse en seconde noces d’Hugues de Vitry. Sa mère et son
beau-père sont présents. (9) Bernarde Puleu est décédée avant le 7 juillet 1561, mais je ne sais pas quand Claude
s’est remarié avec Magdeleine Lavache. Claude et Bernarde ont eu des enfants ; fin février 1569, Marie Le
Lettier, fille de Claude et de feue Bernarde Puleu épouse Henry Despernay, teinturier de draps. Une autre de leurs
filles, Bernarde, passe son contrat de mariage avec Jean Tronson en septembre 1573.

209
Comme souvent, je termine par un de ces petits détails qui me plaisent bien, qui surgissent assez souvent au
détour d’un acte et qui relient des personnes à travers leurs ancêtres. Les familles d’Elisabeth Hubert et Louis
Boulduc étaient déjà alliées avant leur mariage. J’ai parlé plus haut du mariage de Catherine Duchemyn et de
Pierre Pigeart le jeune. Catherine Duchemyn était la soeur de l’arrière grand-mère d’Elisabeth Hubert, et Pierre
Pigeart, cousin de l’arrière-grand-père de Louis Boulduc, son mari.

Au fil de ces trois articles, l’ascendance d’Elisabeth Hubert, épouse de Louis Boulduc, s’est bien étoffée. Je
peux maintenant la décliner comme suit :

1 Elisabeth Hubert 14 Claude Le Lettier Ses arrière-arrière-arrière-


15 Ysabel de Baillou grands-parents
Ses parents 38 Jehan de Sainte-Beuve
2 Claude Hubert Ses arrière-arrière-grands- 39 Claire du Clou
3 Isabelle Fontaine parents ….
16 Richard Hubert 54 Robert de Combes
Ses grands-parents 17 Marie de la Noue (à 55 Catherine Girard
4 Claude Hubert confirmer) 56 Sébastien Le Laictier
5 Marie Soly 18 Estienne Rodier 57 Marie Legrand
6 Claude Fontaine 19 Perrette de Sainte-Beuve 58 Henry Lavache
7 Elisabeth Le Lettier …. 59 Anne Contesse
26 Claude Duchemyn 60 Nicolas de Baillou
Ses arrière-grands-parents 27 Françoise de Combes
8 Louis Hubert 28 Claude Le Lettier Ses arrière-arrière-arrière-
9 Denise Rodier 29 Magdeleine Lavache arrière-grands-parents
10 Henry Soly 30 Simon de Baillou 110 Pierre Girard
11 Marie Lambert 31 Elizabeth Leconte 111 Marie Chenart
12 Jehan Fontaine ….
13 Suzanne Duchemyn 115 Simonne Beluart

Notes :
(1) Fonds Laborde
(2) Archives Nationales de Paris, minutes du notaire Philippe Cothereau, MC/ET/XXIX/70
(3) AN de Paris, minutes du notaire François Croiset, MC/ET/VIII/391
(4) AN de Paris, Insinuations du Châtelet de Paris, Y//102
210
(5) AN de Paris, minutes du notaire Hilaire Lybault, MC/ET/CV/231
(6) AN de Paris, minutes du notaire Jean Jacques, MC/ET/XXIII/33
(7) AN de Paris, minutes du notaire Pierre Poutrain, MC/ET/LXXXVI/89
(8) AN de Paris, minutes du notaire Etienne Léomon, MC/ET/VII/109
(9) AN de Paris, minutes du notaire Pierre Poutrain, MC/ET/LXXXVI/28

47. Marie de Maisières (janvier 13, 2019)


J’avais évoqué Marie de Maisières dans l’article no 9 sur l’ascendance de Gillette Pijart en disant qu’il y avait
encore un peu à dire sur cette arrière-grand-mère de Gillette, ancêtre des Bolduc du Québec. J’y reviens donc.

Le contrat de mariage de honorable homme Pierre Pigeart, marchand orfèvre bourgeois de Paris et de Marie de
Maisières est signé le 10 septembre 1542 à Paris devant le notaire Etienne Bruslé. Elle y est dite fille de feu Jehan
de Maisières et de Marie Lyévin, femme en secondes noces de Nicolas Fleury. (1)

Vingt-cinq ans plus tard, « le 18è jour de septembre 1567, Marie de Mesieres veuve de feu Pierre Pigeart en
son vivant marchand orfèvre demeurant sur le Pont au Change au Chappeau Rouge recommande son âme à
Dieu. [….] Et pour mettre à exécution les items cy dessus, a nommé honnêtes hommes Jehan Pigeart lesné fils de
deffunct ledit Pierre Pigeart son mary et Claude Pigeart lesné son fils …. ». Jehan l’ainé est fils de Pierre et de sa
première épouse, Philippe Dusseau, et Claude l’aîné est fils de Pierre et de Marie de Mesieres. (2)

Le 23 décembre 1571, par contrat passé devant Thieriot et Doujat, notaires à Paris, minute chez Mouffle,
successeur de Doujat, François Goret épouse Marie Bauyn, fille mineure de feus Jean et de Cantienne de
Mézières. Sont présents Claude Pijart l’ainé, Claude Pijart le jeune, Marin Lebrun, marchands orfèvres, Louis
Passart, bourgeois de Paris, cousins germains maternels. (3)

Claude l’aîné et Claude le jeune sont les fils de Marie de Maisières, et Marin Lebrun est l’epoux de Françoise
Pijart, également fille de Marie.

Louis Passart doit être le fils de Louis Passart, époux de Jeanne de Maisières. Ce couple baptise des enfants à
Saint Jean en Grève à Paris (relevé du Cabinet des titres) entre 1530 et 1550. Barthélémy Passart et Barbe de
Maisières baptisent aussi des enfants dans la même paroisse à la même époque. Cantienne de Maisières est la
marraine de Jeanne Passart, fille de Louis et de Jeanne de Maisières, baptisée le 3 juillet 1535.

Jehan Bauyn, chirurgien, époux de Cantienne, est le parrain de Claude Pigeart, fils de Pierre et de Marie de
Messiere, baptisé le 23 octobre 1543 à Saint Jacques de la Boucherie, à Paris. (2)

Marie, Cantienne et Jeanne (et peut-être Barbe) sont donc sœurs. Elles sont filles de Jean de Maisières (aussi
nommé Prosper dans un acte) seigneur de la Ronce, conseiller maître d’hôtel du Roi selon certaines sources, et de
Marie de Liévyn. Jacques de Maisières, nommé dans un acte semble être leur frère.

Dans son Nobiliaire de Picardie, Haudicquer de Blancourt, à la page 295, relie Marie de Liévin à la famille de
Liévin de Thieux. Marie serait fille de Jean de Liévin le jeune, seigneur de Thieux, et de Marie de Gaure. Des
actes consultés aux Archives Nationales semblent bien prouver le contraire.

Dans un acte de donation à son petit-fils Paul Bauyn, fils de Jehan et de Cantienne de Maisières, Marie de
Lyevin est dite héritière en partie de Me Jehan Guischart, son oncle, par feu Guillemette Guischard, sa mère, sœur
de Jehan. Elle ne serait donc pas fille de Marie de Gaure.

On trouve trace de Jean Guichart à Notre Dame d’Etampes dans un compte de la fabrique qu’il fait faire entre
1515 et 1517. Il y est dit chantre et chanoine de l’église.

211
Compte de Jehan guychat prebstre chanoine de L’esglise collegial notre dame d’estampes. Jehan paris Le
Jeune drappier Robert Chassecuilier proviseurs et gouverneurs de la fabrice d’icelle esglise Des receptes, tant
des cens, rentes, dons, lais, que autres revenus et esmoluments appartenens a ladite fabrice.

Début du compte de la fabrique de Notre-Dame d’Etampes pour 1513 à 1515. (4)

Parmi les personnes citées dans ce compte, on trouve un Jean de Lieuvin (ou Lievin) dit des Mailletz. En juin
1513, Louis de Liévin dit des Maillets, maître de postes à Etampes, est chargé de « faire le ménage » pour préparer
la venue du roi et de la reine au château d’Etampes. (5) Y a-t-il un lien entre les Liévin des Maillets et la famille
de Liévin de Thieux, seigneurs de Marets ?

Dans les « Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France », de Louis Lainé, on trouve ceci :

I. Jean BAUYN, 1er du nom, seigneur de Bersan, écuyer de l’écurie du Roi, épousa, vers l’an 1530, Cantienne
DE MAIZIÈRES, fille de Prosper de Maizières, seigneur de la Ronce, conseiller maître d’hôtel du Roi, et de
Marie Liévin de Thieux, qui, par acte du 10 août 1545, fit don entre vifs de plusieurs droits qui lui étaient échus
par le décès de Jean Liévin, seigneur de Thieux, son père, à Cantienne de Maizières, sa fille, femme de Jean
Bauyn, écuyer de l’écurie du Roi. (6)

J’ai retrouvé cet acte dans les minutes du notaire Étienne Bruslé. Marie de Liévyn fait effectivement une
donation à Jean Bauyn et à sa fille Cantienne le 10 août 1545. Dans cet acte, elle est dite veuve de feu noble
homme Prosper de Maizières, en son vivant sieur de la Ronce, conseiller et maître d’hostel ordinaire du roy, et elle
cède des droits reçus de son père Jean de Liévyn.

« a prendre sur ung Lieu fief et mestairie assis à Mezières paroisse dudit Puyselet, Terres, appartenances et
deppendances dudict fief et mestairie ladite quarte partye desdits troys muyds de grains de rente et de ———— —

212
———– et rente appartenant à ladite damoyselle Marie de Lyevyn à cause et par le decedz de feu noble homme
Jehan de Lyevyn Escuyer son père »

Il faut noter que Jean de Lyevyn, père de Cantienne et de Marie n’est pas dit sieur de Thieux dans cet acte. (7)

Puyselet-le-Marais est situé à quelques kilomètres d’Etampes.

Sur la carte de Cassini, on peut voir le fief de Mézières à Puiselet, près d’Etampes. (Gallica)

Un autre acte relie Marie de Liévin à Etampes. Le 31 mai 1551, elle cède à son petit-fils, Paul Bauyn, fils de
Jean et de Cantienne de Maisières, des droits hérités de son oncle Jean Guichart.

Honnorable femme Marie de Lyevin vefve de feu Nicolas Fleury en son vivant marchand et bourgeois de Paris et
auparavant de feu Jehan de Maizière héritière en partie de deffunct maistre Jehan Guichart son oncle en son
vivant chantre et chanoine de l’église colégiale nostre dame d’estampes comme Representant en ladicte
succession dudict deffunct maistre Jehan guichart Deffuncte guillemette guichart sa mère sœur d’icelluy deffunct
maistre Jehan guichart Confesse avoir donné ceddé et transporté par donation irrévocable faict entre vifs sans
espoir de jamais la révoquer ni rapeler A Paul Bauyn fils d’honnorable homme Jehan Bauyn marchand et
bourgeois de paris et de Cantienne de Maisières sa femme fille de ladite vefve donatrice escollier estudiant en
l’université de Paris ci présent et ci acceptant tout le droict successif et héréditaire immobilier et mobilier
quelconques à ladite vefve advenus et escheus par le trespas dudict deffunct maistre Jehan Guichart son oncle de
quelque valleur et estimation que ledict droict se puisse monter

Cet acte confirme que Marie de Lievyn était la fille de Jean de Lievyn et de Guillemette Guichart. (8)

Dans l’inventaire après décès de Cantienne, fait à la requête de son fils Prosper et de Pierre Pigeart, son beau-
frère, on trouve une autre trace de cet héritage parmi les papiers inventoriés :

213
Item ung brevet —— signé ———— daté du IIIe d’aoust mil cinq cent XXVI par lequel venerable et discrette
personne Me Jehan Guichard […] chantre et chanoine de l’église collegiale notre dame d’Estampes pour la
bonne amour qu’il avait à Marie de Lyevin femme de Jehan de Maisières homme d’armes de la compaignie de
Monsieur de Vaudémont sa niepce et a ses enfants à iceulx avait donné et délaissé en un don Irrevocable ————
la moitié de tous et chacun les heritaiges rentes et possessions ——————— quelconques part que feussent ——
—————— a cause de la donation qui avait esté faicte audit Maistre Jehan Guichard par deffuncte Guillemette
Guichard en son vivant femme de Jehan Maisières sa sœur par son testament et ordonnance de dernières
volontés—————————————————— avait donné la moitié de tous et chacun meubles a luy delaissez
par ledit testament Aux Reservations charges et conditions ———————— en ladite donation.

La personne qui retranscrit cet acte fait certainement une erreur vers la fin de son texte lorsqu’il nomme Jean
Maisières comme époux de Guillemette Guichard. Il faut probablement lire « Jean de Lyévin ». (9)

Une autre source évoque Jean de Mézières à Etampes. Dans son ouvrage sur les imprimeurs libraires parisiens,
Philippe Renouard, dans son article sur les membres de la famille Petit, il cite ceci :

24 novembre 1513. — Jean de Mézières, drapier à Etampes, et Guillemette de Mézières, femme de Guillaume
Granvillain le jeune, vendent à Vincent Ennoart, bourgeois de Paris, une portion indivise de l’Image Saint
Laurent, entre Jean Petit, marchand libraire, et la maison de la Coquille. (10)

Dans le testament de Cantienne de Maisières, sont cités plusieurs personnes de sa famille. Pierre Pigeart, époux
de sa sœur Marie de Maisières, Marie de Liévin, sa mère, à qui elle lègue un peu d’argent, Catherine et Philiberte
Bauyn, religieuses, filles de Jean Bauyn et de sa première épouse, à qui elle lègue aussi de l’argent.

Notes :
(1) Archives Nationales de Paris, minutes du notaire Etienne Bruslé, MC/ET/VI/13
(2) Fonds Laborde
(3) Waroquier de Méricourt de la Mothe de Combles, Louis Charles, comte de, 1757-1794, Tableau
généalogique, historique de la noblesse, volume 8, p. 367
(4) Corpus Historique Etampois, Jean Guichard, Jean Paris et Robert Chassecuiller, Compte de la paroisse
Notre-Dame d’Étampes, 1513-1515, édition de Bernard Gineste, 2011 http://www.corpusetampois.com/
che-16-guichard1515.html
(5) Annales de la société historique et archéologique du Gâtinais, Tome XXVII, p. 33
(6) Lainé Louis, Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France, Tome second, dans l’article sur
la famille Bauyn
(7) Archives Nationales de Paris, minutes du notaire Etienne Bruslé, MC/ET/VI/15
(8) Archives Nationales de Paris, minutes du notaire Etienne Bruslé, MC/ET/VI/21
(9) Archives Nationales de Paris, minutes du notaire Adrien Fournier, MC/ET/III/108
(10) Philippe Renouard, Documents sur les imprimeurs, libraires, cartiers, graveurs, fondeurs de lettres, relieurs,
doreurs de livres, faiseurs de fermoirs, enlumineurs, parcheminiers et papetiers ayant exercé à Paris, de 1450
à 1600 : recueillis aux Archives nationales et au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale, H.
Champion éditeur, Paris 1901, p. 215.

54. Elisabeth Hubert, suite : Marie Lambert et son ascendance (mars 10, 2019)
Dans mes articles sur l’ascendance d’Élisabeth Hubert, il me restait une branche, le couple Henry Soly et Marie
Lambert, sur laquelle j’avais buté tout en me doutant bien qu’il y avait certainement quelque chose à dénicher.
Gérard Winkelmuller, après avoir lu mes articles, m’a écrit pour me dire qu’il avait trouvé des documents
intéressants sur la famille de Marie Lambert, arrière-grand-mère d’Élisabeth, et que les informations se trouvaient
sur l’arbre généalogique de ses petites filles, qu’il a publié sur Geneanet. Je me suis empressé d’aller y jeter un
œil. Le filon est très intéressant ; je suis passé trois fois aux Archives Nationales pour consulter les sources qu’il

214
indiquait. En voici le résultat, qui confirme une partie de son travail et en rectifie une autre partie. Un grand
merci à ce lecteur (dont l’arbre généalogique et ses extensions valent le détour) pour ce partage d’informations. (1)

Lors de mes recherches sur la famille paternelle d’Elisabeth Hubert, j’avais déjà consulté le contrat de mariage
de Claude Hubert avec Marie Soly, fille de Henry Soly et de Marie Lambert, contrat passé le 6 septembre 1609.
Parmi les témoins du côté de la future épouse on trouve Hiérosme Lambert, maître apothicaire épicier, oncle
maternel et Salomon Rousseau, oncle maternel à cause de sa femme Isabel Lambert. (2)

Marie Lambert, veuve de Henry Soly, passe le 9 juin 1610 un contrat de mariage avec Guillaume Chauveau,
avocat en la Cour de Parlement à Paris, devant les notaires de Saint Vaast et Levoyer. Les témoins issus de la
famille de Marie sont Hiérosme Lambert, maître apothicaire épicier, son frère, Nicolas Rochais, aussi maître
apothicaire épicier, époux d’Anne Soly sa fille et Marie Soly, femme de Claude Hubert, aussi sa fille. (3)

Marie, Hiérosme et Elisabeth (Isabel) Lambert sont cités avec leurs sœurs Angélique et Marguerite comme
enfants et héritiers de Jean Lambert marchand apothicaire, bourgeois de Paris leur père, dans un acte du 4 mars
1627 qui est une transaction entre les cinq enfants et leurs conjoints concernant l’héritage de Jean Lambert. Je ne
pense pas que l’acte en question soit la conséquence du décès récent de leur père. (4)

Jean Lambert l’aîné est placé par son père Isaïe Lambert, maître tailleur de robes, pour faire son apprentissage
d’apothicaire épicier auprès de Pierre Fragier. Jean est dit âgé de quatorze ans ou environ. L’acte est passé devant
le notaire Pierre Thuret et est daté du 18 février 1551. Jean serait ainsi né vers 1537. (5)

Jean Lambert et Marguerite Ligier sont déjà mariés en 1569. Jean achète de Madeleine Morin le 28 janvier de
cette année-là, conjointement avec sa belle-mère Marie Nepveu, veuve de Guillaume Ligier, marchand
apothicaire, des biens au terroir de Gagny, près Gonesse. (6) Marie Nepveu, dans un acte du 20 décembre 1572,
fait don de tous les biens meubles et immeubles qui lui appartiennent et lui appartiendront lors de son décès à Jean
Lambert, marchand maître apothicaire et épicier, son gendre, et à Marguerite Ligier, sa fille, ainsi qu’à leur quatre
enfants vivants et à leurs enfants à naître. (7) Hiérosme Lambert, fils de Jean, cédera à son propre fils Jean, en
faveur de son mariage avec Marguerite Le Picart dont le contrat est passé le 20 juillet 1629, la ferme de Gagny.
Hiérosme en remet les titres de propriété à son fils le 15 mai 1635. Il peut s’agir des biens achetés par Jean
Lambert et sa belle-mère en 1569, et qui seront ainsi passés à Hiérosme puis à Jean.

L’IAD de Marie Guiory, veuve en dernières noces de Jehan Lambert, marchand apothicaire, et en premières
noces de René Gaulche, rue de l’Arbre Sec, est passé le 21 août 1605 devant le notaire Valeran de Saint-Fussien à
Paris. Son état de conservation ne permet pas de le consulter.

En partant de ces actes, j’ai travaillé sur l’intuition que Jean Lambert et Marie Guiory, veufs tous les deux, lui
de Marguerite Ligier et elle de René Gauché, se seraient mariés plus ou moins en même temps que leurs enfants,
Hiérosme Lambert, fils de Jean, qui aurait épousé à une date inconnue Marie Gauché, fille de Marie Guiory et de
son premier époux René Gauché. J’ai rencontré assez souvent ce genre de mariages doubles dans mes recherches.

Jean Lambert l’aisné, qui fait son apprentissage d’apothicaire épicier auprès de Pierre Fragier est probablement
le même qui achète des biens puis reçoit une donation de sa belle-mère Marie Nepveu, et encore le même qui, une
fois veuf de Marguerite Ligier, épouse Marie Guery ou Guiory, qui est elle-même, en 1599, dite veuve de Jean
Lambert, apothicaire. L’accord sur la succession de Jean Lambert signé par ses enfants et daté de mars 1627
intervient certainement plusieurs années après le décès de leur père, les sommes en jeu ne paraissant pas très
importantes, et concernent des sommes qu’ils se doivent entre eux et qu’ils règlent suite à une sentence arbitrale et
à une homologation de cette sentence par le prévôt de Paris. Il est question dans cette transaction d’une sentence
arbitrale contre Pierre Denise, que les héritiers préfèrent régler à l’amiable pour éviter une taxe. Ce Pierre Denise
est forcément le fils de Pierre Denise et de Jeanne Lambert, cité parmi les héritiers d’Isaïe Lambert dans son
inventaire après décès. Pierre Denise père aurait eu plus de cent ans en 1627, ayant épousé Jeanne Lambert en

215
1548. Pierre Denise fils est dit mineur en 1577, donc né après 1552, ce qui lui donne tout de même entre 50 et 75
ans en 1627.

L’inventaire après décès d’Isaïe Lambert (Esaye) est commencé le 11 février 1577 devant le notaire Estienne
Bruslé. L’inventaire est fait à la requête de Jehan Lambert l’aîné, marchand apothicaire épicier, Georges Lambert,
marchand drappier, Catherine Lambert, femme séparée de biens de Claude Acarie, marchand de vins, Gilette
Lambert, femme délaissée de Simon de Villiers, maître tailleur d’habits, et Pierre Denise, comme tuteur et
curateur de Pierre, François, Jacques et Anthoine, enfants mineurs de lui et de défunte Jeanne Lambert, jadis sa
femme, et enfin de François Lambert et Jehan Lambert le jeune, mineurs. Jehan l’aîné, Georges, Catherine,
Gilette, Jehanne François et Jehan le jeune sont héritiers d’Isaïe Lambert, leur père. (8)

Pierre Denise et Jehanne Lambert passent leur contrat de mariage le 13 mai 1548 devant le notaire Pierre
Thuret. La liasse qui le contient n’est pas communicable à cause de son état de conservation. L’acte est
inventorié dans l’IAD d’Isaïe.

Claude Acarie et Catherine Lambert, fille d’Isaïe et de Gilette Fouquet, passent leur contrat de mariage le 23
août 1550 devant les notaires Fournier et Thuret. (9) Ce contrat ne relève la présence que des parents de Catherine
comme témoins de l’épouse. Esaïe Lambert et Gillette Fouquet sa femme font une donation aux enfants de
Claude Acarie et Catherine Lambert, leur fille, le 6 octobre 1560 devant Pierre Thuret. (10)

Simon de Villiers, maître tailleur d’habillements, et Gillette Lambert, fille de Esaïe Lambert, maître tailleur
d’habillements, et de Gillette Fouquet, passent leur contrat de mariage le 30 novembre 1560 devant Pierre Thuret.
(11)

Les testaments de Gillette Fouquet et d’Esaïe Lambert sont passés devant le même notaire, celui de Gillette le 7
octobre 1558 (12), et celui d’Esaïe le 9 octobre 1560 (13). On entend souvent que de faire son testament ne fait
pas mourir. Esaïe en est la preuve puisque son inventaire après décès est fait 17 ans après son testament. Ces
deux testaments ne donnent aucune information supplémentaire sur la famille Lambert.

Je n’ai pas trouvé la trace du décès ou de l’inventaire après décès de Gillette, je ne sais donc pas quand elle est
décédée. On peut en revanche affirmer qu’elle est bien la mère de Jehan l’apothicaire ; Jehan est né vers 1537
selon son contrat d’apprentissage. Sa soeur Catherine se marie en 1550. A ma connaissance, les filles d’artisans
parisiens ne se mariaient pas souvent à 13 ans à l’époque. Catherine devait donc être plus âgée que Jehan, ce qui
fait de Gillette Fouquet la mère de Jehan.

J’ai laissé cet article en chantier pendant quelques semaines, espérant trouver l’acte qui infirmerait ou
confirmerait mon hypothèse sur Jean Lambert l’apothicaire et ses deux épouses. J’ai enfin mis la main dessus
hier. Il s’agit d’un contrat de mariage où on trouve indiqué clairement les liens familiaux et matrimoniaux des
membres de la famille Lambert.

216
Le 12 décembre 1599, devant les notaires Anthoine des Quatrevaulx et Valleran de Saint-Fussien, Pierre
Gauché, « suivant les finances, aagé de vingt sept ans usant et jouissant de ses droitz demeurant en ceste ville de
Paris, rue de l’Arbre Secq, paroisse de Sainct Germain de l’Auxerrois » épouse Magdeleine le Prévost, veuve
d’Archambaud du Pont. Les témoins de Pierre sont « honnorable femme Marye Guerry, sa mère, veuve en
premières nopces de deffunct honnorable homme René Gauché et en dernières nopces de deffunct honnorable
homme Jehan Lambert, vivant bourgeois de Paris, honnorable homme Claude Bobye, bourgeois de Paris, son
oncle, honnorable homme Jerosme Lambert, marchant appothicaire et espicier, beau-frère à cause de Marye
Gauché sa femme, honnorable homme Guillaume Plastrier, marchand espicier bourgeois de Paris, beau-frère à
cause de Marguerite Lambert sa femme, Marye Lambert, veuve de feu Me Henry Soly, vivant commissaire et
examinateur au Châtelet de Paris, noble homme Me Salomon Rousseau, trésorier et payeur de la gendarmerye de
France, beau-frère à cause de Isabel Lambert sa femme et de Me Guillaume le Masson, procureur au Châtelet de
Paris, amy ». (14) (J’ai ajouté la ponctuation et développé les abréviations pour rendre le texte plus lisible.)

Cet acte dit clairement que Jerosme Lambert est beau-frère de Pierre à cause de Marie Gauché sa femme, fille
donc de René Gauché et Marie Guerry et soeur de Pierre. Par contre, Guillaume Plastrier et Salomon Rousseau
sont beaux-frères à cause d’Isabel et Marguerite Lambert, leurs femmes. Isabel et Marguerite seraient ainsi filles
de Jehan Lambert et de Marie Guerry et demi-soeurs de Pierre. Dix-sept ans séparent la dernière trace de
Marguerite Ligier vivante du mariage de Pierre Gauché. Isabel et Marguerite Lambert, si elles étaient filles de
Marie Guerry, se seraient mariées bien jeunes puisqu’elles sont dites mariées en décembre 1599. Considérait-on à
l’époque les enfants de son beau-père comme ses propres frères et soeurs ?

Reste un doute sur Marie Lambert, veuve de Henry Soly. Son lien avec Pierre Gauché n’est pas précisé. Est-
elle fille de Marguerite Ligier ou de Marie Guerry ? Marguerite Ligier est toujours vivante en décembre 1572,
selon l’acte de donation de sa mère. Marie Lambert est elle-même mère le 2 février 1585, date du baptême de son
fils Jean à Saint Jean en Grève. Elle est donc forcément fille de Marguerite Ligier.

Marguerite Ligier était fille, on l’a vu plus haut, de Guillaume Ligier et de Marie Nepveu. On connaît les
parents de Marie par l’inventaire après décès de sa mère. Elle était fille de Germain Nepveu, maître apothicaire
épicier, et de Catherine Grallot. L’inventaire après décès de Catherine Grallot est commencé le 14 mars 1538
devant le notaire Etienne Dunesme. Elle laisse à son mari six enfants mineurs, Marie, Germain, Jean, Marguerite,
Nicolas et Madeleine. (15)

Voici, pour finir, la grille d’ascendance de Marie Lambert telle que je peux l’établir à ce jour. Cette grille vient
encore étoffer l’ascendance d’Elisabeth Hubert, déjà pourtant bien fournie. Merci encore à Gérard Winkelmuller.

217
Notes :
(1) https://gw.geneanet.org/gwinkelmuller
(2) Archives Nationales de Paris, minutes du notaire Claude Levoyer, MC/ET/XII/39
(3) AN de Paris, minutes du notaire Claude Levoyer, MC/ET/XII/40
(4) AN de Paris, minutes du notaire Jean Chapellain, MC/ET/XXIV/319
(5) AN de Paris, minutes du notaire Pierre Thuret, MC/ET/III/79
(6) AN de Paris, Insinuations du Châtelet de Paris, Y//110
(7) AN de Paris, Insinuations du Châtelet de Paris, Y//113
(8) AN de Paris, minutes du notaire Estienne Bruslé, Inventaires après décès, MC/ET/VI/79
(9) AN de Paris, minutes du notaire Pierre Thuret, MC/ET/III/76
(10) AN de Paris, minutes du notaire Pierre Thuret, MC/ET/III/100
(11) AN de Paris, minutes du notaire Pierre Thuret, MC/ET/III/100
(12) AN de Paris, minutes du notaire Pierre Thuret, MC/ET/III/96
(13) AN de Paris, minutes du notaire Pierre Thuret, MC/ET/III/100
(14) AN de Paris, Insinuations du Châtelet de Paris, Y//139
(15) AN de Paris, minutes du notaire Etienne Dunesme, MC/ET/LIV/53

72. Marie de la Noue, arrière-arrière-grand-mère d’Elisabeth Hubert, c’est


confirmé (octobre 23, 2019)
Louis Hébert – Louis Hubert, il n’y a qu’une lettre qui change…

En travaillant, cette semaine, sur la famille de Louis Hébert et Marie Rollet, je suis tombé sur plusieurs actes
passés par Louis Hubert et Denise Rodier.
Le hasard, encore !

Dans mon article no 38, Elisabeth Hubert, fille du roy, j’avais remonté l’ascendance paternelle d’Elisabeth sur
quelques générations, jusqu’à son arrière-arrière-grand-père, Richard Hubert, médecin et valet de chambre du roi.
Richard eut deux épouses, Marie de la Noue et Perrette de Sainte-Beuve. Le fils de Richard, Louis fut l’époux de
Denise Rodier, fille de Perrette de Sainte-Beuve et de son premier mari. J’avais trouvé l’acte de mariage
d’Ambroise Hubert, fils de Richard et de Marie de la Noue, mais je n’avais pas pu prouver que Louis, arrière-
grand-père d’Elisabeth et frère d’Ambroise, était aussi fils de Marie de la Noue.

218
Un de ces actes trouvé cette semaine confirme que Marie de la Noue est bien la mère de Louis Hubert. Cet
acte, passé devant les notaires Nicolas Nourry et Jean François parle de droits successifs pour lesquels Louis
Hubert, chirurgien Juré de Paris, et Denise Rodier, son épouse, transigent avec Ambroise Hubert, frère de Louis.
Ces droits proviennent de « la succession de feuz Me Richard Hubert et de Marie de la Noue, leurs père et
mère ».

Ecriture de la première partie de l’acte. J’ai encadré les mots clés : la succession de feuz Me Richard Hubert et
Marie de la Noue leurs père et mère.

La date de signature de cet acte devant les notaires est illisible. Le corps de l’acte est rédigé d’une écriture
assez facile à lire, mais les onze dernières lignes sont écrites par une autre personne. J’en ai vu des actes écrits à la
va-vite, j’en ai parcouru des écritures pour lesquelles on doit s’arracher les cheveux pour les déchiffrer, mais cette
écriture là… J’ai renoncé, de peur de perdre en plus la moustache et la barbe.

Voici l’écriture en fin d’acte. Ca dépasse de loin mes compétences en paléographie. J’arrive à lire dans le
premier cadre « fait et passé » avec les abréviations et signes habituels, dans le second cadre « L’an mvc » (mil
cinq cent) et dans le troisième cadre « jr de mars » (jour de mars). Et encore, je ne suis pas absolument certain de
ce que j’avance. C’est grâce au répertoire du notaire Jean I François qu’on sait de manière certaine que cet acte a
été passé dans les derniers jours du mois de mars 1599. On voit en fin d’acte les signatures des deux frères Hubert
et de Denise Rodier.

L’acte se trouve dans les minutes du notaire Jean François, à la cote MC/ET/XLIX/252.

219
Dictionnaire Étymologique de la Langue Françoise
Par M. Gilles Ménage
Tome premier.
(1750)

Page 209.

BOLDUC. Ville des Pays-bas dans le Brabant. Ce nom s’est formé par corruption de Bois-le-Duc, &
quelques-uns l’écrivent encore ainsi ; mais ils se trompent. Nous disons & nous écrivons Bolduc. Cette ville
est dans une plaine dans laquelle était un bois, où les Ducs de Brabant allaient souvent à la chasse, & qui pour
cela était appelé Bois-le-Duc, Sylva Ducis. Le Duc Henri voulant s’opposer aux courses que ceux de Gueldres
faisaient sur ses terres, fit couper ce bois qui les favorisait, & l’on y jetta les fondements d’une ville, qui en prit
son nom.

Encyclopédie, ou Dictionnaire Raisonné des Sciences


Par M. Denis Diderot (1713-1784)
Tome second.

Page 314.

BOLDUC, voyez Bois-le-Duc.

Page 310.

BOIS-LE-DUC, (Géog.) grande ville bien fortifiée, du Brabant hollandais, dont elle est la capitale, au
confluent du Dommel & de l’Aa qui forment la Dies, qui va se jetter dans la Meuse au fort de Crevecœur. Le
pays qui en dépend s’appelle la mairie de Bois-le-duc, qui se divise en quatre quartiers ou districts.

(1681) (1645)
220
Boulduc
La ville de Bois-le-Duc est
fondée vers 1185 par Henri I,
Duc de Brabant, Pays-Bas.

Bois-le-Duc ('s-Hertogenbosch en néerlandais) devient la 's-Hertogenbosch, aussi appelé Den Bosch, devient le
capitale des provinces du Brabant septentrional, localisée dans centre administratif de la région Brabant septentrional,
une plaine où les Ducs de Brabant chassaient, 49 milles (80 où sont fabriqués des rubans decoratifs connus en
kilomètres) au sud-est d’Amsterdam. France comme ‘ruban bolduc’.

‘Sylva-Ducis’(sylvæducis) & ‘Buscum Ducis’ sont la traduction latine de 's-Hertogenbosch.


‘Bois-le-Duc’ (parfois ‘Bosleduc’, Bos étant néerlandais pour Bois) s’est transformé en
‘Bolduc’ en français, et ‘Bolduque/Belduque’ en espagnol, ‘Bolducchi’ en italien. Boulduc
provient de Bois-le-Duc de la même manière (“Boualduc”), tout comme ‘Balduc’.

Gauthier de Belleduc, Des noms les plus éloignés on trouve


Henry Boulduc
résident de Senlis en 1262. ‘Buscoducensis’ (‘de Bois-le-Duc’, en latin). On
(Mentionné Marchand
trouve entre autres Jacobi Cnoyen Buscoducensis
Bourgeois à Senlis, né
(1364) & Nicolaus Buscoducensis (1478-1553).
vers 1500) &
Symon Boulduc (Drapier à Senlis, La tour de cloche de la mairie la plus vieille de
Marguerite Lobry,
né en 1543) & Jacqueline Bois-le-Duc est présumée de Willem
Senlis, France.
Debonnaire 1569 Senlis, France. Buscoducensis, en 1372.

Loys Boulduc (né en 1570) Jacques Bolduc, théologien français, né à Paris vers 1580. Il était avocat à la
& Françoise Lebrun 1595 cour de Paris, ensuite religieux capucin à 30 ans. Ses ouvrages théologiques ne
Paris, France. sont recherchés qu’à cause des singularités et des paradoxes qu’ils contiennent.
Décédé le 8 décembre 1646. On le dit apparenté avec Simon Boulduc.

Marie Boulduc & Gilles Gond


Pierre Boulduc est né
en 1607 en France,
épouse Gilette Pijart
en 1639.
Gilles Boulduc, Jacques
religieux au couvent Boulduc, aussi
Pierre Boulduc, des Augustins un Augustin
procureur au Louis Boulduc est né Simon Boulduc est né Déchaussés. Déchaussé.
Châtelet. vers 1648 en France, vers 1652 en France.
arrive au Canada en
1665 (surnommé
‘Bosleduc’). Il épouse Gilles-François Boulduc, né le 20 fév.
Élisabeth Hubert, une 1675 en France, est apothicaire du roi
Fille du Roi en 1668, Louis XIV & XV, et échevin de Paris.
et le premier Bolduc
est né en 1669.

Jean-François Boulduc. Décédé à Paris


le 18 août 1769 sans progéniture.

221
Le 7 octobre 1669 (dessin Actes de Concessions) Louis Boulduc achète la terre et la ferme de Jacques Bédard, pour les
vendre cinq ans plus tard à Jean Delquel dit LaBrèche le 26 août 1674. En 1709 (dessin inséré en plus petit à l’intérieur
du carré, montré ainsi pour faire référence) la terre appartient à un Pachot.

(Actes de concessions, 22-28 février 1665)

Image satellite créée avec GoogleTM Earth


222
➢ 8 novembre 1675 Louis Boulduc loue un corps de logis voisin des Ursulines, de Marie-Françoise Chartier épouse du sieur Pierre Joybert
Demarson ; elle est son fondé de pouvoir pour cette location. Le prix du loyer est de 80 livres par an à compter du 1 er septembre 1675. La
maison (#1) possède un jardin et un comptoir. Elle donne en façade sur « la rue tendant à aller à St-Jean » et sur un coté « sur la grande rue ».
(Source voir page 35 du travail de Mr. Yves Delamarre.)

➢ En 1674, Louis Boulduc résidait à Québec, du côté nord de la rue Saint-Louis, entre Sainte-Ursule et Esplanade et en 1677 également rue Saint-
Louis, à l’ouest de la rue Du Parloir (nos 50-52-54) (#2). Auparavant, il demeura pendant cinq ans (1669 à 1674) sur une terre, à Charlesbourg.
(Source : http://www.genealogie.org/club/sglevis/publications/SGLevisV8N1R0.pdf)

(Traits blanc : 1675 [Source : Centre de Développement Économique et Urbain de la ville de Québec, 2000.] )

Rue Saint-Louis ou Grande Allée

#1 #2
Image satellite créée avec GoogleTM Earth
223
Bolduc
Louis Boulduc & Élisabeth Hubert
1668 Québec

Louis Bolduc & Marie-Anne Louis Jacques René Bolduc Marie-Ursule Louise
Louise Caron Boulduc & Bolduc, Bolduc & & Marie- Bolduc & Bolduc,
1697 Ste-Anne. Jean frère Marie-Anne Anne Gravel Henri Breault Frontenac
Marsolet jumeau Racine 1701 1700 St- 1692 Québec. est le
1690 de Ste-Anne. Joachim. parrain.
Québec. Jacques.

Carte du Gouvernement de Québec, par Gédéon de Catalogne et Jean-Baptiste de Couagne, 1709.


Source : http://services.banq.qc.ca/sdx/cep/accueil.xsp?db=notice
224
Louis Bolduc & Louise Caron
1697 Ste-Anne

Louise Bolduc & Louis Bolduc & Joseph Bolduc & Pierre Bolduc & Marie- Jean Bolduc & Marie-Anne Bolduc &
Joseph Poulin 1718 Marguerite Poulin Thérèse Poulin Josette Leblond 1728 Thérèse Racine Jean-Baptiste Racine
Beaupré 1725 St-Joachim 1727 St-Joachim Ste-Famille 1733 Ste-Anne 1737 St-Joachim

Prisque Bolduc
Vital Étienne Thérèse Anne Bolduc & Jacques Jean-Baptiste & Marguerite
Pierre Bolduc &
Bolduc Bolduc Bolduc Philippe Bélanger 1764 Bolduc Boucher 1738
Élisabeth Cloutier St-Joachim
1752 Château-Richer St-Vallier

Paul Bolduc &


Pierre Bolduc & Marie-Josette Marguerite Bolduc & Charles Jean-Baptiste Bolduc & Thérèse Élisabeth Marthe Racine
Tanguay 1781 St-Vallier Bernard 1788 St-Vallier Bolduc 1738 Ste-Anne
Corriveau 1771 St-Michel

Marie-Françoise
Bolduc &
Madeleine Joseph Bolduc & Pierre Bolduc & Étienne Bolduc & Jean-Baptiste
Joseph Couture
Bolduc & Marcelline (Dessaint) Marie-Anne Richard Reine Lefebvre- Bolduc & Angélique
1743 Ste-Anne
Nicholas Roy Saint-Pierre 1826 St- 1803 St-Michel Boulanger 1814 Rousseau 1819 St-
1795 St-Vallier Gervais St-Michel Gervais

Marie François- Antoine Bolduc Joseph Édouard Magloire Honoré Henriette Julienne
Pierre Bolduc Bolduc & Bolduc & Bolduc & Bolduc & Bolduc & Bolduc &
Xavier & Marguerite Bolduc &
& Luce Fradet François Bolduc & Roby- Angèle Sophie Louise Maheux Marie Simon Laurent
1828 St- Rouillard Marguerite Sanschagrin Gosselin Langlois 1840 Chabot Tanguay Morin
1831 St- Boutin 1831 1835 St- 1839 St- Napierville (St- 1844 Ste- 1842 St- 1843 St-
Gervais 1834 St-Michel
Rémi)
Gervais St-Anselme Charles Vallier Claire Gervais Gervais

Jean-Baptiste Noël Louis Ludger Martin Onésime Pierre Antoine Bolduc Philomène Marie
François Bolduc & Bolduc & Bolduc &
Bolduc & Bolduc & Bolduc Bolduc & Bolduc & & Olivine Bolduc &
Bolduc & Philomène Virginie & Marie Arthémise Elmire Audet- Élisabeth Ferdinand Augustin
Marguerite Boulanger 1870
Marguerite Roy 1864 Ouellet Gosselin Tanguay Lapointe 1869 Boulanger St-Romain-de- Turcotte Pouliot
Turgeon 1862 1873 St- 1858
Godbout 1854 St-Elzéar 1869 1874 St- St-Romain-de- 1853 1857
Ste-Claire Lambert Gervais
Winslow Lambton
St-Lazarre Lambton Winslow Lambton Lambton

Luce
François Romuald Honoré Marie Bolduc Narcisse Bolduc Georges Joseph Bolduc Ludger Bolduc &
Bolduc & Bolduc & Bolduc & & Joseph Bolduc & & Alvine Bolduc & Jean Roy
Gagnon 1883
& Virginie Gosselin 1890 1859
Célina Adéline Adéline Valentine Georgianna
Bédard 1874 Gosselin 1880 Gosselin 1885 Lambton Provost 1885 Gosselin 1890 St-Samuel Tardif 1891 Lambton
Lambton St-Sébastien St-Samuel Lambton St-Samuel Lambton

Virginie Amédée Alvine Napoléon Ernest Lydia Florentine Wilfrid Josaphat Elmina Odora Henri-
Bolduc & Bolduc & Bolduc & Bolduc & Bolduc & Bolduc Bolduc & Bolduc & Bolduc Bolduc Bolduc & Louis
Guillaume Alphonsine Alice Rose- & Alphée & & Valéda Bolduc
Adolphe Lucienne
-Ernest Giguère Bureau Alma Stanislas Fidélise Auguste Bilodeau & Emma
Baillargeon Lacroix Longchamps
(Willy) 1911 Ste- Pinard Gobeil Bilodeau Lessard 1925 St- Gobeil
1912 St- 1923 St- 1918 St- 1921 St-
Paré 1908 Cécile de 1913 St- Samuel 1924 St-
Samuel Samuel 1914 St- Samuel Samuel 1919 St- 1921 St-
St-Samuel Frontenac Sébastien Samuel
Samuel Samuel Samuel

Bertrand Géralda Florian Guy Bolduc Mireille Jean-Paul Gilles Bolduc &
Joseph Odora
Bolduc & Lili Bolduc & Bolduc & Bolduc & Bolduc & Yvette Guay 1967
Gagné 1950 Joffre Fortin Ghislaine Patrice Réginald
Paulette Lac Mégantic.
St-Romain 1956 Québec Gagné 1950 Vallière Dufresne Bolduc & Marie
Gilles achète la
St-Romain 1960 1960 Laure Dorothée
ferme paternelle
Thetford- Thetford- Roy 6 juin 1964 au Lac Drolet
Mines Mines Cacouna (auparavant St-
Samuel).
Yan J. Kevin Bolduc & Il est le parrain de
Linda Lisa La Guardia 24 Yan.
avril 1994 Abilene,Texas

Kyle Anthony Bolduc Rachel Lynn Bolduc Mina Winter Bolduc


(fils adopté de la mère) (fille adoptée de la mère) 225
Contrat de mariage des Parisiens Isabelle Hubert et Louis Boulduc
enregistré à Québec, le 8 août 1668
Par devant Jean Leconte, notaire en la Juridiction de la ville de Québec, et les témoins soussignés, furent présents en leurs personne, Louis Baulduc, fils
de Pierre Baulduc maître apothicaire épicier, demeurant rue St-Jacques, paroisse de St-Benoît, archevêché de Paris, et Gillette Pijart, sa femme,
ses père et mère, d'une part et Isabelle Hubert, fille de Claude Hubert, procureur au parlement de Paris, demeurant rue De la Tissandrie, paroisse de
St-Gervais, dudit archevêché de Paris et Isabelle Fontaine, sa femme, ses père et mère, d'autre part, lesquels de leur bon gré, bonne volonté et du
consentement de leurs parents et amis, et en la présence de Messire Daniel de Rémy, chevalier, seigneur baron de Courcelle, gouverneur, lieutenant
général pour le roi en ce pays, de maître Jean Talon, conseiller du roi en ses conseils d’état et privé, intendant de police, justice et finance en ce dit pays, de
Dame Marie-Barbe de Boulogne, veuve de Monsieur Louis Dailleboust, de son vivant, chevalier, seigeur de Coulonges, ci-devant aussi gouverneur
et lieutenant général en ce dit pays, du Sieur le chevalier de Grandfontaine, son capitaine au régiment de Carignan, du Sieur Prévost, lieutenant de sa
compagnie, du Sieur de Grandfontaine, du sieur de Grandville, enseigne en ladite compagnie, de Damelle, Marguerite Leroux, femme du sieur
Villette, du Sieur Dubois, abbé et aumônier du régiment de Carignan, du Sieur Dubois, écuyer et Sieur de St-Maurice, dudit St-Maurice, son
fils, du Sieur de Hancourt, écuyer et Sieur de Baumont, du Sieur Dugal, de Damelle Marie de Franclieu, de Damelle Marie-Charlotte de
Poitiers, de Damelle Marie-Angélicus Portas, de Damelle Fontenay, du Sieur Depeiras et du Sieur Bernard de Mante. Reconnurent et
confessèrent avoir fait les traités et promesses de mariage qui suivent, c'est à soit que ledit Louis Baulduc promet prendre pour sa femme et épouse, ladite
Isabelle Hubert, comme aussi ladite Isabelle Hubert promet prendre à son mari et époux ledit Louis Baulduc, et leur dit mariage faire consacrer en face
de sa mère la Sainte église catholique apostolique et romaine, le plus tôt que faire se poura et qu'il sera avisé et délibéré entre eux, leurs parents et amis, si Dieu
et notre mère la Sainte église s'y accordent et y consentent, pour être lesdits futurs époux uns et communs en biens meubles, acquêts et conquêts immeubles,
suivant la coutume de Paris. Ne seront tenus, les futurs époux, des dettes et hypothèques, l'un de l'autre et créées auparavant la solennité de leur mariage,
ainsi, s’il y en a, elles seront payées et acquittées par celui qui les aura faites et créées, sur son bien. Prendra, ledit futur époux, ladite future épouse avec ses
droits, noms, raisons et actions, en quelques lieu qu'ils soient, sis et situés et trouvés et cependant, ladite future épouse promet porter avec son dit futur époux, le
lendemain de leurs épousailles, la somme de quatre cents livres, pour tous ses meubles, habits, bagues et joyaux. Sera, la future épouse, douée du douaire
coutumier, suivant la coutume de Paris. Sera le préciput, égal et réciproque, de la somme de cinq cents livres, à prendre par le survivant sur les biens de la
communauté suivant la prisée de l'inventaire, qui sera pour lors, faite sans aucune réserve. Et pourra ladite future épouse, advenant la dissolution de ladite
communauté, renoncer à icelle, et en ce faisant, reprendre ce qu'elle aura apporté avec son dit futur époux, ses douaire et préciput, tels que ci dessus et tout ce que
pendant et constant leur dit mariage, lui sera advenu et échu par succession, donation ou autrement, le tout franchement et quittement, sans qu'elle soit tenue
de payer aucune dette de ladite communauté, encore qu'elle y fut obligée ou condamnée. En faveur duquel mariage et pour y parvenir, lesdits futurs époux se
sont, par ces présentes, fait donation irrévocable entre vifs et au survivant d'eux, de tous et chacun de leurs biens meubles, acquêts et conquêts immeubles, voir
même de leurs propres, en quelques lieux qu'ils soient situés et trouvés et à quelques sommes qu'ils se trouveront montés. Et pour faire enregistrer car ainsi le
tout a été traité, stipulé, convenu et accordé entre les lesdites parties en faisant et passant ces présentes, nonobstant toutes coutumes et lois à ce contraires,
auxquelles lesdites parties ont spécialement dérogé et renoncé par ces présentes, promettant, renonçant et obligeant chacun en droit. Fait et passé audit
Québec, après-midi, en l’étude dudit notaire, le huitième d’août mil six cent soixante-huit, en présence de Jean Levasseur dit Lavigne et Jean
Bourdon, huissier au Conseil souverain, témoins à ce requis, qui ont signé avec lesdits parents et amis. Et lesdites parties et le notaire ont signé.
Signé.

Courcelle M. Leroux Le chevalier de Grandfontaine M. B. Deboulogne


Dubois Duboys St-Maurice Nicolas de Hautcourt
DeGranville Dugal Fontenay Marie Portas
Depeiras M. de Franclieu Marie Charlotte de Poitiers Bernard de Mante
J. Bourdon Provost Talon J. Levasseur
LeConte, notaire

(Voir aussi : http://www.civilization.ca/mcc/explorer/musee-virtuel-de-la-nouvelle-france/population/les-filles-du-roy/les-filles-du-roy26)

226
Source : http://books.google.fr/books?id=6PknAAAAMAAJ
227
(…)

(…)

228
(…)

(…)

Source : http://books.google.fr/books?id=kLkAAAAAMAAJ
229
(…)

(…)

(…)

Source : http://books.google.fr/books?id=iwwMAAAAIAAJ
230
(…)

(…)

[Manuscrit : Fr 17256, BNF, Paris, fin XVIe s.,


folio 107 v. ; d'azur au pal d'or, écu soutenu
d'un lis de jardin à trois fleurs, d'argent igne et sanguine meo victoriam genui
(mis comme ornements parlants (cent-lis)). (j’ai obtenu la victoire par le feu et par
Source :
Source : http://books.google.fr/books?id=kLkAAAAAMAAJ http://herald-dick-magazine.blogspot.fr/2016/02/recueil- mon sang)
darmoiries-de-villes-de-france.html ]
231
(…)

(…)

Source : http://books.google.fr/books?id=e0RNAAAAMAAJ
232
LE ROI A TOURS / LOUIS XI AU PLESSIS 259

(…)

Le succès de l’armurerie

(…). Sans parler des fourbisseurs et hubergeonniers, douze


sûrement, probablement vingt maîtres armuriers et brigandiniers fixés
à Tours, sont des Italiens 75. Quant aux régnicoles, tels Pierre
Berthelot, le plus connu des brigandiniers 76, ils ne sont sans doute pas
des Tourangeaux, formés sur place par les premiers arrivés (aucun des
compagnons de Balsarin de Très en 1462 ne se retrouve ensuite parmi
les maîtres) mais plutôt des ouvriers isolés qui ont quitté leur ville
d’origine attirés par l’activité du marché tourangeau. L’on en jugera
par les noms des éperonniers : Jean de Chalons, Jean d’Alençon,
Georges de Lan (Laon), Guillemin de Boulleduc (Bois-le-Duc) 77.

Il ne s’agit pas pourtant d’une libre profession entièrement laissée à


l’initiative privée. Le métier, au contraire est si étroitement réglementé
qu’il s’apparente plutôt à un service public. (…)

(…)
77
BB, R. fo 120 s., serment de fidélité. (Archives communales de Tours,
administration communale, Registres, 8 nov. 1462 – 18 oct. 1473.)

________________________

INDEX DES NOMS DE LIEUX 607

(…)

BOIS-LE-DUC (Pays-Bas), 260.

1975
Voir : http://books.google.fr/books?id=QwdoAAAAMAAJ
233
Pieter Jansz. Saenredam, 7 juillet 1632 (Source : 's-Hertogenbosch, The history of a Brabant city 1629-1990, Noordbrabants Museum.)

Gravure première moitié 17e siècle, anonyme. (Voir aussi : http://www.bossche-encyclopedie.nl/Algemeen/Stadsgezichten.0.htm)

Photo : Yan J. K. Bolduc, 11 mai 2007. 234


12 mars 2010
Je crois avoir trouvé une bonne explication pour laquelle nous ne trouvons pas de lien direct
écrit entre Boulduc (comparé à Boulleduc) et Bois-le-Duc. Cette raison serait probablement
parce que nous prononçons Boulduc en deux syllabes, sous l’œil ‘moderne’ de nos ancêtres
drapiers/apothicaires, au lieu de le prononcer sous sa forme ancienne (1450 pour être certain)
écrite (Boulleduc). Sous cette forme, je suis sûr, on le prononçait avec trois syllabes : “Boulle-le-
duc”.
Pourquoi ? Voici ma raison sous forme « chronologique » :
1- Bois-le-Duc se prononce en tout avec quatre syllabes : “bo-a-le-duc”, et on peut même dire
“bou-a-le-duc”, parce que nous connaissons l’existence de Boulleduc dans des textes anciens
(bois = “boa” ou “boua”, selon l’époque ou la région).
2- Bos-le-Duc provient d’une forme nouvelle par syncope, et on peut voir qu’il vient
directement de la prononciation de “bo-a-le-duc”, pour former “bol-le-duc” (nous connaissons
aussi des Bolleduc dans des textes anciens) avec une syllabe en moins (trois en tout), c’est la
définition même d’une syncope : “Suppression d'une lettre ou d'une syllabe à l'intérieur d'un
mot” (Petit Robert).
3- La naissance de la forme Boulleduc, maintenant que l’on sait (d’après ma supposition)
comment le prononcer avec trois syllabes au lieu de deux, tombe en plein sous cette formule,
avec la même syllabe en moins : “bou-a-le-duc” devient “boul-le-duc”. Comment l’écrire ?
= Boulleduc.
4- Toujours par syncope, nos ancêtres perdent une autre syllabe, le “le”, et on se retrouve avec
Boulduc qui n’est prononcé qu’avec deux syllabes, et le tour est joué !
Nous savons aussi que la forme qui a été retenue le plus au fil des temps, et je suis sûr que
c’est à cause de l’importance des tissus et des fabriques de cette ville (ici je pense aux rubans
“bolduc” comme exemple), fut la forme la plus populaire de Bolduc, au lieu de Boulduc. Nos
ancêtres seraient donc les seuls à avoir retenu la seconde forme au travers les âges.
[Voir pages 86-87 et l’Appendice page 442, pour une mise à jour.]
Yan J. K. Bolduc

Gravure du hollandais Jacques Harrewijn, version couleur 1743.


(Voir aussi : http://www.bossche-encyclopedie.nl/Algemeen/Plattegronden.0.htm,
& http://books.google.fr/books?id=uXU2AAAAMAAJ, page 4.)
235
30 octobre 2011
Après avoir étudié beaucoup de documents différents, j’aurais quelques théories possible pour
expliquer la signification des blasons de nos ancêtres Boulduc. Parmi les détails de l’église
Saint-Benoît, où Pierre Boulduc y était Marguillier en 1646 et 1648 (Les années où ses deux fils
Pierre et Louis sont nés ?), il y avait des armoiries qui décoraient les voûtes. En les regardants,
c’est possible qu’il aurait eu son inspiration pour son propre blason juste au-dessus de lui, à
l’intérieur de cette église. Voici un exemple de l’église de Saint-Benoît, ainsi qu’une version
« restaurée » de son portrait :

(Source : Statistique Monumentale de Paris, Vol II, Albert Lenoir, 1867.)

Ayant des intérêts pour vouloir travailler dans une église, il serait sensible de penser qu’il était
très religieux. On sait qu’il avait le don du pardon (concernant son fils Louis, notre ancêtre
commun), et être dans cette église le rendait sûrement confortable. Donc en regardant tout là-
haut, au-dessus de lui sous les voûtes, il aurait examiné ces blasons et je crois que par cet acte de
regarder vers le ciel, il aurait eu l’idée de choisir la Religion comme thème pour ses armoiries.
Et le choix de composer une arme parlante lui serait venu naturellement ou par suggestion.
La signification de choisir un chevron avec des étoiles dorées sur fond bleu aurait pu lui
signifier les cieux du céleste. Pourquoi un chevron ? Parce que le chevron pointe vers le ciel,
tout comme il faisait du regard pour voir ceux des voûtes de l’église. Comme fond, il aurait
choisi l’argent (le gris), qui représenterait la couleur du matériel de construction de l’église, des
pierres (Son nom !). Finalement, pourquoi aurait-il choisi le rouge pour les ducs ? Possiblement
pour représenter le sang du Christ. Maintenant pourquoi reproduire les ducs et les boules trois
fois : pour la Trinité ? En prenant le tout en perspective, ce blason deviendrait donc une sorte de
représentation du firmament pour lui.
Tout en gardant les armes parlantes de son père, Simon, par contraste, aurait choisi l’or pour
représenter la science, sa passion de connaître. Il aurait aussi choisi la couleur noire pour les
ducs, possiblement pour représenter le plomb. Un des rêves des hommes de sciences fut de
trouver la manière de transformer le plomb en or. Comme anecdote, l’or n’est pas exactement un
matériel tout à fait rare dans les églises, donc son blason aurait pu de cette manière
complémenter celui de son père. Et dans son chevron, en poussant plus loin, il aurait pu choisir
des étoiles blanches pour représenter ceux du zodiaque dans l’univers.
Finalement, Gilles-François aurait adopté le blason de son grand-père, le sachant déjà dans les
cieux. De cette manière son grand-père restait encore vivant.
Yan J. K. Bolduc
236
(1640 ca) 237
(…)
Source: http://books.google.fr/books?id=HA9NAAAAMAAJ
238
(…)

Source :
Les Travaux de Mars, ou l’Art de la Guerre, de Allain Manesson Mallet – 1684.
Voir : http://books.google.com/books?id=GhYPAAAAQAAJ (p.298-299)

239
Registre VII
602
378. — Le 27 juin 1704, Me Simon-Charles Boulduc, clerc du diocèse de Paris, titulaire de
la chapelle simple de St Pierre-le-Martyr en la cathédrale de Paris, obtient en cour de Rome
des lettres de provision du canonicat de Lieurey, 1re portion, en la cathédrale de Lx, vacant par
la résignation faite en sa faveur, pour cause de mutuelle permutation, par M re Simon Davoust
de Langotière, pbre, dernier titulaire. — Le sr Davoust se réservait sur cette prébende une
pension viagère de 150 livres.
Le 30 oct. 1704, le seigr évêque donne son visa auxd. lettres de provision.
Le même jour, le sr Boulduc est mis en possession du canonicat de Lieurey, 1re portion, en
présence de Me Louis Rosey et de Me Alexandre Hue, pbres, officiers de la Cathédrale. (V.
382).

382. — Le 28 sept. 1691, Simon-Charles Boulduc, fils de Simon et de Marie-Elisabeth de


Lestang, du diocèse et ville de Paris, reçoit la tonsure à Paris. (V. 378).
771
Prébende 1re portion de Lieurey. —
S. C. Boulduc, VII. 378, 382.

Tome III
Registre XV
8
27. — (…)
Le 16 février 1726, (…) Charles-Simon Boulduc, (…) tous chanoines de la Cathédrale.

Registre XVIII
514
27. — Le 29 mai 1741, Mesre Charles-Simon de Bolduc, sous-diacre, chanoine de Lx et
prieur de St Martin-lès-Bourges, diocèse de Bourges, demeurant à Lx en sa maison canoniale,
se trouvant infirme et retenu au lit, donne sa procuration pour résigner sond. prieuré entre les
mains de N.-S.-P. le Pape, en faveur de Me Pierre Ledanois, diacre du diocèse de Lx. Led. sr
résignant se réserve la somme de 700 livres à prendre sur les revenus dud. bénéfice. (V. 29).

29. — Le 27 oct. 1737, Pierre Ledanois, fils de Simon et de Marguerite Alix, de la parr. de
Lieurey, reçoit la tonsure et les ordres mineurs. (V. 27).
521
56. — (…)
Le 9 juin 1741, la nomination au canonicat de Lieurey, 1re portion, appartenant au seigr
évêque, Sa Grandeur nomme aud. bénéfice, vacant par la mort de M re Simon-Charles Bolduc,
sous-diacre, dernier titulaire, la personne de Me Réné de Bonfils, clerc du diocèse de Paris. (V.
27).
836
Prébende de Lieurey (1re portion). —
S.-C. Boulduc, XV. 27 ; XVIII. 27, 56.

[Dans le livre Le grand dictionnaire historique, ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée et


profane, par Mre Louis Moréri, t. IX, p. 186, Paris, 1759, on le trouve en 1693 à Paris sous le
nom de Charles-Simon BOLDUC.]
Source : http://www.google.fr/books?id=Rb1WAAAAMAAJ (T. I) Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5500775b
& http://books.google.fr/books?id=wYhWAAAAMAAJ (T. III)
240
(…)

[Dans la commune de Kergloff (Bretagne), il y a un petit boisé sous le


nom de « Bois le Duc ». Est-ce la source de son nom ?]

Source : http://www.poher.com/default.asp?langue=fr&rubrique=0&action=carte

Source : http://books.google.fr/books?id=w162hQRp0_sC

241
[la variation du texte donnée entre parenthèse,]

(…)

[Seizième siècle.]

Source : http://books.google.fr/books?id=ERkWAAAAMAAJ
242
Plan de Paris, Michel-Étienne Turgot (1739).

Source des noms de domiciles :


Topographie historique du vieux Paris,
Lazare-Maurice Tisserand, 1897 (pp. 240-241).
http://www.google.fr/books?id=hD--qBjRt6kC

Source : http://edb.kulib.kyoto-u.ac.jp/exhibit-e/f28/f28cont.html (Voir aussi : https://www.raremaps.com/gallery/detail/55171)


243
Plan de Paris, Michel-Étienne Turgot, 1739 (Image ‘nettoyée’ par Yan J. K. Bolduc). 244
(Source : http://www.davidrumsey.com/luna/servlet/detail/RUMSEY~8~1~287244~90059510:Composite--Paris--Plan-de-Turgot)
Extrait du grand plan d’Adolphe Berty.
(1897)

Voir aussi : http://canadp-archivesenligne.paris.fr/documents_figures/_plans_parcellaires/index.php


(Région Centrale de l’Université)

245
Source des plans de maisons :
http://canadp-archivesenligne.paris.fr/documents_figures/_plans_parcellaires/index.php

Image satellite créée avec GoogleTM Earth


(Pour emplacements, voir : http://paris-atlas-historique.fr/12.html) 246
L'Abbaye (sic) St. Benoit. 247
Le vieux Paris : reproduction des monumens qui n'existent plus dans la capitale, F.-A. Pernot, 1839.
Église Saint-Benoît (démolie en 1853-54)
Source : Antiquités nationales, ou Recueil de monumens pour servir à l'histoire générale et particulière de l'Empire François, v. 3, par Aubin-Louis Millin – 1791.
Voir : http://books.google.fr/books?id=9c0WAAAAQAAJ (Article XXIX)
248
Source : http://images.bnf.fr/jsp/rechercherListeClichesAvancee.jsp?coteDocumentDemande=VE-53-FOL 249
(Voir aussi : http://books.google.fr/books?id=n8wJAAAAIAAJ, pages 117 à 124.)
Cloître et Église Saint-Benoît vers 1810, Paris à travers les âges, F. Hauffbauer, 1875 (Haut),
Tableau historique et pittoresque de Paris depuis les Gaulois jusqu'à nos jours, Benjamin de Saint-Victor, 1811 (Bas).

250
Église Saint-Benoît (entre 1822 et 1852)
Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7744014z

251
AU QUARTIER LATIN
(pp. 23-32)
Ils sont de plus en plus rares les quartiers de Paris ayant conservé à
peu près intacts les vieux décors où se déroula leur éblouissante
histoire ; chaque jour la pioche stupide du démolisseur émiette nos
souvenirs. « Plâtras ! » grommellent dédaigneusement les vandales. «
Reliques ! » soupirent les amoureux du passé. Hâtons-nous donc de
promener nos flâneries dans les épaves menacées, et parcourons
aujourd'hui les dédales de petites rues tassées entre le Collège de
France, la rue Saint-Jacques et la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève,
qui, si pittoresquement, grimpent en zigzaguant vers le Panthéon.
Ce fut, de toute antiquité, le quartier des Écoles. Autour de la
Sorbonne — fondée en 1250 par Robert de Sorbon, chapelain de saint
Louis, « pour que les escoliers étudiants à Paris, demeurassent là
toujours », — où s’enseignaient publiquement la théologie, la
philosophie, l’hébreu, le grec, le latin, etc., etc., se groupèrent bientôt
les collèges qui non seulement étaient maisons d’enseignement, mais
encore maisons de charité, asiles, où les étudiants pauvres d’une même
province, voire d’une même ville, trouvaient la nourriture et le gîte.
Ces collèges pullulaient : collège Montaigu, collèges de Reims, de
Laon, de Presles, de la Merci, collège Fortet, collèges de Seez, de
Cambrai, de Navarre, des Grassins, hébergeant des milliers
d’étudiants ; aussi rencontrons-nous encore aujourd’hui, en des ruelles
minables, parmi des masures, des bicoques et des hôtels borgnes,
d’antiques porches de pierre qui, malgré leur ruine, ont gardé trace d’un
glorieux passé et dont la majesté étonne et détonne au milieu des
laideurs avoisinantes.
[1909]
Le Collège de France lui-même s’éleva sur les ruines de deux très
vieux collèges : les collèges de Cambrai et de Tréguier, et jusque vers
1855 — date de la percée de la rue des Écoles — la petite place
précédant le Collège de France s’appelait place Cambrai. Là, depuis
1832, un théâtre, le théâtre du Panthéon, avait installé ses tréteaux, sa
scène, ses loges et son parterre dans une des plus anciennes églises
parisiennes, l’église Saint-Benoît, désaffectée depuis 1790. Cette église
avait été célèbre, — elle contenait un autel consacré à saint Bach, dont
le nom rappelant Bacchus fleurait vaguement le paganisme. Les frères
Source : https://archive.org/details/traversparis00cainuoft Perrault, Claude, l’architecte de la Colonnade du Louvre, et Charles, le
252
délicieux auteur des Contes de fées, y furent inhumés, ainsi que l’acteur longeons rapidement cette ruelle lugubre, suivons la rue Fromentel et
Baron, l’élève de Molière. Cédé en 1796 à un chasublier, l’édifice avait arrêtons-nous à son débouché, sur la petite place formée par le
été revendu en 1812 à un marchand de farine, qui l'avait converti en croisement des rues Charretière, Fromentel, de Lanneau (percée sur le
entrepôt. En 1822, un entrepreneur de spectacle y fonda le théâtre du clos Bruneau) et Jean-de-Beauvais.
Panthéon. L’ouverture s’en fit le 18 mars ; la scène occupait le choeur
de l’église et l’on jouait des vaudevilles à flonflons au milieu des Comme il est facile, devant ce pittoresque décor parisien, ces
arceaux, des fûts de colonne, des pierres tumulaires, des vitraux, avec maisons lépreuses, disloquées, dont les brunes silhouettes se découpent
au fond la rosace mystique ! Le maître Sardou, qui, dans sa prime bizarrement sur le ciel, d’évoquer les scènes tragiques ou joyeuses qui
jeunesse, fréquenta le théâtre du Panthéon, se souvient de la curieuse s’y déroulèrent jadis ! Un peu d’imagination aidant, on revoit ces
entrée, comprise entre une boutique de brosserie et un marchand de ruelles aux durs pavés, grouillantes d’une foule dansant la Carmagnole
parapluies, sur une petite place, non loin d’une bouquinerie tenue par le ou le Ça ira, on perçoit les cris, on entend les cloches, au loin les
père d’Henri Meilhac. Les coulisses, donnant sur la scène, s’ouvraient tambours battent… et ces décors de rêve semblent créés pour évoquer
à peu près exactement où se trouve aujourd’hui — 48, rue Saint- les drames de l’histoire…
Jacques — une des portes de la nouvelle Sorbonne. Le théâtre du
Panthéon eut l’honneur de représenter — le 28 août 1838 — la seconde […]
oeuvre d’Eugène Labiche l’Avocat Loubet, un drame noir en trois actes,
dont la scène se passait à Aix en Provence au commencement du XVIIe
siècle. Il convient toutefois d’avouer que l’éléphant Kiouny — un (1) « …Les premiers vestiges d’un édifice gallo-romain, situé dans le
étonnant pachyderme — obtint un succès bien supérieur à l’Avocat quartier du Collège de France, ont été découverts, en 1894, par feu M.
Loubet… Après avoir vainement lutté contre la mauvaise fortune, le Théodore Vacquer, sous-conservateur du Musée Carnavalet, lors de la
théâtre du Panthéon — dont le dernier directeur était en même temps construction d’un égout, rues Jean-de-Beauvais et de Lanneau.
marchand de vieux habits — fermait définitivement ses portes en 1845.
« La suite de ces vestiges furent mis à jour de novembre à décembre 1903,
au cours des fouilles exécutées pour la construction d’un autre égout, impasse
La malheureuse église se vit alors dépouillée du peu d’architecture Charretière.
qui lui restait, et la chapelle mutilée n’offrait plus aucun intérêt lorsque
la percée de la rue des Écoles la supprima définitivement comme elle « C'est à partir de février 1904 jusqu’au mois de février suivant que, dans le
supprima un grand nombre de rues ou de fragments de rues aux noms but de compléter ces découvertes, la Commission du Vieux Paris entreprit les
célèbres… dont un tronçon de la rue La Harpe, celte rue La Harpe où fouilles nécessaires, au moyen de puits, de petites tranchées à ciel ouvert et de
défilèrent les obsèques pompeuses des grands hommes conduits galeries souterraines, sous la direction de M. Georges Villain, assisté de M.
triomphalement au Panthéon : Mirabeau, J.-J. Rousseau, Voltaire… et Charles Sellier, inspecteur des fouilles archéologiques de la Ville de Paris…
Marat… La partie de la Sorbonue qui fait face au Collège de France
s’élève sur les débris de l’église Saint- Benoit, construite elle-même sur « …A ce sujet, l’éminent professeur de nos antiquités nationales au Collège
de France, M. Camille Jullian, observe qu’on démolira, tôt ou tard, les
d’autres débris gallo-romains, témoins les tombes et les dalles de pierre
masures qui avoisinent le Collège de France. « Il faudra, dit-il, à ce moment
de la « via Romana » que l’éminent architecte Nénot retrouvait naguère « faire des fouilles lentes, profondes, complètes. L’occasion sera unique et
sous les substructions de la nouvelle Sorbonne (1). « nous espérons que la municipalité de Paris, qui a l’amour de son passé, qui a
« la passion de ses gloires, n’hésitera pas à faire les sacrifices nécessaires en
Remontant la rue Saint-Jacques (qui occupe exactement « faveur d’une science qui est, après tout, celle de ses destinées propres… »
l’emplacement de la voie romaine), engageons-nous dans la rue du (Revue des Études anciennes, mai 1906, Fouilles du quartier du Collège de
Cimetière-Saint-Benoît — dont le nom précise l'emplacement, — France, page 170.)
253
254
255
(Source : Paris à travers les siècles, Vol I, 1881)

256
257
(1904)

258
Rue des Boucheries – Rue de Tournon, 1739

Source : http://edb.kulib.kyoto-u.ac.jp/exhibit-e/f28/f28cont.html

259
Jardin des Apoticaires, 1739.

Source : http://edb.kulib.kyoto-u.ac.jp/exhibit-e/f28/f28cont.html

260
Jardin du Roi, 1739.

Source : http://edb.kulib.kyoto-u.ac.jp/exhibit-e/f28/f28cont.html
Plan de Paris, Michel-Étienne Turgot (1739).
261
#12

Source : http://edb.kulib.kyoto-u.ac.jp/exhibit-e/f28/f28cont.html (Images : Richard Bolduc, Terrier du Roy de


Source du plan de la maison (page suivante) : http://canadp-archivesenligne.paris.fr/documents_figures/_plans_parcellaires/index.php Paris, 1700, étude LXIII.)

262
Image satellite créée avec GoogleTM Earth
(Voir : http://paris-atlas-historique.fr/12.html)
263
Tournai, recensement des habitants de la paroisse Notre-Dame (1741)
Association Généalogique du Hainaut Belge - H01
Par D. Desqueper
(Tournai, 2002)
Source : http://www.apis-tornacensis.be

Liste des habitants de la ville de Tournai en 1741.

Famille sur la Rue du Thiétard :


• Grégoire Delplancque, corps du stil, 66 ans.
• Marie Anne Prade, sa femme, 64 ans.
• Marie Catherine, non mariée, 32 ans (fille de Grégoire Delplancque ?).
• Pierre Grégoire Bolduc, son garçon, 9 ans.

Date de naissance de Pierre Grégoire Bolduc : 26 décembre 1731. Qui est son père ? Peut-être un soldat de
garnison ou ouvrier parvenu de Bois-le-Duc par Anvers, via la rivière Escaut.

Descendance possible de Pierre Grégoire Bolduc à Tournai : inconnue.

[Remerciements à M. Apis Tornacensis pour ces informations.]

Le « Fleurdelisés », chandail du défenseur Michel Bolduc (1981-83).


Équipe de hockey professionnel, les Nordiques de Québec.
(Voir page 280.)

Source : http://www.classicauctions.net/Default.aspx?tabid=263&auctionid=15&lotid=450

264
Vidéos
Voici des liens internet de vidéos créés par Dany Bolduc, des documentaires (en anglais) touchant différents
endroits concernant nos ancêtres, filmés sur place :

Source : http://www.youtube.com/watch?v=CzCFSCROAAQ Source : http://www.youtube.com/watch?v=7SffqijHx6o

Source : http://www.youtube.com/watch?v=8Svf09oLtXY Source : http://www.youtube.com/watch?v=faXI6EyFEd8

(Voir : http://www.youtube.com/user/bolduc99)

Lecture (en anglais) du samedi 26 août 2017 donnée par Yan J. K. Bolduc, pour la dernière célébration du
Louis Bolduc Day (sous la nouvelle direction du Directeur exécutif Mr. Geoff Giglierano) à Ste. Genevieve,
Missouri :

(Photo prise par Linda L. Bolduc)


Source : https://www.facebook.com/42942974051/videos/10156470498764052
265
Sainte Geneviève, Missouri, U.S.A.

http://www.vacationfun.com/WowGet.html?clientID=content155&vid
ById=http://www.vacationfun.com/mp/video/Genevieve.flv

Louis Bolduc House, 123 South Main St, Sainte Geneviève, compté de Ste. Geneviève, Missouri.

Source : http://memory.loc.gov/ammem/index.html
(Voir : https://www.frenchcoloniallife.org)

Signature de Louis Bolduc (1797)


266
(Source: https://books.google.com/books?id=r47NlSdIrYgC)
267
(1657)

268
(1705)

269
(1657 (1683))

270
London Magazine, Londres, 1763.
271
(…)

(…)

(…)

Source : http://books.google.fr/books?id=iF4PAAAAQAAJ

272
Source : https://books.google.fr/books?hl=fr&id=60O2dHrGGkMC
273
(…)

Source : http://gallica.bnf.fr/document?O=N108698

Source : https://books.google.fr/books?id=QdBbAAAAcAAJ
274
(p. 26)

Source : https://books.google.fr/books?id=axQX88dMxfMC
275
Source : https://books.google.fr/books?id=PIx_1JmOm2AC
276
(p. 33)

Source : https://books.google.fr/books?id=jZQK_a1Yi9gC
277
« Ruban étroit rouge, pour attacher du papier. »

« Un couteau large et pesant. »

(Source : http://www.whirlwindtraders.com)

« Une ville dans les Pays-Bas. »

(1900)

Source: http://books.google.com/books?id=wHArAAAAMAAJ
278
(1636)
Voir aussi : http://odur.let.rug.nl/~maps/annebuist/ (Jacob Aertsz Colom, #4 & 11)
279
NOTES

(1979-80) (2008-09)
(Fredericton Express, 1983-84)

(Les As de Québec, 1936-37)

(Maine, U.S.A.)

(1994)

280
Médaille d’honneur de la ville de
Bois-le-Duc, 1920.
Écu du Brabant, 1582.

(Voir aussi :
http://www.numismania.luites.nl/coin/cities/denbo-us.htm)

Commémoration du centenaire de la libération de la


ville de Bois-le-Duc par le Prince d’Orange, 1729.
Commémoration de la capture de la ville de Bois-le-
Duc par le Prince d’Orange, 1629.
281
282
(1581)
Village de Feuillères (ici nommé « Fuliers ») à l’ouest de Péronne.

283
Source: https://books.google.com/books?id=38dTAAAAYAAJ
284
285
(1632)

286
(Source : http://libweb5.princeton.edu/visual_materials/maps/websites/thematic-maps/qualitative/post.html)
287
(1657)

288
(1657 [Détail])

289
(1617 ca)

290
(1617 ca, détail)

291
(1493)

292
(1525) 293
(1542)

294
(1556)
295
Ceci est la première carte à se concentrer sur la Virginie (maintenant en grande partie la Caroline du Nord), et marque la première tentative
anglaise à la colonisation dans le nouveau monde. (1590) Source : http://www.raremaps.com/gallery/detail/36230ct
296
(1591) 297
(1639)

298
(1671 [Londres]) 299
(1670)

300
(1676 [Londres]) 301
(1676 [Londres])

302
(1696 ca (1717 ca) [Amsterdam])

303
(1696 ca (1717 ca), Détails [Amsterdam])

304
Découverte du Mississippi en 1673.

(1682)

(1707)

305
(1705)

306
Cartouche illustrant l’assassinat de Cavelier de La Salle lors d’une mutinerie. Pour connaître l’histoire, lire le
livre Journal historique du dernier voyage que feu M. de la Sale fit dans le Golfe de Mexique de Henri Joutel,
publié en 1713 et disponible ici : https://books.google.fr/books?id=sW1XAAAAcAAJ
Son bateau La Belle , son histoire et ses artéfacts sont conservés au Bullock Texas State History Museum.
Voir : https://www.thestoryoftexas.com/la-belle/the-exhibit

La Belle
307
(1688 ca)

308
(1755 [Paris]) 309
(1688)

310
(1689) 311
(1686)
312
(1694)
313
Description de l'Univers, Mallet, 1683. 314
(1694) 315
Description de l'Univers, Mallet, 1683. 316
(Source : http://www.swaen.com/antique-map-of.php?id=17714
Voir aussi : http://www.davidrumsey.com/luna/servlet/detail/RUMSEY~8~1~284202~90056683:View--Coupe-dun-Amiral-de-104-piece)

(1695) 317
(1719)

318
(1719)
Source : http://www.raremaps.com/gallery/detail/27482 (Remerciements à Mme Cathy Garnica)
319
Yan, Pierre, Richard et Dany Bolduc à St-Joachim, 31 juillet 2010.

(Photo prise par Julie Bolduc)

(Exécutions artistique par Yan J. K. Bolduc)


320
Louis Bolduc
Notre ancêtre,

Malgré tout…
Un hommage conscient

Yves Delamarre

2007
2

L’hérédité.

L’hérédité est comme une


diligence dans laquelle tous nos
ancêtres voyageraient. De
temps en temps, l’un d’eux met
la tête à la portière et vient
nous causer toute sorte
d’ennuis.

Oliver Wendell Holmes

Les dessins de la page couverture et de la page trois, proviennent de « Nos ancêtres ». Vol. 2. Lebel,
Gérard. Sainte-Anne-de-Beaupré. 1995. 5° édition. Dessin d’E. Sénécal.

L’auteur est descendant des Bolduc par sa mère.

Yves Delamarre. yvesdel@videotron.ca

Droits réservés. Toute modification, ou reproduction, pour la vente, totale ou partielle sont interdites, sans
autorisation expresse.
3

LOUIS BOLDUC
SOMMAIRE1
Louis Boulduc est le premier de ce nom à s’être marié en Nouvelle-France, plus précisément à
Québec et il est le seul arrivant connu à y avoir fait souche. Il est probablement l’ancêtre
unique des familles Bolduc au Québec puisqu’aucun autre Boulduc ou Bolduc venu de France
ou d’ailleurs aux XVII° et XVIII° siècles n’a fait souche, d’après nos recherches.

Louis Boulduc ou Bolduc, est né en 1648 à Paris, sur la rue St-Jacques dans la paroisse de St-
Benoit. Il est issu d’une lignée de six générations de Bolduc que l’on peut retracer en France
jusqu’à 1480, sinon avec toutes les preuves, du moins avec certaines présomptions (Voir
Tableau généalogique de ancêtres français à l’Annexe 1). Louis à fait ses études à Paris.
Pierre, le père de Louis est bourgeois. Il exerce dans la
ville lumière, le métier de maître apothicaire épicier. Il
est l’époux de Gillette Pijart. Certains prétendent
qu’elle est issue d’une famille de comédiens connue et
qui compte aussi deux Jésuites, les frères de Gillette et
oncles de Louis. Toutefois ce lien est définitivement
réfuté par les travaux de M. Christian Warolin qui entre
autres titres possède ceux de docteur en histoire
moderne (Paris, Sorbonne) et de président d’honneur de
la Société d’histoire de pharmacie (France).

Louis avait sûrement le goût de l’aventure. À 17 ans,


Louis Bolduc s’enrôle dans le régiment de Carignan-
Salières, dans la compagnie numéro sept commandée
par le sieur de Grandfontaine. Louis arrive à Québec, le
17 août 1665, vers dix heures du soir, sur un navire de
400 tonneaux, avec sa compagnie dont la mission, est
d’empêcher les Iroquois d'emprunter la rivière
Richelieu pour venir harceler les colons de Trois-
Rivières et de Montréal. Le régiment compte huit
compagnies. La Compagnie de Grandfontaine, celle de Louis, et six autres furent dirigées vers
le Richelieu. Le 2 octobre, débutèrent les travaux de construction du fort Ste-Thérèse et le 22,
M. de Courcelle affecta les compagnies La Motte, et Grandfontaine à la construction du
chemin reliant le fort Ste-Thérèse à celui de St-Louis. Ces travaux terminés, les deux groupes
revinrent à Québec prendre leurs quartiers d’hiver.

Louis reçoit son congé de l'armée vers la fin de 1667 ou début 1668. Il épouse le 20 août
1668, à Québec, Élisabeth Hubert, née vers 1650, à Saint-Gervais de Paris, fille de Claude
Hubert, procureur au parlement de Paris, et d'Isabelle Fontaine.

1
Ce résumé n’est basé que sur les faits avérés et ceux qui sont le moins controversés. Les informations
disponibles concernant Louis Bolduc sont toutefois beaucoup plus nombreuses et plusieurs ont suscité la
controverse. Une analyse très détaillée et référencée de ces faits suit ce sommaire.
4

Quelques temps plus tard, en 1669, il obtient de son père, une avance sur son héritage et
acquiert un lot au Trait-Carré à Charlesbourg. Il ne semble pas bon fermier, il semble vouloir
vivre en seigneur mais n’en a ni les talents, ni les moyens financiers, ni le doigté; il a des
difficultés dans ses relations avec ses employés et ses fournisseurs, il contracte des dettes qu’il
ne rembourse que difficilement et parfois en s’en faisant de nouvelles. Il vend sa terre en 1674
et revient dans la ville de Québec avec sa famille ou il devient marchand et bourgeois. Encore
là, il n’aura pas de succès. Ses opérations comme marchand ne sont pas vraiment connues
mais pour effectuer certains achats, il contracte de nouvelles dettes dont le non paiement le
conduira jusqu’à la saisie de ses meubles.

Certains historiens prétendent que son beau-père, Claude Hubert est une connaissance de
Louis de Buade compte de Frontenac et qu’il aurait intercédé auprès de ce dernier en faveur
de son gendre pour le faire nommer procureur. Nous n’en possédons aucune preuve. Plusieurs
faits prouvent par contre que Louis Bolduc était un intime de Frontenac. Louis a son bureau
dans le même édifice que le gouverneur et on le trouvera même en train de jouer au tric-trac
(Dames et dés)2 dans l’antichambre de ce dernier. Frontenac sera d’ailleurs le parrain de
Marie-Ursule, dernière née de Louis et d’Élizabeth. En 1676, Louis devient donc adjoint de
M. Louis Théandre Chartier de Lotbinière, comme conseiller et procureur du Roi en la
prévôté de Québec à compter du 16 août 1676 et il sera en poste jusqu’au 30 avril 1681.

Frontenac entretient de très mauvaises relations avec le Conseil Souverain, particulièrement


avec son intendant Duchesneau, avec le procureur général du Conseil, D’Auteuil et avec son
fils qui lui succèdera. Par ailleurs le Conseil qui a perdu des pouvoirs au profit de la Prévôté
de Québec, ne manque aucune occasion de réviser, en appel, les décisions et jugements qui y
interviennent. Le Gouverneur qui est reconnu pour être dur et cruel avec le peuple, est aussi
despotique, paternaliste, colérique, et jaloux de ses prérogatives et ne manque aucune
occasion de contrer le Conseil. Il semble se prendre pour le Roi. Duchesneau et D’Auteuil,
par la voix du Conseil, ne lui cèdent en rien et en rajoutent.

Louis Bolduc a-t-il été « une victime d’une époque troublée » comme certains l’ont prétendu?
Pour nous qui avons scruté tous les faits historiques qui le concernent, cela ne veut rien dire.
Louis Bolduc qui est reconnu comme le protégé et un intime de Frontenac, était d’une part
forcément identifié comme un de ses supporteurs et d’autre part, quoique le procès qui fut
intenté contre lui servit de prétexte pour alimenter la tourmente entre le gouverneur et le
Conseil, les accusations qui furent portées contre lui n’apparaissent pas comme étant gratuite.

Louis agira comme procureur du Roi durant quatre ans et demi. À ce titre il est accusateur
dans les causes criminelles et civiles et juge dans les affaires civiles.

Louis est une cible facile. Moins d’un mois après son entrée en fonction il accuse la femme
Renaud qui colporte qu’il est achetable (coupable de vénalité). Quatre témoins ont entendu les
dires de celle-ci mais l’affaire est classée sans plus. Aucune enquête n’est faite. Mme Renaud
n’est pas inquiétée.

2
Dans tout le livre, les parenthèses apparaissant sous la forme habituelle « ( ) » et les soulignés sont de nous.
Les parenthèses provenant des textes originaux sont indiqués par des crochets : « [ ] ».
5

Les relations de Louis avec certains membres du Conseil sont pour le moins houleuses. Par
exemple, il demande naïvement de remplacer le lieutenant général de la Prévôté, qui doit se
récuser, dans une cause criminelle. Le Conseil le reçoit vertement et en profite pour faire une
mise au point du rôle des procureurs des Prévôtés. Dans une autre cause, devant le Conseil, ou
il est personnellement en procès contre le sieur Hazeur, il demande que de Vitré, l’enquêteur
du Conseil, soit remplacé car il est en querelle avec lui et « qu’il a déjà songé à en venir aux
coups avec lui ». À un autre moment, il demande au Conseil de l’exempter d’aller chez le
procureur général D’Auteuil pour lui faire ses demandes avant les réunions du Conseil car il
trouve cela avilissant. Le Conseil le remet à sa place en lui ordonnant de continuer parce qu’il
n’y a pas d’autre endroit outre la porte de la salle du Conseil pour ce faire.

En décembre 1680, Pierre de Lalande, un marchand français de Bayonne, porte plainte contre
lui : il prétend que Louis l’ayant accusé d’avoir blasphémé le saint nom de Dieu, a accepté de
fermer les yeux contre une certaine somme d’argent qu’il lui a remise. Il affirme que c’est
l’huissier Gosset qui lui a conseillé d’aller trouver Louis et lui offrir de l’argent pour qu’il
laisse tomber l’accusation. Deux témoins, se rendant pour être interrogés concernant
l’accusation de blasphème, ayant rencontré Louis sur leur chemin, ont déclaré qu’il leur aurait
dit qu’il était inutile de s’y rendre car l’affaire était réglée. Les apparences et témoignages
sont contre Louis. Le 16 décembre 1680, le Conseil s’empare de l’affaire et l’enquête débute.
Elle durera jusqu’en mars 1682. La plainte de de Lalande devient le déclencheur pour une
enquête sur tous les comportements de Bolduc, tant comme procureur que dans sa vie privée.

Frontenac, la plupart du temps, n’assistera pas aux réunions du Conseil où il est question du
procès contre Louis. Cependant, il usera de moyens dilatoires qui généreront des querelles en
n’en plus finir avec Duchesneau, D’Auteuil, de Villeray et d’autres membres du Conseil. Il
dénonce que l’assignation de son secrétaire comme témoin dans l’affaire de Louis, ne
comporte pas un libellé conforme et que le signataire, de Villeray y prend le titre d’écuyer
qu’il lui interdit de porter. Les discussions, peu élégantes, de part et d’autre, retarderont
considérablement le procès et s’envenimeront jusqu’à déborder sur d’autres sujets et conduire
indirectement à l’ordre d’expulsion, en France de de Villeray et D’Auteuil par Frontenac.

Louis se défend par de très nombreuses requêtes demandant qu’il soit entendu, qu’on lui
communique ses dépositions et celles des autres témoins, qu’on sépare l’accusation de de
Lalande des autres accusations portées par le procureur général ou qu’on saisisse les biens de
de Lalande qui s’est évadé mais toutes sont gardées en suspens par le Conseil. Louis va même
jusqu’à demander à Duchesneau de se récuser comme juge dans le procès qu’on lui a intenté,
ce qui lui est évidemment refusé. À l’occasion de ce refus, on apprend que Duchesneau a
averti Louis, bien avant le procès, de voir à changer sa conduite pour éviter les bruits qui
courent à son sujet. On apprend aussi que depuis un certain temps Duchesneau a interrompu
le paiement de ses gages. Il est d’ailleurs remplacé comme procureur en avril 1681.

Finalement, alors que même le secrétaire du gouverneur s’en mêle pour ne pas témoigner
contre Louis, le Conseil décide que le procès aura lieu sans son témoignage. Entre temps,
Louis a été interrogé durant quatre jours. Malgré cette collaboration, on refuse toujours de
répondre à ses nombreuses requêtes. D’Auteuil n’étant plus là, le sieur de la Martinière agit
6

comme procureur général. Le conseil décide que Louis sera interrogé à nouveau. Il refuse de
répondre à sept reprises. On passe outre, on confronte les témoins avec leurs dépositions, sauf
de Lalande qui s’est évadé, on les confronte avec Louis et de la Martinière fait son rapport au
Conseil. Il déclare que les conclusions étant déjà tirées par D’Auteuil, avant son départ, sans
tenir compte des requêtes de Louis, ni de la confrontation des témoins, il doit être reconnu
coupable. Pour en arriver à cette conclusion, il communique au Conseil une liste de près de
soixante-dix allégués dont certains concernent des décisions dans lesquelles Louis a été
impliqué comme procureur ou juge. En mars 1682, le Conseil, déclare Louis Boulduc atteint
et convaincu de crimes et de malversations, et le prive de l’office de procureur du Roi et lui
fait défense d’exercer aucun office de judicature. Bolduc ne se présente pas au Conseil pour
entendre sa sentence. On tente en vain de le joindre mais on ne le trouve nulle part. On finit
par la lui communiquer par écrit en la remettant à une de ses filles.

Un peu avant le procès, Frontenac avait écrit au Roi pour défendre Louis. Dans sa lettre il
rapporte un ouï-dire à l’effet que des soixante-dix témoins qui ont été entendus, aucun ne
l’aurait incriminé. Frontenac, ni ceux qui le supportent n’ont assisté aux séances du Conseil
où il était question de Bolduc, ni plus tard au procès. Il semble qu’il met trop de zèle pour
défendre son protégé. Aussi peu rigoureux et aussi irrégulier que nous semble le procès, cela
n’efface pas les nombreuses affirmations négatives qui ont été faites sur la conduite de Louis.

Possiblement dû à la crainte, que malgré tout, Frontenac inspirait au Conseil, ou dû à une


exonération protégeant les officiers, Bolduc n’a été condamné qu’à être déchu de sa charge.
Convaincu de crimes, il était certainement passible de prison, sinon d’une peine plus sévère.
Élizabeth Hubert, sa femme, est rentrée en France et obtient de Louis XIV, le 10 mars 1685,
le tiers du salaire de son mari. On dit qu’l aurait été la rejoindre peu après mais nous n’en
trouvons aucune preuve. Leurs enfants sont demeurés à Québec mais on ne sait qui en a eu la
garde, sauf qu’il aurait été à la charge de gens de bien. Il est permis de croire, toujours sans
preuve, que c’est Louis et son épouse qui les auraient confiés à ces gens de bien. Ce qui est
sûr, c’est qu’on retrouve les enfants Bolduc, un peu plus tard, sur la Côte-de-Beaupré et qu’ils
sont tous devenus de bons citoyens.

Le 4 juin 1686, le Roi le casse définitivement Louis Bolduc comme procureur.

Louis ainsi que son épouse décèdent avant 1701, probablement en France. On ne sait s’ils sont
revenus au Québec auparavant.

Malheureusement, les informations disponibles concernant Louis Bolduc ne nous permettent


pas d’y trouver les aspects positifs de sa personnalité. Il a tout de même fondé une famille et
laissé une nombreuse descendance. Par ses écrits, on peut voir qu’il était instruit,
probablement cultivé, déférent, ambitieux et tenace. Cependant les actes notariés, les procès et
procès-verbaux démontrent par ailleurs qu’il vivait au-dessus de ses moyens, qu’il n’était ni
un bon cultivateur, ni un bon marchand, qu’il gérait difficilement ses affaires financières et
qu’il a eu des relations difficiles avec des subalternes et des pairs. Probablement sous
l’influence de Frontenac et possiblement en raison de ses ambitions et de ses difficultés
financières, plusieurs témoignages laissent planer des doutes sur sa probité. Recourrait-il à des
expédients pour faire vivre sa famille? Les actes qu’on lui a reprochés : malversation, vol,
7

friponnerie, concussions et débauche, nous laissent perplexe. Entre 1681, année où ses
émoluments lui ont été suspendus et où il a emprunté cent quatre-vingt-dix livres, jusqu’à
1685, moment où le Roi lui accordait le tiers de ces mêmes émoluments, il ne se trouve
aucune trace de revenus officiels qu’il aurait reçus. Pourtant, jusque là, il a tenu feu et lieu à
Québec avec sa famille et a même acheté la maison qu’il habitait.

À notre connaissance, personne n’a poussé aussi loin que nous ses recherches concernant cet
ancêtre. Nous le comprenons. C’est un pénible devoir que de faire la lumière dans une telle
situation. Louis Bolduc n’en demeure pas moins un pionnier et l’ancêtre de tous les Bolduc
d’Amérique et à ce titre nous lui rendons l’hommage qui lui est dû.
8

ANALYSE DES ÉCRITS DISPONIBLES CONCERNANT


LOUIS BOLDUC
Ce que les historiens et généalogistes ont retenu concernant Louis Bolduc.

Louis étant notre premier ancêtre en Nouvelle-France, il nous apparaît important de nous
attarder quelque peu sur son histoire, non pas tant pour réhabiliter sa mémoire que pour tenter
de faire un peu de lumière sur les événements qui le concernent. Les accusations portées
contre lui, qui ont conduit à sa condamnation par le Conseil Souverain, sont graves et ont
flétri sa mémoire. Des preuves tendent à démontrer qu’il n’était pas sans reproches. Pourtant,
des voix se sont fait entendre en sa faveur. Les opinions qui suivent ne sont finalement que
des portraits grossiers du personnage. Nous verrons, plus loin dans notre livre, tous les détails
permettant de s’en faire une opinion plus précise.

Version relevée dans « Le Dictionnaire national des Canadiens français »3


« Il occupa cette charge durant six ans. Pendant ce temps il eut de longs démêlés avec le
Conseil Souverain et en particulier avec l’intendant Duchesneau. Condamné par le Conseil, il
dut retourner en France avec son ami et protecteur Frontenac. Quatre ans plus tard le Roi le
destitua à jamais de sa charge. Entre temps, Élizabeth Hubert, son épouse, était repassée en
France avec une de leur fille, Louise. Les autres enfants restèrent au Canada.

Louis Boulduc fut accusé de malversations de toutes sortes et entre autre d’accepter des pots-
de-vin dans l’exercice de sa charge. Dans une lettre au Ministre le 13 novembre 1680,
l’intendant Duchesneau, écrivait ce qui suit : « Pour le procureur du Roi de ce siège, le sieur
Bolduc, je ne dois pas vous dissimuler qu’il est tout à fait indigne de sa charge. Il est accusé
de concussions, de vol dans toutes les maisons dans lesquelles on le souffre, de débauche et
crapule continuelle et sans que monsieur le comte de Frontenac le protège je lui aurais fait
faire son procès. Je me suis contenté, pour ne lui déplaire, de faire au dit procureur du Roi
forte réprimande en présence du sieur lieutenant général.

Comme vous le voyez, c’était assez raide comme accusation. Pour comprendre tout ceci, il
faut bien se mettre dans l’esprit du temps. On sait les chicanes effroyables qu’il y eut entre
Frontenac et son intendant Duchesneau. Les deux s’en voulaient à mort, souvent pour des
vétilles. Or Boulduc était un protégé de Frontenac, d’où il suit que l’intendant Duchesneau
n’aimait guère votre ancêtre. Il semble bien que c’est dû pour une bonne part à l’affaire
Boulduc que Frontenac fut rappelé en France. Après sa condamnation par le Conseil
Souverain, Louis Boulduc tenta à plusieurs reprises de se faire réinstaller dans sa charge,
mais ce fut en vain, comme on l’a vu plus haut.

Entre temps, le gouverneur, marquis de Denonville écrivait au ministre ce qui suit : «M.
l’intendant dit que vous lui aviez ordonné de rétablir le nommé Bolduc dans sa charge de

3Institut Drouin. «Le Dictionnaire National des Canadiens Français ». Complément de mon Arbre
Généalogique. Partie historique. Tome III, A-Z, pp.1423-1424.
9

procureur du Roi de la prévôté de Québec, supposé que lui et moi jugeassions que la peine
de sa longue absence fut suffisante4 pour expier ses fautes; cela m’a donné lieu de m’enquérir
de la vie et mœurs de ce Bolduc. J’ai appris que c’est un fripon achevé à ne jamais souffrir
dans une pareille charge. Ce pays-ci, Monseigneur, a besoin de châtiments pour ceux dont la
conduite est méchante. Sa femme passe cette année en France. Je lui ai volontiers donné son
passeport pour délivrer le pays d’un assez mauvais meuble. Il nous laisse des enfants qui sont
réduits à la charité des gens de bien. »

Que faut-il penser des accusations qui furent portées contre votre ancêtre? Peu de chose en
somme, car la passion qui divisa alors le Québec en deux camps fut cause de bien des écarts
de langage et sans doute d’autant d’accrocs à la vérité, sinon à la charité »

Version relevée dans le Dictionnaire biographique du Canada en ligne5


« À l’époque du premier gouvernement de Frontenac, marqué par d’incessantes querelles de
partis on ne pouvait impunément se ranger du coté de l’irascible gouverneur. Boulduc, s’il ne
le savait déjà, allait l’apprendre à ses dépens, d’autant que Frontenac entendait se servir de
lui et de la prévôté pour faire échec au Conseil Souverain. Or ce choix n’était guère heureux,
si l’on en croit Duchesneau, personnellement mêlé aux intrigues, et Denonville [Brissay], qui
eut en 1685 le loisir de mener sa propre enquête : Boulduc, écrivait Duchesneau « est accusé
de concussion, de vol dans toutes les maisons dans lesquelles on le souffre, de débauche et de
crapule continuelle », Denonville, à son tour, le jugeait « un fripon achevé à ne jamais
souffrir dans une pareille charge »

À cet officier [Boulduc] par trop vulnérable, les conseillers ne ménagèrent pas les
tracasseries, dans le but de le discréditer et de compromettre du même coup la prévôté. La
lutte s’engagea pour de bon après que, en mai 1677, Louis XIV eut rétabli la Prévôté de
Québec en sa première puissance, et confirmé en son emploi le procureur Boulduc. Le
protégé de Frontenac pouvait s’attendre à quelques affrontements sérieux. Le 13 novembre
1680, Duchesneau lui portait un premier coup dans une lettre au ministre : et, en janvier
1681, accusé de malversations, Boulduc était traîné devant le Conseil souverain. Objet d’une
plainte d’un marchand de Bayonne qui désirait peut-être se venger de lui, Boulduc allait
bientôt voir les conseillers étendre leur indiscrètes enquêtes à toute sa vie, publique et privée.
En conséquence d’un arrêt du 28 avril, il fut interdit et remplacé provisoirement par Pierre
Duquet. On assista dès lors à un déchaînement peu commun de passion : les partis
s’entredéchirèrent interminablement dans une lutte à finir dont Boulduc, à vrai dire, n’était
plus guère que l’occasion et le prétexte. Enfin, après 14 mois d’une véritable bagarre, le
Conseil reconnut Boulduc coupable de malversations – c’était le 20 mars 1682 – et le déclara
déchu de sa charge.

On peut penser que Frontenac, rentré en France, n’abandonna pas son protégé, car, par
arrêt du 10 mars 1685, Louis XIV accordait à la famille Boulduc le tiers des appointements
de ce dernier, et invitait l’intendant à lui rendre son emploi, si on le jugeait suffisamment

4 Nous nous sommes permis de corriger ce qui nous semble une erreur de frappe. Le mot qui apparaît dans le
texte cité est « insuffisante ». Ce mot est contraire à l’énoncé et au contexte. Y.D
5
Vachon, André. « Dictionnaire biographique du Canada en ligne ». [http://www.biographi.ca/FR/]. (Consulté
(c.) 05-11-01)
10

puni. Denonville s’opposa énergiquement au retour de l’ex procureur [sic], si bien que, le 4
juin 1686, le Roi cassait définitivement le malheureux Boulduc. »

«…»

« Qui oserait porter un jugement définitif sur Boulduc? Quels qu’aient été ses torts, il fut
peut-être avant tout, la victime d’une époque troublée. L’intendant de Meules semble l’avoir
pensé : « Beaucoup de passion ayant été mis en cette affaire, le Roi ferait sagement de
rétablir ce magistrat. » écrivait-il le 12 novembre 1686. »

Version relevée dans le « Dictionnaire généalogique des familles Bolduc d’Amérique » de


Monique Bolduc-Bégin et Pierre Bolduc.6
« On dit dans un certain écrit, que Louis Bolduc était éduqué, délicat et charitable, qui [sic]
ne répondit jamais à l’injure par l’injure. Écrasé et humilié il disparut dans le silence »

Version relevée dans le « Dictionnaire biographique des ancêtres Québécois » de Michel


Langlois.7
« Sa nomination comme procureur de la Prévôté de Québec ne fait pas l’affaire de certains
intriguant parmi les conseillers qui visaient eux-mêmes ce poste. Ils mettront tout en œuvre
pour le faire destituer »

Version relevée dans « Nos ancêtres » de Gérard lebel.8


« La tempête.
Le grand Frontenac de caractère ombrageux et vindicatif voulait tout contrôler. En nommant
Bolduc procureur de la Prévôté, il prétendait affaiblir l’influence puissante du conseil
Souverain. À Québec, l’atmosphère était électrifiée. Le fils de l’intendant Duchesneau,
Jacques-Marie, adolescent de 16 ans, avait fredonné des airs moqueurs du haut des
palissades du cap. Frontenac commanda son arrestation, lui administra des coups de canne,
faillit même lui arracher la manche de son manteau et le jeta en prison pour un mois (…) Le
conseiller (au Conseil souverain) Mathieu Damours avait obtenu un permis de traite valide
de l’intendant (Duchesneau) pour la région de Matane. Frontenac le fit arrêter pour le
traduire devant le Conseil. Attaquer Frontenac de front, c’était beaucoup risquer. Colbert lui-
même se plaignit de la tyrannie du gouverneur. Le Conseil déclara donc la guerre à son ami
trop fidèle, Louis Bolduc.

En relisant les écrits de cette époque troublée, nous découvrons quelques escarmouches à
partir de 1679, puis la guérilla et la guerre ouverte. Notre ancêtre fut traité de tout ce que
vous voulez. Fripon, et voleurs sont des mots trop faibles. Ce fut l’interminable procès.
Frontenac fit son possible pour sauver son protégé. Il écrivit même en France : M.
Duchesneau « fut informé de sa vie et ses mœurs depuis 17 ans qu’il est en ce pays quoiqu’il
en ait six qu’il a été reçu en la dite charge…sans aucune plainte ni opposition, et il a fait

6
Bolduc-Bégin, Monique & Bolduc, Pierre. « Dictionnaire généalogique des familles Bolduc
d’Amérique ».Bibliothèque de la société de généalogie de Québec. P. 4.
7
Langlois, Michel. « Dictionnaire biographique des ancêtres québécois (1608-1700) ».
8
Lebel, Gérard, C. Ss. R. . . « Nos ancêtres ». Vol. 2, pp. 19-20.
11

entendre soixante dix et témoins sans y avoir trouvé, à ce qu’on dit manière d’asseoir une
condamnation ».

Le 20 mars 1682, le Conseil Souverain prononçait un jugement de crimes et malversations.


Frontenac s’interposa encore. Rien n’y fit. Denonville (le nouvel intendant succédant à
Duchesneau) ne voulut pas rétablir Louis dans ses fonctions en 1686, pour éviter de réveiller
les querelles. Le Roi cassa officiellement Bolduc comme procureur, le 4 juin 1686, cinq ans
après sa mise en accusation. »
12

Mise en contexte

Avant de présenter chronologiquement tous les événements qui touchent Louis Bolduc, il est
nécessaire de faire une mise en contexte de l’organisation judiciaire de l’époque concernée car
la plupart des éléments qui suivent sont reliés à sa vie professionnelle ou à son procès.

La Prévôté de Québec.9 La Prévôté de Québec a été créée en mai 1667 par la Compagnie des
Indes occidentales qui a obtenu par le roi, dans l’édit de sa constitution en 1664, le pouvoir de
nommer des officiers de justice. Ne voulant pas écrire l’histoire de la Prévôté de Québec,
précisons que pour la période qui nous intéresse, elle n’a jamais cessé d’exister et de rendre la
justice malgré l’abolition de la Compagnie des Indes occidentales.

La Prévôté de Québec était composée d’un lieutenant-général, d’un procureur du roi, d’un
greffier et d’un huissier qui pouvait être à la pige. À l’époque qui nous intéresse, soit de 1676
à 1686, ces officiers étaient: Louis Théandre Chartier de Lotbinière, écuyer, conseiller du roi,
lieutenant-général, civil et criminel et ancien conseiller au Conseil souverain, qui agissait
comme juge, Louis Bolduc, conseiller, procureur du roi, Gilles Rageot, greffier et Jean
Levasseur, huissier. Louis Bolduc était le deuxième à être nommé à ce poste. Dans cet
intervalle de 1676 à 1686, certains officiers ont été remplacés; nous signalerons ces
changements dans le cours des événements qui suivent, lorsque nécessaire.

La Prévôté de Québec était une cour de justice royale dont le rôle consistait à être
responsable, en première instance, des affaires relatives à la justice, à la police, au commerce
en général, dont le commerce maritime, et à la marine. Elle pouvait, en plus, servir de cour
d’appel pour les affaires traitées dans les cours seigneuriales (baillages) situées sur son
territoire.

Entre 1663 et 1667, c’est le Conseil souverain qui avait assumé les responsabilités dévolues
par la suite à la Prévôté de Québec. Cette perte de responsabilités et de pouvoirs expliquera en
partie l’animosité que le Conseil souverain entretiendra à l’égard de la Prévôté de Québec.

Louis Bolduc nous a semblé avoir été en bons termes avec les autres officiers de la Prévôté,
du moins dans les premiers temps, particulièrement avec de Lotbinière qui était le parrain
d’un de ses enfants, ce qui toutefois ne l’a pas empêché de faire son devoir. Nous verrons
dans les événements qui suivent certains actes qui pourront nous donner un aperçu de ces
relations qui malgré leur civilité ont quand même donné lieu à des conflits.

La Prévôté de Québec siégeait dans la maison qui servait auparavant à la Sénéchaussée de


Québec, ancêtre de la Prévôté.10 Cette maison était située « dans la place du Château St-

9
Noël, Dave. Justice, Québec. « Les structures judiciaires ».
[http://www.justice.gouv.qc.ca/francais/ministere/histoire/structures.htm], Passim. (c.06-0927)
10
Perron, Guy. « Prévôté de Québec » (P. de Q.). Les éditions historiques et généalogiques Pépin. Collection
Notre patrimoine national. Tome VII, Introduction, p. X.
13

Louis »11qui se trouvait à l’emplacement de l’actuelle Terrasse Dufferin, « le long de la


Grande Allée, qui va de Québec au Cap Rouge ».12 Louis, durant cette période, demeurant sur
la rue St-Louis, nommée aussi à l’époque Grande Allée, au coin de ce qui est devenu la rue
Ste-Ursule mais plus près de ce qui était la rue Du Parloir, n’avait pas un long trajet à faire
pour se rendre à pieds à son travail. D’ailleurs, il ne possédait pas de cheval.

Château St-Louis en 1647


Modèle réalisé par Denis Tétrault
Encyclopédie Canadienne Historica

Le Conseil souverain a été établi en 1663 par un édit de Louis XIV. Son rôle était d’agir
comme tribunal d’appel en matière civile et criminelle dont les décisions n’étaient révocables
que par le conseil du roi, et d’assumer des fonctions administratives en participant entre autre
à la réglementation du commerce et de l’ordre public.13

Le gouverneur de la Nouvelle-France et l’intendant étaient membres d’office du Conseil


souverain. L’intendant le présidait. Ils « partageaient certaines zones d’autorité, ce qui
engendra souvent une opposition ouverte ou dissimulée entre les deux personnages »14 qui se
manifesta aux séances du conseil, comme nous le verrons plus loin. D’ailleurs, dès la
première année de sa création le Conseil fut le lieu d’une violente mésentente entre le
gouverneur de Mezy, prédécesseur de Frontenac, et Monseigneur de Laval, à propos de la
vente des boissons enivrantes et des nominations au Conseil.15 Le Conseil souverain fut un
endroit particulièrement propice aux chicanes; quelques unes frôlèrent d’ailleurs la tragédie.16

11
Bibliothèque et archines Nationales du Québec (BAnQ). Op. cit. (#11). Site Internet Pistard. Cote E1S1P794.
Ordonnance de l’intendant Raudot, du 9 mai 1711, qui autorise la démolition de cette maison, copie de l’acte
original que nous avons déchiffré.
12
BAnQ. Op. cit. (#11). Cote E1, S4, SS1, D280, P1. Concession par Pierre Voyer à Pierre Levasseur. Copie de
l’acte original que nous avons déchiffré.
13
Historica. « L’encyclopédie canadienne ». [http://www.thecanadianencyclopedia.com/]. (c.06-09-27).
14
Lacoursière, Jacques. « Histoire populaire du Québec des origines à 1791. ». Tome I, Édition du Septentrion,
1995, p. 123.
15
Roy, Pierre-Georges. « Les petites choses de notre histoire ». Sixième série, Lévis, 1931 P. 16. Passim.
16
Les Presses de l'Université Laval. « Dictionnaire Biographique du Canada, volume premier, de l'an 1000 à
1700 ». Montréal,1966. Pp. 137-146.
14

En 1676, année de la nomination de Louis à la Prévôté de Québec, le Conseil souverain est


composé comme suit :
Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau, gouverneur de 1672 à 1682;
Mgr. François de Montmorency Laval;
Jacques Duchesneau de la Doussinière et d’Ambault, intendant et président de 1675 à 1682;
Louis Roüer de Villeray, premier conseiller de 1663 à 1693;
Charles le Gardeur de Tilly, écuyer, seigneur, conseiller de 1663 à 1695;
Mathieu Damours de Chauffours, conseiller de 1663 à 1695;
Nicolas Dupont sieur de Neuville, conseiller de 1670 à 1716;
Charles Denis de Vitray, conseiller de 1673 à 1703;
Jean-Baptiste Depeiras, conseiller durant toute la période qui nous intéresse;
Denis Joseph Ruette D’Auteuil, procureur général de 1674 à 1679.
Furent aussi nommés par après :
François Madeleine Fortuné Ruette D’Auteuil de Monceaux, procureur général qui a succédé
à son père en 1680 jusqu’à 1707;
Claude de Bermen de la Martinière, conseiller de 1678 à 1703.

Le siège du Conseil. Le Conseil souverain siégeait dans une salle du Château St-Louis qui
était aussi la demeure du gouverneur Frontenac et le siège de la garnison.17 Aucun des
membres du Conseil ne possédaient de local ou bureau contrairement aux personnel de la
Prévôté et au gouverneur. Cette proximité explique les nombreuses visites de certains
conseillers ou officiers, chez le gouverneur, lors d’une même journée de séance.

Puisque les événements qui concernent Louis se déroulent à une période de mésentente
virulente entre le gouverneur et le Conseil, qui constituait un arrière-plan dont Louis subissait
les conséquences, le caractère et les comportements de ces personnages doivent être
brièvement décrits pour mieux les comprendre, sinon les juger. Les traits caractéristiques
incisifs qui suivent découlent des écrits que nous avons analysés et dont nous verrons la
plupart des faits à l’appui, plus loin. Plusieurs historiens relèvent les qualités de ces mêmes
personnes mais elles n’ont aucune pertinence avec ce qui suit, c’est pourquoi nous n’en
parlons pas.

Le gouverneur Frontenac était un homme, irascible, impulsif, vindicatif, jaloux de ses


prérogatives, quelque peu despotique et même accusé de ne pas respecter les édits royaux ou
ses propres ordonnances qu’il se devait de faire appliquer. Voilà le personnage que nous
avons découvert en analysant les nombreuses délibérations du Conseil souverain et ses
propres écrits. Il était protecteur, pour ne pas dire paternaliste, à l’égard non seulement de
Louis Bolduc, ce dont il ne se cachait pas, mais des prévôtés royales de Québec et Trois-
Rivières et des personnes qu’il avait nommées à des postes importants. Il n’acceptait pas de
partager ses pouvoirs avec le Conseil et semblait détester son intendant Duchesneau avec
lequel, selon les procès-verbaux, il avait des rapports tendus. Il était direct et sans gêne pour
exprimer ses vues. Il a fait emprisonner des gens et même des officiers malgré l’interdiction
formelle qui lui en était faite par le roi. Dans la chronologie des événements qui concernent
Louis Bolduc, nous verrons en détail plusieurs des actes de Frontenac qui s’insèrent en

17
Législature de Québec. « Jugements et délibérations du Conseil souverain de la Nouvelle-France » (JdCSNF).
Vol. 2. Pp. 272 et 696.
15

corollaire au procès de Louis, procès qui sert de prétexte à Frontenac pour ses affrontements
avec le Conseil.

L’intendant Duchesneau. Jacques Lacoursière qui cite les propos de l’historien Thomas
Chapais rapporte la description suivante concernant Duchesneau : « était un homme attaché à
ses droits et prérogatives et il était doué d’une grande énergie et d’une rare ténacité de
caractère, (…) tracassier, opiniâtre, minutieux et provoquant sous une forme correcte et
apparemment modérée. » Parlant de ses relations avec Frontenac : « Évidemment, un de ces
deux hommes est de trop à Québec »18 L' « intendant Duchesneau ne réussit pas à poursuivre
l'œuvre de son illustre prédécesseur Jean Talon, surtout à cause de ses relations difficiles avec
Frontenac. Ainsi, il assume pleinement son rôle redéfini par Colbert en 1675 afin de
distinguer ses responsabilités de celle de Frontenac. Celui-ci, autoritaire et jaloux de ses
prérogatives, et l'intendant, honnête mais peu conciliant, s'affrontent pendant six ans; véritable
querelle de pouvoir et de prestige à propos de tout et de rien… ».19

Nous avons relevé un des nombreux exemples de la façon indirecte et subtile dont
Duchesneau affronte Frontenac. À notre connaissance, il se sert le plus souvent du Conseil
comme paravent. Le sujet concerne la détermination de la valeur des monnaies. Frontenac est
invité par le Conseil, le 3 février 1682, à prendre sa place au Conseil pour discuter de l’affaire
des monnaies. Les extraits suivants de la réponse qu’il donna par écrit au greffier, le 28
décembre 1681 et le 12 janvier 1682 et qu’il réitère, sont caractéristiques des relations des
deux personnages : « Disons qu’il y a lieu de s’étonner que la compagnie (le Conseil) ait traité
pendant plusieurs séances de l’affaire des monnaies sans nous en avoir donné aucune
participation. Et que quand le seizième du présent mois, une demi heure seulement avant
qu’elle s’assembla, le greffier vint de sa part nous avertir qu’on en parlerait ce jour-là, il n’ait
eu (la) charge, à ce qu’il nous dit, de le faire de la même manière qu’il devait en donner avis à
d’autres personnes du Conseil, comme si en ces rencontres, les choses devaient être égales
entre elles et nous … ». « Que ce n’est pas en ce lieu que nous gouverneur devons commencer
à les examiner mais qu’après qu’il aura plu à monsieur l’intendant d’en conférer et
communiquer avec nous, comme il a ordre de sa majesté de le faire sur toutes les affaires
générales et que nous aurons vu ce qui est le plus expédient pour le service du Roi et le bien
du pays, nous porterons au Conseil les sentiments unanimes … ». Frontenac demande que sa
réponse soit inscrite au registre du Conseil car il ne sait, si comme il l’a demandé le 12
janvier, cette réponse y est inscrite. D’abord, elle n’était pas inscrite puisque Duchesneau et le
Conseil décident ce 3 février de l’y inscrire pour cette fois seulement. Ensuite, il est clair que
Duchesneau n’a pas tenté de « conférer » avec Frontenac et qu’il n’est pas intéressé à le faire,
préférant faire la sourde oreille. 20

Le procureur général. Denis Joseph Ruette d’Auteuil, supporte Duchesneau dans toutes ses
actions et décisions comme nous l’avons constaté dans l’analyse d’un grand nombre de
procès-verbaux des séances du Conseil souverain. Frontenac lui fournit bien des occasions
d’opposition et D’Auteuil dans des termes révérencieux n’en manque aucune pour lui

18
Lacoursière, Jacques. Op. cit. (#14). P. 157-158.
19
Beauregard, France. Historica. « L’encyclopédie canadienne ». [ http://www.thecanadianencyclopedia.com].
(c.05-10-22).
20
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. 2. Pp. 751-752.
16

manifester ses manquements avec subtilité. D’Auteuil décède le 27 novembre 1679 et son fils
François Madeleine sera nommé par l’intendant pour le remplacer le 24 octobre 1680.
L’intendant avait obtenu au préalable, des lettres de provisions pour nommer un remplaçant
mais le nom était laissé en blanc. En plus, D’Auteuil père, avant de mourir, avait recommandé
son fils. Frontenac, s’y oppose vu l’âge du candidat, il n’a que 23 ans et est donc mineur. La
majorité est à 25 ans à cette époque. Le Conseil passe outre à son avis. D’Auteuil fils
continuera l’œuvre d’opposition à Frontenac avec plus de zèle que son père. C’est lui qui
amorcera le procès contre Louis Bolduc et constituera l’essentiel du dossier, de sorte que
malgré son passage en France de novembre 1681 à l’automne 1682, son remplaçant n’y
ajoutera aucun élément important pour la poursuite de l’affaire qu’il conduira jusqu’à sa
conclusion.

Monseigneur de Laval. Il était presque toujours présent au Conseil lors des séances que nous
avons analysées. Cependant, les procès-verbaux ne relèvent aucune intervention de sa part.
Évidemment, la séparation des rôles de l’État et de l’Église devait lui imposer une certaine
réserve. Toutefois, un silence aussi total ne laisse pas de nous étonner.

Frontenac Louis XIV Colbert Mgr. de Laval


17

Chronologie et historique des événements concernant Louis Boulduc.


Nous décrivons ici, en détail, chronologiquement et historiquement tout ce qui est lié de près à
Louis Bolduc et cela indistinctement, qu’il s’agisse de sa vie privée, de sa vie familiale, de sa
vie professionnelle, de sa situation financières ou de ses comportements. Notre but est de
mettre en contexte tous les événements que nous avons découverts de façon à mieux connaître
l’individu dans son entièreté humaine plutôt que de faire une description compartimentée de
sa vie. Toutefois, en ce qui a trait à sa vie professionnelle, soit comme procureur du Roi à la
Prévôté de Québec ou soit dans ses rapports avec le gouverneur Frontenac et le Conseil
Souverain, seuls les faits reliés directement au procès qui lui a été intenté, ou qui sont
susceptibles de mettre ces faits en lumière, sont retenus.

1648 « Louis Bolduc (Boulduc) était de bonne race. Son père Pierre, maître apothicaire-
épicier, demeurant rue St-Jacques, paroisse St-Benoît, à Paris. Sa mère Gillette Pijart avait
paraît-il, deux frères Jésuites, Pierre et Claude, qui vinrent au Canada; son frère Simon
(Boulduc), apothicaire de la reine d’Espagne devint juge consul de Paris et reçut ses titres de
noblesse. Né en 1648, Louis fit ses études dans la ville-lumière avant de servir sa patrie sous
les drapeaux et d’être envoyé au Canada. »21

Louis était une personne bien éduquée, instruite et cultivée. Ses écrits, sans être
timides, le démontrent tout autant que les procès-verbaux qui rapportent ses paroles et
qui nous ont fait percevoir un personnage poli et déférent.

Claude Pijart, jésuite, frère de Gillette, fut curé de Notre-Dame de Montréal (Ville-Marie) de
1650 à 1657.22 Lui et son frère Pierre, aussi jésuite, étaient en Nouvelle-France depuis 1637.23

13 mai 1665 Embarquement de Louis sur le bateau Aigle d’Or avec le Régiment Carignan-
Salières qui fera voile vers la Nouvelle-France.24 Louis Fait partie de la compagnie d’Hector
d’Andigné sieur de Grandfontaine.25

La mission confiée au Lieutenant général Alexandre de Prouxville de Tracy de qui relève le


régiment, consistait : « …au Canada, porter la guerre jusque dans les foyers des Iroquois pour
les exterminer entièrement. »26

21
Lebel, Gérard. Op. cit. (#8). Volume 14, 5° édition, p. 17.
22
Lalancette, Claude. Adhémar. Base de données du Groupe de recherche sur Montréal. « Chronologie des curés
de Montréal ». [http://cca.qc.ca/Adhemar/chroncures.stm]. (maj.00-03-01) (c.06-09-27).
23
Bibliothèque et Archives Canada. «Dictionnaire biographique du Canada en ligne ». [www.biographi.ca]
(c.05-10-31).
24
Campeau, Charles Aimé, archiviste, Montréal. «Navires venus de Nouvelle-France, Gens de mer et
passagers, des origines à la conquête », [http://www.axelnelson.com/skepp/saint] [05-09-09] (05-11-01).
25
Lebel, Gérard. Op. cit. (#8) P. 17.
26
Lacoursière, Jacques. Op. cit. (#14). P. 106.
18

Il semble bien que ces ordres n’étaient pas aussi formels qu’ils n’y paraissent et ne
correspondaient pas à une véritable volonté d’extermination puisque plus tard, on a choisi de
faire la paix avec les Iroquois.

19 août 1665 Arrivée à Québec de l’Aigle d’Or après 98 jours de traversée de l’Atlantique.27

Une traversée de cette durée n’était pas chose rare quoique généralement les traversées
fussent plus brèves.

20 août 1665 Louis part faire la guerre avec son régiment dans la région du
Richelieu. 28
Le régiment construit trois forts sur le Richelieu dont le Fort Chambly. Ils tuent
peu d’Iroquois car ces derniers fuient devant l’ampleur de l’armée française
mais ils brûlent leurs villages déserts et s’emparent de leurs provisions.29

Aucun écrit ne nous indique ceux qui, parmi ces soldats, se sont véritablement
battus.

2 octobre 1665 Début des travaux au Fort Ste-Thérèse auxquels la compagnie de Louis est
affectée. 30

22 octobre 1665 M. de Courcelle affecte les compagnies La Motte et Grandfontaine à la


construction du chemin reliant le fort Ste-Thérèse à celui de St-Louis.31

26 janvier 1666 La guerre est déclarée entre la France et l’Angleterre.32

8 juillet 1667 La paix intervient avec les Iroquois.33

La preuve est ici faite que le véritable but des Français était le commerce des fourrures
et non l’extermination d’un peuple.

28 août 1667 Tracy, sa mission accomplie, retourne en France. Environ 400 de ses soldats,
dont Louis, demeurent au Canada.34 Louis reçoit son congé probablement à la fin 1667.35

27
Campeau, Charles Aimé. Op. cit. (#24) Nous avons opté pour cette date et cette référence qui nous emble la
plus factuelle. Selon Gérard lebel, (op. cit.#8) ce serait le 17 à 10heures du soir, selon le « Dictionnaire des
ancêtres québécois Nos origines » de l’Institut Drouin, ce serait le 18 et enfin selon La société des filles du Roi et
soldats du Carignan Inc. dans son site Internet à la page Régiment de Carignan\Navires de Carignan,
[http://www.fillesduroi.org/French/About_Us/about_us.html] (c.06-02-10), ce serait aussi le 18. Ces dernières
sources semblent déterminer la date d’arrivée par déduction.
28
Lebel, Gérard. Op. cit. (#8). P. 17.
29
Lacoursière, Jacques. Op. cit. (#14). Pp. 107-108
30
Lebel, Gérard. Op. cit. (#8) P. 17.
31
Ibidem.
32
Lacoursière, Jacques. Op. cit. (#14). P. 109.
33
Ibidem. P. 111.
19

Louis XIV accorde à ceux qui demeurent « des vivres pour un an et des gratifications.
L’intendant Talon voit à ce que des terres leur soient concédées »36 La gratification est de 100
livres pour les soldats comme Louis.37

Nous ne trouvons aucun document démontrant que Louis a bénéficié de ces avantages.
La concession d’une terre se faisant devant un notaire, un contrat en aurait été la
preuve. Entre la date de sa libération du régiment que nous ne pouvons préciser et la
date de son contrat de mariage, Louis demeurait possiblement à la garnison du
Château St-Louis située à l’emplacement actuel de la terrasse Dufferin. Puisqu’on lui
fournissait des vivres pour un an et une gratification de 100 livres (certains prétendent
que les simples soldats n’ont reçu que 50 livres), il avait de quoi vivre pour quelques
mois sans s’endetter.

25 septembre 1667 Arrivée à Québec du navire « Le St-Louis » venu de Dieppe qui amène à
son bord 109 « filles du Roi », dont 84 de Dieppe, parmi lesquelles se trouve Élizabeth
Hubert.38

Fille issue d’une famille bourgeoise et apparentée à des nobles, Elizabeth était tout le
contraire d’une « fille de petite vertu » tel que l’a prétendu le Baron de Lahontan au
sujet des filles du Roi.

Arrivée des filles du Roi à Québec39

8 août 1668 Contrat de mariage entre Louis Boulduc et Élizabeth (elle signait Élisabelle)
Hubert devant le notaire Jean Le Conte dans la ville de Québec. Élizabeth, « fille du Roi »,
apporte une dot de 400 livres « pour tous ses meubles habits bagues et joyaux ».40

34
Lacoursière, Jacques. Op. cit. (#14). P. 111.
35
Lebel, Gérard. Op. cit. (#8). P. 17.
36
Jacques Lacoursière. Op. cit. (#14) P. 111.
37
Bolduc, Charles Émile. « Journal d’une vie de famille », 2002, Distrib. Librairie de A à Z, p. 6.
38
Campeau, Charles Aimé. Op. cit. (#24).
39
Filles du Roi arrivant dans le port de Québec (illustration C.W. Jeffreys, Archives nationales du Canada)
[http://www.civilization.ca/educat/oracle/modules/cgourdeau/page02_f.html#accueillir]. (c.07-03-12)
40
BAnQ. Op. cit. (#11). Archives judiciaires. Palais de justice de Québec. Greffe des notaires. Notaire Jean
LeConte.
20

Des personnages de haut rang sont présents et signent, comme témoins, chez le notaire : le
gouverneur lieutenant général de la Nouvelle-France le baron Rémy de Courcelles, la veuve
de l’ex-gouverneur Louis Daillebout, Jean Talon intendant de la N.F. et des représentants du
Régiment Carignan-Salières : le capitaine De Grandfontaine, le lieutenant Prévost et
l’enseigne Degranville ainsi que quelques autres personnes dont le titre nous est inconnu.41
(Annexe 2 – Contrat de mariage).

Il n’était pas exceptionnel que des personnages importants assistent à la signature d’un
contrat de mariage et au mariage lui-même, toutefois, dans ce cas leur nombre et leur
rang pourrait indiquer la considération qui était témoignée aux époux.

Quel sens devons-nous donner à l’expression « pour tous ses meubles habits bagues et
joyaux »? Si nous concluons qu’elle apportait 400 livres en monnaie ou en billet, le
ménage n’aurait pas eu les difficultés financières qu’il semble avoir eu quelques mois
plus tard, sauf s’ils ont mené un train de vie très bourgeois entre temps. Nous croyons
plutôt que la dot était établie sur la base des valeurs qu’apportait Élizabeth, d’où la
nécessité de l’énumération. De toute façon, cette valeur qui correspondait au revenu
annuel d’un personnage d’un certain rang ou à la moitié du prix de la ferme qu’ils
acquerront plus tard, donne une idée du niveau de vie auquel était habituée Élizabeth.

Signatures de Louis et Élizabeth : 42

20 août 1668 Mariage de Louis et Élizabeth à Québec par Henri Debernières, prêtre. Les
pères et mères des mariés étant résidents de France, sont absents mais n’étant pas indiqués
comme décédés comme c’est la coutume, le cas échéant. Rémy Decourcelle gouverneur,
Nicolas Dhautcourt écuyer et enseigne au Régiment Carignan et Jean LeConte notaire sont
témoins Plusieurs autres personnalités étaient présentes. 43

Henri De Bernières était le fils de De Bernières Louvigy, fondateur d’un ermitage à


Caens en France, où M. l’abbé Montigny qui deviendra Mgr François de
Montmorency Laval vicaire apostolique de la Nouvelle-France, passa trois ans. Henri
Debernières arriva à Québec sur le même bateau que Mgr Laval qui l’ordonna prêtre à
Québec et le nommera premier curé au Québec, dans la paroisse de Notre-Dame de

41
Société du Musée Canadien des civilisations. « Un contrat de mariage ». [http://www.civilization .ca]
(maj.01-08-02) (c.05-10-17).
42
BAnQ. (Op.cit. (#11). Copie intégrale du contrat de mariage original, sur microfilm de l’Institut généalogique
Drouin.
43
Université de Montréal., « Programme de recherche en démographie historique [PRDH] » Relevé d’acte
#66782.
21

Québec première paroisse à être érigée canoniquement. Debernières sera aussi


supérieur du Séminaire de Québec.44

Il baptisera cinq des sept enfants de Louis et Élizabeth.

Selon André Vachon, ils se fixèrent sur une terre à Charlesbourg, qu’ils acquirent plus
tard.45Selon Jacques Lacoursière, ils se fixèrent à Beauport.46Enfin selon Gérard Lebel,47 ils
n’habitèrent leur maison de ferme qu’au début de l’année 1670.

Aucun de ces auteurs n’apportant de précision à l’appui de leur affirmation, nous


ignorons où ils se logèrent entre le jour de leur mariage et, soit la date d’achat de leur
ferme ou peu après, soit le début de l’année 1670.

19 mai 1669 Louis est à Paris et demeure temporairement chez ses parents rue St-Jacques, là
où il est né. Il les «… aurait supplié de le vouloir assister de quelque chose pour faire son
établissement et négoce de marchandise [sic] au dit lieu… « Kébec » ». Louis « a
reconnu…avoir reçu de…ses père et mère, la somme de 15 000 livres et en advancement
d’hoirie (héritage) … ».48

Il n’est pas précisé dans l’acte s’il s’agit de livres parisis qui avaient cours à Paris ou
de livres tournois qui avaient cours en France et au Québec. La livre de Paris valait
25% de plus que la livre tournois. Y-a-t-il erreur dans le déchiffrement de l’acte? La
somme nous parait mirobolante si on considère qu’une ferme de bonne dimension
avec bâtiments et en exploitation se vendait moins de 1000 livres tournois au Québec,
à ce moment. Elle nous apparaît encore plus exorbitante en connaissance de la
situation financière de Louis dans les événements qui suivent.

Rien ne dit si Élizabeth accompagnait Louis dans ce voyage en France. Le départ de


louis a dû se faire en avril ou au plus tôt en mars, tenant compte des glaces sur le
fleuve. Nous doutons qu’une femme enceinte de cinq ou six mois, de son premier
enfant, ait décidé de faire un tel voyage avec tous les risques qu’il comportait.

10 juillet 1669 Naissance de Louis, 1° enfant du couple baptisé dimanche le 14 par Charles
De Lauzon à la chapelle de Beauport.49

44
Gosselin, Auguste, abbé. « Les normands au Canada, Henri De Bernières, Premier curé de Québec ».
Imprimerie de l’Eure, Évreux, 1896, p. 44-45.
45
Vachon, André. Bibliothèque et Archives Canada. « Dictionnaire biographique du Canada en ligne ».
Recherches rapide des biographies. Bolduc, Louis. [http://www.biographi.ca/FR/] (maj.05-09-29) (c.06-02-10).
46
Lacoursière, Jacques. Op. cit. (#14). « Nos racines, l’histoire vivante des québécois »s. Fascicule numéro 9.
« Nos grandes familles ».
47
Lebel, Gérard. op. cit. (#8). P. 18.
48
Devant Bonodat et Quarre. Arch. Nat. (France) Min. central, XLIII, 131. Cité dans : « Journal d’une vie de
famille » par Bolduc, Charles Émile. Op. cit. (#37). P. 8 (Copie intégrale de l’acte déchiffré). - Lebel, Gérard.
Op. cit. (#8). P 18.
49
PRDH. Op. cit. (#43). Relevé d’acte #58320.
22

7 octobre 1669 Achat d’une terre de 40 arpents de Jacques Bédard à Charlesbourg, au coût
de 800 livres.50 Jacques Bédard est le fils d’Isaac Bédard premier arrivant de ce patronyme au
Québec.51 Il s’agit d’une concession située entre les terres de Michel Chrétien et Jacques
Galarneau. Elle comprend une maison, une grange et les dépendances. La maison n’étant pas
« logeable », le vendeur s’oblige à refaire le plancher, une cloison, une petite « refente » (mur
de séparation52) avec deux portes et à clore la grange en autant que l’acheteur fournisse les
planches et les clous.

Louis a emprunté cette somme aux Jésuites et c’est le R. P. Joseph Boursier, qui la verse en
son nom, directement au vendeur de la terre.53

Pour bien comprendre en quoi consistait cette terre, première propriété connue de
notre ancêtre, précisons d’abord que la dimension est exprimée en superficie et non de
façon linéaire.

Le trait-carré est un concept de division des terres qui revient aux Jésuites et qui
consistait à distribuer quarante terres de dimensions égales, contenues dans un
quadrilatère de 40 arpents de coté selon un découpage radial partant du centre et allant
vers les cotés, chaque terre devant mesurer 4 arpents sur le coté et rien au centre. En
somme chaque terre constituait un triangle pointu d’un bout (au centre), ayant quatre
arpents de large à l’autre bout (le coté du carré) et profonde d’environ (en raison de la
diagonale) vingt arpents (la moitié du carré). Toutefois, les jésuites ont réservé pour la
commune (l’ensemble des censitaires ou « locataires de terre »), au centre du grand
carré, un carré de cinq arpents de coté appelé encore aujourd’hui le Trait-Carré. Ce
dernier carré avait pour effet d’enlever la pointe de chaque terre et ainsi chaque terre
avait quatre-vingt-dix pieds de large en façade sur le trait-carré. Toutes les quarante
terres étaient donc réduites également à environ 39,4 arpents de superficie mais
chacune avait son accès au trait-carré. Au centre du trait-carré, un autre petit carré était
réservé pour la chapelle. En février 1665, les Jésuites avaient concédé trente terres sur
trois cotés, retardant le moment de concéder ou se réserver les terres du coté sud soit
du coté regardant vers Québec (Voir photo). Les terres du Trait-Carré étaient limitées
vers le nord, à l’actuel Boulevard Jean-Talon à Orsainville et près de la voie ferrée
(devenue piste cyclable) du coté sud.54

Plusieurs ont donné à Jean talon le crédit de la répartition des terres du Trait-Carré
mais il n’est arrivé au Québec que le 12 septembre 1665 soit environ sept mois après
qu’elles furent concédées.55

50
BAnQ.Op. cit. (#11). « Collection Marcel Trudel d’actes notariés », Microfilm M136/7 – Image no. 270.
51
PRDH. Op. cit. (#43). Relevé d’acte #4327.
52
Le mot juste aurait dû être « refend » qui selon « Le petit Littré », Galimard, Hachette, Édition 1873, réédition
1959, p. 1890 : « Mur de refend ou simplement un refend, mur qui sépare les pièces de dedans d’un bâtiment ».
53
BAnQ. Op. cit. (#11). Greffe du notaire Pierre Duquet, acte déchiffré.
54
Villeneuve, Cécile. “Charlesbourg, son histoire”. Collections réunies. Edit. Copie de la Capitale 2000. Passim.
Et notre interprétation.
55
Civilisation.Ca. « Jean Talon le bâtisseur ». [http://www.mef.qc.ca/Talon.htm]. (c.06-09-27).
23

La terre achetée par Louis Bolduc portait le numéro quatorze. Plus tard on lui a
attribué les nos 377, 378 et 379 du cadastre de Charlesbourg. Évidemment elle a été
morcelée à plusieurs reprises et ne constitue plus une terre de nos jours. Cependant,
aujourd’hui, la maison portant les numéros civiques 8233, 8235 et 8237 et sa voisine
portant le no. 8245 du Chemin du Trait-Carré, Ouest, coté nord (voir photo), sont sises
exactement là où la terre de Louis avait accès au trait-carré de l’époque, les terrains de
ces deux maisons équivalent à environ « les quatre-vingt-dix pieds de façade ».
Évidemment, la maison originale ainsi que les bâtiments n’existent plus.56

56
Informations obtenues à la Société historique de Charlesbourg avec la collaboration de Mme Ruth Giroux
Allaire, présidente.
24

Début 1670 «Le couple fermier improvisé s’installa sur sa terre… » 57

La date n’est pas précisée. Notons que leur premier né, Louis, a six mois en janvier et
qu’Élizabeth est alors enceinte de deux mois de son deuxième enfant.

30 juillet 1670 Naissance de Marie-Anne, deuxième enfant du couple.58

Elle a été baptisée à Charlesbourg par Claude Bijart (Pizart?) jésuite, probablement le
frère de sa grand-mère.

25 août 1670 Devant le notaire royal Pierre Duquet, Louis reconnaît devoir 700 livres en
argent de Paris, empruntés au Révérend frère Joseph Boursier de la Compagnie de Jésus avant
cette date. Il hypothèque ses biens meubles, immeubles, l’héritage attendu de son défunt père
(ce qu’il en reste), une somme de 500 livres due par Claude Hubert, son beau-père pour la dot
de sa fille Élizabeth et tout autre somme qui pourrait leur échoir dans l’avenir, en garantie du
prêt. Il promet de rembourser pour Noël de cette même année en « même argent de Paris ». 59

Le contrat ne fait aucune allusion à l’achat de la ferme de Charlesbourg. Toutefois,


comme il s’agit du même prêteur, il semble assez évident que Louis reconnaît par ce
contrat que la somme prêtée concerne le versement fait en son nom par le frère
Boursier pour l’achat de la ferme même si l’obligation qui y est mentionnée porte sur
une somme de 700 livres au lieu des 800 livres qu’a coûté la ferme. Cette différence de
100 livres provient-elle d’un versement que Louis aurait fait? Le contrat d’obligation
l’aurait précisé. Il s’agit plus probablement d’une somme remise au frère Boursier au
moment de l’achat de la ferme comme acompte personnelle que le contrat d’achat de
la ferme n’avait pas à mentionner.

Ce contrat mentionne une dot de 500 livres due à la communauté de Louis et Élizabeth
par le père de cette dernière, Claude Hubert, alors que leur contrat de mariage (voir ci
haut) précise que la dot est de 400 livres. Claude Hubert se serait-il engagé à verser
une dot de 500 livres en plus de la dot qu’aurait apportée Élizabeth elle-même, d’une
valeur de 400 livres? L’interprétation stricte de ces contrats nous conduit à cette
conclusion : Élizabeth apportait 900 livres en dot. Évidemment, nous ne pouvons
écarter la possibilité d’une grossière erreur qui serait à l’effet que les 500 livres et les
400 livres se rapporteraient à la même dot. Malheureusement, le contrat de mariage, ni
d’ailleurs aucun papier que nous avons consultés, ne mentionnent le nom de Claude
Hubert en rapport avec la dot, quoique normalement c’était les parents qui
pourvoyaient à la dot de leur fille.

Pourquoi Louis en est-il rendu à emprunter 700 livres quelques mois après avoir
touché une somme de 15 000 livres de ses parents? A-t-il fait du négoce tel qu’il a été
précisé comme motif de la demande d’avance sur son héritage ? Dans ce cas aurait-il

57
Lebel, Gérard. Op. cit. (#8). P. 18.
58
PRDH. Op.cit. (#43). Acte de baptême #58449.
59
BAnQ. Op. cit. (#11). Greffe du notaire Pierre Duquet. Copie du contrat original sur microfilm Drouin que
nous avons déchiffré.
25

perdu autant d’argent? Mystère, aucune trace ne subsiste. Il ne semble avoir affrété
aucun bateau et il n’était pas un marchand reconnu, nous aurions retrouvé sa trace et le
titre de marchand dans des actes notariés. A-t-il menti à ses parents pour obtenir son
avance? De toute manière, où cette somme est-elle passée? Même en réduisant
arbitrairement sa valeur à 1500 livres, qu’en est-il advenue?

Il s’agit de la première intrigue que nous pose la situation financière de notre ancêtre
mais ce n’est pas la dernière, loin de là.

5 septembre 1670 Élizabeth, l’épouse de Louis, élevée dans la bourgeoisie parisienne ne


semble pas s’adonner à toutes les tâches ménagères. En effet, à cette date Louis comparait
devant la Prévôté de Québec, il a maille à partir avec sa blanchisseuse à qui il réclame une
jupe qu’elle a emportée de chez-lui. Marie Delastre, femme de Pierre Morterel accepte de lui
rendre la jupe s’il lui verse les douze francs (livres) qu’il lui doit pour quatre mois de
blanchissage et ajoute qu’elle n’accepterait pas de retourner chez-lui parce qu’il l’a maltraitée
et lui a fait des injures. Louis réplique que tous deux ont convenu verbalement que Marie
recevrait trente-six livres par an, payable après l’année écoulée, pour le blanchissage et il nie
l’avoir maltraitée ou injuriée. Le juge ordonne à la blanchisseuse de rendre la jupe et de payer
les dépens de la comparution. Il ordonne à Louis de verser à cette dernière neuf livres en
argent ou en bon blé ou en marchandises au prix de magasin selon le choix qu’elle fera. 60

Le mot « maltraittée », tel qu’il apparaît dans le jugement, ne concerne pas forcément
des traitements physiques, dans ce cas. Avec l’expérience de l’analyse de dizaines de
sentence de cette cour nous pouvons affirmer que le juge aurait détaillé ce genre de
traitement.

Plusieurs historiens nous décrivent le quotidien des habitants i.e. ceux qui possédaient
une ferme. Le recours aux services d’une blanchisseuse n’était pas une pratique de
cette classe de gens.

10 novembre 1670 Louis, « demeurant ordinairement » à Charlesbourg, est devant le notaire


Pierre Duquet dans la ville de Québec et il reconnaît avoir emprunté auparavant, de Pierre
Nolan bourgeois, la somme de deux cent trente livres tournois en argent de France. Il s’oblige,
par contrat, à rendre cette somme en argent de même nature, au sieur Nolan « ou au porteur »
au plus tard le premier mars 1671. En garantie additionnelle il donne l’adresse de sa mère
résidant à paris qui honorera l’engagement. 61

Il s’agit en fait d’une reconnaissance de dette couverte par un billet au porteur. La


raison de l’emprunt n’est pas précisée. Il n’y a aucune quittance pour cette dette, bien
au contraire comme nous le verrons plus loin. Il est possible que la terre achetée
l’année précédente n’ait pas rapporté suffisamment pour que Louis puisse subvenir
aux besoins de sa famille mais ce qui semble ressortir dès ce moment c’est qu’il est

60
Perron, Guy. Op. cit. (P. de Q.) . (#10). Tome II. Pp. 47-48.
61
BAnQ. Op. cit. (#11). Greffe du notaire Pierre Duquet. Copie du contrat original sur microfilm Drouin que
nous avons déchiffré.
26

possible qu’il vive au-dessus de ses moyens. Déjà, en peu de temps, il a emprunté onze
cent trente livres.

13 octobre 1671 Louis est devant la Prévôté de Québec. Il soutien qu’on lui a livré une
barrique vide alors qu’il a commandé à Alexandre Petit marchand de France une barrique de
vin que ce marchand a spécialement marquée pour lui selon ce que dernier lui a écrit. Louis
demande qu’on lui rende sa barrique de vin ou qu’on le crédite de quatre-vingt-trois livres. La
barrique est venue sur le bateau « La plume d’or » du capitaine Jean Goeslin (Gosselin) et le
marchand (affréteur) de ce navire est Daniel Biaille. Le juge ordonne que la barrique livrée
soit soumise aux experts Bazire Lavaltrie Migeon et Pierre Nolan. 62

Nous ne connaissons pas la suite de cette histoire qui s’est probablement réglée hors
cour. À cette époque une barrique bordelaise contenait 244 litres mais le type de
barrique n’étant pas précisé, en se référant à d’autres sources on apprend que la
barrique pouvait contenir au moins 225 litres. Ce n’était certainement pas tout le
monde qui pouvait s’offrir du vin à ce prix. Un ouvrier de métier tel qu’un charpentier
se faisait un revenu annuel d’environ 100 livres.

18 octobre 1671 Devant le notaire Pierre Duquet, Louis reconnaît devoir 133 livres à Pierre
Nolan qu’il promet payer le premier août 1672. Il ne s’agit pas d’un nouvel emprunt mais du
renouvellement de l’obligation de Louis envers Nolan pour le solde de 133 livres tournois
qu’il doit encore sur la précédente obligation du 10 novembre 1670.63

Pierre Nolan était cabaretier dans basse la ville de Québec sur la Rue Sault-au-Matelot.64

Cette nouvelle transaction explique peut-être la raison pour laquelle il y a un grand


« X » sur chacune des deux pages du contrat du 10 novembre 1670.

20 octobre 1671 Louis devait comparaître devant la Prévôté de Québec pour répondre à la
réclamation d’Adrien Michelon qui lui réclame trente-huit livres et dix sols pour pension et
nourriture mais il ne s’est pas présenté devant la cour. Une assignation à comparaître lui a été
remise la veille. Il est réassigné à une date non consignée.65

La suite de cette réclamation n’est pas relevée dans les procès-verbaux de la Prévôté,
car les requêtes faites à la Prévôté de Québec, comme pièces séparées, qui ne
conduisent pas à une décision, sont introuvables. La période concernée par la
réclamation n’est donc pas connue.

Des questions importantes surgissent avec cette révélation. Louis et son épouse ont-ils
vécu en chambre et pension entre la date de leur mariage et le jour où ils ont habité
62
Perron, Guy. (P. de Q.). Op. cit. (#10). Tome II. P. 350.
63
BAnQ. (Op. cit. (#11). Greffe du notaire Pierre Duquet, copie du contrat original sur microfilm Drouin que
nous avons déchiffré.
64
Beauregard, Denis. Généalogie des Français d’Amérique du Nord. « Voici la famille de Pierre Nolan dit
Chevalier et Catherine Houart ou Ouert ». [http://www.francogene.com/genealogie-quebec/000/652.php] (c.06-
09-27).
65
Perron, Guy. (P. de Q.). Op. cit. (#10). Tome II. P. 361.
27

Charlesbourg? Adrien Michelon, cordonnier, demeurait à Québec.66 Louis passait-il de


longs séjours à Québec alors qu’il habitait Charlesbourg? Une pareille somme
représentait plusieurs semaines de pension que ce soit pour une ou pour deux
personnes.

16 février 1672 Nicolas Dupont, écuyer, sieur de Neuville demande au juge de la Prévôté de
Québec de condamner Louis Bolduc à lui payer 270 livres, douze sols et six deniers, somme
restante de deux promesses que Bolduc lui a signées, l’une le 19 octobre 1671 et l’autre le 9
janvier 1672. L’une de ces promesses a été transportée au sieur Pinguet. Louis est condamné à
payer cette somme avec dépens, profits et intérêts à compter de ce jour.67

Ces promesses ne semblent pas avoir été prises devant un notaire. Aucun contrat ou
enregistrement ne les rapportent. Il est difficile de suivre les opérations financières de
Louis Bolduc car elles s’entremêlent. Aucune ne semble cependant à son avantage.

Ce même jour. Raymond Cornu est condamné, par la Prévôté de Québec, à payer à Louis
Bolduc la somme de quatre livres avec dépens (frais de cour).68

Aucune explication n’apparaît dans le procès-verbal.

18 mars 1672 L’huissier Levasseur agit comme procureur (pratique courante à cette époque)
pour Louis qui est condamné à payer 9 livres et quinze sols à Etienne Landeron durant les
fêtes de Pâques. En plus Louis doit payer quarante sols pour les frais d’assignation.69

Il est dit qu’à cette époque : « On plaide pour tout et sous n’importe quel prétexte; les
nobles pour la distraction, les marchands pour leurs commerce et les paysans pour la
conservation de leur patrimoine. » 70Toutefois, Louis ne voulait sûrement pas se
distraire dans le présent cas car il n’était pas présent.

26 avril 1672 L’épouse de Louis Lefebvre Battenville réclame à Louis Bolduc la somme de
quinze livres qu’il lui doit sur la somme de vingt-cinq livres convenue pour son blanchissage
à raison de 100 sols (ou 5 livres) par mois. Elle a déjà obtenu un jugement contre Louis pour
cette même raison devant le sieur Claude de Bouteroue mais ne l’a pas fait appliquer. Louis
réplique qu’il ne lui doit plus rien car il lui a remis dix francs (livres) et une brique de savon
par l’intermédiaire du frère Joseph (probablement le frère Joseph Boursier, Jésuite). Le juge
ordonne à Louis de revenir en cour après les semences. 71

La dette remonte avant 1670 vu le jugement précédent rendu par Claude de Bouteroue
qui a été intendant et donc juge au Conseil Souverain de 1668 à 1670.

66
BAnQ.Op. cit. (#11). Site Internet Pistard. Cote TP1, S28, P1168.
67
Perron, Guy. (P.de Q.). Op.cit. (#10). Tome III. P.27.
68
Ibidem.
69
Perron, Guy. (P.de Q.). Op.cit. (#10). Tome III. P. 47.
70
Dickinson, J.-A., “Justice et justiciables, la procédure civile à la Prévôté de Québec, (1667-1759)», Québec.
Presse de l’Université Laval. Pp. 3-4.
71
Perron, Guy. (P.de Q.). Op. cit. (#10). Tome III. P. 78.
28

15 octobre 1672 Naissance des jumeaux Louis (second de ce prénom) et Jacques, troisième et
quatrième enfants du couple.72

Ils seront baptisés à Québec le 17 par le curé Henri Debernières. Pour le baptême de
Louis, l’acte mentionne la présence de Frontenac et de Perrot, gouverneur de
Montréal.

21 octobre 1672 Louis se Plaint que François Blondeau l’a injurié chez le meunier Sicatteau
du moulin banal de Charlesbourg. C’est la femme de Blondeau qui comparaît au nom de son
mari alors que Louis est présent. Le juge ordonne au mari Blondeau de déclarer à Louis
devant le meunier et autres personnes qui ont entendu les injures que : « mal à propos Il les a
ditte Et luy en demande pardon ». Il condamne Louis à livrer à Blondeau, par l’entremise du
meunier, « pour Eviter à noiSe » (querelle), quatre minots de blé qu’il a recueilli (récolté) sur
sa ferme. Blondeau devra payer les frais de cour. 73

Louis devait probablement quatre minots de blé ou quelque chose de même valeur, à
Blondeau et celui-ci lui a probablement reproché ce fait, dans des termes injurieux,
devant le meunier et autres personnes présentes. Voilà qui expliquerait cette
condamnation qu’il a reçue alors que le juge lui donne raison sur la plainte qu’il a
formulée.

18 novembre 1672 Par devant le notaire royal Romain Becquet, il reconnaît qu’il doit 409
livres et dix sols à Jean Depeiras pour des marchandises qu’il lui a achetées. Pour rembourser
cette dette, il lui cède une vache à lait, mère, de poil rouge, valant soixante-quinze livres et
tout le blé qui se trouve dans sa grange soit 300 gerbes, qui lorsqu’il sera battu donnera, a
raison de soixante sols le minot de blé, une somme qui comblera environ le reste de la dette,
étant déduits les coût du battage et du transport de Charlesbourg à Québec où demeure le sieur
Jean Depeiras. Toutefois si la dette n’est pas éteinte avec cette transaction, Louis devra payer
la différence à Depeiras. Cette nouvelle obligation annule le compte que le sieur Depeiras a
adressé à Louis le 25 septembre 1672 pour ces mêmes marchandises et la lettre d’engagement
à les payer. 74

Jean-Baptiste Depeiras est un des témoins présents chez le notaire lors de la passation
du contrat de mariage de Louis et Élizabeth. 75 . Il a épousé en première noce Anne
Thirement fille de Jacques Thirement et de Marie Hubert qui était la tante d’Élizabeth

72
PRDH. Op. Cit. (#43). Actes # 58790 et # 58791.
73
Perron, Guy. (P.de Q.). Op. cit. (#10). Tome III. P. 207.
74
BAnQ. Op. cit. (#11). Greffe de Romain Becquet. Copie du contrat original sur microfilm Drouin que nous
avons déchiffré.
75
Ibidem. Archives judiciaires. Palais de justice de Québec. Greffe des notaires. Notaire Jean LeConte.
29

Hubert épouse de Louis. Donc Anne était la cousine d’Élizabeth.76 Depeiras est
conseiller (membre) au Conseil Souverain de la Nouvelle-France. 77

Le détail des marchandises achetées n’est évidemment plus trouvable. Jusqu’ici Louis
n’a jamais été qualifié de marchand. Pourtant le montant de ces marchandises semble
plus élevé que les besoins courants d’une ferme ou d’une famille pour cette époque.

8 août 1673 Élizabeth réclame de Michèle Delahaye, femme de Michel Pothier, qu’elle lui
rende les articles qu’elle lui a prêtés pour la « montre » de son enfant soit : un collier d’ambre,
une paire de bas, deux paires de chaussettes, une couverture à dentelle, un tour de col à
dentelle, une chemise neuve et un bonnet, le tout pour enfant. Le juge ordonne à Mme Pothier
de rendre les articles. 78

La « montre » de son enfant signifie probablement la présentation d’un nouveau-né


lors d’une certaine occasion. Nos recherches ne nous ont pas révélé ce dont il s’agit
véritablement.

20 novembre 1673 Michel Pothier dit Laverdure époux de Michèle Delahaye, étant le fermier
de Louis, réclame par l’intermédiaire de l’huissier Levasseur, son procureur, la somme de dix-
neuf livres que lui doit Louis. Par ailleurs, Pierre Jean, qui est présent, déclare qu’il doit
pareille somme à Louis. Le juge ordonne à Pierre Jean de donner les dix-neuf livres à Pothier.
79

C’est une pratique courante de payer des sommes avec des billets de reconnaissance
de dettes venant de tiers. Nous avons vu dans plusieurs jugements de cette époque que
le juge ordonne à un tiers de « vider ses mains » au créancier de l’accusé, i.e. qu’une
personne, (Pierre Jean) qui doit de l’argent à une seconde personne (Louis Bolduc)
peut se voir ordonner de verser l’argent dû à une troisième personne (Jean Depeiras)
plutôt qu’à la seconde, dans le cas ou la seconde personne doit de l’argent à la
troisième.

5 décembre 1673 La présente décision fait suite à une requête de Pierre Nolan à l’encontre de
Louis qui lui doit encore 193 livres. Par ailleurs, Pierre Jean doit quarante-sept livres, douze
sols et six deniers à Louis. Le juge ordonne à Pierre Jean de payer cette somme (« vider ses
mains ») à Pierre Nolan. Louis doit en plus payer les frais de cour.80

Louis n’a donc pas respecté son engagement de rembourser Nolan pour le 1° août
1672 et la dette n’est qu’en partie éteinte avec la décision de ce jour.

76
Les familles nobles et bourgeoises de Paris. La famille Hubert. « Partage de la succession de Nicolas Hubert,
conseiller du Roi, commissaire général des guerres à la Résidence de Larochelle, passé par devant Me Morlon,
notaire à Paris, le 28 décembre 1692 (Cote au CARAVAN :ET/V/221) »
[http://site.voila.fr/géneolivier/noblesse/paris.html#P_HC_02. (c.05-10-08).
77
Législature de Québec. (JdCSNF) Op.cit. (#17) Vol. II. P. 481.
78
Perron, Guy. (P.de Q.). Op. cit. (#10). Tome III. P. 393.
79
Ibidem. Pp. 474-475.
80
Ib. P. 484.
30

30 janvier 1674 Louis qui ne se présente pas en cour malgré l’assignation qui lui en a été
faite le 26 janvier, est condamné, par défaut, à payer les six livres que Pierre Jean dit qu’il lui
doit. En plus, Louis devra payer les frais de cour. 81

Nous avons noté, qu’en matière civile, qu’il arrivait assez souvent que des personnes
ne se présentaient pas en cour malgré l’assignation qui leur en était faite. Ils étaient
alors condamnés par défaut.

28 février 1674 Naissance de René à Charlesbourg. Il est le cinquième enfant du couple. Il


sera baptisé le 5 mars.82

L’officiant est Henri Debernières. René Louis Chartier de Lotbinière est le parrain de
René. De Lotbinière est membre du Conseil souverain et deviendra lieutenant général
à la Prévôté de Québec et patron de Louis Bolduc.

René Bolduc est l’ancêtre de la lignée à laquelle appartient l’auteur de ce livre.

26 août 1674 Louis vend sa terre de Charlesbourg à Jean Delgel dit Labrèche pour la somme
de 850 livres. Cette somme lui est versée par Nicolas Dupont de Neuville, écuyer et conseiller
du Roi au Conseil Souverain, au nom de Delgel. La somme de 850 livres est ainsi constituée:
Dupont verse 394 livres directement à Louis, en plus il efface une dette de 306 livres que lui
doit Louis et finalement il versera à ce dernier 50 livres par an durant trois ans. La vente est
approuvée par le frère Joseph Boursier qui était le créancier hypothécaire de Louis lorsqu’il a
acheté cette ferme. 83

Plusieurs historiens relèvent cette vente mais aucun n’en révèlent les détails qui
permettent de mieux connaître la situation financière de Louis. Il devait donc encore
de l’argent au frère Boursier et en plus à Nicolas Dupont. Soit que louis n’aurait pas
payé, à ce dernier, les 270 livres que la cour lui a ordonné de payer le 16 février et
auxquels un montant s’est ajouté, soit qu’il lui a emprunté une nouvelle somme. Quant
à la dette envers le frère Boursier, elle ne semble pas éteinte avec cette transaction puis
qu’elle s’élevait à 700 livres.

L’acheteur Delgel (Delgueil) est le père de la deuxième épouse de Richard Talard, qui
lui, deviendra le gendre de Louis, en épousant en première noce, Marie Ursule Bolduc
fille de Louis, pour qui il était le troisième époux. 84 Ceci pour illustrer qu’à cette
époque, avec une si faible population, nous retrouvons dans une même localité, les
mêmes personnes sur plusieurs contrats et que des liens, difficiles à suivre, se tissent
entre tous ces gens.

81
Perron, Guy. (P.de Q.). Op. cit. (#10). Tome IV. P. 18.
82
PRDH. Op. cit. (#43). Acte #59017.
83
BAnQ. Op. cit. (#11). Greffe du notaire Rageot. Copie du contrat original sur microfilm Drouin que nous
avons déchiffré.
84
PRDH. Op. cit. (#43). Pièce #5917.
31

26 août 1674 Ce même jour, chez le notaire Romain Becquet, il loue pour un an de Catherine
Leneuf, veuve de Pierre Denis de La Ronde (Pierre Denis-de-la-Ronde-de-la-Trinité), au coût
de 106 livres, une maison située rue du Sault-au-Matelot à Québec. Louis doit payer vingt-six
livres et dix sols chaque trois mois commençant le 1° décembre. La maison comporte deux
chambres (deux pièces), un cabinet, un grenier et des dépendances. Ce qui peut paraître
curieux aujourd’hui, c’est que le contrat de bail mentionne comme condition, que Louis devra
«se comporter en bon père de famille».85

23 septembre 1674 Un contrat non signé et rayé stipule qu’il loue pour un an au prix de 20
livres payables en deux versements égaux à six mois d’intervalle, à Jean Delgel, une vache
« sous poil rouge âgée de sept ans ou environ ». Plusieurs historiens prétendent qu’il s’agit de
la vache qu’il avait louée de Jean-Baptiste Depeiras. Toutefois ce contrat du 23 septembre n’a
jamais été en vigueur, ce qu’aucun ne mentionnent. Nous avons constaté en premier lieu que
l’unique page du contrat rédigée par Rageot, ne porte aucune signature, qu’elle est marquée
d’un grand « X » de haut en bas et qu’une note très lisible au bas se lit comme suit :
« Bastonné comme nul ». 86 Bastonné comme on l’écrivait à l’époque ou « bâtonné » signifie
selon Le Petit Littré: « rayé », « biffé ». 87

Difficile de dire ce qui est advenu réellement quant à la propriété de la vache.

29 octobre 1674 Devant le Conseil Souverain, Louis Bolduc, bourgeois de Québec, réclame
à Nicolas Dupont, écuyer du roi, sieur de Neuville, conseiller (membre) à ce conseil, de lui
payer les 257 livres qu’il lui doit encore sur le billet qu’il lui a signé le 26 août 1674 (voir plus
haut). Le Conseil condamne le sieur Dupont à lui payer ce montant en argent ou en
marchandises, au prix courant, soit la moitié immédiatement et l’autre moitié à l’arrivée des
navires de l’année suivante.

Le gouverneur Frontenac était présent à cette séance et a présidé. Le sieur Dupont a dû


accepter que malgré le conflit d’intérêt dans lequel ils se trouvent dans cette cause, le
gouverneur et Me Louis Théandre Chartier de Lotbinière, membre du Conseil, puissent juger

85
BAnQ. Op. cit. (#11). Greffe du notaire Becquet. Copie du contrat original sur microfilm Drouin que nous
avons déchiffré.
86
BAnQ. Op. cit. (#11). Greffe du notaire Rageot. Copie du contrat original sur microfilm Drouin que nous
avons déchiffré.
87
Le Petit Littré. Op. cit. (#51). P. 170.
32

« quoiqu’ils ayent nommé des Enfants du dict demandeur ». Le sieur Depeiras aussi membre
du Conseil a, quant à lui, dû se retirer de cette cause, étant le cousin de Louis par alliance. 88

Normalement, la cause aurait dû être entendue devant la Prévôté de Québec mais un


membre du Conseil souverain tel que Dupont, ne pouvait être jugé par une cour
inférieure.

« Depuis trois ans (1672-1675), le gouverneur agit comme président effectif du


Conseil, alors que, par sa charge, il doit en être seulement le président d’honneur ».
« L’affaire est soumise au Roi qui blâme sévèrement Frontenac » 89Pour la période
durant laquelle Bolduc a agi comme procureur (1676-1681), c’est Duchesneau qui
était le président effectif du Conseil comme nous l’avons indiqué plus haut.

Certains historiens relèvent que Louis est qualifié ou reconnu bourgeois pour la
première fois. S’il est vrai que ce mot apparaît pour la première fois en regard de
Louis, il y a lieu de signaler que, sauf dans son contrat de mariage, tous les documents
dans lesquels le nom de Louis est présent depuis le 7 octobre 1669, il est toujours
précédé du titre de « sieur » (diminutif de monsieur), réservé aux personnes qui ont au
moins le rang de bourgeois. Nos recherches confirmées entre autre par la définition du
dictionnaire Littré, nous amènent à conclure que le titre de bourgeois était
habituellement donné à toute personne qui, tels que les marchands, les officiers de
justice, etc., sans être nécessairement nobles, n’exerçaient pas un travail manuel. Leur
nom était aussi précédé du titre de sieur. Dans les actes et procès-verbaux, on désigne
les gens de plus simple condition par les expressions « le nommé Untel » ou « le
dénommé Untel ».

Nommer des enfants signifiait, entre autre, être parrain ou marraine selon le Petit Littré
90
. Frontenac était le parrain de Louis né en 1672 et Lotbinière était le parrain de notre
ancêtre René né le 3 mars 1674.

30 octobre 1674 Par la Prévôté de Québec, Louis est condamné, par défaut, n’ayant pas obéi
à l’assignation de comparaître que lui a signifié l’huissier Le Vasseur, à payer à Louise
Duval femme de Pascal Lemaître, la somme de trois livres qu’il lui doit. Pourtant cette somme
représente un accommodement ordonné précédemment par la même cour dans cette affaire.91

9 novembre 1674 Louis est encore condamné par défaut par la Prévôté de Québec. Cette fois,
il doit payer à Nicolas Durand, qui a été représenté par sa femme dans la présente affaire, la
somme de Cinquante sols plus les dépens.92

88
Législature de Québec. (JdCSNF). Op.cit. (#17). Vol. I. P. 876.
89
Vaugeois, Denis; Lacoursière, Jacques; Provencher, Jean et collaborateurs. Équipe du Boréal Express.
« Canada-Québec-Synthèse historique ». Éditions du renouveau Pédagogique Inc. 1973. P.106.
90
Le Petit Littré. Op. cit. (#51). P. 1450.
91
Perron, Guy. (P.de Q.). Op. cit. (#10). Tome IV. P. 176.
92
Ibidem. P. 189.
33

29 novembre 1674 Une ordonnance de saisie est émise par le juge Chartier de Lotbinière de
la Prévôté de Québec, contre Louis qui doit à Pierre Nolan la somme de 432 livres.93

Nolan étant marchand, nous supposons que la somme a servi à l’achat de


marchandises, ce qui confirmerait la thèse que Louis aussi est un marchand. Toutefois,
il ne nous est pas possible de savoir de quel genre de marchandises il s’agit. Quoiqu’il
en soit, il est à se demander quelle est la source de revenus de Louis depuis la vente de
sa ferme? S’il était marchand, cette saisie laisse perplexe sur ses affaires. Cette saisie
confirme l’importante dégradation de la situation financière de Louis. Qu’il soit
marchand ou non, il gère mal ses affaires.

1° décembre 1674 Pierre Nolan est devant la Prévôté de Québec, il demande « que la saisie
(du 29 novembre) soit déclarée bonne et valable ». En contrepartie, Louis demande que l’on
fasse les comptes concernant la dette qu’il a envers Pierre Nolan en considérant la saisie qu’il
a subie, prétendant qu’il ne doit que peu à Nolan. Le juge accède à ces deux demandes.94

Le même jour devant le même juge, le même Pierre Nolan demande à se faire rembourser ce
que lui doit encore Louis Bolduc. Il est ordonné au sieur Nicolas Dupont, qui doit de l’argent
à Louis en vertu de la décision du 29 octobre, du Conseil souverain, de verser (« transporter »)
105 livres à Pierre Nolan, et le reste à l’arrivée des navires, au nom de Louis. Ce dernier
obtient en, conséquence, une mainlevée de la saisie de ses effets, meubles et choses.95

En obtenant une mainlevée la saisie ne peut se poursuivre. Cependant, cela ne signifie


pas que Louis a récupéré ses meubles et effets déjà saisis puisque cette saisie a été
déclarée bonne et valable. Voila la famille Bolduc, vivant dans une maison louée sur le
rue Sault-au-Matelot où il n’y a plus de meuble! Nous ne savons comment Louis a pu
remeubler son logis et encore moins quelles étaient ses moyens financiers pour vivre
de telles péripéties.

4 décembre 1674 Devant la Prévôté, Louis demande qu’Élie Jean soit condamné à lui payer
le solde de vingt livres et x (effacé) sols pour dix minots de blé , le transport et quatre livres et
dix sols de dépens, contre lesquels il a reçu neuf livres et huit sols. De son coté, Jean prétend
qu’il a prêté trente sols à Louis. Après serment de louis, le juge condamne Élie Jean à lui
payer vingt livres douze sols de vingt (?) et trois livres dix sols d’autres (?). Pour le paiement
de cette somme, une saisie du blé cueilli à St-Joseph par Élie Jean mais entreposé dans la
grange de Raymond Cornu a été effectuée. Toutefois, Cornu s’est opposé à la saisie
prétendant que le blé lui appartenait parce que Jean lui doit trente minots de blé de ferme. Le
juge a reconnu la saisie comme valable et a condamné Jean et Cornu à battre et rendre le blé,
moitié dans quinze jours et moitié dans un mois.96

Il est étonnant qu’on ait exigé un serment de Louis concernant sa réclamation.

93
Perron, Guy. (P.de Q.). Op. cit. (#10). TOME III. P. 203.
94
Ibidem.
95
Ib. P. 205.
96
Ib. P. 206.
34

Ce genre de transaction renforce l’idée que Louis Bolduc aurait été marchand puisqu’il
serait étonnant que lui ou son épouse se soit adonné à la fabrication de leur pain. Cela
ne cadrerait pas avec ce que nous avons appris, les concernant, jusqu’ici. D’ailleurs la
quantité de blé en cause semble très importante pour une consommation domestique.

7 décembre 1674 Toujours devant la Prévôté de Québec, Louis est condamné à payer à Me
Guillaume Roger, huissier, la somme de quarante sols plus les dépens.97

14 décembre 1674 Pierre Nolan est condamné, par la Prévôté de Québec, à rendre à Louis,
une chemise valant vingt-sols, qu’il a saisie le 29 novembre.98

Cela confirme que la saisie des meubles et effets a été effective.

15 mars 1675 Louis est condamné par la Prévôté de Québec, à payer vingt sols à Adrien
Michelon comme solde de tout compte.99

Il n’est pas précisé de quel compte il s’agit. Serait-ce un solde du compte dont il est
question dans la décision du 20 octobre 1671? Plus de trois ans plus tard pour un
compte de pension et nourriture?

2 avril 1675. Premier contact officiel pour Louis avec le monde judiciaire autrement que
comme justiciable. Avec Charles Denis, écuyer, le sieur de Vitray, Claude de Bermen, écuyer,
le sieur de la Martinière, Jean Levasseur, Pierre Biron, Jean-Baptiste Gosset et François
Genaple, il est désigné comme certificateur à l’effet que toute la procédure a été conforme lors
de la saisie de la terre de François Ripoche, suivant la requête de Me Jean-Baptiste Depeiras
(cousin de Louis par alliance), conseiller du Roi au Conseil Souverain.100

Biron et Gosset étaient huissiers et Genaple était notaire. Seul Louis n’avait encore
aucun titre officiel parmi ces certificateurs.

15 avril 1675. Lettre de provisions du Roi Louis XIV donnée à St-Germain, signée Louis et
Colbert, scellée du grand sceau de cire jaune, par laquelle sa majesté donne et octroie à Me
Louis Bolduc, l’office de conseiller et procureur au siège ordinaire de la prévôté de cette ville
pour l’exercer dorénavant avec honneur et autorité et bénéficier des prérogatives, exemptions
et gages qui y sont attachés.101

Nous avons résumé librement cette lettre du Roi qui partit par un prochain bateau pour
la Nouvelle-France. Elle est rapportée dans les délibérations du Conseil souverain.
Elle parviendra à destination quelques temps plus tard, avant le 31 août 1676. La lettre
originale est introuvable.

97
Perron, Guy. (P.de Q.). Op. cit. (#10). TOME III. Pp. 208-209.
98
Ibidem. P. 212.
99
Ib. P. 247.
100
Ib. Tome IV. P. 267.
101
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II, pp. 29-30.
35

22 avril 1675 Extrait d’une lettre du Roi à Frontenac : « Pour ce qui est de la justice, vous ne
devez vous en mêler qu’en deux seules manières, l’une comme chef et président du Conseil
souverain en donnant et laissant une entière liberté… ».102

Cet extrait d’une remontrance du Roi nous fournit une idée sur les attitudes passées de
Frontenac avant l’arrivée de Louis Bolduc à la Prévôté. Comme nous le verrons cet
ordre du Roi ne sera pas respecté.

13 mai 1675 Autre lettre à Frontenac, cette fois du ministre Colbert, homme fort du Roi en ce
qui regarde, entre autre la Nouvelle-France. Extrait : «sa majesté m’a encore ordonné de vous
expliquer en particulier qu’il est absolument nécessaire pour le bien de son service
(…) d’adoucir votre conduite et de ne pas relever avec trop de sévérité toutes les fautes qui
pourraient être commises soit contre son service (du Roi) soit contre le respect qui est dû à
votre personne et à votre caractère (titre) et les raisons qui obligent sa majesté à vous donner
cet ordre sont si fortes et si clairement expliquées que je ne doute pas que vous ne vous y
conformiez. ».103

30 mai 1675 Finalement, pour compléter notre mise en contexte avant l’arrivée de Louis,
nous référons à une autre lettre du Roi adressée à Frontenac à l’occasion de la nomination de
Duchesneau dans laquelle Colbert ajoute les précisions suivantes : « Sa majesté veut que
vous le laissiez agir (Duchesneau) avec entière liberté dans tout ce qui regardera la justice,
police et finance sans vous en mêler… ». Dans la même lettre : « Sa majesté m’a encore
ordonné de vous dire avec le même secret, qu’encore qu’elle n’ait point ajouté foi à ce que
s’est dit ici, qu’il se faisait quelques commerces et achats de pelleteries en votre nom; vous
devez éviter qu’aucun de vos domestiques ni personne qui vous approche s’en mêle… »104

Dans les divers écrits que nous avons consultés il s’infère que Frontenac s’adonnait au
commerce des fourrures. Jacques Lacoursière est catégorique là-dessus :
« L’ordonnance royale (interdisant le commerce des fourrures), surtout parce que le
gouverneur Frontenac fait lui-même la traite, n’est pas suivie. Même les
ecclésiastiques et les missionnaires s’adonnent à la traite des fourrures ».105

Louis Bolduc s’est-il adonné au commerce des fourrures?

5 juillet 1675 Naissance, à Charlesbourg, de Marie-Ursule sixième enfant du couple, qui sera
baptisée à Québec le 6, par Henri Debernières, curé, devenu aussi vicaire général de
monseigneur l’évêque. Son parrain fut Jean-Baptiste Depeiras et sa marraine, son épouse,
Anne Thirement, cousine de sa grand-mère.106

8 novembre 1675 Il loue un corps de logis (Selon Le Petit Littré: « la masse ou la partie
principale d’un bâtiment ») voisin des Ursulines, de Marie-Françoise Chartier épouse du sieur

102
Rapport de l’archiviste de la Province de Québec (RAPQ). Vol. 7 (1926-1927). P. 80.
103
Ibidem. P. 83.
104
(RAPQ). Op. cit. (#102). P. 85.
105
Lacoursière, Jacques. Op. cit. (#14). P. 158.
106
PRDH. Op. cit. (#43). Acte #59237.
36

Pierre Joybert Demarson; elle est son fondé de pouvoir pour cette location. Le prix du loyer
est de 80 livres par an à compter du 1° septembre 1675. La maison possède un jardin et un
comptoir. Elle donne en façade sur « la rue tendant à aller à St-Jean » et sur un coté « sur la
grande rue ». Louis connaît les lieux puisqu’il habite la maison depuis le 1° septembre. Il
devra effectuer les préparations, si nécessaire, dont le coût lui sera déduit du prix de loyer. 107

108
La maison était précisément située, en façade, sur ce que
nous croyons être aujourd’hui la Rue St-Ursule et faisait
le coin avec l’actuelle Rue St-Louis. En effet, partant de la
Rue St-Louis, près des Ursulines, « la rue tendant à aller à
St-Jean » correspondrait à la Rue St-Ursule (Ursulines) qui
conduisait au lieu désigné sous le nom de fief St-Jean ou
Rue St-Jean qui existait à ce moment109 et « la grande
rue » désignait dans plusieurs contrats, la rue St-Louis qui
était aussi désignée sous le nom de Grande Allée ou qui,
comme aujourd’hui, en était son prolongement. Nous en avons confirmation dans une
« insinuation » (enregistrement) du Conseil Souverain en date du 15 septembre 1683
concernant une concession faite aux Révérendes Mères Ursulines, d’un emplacement
situé « proche le monastère des D. dames religieuses … sur le chemin de la Grande
Allée »110 Donc, le monastère des Ursulines situé sur l’actuelle rue du Parloir, qui était
déjà désignée sous ce nom à cette époque,111 était en fait aussi situé, en façade, sur la
Rue-St-Louis désignée aussi Grande Allée dans plusieurs écrits.

Cette insinuation précise aussi que la concession était bornée « du costé nordest à M.
Bolduc ». Ceci tout en confirmant ce qui est dit plus haut, nous renseigne sur le fait
Que Louis Bolduc et sa famille occupait encore cette maison en 1683 puisque selon
nos recherches aucun autre Bolduc n’habitait à Québec en permanence à cette époque
(voir 15 septembre 1683).

Il serait difficile voire impossible de localiser cet endroit avec précision aujourd’hui.
Même si la maison habitée par les Bolduc était située en façade sur la rue que nous
estimons être la rue Ste-Ursule actuelle, cela ne signifie pas qu’elle en était
rapprochée. Le terrain en façade pouvait être vaste.

Louis Bolduc deviendra propriétaire de cette maison (Voir le 27 octobre 1682).

107
BAnQ. (Op.cit. (#11). Greffe du notaire Rageot. Copie du contrat original sur microfilm Drouin que nous
avons déchiffré.
108
Le premier couvent des Ursulines est construit en 1642. Cette illustration de Joseph Légaré est une vue
d'ensemble (avec la permission du couvent des Ursulines).
[http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1SEC872849]. (c.07-03-12).
109
Ville de Québec. « Toponymie ». Commission de toponymie. Québec. « L’odonymie après 1680 ».
[http://www.toponymie.gouv.qc.ca/]. (c. 01-02-08).
110
Pierre-Georges Roy. « Inventaire des insinuations du Conseil souverain de la Nouvelle-France ». Archives de
la Province de Québec. Beauceville. L’éclaireur Limitée, Editeur. 1921. P. 69.
111
Ville de Québec. « Toponymie ». Op. cit. (#109).
37

31 août 1676. À la requête de Louis, le Conseil souverain l’a reçu et institué en possession de
l’office de conseiller et procureur au siège ordinaire de la Prévôté de cette ville et ordonne que
les lettres de provisions du Roi du 15 avril 1676 (voir ci-haut) soient enregistrées au greffe de
la Prévôté. Cette décision est prise suite à « l’information (enquête) de ses vies et mœurs,
religion catholique apostolique et romaine » par le sieur de Villeray, conseiller de ce Conseil
et avec le consentement du procureur général, le sieur Denis Joseph Ruette d’Auteuil. Louis a
prêté le serment requis. 112

Louis n’est pas encore en fonction, il devra attendre l’enregistrement de sa nomination


au greffe de la Prévôté de Québec. Le Conseil se donne-t-il un pouvoir supérieur à
celui du roi? La lettre de provision du Roi spécifie qu’il « donne et octroie l’office de
conseiller et procureur du Roi » à Louis Bolduc. Cette nomination n’était pas
conditionnelle à l’ « information de ses vies et mœurs … », ni au consentement du
procureur D’Auteuil. Malgré l’incongruité apparente, il semble que ce soit la règle qui
a aussi été appliquée à d’autres que Louis.

Le gouverneur et l’évêque sont absents lors de cette séance.

Nombreuses causes À titre de procureur, Louis agit dans de trop nombreuses causes pour que
nous puissions les relever toutes. Nous nous contentons de ne signaler que celles qui
présentent le plus d’intérêt au sens ou elles comportent un certain désaccord ou insuccès
professionnel. Il faut toutefois garder à l’esprit que nous pourrions relever ce genre
d’incidents autant chez le prédécesseur que chez le successeur de Louis ou même chez le
procureur général du Conseil souverain. En plus, nous rapportons tous les événements,
procès-verbaux du Conseil ou de la Prévôté, décisions, ordonnances ou rapports, ayant un lien
avec les accusations portées contre Louis Bolduc.

20 octobre 1676 Enfin, la Prévôté de Québec ordonne que les lettres de provisions de Louis et
la décision de Conseil souverain soient enregistrées pour qu’il puisse en « jouir (…) suivant sa
réquisition ».113

Tous ne l’entendaient pas ainsi. « Tout le monde vit dans cette nomination l’intervention
protectrice de Frontenac. Duchesneau, l’intendant, ne tarda pas à prendre parti contre le
protégé; il était secondé par Villeray (…) ».114

Louis se doutait-il de ce qui l’attendait? Il allait l’apprendre assez tôt.

23 octobre 1676 Première présence de Louis Bolduc dans une cause comme procureur. Il
entendra sa seconde cause le 3 novembre et le 10 novembre, il paraphera sa première
décision avec Louis Théandre Chartier de Lotbinière.115

112
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P. 29.
113
Perron, Guy. (P.de Q.). Op. cit. (#10). Tome IV, p. 111.
114
RAPQ. Op. cit. (#102). Vol. 24. (1943-44). P. 104.
115
Perron, Guy. (P.de Q.). Op. cit. (#10). Tome V. P. 114.
38

19 novembre 1676 Ce jour-là, Louis T. Chartier de Lotbinière, à titre de juge à la Prévôté de


Québec, procède à un interrogatoire, suite à la requête de Louis du 15 de ce mois.
L’interrogatoire se poursuivra le 19 novembre 1676 et le 9 janvier 1677. Louis se plaint
contre Jacques Renaud et sa femme. Renaud et Jacques Leblanc sont en procès devant la
Prévôté. Vers le 11 novembre courant, la femme de Renaud affirme à trois occasions et
devant des témoins différents, que Leblanc ne craint pas de perdre son procès contre eux car il
a promis un cochon gras ou 12 livres à Louis Bolduc, procureur à la Prévôté et qu’ainsi si les
Leblanc gagnent contre eux, se sera par faveur. Les quatre témoins confirment ces dires dont
l’un par ouï-dire.116

Nous ne possédons pas le texte de la requête de Louis. Peut-être n’y en a-t-il pas. Nous
supposons que Louis n’aurait pas poursuivi Mme Renaud si cette accusation de
vénalité avait eu le moindre fondement. D’ailleurs, au procès qui sera intenté contre
Louis, plus tard, cette accusation ne fera pas partie des allégués.

Il y a moins d’un mois qu’il est en fonction que déjà une accusation de vénalité lui
tombe dessus.

Depuis sa nomination, Louis a agit comme procureur dans quelques causes. Son
manque d’expérience et son manque de formation juridique ne semblent poser aucun
problème. D’ailleurs, il n’est pas le seul dans cette situation. Il ne se donne pas encore
de formation juridique en Nouvelle-France et ceux qui débarquent, venant de France
avec une formation, sont plus rares que les besoins. On recommande alors au Roi, de
désigner pour ces postes, des gens de Québec ayant de l’instruction, qui subissent sans
mal une enquête de moralité. Ce fut le cas de Louis.

20 novembre 1676 Devant la Prévôté de Québec, Louis en tant qu’individu, demande au


meunier Jacques Manseau de lui payer « trois minots de bled (blé) froment loyal et
marchand ». Manseau, malgré l’assignation qui lui a été faite le 17 de ce mois, pour
comparaitre ce jour, n’est pas présent et la cause est reportée.117

Les procès-verbaux ne rapportent aucune suite à cette remise.

15 décembre 1676 Devant la Prévôté de Québec, Louis, en tant qu’individu, est condamné à
payer seize francs et une charretée de bois à raison de cinquante-cinq sols, à Ignace

116
BAnQ. (Op.cit. (#11). Site Internet Pistard. Cote TL5D129. Copie de l’interrogatoire que nous avons
déchiffré.
117
Perron, Guy. (P.de Q.). Op. cit. (#10). Tome V. P. 161
39

Bonhomme. Toutefois, Louis prétendant devoir quarante sols de moins, devra le justifier mais
il devra payer les dépens.118.

Il est pour le moins un peu étrange que Louis procureur du roi en cette cour, ne puisse
régler ses affaires personnelles sans y être cité. Quoiqu’il s’agisse de son droit et qu’il
ne soit pas le seul officier de justice dans cette situation, à cette époque, loin de là, vu
d’aujourd’hui, cela paraît moins professionnel.

14 janvier 1677 Les officiers de la Prévôté participent à une réunion présidée par les sieurs de
Villeray et de Vitray du Conseil souverain où sont présents, l’échevin et plusieurs bourgeois
et artisans de Québec. Le but de la réunion est d’entendre les doléances de ces représentants
de plusieurs domaines et d’apporter des solutions aux problèmes soulevés. Des décisions sont
prises concernant le prix du pain, les chirurgiens forains, le contrôle des armes à feu, des
bourgeois qui emploient des compagnons couturiers, de la vente au détail des clous et du prix
du vin. Louis Bolduc, comme procureur du roi, a eu son mot à dire sur ces sujets au début de
l’assemblée.119

1 mai 1677 Par édit du roi, le sieur Louis Théandre Chartier de Lotbinière, écuyer, conseiller,
lieutenant général, civil et criminel à la Prévôté de Québec est remplacé par son fils René-
Louis.120

Louis Bolduc devra donc collaborer avec ce nouveau juge. Rien ne nous permet de
déterminer quelle influence ce fait aura avec les événements qui vont suivre.

30 juin 1677 Louis, en tant qu’individu, enchérit de 110 livres sur le quart d’une maison
saisie et mise aux enchères. Il est le premier à enchérir et d’autres offriront une somme plus
élevée.121

Nous ne pouvons établir avec précision le revenu que touchait Louis Bolduc comme
procureur du Roi. Comme ordre de grandeur, nous savons que son supérieur devait
retirer un peu plus que les lieutenants royaux de Trois-Rivières et Montréal qui
recevaient 450 livres par an, excluant les émoluments qu’il leur était permis de toucher
en excédent.122 Nous supposons que même avec un revenu de plus de 300 livres, si
l’on considère ses mésaventures financières et ses obligations, Louis n’aurait pas dû
être en mesure d’acheter cette part de maison. Sa situation financière demeure difficile
à suivre sauf si en plus des émoluments reliés à sa charge, qui devaient être plus
modestes que son traitement, il avait des revenus inavouables officiellement.

21 juillet 1677 Louis poursuit Me Gilles Rageot, qui a agi comme son greffier alors qu’il
effectuait la prise d’un inventaire et qui refuse de lui remettre sa part d’honoraires. Rageot
118
Perron, Guy. (P.de Q.). Op. cit. (#10). Tome IV. P. 182.
119
Ibidem. Tome V. P. 197-198.
120
Roy, Pierre-Georges. Archives de la Province de Québec. « Ordonnances, commissions etc. des gouverneurs
et intendants de la Nouvelle-France ». Beauceville. l’Éclaireur Limitée, Éditeur. (1924). Vol. premier, p. 39.
121
Perron, Guy. (P.de Q.) Op. cit. (#10).Tome IV. P. 282.
122
Justice Québec. Historique. « Les officiers de la justice en Canada. »
[http://www.justice.gouv.qc.ca/francais/ministere/histoire/officiers.htm] (maj 05-09-20) (c. 07-02-13)
40

réplique qu’il a reçu une sommation par l’huissier Levasseur de la part du sieur Changeon qui,
pour une raison non précisée, proteste contre Louis. Le juge Chartier ordonne que les
honoraires doivent être versés et que dorénavant il soit interdit aux huissiers et greffiers
d’accepter de telles sommations contre des officiers de justice. D’ailleurs et en plus, selon la
prétention de Louis, la sommation invoquée par Rageot, n’était pas signée par un juge comme
il se doit.123

10 novembre 1677 Malgré les protestations de Louis (dont le détail demeurera à jamais
inconnu, le procès-verbal étant effacé en partie), le juge ordonne la clôture d’un inventaire
qu’il a effectué. 124

10 décembre 1677 Naissance, à Québec, de Louise, septième et dernier enfant des Bolduc.
Elle sera baptisée dimanche le 12 par Henri Debernières. Frontenac sera son parrain.125

15 avril 1678 Louis et Élizabeth, constituent devant le notaire Becquet, une rente annuelle de
trente livres en faveur des révérends frères Jésuites, en retour de laquelle la dette de 600 livres
qu’ils leur doivent encore depuis 1670 se trouve acquittée. Cependant, tous leurs biens
meubles et immeubles seront affectés en hypothèque en garantie du paiement de la rente. Ils
ont déclaré qu’auparavant leurs biens n’étaient affectés d’aucune dette ou hypothèque.126

Ce contrat indique que, sauf ce qu’il doit aux Jésuites, Louis n’avait plus d’autres
dettes en 1678.

18 avril 1678 Le juge Chartier de Lotbinière doit s’abstenir d’entendre une cause de nature
criminelle dans laquelle il serait en conflit d’intérêts. Louis demande au Conseil souverain de
pouvoir agir comme juge en lieu et place de Lotbinière, dans cette cause uniquement. Il s’agit
d’une accusation contre la femme d’un certain Beaupré qui aurait proféré des paroles
injurieuses contre le gouverneur et contre le père de Louis Théandre Chartier. Le Conseil,
suivant l’avis de son procureur général, refuse cette autorisation, non seulement à Louis mais
à tous les procureurs des prévôtés. Il ordonne qu’ils ne puissent juger d’aucune cause de
nature criminelle. Ils ne pourront agir comme juge que dans les causes civiles, entre
particuliers, là où l’intérêt du Roi ou du public ne seront pas en cause. 127

Même si cette demande de Louis peut sembler quelque peu présomptueuse de sa part,
nous pouvons percevoir dans le ton du Conseil, l’affirmation d’une autorité qui ne
tolère pas de concurrence. Cette demande de Louis est peut-être motivée par le fait que
Frontenac est l’un des deux personnages qui sont l’objet d’injures.

123
Perron, Guy. (P.de Q.) Op. cit. (#10). Tome V, p. 302-303.
124
Ibidem. P. 362.
125
PRDH. Op. cit. (#43). Acte #59603.
126
BAnQ. (Op.cit. (#11). Site Internet Pistard. Greffe du notaire Becquet. Copie du contrat original sur
microfilm Drouin que nous avons déchiffré.
127
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P. 191.
41

Cette décision confirme que comme procureur du roi, Louis Bolduc peut agir aussi
comme juge, dans des causes civiles entre particuliers. Il a d’ailleurs rendu plusieurs
décisions de ce genre.

8 juillet 1678 Sentence rendue par le juge de la Prévôté de Québec dans la cause opposant
Me Gilles Rageot, greffier, d’une part et René Sénard et Jean Aubry, boulanger d’autre part. Il
s’agit d’un billet de cent sols donné à Rageot par Sénart et Aubray, boulangers. Ce billet
prétendument perdu, a circulé entre plusieurs mains et Rageot demande en bout de ligne à ce
qu’il soit honoré. La cour décide que Rageot en rendra compte au procureur, Louis Bolduc,
hors-cour.128

Cette sentence fera partie des pièces citées lors du procès contre Louis pour
malversations (Voir le #16 du 20 mars 1682). Nous ne pouvons déterminer ce qui,
dans cette décision, peut donner lieu à ce qu’elle soit citée au procès de Louis.129

10 septembre 1678 Louis agissant comme procureur accuse Jean Brière Lepérigourdin
d’avoir « juré er blasphémé le Saint nom de Dieu (…) injurié, maltraité de paroles (…) frappé
(…) étourdi, jeté à l’eau et fait noyer (…) empêchant (…) que ledit Lebreton,
fut secouru ». Suite aux interrogatoires des témoins et tenant
compte des divers rapports et du réquisitoire de Louis, le juge de la
prévôté de Québec condamne Lepérigourdin à « être conduit en
chemise, nue tête, la corde au col, et la torche au poing devant la principale
porte de l’église (…) et là, demander pardon à Dieu, au Roi et à la justice (…)
et ensuite être conduit à la grande place de la basse-ville pour y être pendu
et étranglé à une potence qui à cet effet y sera dressée et son corps mort y
demeurer jusqu’à neuf heures du soir (…) condamne en outre en cent
livres d’amende vers le Roi et tous les des dépens du procès, déclarant le surplus de ses biens
acquis et confisqués au Roi (…) ».130

16 octobre 1678 Louis achète vingt minots de blé froment (le meilleur blé) de Pierre
Morteuil, habitant de St-Joseph, au prix de cent sols le minot. La moitié lui sera livrée à Noël
et l’autre moitié le 15 février 1679. Il donne dix livres comptant et paiera le reste à la
livraison, en argent ou avec un billet à ordre. Louis connaît bien le blé de cet habitant pour en
avoir déjà reçu.131

Ne nous étant pas possible de savoir combien de livres de pain pouvaient être
boulangé avec un minot de blé, il est hasardeux de conclure que cet achat correspond à
la consommation familiale pour une certaine période ou qu’il s’agissait d’achats dans
un but commercial.

128
Perron, Guy. (P.de Q.) Op. cit. (#10). Tome VI. P. 193.
129
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P.777.
130
Perron, Guy. (P.de Q.) Op. cit. (#10). Tome VI. P. 14.
131
BAnQ. (Op.cit. (#11). Site Internet Pistard. Greffe du notaire Gilles Rageot. Copie du contrat original sur
microfilm Drouin que nous avons déchiffré.
42

5 décembre 1678 Louis Bolduc présente une requête au Conseil à l’effet de ne plus être
obligé de se présenter au domicile du procureur général d’Auteuil, lorsqu’il a des
remontrances à faire au conseil, dans le cadre de sa charge.132

Précisons d’abord ce qu’est une remontrance, pour mieux comprendre cette décision.
Le Dictionnaire Furetière (1690)133définit ce mot ainsi : « Humble supplication que
l’on fait au Roi ou à un supérieur, pour le prier de faire réflexion sur les inconvénients
ou conséquences d’un de ses édits ou ses ordres ».

Louis justifie ainsi sa requête: cette pratique est contraire à ce qui se fait en France où
les procureurs vont au Parquet présenter leur remontrances mais comme à Québec, il
n’y a pas de Parquet, il suffirait que les procureurs du Roi présentent leurs
remontrances au procureur général à l’entrée du Conseil; il dit de plus « que pour
élever la charge de procureur général il semble qu’il ne serait pas juste que ce fut en
avilissant celle procureur du Roi »; il ajoute qu’il se soumettra à la décision du
Conseil.

12 décembre 1678 Le Conseil donne sa réponse qui est inscrite au bas de la requête de
louis.134

Étant donné que la décision du Conseil interviendra plus tard, cette réponse, selon la
procédure que nous avons observée, devait être à l’effet que la requête serait soumise
au procureur général.

8 janvier 1679 Denis Ruette d’Auteuil, procureur général, donne son avis au Conseil sur cette
requête. Il commence par nier à Louis le droit de présenter des remontrances au Conseil. Il
dit : « qu’il y a lieu de s’étonner que ledit sieur Boulduc prétende être en droit lorsqu’il s’agit
des choses qui concernent l’intérêt du Roi ou du public, d’en faire par lui-même des
remontrances au Conseil, d’autant qu’il ne doit pas ignorer que les fonctions de son office se
renferment en ce qui est purement de la juridiction ordinaire de la dite Prévôté (…) à moins
qu’il ne prétende aussi faire la charge de procureur général ». Il ajoute : « il semble que ledit
sieur Boulduc par dérision ou pour avilir son ministère (celui de D’Auteuil) veuille lui
désigner la porte de cette salle pour Parquet » et qu’en présence des gardes, parties, etc., il
entende les avis des procureurs; « personne ne peut nier que ce ne fut en effet avilir la charge
de procureur général et que par là ledit sieur Boulduc n’en serait pas relevé ».135

23 janvier 1679 Le Conseil décide que Louis ira « trouver le procureur général dans sa
maison pour l’informer de ce qui regarde le service du Roi et du public pour y faire prononcer
par ledit Conseil ». Le procureur général « se tiendra dans sa dite maison tous les samedis

132
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P.270.
133
Furetière, Antoine. Dictionnaire universel. (1690).
134
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P.270.
135
Ibidem.
43

matin depuis dix heures jusqu’à midi pour ouïr ses substituts (les procureurs du roi) sur ce
qu’ils auront à lui remontrer ».136

Nous avons noté que le Conseil ne s’est pas prononcé sur le droit de faire des
remontrances; il évite d’utiliser ce mot dans sa décision. D’ailleurs, pourquoi le
Conseil aurait-il émis une directive à ce sujet, à l’intention des procureurs du roi, s’il
leur était interdit d’en faire.

Les masques sont tombés, dorénavant, une lutte larvée et subtile entre Ruette
d’Auteuil, père, continuée par le fils qui lui succédera, et Louis, se poursuivra jusqu’à
la perte de ce dernier. Encore une fois, Louis nous apparaît présomptueux et bien naïf.
Cette requête aurait dû être présentée par un conseiller ou par Frontenac dont nous
avons noté l’absence lors de cette séance du Conseil.

24 mars 1679 Cette sentence rendue par Chartier de Lotbinière a été relevée dans le procès de
Louis Bolduc. En résumé François Hazeur demande l’exécution conforme de la décision
rendue le 17 mars 1679, en ce qui concerne les dépens. À ce qu’il semble, l’huissier Roger,
suivant les instructions de Bolduc, aurait chargé certains frais non conformes à la décision du
17 mars. Roger devra rembourser Hazeur, « sauf son recours à l’encontre dudit procureur du
Roi (Bolduc) ».137

Si le juge prend la peine de préciser le recours possible de Roger contre Bolduc, c’est
qu’il y a matière à un tel recours. Aux yeux du procureur d’Auteuil, il y a eu faute de
la part de Louis, puisque cette décision fera partie des allégués contre lui, lors de son
procès

L’affaire remonte au 4 mars 1679. Louis Bolduc comme procureur, adresse une sommation à
François Hazeur, « ci-devant, marguillier en charge de l’église et paroisse Notre-Dame » pour
qu’il rende ses comptes. Le 5, il rédige un réquisitoire à cet effet, à Chartier de Lotbinière qui
le 7 émet une ordonnance en conséquence. Le 14 mars, Bolduc demande à la cour, l’exécution
de cette ordonnance et le juge rend la décision suivante : « Tout considéré et faisant droit sur
le réquisitoire dudit procureur du Roi, nous avons ordonné au défendeur (Hazeur) d’avertir ou
faire avertir le procureur du Roi, du jour et heure qu’il rendra compte du maniement qu’il a eu
des deniers appartenant à l’œuvre et fabrique de ladite paroisse, pour être présent et assister à
la reddition des comptes, sans toutefois pouvoir, en aucune manière, troubler ni empêcher
qu’ils soient rendus à l’ordinaire mais seulement par manière d’inspection, sauf à lui à se
pourvoir en cas de malversation. »138 Cette cause aura des suites les 11, 14 et 18 avril 1679
qui n’apportent rien de pertinent aux faits que nous analysons.139

Rien de tout cela ne semble donner prise à une irrégularité de la part de Louis Bolduc.
Toutefois, il s’en prend à un personnage important et considéré. La cause a été citée à

136
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. Pp. 270-272. Passim.
137
Perron, Guy. (P.de Q.). Op. cit. (#10). Tome VII. Pp. 41-42.
138
Ibidem. Pp 34-35.
139
Ib. Pp. 46, 53 et 54.
44

son procès probablement en rapport avec les honoraires comme nous l’avons évoqué
ci-haut.

27 novembre 1679 Décès de Denis Joseph Ruette D’Auteuil, procureur général au Conseil
souverain.140 «L’intendant Duchesneau proposa au gouverneur d’insérer le nom de Ruette
D’Auteuil fils dans les lettres de provision qu’il détenait depuis deux ans (le nom avait été
laissé en blanc). Frontenac ne voulu rien entendre. Il fit observer entre autres choses, que le
jeune D’Auteuil était mineur. Aux objections du gouverneur, Duchesneau rétorqua que les
dons naturels de son candidat, les brillantes études qu’il avait faites à Paris, les titres qu’il y
avait obtenus et l’expérience qu’il avait acquise en travaillant avec son père faisaient de lui
en dépit de sa jeunesse (il n’avait que 22 ans), l’homme de la colonie le plus propre à exercer
les fonctions de procureur général. L’affaire fut portée devant le Conseil souverain. Il fut
décidé que l’intendant avait le droit d’insérer le nom de François-Madeleine-Fortuné Ruette
D’Auteuil dans les lettres obtenues en 1677 mais que cette nomination ne serait enregistrée
que lorsque celui-ci aurait reçu de Louis XIV, une dispense d’âge.» « Au mois de juin 1680,
le Roi le nommait procureur général ».

S’ensuivit une série ininterrompue de querelles car D’Auteuil ne manquait jamais une
occasion de contrecarrer Frontenac. « En novembre 1681, Frontenac au comble de la fureur
lui ordonna de passer en France et d’en rapporter (s’il le pouvait) la dispense d’âge qu’il
n’avait reçue. » Muni de sa dispense, il revint à Québec à l’automne 1682.»141

31 janvier 1680 François Madeleine Ruette d’Auteuil, procureur général, substitut en


remplacement de son père, requiert du Conseil qu’en vertu de l’arrêt du 23 janvier 1679,
Louis Bolduc, procureur du Roi en la Prévôté de Québec, soit tenu de se rendre au lieu
désigné tous les samedis de dix heures à midi pour travailler aux affaires relevant de sa
charge. Le Conseil décide que cette requête sera communiquée à Louis. 142

L’arrêt du 23 janvier 1679, n’ordonne pas à Louis de se rendre tous les samedis au lieu
désigné, soit le domicile du procureur général, mais seulement lorsqu’il aurait une
remontrance à faire au Conseil. On voit ici que D’Auteuil fils, après à peine quelques
mois dans son rôle, veut que Louis lui soit assujetti; il est encore plus autoritaire que
son père à l’égard de Louis. Nous supposons que Louis ne s’était pas conformé
souvent ou pas du tout à l’arrêt en question et rien ne nous dit qu’il s’y soit conformé
davantage par la suite.

29 avril 1680 Louis est en procès contre François Hazeur, marchand. Le sieur de Vitray,
conseiller au Conseil souverain, a été désigné comme rapporteur (enquêteur) dans ce procès.
Louis présente une requête à l’effet qu’un autre rapporteur soit désigné. Il demande au
Conseil :«à ce qu’il lui plut (de) subroger (le remplacer par) quelqu’un des autres conseillers

140
PRDH. Op. cit. (#43). Relevé d’acte #67692.
141
«Dictionnaire biographique du Canada en ligne ». Op.cit. (#23). Ruette D’Auteuil de Monceaux, François-
Madeleine-Fortuné. [http://www.biographi.ca/fr/ShowBio.asp?BioId=35205&query=auteuil]. (maj. 05-05-02)
(c.06-10-03)
142
BAnQ. (Op.cit. (#11). Site Internet Pistard. Cote TP1, S28, P2286. Copie du procès-verbal que nous avons
déchiffré.
45

au lieu du sieur de Vitré, attendu que depuis trois ou quatre ans, il ne lui parle point, ayant eu
plusieurs querelles et différends fort considérables et pensé en venir aux mains (poings), ce
qu’il ne disconviendra pas; ce qui lui pourrait faire croire que ledit sieur de Vitré en aurait
gardé du ressentiment ». L’intendant Duchesneau décide d’en référer au Conseil et il est
résolu que le sieur de Vitré demeurera rapporteur.

Ce même jour, François Hazeur demande que le sieur Depeiras se retire comme conseiller
pour juger dans ce procès étant donné l’alliance de ce dernier avec Louis. La décision du
conseil à ce sujet est reportée.143

Ne sachant pas les sujets de discorde qui ont poussé Louis à en venir presque aux
coups, il est difficile de juger de son caractère et de ses relations avec autrui.
Cependant, ce n’est pas la première fois qu’il est en mauvais terme avec des personnes
qu’il côtoie. Remarquons aussi que le Conseil qui est très sensible à la notion de
conflit d’intérêt en application des ordonnances, ne semble plus en faire une règle
aussi absolue lorsqu’il s’agit de Louis à qui on refusera toute demande de récusation
d’un conseiller. Louis semble pourtant avoir bien raison de douter de l’objectivité du
sieur de Vitré pour son procès.

8 juillet 1680 Le substitut du procureur général, D’Auteuil (en fait il agissait comme
procureur général en attendant sa nomination par le Roi et comme tel, il aurait été plus
approprié de le désigner comme procureur général par intérim, ce mot existant à l’époque
selon le dictionnaire Furetière), agissant ici comme procureur de sa mère, Claire Françoise
Clément Duault, demande que le sieur Depeiras, conseiller au Conseil, soit retiré comme juge
dans la cause de sa mère contre le procureur du Roi en la Prévôté de Québec, Louis Bolduc,
car il aurait appris que Depeiras est cousin de Louis par alliance. Il prétend que Depeiras,
«pourrait être porté avec trop de zèle, à soutenir pour ledit procureur du Roi (Louis) au procès
mu entre eux». Le Conseil accède à la demande et Depeiras devra s’abstenir d’opiner (juger,
donner son opinion).144

« Le sieur Depeiras est parent dudit Boulduc à cause de la défunte damelle sa femme, au
degré prohibé par l’ordonnance ».145

Chose étonnante, D’Auteuil qui est procureur au Conseil agira devant ce même conseil
pour représenter sa propre mère. Même si un autre procureur général est nommé à
cette occasion, il reste que tous les membres du Conseils sont ses collègues et qu’il ya
risque de partialité en sa faveur. Le Conseil n’aurait-il pas dû référer
exceptionnellement cette cause à une autre juridiction?

143
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. Pp. 389-390.
144
Ibidem. Pp. 397-398.
145
Ib. P. 542.
46

Ce même jour D’Auteuil ayant été avisé, la veille, que certaines affiches dans les lieux
publics n’avaient pas reçues la permission d’un huissier royal pour être exposées, il envoie
quérir Louis Bolduc sur les quatre à cinq heures de l’après-midi et lui dit d’y remédier avant
la réunion du Conseil du lendemain. Louis n’ayant pas obtempéré, D’Auteuil demande au
Conseil qu’il vienne se justifier. Louis explique qu’il n’a reçu l’avis que vers les six heures du
soir, et qu’il n’a pas eu le temps de remédier à la situation. Le Conseil décharge Louis de cette
plainte mais il devra corriger la situation avec le lieutenant général de la Prévôté et en aviser
D’Auteuil.146

La Prévôté est prise en défaut mais on ne sait qui de Louis Bolduc ou de Lotbinière, a
ordonné l’affichage, ni d’ailleurs de qui relève cette responsabilité. Le Conseil et la
Prévôté se surveillent et Louis comme protégé de Frontenac est une cible toute
désignée pour D’Auteuil.

22 juillet 1680 Suite de la séance du 8 juillet, le Conseil décide que Depeiras se retirera du
jugement concernant l’affaire de Louis Bolduc contre Hazeur.147

24 octobre 1680 Réception et installation de François Madeleine Ruette, écuyer et sieur


D’Auteuil fils, en la charge de conseiller de sa Majesté et de procureur général d’après les
lettres patentes du Roi. Il est résolu (par le Conseil) que sa Majesté sera avertie par l’intendant
de l’âge du sieur D’Auteuil (il n’a que vingt-trois ans et la majorité s’obtient à vingt-cinq
ans).148

27 octobre 1680 Louis Bolduc, comme procureur, s’adresse au lieutenant général Chartier de
Lotbinière et au Procureur général D’Auteuil sous forme de remontrance. Il dit qu’il « lui a
été fait plainte, il y a deux ou trois jours, que le nommé Denevers (…) aurait extrêmement
maltraité, sur la grève, la femme du nommé Corrube, matelot, à coup de bâton et de pieds et
avec des jurements si épouvantable (…), en sorte que tout le monde en demeura si scandalisé
qu’ils conseillèrent à ladite femme et à son mari de se plaindre (…) mais la crainte qu’elle eut
de désobliger ceux qui la prièrent de n’en rien faire et de se faire « quelqu’affaires », n’étant
pas même en état de poursuivre à fait qu’elle n’en a rien dit mais la chose étant d’une trop
grande conséquence pour la laisser impunie (…) demande ledit procureur du Roi, qu’il en soit
incessamment informé, par ladite information, à lui communiquée, être conclu ce que de
raison. À Québec le 27 octobre 1680. Boulduc. »149

Nous avons rapporté le texte fidèlement quoique la formulation en soit lourde et en


partie, presqu’incompréhensible.

L’affaire dont il est question ici a été soulevée dans les allégués du procureur général
au procès qu’il a intenté contre Louis Bolduc (voir 20 mars 1682, #14). Elle est
intrigante à plusieurs égards. D’abord parce qu’il semble s’agir d’une remontrance

146
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. Pp. 398-399.
147
BAnQ. (Op.cit. (#11). Site Internet Pistard. Cote TP1, S28, P2350. Copie du procès-verbal que nous avons
déchiffré.
148
Ibidem. Cote TP1, S28, P2398. Résumé seulement.
149
Perron, Guy. (P.de Q.). Op. cit. (#10).. Tome VI. Pp. 350-351.
47

datée du 12 mars 1681 qui porte, en haut de la signature de Louis Bolduc, la date du
27 octobre 1680 et plus étonnant encore, qui a été insérée entre deux parties, séparées
sans raison apparente, de la décision concernant une requête datée du 17 novembre
1679. Tout ceci ressort de la transcription effectuée par Guy Perron, dont nous devons
nous contenter, l’original demeurant introuvable. À voir la disposition des textes, on
pourrait croire qu’on a tenté d’insérer un procès-verbal, après coup, mais qu’on s’est
trompé d’emplacement.

D’autre part, le fait que cette pièce ait été soulevée au procès concerne-t-il les dates,
car il ya beaucoup plus de quelques jours entre le 27 octobre 1680 et le 12 mars 1681,
ou concerne-t-il la crainte de la dame Corrube de désobliger ceux qui la prièrent de ne
pas porter plainte?

29 octobre 1680 « Sur le réquisitoire du procureur du Roi de ce jour, tendant, pour les raisons
y contenues, à ce qu’il soit informé à l’encontre du dénommé Denevers Brantigny, de l’excès
commis, et mauvais traitement faits à la femme du nommé Corrube, matelot, sur la grève de
cette ville, ensembles des jurements et blasphèmes proférés par ledit Denevers, nous avons
ordonné que les témoins seraient administrés par devant nous, à la requête du procureur du
Roi, pour être informé desdits excès, mauvais traitement et blasphèmes. »150

Ce procès-verbal, si l’on se fie au livre de Guy perron, a été rédigé à la suite et dans
l’ordre chronologique normal. Ceci introduit une nouvelle date. Au lieu du 27 octobre
la requête de Bolduc, ou une version presqu’identique, est daté du 29!

2 novembre 1680 Une requête de Louis Bolduc demandant à ce qu’il fut informé (qu’une
pré-enquête soit faite) du fait que Pierre de Lalande «ne faisait autre chose que rire et
blasphémer le saint nom de Dieu et d’une manière si épouvantable que tout le monde en était
scandalisé, et en même temps de ce que pareils jurements et blasphèmes demeurent
impunis».151

Le lieutenant général Lotbinière ordonne qu’il soit informé.152

Cette requête implique l’assignation de deux témoins : Étienne Péloquin et Jacques


Thibault. Ici commence l’affaire de de Lalande qui conduira au procès de Louis
Bolduc.

4 novembre 1680 Étienne Péloquin et Jacques Thibault sont condamnés à cent sols chacun
pour avoir fait défaut de se présenter le 2 novembre, pour être interrogés comme témoins dans

150
Perron, Guy. (P.de Q.). Op. cit. (#10). Tome VI. P.362.
151
BAnQ. Op.cit. (#11).Site Internet Pistard. Cote TP1, S777, D113. Copie du procès-verbal que nous avons
déchiffré.
152
Perron, Guy. (P.de Q.). Op. cit. (#10). Tome VI. P. 363.
48

la plainte contre Pierre de Lalande. Ils sont réassignés à se présenter le 6 novembre de gré ou
de force.153

5 novembre 1680 Requête d’Étienne Péloquin et Jacques Thibault concernant l’amende qui
leur a été imposée pour leur défaut de comparaitre, le 2 novembre, pour témoigner dans
l’affaire de de Lalande. Ils supplient le lieutenant général Chartier de Lotbinière, qui les a
condamnés à cent sols chacun (voir ci-haut), de leur restituer leur argent. Ils racontent qu’en
se rendant témoigner conformément à l’assignation, chemin faisant, ils ont rencontré le
procureur du Roi (Louis Bolduc) et que ce dernier ayant été informé du lieu où ils se
rendaient, leur «répartit (dit) qu’il était inutile qu’ils y allassent parce que l’affaire était
accommodée (réglée)». De retour à leur domicile, ils ont reçu, chacun, l’avis de défaut, la
nouvelle assignation et la condamnation à l’amende qu’ils ont dû payer sur le champ.154

Ces propos de Louis Bolduc, rapportés par Péloquin et Thibault ne prouvent pas
nécessairement qu’une faute a été commise, puisque l’affaire de Lalande aurait pu se
régler de plusieurs façons. Cependant, confrontés avec le témoignage de Pierre de
Lalande et le non empressement de Louis à conclure, que, nous verrons plus loin, ils
revêtent une importance capitale dans l’accusation contre Louis.

6 novembre 1680 Étienne Péloquin témoigne. Il dit être âgé de vingt-cinq ans environ, il est
natif de Larochelle, il est marchand et demeure présentement à Québec dans la rue Sous-le-
Fort. En premier lieu, il demande au lieutenant général Chartier de Lotbinière, qui tient
l’interrogatoire assisté de Me Gilles Rageot, greffier en chef, de bien vouloir disposer de sa
requête à l’effet de lui restituer les cents sols qu’il a payé en amende le 4.

«Sur les faits contenus audit réquisitoire, dépose qu’il connait le jeune de Lalande seulement
depuis qu’il est en cette ville, pour un homme prompt et qu’il jure assez ordinairement le saint
nom de dieu par les jurements ordinaires et c’est tout ce qu’il a dit savoir. Lecture faite, a
persisté et signé».155

Jacques Thibault témoigne. Il est âgé de vingt-six à vingt-sept ans, est marchand, natif de St-
Martin-de-Ré, en France et qu’il demeure présentement dans la rue Sous-le-Fort, à Québec. À
l’instar de Péloquin, il demande au sieur Chartier de donner suite à sa requête concernant
l’amende de cent sols qu’il a du payer.

«Sur les faits d’accusation contenus audit réquisitoire, dépose avoir ouï quelques fois, jurer le
jeune de Lalande, le saint nom de Dieu et notamment en une querelle qu’il eut avec de
Lalande, son frère, dans laquelle querelle, ledit jeune de Lalande jurait quelques fois à demi et
se reprenait, disant que Dieu me pardonne et d’autres fois, faisait le jurement entier, par le

153
BAnQ. Op.cit. (#11). Site Internet Pistard. Cote TP1, S777, D142. Copie du procès-verbal que nous avons
déchiffré. et Perron, Guy. Op. cit. (#10). Tome VI. P. 363.
154
Ibidem. Cote TL5, D3236. Copie du procès-verbal que nous avons déchiffré.
155
Ib. Cote TL5, D142. Copie du procès-verbal que nous avons déchiffré.
49

sang, ajoutant le saint nom de Dieu et c’est tout ce qu’il a dit savoir. Lecture faite a persisté et
signé». 156

L’accusation de Louis Bolduc contre de Lalande semble avoir un certain fondement.

Dans l’interrogatoire de ces deux témoins, aucune question ne leur est posée
concernant leur requête du 5 novembre. Pourtant, la requête contient une affirmation à
l’effet que Bolduc considérait l’affaire comme réglée. Si Péloquin et Thibault avaient
réaffirmé leur déclaration, leur témoignage serait devenu inutile. Chartier de
Lotbinière, travaillant en étroite collaboration avec Louis, son procureur, ne pouvait
ignorer qu’il y eut ou non un règlement. L’absence de questionnement sur la requête
du 5 novembre est pour le moins étonnante.

13 novembre 1680 Lettre de Duchesneau à Colbert, ministre du Roi Louis XIV. « Pour le
procureur du Roi de ce siège, le sieur Bolduc, je ne dois pas vous dissimiler qu’il est tout à
fait indigne de sa charge. Il est accusé de concussions, de vol dans toutes les maisons dans
lesquelles on le souffre, de débauche et crapule continuelle, et sans que Monsieur le comte de
Frontenac le protège, je lui aurais fait faire son procès. Je me suis contenté pour ne lui
déplaire, de faire audit procureur du roi, forte réprimande en présence su sieur lieutenant
général ».157

Certains ont parlé d’exagération concernant cette lettre. Nous avons pu voir que dans
leurs échanges officiels entre eux, tant Frontenac que Duchesneau utilisent un langage
direct, désignant les choses crument, quoique révérencieusement et cérémonieusement.
Toutefois leurs correspondances avec le Roi ou son représentant Colbert, sont plus
nuancées. Il est difficile de croire que Duchesneau, en s’adressant au Roi, aurait
proférés de telles accusations sans preuves ou sans aucun fondement. Ce qui n’exclut
pas cependant que l’expression « dans toutes les maisons »pouvait être exagéré.

29 novembre 1680 Selon ce qui a été affirmé par le procureur général D’Auteuil au procès,
en se référant au 29 novembre, le lieutenant général Chartier de Lotbinière a envoyé le
greffier de la Prévôté auprès de louis Bolduc pour l’exhorter à conclure dans l’affaire de
Lalande (voir l’item #10 à la date du 20 mars 1682, plus loin).

Selon l’ordre qu’il en a reçu, le greffier en chef de la Prévôté de Québec, Rageot s’est
présenté à la résidence de Louis Bolduc en avant-midi puis en après-midi le 26 octobre « afin
de lui demander s’il avait conclu sur ledit procès (contre de Lalande) » mais ne l’a pas
rencontré. Il y est retourné le lendemain, 27, « et n’ayant trouvé le procureur du Roi mais la
demoiselle sa femme [que] lui demanda si elle ne pouvait point dire au sieur son mari ce qu’il
souhaitait. Il lui dit qu’il venait de notre part (Chartier de Lotbinière) pour savoir si ledit sieur
procureur avait conclu sur ledit procès, attendu que nous l’accusions, lui greffier, de
négligence de ne pas retirer ledit procès ». Le 28, le greffier se présenta encore à la résidence
de Louis Bolduc « et que n’ayant trouvé que ladite demoiselle sa femme, il lui demanda si elle

156
BAnQ. Op.cit. (#11). Site Internet Pistard. Cote TL5, D142. Copie du procès-verbal que nous avons déchiffré.
157
Institut Drouin. «Le Dictionnaire National des Canadiens Français ». Complément de mon Arbre
Généalogique. Partie historique. Tome III, Pp.1423-1424.
50

avait pris la peine de dire au sieur procureur du Roi ce dont elle s’était chargée la veille et
ayant répondu que oui, sans autre chose, il se retira. ». Le 29, « il aurait trouvé ledit sieur
procureur du Roi, auquel il aurait dit qu’il y avait trois jours qu’il allait chez-lui, par notre
ordre, pour savoir s’il voulait lui remettre le procès qu’il avait intenté contre le jeune Lalande;
lequel dit sieur procureur du Roi lui a fait réponse qu’il n’y avait point encore travaillé. » Ce
même jour, le juge Chartier de Lotbinière décide : « nous avons derechef ordonné audit
greffier d’aller de notre part trouver ledit sieur procureur du Roi et lui dire que nous le
convions et l’exhortions de remettre ledit procès au greffe, avec ses conclusions,
qu’autrement, nous serions obligés de faire ce à quoi notre devoir nous engage et de dire au
sieur procureur du Roi que nous aurions ordonné, à lui greffier, par écrit, de lui dire ce que
dessus et de nous faire savoir sa réponse. »158

Normalement, le procureur conclut par un rapport ou un réquisitoire dans les jours


suivants la réception de l’information. Ici il s’est écoulé vingt-cinq jours avant que
Lotbinière demande à Bolduc de conclure. Ce retard inhabituel de Louis pour conclure
dans cette affaire ne plaide pas en sa faveur. Cela tend à confirmer qu’il aurait
considéré cette affaire comme réglée. De plus, l’absence de Bolduc de chez-lui à la
deuxième et à la troisième visite du greffier, sans explication, ne semblent pas
justifiables et encore moins qu’il n’ait pas laissé un message à son épouse à l’intention
du greffier. Que le lieutenant général en vienne à menacer de prendre ses
responsabilités à l’égard d’un officier du rang du procureur du Roi, son second,
indique qu’il supposait que sans cela, Bolduc ne remettrait pas son rapport (appelé ici
procès). Lotbinière était-il devenu soupçonneux envers son procureur? Y-avait-il un
lien avec les remontrances que Duchesneau à faites à Bolduc en sa présence?

4 décembre 1680 « Sur réquisitoire du procureur du Roi, du premier de ce mois, tendant,


pour les raisons y contenues, à ce que le jeune de Lalande soit assigné à comparaître en
personne, devant nous, pour être ouï et interrogé sur les faits contenus en l’information faite
par nous, à l’encontre de lui, à la requête dudit procureur du Roi, le sixième jour de novembre
dernier. Nous avons ordonné que Lalande, le jeune, sera assigné à comparaître devant nous, à
demain deux heures de relevée (pm). »159

5 décembre 1680 Interrogatoire de Pierre de Lalande, marchand de Bayonne de vingt-trois ou


vingt-quatre ans, habitant, lorsqu’il est à Québec, chez son frère le sieur Jacques de Lalande
de Gayon, aussi marchand demeurant sur la rue Sous-le-Fort. L’interrogatoire est conduit par
René Louis Chartier de Lotbinière en tant que lieutenant général de la prévôté de Québec, sur
la requête de Louis Bolduc du 1° décembre et il est assisté par le greffier Gilles Rageot. Pierre
de Lalande a été assigné par Gosset, huissier, la veille.

Interrogé à savoir s’il sait pourquoi le procureur du Roi a fait informer (enquêter) contre lui, il
répond : «qu’il sait que ledit procureur du Roi a fait informer contre lui, il y a quelque temps
mais qu’il croyait que l’on ne parlait (parlerait) plus de cela, ledit procureur du Roi (le) lui
ayant promis». Interrogé à savoir comment ledit procureur du Roi lui a fait cette promesse, il
répond que le jour où Gosset, huissier, donna l’assignation à Thibault et à Péloquin, il alla

158
Perron, Guy. (P.de Q.) Op. cit. (#10). Tome VI. Pp. 364-365.
159
Ibidem. P. 365.
51

trouver Gosset qui «lui a dit d’aller trouver le procureur du Roi et lui porter quelque chose
pour qu’il ne le poursuivit pas (…) que le lendemain ledit Thibault (un des témoins du
procureur) l’envoya quérir et lui dit qu’il était assigné et qu’il serait obligé de dire la vérité et
qu’il savait qu’ayant joué ensembles il avaient quelque fois juré et qu’ainsi il lui conseillait
d’aller (…) trouver ledit procureur du Roi et lui porter quatre ou cinq pistoles, sur quoi lui qui
répond (de Lalande), prit six écus blancs qu’il mit dans sa poche avec quatre pièces de
quarante sols et quelques pièces de vingt sols qu’il avait déjà et monta chez le procureur du
Roi (…) lequel il trouva couché et lui ai (a) dit (…) qu’il venait le prier de ne le pas
poursuivre (…) (et) d’aucune manière plaider (contre lui) et qu’il lui donnerait ce qu’il lui
demanderait. Sur quoi ledit procureur du Roi lui ayant répondu qu’il ne lui voulait point de
peine et qu’il voulait être son ami (…) et qu’il parlerait à l’huissier du Roi et avec Péloquin et
Thibault (…) et qu’il s’était accommodé avec lui (…) qu’il donna audit procureur du roi,
l’argent qu’il avait dans sa poche (…) (qu’il lui restait) deux pièces de quarante sols,
quelques sols manquaient et une pièce de vingt sols qu’il donna aux enfants dudit procureur
du Roi pour aller chercher une bouteille de vin qu’ils boiraient ensembles».

Lalande affirme qu’il a pu dans un emportement contre son frère qui le frappait, dire le nom
ou saint nom de Dieu mais qu’il n’a pas juré même si quelques fois il a aussi pu dire qu’il se
donnerait au diable ou que le diable l’emporte.160

Ce témoignage est très incriminant. L’affirmation de Lalande contre Louis aurait pu


être considérée comme tout à fait gratuite n’eut été du fait que Thibault et Péloquin ont
déclaré que Louis Bolduc, le 4 novembre, alors qu’ils allaient témoigner, leur a dit que
l’affaire de Lalande était réglée (accommodée).

C’est sur cette première base que Louis sera accusé de malversation. Cette accusation
semble au départ inexacte dans sa formulation. En effet, selon le dictionnaire Furetière
(1690), le mot malversation a plutôt le sens de «détournement de fonds» et ce sens n’a
pas évolué même aujourd’hui. En admettant que l’accusation eut été fondée, il se serait
agit plutôt de «corruption» mais, cependant, cela aurait changé la nature du procès. En
effet, dans le cas de malversation, il n’y a qu’un accusé soit celui qui détourne les
fonds alors que dans le cas de corruption il y a celui qui accepte de fermer les yeux sur
une faute moyennant de l’argent, c’est le «corrompu» et celui qui verse l’argent, qui
est le corrupteur. Les deux sont aussi coupables, ce qui signifie que de Lalande aussi
aurait dû être accusé, ce que rien ne démontre dans la suite des procédures. En outre, le
huissier Gosset, les témoins Péloquin et Thibault, le greffier Rageot et le lieutenant
général lui-même auraient tous été complices par leur silence.

D’Auteuil a choisi de n’accuser que Louis Bolduc, omettant le fait que de Lalande
l’aurait soudoyé. S’il était interdit pour Louis de recevoir de l’argent dans cette
situation, il l’était tout autant pour de Lalande de lui en verser. C’est à Louis Bolduc,
protégé de Frontenac que D’Auteuil voulait s’en prendre et l’occasion offerte par
Lalande était trop belle pour ne pas s’en servir. En fait, quoique D’Auteuil comme

160
BAnQ. (Op.cit. (#11). Site Internet Pistard. Cote TL5, D142. Copie de l’interrogatoire que nous avons
déchiffré.
52

procureur général soit l’accusateur, il va de soi, que c’est au nom du Conseil dont
Duchesneau, ennemi juré de Frontenac, est l’autorité supérieure, qu’il porte ses
accusations.

Ces considérations n’infirment cependant pas le fait qu’il ait pu y avoir une faute de
commise par Louis Bolduc. Quelle qu’en soit la nature exacte; les apparences et trois
témoignages étaient contre lui.

Toutefois, pourquoi Gosset n’a-t-il pas été interrogé ni Péloquin et Thibault interrogés
davantage par de Lotbinière? Ces deux derniers ayant affirmé que Louis Bolduc
pouvait être soudoyé, la nécessité de leurs témoignages ne devenait-elle pas évidente?
On aurait certainement pu découvrir s’il s’agissait d’un coup monté contre Louis ou
d’une complicité avec lui. Péloquin, Thibault et de Lalande demeuraient sur la rue
Sault-au-Matelot, ils se connaissaient, ils avaient le même âge (entre 23 et 26 ans), ils
étaient marchands de France et ils se sont parlé avant que de Lalande témoigne devant
Chartier de Lotbinière. Par vengeance et pour se disculper de l’accusation de
blasphème, de Lalande a très bien pu entrainer ses deux compatriotes dans un faux
témoignage. Cependant, Gosset aurait-il été dans le coup? Se serait-on plutôt servi de
Gosset en lui prêtant une affirmation qu’il n’aurait pas faite ou qu’on aurait interprétée
librement?

11 décembre 1680 « Plaintes et dénonciations, en partie de Pierre de Lalande, marchand de


Bayonne, suivant sa requête apportées au Conseil le 11 décembre 1680, contre Me Louis
Boulduc, substitut du procureur général en la prévôté de cette ville, défendeur et accusé ».

16 décembre 1680 Réunion du Conseil souverain. On y apprend que dès le 5 décembre ou au


plus tard le 6, de Lalande a porté plainte au Conseil contre Louis, par une requête à l’intendant
Duchesneau. Ce dernier décide le 6, de référer cette requête au Conseil qui en prend
connaissance le 11, et le 15 le procureur général D’Auteuil rédige son réquisitoire sur son
contenu.

Le Conseil décide que toutes les procédures effectuées à la Prévôté dans cette affaire,
comprenant les requêtes de Péloquin et Thibault, seront remises au procureur général
D’Auteuil qui en prendra connaissance et jugera de la suite à y donner.161

Le jour même, ou le lendemain de son interrogatoire concernant l’accusation de


blasphème portée contre lui, de Lalande s’adresse au Conseil pour porter plainte contre
Louis, pour malversation. Il ne sera pas jugé par la Prévôté, comme il se devait, pour
ses jurements et blasphèmes mais le Conseil Souverain accueille ses accusations de
malversations à l’encontre de Louis. D’accusé, de Lalande devient accusateur sans
plus de procédures.

Duchesneau et D’Auteuil ou plus officiellement, le Conseil, n’ont-ils pas profité de l’occasion


pour embarrasser Frontenac en s’attaquant à son protégé? C’est fort possible, certains
écrivains l’ont affirmé. Toutefois, l’intendant avait le pouvoir d’enquêter et d’accuser dans un
161
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P. 448.
53

tel cas comme il l’affirmera plus tard : « Sa majesté par ses instructions, dit en termes exprès,
qu’en cas qu’aucun des officiers des justices subalternes ou du Conseil souverain, fussent
accusés ou convaincus de mauvaise conduite, il (l’intendant) pourra informer contre eux et
leur faire le procès avec ledit Conseil souverain, mais s’ils en étaient seulement soupçonnés, il
pourra en donner avis à sa majesté pour y pourvoir ».162

1681 Au recensement, Louis Boulduc est résident de la Ville de Québec. On recense dans la
maison : lui-même, profession, procureur du roi, 32 ans; Élizabeth Hubert, 30 ans; Louis
Boulduc, 12 ans; Marie Boulduc, 10 ans; Jacques Boulduc, 9 ans; René Boulduc, 7 ans; Marie
Boulduc, 6 ans; Louise Boulduc, 4 ans.163

La première fille portant le nom de Marie est Marie-Anne et la seconde est Marie-
Ursule. Deux enfants portaient le prénom de Louis et le second n’apparaît pas sur la
liste. Il est probablement décédé car nous n’en retrouvons plus aucune trace. L’adresse
de résidence n’est pas mentionnée dans ce recensement.

13 janvier 1681 Vu son arrêt du 16 décembre 1680 (ci-haut), vu que les pièces du dossier ont
été transmises et vu le réquisitoire du procureur général D’Auteuil du 6 de ce mois, le Conseil
décide que « le sieur de Villeray premier conseiller en cette cour est commis (désigné) pour
informer (enquêter) incessamment des faits allégués et de malversations prétendues commises
par ledit procureur du Roi (Bolduc).»164

20 janvier 1681 Requête de Louis au Conseil demandant « à avoir communication de certaine


requête présentée par Pierre de Lalande à l’encontre de lui, et autres pièces s’il y en a et qu’il
lui soit accordé acte des protestations qu’il fait de tous ses dépens, dommages et intérêts, avec
réparation, telle qu’il appartiendra tant à l’encontre dudit de Lalande qu’autres si besoin est ».

Le procureur général D’Auteuil présente son réquisitoire ce même jour. Le Conseil décide
conformément à ce réquisitoire que la décision sur cette requête sera retardée jusqu’à ce que
l’enquête commencée soit terminée et lui soit soumise.165

27 janvier 1681 «Autre requête dudit Boulduc du 27 dudit mois de janvier, tendant à ce qu’il
plut au Conseil (d’) ordonner qu’il serait ouï sur l’accusation dudit de Lalande
indépendamment des autres choses dont on tâchait de le noircir, n’empêchant point au surplus
que ledit procureur général ne fit recherche et information de ses vies et mœurs, ainsi que bon
lui semblerait, ses défenses (à Louis) au contraire, mais qu’il plut au Conseil, avant toutes
choses, (de) pourvoir à sa réparation, dommages et intérêts, pour l’accusation faite par ledit
Lalande; au bas de laquelle (requête de Louis) est apporté l’ordonnance du Conseil, portant
qu’elle serait communiquée audit procureur général, (sur) ce requérant».166

162
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P. 780. Cité au procès.
163
PRDH. Op. cit. (#43). Relevé d’acte #98417.
164
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P.460.
165
Ibidem. P. 463.
166
Ib. P. 778. Cité au procès.
54

Le 20 janvier, le Conseil a refusé d’informer Louis des accusations portées contre lui,
du moins avant la fin de l’enquête. Déjà on pouvait deviner qu’il ne s’agissait pas de la
simple accusation de de Lalande. Par cette nouvelle requête nous apprenons que Louis
sait qu’il s’agit d’une enquête plus vaste et dès ce moment, il tente de faire isoler
l’accusation portée par de Lalande. Malgré l’affirmation qu’il fera sa défense avec
« l’information de ses vies et mœurs » que fait le procureur général, ce qui pourrait
n’être qu’une parade, ne craint-il pas justement cette enquête élargie?

Toutes les apparences sont contre Louis dans l’affaire de Lalande mais en étant jugé
isolément que dans cette affaire il pense peut-être s’en tirer d’une façon ou d’une
autre, soit complètement soit avec une décision qui ne remettrait pas sa carrière en
cause. Cependant, en étant jugé sur l’ensemble de ses comportements, il craint peut-
être pour son poste.

3 mars 1681«Autre requête dudit Boulduc du 3 mars ensuivant, tendant à ce qu’il plut au
Conseil (d’) ordonner sur la disjonction par lui demandée, qu’il serait ouï sur l’accusation
dudit de Lalande, comme indépendante de celle faite par ledit procureur général et que le
procès fut mis en état d’être rapporté au premier jour de Conseil, pour tout délai. Arrêt étant
au bas d’icelle (de la requête), dudit jour, portant qu’elle serait jointe ainsi que les autres, pour
en jugeant, y être fait droit.».167

Louis continue à se battre pour n’être jugé que dans l’affaire de de Lalande mais le
Conseil n’en poursuit pas moins son enquête élargie.et ne fait qu’ajouter les requêtes
de Louis à son dossier sans y répondre autrement.

8 mars 1681 Il ya eu information (enquête et audition de témoins), dans l’affaire de Louis par
le commissaire de Villeray les 15, 20, 23, 24, 25, 30, et 31 janvier, 1, 26 et 28 février et ce 8
mars.168

Nous n’avons pu trouver les comptes-rendus de ces interrogatoires. Il semble évident


que ces onze jours ont dû être consacrés à des témoignages qui débordent la simple
affaire de Lalande.

10 mars 1681 Le Conseil étudie la dernière requête de louis (ci-haut) suite à l’avis du
procureur général D’Auteuil. Frontenac est présent. Duchesneau, qui est malade, est remplacé
par Louis Roüer de Villeray comme intendant :

« Le Conseil, attendu que Me Louis Roüer de Villeray, premier conseiller audit Conseil,
commissaire en cette partie (enquêteur dans l’affaire contre Louis), a dit qu’encore qu’il n’eut
le procès et l’information (l’enquête) en question, entre ses mains, que vendredi dernier à dix
heures du matin et qu’il eut été obligé, le lendemain, d’entendre encore des témoins, il se
promettait néanmoins de rapporter le tout au premier jour ordinaire de l’assemblée de la
Compagnie (Conseil).»

167
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P. 777. Cité au procès.
168
Ibidem. P. 780. Cité au procès.
55

« Le Conseil a ordonné et ordonne que ladite requête sera jointe aux précédentes, pour au
rapport des informations, y être fait droit ainsi que de raison dans la huitaine, suivant les
offres du sieur de Villeray. »169

Concernant la séparation de la plainte de de Lalande et des autres accusations, quoique


la demande de Louis apparaisse très légitime, le report de la décision sur ce sujet,
jusqu’à ce que l’enquête étendue soit complétée ne présume pas à ce moment que la
séparation soit refusée. Dans un cas d’accusation de malversation, il peut être normal
d’enquêter pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé. D’ailleurs, la plainte de de
Lalande n’est que le déclencheur d’une enquête plus vaste sur les mœurs
professionnelles de Louis, commandée par l’intendant, en vertu des pouvoirs qui lui
sont dévolus. C’est ainsi que nous interprétons l’accord donné par Frontenac dans
cette décision, car il ne s’y est pas opposé.

Toutefois Frontenac usera d’un autre moyen pour tenter d’embarrasser le Conseil dans cette
affaire en particulier et dans bien d’autres par la même occasion : « Monsieur le gouverneur
dit que puisque la cour était occupée à rechercher les abus que les officiers peuvent commettre
dans l’administration de leurs charges, il était surpris que le procureur général D’Auteuil qui
témoigne tant de chaleur pour être éclairci en de certaines rencontres (informé de certaines
situations), demeure dans le silence dans d’autres et les dissimule quoiqu’il ne les puisse
ignorer. Que pour lui, gouverneur, il n’en peut faire de même parce qu’il manquerait à son
devoir (…) qu’ainsi, il ne peut s’empêcher d’avertir la Compagnie (Conseil) de deux
manquements notables qu’a fait le sieur de Villeray dans un exploit (avis d’assignation)170 qui
est tombé entre ses mains et qui est semblable à beaucoup d’autres (…) Le premier en ce que
ledit exploit n’est pas libellé (détaillé)171 et qu’il n’est point dit contre qui le témoin doit être
entendu, quoique les formules de l’ordonnance du Roi le porte (précise) expressément et le
second en ce que la qualité d’écuyer qui est donné au sieur de Villeray sans qu’il ait produit
sur cela aucun titre qui puisse faire voir qu’elle lui appartient (…) ».172

Ce moyen, qui ne peut être que dilatoire dans la cause de Louis, donnera pourtant lieu
à des altercations épiques, pleines de rebondissements, entre le gouverneur et le
Conseil. Toutefois, la stratégie de Frontenac, qui sachant par son expérience, que ce
moyen ne peut être que rédhibitoire, parait nébuleuse.Chercherait-il à gagner du
temps, dans quel but? Ne chercherait-il pas plutôt qu’à embarrasser le Conseil une fois
de plus?

17 mars 1681 Ce jour et le suivant sont à marquer d’une croix en ce qui concerne les relations
tendues entre le gouverneur et le Conseil. Ils occupent chacun dix pages de comptes-rendus
après avoir été déchiffrés et imprimées et en plus il y a des suites. Il s’agit d’une longue série
d’interprétations contradictoires, de prétentions, d’argumentations et de répliques qui

169
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P. 478.
170
Il est dit plus loin dans le procès-verbal que cette assignation était adressée à Jean Lechasseur, secrétaire de
Frontenac.
171
Plus tard, lorsqu’il rédigera ses remontrances par écrit Frontenac ajoutera que c’est pour éviter que les
témoins ne puissent être surpris que l’exploit devrait être détaillé.
172
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17) Vol. II. Pp.478-479.
56

impliquent un va et vient incessant entre le bureau du Conseil et celui du gouverneur qui s’est
retiré des délibérations, suite à la décision de ce dernier. On y perçoit la mauvaise foi et
l’entêtement des deux parties. Toutes ces dissensions ne portent que sur un seul sujet : les
remontrances de Frontenac concernant deux manquements dans les avis d’assignation des
témoins, émises par ou pour le sieur de Villeray. En arrière plan l’enquête sur l’accusation
contre Louis Bolduc. Nous devons nous astreindre à ne relever que quelques passages les plus
significatifs et de résumer le reste.

Armoiries de Louis XIV

Le sieur de Villeray se déclare prêt « de rapporter les informations faites par-devant lui en
qualité de commissaire en cette partie, à la requête du procureur général contre Me Louis
Boulduc procureur du Roi en la Prévôté de cette ville et à cet effet (a) mis sur le bureau
lesdites informations, que néanmoins, audit jour dernier (dernière assemblée), il fut mis en fait
que dans un exploit et plusieurs semblables, il y avait deux manquements, il était nécessaire
de les examiner à ce (parce) que s’il s’en induisait quelques nullités, il serait à juger si lesdites
informations seraient rapportées en l’état qu’elles sont ou recommencées (…). Dit a été (le
Conseil décide), qu’il sera procédé au jugement des incidents (les deux manquements) qui
regardent l’affaire en question avant de venir au fond.»

Le sieur de Villeray demande au Conseil que le sieur Depeiras, parent de Louis, s’abstienne
de juger au sujet desdits exploits concernés par deux manquements car « ledit sieur Depeiras
pourrait, pour l’intérêt dudit sieur Boulduc, incliner à ce que lesdits exploits fussent déclarés
nuls (…). Dit a été que ledit sieur Depeiras s’abstiendra du jugement desdits incidents».173

Nous avons vu plus haut que l’épouse du sieur Depeiras était la cousine par alliance de
Louis.174 Cependant, ce degré de parenté est une cause de récusation selon
l’ordonnance du roi.

Toujours dans la même séance du Conseil, concernant les deux manquements, le sieur de
Villeray demande : « que le Conseil soit informé qu’il n’a commis aucun abus ni
contravention, ce qu’il croit faire (démontrer) suffisamment par les réponses qu’il a mises
entre les mains du procureur général, néanmoins comme il a sujet (des motifs) de craindre que
monsieur le gouverneur étant prévenu comme il l’a fait paraître (ayant un parti pris) ne lui fut
encore contraire, s’il assistait à l’examen que le Conseil fera desdites réponses, il plut au
Conseil (de) vouloir prier mon dit sieur le gouverneur de se vouloir abstenir d’assister audit
examen et à ce qui sera ordonné en conséquence desdites réponses et de vouloir laisser la
Compagnie en état d’opiner (juger) avec liberté.» Le gouverneur revient à la charge

173
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17) Vol. II. P. 481. Voir aussi référence #76.
174
PRDH. Op. cit. (#43). Acte #69997.
57

concernant la décision demandant au sieur Depeiras de ne pas juger. Le Conseil décide que le
sieur Depeiras « s’abstiendra d’assister et d’opiner sur ladite requête »175

Discutant de la requête concernant les manquements reprochés par Frontenac, le procureur


général « a dit qu’étant (conformément à) de l’ordonnance, quant il y a quelques requêtes
pour demander qu’un juge s’abstienne du jugement d’une affaire, il se retire pour savoir si en
effet il sera jugé (décidé) qu’il se doive de se retirer. C’est pourquoi il prie mon dit sieur le
gouverneur d’avoir agréable de le faire (…). Sur quoi le gouverneur a dit que pour ne point
apporter de trouble, sans préjudicier au rang qu’il a plu au Roi (de) lui donner dans le Conseil,
ni à ce qu’il est obligé de faire pour s’en acquitter, il se retire, protestant de donner avis à sa
majesté de la manière dont les affaires se traitent au Conseil afin, qu’il lui plaise y donner
ordre.»176

Après discussion, le Conseil décide que « monsieur le gouverneur sera très humblement
supplié de la part de la Compagnie par les sieurs D’amours et de la Martinière, conseiller en
icelle (au Conseil) de vouloir bien s’abstenir du jugement des choses employées dans sa
remontrance». À leur retour les sieurs désignés « ont rapporté qu’il (Frontenac) avait dit qu’il
donnerait avis à sa majesté du compliment (!) que la Compagnie lui envoyait faire ».177

En considérant les remontrances faites par monsieur le comte de Frontenac, les réponses
fournies par le sieur de Villeray et le réquisitoire du procureur général (voir le paragraphe
suivant), l’inventaire des titres de noblesse du sieur de Villeray, et l’exploit d’assignation
donné par l’huissier Roger au sieur Jean Lechasseur secrétaire du gouverneur, le Conseil
décide de déléguer à nouveau les sieur D’Amours et de la Martinière auprès de Frontenac
pour « vouloir bien que l’instruction du procès qui se poursuit contre ledit Boulduc à la
requête dudit procureur général soit continuée, si nécessaire par des exploits pareils à celui en
question, attendu qu’il n’est pas contraire à l’ordonnance et à l’égard de la noblesse du sieur
de Villeray, qu’il soit sursit à l’examen d’icelle jusque à ce qu’on ait su les volontés de sa
majesté sur la recherche des usurpateurs de noblesse en ce pays ».178

Essentiellement, les réponses, très élaborées, du sieur de Villeray aux remontrances de


Frontenac, se résument ainsi : concernant le libellé de l’exploit, il a ordonné au
huissier Roger d’assigner Lechasseur et ce dernier a utilisé la formule habituelle et le
procureur général qui doit approuver ces ordonnances n’y a rien vu de particulier et
concernant ses titres de noblesse, il ne les a pas utilisés dans les exploits depuis l’arrêt
de sa majesté et si cela s’est fait, cela ne peut être que par le huissier sans lui demander
son avis. Le Conseil a accepté ses justifications tout en se penchant sur les détails de la
vérification des titres de noblesse pour laquelle personne n’est attitré dans la colonie
car seul le Roi peut désigner un juge à cet effet.

Le réquisitoire du procureur général sur les remontrances est plus précis. Il dit concernant le
libellé de l’exploit, que « lui, procureur général n’a pas cru ni dut croire jusqu’à présent que

175
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P. 482.
176
Ibidem. P. 483.
177
Ib.
178
Ib. P. 484.
58

cette formalité ait été nécessaire, l’ordonnance ne le désirant point à peine de nullité dans une
affaire criminelle de cette importance, qui demande un très grand secret, tant pour conserver,
en quelque manière, la réputation d’un officier de cette conséquence (et tant pour) que les
témoins ne soient subordonnés par le crédit ou les amis qu’a ordinairement un officier revêtu
d’une pareille charge. Le Roi ne faisant pas connaître qu’il veuille que les formules aient
force de loi, outre que les juges ne se sont pas toujours astreints à les suivre, [que] même le
Conseil, ne s’y est pas, jusqu’à présent attaché. Au surplus, ledit sieur de Villeray, n’étant pas
responsable de ce que fait un huissier (…) étant lui, procureur général qui a donné ces ordres
au huissier (…) ». Sommairement, sur la question des titres de noblesse du sieur de Villeray,
il dit qu’il est vrai que l’arrêt du Conseil d’état du Roi défend de prendre d’autres qualités que
celles qui sont enregistrées mais dans les actes et registres plumitifs du Conseil ce qui ne
serait pas le cas d’un exploit. Il élabore longuement sur les pouvoirs d’attribuer, de vérifier et
de juger ces titres.179

S’il nous semble que Frontenac y est allé d’une manière draconienne en soulevant ces
remontrances comme mesures que nous jugeons dilatoires, D’Auteuil n’a pas hésité à
utiliser une interprétation tout à fait littérale des mandements royaux et d’arguments
spécieux, allant même jusqu’à laisser entendre qu’un exploit n’y serait pas soumis et
n’hésitant pas à dire qu’il a ordonné lui-même au huissier de livrer cet exploit alors
que le sieur de Villeray a prétendu que c’était lui qui l’avait fait; il portait d’ailleurs sa
signature et son titre. D’autre part de Villeray dit que l’huissier a utilisé la formule
ordinaire et D’Auteuil invoque des arguments à l’effet que le libellé était destiné
spécifiquement à protéger la réputation d’un officier tel que Bolduc. L’affaire de Louis
sert, de prétexte pour une lutte de pouvoir.

18 mars 1681 Les sieurs de la Martinière et D’Amours font rapport de leur visite chez le
gouverneur à qui ils ont fait lecture de la décision du Conseil, de la veille, concernant les deux
remontrances faites à l’encontre du sieur de Villeray. « Le gouverneur fit réponse qu’il n’avait
pas prétendu empêcher que la procédure ne se continuât, quoiqu’il manqua, dans l’exploit,
quelque chose contre la disposition de l’ordonnance, en ce qui est porté aux formules, et qu’il
voulait seulement représenter à la Compagnie, afin qu’il y fut remédié à l’avenir. Que pour la
qualité d’écuyer prise par ledit sieur de Villeray, il avait sujet de s’étonner comme quoi le
Conseil avait pu prononcer de la manière qu’il avait fait, vu l’ordre qu’il (Frontenac) lui avait
envoyé de ne la pas prendre (la qualité), ce qu’il prétendait empêcher et que le Conseil ne
pouvait toucher à son ordonnance, n’étant point justiciable dudit Conseil ».

Après cette visite, le greffier du Conseil vint avertir le gouverneur de bien vouloir assister à la
séance du Conseil. Le gouverneur lui a dit « que comme il pense qu’on pourrait parler, ce
matin, du procès du sieur Boulduc, procureur du Roi en la prévôté de cette ville, et (qu’on) le
croit aussi favorable pour lui, que la Compagnie s’imagina hier, qu’il devait être défavorable
au sieur de Villeray, pour ôter tout soupçon, il se dispensa de s’y trouver et demanda que la
raison pour laquelle il s’absente soit marquée sue le registre ».

Frontenac, pour se porter à la défense de Louis Bolduc, son protégé, après avoir
amorcé l’utilisation de moyens dilatoires douteux, qu’il abandonne en partie ( à propos
179
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. Pp. 485-490. Passim.
59

du libellé), décide maintenant de ne plus participer au jugement de son procès, de peur


d’être accusé de partialité. Il n’abandonne toutefois pas la lutte comme on pourra le
constater par la suite.

À ladite séance, le procureur général D’Auteuil fait rapport des péripéties concernant
l’assignation de Lechasseur, secrétaire du gouverneur, dernier témoin à entendre dans l’affaire
contre Louis Bolduc : 1° le gouverneur autorise l’assignation; 2° Lechasseur au lieu de se
présenter, « se serait contenté d’envoyer un officier de mon dit sieur le gouverneur, dire au
sieur de Villeray, qu’étant à travailler aux affaires dudit sieur gouverneur, il ne pouvait se
trouver à l’assignation mais que si le sieur de Villeray voulait , il n’avait qu’à passer au
château après avoir entendu les autres témoins et qu’il l’entendrait là »; 3° le gouverneur dit à
D’Auteuil, qui va le voir ensuite, que Lechasseur peut être assigné à n’importe quel moment;
4° ordre est donné au huissier d’assigner Lechasseur à nouveau; « lequel huissier étant de
retour nous aurait dit que mon dit sieur le gouverneur lui avait dit que non seulement il ne lui
permettait pas mais qu’il lui défendait » d’assigner Lechasseur; 5° D’Auteuil se rend à
nouveau chez le gouverneur qui lui dit « qu’il était vrai qu’il nous le défendait aussi bien qu’à
l’huissier et qu’il nous arriva pas de le faire faire »180

Le comportement de Frontenac parait pour le moins erratique. Cette incohérence n’est


sûrement pas le moyen le plus efficace de faire disculper Bolduc des accusations qui
pèsent contre lui. On pourrait croire que le gouverneur ne sait plus quels moyens
utiliser pour sortir son protégé des griffes du Conseil. Et, cet empêchement
emberlificoteur qu’il met au témoignage de son secrétaire laisse des doutes sur ce que
ce dernier pourrait révéler. Y-a-t-il eu manigances entre Frontenac et Bolduc dans
lesquelles Lechasseur serait aussi impliqué ou témoins?

Sur la requête de Louis demandant la séparation de la plainte de de Lalande des autres motifs
d’enquête que poursuit le procureur général, apprenant que le Conseil pouvait s’y prononcer,
Louis « aurait été trouver monsieur l’intendant pour le supplier de n’être point présent à la
visite (l’étude) desdites informations ni (être) son juge en cette affaire, attendu la prévention
(l’opinion ou le préjugé) qu’il avait témoigné avoir à l’encontre de lui, qui aurait été jusque à
lui refuser son ordonnance pour toucher ses gages, qu’il ne fut purgé (jugé innocent) avant,
comme s’il eut été sûr d’une conviction (comme si l’intendant eut été sûr de sa culpabilité),
(c’est) pourquoi, il le suppliait instamment de se départir de la connaissance de toute cette
affaire ». L’intendant lui répondit qu’il soumettrait sa requête au Conseil. Émettant ensuite
son avis au Conseil sur cette requête, il déclare « qu’il avait toujours été bien éloigné d’avoir
aucune prévention contre personne et particulièrement contre les officiers de justice (…) et
notamment le procureur du Roi de la Prévôté puisqu’en diverses rencontres, il lui avait
remontré (fait des reproches) et même l’avait prié de bien faire sa charge et que peu de temps
après avoir reçu les ordres du Roi de l’année dernière, se croyant obligé de mander les
officiers de la justice ordinaire pour les exhorter de se bien acquitter de leur devoir, il avertit
ledit procureur du roi, en présence du sieur lieutenant général (Chartier de Lotbinière) et du
greffier de ladite Prévôté, de prendre garde à quelques fâcheux bruits qui courraient sur lui et

180
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. Pp. 490-493.
60

dont on lui avait fait plainte et qu’il devait changer de conduite s’il était coupable, qu’il serait
fâché de faire quelque choses contre lui ».181

Louis était-il assez naïf pour croire que l’intendant qui avait accepté l’accusation de de
Lalande et avait étendu l’enquête jusqu’à couvrir tous ses comportements, se retirerait
du jugement de sa cause en contrepartie du fait que le gouverneur s’en était retiré? Il
avait de bonnes raisons de craindre le procès étant donné le peu de sympathie que des
membres du Conseil semblaient lui témoigner, mais avait-il d’autres raisons? Par sa
démarche, il semble désespéré.

Il est difficile de croire que l’intendant ait inventé les bruits qui courraient sur Louis et
les plaintes reçues contre lui antérieurement. Sans connaître leur nature, leur révélation
tend à démontrer que Louis avait peut-être de bonnes raisons de craindre son procès et
d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour n’être jugé que sur les accusations de
de Lalande. Cependant les déclarations de l’intendant et la référence à un mandement
du Roi, nous laissent croire tout de même que Louis n’était pas le seul dont la conduite
n’était pas irréprochable. Les mœurs de l’époque toléraient sûrement quelques
incartades aux lois, notamment en ce qui regarde le commerce des fourrures et
d’autres moyens plus ou moins licites pour arrondir des appointements trop modestes.

Poursuivant son exposé au Conseil concernant la requête de Louis, l’intendant affirme que
pour ce qui regarde l’ordonnance de paiement de ses gages, étant donné les droits qui lui ont
été attribués par sa majesté, « il ne se croit obligé (…) de rendre compte de sa conduite qu’au
Roi sur ce point ».182

Nous ne pouvons affirmer depuis quand Louis ne reçoit plus ses gages mais le fait est
là, il n’est plus payé depuis un certain temps. Quelles sont ses ressources financières
pour subvenir à ses besoins et ceux de sa famille?

Le Conseil revient au procès-verbal du procureur général concernant l’assignation de


Lechasseur et décide que « les sieurs D’Amours et le procureur général se transporteront par
devers monsieur le gouverneur pour lui faire voir ledit procès-verbal et savoir de lui sa
volonté sur icelui ». « Et ayant été rapporté que monsieur le gouverneur est à la messe, il a été
sursis à son retour pour l’aller trouver par lesdits députés ».

20 mars 1681 Le procureur général et le sieur D’Amours font rapport de leur visite chez le
gouverneur. «Il leur aurait dit qu’avant de passer à autre chose, il souhaitait voir le rapport au
Conseil par ledit sieur D’Amours et du sieur de la Martinière sur leur députation du jour
précédent, ne prétendant pas qu’on le fit parler, et, cependant, lui ayant été fait lecture par
ledit procureur général de son dit procès-verbal, il (le gouverneur) l’aurait trouvé véritable en
son tout, excepté qu’il dit que ledit procureur général aurait oublié de mettre, dans icelui, qu’il
lui défendait aussi bien qu’il l’avait fait à l’huissier, de faire donner des exploits dans la
continuation des informations encommencées à l’encontre dudit procureur du Roi en la
Prévôté de cette ville, lorsque la qualité d’écuyer y serait donnée au sieur de Villeray. À quoi

181
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. Pp. 493-494.
182
Ibidem.
61

ledit procureur général lui dit qu’il voulait bien mettre dans son procès-verbal ce qu’il lui
disait, pourvu qu’il parut que ce fut le gouverneur qui le disait et non pas lui procureur
général, n’ayant pas de mémoire qu’il lui eut été dit par mon dit sieur le gouverneur, autre
chose que ce qui est contenu audit procès-verbal et cependant, mon dit sieur le gouverneur
aurait continué à demander que le rapport desdits sieurs D’Amours et de la Martinière lui fit
rapporté ».183

Qui dit vrai? D’Auteuil défie certainement le gouverneur avec audace et même s’il a
raison, il s’en repentira.

Par la suite, ce même jour, le greffier, revenant de chez le gouverneur, qui l’a retenu pour lui
remettre des papiers destinés au Conseil, ce qui lui mérite des reproches de l’intendant, vu que
le Conseil l’attendait, remet ces papiers à l’intendant en lui disant que « monsieur le
gouverneur souhaitait que ce fut la première chose à laquelle le Conseil travailla, mon dit
sieur le gouverneur ne pouvant pas s’y trouver ». Ce papier ne fait que continuer la longue
chicane concernant l’interdiction signifiée par Frontenac, d’interroger Lechasseur aussi
longtemps que l’exploit ne précisera pas le libellé et que de Villeray y sera identifié comme
écuyer du roi. Frontenac affirme qu’il a fait part de son interdiction à l’huissier Roger, au
procureur général, aux sieurs de la Martinière et D’Amours et l’a même adressé par écrit au
sieur de Villeray. Il ajoute que « si le Conseil avait été informé, ou par le procureur général ou
par le sieur de Villeray de la défense par nous faite à ce dernier, de prendre la qualité
d’écuyer, il (le Conseil) avait trop de prudence pour se vouloir établir juge de nos
ordonnances dont nous n’avions à rendre compte qu’au Roi et qu’ainsi le Conseil ne devait
pas trouver étrange que nous ne puissions recevoir la preuve qu’il nous faisait faire sur le
sujet (la décision du Conseil basée sur le procès-verbal du procureur général) (…) Et quoique
dans le poste où nous sommes, nous n’estimions pas avoir besoin de témoin pour faire ajouter
foi à des choses de cette nature, où personne ne peut avoir d’intérêt que nous, et qui par
conséquent ne sauraient être contestées qu’à mauvais dessein à notre égard, néanmoins,
comme le hasard a fait qu’il se trouvait des personnes… ».184

Suivent, au Conseil, la déclaration des témoins cités par le gouverneur. L’huissier Roger
confirme l’affirmation du gouverneur. Toutefois, il mentionne que dans son rapport au
procureur général, il n’a pas fait mention des raisons de l’interdiction. Depeiras qui était dans
l’antichambre du gouverneur et « regardant les sieurs de Tilly et Boulduc jouer au tric-
trac185 » a entendu le gouverneur défendre au procureur général d’envoyer des exploits
semblables ou le libellé était incomplet et où le titre d’écuyer était donné au sieur de Villeray.
Depeiras dit aussi qu’il a signalé au procureur général que les motifs de l’interdiction
n’apparaissaient pas dans son procès-verbal. Le greffier donne sa version, étant présent avec
les sieurs D’Amours et de la Martinière lors de leur visite au gouverneur. Il confirme la
version des ces messieurs et il ajoute que le gouverneur a dit que si le Conseil avait été
prévenu par le procureur général et le sieur de Villeray de sa défense à ce dernier d’utiliser le
titre d’écuyer, il n’aurait pas osé se prononcer sur ce sujet tel qu’en fait foi le procès-verbal

183
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. Pp. 500-501.
184
Ibidem. Passim.
185
Jeu qui se joue avec des dames et des dés sur un tableau à deux compartiments, ancêtre du jacquet.
Bibliorom Larousse. Le Petit Larousse illustré 1999. © Larousse, 1998.
62

qu’on lui a envoyé. Les sieurs D’Amours et de la Martinière confirment cette version mais
dénoncent l’ajout qui précise que si le Conseil avait été prévenu par le procureur général et le
sieur de Villeray, il ne se serait pas prononcé sur le sujet. L’intendant requiert l’opinion de
tous les membres présents pour savoir si le sieur Depeiras et le greffier disent vrai et en
résumé on conclut que ceux qui disent comme le gouverneur ne sont pas crédibles. Le greffier
est blâmé pour cet ajout. Ensuite le sieur de Villeray établit par le témoignage de l’huissier
Roger qu’il n’a pas donné ordre et ne savait pas que le titre d’écuyer lui était donné dans les
exploits interdits. On termine cette longue journée après de subtils questionnements à savoir si
les membres du Conseil étaient au courant de l’ordre donné par écrit au sieur de Villeray par
le gouverneur à l’effet qu’il lui interdisait de prendre le titre d’écuyer et unanimement ils ont
dit l’ignorer.186

Le procureur général ne se souvient que de ce qui lui convient. Le Conseil est


nettement divisé en deux clans : ceux qui appuient habituellement le gouverneur et
ceux qui suivent l’intendant et le procureur général. Dans les procès-verbaux que nous
avons étudiés, le clan de l’intendant l’emporte toujours. Les positions de Frontenac ne
sont pas toujours les plus défendables. Bolduc, dans tout cela, sert de prétexte et ne
jouit pas de l’équité nécessaire à une enquête objective.

21 mars 1681 On poursuit sur le même sujet. Le procureur général donne ses réponses à la
déclaration du gouverneur reçue la veille et son avis sur le témoignage du sieur Depeiras. En
bref, il persiste dans son offre au gouverneur à l’effet d’insérer dans son procès-verbal de la
visite qu’il lui fit, l’interdiction que le gouverneur prétend avoir signifiée de ne pas envoyer
d’exploits dans lesquels le libellé ne serait pas explicite et où le titre d’écuyer serait donné au
sieur Depeiras, à la condition qu’il soit mentionné que c’est le gouverneur qui fait ajouter
cette insertion, car lui, procureur général n’en a aucun souvenir. Quant au témoignage du sieur
Depeiras : « Il ne peut, non plus, rendre témoignage de quelque chose que ce soit qui concerne
ledit procès, puisqu’il a grand intérêt d’affaiblir tout ce que fait ledit procureur général en
cette affaire qui se poursuit contre son parent, soutenant ledit procureur général que ladite
déclaration est contraire à la vérité en deux choses (…) » Il prie le Conseil de se joindre à lui
pour demander au gouverneur de ne pas empêcher que l’enquête soit poursuivie ou qu’elle
soit rapportée en son état, c’est-à-dire sans le témoignage de Lechasseur.187

D’Auteuil n’ose pas dire que le gouverneur ment, il dit alors qu’il n’a aucun souvenir
de ses déclarations mais au regard du témoignage du sieur Depeiras, il affirme en
somme que ce dernier ne peut dire la vérité, étant partial, donc il ment.

Le Conseil décide alors que les sieurs D’amours, de la Martinière, le procureur général et le
greffier iront faire part au gouverneur du procès-verbal de la veille et des réponses du
procureur général pour savoir ce qu’il avisera. Frontenac répond « qu’on ne saurait
dorénavant apporter trop de circonspection et sur les députations (…) et sur les réponses qu’il
aurait à faire », il demande qu’on lui remette copie du procès-verbal et des réponses du

186
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. Pp. 502-507. Passim.
187
Ibidem. Pp.508-509. Passim.
63

procureur général de manière à « y répondre avec plus de loisirs ». Le conseil accède à cette
demande.188

24 mars 1681 Le greffier est allé prier le gouverneur d’assister à la séance du Conseil et
celui-ci étant au lit, il remet un papier au greffier le priant de le remettre au conseil. Ce papier
est sa réponse à la députation des sieurs D’Amours, de la Martinière et du procureur général la
veille. Essentiellement, il répète qu’il a avisé les sieurs D’Amours, de la Martinière et le
procureur général, non seulement de son interdiction mais aussi des motifs concernant l’envoi
d’exploits tels que celui adressé à Lechasseur, son secrétaire. Ayant lu les procès-verbaux du
Conseil sur ce sujet, que lui ont remis les sieurs députés, il dit : « tant est grande la force de la
vérité, laquelle s’établit quelques fois par les endroits mêmes par lesquels on voudrait essayer
de la détruire ».

Sur ce, le Conseil décide que Lechasseur sera convoqué en la manière qu’ordonne le
gouverneur.189

27 mars 1681 «Certain procès-verbal fait par ledit conseiller commissaire (de Villeray) le 27
desdits mois et ans (mars 1681), en procédant aux dites informations et en étant au bas
d’icelles sur les prétentions de Me Jean Lechasseur secrétaire de mon dit sieur le gouverneur
assigné pour être ouï en témoignage, au bas duquel (procès-verbal), est l’ordonnance dudit
conseiller commissaire, portant qu’il en référerait au Conseil.»190

14 avril 1681 «Arrêt intervenu (par le Conseil) sur ledit référé le 14 avril ensuivant et toutes
les poursuites faites en conséquence, consistant au transport (rencontre) de Me Mathieu
d’Amours et Claude de Bermen de la Martinière, conseillers, avec le greffier vers monsieur le
gouverneur. Rapport d’iceux (ceux-ci).»191

21 avril 1681 Le gouverneur répond à la députation des sieurs D’Amours et de la Martinière


du 14 du même mois : « Disons que le référé qu’y fait le sieur de Villeray est une si grande
niaiserie, que le Conseil aurait bien plutôt dû s’occuper à vider les affaires des parties, qu’à
consommer le temps en de pareilles bagatelles, qui ne font que donner à connaître le génie
dudit sieur de Villeray et à marquer le peu de considération qu’il a pour notre caractère (titre
ou poste) dès la moindre ouverture qu’il peut en trouver. Fait à Québec le seize avril 1681.
Signé Frontenac. »

Toujours dans la même séance, le Conseil décide que les sieurs D’Amours et de la Martinière,
avec le greffier, iront voir le gouverneur « pour le prier, attendu que par son dit écrit, il ne
s’explique point sur la qualité qu’il désire qu’on lui donne, dans la déposition que doit faire
ledit Lechasseur, son secrétaire, devant le sieur de Villeray, de vouloir bien faire connaître
clairement, à la Compagnie, son intention sur cela. ». Il mentionne aussi que l’affaire Bolduc
« est une affaire des plus considérables que puisse avoir le Conseil, puisqu’il s’agit de la
justification ou de la condamnation d’un officier et que tous les retardements qui seront

188
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P 515-516. Passim.
189
Ibidem.
190
Ib. P. 779.
191
Ib.
64

apportés pour empêcher qu’elle ne soit rapportée sont très préjudiciables au public et aux
parties ».

À cette nouvelle députation, le gouverneur « a répondu qu’il n’a d’autre chose à dire que ce
qui est porté dans son écrit, sinon, à y ajouter, que quand il avait qualifié le référé du sieur de
Villeray de niaiserie, il et de bagatelle, il n’avait nullement entendu (l’intention de) parler du
procès intenté par le procureur général contre le sieur Boulduc mais seulement de la difficulté
que ledit sieur de Villeray s’était avisé de faire sur la déposition de son secrétaire, comme il
est aisé de voir par les termes dudit écrit auquel on ne saurait donner d’autres explications ».

Le gouverneur admet que l’affaire Bolduc n’est pas une niaiserie.

Non satisfait de cette réponse, le Conseil décide que les sieurs D’amours et de la Martinière,
avec le greffier « iront derechef » prier le gouverneur de préciser la qualité qu’il veut qu’on
lui donne dans la déposition. Veut-il que Lechasseur soit qualifié de « secrétaire de
monseigneur le gouverneur ou se contente seulement de le traiter de secrétaire de monsieur le
gouverneur, conformément à l’arrêt du Conseil de sa majesté qui règle la qualité de ceux qui
assistent au Conseil ». Le gouverneur « leur a encore répété qu’il n’a rien à dire que ce qu’il
leur a dit ce matin et ce qui est dans son écrit, l’affaire en question ne méritant point d’autre
réponse ».

Face à cette dernière réponse, le Conseil décide que Lechasseur sera assigné et « et en cas
qu’il fasse naître la même difficulté, en faisant écrire la qualité qu’on doit donner à monsieur
le gouverneur et qu’il ne plaise pas à mon dit sieur le gouverneur de faire connaître son
intention sur cela, que l’information (enquête) dont (il) est question sera rapportée en l’état
qu’elle est, sauf à ordonner addition d’informations, si faire se doit »

Le gouverneur, avisé de cette décision, « n’a rien répondu sinon qu’il était fâché que cela leur
donna tant de peine ».192

24 avril 1681 Lors des séances précédentes, les sieurs de Tilly et Depeiras ont demandé de se
retirer des délibérations du Conseil, pour toutes les causes. Ils prétendent que le Conseil s’est
arrogé le droit de juger des actes du gouverneur en acceptant d’intervenir dans la cause de
Vaultier, domestique de l’intendant que le gouverneur a fait emprisonner. Ils ont présenté une
remontrance au Conseil à cet effet et demande qu’elle soit étudiée en priorité, ce qui leur est
refusé et leur mérite une admonestation. Ils ne sont donc pas présents pour décider du dernier
rapport de de Villeray concernant l’assignation de Lechasseur qui recommande que le procès
soit continué sans l’interrogatoire de Lechasseur, ce que le Conseil approuve. Le conseiller
Dupont étant par ailleurs témoin dans l’affaire Bolduc, et le gouverneur refusant de s’en
mêler, le nombre de juges-conseillers ne rencontre pas le quorum requis au Conseil. De plus,
un conseiller substitut n’étant pas disponible, on doit en nommer un autre. Le Conseil décide
enfin que l’affaire Bolduc sera reportée le lundi suivant dans l’état où elle est.193

192
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. Pp. 530-533. Passim.
193
Ibidem. Pp.541-542. Passim.
65

28 avril 1681 « Le Conseil a ordonné et ordonne que ledit Boulduc sera ajourné (convoqué) à
comparaitre en personne, pour être ouï et interrogé sur lesdites charges et informations. Me
Louis Roüer de Villeray, premier conseiller, commissaire à cet effet, pour ce fait et rapporté et
ordonné (après quoi) être ordonné ce qu’il appartiendra. Que lesdites requêtes (de Louis,
concernant la séparation des plaintes de de Lalande et du procureur général) seront et
demeureront jointes, pour en jugeant, y avoir tel égard que de raison; et au regard de Roger et
Gosset huissiers, en tant qu’ils peuvent avoir complicité dans l’un des chefs mentionnés et
dites informations, sursis à prononcer au rapport (décidé avec le rapport) de l’interrogatoire et
réponses personnelles dudit Boulduc; et est retenu, que ce qui concerne lesdits Roger et
Gosset ne sera pas délivré avec ce qui regarde ledit Boulduc».

Jusqu’ici durant l’enquête On met de coté la possibilité d’enquêter quant à la supposée


complicité de Roger et Gosset.

Quant au procès entre Me Louis Bolduc et Gilles Rageot greffier aussi de la Prévôté de
Québec, le rapport du conseiller D’Amours sera remis au conseiller de la Martinière qui agira
dans cette affaire comme procureur général.194

30 avril 1681 Louis Bolduc est remplacé comme procureur du Roi en la Prévôté de Québec :
« Sur ce qui a été remontré par le procureur général, qu’ayant fait signifier à Me louis
Boulduc, procureur du Roi en la Prévôté de cette ville, le décret d’ajournement (assignation à
comparaitre) personnel contre lui décerné par l’arrêt du 27° du présent mois, en conséquence
de quoi, il est de plein droit interdit (de pratiquer) suivant l’ordonnance, et étant nécessaire de
lui substituer (une personne), pour le bien de la justice, il (D’Auteuil) requiert qu’à cet effet, il
soit commis à l’exercice dudit office de procureur du roi, jusqu’à ce que ledit Boulduc soit
purgé des cas à lui imposés (ait terminé l’étude de ses dossiers en cours). Dit a été (il a été
décidé), en tant que besoin serait, que Me Pierre Duquet, juge bailli du comté d’Orsainville et
de la juridiction Notre-Dame-des Anges, est commis (désigné) pour faire les fonctions
(…) ».195

Après quatre ans et demi de service, Bolduc est interdit de pratique et relevé de ses
fonctions comme procureur du roi, jusqu’à ce qu’il soit blanchi ou condamné sur les
accusations portées contre lui.

5, 7, 8 et 10 mai 1681 Louis est interrogé par le commissaire de Villeray (voir le 23 juin).

23 juin 1681 Concernant son interrogatoire, Louis déclare et requiert : « il y aurait satisfait et
aurait été ouï par le sieur commissaire, requérant qu’il lui soit permis de prendre droit par les
charges trouvées contre lui et qu’il lui soit donné communication des interrogatoires par lui
subis, pour y prendre telle conclusion que bon lui semblera. Dit a été (le Conseil a décidé) que
la requête sera communiquée au procureur général pour ses conclusions, vu (qui après les
avoir vues) être ordonné ce qu’il appartiendra ».196

194
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. Pp. 549-550.
195
Ibidem. P.559.
196
Ib. Pp.593.
66

14 juillet 1681 Nouvelle requête de Louis qui redemande communication de l’interrogatoire


qu’il a subi.197

19 juillet 1681 Autre requête de Louis dans le même sens.198

21 juillet 1681 Le Conseil décide : « Vu les charges et informations, l’interrogatoire prêté par
ledit Boulduc par-devant Me Louis Roüer de Villeray premier conseiller commissaire en cette
partie les cinq, sept, huit et dix mai dernier, (la) requête dudit Boulduc du 23 juin et 14 de ce
mois (juillet), (et la) requête dudit procureur général auquel le tout a été communiqué, dit a
été qu’avant (de) faire droit, ledit Boulduc sera répété en ses interrogatoires, par-devant ledit
conseiller commissaire, pour faire droit et communiqué audit procureur général et rapporté
être fait droit ainsi que de raison ».199

Que s’est-il passé pour qu’ainsi l’interrogatoire soit repris? Aucune justification ne
nous est fournie dans le procès-verbal. D’Auteuil voulait-il encore retarder le procès, à
l’instar de Frontenac qui ne s’en est pas privé? Les réponses de Louis auraient-elles été
incomplètes, douteuses ou insuffisamment incriminantes? Cherchait-on à obtenir des
aveux?

29 juillet 1681 «Répétition d’interrogatoire du 29 dudit mois faite par ledit commissaire audit
Boulduc, contenant son refus de répondre, et l’ordonnance dudit commissaire, attendu le
refus, qu’il en serait, par lui, référé au Conseil.»200

4 août 1681 Louis a été avisé le 28 juillet que son interrogatoire serait repris ce qui a lieu le
lendemain : « Répétition d’interrogatoire dudit défendeur (Louis) encommencé le vingt-
neuvième du même mois, contenant son refus de répondre, ordonnance de référé ensuite et le
rapport dudit sieur commissaire. Dit a été que ladite répétition (…) sera communiquée au
procureur général (…) ».201

On ne lui a pas remis le procès-verbal de son premier interrogatoire et on veut le


réinterroger. Veut-on le faire trébucher dans ses réponses? Son refus peut certainement
se comprendre.

26 août 1681 Le sieur de Villeray doit faire rapport au Conseil dans l’affaire contre Louis.
Toutefois, le gouverneur et l’évêque étant absent, le sieur D’amours étant en prison sur ordre
de Frontenac, le sieur Depeiras étant en conflit d’intérêt et le sieur Dupont étant un des
témoins, le nombre de conseiller est insuffisant pour atteindre le quorum. Quant au sieur de
Tilly, il « a dit qu’il avait des raisons desquelles il s’est expliqué, pour lesquelles il ne pouvait
être l’un des juges de cette affaire et priait la Compagnie qu’il s’en retira. Ouï sur ce, le
procureur général et depuis ledit Boulduc, qui a dit qu’à la vérité, il y a deux mois qu’il
n’avait parlé audit sieur de Tilly, que cependant, il n’avait pas de difficulté à ce qu’il demeura

197
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P. 781.
198
Ibidem.
199
Ib. P. 606.
200
Ib. P. 781.
201
Ib. Pp. 614-615.
67

son juge, si ce n’était qu’il n’avait pas eu connaissance de l’instruction du procès, n’ayant pas
assisté au Conseil dans le temps qu’il a été fait. Et ledit Boulduc retiré. » Le Conseil décide
que deux nouveaux juges seront nommés pour suppléer aux conseillers absents ou récusés et
qu’ils participeront à la décision concernant la récusation du sieur de Tilly.202

C’est la première fois, dans un procès-verbal, qu’il est mentionné que Louis Bolduc
assiste à une réunion du Conseil en rapport avec son procès.

30 août 1681 Volte-face de Louis concernant la récusation du sieur de Tilly. Il présente la


requête suivante : « Requête dudit Boulduc de ce jour d’hui présentée à ce que, pour les
causes y contenues, et attendu qu’il expose qu’il ne pourrait s’empêcher d’avoir quelques
inquiétudes et suspicions si ledit sieur de Tilly restait son juge, ayant assez fait son possible
pour rentrer avec lui en intelligence, à quoi il n’aurait (pas) voulu entendre, mais bien au
contraire, (Louis) sait qu’il ne lui veut pas de bien et qu’en beaucoup de rencontres il avait
parlé de lui à son désavantage, (comme) témoins, hier, Duluth, chez Nolan, où il le déchiffrait
(parlait en mal) d’une étrange manière, (c’est) pourquoi il demandait, que sans s’arrêter
davantage à cet incident, il fut procédé à la lecture de ses requêtes, pour les conclusions
(soient) prises sur icelles, lui être adjugées. »

Le sieur de Tilly « a dit qu’il avait déjà demandé par grâce à la Compagnie de le dispenser
d’assister au jugement du procès dudit Boulduc, qu’il n’était point un médisant et que, sans
quelques considérations, il demanderait réparation du contenu de ladite requête, et que si ledit
Boulduc marquait en quels termes il prétendait qu’il l’eut déchiffré, il conviendrait de la
vérité. »

« Et ledit Boulduc mandé, auquel ayant été donné à entendre ce qui a été allégué par ledit
sieur de Tilly, a dit qu’un de ses amis lui avait rapporté en confidence et sans rien
particulariser, que le jour d’hier il avait dit plusieurs choses à son désavantage, qui auraient
donné lieu à ce sien ami, de se retirer, et qu’il parait assez par ce que ledit sieur de Tilly dit,
que lui Boulduc a intérêt qu’il ne soit pas l’un de ses juges »

« Ouï sur ce le procureur général, et le sieur de Tilly rentré, auquel lecture faite de ce que
dessus, monsieur l’intendant lui aurait dit qu’il ne parait point d’inimitié capitale qui est une
des raisons de l’ordonnance pour empêcher d’être juge. Le sieur de Tilly a ajouté que par tout
ce qui est écrit ci-dessus, il parait assez qu’il y a de la haine entre lui et ledit Boulduc et que
même, il (de Tilly) s’est ouvert (a avoué) en plusieurs rencontres de l’avis dont il serait s’il
était son juge. Ouï derechef ledit procureur général, l’affaire mise en délibération, dit a été
que ledit sieur de Tilly s’abstiendra du jugement du procès dudit Boulduc ».

Louis n’est certainement pas en harmonie avec plusieurs des membres du Conseil : il a
déjà failli en venir aux coups avec de Vitré, il a demandé à l’intendant de se récuser
disant qu’il était contre lui et maintenant c’est de Tilly qui est ouvertement contre lui.

1° septembre 1681 Le Conseil décide que « ledit Boulduc sera répété en ses interrogatoires et
de nouveau interrogé tant sur les faits résultants des charges et informations, contre lui faites,
202
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. Pp. 674. Passim.
68

qu’autres qui pourraient être suppléés d’office par le sieur commissaire, sur lesquelles ledit
Boulduc répondra positivement et jusque à ce (jusque là), sursis à faire droit sur les requêtes
par lui présentées ».

Le 14 août Louis a déjà refusé de répondre à nouveau à l’interrogatoire qu’il a subi en


mai.

5 septembre 1681 « Le conseil a donné vacances jusqu’au vingt octobre prochain, que la
Compagnie rentrera, sauf à s’assembler sur le procès extraordinairement poursuivi par le
procureur général contre Me Louis Boulduc procureur du Roi en la prévôté de cette ville et
seulement sur les autres procès criminels et affaires qui requerront célérité ».203

Le Conseil est saisi de ce procès depuis décembre 1680.

17 octobre 1681 « Vu au Conseil, la répétition d’interrogatoires (…) des 13, 15, 16, 19, 20 et
22° septembre dernier (…) le Conseil a permis et permet audit procureur général d’informer
par addition (ajouter de nouveaux témoignages) par-devant ledit sieur de Villeray et ordonné
qu’à cet effet, ledit procureur général fera incessamment approcher les témoins qu’il prétend
faire entendre, pour ce fait et rapporté (après quoi) être (il sera) ordonné ce que de raison ».204

La position de Louis semble claire : d’une part, le Conseil refuse de répondre à ses
requêtes et d’autre part, Louis a subi un premier interrogatoire qui a duré quatre jours;
il refuse de collaborer davantage. Le Conseil passe outre et autorise la poursuite de
l’enquête.

2 et 23 octobre 1681 Le procureur général informe par addition et prépare son réquisitoire.205

24 octobre 1681 « Vu par le Conseil (…) L’interrogatoire, confessions et dénégations dudit


Boulduc, arrêts des vingt et un juillet et premier septembre dernier, répétition d’icelui en
conséquence, contenant ses refus et les sommations et interpellation de répondre, à lui faite
par ledit conseiller commissaire, addition d’information contenant l’audition de deux témoins
en date du jour d’hier et précédent, trois requêtes mentionnées audit arrêt dudit jour premier
septembre, autre requête dudit Boulduc du vingtième du présent mois (et) conclusions du
procureur général qui a eu communication du tout : le Conseil, sans s’arrêter aux dites trois
requêtes, a ordonné et ordonne que les témoins ouïs et dites informations seront recollés
(confrontés avec) en leurs dépositions, et si besoin est, confrontés audit Boulduc. À ces fins,
commis (est désigné) le sieur de la Martinière. Pour ce faire être fait droit ainsi que de raison
et cependant, défense audit Boulduc de communiquer avec les témoins, par lui, ni par
personne interposée, directement ou indirectement, à peine d’amende arbitraire et d’être
atteint et convaincu (reconnu coupable) des cas à lui imposés (des accusations) et que ladite
requête demeurera jointe au procès pour en jugeant, y avoir tel égard que de raison ».206

203
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P. 691.
204
Ibidem. P. 699.
205
Ib. P. 782. Cité au procès.
206
Ib. Pp. 703-704.
69

Nous ne connaissons comme témoins, entendus par le commissaire, outre de Lalande,


que les noms de Dupont, Roger, Gosset et possiblement Lechasseur. Frontenac
prétendra qu’il y aurait eu près de soixante-dix témoins (voir plus loin), il nous est
cependant impossible de trouver un quelconque compte-rendu ou procès-verbal, des
interrogatoires menés par le commissaire du Conseil.

Pour confronter les témoins avec leurs dépositions, le Conseil désigne un autre
conseiller que celui qui a recueillis ces témoignages et il juge qu’il n’est pas
obligatoire qu’ils soient confrontés avec l’accusé Bolduc.

25 octobre 1681 L’arrêt, ci-haut, du Conseil est signifié à Louis.207

29, 30 et 31 octobre, 3, 4, 5 et 7 novembre 1681 Les témoins ont été confrontés avec leurs
dépositions et ont aussi été confrontés avec Louis par le sieur de la Martinière.208

13 novembre 1681. Lettre de Frontenac adressée à Colbert, ministre du Roi Louis XIV,
concernant Louis Bolduc: « Je n’avais point voulu Monsieur vous marquer dans la première
lettre que je me suis donné l’honneur de vous écrire qu’il y a onze mois que le procureur
général s’est avisé d’intenter un procès criminel contre le procureur du Roi de la Prévôté de
cette ville, parce qu’il n’est pas agréable à M. Duchesneau lequel l’a fait par le moyen de ceux
de sa cabale, interdire de sa charge sur la simple dénonciation d’un homme de Bayonne qui
négocie ici et qu’on a fait évader et passer en France depuis deux mois, contre la défense que
je lui en avais faite, parce qu’ils ont vu qu’ils ne pouvaient prouver les choses qu’ils avaient
avancées contre lui. Cependant le procureur général n’ayant pas eu les preuves qu’il en
espérait a demandé qu’il fut informé de sa vie et de ses mœurs depuis 17 ans qu’il est en ce
pays quoiqu’il en ait six qu’il a été reçu en ladite charge de procureur du roi, sans aucune
plainte ni opposition et il a fait entendre soixante et dix témoins sans avoir trouvé, à ce qu’on
dit, aucune matière d’asseoir une condamnation contre lui, ce qui est
cause qu’après toutes les chicanes possibles qui ont été faites pour
allonger l’instruction de cette affaire et nonobstant un grand nombre
209
de requêtes présentées par le procureur du Roi pour la faire juger,
leur dernière requête a été de me faire demander par le rapporteur qui est
le sieur de Villeray, congé de passer en France d’où il n’y a qu’un an
qu’il est revenu, ce qui m’a obligé à ne lui point accorder, afin que cet
officier put avoir plus tôt justice, laquelle il était, Monsieur, résolu de vous aller demander,
sur l’oppression qu’il prétend qu’on lui a faite, si son procès avait été jugé avant le départ des
vaisseaux, et qu’il eut pu en avoir toutes les pièces pour vous les porter. » Frontenac.

« J’apprends que l’on envoie en France des expéditions signées des informations qui ont été
faites contre ce procureur du Roi, mais qu’on y envoie point ses interrogatoires ni ses
confrontations qui peuvent le justifier de ce qu’on lui impute. Si c’est, Monsieur, pour vous

207
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P. 782. Cité au procès.
208
Ibidem.
209
Sceau de la Compagnie des Indes occidentales, empreinte de 1670. Archives nationales du Canada,
MG 18, H 64.
70

les faire voir, vous connaîtrez par là la bonne foi et l’artifice de ceux à qui il a affaire »
Frontenac.210

Presque tout ce qui est dit dans cette lettre aurait justifié que nous le soulignions mais
nous n’avons attiré l’attention que sur une information nouvelle. Selon Frontenac tout
le procès ne serait qu’une vaste machination de Duchesneau pour perdre Louis Bolduc.

15 décembre 1681 Requête de Louis au Conseil. Il dit que conformément à l’arrêt du Conseil
du 24 octobre, il a été confronté aux témoins qui lui ont été présentés « sans que le procureur
général (de la Martinière en remplacement de D’Auteuil) se soit mis en peine de conclure et
de mettre le procès en état d’être jugé définitivement ni même de donner ses conclusions sur
la requête que, lui, dit procureur du roi, présenta à ce Conseil le 20 dudit mois d’octobre ». La
requête présentée par Louis le 20 était à l’effet d’être informé de l’évasion du nommé de
Lalande « son accusateur et dénonciateur ». Par cette requête Louis demandait aussi qu’il lui
fut permis « de faire saisir et arrêter tous les deniers et effets qu’il trouverait en ce pays
appartenir audit Lalande pour sureté des ses dépens, dommages et intérêts ». Louis ajoute :
« pour la fausse accusation par lui (de Lalande) imputée, à lui, dit procureur du roi, dont le
retardement peut assez faire connaître que ledit procureur général (D’Auteuil, avant son
départ), n’a eu d’autre vœu, dans toutes ses poursuites, que de molester et tourmenter ledit
procureur du Roi (Louis, lui-même) et non le justifier, car bien loin d’avoir pris fait et cause
(de le défendre), il parait (il apparaît que) par toutes les procédures qui ont été faites, qu’il n’a
eu d’autre envie que de le perdre, s’il lui (si cela) avait été possible et si tout était (si les faits)
qu’il eut pu faire prouver toutes les calomnies qui lui ont été si malicieusement imputées; à
quoi n’ayant pu réussir, il a fallu pour se satisfaire qu’il ait fait durer ledit procès onze mois
entiers, au détriment de l’honneur et (la) réputation dudit procureur du Roi (Louis) et de ses
affaires, dont sa famille fort nombreuse, comme la cour peut (le) savoir , souffre sensiblement
et crie vengeance. Et (c’est) pourquoi, il a recours à la Cour pour lui être pourvu (décider) et
qu’il lui plaise (à la Cour), (d’) ordonner que ledit procès sera rapporté au premier jour de
conseil de l’État (entendu par le Conseil).

Il faut signaler honnêtement que les retards accumulés dans l’étude de ce procès ne
sont pas le seul fait de l’intendant ou du procureur général; Frontenac y a une
responsabilité au moins égale.

Le sieur de la Martinière dit qu’il ne remplit les fonctions de procureur général que depuis que
Frontenac à donné l’ordre à D’Auteuil de passer en France en novembre 1681.211 Que depuis,
vu les circonstances, il n’avait pas eu le temps, que le Conseil ne s’était pas réuni, qu’il
n’avait pas pu prévoir qu’il occuperait ces fonctions, et qu’il n’avait pas estimé qu’en cette
qualité, il ait pu devoir prendre connaissance de cette affaire. En conséquence il demandait au
Conseil, communication de la requête et de tout le procès pour requérir (accuser ou non) ou
présenter au Conseil ce qu’il jugerait devoir faire.

210
RAPQ, Op. cit. (#102). (1926-1927). P.140.
211
«Dictionnaire biographique du Canada en ligne ». Op. cit. (#23). Ruette D’Auteuil de Monceaux, François-
Madeleine-Fortuné. [http://www.biographi.ca/fr/ShowBio.asp?BioId=35205&query=auteuil]. (maj. 05-05-02)
(c.06-10-03).
71

Le Conseil décide que toutes les pièces du dossier et procédures faites à l’encontre de Louis
Bolduc par le procureur général D’Auteuil seront communiquées au sieur de la Martinière
« pour y conclure si fait n’a été (si cela n’a pas été fait) par ledit sieur D’Auteuil ou requérir
ce qu’il avisera. »212

En fait le procureur général remplaçant avoue qu’il sait peu de choses du dossier
Bolduc, qu’il n’a pas prévu ce remplacement et qu’il n’est pas prêt, à procéder ce 15
décembre 1681 et demande qu’on lui remette tout le dossier.

18 décembre 1681 Par devant le notaire Romain Becquet, Louis Bolduc reconnaît devoir 190
livres, que lui ont prêté, en argent, les Révérends pères Jésuites, pour subvenir à leurs
« urgentes affaires et nécessités » (de sa famille). Il promet de rembourser la somme dans les
dix-huit mois suivants. Ce prêt s’ajoute à la rente qu’ils ont promis de verser annuellement
aux Jésuites le 16 avril 1678 (voir ci-haut).213

5 janvier 1682 « Le dire dudit sieur de la Martinière conseiller au Conseil du 5 janvier


dernier, étant au bas de ladite requête (de Louis du 15 décembre 1681), contenant que faisant,
où besoin serait, les fonctions de procureur général du roi, attendu son absence, sur ce que la
requête ci-dessus lui ayant été remise entre les mains, ensemble, (avec la requête) le procès
fait à l’encontre dudit Boulduc, substitut, en conséquence dudit arrêt du 15 décembre dernier,
afin d’y conclure, si fait n’avait été par le procureur général et qu’attendu que ledit procureur
général avait conclu définitivement sur ledit procès, dans lequel il y avait d’autres requêtes
tendant à (aux) mêmes fins, il n’estimait pas devoir y conclure (sur l’) autre requête dudit
Boulduc, apportée, le procès étant sur le bureau, tendant à ce qu’il lui fut accordé
communication des charges et informations faites à l’encontre de lui ainsi que des
interrogatoires par lui subis, pour y prendre tel droit qu’il aviserait bon être (pris).»214

En somme, D’Auteuil avait tout conclu et de la Martinière n’ayant pas eu le temps de


vraiment étudier le dossier, endosse ses conclusions disant que même la dernière
requête que Louis a présenté était au même effet que les précédentes. Les nombreuses
requêtes de Louis sont donc toutes rejetées et il n’aura pas communication de sa
déposition ni de celles des témoins.

16 mars 1682 « Le sieur de Villeray a dit, qu’encore que la Compagnie n’est pas accoutumé
de s’assembler après le lundi qui précède celui de la semaine sainte, néanmoins, comme il est
en état de rapporter le procès de Me Louis Boulduc, substitut du procureur général en la
prévôté de cette ville, il le fera s’il plait à la Compagnie de vouloir bien s’assembler quelques
jours de cette semaine, par extraordinaire, en considération du temps qu’il est encommencé.
Dit a été que le Conseil s’assemblera demain et autres jours suivants s’il est nécessaire pour la
visite et jugement dudit procès. »

212
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. Pp. 735-736.
213
BAnQ. Op. cit. (#11). Greffe du notaire Becquet. Copie du contrat original sur microfilm Drouin que nous
avons déchiffré.
214
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P. 783. Cité au procès.
72

17, 18 et 20 mars 1682 – Le procès215 Le Conseil siège en avant-midi et en après-midi. Sont


réunis : l’évêque Monseigneur de Montmorency Laval, l’intendant Duchesneau, les conseiller
Louis Roüer de Villeray, Mathieu d’Amours et Claude de Bermen. Le quorum qui est de cinq
est tout juste respecté. L’absence de Frontenac est à remarquer. À signaler aussi que c’est le
sieur de Villeray, premier conseiller qui agit comme procureur général en remplacement de
François madeleine Ruette D’Auteuil, passé en France sur ordre de Frontenac. Toutefois,
comme cela ressortira dans le procès, il ne fait que présenter le dossier entièrement monté par
D’Auteuil.

Notons l’absence de l’accusé qui ne peut donc se défendre. Le principal plaignant est
d’ailleurs aussi absent puisqu’il s’est évadé de prison. Toutefois ces absences ne sont
pas exceptionnelles, c’est plutôt la pratique au Conseil à cette époque. Le mot procès
n’a pas nécessairement le sens qu’on lui connaît aujourd’hui mais cette façon de
procéder en tient lieu à cette époque, surtout lorsque le Conseil agit en révision d’une
décision rendue par une autre instance. Toutefois, dans ce cas, il ne s’agissait pas d’un
appel mais de ce qui aurait pu être un véritable procès.

Le procureur général accuse Me Louis Bolduc, procureur du Roi en la Prévôté de Québec de


crimes et malversations basés en partie sur une plainte et la dénonciation de Pierre de
Lalande marchand de Bayonne en date du 11 décembre 1680.

Le procès-verbal rapporte que le procureur général procède à l’énumération d’une très


longue liste de procès-verbaux de séances du Conseil ou de la Prévôté, de décisions,
d’ordonnances, de jugements, de requêtes, de rapports, de réquisitoires,
d’interrogatoires, etc., qu’il relie à la cause de Louis Bolduc. Notons cependant, qu’il
ne s’agit pas nécessairement de preuves d’actes ou de gestes posés par Louis mais
d’une liste d’événements dans lesquels le procureur général met Louis en cause sans
préciser en quoi il est concerné. Ce ne sont donc pas des allégués, des considérants ou
des motifs. Ce sont les pièces déposées par le procureur général qui en résume
quelques unes mais sans argumentation. Il est possible sinon probable que le procureur
ait déposé un rapport écrit concernant au moins les interrogatoires des témoins mais
ces écrits sont introuvables aujourd’hui. À l’évidence, Louis Bolduc n’était pas présent
ni représenté et aucun témoin n’a été entendu. D’ailleurs, dans le procès-verbal, il
n’est fait nulle part mention du contenu d’une déposition, ni du nom d’un témoin,
comme tel.

Le procureur général invoque ou se réfère aux items suivants, que nous rapportons
textuellement mais avec l’orthographe et les ponctuations modernes, y ajoutant quelques
parenthèses pour clarifier certains mots et en le numérotant pour plus de commodité.

215
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. Pp. 776 à 784.
73

Malheureusement, nous y trouvons la répétition de plusieurs événements rapportés plus haut


mais nous tenions à citer le procès-verbal du procès dans son entier, sans omettre un seul mot:

1. «Vu par le Conseil, le procès fait et instruit de son ordonnance, à la requête du


procureur général du Roi (d’Auteuil), demandeur en crimes et malversations»;
2. «plaintes et dénonciations, en partie de Pierre Lalande, marchand de Bayonne, suivant
sa requête apportée au Conseil le 11 décembre 1680, contre le Me Louis Boulduc,
substitut* du procureur général en la Prévôté de cette ville, défendeur et accusé»

* À la Prévôté, Louis est toujours désigné comme procureur du Roi alors que les
membres du Conseil le désignent comme substitut du procureur général du Roi;

3. «l’arrêt (du Conseil) du 13 janvier 1681 rendu en conséquence de la requête dudit


procureur général (D’Auteuil) du six dudit mois, par lequel (arrêt) Me Louis Roüer de
Villeray, 1° conseiller, aurait été commis (désigné) pour informer (enquêter) des faits
allégués et des malversations prétendues commises par ledit Boulduc,»
4. «les pièces du procès encommencée par le lieutenant général (Chartier de Lotbinière)
en ladite Prévôté, à la requête dudit Boulduc en sa qualité de substitut, mentionnée
audit réquisitoire, (à) savoir, une requête dudit Boulduc du 2 novembre 1680 tendant à
ce qu’il fut informé* de ce que ledit Lalande ne faisait autre chose que jurer et
blasphémer le saint nom de Dieu et d’une manière si épouvantable que tout le monde
en était scandalisé, et en même temps de ce que pareils jurements et blasphèmes
demeurent impunis.»

* La procédure se résume ainsi : suite à une plainte, le procureur du roi, demande à


être informé, i. e. qu’il demande qu’une sorte d’enquête préliminaire soit effectuée par
le juge, suite au rapport de laquelle le procureur décide s’il y a matière à poursuite et
si tel est le cas, il porte accusation et rédige un réquisitoire qu’il adresse au juge.

5. «Ordonnance dudit lieutenant général du même jour (2 novembre) portant qu’il (Louis
Bolduc) en serait informé»
6. «exploit (avis) signé Gosset du 4 dudit mois (novembre), portant assignation à la
requête dudit substitut aux nommés Étienne Péloquin et Jacques Thibault (témoins
dans l’affaire de Lalande), marchands, pour déposer par devant ledit lieutenant général
(Chartier de Lotbinière), en vertu de sa dite ordonnance»;
7. «défaut dudit jour, quatrième de novembre, à l’encontre d’iceux (Péloquin et Thibault)
faute de comparaitre, avec condamnation de cent sols chacun, d’amende et qu’ils
seraient réassignés»
8. «requête desdits Péloquin et Thibault audit lieutenant général du cinq dudit mois afin
que lesdites amendes qu’ils avaient été contraints de payer, leur fussent restituées,
attendu qu’ils n’avaient fait ledit défaut que sur la parole dudit substitut (Louis
Bolduc).»
9. «Information faite par ledit lieutenant général, le six dudit mois, contenant la
déposition desdits Péloquin et Thibault, son ordonnance (du lieutenant général) dudit
jour étant au bas, portant qu’elle serait communiquée audit substitut ainsi que ladite
requête (de Péloquin et Thibault, du 5), et copie lui être donnée, pour requérir (accuser
74

ou non) sur icelles (les) informations et répondre sur ladite requête (celle du 5) ce qu’il
aviserait bon être»
10. «certain procès-verbal dudit lieutenant général du 29 dudit mois de novembre,
contenant, entre autres choses, l’envoi du greffier de ladite prévôté vers ledit substitut
(Louis Bolduc), pour l’exhorter de conclure sur ladite information (concernant de
Lalande)»
11. «Et requête dudit substitut étant ensuite en date du premier décembre audit an (1680),
tendant à ce que ledit de Lalande fut assigné à comparaitre en personne»;
12. «Interrogatoire fait par le lieutenant général audit Lalande le 5 décembre en
conséquence de son ordonnance du jour précédent, portant qu’il serait ajourné (assigné
à un jour donné) à comparaitre personnellement.»
13. «Autres pièces tirées du greffe de ladite Prévôté par ledit procureur général (à) savoir;
un extrait des registres signé Rageot, contenant les présences dudit substitut aux
audiences de la ladite Prévôté et ses absences d’icelle depuis le 11 avril 1679 jusqu’au
18 janvier 1681. »
14. «Requête dudit substitut du 29 octobre 1680, tendant à ce qu’il fut incessamment
informé à l’encontre du nommé Denevers pour avoir maltraité la femme du nommé
Coruble et pour avoir proféré des jurements épouvantables.»
15. «Ordonnance dudit lieutenant général (Chartier de Lotbinière) dudit jour en
conséquence, portant que les témoins seraient administrés à la requête dudit substitut
afin d’en informer»
16. «Certaine sentence dudit lieutenant général du 8 juillet 1678 rendue entre ledit Rageot,
greffier de ladite Prévôté, d’une part, et René Sénard et Jean Aubray, boulangers,
d’autre (part), par laquelle sur ce que ledit Rageot aurait conclu à ce que lesdits
boulangers fussent condamnés (à) lui tenir compte (rendre l’argent) de cent sols portés
par un billet, par lui égaré, icelui billet signé Lechasseur et daté du 25 mars audit an
(1678), adressé au sieur de la Ferté et donné au nommé Lafontaine . Les parties ouïes
(entendues), icelles (celles-ci) mises hors de cour, sauf audit Rageot de se retirer par
devers ledit substitut pour lui en être tenu compte si le cas échéait.»
17. «Autre sentence dudit lieutenant général du 24 mars 1679, rendue entre François
Hazeur, marchand, bourgeois de cette ville, ci-devant marguillier de l’œuvre et
fabrique de la paroisse Notre-Dame de cette ville (Québec), d’une part, et Guillaume
Roger, huissier, de la dite juridiction, d’autre part, et ledit Rageot intervenant; d’autre
part, par laquelle, pour les causes y contenues, ledit Roger est condamné (à) rendre
audit Hazeur, cinquante sols, pareille somme audit Rageot et vingt sols pour l’huissier
Hubert, sauf audit Roger, son recours à l’encontre dudit substitut (Louis Bolduc) ainsi
qu’il aviserait bon être et ordonné (que) les papiers demeureraient au greffe.»
18. «Autre extrait des registres de ladite Prévôté du 25 novembre 1680 par lequel ledit
Boulduc, substitut, reconnaît avoir reçu dudit greffier, l’information faite à la requête
de Pierre Gilbert, marchand, à l’encontre de Jean Garros, contenant quatre pièces
cotées par première et dernière, et l’addition d’information de deux témoins avec une
requête.»
19. «Arrêt du 20 janvier 1681 rendu sur requête présentée au Conseil par ledit substitut,
tendant à avoir communication de la requête, présentée à l’encontre de lui, par ledit de
Lalande, et autres pièces, s’il y en avait, et qu’il lui fut accordé acte de protestation
qu’il faisait, de tous ses dépens, dommages et intérêts, avec réparation tel qu’il
75

appartiendrait, tant à l’encontre dudit de Lalande, qu’autres, si besoin était, demandant


la jonction dudit procureur général, par lequel dit arrêt, il est dit conformément aux
requêtes dudit procureur général, qu’il serait sursis à prononcer jusqu’à ce que
l’information fut achevée et rapportée»
20. «Autre requête dudit Boulduc du 27 dudit mois de janvier, tendant à ce qu’il plut au
Conseil (d’) ordonner qu’il serait ouï sur l’accusation dudit de Lalande
indépendamment des autres choses dont on tâchait de le noircir, n’empêchant point au
surplus que ledit procureur général ne fit recherche et information de ses vies et
mœurs, ainsi que bon lui semblerait, ses défenses (à Louis) au contraire, mais qu’il
plut au Conseil, avant toutes choses, (de) pourvoir à sa réparation, dommages et
intérêts, pour l’accusation faite par ledit Lalande; au bas de laquelle (requête de Louis)
est apporté l’ordonnance du Conseil, portant qu’elle serait communiquée audit
procureur général, (sur) ce requérant»
21. «Autre requête dudit Boulduc du 3 mars ensuivant (suivant), tendant à ce qu’il plut au
Conseil (d’) ordonner sur la disjonction par lui demandée, qu’il serait ouï sur
l’accusation dudit de Lalande, comme indépendante de celle faite par ledit procureur
général et que le procès fut mis en état d’être rapporté au premier jour de Conseil, pour
tout délai. Arrêt étant au bas d’icelle (de la requête), dudit jour, portant qu’elle serait
jointe ainsi que les autres, pour en jugeant, y être fait droit.»
22. «Autre arrêt du dix dudit mois, intervenu sur requête dudit Boulduc, dudit jour, portant
que ladite requête serait jointe aux précédentes, pour au rapport des informations, y
être fait droit.»
23. «Autre arrêt dudit jour, intervenu sur certaine remontrance faite par monsieur le
gouverneur au sujet de deux manquements qu’il disait avoir été faits par ledit
commissaire (le sieur de Villeray, enquêteur) dans un exploit (avis d’assignation pour
témoigner dans la cause contre Louis), qui était tombé entre ses mains et qui était
semblable à beaucoup d’autres, à ce qu’il avait appris, donnés en conséquence des
ordonnances dudit commissaire sur le même sujet, ledit arrêt portant, entre autres
choses, que ledit procureur général aurait communication du tout.»
24. «Les quatre arrêts du 17° ensuivant (17 mars) rendus à l’occasion de ladite
remontrance, ensembles, les réponses faites par mon dit sieur le gouverneur aux
députés (membres ou conseillers) du conseil le 18, ensuite desquelles est porté ce que
monsieur le gouverneur aurait fait dire au Conseil par le greffier.»
25. «Arrêt dudit Conseil du même jour, et de son procès-verbal daté du 12 dudit mois de
mars du matin et de relevée (en après-midi), portant que les sieurs Dupont et Depeiras
continueraient à s’absenter de tout ce qui concernerait les informations faites à
l’encontre dudit Boulduc.»
26. «Autre arrêt dudit jour en conséquence de (la) requête dudit Boulduc, tendant à ce
qu’il plut au Conseil (de) lui accorder acte de la très humble supplication qu’il faisait
à Monsieur l’intendant de s’abstenir d’être présent à la visite (étude) des dites
informations et du jugement qui pourrait intervenir en conséquence. Ensembles, sur
les réponses de mon dit sieur l’intendant, y mentionnées, par lequel (lesquelles?) le
Conseil aurait déclaré inadmissibles les causes de récusation alléguées par ledit
Boulduc contre mon dit sieur l’intendant, et ordonné qu’il demeurerait juge et sursis à
(se) prononcer sur l’amende.»
76

27. «Certain procès-verbal fait par ledit conseiller commissaire (de Villeray) le 27 desdits
mois et ans (mars 1681), en procédant aux dites informations et en étant au bas
d’icelles sur les prétentions de Me Jean Lechasseur secrétaire de mon dit sieur le
gouverneur assigné pour être ouï en témoignage, au bas duquel (procès-verbal), est
l’ordonnance dudit conseiller commissaire, portant qu’il en référerait au Conseil.»
28. «Arrêt intervenu (par le Conseil) sur ledit référé le 14 avril ensuivant et toutes les
poursuites faites en conséquence, consistant au transport de Me Mathieu d’Amours et
Claude de Bermen de la Martinière, conseillers, avec le greffier vers monsieur le
gouverneur. Rapport d’iceux (ceux-ci).»
29. «Réponses de mon dit sieur le gouverneur audit procès-verbal duquel lui avait été
donné expédition ainsi qu’il l’avait demandé; lesdites réponses datées du 16° dudit
mois et mises entre les mains du greffier le 21°.»
30. «Dire dudit commissaire, arrêté en conséquence des dites réponses et dire dudit
commissaire dudit jour 21°.»
31. «Autre transport desdits sieurs d’Amours et de la Martinière avec le greffier vers mon
dit sieur le gouverneur, en vertu dudit arrêt»
32. «Autre arrêt dudit jour 21, rendu en conséquence de la réponse de mon dit sieur le
gouverneur et du rapport desdits députés; le procureur général ouï, autres transport
desdits sieurs vers monsieur le gouverneur au désir dudit arrêt»
33. «Réponse de mon dit sieur le gouverneur; arrête intervenu en conséquence le 21
avril.»
34. «Autre transport (rencontre) desdits députés vers monsieur le gouverneur au désir
dudit arrêt; le rapport d’iceux.»
35. «Autre procès-verbal dudit commissaire du 23° dudit mois d’avril étant ensuite du
susdit (du 27 mars?).»
36. «Enfin, ladite information sur la comparution dudit Lechasseur, assigné derechef pour
être ouï en témoignage, contenant les remontrances dudit conseiller commissaire (de
Villeray) sur les prétentions dudit Lechasseur; son ordonnance de référé dudit jour et
arrêt du 24 avril.»
37. « Information faite par ledit conseiller commissaire des 15, 20, 23, 24, 25, 30 et 31
janvier, 1, 26 et 28 février, 1, 3 5, et 8 mars 1681.»
38. «Certain mémoire signé Rageot, en date du 16 mars 1679, mentionné dans la 30°
déposition desdites informations et dans ladite sentence ci-dessus, datée du 24 dudit
mois de mars 1679, par lequel il appert (que) ledit Roger, huissier, avoir reçu (aurait
reçu) dudit Hazeur, sept livres, dix sols, au bas duquel (mémoire), (il) est ordonné
audit Roger par ledit lieutenant général (de) rendre audit Hazeur, cinquante sols,
suivant sa taxe sur ledit mémoire, paraphé ne varietur (pour qu’il ne puisse être
modifié) le 28 février 1681, signé Hazeur et Roüer de Villeray.»
39. «Arrêt du 28 dudit mois d’avril (1681) portant que ledit Boulduc serait ajourné à
comparaitre (à une daté donné) en personne pour être ouï sur lesdites charges et
informations. À cet effet ledit sieur de Villeray commis (est désigné) et que lesdites
requêtes seraient et demeureraient jointes.»
40. «Exploit de signification fait audit Boulduc, dudit arrêt, étant au bas d’icelui (de ce
dernier), à la requête du dudit procureur général, avec assignation à comparaitre en
personne, dans la huitaine, en la chambre criminelle de ladite Prévôté, par devant ledit
77

commissaire pour être ouï sur les charges et informations. Ledit exploit (convocation)
en date dudit jour 28°, signé Métru.»
41. «Autre arrêt du 30 dudit mois rendu en conséquence de ce qui aurait été remontré par
ledit procureur général du roi, par lequel Me Pierre Duquet était commis (désigné)
pour faire les fonctions de ladite charge de procureur du roi.»
42. «Interrogatoire prêté (subi) par ledit Boulduc, par devant ledit conseiller commissaire
en date des 5, 7, 8 et 10 mai, contenant ses réponses, confessions et dénégations;
ordonnance dudit commissaire, de soi communiqué, étant au bas.»
43. «Arrêt du 23 juin ensuivant, intervenu sur requête dudit Boulduc, contenant que
conformément à l’assignation qui lui aurait été donnée le 28 dudit mois d’avril, à
comparaitre devant le conseiller commissaire, il (y) aurait satisfait et avait été ouï;
requête qu’il lui fut donné communication des interrogatoires par lui subis, pour y
prendre telles conclusions que bon lui semblerait; ledit arrêt portant que ladite requête
serait communiquée au procureur général pour ses conclusions, vu être donné ce qu’il
appartiendrait.»
44. «Autre requête dudit Boulduc du 14 juillet, tendant aussi à ce qu’il fut ordonné qu’il
aurait communication des interrogatoires par lui subis, ainsi que des charges portées
par les informations faites à l’encontre de lui, pour donner lieu de se justifier de la
fausse accusation faite à l’encontre de lui par ledit de Lalande et des calomnies à lui
imputées par ledit procureur général, ce qu’il ferait d’autant plus aisément connaître
qu’il n’avait jamais été capable de pareilles actions et qu’il ne ses trouverait point de
témoins, ses reproches vus, qui put dire lui en avoir vu faire d’indignes d’un honnête
homme.»
45. «Ordonnance dudit Conseil, dudit jour, apposée au bas de la dite requête (du 14
juillet), portant le soit montré.»
46. «Requête dudit procureur général du 19 ensuivant.»
47. «Arrêt du 21 dudit mois (juillet), portant qu’avant (de) faire droit, ledit Boulduc serait
répété en ses interrogatoires par devant le conseiller commissaire, pour ce fait, et
communiqué audit procureur général et rapporté être fait droit.»
48. «Exploit d’assignation donné audit Boulduc en conséquence, à comparaitre par devant
ledit commissaire en date du 24 dudit mois, signé Métru, étant au bas dudit arrêt.»
49. «Répétition d’interrogatoire du 29 dudit mois faite par ledit commissaire audit
Boulduc, contenant son refus de répondre, et l’ordonnance dudit commissaire, attendu
le refus, qu’il en serait, par lui, référé au Conseil.»
50. «Arrêt rendu en conséquence dudit référé, du 4 août ensuivant, portant que ladite
répétition d’interrogatoire encommencée serait communiquée audit procureur général,
pour prendre par lui, telles conclusions ou requêtes qu’il jugerait à propos.»
51. «Arrêts du 26 et 30 desdits mois et an (août 1681), sur lesquels, pour les causes y
contenues, aurait été ordonné que le sieur de Tilly, conseiller, s’abstiendrait du
jugement du procès dudit Boulduc.»
52. «Arrêt du 1° septembre, avec les trois requêtes y mentionnées, portant que celui du 21
juillet serait exécuté et en ce faisant, que ledit Boulduc serait répété en ses
interrogatoires et de nouveau interrogé tant sur les faits résultants des charges et
informations, contre lui faites, qu’autres qui pourraient être supplées d’office par ledit
commissaire, sur lesquelles ledit Boulduc répondrait positivement, et jusqu’à ce, sursis
à faire droit sur les requêtes par lui présentées.»
78

53. «Exploit de signification dudit arrêt audit Boulduc, le 5 dudit mois (août), signé
Métru, étant au bas dudit arrêt.»
54. Continuation de répétition d’interrogatoire dudit Boulduc des 13, 15, 16, 19, 20 et 22
septembre dernier (1681), contenant ses refus de répondre, les remontrances et
interpellation dudit commissaire, en conséquence, et aucune réponse, confession et
dénégation dudit Boulduc.»
55. «Ordonnance dudit commissaire, étant ensuite, portant le soi montré dudit jour, 22
septembre.»
56. «Arrêt du 20 octobre (1681), par lequel, il est permis audit procureur général
d’informer par addition.»(Continuer de procéder après qu’une première information
est close et décrétée (Littré. Op. cit. (#52))
57. «Information par addition des 22 et 23 dudit mois d’octobre (interrogatoire de
témoins)»
58. «Autre arrêt du 24 du même mois.»
59. «Trois requêtes dudit Boulduc.»
60. «Et les conclusions préparatoires dudit procureur général du 23 dudit mois,
mentionnées audit arrêt avec autre requête du 20,»
61. «ledit arrêt portant que sans s’arrêter aux susdites requêtes, les témoins ouïs et dites
informations seraient recollés (confrontés) en leurs dépositions et si besoin était,
confrontés audit Boulduc. À ces fins, commis (est désigné) ledit sieur de la Martinière,
conseiller audit Conseil, et ce fait être ordonné, ce que de raison; avec défense audit
sieur Boulduc de communiquer avec les témoins, par lui, ni par personne interposée,
directement ou indirectement, à peine d’amende arbitraire et d’être atteint et
convaincu des cas à lui imposés; et que ladite requête demeurerait jointe au procès.»
62. «Exploit de signification dudit arrêt audit Boulduc du 25 du même mois, signé
Marandeau.»
63. «Recollement des témoins ouïs et dites informations et confrontation d’iceux audit
Boulduc du 29, 30 et 31 dudit mois d’octobre, 3, 4, 5, et 7 novembre.»
64. «arrêt du 15 décembre sur (la) requête dudit Boulduc y mentionnée, portant que ledit
sieur de la Martinière aurait communication de ladite requête et de toutes les
procédures faites à l’encontre dudit Boulduc, pour y conclure si fait n’avait été par le
sieur Dauteuil, procureur général pour ce fait, et le tout remis en les mains dudit sieur
de Villeray, (et) être fait droit à son rapport. Ladite requête tendant à ce qu’il fut
ordonné que ledit procès serait rapporté en l’état qu’il était, au premier jour du
Conseil, pour être jugé définitivement et que cependant, il fut incessamment informé
de l’évasion dudit de Lalande, et à lui permis pour sureté de ses dépens, dommages et
intérêts, de faire saisir tous les deniers et effets qu’il trouverait en ce pays, appartenant
audit de Lalande.»
65. « le dire dudit sieur de la Martinière conseiller au Conseil du 5 janvier dernier, étant au
bas de ladite requête, contenant que faisant, où besoin serait, les fonctions de
procureur général du roi, attendu son absence, sur ce que la requête ci-dessus lui ayant
été remise entre les mains, ensemble, (avec la requête) le procès fait à l’encontre dudit
Boulduc, substitut, en conséquence dudit arrêt du 15 décembre dernier, afin d’y
conclure, si fait n’avait été par le procureur général et qu’attendu que ledit procureur
général avait conclu définitivement sur ledit procès, dans lequel il y avait d’autres
requêtes tendant à (aux) mêmes fins, il n’estimait pas devoir y conclure (ni sur l’)
79

autre requête dudit Boulduc, apportées, le procès étant sur le bureau, tendant à ce qu’il
lui fut accordé communication des charges et informations faites à l’encontre de lui
ainsi que des interrogatoires par lui subis, pour y prendre tel droit qu’il aviserait bon
être (pris).»
66. « Conclusion dudit procureur général (d’Auteuil) du 10 novembre dernier »
67. « le rapport dudit conseiller commissaire (Martinière)»;
68. «et tout ce qui faisait avoir bien considéré et examiné pendant les 17, 18 et 20 mars
(1682) tant des matinées que relevée (après-midi)»
69. «Dit a été par le Conseil, que le procès est en état d’être jugé, sans qu’il soit besoin
d’informer (enquêter) sur la vérité des reproches comme jugés non valables et sans
s’arrêter aux dépositions des témoins non recollés ni confrontés et aussi sans avoir
égard à toutes les requêtes dudit Boulduc, susmentionnées» et pour raison des cas
résultants du procès, le dit Conseil, a déclaré et déclare ledit Boulduc atteint et
convaincu de crimes et de malversations, (c’est) pourquoi, (il) a privé et prive
icelui Boulduc dudit office de procureur du Roi en ladite prévôté, lui faisant
défense d’exercer à l’avenir aucun office de judicature.»
70. «Et cependant, ledit Conseil a ordonné et ordonne que Me Pierre Duquet, commis à
l’exercice dudit office de procureur du roi, suivant ledit arrêt du trente avril dernier
(1681), continuera de l’exercer (…);
71. «Fait audit Conseil tenu à Québec, le vendredi 20 mars 1682.»

20 mars 1682 (Même jour) « Aussitôt l’arrêt rendu et pour le prononcer audit Boulduc, le
Conseil a fait entrer Roger, premier huissier et lui a ordonné d’aller avertir ledit Boulduc de
venir à la chambre et ledit Roger étant de retour, a rapporté qu’il l’avait cherché dans sa
maison et par toute la ville sans avoir pu savoir où il était ».216

21 mars 1682 « Et le lendemain, vingt et un, huit heures du matin, le Conseil assemblé,
Marandeau, huissier de la Prévôté royale de cette ville, servant à la place de Roger, premier
huissier, excusé, a été fait entré, auquel le Conseil a ordonné d’aller avertir ledit Boulduc de
venir à la chambre et ledit Marandeau de retour, a rapporté qu’il avait été (le) chercher chez-
lui et par toute la ville, tant haute que basse et qu’il n’avait pu apprendre de ses nouvelles.
Sur quoi, le Conseil a ordonné audit Marandeau d’avertir ledit Boulduc de se trouver le mardi
d’après le dimanche de (la) quasimodo, à la rentrée du Conseil et que l’arrêt sera apporté sur
le bureau par le conseiller commissaire ».217

7 avril 1682 Marandeau fait rapport au conseil « que ledit Boulduc lui ayant demandé s’il en
avait ordre par écrit et lui ayant répondu que non et que cet ordre était verbal, ledit sieur
Boulduc avait reparti qu’il ne s’y trouverait pas et qu’il lui donnerait sa réponse par écrit, que
cependant, il ne l’avait point fait. Sur quoi le Conseil a ordonné que faute d’avoir comparu par
ledit Boulduc, ledit arrêt lui serait notifié à sa personne ou domicile et délivré copie par le
greffier du Conseil ».

Ce même jour. « Notifié le présent arrêt et d’icelui laissé copie audit sieur Boulduc, à son
domicile, en parlant à Anne Boulduc, sa fille, par moi greffier en chef audit Conseil suivant

216
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P. 784.
217
Ibidem.
80

son arrêt de ce jour, à Québec, le septième avril mil six cent quatre-vingt-deux, trois heures de
relevé (après-midi). Signé Peuvret ».218

Louis Bolduc a été jugé par le Conseil, en son absence et sans personne pour assurer
sa défense mais il semble primordial pour le Conseil qu’il soit présent pour la
signification de la sentence!

Marie Anne Bolduc n’a que 12 ans.

24 octobre 1682 Louis reconnaît devoir à Anne Mariet (Marier), de Larochelle, veuve et
fondée de pouvoir de Jean Guillaud, qui elle-même a désigné Jean Berchaud comme fondé de
pouvoir, la somme de 183 livres restant d’une somme initiale de 275 livres pour l’achat d’une
maison. Cette maison lui a été vendue par Jean Dubuc, qui à ce qu’il ressort de l’acte, la
devait encore à Anne marier. La somme de 275 livres avait été versée par Nicolas Dupont au
nom de Louis, lors de l’achat. Dupont était en cour contre Louis pour récupérer ce qu’il lui
devait. Par cet acte, Louis devient quitte envers Dubuc et envers Dupont qui se désiste de sa
poursuite. Il ne devient débiteur qu’envers Jean Berchaud, procureur d’Anne marier.219

Nous n’avons pas pu retracer l’acte de vente de cette propriété.

15 septembre 1683 Louis et sa famille demeurent encore au coin de la Rue St-Louis et St-
Ursule (voir 8 novembre 1675, ci-haut). C’est ce que nous révèle une insinuation du Conseil
souverain concernant la « concession par MM. Lefebvre de la Barre et de Meules aux
Révérendes Mères Ursulines de Québec, d’un emplacement situé proche le monastère des d.
Dames Religieuses (…) bornées du costé sorouëst à Jean Lemire, et d’autre costé du nordest à
M. Bolduc, d’un bout au chemin de la Grande Allée et d’autre aux terres des dittes dames
Religieuses… ».220

Cette insinuation est parfaitement concordante avec la location d’un corps de logis
effectuée le 8 novembre 1675 et il ne peut s’agir que de Louis Bolduc puisque selon
nos recherches approfondies, il était le seul Bolduc, adulte, à résider en Nouvelle-
France à cette époque. Il en fut d’ailleurs ainsi jusqu’à ce que ses enfants s’établissent.

Il y a bien eu un certain Pierre Bolduc dont le nom est apparu le 20 octobre 1670 dans
le procès-verbal d’une décision de la Prévôté de Québec condamnant ce dernier à
verser six livres et dix sols à Antoine Simon. Pierre Bolduc était présent et a « conclud
avec dépens ». Il ne peut s’agir du père de Louis qui est décédé le 14 mai 1670. Il
s’agissait probablement d’un marin ou toute autre personne de passage puisque son
nom n’apparaît plus dans aucun registre.221

218
Législature de Québec. (JdCSNF). Op. cit. (#17). Vol. II. P 784.
219
BAnQ. Op. cit. (#11)Archives de Québec. Gilles Rageot, notaire. Cahier no 16. No 2476.
220
Roy, Pierre-Georges.Op. cit. (#110)
221
Perron, Guy. (P.de Q.). Op. cit. (#10). Tome II. P. 69.
81

25 novembre 1683 Dans le passé, Louis a commandé des volailles à


Jean Boesmé de Charlesbourg pour les faire livrer au gouverneur
Frontenac. Il y en avait pour neuf livres incluant du foin et le
transport. Le maître d’hôtel de Frontenac était alors Charles de
Couagne. Boesmé n’a pas été payé pour ses volailles. Boesmé doit
maintenant à de Couagne, pour d’autres raisons, quarante-quatre livres
et dix sols et il voudrait que les neuf livres lui soient déduites. Le bailli
lui ordonne de payer les quarante-quatre livres et de réclamer aux
bonnes personnes ses neuf livres, s’il le désire. 222

Le bailli est un juge au niveau de la justice seigneuriale. Plusieurs seigneuries


possédaient ce niveau de justice. Les justiciables avaient alors la possibilité de se faire
entendre soit au Baillage soit à la Prévôté dans les villes comme Québec où il y en
avait une. La justice seigneuriale était en général, géographiquement plus près des
gens.

Cette décision, qui aurait pu être omise dans notre histoire, démontre qu’entre Louis et
Frontenac, il existait certains liens non professionnels. Il y avait des vendeurs de
volailles à Québec, pas si loin du château où demeurait Frontenac et ce dernier n’avait
pas besoin de Louis comme serviteur. Il nous semble plutôt que Louis a posé un geste
amical.

1685 Élizabeth Hubert épouse de Louis est de retour en France.223

10 mars 1685 Par arrêté, le Roi Louis XIV accorde à Élizabeth Hubert le tiers des
appointements que Louis avait comme procureur.224

Entre mars 1685 et juin 1686 Lettre du Marquis de Denonville, gouverneur de la Nouvelle-
France (1685-1689), à Colbert, ministre du roi. « M. l’intendant (Desmeules 1682-1686) dit
que vous lui aviez ordonné de rétablir le nommé Bolduc dans sa charge de procureur du Roi
de la Prévôté de Québec, supposé que lui et moi jugeassions que la peine de sa longue
absence fut insuffisante (suffisante?) pour expier ses fautes. Cela m’a donné lieu de
m’enquérir de la vie et mœurs de ce Bolduc. J’ai appris que c’est un fripon achevé, à ne
jamais souffrir dans une pareille charge. Ce pays-ci, monseigneur, a besoin de châtiments
pour ceux dont la conduite est méchante. Sa femme passe cette année en France. Je lui ai
volontiers donné son passeport pour délivrer le pays d’un assez mauvais meuble. Il nous laisse
des enfants qui sont réduits à la charité des gens de bien ».225

Écrire à Colbert (Jean-Baptiste), ministre et grand collaborateur du Roi Louis XIV,


équivaut à écrire au Roi lui-même. D’ailleurs le Roi a déjà ordonné au gouverneur de
la Nouvelle-France de s’adresser d’abord à Colbert. Denonville qui a succédé à
Frontenac après de La Barre, aurait-il eu des motifs pour haïr ou se venger de Louis

222
Lafontaine, André. « Le baillage de Notre-Dame-des-Anges ». Sherbrooke. 1988. P. 7.
223
Institut Drouin. Op. cit. P. (#3). 1423-1424.
224
Roy, Pierre-Georges.Op. cit. (#110). Pp. 67-68.
225
Institut Drouin. Op. cit. (#3). P.1423-1424.
82

Bolduc? Cela nous semble peu probable ou du moins nous n’avons aucun écrit qui le
laisserait supposer. Denonville aurait-il osé mentir au Roi sous l’influence de certains
conseillers tel de Villeray, toujours membres du Conseil? Le gouverneur aurait-il porté
un jugement aussi négatif et utilisé des mots aussi péjoratifs, ne laissant place à aucune
interprétation modérée, sans motifs sérieux et démontrables? Il est difficile de croire
que tous ceux qui n’étaient pas favorables à Bolduc étaient malhonnêtes au point de
mentir au Roi. D’ailleurs les rôles ont été intervertis. C’est l’intendant Desmeules qui
transmet la commission du Roi donnant la possibilité au gouverneur et au Conseil de
rétablir Louis dans ses fonctions et c’est le gouverneur qui s’y oppose.

Des pressions favorables à Bolduc ont dû être faites auprès du Roi ou de Colbert
puisque ce dernier qui est un parent de Duchesneau, de même que de Denonville,226
d’ailleurs, ordonne le rétablissement (conditionnel) de Louis alors que Duchesneau à
tout fait pour le faire bannir.

La réponse de Denonville vient s’ajouter aux déclarations et témoignages de


Duchesneau, Ruette D’Auteuil, de Villeray, de la Martinière, de Lalande, Péloquin,
Thibault et possiblement plusieurs autres qui ont été interrogés mais dont nous n’avons
pas le procès-verbal de l’interrogatoire. Tout ce monde aurait-il menti?

Quant à ceux qui ont écrit que les Bolduc ont abandonné leurs enfants pour s’en aller
en France. Nous marquons notre profond désaccord avec cette interprétation. Quoique
nous n’en ayons pas la preuve, nous croyons que Louis et Élizabeth ont pris des
dispositions auprès de personnes de leurs connaissances, pour l’avenir de leurs
enfants, qui ont d’ailleurs tous réussi socialement et matériellement.

4 juin 1686 Arrêt de sa majesté (Louis XIV) qui casse le nommé Bolduc de la charge de
procureur de la Prévôté de Québec : « …Le Roi étant en son conseil et étant informé que le
nommé Bolduc, procureur de sa majesté en la Prévôté de Québec, qui a déjà été interdit de
ladite fonction par le Conseil souverain dudit lieu, continue sa mauvaise conduite et s’est
rendu indigne, non seulement d’être rétabli dans ladite fonction mais même de la grâce que sa
majesté lui avait faite, en accordant par arrêt de son conseil du dix mars mil six cent quatre-
vingt-cinq, le tiers des émoluments dudit office à sa famille, et étant nécessaire de pourvoir
incessamment à cette charge et de la remplir d’une personne qui s’en acquitte dignement, sa
majesté étant en son conseil, a cassé ledit Bolduc de ladite charge… »227

Entre le jugement rendu par le Conseil souverain le 20 mars 1682, démettant Louis de
son poste et cette cassation ordonné par le roi, il semble évident, encore là, que des
démarches ont été conduites pour le rétablir dans ses fonctions. Frontenac, de retour en
France depuis 1682 a possiblement intercédé en sa faveur. Pourtant rien n’y fit, au
contraire, la lettres de Denonville a pu servir au Roi a prendre sa décision mais
d’autres informations ont du lui être fournies puisqu’il affirme que Louis continue à se
mal conduire.

226
Dubé, Jean-Claude. « Les intendants de la Nouvelle-France ». Collection Fleur de Lys. Fides. P. 25.
227
Roy, Pierre-Georges.Op. cit. (#110). Pp. 67-68.
83

Puisque le Roi affirme que Louis Bolduc continue de se mal conduire, il est évident
qu’il fait allusion à sa conduite à Québec. Il était donc toujours présent dans cette ville
en 1686. Le Roi n’aurait certainement pas été ignorant de la présence de Bolduc en
France, au moment d’écrire son arrêt.

28 février 1700 Dans le contrat de mariage de leur fils René avec Marie Anne Gravel, devant
le notaire Étienne Jacob, à Beaupré, Louis et son épouse Élizabeth sont mentionnés comme
« demeurant autrefois en ce pays ».228

7 novembre 1701 Au mariage de son fils Jacques avec Marie Anne Racine, Louis et
Élizabeth sont mentionnés comme décédés.229

Louis Bolduc serait donc décédé avant l’âge de 52 ans et son épouse avant 49 ans.

À VOUS LE VERDICT

Chers lecteurs. Vous avez lu le déroulement dune vie mouvementée et pleine de péripéties. Il
ne faut toutefois pas perdre de vue qu’en relatant l’histoire nous sommes limités au matériel
disponible, sans plus. Nous ne saurions l’embellir ou l’assombrir sans manquer à notre devoir
de rigueur. L’interprétation n’est permise que lorsqu’elle est basée sur les faits et qu’elle va de
soi. Dans le cas de notre ancêtre, il s’avère que les textes que nous avons trouvés laissent une
impression plutôt négative, mais que savons-nous vraiment de Louis Bolduc? Le bien sans
éclat laisse sûrement moins de traces que les incartades, même les plus obscures. L’histoire
retiendrait-elle plus facilement les défauts que les qualités? Notre ancêtre était-il pire que les
autres personnages de son temps, s’y prenait-il de la mauvaise façon ou était-il plus exposé
que les autres pionniers? L’amitié de Frontenac pèse certainement très lourdement sur ce que
l’on peur retenir concernant Louis Bolduc. Il a peut-être posé de beaux gestes, accompli de
grandes choses et avaient possiblement de belles qualités qu’il ne nous a pas été donné de
découvrir. Chose certaine : il voulait réussir et ses enfants sur ses meilleures traces, l’ont fait à
sa place.

Yves Delamarre

2007

yvesdel@videotron.ca

228
BAnQ. Op. cit. (#11). Greffe du notaire Étienne Jacob. Copie du contrat original sur microfilm Drouin que
nous avons déchiffré.
229
PRDH. Op. cit. (#11). Acte #28411.
84

ANNEXE 1

GÉNÉRATIONS FRANÇAISES

Tableau généalogique230

Fiche de famille

Jean BOULDUC #655231

Précision: ANCÊTRE FRANÇAIS (génér. -6)232


Naissance: 1480 à Senlis, France
Père
Mère
(Source: Mariage, S1, DGO, p. 124, 2° colonne: ascendance de
Louis Bolduc, l'ancêtre Québécois)

Enfant 1: Henry (Henri) BOULDUC #654


Précision: ANCÊTRE FRANÇAIS (génér. -5)
Précision: En 1522: Cité à Senlis, Picardie, France

(Source: DGO. Dictionnaire généalogique de nos origines. Denis


Beauregard. 1956. Production FrancoGène.
[http://www.francogène.com]).

Fiche de famille

Henri BOULDUC #654

Précision: ANCÊTRE FRANÇAIS (génér. -5)


Précision: En 1522: Cité à Senlis, Picardie, France
Père Jean BOULDUC #655
(Source: DGO)

Enfant 1: Lambert BOULDUC #653

230
La disposition particulière des textes du tableau provient du transfert direct à partir du logiciel de généalogie.
Nous ne l’avons pas reprise pour éviter les erreurs de conversion.
231
Les numéros indiqués réfèrent au numéro attribué par le logiciel Brother’s Keeper, version 6, qui contient
toute notre généalogie des Bolduc.
232
Les générations d’ancêtres français sont indiquées par une numérotation négative pour bien les différencier
avec les générations de Nouvelle-France. Le premier ancêtre en Nouvelle-France, Louis Bolduc, constitue la
première génération en chiffre positif.
85

Précision: ANCÊTRE FRANÇAIS (génér. -4)


Baptême: en France
(Source: DGO)

Fiche de famille

Lambert BOULDUC #653

Précision: ANCÊTRE FRANÇAIS (génér. -4)


Baptême: en France
Père Henri BOULDUC #654
(Source: DGO)

Enfant 1: Simon BOULDUC #579


Précision: ANCÊTRE FRANÇAIS (génér. -3)
Profession: Marchand Drapier à Senlis France
Naissance: en 1540 en France
Décès: Avant 6 août 1595
Conjointe: Jacqueline DEBONNAIRE #580 n. 1545
Marié(e): en France
(Source: DGO)

Fiche de famille

Époux Simon BOULDUC #579

Précision: ANCÊTRE FRANÇAIS (génér. -3)


Profession: Marchand Drapier à Senlis France
Naissance: en 1540 en France
Décès: avant 6 août 1595
Père Lambert BOULDUC #653
(Source: DGO)

Épouse Jacqueline DEBONNAIRE #580


Marié(e): en France
Naissance: en 1545 en France
Père
Mère
(Source: DGO)
86

Enfant 1: Louis BOULDUC #576


Précision: ANCÊTRE FRANÇAIS (génér. -2)
Naissance: en 1575 à St-Benoit, Paris, France
Conjoint[e]: Françoise LEBRUN #577 n. 1580
Contrat de mariage: 6 août 1595 Maître Chazerets, Paris,
France
(Source: DGO)

Fiche de famille

Époux Louis BOLDUC #576

Précision: ANCÊTRE FRANÇAIS (génér. -2)


Naissance: en 1575 à St-Benoit, Paris, France
Père Simon BOULDUC #579
Mère Jacqueline DEBONNAIRE #580
(Source: DGO)

Épouse Françoise LEBRUN #577


Contrat de mariage: 6 août 1595 Maître Chazerets, Paris,
France
Naissance: en 1580 à Paris, France
Père
Mère
(Source: DGO)
Enfant 1: Marie BOULDUC #668
Précision: Sœur de L’ancêtre Pierre
Conjoint: Gilles GOND #669

Enfant 2: Pierre BOULDUC (BOSLEDUC) #431


Précision: ANCÊTRE FRANÇAIS (génér. -1)
Profession: Marchand, apothicaire et épicier
Naissance: en 1622 à St-Benoit, Paris, France
Décès: 14 mai 1670 à St-Benoit, Paris, France

Conjointe: Gilette PIJART #432 n. 14 mar 1623


Père : Adam Pijart #910
Mère : Jacqueline Lechavon #911
Contrat de mariage: 27 déc 1639 à St-Benoit,
Paris, France
(Source: DGO)
87

Fiche de famille

Épouse Marie BOULDUC #668

Précision: Sœur de l’ancêtre Pierre


Père Louis BOLDUC #576
Mère Françoise LEBRUN #577

Conjoint : Gilles GOND #669

Fiche de famille

Époux Pierre BOULDUC (BOSLEDUC) #431

Précision: ANCÊTRE FRANÇAIS (génér. -1)


Profession: Marchand, apothicaire et épicier
Naissance: en 1622 à St-Benoit, Paris, France
Décès: 14 mai 1670 à St-Benoit, Paris, France

Père Louis BOULDUC #576


Mère Françoise LEBRUN #577
(Source: DGO)
Conjoint[e] Gilette PIJART #432
Contrat de mariage: 27 déc 1639 à St-Benoit, Paris,
France

Naissance: 14 mar 1623 à St-Jacques-de-la-Boucherie, Paris,


Seine
Père Adam PIJART #910
Mère Jacqueline LECHAVON #911
(Source: DGO)
Forum GÉNÉALOGY.COM, par Régina Bolduc-Wilkie: serait la sœur
de deux jésuites venus à Québec.)
Selon Cyprien Tanguay, en 1681, un certain Claude Pijart était au
Collège des Jésuites. Il avait alors 82 ans.
Au baptême de Marie-Anne Bolduc, le 3 août 1670, fille de Louis et
Élizabeth Hubert, l'officiant était Claude Bijart (Béjart, Pijart?).
PRDH.

Enfant 1: Louis BOUDUC #429


88

Précision: ANCÊTRE 1°arrivant au Québec - Génération 1


Profession: Procureur du Roi en la Prévôté de
Québec
Naissance: 1648 à St-Jacques-de-la-Boucherie, Paris, Seine
Décès: avant 7 nov 1701 à Paris, France

Conjoint[e]: Élizabeth HUBERT #430


Contrat de mariage: 18 août 1668 Notaire Lecomte
Père : Claude Hubert #666
Mère : Élizabeth #667
Naissance vers 1651 Dcd vers nov.
1701
(Source : DGO)

Enfant 2: Simon BOULDUC #670


Précision: Frère de l’ancêtre Louis
Profession: Maître Apothicaire, chimiste
Naissance: 1652
Décès: 23 fév 1729
(Source: Institut de France, Académie des sciences - Liste des
membres, «In memoriam", depuis 1666, [http://www.academie-
sciences.fr/Membres/in_memoriam/in_memoriam_liste_alphabetiqu
e_B.htm]:
"Académicien chimiste de l'Académie Royale des sciences le 7 août
1694, pensionnaire chimiste, premier titulaire nommé par Louis XIV
le 28 janvier 1699, sous-directeur de l'Académie en 1715,
pensionnaire vétéran le 24 avril 1723")

Enfant 3: Gilles BOULDUC #671


Précision: Frère de l’ancêtre Louis
Profession: Religieux au couvent des Augustins
Déchaussés
(Source: « Journal d’une vie de famille ».Bolduc, Charles-Émile.
Librairie A à Z. 2002.Baie Comeau.)

Enfant 4: Jacques BOULDUC #672


Précision: Frère de l’ancêtre Louis
Profession: Religieux au couvent des Augustins
Déchaussés
(Source: « Journal d’une vie de famille »)

Enfant 5: Pierre BOULDUC #2370


Précision: Frère de l’ancêtre Louis
89

Profession : Procureur au Châtelet de Paris


(Source: « Journal d’une vie de famille »)

ANNEXE 2

CONTRAT DE MARIAGE ENTRE LOUIS BOLDUC ET ÉLIZABETH HUBERT


LE 6 AOÛT 1668
DEVANT LE NOTAIRE JEAN LECONTE

N. B.- Ce contrat était déjà déchiffré. Nous l’avons transcrit en français


courant avec l’orthographe et les ponctuations modernes et aussi
en écrivant les noms tel que nous les connaissons aujourd’hui. Nous
avons, de plus, ajouté les mots manquants et des définitions entre
parenthèse.

Par devant Jean Leconte, notaire en la juridiction de la ville de Québec, et (les) témoins
soussignés, furent présents en leur personne, Louis Baulduc (Bolduc), fils de Pierre Baulduc,
maître apothicaire épicier, demeurant rue St-Jacques, paroisse (de) St-Benoît, archevêché de
Paris et Gillette Pijart, sa femme, ses père et mère, d’une part et Isabelle (Élizabeth. Elle signa
Élizabelle) Hubert, fille de Claude Hubert, procureur au parlement de Paris, demeurant rue De
la Tissandrie, paroisse de St-Gervais, dudit archevêché de Paris et Isabelle Fontaine, sa
femme, ses père et mère, d’autre part, lesquels de leur bon gré, bonne volonté et du
consentement de leurs parents et amis, et en la présence de Messire Daniel de Rémy,
chevalier, seigneur baron de Courcelle, gouverneur, lieutenant général pour le roi en ce pays,
de maître Jean Talon, conseiller du roi en ses conseils d’état et privé, intendant de police,
justice et finance en ce dit pays, de Dame Marie-Barbe de Boulogne, veuve de Monsieur
Louis Dailleboust, vivant (de son vivant), chevalier, seigneur de Coulonges, ci-devant aussi
gouverneur et lieutenant général en ce dit pays, du Sieur le chevalier de Grandfontaine, son
capitaine au régiment de Carignan, du Sieur Prévost, lieutenant de sa (la) compagnie, du Sieur
de Grandfontaine, du sieur de Grandville, enseigne en ladite compagnie, de Damelle (pour
madame mais relié au rang de son mari ou de son père), Marguerite Leroux, femme du sieur
Villette, du Sieur Dubois, abbé et aumônier du régiment de Carignan, du Sieur Dubois, écuyer
(et) Sieur de St-Maurice, dudit St-Maurice, son fils, du Sieur de Haucourt, écuyer (et) Sieur de
Beaumont, du Sieur Dugal, de damelle marie de Franclieu, de Damelle Marie-Charlotte de
Poitiers, de Damelle Marie-Angélicus Portas, de Damelle Fontenay, du Sieur Depeiras et du
Sieur Bernard de Mante. Reconnurent et confessèrent avoir fait les traités et promesses de
mariage qui ensuivent (suivent), c’est à savoir (soit) que ledit Louis Bolduc promet prendre à
(pour) sa femme et épouse, ladite Isabelle Hubert, comme aussi ladite Isabelle Hubert promet
prendre à son mari et époux ledit Louis Baulduc, et leur dit mariage faire solenniser
(consacrer) en face de sa mère (la) Sainte église catholique apostolique et romaine, le plus tôt
que faire se pourra et qu’il sera avisé et délibéré entre eux (consacré), leurs parents et amis, si
Dieu et notre mère (la) Sainte église s’y accordent et (y) consentent, pour être lesdits futurs
époux uns et communs (communauté de biens) en biens meubles, acquêts et conquêts
immeubles, suivant la coutume de Paris. Ne seront tenus, les futurs époux, des dettes et
hypothèques, l’un de l’autre et créées auparavant la solennité de leur mariage, ainsi, si
90

aucunes il y a (s’il y en a), elles seront payées et acquittées par celui qui les aura faites et
créées, sur son bien. Prendra, ledit futur époux, ladite future épouse avec ses droits, noms,
raisons et actions, en quelques lieu qu’ils soient, soient (?) et situés et trouvés et cependant,
ladite future épouse promet porter avec son dit futur époux, le lendemain de leurs épousailles,
la somme de quatre cents livres, pour tous ses meubles, habits, bagues et joyaux. Sera, la
future épouse, douée du douaire coutumier, suivant la coutume de Paris. Sera le préciput, égal
et réciproque, de la somme de cinq cents livres, à prendre par le survivant sur les biens de la
communauté suivant la prisée de l’inventaire, qui sera pour lors, faite sans aucune réserve. Et
pourra ladite future épouse, advenant la dissolution de ladite communauté, renoncer à icelle,
et en ce faisant, reprendra ce qu’elle aura apporté avec son dit futur époux, ses douaire et
préciput, teks que (ci) dessus et tout ce que pendant et constant leur dit mariage, lui sera
advenu et échu par succession, donation ou autrement, le tout franchement et quittement, sans
qu’elle soit tenue (de) payer aucune dette de ladite communauté, encore qu’elle y fut obligée
ou condamnée. En faveur duquel mariage et pour y parvenir, lesdits futurs époux se sont, par
ces présentes, fait donation irrévocable entre vifs et au survivant d’eux, de tous et chacun de
leurs biens meubles, acquêts et conquêts immeubles, voir même de leurs propres, en quelques
lieux qu’ils soient situés et trouvés et à quelques sommes qu’ils se trouveront montés. Et pour
faire insinuer (enregistrer) « car ainsi le tout a été traité, stipulé, convenu et accordé entre les
lesdites parties en faisant et passant ces présentes, nonobstant toutes coutumes et lois à ce
contraires, auxquelles lesdites parties ont spécialement dérogé et renoncé par ces présentes,
promettant, renonçant et obligeant chacun en droit » (le texte entre guillemets est en abrégé
dans l’acte original). Fait et passé audit Québec, après-midi, en l’étude dudit notaire, le
huitième (d’) août mil six cent soixante-huit, en présence de Jean Levasseur dit Lavigne et
Jean Bourdon, huissier au Conseil souverain, témoins à ce requis, qui ont signé avec lesdits
parents et amis. Et lesdites parties et le notaire ont signé.

Ont signé : Dugal

Boulduc Fontenay
Élizabelle Hubert Marie Portas
Courcelle Depeiras
M. Leroux M. de Franclieu
Le chevalier de Grandfontaine M. Charlotte de
Poitiers
M. B. Deboulogne Bernard de Mante
Dubois J. Bourdon
Duboys Provost
St-Maurice Talon
Nicolas de Hautcourt J. Levasseur
DeGranville LeConte, notaire
91

ANNEXE 3
Descendants de: Jean BOULDUC jusqu’à Béatrice Bolduc Delamarre

En France (6 générations)

Sans preuve mais avec de bonnes présomptions:

1 Jean BOULDUC #655 n. 1480

2 Henry BOULDUC #654

3 Lambert BOULDUC #653

Avec toutes les preuves :


4 Simon BOULDUC #579 n. 1540 d. avant 6 août 1595
m. Jacqueline DEBONNAIRE #580 n. 1545

5 Louis BOLDUC #576 n. 1575


m. Françoise LEBRUN #577 m. 6 août 1595 n. 1580

6 Pierre BOLDUC (BOSLEDUC) #431 n. 1622 d. 14 mai 1670


m. Gilette PIJART #432 m. 27 déc 1639 n. 14 mars 1623
[Fille de Adam PIJART #910 et Jacqueline LECHAVON #911]

Au Québec (8 générations)
1 Louis BOLDUC #429 n. 1648 d. avant 7 nov 1701
m. Élizabeth HUBERT #430 m. 18 août 1668 n. environ 1651 d. environ 11 1701
[Fille de Claude HUBERT #666 et Élizabeth FONTAINE #667]

2 René BOLDUC #581 n. 28 fév 1674 d. avant 29 mars 1720


m. Marie-Anne GRAVEL BRINDELIER #582 m. 8 fév. 1700 n. 17 mai 1685 d.
1 déc 1710
[Fille de Jean GRAVEL #1723 et Marie CLOUTIER #1724]
m. Louise SÉNARD #1729 m. 5 mai 1711 n. 13 mars 1689 d. 4 juil. 1716
[Fille de René SÉNARD #920 et Françoise PHILIPPEAU #921]
m. Marguerite MALBOEUF BEAUSOLEIL #1730 m. 21 janv. 1717 n. 19 mai
1695
[Fille de Jean-Baptiste MALBOEUF BEAUSOLEIL #1732 et Marguerite
DESTROISMAISONS PICARD #1733]

3 Jean BOLDUC #425 n. environ 1702


m. Marie-Anne FILLION #426 m. 8 oct. 1725 n. environ 1700 d. 29 déc 1760
[Fille de Jean FILLION #912 et Françoise SÉNARD #913]
92

4 Joseph BOLDUC #423 n. environ 1738 d. 12 juin 1806


m. Émérentiennee BOUCHARD #424 m. 8 nov. 1763 n. 29 août 1744 d. 21
fév. 1811
[Fille de Jean-Baptiste Noël BOUCHARD #1199 et Catherine
TREMBLAY #1200]

5 Antoine BOLDUC #421 n. 1770


m. Théotiste PRADET-ST-GELAIS #422 m. 13 nov. 1798
[Fille de Jean-Marie François PRADET-ST-GELAIS #1273 et Victoire
POTVIN LAVIOLETTE #1274]

6 Anselme BOLDUC #419 n. 12 mars 1819 d. 19 oct. 1888


m. Calixte SIMARD #420 m. 13 fév 1844 n. 1821 d. 27 juil. 1886
[Fille de Abraham SIMARD #1241 et Félicité GIRARD #1242]

7 Charles BOLDUC #417


m. Élizabeth LAVOIE #418 m. 17 août 1869
[Fille de Damase LAVOIE #1253 et Élizabeth MOREAU #1254]

8 Benjamin BOLDUC #95 n. 5sept. 1873 d. 29 déc. 1940


m. Rebecca LACHANCE #406 m. 31 janv. 1893
[Fille de Régis LACHANCE #1555 et Octavie PARADIS #2137]
m. Marie-Louise BOLDUC #96 m. 14 oct. 1914 n. 26 oct. 1886 d. 16
sept. 1969
[Fille de Urbain BOLDUC #512 et Marie LAVOIE #516]

9 Béatrice Bolduc #91 n. 18 oct. 1917 d. 13 juillet 2001


m. Léopold Delamarre #47 23 août 1937
n. 21 avril 1910 fils de Joseph Stanislas Delamarre et Marie Anna
Thérien

10 Yves Delamarre n. 1938

Si on ajoute nos parents, nous-mêmes, nos enfants et petits-enfants, nous


obtenons 12 générations au Québec.
Légende :
n= né
m= marié
d= décédé
Les numéros « # » sont ceux du logiciel Brother’s Keepers et ne sont utiles que pour
l’auteur.
93

INDEX

Dans l’index qui suit, les références aux noms de Bolduc, D’Auteuil, Duchesneau, Frontenac,
Lotbinière ne sont pas relevées car elles apparaissent dans un trop grand nombre de pages du
livre.

Le choix des mots et expressions indexés a été fait un à un par l’auteur et les pages auxquelles
ils réfèrent ont été générées par le logiciel Word.

1
1480 ________________________________________________________________________________________ 3, 84, 91
1637 _____________________________________________________________________________________________ 17
1648 _____________________________________________________________________________________ 3, 17, 88, 91
1650 _________________________________________________________________________________________ 3, 4, 17
1657 _____________________________________________________________________________________________ 17
1663 _______________________________________________________________________________________ 12, 13, 14
1664 _____________________________________________________________________________________________ 12
1665 _____________________________________________________________________________________ 3, 17, 18, 22
1666 __________________________________________________________________________________________ 18, 88
1667 __________________________________________________________________________________ 4, 12, 18, 19, 27
1668 ____________________________________________________________________________ 4, 19, 20, 27, 88, 89, 91
1669 _____________________________________________________________________________________ 4, 21, 22, 32
1670 _______________________________________________________________ 14, 21, 24, 25, 26, 27, 40, 80, 86, 87, 91
1671 ____________________________________________________________________________________ 25, 26, 27, 34
1672 ______________________________________________________________________________ 14, 26, 27, 28, 29, 32
1673 __________________________________________________________________________________________ 14, 29
1674 _________________________________________________________________________ 4, 14, 30, 31, 32, 33, 34, 91
1675 ______________________________________________________________________________ 14, 15, 32, 34, 35, 80
1676 ____________________________________________________________________________ 4, 12, 14, 32, 34, 37, 38
1677 __________________________________________________________________________________ 9, 38, 39, 40, 44
1678 ______________________________________________________________________________ 14, 40, 41, 42, 71, 74
1679 __________________________________________________________________ 10, 14, 16, 41, 42, 43, 44, 47, 74, 76
1680 ___________________________________________5, 8, 9, 14, 16, 36, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 52, 53, 68, 72, 73, 74
1681 ________ 4, 5, 7, 9, 15, 16, 32, 44, 47, 53, 54, 55, 58, 60, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 73, 74, 76, 77, 78, 79, 87
1682 _____________________________________________ 5, 6, 9, 11, 14, 15, 16, 36, 41, 44, 46, 49, 71, 72, 79, 80, 81, 82
1683 _______________________________________________________________________________________ 36, 80, 81
1685 ____________________________________________________________________________________ 6, 7, 9, 81, 91
1686 _______________________________________________________________________________ 6, 10, 11, 12, 81, 82
1700 ____________________________________________________________________________________ 10, 13, 83, 91
1701 _____________________________________________________________________________________ 6, 83, 88, 91

A
À la charge de gens de bien, les enfants de Louis laissés à ____________________________________________________ 6
Accusations _______________________________________________________ 4, 5, 8, 9, 37, 49, 52, 54, 55, 59, 60, 65, 68
Achat d’une terre, à Charlesbourg, par Louis _____________________________________________________________ 22
Achats, divers, par Louis ________________________________________________________________________ 4, 35, 41
Adrien Michelon _____________________________________________________________________________ 26, 27, 34
Advancement d’hoirie (héritage), reçu par Louis __________________________________________________________ 21
Affaires financières, de Louis __________________________________________________________________________ 6
Affiches dans les lieux publics, ou exploits, remontrance de Frontenac _________________________________________ 46
Alexandre Petit ____________________________________________________________________________________ 26
Allégués, au procès de Louis _________________________________________________________ 6, 38, 43, 46, 53, 72, 73
Ancêtre unique, Louis est l' ____________________________________________________________________________ 3
Ancêtres français _________________________________________________________________________________ 3, 84
Apothicaire, de la reine et du Roi, les Bolduc __________________________________________________ 3, 17, 86, 87, 89
94

Arrêt de sa majesté (Louis XIV) qui casse le nommé Bolduc _________________________________________________ 82


Arrivée à Québec de l’Aigle d’Or, Louis à son bord, _______________________________________________________ 18
Articles qu’elle lui a prêtés, par Élizabeth, procès __________________________________________________________ 29
Aurait extrêmement maltraité, sur la grève, accussation portée par Louis, procureur _______________________________ 46
Aussitôt l’arrêt rendu et pour le prononcer audit Boulduc ____________________________________________________ 79
Avance sur son héritage, Louis obtient une ________________________________________________________________ 4
Averti, Louis averti par Duchesneau _____________________________________________________________________ 5
Avilissant, pour Louis d'aller faire ses remontrances au domicile du proc. gén. _________________________________ 5, 42

B
Barrique de vin, achetée par Louis _____________________________________________________________________ 26
Bayonne__________________________________________________________________________ 5, 9, 50, 52, 69, 72, 73
Bazire Lavaltrie ____________________________________________________________________________________ 26
Blanchissage, Louis en procès avec sa blanchisseuse ____________________________________________________ 25, 27
Blasphémé, accusation portée par Louis _______________________________________________________________ 5, 41
Bolduc considérait l’affaire comme réglée, affaire de de Lalande______________________________________________ 49
Boulanger, métier __________________________________________________________________________________ 41
Bourgeois _____________________________________________________________________ 3, 4, 20, 25, 31, 32, 39, 74
Bureau, des officiers _____________________________________________________________________ 4, 14, 56, 71, 79

C
Cabaretier, métier __________________________________________________________________________________ 26
Carignan-Salières, le régiment, ___________________________________________________________________ 3, 17, 20
Casse définitivement, Louis cassé par le Roi comme procureur ________________________________________________ 6
Catherine Leneuf ___________________________________________________________________________________ 31
Censitaires ________________________________________________________________________________________ 22
Certificateur, premier contact de Louis avec une tâche de justice ______________________________________________ 34
Charles de Couagne _________________________________________________________________________________ 81
Charlesbourg _________________________________________________________ 4, 21, 22, 23, 24, 25, 27, 28, 30, 35, 81
Château St-Louis _____________________________________________________________________________ 13, 14, 19
Chronologie et historique des événements, DÉBUT ________________________________________________________ 17
Claire Françoise Clément Duault_______________________________________________________________________ 45
Claude Bijart (Pijart), _______________________________________________________________________________ 24
Claude Hubert, père d'Élizabeth, _______________________________________________________________ 4, 24, 88, 89
Claude Pijart ______________________________________________________________________________________ 87
Clôture d’un inventaire, par Louis, contestée _____________________________________________________________ 40
Colbert ___________________________________________________________________ 10, 15, 16, 34, 35, 49, 69, 81, 82
Commune, du Trait-Carré ____________________________________________________________________________ 22
Concussions, Louis accusé de, ____________________________________________________________________ 7, 8, 49
Condamné à payer 9 livres, Louis est condamné à, _________________________________________________________ 27
Condamné, par défaut, Louis est, ___________________________________________________________________ 30, 32
Condamner Louis Bolduc à lui payer 270 livres ___________________________________________________________ 27
Conduite _______________________________________________________________________ 5, 6, 9, 35, 53, 60, 81, 82
Conflit d’intérêts ___________________________________________________________________________________ 40
Congé de l'armée, de Louis ____________________________________________________________________________ 4
Conseil souverain l’a reçu et institué en possession de l’office, Louis, _________________________________________ 37
Cordonnier, métier, _________________________________________________________________________________ 27
Corrube, le dénommé, ____________________________________________________________________________ 46, 47
Côte-de-Beaupré ____________________________________________________________________________________ 6
Coupable ________________________________________________________________________________ 5, 6, 9, 60, 68
Courcelle, M. de, ___________________________________________________________________________ 3, 18, 89, 90
Cousine, d'Élizabeth et de Louis,_______________________________________________________________ 3, 29, 35, 56
crapule _______________________________________________________________________________________ 8, 9, 49
Curé, (s), _____________________________________________________________________________ 17, 20, 21, 28, 35

D
Damours, conseiller, _____________________________________________________________________________ 10, 14
95

Débauche, Louis accusé de, _____________________________________________________________________ 7, 8, 9, 49


Décès de Denis Joseph Ruette D’Auteuil ________________________________________________________________ 44
Delgueil (Delgel) ___________________________________________________________________________________ 30
Denevers, le dénommé, ________________________________________________________________________ 46, 47, 74
Denonville, intendant __________________________________________________________________ 8, 9, 10, 11, 81, 82
Depeiras, conseiller, ______________________________14, 28, 29, 31, 32, 34, 35, 45, 46, 56, 57, 61, 62, 64, 66, 75, 89, 90
Dépositions, des témoins, _______________________________________________________________ 5, 6, 68, 69, 78, 79
Des voix se sont fait entendre faveur de Louis _____________________________________________________________ 8
Dettes, de Louis ____________________________________________________________________________ 4, 29, 40, 89
Dictionnaire biographique des ancêtres Québécois. Michel Langlois. __________________________________________ 10
Dictionnaire biographique du Canada en ligne. André Vachon. ________________________________________________ 9
Dictionnaire généalogique des familles Bolduc d’Amérique. Monique Bolduc-Bégin et Pierre Bolduc ________________ 10
Dit Labrèche ______________________________________________________________________________________ 30
Dit Laverdure _____________________________________________________________________________________ 29
Dot, apportée par Élizabeth, ____________________________________________________________________ 19, 20, 24
Duchesneau, l’intendant _____________________________________________________________________________ 15
Dupont, conseiller, ___________________________________________________ 14, 27, 30, 31, 32, 33, 64, 66, 69, 75, 80

E
Élie Jean _________________________________________________________________________________________ 33
Élisabelle, signature d'Élizabeth _______________________________________________________________________ 19
Élisabeth Hubert, épouse de Louis Bolduc ________________________________________________________________ 4
Embarquement de Louis sur le bateau Aigle d’Or __________________________________________________________ 17
Émoluments__________________________________________________________________________________ 7, 39, 82
Emprunté, par Louis _____________________________________________________________________ 7, 22, 25, 26, 30
En venir aux coups, avec Vitré (Vitray) __________________________________________________________________ 5
Entendre les doléances de ces représentants de plusieurs domaines, Louis présent ________________________________ 39
Etienne Landeron __________________________________________________________________________________ 27
Étienne Péloquin _____________________________________________________________________________ 47, 48, 73
Être pendu et étranglé à une potence, cause dans laquelle Louis a agi, __________________________________________ 41
Études, de Louis ______________________________________________________________________________ 3, 17, 44
Évadé, Pierre de Lalande s'est, ____________________________________________________________________ 5, 6, 72
Exhorter Louis à conclure dans l’affaire de Lalande _______________________________________________________ 49
Expédients?, subsistance de Louis, ______________________________________________________________________ 7
Exploits (avis d'assignation), remontrances de Frontenac sur,__________________________________ 56, 57, 60, 61, 62, 63
Expulsion, en France par Frontenac, _____________________________________________________________________ 5

F
Famille de comédiens, parenté de Louis, __________________________________________________________________ 3
Fermier, Louis n’est pas un bon __________________________________________________________________ 4, 24, 29
Filles du Roi, Élizabeth, __________________________________________________________________________ 18, 19
Fort Chambly______________________________________________________________________________________ 18
Fort Ste-Thérèse _________________________________________________________________________________ 3, 18
Fort St-Louis ____________________________________________________________________________________ 3, 18
Forte réprimande par Duchesneau ____________________________________________________________________ 8, 49
François Blondeau a injurié Louis ______________________________________________________________________ 28
Friponnerie, Louis accusé de, __________________________________________________________________________ 7

G
Gages, rémunération de Louis, suspendue, _______________________________________________________ 5, 34, 59, 60
Garnison, la _______________________________________________________________________________________ 14
Dendre de Louis, (Richard tallard), _____________________________________________________________________ 30
Gilles Rageot ____________________________________________________________________ 12, 39, 41, 48, 50, 65, 80
Gillette Pijart, mère de Louis _____________________________________________________________________ 3, 17, 89
Gosset _______________________________________________________________________ 5, 34, 50, 51, 52, 65, 69, 73
Grande Allée ________________________________________________________________________________ 13, 36, 80
Grandfontaine, sieur de (Hector d'Endigné) ________________________________________________ 3, 17, 18, 20, 89, 90
96

Guerre avec les Iroquois _____________________________________________________________________________ 18


Guillaume Roger ________________________________________________________________________________ 34, 74

H
Hazeur, François, __________________________________________________________________ 5, 43, 44, 45, 46, 74, 76
Hector d’Andigné __________________________________________________________________________________ 17
Henri Debernières ______________________________________________________________________ 20, 28, 30, 35, 40

I
Ignace Bonhomme __________________________________________________________________________________ 39
Il doit 409 livres et dix sols, Louis doit, _________________________________________________________________ 28
Il loue pour un an, Louis loue, _________________________________________________________________________ 31
Il loue un corps de logis______________________________________________________________________________ 35
informer par addition, procès contre Louis, ____________________________________________________________ 68, 78
Interrogatoire, de Louis, __________________________________________________________________________ 74, 77
Interrogatoire de Pierre de Lalande _____________________________________________________________________ 50
Interrogé, Louis est, ___________________________________________________________________ 6, 50, 52, 65, 67, 77
Iroquois _____________________________________________________________________________________ 3, 17, 18
Isaac Bédard ______________________________________________________________________________________ 22
Isabelle Fontaine, mère d'Élizabeth ___________________________________________________________________ 4, 89

J
Jacques Bédard, vendeur de la terre de Charlesbourg à Louis _________________________________________________ 22
Jacques Leblanc____________________________________________________________________________________ 38
Jacques Manseau ___________________________________________________________________________________ 38
Jacques Thibault _____________________________________________________________________________ 47, 48, 73
Jean Aubry________________________________________________________________________________________ 41
Jean Boesmé ______________________________________________________________________________________ 81
Jean Brière Lepérigourdin ____________________________________________________________________________ 41
Jean Delgel ____________________________________________________________________________________ 30, 31
Jean Dubuc _______________________________________________________________________________________ 80
Jean Goeslin (Gosselin) ______________________________________________________________________________ 26
Jean Guillaud ______________________________________________________________________________________ 80
Jean Le Conte _____________________________________________________________________________________ 19
Jean Talon _______________________________________________________________________________ 15, 20, 22, 89
Jésuites ____________________________________________________________________________ 3, 17, 22, 40, 71, 87
Joseph Boursier ___________________________________________________________________________ 22, 24, 27, 30
Juge, Louis est ______________________________________________________________________________________ 4
Jupe, volée chez Louis, ______________________________________________________________________________ 25

L
L’achat d’une maison par Louis _______________________________________________________________________ 80
L’ancêtre, Louis est _________________________________________________________________________ 7, 30, 87, 88
L’enseigne Degranville ______________________________________________________________________________ 20
La Motte, la compagnie de, _________________________________________________________________________ 3, 18
La Prévôté de Québec _______________________________________________________________________________ 12
Lalande, Pierre de, ___________________ 5, 6, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 59, 60, 65, 69, 70, 72, 73, 74, 75, 77, 78, 82
Laval, Mgr. de, _____________________________________________________________________ 13, 14, 16, 20, 27, 72
Le Conseil souverain ________________________________________________________________________________ 13
Le Dictionnaire national des Canadiens français. Institut Drouin._______________________________________________ 8
Le fils de l’intendant arrêté par Frontenac ________________________________________________________________ 10
Le procès de Louis _________________________________________________________________________________ 72
Le procureur général, D’Auteuil _______________________________________________________________________ 15
Le siège du Conseil _________________________________________________________________________________ 14
Le tiers des appointements que Louis avait comme procureur, versé à son épouse, ________________________________ 81
97

Le trait-Carré ______________________________________________________________________________________ 22
Lettre du Roi ___________________________________________________________________________________ 34, 35
Levasseur_______________________________________________________________________ 12, 13, 27, 29, 34, 40, 90
Libellé, des avis d'assignation, _______________________________________________________ 5, 55, 57, 58, 59, 61, 62
Lieutenant Prévost __________________________________________________________________________________ 20
Lotbinière _________________________________ 4, 12, 30, 31, 32, 33, 37, 38, 39, 40, 43, 46, 47, 48, 49, 50, 52, 59, 73, 74
Louis achète vingt minots de blé _______________________________________________________________________ 41
Louis Bolduc deviendra propriétaire de cette maison _______________________________________________________ 36
Louis Bolduc est remplacé comme procureur du Roi _______________________________________________________ 65
Louis Daillebout ___________________________________________________________________________________ 20
Louis demande de pouvoir agir comme juge dans une cause criminelle _________________________________________ 40
Louis est retourné en France avec son ami et protecteur (supposition) ___________________________________________ 8
Louis et Élizabeth, décédés ___________________________________________________________________________ 83
Louis Lefebvre Battenville ___________________________________________________________________________ 27
Louis réclame de lui payer les 257 livres ________________________________________________________________ 31
Louis reçoit son congé de l'armée ______________________________________________________________________ 18
Louis reconnaît devoir 133 livres ______________________________________________________________________ 26
Louis reconnaît devoir 700 livres ______________________________________________________________________ 24
Louis reconnaît devoir à Anne Mariet (Marier) ____________________________________________________________ 80
Louis vend sa terre de Charlesbourg,____________________________________________________________________ 30
Louis, en tant qu’individu, enchérit de 110 livres sur le quart d’une maison saisie _________________________________ 39
Louise Duval ______________________________________________________________________________________ 32
Lui doit encore 193 livres ____________________________________________________________________________ 29
Lui payer le solde de vingt livres _______________________________________________________________________ 33

M
Maltraitée ________________________________________________________________________________________ 25
Malversations, Louis accusé de, _______________________________________________ 6, 8, 9, 11, 41, 52, 53, 72, 73, 79
Manquements, dans les exploits d'assignation, ________________________________________________ 16, 55, 56, 57, 75
Marchand_____________________________________________ 4, 5, 6, 9, 25, 26, 29, 33, 34, 38, 44, 48, 50, 52, 72, 73, 74
Marchandises, achetées par Louis __________________________________________________________ 25, 28, 29, 31, 33
Marie Delastre _____________________________________________________________________________________ 25
Marie Hubert, cousine d'Élizabeth, _____________________________________________________________________ 28
Marie Ursule Bolduc, fille de Louis ____________________________________________________________ 4, 30, 35, 53
Marie-Françoise Chartier_____________________________________________________________________________ 35
Martinière, conseiller, ___________________________6, 14, 34, 57, 58, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 68, 69, 70, 71, 76, 78, 79, 82
Matelot _______________________________________________________________________________________ 46, 47
Mauvaise foi ______________________________________________________________________________________ 56
Meunier, métier, ________________________________________________________________________________ 28, 38
Mezy, de, gouverneur _______________________________________________________________________________ 13
Michel Pothier _____________________________________________________________________________________ 29
Michèle Delahaye __________________________________________________________________________________ 29
Migeon, sieur, _____________________________________________________________________________________ 26
Mise en contexte ___________________________________________________________________________________ 12
Molière, parenté de Louis, _____________________________________________________________________________ 3
Monastère, des Ursulines, _________________________________________________________________________ 36, 80
Monnaies, décision sur les, ___________________________________________________________________________ 15
Montréal ___________________________________________________________________________ 3, 13, 17, 20, 28, 39
Moulin banal, de Charlesbourg,________________________________________________________________________ 28
Moyens dilatoires, utilisés par Frontenac, pour aider Louis __________________________________________________ 55

N
Naissance de Louis, 1° enfant _________________________________________________________________________ 21
Naissance de Marie-Anne, 2° enfant ____________________________________________________________________ 24
Naissance de René 3° enfant __________________________________________________________________________ 30
Naissance des jumeaux Louis (second de ce prénom) et Jacques 4° et 5° enfants__________________________________ 28
Naissance, de Marie-Ursule 6° enfant ___________________________________________________________________ 35
Naissance, à Québec, de Louise, 7° enfant _______________________________________________________________ 40
98

Neuville _________________________________________________________________________________ 14, 27, 30, 31


Nicolas Dhautcourt écuyer ___________________________________________________________________________ 20
Nolan, Pierere ______________________________________________________________________ 25, 26, 29, 33, 34, 67

O
Office__________________________________________________________________ 6, 13, 34, 37, 42, 65, 68, 77, 79, 82

P
Pain _______________________________________________________________________________________ 34, 39, 41
Paris _________________________________________________________________ 3, 4, 17, 21, 24, 29, 44, 86, 87, 88, 89
Paroisse de St-Benoit, de Paris, _________________________________________________________________________ 3
Parrain, Frontenac est, _________________________________________________________________ 4, 12, 30, 32, 35, 40
Pascal Lemaître ____________________________________________________________________________________ 32
Passeport pour Élizabeth ______________________________________________________________________________ 9
Payer seize francs et une charretée de bois _______________________________________________________________ 38
Péloquin, Étienne_________________________________________________________________ 48, 49, 50, 51, 52, 73, 82
Pensé en venir aux mains, Louis a, avec de Vitray, _________________________________________________________ 45
Pension et nourriture, dette de Louis _________________________________________________________________ 26, 34
Pierre Bolduc, père de Louis ___________________________________________________________________________ 3
Pierre Denis-de-la-Ronde-de-la-Trinité __________________________________________________________________ 31
Pierre Duquet, remplaçant de Louis, ________________________________________________ 9, 22, 24, 25, 26, 65, 77, 79
Pierre Jean, _______________________________________________________________________________________ 29
Pierre Joybert Demarson _____________________________________________________________________________ 36
Pierre Morterel ____________________________________________________________________________________ 25
Pierre Morteuil ____________________________________________________________________________________ 41
Pijart, Claude, oncle de Louis _________________________________________________________________________ 17
Pijart, Pierre, oncle de Louis __________________________________________________________________________ 17
Plaintes et dénonciations, en partie de Pierre de Lalande ____________________________________________________ 52
Pots-de-vin ________________________________________________________________________________________ 8
Premier de ce nom, Louis est le, ________________________________________________________________________ 3
Président, du Conseil souverain, _________________________________________________________________ 14, 32, 35
Probité, de Louis,____________________________________________________________________________________ 7
Protégé, Louis est le, de Frontenac, ___________________________________________ 4, 6, 8, 9, 10, 37, 46, 51, 52, 58, 59

Q
Qu’on a fait évader, évasion de de Lalande, ______________________________________________________________ 69

R
Raymond Cornu ________________________________________________________________________________ 27, 33
Recensement 1681 __________________________________________________________________________________ 53
Récuser, Louis demande à l'intendant de se, ____________________________________________________________ 5, 67
Refuse de répondre, les refus de Louis ________________________________________________________________ 6, 68
Reine d’Espagne, aphoticaire de la, _____________________________________________________________________ 17
Relations, interpersonnelles, ___________________________________________________________ 4, 5, 7, 12, 15, 45, 55
Remplacer le lieutenant général, Louis demande de _________________________________________________________ 5
Rémy de Courcelles_________________________________________________________________________________ 20
Renaud, Mme, accusatriuce de vénalité contre Louis, _____________________________________________________ 5, 38
René Sénard____________________________________________________________________________________ 41, 74
Rentrée en France ___________________________________________________________________________________ 6
Répétition d’interrogatoire, de Louis, ________________________________________________________________ 66, 77
Revenus, de Louis, __________________________________________________________________________ 6, 7, 33, 39
Richard Talard, gendre de Louis, ______________________________________________________________________ 30
Rivière Richelieu ____________________________________________________________________________________ 3
Romain Becquet _____________________________________________________________________________ 28, 31, 71
Rue du Parloir _____________________________________________________________________________________ 36
99

Rue Du Parloir _____________________________________________________________________________________ 13


Rue du Sault-au-Matelot _____________________________________________________________________________ 31
Rue Ste-Ursule _________________________________________________________________________________ 13, 36
Rue St-Jacques, à Paris, ______________________________________________________________________ 3, 17, 21, 89
Rue St-Louis ________________________________________________________________________________ 13, 36, 80
Rue St-Ursule _____________________________________________________________________________________ 36

S
Saisie, des biens de Louis, ____________________________________________________________________ 4, 33, 34, 39
Se présenter au domicile du procureur général, Louis doit, ___________________________________________________ 42
Se retirer _____________________________________________________________________________ 32, 57, 64, 67, 74
Secrétaire du gouverneur ________________________________________________________________________ 6, 57, 59
Sénéchaussée ______________________________________________________________________________________ 12
Séparation de la plainte, de de Lalande des autres accusations,_____________________________________________ 55, 59
Sicatteau _________________________________________________________________________________________ 28
Sieur Changeon ____________________________________________________________________________________ 40
Signatures de Louis et Élizabeth _______________________________________________________________________ 20
Simon Boulduc, frère de Louis ________________________________________________________________________ 17
Six générations, de Bolduc en France, ____________________________________________________________________ 3
soixante et dix témoins ______________________________________________________________________________ 69
St-Jean, fief ou lieu dit de, ____________________________________________________________________________ 36
St-Joseph, paroisse, ______________________________________________________________________________ 33, 41

T
Terre _____________________________________________________________________ 4, 19, 21, 22, 23, 24, 25, 30, 34
Thibault ________________________________________________________________________ 48, 49, 50, 51, 52, 73, 82
Thomas Chapais ___________________________________________________________________________________ 15
Tilly, sieur de, conseiller ______________________________________________________________ 14, 61, 64, 66, 67, 77
Titre d’écuyer ________________________________________________________________________________ 5, 61, 62
Tracy ____________________________________________________________________________________________ 17
Trait-Carré ___________________________________________________________________________________ 4, 22, 23
Tric-trac, jouer au, ________________________________________________________________________________ 4, 61
Trois-Rivières ________________________________________________________________________________ 3, 14, 39

U
Une rente annuelle, versée par les Bolduc aux Jésuites, _____________________________________________________ 40
Ursulines ___________________________________________________________________________________ 35, 36, 80

V
Vache, vente par Louis ___________________________________________________________________________ 28, 31
Vénalité, Louis accusé de, __________________________________________________________________________ 5, 38
Victime d’une époque troublée, Louis était-il? _____________________________________________________________ 4
Vider ses mains (transférer une dette), __________________________________________________________________ 29
Vie et mœurs, enquête sur Louis, ____________________________________________________________________ 9, 81
Villeray, conseiller, ________ 5, 14, 37, 39, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 63, 64, 65, 66, 68, 69, 71, 72, 73, 75, 76, 78, 82
Vitray___________________________________________________________________________________ 14, 34, 39, 44
Vitré________________________________________________________________________________________ 5, 45, 67
Vol, Louis, accusé de, ________________________________________________________________________ 7 , 8, 9, 49
Volailles, achetées par Louis pour Frontenac 81
(1548)

Buscunduci

420
Busodacis

(1548)
421
Le Comte de Frontenac
Étude sur le Canada Français à la fin du XVIIe siècle.
Henri Lorin
(1895)

Chapitre VI
Frontenac, l’Intendant et le Conseil Souverain de Québec.
(1675-1682)
(pp. 145-165)
L’édit du 5 juin 1675, qui réorganisait le Conseil Souverain de Québec, avait pour but de limiter l’autorité du
gouverneur général en constituant, à ses côtés un corps de magistrats directement nommés par le roi Frontenac
comprit qu’il s’était trop avancé dans le procès de Perrot, et pendant trois ans, il ne paraît pas qu’il ait eu de
discussion sérieuse avec le Conseil Souverain ; il était alors entièrement occupé par des débats avec l’évêque
sur l’officialité, sur les cures et sur la traite des boissons ; mais, à la fin de 1678, Mgr Laval passe en France,
laissant à Bernières la direction intérimaire de l’évêché 233 ; Frontenac, dont l’humeur batailleuse semble ne
pouvoir se passer d’adversaires, va s’engager dans des luttes violentes avec l’intendant et le Conseil, ne voulant
pas, disait-il, laisser humilier le roi en sa personne.

Non seulement Frontenac n’a rien fait pour prévenir ces conflits, mais tout au contraire, il les a cherchés et
comme envenimés à plaisir ; pourtant la responsabilité originelle remonte à d’autres que lui, soit à Colbert lui-
même, soit aux bureaucrates de son entourage, qui s’entêtaient à multiplier les fonctionnaires au Canada,
d’après le système de France. L’édit du 5 juin 1675 se proposait évidemment de fortifier le Conseil Souverain ;
un autre édit, postérieur de deux années, vint en atténuer l’effet, en restaurant la prévôté de Québec, c’est-à-dire
un tribunal de première instance, qui existait à l’époque de la Compagnie des Indes et n’avait pas été
complètement reconstitué depuis la chute de cette société. En 1676, nous trouvons seulement à Québec un
lieutenant général chargé de la police, Louis Chartier : et, dans une séance du Conseil Souverain à laquelle
assistait l’évêque, ce fonctionnaire dut comparaître, sous la prévention d’avoir mis hors de prison une femme de
mœurs légères, incarcérée par ordre du Conseil : il fut suspendu pour deux mois et les conseillers établirent
entre eux un roulement de semaine pour le remplacer 234 ; il était donc facile de prévoir qu’en créant une prévôté
en face du Conseil, on rendait inévitables des incidents du même genre. Colbert ne s’arrêta pas à ces
considérations : la prévôté de Québec fut relevée de toutes pièces par édit de mai 1677, instituant un lieutenant
général, un procureur et un greffier aux gages de 500, 300 et 100 livres par an, « pour connaître en première
instance de toutes matières tant civiles que criminelles », dont l’appel sera porté au Conseil Souverain ; une
police, composée d’un prévôt des maréchaux et de six archers, fut créée en même temps « pour la recherche et
punition des crimes qui, pour être commis par des vagabonds et des gens sans aveu, demandent une justice plus
grande » ; le conseiller Chartier de Lotbinière 235 fut nommé lieutenant général de Québec, et remplacé au
Conseil par La Martinière ; Louis Boulduc lui fut adjoint comme procureur, Comporté comme prévôt. Cette
dernière nomination, s’il faut en croire l’abbé Dudouyt, eut lieu malgré Frontenac, qui recommandait un sieur
Le Moine, mais Lotbinière était alors en très bons termes avec le gouverneur général, et Louis Boulduc lui
montra, dès le début, le plus grand dévouement.

La création de ce nouveau tribunal donnait à Frontenac un point d’appui contre le Conseil Souverain ; les
magistrats de cette cour reprochaient au gouverneur général de se servir du procureur de la prévôté pour venger
ses injures personnelles ; ainsi, dans l’hiver de 1678-79, une dame Agnès Morin était citée par Boulduc, sous
l’accusation d’avoir mal parlé de Frontenac. Si nécessaire que l’on estime le respect de l’autorité, surtout dans
un pays tel qu’était alors la Nouvelle-France, on ne saurait approuver Frontenac d’avoir mis en mouvement
l’action publique à l’occasion d’un délit de ce genre; mais le souci de la tranquillité commune ne fut sans doute

233
L’évêque revint par les vaisseaux de 1680. Sa présence au Conseil est signalée le 29 octobre de cette année.
234
Des provisions de greffier et de procureur de la prévôté furent signées par le roi dès cette époque, mais le tribunal n’entre
régulièrement en fonctions qu’après l’édit de 1677.
235
C’est le fils de l’ancien lieutenant général.
422
pas le sentiment essentiel qui inspira les protestations du Conseil Souverain ; l’initiative de Boulduc prouvait la
déférence peut-être excessive de la prévôté pour le gouverneur général : plusieurs conseillers s’en plaignirent
avec vivacité, Frontenac riposta de même, et le greffier du Conseil, mêlé à ces discussions, paya de quelques
jours de prison la mauvaise humeur de tous.

L’affaire ne devait pas en rester là : Frontenac, d’une part, voudra montrer au Conseil qu’il est le maître ; les
conseillers, de l’autre, s’acharneront à diminuer les pouvoirs de la prévôté de Québec et poursuivront de leurs
rancunes le procureur Louis Boulduc ; Colbert n’admit pas leur prétention de porter directement leurs causes
devant le Conseil, sans passer d’abord devant le lieutenant général, comme les simples particuliers ; en
revanche, le Conseil restreignit le ressort de ce magistrat, en assignant à son collègue de Trois-Rivières l’appel
des justices seigneuriales des environs ; ce ne sont encore là que de menues escarmouches ; la véritable bataille
va s’engager bientôt ; nous y verrons Frontenac en face des conseillers de Québec, dans l’attitude d’un
souverain. La Hontan l’écrivait en 1684 : « Il traitait les membres de ce parlement comme Cromwell ceux
d’Angleterre. »

La crise s’ouvrit en février 1679 236 : le greffier du conseil, Peuvret, reçut un jour l’ordre du gouverneur
général de l’intituler désormais dans les procès-verbaux des séances, chef et président du Conseil, et de modifier
selon ce protocole les formules antérieures qui n’y seraient point conformes. Peuvret, assoupli par sa détention
récente, ne se fit point prier, mais le 27 février l’intendant Duchesneau se hâtait de dénoncer au Conseil ce qu’il
regardait comme une insolente innovation. Duchesneau prétendait avoir le titre en même temps que le rôle
effectif de président, et Frontenac avait ordonné qu’on écrivît désormais « l’intendant, faisant aussi fonction de
président » ; il tenait à faire sentir à Duchesneau sa condition de subordonné ; mais celui-ci, tenace et minutieux
comme un vieux commis, allègue, pour résister, les intentions de Colbert, les coutumes de France, les termes
mêmes de sa commission.

Le détail de la querelle n’aurait point d’intérêt, si l’on n’en retenait surtout quelle fut, devant ces ambitions
rivales de deux fonctionnaires métropolitains, l’attitude des conseillers, colons depuis longtemps établis, trop
peu payés par le roi pour consacrer aux affaires de justice le meilleur de leur temps ; tous s’occupaient surtout
d’agriculture ou de commerce ; c’est d’eux que vinrent, dès le début, les conseils de modération ; l’intendant
afficha bien son désir de tout régler sans violence, mais les emportements de Frontenac lui permettaient de
montrer sans danger les intentions les plus conciliantes ; tel l’évêque publiant son empressement à fixer les
cures, alors qu’il savait bien comment la négligence des habitants le dispenserait d’agir selon ses dires et
contrairement à ses goûts.

De 1675 à 1678, le protocole du Conseil Souverain n’avait pas été fixé ; on n’y attachait sans doute pas
grande importance, et les variantes n’y sont pas rares : le 23 septembre 1675, Duchesneau est signalé comme
« prenant séance de président » ; le 30 septembre, on lit : « le gouverneur chef dudit Conseil, l’intendant faisant
fonction de président suivant la déclaration du roi » ; ailleurs, c’est une simple énumération : « présents le
gouverneur, l’évêque, l’intendant » ; jamais pourtant la formule n’est aussi flatteuse pour Frontenac que celle
d’avant 1675 : « le conseil assemblé, où présidait haut et puissant seigneur maître Louis de Buade… » ; mais le
gouverneur général ne réclamait point, content d’être appelé seulement chef du Conseil, pour éviter la répétition
du mot président après le nom de l’intendant. En 1678, ses dispositions changent, et l’on peut assigner à cette
date la note marginale ajoutée au procès-verbal de la séance du 23 septembre 1675 : « n’a dû être mis sur ce
registre que M. Duchesneau a pris aujourd’hui séance au Conseil de président, mais de faisant fonction de
président. »

Les intentions de Colbert n’étaient point douteuses ; il avait voulu borner le rôle de Frontenac au
commandement militaire, et ne lui laisser au Conseil qu’une présidence d’honneur, avec le soin principal de

236
Les Juges du Conseil Souverain ne donnent pas sur ces incidents toutes les informations nécessaires ; il faut les compléter par les
pièces de la Collection M. S. M., Mémoires, et vol. II, qui sont sans doute les dossiers envoyés par le Conseil à la Cour, et rapportent
des détails omis par les registres, peut-être sur l’ordre de Frontenac.
423
« relever la justice et imprimer aux peuples le respect et l’obéissance qu’ils doivent aux jugements qu’elle
rendra et aux officiers qui la composent » 237. Quant à l’intendant, il était certainement pour Colbert le véritable
président du Conseil Souverain : les termes de la déclaration organique du 5 juin 1675 sont formels en ce sens ;
« l’intendant préside le Conseil, demande les avis, recueille les voix et prononce les arrêts ; il jouit des mêmes
avantages que les premiers présidents des cours de France ». Colbert ne pensait probablement pas qu’il y eût là
matière à conflit entre l’intendant et le gouverneur ; la revendication de Frontenac lui semblait extraordinaire,
invraisemblable : « Sa Majesté est persuadée, lui écrit-il un jour, qu’aucun autre que vous en France, étant
gouverneur et son lieutenant général dans un pays, ne demanderait pour une augmentation d’honneurs et de
dignités la qualité de chef et président d’un Conseil. » C’est toujours la même assimilation décevante entre la
métropole et la colonie. Et pourtant Frontenac avait, comme Duchesneau, des textes dont la lettre lui était
favorable ; il produisit des actes royaux 238, rigoureusement authentiques, où il est traité de chef et président du
Conseil ; Colbert, si formaliste à l’ordinaire, ne l’avait pas été suffisamment cette fois ; comment trancher la
difficulté ?

Duchesneau d’abord invoque la coutume établie depuis trois ans ; Frontenac allègue qu’il n’y a pas pris garde
jusqu’au jour où il fit des observations au greffier ; mais Peuvret, de même qu’un sieur Becquet, qui l’a
remplacé pendant qu’il était en prison, affirme avoir porté plusieurs fois les registres au gouverneur, pour la
signature des procès-verbaux ; et nous ne pouvons guère, pour excuser Frontenac, supposer qu’il signait sans
lire ; ce serait trop contraire à ses habitudes. Les membres du Conseil, au milieu desquels avait lieu ce débat,
n’avaient encore rien dit : Duchesneau, pour leur imposer une décision, réclame « la jonction du procureur
général ». Celui-ci, très sagement, conclut à un arrangement amiable : on demandera l’avis du roi ; jusqu’à
nouvel ordre, les procès-verbaux ne désigneront Frontenac et Duchesneau que par leurs titres personnels de
gouverneur et d’intendant. Il était impossible de mieux déclarer que les magistrats tenaient surtout à la prompte
expédition des affaires, et se souciaient peu de se prononcer entre deux rivaux également entêtés.

Mais Frontenac entendait ne rien abdiquer de ses prétentions ; sans doute il espérait, en refusant tout
compromis, amener le Conseil à rendre un vote sur lequel il pourrait s’appuyer ensuite, dans ses lettres à la
cour. Il repousse donc la proposition du procureur, tandis que, par une condescendance qui ne l’engageait
guère, l’intendant affecte de s’y ranger. Une seconde fois, le Conseil tente de fléchir le gouverneur général ;
peine inutile ; on est au mois de mars ; les vaisseaux de France ne partiront qu’en novembre, Frontenac ne cède
pas. Bien plus, il convoque le Conseil, le 27 mars, pour une assemblée extraordinaire, et là, comme LouisXIV
en un lit de justice, il ordonne qu’on l’intitule à l’avenir « Chef et Président du Conseil Souverain ». Il ajoute,
par une bravade ironique, qu’il consent, jusqu’à réception d’un avis du roi, à n’être appelé que Monsieur le
gouverneur et non Monseigneur. Alors Duchesneau de se lever, protestant que le gouverneur ne lui commande
que pour la guerre, et Frontenac, menaçant, de répondre qu’il informera le roi de la conduite de l’intendant.

La violence du 27 mars avait excité contre le gouverneur les moins belliqueux des conseillers ;Tilly même,
un ami dont Frontenac sollicitait naguère la nomination 239, était parmi les plus exaltés ; Villeray, dont nous
avons vu les premiers différends [disputes] avec le comte, et le procureur général d’Auteuil, dont la conduite
avait été jusque-là très correcte, étaient les autres chefs de l’opposition ; ils se sentaient soutenus par l’intendant,
dont l’obstination doucereuse avivait leurs rancunes. D’Auteuil, cependant, préparait un mémoire pour
répondre à Frontenac ; par provision il avait interdit au greffier de rien écrire sur les registres, et, ce malheureux
scribe pris entre le procureur qui défend et le gouverneur qui ordonne, cède à celui qui dispose de la force
armée, tout en ayant soin de faire constater qu’il n’agit que de l’exprès commandement de Monseigneur. Le
mémoire de d’Auteuil était achevé pour la séance du 11 avril ; Frontenac, sachant qu’il ne lui était point
favorable, se rend au Conseil pour en interdire la lecture. L’Assemblée, dit-il, n’a pas besoin d’opiner, mais
doit simplement enregistrer ses volontés. Nouvelles protestations, et prorogation à quelques jours ; les
conseillers cherchent, pour la présenter au gouverneur, une autre formule d’accommodement : on lui accordera

237
Instructions de Frontenac en 1672.
238
Datés des 22 avril 1675, 15 avril 1676, 12 et 24 mai 1678.
239
Colbert à Frontenac, 22 avril 1675.
424
les titres qu’il réclame, mais acte sera donné au procureur de son opposition. Frontenac refuse encore ; il
s’emporte contre le procureur, même contre les conseillers moins directement engagés dans l’affaire.
Cependant une dernière tentative a lieu, le 3 juillet ; les magistrats prient le gouverneur et l’intendant de se
retirer ensemble, quitte à faire examiner plus tard la question qui les divise ; il est grand temps que la justice
reprenne son cours, car tous ces incidents ont empêché le Conseil de remplir les fonctions qui lui sont propres,
et des procès, qui auraient pu être plaidés le 4 mars, n’ont pas encore été appelés ; on le voit, les conseillers de
Québec faisaient grève comme plus tard les parlementaires persécutés sous Louis XV. Frontenac leur répond
enfin par trois lettres de cachet : il n’est plus temps de proposer des expédients dilatoires, le moment est venu
d’en finir. Villeray, Tilly, d’Auteuil sont exilés aux envions de Québec, avec défense de rentrer dans la ville (4
juillet). Le lendemain, le Conseil rebelle se rassemble à la campagne, sous la présidence de l’intendant,
approuve les raisons du procureur général et lui donne acte de ses diligences. Quant à Frontenac, il part pour
Montréal ; la saison de la traite est arrivée ; il lui importe de surveiller la grande foire annuelle où se règlent sur
les relations de commerce les rapports politiques des Français avec les nations indigènes.

Pendant l’été, des lettres furent écrites au gouverneur pour le prier de rapporter ses ordres d’exil ; il les reçut
fort mal, et n’accueillit pas mieux une députation qui venait, à son retour à Québec, lui présenter la même
requête. On approchait cependant du mois d’octobre, et le courrier de France ne pouvait tarder : il apporta la
nouvelle de la paix de Nimègue, signée l’année précédente. Frontenac pensa-t-il que le roi, désormais,
s’occuperait plus activement des affaires canadiennes, et sentait-il son indépendance atteinte, à proportion que
les affaires d’Europe laissaient à Colbert plus de liberté ? La séance du 16 octobre nous le fait voir au Conseil
beaucoup plus conciliant que trois mois auparavant ; il consent enfin, « pour ne point faire d’incident et
permettre au Conseil d’expédier les affaires », à se retirer en même temps que l’intendant ; en outre, il accepte
le fameux compromis, rejeté si dédaigneusement en mars ; à la place des conseillers exilés, toujours absents, La
Martinière et Damours le rédigent et lecture en est donnée : désormais, on dira dans les procès-verbaux le
Conseil assemblé, sans nommer personne ; ou bien, si les noms des administrateurs sont prononcés, on n’y
ajoutera mention d’aucun titre relatif au Conseil 240. En décembre, Tilly et d’Auteuil ont repris séance au
Conseil ; quant à Villeray, il a passé en France pour soumettre à la Cour l’arrangement accepté. Le Conseil du
roi rendit le 29 mai 1680 un arrêt conforme, enregistré à Québec le 24 octobre suivant. Les documents du
Conseil nous montrent que le protocole ainsi fixé fut rigoureusement observé : à l’époque de l’arrivée de La
Hontan (1683), le gouverneur et l’intendant siégaient au Conseil en face l’un de l’autre, les juges à leurs côtés,
et « semblaient présider également 241 ».

Colbert, informé de tout ce qui s’était passé, ne ménagea point les reproches à Frontenac 242 : il lui interdit
formellement de s’intituler à l’avenir chef et président du Conseil ; il blâma l’exil du procureur et des deux
conseillers ; « si ce n’était, ajoute-t-il, que Sa Majesté espère encore que vous changerez de conduite, elle aurait
adjugé à ces magistrats un dédommagement assez considérable à prendre sur vos appointements, parce qu’elle
ne peut jamais autoriser une violence de cette nature sans aucun fondement ». En effet, Frontenac avait passé
les bornes et les premiers torts sont ici de son côté ; toujours hanté par cette idée qu’il représentait directement
le roi et ne devait tolérer aucun empiétement contre l’autorité souveraine dont il était délégué, il n’était point
capable, comme le notait fort bien Colbert, de « prendre l’esprit d’union et de condescendance pour empêcher
toutes les divisions qui… sont toujours la principale cause de la perte des colonies nouvelles ». — Les
discussions de préséances à propos du Conseil sont maintenant closes ; mais, sur des questions nouvelles, les
hostilités continueront, plus irritantes encore, et Frontenac vivra dans la lutte, jusqu’au jour de son rappel en
France.

240
Dans cette même séance, le Conseil enregistre la paix « entre Sa Majesté, les États Généraux des Provinces-Unies des Pays Bas et
le roi catholique des Espagnes ».
241
La Potherie, I, 261 : « l’intendant fait fonction de président, quoiqu’il n’en ait pas le titre. »
242
Lettre du 4 décembre 1679.
425
À peine les vaisseaux de 1679 étaient-ils partis, que Duchesneau fil éclater un nouveau conflit entre le
gouverneur et lui ; le procureur général du Conseil, d’Auteuil, venait de mourir 243. Son fils, François-
Madeleine d’Auteuil, sieur de Monceaux, lui était attaché comme substitut depuis 1677, en vertu de lettres
royales ; d’autre part, Duchesneau possédait en blanc une commission de procureur général, datée de la même
époque, et dont Colbert lui avait permis, le cas échéant, de désigner le titulaire. Son choix tomba sur François
d’Auteuil, mais ce jeune homme, né en 1658, n’avait pas encore la majorité requise pour exercer la charge
paternelle ; il lui fallait une dispense d’âge du roi et Frontenac en fit remarquer la nécessité d’autant plus
volontiers que François d’Auteuil était alors en procès avec Le Chasseur, son secrétaire ; d’ailleurs, ajoutait-il,
la commission que Duchesneau prétend remplir est caduque. Le Conseil, saisi de l’affaire, ne fut pas de cet
avis : par provision, et sous la réserve que le roi conférera la dispense, d’âge dont besoin, il établit François
d’Auteuil procureur général à la place de son père. L’année suivante, 1680, il arriva de la Cour de nouvelles
lettres accordant à François d’Auteuil la survivance de son père, et le Conseil en profita pour procéder à son
installation. Mais, comme ces lettres ne disent rien de la dispense on doit supposer que Colbert ignorait encore
la mort de l’ancien procureur quand il les signa, ou que les amis qui avaient sollicité cette faveur pour le jeune
d’Auteuil s’étaient bien gardés d’informer exactement le ministre de son âge. Cependant, le roi prévenu par
Frontenac n’avait point encore répondu sur ce point en 1681 244, et d’Auteuil, en attendant, restait procureur
général, comme l’avait décidé le Conseil. Frontenac s’inclina; mais d’Auteuil était trop jeune, trop turbulent
pour ménager, en se faisant oublier, une situation assez irrégulière ; dès le mois de mars 1680, il cherchait noise
au procureur de la prévôté de Québec, Louis Boulduc. On savait ce personnage tout dévoué à Frontenac : on ne
négligea rien pour lui rendre la tâche impossible, et paralyser ainsi cette juridiction de la prévôté, dont le
Conseil était jaloux : d’Auteuil ne voulait-il pas obliger Boulduc à se rendre chez lui, tous les samedis, pour
travailler sous sa surveillance aux procès en cours et, sur le refus du procureur, faire agir le Conseil ? Pendant
toute l’année 1680, cette affaire traîna en longueur, le Conseil accordant des sursis pour les semences, pour les
récoltes, mais se montrant malveillant, hargneux, chaque fois qu’il en avait le loisir.

L’hiver suivant, tout recommence ; c’est la morte-saison du commerce et de l’agriculture, l’époque des
querelles et des procès. Le 1er janvier 1681, Louis Boulduc est accusé de malversations ; on ne lui reproche plus
seulement de ne point vouloir se subordonner au Conseil dans les affaires de justice ; c’est une action criminelle
qui lui est intentée, à la diligence de l’abbé Bernières, qui remplaçait l’évêque alors en France, et d’un ancien
marguillier de la cathédrale de Québec, Hazeur. Autant qu’on peut en juger par les documents du Conseil
Souverain, qui font allusion aux faits sans les rapporter toujours, le différend entre l’abbé Bernières et Boulduc
porte sur les intérêts de la fabrique paroissiale : Boulduc, pour gagner du temps, aurait voulu empêcher le
marguillier Hazeur de présenter ses comptes et, condamné par le lieutenant général de la prévôté lui-même, il en
aurait appelé au Conseil, qui est maintenant saisi de l’affaire. Villeray, premier conseiller, dirige l’instruction ;
a ce titre, il délivre des exploits pour citer des témoins et, pendant tout le printemps de 1681, une lutte de
grimoires et de mesquines subtilités se poursuit entre Frontenac, qui ne veut pas abandonner l’ami auquel, dit-il,
on fait un procès surtout à cause de lui, et les conseillers qui entendent profiter de cette occasion pour affranchir
la prévôté de Québec. Villeray s’intitulait écuyer sur les pièces de procédure : Frontenac lui en conteste le
droit ; un huissier, commis à porter une citation au secrétaire Le Chasseur, est congédié par le gouverneur, parce
que son exploit n’est pas régulier, vivement rabroué par l’intendant à cause de ses retards, bien involontaires
pourtant ; le Conseil finit par ordonner qu’on rédigera les exploits comme le demande Frontenac : Le Chasseur
comparaît alors devant Villeray, mais là, nouvel incident ; le témoin refuse de répondre, si le greffier ne le
nomme secrétaire de Monseigneur et non de Monsieur le gouverneur. Villeray, gravement, en réfère au
Conseil, tandis que Frontenac, dans un mémoire dédaigneusement ironique, se moquait de toutes ces balivernes
et traitait de niaiseries instructions et référé, déclarant que le Conseil aurait bien mieux à faire que de perdre son
temps à de pareilles bagatelles. Mais n’avait-il pas sa part de responsabilité dans ces sottes contestations ?

243
La date exacte de sa mort, arrivée à l’Hôtel-Dieu, serait le 17 novembre d’après M. T. P. Bédard (Annuaire de l’Institut de Québec,
1880). Cependant les registres du Conseil, le 21 novembre, signalent d’Auteuil comme absent et c’est seulement le 29 que l’intendant
annonce sa mort.
244
Frontenac au ministre, 13 novembre 1681.
426
Cependant, au Conseil même, l’accord n’était plus unanime. Quelques-uns étaient d’avis sans doute que de
pareils conflits ne méritaient pas de remplir toute une session ; dès le mois de février 1681, Peyras [Depeiras,
Dupeiras], parent de Louis Boulduc [l’épouse de Jean-Baptiste Depeiras est Anne Thirement, fille de Jacques
Thirement et de Marie Hubert qui était la tante d’Élizabeth Hubert, donc cousine d’Élizabeth Hubert, épouse de
Louis Boulduc], s’était absenté ; l’un de ses collègues, Dupont, l’avait bientôt imité 245 ; enfin, quand le dernier
incident soulevé par Le Chasseur mêla personnellement Frontenac à l’affaire, le conseiller Tilly déclara ne
vouloir point siéger dans un procès où le gouverneur général était partie ; d’Auteuil s’empressa de lancer contre
ces pusillanimes une vive admonestation, et malgré ces défections, par arrêt du 27 avril, Louis Boulduc fut
déclaré prévenu, ce qui entraînait déchéance de sa charge : le procureur général requit et obtint la nomination à
sa place de Pierre Duquet, « juge et bailli du comté d’Orsainville et de la juridiction de Notre-Dame des
Anges ». Le procès de Boulduc, continué sous la direction de Villeray, fut terminé seulement le 20 mars
1682 246 : l’ancien procureur de la prévôté, convaincu de malversations, fut définitivement cassé ; Pierre Duquet
resta son successeur. Mais, avant que les choses fussent ainsi réglées, Frontenac écrivait à Seignelay pour se
plaindre de la cabale dont Duchesneau et d’Auteuil étaient les porte-parole ; l’interdiction de Louis Boulduc est
présentée par lui comme un acte de pure vengeance 247 ; c’est que l’affaire était d’ordre politique, beaucoup
plutôt que judiciaire ; le procès de Boulduc se rattache à la question si complexe des coureurs de bois, qui est,
au fond, celle des relations extérieures de la Nouvelle-France ; on en verra mieux les rapports dans le chapitre
suivant.

L’acharnement du Conseil contre Louis Boulduc avait irrité Frontenac ; cette opposition de tous les instants,
patiente, infatigable, l’empêchait de s’occuper, comme il l’eût voulu, des intérêts véritables de la colonie ; mais,
ne sachant pas sacrifier à la paix générale ses inimitiés personnelles, si légitimes qu’elles fussent, il poursuivit
dans l’été de 1681 l’un des magistrats qui avaient ajourné Boulduc : le conseiller Damours, muni d’un congé du
gouverneur général, était, en juillet 1681, descendu à Matane, sur le bas Saint-Laurent, et il venait de rentrer à
Québec, le 12 août, avec une barque chargée de diverses marchandises ; comme il se trouvait sur le quai,
surveillant le débarquement, il reçoit de Frontenac un billet l’invitant à se rendre au château. Damours, aussitôt,
monte â la ville haute ; à peine est-il introduit auprès du gouverneur qu’éclate une scène violente. Frontenac
prétend que Damours ne s’est pas tenu dans les termes de son congé, qu’il n’a donc pas observé les
ordonnances ; le conseiller répond qu’il vient d’une terre à lui et que « l’intention du roi était que chacun pût
aller librement chez soi. — Allez, riposte Frontenac, vous les apprendrez, les intentions du roi ! » Et Damours
est incarcéré dans une chambre du château, non sans avoir durement qualifié la conduite du gouverneur général.

C’était un homme d’âge, chargé de famille et qui, l’année précédente, avait essayé d’apaiser les différends
entre Frontenac et le Conseil, en proposant des concessions réciproques 248 ; peut-être le gouverneur lui en
voulait-il encore de cette intervention, car, malgré toutes les démarches, il le tint plus d’un mois en prison. Dès
le 16 août, Mme Damours avait écrit au Conseil, pour réclamer la liberté de son mari. Frontenac consentit à
peine à ce que sa lettre fût lue en séance ; c’était user, disait-il, de formes tout à fait irrégulières, le Conseil
n’avait pas à s’inquiéter de cette querelle, toute personnelle, entre le gouverneur et un habitant qui contrevenait
aux ordonnances : le roi serait informé, lui seul pouvait décider utilement. Dupont, Tilly, Peyras soutenaient
encore la thèse du gouverneur ; ils refusaient d’opiner, « le cas n’étant point de la connaissance du Conseil » ;
Duchesneau, par contre, pressait les magistrats d’évoquer la cause. Frontenac, cette fois, eut le dessus : le 18
août, le Conseil délibère que le dossier Damours sera renvoyé au roi, et passe à l’ordre du jour, portant examen
d’une amnistie aux coureurs de bois. Le conseiller prisonnier fut relâché vers la fin de septembre ; pour le
dédommager, le Conseil, au mois de novembre, le chargea d’informer contre un sieur Boisseau, ami de
Frontenac ; il y avait eu, comme toujours, au départ des vaisseaux, un moment de réconciliation apparente :

245
Dupont et Peyras entretenaient depuis longtemps avec Frontenac des relations meilleures que plusieurs de leurs collègues : en
1678, ils avaient été chargés de passer en France, pour exposer à Colbert les arguments du pouvoir civil dans la question des
spiritueux.
246
Sont seuls portés présents l’évêque, l’intendant, Villeray, Damours et La Martinière.
247
Lettre du 11 novembre 1681. — Une lettre de l’intendant Meulles, successeur de Duchesneau (12 novembre 1684), dit de même
que, tout le monde ayant mis beaucoup de passion dans l’affaire de Louis Boulduc, le roi ferait sagement de rétablir ce magistrat.
248
Duchesneau à Seignelay, 13 novembre 1681.
427
chacun voulait se montrer au ministre docile et soucieux du bien public ; puis, les vaisseaux disparus, on s’était
lassé vite de ce mensonge officiel, et les rivalités reprenaient de plus belle.

L’été de 1681 dut être, pour Frontenac, particulièrement pénible ; ses ennemis l’accusaient de protéger les
coureurs de bois de Montréal, et d’empêcher le Conseil de sévir contre eux ; le procureur général, comme pour
venger la mémoire de son père, accumulait contre Frontenac et ses amis dépositions et rapports ; et vraiment le
gouverneur, eût-il été naturellement le moins passionné des hommes, n’eût point souffert en silence les
observations de ce jeune insolent, qui n’avait pas vingt-quatre ans encore 249 : que l’on se figure l’entrevue du
29 octobre 1681, entre d’Auteuil et Frontenac, celui-ci reprochant à son adversaire d’entasser dans ses procès-
verbaux « des faussetés et des choses de néant », le procureur ripostant, comme d’égal à égal, que Frontenac
violait plus que personne les ordonnances, l’accusant, en propres termes, d’être « la partie du sieur Perrot et des
coureurs de Montréal », puis, au sortir du château Saint-Louis, allant demander au Conseil, comme une faveur
méritée par ses services, de ne plus être exposé désormais à rencontrer le gouverneur général ! C’en était trop :
Frontenac ordonne à d’Auteuil de repasser en France par les vaisseaux de 1681 ; aussi bien n’a-t-il pas encore
reçu la dispense d’âge qui lui est nécessaire ; Duchesneau lui-même a dû l’avouer ; « qu’il aille donc à Paris
chercher ses lettres, s’il peut toutefois les avoir 250. »

Dans l’année 1681-82, qui devait terminer le premier gouvernement de Frontenac, les passions rivales ne sont
point calmées, et les registres du Conseil portent la trace de différends nombreux ; un jour, c’est le lieutenant
général de Trois-Rivières, Boisvinet, qui est cité par le Conseil pour avoir sur l’ordre de Frontenac informé
contre deux des membres de cette assemblée ; un autre jour, le Conseil déclare que le lieutenant général de
Québec devra se concerter avec les conseillers à leur domicile, pour les affaires qu’il instruira ; quelques
semaines plus tard, Frontenac se plaint d’apprendre au dernier moment que le Conseil va traiter une question
grave, celle de la monnaie canadienne ; en mars 1682, est prononcée la condamnation définitive de Louis
Boulduc. La Martinière, qui remplaçait au siège de procureur général d’Auteuil absent, n’était pas mieux vu de
Frontenac ; il s’était naguère associé aux démarches si mal accueillies du conseiller Damours, et le gouverneur
général ne lui avait point pardonné davantage. Donc, depuis 1678, le Conseil souverain ou du moins la majorité
des conseillers fut résolument hostile à Frontenac. Les amis du gouverneur qui le défendaient à Paris,
comprenaient bien la politique suivie par ses adversaires ; le plan était d’exaspérer Frontenac pour l’amener à se
mettre dans son tort : « ils ne se sont portés à des extrémités avec lui, disait l’un de ces officieux à Seignelay,
que pour l’obliger à en venir aussi à la violence, et dans la pensée de justifier tout ce qu’ils ont avancé contre
lui 251. » Doit-on s’étonner que Frontenac soit tombé dans ce piège ? Presque tous ceux qui, dans la colonie,
étaient en situation de correspondre avec la Cour, lui étaient décidément opposés ; seul, sans appui que sa
confiance en lui-même, il devait lutter de toutes les ressources de sa volonté contre des adversaires assez
nombreux pour diversifier les attaques et se relayer les uns les autres ; sans doute, il souffrait d’être contraint à
des arguties de mauvais plaideur, alors qu’il avait une idée si haute de ses devoirs politiques sur cette terre
lointaine où le roi lui avait confié la mission de développer le domaine de la France, alors qu’il se fût volontiers
dévoué tout entier à celle œuvre assez grande pour remplir sa vie. Mais Colbert avait mis un espion sur ses
pas : l’intendant Duchesneau, jaloux de sa supériorité, surveillait toutes ses démarches, attentif à dénoncer la
moindre de ses initiatives, à solliciter malignement la vigilance de ses ennemis, à l’user en un mot, par de
vilains procédés de petite guerre. Ce fonctionnaire encombrant agissait-il d’après les inspirations de son propre
zèle ? N’était-il que l’instrument inconscient d’adversaires autrement fins que lui ? Par lui, dans tous les cas, le
maintien de Frontenac dans la Nouvelle-France devint impossible ; sur lui doit peser la responsabilité d’une
révocation dont la colonie porta la peine.

249
D’Auteuil avait eu 23 ans le 27 janvier 1681.
250
Frontenac à Seignelay, 13 novembre 1681.
251
Défence de Frontenac par un de ses amis. — M. T. P. Bedard attribue ce mémoire à la comtesse de Frontenac ; ce n’est là qu’une
hypothèse, d’ailleurs vraisemblable.
428
Nous ne savons quelle avait été, dans les débuts de sa carrière, la conduite de Duchesneau, ni quels services
l’avaient désigné pour l’intendance du Canada 252 ; mais, du jour où il eut débarqué en Amérique, sa maxime
constante semble avoir été de contrecarrer en tout la politique du gouverneur général. Peut-être lui
pardonnerait-on si, comme l’évêque Laval, il luttait au grand jour, violent mais sincère et brave jusque dans ses
colères ; Duchesneau n’a rien des hommes de cette allure ; il est faux, obséquieux et plat ; il suffit de lire ses
mémoires à Colbert, ou même les réponses de ce ministre, pour se convaincre qu’on est en face d’un
personnage inférieur d’intelligence et de caractère, qui pouvait être tout au plus un bon commis subalterne.
« Vous parlez dans vos lettres, lui écrit Colbert, comme si M. de Frontenac avait toujours tort, et vous êtes
persuadé qu’il ne doit rien faire dans l’exercice et dans les fonctions du pouvoir que le roi lui a donné, que de
concert avec vous ; enfin, il paraît que vous vous mettez toujours en parallèle avec lui… Il vous faut bien
éclaircir de la différence entre un gouverneur et lieutenant général du pays, qui représente la personne du Roi, et
un intendant… ; vous ne devez rien faire dans vos fonctions que d’accord avec lui 253… » II n’est pour ainsi
dire pas une lettre où Colbert ne rappelle à Duchesneau qu’il doit au gouverneur général une stricte déférence ;
et le ministre écrit alors, comme on a pu le voir par la citation qui précède, sur un ton sec et quelque peu
méprisant. Il en use autrement avec Frontenac qu’il a toujours ménagé ; même plus tard lorsque Seignelay
rédige la correspondance des colonies, depuis 1681, les lettres au gouverneur formulent les reproches de la Cour
avec une certaine réserve ; le ministre ne commande pas, il conseille, il exhorte ; il prévient le gouverneur
général qu’il s’expose, en ne modifiant point sa conduite, à un rappel prochain ; mais malgré tout, un sentiment
d’estime et presque de respect perce sous ces remarques ; il semble que, suivant les habitudes de son père,
Seignelay veuille laisser entendre qu’il s’adresse à un homme supérieur, dont les faiblesses mêmes ne sont point
sans excuses.

Duchesneau ne méritait point de tels égards ; sa lettre de novembre 1679, réponse à celle où Colbert le traitait
de si haut, nous montre toute la médiocrité du personnage ; dans un style humble et fluent, Duchesneau se
répand en protestations de dévouement. « On ne peut recevoir les lettres que vous m’avez fait l’honneur de
m’écrire avec un plus profond respect et une plus grande affliction, puisque, n’ayant jamais en vue dans toutes
mes actions que de vous plaire et de mériter par ma fidélité et mon exactitude à vous informer de tout ce qui se
passe dans ce pays, la continuation de votre protection dont je ressens les effets depuis plus de dix-huit ans, je
me vois en état d’appréhender de tomber dans le seul malheur que je puisse craindre, qui est que vous n’ayez
plus la même bonté que vous avez eue toujours pour moi » ; plus loin, l’intendant déclare qu’il souffrira tout
parce que, dit-il, « je vois que c’est votre intention, et je dois plutôt mourir que de rien faire qui y préjudicie ».
Enfin, il assure Colbert, en terminant, qu’il n’a « point de créature plus fidèle, plus obéissante et plus soumise ».
Les lettres de Frontenac sont écrites d’un autre style.

Dès les débuts de leur commun séjour, Frontenac et Duchesneau n’avaient pu s’entendre ; Colbert accusait
l’intendant de faire cause commune de parti pris, avec l’évêque et les Jésuites ; le fait est que Duchesneau s’était
affirmé tout de suite comme le plus dévôt des hommes ; les missionnaires n’avaient pas assez d’éloges pour lui ;
nu-tête, chapelet en mains, on le voyait suivre les processions, on citait la rigueur de ses abstinences ; on vantait
« sa piété, sa douceur, son intégrité, son ardeur d’obliger tout le monde et son application aux affaires » ; on
félicitait « ce digne intendant » d’avoir accordé aux sauvages chrétiens de Montréal « une belle terre d’une lieue
et demie, parce que celle de la Prairie, étant dans un fond, n’est pas bonne pour le blé d’Inde ». Cette dernière
touche achève heureusement le portrait : Duchesneau se montrait, en tout, le complaisant auxiliaire des
ecclésiastiques ; parlait-on de fixer les cures, il décrivait au roi la pauvreté des habitants, au lieu de prouver à
ceux-ci l’utilité d’accepter l’obligation d’une dîme régulière ; plus sévère que Mgr Laval lui-même, il gémissait
sur le désordre des mœurs parmi les colons et lançait avant l’évêque une ordonnance contre les charivaris dans
le différend sur la vente des boissons spiritueuses, loin de chercher à concilier les opinions du gouverneur et de
l’évêque, il avivait le conflit par ses rapports à la Cour ; au Conseil Souverain, Frontenac le trouvait sans cesse
en face de lui, qu’il s’agit du titre et des fonctions de président, des relations du Conseil avec la prévôté, de la

252
Duchesneau avait été employé dans la généralité de Tours ; cependant M. l’archiviste départemental d’Indre-et-Loire ne connait
dans son ressort aucune pièce où il soit question de ce personnage.
253
Lettre du 20 avril 1679.
429
nomination du procureur général ; tous les jours, dans les moindres détails de l’administration, cette hostilité
systématique s’affirmait. Et Duchesneau, dans sa correspondance officielle, ne perdait pas une occasion de
desservir auprès du ministre le gouverneur son chef.

La mésintelligence des administrateurs avait divisé en deux camps toute la société canadienne, tous ceux du
moins que leur situation personnelle mettait en rapports avec les fonctionnaires du roi : Frontenac avait autour
de lui quelques fidèles, son secrétaire Le Chasseur, ses officiers, ses gardes. Duchesneau recrutait ses partisans
dans le Conseil ; tous deux s’accusaient mutuellement de traiter contrairement aux ordonnances et d’entraver,
pour protéger leurs complices, l’action des tribunaux. Duchesneau prétendait que, pendant les différends de
Frontenac avec le Conseil, il avait accommodé presque tous les procès à la satisfaction générale, mais le
gouverneur n’en déclarait pas moins que ses amis ne pouvaient obtenir justice, ni de l’intendant, ni du
Conseil 254 ; deux coteries, aussi bruyantes l’une que l’autre, se partageaient la population, et les documents
nous autorisent à nous représenter dans les rues de Québec des rixes continuelles ; de part et d’autre, on
s’excitait, on s’injuriait ; un incident, entre quelques autres, donnera l’idée de l’état d’esprit qui régnait alors
dans la ville.

L’un des fils de Duchesneau, jeune homme de dix-sept ans, montait un jour la côte de la citadelle, en
compagnie d’un nommé Vautier, valet de son père, lorsque tous deux furent croisés par un ami de Frontenac,
Boisseau et un garde du gouverneur ; cette simple rencontre suffit ; on échangea des grossièretés, probablement
des coups, et le fils Duchesneau mit le comble à la colère de ses adversaires en chantant quelques couplets
contre Frontenac. L’intendant, informé, voulut prévenir l’orage : il dépêcha son fils, toujours suivi de Vautier,
pour faire des excuses au gouverneur ; au château, tandis que le jeune étourdi recevait dans le cabinet de
Frontenac une verte réprimande, Vautier et Boisseau s’expliquèrent dans la salle des gardes, à coups de poing.
Frontenac eut le tort d’exiger de nouvelles satisfactions ; malgré l’évêque, dont l’intervention pacifique eût
mérité meilleur succès, le jeune Duchesneau, fait prisonnier par le major de la place, paya son incartade d’un
mois de retraite au château Saint-Louis. — On le voit, la rivalité des deux administrateurs était un danger
véritable pour la colonie, dont elle retardait le développement. La Barre, successeur de Frontenac, parlait dans
sa première lettre au ministre des « schismes que la division entre M. de Frontenac et M. Duchesneau avaient
fait naître », mais il ajoute, et l’aveu sous sa plume prend une valeur particulière, que « ce dernier a été bien
plus loin que le premier, et en choses bien plus essentielles » 255.

La Cour avait été informée de bonne heure des divisions qui troublaient la Nouvelle-France : en 1677,
d’après l’abbé Dudouyt, Frontenac envoyait des plaintes contre l’évêque, l’intendant, et le clergé ; malgré ses
relations, le grand vicaire n’avait pu prendre connaissance de ces mémoires, mais il dénonçait, comme
complices à Paris du gouverneur général, Mme de Frontenac, Le Barrois qui avait été son secrétaire, et un sieur
Aubin ; il avait même affirmé à son protecteur, Bellinzani, que Frontenac faisait passer des gens exprès en
France « pour faire du bruit » contre Laval et Duchesneau. De son côté, l’abbé d’Urfé, qui n’avait pas oublié
les incidents de 1674, travaillait au rappel du gouverneur. En 1681, Frontenac perdit le plus constant de ses
protecteurs : Colbert, fatigué d’un ministère de vingt ans, qui n’était plus, pour lui aussi, qu’une lutte sans trêve,
avait remis â son fils Seignelay la direction des colonies 256 ; c’est à ce ministre que les correspondances de
1681 sont adressées, et, quoique les administrateurs de la Nouvelle-France lui prodiguent tous deux les marques
de leur déférence, on sent que Frontenac, découragé, n’a plus la même confiance en l’avenir ; il joint à sa lettre
officielle au ministre quelques lignes autographes, destinées personnellement à Colbert. Duchesneau se fait au
contraire plus pressant, mendiant des appointements supplémentaires, sous prétexte que sa qualité l’expose à
des sollicitations qu’il ne peut accueillir faute de ressources, et renouvelant avec insistance toutes ses
récriminations contre Frontenac.

254
Frontenac au ministre, 9 octobre 1679; 2 novembre 1681. — Duchesneau au ministre, novembre 1681.
255
La Barre à Seignelay, 12 novembre 1682. — Parkman (Count Frontenac, 67) date à tort cette lettre de 1683. Le message original
ne porte pas de date, mais l’extrait rédigé pour le ministre (p. 72) répare cette omission.
256
Seignelay n’osait pourtant point tout décider par lui-même. Une note, en marge d’un extrait des correspondances, porte :
« Montrer à mon père ».
430
Vainement celui-ci multipliait les mémoires et les explications ; vainement des amis intervenaient en sa
faveur ; « le désintéressement de M. de Frontenac, disaient-ils, et la religion avec laquelle il s’est attaché à
l’exécution des ordres du roi et à l’avantage de la colonie ne pouvant pas s’accommoder aux intérêts du sieur
Duchesneau ni des autres personnes qui voient leur autorité diminuée, ils ont, à défaut d’autres prétextes, essayé
de persuader que M. de Frontenac était sujet à de grands emportements… » 257 ; puis on racontait les insolences
du procureur général, qui n’aurait fait que suivre les conseils de l’intendant. « M. le Marquis, ajoutait-on,
jugera de la peine qu’elles méritent, et de ce qu’on peut attendre d’un homme de l’âge dudit sieur de Monceaux
qui a été établi procureur général avant vingt-deux ans. » Certes, il était vrai que Frontenac avait été victime
d’une opposition sans franchise ; que des motifs personnels avaient trop souvent inspiré ses adversaires ; qu’il
était insupportable, pour un homme de sa situation et de sa valeur, de se voir tenu en échec par un jeune
magistrat à peine émancipé ; mais ses exigences, quoi qu’en disent ses amis, n’avaient-elles point aggravé
parfois des conflits provoqués par ses ennemis ? Quelque respect, quelque sympathie que l’on éprouve pour
son caractère et ses talents politiques, on ne saurait oublier que parfois, docile aux suggestions de ses
adversaires, il mit les torts de son côté; son excuse la meilleure est dans l’attitude même de l’intendant
Duchesneau, dont la violence et la jalousie se voilaient sous des affectations de dévouement.

La Hontan s’exprime en termes très vifs sur la manière dont « une ligue ecclésiastique » se serait servie de
Duchesneau contre Frontenac. Nicolas Perrot, dont le témoignage est assurément impartial, déclare aussi que
l’intendant, comme d’ailleurs le gouverneur, fut victime « des mauvais avis qu’on lui donna » : nous pouvons
nous demander de qui Frontenac acceptait les conseils ; mais pour ce qui concerne Duchesneau, le doute n’est
pas possible ; il suffit de lire la lettre où l’abbé Dudouyt parle de son retour en France : « Comme il n’a agi et
souffert, en tout ce qui s’est passé, que pour satisfaire aux devoirs de sa charge, il en est d’autant plus louable
devant Dieu et devant les hommes. » Il n’y a pas à s’y tromper ; c’est l’oraison funèbre d’un ami, d’un ami qui
fut docile autant que l’adversaire était récalcitrant. En révoquant Duchesneau, le ministre a voulu, déclare le
grand vicaire, sauver le principe d’autorité, mais le fait seul du rappel du gouverneur justifie la conduite de
l’intendant. — Ce fait pourrait encore prouver deux choses : l’inclairvoyance de l’intendant et l’habileté
supérieure de ceux qui jouaient de lui : le parti du Canada-mission venait de gagner une nouvelle bataille.

(Livre au complet : https://books.google.com/books?id=y0wOAAAAYAAJ)

257
Défense de M. de Frontenac…
431
(1672)

432
(1672, gros-plan)

433
(1595)

Feuillères

434
(Vitrail Hollandais rond de verre armorié, peint en grisaille, Pays-Bas, Brabant - début XVIè siècle.)
(Source : Blog Herald Dick Magazine)

Appendice

435
(1719) 436
(1493)

[Idée & montage de Yan J. K. Bolduc.] 437


(…)

(…)

(…)

(…)

Source : https://books.google.fr/books?hl=fr&id=nRQPAAAAQAAJ
438
[!]

(Source : https://archive.org/details/lebulletindesrec2627archuoft )
439
(9. 10.)

[Blasons plausibles pour Gilles-François Boulduc,


anobli par fonction d’Échevin de la Ville de Paris en 1726.]
440
(Sources : L’Encyclopédie Diderot et d’Alembert, Blason Art Héraldique
[http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k99628] )
441
[Lettre écrite de Bois-le-Duc (écrit ici « Boulduc » avec seulement deux syllabes) par François Rougier de
Malras, baron de Ferralz, agent de la Cour aux Pays-Bas de 1568 à 1571, conseiller et Maître d'hôtel ordinaire
de Charles IX et son ambassadeur résident aux Pays-Bas.]
(Manuscrit : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90602457/f202.zoom
Info : https://archive.org/details/lettresdecatheri10cathuoft & http://books.google.com/books?id=A2USAAAAYAAJ)
[Découverte de Yan J. K. Bolduc, le 18 octobre 2013.] 442
Le mystère de Bosch: c'est pourquoi Den
Bosch a plusieurs noms
• 7 mars 2020
• Renée Vievermans

Photo: Quartier Den Bosch

Den Bosch et 's-Hertogenbosch, deux noms pour une même ville qui sont tous deux
utilisés. Saviez-vous que ce ne sont pas les seuls noms de Den Bosch ? Pourquoi en
est-il vraiment ainsi ? C'est parti pour une leçon d'histoire !

Petite Rome, Harze van Buske et Buscoducal. Au fil des ans, Den Bosch a connu plus de cent dix
noms différents. Erfgoed's-Hertogenbosch a dressé la liste de noms suivante . L'origine de ces
noms est liée à la langue dans laquelle les gens écrivaient et au développement de la ville à cette
époque. Considérons, par exemple, l'heure espagnole et française. Des noms figuratifs ont
également été utilisés, dont Oeteldonk est un exemple bien connu. Les opposants ont inventé
des noms comme le dragon invincible des marais ou encore mieux, El Dragón del Pantano.

Des Hertogen Bosch


De la liste des noms d'Erfgoed 's-Hertogenbosch, nous voyons que la forêt et le duc forment un
fil conducteur sous diverses formes et langues. Il est clair que 's-Hertogenbosch est un dérivé
1
direct ou une mise à niveau de Des Hertogen Bosch. Cependant, le premier nom officiel de notre
ville est Den Bosch. Ce n'est qu'en 1996, huit cents ans après la première mention du nom 's-
Hertogenbosch, que le nom 's-Hertogenbosch a été officiellement enregistré.

Une différence entre l'écrit et l'oral


Selon la société linguistique Onze Taal , Den Bosch est principalement utilisé dans la langue
parlée et 's-Hertogenbosch est écrit. Il y a une société qui est complètement en désaccord. La
Société pour la promotion de l'utilisation du nom 's-Hertogenbosch s'est depuis longtemps
engagée à empêcher la confusion entre deux noms. La mission de cette société est de veiller à
ce qu'il y ait plus d'unité dans l'utilisation du nom 's-Hertogenbosch.

Confusion à l'étranger
Avec tous ces noms différents à l'étranger, il peut parfois être difficile d'expliquer d'où l'on
vient. Essayez ces traductions la prochaine fois.

• Silva Ducic – latine ;


• Bois-le-Duc – français ;
• Herzogenbusch – allemand ;
• Bolduque – espagnol ;
• Boscoducale – italien.

sujets

• Profitez de Den Bosch

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• Puis à Den Bosch

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Source : https://indebuurt.nl/denbosch/genieten-van/dit-is-waarom-den-bosch-twee-namen-heeft~105204/

2
1/6/23, 6:31 PM Plus de 110 noms pour Den Bosch/'s-Hertogenbosch - NU Current

Plus de 110 noms pour Den Bosch/'s-Hertogenbosch

 TLPST  27 mars 2020 Niveau : Havo/vwo inférieur/inférieur/inférieur Vmbo


Source : TLPST 66

Avez-vous déjà entendu parler de Silvae-ducensis, Boulduc ou Hartzevan Buske ? Tous les trois sont des noms pour la ville de 's-
Hertogenbosch, un nom qui n'a été officiellement enregistré qu'en 1996.

Au fil des siècles , plus de 110 noms ont été utilisés pour Den Bosch . La
forêt et le duc forment un fil rouge pour la dénomination de la ville dans
différentes langues, dont l'espagnol et le français.

Peut-être connaissez-vous le mieux le nom de Den Bosch, le nom officieux


que vous entendez le plus souvent . Mais tout le monde n'en est pas content.
Par exemple, la Société pour promouvoir l'utilisation du nom 's-
Hertogenbosch s'efforce que tout le monde n'utilise que 's-Hertogenbosch. 

Des questions
1a Quel nom vous vient à l'esprit en premier lorsqu'on vous demande quelle est la capitale du Brabant septentrional ?

1b Que pensez-vous que la Société pour promouvoir l'utilisation du nom 's-Hertogenbosch en pense ?

Répondez d'abord à la question 2 pour vous-même, puis discutez de la réponse en classe.

2 La Société pour promouvoir l'utilisation du nom 's-Hertogenbosch veut, entre autres, éviter la confusion à l'étranger si les gens
continuent à appeler la ville différemment. Pensez-vous que c'est une raison suffisante pour dire et écrire uniquement 's-
Hertogenbosch à partir de maintenant ? Justifiez votre réponse.

3 Si vous pouviez choisir un tout nouveau nom international pour la ville, comment l'appelleriez-vous ? (Astuce : vous pouvez
également choisir un prénom féminin hollandais bien connu !)

Cherchez les réponses dans le TLPST n° 66

Source : TLPST n° 66

Vous souhaitez en savoir plus sur notre méthode New Dutch ?

Vers le site 

https://nuactueel.noordhoff.nl/meer-dan-110-namen-voor-den-bosch-s-hertogenbosch/
1/6/23, 6:29 PM Noms de la ville et 'Recherche' | Héritage 's-Hertogenbosch

Noms de ville et 'Rechercher'

Le nom officiel de la ville est 's-Hertogenbosch. Celle-ci a été approuvée par le conseil municipal
en 1996. Une société a également été créée pour promouvoir l'utilisation de ce nom. Mais ce que
les gens veulent appeler la ville ne peut bien sûr pas être contrôlé d'en haut. Cela n'a jamais
fonctionné de cette façon, et ce n'est pas le cas depuis plus de 800 ans.

Bracelet d'un joueur de cornemuse de la ville de Bossche, sur lequel le nom de la ville cœur-yeux-
BOSSCHE est appliqué en forme de rébus avec des symboles et des lettres en argent. (Source :
Musée Noordbrabants (http://collectie.hetnoordbrabantsmuseum.nl/Details/collect/3197) )
https://www.erfgoedshertogenbosch.nl/verhalen/namen-van-de-stad-en-zoeken 1/7
1/6/23, 6:29 PM Noms de la ville et 'Recherche' | Héritage 's-Hertogenbosch

Pourquoi tant de noms ?

De nombreux noms différents sont utilisés pour la ville dans les archives et dans les publications.

Cela concerne entre autres :

l'évolution de l'agglomération/ville dans le temps et l'environnement ;


la situation politique;
la langue dans laquelle les gens écrivaient pendant cette période;
mais parfois aussi avec peu de connaissance de la langue utilisée pour le mot ;
méconnaissance de la ville et du pays;
erreurs d'écriture non corrigées;
textes copiés à partir de scans et de machines de traduction incorrects ;
le développement de la langue néerlandaise.

Aussi, au cours du temps, la ville a eu plusieurs noms consécutifs dans la même langue, mais aussi
des noms différents utilisés simultanément. La période et la langue déterminent donc aussi à
quel mot prêter attention. Pensez à l'heure espagnole, à l'heure française, etc.

En outre, des noms figuratifs ont également été utilisés :

qui, par exemple, a fourni un croquis de la situation environnementale ou


aurait dû être terrifiant.

Les noms utilisés (surtout par les adversaires) étaient ceux de : « Invincible Swamp Dragon », ou
en espagnol : « El Dragón del Pantano » ou « El Dragón de los Pantanos ». Ces noms faisaient
référence à l'environnement marécageux de 's-Hertogenbosch où de nouvelles inondations ont
conduit à un meilleur point de départ pour la défense et ont rendu l'approche de la ville presque
impossible.

https://www.erfgoedshertogenbosch.nl/verhalen/namen-van-de-stad-en-zoeken 2/7
1/6/23, 6:29 PM Noms de la ville et 'Recherche' | Héritage 's-Hertogenbosch

Mais 'Oeteldonk', le nom carnavalesque de la ville, est aussi un nom figuratif.

Explorer et découvrir

Si vous faites des recherches sur quelque chose, vous pouvez « facilement » obtenir toutes sortes
d'informations par le biais de diverses sources. Mais si vous voulez en savoir plus sur la ville, vous
devez chercher plus loin et plus profondément. Lors de la recherche, vous devrez alors utiliser
toutes sortes d'orthographe de termes et de noms - sinon vous ne trouverez pas "tout".

Malheureusement, de nombreux moteurs de recherche d'archives ne sont pas configurés pour


des orthographes alternatives. Cela signifie que si vous recherchez <'s-Hertogenbosch>, vous ne
trouverez pas toujours les résultats de. De plus, différents moteurs de recherche renvoient
différents nombres de résultats. google.nl et google.de ou google.es donnent également des
résultats différents !

Des conseils de recherche utiles peuvent être trouvés via Google Inside Search.

Pour illustrer, les résultats pour quelques mots-clés.

Lorsque vous recherchez deux mots dans Google.nl, vous verrez les différences. Den
Bosch, den bosch, « Den Bosch », « den bosch » donnent successivement : 36 700 000, 36
900 000, 16 700 000, 16 700 000 résultats trouvés. Les deux premiers fournissent de
nombreux résultats de recherche erronés et ne sont pas assez spéciaux. Alors autant
chercher sans majuscules, car Google n'y prête pas attention. Donc, le dernier mot-clé est
le meilleur.
Il en va de même pour les mots clés : 's-Hertogenbosch, "'s-Hertogenbosch",
Hertogenbosch, hertogenbosch. Ceux-ci donnent séquentiellement : 11 800 000,
11 800 000, 12 800 000, 12 800 000 résultats. La saisie difficile de <'s-> ne donne rien de
plus. C'est donc mieux de ne pas le faire – également parce que des erreurs sont commises
à ce sujet dans de nombreux documents. Aussi pour cela : le dernier mot-clé est le meilleur.

https://www.erfgoedshertogenbosch.nl/verhalen/namen-van-de-stad-en-zoeken 3/7
1/6/23, 6:29 PM Noms de la ville et 'Recherche' | Héritage 's-Hertogenbosch

Enfin, quelques fautes d'orthographe : 'shertogenbosch, hertogenbos, hertochenbosch,


donnent successivement 2 200 000, 12 800, 434 résultats de recherche. Ces mots-clés
sont incorrects ou pas assez spécifiques ou trop limités. Pourtant, il existe des dizaines
d'autres fautes d'orthographe qui sont imprimées dans toutes sortes de livres (voir, entre
autres, l' annexe pdf (https://assets.citynavigator.nl/kuma-
erfgoedshbosch/uploads/media/594a9af70fb2b/naamvarianten-s-hertogenbosch-
v10.pdf) ) !

Essayer toutes les orthographes alternatives demande beaucoup de travail. Vous préféreriez
qu'il y ait une table de relations ou un thésaurus, qui garantit automatiquement que - si l'une des
orthographes alternatives est utilisée pendant la recherche - les résultats de la recherche de
toutes les alternatives incluses sont également affichés. Et de préférence triés par alternative.
Mais nous n'en sommes pas encore là.

Certaines archives et bibliothèques (dont celles du département 's-Hertogenbosch Heritage)


travaillent à l'inclure dans le système patrimonial, mais c'est un travail très important. Il existe au
moins 20 à 40 orthographes différentes pour chaque toponyme ou nom de lieu seul. Il existe
souvent plus de 70 variantes d'objets, et malheureusement il en va de même pour les noms de
personnes !

La méthode de recherche

Des informations sur l'utilisation correcte des termes et des opérateurs logiques (par exemple
ET, OU, exclusion) peuvent être trouvées sur Internet. Une certaine connaissance de celui-ci
augmente énormément la recherche des bons résultats. Il est important de rechercher, trier,
exclure et cocher systématiquement ce que vous avez déjà eu.

Les mots qui peuvent conduire à de bons résultats de recherche ne sont pas seulement utilisés
comme nom propre, donc comme nom. Vous les rencontrerez également comme adjectif, par
exemple Bossche, busche, etc. Ce sont également des mots-clés possibles.

https://www.erfgoedshertogenbosch.nl/verhalen/namen-van-de-stad-en-zoeken 4/7
1/6/23, 6:29 PM Noms de la ville et 'Recherche' | Héritage 's-Hertogenbosch

Mots clés

Certains des noms de la ville de 's-Hertogenbosch ont été collectés. L'aperçu n'est en aucun cas
exhaustif et l'exactitude de l'utilisation de l'une de ces langues est discutable. C'est pourtant ce
qu'a révélé une courte enquête auprès des auteurs de chroniques, d'histoires, de manuscrits, etc.

Il est frappant qu'il y ait :

différentes lettres ne sont pas traitées de manière très précise et


une fois, par exemple, deux mots, avec ou sans tiret, et l'autre fois, ils sont écrits ensemble.

Plusieurs groupes de noms ont émergé au fil du temps. Une première division de celui-ci est
formée par les colonnes de la pièce jointe PDF. Cette liste peut constituer une base pour d'autres
recherches linguistiques étymologiques, comparatives et historiques, ainsi que pour des
recherches historiques.

De nombreux noms peuvent être identifiés lorsqu'ils ont été utilisés pour la première fois. Et de
quelle zone linguistique ils sont originaires. Par exemple, la combinaison de consonnes « gh » est
typique des XVIe et XVIIe siècles et n'était utilisée qu'avant les voyelles « e » et « i ». Et
l'utilisation de «ts» s'est produite dans les zones de langue allemande et néerlandaise. Cela
signifie oa ou te, et était principalement utilisé au 15ème siècle, mais a été utilisé du 14ème au
16ème siècle.

Le titre de duc de Brabant n'est utilisé qu'en 1183. Ainsi, à partir de ce moment-là, les noms de
ville avec le duc ont vu le jour. Le duc de Basse-Lorraine (prédécesseur légal du duc de Brabant, et
donc beaucoup plus ancien comme titre) ne s'est pas encore révélé pertinent dans l'explication
de l'utilisation de « duc » dans le nom de la ville.

Vous trouverez ci-dessous une sélection avec différents noms.

https://www.erfgoedshertogenbosch.nl/verhalen/namen-van-de-stad-en-zoeken 5/7
1/6/23, 6:29 PM Noms de la ville et 'Recherche' | Héritage 's-Hertogenbosch

Opidi de Buscis, Orthen cum Busscho, nova civitate apud Silvam, Novum oppidum super Silvam
iuxta Orten, Orten que nunc Silva dicitur, Silva Ducis, Buscoducis, Bois-le-Duc, Boisleducq,
Bolduque, Bolduc, El Dragón del Pantano , Den Bossche , La ville d'Ortduijnen,
Tshertoghenbossche, Des Hartogen Bosch, Buscoducale, Busso-ducis, Herzogenbusch, s-
Hertengebosch, The Buske, Hartzevan Buske

Il y a plus de 110 mots différents qui peuvent être recherchés. Vous pouvez ajouter des dizaines
d'autres noms à cela, à savoir les orthographes incorrectes, les erreurs et autres variantes. Dans
la pièce jointe PDF (https://assets.citynavigator.nl/kuma-
erfgoedshbosch/uploads/media/594a9af70fb2b/naamvarianten-s-hertogenbosch-v10.pdf) ,
vous trouverez encore plus de noms de 's-Hertogenbosch, triés par langue, période d'origine, etc.

Veuillez noter que certains noms ne sont pas souvent utilisés comme synonymes qui ont parfois
aussi une signification différente et produisent donc des résultats erronés.

Un autre joli nom de quelqu'un qui ne connaît pas le latin et qui essaie encore : 'Busco Dulcis' (qui
signifie 'la forêt du bonbon'…). Essayez-le et vous découvrirez de nouvelles choses !

Écrit par : Jack Theuns

Plus à propos

recherche (/verhalen?theme_filter%5Btags%5D%5B%5D=50)

toponymes (/verhalen?theme_filter%5Btags%5D%5B%5D=51)

https://www.erfgoedshertogenbosch.nl/verhalen/namen-van-de-stad-en-zoeken 6/7
Naamvarianten ‘s-Hertogenbosch

Naamvarianten van ‘s-Hertogenbosch

Vele namen

In de archieven en in publicaties worden heel erg veel verschillende namen gebruikt voor de stad.
Ben je iets aan het onderzoeken, en wil je méér over de stad ontdekken, dan moet je vérder en dieper
zoeken. Bij het zoeken zal je dan gebruik moeten maken van allerlei schrijfwijzen van begrippen en
namen – anders vind je niet ‘alles’. Hieronder een eerste aanzet daartoe.

Latijn (*)
Oudste Bos- ‘Nieuwe stad’ Stadsnamen bij Stadsnamen vanaf Figuurlijke
namen - vóór namen - namen Orthen hertogdom (1) namen
de stad
nova civitate nova civitate iuxta
Busloth (2) Busco Silva Ducis
apud Silvam Ortinum
Novum oppidum
civitas apud
Buschlot (2) Buscu super Silvam iuxta Silva-Ducis
sylvam
Orten (8)
Novas civitas
Buscus Silvaducis
apud Ortdunum
Nova civitas apud
Buscum Ortdunum, qua Sylva ducis
Silva dicitur
Civitas de
Boscus Sylva-ducis
Ortduno
Orthen cum Ordunum quod
Sylvaducis
Buscho nunc Silva dicitur
Orthen cum Orten que nunc
Silvaducensis
Busscho Silva dicitur (7)
Opidi de
Silvaeducensis
Buscis
Silvae-ducensis
Busco Ducis
Buscoducis
Boscum Ducis
Buscum Ducis (6)
Buscoducum
Buschoducis
Buscho Ducis
Ducis in Busco
Ducis in Buscho

Duits
Oudste Bos- ‘Nieuwe stad’ Stadsnamen bij Stadsnamen vanaf Figuurlijke
namen - vóór namen - namen Orthen hertogdom (1) namen
de stad
Herzogenbusch
s-Hertengebosch
Thertogenbosch
Tschertogenbusch

Versie: 1.0 Pagina 1/3 Erfgoed ’s-Hertogenbosch


Jack Theuns
Naamvarianten ‘s-Hertogenbosch

Frans (*)
Oudste Bos- ‘Nieuwe stad’ Stadsnamen bij Stadsnamen vanaf Figuurlijke
namen - vóór namen - namen Orthen hertogdom (1) namen
de stad
Dragon des
Bois-le-Duc
Marais (3)
Boisleduc
Boise-le-Duc
Bois-le-Duq
Boisleduq
Bois-le-Ducq
Boisleducq
Bolduc
Bolduq
Bolducq
Bolleduc
Boulleduc
Bosleduc
Bosleducq
Boulduc
Boulduq
Boulducq
Boselduc
Bosseduc
Boilduc

Spaans
Oudste Bos- ‘Nieuwe stad’ Stadsnamen bij Stadsnamen vanaf Figuurlijke
namen - vóór namen - namen Orthen hertogdom (1) namen
de stad
El Dragón del
Bolduque
Pantano (3)
El Dragón de los
Bolduq
Pantanos (3)
Bolduc
Bolducum

Italiaans
Oudste Bos- ‘Nieuwe stad’ Stadsnamen bij Stadsnamen vanaf Figuurlijke
namen - vóór namen - namen Orthen hertogdom (1) namen
de stad
Boscoducale
Buscoducale
Boscoduca
Busso-ducis
Buscioduca

Engels
Oudste Bos- ‘Nieuwe stad’ Stadsnamen bij Stadsnamen vanaf Figuurlijke
namen - vóór namen - namen Orthen hertogdom (1) namen
de stad
Marsh Dragon
Den Bosch ’s-Hertogenbosch
(3)
The Buske Hartzevan Buske

Versie: 1.0 Pagina 2/3 Erfgoed ’s-Hertogenbosch


Jack Theuns
Naamvarianten ‘s-Hertogenbosch

Nederlands (*)
Oudste Bos- ‘Nieuwe stad’ Stadsnamen bij Stadsnamen vanaf Figuurlijke
namen - vóór namen - namen Orthen hertogdom (1) namen
de stad
De nieuwe
De nieuwe stad bij
’s-Bosch stad bij den ’s-Hertogenbosch Moerasdraak (3)
Ortduynen
Bossche
De nieuwe
stad bij
Ortduynen die De stad van Onoverwinnelijke
sBosch ’s-Hertogenbosche
den Bossche Ortduijnen Moerasdraak (3)
genoemd
wordt
De stad van
Busch Des Hertogen Bosch Klein Rome (4)
Ortduinen
Rome van het
Den Bosch Des Hartogen Bosch
Noorden
Den Bos Schertogenbosch Oeteldonk (5)
Den
’s Hertogen-Bussche
Bossche
Orthen, nu
Bosch ’s Hartogen-Bosch
genoemd
Tshertoghenbossche
Shertoghenbossche
Tshertoghenbusche
Tshertoghenbussche
Tshertoghen
Bossche
Tshertogen Bossche
Tshertogenbosch
tsHertogenbosch
Tsertoghenbosche
tSertogenbosch

 Als in de naam van de stad een streepje (-) staat, komt deze ook voor in de betreffende bron(nen).
1- vanaf 1183
2- Niet bewezen
3- Tijdens de 80-jarige oorlog
4- Vanaf 1579 werd deze naam gebruikt – soms betrekking hebbend op de stad, soms alleen op het
gedeelte rond de Hulst, waar veel kloosters stonden
5- Stadsnaam tijdens Carnaval
6- Vanaf 1243
7- Vanaf 1204
8- 1195

Namen van de stad en ‘Zoeken’.


Dit overzicht hoort bij het artikel: Namen van de stad en ‘Zoeken’.
www.erfgoedshertogenbosch.nl

Versie: 1.0 Pagina 3/3 Erfgoed ’s-Hertogenbosch


Jack Theuns
(…)

(…)

(…)

(…)

(…)

(…)
Source : https://books.google.com/books?id=t0JDAAAAcAAJ
443
(…)

(…)

(…)

(…)

(…)
Source : https://books.google.com/books?id=2NtiAAAAcAAJ
444
(Page 135)

(Page 149)

(Page 150)

[?]

(Page 303)

Source : https://books.google.fr/books?id=PeNLAAAAcAAJ
445
446
447
(…)

(Source : https://books.google.fr/books?id=dat-E3T1sdoC)
448
449
(…)
450
(Historical Atlas, William R. Shepherd, 1911)
451
(Historical Atlas, William R. Shepherd, 1911)

452
(Historical Atlas, William R. Shepherd, 1911) 453
(1829)
454
(1811)
455
(…)

(1934) (…)

Source :
http://www.historici.nl/retroboeken/franse_handel/#page=0&accessor=toc&source=3

456
« La Rochelle, généreuse et belle. »

457
113

(Voir : https://books.google.fr/books?id=6pnv73fJEBAC)
458
114

(…)

[ Bois le Duc est une forêt dans la Région Wallon de Brabant,


en Belgique, située entre Les Hayettes et Saussois, et est
également à proximité de Hauts Tiennes. Point de repère dans
cette zone est la ville de Goumont (Hougoumont).]
(Source : http://mapcarta.com/17948922)

(…)

(Images de Google Imagery)


459
Source : https://books.google.fr/books?id=LPSIOD7ckw0C
460
[!]

(…)

461
(Source : https://www.rijksmuseum.nl/nl/collectie/RP-P-OB-82.910 462
REGISTRES D'INSINUATIONS DU CHÂTELET DE PARIS
Inventaire analytique
Y327
rédigé par Michèle Bonnot
saisi par Armande Perlot
Archives nationales
Paris
2012

Y//327
Registre d’insinuations : donations et substitutions.

Registre in-f°, 297 feuillets, papier.

Y//327, folio 103 verso


Marie Mignot, veuve de François Alexandre, marchand bourgeois, ancien grand juge consul de Paris :
donation aux enfants de Marie-Angélique Alexandre, sa fille, femme d’Étienne Vannier, marchand
boutonnier ; aux enfants de Louis François Alexandre, son fils ; à Jean Boulduc, enfant de Marie Anne
Alexandre, sa fille, à son décès, épouse de François Boulduc, premier apothicaire du roi ; tous ses petits-
enfants.
12 juin 1723
Noms des notaires non consignés dans l’insinuation
(Source : http://en.geneanet.org/archives/livres/673468/16)

François Alexandre x Marie Mignot, ils ont trois enfants :


1- Marie-Angélique Alexandre, x Étienne Vannier ; ils ont des enfants, mais ne sont pas nommés.
2- Louis-François Alexandre, x (épouse pas mentionnée), ils ont aussi des enfants, non nommés.
3- Marie-Anne Alexandre, x Gilles-François Boulduc ; ils ont eu un enfant, Jean Boulduc, apparemment
encore vivant le 12 juin 1723. Par contre, on ne connais pas quand il est décédé, car d’après l’article de Dr.
Christian Warolin : « que de ce mariage il n’estoi resté qu’un fils quy est aussi décédé », au décès de sa
première femme en janvier 1714 (juste sept ans après leurs mariage. D’après Paul Dorveaux [page 202,
note 11, publié en 1930], elle serait morte âgée de 27 ans le 22 mai 1714, et enterrée le lendemain).

En deuxième mariage, Gilles-François Boulduc x Edmée Catherine Millon le 27 mars 1734 ; ils ont eu
Jean-François Boulduc auparavant, le 20 février 1728.

(Découverte de Richard Bolduc, 23 juillet 2013.)

463
(pp. 31-32)

(…)

(…)

(…)
Source : http://archive.org/details/monographiesparo00magn
464
[Anecdote intéressante concernant la Couronne britannique au Canada :
Le chef de l’État canadien
Dans la monarchie constitutionnelle d’aujourd’hui, Sa Majesté la Reine Elizabeth II est la
Reine du Canada et le chef de l’État canadien. Elle est l’incarnation de la Couronne au Canada.
Dans le système de gouvernement, la Couronne détient le pouvoir de gouverner, mais le confie
au gouvernement qui l’assume au nom et pour le bien de la population. La Couronne rappelle au
gouvernement en place que la source du pouvoir demeure ailleurs et qu’il n’en a la responsabilité
que pour une durée limitée.]
(Source : https://www.canada.ca/fr/patrimoine-canadien/services/couronne-canada/a-propos.html)

465
(1680 ca) 466
(1617 ca) 467
(1652)

468
469
(1676 [London])

470
471
(1659) 472
(1659) 473
(1594)

474
(1594 [Détails])

475
(1596)

476
(1598)
477
(1658 ca)

478
(1720 ca) 479
480
(1662) 481
482
(1668 (1745)) 483
484
(1690 ca) 485
(1643)

486
(1691)
487
(1742)

488
(1742) 489
(1730 [Amsterdam])


490

491
(1755 [Londres])


492

(1705 ca, détail) 493


(1764)

494

495
(1550 ca)

496
(1584)
497
(1587)

498
(1596) 499
(1570) 500
(1581 ca) 501
(1659)

(1587) (1715 ca)

(1544)
502
(1588) 503
(1611 ca)

504
(1611 ca)

505
(1617)

506
(1648) 507
Bosleduc

(1685) 508
(1689 [Paris]) 509
(1719 [Londres])

510
(1528 (1547))

(1602)

511
512
Carte de Nouvelle-France par Champlain, 1612.

513
(Timbre : http://www.philacanada.com/timbres-valeur-canada-timbre.php?poste=quebec&denomination=5-cents&timbre=327&cat=1)
514
(1656)

515
(1672)

(1681)
516
(1683)
Première édition. Hennepin (1626 - c.1701) était un missionnaire et explorateur franciscain. Il reçut l’ordre de se rendre au
Canada dans une expédition approuvée par le puissant ministre Colbert et commandée par le roi de France, accompagnant René
Robert Cavelier, sieur de la Salle, récemment nommé au poste de gouverneur du fort Frontenac, en Nouvelle-France. En 1675,
ils mettent le cap. Le navire transportait aussi François de Laval de Montmorency, évêque de Québec, dont la connaissance
s’avéra utile au Canada. En faisant escale dans les dominions français du Canada, Hennepin commença à voyager sans confort
dans toute la région, nous fournissant un témoignage de son esprit d’explorateur, ses bagages étant souvent portés par des
chiens, d’autres fois en canot (Catholic Encyclopedia). Ces expériences lui ont permis d’acquérir des connaissances sur la
langue et les coutumes des autochtones. En 1679, Hennepin rejoint l’expédition menée par La Salle à travers les Grands Lacs.
C’est au cours de cette expédition que les chutes du Niagara et les chutes de Saint Anthony (Minneapolis) ont été découvertes.
En 1683, le compte rendu de Hennepin fut publié, nous donnant le tout premier rapport sur les Chutes Niagara, la première
description de la Louisiane, le premier récit des sources du Mississipi au-dessus du Wisconsin et la première carte mentionnant
Louisiane.
« Ceci est le premier compte rendu imprimé de l’expédition de La Salle en 1678-79 en Illinois (et le bâtiment du Fort
Crevecœur), écrit par le proche compagnon de l'explorateur, le Père Hennepin. Il est le premier à raconter les voyages
d’Hennepin dans le Mississipi, sa découverte des chutes de Saint-Antoine et sa captivité parmi les Sioux. C’est aussi le premier
à décrire les chutes du Niagara et à utiliser le nom de Louisiane. La description est considérée comme le travail le plus précis de
Hennepin. Un missionnaire Récollet qui a passé 11 ans en Amérique, il était l’un des grands pionniers de l’exploration dans les
Grands Lacs de l’ouest et du haut Mississippi. » (Nebenzahl).
La Carte de la Nouvelle-France et de la Louisiane est remarquablement importante, son influence ne peut pas être surestimée
car c’est la première carte à nommer la Louisiane. La carte a été gravée par Roussel et embellie d’un cartouche de N. Guérard.
References: Dow, Niagara Falls, page 23; European Americana 683/96; Graff 1858; Greenly 8; Howes H415 ("c");
Sabin 31347; Schwartz & Ehrenberg, page 130; Streeter sale I:102; Vail 222; Wheat, Transmississippi
West, 62 and pages I:49-50.
(Source : http://www.raremaps.com/gallery/detail/50557)

517
(1737)

518
(1755)
519
(1787) 520
(1775 [Londres]) 521
Rues à Québec en 1660-64

27

26

28
29

(Dessin de François Pellerin effectué d’après le plan de Jean Bourdon)

Rues de la Haute-ville 28 - Identification de Buade comme rue et sa continuation (1664)


29 - Apparition de la rue Du Trésor (1664)
1- Mont-Carmel (chemin du Mont-Carmel)
2- Saint-Louis (rue tendante du fort à la Grande-Allée)
3- Du Parloir (non identifiée comme rue)
Rues de la Basse-ville
4- Des Ursulines (incluant Donnacona) 13 - Côte-de-la-Montagne
5- N’existe plus ; celle au nord-ouest du terrain des Ursulines 16 - Notre-Dame (prolongement nord fermé vers 1655)
n’est pas identifiée comme rue par Mr. Bourdon 17 - Sault-au-Matelot (rue qui conduit au Sault-au-Matelot)
6 - Aucune équivalente moderne 18 - Saint-Pierre (ou d’Argenson)
7 - Sainte-Anne et Cook (rue qui mène aux Jésuites) 19 - Sous-le-Fort
8 - Desjardins (rue tendante des Jésuites aux Ursulines) 20 - N’existe plus (rue qui mène au Cul-de-Sac)
9 - Gameau ? 21 - Petit Champlain (rue qui mène à la fontaine Champlain)
10 - De la Fabrique (chemin tendant de l’église à l’hôpital) 22 - Du Porche (rue Neuve)
11 - Charlevoix ?
12 - Côte-du-Palais (chemin qui descend de l’hôpital à la grève)
13 - Côte-de-la-Montagne (rue montant de la ville basse à la haute)
Places publiques
14 - Buade (chemin sur le plan de Mr. Bourdon) 23 - Place Royale
15 - Du Fort (chemin) 24 - Place d’Armes
26 - Prolongement de la rue Desjardins (1664) 25 - Place au-devant de l’église Notre-Dame
27 - Apparition de la rue Saint-Stanislas (?) (1664)

(Source : Québec, ville coloniale française en Amérique : 1660 à 1690, Rémi Chénier, 1991)
522
(1686)

523
QUÉBEC – ORIGINE DU NOM
Le 07/02/2008 08:40:14, par C. Gagnon

À la veille du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec par Champlain, il est opportun de se
rappeler, si l’on peut, l’origine de son nom.

L’étymologie du mot « Québec » paraît obscure, mais Champlain et Lescarbot, dont l’opinion n’est pas
négligeable, affirment que ce mot est « sauvage ». Écrit Quebecq (Levasseur, 1601), Kébec (Lescarbot, 1609)
ou Quebec (Champlain, 1613), il a d'abord été appliqué à la région de l’actuelle ville de ce nom.

Ce mot algonquien, commun à l’algonquin, au cri et au micmac, et signifiant « passage étroit » ou « détroit »,
désignait le resserrement du fleuve à la hauteur du cap Diamant. Selon une seconde explication, le mot
découlerait du mot montagnais « képak », c’est-à-dire « débarquez ». Champlain aurait donc pris l'invitation
faite par les autochtones de débarquer pour le nom de l'endroit. Enfin, troisième proposition, d’aucuns pensent
que le mot, d’origine viking, aurait été choisi en l’honneur de Bricquebec, cité médiévale normande du
Cotentin. Bricquebec viendrait alors du scandinave bekkr - brekka (cours d’eau - pente).

Champlain fut le premier, dans son ouvrage Des Sauvages ou Voyage de Samuel Champlain, de Brouage fait
en la France Nouvelle l'an mil six cent trois, à nommer Québec ce que Jacques Cartier appelle Stadaconé ou
Canada : « Nous vinsmes mouiller l'ancré à Québec, qui est un détroit de la dite rivière de Canada, qui a
quelques trois cents pas de large. »

Sur les mappemondes des XVIIe et XVIIIe siècles, Québec est déjà vue comme l'une des grandes villes du
monde, étant donné sa position stratégique. Bien avant le régime anglais, l'usage du nom Québec était répandu,
cette ville étant le chef-lieu d’un territoire considérable. C’est pourquoi sans doute, en 1763, par proclamation
royale, les Britanniques attribuèrent à la province le nom de la ville, conquête prestigieuse, au sens de
« province dont la capitale est Québec ».

Enfin, permettez-moi de conclure ainsi. Pourquoi ne pas dire et écrire : Le Québec et la ville de Québec ; au
Québec et à Québec ; du Québec et de Québec ? Qui a le génie de la langue française ne s’encombre pas d’un
mot - province - qui donne un air provincial, au sens péjoratif, alors que les autres régions canadiennes - les
moins populeuses et les moins grandes - ne semblent guère avoir le goût de se dire provinces, et ce, de la
Province de la Colombie-Britannique à la Province de Terre-Neuve.

----------
Hamilton, William B. (1978) : The Macmillan book of Canadian place names. Macmillan of Canada, Toronto,
p. 225 :
http://geonames.nrcan.gc.ca/education/prov_f.php
http://archives.vigile.net/bulletin/labontenf.html

Œuvres de Champlain publiées par l'abbé Laverdière ; Bulletin des Recherches Historiques, vol. XIX (1913) :
http://www.boitearecettes.com/ville_de_quebec/07-11-26.htm

Je veux revoir ma Normandie, in Québec Science, Spécial 400e anniversaire, Été 2008, p. 93.
http://www.republiquelibre.org/cousture/KEPK.HTM
http://www.quebec.ru/fr/index.html
http://echo.franco.ca/nouvellefrance/index.cfm?Id=32825&Sequence_No=32822&Repertoire_No=2137985652&Voir=journal_article
&niveau=3

Les Iroquoiens du Saint-Laurent, peuple du maïs, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2006, 140p.

C. Gagnon

(Source : http://genealogie.planete.qc.ca/blog/view/id_2854/user_/name_CGagnon/)
524
(1702)

525
(1703)

526
(1703)

(1676) Nouvelle France (1663) (1635)

(1731)

(1718)
(1751)
(Source : http://imagesearch.library.illinois.edu/cdm4/item_viewer.php?CISOROOT=/maps&CISOPTR=2275&CISOBOX=1&REC=2)
527
(1707)

528
(1718)

529
(1719)

530
(1719) 531
(1719)

532
(1756 ca) 533
534
(1700 ca [Naples]) 535
(Voir : https://www.raremaps.com/gallery/detail/56621mp2)

536
(1719)

537
(1733)

538
(1750 ca)
539
(1755)

540
(Réclamations françaises et britanniques de l’Acadie à la veille de la guerre de Sept Ans, 1756-63 (1755 [1762])) 541
(1756)

542
(1721)

543
(1752 ca)

544
(1776)
545
(1784)

546
547
HISTOIRE HUMAINE DES BOLDUC

Votre chapitre de l'histoire humaine est prêt à raconter. Les résultats de votre test de projet Genographic
révèlent des informations sur vos ancêtres éloignés, y comprit comment et quand ils ont déménagé hors de
l'Afrique, et les différentes populations qu’ils interagissaient avec depuis des milliers d'années de la migration.
Comment pouvons-nous faire cela ? Grâce au suivi de marqueurs — aléatoire, naturellement, les changements
dans votre ADN. Les mutations agissent comme un phare et peuvent être mappées sur des milliers d'années (le
chromosome Y pour les lignes paternelles) et l'ADN mitochondrial des lignées maternelles. Lorsque les
généticiens identifient un tel marqueur, ils essaient de comprendre quand il est apparu tout d'abord, et dans
quelle région géographique du monde. Dans le rapport ci-dessous, vous verrez le groupe avec qui vous
partagez des marqueurs génétiques sur votre côté paternel. Ceci s'appelle votre « haplogroupe » et s'exprime en
chiffres et en lettres.

PRÉSENTATION DE VOTRE HISTOIRE

Maintenant, nous allons vous ramener à travers les histoires de vos ancêtres lointains et montrer comment les
mouvements de leurs descendances ont donné lieu à votre lignée.

Chaque segment sur les cartes ci-dessous représente la voie de migration des groupes successifs qui finit par
former votre branche de l'arbre. Nous commençons avec le marqueur de votre ancêtre le plus ancien et
marchons vers l'avant à une époque plus récente, montrant à chaque étape de la ligne de vos ancêtres qui ont
vécu jusqu'à ce jour.

Qu’est-ce un marqueur ? Chacun de nous porte un ADN qui est une combinaison de gènes transmis de nos
père et mère, en nous donnant des traits qui vont de la couleur des yeux à la grandeur, jusqu’à la susceptibilité
pour l'athlétisme et la maladie. Dans le cadre de ce processus, le chromosome Y est transmis directement de
père en fils, sans changement, d'une génération à l'autre vers le bas d’une ligne purement masculine. L'ADN
mitochondrial, quant à elle, est passé de mères à leurs enfants, mais seulement leurs filles le transmettent à la
prochaine génération. Il trace une ligne purement maternelle.

L'ADN est passé inchangé, à moins qu'une mutation, ou un changement aléatoire mais naturel, —
généralement inoffensif — se produise. La mutation, connue comme un marqueur, agit comme un phare ; il
peut être mappé au fil des générations parce qu'il sera passé dans la lignée pour des milliers d'années.

Lorsque les généticiens identifient un tel marqueur, ils essaient de comprendre quand il est apparu tout
d'abord, et dans quelle région géographique du monde. Chaque marqueur est essentiellement le début d'une
nouvelle lignée sur l'arbre généalogique de la race humaine. Suivre ces lignées fournit une fenêtre sur la façon
dont de petites tribus de l'homme moderne en Afrique, il y a de ça des dizaines de milliers d'années, ce sont
diversifiées et répandus pour peupler le monde.

En regardant les marqueurs que vous transportez, nous pouvons retracer votre lignée, d’ancêtre en ancêtre, et
révéler le chemin ou ils ont voyagé en se déplaçant hors d'Afrique. Votre histoire commence avec votre
premier ancêtre. Qui sont-ils, où vivaient-ils, et quelle est leur histoire ?

548
BRANCHE : M42 ÂGE : IL Y A ENVIRON 75 000 ANS LIEU D'ORIGINE : AFRIQUE

L'ancêtre paternelle commun direct de tous les hommes vivants aujourd'hui est né en Afrique il y a environ
140 000 ans. Surnommé « Chromosome-Adam Y » par la presse populaire, il ne fut ni le premier mâle humain
ni le seul homme vivant en son temps. Il était, cependant, le seul mâle dont la lignée du chromosome Y est
toujours présente aujourd'hui. Tous les hommes, y compris vos ancêtres paternels directs, peuvent tracer leur
ascendance à l'un des descendants de cet homme. Les lignées du chromosome Y les plus anciens en existence,
appartenant à la branche A de l'arbre, se trouvent uniquement dans les populations africaines.

Il y a environ 75 000 ans, la direction BT de l'arbre du chromosome Y est née, défini par plusieurs marqueurs
génétiques, y compris le M42. Étant l'ancêtre commun de la plupart des hommes vivant aujourd'hui, certains
des descendants de cet homme ont commencé le voyage hors d'Afrique, d'Inde et du Moyen-Orient. De petits
groupes finiraient par atteindre les Amériques. D'autres se seraient retrouvés en Europe, et certains de cette
ligne sont restés près de leurs terres ancestrales en Afrique.

Les individus de cette ligne en Afrique pratiquent souvent des traditions culturelles qui ressemblent à celles
de leurs lointains ancêtres. Par exemple, ils vivent souvent dans des sociétés de chasseurs-cueilleurs
traditionnels. Il s'agit des pygmées Mbuti et Aka d'Afrique centrale, ainsi que les Hadza de la Tanzanie.

Comme les populations portant le M42 émigrent dans le monde entier, ils ont ramassé des marqueurs
supplémentaires sur leurs chromosomes Y. Aujourd'hui, il n'y a aucun individu BT connu sans ces marqueurs
additionnels.

POINT D'INTÉRÊT : La branche M42 est partagée par presque tous les hommes d'aujourd'hui, vivants en
Afrique et dans le monde entier.

BRANCHE : M168 ÂGE : IL Y A ENVIRON 70 000 ANS LIEU D'ORIGINE : AFRIQUE/ASIE

549
Comme les humains quittent l’Afrique, ils ont émigré à travers le monde dans un dédale de chemins qui se
propagent comme les branches d'un arbre, chaque branche une migration identifiable par un marqueur dans
notre ADN. Pour les lignées mâles, la branche M168 a été parmi les premiers à quitter le pays africain.

Se déplaçant vers l'extérieur de l'Afrique et le long du littoral, les membres de cette lignée ont été quelques-
uns des premiers colons en Asie, de l'Asie du Sud-est et en Australie. Certains de cette lignée se seraient même
déplacés sur le pont terrestre pour rejoindre les Amériques.

L'homme qui a donné naissance au premier marqueur génétique dans votre lignée a probablement vécu dans
le nord-est de l'Afrique dans la région de la vallée du rift, peut-être dans l'Éthiopie, le Kenya ou la Tanzanie.
Les scientifiques mettent la date la plus probable pour cette période à environ 70 000 ans. Ses descendants sont
devenus la seule lignée à survivre à l'extérieur de l'Afrique, faisant de lui l'ancêtre commun de tout homme non
africain vivant aujourd'hui.

Mais pourquoi l'homme se serait tout d'abord aventuré hors des terrains de chasse africains familiers et
inexplorés ? Les premiers émigrants susceptibles se sont s'aventuré à travers le détroit Bab-el-Mandeb, une
étroite étendue d'eau à l'extrémité sud de la mer rouge, traversant dans la péninsule arabique, — peu après
l’origine du M168 — il y a peut-être 65 000 ans. Ces coureurs de grèves se dirigent rapidement vers l'Inde et
l'Asie du Sud-est, qui longe le littoral à une marche progressive vers l'est. Il y a 50 000 ans, ils avaient atteint
l'Australie. Ce sont les ancêtres des aborigènes d'Australie d'aujourd'hui.

Il est également probable qu'une fluctuation climatique peut avoir contribué à l'exode de vos ancêtres
d'Afrique. L'âge glacial africain a été caractérisé par la sécheresse, plutôt que par le froid. Par contre, il y a
environ 50 000 ans, la couche glaciale de l'hémisphère nord commença à fondre, présentant une courte période
de réchauffement des températures, et le climat devint plus humide en Afrique et au Moyen-Orient. Les parties
du Sahara inhospitalier sont devenues brièvement habitables. Comme le désert aride se changea en une savane,
les animaux chassés par vos ancêtres agrandissaient leurs champs et commençaient à se déplacer à travers le
nouveau corridor vert.

Vos ancêtres nomades ont suivi le beau temps et les animaux qu'ils chassaient, bien que l'itinéraire exact
qu'ils ont suivi reste à déterminer. Outre un changement favorable du climat, à cette même époque, il y avait un
grand bond vers l’avant dans les capacités intellectuelles des humains modernes. Beaucoup de scientifiques
croient que l'émergence du langage nous a donné un énorme avantage sur les autres espèces humaines.
L’amélioration des outils et des armes, la capacité de planifier et de coopérer avec chacun, et une capacité
accrue d'exploiter les ressources d’une nouvelle façon, tout a permis aux hommes modernes d’émigrer plus
rapidement vers de nouveaux territoires, exploiter de nouvelles ressources et remplacer les autres hominidés
comme l'homme Néandertal.

POINT D'INTÉRÊT : Cette branche masculine est l'une des premières à quitter le pays africain.

550
BRANCHE : M89 ÂGE : IL Y A ENVIRON 50 000 ANS LIEU D'ORIGINE : ASIE DU SUD OU
SUD-OUEST
L'ancêtre mâle qui suit dans votre lignée ancestrale est l'homme qui a donné lieu au M89, un marqueur dans
90 à 95 % de tous les non-Africains d’aujourd’hui. Cet homme est né il y a environ 50 000 ans en Afrique du
Nord ou au Moyen-Orient.

Les premières personnes à laisser l'Afrique ont probablement suivi une route côtière qui s'est terminée en
Australie. Vos ancêtres ont suivi l'expansion des prairies et des jeux abondant au Moyen-Orient et au-delà, et
faisaient partie de la deuxième grande vague de migration hors de l'Afrique.

Depuis il y a environ 40 000 ans, le climat a changé une fois de plus et est devenu plus froid et plus aride. La
sécheresse a frappé l'Afrique, les prairies sont redevenues désertiques, et pour les 20 000 prochaines années le
passage du Sahara a été effectivement fermée. Avec le désert infranchissable, vos ancêtres avaient deux
options : rester au Moyen-Orient, ou continuer. La retraite pour le retour au continent d’origine n'était pas une
option.

Alors que bon nombre des descendants M89 sont restés au Moyen-Orient, d'autres ont continué à suivre les
grands troupeaux de gibier sauvage à travers ce qui est maintenant l'Iran moderne, pour les vastes steppes de
l'Asie centrale.

Ces plaines semi-arides herbeuses forment une ancienne « autoroute » qui s'étend de l’est de la France vers la
Corée. Vos ancêtres, ayant émigré vers le nord hors de l’Afrique jusqu'au Moyen-Orient, se sont ensuite
déplacés vers l’est et l'ouest le long de cette autoroute asiatique centrale. Un petit groupe a continué vers le
nord à l'Anatolie et dans les Balkans, échangeant les prairies familières pour les forêts et les hauts sommets du
Moyen-Orient.

Aujourd'hui, les généticiens ont trouvé la lignée dans 1 à 2 % des populations indiennes et pakistanaises.
Toutefois, il est d'environ 4 % dans certains groupes de langue austro-asiatique en Inde. Il est d’environ 9 %
dans certains groupes de langue dravidienne en Inde, et il est de 9 à 10 % des lignées mâles au Sri Lanka. À
Bornéo, il est environ dans 5 % de la population. En Malaisie, il est environ dans 6 % de la population.

551
BRANCHE : M170 ÂGE : IL Y A ENVIRON 20 000 ANS LIEU D'ORIGINE : EUROPE

À la fin de la dernière grande période glaciaire, des groupes contenant des hommes de cette ligne se sont
émigrés à travers l'Europe de leurs refuges, auprès des Balkans.

BRANCHE : M253 AGE : IL Y A 5 500 – 26 000 ANS LIEU D'ORIGINE : EUROPE

Lorsque la glace couvrait la majeure partie de l'Europe, le froid et le manque de sources de nourriture ont
forcé des groupes contenant des hommes de cette lignée de leurs refuges. C'est dans ces refuges sur la
péninsule Ibérique, au nord de la mer Noire et d'ailleurs, que les membres de cette lignée ont émergé il y a
environ 10 000 ans.

Émergeant des refuges, des groupes se sont développés à travers l'Europe, et vers l'Asie occidentale en
vagues successives. Les fréquences les plus élevées de cette lignée sont dans les pays scandinaves. Ceci est
peut-être dû aux premiers fondateurs durant une période établissante de groupes de populations très petits.

Aujourd'hui, cette lignée est présente dans toute l'Europe. Elle est environ dans 40 % de la population de la
Norvège. Elle est présente en Finlande, à environ 35 % des lignées mâles. Dans les îles britanniques, entre 10
et 22 % des lignées mâles, entre 10 et 11 % des Français et environ 18 % des lignées mâles allemandes, environ
552
4 % de la population masculine de l'Espagne, entre 2 et 3 % de la population masculine de l'Italie, et environ
2 % de la population masculine de la Grèce.

En Asie de l'Ouest, elle est présente dans les fréquences de trace de moins de 1 %. Toutefois, elle est environ
dans 2 % de la lignée mâle au Liban, et environ 4 % des lignées mâles en Jordanie.

PERSONNES NOTABLES : L’homme d'État suédois Birger Magnusson de Bjälbo et l’écrivain russe Léon
Tolstoï étaient de cette lignée.

RÉGIONS INTENSES POUR LA BRANCHE M253

Cette prochaine étape dans votre voyage est une carte indiquant la fréquence de votre haplogroupe (ou
l'haplogroupe le plus proche de vous dans votre lignée dont nous avons des informations de fréquence) dans les
populations autochtones de partout dans le monde, fournissant un aperçu plus détaillé d'où certains de vos
ancêtres plus récents se sont installés dans leur parcours migratoire. Qu'entendons-nous lorsque nous disons
« récents » ? Il est difficile de dire, comme cette fréquence pouvait varier de quelques centaines d'années
auparavant à quelques milliers d'années, et aussi selon la connaissance des scientifiques sur votre haplogroupe
particulière aujourd’hui. Étudier plus d'individus et recevoir plus d'information dans le monde entier permettra
à ces informations de grandire et de changer.

Les couleurs sur la carte représentent les pourcentages des fréquences variables de votre haplogroupe dans les
populations de différentes régions géographiques — rouge —, indiquant des concentrations élevées, et jaune
clair et grises, indiquant les concentrations faibles. La région géographique avec la fréquence la plus élevée
n'est pas nécessairement le lieu d'origine de votre haplogroupe, mais peut être le cas.

Vous pouvez constater que votre carte montre une large diffusion pour votre haplogroupe, avec de grandes
parties du monde en évidence, ou des lieux insolites, loin d’où vous vivez. Cela signifie-t-il que vous êtes
associés aux gens dans tous ces endroits ? D’une manière, oui ! Nous sommes tous connectés par le biais de
notre ascendance antique.

553
Vos résultats présentés ici sont basés sur les meilleurs renseignements disponibles aujourd'hui, mais c'est
juste le début. Comme nous en apprenons plus, nous pouvons ajouter de nouveaux marqueurs à votre chemin,
ou modifier vos résultats pour être plus précis dans le temps.

Les marqueurs de l'ADN nécessitent beaucoup de temps pour devenir instructifs. Alors que des mutations se
produisent à chaque génération, il faut au moins des centaines — normalement des milliers — d’années pour
que ces marqueurs deviennent des fenêtres dans le passé, des panneaux de signalisation sur l'arbre humain.

Les objectifs fondamentaux du projet Genographic sont d'étendre ces flèches encore plus davantage vers nos
jours. Pour le faire, Genographic a réuni des scientifiques renommés et leurs équipes de partout dans le monde
pour étudier les questions cruciales sur notre compréhension de l'histoire humaine. En collaborant avec les
peuples autochtones du monde entier, nous en apprenons davantage sur ces migrations anciennes.

QUI SUIS-JE ?
Nous sommes bien plus que la somme de nos parties, mais les résultats ci-dessous offrent certaines
informations plus dramatiques et fascinantes dans votre test de Geno 2.0. Dans cette section, nous affichons
votre affiliation avec une série de neuf régions du monde. Cette information est déterminée à partir de votre
génome entier dont nous sommes en mesure d'afficher les informations des deux parents, et qui remonte à six
générations [cette information ci-dessous s’applique plus particulièrement à mon cousin germain, fils du frère
aîné de mon père, Bertrand Bolduc et Lili Gagné, mariés en 1950]. Vos pourcentages reflètent les influences
récentes et anciennes, modèles génétiques dans votre ADN en raison des migrations, alors que des groupes de
différentes régions se sont mélangés depuis des milliers d'années. Vos ancêtres sont aussi mélangés avec
d'anciens cousins hominidés, aujourd'hui disparus, comme l’homme de Néandertal en Europe et au Moyen-
Orient, ou les hominidés de Denisova en Asie. Si vous avez un fond très mitigé, le modèle peut se compliquer
très rapidement ! Utilisez les populations de références groupées ci-dessous pour mieux comprendre votre
résultat particulier.
554
Méditerranée : 41 % Europe du Nord : 39 % Sud-Ouest Asiatique : 17 %

41%

MÉDITERRANÉE

Cette composante de votre ascendance se trouve à des fréquences plus élevées en Europe méridionales et du
Levant, — les gens de Sardaigne, d'Italie, Grèce, du Liban, Égypte et Tunisie — dans nos populations de
références. Bien que non limité à ces groupes, on le trouve aussi à des fréquences basses dans le reste de
l'Europe, le Moyen-Orient, le Centre de l'Asie et du Sud. Ce composant est probablement le signal de
l'expansion de la population néolithique du Moyen-Orient, commençant il y a environ 8 000 ans, probablement
de la partie occidentale du Croissant fertile.

39%

EUROPE DU NORD

Cette composante de votre ascendance se trouve à plus haute fréquence dans les populations européennes du
Nord, — les gens du Royaume-Uni, Danemark, Finlande, Russie et l'Allemagne — dans nos populations de
références. Bien que non limité à ces groupes, on le trouve aussi à des fréquences basses dans le reste de
l'Europe. Ce composant est probablement le signal des premiers habitants de l'Europe, chasseurs-cueilleurs, qui
furent les derniers à faire la transition à l'agriculture, en provenance du Moyen-Orient au cours de la période
néolithique il y a environ 8 000 ans.

555
17%

SUD-OUEST ASIATIQUE
Cette composante de votre ascendance se trouve à des fréquences plus élevées en Inde et des populations
voisines, notamment au Tadjikistan et en Iran dans notre Dataset de références. On le trouve aussi en Europe et
en Afrique du Nord à des fréquences basses. Tout comme avec la composante méditerranéenne, la branche
s’est probablement propagée durant l'expansion néolithique, peut-être à partir de la partie orientale du Croissant
fertile. Les individus avec de fortes influences européennes dans leur ascendance montreront des traces de cette
marque parce que tous les Européens sont mélangés avec des gens d'Asie du Sud-ouest sur des dizaines de
milliers d'années.
Remarque : Dans certains cas, le pourcentage régional n’est pas nécessairement à 100 %.

LA SIGNIFICATION DE VOS RÉSULTATS

Les populations autochtones des temps modernes dans le monde entier portent des mélanges particuliers de
ces régions. Nous avons comparé les résultats de votre ADN sur les populations de références, que nous avons
actuellement dans notre base de données, et estimé lesquelles de ces ressemblances vous concernent le plus
concernant les marqueurs génétiques que vous transportez. Cela ne signifie pas nécessairement que vous
appartenez à ces groupes ou venez directement de ces régions, mais que ces groupes ont une correspondance
génétique similaire et peuvent servir de guide pour aider à déterminer pourquoi vous avez un certain résultat.
N'oubliez pas qu'il s'agit d'un mélange des deux parents (entre six générations) récents et les anciens modèles
établis pendant des millénaires. Ainsi vous pouvez remarquer de surprenants pourcentages régionaux. Veuillez
lire chacune des descriptions de populations ci-dessous pour mieux interpréter votre résultat particulier.

VOTRE PREMIÈRE POPULATION DE RÉFÉRENCE : DANOISE


Cette population de référence est basée sur des échantillons prélevés sur des personnes vivant au Danemark.
La marque du composant dominant de 53 % du Nord européen reflète plus susceptiblement les premiers colons
en Europe, les chasseurs-cueilleurs qui y sont arrivés il y a plus de 35 000 ans. Les pourcentages de 30 % de la
Méditerranée et de 16 % du Sud-ouest asiatique sont arrivés plus tard, avec la propagation de l'agriculture du
Croissant fertile au Proche-Orient au cours des 10 000 dernières années. Comme ces premiers agriculteurs
s'installent en Europe, ils répandent leurs profils génétiques aussi. Aujourd'hui, les populations européennes du
Nord conservent ces liens vers les premiers Européens, et les émigrants plus tard, du Moyen-Orient.

556
VOTRE DEUXIÈME POPULATION DE RÉFÉRENCE : GRECQUE
Cette population de référence est basée sur des échantillons prélevés dans la population indigène de la Grèce.
Les pourcentages de 54 % de la Méditerranée et de 17 % pour le Sud-ouest asiatique reflètent la forte influence
des agriculteurs du Croissant fertile au Proche-Orient, qui sont arrivés ici il y a plus de 8 000 ans. La
composante de 28 % du Nord européen provient probablement de la population agricole de l'Europe, — les
premiers colons — qui sont arrivés il y a plus de 35 000 ans au cours de la période Paléolithique supérieur.
Aujourd'hui, cette composante prédomine dans les populations d'Europe du Nord, tandis que la composante
méditerranéenne est plus fréquente en Europe du Sud.

VOS ANCÊTRES HOMINIDÉS

Lorsque vos ancêtres émigrèrent d’abord hors de l'Afrique il y a environ 60 000 ans, ils n'étaient pas seuls. À
cette époque, au moins deux autres espèces de cousins hominidés marchaient le continent eurasiatique :
l’homme de Néandertal, et l’hominidé de Denisova. La plupart les non-Africains sont à environ 2 % hommes
de Néandertal. Le composant Dénisovien de vos résultats de Geno 2.0 est plus expérimental, car nous
travaillons toujours pour déterminer la meilleure façon d'évaluer le pourcentage d’ascendance Dénisovien que
vous transportez.

Source : https://genographic.nationalgeographic.com (Décembre 2013, traduit par Yan J. K. Bolduc)


557
(1600)

558
Jan Baptist Zangrius

(Source : https://en.wikipedia.org/wiki/Jan_Baptist_Zangrius)

559
(Armorial Général de J.B. Rietstap (XIXè siècle), blason illustré par Victor et Henri Rolland (1903) et colorié par Lionel Sandoz (1993-2002).)
[Correction du rouge par Yan J. K. Bolduc] 560
561
562
(Couleurs ajoutées par Yan J.K. Bolduc)

563
(Source : Pharmaciens au Muséum, Philippe Jaussaud, 1998 ; https://books.openedition.org/mnhn/1858?lang=fr)
564
(Dessin modifié et couleurs ajoutées par Yan J.K. Bolduc)
565
Filles du roi et les mères fondatrices :
Les Filles du roi, 1663-1673
Par Peter J. Gagné
2004
[Traduit par Yan J. K. Bolduc]
[pp. 303-304]
Hubert, Élisabeth
Élisabeth est une des filles nobles envoyées pour épouser les officiers et gentilshommes de la Nouvelle-
France. Elle est née vers 1651 sur la Rue de la Tissanderie dans la paroisse de Saint-Gervais, Paris, la fille de
Claude Hubert, procureur au Parlement de Paris et Isabelle Fontaine. Élisabeth fut pensionnaire à l'Hôpital
Général de Paris, peut-être placé là après la mort de son père. Le 17 juin 1667, peu de temps avant de partir de
Dieppe, Élisabeth et 19 autres filles de la Salpêtrière ont signé une plainte contre la Compagnie des Indes
Occidentales (voir ci-dessous).
Le 20 août 1668, Élisabeth épousa Louis Bolduc dans la ville de Québec. Les deux époux ont signé le contrat
de mariage établi par le notaire Lecomte le 18 août, signant leurs noms « Boulduc » et « elisabelle hubert » (les
noms Élisabeth et Isabelle étaient souvent échangés à ce moment-là [sic]). Louis était un soldat avec la
compagnie Grandfontaine du régiment de Carignan, et le capitaine Grandfontaine a signé son contrat de
mariage comme témoin, tout comme le lieutenant de la compagnie, un enseigne, un aumônier et le capitaine
d'artillerie régimentaire, suggérant que Louis a pu être un soldat de l'artillerie. En plus de ces responsables
militaires, le gouverneur Courcelles, l'Intendant, Talon et Barbe de Boulogne (la veuve d'Ailleboust) ont ajouté
leur signature comme témoins.
Louis est né vers 1649 sur la Rue Saint-Jacques dans la paroisse de Saint-Benoît à Paris, le second fils du
marchand-apothicaire et épicier Pierre Bolduc[sic] (membre de l'Académie des Sciences [cette information est
fausse, il a été à la place Garde de la Communauté ; son fils Simon, cependant, était le premier dans la dynastie
des Boulduc, à être membre de l'Académie royale des sciences]) et Gillette Pijart (belle-sœur de Molière [cette
information est également fausse, prouvée ne pas être le cas par le Dr Christian Warolin]). Il est arrivé au
Canada avec la compagnie Grandfontaine le 17 août 1665, à bord de l'Aigle d'or. En service, Louis prit part à la
construction du fort Sainte-Thérèse, sur la rivière Richelieu.
Le couple s'installa d'abord à Charlesbourg. Leurs fils Louis a été baptisé le 14 juillet 1669 à Québec, suivie
par Marie-Anne (3 août 1670) et les jumeaux Jacques et Louis (17 octobre 1672 [le gouverneur Frontenac était
le parrain de Louis]). Malheureusement, ce deuxième Louis mourut peu de temps avant le recensement de
1681. En 1674, la famille déménage à Québec, où Louis est devenu bourgeois. René a été baptisé le 5 mars
1674 à Québec, suivie de Marie-Ursule le 6 juillet 1675. le 15 avril 1676, Louis est nommé procureur du roi en
la Prévôté de Québec, avec un salaire annuel de 300 livres. Leurs fille Louise a été baptisée le 12 décembre
1677, avec [aussi] le gouverneur Frontenac comme parrain.
Louis devint le protégé de Frontenac, et par conséquent fut pris dans la lutte de pouvoir interne de la
Nouvelle-France. Parmi de nombreuses accusations calomnieuses, il a été accusé de détournement de fonds par
le marchand Pierre de La Lande, et le 30 avril 1681, le Conseil Souverain lui interdit d'exercer ses fonctions
comme procureur général de la prévôté de Québec. Il a été reconnu coupable le 20 mars 1682, a été rétabli dans
ses fonctions par Frontenac en 1685, mais rejeté par le roi le 4 juin 1686. L’Intendant De Meulles a écrit,
« Beaucoup de passion avait été mise en cette affaire, le Roi ferait sagement de rétablir ce magistrat », mais ceci
ne devait pas être le cas.
Élisabeth est déjà retournée en France en 1685, ayant été donné passage par le gouverneur Denonville, qui
ajoute insulte à l'injure en déclarant qu'il était heureux de « délivrer le pays d'un assez mauvais meuble ». Peu
de temps après son licenciement, Louis revient aussi en France, mais les enfants choisissent [?] de demeurer au
Canada. Louis Bolduc est mort à Paris entre le 8 février 1700 et le 7 novembre 1701. Élisabeth Hubert mourut
également quelque temps avant cette dernière date.

566
[p. 617]
Filles qui ont signé l'Acte de protestation, le 17 juin 1667 à Dieppe
Liste des Filles du roi de l'Hôpital Général de Paris qui ont signé une plainte
contre la Compagnie des Indes Occidentales, établie par le notaire Antoine
Lemareschal :
Nom Lieu de naissance (par Province)
1. Carcireux, Sylvine St-Ursin (Berry)
2. Conflans, Françoise Conflans-Ste-Honorine (Île-de-France)
3. De Belleau, Catherine St-Aignan de Pommerroy (Picardie)
4. De Lostelneau, Catherine Agen (Gascogne)1
5. De Portas, Marie-Angélique Brie-Comte-Robert (Brie)2
6. Grangeon, Marie-Madeleine Nogent-sur-Seine (Champagne)
7. Hubert, Élisabeth St-Gervais de Paris
8. Lepage, Marie-Rogère Clamency (Nivernais)
9. Lequin, Élisabeth St-Germain-l'Auxerrois, Paris
10. Martin, Reine inconnue
11. Pasquier dite Defranclieu, Marie Brie-Comte-Robert (Champagne)
12. Renaud, Marguerite Ligny-en-Barois (Lorraine)
13. Sageot, Geneviève St-André-des-Arts, Paris
14. Turbar, Ursule-Madeleine Chaumont-en-Bassigny (Champagne)3
Vingt filles signèrent la protestation, mais six des signataires sont introuvables dans les dossiers d'archives de
Québec, conduisant à l'hypothèse qu'ils n'ont pas fait le voyage ou sont mortes en mer. Les noms de ces jeunes
filles sont :
15. Conflet Abancourt, Pérette
16. De Marillac, Marthe
17. Fosset, Michelle
18. Gervais, Catherine
19. Pasteur, Marie
20. Simon, Marie
_________________________
1
Contrat de mariage : Le registre de mariage la répertorie à partir de St-Nicolas de Champs, Paris.
2
Contrat de mariage : Le registre de mariage la répertorie à partir de St-Nicolas de Champs, Paris.
3
Contrat de mariage : Le registre de mariage la répertorie à partir de St-Séverin à Paris.

(Débarquement des Filles envoyées comme épouses en 1667 à Québec, par Arthur E. Elias.) 567
(1609 [1618])

568
(1609 [1618], détail)

569
(1608)

570
(1663 [Jean Bourdon])

571
(1658 [Amsterdam])

572
(1671 [Amsterdam]) 573
(1671 [Londres])

574
(1680 ca [Amsterdam]) 575
(1683 [Paris]) 576
(1720 [Paris])
577
(1703 [Munich])

578
(1748)

579
(1755 ca)

580
(1765 ca) 581
(1759 [Londres])

582
(1813) 583
(1775)

(1755, détail) 584


(1755)

585
(La Citadelle de Québec, 1849)

(Film historique américain de 1951, dans un récit fictif de la Rébellion des Patriotes en 1837, qui a 586
voulu que le Bas-Canada (Québec) soit une république indépendante de l'Empire britannique.)
Brève Histoire des Patriotes
Par Gilles Laporte
2015
[p. 75]
[…]. En 1838, Taché collabore enfin au réseau des Six Beaucerons qui organise la fuite de quelques patriotes
vers les États-Unis.

L'épopée des Six Beaucerons

L'émission de mandats d'arrêt contre les chefs patriotes le 16 novembre 1837, force plusieurs d'entre eux à
précipiter leur départ de Montréal pour gagner des zones plus sûres et d'éventuellement passer aux États-Unis.
La route privilégiée passe alors par Pointe-aux-Trembles, Varennes, Saint-Denis, jusqu'à St-Hyacinthe et de là
vers Farnham et les États-Unis. C'est la voie suivie par les Nelson, Papineau, Rodier et, avec eux, par une
centaine de patriotes qu'on retrouve ensuite autour du lac Champlain.

Dès la fin de 1837, cette route est compromise par un resserrement du dispositif britannique à la frontière. La
route de l'exil devient alors beaucoup plus laborieuse et passe un temps par Yamaska, en remontant la rivière
Saint-François jusqu'au New Hampshire. Bientôt cette route est à son tour étroitement surveillée, notamment à
Drummondville par les volontaires de George F. Heriot.

La dernière route sûre consiste dès lors en un long détour par Québec et, de là, par le chemin Kennebec, le
long de la Chaudière, puis jusqu'au Maine : un itinéraire traversant d'immenses régions sauvages, impraticables
sans l'assistance de guides expérimentés.

S'ils sont peu empressés à engager la rébellion, les patriotes de Chaudière-Appalaches seront en revanche
prompts à secourir leurs compatriotes pour les aider à passer aux États-Unis sous le nez des autorités
britanniques. Plusieurs dépositions font ainsi mention d'un réseau de six habitants de la Beauce qui prendront
charge de guider des patriotes en fuite : François Bélanger, Jean-Baptiste Carrier, John Heath, Xavier Bolduc
[François-Xavier Bolduc, fils de Charles Bolduc et Geneviève Doyon], Alexis Rodrigue et Augustin Doyon
notamment. Il faut aussi y ajouter le patriote de Yamaska et beau-frère de Bélanger, Jean-Olivier-Caïus
Arcand, qui organise quelques rassemblements dans Bellechasse en plus de se joindre au clan des passeurs
beaucerons. C'est à ce réseau que le curé Étienne Chartier, curé patriote de Saint-Benoit, et Louis-Joseph-
Amédée Papineau, fils du chef patriote, doivent d'avoir pu emprunter sans encombre le chemin Kennebec
jusqu'aux États-Unis. Le meilleur coup des Six Beaucerons est cependant d'avoir permis la fuite de deux
condamnés à mort…

Edward Alexander Theller et William W. Dodge, tous deux Américains, avaient été jugés pour leur
participation à l'insurrection au Haut-Canada. En attendant d'être embarqués pour l'Angleterre pour y être
pendus, ils étaient tous deux détenus à la Citadelle de Québec. Dans la nuit du 15 au 16 octobre 1838, ils
réussirent à s'évader de la Citadelle avec l'aide du député patriote de Saguenay, Charles Drolet, qui avait
entrepris d'enivrer leur geôlier. Le réseau des Six Beaucerons prit ensuite la relève, permettant à Theller et
Dodge de franchir trois postes de sentinelles sans attirer l'attention et d'atteindre la frontière.

Ulcérée par ces évasions, la police de Québec déploie son réseau d'espions, notamment Kornelius Hutton et
surtout le commandant du poste de la rivière Kennebec, Thomas-Casimir Oliva, qui forme aussitôt une
compagnie de volontaires lancés à la poursuite des Six Beaucerons. Plutôt que de se laisser intimider, les
Beaucerons tentent apparemment de s'en prendre à Oliva lui-même et de le kidnapper. Le règlement de compte
se conclut finalement par quelques arrestations. Il ressortira plus tard de l'enquête que plusieurs autres
personnes avaient contribué à la fuite de patriotes.

(Source : http://www.1837.qc.ca/UQAM/breve.pdf)

587
(1763 [Londres])

588
(1782 [Londres]) 589
(1777 [Paris])

590
(1778 [Londres]) 591
592
(1875 [Montréal])

593
(1731)

594
(1687) 595
(1600 ca)

596

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