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Ph. MARÇAIS
ESQUISSE
GRAMMATICALE
DE
L'ARABE MAGHRÉBIN
« La loi du Il mare 1957 n 'a utoriunt, aux terme! d es aliniu 2 et 3 de l'A rticle 4l,
d ' une part, que les -copie!! ou reproductione strictement réae rvéea 1\ l' u,.ge privé du LIBRAIRIE D'AMÉRIQUE ET D'ORIENT
copiste el Don destinées il une utilisation collective' et, d'autre part, que les anslYBe.! et
les courtes citations dao' un but d 'excmpk et d' illustration, 'toute représentation ou ADRIEN MAISONNEUVE
reproduction intégrale, ou parllellt;, f.ite .au le contentement de l'auteur ou de au J. MAISONNEUVE, succ.
ayanh-droit ou aranle-cause, eat illicite' (.Iifté. 1ft' de J'Mtide 40).
Il, rue St·Sulpice
Cette représentation ou reproduction, par que1que procédé que ce lIOit, CODltituerait
donc une contrer.con uDctiODDée par le. Article. 425 et .vivaDu du Code PéDal ». l>A lH~
l
AVANT- PROPOS
elles correspondent à des termes ou à des tou r nures adé - lers orientaux , qui eux- mêmes constituent un ensemble
quates de l ' arabe . Encore qu ' il aille de soi que les composite .
outils arabes , simples ou complexes , procèdent souven t Quels sont ces caractères typiques de ce qU'on
de conceptions , de représentations et de modes d'expres - appelle l ' arabe maghrébin? Ils sont nombreux et de na -
sion tout à fait différents de le u rs homologues français . tures diverses . On en souligne l ' existence , chemin fai -
Mais il demeure qU'existe entre les deux domaines li n - sant , au long des chapitres .
guistiques une équivalence fondamentale de liens à éta-
Il en est qui ont trait à la phonétique : comme
blir . A titre d ' exemples on peut citer le cas de " tout ,
la ruine du vocalisme bref , qui donne à l'audition l ' im-
tous" qui , pris comme point de départ , aboutit à kull
pression que les maghrébins parlent essentiellement en
le cas de "où 1" , qui mène à w~n, fayôn ; le cas de
articulant des consonnes ; comme la perturbation et
"comment ?" , qui fait nécessairement parvenir à ki fas .
l ' instabilité de l ' équilibre syllabique , qui fait qu ' on
Quant aux adverbes qui ne sont pas des ligatures , ils
ne sait jamais à quel l e place , da n s une séquence de con -
comportent également des correspondan ts dans les de u x
sonnes , va apparaître une voyelle brève , souvent fugace
langues , et il est indifférent , pour qui en d r esse l ' in -
comme l ' altération de certains sons , soit seuls , soit
ventaire pour l ' essentiel , de partir d 'une lang u e ou de
combinés avec d'autres •.
l ' autre . C ' est simple affaire de vocabu laire: " ici "
mène sans difficulté à hna , hüni , et "hier" à amas , al - Il en est qui ont trait à la morphologie .
barah ; et inversement . Ai n si , dan s la conjugaison du verbe à l ' inaccompli , l ' in -
---'
dice initial n- de la premièr e personne du singu lier
x (nakt?lb "j ' écris") , et la désinence -~ de la première
x x personne du pluriel (naktbu "nous écrivons " ) ; ou encore
, l 2- 3
l a prolifération des formes du theme verbal R R aR pour
On se rendra compte , en lisant cette ESquisse , les verbes expriman t l 'i d ée de "devenir de telle coule u r ,
ou en la consultant , qu ' il n ' existe pas une norme de ou de telle qualité " ; ou encore l ' extension du masdar
l 2 3
l'arabe maghrébin. C ' est qu ' il ne se trouve pas , au R R IR pour les verbes d ' action .
Magh reb , d'arabophones qui parlent arabe maghrébin . On Il en est qui ont trait à la syntaxe , comme la
parle l ' arabe de Rabat à Rabat , celui d ' Alger à Alger , création et l ' usage très répandu d'un article indéfini
celui de Tunis à Tunis , celui de Benghasi à Benghasi , et (wa h d - al - ) ; comme l ' emploi de certaines ligatures ori -
le reste à l'avenant . Le terme d ' arabe maghrébin ctest gi n ales ; comme le recu l, parfois extrême , de l ' annexion
une accolade qui embrasse une grande variété de parlers directe , c édant la place à l ' a n nexion indirecte qui est
usuel s à travers toute l'étendue du Maghreb . Ces par- réalisée au moyen de particules (mtaé , ntaE , dyal , a d di,
\
lers possèdent en commun des caractères qui leur so n t di , etc.) .
propres ; des caractères qui les différencient de la
I l en est e n fin qui ont tra i t au vocabu laire .
langue ancienne dont ils procèdent ; et qui les diffé-
Et très n ombreux sont l es mots qui n ' ont cours qu ' au
rencient également des autres parlers , notamment des par-
VI
VII
Traras oranais (Nédroma) et du Nord constantinois (Dji - part d ' interlocuteurs " dialectalement différenciés" , une
djelli) . Les parlers marocains , dans leur ensemble, recherche permanente des points qui leur sont communs ,
présentent un caractère assez unitaire. Et on peut dire , dans les mots du vocabulaire d ' abord , et , ce qui est
grosso modo, que parler marocain , c ' est parler l ' arabe plus difficile , dans les formes grammaticales ; et, cor-
de Rabat , surtout celui de Fès , centre dont le rayonn e - rélati vement, un souci constant d ' éliminer de leurs pro-
ment a été éclatant et le demeure. pos les faits de leur dialectalisme trop particulier .
Il s ' agit en somme de jeter une " passerelle " linguisti -
x que . Il semble que ce soit chose plus facile chez les
x x citadins que chez les ruraux et. les bédouins. Cela
tient au fait que les habitants des villes ont une pro-
Au terme de cet exposé schématique sur la v ar ié - pen sion naturelle à nou er et à entretenir des échanges
té des parlers qui forment l ' ensemble dialectal appelé sociaux et à ouvrir leurs fenêtres sur J. ' extérieur. Ce-
arabe maghrébin , on fera deux observations . la tient aussi au fait que le niveau de culture a rabe
est chez eux plus élevé , et qu'un lettré ou demi - lettré
L ' une a trait à la distance linguistique qui
aràbe possède à un plus haut degré le sentiment de ce
pe u t séparer des parlers de types très différenciés .
qu ' est le patrimoine commun de la langue arabe , tant
Elle peut être très considérable : au point d ' engendrer
dans les sons que dans les formes , que dans les construc-
l ' incompréhension de deux interlocuteurs . Ainsi en se -
tions de phrases, et dans le vocabulaire . C ' est ainsi
rait - il dans le cas d ' un pasteur du Nefzaoua (Sud tuni -
que , de l ' usage de la langue des citadins , d ' un centre
sien) qui voudrait s'entretenir avec un cultivateur des
u r bain à l ' autre , s ' étendant de proche en proche jus -
abords de Djidje l li (Nord- Ouest constantinois) ; dans le
qu ' aux régions plus lointaines, peut naître ce qu ' o n ap -
cas d ' une juive de Tlemcen avec une paysanne du Sud
pelle une koinè , c ' est- à - dire un idiome commun . Aussi
con stantin ois ; dans le cas d ' un tangérois avec un saha-
bien peut- on con stater qu ' un commerçant d ' Alger ou de
rien des steppes algéroises. Cette distance linguisti -
Tlemcen peut aisément , en utilisant un arabe parlé " pas -
que peu t être moindre et ne causer que de la gêne dans
se- partout ", faire des voyag es d ' affaires à Fès ou à Tu -
la compréhension . La diversité du vocabulaire , ou les
nis ; et réciproquement.
divergences sémantiques d ' un seul et même mot employé
ici avec tel sens , là avec tel autre . risquent souvent
x
de décon certer , ou de créer des méprises , ou de faire ri-
x x
re (te l le mot gandüz qui peut vouloir dire "veau" ou
"étudiant" selon les lieux) .
Mettre à la disposition de qui veut s'initier à
L ' autre observation , qui contredit en apparence la langue arabe en usage au Maghreb , ou de qui désire se
la précédente , vise les possibilités de compréhension pe r fectionner dans sa pratique , un instrument de travail
entre arabophones dont les parlers propres sont éloignés. qui définit schématiquement les cadres grammaticaux , et
Des échanges intelligibles , sinon aisés , exigent , de la qui s'efforce de dégager les emplois les plus usuels et
XIV
al s:~~:!~!!!!!:~
...'v" 'v" ~
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Le tableau de correspondance des lettres ara- '" 0 ~
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dans l'ordre traditionnel de l'alphabet arabe. 'v" .... .
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Note - Tout au long de cet ouvrage, les signes et les <Xl ..:l Cl H a. > a. ..:0
Il est, on le voit, trois modes d'articulation On observe au reste que l'emphase, mode d'ar-
que la transcription traduit par des signes complémen- ticulation très originale, propre à l'arabe, comportant
taires placés au-dessus ou au -de ssous du signe principal: un effort musculaire localisé vers les régions postéri-
- le point souseri t, qui marque l'emphase : t, 2.., 2, ~t eures de la cavité buccale (racine de la langue, pha-
l, .I. ; étendu, par approximation, à ..t (un ~ "angoissé"); rynx), caractérise des sons d'une façon constante: t ~
sorte intermédiaires :
- 9Y
QW, - ; - -
~w, ~y. On peut rencontrer aussi des diph-
.2., qui est un u dont le timbre est "assombri" (entre u tongues üa, Ia, mais elles sont infiniment plus rares,
et .2.) ; et particulièrement instabl~s, le premier élément pre-
des interdentales ! et &. Dans nombre de parlers, plaines et des hauts plateaux du Centre et de l'ouest
l'articulation interdentale est perdue, et~, ~ sont algérien, suivant une large bande longitudinale allant
confondus avec t, d (t rejoignant l'articulation affri- de Constantine jusqu'à Oran: un ensemble bédouin plu-
quée de ~en tS~ dans-les parlers où on la constate). tôt septentrional. La prononciation 11 en Algérie,
Les parlers bédouins ont, dans leur ensemble, gardé est celle des parlers bédouins du Sud constantinois,
les interdentales, à quelques exceptions près, comme algérois et oranais, des régions présahariennes et
sahariennes : un ensemble bédouin plutôt méridional et
celui de Touggourt (Sud constantinois), de la région
de Ghardaia (Sud algérois), ceux des bourgs sédentai- oriental. C'est aussi celle des parlers ruraux du
Nord-Est constantinois, de la Kabylie orientale (Dji-
res de Libye (le Châti dans le Fezzan, Tripoli). Les
djelli) et du Nord oranais (Traras).
parlers citadins et ruraux n'ont généralement pas
10 11
de la palatale roulée r : elle est plus ou moins rou- de 9 en 9.., depuis le Sud o ranais jusqu'à la Libye; et
lée suivant les parlers, suivant les milieux (mascu- que certains parlers bédouins des régions présaharien-
lins ou féminins), suivant qU'elle est ou non emphati- nes et des Hauts plateaux d'Algérie n'ignorent pas non
que (voir plus haut). Mais il arrive que l'articula- plus cette mutation.
tion en soit, non roulée, mais grasseyée (en uvulaire). _ de la vélaire q : elle peut ~tre articulée vélaire,
C'est une "maladie articulatoire" du r qui semble ty- mais aussi plus profondément que vélaire, dans une
piquement citadine. Elle est propre aux parlers juifs. zone d'articulation gutturale. Il est des parlers qui
Elle est fréquente dans les parlers musulmans de Fès, ne peuvent absolument pas l'articuler, ni vélaire ni
Tlemcen, Nédroma, Cherchell, Djidjelli, et n'est pas gutturale : des parlers juifs et de vieux parlers mu-
rare à Tunis. sulmans citadins . Les un s lui substituent une attaque
de la postpal,-.tale sourde k : elle connaît des altéra- vocalique proche du haR\za ~ ainsi en est-il au Maroc,
tions dans les parlers montagnards du Nord marocain à Fès notamment, mais aussi à Rabat, Tétouan, Tanger
(région de Taza, de l'Ouargha), du Nord oranais (Tra- en Algérie, à Tlemcen, à Alger-juif. Ailleurs, dans
ras), du Nord constantinois (Djidjelli) : soit une d'autres parlers juifs et à Djidjelli, .s.. est altéré en
des groupes de conson n es formant syllabe ; srag "il a été volé". La totalité des autres parlers
d'autre part, par un nivellement du timbre des voyelles maghrébins ignorent ces formes passives.
brèves qui subsistent : elles tendent à devenir inco- - des parlers du Sud tunisien et de Libye distinguent
lores, ou à n'avoir que la coloration de timbre qu'el- habituellement darbak "il t'a frappé (toi homme)" de
les tiennent des consonnes environnantes. darbëk
"T • • _ "il t'a ;r~ppée (toi femme)" ; kalbak "ton chien
14 15
(à toi homme)" de kalb~~ "ton chien (à toi femme)", Fezzan, l'~ atteint très fortement le ~ final, le
distinction inconcevable ailleurs au Mag hreb. faisant passer à ~ : msa "il est parti" ) ms~ ; nsa
des éléments de vocabulaire sont différenciés par le "femmes l l ) ns~ (excepté quand la consonne qui précède
seul timbre vocalique dans les parlers du Maghreb exerce une influence "postérieure" ou emphatique : bqa
oriental et dans les parlers bédouins. Ainsi qalla "il est demeuré", ,qfa "il a lu").
"il a fait frire", q~11a l'petite quantité, manque".
Ils sont ailleurs confondus en qalla. Dans tels par- cl !2!E~!:~~g:~~:!
lers du Nord constantinois, qella signifie aussi "gar- La situation des diphtongues dans les parlers
goulette'l, qui, ailleurs, sera différencié par sa arabes maghrébins est extrêmement complexe, tant du
voyelle ~ : qulla (gç.llal. pont de vue synchronique que du point de vue diachroni- "
De très nombreux exemples de ces oppositions que. Elle est, en outre, mouvante et instable, et sus-
vocaliques, différenciant des formes et des mots, pour- ceptible de varier de l'un à l'autre, avec une extrême
raient encore être cités. Tous font ressortir que cer- facilité.
tains parlers, qu'on peut réellement appeler "conserva- On distinguera les diphtongues à premier élé-
teurs", ont gardé un sentiment très vif et très fin de ment bref et les diphtongues à premier élément long.
variations de timbre héritées d'un état ancien: senti-
ment qui, en d'autres parlers, apparaît plus flou, es-
@- Pour ce qui est des diphtongues à premier élé-
ment bref, il convient, avant tout, de souligner le fait
tompé, quand il n'a pas complètement disparu.
que, dans tous les parlers, la présence d'une consonne
Reste un trait du vocalisme à souligner "ouvrante" (et €.. semble la plus caractéristique) précé-
l'imala, phénomène de mutation de timbre (appelé aussi dant le groupe diphtonique est de nature à le conserver,
---
apophonie) qui fait "pencher" la voyelle a vers i. Il et à garder la pureté du timbre a au premier élément.
apparalt dans divers parlers maghrébins de façon inégale, Ainsi eawd "cheval" et "morceau de bois",
en position initiale, médiale, finale, toutes les fois .!.ayn "oeil" et "source l l •
que le consonantisme radical n'exerce pas d'influence
Il convient ensuite de traiter séparément des
colorante "postérieure l l ou emphatique : le a, long ou
diphtongues dont l'élément semi-voyelle est redoublé (ou
bref, tend alors vers ~, prenant un timbre proche de ~
géminé) et des diphtongues où cet élément n'est pas re-
français. Mais ce phénomène se manifeste avec plus d'in-
doublé. Soit qww, ~yy d'une part, et QW, ~y d'autre
tensité qU'ailleurs dans les parlers du Maghreb oriental.
part.
Dans les parlers bédouins du centre de la Tuni-
Dans les premières, le complexe diphtonique se
sie, on constate une imala qui est variable mais bien
maintient plus volontiers, et cela dans tous les parlers;
caractérisée, du a intérieur du mot. Dans les parlers
et d'autant mieux que la consonne qui le précède exerce
villageois du Sahel tunisien, et aussi dans ceux du Sud
une influence "ouvrante" ou une influence "postérieure".
tunisien (Gabès, Nefzaoua), de l'Est saharien et du
Ainsi éawwâj "il a tordu", !jQwwab "il a dress~", "il a
16 17
sentant un dialectal irabb~ + u Cu indice du pluriel) fluence "postérieure". Il ne se produit pas lorsque
ou encore comme le marocain bOYdën "blancs" refonte la voyelle ~ cesse d'être en finale absolue : nsah "ses
2 3 "" •
dialectale en R1U'R R In d'un pluriel de noms de "cou- femmes (à lui)".
leurs et difformit's· Crac. byd). - celle qu'on peut relever dans nombre de parlers bé-
--1'-
Ces diphtongues ne sont pas toujours stables, douins dans le cas des voyelles ~, l, qui sont suivies
car i l arrive que le deuxième élément soit, dans une mu- d'un e ou d'un ~ (phonèmes "ouvrants") : jÜf., jO.E.,
tation provoquée (par l'état syllabique), articulé en jüat.. "faim", rbIt:.-, ~, rbIa!. "printemps".
semi-voyelle suivie de voyelle, en sorte que le complexe - celle qu'on peut remarquer, dans des parlers bédouins,
diphtonique se rompe: ë.awêm "il a aidé", dayar "tour- ceux d'Oranie par exemple, lo;sque la voyelle ~ est
nant, disposé en rond", nsawah "ils ont OUblié;', contiguë à une consonne emphatique : t~n, ~~yn "argile ll
i~abb~w(Jh "ils l'éduquent". L'instabilité est parfois (cl. ~) ; ~fam~t, !FâmI~t "chiffoŒ'.
extrême et peut résulter, dans une mutation spontanée , On rangera aussi parmi les diphtongaisons se-
tout simplement de la rapidité du débit, lent ou accé- condaires les diphtongues qui, dans divers parlers, com-
léré . Ainsi peut-on entendre, dans la même bouche, portent un allongement du premier élément en quelque
daY~:r et daYF ; et aussi yÜmayan et yÜmayn "de'Jx jours", sorte intentionnel, dans le but de sauvegarder un trait
fayan et fayn 1I 0Ù 1".
morphologique caractéristique. Telles sont les formes
Les phonèmes "liquides" • .! et !!., sont particu- entendre, suivant les parlers
lièrement sujets à des mutations, spontanées ou pro- pour j-ans "espèce", jans, zans, zans, gans ; pour
voquées, qui se manifestent ici et là au Maghreb (et .zuj "deux", zUj, juj, zuz ; pour sams "soleil",
...
sams, ....
sams,Y ...
sarns, s~ms " j ra "
; pour sa arb
re "t 'sa
j ça,
déjà en arabe classique). Ainsi
badanjal "aubergine" pour badanj'an, fanjal litasse" s~jra.
pour. fan jan, l?fafjan "coings" pour ~fafjalt kabran Il y a lieu aussi de signaler des cas possi-
"caporal", gldffi "moutons" pour gnam. bles, fréquents, d' "haplologie", chute d'un phonème ,.
Non moins remarquables sont les mutations qui lorsqu'il est suivi d'un phonème identique. Ai n si
apparaissent dans des mots qui comportent, dans la qut-lu, pour qult-lu "je lui ai dit" ; ma-tkallam-s,
charpente de leurs phonèmes radicaux, la séquence pour ma-tatkalla m-s "ne parle pas tt ; Eal-bab , pour
chuintante + sifflante (1 + z par exemple). Il est El-al-bab "à la porte" .
des parlers
où la séquence se maintient sans changement :
jazzaf "boucher l l , E...jüza "vieille femme" ; ce sont
les parlers citadins et ruraux d'Algérie et les
parlers des nomades du Tell algéri en ;
- où se produit une métathèse : zajjar , ézuj(a) ;
ainsi en est-il dans l' Oranie bédouine et dans le
Sahara algérien
où la sifflante assimile la chuintante: zazzar,
~züza ; c'est ce qu'on entend dans l'E st constanti-
nois, en Tunisie, et, partiellement, en Libye ;
où la chuintante se différencie et passe à 9
gazzar, ~güzat formes habituelles au Maroc .
b) L'autre tendance consiste en la chute (ou ou de l'indice -In (et ses variantes dialectales -~,
l'évanouissement) de la voyelle brève, lorsqu'elle se -~. -ayn) du duel :
trouve placée en syllabe "ouverte". Qu' appelle-t-on shar + In ) sah~In "deux mois",
syllabe ouverte? Une syllabe constituée par une voyel- sbar + In ) sa brIn "deux empans".
le brève suivie d'une consonne qui est elle-même suivie Résultant de cet évanouissement quasi automati-
ct 'une voyelle cvc + v. A l'inverse, une syllabe "fer- que de la voyelle brève en syllabe ouverte, la mutation
mée" comporte une voyelle brève sui vie ct 1 une consonne de la structure syllabique, en somme uniforme dans le
non suivie d'une voyelle cvc ; ou suivie d'une conson- cas de mots monosyllabiques, se révèle plus complexe
ne suivie d'une consonne cvc + c. Lorsque la syllabe dans le cas de mots dissyllabiques ou plurisyllabiques.
comporte une voyelle longue (suivie ou non d'une conson-
Tel est le cas que posent les formes du verbe
ne), elle est nécessairement fermée cv, cvc.
trilitère sain, à l'inaccompli et à l'impératif, à la
De l'impossibilité pour une voyelle brève de deuxième personne du féminin singulier (là où elle est
se maintenir en syllabe o uverte résulte une instabilité en usage), et aux personnes du pluriel:
du schème syllabique, qui est manifeste lorsque la ta~fab + i "tu (toi femme) fraIPeras"t naqtCll + u
flexion morphologique, ou l'adjonction au radical du mot "n~us tuerons", tae.çaf + u Itvous saurez", yaknü~ + u
d'un élément vocalique suffixé, transforme une syllabe "ils balaieront", asmae.. + i "entends (toi femme)",
fermée en syllabe ouverte. aktab + 1L"écrivez".
C'est ce qui se produit quand la forme verbale Ainsi en est-il également des noms de type an-
l 2 3 l 2 3
.
de schème R R vR reçoit les désinences à initiale voca- cien mvR R vR a
lique du parfait, -at du féminin et ~ du pluriel. Le .
madrasa "école" mahkama "tribunal du cadi"
groupement syllabique passe alors, selon une mutation 1 Z 3
ou des noms de type mvR R vR lorsqu'ils sont pourvus de
qU'on appelle communément "ressaut", du schème RI R2 vR 3 suffixes à initiale vocalique
'
au sc h eme RI vR 2 R3 :
madrab + ak "ta place lt , mad.çab + u "sa place" ;
---'- - 12 - ! -
~.çab + a t ) ga.çbat "elle a frappé", ou des noms de type rnvR R vR lorsqu'ils sont pourvus
~.rab + u ) ~açbu "ils ont frappé". des indices In et at du pluriel externe :
maslem + In "musulmans" t maslam + at "musulmanes"
Le même IIressaut" s'opère également quand une
2 3
forme (verbe, nom, préposition) de schème RI R2 vR 3 est et aussi des noms de type Rl vR R a lorsqu'ils sont pour-
vus de suffixes à initiale vocalique :
pourvue de pronoms suffixes à initiale vocalique :
~.çab + ak ) èa.çbak "il t'a frappé", de ~, rQkbat + ! "mon genou", f9kbat + ak "ton ge-
rjëll + i ) r~jli "ton pied", nou" •
gbal + U ) gablu "avant lui u A ce problème (qui n'est qu'un seul problème)
ou de l'indice -a du féminin ou du singulatif posé par ces mots dissyllabiques ou plurisyllabiques,
bgal + a ) baQla "mule", les dialectes maghrébins trouvent des solutions variées.
1)j ar + a ) haj ra "un~ pierre"
28 29
€9- Il en est qui admettent la chute pure et sim- c o mporte dans les formes verbales, l' é vanouis s e ment de
ple de la voyelle de la syllabe finale (qui se trouve la voyelle du préfixe.
ouverte) selon un schème syllabique vccc- : soit, pour
les exemples ci-dessus,
®- Il en est enfin qui ass urent l a c o n s ervation
de l a voyelle de première syll a be en la fermant par le
ta2Fbi, naqtlu, ta&ffu, yaknsu, asm~, ~ktbu,
redoublement de la c o ns o nne con sécutive, selon un s chème
;ad~t maJ:lkma, ~.çbak, ma!:!J;bu,
cvccvc :
maslmIn, m~slmat, f9kbti, rQkbtak ;
ta~~â.çbi, naqqatlu, taf.t:~+fu, ya kkansu, assa mt:i ,
avec la possibilité, variable suivant les parlers (et
akkatbu,
suivant la rapidité du débit de la parole ) , pour rendre
maddarsal ,
mahhakma, ma ddarba~, ma~~ a Fbu,
, • __- . ":' _ _ _ _ __ • .• • • _ _ _
Cette solution est celle qui domine dans les parler s ma-
rocains et ceux du Nord constantinoi s ( Djidjelli). Elle diverses, dont la répartition ne recouvre pas la répar-
tition précédente.
30 31
@- Certains parlers admettent la chute pure et Voisin immédiat du cas précédent est le cas de
simple de la voyelle de l'indice -at, et la séquence de la forme participiale féminine pourvue de suffixes pro-
trois consonnes : nominaux à initiale vocalique :
_~arbt~ k, _~aFbtu, de mqabla, mqablat + ~k (~) "(elle ) te (lui) faisant
avec la possibilité d'un point-voyelle qui dissocie la face".
séquence d'articulation parfois malaisée: C'est suivant les parlers:
_~a( btak, ~,~tç· btu ; ou _~~~b'tak, ~arb' tu. mqabltak, mqabaltak, mqablatt~k, mqablatak (mgablIt~k
Ainsi en est-il dans les parlers bédouins de l'Est cons- à Tolga, mqabl ·a k à Tanger).
tantinois, du Sud de l'Algérie, du Centre et de l'Est
oranais. Voisin aussi des c as précédents est le procédé
<E9- D'autres, plus rares, préfèrent de fermeture de la syllabe qui suit la voyelle brève,
_~.r abta k, ~:r; abtu , pour en assurer la conservation, qu'on rencontre dans
confondant alors la troisième personne du féminin avec des parlers bédouins de l'Oranie et de l'Algérois. Ainsi
la première personne.
1.. - (
':Irç>bba cl. ,v. v t)
agrlba
V
"cor b eaux,
"
On entend ces formes dans quelques parlers sédentaires émadda (cl. "c3Lmlda t ) "perches de la tente",
de l'Algérois. ou, encore, pour sauvegarder la structure syllabique des
~~ L:~V~yelle
- l'adjonction aux formes verbales terminées par une
de l'indice -at est sauvegardée par consonne, des désinences -~ du féminin singulier
le redoublement de -~ : (deuxième personne), et -u du pluriel; ou des suffixes
~
darbattak, --
darbattu.
~.~~~ pronominaux à initiale vocalique - ok , ~ ;
Ainsi dit-on à Tunis et dans le Nord de la Tunisie, dans - l'adjonction aux formes nominales terminées par une
le Nord constantinois, Constantine, Skikda, Djidjelli. consonne, des indices -~ de l'ethnique, -a du féminin
C'est aussi ce qu'on entend à Alger, à Cherchell, à Del- ou du singulatif, -In (-~nt -~yn, -ayn) du duel, -In,
lys, où ja~batak, jarbatu n'est pas ~oins employé. Le -at du pluriel externe, et des suffixes pronominaux à
Maroc n'ignore pas non plus _~aFoott8k, ~a.Ç'battu. initiale vocalique -!' -ak, -~ ;
- l'adjonction aux formes nomin ales pourvues de la
32 33
finale -~ (-At en rapport d'annexion), des suffixes 3 . Les parlers sahariens , notamment ceux du Sud algérois ,
pronominaux à initiale vocalique -1, -ak, -u. du Sud constantinois, du Sud tunisien, et les parlers
libyens présentent la remarquable particularité de
Ces cas, chaque parler les traite à sa manière.
conserver en syllabe ouverte une trace de la voyelle
L'examen complet en exigerait une étude détaillée et
ancienne qui se trouve entre RI et R~ lorsque cette
étendue. On s'en tiendra ici aux indications générales
voyelle est de timbre a. Les plus "conservateurs"
données ci-dessus.
d'entre eux la gardent mi-longue , avec le timbre a
dans un voisinage consonantique de phonèmes "ou-
Annexe 2
vrants" .. Ainsi en Libye , l?rsque R , suivie d'un~,
Il est plusieurs remarques à formuler sur cer-
tains caractères syllabiques de parlers bédouins.
est 1'), .2.,
~, .2.,
E., ~ , !!.
ta+ab "il a demandé", sananIr "hameçonslI, baramIl
'
1. Nombre de parlers b é douins, gardant le scheme Rl vR 2 R3 "tonneaux" ;
1 2
pour des mots qui, ailleurs, passent souvent à R R v ils la gardent avec un timbre al téré (~ , ~, ~, Q)
3 2
R , conservent ou font naître volontiers entre R et quand le voisinage consonantique est autre :
3
R une voyelle secondaire: le fait se produit notam- rabat (.r<?bat;) "il a attaché" , dabalaj "bracelets",
3
ment quand R possède un caractère " ouvrant" , favora - b9tat~n "couvertures".
ble à la naissance ou au maintien d 'une voyelle qui
Particulier au parler de Bou - Saada (Sud algé-
la précède . Ainsi enteryd-on chez les nomades de
rois) est "le maintien , dans certaines condi tions , du
l'Oranais, de l'Algérois, du Constantinois, chez les
souvenir de la voyelle ancienne a , avec le timbre ~,
ruraux et les bédouins de Tunisie, et en Libye
en syllabe ouverte :
D9~9';- "verts"", fajar "aube", ma-çal "exemple" , ~
t;:il.ib "il a demandé", llban "petit lait", tilata
"corde", gabal "avant" , I:tükum " ordre , jugement",
"trois" , sikakIn "couteaux l l ..
kag0:3b "mensonge", malary "sel", gamaJ:l "blé", jabà};l
"ruche", ujâh "visage". Ailleurs, parmi les parlers bédouins des régions
Un accent d'intensité frappe la voyelle de première considérées , c'est le souvenir de cette même voyelle
~, dans la même position, sous la forme d 'une voyelle
syllabe, en favorisant sans doute le maintien (en
brève ou ultra-brève de timbre indéterminé:
syllabe devenue ouverte).
bada "il a commencé", samae. "il a entendu", fêlJras~n
2. Dans les mêmes parlers, la même structure syllabique,
"pieds (de chameau) " ..
avec même accentuation t est de règle, dans le~ mots
On peut donc constater les étapes parcourues,
dont la troisième radicale est u ou i :
des parlers les plus "conservateurs" aux parlers les
dalu "seau", ryalu "doux", jaro "chiot", g..,lu "cher-
plus "évolués", dans le processus de la disparition
té", jadi "chevreau", jari "course", ma~i "marche",
de la voyelle brève en syllabe ouverte au Maghreb :
~9mi "aveugles" (ailleurs dlu, ry.lu, j.P?, glu, jdi,
le processus est parachevé dans les parlers sédentai-
lri, mSi, é:mi).
res.
34 35
On décrira successivement
- les indices des personnes de la conjugaison,
- la conjugaison des différents types de verbes , au thè-
me fondamental puis aux thèmes dérivés.
36 37
b) A la deuxième personne du singulier, la distinction a) La première personne du singulier, commune aux deux
du genre n'est marquée que dans le s parlers conser- genres, est exprimée par le préfixe .'2.- (principale
vateurs (de type bédouin par exemple) où elle est ca ractéristi que des parlers maghrébins , qui les
représentée par la désinence -ti : distingue, dans leur ensemble, tant de l'arabe
qtalt ntu (toi homme) as tué", qtalti "tu (toi classique que des parlers orientaux) . Ce préfixe
femme) as tué" . tire vraisemblablement son origine, par analogie,
du préfixe n- de la première personne du pluriel,
c} Dans un certain nombre de parlers citadins (et au
également commune aux deux genres.
Maroc assez généralement), cette désinence -ti
caractérise la deuxième personne, apportant ainsi b) La deuxième personne du singulier est commune aux
une distinction entre la première et la deuxième deux genres, excepté dans les parlers conservateurs
personne du singulier, ailleurs confondues: où elle est marquée par la désinence -~ _
qtalt "j'ai tué", qtêll ti "tu (toi, homme ou t-a q tal "tu (homme) tuej', taqtli "tu (toi femme)
femme) as tué lf • tued' •
Souvent aussi au Maroc, de cette deuxième personne c) A la troisième personne du masculin singulier et à
du si ngulier à désinence -ti, a été tirée une la troisième personne du pluriel . le oréfixe est
deuxième personne du pluriel, commune aux deux gen- articulé en semi-voyelle <:tJ lorsqu'il précède une
res, qtal tIw. voyelle, et en voyelle (i) lorsqu ' il précède une
p
38 39
b) A l'inaccompli et à l'impératif, le même problème riel, est na-, ta-, ya-Iorsqu'il précède le radical
de type qtdl, soit devant consonne + consonne (la syl-
d'ordre s yllabi que est posé par l'adjonction au radi-
c al du verbe, du suffixe -u du pluriel Ma's' ' l " labe est fermée : maintien de la voyelle brève du pré-
- ..... J a 1n-
verse de ce qui a été dit au paragraphe a) précédent fixe) ; il est n-, t-, i- lorsqu'il précède le radical
ce problème n'est pas résolu uniformément au Maghreb' de type qatl, soit devant consonne + voyelle (la syl-
On peut distinguer, selon les parlers, troi s sOlutiO~s labe est ouverte : chute de la voyelle brève du préfi-
essentielles : xe) •
•
42 43
!~E~E~~!!
5g . sadd
Pl. s addu
44
l'Algérie.
Verbe de racine "assimilée"
- nujad, tuj9d, yujad, tujad (la première radicale
ujad "trouver"
étant articulée en voyelle, mi-longue, et directe-
ment précédée des préfixes ~-t t-, ~-t t-). C 'est
~~~~!!'2g !!;~SS~~E!!
ce que l'on entend dans la plus grande partie de
Sg. 1 uj ad t nujad l'Algérie et de la Tunisie.
2 ujadt tujad
c) A l'inaccompli, aux personnes du pluriel, la situation
3
m. uj<ld ~
f. w3jdat tujad varie suivant les dialectes. L'adjonction au radical
de la finale -u
Pl. 1 uj~ dna nujdu
2 uja dtu tujdu - détermine parfois le passage du radical ujad à wajd.
3 wajdu yujdu Soit nwajdu, twajdu, iwajdu
C'est la solution qui prévaut au Maroc.
2 qult baEt tqül tbêt; pli : il comporte donc une voyelle radicale longue,
~
3
m. kla hda yakül yahud des verbes (très inégalement employés)
Pl. 1
f. 1Clat
klIna
- --
-
hdat
hdIna
fiKul
naklu
~
nahdu
amar-yam;}r "ordonner", aman -yaman Hcroire, faire
-- " - - - -,
confiance", agan-ya~an "permettre"}
---
"-=--- ~
2 klItu VQItu taUu tapgu où la radicale initiale a (hamza primitif) est cons -
3 klaw hdaw yaklu yahdu tante à l'accompli et à l'inaccompli, la conjugaison
--=--- '---"=-
en étant, somme toute, semblable à celle du verbe
l's ain" :
5g . kùl hùd soit amant, aman, amnat, am;}nna, amnu, naman, ~y,
"--"
Pl. kùlu hüdu etc.
~
calquée sur celle des verbes de racine "concave" : 2 jIt f~t tji tra
-'-
soit k:alt, ~, kal, kalat, kalna, k-altu, kalu, m. ja ra iji ira
3
~agtt hagti, bag, t'agat, bagna, bâgtu, ~. f. rat ~
fa-t tji tra
h) A l'inaccompli, la première radicale (hamza primitif) Pl. 1 jIna f~na njIw nraw
-'-
est conservée partout au Maghreb sous la forme d'un ~, 2 jItu F~tu tjIw traw
-'--
_ __
soit nakùI, ___ etc.
naklu ", _nahüd , na-hdu e t c.
~
3 jaw raw ijIw ifaw
- -
Aux personnes du singulier la voyelle du radical est
conservée (elle est de timbre~, ou plus souvent.'Q.) .
Aux personnes du pluriel , elle tombe se trouvant en 5g. ra
~
syllabe ouverte. Pl.
Certains parlers bédouins (centre de la Tunisie)
52 53
"vois", mais aussi "montre, donne" 1 au pluriel ~. _ tafjarn lorsqu'il est nu (troisième personne du mas-
d) A l'accompli, à l'inaccompli et à l'impératif, on no- culin singulier) o u pourvu des désinences -!' -~,
-na, -tu (deux premières personnes du singulier et
tera que les parlers bédouins de divers types présen-
tent, pour ces deux verbes, des variantes dialectales, du pluriel).
notamment de genre et de nombre, semblables à celles taçjm lorsqu'il est pourvu des désinences -at (troi-
qui ont été signalées à propos des verbes de racine sième personne du féminin singulier) et -u (troisiè-
"défectueuse". me personne du pluriel).
- soit une valeur factitive (faire faire une action, ou Verbe de racine "assimilée"
mettre dans un état) ;
II waqq.af "arrêter"
- soit une valeur dénominative (exprimer une notion ver- V tw~ss3b "se salir"
bale tirée d'un nom) ; wdqq~ft, w~qqaf, waqqfu, nwaqqaf, iwaqqfu, ~, wdqgfu;
twass_~t, twassah, twasshu, ndtwassab, ywtwasspu, twassa~
- soit une valeur déclarative (dire une formule) ;
twasshu.
- soit, enfin, quelquefois, une idée de mouvement.
Verbe de racine "concave"
Le thème V constitue le réfléchi-passif du ------------------------
thème I I . - à semi-voyelle médiale w
II zQwwaq "décorer"
Le radical du verbe dans ces deux thèmes pré- V tjçwwal "se promener"
sentant la même physionomie, on en traitera conjointement z9wwaqt, z9wwaq, .z9wwqu, nZ9ww-aq, izC;Swwqu, z9ww-aq, z9wwqU:
la conjugaison_
tjowwalt, tjowwal, tjowwlu, natJowwal, yatjowwlu, tjowwal.
Verbe de racine "saine" tjowwlu.
----------------------
I I E-alla m "enseigner" - à semi-voyelle X
V t~àlla m "être enseigné, apprendre" I I z~yyan "embellir"
La radicale médiale redoublée est toujours ar- Dald~t, Da1at, bal~~, nhald~, i~al~ç, bald~t bal~9~
ticulée en co nonne,
s ~ ou x..... Mais aux personne ,,, où le t!}alCltt, t~alatt thal~9t na tljal-at, yatlJal~,?, tDala~,
radical est pourvu des suffixes -at et -u, le radical thalto.
Ce thème constitue le réfléchi-passif de ver- tue lui aussi le réfléchi-passif de verbes du thème fon-
bes du thème fondamental. I~ est inégalement en usage damental, avec peut-itre cette nuance que l'action est
au Maghreb: il est rare en Tunisie. Pour les verbes de réalisée "pour soi-mime" . La conjugaison des verbes de
racine "saine" et "assimilée", il comporte, au long de la racine "saine" présente l a mime alternance syllabique que
conjugaison , la même alternance syllabique que ceux du celle du thème fondamental.
thème fondamental. On entend irrégulièrement une voyelle d'attaque
La formative ~ ne s'entend pas nécessairement initiale à l'accompli. L'impératif est pratiquement inu-
précédée d'une voyelle d'attaque à l'accompli. L'impéra- sité.
tif est pratiquement inusité . Verbe de racine "saine"
----------------------
Y~E.e~_~~_E~~!~~_:~~!:~~" (~)jtm'~"se réunir"
etc., exactement dans les mêmes conditions, et avec la Enfin, au Maroc, dans certains parlers citadins
même répartition suivant les parlers, que la conjugaison (Rabat-Fès), en Oranie et, sporadiquement, jusqu'à Alger,
du verbe du thème IX (cf. ci-dessous). à ces mêmes personnes de l'accompli, la voyelle formative
-a- demeure, mais les désinences sont suffixées au radi-
Verbe de racine "défectueuse"
---------------------------- cal par l'intermédiaire d'une voyelle prédésinentielle
C:2)~tha "avoir envie" -I- comme dans la conjugaison des verbes "sourds" du thè-
sthIt, ~tha, ~thaw, n3sthi, y.~thrw. me fondamental
Ce thème (qu'il faut rapprocher des thèmes IX vers le Maghreb, particulièrement dans les parlers de
et XI du classique) forme des verbes exprimant une notion l'Est, et dans les parlers bédouins. Le préfixe Jst- y
revêt volontiers la forme assimilée ~-, la voyelle
de couleur, type hmar "devenir rouge", éten.du à des ra-
-'- - '
cines dénotant une qualité, type d'attaque tombant souvent ss-. L'impératif est en usa-
- -_.-
qbah "devenir méchant".
La voyelle initiale d'attaque, à l'accompli, n'est pas ge.
toujours entendue. L'impératif est irrégulièrement en
usage.
(d)st<3~baf "s'informer"
sta!}baft, st4lJbaf, stQëJbro, në)st~t!bar, y "a sthabro,
Cette conjugaison, qui suit celle des verbes "concaves" st~bbaF, stgdbf9'
tadine et rurale et Jusqu'au Maroc (Tanger, Marrakech, Mais souvent la conjugaison ne comporte aucune
Salé, Jebala). alternance syllabique du radical: st?wtnu, y~t9W~nu.
66 67
y::E!?!:_~::_E~~!~!:_::~~~!~!!~!:"
stjabt, stjab, stjabu, nastjab, y~stjâbu, stjab,
tuldd lIêtre enfanté"
stjâ~J
tuladt, tul~d, tW"dldu, ntul';ld, Ydtwaldu, tulad, twa-ldu.
où l'alternance vocalique longue / brève à l'accompli est
générale à travers t o ut le Maghreb. y~::!?::_~!:_E~~:!:~!:_:!:~~~2~~"
tbat.. "se vendre, être vendu"
~~E!?!:_:!~_E~~!!!~_~~~~~::~~~~~~"
tbdct, tbaE, tba€u, natbae, y~tbaEu, tba~, tb~u.
(~)stanna "attendre"
stdnnrt, stanna, st~nnâw, ndstanna, yast~nnaw, stann~ .Y!:E!?!:_:!::_::~~!~!:_::~~!!:!::!:~!:~~!:II
stônnaw. tabna lise construire, être construit l l
La voyelle radicale finale est toujours ~ . (à tabnIt, tabna, tabnaw, natbna, yatbnaw, tabna, tabnaw
l'exception du verbe astha "avoir honte" où elle est i avec,uniformément et partout, voyelle radicale finale -a.
yastJ;li).
Procédant d) un amalgame des thème s à préfixe . ~
Thème dialectal à t- initial et à préfixe ~-,il se tr o uve des thèmes à préfixe nt- et
(~) tn- ; soit ntO:ljrah, tnajrah "être blessé"
Né,sans doute, sous l'influence analogique des ntajFaQt, ntqjfap, n~jarhu, nantajrah, y~ntjarhu;
réfléchis-passifs à t- initial des thèmes V et VI, procé- tdnjfa~t, tanjfa~, t~nja7hu, n3tn~jraQ, Y4tnjarhu.
dant respectivement des thèmes II et V, ce thème procède
Ce s o nt des réfléchis-passi f s de verbes au thè-
de verbes du thème fondamental généralement en usage. Il
me fondamental. Ils sont en usage dans le nord constan-
en constitue le réfléchi-passif. Il est très employé en
tinois (Djidjelli) et dans le Nord oranais (Tlemcen,
Tunisie et au Maroc, et dans les parlers bédouins en gé-
Traras) •
néral. Suivant les parlers, le t- initial est simple ou
redoublé; dans ce dernier cas avec une voyelle d'attaque
fragile: att-, tt-.
y~E!?~_~!::_E~~!~~_::~~!~~"
b) L'inaccompli (ou imparfait) exprime le procès l'action qui dure dans le moment où une autre se réa-
en cours de réalisation, état ou action. Il dénote la lisait, o u se réali s e : l'inaccompli est alors précédé
durée plus que la localisation dans le temps. Le con- de la conjonction u-, qui introduit un rapport circons-
texte seul peut , en général, en situer le moment. On tanciel (c'e st le waw l-ryal du cl.) : nkar w-iqül,
peut distinguer yankar w-iqul "il nia, il nie en disant".
l'action contemporaine du propos: n aq ra "je lis,
j'étudie" ;
- l'action permanente : ad-~rari dIma y~~bkIw "les en-
fants pleurent toujours" ; Il s'agit, bien entendu, du verbe "être" em-
l'action qui va s'accomplir (valeur temporelle du fu- p loyé comme auxiliaire.
tur) : a§ ta.€.mal "que feras-tu, que vas-tu faire 1"
al kan précède un verbe à l'accompli : le complexe ex-
- l'action éventuelle, expression ambiguë du futur ou du
prime un temps du passé (passé simple, passé composé,
conditionnel : :asmaf. mlI? as
iqul-lak "écoute bien ce
plus-que-parfait, etc. l : kan msa "il était parti ",
qu'il pourra (ou pourrait) te dire" ;
baEd-ma kanat wazn êl t-li s-smId "après qu'elle m'eût
- l'action souhaitée, optative: yad!:al "qu'il entre 1",
pesé l a semoule" ;
rabbi inüb "que Dieu y pourvoie !" ;
l'action introduite par des tournures de défense, de h) kan précède un verbe à l'inaccompli: c'est l'expres-
mise en garde, de crainte : otanddk la-t~~tt "prends sion pe l'action qui dure dans le passé (imparfait du
garde de tomber" ; français) : kunt nÇ'anni "je chantais" ;
- l'action en cours d'accomplissement, quand l'inaccom- c) ikün précède un verbe à l'accompli: notation habitu-
pli est consécutif. un accompli : lqitha tabki "je elle du futur antérieur: yümkun ikun hraj "peut-être
l'ai trouvée elle pleure (= en train de pleurer)" ; sera-t-il sorti" ; et aussi d ' une valeur modalf'!
~kun 6malt kIfi "tu aurais fait comme moi".
72 73
L ' emploi de ce qu ' on appelle "préverbes " n'e s t connaissais pas ".
pas uniforme dans tous les parlers . Certains parlers en c) taw . C ' est en fait u rr adverbe de temps , qui
utilisent couramment , d ' autres les ignorent totalement . présent;-;ussi sous la forme ~ "maintenant ", usu -
se
Il est plusieurs préverbes . en Tunisie et en Libye . Dans ces parlers , il se pla-
el
v o l o n tiers , jouant le rôle de préverbe , devant un
al ka - /ku-. Visiblement tiré du verbe kan- ikün à ce
actualiser l ' action , ou en
l'accompli: l a forme ka - est celle des troisièmes per- verbe à l'inaccompl i , pou r
: taw nji " je viens , je viens ,
sonnes , l a forme ku - est celle des premières et deuxièmes n ote r le f utu r tou t proche
personnes. Le préverbe précède un verbe à l ' inaccompli , tout de suite " .
1 i t communé-
faisant corps avec lui t et exprime l ' idée bi / b . Les parler s de Libye emp 0 en
dl
de l ' action qui se déroule effectivement au moment où ~rbe soit sous c ette forme , soit sous la
ment ce p r eve ,
l ' on parle : ku - tajri "tu es en train de courir" , ka - -bbo d van t un verbe à l' i n a c compl i pour marquer
fo r me 1. , e , .
tabki "elle pleure " ; - -- 1 sibilité (parfois la volonte , l a f~
l ' immi n ence , a pas
- de l ' action qui d u re ou qui se répète d'une façon in - l bÜk " i l est v enu parler à ton pè-
na l itél : ja b-ya d wi -
eux , ou je dési r e) m'en
dubitable ku -nb~f.. u -nasri IIje vends et j'achètell , r e" bbi-nam§: i "j e v a i s ( ou je P
huwwa IIi ka - ib~t. "c ' est lui qui fait les ventes ll • a l l:r ll • Il appartie n t e n même temps à l a flexio n v e r -
L E NOM
La li s te de ces incho a tif s n'épuise sans doute
pas la matière. L'énumération qu'on en a faite s e con-
tente d'indiquer les u s ages qui pr é dominent. Cha que
parler peut comporter d'autres incho a tifs, qui lui s ont L'étude du nom c o mprendra l'examen des substan-
particuliers. Il est à noter que nombre d'inchoatifs tifs et des adjectifs.
peuvent être suivis d'un verbe conjugué; mais aussi On traitera d'abord des Noms verbaux. Ils ap-
d'un participe présent, con s truction qui semble particu- partiennent à la catégorie no~inale, mais ils sont spé-
lièrement en honneur dans le Maghreb occidental : zad cifiques en ce qU'ils procèdent le plus souvent de for-
jay küll-yÜm "il continua à venir chaque jour", t;ad mes verbales en usage, dans le schème qui est le leur,
qasad l-3l-jamat "il continua à se diriger (= il se di- au thème fondamental et aux thèmes dérivés.
ge~ alors) vers la mosquée ll , tdmm (tammat) m.rabbyatu
Puis on passera en revue les Thèmes n o minaux du
"elle acheva de l'éduquer (= fin a lement, elle l'éduqua )lt.
singulier, en soulignant chemin faisant la tendance dia-
lectale qui porte à créer ou à adopter des formes typi-
x
ques correspondant à des catégories sémantiques.
x x
Ensuite on verra ce qU'il en est de la flexion
On observera, en guise de conclusio n, que la du nom dans l'expression du Nombre et celle du Degré.
multiplication des préverbes et inchoatifs dans les par- Au singulier s'opposent deux nombres, le duel (dont on
lers maghrébins suit une voie qui avait été ouverte par constatera la régression notable) et le pluriel. Le de-
l'arabe ancien. Elle ré pond aux besoins de pallier l a gré du nom, c'est l a représentation qui en est donnée en
carence de l'expression temporelle du verbe a rabe no- partant de ce qu'on peut appeler sa "dimension norma le"
tamment dans l'usage de l'inaccompli, elle r é pond aux l'élatif et l'intensif d'une part, le diminutif d'autre
besoins de dissiper l'ambiguïté qui règne entre la v a - part.
leur du présent (momentané ou dur a tif), l a valeur du fu- Sur le Genre du n o m o n ne donnera que des indi-
tur et la valeur modale, valeurs diverses que le fran- cations s o mmaires, faisant ressortir la tendance des par-
çais distingue par l'emploi circonstancié du présent de lers maghrébins à opposer le féminin au masculin par un
l'indicatif, du subjonctif et du conditionnel. indice caractéri s tique : la finale -a.
1- 2 3
Le participe actif est R aR vR au masculin Le participe actif et le participe passif sont
, 1- 2 3~ )
au fernin!n, R aR R ~n au pluriel : confondus dans la forme, dans tous les parlers maghrébins
(à l ' exception de certaines distinctions qui peuvent
"devenir complet" kamal kamla kamI In
"saisir" sadd sadda ~addIn
exister dans les parlers du Sud tunisien et de Libye).
Le sens passif prévaut généralement dans l'usage. Le
ib.s IIdevenir sec" yab~s yabsa yabsIn
contexte permet seul de déceler le sens actif, quand
haf
~
sra
"avoir peur"
"acheter"
hayaf (hayf)
~
sari
---- hayfa
~
~arya
-
hayfIn
saryln c'est lui qui est envisagé.
k1a "manger" wakal wakla waklIn Le participe est constitué par le radical du
hda
~
"prendre" wahad
~
wahda
wa!}ç!In
~
verbe au thème dérivé précédé du préfixe m-. Ce préfixe
à côté de ces deux derniers, on entend aussi mak~l est suivi ou non d'une voyelle brève, suivant que la po-
et mahad.
~
sition est celle de la syllabe fermée ou de la syllabe
"venir" m laya layIn OUverte.
et aussi mâj i.
Le perticipe (actif et passif confondus) du
verbe quadrilitère au thème fondamental, comme au thème
Le participe passif est mvR R uR
1 2 - 3 au masculin
dérivé , est f '
orme, -
de la meme manière que celui du verbe
82
a) Thème fondamental
d'une part, de noms exprimant la manière de faire, Il est particulièrement fréquent, pour toutes
d'où l'exercice d'un métier: les catégories de verbes, dans les parlers de Tunisie,
de ktab, ktaba "fait d'écrire (écriture)", de et dans les parlers de Libye.
flaQ., flarya "fait de cultiver (agriculture)".
La construction du complément direct d'exté-
- d'autre part, de noms expri mant un état, une qua- riorisation de la notion verbale (maféül mutlaq du clas-
lité (avec correspondance fréquente avec les ad- sique, type "vivre sa vie" du français) l'emploie avec
jectifs c1e2l-e 3 , et avec les verbes du th è me IX prédilection, partout f~ ~ l f ; §lan "être pris d'une fai-
2 3
c 1 c âc ) : blesse".
qbaJ:la "fait d'être méchant", mlâtta "fait d'êtrt!
Sans doute issu du masdar en -an, un masdar en
bon", ~fafa "fait d'être poli".
-aniyya se rencontre sporadiquement au Maghreb
- c 1 c 2 -ue 3 a, qui forme des noms expr i Mant une couleur et de fa!}-ifûb, fûhanÏyya "fait de se vanter, de s'enfler".
aussi un état, une qualité (ressemblant à ceux du para- Le suffixe -aniyya peut aussi parfois contribuer à former
graphe précédent, et parfois avec les mêmes correspondan- des masdar-s de thèmes dérivés.
ces) :
l)m9~a "fait d'être rouge", Q.f9sa "fait d'être rude", - Schèmes à préfixe
brüda "fait d'être froid".
I l s'agit du préfixe m-
(masdar "mImI" du cl.).
1 2
- c c rc 3 a, qui forme des noms exprimant le résultat - ---- ,
Il ne constitue pas un type fréquent de masdar. On peut
d'une action (souvent violente), mais aussi des singula- en considérer les exemples en usage comme des éléments
2 3
tifs du schème c l c rc : de vocabulaire, généralement hérités du classique: ainsi
qtIla "fait d'assassiner", t::;-~qa "fait d'incendier", de l';l a bb, ml'). a bba "fait d'aimer", de lam-ilûm, mlam "fait
gbIl)a "un égorgement". de blâmer".
"souvenir".
soigner l l •
Pour les verbes de racine défectueuse, il y a
1 2 1 2..,
hésitation suivant les parlers entre te vc ya, tvc c lyy~ - Thème V
1 2
tvc c ya (la nature phonétique des deux premières radica- 1 2 2~ 3
Assez peu d'exemples du masdar tc vc c uc ,
les pouvant, dans un même parler, entrer en ligne de
hérité du classique (avec conservation du timbre de la
1 2 2
compte pour l'option entre tc vc ya et tvc 1 c 1yya>, soit, 1 2 2- 3
voyelle ~, souvent allongée tc vc c uc ) , et ressenti
de .çabba lIéduquer" , t.çôbya, qui prévaut dans les parlers
comme terme littéraire :
marocains et de l'ouest algérien, tafblyya, qui est le
de tkabbar, tkabbur, tk Cl bbür "fait de s'enorgueillir".
plus fréquent dans les parlers sédentaires et citadins
Tous les parlers maghrébins préféreront recou-
du Centre et de l'Est algérien, tarbya (t?+bya), qui do-
l 2 3
mine dans les parlers bédouins d'Algérie, dans les par- rir au masdar du thème II, tvc c Ic étendu à l'usage du
2 3 ensemble".
Deux formes sont en concurrence : c l c ac et
1- 2 3 Mais le masdar du thème III sert aussi de masdar au thè-
mc ac c a. La deuxième est plus commune que la première
me VI.
parce qu'on la sent plus caractéristique du thème (voyel-
le a après RI)
- Thème VII , VIII , IX
de far a q , fraq "fait de se séparer de", de fas "a l , f~al
--'-- Les masdar-s sont hérités du classique, et ra-
"fait de trancher un litige", de balat, mbal-ç.a "fait de
rement employés, sinon par des lettrés ou demi-lettrés;
fréquenter", de ba~'ëJm, m!}a~ma "fait d'être en contesta-
tion". peut-être sont-ils plus courants en Tunisie et en Libye
de anqlab, ;;lnql2lb "fait d'être bouleversé", de "oltmat. ,
Sporadiquement en Algérie, on entendra aussi un
~jtmaE:. "fait de se réunir", de sfar , sfrar "fait de
masdar tc 1-
ac 2r c3, analogique du masdar tvc 1 c 2 lc 3 du thème
"~ ...1-....!.-.<-
- Thème X
, l 2- 3
Il Y a hesitation entre astvc c ae , du classi-
que, et astvc l c2re3t analogique du rnasdar du theme
. II, le
premier étant seul en usage en Tunisie et en Libye
de stqall astaqlal "fait de devenir indépendant" B. THEMES NOMI NAUX DU SINGULIER
de stdl)ba~ asta tJblr "fait de s' informer ; et de préluder
(musique)"
En dressant le catalogue des thèmes nominaux
avec, au Maroc, une métathèse possible du préfixe st )
du singulier , on ne prétend pas , examiner dans le détail
ts
toutes les formes des noms en usage dans les parlers
de stagt;a" stag~~t:, tS;}g~~t.. "fait de faire un saut de
maghrébins. Cela entraînerait naturellement à pousser
cabri" •
fort loin, presque à l'infini, l'étude des éléments du
vocabulaire nominal. Ce serait une entreprise témérai-
- Verbes guadrilitères
re, et même, peut-on penser, actuellement irréalisable.
Qu'il corresponde au thème fondamental ou au
On se bornera à énumérer les types caractéris-
thème dérivé, le masdar, quand il est employé, revêt ha-
123 tiques, des séries nominales, en écartant l'examen des
bituellement la forme te vc c le 3 , analogique du masdar
cas particuliers qui sont très nombreux dans chaque par-
du thème II trilitère:
1er; à plus forte rais o n dans l'ensemble dialectal de
de n~ll~nal:l tnai';tnI~ "fai t de hennir", de tmêlshar tmasblr
l'Afrique du Nord.
"fait de se moquer",
l 2 3- 3 On traitera successivement des thèmes à voca-
et éventuellement au Maroc te vc c ue
de bal)bal;l tbal;lbIl) et thahbüh "fait d'être enroué" . lisme bref , des thèmes à vocalisme long, des thèmes com-
portant redoublement de la radicale médiale, des thèmes
à préfixe, des thèmes à suffixe, en distinguant, chemin
faisant, les trilitères et les quadrilitères. En annexe
figureront quelques spécimens de noms considérés comme
inclassable s .
pos de la Syllabe , dans le chapitre consacré à la Phonéti- il n'en est pas systématiquement de même pour les noms
l 2
dont le prototype ancien est monosyllabique, type R vR
que . On a dit que le renouvellement de la st~ucture syl -
R 3 , et pour les noms dont le prototype ancien est dis-
labique des mots, dans les dialectes maghrébins , était dû,
l 2 3
syllabique, type R vR vR pour les uns, le groupement
pour une très large part , à la ruine du vocalisme bref.
l 2 3
syllabique du mot est tenté de demeurer R vR R ; pour
Pour les noms à vocalisme bref et à radical nu
I 2 3
(c'est-à-dire sans finale - a , ni suffixe) on soulignera les autres, il devient volontiers R R vR •
à nouveau le jeu de deux tendances : 3) Ensuite encore, parce que, dans les parlers
- l'une qui consiste à ramener à un type monosyllabique les plus novateurs, ceux où apparaît plus estompé le
l ' héritage des noms anciens dissyllabiques (comme sentiment de ce qu'était l'état syllabique du mot de
f~éal, faéul, fae:.11, fUE:al, fil::à'l) l'héritage ancien, les consonnes radicales ont pu exer-
l'autre qui consiste à conférer un groupement syllabi - cer une action phonétique qui détermine la répartition
l 2 3 2
type R R vR (donc avec voyelle brève entre R syllabique (c'est-à-dire la place qu'élit une voyelle
à l'héritage des noms anciens monosyllabiques brève dans une séquence de consonnes) : soit en mainte-
(comme fa~}, füel , fi~l), et à l'héritage des noms an - nant la voyelle à la place où elle était, soit en provo-
ciens se réduisant au monosyllabisme. quant son déplacement. C'est ainsi que les liquides !'
Ce ne sont là que" des tendances . Elles sont do - ~, ~, et, à un moindre degré, les labiales m, b, f, ont
minantes en nombre de régions. Elles le sont moips en tendance à maintenir la voyelle avant elles, ou à l'at-
"
d'autres. La réalité est très complexe. tirer à cette place. Des exemples de cette action pho-
1) D'abord, parce qu ' i l s 'en faut de beaucoup que, nétique peuvent être pris dans le cas de :
dans tous les parlers maghrébins , joue d 'une façon abso - anc. j'amal "chameau" dial . jmal ; anc. fajr "aube"
3
lue la règle de la chute de la voyelle brève en syllabe dial. fjar, où la liquide est en R ;
ouverte (c'est-à-dire dans la position v + consonne + anc. hanas "serpent" dial. hans ; anc. qlrd "singe"
voyelle). Ainsi , on l'a déjà dit, dans les parlers bé- dial.·qard, où la liquide e~t en R2
douins de Libye et du Sud tunisien (Nefzaoua), on consta- On constate que, selon les parlers, suivant que l'influ-
te que , de la voyelle brève ancienne de timbre~, il sub- enCe phonétique des consonnes radicales prédomine ou
siste toujours quelque chose: soit une voyelle ~ dans s'avère moindre, il y a des cas d'héSitation, comme par
tels environnements consonantiques; soit une voyelle ~ exemple dans
3
ou i ou a dans tels autres environnements. Ainsi aussi, anc. bat)r "mer" dial. ~ ou ~ (liquide en R ), ou
dans les parlers bédouins des régions sahariennes du Sud encore anc. faras "jument" dial. faFs ou ~ (liquide
2
algérois (Bou-Saada, Chaamba, Laghouat) , où la voyelle en R ) .
brève ancienne de timbre a, dans de nombreuses séries
4) Enfin, parce que des série s morphologiques
morphologiques, est conservée sous la forme d 'une
peuvent posséder une action normative oui impose aux
95
1 2 3 2 3 l 2 3
noms la répartition R VR R , ou la répartition R1 R vR , 4) Type R vR R a
nonobstant le souvenir de l'état syllabique ancien, ren- C'est le féminin des types précédents, qu'il corres-
forçant ou neutrali sant l'action phonétique des conson- ponde ou non à des masculins en usage
kalma "mot, parole " z~bda "beurre frais", sabka
nes radicales.
2 3
C ' est ainsi que le type syllabique R1v
--- , -'--
R R s'impose volontiers aux noms d'action, comme dans "filet".
anc .. huzn "fait d'être triste", dial. ~ ; Procédant d'une forme masculine, il désigne soit le
-- - 2 3 " -
et que le type syllabique R1R vR prévaut généralement féminin sexué, soit le singulatif nom d'une fois,
dans la série des collectifs, comme dans soit le singulatif nom d'unité
anc. nabl "palmiers", diai. nhal. t-çfla "fillette n , fJ.a;-ba "êoup", l')aj-ra "pierre".
- "-
Il forme aussi, d'une façon constante, le féminin
l 2 3 des noms dits de "couleurs et difformités" (don t le
1) Type R vR R
I l est revêtu par un très grand nombre de noms, con- masculin revêt le type 50)
crets ou abstraits kahla "noire" é.amsa "chassieuse", ryarnqa "folle,
- -'- '
barq
, "éclalr ll
, garb "couchant Il , jald "peau", _~dlj sotte" •
"neige", l 2 3
5) Type R vR vR a
2
et c'est celui, on l'a vu, qu'admettent de préférence Ce type, qui comporte une voyelle brève entre R et
des noms d'action R 3 , en syllabe ouverte, est rigoureusement impossible
ja.;-ry "fait de blesser", rabh "fait de gagner, gain'! dans les parlers marocains, algériens et tunisiens.
l 2 3 Il n'apparaît, dans des circonstances particulières,
2) Type R R vR
Il n'est pas moins courant que le précédent et recou- que dans les parlers libyens, e~ éventuellement,
vre les mêmes notions dans le Sud tunisien (Nefzaoua)
shl1r; "mois", msat "peigne", jb~l nmontagne", l}baf' haldma "bout de sein", lugurya "près de mettre bas
"nouvelle" ; (chamelle)", safafa "épine de palmier".
il compte notamment beaucoup de collectifs ParfoiS, dans ces mêmes parlers, et pour les mêmes
b!?al "oignons ", é~ab "brou ssaille" , gnam ou gl~m mots, le groupement syllabique évolue tantôt vers
lIovins" .. ~~lma, lug~a, saEfa j tantôt vers ~ldma, 19ü~a,
l 2 3 séafa.
3) Type R vR vR
l 2 2
Ce type comporte un aspect syllabique qui apparaît 6) Type R vR R
s urtout dans les parlers bédouins.. Il est fréquent C'est celui des noms de racine IIsourde"
sarr "secret" é.a mm "oncle", ~arr "mal" hass
en Tunisie.. Il est courant en Libye ..
, -'-- --"-" , -' - -
l}ubm "jugement", éaha d "pacte", ga~a.;- "fort, ci ta- "brui tU.
delle". Il est revêtu aussi par d'anciens trilitères comme
Il semble très difficile,sinon impossible dans les f <Jmm "bouche", damm "sang", y a dd "main" ; ce der-
parlers citadins et sédentaires. nier étant la forme des parlers citadins et ruraux;
-
97
1- 3
ainsi que par des mots qui ont subi une réfection ll) Type R uR a
"milieu, centre ll
(anc. wasaç>, et, courant dans le s~wka , SÇ)ka , süka "épine" ; nè?wba, nqba, nüba
Nord algérois, watè "visage" ~anc . wujh). "tour de rôle" sQwda, ,s Qda, süda "noire" ; bü-
1 2 2 ma "chouette" ..
7) Type R vR R a
C 'est sous ce type qu'on rangera l'ancien bilitère
Féminin des précédents
l~~~t "langue", dial .. lü~~ ..
jabba "robe", ~ "santé", galla "récolte (et
1~ 3
fruits)", qatta "chatte", sdbba "cause, insulte". 12 ) Type R 1R
_ _0 _ 0 -
I 3
1- 3 De même que pour les noms de type R üR , la voyelle
8) Type R aR
Ce sont des noms de racine IIconcave" qui ont. ce
demeure -1-; ou la diphtongue est conservée -~y-, ou
partiellement réduite -~-, ou complètement réduite
schème ~
-~- :
_bab
_ "porte" ' -----f....
dar "maison" , jar
~ II v oisin" , ~ "op-
, b~yt, b~t, bIt "demeure, chambre" s~yf, ~, sIf
probre" , djaj , jaj "poules, gallinacés l l ,
" sabre " ; jIr "chaux" .
auxquels on joindra le pluriel nas II gens ",
o~ L ' ancien bilitère yad "main " est ijyd, Id, dans les
et des noms où, primitivement, R était un hamza,
parlers bédouins.
comme bas "mal" ; ou un ~t comme kaf "falaise, pré-
Quant à bIr "puits", 9Tb "chacal", ils proviennent
cipice " ..
respectivement d'anciens bi'r, dI'b.
9)
1-
Type R aR a
3
13) Type R1~ 3
1R a
Féminin du précédent
Féminin du précédent
saE.a "heure", t:aja "chose", ~a€.a "obéissance",
s~yha, ~~1]a , sI~a "femme âgée" ; ~~yma, .l}~ma,
j'ara "voiaine", fara "souris" ..
lJIma "tente" ; ~YQa, b~Qa "blanche" ;
__
0 - __0 _
jIfa "cha-
10) Type R uR
1- 3
rogne, viande non consommable ".
y ~t
Procédant d'anciens fÜl, les noms dialectaux sont, C 'est sous ce type qu'on rangera les anciens f~~a
- 1- 3
dans tous les parlers, R uR Mais dans les noms qui ont acquis une trilitarité secondaire par alloo-
qui procèdent d'anciens fawl, la diphtongue est, gement de la voyelle ~ , comme
dans les parlers bédouins, conservée - 9w-, ou par- jIha "direction", t~qa "confiance H, ~~ta "descrip-
tiellement réduite -0- ;
~
tandis que les parlers ci- tion, caractéristique".
tadins et ruraux ne connaissent que la diphtongue 1 2
14) Type R R a
complètement réduite à -ü- Il regroupe de s noms issus des anciens fa Ea , tâta'
nÇiwm, n9m, nüm "sommeil" q9wm,~, Qum (güm)
~l:a "moulin à bras", E ~a "bâton", sma Hciel", é~a
"troupe de gens (à cheval)" ; tüm "al1 n oo
98 99
"dîner" "fortuné".
qui sont confondus avec une voyelle a de longueur On citera encore dans ce type s~y, si "chose", et,
indéterminée . usuel dans les parlers bédouins, d~y "bruit".
Le terme qui désigne "femme" est mra' tantôt m-Fat-
-'-' 18) Type R1 vR 2 ya
en rapport d'annexion, au Maroc et dans le Sud tuni-
Féminin du précédent
sien, tantôt ma~t- (rnQ{t-) ailleurs. Provenant
kudya "colline ll , dunya, d<1nya "bas-monde l l , j arya
d'anciens bilitères, gra "sorgho", sna "année" ont
"course" ,
été ramenés à ce type. Notons aussi le pluriel ~
et i-adya ou jd1yya "chevrette", gn~yya "fortunée"
"femmes".
(qui pourrait être classé' .sous le type 34).
15) Type R!Ru
C'est l'héritier des anciens faEw (fUEW , fIéw) et
fat..uww.
Ils comportent généralement une répartition
Dans les parlers bédouins dl Algérie et en Tunisi'e, 2
dans laquelle la voyelle brève sépare RI de R •
s uivant le prototype ancien, et selon la nature de
2 1 2 1 2 2
R , le type est R vR u, non R R u. Partout ailleurs 19) Type R1 vR R3 vR 4
1 2 ri s'agit de noms concrets comme
c'est R R u
j a.çÇ>, j,q "chiot" ; l)olu, J:lu "doux" édu "enne- ta€.J:~ b "regard", arn'db "lièvre", zaë..ta~ Il thym" •
mi". 20) Type R1 vR 2 R3 R4 a
On y joindra n9 w "beau temps (et pluie)", 99 W "lu-
Féminin du précédent
mière l l , S9 w (su) "mal" • bcmdqa "noisetier, noisette", fa~mla (fFamla) "gi-
16) Type R1 vRwa let (de femme)", bardEa l'bâts", qant;a l'pont".
Féminin du précédent 21) Type R1 vR 2 R3i
talwa "marc de café", daE.wa "demande, affaire ll , La de~nière radicale R4 est un i. Ce type se con-
taqwa "crainte, piété". fond avec celui des ethniques (voir plus loin type
Procédant d'un masculin, de prototype faéuww, le fé- 59)
2
minin sera RI R uwwa (qui pourrait être rangé sous le
kursi "chaise", s-absi "pipe", bagli "mortier",
type 32) buri "mulet (poisson)".
édçwwa "ennemie" sur le type duquel s'aligne sou-
22) Type R1 vR 2 R 3 iyya
vent l:t19wwa "douce", à côté de l')alwa.
Féminin du précédent
17) Type R1 R2 i z~.çb~yya "tapi s l l ,
karwlyya "carvi (épice)",
Il regroupe les anciens faEy (fÜEY, fIEy) et faEiyy;
-- - - rIl,l!yya "pantoufle de cuir souple".
on fera donc à son sujet la même observation qu'à
propos de RIRu
j~di, jdi "chevreau", ~b~ "garçonnet", qnt:;
-
100 101
2 3
25) Type R1 üR vR
2.- Types à vocalisme long Rare
èürng "pâtisserie", yunds, lünas "nom d'homme".
Dans les types à vocalisme long on classera 1- 2 3
1- 2 3 2 6) Type R uR R a
parmi les trilitères tous les types R vR vR , mais en
Non moins rare
soulignant bien que, parmi eux, il n'en est que deux qui
lübya "haricots", zübya "ordures", ~ "minaret'~
comptent comme d'authentiques trilitères (comme hakdrn
- ' -- - 2 3
2 7) Type R1 IR vR
"juge l l type 23, dabba "bête de somme" type 2 4). Les au-
2 Rare
tres représentent en fait des quadrilitères dont R est
.frj~l "rue (végétal)!! ; enab "raisin" revêt volon-
une voyelle longue (comme batam "bague" type 2 3, èürag
"pâtisserie" type 25, fIj3l "rue (végétal)" type 27) • tiers ce schème, eInab (déjà hispanique) au Maroc,
Du point de vue formel, et pour la simplicité de l'ex- à Tlemcen, et dans le Nord constantinois .
posé, il est concevable de les grouper ensemble . 2 8)
1T 2 3
Type R 1R R a
Rare . Il compte surtout des termes étrangers
Trilitères sIsma "lieu d ' aisance", m~tli'a "mètre", l~t;;a "li-
1- 2 3 tre" •
2 3) Type R aR vR
C 'est le type que revêtent 1 2- 3
29) Type R R aR
des participes actifs, noms ou adjectifs Il comprend des noms abstraits et concrets
sar;)b "lèvre", ttaf4Jr "sabot (de bête)", jam :~i. rmad
- - "cendre" ' lsan "langue" , ~
sbah "matin" ,
"mosquée cathédrale", ainsi que quelques collectifs
type qui peut être revêtu par des noms de racine rbam "marbre", ?!?a~ "plomb", rymam "pigeons",
"assimilée, concave, défectueuse , sourde" comme et d'anciens masdars (du thème dérivé III)
yaS;Jr "nombreux, abondant", sayb "grisonnant", qtal "combat", lJ~am "contestation", fraq "sépara-
qaq~ "cadi", ryajj "pèlerin" tion ".
- des noms variés Canc. faéal) comme 1 2- 3
30) Type R R aR a
kag~f:. "papier", qal~b "moule, calibre" .
C'est le féminin du précédent
24)
-----r=- 2 3
Type R aR R a flana "une telle" rsasa "balle de plomb" , hmama
- -- ,~
Féminin du précédent, comportant ou non correspon- "un pigeon",
dance à des noms masculins en usage et divers noms sans masculin correspondant
sahla "facile", qabla "sage-femme", dabba "bête de ska;-a "sac", jnaza "obsèques", dwaya "encrier",
somme" , babya "grande jarre", zawya "centre de ai n si que des noms abstraits dénotant la qualité ou
confrérie religieuse", l'exercice d'une profession, anciens masdars
à la suite desquels on citera ~~afa "finesse", byaf:.a " couture ll , flarya "agricul-
tabla q:.awla) "table (haute) ". ture" •
- --
102 103
mot s comme nq~yya "propre", gn~yya "fortunée" ( voir Egalement rare et comptant souvent des noms d'em-
ci-dessus type 8) . prunt
barmIla "tonnelet", sardIna "sardine", m'ëlnwIla
"barre de gouvernail".
r
104 105
"hirondelle".
50) Types R1YR2R2ayyR 3 , R1 YR 2 R2 ayR 3 a
On les cite ici pour mémoire, car ils seront exami-
nés, au chapitre du Degré du nom, avec les diminu-
tifs (type 12).
1 2 3
s'entend nettement, a oUd portant parfois l ' accent - mvR RRa qui est la forme habituelle des parlers
d'intensité. Dans
-
les
-
t
110 111
adjectifs o u s ubstan tifs variables Le schème berbère ou berbérisé est volontiers com-
maj;çt:t(~) IIb!essé(e)lI, mat!bÇ~(a ) "frappé(e) t débile plété par la finale -t, également morphème berbère
d' espri tl! tinasndst "pellicule", taflIl3 s t, tifirall-ast
et aussi des substantifs qui ne varient pas en "hirondelle".
genre Ce type..!:.. -~ sert à fo rmer des noms abstraits for -
md~Füf "dépense", rn-aktûm "poche" t rndn09:ra "nari- tement expressifs (avec valeur souvent péjorative),
ne", ma1;.m9;, ou m~tmq.ç'a " silo ", mohftyya "assiette,
.~ dénotant une qualité physique ou morale
terrine". takabbürt "orgueil" (racine arabe kbrt, taklübIt
"méchanceté" (racine arâbe klb), taklüfIt "indis-
56) Type mvR l R2T
1R 3 ( a )
crétion" (racine arabe kIf),
I l est rare
dans nombre de parlers d'Algérie et du Maroc. Au
maskln (a) "pauvre, pauvresse", m"ndIl "foulard de
tête, serviette" . Maroc notamment, ainsi qu'en Oranie , tout particu-
lièrement sous la forme ta - t <-Iyat) , le type
57) Type ~ + radical -- ---
connaît une prolifération remarquable dans une série
Ce n'est que dans des noms d'origine berbère ou des
de noms désignant l'action, la profession , le trait
noms berbérisés que se trouve le préfixe a -, qui est
caractéristique
un morphème berbère. On ne relèvera donc des noms
tasarraja t "sellerie", ta~'dbbanat " savonnage ",
de ce type que dans des parlers où s'avère influ~nt
tawakkal.at "gloutonnerie", !aQfaymIy-:at "coquine-
le substrat berbère, o u le bilinguisme arabo -ber-
rie".
bère, soit au Maroc, dans le Nord-ouest oranais
(Tlemcen, Nedroma), dans le Nord algérois (Cher-
5 .- Types à s uffixe
chell, Dellys) et dans le Nord constantinois (Dji -
djelli, Collo)
On distinguera plusieurs sortes de types à
agrüm IIpain", aman "eau", aqtot "chat", agdnjr:,.
~
suffixe
"cuiller à pot".
- les adjectifs en-an, fém. -ana,
58) Type S. + radical - les nisbas ou adjectifs relatifs en -I, fém. -iyya,
On en distinguera deux sortes les adjectifs relatifs en -ani, fém. -aniyya,
_ le préfixe t-, formative arabe, qui sert à former - les adjectifs relatifs en -ji,
des n oms d'action de thèmes dérivés o n les a les noms en -3s,
examinés au chapitre des noms verbaux - les noms en -dn.
_ le préfixe ~ formative berbère. On le trouve
59) Type Rl vR 2 R3 + an(a)
dans les mêmes conditions et dans les mêmes par-
Il sert à former nombre d'adjectifs intensifs déno-
lers que le préfixe ~ du type précédent :
tant une qualité, physique ou morale, passagère ou
tagqrfa, tayarfa "corbeau", të:llgçnja IIcuiller à
__ .. II occasionnelle, non un trait de nature
ll2 ll3
farhan(a) "contentee)", h.)sman(~) "timide, hon- bcmctIr, .bnadar, bnadri IIfabricant (ou joueur) de
teux (honteuse)", ~:dryan(~) "ou Ce)", malyan(~) tambourin" g~rbal, grabal, grabli "fabricant de
"plein(e)", .Eayyan(~) "fatiguéCe)", jIe.an( _~) "af- tamis".
famé(e)", auquel on joindra le terme d'emprunt, Logique dans le cas des quadrilitères, la formation
fréquent en Algérie, fanyan(a) "fainéantCe)". le devient moins dans le cas des trilitères qui ne
60) Type Radical + i(yya) connaissent pas nécessairement une forme de pluriel
brisé dans un emploi autonome
Le suffixe -i, au féminin -iyya, appelé nisba, est
--
en propre celui de
---
l'ethnique. Il indique donc au t:I~~;-a, t:~aY-F, Q~ayft'~ "fabricant de nattes"
premier chef l'origine (raciale, géographique, so- djayji "marchand de poulês" ; Q.sIs, t:Œaysi "fu-
meur de hachich" ; t:.;-am, Q;-aymi "mauvais sujet,
ciale, tribale etc.), tiré d'un nom propre
coquin" •
"originaire" de Fba:~ "Rabat", rbate ; de wahran
- -- -'---'-' Cette formation est très abondamment représentée,
"Oran", wahrani ; de tünas "Tunis", tünsi ; de
surtout dans les parlers de l'Ouest maghrébin.
~;-abl'Js "Tripoli", trab'alsi ; des Oulad Daoud
, 'à des num é raux de scheme
Suff~xe
,1 R R2 -aR 3 , la finale
d awdi
-i forme des adjectifs relatifs désignant un objet
Puis par extension, suivant un processus fort ancie~
composé d'éléments dénombrés ou l'âge d'un animal
il sert à former des adjectifs relatifs à une carac-
(d'après sa dentition)
téristique :
rbat..~ "composé de quatre éléments" ou "cheval de
de ~, a!lli "originaire du pays" ; de ~, .bal;l.çe
quatre ans", sdasi "composé de six éléments" ou
"marin, maritime" ; de jbal, jabli "montueux, mon-
"cheval (chameau) de cinq à six ans".
tagnard" ; de blad, b<ildi " citadin" ; de hdar,
- -- - - - ~
On notera enfin que, suffixée à un nom à finale -a,
l:ag1it; "sédentaire, citadin , citadinisé".
la finale est -wi, non -i
Il indique notamment la matière dont une chose est
"originaire de Salé" s la, slawi ; "couleur bleu
faite, la couleur qui lui est propre
ciel H sma , smawi ; fransa, ~;ansawi "français".
de .zIt, zIti "huileux, couleur huile l l ; de wa:ç"d, - - -.!. -- -
wa.:ç"di "rosen; de rmad, rmadi t'de consistance , de 61) Type Radical + ani(yya)
- --
couleur cendre l l ; de bga.r, b;)gri IIviande de boeuf". Formé du morphème -an pourvu du suffixe -i, -ani
Il en vient parfois à constituer une manière de sin- (yya) constitue un suffixe complexe, qui sert à
gulatif du nom collectif dont il procède créer des noms et adjectifs variables d'un emploi
de ihüd, ihüdi "juif et un juif", de éaskar , panmaghrébin
~askri "militaire, un soldat". 9wwal, 9wwlani (ülani) "premier" ; tâl)t, tat:tani
Il connait un développement extraordinaire dans la "inférieur,qui est en dessous" ; sayb, sIbani
formation des noms d'artisans et de professsionnels. "vieux, grisonnant"; n~âfa, na:j>;-ani "chrétien",
La suffixation s'opère sur le radical d'un pluriel qui vaut également comme singulatif "un chrétien".
brisé
......
114 115
116 117
fixe -ayant -ayn. Dans les grandes lignes, on constate la première personne donne -ayya ; ailleurs -1yya :
que l'usage général du duel va se réduisant d'Est en Ou- râjlayya, rajllyya "mes pied~ waldayya , waldYYYa
2. Dans les parlers citadins et ruraux. b) Là où le duel n'est pas en usage pour toutes les caté-
gories de noms, il lui est substitué le pluriel précé-
L'usage du duel est limité aux noms exprimant
dé du numéral "deux".
des notions envisagées comme éléments d'une paire. Ainsi
les noms des parties doubles du corps, le nom du couple c) L'indice du duel, dans les parlers où il donne -In (de
père-mère , les noms de mesure. cl . -ayni ) , se confond avec l'indice du pluriel exter-
ne masculin -In (de cl. - fna' : aux noms qui peuvent
Pour les nomS des parties doubles du corps, et
le comporter (des parties doubles du corps, notamment),
le nom du couple père-mè re, l'indice est -In dans tout le
la forme du duel sert alors volontiers de pluriel (en-
Maghreb : ex. wuqnIn "deux oreilles" , waldin "parents l l •
core que certains puissent parfois avoir en outre une
Pour les noms de mesure , au Maroc et, en Algé- forme de pluriel brisé) ..
rie, dans la région de Tlemcen et la région de Djidjelli
(Nord constantinois) , l'indice est -ay3n, ayn (avec al-
longement du premier élément a: de la diphtongue, caracté-
ristique du duel, pour en assurer la conservation~ Par-
tout ailleurs, dans le reste de l'Algérie citadine et ru-
rale et en Tunisie, l'indice est -In: ex. alfayn, alfIn
..
"deux mille", yÜmayn, yÜmIn "deux jours ", f-atlayn, r"tlIn
"deux livres", sabrayn~rln "deux empans".
- de tous les participes ayant valeur verbale des adjectifs de formes diverses comme
gaE..ad Ilassis" pl. gae.dIn, wâg<lf "étant debout" pl. J:a;-:r "chaud, épicé" pl. rya.;:-;-In, marr "amer" pl . ma.r:-
waqfIn, bay3c. "vendant" pl. bayt.In, masi "allant" ';-In, ~ "chaud" pl. shunTn, ~ "doux" pl. l;lluwwIn;
~~yyaf "qui passe l'été" pl. ~~yyafrn, substantivés, recourent habituellement au pluriel brisé
de type R R aR a
1 2- 3 1 - 3 4
(R waR R al
forme qu'il convient de distinguer, au Maroc, de la
forme à finale -~qui a valeur de substantif jbala, twansa",
--- ,
::;~yyaf "estivant" pl. ~~yyafa. tous les diminutifs d'adjectifs
Ailleurs au Maghreb, traditionnellement, les noms d'ar- rq~yyaq "assez, très fin" pl .. rq~yyqIn, ~9~w9.ç "pe-
tisans et de professionnels du schème Rl vR 2 R2 aR 3 fai- tiot" pl. ~9~wF~n, kbIb;::lr "grandelet .. pl . kbIbrIn;
saient le pluriel en - In . Les noms des souks et rues
120 121
~ülü~, ~ûl~ "tiers" pl. ~ülü~In, ~ultIn; jdbl!yya "montagnarde" pl. jabllyyat, dzayr'lyya "al-
gérienne, algéroise" pl. d:tayrlyyat.
-~-~- ,
des pronoms indéfinis
wal).dd "un, un certain" pl. wât;dIn, bat.~ "certain, - à des pronoms indéfinis de genre féminin, comme
une partie" pl. ba~q~n et aussi ahor- llautre" pl. ~ "une, certaine" pl. waJ:ldat, arrra (~) "au-
~
â~7~n, qui revêt le plus souvent la forme 9~;~n. tre" pl. ~ (9b~atJ:
comme
b) Le suffixe est -a~ ISdn "langue" pl. lsanat, jwab "lettre, réponse" pl.
------------------ jwabat;
Il est adjoint
- à nombre de noms verbaux de thèmes dérivés, ou de qua - - à la plupart des noms d'origine étrangère
drilitères fabrIka "fabrique" pl. fabrIkat, tIIIfûn "téléphone"
- ---
tegkIra "souvenir" pl. tagkIrat, t -J -Fb!yya (tf":Jbya) pl. tI1Ifünat.
bannâya, ~am~a~ "courtier" pl. !?am~a~a~ A ces noms de racine quadrilitère doivent être joints
ceux qui sont de racine trilitère, mais qui c o mportent
- à des ethni ques également s ubstantivés
un préfixe formatif : ils sont de même schème syllabi-
bat:~~ "marin" pl. b~l)f'~yya, t:ab::Jlsi IItripolitaln"
que
pl. t;.ç-ab.:,!sî:yya, qahwaji "cafetier" pl. qahwajlyya,
m'djlas "assemblée, réunion!! pl. mjalas, mad-Ç'sa,
tbarnaji "restaurateur" pl. tbarnaj{yya.
=.::c=,-,,-,-,,-= • mdarsa
, . "école, médersa Tl pl. mdar-=3s.
- à des noms de professionnels revêtant le schème de plu- Ce type procède de l'ancien fa~â~11.
riel quadrilitère "brisé" pourvu de la finale -,!, l 2- 3 4
2 3 4 2 4 2) Type R R aR vR ou
RI R aR R i, RI R ayR i.
Partant d'un nom singulier comportant une vo yelle lon-
bramli "tonnelier" pl. bramllyya, hsaysi "fumeur de 3 4 2 3 4
gue entre R et R , de type RI VR R VR , le pluriel se-
hachich" pl. ~Iaylryya.
ra
- dans les parlers citadins et ruraux, semblable au
2 .- Pluriel interne (ou "brisé") 2 3 4
type précédent, Rl R aR vR ,
- dans les parlers bédouin s , avec une voyelle -1- en-
Pour les noms quadrilitères, le pluriel interne 4 2 3 4
tre R3 et R , Rl R âR IR , image de l'ancien faeaEll.
se présente de façon assez simple et constante. Pour les
De t,) dlt;al "anneau de pied", h~çnë~ "burnous ll , b~rmIl
noms trilitères, il en va autrement : les types de plu-
"tonneau", on aura les pluriels:
riel sont nombreux et variés, et il n'y a pas de corres-
pondance constante entre tel type de nom singulier et tel
pour les parlers citadins hlaha
. .
l, b;-an.J ~, brâm~l
- pour les parler s bédouins l)lal)II, b;-an~~ , bramll.
type de pluriel.
A ces noms de racine quadrilitère doivent être joints
Pour la simplicité de l'exposé, on traitera
ceux qui sont de racine trilitère, mais qui, rejoi-
d'abord des pluriels de quadrl1itères.
gnant le schème quadrilitère, comportent
soit un redoublement de la radicale médiale
::'Gbbat. "soulier" pl. ~bâb3t., -?bâb~t;:., sallüm "échel-
le" pl. slal~m, slallm, sakkln "sabre" pl. skakan,
124 125
riel, de l'ancien fUf..l, est celui des lino ms de cou- i;-bIb "médecin" pl. ~~bba, ~yot "mort" pl . · ~ta.
leurs et difformités" en usage dans l'ouest de l'Algé- Dans certains parlers sahariens d'Algérie, ce type re-
rie, dans les parlers bédouins. On le trouve aussi en vêt, pour quelques mots~un aspect syllabique particu-
Tripolitaine pour les "noms de difformités". lier ' :
(~)l}ma.ç "rouge" pl . humr, (a)t~as "sourd" pl. tors . 9f"ab "corbeau" pl. 9f"SSbba, ernüd "pilier" pl . émadda.
"af~llâ", ~ af~il~~ consti-
~
parlers citadins, ruraux et bédouins, de vocables di- présente avec une initiale vocalique qui peut, sui-
vers comme vant les dialectes, ne pas être articulée :
shar "mois" pl. ~, ktab "livre u pl. ktub . nbi "prophète" pl. (a)nb!yya, uli "saint, santon" pl.
Avec une voyelle de timbre indéfini (qui peut être 9wl1yya (ülryya).
Il représente l'héritage d'un ancien ~af~ryya·.
teinté par le consonantisme environnant>, on le trouve,
dans tout le Maghreb, comme pluriel de singuliers com-
portant la finale ~~ (singulatifs ou non)
garba "outre" pl. grab, qUlla IIcruche" pl. ql~l,
l 2
b) Pluriels à vocalisme long alors la forme R R r
~sa "bâton" pl .. ~se, rejoignant ainsi le type
1 2
5) Type R R a:R
3 ~2IR3. -~
Une voyelle longue C'est un plu- C'est à ce type qu'on rattachera zwi pl .. de zawya
riel extrêmement fréquent, en usage partout au Maghreb. "zaouya" !
Il correspond à à des substantifs de types variés
- des substantifs singuliers à vocalisme bref éad:al "témoin" pl .. cdül, sfIna "bateau" pl .. sfün ..
k.:Hb "chien" pl. kl;b, warqa "feuille" pl . owrag Dans le Maghreb occidental, il a généralement éli-
I 2
miné le pluriel R R uR q~e revêtent ailleurs des
(ur~q) , bIr "puits" pl. byar, yÜm "jour" pl. 3
quent aussi et panmaghrébin. Il correspond soit Ce type a le pluriel ancien futula comme prototype.
- à des substantifs à vocalisme bref, de racine lIsai-
8) Type R1 R2 IR 3
ne"
de R3•
2
Une voyelle longue l sépare R Partout présent
qba;- "tombeau" pl .. qbür, battf (bt;lâ;-) "mer" pl ..
au Maghreb , c'est un pluriel rare
bhür.
~,
znaq~ .
vulgaire, pour des noms comme
Partout aussi au Maghreb on entend
fqlr "pauvre" pl. fuqara, hiIfa "calife" pl . h.... li l a-
--
fa.
---- I I I "nuit" pl. lyali, ard "terre" pl . a rade.
~ ~
l 2- 3
Sous la forme abrégée, conforme à la phonétique des 15) Type R R aR a
parlers maghrébins , on entend aussi fc?~.t;a, et parfois Il correspond à des singuliers de divers schèmes
l 2 3
:~_lma ,
de ëal<J.m, pl. éulama "savants". _ ethniques de type R vR R i
pl. Dwaja, dU~9 "pièce de 5 francs" pl .. ~, Procédant de l'ancien fu~eal, ce pluriel est exclusi-
itfm "orphelin" pl .. itama. vement en usage dans certains parlers bédouins et sa-
hariens de Libye, Tunisie et Algérie, et S'applique
Remarque. - Il est à noter que, pour les ethniques
en général à des mots du vocabulaire de la vie rura-
à finale -~, ou pour des noms à finales -~ C-iyya)
le et surtout pastorale.
qui ne sont pas des ethniques, le type de pluriel va-
l 2 2- 3
rie, suivant les parlers, entre R1 R2 a:R 3i et R1 R2 3a. aR 19) Type R vR R aR
2
Le premier est plutôt libyen et tunisien: g'rabi. , Une voyelle longue a sépare R de R3 • C'est l'ancien
krasi. Le second est plutôt algérien (constantinois, fiiéf.al :
algérois, oranais) : 9Faba, krasa ; encore que les sakan "habitant" pl. sukkan, l)akam "juge, gouver-
parlers bédouins et sahariens marquent quelque hési- neur" pl . J;tukkam.
tation. Au Maroc la tendance est pl utôt en faveur Ce pluriel , très employé dans tout le Maghreb, cor-
l 2- 3
de R R aR a. respond à des singuliers qui ont la forme de parti-
1 2 3
R R a:R a est l'héritier de l'ancien facala. cipe actif R1- aR 2 vR 3 , mais avec valeur de substantif.
l 3 Il comporte volontiers une coloration u de la voyelle
16) Type R waR i
I 2 3 '
br è ve ,
qui separe Rl de R2 •
Semblable au type R R aR i, il sert de pluriel à des
noms singuliers de racine "défectueuse", mais compor-
d) Pluriels à suffixe
tallt une voyelle longue après RI
~ "puits" pl . J:lwasi, saqya "rigole , canal" pl .
Il s'agit du suffixe -an et du suffixe - ~n .
swaqE;!:, zübya " ordure" pl. zwabi, rrf11yya "pantoufle
l 2 3
de femme" pl. rwahi. 20) Type R vR R an
17) Type R1waR - 3a Héritier des anciens fl~lan et fu~an, ce type de
l 2- 3 pluriel fréquent et partout représenté, correspond à
Variante du type R R aR a, il connaît le même flotte-
des singuliers de types variés
ment que lui pour les noms de même type
blad "agglomération, vil~e" pl.
J:awli (l)üli) "jeune mouton" pl . l:twala (ou rywali),
"agneau" pl. trarfan, gla"l- IIjeune homme Il pl. galman,
küri "écurie" pl. kwara (ou kwari) .. - ----;-
taras "cavalier" pl. farsan.
----- 1
La voyelle brève qui suit R est volontiers conservée
c) Pluriels à redoublement de la radicale mé-
avec le timbre u dans les parlers bédouins.
diale
Procédant de noms de racine "défectueuse", le type
l 2-
est R vR yan
~bE;!: "jeune enfant" pl.
7'9bya.!!., J~ "chevreau Il pl.
Le vocalisme est bref. Le type correspond à des sin-
jadyan, e.du "ennemi" pl. ~.. dyan, raEe "berger l l pl.
gUliers qui ont la forme de participe actif Rl aR 2 vR 3
r'léyan
sabF.lg " ,nonture rapide à la Gourse" pl . sUbb9g,
-;;=- auxquels on peut joindre quelques noms de IIdifformi-
sayla "chamelle suitée" pl. s~yyal.
1}4
135
Remarques
D. DEGRE DU NOM
a) L'initiale vocalique, notée~, est inégalement articu-
lée . Dans les parlers de l'Ouest maghrébin, elle sem-
Marquer le degré du nom c'est faire revêtir au ble ne pas l'être:
schème radical de ce nom une forme qui dénote soit la di- kbar, elam, Üéar,
~gaf, __ shan,
->L- Oyar.
__
mension supérieure dans laquelle on l'envisage, soit la Dans les parlers du Ma:lhreb oriental et dans les par-
dimension inférieure. lers bédouins, elle l'est plus ou moins nettement,
parfois frappée par un accent d'intensité:
'3kbar, ·a!?~ëJ.çt atJ.am, 9w~alô, ~5~dn, aQyar.
b) Pour les adjectifs de racine "sourde" le type est in-
décis. Il oscille, suivant les dialectes, entre
Elle comprend l ' expression de l'élatif et celle 122 122
(d)R R vR et R vR R
de l'intensif .
de idId , ('~) jdad ou jadd "plus neuf, plus récent"
de h!.I!, ' (~)t)faf ou batf II pl u s léger, plus rapide
ll
•
Elatifs
c) Pour les adjectifs de racine "défectueuse Il , le type
1 2
Il n'y a que les adjectifs de racine trilitère est(v)RRa:
qui admettent la forme de l'élatif. Comme le comparatif de nq~ t (a) nqa "plus propre" de Qlu, (~)I}la "plus
l-ak~~r "la plupart", Elâ-l-qall lI pou r le moins", respondance constante dans tous les parlers. Ainsi
agzdr-an-nas "la majorité des gens". saker "en état d'ivresse" n'est relevé que sporadique-
ment, alors que sëlkran "ivrogne" est partout en usage,
g) C'est la forme de l'élatif qu'on trouve dans la tour-
mais que skayri "ivrogne invétéré" semble surtout maro-
nure exclamative correspondant à celle de l'ancien
cain.
"verbe d'étonnement" ma 'af6al.i
,traduisant l'ex-
pression "comme je suis (tu es, i l est etc.) grand, Le tunisien emploie volontiers le terme ba~
-- '
petit etc. 1" ma + élatif + pronom suffixe (ou d'origine turque, précédant l'adjectif, pour marquer le
haut degré :
..
parfois + nom)
ma-kbarni "comme je suis grand ." ma-l;llah "comme il kaddab "menteur", ba~-kadda:15 "fieffé menteur l l •
est doux t". Notons enfin que les formes de l'intensif sont
L'aspect syllabique de l'élatif est alors susceptible généralement variables en genre et en nombre.
de varier suivant la nature (consonantique ou vocali-
que) de l'initiale du pronom suffixe:
ma-kabrak "comme tu es grand !", ma-waE..ru "comme il
est difficile !".
Et le même flottement est constaté dans le cas des II. Dimension inférieure
élatifs de racine sourde :
====================
ma-bfafha, ou ma-baffha "comme elle est légère 1"
Elle est marquée par la formation des
mais toujours ma-baffu "comme il est léger !".
Diminutifs
Intensifs
gue a, ~, I 3 4
I, dans les noms de schème R ;;R vR (R l vR 3
R4 a) -
9~~~E!~!!:~E~~
Le principe de la formation réside dans 1'io- çajal "homme", dim. fw~j~l modaE: "lieu, place" ,diJl'l.!
--'-"---
- 3 mw~d~E ; tibIa l'table (haute)ll, dim. ~wijbla ~qmE.a
sertion d'une diphtongue -~y- entre R2 et R .. Nam b re -, -'- -
"minaret", dim. ~w~mea.
de parlers bédouins la conservent sans réduction. D'au-
tres la ramènent à -~-. Les parlers citadins et ruraux 4) Type R1 3vR
wIR 4 (R 1 w~R
T 3 R4 a)
ou
la réduisent jusqu'à -1-. De plus, dans la plupart des Procédant de noms qui comportent une voyelle longue
1 3 3 4
parlers bédouins, une voyelle ultra-brève de disjonc- entre R et R et une voyelle longue entre R et R ,
tion, de timbre~, peut apparaître entre RI et R •
2 1- 3- 4 (R 1- 3- 4
soit R vR vR vR vR a); le premier est ,le diminutif
de R
3
dans la forme masculine. C'est le féminin
-
~côté de uhéyya
._---
u ht "soeur", dim. uhIt (uhIti , hIti "ma soeurette">,
--- - - --
b::tnt "fille " , dim . bnIta, à côté
y'
obligatoire dans les parlers bédouins, et aussi dans
de bnhya.
les parlers du Nord oranais, et de la Tunisie dans l _ 3 1 ·. 3 Rl 3
1 2 wIR a
leur ensemble, des diminutifs de noms de type R R v 7> Type R weyyR a, R w~yR a,
3 Ce type féminin, qui admet trois variantes dans les
R {a)
conditions envisagées ci - dessus, types 4), 5) , 6) , ca-
~kaf'a "sac", dim . ~k~yyra ; é.jüz(~) "vieille fem-
ractérise le diminutif des noms de racine "concave"
me", dim . éjf$yyza ; t;t~~:ça "natte", dim. I:t~~yy;-a~
facultatif dans les parlers citadins et ruraux d'Al- sae..a "heure", dim . sw~a ; taqa
-'--
"fenêtre" , dim .
gérie et du Maroc, des dimi n utifs masculins de type tw~qa ; sÇiq "marche", dim . sw€[qa ; ~ "tente", dim.
RIR2~yyaR3 hwIma .
wafd "rose", dim . ureyyda q~rda "guenon", dim. C'est à ce type qU ' appartient
qr~yyda ;
s~y "chose", dim. sw~yya ; umm "mère", dim . mwIma
mais obligatoire)dans tous les parlers, des diminutifs ma "eau" , dim . mw~yya, mw~ha .
1 2 3 1- 2 3 (vR l IR 2 R3 a)
masculins procédant de n oms de type R R IR (sinon, il 8) Type vR iR vR
y aurait confusion du diminutif et du non - diminutif) Ce diminutif n ' est admis que par les " noms de cou-
q~~;- "court " fém . q~~-ra , dim . q~;YY:01F, fém . q~~yy~a; leurs" et n'est, semble- t - il, en usage que dan s les
itIm "orphelin" fém . itlma , dim . it~yy:am , fém . parlers de type bédouin . La voyelle initiale est tan-
it~yyma. tôt a (comme dans le parler de Takrouna en Tunisie>,
Les formes considérées comme facultatives évoluent gé - tantôt i (comme dans les parlers des nomades de Gabès ,
néralement vers un type où la diphto n gue est complète- du Su d tunisien et de Libye)
ment réduite, qui est le suivant . a1: mâ f "rouge", dim. aJ:llmor , irylmar, fém . al)Imra,
2 3
6) Type RI R IR a it;>Imra ,
avec, parfois dans quelques parlers citadins et ru-
Une variation possible du timbre de la voyelle infi -
raux, chute de la voyelle initiale : t;>Imor (conservé
xée, -1-
- ou -i-,~
y résulte de l'influence d u voisinage
consonantique : dans les patronymes) .
3 I 2 3
sams "soleil I l , dim . smlsa ; ugcJO "oreille l l , dim . 9) Type RI R2 IwvR (R R IwR a)
ugIna ; jnan "jardin " , dim. j n Ina flùka "esquif ", D' aspect quadrilitère (voir ci - dessus type 5) des qua -
2
dim. fllka . drilitères), ce type comporte après R la voyelle l
On relève ce type partout a u Maghreb, dans les parlers qui constitue le premier élément d ' un complexe diphto-
citadins et ruraux (excepté on l ' a vu en Tunisie , et nique dont west le second élément . Il semble propre
dans le Nord oranais , où elle n e semble pas possible aux pa r le r s - citadins et ruraux du Maroc , du Nord ora-
l 2- 3 nais (Tlemcen, Nédr oma), du Nord algérois (Cherchell,
pour les dimi n utifs procédan t de noms de type R R vR
(.!!) ) • Alger) , du Nord constantinois (Djidjelli, Collo) . Il
C ' est à lui qu ' on rattachera procède
148
1 2 2 3
---
suffixes) de uht "soeur".
1 2 2 3
11) Type R R IR vR (R R IR R a)
que ces types correspondent ou n o n à des prototypes
classiques. Ii en est divers exemples ici et là en
usage au Maghreb .
D'aspect quadrilitère; ce type procède de noms de ra-
2 Infiniment plus rare est le type où l'élément diphto-
cine trilitère, et comporte un dédoublement de R
nique est üy comme, dans le Nord constantinois,
avec insertion de la voyelle -I- entre les deux élé-
taqmüyéa "un plongeon", de la rac. qmt. .
ments dédoublés.
On le trouve très fréquent au Maroc et, inégalement
Remarques
en usage, dans certains parlers sédentaires, surtout
citadins de l'Algérie, dans des catégories de noms Plusieurs remarques sont à faire sur les dimi-
variés nutifs maghrébins.
kbIr "grand, âgé", dim. kbIbar, fém. kbIbra ; twIl 1 2 3
------ ~
.---
1) Il est assez constant que le type R R vyyvR se réduise
"long", dim. tw~wal, fém. tw~wla ; J:llu "doux", dim .. l 2 3
à R R IR dans le cas de noms qui admettent l'annexi on
tllIlu ; wal;1ad "un, un quidam", dim. uhIQad, fém. du pronom suffixe . Ainsi de ul~d, ul~yydd, mais ülI-
ul;1I1}da. di, ulIdak "mon, ton pe tit enfant".
Il est, dans ces mêmes parlers, surtout fréquent dans
2) Procédant de noms dont le genre féminin n'a pas de ca-
la série des "noms de couleurs"
r actéristique morphOlogique, le diminutif recouvre
(~)k~3l "noir", dim. k~I~~l, fém. k~I~la
toujours cette caractéristique (finale -~ )
"brun", dim. ~m~ma;" fém. ~m~~a , ~ ~ -
umm "mère", ct i m. umm~ma, mw~ma ; €:ataq "jeune fille",
à la suite desquels on citera les formes hésitantes
dim. ~wItqa rjal "pied", dim • .rj~yla, rjIla.
de
150 151
3) Procédant de noms qui sont soit de genre instable, voyelle ü, insérée entre R2 et R3 dans les schèmes
soit de nature indécise (collectif ou non collectif), - 3 4
trilitères, entre R et R dans les schèmes quadrili-
le diminutif se présente volontiers sous la forme du tères, ou encore suffixée :
féminin y .1dd II ma in l l , dim . idüda ; ( -:J) byqd "blanc", b~yyog
ésal "miel", dim . E::s~YY Gl l, ~sIla ; zIt "huilent dim. "blanc d'engobe" ; tabd - al-ezlz "nom d'homme", dim.
zw~yy~t, zwIta ; !?9f "laine", dim. ~W~YY3f, ~w~fa . ézlzu .
Il est alors malaisé de discerner, pour bon nombre De telles formes ont valeur diminutive, en tous cas
d'entre eux , si la finale -~ est l'indice du genre fé- expressive . Des exemples nombreux et sporadiques peu-
minin, ou la marque du singulatif (nom d'unité). vent être relevés dans diverp parlers maghrébins.
4) D'une façon générale, mais confuse, et variable sui-
vant les dialectes, on peut considérer que la forme du
féminin d'un nom en usage au masculin dénote par elle-
même la valeur diminutive. Ainsi
qalmün "capuchon", q;JlmÜna "petite capuche l1 •
C'est peut-être ce fait qui explique que le diminutif,
procédant d'un nom habituellement employé à la forme
du masculin, peut hésiter entre le masculin et le fé-
minin :
sarwal "pantalon l l , dim .. srIw~1 (srIwII) ou srlwla.
entend ainsi d'une façon hésitante: de .E~a "diner n , couramment au Maroc . Peut- être est- ce également le cas
E-sah ou esatu ; de e~a "bâton" , e.:;;ak ou e~atak ; de qfa de l;1anut "boutique", qui est féminin dans quel ques par-
"nuque", qfaya ou qfati ; et de maena "signification" lers citadin s d'Algérie et à Tuni s .
màenaha ou ma~nâtha .
Quant à ,a lat "pri~re", zakit "dîme aumoni~re" ,
--- -
Il en est de même des noms de parenté d'usage le - t final (ta marbuta) y est articulé avec un souci
familier: de baba "papa", babaha ou baba
tu ; de mamma intenti onnel de conservatisme comme il en est souvent
"maman", mammana ou mammatna ; de lâlla "madame ", lall a- dans les mots de la l a ngue religieuse .
zInab ou lal lat-zInab . I l est un mot dont le traitement
est ambigu , c ' est ~ "femme, épouse l l (du cl . '>Irnra>a t , 3 . L 'ini tiale t -
- •-t _ _t ) . . •
_mar a ,rnara qUI. se presente tantot sous la forme
mar t - (marti , mà~tak , mart- mQammôct) en Algérie par exem- C ' est un indice que l'on trouve dans les par-
ple et ailleu rs, tantôt sous la forme m~ât - (~ , lers où foisonnent les mots d'origine berbère ou berbé-
ffiFatdk , m.çat- ml:tamm.ld) au Ma roc par exemple. ri sée : dans des schèmes t - a , c o mme tayarfa " corbeau"
d'une part que)dans la catégorie des noms d'animaux, vent mal élucidé. On se contentera de dire que la ten-
le singulatif est le nom de la femelle dance dialectale générale consiste à faire l'accord a u
bqar "bovins" / baq ra "vache ll
, djaj "gallinacés" / pluriel des verbe s (adjectif~ et pronoms) qui se rappor-
djaja "poule" tent à des n oms c ompo rtant l'idée manifeste de plura lité
d'autre part que dans la catégorie des n oms de plantes, (ou q ui sont régis pa r eux). Ainsi
le singulatif désigne à la fois le plant et le fruit klâwni .l -bragot "les puces m'ont mangé", as-sjar
bùg.a "pêcher" et "une pêc he", bandqa "noisetier " et mn9wwr~n "les a rbres sont en fleurs", 3S-sêar h5.~u
"une noi sette" ku!")l "ces cheveux sont noirs", fahum ~gar "ils sont
- est la marque du singulatif (nom d'une fois) dans le s peti ts" .
oppositions Il est cependant coura nt , surtout dans les
~a,çb "fait de frapper" / ~a+ba "un coup" , tafkIr parlers bédouins et dans les parlers de l'Est maghrébin,
"fait de se rappeler, fait de rappeler l l / tôfkIra de relever l ' accord au féminin des verbes (adjectifs et
"un souvenir" ; pronoms) s e rapportant à des pluriels et collectifs.
exprime une valeur diminutive Ainsi
magraf "cuiller à pot" / magrfa IIcuiller", mgIraf jat an-nsa "le s femmes sont venues" , at-tmar hagi
"petite cuiller" / mgIrfa "petite cuiller à café" md~wwda " ces dattes sont véreuses".
avec , éventuellement, . spécialisation sémantique ,
d) Trè s particulier aux parlers du Sud-Est saha-
s9'q "ma rché", sw~yyaq "petit marché" / sw~qa "marché
rien, et parfois de Libye, est l'empl oi du pluriel fémi-
de jour de fête" ;
nin en -at, de s adjectifs se rapportant à des n oms dési-
- caractérise ùn grand nombre de formes nominales aux-
gnant des personnes du sexe féminin, ou des êtres ou des
quelles l'indice du genre n'ajoute généralement pas de
• . ( comme Rl R2 -aR 3 a, Rl R2 üR 3 a, R1 R2 IR 3 a, choses, comme
valeur specif1que
l 2 2- 3 an-nsa ~aymat "les femmes jeûnent", kba; smInat "des
R vR R aR a, etc.).
béliers gras" t .~yyâm yasrat "de s jours nombreux" .
b) On notera que le féminin est fréquemment en
usage dans des locutions impersonnelles, exprimant en
quelque sorte la notion du neutre :~ mlrt)~ "voilà
qui est bien" , ha9,i bamstas-em-yÜm "il y a quinze jour s
que" , safôtha "alors , à ce moment-là", ~walam iji "il
conviendrait qU'il vienne" ; particulièrement dans le s
locutions météorologiques : ~abba~ al-yÙm "il a plu au-
jourd'hui", r~~dat l'il a tonné".
F. ETAT DU NOM
II. Détermination
=============
Tous les parlers maghrébins connaissent, dans
1. par l'article défini
l'emploi du nom, l'opposition indétermination-détermina-
tion, comme i l en est en arabe classique. Il correspond à l'article défini du françaiS
L'indétermination est caractérisée par la "le, la, les, etc." ; il a la forme ûl- et précède im'm é-
représentation du nom à l'état nu, au degré zéro, ç'est- diatement le nom qu'il déterm~ne.
Phonème complexe dj, réalise l'assimilation: ad-djbal. timbre vocalique à la coloration de l'environnement Con-
On note d'autre part que la palatale]:.assi- sonantique est particulièrement vive dans les parlers
mile souvent, parmi les parlers bédouins, l'article bédouins.
ôl-, comme dans al-kull "le tout" : ak-kül1 ; et que les
labiales b et mt la gutturale q,exercent aussi un pou- 2. par un article indéfini
-- -
voir assimilant, dans divers parlers, notamment dans le
Nord constantinois: al-bt:ta~ "la mer" ab-bl)aF, 'a l-mra Se situant entre le degré zéro de détermina-
"la femme" : am-~at 'al-q-alb "le coeur" : aq-qalb. tion, c'est-à-dire l'indétermination absolue, et la dé-
termination par l'article défin~, est né au . Maghreb un
En ce qui concerne la présence d'une voyelle
article indéfini qui constitue une pure innovation dia-
contiguë à la consonne 1- de l'article défini, la place
lectale. On peut dire qu'elle présente un caractère
qu'elle occupe, antérieure à elle ou postérieure à elle,
particulier qui contribue à fonder l'originalité de
ou l'absence de toute voyelle, on marquera, d'une façon
parlers maghrébins. Elle consiste à utiliser le numéral
très schématique, que l'article est
"un" wat:lad, frappé d'invariabilité, suivi du nom déter-
- al + nom, lorsque le mot déterminé est en tête de
miné; qu'il soit déterminé par l'article défini al, ou
phrase : al-p-üt b-az-zaf "il y a beaucoup de pois-
qU'il le soit par nature, ou qU'il le soit par un complé-
sons" ;
ment déterminatif. Une· construction berbère toute sem-
lorsque le mot déterminé comporte un groupe-
blable a pu favoriser au Maghreb la création de cet ou-
ment syllabique initial consonne + voyelle: al-kalb
til indéfini : ~ajal "homme", ~.r-.çajal "l' homme", ~
yanbaJ:l, "le chien aboie"
af-faj'3l "un (l' ) homme" ; et, de même, waJ:l.d-al-m.ra "une
1 + nom, lorsque le mot déterminé est consécutif à une
(la) femme Il , wa:l)d-as-s~y "une (la) chose".
voyelle : ja I-lJaddam "le serviteur vint" ;
lorsque le mot déterminé comporte une voyelle Là où l'expression de cet article indéfini a
ou une diphtongue en première radicale l-ügan cours, c'est le numéral waryad qui est communément en
l'l'oreille", l-~wlad l'les enfants" usage. Il apparaît dans le Sud marocain sous une forme
- la + nom, lorsque le mot déterminé comporte un groupe- abrégée wal)i-, wal).-, même wa-, suivi du nom déterminé.
ment syllabique initial consonne + consonne + voyelle: Mais on y entend aussi, ainsi qu'à Tlemcen et Nédroma
la-gda "le déjeuner l1 • (Nord oranais), à Djidjelli et Collo (Nord constanti-
nois), la forme rya, qui provient sans doute de hadd (du
cl. 'a~ad) : ~a-~rajal, Qa-I-IDfa, Qa-s-~~y.
Mais cette situation est instable suivant les
-----
parlers. De plus, on observe que la nature phonétique
des phonèmes consécutifs à l'article est souvent suscep- Cet emploi de wa~d-al- (et ses variantes), ar-
tible de colorer le timbre de la voyelle contiguë à ticle indéfini, est extrêmement fréquent au Maroc et en
l'article, surtout lorsque celle-ci sépare l'article de Algérie. On constate qu'il va décroissant d'Ouest en
la première radicale du nom déterminé : la-ésa "le dl- Est, à tel point qu'il est rare dans l'Est constanti-
ner", lu-kba;:- "les (gens) âgés". Cette sensibilité du nois, et impossible en Tunisie et en Libye. Quant aux
164 165
.
Algérie . On en reparlera à propos des expressions qui -a du féminin lorsque le premier terme en est pourvu.
correspondent aux pronoms indéfinis du français. Elle se mue dans l'annexion directe en -at-, ou en -t-.
---
- fard, proprement lIunité" , précédant un nom singulier La mutation de - a s'effectue en -at- ou en -t- suivant
indéterminé est d'un usage possible : sporadique en un choix qui dépend de la structure syllabique de la
Algérie, fréquent en Tunisie, courant en Libye. Le séquence (position en syllabe fermée : -at- ; ou ouver-
complexe exprime l'idée, proche de l'indéfini, de "un te : -t-). Cette mutation peut causer d'importants
166
bouleversements dans l'économie syllabique du premier dans l'usage des noms de parenté (réelle ou fictive)
terme. De ces bouleversements éventuels, mouvants et wald1.yya "mè s parents", mart-qüya "femme de mon frè-
divers suivant les parlers, on n'entreprendra pas ici re", ulad-st:.ld "ouled S aïd (nom de tribu)", œnt-nas
l'étude. "fille de gens (= de bonne famille)", nas-ad-d<:SwwaF
"les habitants du douar", mÜlat-ad-da.ç "la maîtresse
Deux modes d'annexion sont à envisager:
de maison", bÜ-Ia!:,ya "père de barbe (- barbu)", umm-
annexion directe d'un nom, indéterminé ou déterminé
a!}nün "mère de morve (= morveuse)" ;
yÜm-~~d "jour de fête", yÜm-al-e.fjd "le jour de la fê-
dans l'expression des parties du corps, ou de notions
te", yadd-al-bç..çma "l'anse de la marmite" t III t-;)l-
d'appartenance à la personn!3.lité : .çasi "ma tête",
Ears "la nuit de noces", .ras-a1-Danût "l'essentiel de
qalb-3k "ton coeur", E.la-jur~t3k "sur tes traces", !}ü2
la boutique (= assortiment d'épices)", ~lat-al-fajr
Imlnak "prends ta droite", aLmal majhüdak "fais ton
"prière de l'aube", mdInat-fas "la ville de Fès".
possible" ;
annexion directe du pronom suffixe hüya "mon frère",
dans les complexes nom + adjectif déterminé
rajla-k "ton pied l l , ~b~f.- tu "sa nature (à lui)", waqtha
l-kblr "la grande mosquée", .bab-al-jdld "la porte neu-
"son moment (à elle) (= alors)", darna "notre maison",
ve" ;
ja,;-'. atkum "votre voisine", baE.<,#hum bat:~ "partie d'eux
dans les complexes adjectif + nom déterminé : 7wII-al-
partie (= les uns les autres)".
qama "haut de taille", kblr-as-sann "grand d'âge",
L'annexion directe est inégalement en usage l:maç-al-wajh "rouge de visage", zarqat-l-€.~nIn "bleue
dans les parlers maghrébins. D'une façon sChématique, d'yeux" ;
on peut constater que l'emploi en est courant en Libye dans des compositions comportant une véritable recher-
et en Tunisie, ainsi que dans les parlers bédouins saha- che oratoire (formules, proverbes, interjections, ob-
riens. Il est moins courant dans les parlers bédouins sécrations, injures) : ryaqq-.çabbi "par (le droit de)
des Hauts plateaux et du Tell, et moins encore dans les Dieu", ya-lJla-daf~ "ô ruine de ma maison", tarnrat-
parlers ruraux et citadins. On note en outre que l'usa- qalbi "fruit (= chose précieuse) de mon coeur", ~
ge en va décroissant d'Est en Ouest. Il finit alors, wakkal-razq-an-nas Itô dévoreur du bien des gens".
dans les parlers qui en ont réduit l'usage, par ne plus
De telles constructions d'annexion directe
être possible que dans des limites étroites Mais,
semblent possibles dans la plupart des parlers.
dans des groupements de notions naturellement asso-
hors de ces cas d'associations, en quelque sorte natu-
ciées,comme bab-dd-daF "la porte de la maison", waqt-
relles ou intentionnelles, le s parlers, qui répugnent à
dl-tI~ad "le temps de la moisson", qallat-l-hya "manque
utiliser l'annexion directe pour sauvegarder l'autonomie
de vergogne", !=~F-III "oiseau de nuit (= chauve-sou-
de chaque mot, recourent à l'annexion indirecte.
ris)!!, complexes qui, parfois, vont jusqu'à devenir de
véritables mots composés, comme bç~-ad-daF, b9~daF, de
b-wo~~-ad-daF, "la cour de la maison" ;
168 169
jnat au féminin.
Pour ce qui est des formes des particules Pour ce qui est de l'emploi de l'annexion in-
d'annexion indirecte, on relève au Maghreb directe, on observe que
- mtaE.. (du cl. mataE.- "objet propriété de") qui est d'un - ~ (ntaE, ta~) unit, indistinctement, au premier
usage assez général (déjà attesté au XIIe siècle au terme du complexe, un nom ou pronom suffixe :
Maghreb, ainsi qu'en hispanique) ; le terme est com- un nom : al-ba.rn9~ mtal.-Eli "le burnous de Ali", ôl-
pris partout; mais i l est plus particulièrement em- b9.rma mtae.-fatma "la marmite de Fatma", al-
ployé dans l'Est maghrébin: en Libye, en Tunisie, mzawd mtâf.-al-ésal "les outres (remplies) de
dans le Constantinois ; miel"
- nta€. (variante du précédent, ~ étant assimilé par la un pronom suffixe la-ktab mtae..u "son livre (à lui)",
dentale ~ : ~, qui a cours en Algérie centrale, en ar-rIplyya mtaf:.ha (mtal;1pa) "ses pantoufles
Oranie, parfois au Maroc, tant dans les parlers cita- (à elle)" , ad-daé.wa mtaE.~ "mon affaire", al -
dins et ruraux que bédouins Darfan mtaé..hum (mtat)l').um) "leurs agneaux".
ta~ (forme réduite des deux précédents) qui s'entend
Mais la capacité des autres particules ddi
dans le Sud algérois et marocain ; t~.
-' (di, ~ , dyal, jna, de relier nom ou pronom suffixe au
addi, courant au Maroc et dans les cités du Nord ora-
premier terme du complexe, apparalt moins tranchée, plus
nais, algérois et constantinois ; souvent réduit à
confuse
add, dd, ou même simplement à
-di,
-d-; ddi (~i, ~) est toujours possible devant un nom: at-
1;.:ç~q d-al-mdIna "le chemin de la ville", al-pammas d-
dyal, non moins courant dans les parlers qui connais-
e.ammi "l'ouvrier agricole de mon oncle", jabba d-al-
sent addi, di, d
t)rIr "robe (blouse) de soie l l , al-klam d -al-jaFa d-
alli, en fait un relatif, qui est particulie~ dans la
da.çna "les propos de la voisine de notre maison".
fonction de particule d'annexion, à certains parlers
Dans le Nord constantinois, il est également possible
du Nord constantinois (Colla) ;
devant pronom suffixe lorsque celui-ci est précédé de
- jna, enfin, qui est strictement libyen (notamment en
la préposition 1- : al -qc? ffa ddI-li "mon panier à mar-
usage au Fezzan) .
ché ".
Les parlers bédouins d'Algérie qui connaissent - dyal est toujours possible devant pronom suffixe : ~ l
mtaé, nta~ leur donnent volontiers un féminin: mta~at ba;-n9~ dyali "mon burnous", la-lJlat~l dyalha.. "ses an-
(mtaEt), ntaé4t (?ta~t), et un pluriel mtawL, ntawE. neaux de pied (à elle)", la-.!.wayd dyalhum "leurs habi-
Les parlers du Sud tunisien et de Libye ont mtacat tudes l l •
(mtaet), mtiEIn, mta~at. Certains parlers m~rocains Mais on ne le "trouve devant nom que dans certains par-
font de même varier- dyal (gyal à Casablanca) en dyalat lers : au Maroc (à Rabat, Casablanca, Fès, nord de
(gyaltJ. dyaw1. Quant au fezzanais jna. il fait habitu- Taza) et en Algérie (à Alger, Dellys) : at-tmasvIr
ellement un féminin jant, et un pluriel jni au mascu~in, dyal-!}üya "la raillerie de mon frère", at-tbarna dyal-
170 171
m99tfa "le restaurant de Mustapha". Il semble ail - cIe de Fatma". Ainsi en est-il habituellement dans le
leurs impossible d'employer dyal devant nom; Nord marocain (Tanger, Nord de Taza), dans le Nord ora-
- jna ; l'emploi n'en est pas assez élucidé pour être nais (Nédroma, Traras), dans le Nord constantinois (Dji-
indiqué ici avec une grande précision. On entend ce- djelli, Kabylie orientale). C'est le calque d'une cons-
pendant au Fezzan al-klam Jna-nas-ad-dç;wwa-r: "les pro- truction berbère.
pos des gens du douar", hag-al-e.ada j~nthum IIcette
aP- On constate en conclusion que, même dans
habitude qui est la leur". les parlers où l'annexion directe est courante et prédo-
minante, l'annexion indirecte yient souvent couper des
c) ~~~~~9~~~_~~~_!~~_~~~E!~~~~_~~~~~~~~~~_~!~~~~~_~~ séquences d 'état construit comportant trois, quatre com-
d'annexion indirecte
-------------------- pléments déterminatifs, et même davantage ; surtout
Plusieurs observations sont à faire. lorsque certains d'entre eux doivent être caractérisés
par des adjectifs démonstratifs, ou par des pronoms suf-
@- Il n'est pas obligatoire, dans tous les
fixes nécessaires. On la trouve également dans les cas
parlers, de mettre le premier terme d'un rapport d'an-
où la structure syllabique du premier terme risquerait
nexion indirecte à l'état déterminé. Nombre de parlers
d'être perturbée par l'annexion directe, au point d'être
tunisiens, algériens, semblent le préférer, cependant
défigurée ou même méconnaissable. ·
qu'en Oranie et au Maroc, la détermination du premier
terme par l'article défini n'est pas de rigueur.
1. A l'état absolu
de 1 à 10
de 11 à 19 Au dessu s de 20
Les formes en sont les mêmes que pour le dé - Même possibili t é d ' annexion indirecte ou di -
compte à l'état absolul et l'annexion de l a notion recte que pou r les noms de nombre précédents : avec le
comptée pe u t être indirecte o u directe, s u ivant la même pluriel du n om de la notion comptée dans le premier cas,
r épartition dialectale que pour les numéraux de 2 à 10 . et le singulier dans le second cas . Les formes demeu -
re n t celles de la série employée à l ' état absolu . Il
Lorsque l'annexion est i ndirecte , le nom de la
n ' y a , semble- t - il , que
notion comptée est habituellement au pluriel (ou à la
mya , ml:yy a cen t" , qui peut :revêtir la forme myat-
II
forme du collectif) : s.attas (mtaé. - ou) d- an- nas " seize
mya d - ar- rj a l, myat - ;-a}al "cent hommes ll
arbta - mya;
personnes", tsaé.'~as (mtaE. - ou) d - a l-l')aj-Fat (ou d - al -
d - al - jmal , àrbéa-myat- jmal "quatre ce n ts chameaux" .
l')jâ~) l'dix- neuf pierres ".
Reste
- 1er le terme dialectal, de même structure que le
classique (~awwal, fém. ~üla , pl. ~uwal), revêt
non une forme de participe actif, mais d'élatif.
C'est
Qwwal, fém . üla, qui est habituel dans les par-
lers bédouins ;
mais 11 est fréquent que, dans les parlers cita-
dins et ruraux du Maroc et d ' Algérie, et même
dans certains parlers de Libye, le féminin soit
refait sur le masculin , ainsi que le pluriel
9wwôl , fém. owwla (gwla), pl . 9wwlIn (owlIn)
~ ~
182 183
On notera enfin qu ' il est fréquent que qwwal, III. Numéraux fractionnaires
=======================
ul, et leurs féminin et pluriel correspondants ,
agglutinent l'article défini: l~wwal, ~ül. Mis à part le nom de la "demie , moitié" , la
Dans nombre de parlers maghrébins (citadins en série des numéraux fractionnaires revêt généralement
particulier), on a tiré de 9wwa1 , deux adjectifs deux formes
de type ethnique , ayant même sens que le numé- l'une "légère", héri tée du classique par la voie
raI : ?wwli, 9wwlani , variablesen genre et en " populaire ", comportant indécision , dans la répartition
-1 2 3 1 2 3
nombre. syllabique, entre les types R vR R et R R vR , et
conservation hésitante du timbre vocalique ;
Formant paire avec 9wwa1 "premier", et refait
l'autre "lourde", héritée du classique par la voie
sur son modèle, IIdernier" se dit généralement a u Maghreb
"savante", avec allongement des voye lles par souci de
dbhar, labbar (du cl . 'aD!r) , fém . aDura , pl . ~ŒQrrn : con servation du timbre (langue des partages successoraux
f-l - Ç5wwal u - f - l - abbar lien premier et en dernier (lieu)".
largement connue du "vulgaire" )
Au-dessus de 10 , la numération ordinale est 1/2 : n9~f, généralement prononcé n9-?-?
or dinairement rendue par la série des nombres cardinaux . 1/3 : ~ûl t, taIt (tBlt) , tlct , tülüt (tülü t)
Les noms de nombre de la sér i e ordinale sont 1/4 -F9 b t., ra b E. , çbat, rübüt.
employés comme substantifs ou comme adjectifs (épithètes 1/5 l]ums t barns , ornas , humus
- --
ou attributs) . Il faut me n tionner aussi l'emploi qui 1/6 suds , ,s..:)ds , sdôs , s üdüs
peut être fait d ' eux , invariables , comme premier terme 1/7 subt.. , sabi. , sbat:. , subüe
d'un rapport d ' annexion directe: al -ma~ç a l-qwwla, 1 /8 .tU mn (t'Umn) , tamn, tmëJn, tümun ( tümün )
9wwal-ma~;:-a "la première fois" , -çani-küsa "la deuxième 1/9 tu st. , tast.. , tsa~t tüsüt.. ;
fournée", al]l)ar- IIla "la dernière nuit". 1/10 EQS.r;, ES<'?f, éusur, Easür
" moins le, un quart se dit gIr-;"'çbl:. i.7'bat..) ou
ll
LES PRONOMS
Est également d'usage courant, en particulier
dans les sociétés rurales et pasto rales, une série de
Sous ce titre , on range les indices personnels,
noms de mois solaires, du calendrier julien, d'origine
démonstratifs, interrogatifs, relatifs et indéfinis .
romane, dont les formes connaissent de nombreuses vari-
antes à travers le Maghreb, du type Il en est qui sont réellement des pronoms :
yannaF (ônnayr), fü.ça~, mafa~ (màgf"<J!1 ) , IbrIr, mayu, les indices personnels d'abord , lorsqu'ils sont indépen-
yÜnyu, yÜlyu (yÜlyÜz), awUssu ou gu§t, §t3mbar, kt9bar , dants ou suffixes annexés aux verbes et aux propositions .
~ünambIr, dûjambIr. Annexés aux noms, ils jouent le rôle des adjectifs pos-
sessifs du français.
~n a , on a antum (ntum), on a
anaya , très répandu partout , - d ntüma (ntuma), forme alourdie , très commune au
a u ssi -antu (avec perte du~final) est une forme qu'on tr ou-
-
~
~na ,
ve dans le Sud tunisien et en Libye .
yana , sporadiquement dans le Nord ma r o cain, oranais, Enfin , il existe , dans le Sud tunisien et en
constantinois . Libye , un féminin
hu,
hi.
Pl . 1 -na
2 -kum
3 -hum
Remarques
fI'k "en toi".
Les pronoms s uffixe s à i n itiale vocalique -~k ,
Elle est commune aux deux genres partout au
~, en se joignant a ux formes , son t susceptibles d'y ap -
Maghreb , sauf dans les parlers bédouins de l'extrême Sud
porter des pertu rb at i ons d ' o r dre syllabique .
tunisien et de Lib ye, où le féminin est ma r q ué par une
~ I 2 3
Adjoints à un r adical de type R R VR , ils provo-
prononciation spirante de k : k, ou mou i llée: k Y•
- ~ - q u e nt une mutation syllabique et déterminent l'adoption
c) A la troisième personne du masculin singulier
d 'un schème R vR R : qtal + ~ ) qatl u "il l ' a tué" ,
l 2 3
- u est la forme s uffixée aux mots dont la fina le est
qbdl + ak ) qablak " avant toi".
une c o nsonne : qtal tu "je l'ai tué", yaddu "sa main" ,
mannu "de lui". La voye lle est généralement asso mbrie ~ Ad j oi nt s à l a finale - at de" l a troisième pe r so nne du
en ~ dans les pa rler s marocains et de l ' Oue s t oranais. f émini n du verbe à l ' accomp li, il s placent la voye lle
b rève (de - at) en syllabe o uverte : gatlat + ak , qa tlat
Mais , dans le s parlers bédouins du Tell et du
+ ~ " e l le t'a, l' a tué" . On co n state
Sahara o ranai s , dans le Sud constantinois ( Souf ) , dans
l a chute de l a voyelle brève: gatlt3k
le Sud tunisien et en Li bye, ainsi que dans le Nord-
- le red o ublement de l a finale - ~ ( q ui a pour effet de
Ouest tunisien (de la Kroumirie à la Calle ) , le suffixe
fermer l a s yll abe) : q~ tlattak ;
n'e st jamais -~, mais
la mutation de l a finale - at en finale - at
- ah (parfois réduit à a) 9taltah , yaddâh, mannah .
s uivant une ré partition dialectale qui a été ex posée
Parto ut, au chapitre de la Syllabe (Phonétique).
- h est la forme s uffixée aux mo ts dont l a finale est
une voye l l e : qt<31tüh "ils l'ont tué", mülah " so n maî-
Q[) Adjoints aux finales du pluriel - aw , -Iw de s verbes
d éfectueux, il s p l acent la semi - voyelle termi n a le en po-
tre" , fIh "en lui".
s ition ambiguë: n saw + k "il s t ' ont oublié ", nDQJ:1~w + h
d) A l a troisième personne du féminin si ngulier, " enlevez -le". On p eut entendre
on a t o uj o ur s et par t out - l'articulation de l a fi n a le en voye l l e : nsaük,
- ha : qtaltha "j e l' a i tuée", qalbha "son coeur", ~ na~~Iüh, dans les parler s de Tunisie et de Libye
"d'elle", - l ' articul a ti o n de l a finale en semi-voye lle, s u i v ie
à l'exception du pa rler de Che rchell (Algérois', où l'on d ' une v oye lle b rève , -w3- (-wa-) : n sawa k, nahhIwsh,
entend, après consonn e courante au Ma r oc et en Algé rie.
- ah (forme hi spanique ) : .gtaltah , galbah , mannah.
Œ) Ad j o int à un verbe e t s ui vi de l a p r épos i tion..1.. +
e) Les personnes du plurie l s o nt communes aux prono ms s uffixes, le pron om suffixe de l a troisième per-
deux genres dans tous les parlers maghrébins, sauf dans sonne du masculin s ingulier revêt)d a n s nombr e de par lers,
les parlers du S ud tunisien et de Libye qui font , aux la forme - hü - : ~ "il l'a donné" , é.1;:ahü-li "il me l ' a
deuxième et troisième personnes , la différenciation donn é ", katbtu (k-atb.Jttu, katbatu) "elle l'a écrit ",
~~m , hum a u masculin ; ~, han au féminin. Notons aussi katbathü~'elle te l'a écrit" , .~bbaü h (babba~h )
q ue dan s nombre de parlers rur a ux et même bédouins, l a "il s l'ont caché" , habbawhü-ln a " i l s n o us l'ont caché" .
194 195
.
ai lleurs, est le complexe
-
- ma-mannu-s, qui a l a v a l eu r d'un ad jecti f signif iant
hag (had) haq-aç-r;ajal "cet homme", hac1-al-m;-a
"cette femme", haq-an-nas "ces gens" ;
"qui n'est pas bon, qui n e vaut rien, mauvais l1 ; il - ha, qui a cours en Tunisie et en Libye : ha-t-tfçl
est parfois variable , a vec un féminin ma-~nha - s et un "cet enfant" , ha-l-bant "cette fille", ha-l-çyyam
p luri e l ma-m~nhum-s . "ces jours".
Ce qui correspond à l'adjectif interrogatif On peut encore noter qu'un certain nombre de
est exprimé par termes (taille, manière, temps etc.) peuvent être em-
- ~yy (rarement variable : au féminin ~yya, ~yyat-) dans ployés avec valeur interrogative suivis du morphème -a s
les parlers conservateurs ; il est généralement suivi (-ah dans les parlers bédouins d'Oranie et du Tell algé-
de la préposition man précédant le nom indéterminé : rois ) : qé)ddas "quelle taille = combien 7" . C'est l'ori-
~yy man-da.ç "quelle maison 1" gine de nombre d'adverbes interrogatifs.
- ~yydn en Libye ;
~
Observons enfin que les termes interrogatifs
- as-m3n, was-man, suivi du nom indéterminé, est assez sont souvent employés avec valeur exclamative : ama
général dans tous les parlers maghrébins ;
~ajal huwwa "quel homme est-ce 7" et " que l homme c'est!".
- ana, suivi du nom indéterminé ou des pronoms indépen-
dants, ana-huwwa (hu), ana-heyya (hi) etc., semble
propre au Maghreb oriental ; il est variable dans le
Nord tunisien (Cap Bon) : .~, ani, anum
- ~yna dans le Sud algérois
- ama est algérien et tunisien, avec les variantes rma
(Constantine), amma (Oranie), ~yma (bédouins de l'Ora-
nie et de l'Algérois), wama (Cherchell, Nord algé-
rois) ;
dama à Djidjelli (Nord constantinois) c'est ama pré-
cédé de l'élément démonstratif d.
(ensemble de notions partageables) est kUll, qui, dans gat., proprement "jusqu'au fond" gaf.-an-nas, an-nas
certains parlers citadins et ruraux, se prononce souvent gat. "absolument tous les gens", m-F~q gaë. "tout à fait
kalI. Il garde toujours sa valeur originelle de subs- malade" ,
tantif. On distinguera quatre constructions possibles kamal, fém. kamla, pl. kamlln, proprement "complet" :
de kull : an-nhar kamal "le jour étant complet (= toute la jour-
- Kul! déterminé par l'article, al-kull "le tout", en ·née)", al -IIla kamla "la nuit étant complète (= toute
apposition à un nom pourvu de l'article défini: an- la nuit)".
nas ~l-küll "les gens la totalité (= tous les gens)"
il se présente souvent en Oranie et dans les parlers Chague-
bédouins d'Algérie sous la forme dk-kull, avec assimi-
lation de l'article. Le même terme küll (kalI) va exprimer la no-
Il peut être précédé de la préposition b- : b-al-kull tion de totalité distributive. Il est alors premier
(b-uk-küll) et devient alors un véritable complexe ad- terme d'un rapport d'annexion dont un singulier indéter-
verbial ayant pour sens "en totalité, complètement, miné est le second terme :
tout à fait" : cH-mdIna b-~1-kul1 "la ville en totali- ktHl-wal,lad ou kÜII-J:ladd, fém. küll -waryda "chacun, cha-
té" t an-nas b-al-kull "les gens dans leur totalité", cune" ; kull-,fâjal U-~~Etu "à chaque homme sa natu-
~~~ b-al-kull "tout à fait maladelt ; il est alors, re" ; kull-blad u-Iügatha " chaque ville a son idiome
dans certains parlers citadins et ruraux d'Algérie, (propre)" ; à Tlemcen kulla-yÜm "chaque jour" ;
susceptible de recevoir des augmentatifs : b-ai-kalilt - kull-s~y, kull-~i, souvent kull-as (kalI-as) dans cer-
----c---'
b-al-kallItak, b-al-kallItIk, ensemble qui peut même tains parlers citadins et ruraux, "chaque chose" ;
être déterminé : al-b-al-kalIItak ; killlât, en Tunisie : kullât u-qasmu "chacun sa part"
kull déterminé par un pronom suffixe al -mdIna kullha - kull suivi de man, en Tunisie : killl manhum "chacun
"la ville sa totalité (= toute la ville)", an-nas kull- d'entre eux".
hum IIl es gens leur ensemble (= tous les gens)" ; avec, On peut aussi employer kùll suivi d'un nom au
à Tlemcen et en Libye, le féminin kullat : kullotha, duel ou au pluriel (désignant en fait non une pluralité
kullathum. Le complexe peut être également précédé de mais un ensemble global d'unités) : ktill-yÜmayn "Chaquel
préposition : b-kullha, b-kullhum Ca tous les) deux jours", kull--çla;a §hur "chaques(=tous
les) trois mois".
kùll déterminé par un nom singulier pourvu de l'arti-
cIe: kùll-an-nas "tous les gens", kull-an-nsa "toutes Certain
les femmes".
sa valeur de substantif . On le trouve dans plusieurs autres", complexe qui est surtout en usage dans l'Est
constructions : algérien et la Tunisie centrale ;
baf.~ indéterminéjou déterminé par l'article, bat.~ "une ba~~ sous la forme baê~~t, bàe~~yat, suivie des suffi-
partie" ou al-baé9- "la partie ( ... certains)" ~a ma xes personnels du pluriel, complexe qui est courant au
iqülu I-ba-6~ "c'est ce que disent certains" Maroc et en Oranie : yamnu fI-bat:.q~yathum "ils ont
baEg déterminé par un suffixe personnel : baedo manna confiance les uns dans les autres".
--"-'--- -
baedo manna "une partie (de lui) par ici, une autre
---"-'- ---
par là" ; Même
- baEç déterminé par un nom au singulier en rapport
d'annexion: nuqEÇld baég-waqt fI-tünas "je demeurerai La notion d'identité est rendue volontiers par
quelque temps à Tunis" ; le numéral "un"
~ déterminé par un nom au pluriel en rapport d'an- - wa~ad, fém. wa~da, postposé au nom
nexion, pourvu de l'article défini: baëg-an-nsa "cer- sens".
taines (des) femmes" ; ou non pourvu de l'article
On peut aussi utiliser
baéq-klab "des chiens, quelques chiens" ;
f~rd, invariable, précédant le nom indéterminé : éan-
ba~~ suivi de la préposition man introduisant un nom
dhUTii" fard-jamaf. "ils ont une seule et même (= la même)
au pluriel ba~ mn-c3n-nsa "certaines femmes".
mosquée" ,
nafs, suivi également d'un nom en rapport d'annexion:
Les uns les autres
éandhum nafs-l-amwal "lIs ont la même fortune", tour-
nure usuelle en Tunisie.
C'est encore bae~ qui sert à exprimer la réci-
Cette notion est proche de celle qU'exprime le réflé-
procité :
chi pour lequel on a recours à nafs, +Q~ pourvu de
baé~ étant répété, dans une construction fidèle à la
suffixes possessifs, et à Qat, tous termes qui seront
langue classique : yam§iw me.â-ba~hum baE.d "ils par-
examinés au chapitre des adverbes et locutions adver-
tent les uns avec les autres" ;
biales;
baég
- _. non répété, avec pronom suffixé é1â~ tUbÇ~9
E~n précédé de ~, fI, et pourvu de suffixes personnels
bà~kum "pourquoi vous haIssez-vous les uns les au-
s'entend aussi, mais est d'un emploi classicisant
tres 7"
b- é.~nu, fi -E.~nu "dans (le fait) même".
baE~ non répété, sans pronom suffixé et précédé de
m~a , dans une tournure qui semble inconnue des parlers
de l'Ouest maghrébin: yam~Iw mea-baé~ "ils partent
les uns avec les autres ( .. ensemble)" ;
Pour marquer la différence, on peut employer
baéd sous la forme ba~dâ pourvue des suffixes person-
- anor, fém. ~ryfa, pl. qb~~n , Qb~at , que l'on a vu à
nel: du pluriel, ba~, ba~akum, ba~gahum : t&b~ni propos de "autre" opposé à "un" : ;-ajal a!}è;>.ç "un autre
uf'â-b~dahum "ils m'ont suivi les uns derrière les
214
Et, s'il n'y a pas chute, il se produit souvent moi, à moi" ; et est généralement seule possible en
assimilation de n aux phonèmes "liquides" (!.' ~, E.) et proposition nominale: hacj a ltyya "ceci est à moi",
parfois aux "sifflantes" : mar-fasu "de sa tête", ~ lIha §har ma-'!iaf"tni "à elle (= i l Y a) un mois
Sd>tta "à partir de six (heures)". qu'elle ne m'a vu".
Pourvue de pronoms suffixes, la préposition est Images plus fidèles du prototype ancien, plusieurs
m~n- devant initiale consonantique : manha, m3nna, formes se trouvent en usage devant noms, dans tels ou
mankum, manhum, tels parlers maghrébins :
menn- devant initiale vocalique ma nni, .ffiannak, li dans les parlers de l'Est, Sud tunisien et Libye:
mannu. msa lI-l-bIr "il alla ver~ le puits" ;
la dans le Nord constantinois l)"tta-la-wal)ad "ab-
- l : Déno te l'attributio n, la de s tination, la localis a -
solument à personne" J
tion avec mouvement, tant spa tiale q ue temporelle et
lIa courant dans les dialectes du Sahara algérien et
figurée .
du Sud marocain et tunisien, et aussi en Libye (sou-
Elle est dépourvue de voyelle propre (cl. la, li) :
vent sous la forme alya ) alya-d-daç "vers, jusqu'à
da+ I-babah "il se tourna ver s son père", na~jaL I-dd-
la maison"
dar "je reviens à la maison", t)atta-l-éS!yya "jusqu'au
--' lya, lyal, ilal, laI, en usage en Oranie : ilal-
soir" t las yU~+Ql') "à quoi ça sert 1".
darhum "vers, jusqu'à leur maison", parfois précédé,
Ave c les pronoms suffixes, la série est !i, ~~k, ~u,
comme à Tlemcen, de gIr : gIral- (9Irlal-) dafkum
lha, Ina, lkum, lhum. Mais on con state que, dans cet
"jusque chez vous".
emploi, 1- ne peut généralement pas être autonome. Il
On trouve · enfin une série complexe (sans doute II +
n'y a qu'en Libye où il est possible de l'admettre
~), pourvue de suffixes pronominaux:
dans une proposition nominale comme : haga li "ceci
lIli, lIlak, lIlu, lIlha, lIlna, lIlkum, lIlhum, qui
est à moi lt • Partout ailleurs on aura, non 1-, mais lJ-;
s'emploie dans le Nord marocain (Tanger) , en Tunisie
li : C'est sans doute l'héritier de l'ancien 'ïla. et en Libye ; qui se présente sous la f o rme lalla k,
Dans la grande majorité des parlers maghrébins, qu'ils lallu, etc. dans le No rd-Est tunisien (Tabarka ) :
soient citadins, ruraux et bédouins, on ne le trouve hadak lI1na "celui-là est à nous ll •
que pourvu des suffixes personnels : ~, lIk, lIh,
- êla : Les sens en sont~lti,ples : la position s upé-
llha , lIna, lIkum, l Ihum ; série qui, dans les parlers
rieure, la superposition, l'obligation, la valeur ad-
bédouins, comporte une diphtongue pleine -~y-, ou une
versative, la contiguIté, la c o nformité à une n o rme ,
diphtongue partiellement réduite ~ : ~ , l~yk
etc.
(l~k), l~yh (l~h) etc. Cette série constitue alors le
Elle revêt diverses formes devant noms
doublet de la série lJ:, ~ak, ~ etc ., mais marque
- €la- est toujours possible (cl. €.ala) : fla-rayi "à
l'attribution, la destination, le mouvement, avec plus
mon avis", é.la-ktafi "sur mes épaules", E.la-imInak
d'instance: smiE-lu "il l'a écouté" , sm;E IIh Ilii lui
nA ta droite" ;
a prêté attentionlt~ gül-li "dis-moi", qül l'iyya "dis-
220 221
él- (~el-) est fréquent devant noms pourvus de l'ar- cette forme (où n est assimilé à ct ! dd) est également
ticle : é.l-at:-1:-F~q "sur le chemin", ~l-an-nas "sur connue des parlers sahariens et libyens, qui utilisent
les gens" ; aussi éad. La préposition éand (et ses variantes)
éal-, parfois, devant consonne + consonne d'l- sert partout à exprimer l'appartenance, la possession;
ktafi elle forme alors un complexe proche de la notion ex-
ea-, avec perte du !, est usuel dans les parlers de primée par le verbe "avoir" : éandi, EandCJk, e.andu,
l'Est maghrébin: e.a-s-slama "au revoir", ea-s-xbah éandha, éandna, éandkum, éandhum "j'ai, tu as, il a,
"au matin". etc.".
Pourvue des pronoms suffixes, la série est é11yya,
bIn ! Signifie "entre". C'est b~yn, b;;n dans les
, par-
élrk, élrh, elrha, élrna, élrkum, Elrhum ; et, dans lers b'douins (cl. bayna). Souvent quand on veut mar-
les parlers bédouins, "l<}yya, él~yk (el~k), él~yh
quer la distinction, la s'paration entre deux notions,
(~) etc. bIn est r'pété devant chacun des deux termes : bIni u-
Ean : On constate la disparition à peu près totale au bInak "entre moi et toilf. Souvent aussi, surtout dans
Maghreb de cet héritier du éan classique, excepté dans les parlers citadins et ruraux, quand la préposition
des parlers sahariens et libyens, où elle se substitue est suivie d'un nom ou d'un pronom suffixe au pluriel,
à ela devant noms, surtout devant pronoms suffixes : elle a la forme bInat : bInat-an-nas "entre les gens",
éanni, eann-ak, eannu, Eanha, eanna, œnkum, e::anhum . bInatna "entre nous".
me.a : Cette préposition marque l'accompagnement "avec", .1:lg.a : "auprès de" (l).da) : hga-ml)ammad Ifauprès de Moham-
éventuellement, une valeur adversative proche de "mal- med", ogaya, l:1dak, etc. "auprès de moi, de toi, etc. lf ;
gr'" ; et aussi la concordance dans l'espace et le guddam: "devant" (gaddam, Quddam) : guddam-bab-<td-dar
temps. Parmi les parlers du Sud algérien, t~nisien, "devant la porte de la maison", quddarnha "devant elle";
et parfois ceux de Libye, on emploie habituellement la
u+a : "derrière" (Q"f'a) : u.ça-l-bab, u.ç-al-bab "derriè-
forme à métathèse éma. Les deux formes rnEa et €ma
re la porte", u;.-ak Itderrière toi" ;
comportent une voyelle ~ longue (alors que le cl. est
m~a), qui est relativement stable: m~a-waldryya - fQq : "au-dessus de, sur" (fqwg, fQ"g)
"avec mes parents", méa-I-wad "le long de l'oued", "sur le cheval", fQqha "sur elle" ;
lTlê.a-I-fja+ "avec l'aube", me..a-uladu "avec ses enfants". - talJ,t : "au-dessous de, sous" (tapt) : tabt-al-b~+nQ~
Mais on entend parfois mE-, et même maé- dans les par- "sous le burnous, sous le manteau ll , ta:l;1tu "sous lui"
lers b'douins.
- ~ : "à l'intérieur de", devant noms: dapal-l-bIt
Pourvue des pronoms suffixes, la série est méaya,
"à l'int'rieur de la pièce"
mEak, mEah, m~ha, mEana, m~akum, méahum.
hâra j : "à l'extérieur de" devant noms harj-dl-mdrna
~nd : "auprès de, chez" est d'un emploi gén'ral sous
"hors la ville" ;
cette forme au Maghreb (cl. érnda) . Mais, dans cer-
tains parlers citadins d'Algérie, elle sonne eadd ; "comme, semblable à" kIf-;ls-samS "comme le
222 223
soleil", klfhum "comme euxl1 ; le terme est volontiers l)wayt : "même sens",
répété devant deux noms dont on veut souligner la res- day:r "autour de".
semblance , l'identité: kIf-l-ansan kIf-al-kalb "(il On relèvera aussi des termes qui semblent plus
en est de) l'homme comme le chien", kIf! kIfak "moi proprement bédouins comme
comme toi" 5'399 : "au-delà",
- qartd : proprement !là la taille de", et souvent avec la Mention doit être faite également de partici-
valeur Il comme , semblable à ll (gadd) : q,addu qddd-.;:ajai pes du thème III qui sont devenus de véritables préposi-
"il est aussi grand qu'un homme", ana qaddu ttje suis tions, comme ms ami "à côté de", rnqabal "en face de",
comme lui" ; mwâja h "face à, donnant surI!, mj awar "voisin de" etc .
- bae.d : "après" : ~aéd-a~-91at "après la prière", Il est enfin plusieurs termes qui sont occa-
bat:.dna "après nous" ; sionnellement prépositions, mais qui connaissent d'autres
- qb-al : "avant" (gabl, gball : qb~l-l-lIl "avant la emplois comme adverbes, comme conjonctions (ils seront
étudiés en leur lieu et place) : ~ (~, hta)
nuit", .9bëllhum "avant eux", qab18k "avant toi" ;
"jusqu'à", 0I1la (lIa) "rien que, si ce n'est que", gIr
~: "par, au nom de", particule de serment: u-fasak
(q~r, qa) "autre que, si ce n'est que, excepté", sIwa
"par ta tête", w-a~lah "par Dieu". "excepté".
Citons encore
1;:91 "le long de",
- twali, twal : "vers, en direction de ll ,
jIht, jwayh, jwayht "du côté de, aux environs de",
nhat, nwayh, nwahi : "même sens",
224 225
c) man + - -
Dans le parler algérien de Cherchell, c'est le plus sou-
vent mal, non man.
Elles sont généralement suivies de noms ou de
môn-éla "de dessus"
pronoms suffixes, mais d'une façon qui est variable sui-
man-fqq (fqg) "au-dessus de" ;
vant les parlers. Elles sont constituées par une prépo-
rrran-tal).t (tal)t) "en dessous den
sition suivie d'un nom, ou d'une autre préposition, ou
môn-:-quddam "par devant" ;
d'un autre élément.
mn-ufa (Q~a) npar derrière" '. et procédant de mn-al-
al bi + -- Qfa, mdl-1-9~a, une forme à métathèse maF-Fawla, ~
b-l}al "dans l'état de", et courant au Maroc dans le +awl que connaissent Alger, l'Oranie et certains par-
sens de Itcomme", en substitution de kIf, kI (k) ; lers marocains ; m-Q+a, m9~ a, à Tanger, à peu près
b-o<ja (l)da) "à côté de", en concurrence avec 1').ga et évincé u~a ;
souvent préféré à lui ; - man-nQ~f (nQ~!?) "du milieu, au milieu" ;
b -la "sans", quelquefois prononcé bI-la, en Libye ha- - man-wQ$t (wQ!?!?) "du milieu, de l'intérieur"
la ; - man-nalf "par derrière" ;
b-gIr "sans" ; man-blaf, m-1'11af "à l'exception de", fréquent dans les
b-sb'ab lien raison den. parlers citadins d'Algérie
_ b-J<)nb (jamb) "à côté de". man-b~E~, m-bru:.d "après" ;
man-qabl (gabl, qbal) "avant"
bl fi + - -
fI-mkan !tau lieu de, à la place de", en Libye fI-bkan; man-jIht "du côté de" ;
fI-bQqt:..a "même sens", d'emploi surtout tunisien; .man-gIr "sans, à l'exclusion de"
man-dün "même sens" ;
fI-mhall "même sens"
rnan- 1:tga "à côté de", ~ à Taza ;
fI-mQqaf. "même sens"
man-q~bal !l à cause de , relativement à" dans les par-
fI-maQ.çab "même sens" ;
lers marocains.
fI-bla~t "même sens" ;
fI-é.oq. (€.QQ) "même sens" et "en substitution de" dl 1 + -
fI-n9~~ (nq:?f) "au milieu de" l-~and "(en allant) chez, auprès de"
fI-wQq1; (w~S?!?) "même sens" ; - I-dahûl "à l'intérieur de"
fI-93lb (qalb) proprement "au coeur de", dans le sens - l-haraj "à l'extérieur de"
de "dans" ; dans nombre de parlers citadins d'Algérie, - l-bafra "même sensll ;
il est souvent préféré à fi ; - l-fOg "au-dessus de" ;
fI-!?dar (sdar) "même sens" ; I-tal;lt "au-dessous de"
fI-j"anb (J .. mbl "à côté de", concurrençant l)ga l-~ra "dessous"
--_0_0- ,.
fI-jIht (jwayh, jwayhtl "aux environs de". l-qiiddam "de ssus" .
226 227
f) Il\é.a + --
- mE.a-sq1;t; "àcôté dell, courant dans le Nord constanti-
nois, où le complexe est volontiers réduit à méa-st_
Remarques sur les prépositions composées
a) I l est souvent malaisé de discerner, car la
situation est variable suivant les parlers, et même à
l'intérieur d'un seul et même parler, l'emploi préposi-
tionnel de certains complexes prépositionnels, de l'em-
ploi adverbial ; notamment dans le cas de ceux dont man
et l constituent les premiers éléments. On observe sou-
vent que l'emploi prépositionnel peut être tiré de l'em-
ploi adverbial par l'adjonction de la préposition man,
postposée au complexe : fQ'q (ou ~1-f9q) mannu 1Ipar des-
sus lui", tal).t mannu, man-tal;1t mannu, l-ta};lt mgtnnu 1Ide 1
dessous lui Il, (1-) ba;:;-a mn-al-blad "hors la ville", etc. 1
b) L'adverbe l)atta 1Ijusqu'à", marquant le
point extrême, la limite, se combine volontiers avec di-
verses prépositions, simples ou composées: l;1atta-I-ad-
228 .229
On a généralement recours à
B. CONJONCTIONS ET LIGATURES CONJ ONCTIVES w-ulla, w-alla, proprement lIet si non ll , prononcé aussi
avec une articulation classicisante wa-'illa.. On
l'entend souvent avec perte de la voyelle finale: w-
all (üll), à la fin d'une phrase interrogative ou ex-
clamative ; ou bien, dans les mêmes conditions, ren-
forcée par la négation la : w-alla-la 1I0U bien n o n 7 Il
et
La tournure alternative comportant répétition
- u-, qui s'articule généralement de la conjonction devant deux-mots ou en tête de deux
en voyelle u- devant consonne + voyelle u-da.çi membres de phrase: " ou ••• ou", très proche de "soit
"et ma maison", ••• soit" correspond en arabe maghrébin à
en semi-voyelle ~- devant voyelle : w-abc?:r "et amma ••• aw, amma w-alla,
un autre" ; ou devant voyelle + consonne : !!!...- ya .... ya,
iqatlu lIet il le tue", swa swa,
en semi-voyelle ~- suivie d'une voyelle de tim- bga ••• bga,
bre variable w - devant consonne + consonne : et dans les dialectes sahariens
wa-ngatlu "et je le tue". sta ••• sta,
Mais il faut observer que l'articulation u/w/wa J:labb l)abb.
peut varier considérablement d'un dialecte à l'autre,
suivant la nature des phonèmes contigus , et suivant la
structure syllabique du mot qui précède et du mot qui
sui t. C'est généralement
Notons aussi que la conjonction u- n'est pas seule- lakin, lakan, qu'on emploie soit isolé, soit pourvu
ment coordinative. des pro~suffixes : lakanni, lakannak, lakannu,
lakanha, lakanna, lakônkum, lakanhum ; et qui cannait,
C'est à propos de "et" qu'on mentionnera le
suivant les dialectes, des variantes nombreuses :
complexe, hérité du classique, et d'usage panmaghrébin,
layn, lakant, lamkant, làmkan, l~mka:yn, lammakan,
w-~yya- muni des pronoms suffixes de deuxième et troisiè-
lammIkan, laman, amkan, emmâkan(~), ammIka n(~), etc.
me personne: ana w-~yyak "moi et toi", hüma w-~yya:ha
"eux et elle" .. On entend aussi, avec valeur adversative,
b-al?-~a1.1J:1 ,
aw est employé partout, mais le plus souvent par des - ammala, hammala
demi-lettrés, ou avec un souci littéraire .. b-a g-<?add.
230
231
au contraire
autant •• • autant
ma-blh
et plus rarement
tâf'a .... taFa,
- tâf'âtan,
<lJ:1yânan ..
232 233
311i (li), qu'on trouve isolée, mais volontiers précé- les variantes
dée de la préposition b- : k~f, k~yf dans les parlers bédouins;
n~n, w~n qui est spécifiquement libyen.
b-alli, surtout en Algérie citadine et rurale, après
des verbes déclaratifs où l'asyndète est, dans d'au- Lorsque la notion de localisation temporelle
tres circonstances, constante; alli est également li- est teintée d'éventualité "quand (d'aventure), lorsque
gature conjonctive dans la plupart des parlers maghré- (le cas éChéant)", on emploie
bins, élément suffixé à de nombreux termes conjonctifs Ida, Ida, da, suivi parfois, dans l'Algérie citadine,
comme saEt-~lli, waqt-~lli etc., sous la forme alli, de }can :
li, et, en Tunisie, al, l. ida-kan, da-kan
- dddi (di), dans les mêmes usages que alli, seule ou en IIa, qui est une variante du précédent, habituelle au
composition; s'entend beaucoup au Maroc et dans les Maroc, mais qui s'entend aussi en Algérie, sous la
234 235
au sens temporel le sens causal "du moment que", ma-bfzman, suivi des pronoms personnels indépendants
ba~d-~n, qui est employé dans les parlers bédouins qadd-ma, proprement IIdimension (quantité) de ce que"
d'Algérie et en Libye, est une locution qU'on entend à Alger et à Cherchell.
baed-ki, qui est spécifiquement tlemcénien.
L'Algérie centrale et l'Oranie connaissent
On peut souvent entendre ba~d, baEd-ma, précé- bIda, bIg-ma (bId-ma), avec les variantes bIga-ma,
dés de la préposition man : man-baLd, rnam-baed, mm-bacd. b~yga-ma, beyd-amma dans les régions bédouines ;
- bId-man (b_d-man), qui s'entend à Alger, Cherchell et
Depuis gue Tlemcen (où on note également la variante bId-manat),
et jusqu'à Tanger (où on relève la-b~ydman).
Sont généralement en usage :
Dans les parlers bédouins de l'Algérois et de
~~lli, rn-alli, qui peut aussi avoir valeur causale, l'Oranais, ainsi qu'au Maroc, on observe l'emploi de
man-waqt-alli (-li),
b~yl-ma, b~yl-amma (~yl-üma, b~yl-umma, ~yl-ama), et
man-v~y~, man-Q~yt, en Oranie.
- bIn-ma, b~yma et b~yla, plus particulièrement à Tlem-
cen et en Oranie
Pendant gue b~yna, .?~yn-ma t ma-b~yn (ma-bIn), qui sont usuel s au
Maroc.
Il est divers outils, plus ou moins complexes,
En Tunisie (Sahel, Takrouna), on emploie éga-
pour exprimer la notion du temps qui dure "pendant que"
lement
se déroule un procès; ou la notion du temps qui s'écou-
- mûddat-ma, proprement "le temps où (que) ft.
le "tant que" le procès n'est pas accompli, "en atten-
dant que" le procès soit révolu :
Jusqu'à ce gue
ma (ma d-daymÜma du cl.) s'emploie dans le Sud tuni-
sien et en Libye, soit seul, soit amplifié par dam :
ma-dam qui est employé soit comme un verbe conjugué : Dans son emploi conjonctif, cette notion, qui
ma-dumt, ma-damat, ma-damu etc. ; soit comme un verbe marque la limite extrême d'un procès, ou d'un effort
poursuivi dans un but, avec les nuances finales ("dans·
238 239
le: but den), conséquentielles ou con sécu tives ("si bien On notera enfin que, partout au Maghreb, ryatta
que, de telle sorte que, à tel paini; que"), r ecourt (et ses variantes), en début de phrase, peut signifier
principa leme nt à ~t qui c onnait les variantes ryatta, "(attends seulement) que" et "(voici qU'il arrive) que",
btta, et même ~ (et ta dans le Sud oranais> dans une tournure elliptique, avec valeur consécutive
- hatta s'entend dans tout le Maghreb;
,~ implici te.
~ a tta-ma a cours au Maroc ;
Pour marquer la soudaineté de l'événement qui
,\ latta-d est courant à Tlemcen, et hatta-dd( 1) , hatta-
survient "et voici que", on emploie volontiers en Tuni-
ll(i) à Djidjelli ;
sie
~attâ-n est propre aux parlers du Sud algérois, à côté
- waiabIh, la~abIh, lawIiabIh • .
de !:'lanna-n i
Dattâ-l~n domine en Tunisie, avec souvent les pronoms
Afin gue
personnels suffixés, et notamment celui de la deuxième
personne du singulier en toute circonstance :
L'expression de la finalité est réalisée dans
,t>atta-ljinak
tout le Maghreb par
ryattâ-n~n est la forme libyenne. - v
bas,
On entend aussi, dans les emplois considérés, - bah dans les parlers bédouins de l'Ouest algérois et
~n, -n dans les régions de Bou-Saada, Laghouat, Gery- de l'Oranie,
ville (Sud algérois et oranais), blyya§ dans le Nord constantinois (Djidjelli).
an, Ilayn parfois dans le Sud tunisien,
Parfois le complexe est précédé de kI-
n~n en Libye,
- kI-bas, kI-bah en Oranie.
allaI, mallal dans le Sud tunisien et en Libye,
gir (g,r), proprement "si ce n'est que" dans les ré- Quand la notion de finalité est teintée de va-
gions bédouines du Sud algérien, ainsi que leur conséquentielle, on a recours volontiers à ~,
g~yra, geyl-la dans les parlers d'Oranie, hadak ~las .
- qa, qay-Ila, dans les parlers du Sud algérois . L'expression négative "afin que ne ••• pas"
Dans le sens plus particulier du rapport con- est rendue par
séquentiel (proche de "jusqu'à ce que") , on peut enten- - bas ma-, dans tout le Maghreb,
dre mais elle peut être très bien notée par la simple néga-
hagak ~las, proprement "c'est pourquoi" en Algé rie et tion
en Tunisie ; la, qui est aussi l'instrument de la défense expresse,
balli , hall, nal dans le Sud tunisien; qui , lorsque comme aussi celle que l'on trouve après les verbe s de
le pronom suffixe de la première personne du singulier crainte et de mise en garde.
lui est annexé, forme le complexe hanni .
--- -
241
240
Ces deux outils de la "mise à part" signifiant Et dans le Nord constantinois on trouve par-
"si ce n'est que, excepté, hormis" peuvent également, fois
partout semble-t-il, dénoter la "mise en relief", signi- b-ahlaf-addi.
y
vie d'éléments conjonctifs comme personne du féminin, exprimant la notion de "ce qui
- ~na§, dans les parlers bédouins, conviendrait qu'il arrive", de "ce qui viendrait à
On emploie aussi
-.-
la-gna, la-gna-s,
..
~~y~, Q~~, pIt (~It), un peu partout, l~ykün,
man-l:l~S (man-l;l~n-as) avec le sens particulier de "du lhgQa,
moment que ft en Libye. l~Yêüd, léûd , ~üd.
les" ;
- yakf! est panmaghrébin aussi, et
yazzi, très tunisien ; C. ADVERBES ET LOCUTIONS ADVERBIALES
tous deux verbes impersonnels commandant les mêmes
constructions que barka.
On ne donnera que les termes et complexes es-
Ces divers termes peuvent être pourvus des
sentiels de la catégorie du langage envisagée ici. La
pronoms suffixes suivis de rrrnn : barkani, barkak, etc.
matière peut en effet en être considérée comme infinie.
(yakfIni, yakfIk, etc. ; ya~ni, yazzIk, etc.) mn-al-
On ne saurait donc tenter d'en dresser l'inventaire ex-
klam b-la-fayda "trève de propos sans intérêt".
haustif.
cannalt une certaine unité en recourant à la racine yron ~91, souvent répété ~91-~91.
_ nIsan se comprend à peu près partout s'il est inégale-
lmIn, et Imlna, eal-l-Imln(a), au Maroc, dans les ré-
gions citadines et rurales d'Algérie, en Tunisie et ment employé.
~la-hwak est une expression des parlers bédouins du Sud
jusqu'en CyrénaIque.
~ymant ~mant Iman (issu de l'élatif ~~yman), et ~ymna, oranais et algérois.
Derrière
Deux termes se partagent le domaine dialectal
~mal, 6al-as-smal, du Maroc à l'Oranie et dans les
On entend généralement
vieilles cités algériennes.
_ aWfa, ü~a, 9fa, avec les variantes 1-9ra, mn-9;a, mal-
~~af, et ~~a+a, Gal-l-~~ar(a) qu'on entend en Tunisie
--
et en
---
Libye.
'-
1-9ra, et
mar-fawl, métathèse de la forme précédente, en usage en
~y~a~, ~~aF (issu de l'élat!f »àysar) et ~Y~Fa, ~~~a,
Oranie.
éal-l-~~, tàl-l-~~+a qui semble le plus en usage
dans les parlers où ~yman prévaut . Divers parlers emploient aussi
m~n-tali.
Tout droit
Dedans
L'expression utilise divers mots :
qbala, qU'on entend d'un bout à l'autre du Maghreb,
gbala (gubala) étant la prononciation des parlers bé-
douins. Dehors
- d9gri (d'origine turque) est employé au Maroc et dans
toute l'Algérie citadine et rurale. l-har"j
w _ et
Sdgd~ s'entend au Maroc et en Oranie.
guda, souvent répété gÜda-güda, est d'un usage courant
au Maroc et en Algérie. Certains parlers bédouins em- En haut
ploient la forme à métathèse düga-düga. Certai nes ré-
gions du Tell algérien et du Nord tunisien connaissent - l-fÇ;q, l-fë?g
gada, et daga ; d'autres, de caractère bédouin, Qddu.
252 253
En bas
- I-tl~t, I-ta~t, et
1-9t a , l-c;;t
Dga, Dda, précédé ou non de la préposition b. wagtah est la forme propre aux parlers bédouins de
l'ouest algérois et d'Oranie.
amtas (amta-as) dans le Sud tunisien (Gabès), citadine, rurale que nomade (9F99).
- ~ « mata-Jan) au Fezzan, ~
Demain
Encore
Cet adverbe de temps constate le fait acquis
dans le moment envisagé. La notion peut être rendue en L'adverbe français est chargé de sens
arabe maghrébin par 1) "jusqu'au moment dont il S'agit"
- ~a- suivi d'éléments pronominaux, qui est courant ici ~â-zâl, invariable, est employé dans tout le Maghreb,
et là au Maghreb : ~ah ja "il est déjà venu". On ne suivi d'un verbe à l'accompli, à l'inaccompli, ou as-
peut pas dire autrement dans le Nord constantinois la socié à un nom (qui le précède ou plus souvent qui le
tournure est parfois complétée par bal.d "après" suit), m. à m. "n'a pas cessé" ; se présente souvent
- baLda (du cl. baCda ) semble pouvoi~;employer du Ma-
n
sous la forme rna-zzal dans les parlers bédouins d'Al-
roc à la Libye : .. n-nha. tla<: baLda "le jour est déjà gérie, ou ~I-zal, qui s'entend aussi dans le Sud tuni-
264
sien et en Libye ;
mâ-zal, fléchi (mâ-z alt, ma-zalti, rna-zalùt, etc.), fols les nuances "encore" et "de nouveau" tagli5t
- -- ', '
dans le même emploi, semble plus fréquent dans les tani "tu te trompes encore" ;
parlers bédouins ; au Maroc, ma-zal cannait souvent zad-izId, fléchi, proprement "ajouter" rend mieux en-
une variation en genre et en nombre : fém. ma-zila, core la nuance "de nouveau" : zadt t~gl9t "tu te trom-
pl. ma-zalIn ; pes à nouveau"
bâq~, invariable, est également d'un emploi panmaghré- 3) "de plus, de surcroît"
hin, suivi également d'un verbe à l'accompli, à l'inac- On peut employer les mêmes termes que ci-
compli, ou associé à un nom (qui le précède ou plus dessus, mais c'est surtout
SOUvênt le suit), m. à m. "demeurant" ; il .s 'emploie zayd, le participe et
au Maroc plus que ma-zal ; zada, zyada, dans des emplois adverbialisés : ae~~ni
bâq~, variable, est surtout marocain : fém. bâqya ou wal)da zada "donne-m'en une encore (= de plus) ," i
baqa, pl. bâqyIn ou bâq~n la combinaison des deux zyada est courant en Libye, qui connait aussi dans ce
termes mâ-zal et bâq~, se renforçant l'un l'autre, est sens
fréquente : mâ-za~q~ y~sk;)n fI-da!, waldlh "il de- ohra _at:tëni ohra
! _'_ _ -!...:L!....- "donne-m'en encore (= de surcroit) If;
---' -
meure encore dans la maison de ses parents" ; ' hlaf s'entend dans le Constantinois: waJ:t<ld l]laf "un
tad (parfois Eada) , g~néralement invariable, quelque- de surcroit lt •
fois (en Tunisie et en Libye) variable en genre et en
nombre, fém . Eadat, pl. eadu, est très fréquent dans Pas encore
les parlers bédouins et ruraux d'Algérie et de Tuni-
sie : Ead ja "il est encore venu", ,E.adna wën jIna t.ad C'est le constat de ce qui ne s'est (ou ne
"encore lorsque nous sommes arrivés (::: nous venons s'était) pas produit au moment où l'on parle:
tout juste d'arriver)" (Sahel tunisien). - ma-zal (invariable) suivi de ma •.• sei) est pan-
2) "de nouveau" maghrébin : ma-zal ma-ja-s q)"il n'est pas encore venu";
ma-zal, invariable ou fléchi, peut partout exprimer il peut comporter les variantes notées cl-dessus ma-
cette valeur, ainsi que zzal, mI-zal ;
baq~, invariable ou variable baq~ renforce souvent
ma-zal ma ••• l(!), fléchi ou variable, suivant les
ma-zal ; régions ;
éawd, invariable, est marocain et oranais ; souvent baqe (invariable) suivi de ma
renforcé par ~ani, dans un complexe éawttani ; avec, n'e'st pas encore venu" ; la négation accessoire -sei)
en tlemcénien, les élargissements éawttânik, ~awttâ est possible, mais est généralement absente ; Qaq~
nyak ; et en tangérois dans un complexe Eawd~nnIt, ma ••• est la tournure la plus fréquente au Maroc (où
E.awnnit ; baq~ est volontiers variable en genre et en nombre),
~ani (tani), dans l'emploi adverbial, marque tout à la au détriment de ma-zal ma ••• ~(~) ;
éad ma ... sei) est marocain, oranais, notamment tlem-
266 . 267
- ma-zal (ou bâq~) "Ton frère est-il à la maison? En- Là où il est employé en concurrence avec sQal,
core" .. q.ddas interroge plutôt sur la taille que sur le nombre.
- ~hal, a~hal est le vocable qui prévaut au Maroc et jus-
Dans le deuxième cas, ils expriment l'idée ~~
gaya a une valeur plus estimative que quantitative. qui est nécessaire", qui s'entend surtout en Tunisie.
Il est en outre d'autres mots, d'autres tour- La notion d'excès s'oppose naturellement à
nures de caractère plus ou moins expressif, pour déno- celle d'insuffisance: "trop peu", "pas assez", qui s'ex-
ter cette notion complexe. prime par des vocables issus de la racine nq~
naqa~, b-an-naqa~
Un peu b-an-noqsan.
Comment 7
extrêmes de la Tunisie, avec les variantes klf3~ dans tout le Maghreb, suivi du nom ou du pronom personnel
le Nord constantinois, kyas, kas dans les parlers cra- indépendant; le complexe marque la limite dans la-
klfah est la forme propre aux parlers bédouins d'Oranie nlaf parait plus spécifiquement algérien ; il est con-
et de l'Ouest algérois . sécutif au terme, que l'on veut exprimé ainsi inclus;
Pourguoi ?
ET DE L'INTERROGATION
A. AF FIRMATION B. NEGATION
dir~ leur accord, un claquement de l a ngue contre la - après verbes de crainte ou de mise en garde : D~ft la-
joue, qui s 'apparente plus à un b ruit qu'à un son. yadrabni "j' ai craint qu'il (ne ) me frappe", balak la-
-~---
tt~1) "prends garde de tomber ("" que tu ne tombes)"
On notera enfin l'us age , pour la corrobo r a ti o n
- pour exprimer la finalité négative : azrab azrab la-
énergique, de l a , souvent ap puyé pa r une f o rmule de ser-
taddIk ~l-müja "dépêche-toi, dépêche-toi, que la vague
ment (w-a+~ah), par une excl a mati o n (yâ -~Gi) : la-tandJk
ne t'emporte", emploi que l'on a signalé p récéd emme nt
~l -Q aqq "oui certes, tu as raison v ; qu'on peut entendre
au chapitre des Conjoncti o ns (subordination) ;
ici et là a u Ma ghreb. Ce~ , peut-être héritier du cl .
et sa variante optative : êlrk lâ-tddDDdl f-umüfna
~a la (l-ll-~r~bat ) , ne doit pas êtr~ c o nf o ndu avec la
"puisses-tu ne pas fourrer ton nez dans nos affaire s ! ";
n égati o n l a , do nt on v a parler mai nten a nt.
276 277
devant verbes, noms, pronoms, prépositions en cons- ttatta-sat.:ça "il ne lui reste pas un cheveu", ma-rooJ:'t
truction itérative qaEdat la-takul (u-)la-tasrob walu "il n'a rien gagné", ma-kan s~y "il n'y a (abso-
"elle demeura sans manger ni baire n , la-me..aya (~-)lâ lument) rien", ma-lq~t J:1add "je n'ai rencontré per-
mt;ak 1Ini avec moi ni avec toi", emploi déjà décrit au sonne", €9mr~ ma-saftu "j e ne l'ai jamais vu", ma-
chapitre des Conjonctions (coordination) ; ya~.ç9b gir-ai-mabrum "il ne fume que du (tabac) roulé
devant noms (ou pronoms) comme négation catégorique (à la main)", ma-ntaf alla-~abbi "je ne crains que
(cf. cl. naf1yatü- l-jr~s) : la-fayda fI-klamu "pas Dieu" ;
d'intérêt dans ses propos", la-l:tadd f-ad-da+ n(il n'y lorsqu'il figure en construction itérative: laba ma-
a) personne à la maison". C 'est à ce type de construc- yadbal (u-) ma-yabraj "il n '.a voulu ni entrer ni sor -
tion qu'on rattachera la tournure b-la- "sans", b-la- tir" ; où il pourrait être remplacé par la : ma-il)abb
---- ----
ma "s a ns que", vue au chapitre des Conjonctions (subor- la-yarta1;1 (u-) la-yaodam "il ne veut ni se reposer ni
dination) ; travailler" .
- devant propositions nominales, avec valeur de mise en
I l convient néanmoins de remarquer que dans la
relief, "ce n'est pas" : la-ma;-tu tsamhu "ce n'est pas
plupart de ces emplois, si non tous, il est possible de
sa femme qui le pardonnera 1".
trouver ma suivi de la négation accessoire -si (-5),
On a vu en outre, au chapitre des pronoms per- avec un renforcement de l'idée négative du type ma-
sonnels, que la pourvu de pronoms suffixes , pouvait for - fIha-s bas "il n'y a pas du tout de mal à cela", ma-
mer un complexe fléchi : lani, lak, lah etc. ê.andI-~ J:'tatta-~9;:di "je n'ai pas un sou vaillant", f..9mf~
ma-lq~tu-s "je ne l'ai jamais, au grand jamais, rencon-
2 . - ma, non suivi de la négation accessoire
-s~ (-~), que l'on trouve tré" etc.
lorsqu'il porte sur un nom au degré zéro de détermina- 3. ma- ••• -si (-5) qui encadre le terme sur
tion (type du français "il n' y avait âme qui vive") : lequel on veut faire porter l a négation, que ce soit
ma-radd-li kalma "il ne m'a pas répondu mot" , ma-Eandi avec verbe à l'accompli ou à l'inaccompli: ma-wallât-
flüs "je n'ai pas d'argent ll
, ma-fIha bas "il n'y a pas ~ "elle n'est pas revenue", mâ-tfql)-s "tu ne partiras
de mal à cela" ; pas" ; avec l'inaccompli le sens peut être aussi celui
lorsqu'il porte sur un élément ligature (ma, man, bas, de la défense négative: "ne pars pas"
etc.) : ma-êtani ma nakul lIil ne m'a pas donné de quoi avec verbe précédé de l' auxiliai re kan: kan ma-fham-s
manger", ma-e.andi man (ou skün) namdn fIh "je n'ai per- ou ma-kan-s fham "il n'avait pas compris", kunt ma-
sonne à qui me confier", ma-é:andu bas "il n'a pas de narbat;l-s ou ma-kunt-s narbaJ:'t "je ne gagnais pas"
quoi lT avec, peut-être, une légère différence de valeur entre
lorsqu'il est suivi de complétifs ou restrictifs de les deux constructions ;
négation, comme Q.Oltta "jusqu'à", walu, s~y (say) avec verbe accompagné de termes comme êad Ead ma-
"rien", ~ ou waJ:1ad "personne", êqmr "jamais", grr, ijI-s ou ma-Ead-s iji "il ne viendra plus" ;
alla, kan "(rien, si ce n'est) que", etc. : ma-bqat-lu avec verbe pouryu de pronoms suffixes directs ou indi-
278 279
rects : ma-fhamtak-s IIje ne te comprends pas", hada kull "pas tous, pas tout, pas complètement" ;
--
IIi ma-iqülu-lna-s "c'est ce qU'ils ne nous diront - équivalant à "ce r.,.Iast pas" sert à nier, dans des con-
pas l l ditions voisines de ma ••• si (~>, mais avec plus de
- avec pronoms personnels ou complexes préposition + force négative : masi waldryya "ce ne sont pas mes pa-
pronom suffixe : ma-hum-s rnrad
. ï
"ils ne sont pas mala- rents", masi ?lna nda.rbak "ce n'est pas moi qui te
des", ma-çahum-s kbar "ils ne sont pas grands", as- frapperais", masi fI-waqtu "ce n'est pas en son temps";
bik ? - ma-biyya-s "qu'as-tu? - Je n'ai rien", ma- - équivalant à "ce n'est pas le fait de, que", vient ap-
fIh-s (ma-fI-s) "il n'yen a pas", ma-E.la-qôddü-~'pas porter une contradiction à une notion affirmative :
à sa taille", toutes constructions comportant une va- masi tab "ce n'est pas qU'i.1 soit mûr", masi t.la-bali
leur verbale implicite ; b-elli "ce n'est pas que je sois informé de ce que",
- avec adverbes: ma-t~mma-s "n'est pas là (= il n'est masi kbar b-;;I2i'Zaf "ce n'est pas qu'il ait beaucoup
pas, il n'yen a pas)", ma-hna-s "n'est pas ici", éga- vieilli". Précédant une tournure négative, misi de-
lement avec valeur verbale implicite vient l'instrument d'une affirmation très énergique
avec des termes ou complexes variés, nominaux, prono- masi ma-t..la-balI-s "ce n'est pas que je ne le sache
minaux, adverbiaux, etc., souvent dans des reprises, pas".
en réponse négative, de tournures affirmatives: bÜ-
laryya huwwa 7 - la, ma-bü-lat).ya-s "il porte la barbe, Remarques
lui ?-Non, il ne la porte pas", win sakan anta,qrIba ?
L'expression de la négation se présente dans
- la, ma-qrrba-~ "habites-tu loin 7 - Non, pas loin",
les parlers maghrébins de façon assez homogène, et les
f-al-ryanüt babak ? - la, ma-f-al-l).anüt-s "il est au
exemples donnés ci-dessus pour illustrer les emplois de
magasin, ton père? - Non, pas au magasin".
la, de ma, de mâ ••• si (~), de masi, pourraient être re-
Mais il demeure que, quand on veut nier un ter- levés dans l'ensemble de l'Afrique du Nord, et certaine-
me ou un complexe qui n'a pas de valeur verbale impli- ment partout compris. Restent cependant à signaler des
cite, ou qui n'est pas l'écho négatif d'une affirmation usages particuliers à tel ou tel dialecte.
ou d'une question antécédente, on préfère très souvent
a) La manière de dire Ilil y a" et Ilil n'y a
employer masi, qu'on va étudier maintenant.
pas". C'est
4. - masi, précédant un terme ou des termes - kan, kayn dans le Maghreb central et occidental, et la
(verbes, noms, adjectifs, participes, particules pourvus forme négative
de suffixes personnels, tournures nominales>, ma-kan-~, ma-ka-s
sert à nier, à la manière d'un exposant négatif: masi
~-~alj, tabrüri (ou ~l-J:1ja+) "pas de la neige, de la -
~amma,
--- -.
dans le Maghreb oriental, et son contraire
ma-~amma-s ;
grêle", masi f-ad-da:z;- "pas à la maison", masi mlIo, - fih, fi, également dans le Maghreb oriental et qui pré-
masi mazyan "pas bon, pas beau", masi bakri "pas de vaut en Libye, et 1.' inverse
bonne heure", masi b-az-zaf "pas beaucoup", masi b-al- - ma-fih, ma-fI-s.
280 281
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