Alex Konrad Prof.

Marie-Christine Ricci Exercice dcriture : Autour dOuLiPo

Annonce RATP dans un mtro parisien : Direction Balard : prochain train dans une minute, le suivant dans cinq minutes M Bastille, ligne 8, direction Balard. 13:26, 14/02/2010

Faon Jacques Derrida : Il y a, dans lhistoire de la mtaphysique, si lon peut lappeler comme telle, une certaine rupture qui nuit la base de la civilisation occidentale. Cette rupture se prsente comme une voix sans origine, voire sans trace. Cette voix vous appelle en disant : prochain train, le suivant. Quel train ? Le suivant ? Le prochain ? Pourquoi le dernier train a-t-il disparu ? Nanmoins, il y a un moment, que lon appelle un vnement, qui sert de trou, non pas dans le milieu mais autour de cette rupture. Heidegger, Nietzsche et mme Hegel le reconnaissaient. La voix reprsente la rupture, qui se rvle un moment donn comme une minute et cinq minutes, mais cette rupture ne se reprsente que sous la forme dune trace, voire un supplment, de trains passs.

Faon Jacques Lacan : Il arrive parfois, et mme souvent, aux gens quune voix cruelle et malicieuse les attende dans certaines cavernes dans lesquelles on attend la parole de linconscient. Cette voix, la seule voix qui puisse menacer, fait appel aux gens, comme sils taient faits comme des

rats ! Nanmoins, cette voix nest quun appel de lAutre, qui fait peur aux gens cause de ses chiffres : une minute et cinq minutes. Seule la psychanalyse peut clairer la confusion qui stend dans ce cas. Freud nous a dmontr que lon peut utiliser ces chiffres pour prsager lavenir et puis en infrer le pass. En fait, Freud visait plus ce dont il sagit que vous ne le pensez, mme si ces chiffres peuvent nous donner une vingtaine de sens.

Faon Roland Barthes : Lannonce du mtro parisien reste lun des phnomnes les plus significatifs de la vie quotidienne. Elle se nourrit de son caractre essentiellement rgulier et informatif, mais le ton qui devient plus haut quand lannonceur rpte le message rvle sa nature vritablement sanguine. Cest travers lannonce du mtro que les parisiens se sent sain et quune personne quelconque lattend plus quil ne regarde les chiffre lectroniques qui saffichent chaque station. Ce phnomne se rpte mille fois par jour dans chaque station du mtro Paris. Les chiffres lectroniques se rvlent ainsi comme les indices de la bourgeoise : une minute, cinq minutes.