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394
"we must stop downsizing our workforce and start downsizing our impact on the planet - while
still making a profit (if you like that sort of thing).1
DE LA PRODUCTIVITE DU TRAVAIL ET DE
L'EMPLOI ENVIRONNEMENTAL END OF PIPE
A LA PRODUCTIVITE DES RESSOURCES
ET AUX EMPLOIS DE LA DURABILITE
DE L'ECOLOGIE INDUSTRIELLE
des liaisons-clés pour
la mise en œuvre de la durabilité globale
et des tâches locales du développement durable
1
"nous devons arrêter de minimiser la masse de main d'œuvre et commencer plutôt à minimiser la masse de nos
impacts sur la planète - en faisant encore un bénéfice (si vous aimez ce genre de choses )"
(David R. Brower, Alliance for Sustainable Jobs)
395
L'écologie industrielle, avec l'économie solidaire, détient les clés de la durabilité. L'une et
l'autre établissent, au regard du devoir de durabilité, leur pertinence scientifique, éthique
et pratique, par le recours commun aux principes de la réciprocité, de la proximité
("virtuelle" ou "physique"), de l'autonomie locale, de la confiance, de la responsabilité
sociale, de la circulation croisée de l'information et de l'interrelationalité, pour l'une,
systémique et intégrée, et pour l'autre, globale et volontaire. L'écologie industrielle
aboutit à une société de l'utilisation ("functional économy") et son articulation avec
l'économie solidaire permet de lui donner une finalité éthique et sociale.
La mise en oeuvre d’un modèle global et intégré du système industriel, qui subordonne
l’approche environnementale “end of pipe” à une perspective plus vaste et met au point
des systèmes de production, dont les impacts sur l’environnement seraient d’un niveau
acceptable et dont les performances économiques seraient meilleures, exige notamment
la coopération "over the fence" entre entreprises, la mutualisation d'infrastructures, la
dématérialisation et le décloisonnement de fonctions productives.
397
Des exemples significatifs traduisent les démarches, les méthodes, les applications et les
résultats de l'écologie industrielle et montrent l’intérêt des expériences d’écologie
industrielle. En France, comme le donne à voir la liste des cas rapportés, les cas
d’expériences sont à l'état embryonnaire :
2
voir par exemple étude cas sur l'assainissement et la protection de l'eau
3
voir études de cas sur la prévention des risques souterrains et sur le rôle de l'association Espaces en Val d'Oise
398
Une pré-étude d'écologie industrielle, dont l'exemple est à suivre, dans une zone
industrielle établie dans les Deux Synthes, commandée par l'ancienne
municipalité avec l'aide de Gaz de France, une première pour la France,
L’association de lutte contre le gaspillage, qui emploie plus de 90 personnes
dans le Jura, qui accomplit une œuvre sociale et écologique répondant aux
besoins de la population locale, en développant la filière de la réutilisation au
profit de l'insertion sociale.
Elisabeth Cottard, maire adjointe chargée de l'action sociale à la mairie de Fécamp, France
Yann Fradin, directeur de l'association Espaces et président adjoint de l'Institut d'écologie en milieu urbain
(IDEMU)
François Garnier, éleveur bio, GAEC Romé, Jura, France et président d'une association paysanne pour le
développement durable
Pierre Grosset, directeur de l'association de lutte contre le gaspillage (ALCG) à Poligny, Jura France
Claire Henry, ingénierie sociale du développement territorial, Foug, Jura, France
Danielle Polliautre , présidente de l'association EDA et maire adjointe à la mairie de Lille
Jean Claude Ray, Délégué général de l'Association Bulle Bleue. Paris. France
Daniel Truy, ancien chargé de mission de la Mission pour un Développement Durable à la mairie de Grande
Synthe, France
Thierry Vignac, directeur de l'association d'insertion sociale Espace Emplois, Fécamp, France
ET
Raymond Côte, professeur à "Dalhousie University’s School for Resource and Environmental Studies" et
directeur de "Eco-Efficiency Centre" in Dartmouth, Nova Scotia., Canada
Süren Erckman, directeur de l'ICAST, Institut pour la communication et l'analyse des sciences et des
technologies.Genève, Suisse
André Joyal, professeur à l'Université du Québec, Les Trois Rivières, Canada
Ed. Cohen Rosenthal, directeur de "Work and Environment Initiative" Cornell University, Ithaca, New
York. et co-directeur de "United States National Center for Eco-Industrial"
Ernest Noncent, ancien membre d'EPIC, directeur de "New Generation Software Systems Incorporated New
York, Etats Unis
Annie Young fondatrice du "Green Institute" à Minneapolis", association à but non lucratif située dans le
Minnesota aux Etats Unis
400
SOMMAIRE
3. La proximité facilite la confiance et la circulation de l'information mais elle ne doit pas être réduite à
la distance réglementaire ou physique, elle est une dynamique de projets mis en réseaux (numérique ou
analogique)
4. Les liaisons éco-industrielles redessinent et croisent des territoires, des territoires de réseaux, des
réseaux de territoires. L'organisation, la coopération et les synergies informationnelles sont décisives
dans les démarches de l'écologie industrielle.
5. Le décloisonnement des acteurs est plus qu'un problème technique d'ingénieur. Il est d'abord celui
d'un choix politique et éthique
4. Bilan
autonomie financière et aide publique
performances sociales et économiques
économie de matières et coopérations
économie d'énergie, innovations de pointe et éducation environnementale
Entretien : Les enseignements d'un entrepreneur français, créateur, aux Etats unis, p. 454
d'une entreprise et d'emplois de la durabilité
les affaires en réseaux, la durabilité et l'emploi font bon ménage
créer du lien
décarboniser l'énergie
Elle décrit le système industriel comme une certaine configuration dynamique de flux et de
stocks de matière, d’énergie et d’informations. Elle expose et analyse le métabolisme de ses
composants biophysiques de leur extraction à leur retour dans les cycles de la biosphère et le
considère comme un cas particulier d’écosystème.
L'écologie industrielle apparaîtrait alors comme une large structure holistique qui donne une
direction à la transformation des systèmes industriels dans la mise en œuvre pratique du
développement durable: prévention du risque environnemental, économie des ressources,
ingénierie humaine, coopération et échange d'informations entre acteurs, décloisonnement et
réactivité des organisations, coopération et coordination des compétences, polyvalence,
convergence et transversalité des tâches, résilience des structures, organisation locale,
interactions systémiques des flux, interdépendance et intégration territoriale des opérations,
régulation globale des activités, autonomie personnelle, responsabilité sociale, haute valeur
d'utilisation d'un bien, éco-efficience des choix individuels.
4
notion comprise dans son acception américaine : elle désigne la société industrielle dans son ensemble
5
se retrouvent donc, ici, cinq principes fondamentaux de l'économie solidaire, autre direction problématique de
notre recherche
404
Un service n'étant pas stockable, l’écologie industrielle accroît donc, dans une société
d'utilisation, le volume des emplois, la mobilité des fonctions et la qualification du travail
dont elle développe le sens de la responsabilité sociale, de la relation interindividuelle
locale et de l'initiative personnelle.
Inspirée par l'intuition initiale de E.G. Hutchinson et exprimée en 1948 dans une étude sur les
cycles bio-géochimiques qui présentait le système industriel comme un sous-système de la
Biosphère, l’expression d'écologie industrielle, qui sert de simple analogie biologique,
apparaît dans la littérature spécialisée des physiciens, chimistes et biologistes des années 60-
70 puis se répand au début des années 90 dans des milieux d’ingénieurs de l’industrie aux
Etats Unis.
En considérant le système industriel comme un cas particulier de la Biosphère, Robert Frosch
de l’Université de Harvard et Nicolas Gallopoulos, responsables de la recherche sur les
moteurs chez Général Motors, relancent en 1989 cette voie de recherche et renouvellent le
débat sur les antinomies relationnelles de l'économie et de l'environnement, mais aussi de
l'Etat et du Marché, du global et du local, du territoire et de l'entreprise, du planétaire et du
régional, des contraintes organisationnelles et de l'intérêt individuel.
L'analogie de Frosch est ensuite approfondie dans une thèse de doctorat par un avocat d'AT&T
spécialisé en réglementation environnementale, Braden Allenby.
Frosch, Allenby et quelques universitaires, notamment Robert Ayres de l'INSEAD et Robert
Socolow de Princeton, consacrent leurs énergies à promouvoir l'écologie industrielle.
Ils réussissent à s'assurer le soutien financier et logistique de plusieurs grandes entreprises,
de la Fondation Heinz, de la prestigieuse National Academy of Engineering et de
l'Environmental Protection Agency. Ils publient plusieurs ouvrages et lancent un journal
académique, publié par les prestigieuses MIT Press dans le cadre du Département de
foresterie et d'études environnementales de la non moins prestigieuse Université.
405
Les études, des réalisations ou les projets se multiplient essentiellement aux Etats Unis, au
Canada, au Danemark, au Japon et en Thaïlande.
Mais en France, tout est encore à l'état embryonnaire. Quelques réflexions au Ministère de
l'Industrie mais encore très vagues au Ministère de l'Environnement.
Il existe néanmoins une pré-étude, réalisée en 2000, sur la zone industrielle des Deux-
Synthes en région du Nord-Pas De Calais, avec l'aide de Gaz de France et commandée par
l'ancienne municipalité de la ville de Grande Synthe.
Des entreprises, et non des moindres, appliquent certaines démarches de l'écologie industrielle:
6
voir Eco-efficiency gains from remanufacturing. A case study of photocopier remanufacturing at Fuji
XeroxAustralia. W. Kerr, C. Ryan / Journal of Cleaner Production 9; 75–81; 2001
406
- la vente, en Suède, du droit d'usage à domicile sur longue durée de machines à laver le
linge avec le "pay per wash" du leader mondial du blanc ELECTROLUX qui
internalise les impacts environnementaux et dématérialise le produit;
- la location longue durée de voitures avec la très symbolique entreprise automobile FORD.
On citera une gamme éclairante mais non exhaustive d'acteurs aux particularités remarquables
et leurs activités non moins remarquables :
L'ancien syndicaliste Ed. Cohen Rosenthal directeur de la "Cornell Work and Environment
Initiative" de l'Université Cornell de Ithaca, New York et co-directeur de "United States
National Center for Eco-Industrial". Il a pris l'initiative d'inventorier différents modèles d'eco-
parcs, de promouvoir les déclinaisons opérationnelles du concept d'écologie industrielle et de
dessiner des schémas techniques et architecturaux de parcs éco-industriels. Un autre de ses
objectifs est de dégager les méthodes de la durabilité qui améliorent les conditions
environnementales du travail, les performances environnementales du travailleur et les
opportunités d'emploi.
l'ALCG, association de lutte contre le gaspillage, créée, en 1979, dans le Jura à Poligny et
son président Claude Chevassu.
Cette association, qui a aussi une vocation sociale recycle, entre autres, avec un personnel de
93 personnes, dont une grande partie en insertion sociale, plus d'une dizaine de catégories de
bouteilles et les revend aux vignerons négociants en vin ou grossistes.
Elle considère qu’il est plus avantageux globalement de laver et de réutiliser un verre que de le
piler pour en refabriquer un autre. Elle accomplit une dématérialisation systémique de
l'activité et du mode d'utilisation de la ressource produite.
Son marché a des effets sur la dynamique locale et pèse, localement et par l’aval, sur les
domaines des transports, de la réinsertion sociale, de la formation, de l’emballage, de la
conservation, de la viticulture, de l’alimentation, du recyclage. Une telle conception,
l'utilisation intensive des ressources, fait décroître la vitesse et le volume des flux de
matière et d'énergie, développe un marché local d’économie de ressources, privilégiant donc la
productivité des ressources locales sur celle du travail.
La mise en place de ce marché local s’est faite sur l’initiative d’une association issue de la
volonté d’une population locale de créer, sans référence initiale au développement durable et à
l'écologie industrielle, une œuvre de développement local et social. Elle s’est servie des
dispositifs sociaux existants puis des réglementations environnementales pour susciter des
partenariats entre acteurs locaux dont la population elle-même.
industrielle entre les 1200 entreprises du plus grand parc industriel du Canada oriental, le
"Burnside industrial Park" situé à Halifax.
Le "Green Institute in Minneapolis", association à but non lucratif située dans le Minnesota
aux Etats Unis et sa fondatrice Annie Young.
Son approche veut servir de catalyseur pour la ré-ingénierie de la base industrielle de la ville
et certains de ses programmes, conçus avec l'aide du gouvernement fédéral, visent à aider les
communautés qui connaissent un certain niveau de détresse économique.
L'association a ouvert les portes en 1999 du "Phillips Eco-Entreprise Center" qu’elle a
construit à Minneapolis, après un long combat populaire pour empêcher l'installation d'une
grande station de stockage et de transferts des déchets. Ce centre est un nouveau service
construit en utilisant les techniques innovatrices de conception et de construction intégralement
liées à l'écologie industrielle. L'association verte a constamment sollicité la participation de la
population ("design charettes") dont elle a introduit dans le projet les idées.
Le Centre accueille 15 entreprises du domaine de la prévention environnementale qui
échangent leurs informations et a suscité un total de 240 emplois. Il apparaît comme une
combinaison active d'un éco-parc d'activités, d'un centre de revitalisation d'une zone urbaine,
d'une éco-structuration du paysage urbain, d'un incubateur d'entreprise et d'un acteur d'insertion
sociale.
Ernest Noncent, créateur d'une entreprise, ancien responsable de l'association EPIC, ancien
cadre du secteur public français. Installé à New York depuis 1995, il a développé une
entreprise de fabrication et de vente de produits informatiques refabriqués et un centre
de formation et d'insertion sociale. La fabrication repose sur le désassemblage, la
refabrication, la recirculation et l’entretien des appareils usagés. La vente s'appuie sur de
nouveaux circuits commerciaux, mis en place par la voie de l'Internet, sur les réseaux
communautaires d'entreprises ou sur les entreprises naissantes. Les techniciens sont formés,
avec l'aide du gouvernement fédéral, dans un centre d'insertion sociale associé à cette
entreprise.
Les Compagnons d'Emmaüs, le Secours Populaire, le bric à brac, les friperies, les
marchands aux puces, les organisateurs des foires au troc de plus en plus fréquentées, qui
considèrent la richesse d'usage et les biens usagés comme une mine artificielle. Ils témoignent
de l'existence d'une écologie industrielle populaire spontanée, un maillon de sa longue
chaîne: la réutilisation, la réparation, l'allongement de la durée du cycle de vie d'un produit, la
réduction de la vitesse et du volume des flux de matière.
7
Quelques sites remarquables de développement éco-industriel réalisés, émergents ou projetés : The Cape Charles
Sustainable Technologies Park à Northampton en Virginie; Fairfield Parc Baltimore dans le Maryland; Phillips
Eco-Enterprise Center à Minneapolis dans le Minnessota; Londonderry Eco-Industrial Park dans le New
Hampshire; Mesa del Sol Eco-Park à Albuquerque, Nouveau Mexique; "Brownsville Eco Industrial Park", au
Texas; Red Hills Ecoplex à Chester, dans le Mississipi; Riverside Urban-AgricultureEco-Park à Burlington dans
le Vermont.
408
Le MITI, au Japon, les différents groupes de travail portant sur les technologies
environnementales globales ou sur les technologies énergétiques avancées et l'Institut de
recherches des technologies innovatrices pour la Terre (RITE) avec cette orientation : la
substitution des ressources naturelles par la technologie.
Le leitmotiv de ces pionniers8 est simple. Le système industriel pourrait se comporter comme
un écosystème et devrait donc viser, le plus et le mieux possible, à mettre globalement en
boucle les cycles de matière et d'énergie et à limiter les émissions dissipatives et les rejets : les
déchets sont dès lors considérés comme des ressources et l'accumulation des émissions et
des rejets comme une perte et une menace.
Le recyclage actuel inscrit dans une approche " end of pipe" est relativement polluant,
disséminateur de multiples substances dans l'environnement et fortement consommateur
d'énergie. Il ne réduit ni la vitesse ni le volume de matière et d'énergie.
Ce qui impose au système économique de maîtriser socialement les modes de fabrication, de
circulation et de consommation des produits, de prévoir les formes et les modalités de
réutilisation de leurs résidus et de la conservation de leurs propriétés lors des opérations de
recyclage, de connaître les doses cumulées des résidus ultimes et de prédéterminer la
production de polluants en fonction des conditions de leur mise en étanchéité.
8
réutiliser, réparer, récupérer, refabriquer, recycler des produits et des sous-produits sur une très grande échelle
(Frosch et Gallopolous 1989; Allenby et Richards 1994; Graedel et Allenby 1995; Garner et Keoleian 1995; Ayres
1996; réduction de l'utilisation de matériaux vierges; réduction de la pollution; accroissement de l'efficacité
énergétique; réduction du volume des résidus, tels sont quelques leitmotivs permanents
409
LE METABOLISME INDUSTRIEL
DU JUS D'ORANGE
Le jus d’orange américain, quant à lui, est encore plus vorace en consommation
de matière et d’énergie : un litre de jus d’orange américain requiert 1000 litres
d’eau d’irrigation et deux litres de pétrole (en Floride, l’usage de pompes
d’irrigation et de systèmes de chauffage est généralisé, ce qui n’est pas le cas du
Brésil qui, au surplus, se sert de la bagasse pour la moitié de l’énergie)
Enfin, si tous les habitants de la terre consommaient en moyenne les 21 litres /an
de jus d’orange qu’un allemand boit sur les 24m2 de terre nécessaire pour les
produire, il faudrait 3 fois la superficie d’un pays comme la Suisse (130 000
Km2).
L'entreprise ne vend plus un bien mais un service, elle n'internalise pas les coûts
environnementaux elle prévient les impacts environnementaux à la source et réduit les
coûts environnementaux individuels et sociaux.
Le consommateur change de statut et de fonction, il devient l'usager d'un service et un
producteur de valeur, ses déchets
La demande ne porte plus sur l'achat de tous les biens d'équipement et des produits
durables à courte durée de vie mais sur l'acquisition du droit d'usage d'un bien d'équipement
et des biens de consommation durable, sur ses qualités, sa sûreté environnementale, sa
fonctionnalité, sa capacité d'évolution et d'adaptabilité mais aussi son design.
L'homme qui fait les trottoirs la veille du ramassage des encombrants et récupère des biens
usagés qu'il "retape" pour ses besoins ou revend "au noir" pourra être, de manière
rétroactive, socialement honoré. Il se crée un revenu en nature ou en monnaie en dispensant
la société et l'Etat de porter attention à ses fins de mois et il contribue modestement à
protéger l'environnement.
Resterait à mettre sa fonction au grand jour et de s'en inspirer industriellement.
Cependant une telle généralisation demande au préalable d’effectuer les études du
métabolisme des substances biophysiques des produits, de déterminer dans une plus grande
perspective ce qui peut être fabriqué avec les déchets, de ne produire que les composants
dont les déchets sont éco-revalorisables et eco-recyclables de manière étanche.
L’inventaire des groupes symbiotiques d'activités permettrait d’encourager les entreprises à
relier leurs flux de matière sur un même territoire ou à les intégrer en réseau et d’organiser
412
Le tanneur qui a acheté des peaux non traitées en sépare les cornes et les vend aux
fabricants de peignes et de lanternes. La corne est composée de deux parties,
l'enveloppe extérieure dure et une substance interne conique moins rigide que de l'os.
La première partie du processus consiste à séparer ces deux parties au moyen d'un
coup contre un bloc de bois. La portion extérieure est ensuite coupée en trois parties à
l'aide d'une scie
1. Charles Babbage, On the Economy of Machinery and Manufactures (4th edition), London, Charles
Knight, 1835 (réimprimé en 1986 by Augustus M. Kelley Publishers).
414
Dans la nouvelle logique, une entreprise pourrait fonder sa rentabilité non sur la croissance de
ses composants vierges ou de ses ventes de produits neufs mais sur la réduction de ses coûts
d'approvisionnement en matière et énergie, du coût de traitement de ses déchets et des coûts
d'ajustement engendrés par la réglementation environnementale.
C'est l'une des démarches essentielles de l'éco-efficience, un principe très argumentatif aux
Etats Unis et au Canada et un des outils de l'écologie industrielle.
La circulation et l'échange directes d'informations sont des facteurs cruciaux, entre les
entreprises, entre clients et fournisseurs et entre usagers des services et les fabricants.
L'organisation de la réciprocité9 et la coopération prennent le pas sur les régulations
économique réductrices du seul couple Etat-Marché.
L'économie induite par la mise en œuvre des principes de l'écologie industrielle, dont
l'éco-efficience qui concerne l'entreprise individuelle, devient d'abord celle de l'ingénierie
sociale, de la responsabilité sociale, de l'autonomie personnelle, de l'emploi qualifié, de la
coordination et des synergies informationnelles, de la production et des échanges de
services et de l'équité : une économie de liens, une économie de la durabilité.
La mise en oeuvre d’un modèle global et intégré d’écologie industrielle, qui subordonne
l’approche “end of pipe” à une perspective plus vaste et met au point des méthodes de
production dont l’impact sur l’environnement serait d’un niveau acceptable, stimulerait la
coopération entre entreprises et le décloisonnement des fonctions dans l’entreprise.
Elle conduirait à accroître la dématérialisation des procédés de fabrication, des produits et des
organisations, à valoriser les déchets comme des ressources, à boucler les cycles de matière et
minimiser les émissions dissipatives et à décarboniser l’énergie. Elle permettrait une gestion
optimale des ressources, la requalification du travail et la dématérialisation des tâches.
La mise en pratique du développement durable dans une société hyper-industrielle trouve donc
dans l’écologie industrielle un outil stratégique essentiel à sa rigueur scientifique, une assise
fonctionnelle à sa composante industrielle, une approche de l'optimisation à l'échelle
territoriale et du système économique dans son ensemble et enfin un instrument opérationnel
(eco-efficiency) pour le management des entreprises qui lui faisaient encore défaut.
Mais elle remet en cause le cloisonnement des acteurs et la verticalité des organisations, les
régulations environnementales strictement économiques ou réglementaires, les compartimentations
de la gestion locale, la spécialisation des formations et des tâches, le gaspillage des territoires
et la retention de l'information publique.
9
appelée "Win-Win" aux Etats Unis et donc encore imprégnée par une conception binaire de l'intérêt individuel
( "nous et les autres" remplace "moi et les autres")
415
Elle invite à rompre avec une conception considérant l'environnement comme le dehors de
l'industrie et mettre fin avec la dépense environnementale "end of pipe".
Elle conduit à distinguer les emplois du développement durable et les emplois
environnementaux pour le développement durable.
Enfin elle implique de ne pas se satisfaire du rôle et de la place fonctionnelle de
l'Environnement dans le dispositif gouvernemental et territorial.
Le Ministère de l'Environnement devrait se dédoubler : un ministère de l'Environnement des
Risques Technologiques et de la Santé et un Ministère des Transports, des Communautés
Territoriales, de l'Environnement, de l'Industrie et de l'Energie.
Resterait à ajouter le terme environnement au Ministère de l’éducation et de la recherche
La collaboration entre acteurs locaux et l'ingénierie sociale locale d'une part et, d'autre part, la
régulation globale, à l'échelle locale et à l'échelle mondiale, sont incontournables.
Mais si les modalités pratiques de la mise en œuvre de l'écologie industrielle doivent s'inscrire
dans une perspective d'ensemble, celle ci passe aussi par l'organisation partenariale locale
non seulement entre organisations mais aussi avec des énergies individuelles
entrepreneuriales mises en réseaux.
Et lorsqu'il s'agit d’améliorer les performances économiques et environnementales de tous les
niveaux de structures alimentées par le système industriel, une telle perspective implique que
les échanges de sous-produits et d’énergies ne sont pas les seuls possibles dans le
développement de l'écologie industrielle.
10
voir étude de cas sur la protection de l'eau, sur la prévention des risques souterrains, sur la réduction des
émissions de gaz à effet de serre in "dépendance automobile et mobilité personnelle"
416
Chacune des structures éco-industrielles de coopération "over the fence" ne confine pas ses
liaisons sur un seul territoire géographique, ni ne les impose à tout un territoire ou à tout un
11
voir étude de cas sur l'économie solidaire et l'association Espaces
12
voir étude de cas sur la mobilité personnelle
417
secteur. Mais certaines d'entre elles sont d'autant plus territorialisées qu'elles émergent d'une
dynamique d'éco-projets locaux intégrant la dimension sociale et réunissant les fonctions
économiques ou qu'elles s'organisent autour d'une entreprise pivot, une centrale énergétique et
thermique locale ou autour de l'exploitation d'un produit et de ses sous produits.
La diversité des liaisons traduit autant de modalités pratiques pour accroître les performances
environnementales et économiques individuelles et collectives, locales et globales, par
l'organisation ou/et le marché, modalités qui dépendent, en leur degré et en leur domaine
d'application, notamment de la réglementation environnementale, des opportunités des
marchés, des stratégies des firmes, de la dynamique des acteurs locaux et de l'action
économique publique et son échelle d'intervention.
L'écologie industrielle ne restreint donc pas le système économique à l'activité industrielle et
ses applications aux parcs éco-industriels.
Les structures des liaisons éco-industrielles forment donc des réseaux trophiques entre activités
et organisations décentralisées ou géographiquement éloignées.
Leur efficacité systémique et leur mode de développement sont en proportion de la confiance
réciproque entre les acteurs, de la qualité des synergies informationnelles et du degré
d'intégration et de gestion décentralisée de leurs activités, opérations et fonctions écologiques,
sociales et économiques.
Les proximités (numériques ou analogiques), culturelle, économique, géographique, les
voisinages entrecroisés de matières ou d'énergie ou de déchets ou d'informations, les territoires
de projets et d'objectifs et les énergies humaines associées, sont donc une condition
fondamentale du développement d'une économie de la réciprocité, une économie interactive,
pluriactive et pluridirectionnelle du lien. Elles organisent les articulations opérationnelles de la
durabilité que sont l'écologie industrielle et l'économie solidaire.
418
Un parc éco-industriel, forme réduite d'un pôle d'éco-activités, pourrait, techniquement, être
décrit comme une communauté d'entreprises de production de biens et de services centrée
localement autour de la gestion mutuelle des flux locaux de matière, d'énergie, de déchets et
d'informations en vue d'accroître simultanément la performance environnementale et
économique, individuelle et collective, locale et globale.
La symbiose de Kalundborg est une forme épurée d'un parc éco-industriel.
PERFORMANCES DE LA SYMBIOSE
INDUSTRIELLE DE KALUNDBORG
(tonnes/an, fourchettes de données obtenues par croisement de plusieurs sources 1998)
LaLaVille
Villeutilise la vapeur
utilise d'eaud'eau
la vapeur de lade
centrale électrique
la centrale et fournit
électrique l’eau, l’électricité
et fournit et le chauffag
l’eau, l’électricité et le e
à chauffage
environ 20à000 habitants.
environ 18 000 habitants.
Statoil
raffinerie de pétrole
raffinerie de pétrole
VILLE
LAC
Asnaesvaerket
centrale électrique
TISSO au charbon.1500 mw
420
Le rêve de faire tourner un complexe industriel avec les sous produits d'une matière première
est une réalité dans une ville danoise. Au cours des 25 dernières années, quatre des plus
grandes entreprises de Kalundborg, près de Copenhague, et cinq municipalités voisines ont
donc rendu opérationnel un concept de croissance éco-industrielle à l'avantage réciproque des
partenaires et sous le nom de symbiose industrielle.
Ce modèle, dont l'origine est inintentionnelle, attire l'attention internationale par son
ingéniosité et ses machineries de tuyaux linéaires.
La symbiose industrielle de Kalundborg, au Danemark, est élaborée financièrement et
commercialement autour de l’utilisation d’un flux d’énergie commun et de ses sous produits,
du partage des ressources d’eau et de vapeur et d'une usine pivot, une centrale électrique et
thermique alimentée au charbon. La gestion de tous les transits de matières et d'énergie fait
l'objet d'une négociation bilatérale et privée, respecte les lois du marché et intègre la
réglementation environnementale.
Elle est un modèle de collaborations industrielles locales et d'échanges mis en boucles, à des
fins commerciales et financières et à effet pro-environnemental et pro-territorial.
La symbiose se fait sur des process classiques et peu représentatifs des énergies du futur.
Par ailleurs le charbon est extrait d'une mine située loin des lieux de l'usage du minerai.
L'empreinte et l'impact écologiques de la mine ne peuvent être isolés de l'activité
transformatrice située à Kalundborg.
13
. Plusieurs projets en cours aux Etats-Unis tentent de relier des activités autour notamment de l’utilisation d’un
flux d’énergie commun (Red Hills Mississippi, Londonderry New Hampshire,)
421
Une collaboration "écologique" ne peut pas se restreindre à l'échange des sous produits
énergétiques ni se rendre tributaire de cet échange, certaines trajectoires technologiques
permettent une plus grande autonomie énergétique des entreprises coopérantes et des relations
moins rigides (l'usage mutualisé de l'énergie solaire avec des capteurs et des filtres faiblement
polluants au "Phillips Eco-Enterprise Center" dans le Minnesota.)
L'intérêt du modèle de Kalundborg réside donc plutôt dans les conditions, les modalités, les
principes et les démarches qui permettent les collaborations partenariales et ses effets dans la
prévention environnementale. Mais aussi dans ses limites.
L'ensemble de la symbiose obéit moins à une volonté communautaire territoriale et à des fins
environnementales qu'à une contrainte à l'égard de technologies de production de la centrale
422
14
voir étude cas sur la dépendance automobile et la mobilité personnelle durable
423
Des entreprises travaillant avec Kalundborg, fournissant des intrants ou recyclant des sous-
produits, sont situées à des centaines, voire à plus d'un millier de kilomètres de la ville. Les
cendres de la centrale thermique et le soufre de la raffinerie sont expédiés sur la péninsule du
Jütland.
Si la distance géographique est déterminante pour certaines formes d’énergie, comme la
vapeur, elle l’est moins pour les matières premières.
Le gypse de l’usine de placoplâtre provient de trois sources situées à des échelles de distance
très différentes : de la centrale d’énergie "communautaire" du parc, d’une centrale d’énergie en
Allemagne, d’une mine située en Espagne.
Mais ce n'est pas tant le coût du lien qui est déterminant pour juger de l’importance de cette
condition de proximité, que le rôle stratégique qu'un lien peut remplir dans le projet et dans la
dynamique de la communauté de la ville dans son ensemble.
Les choix des partenaires peuvent dessiner le paysage local, avoir des impacts sur la nature de
l'emploi local, structurer la dépense des ménages locaux, déterminer le niveau des ressources
locales. Par exemple, la chaleur fournie à 5.000 ménages reliés au réseau communal de
chauffage urbain par le réseau apportant la vapeur de la centrale électrique Asnaesvaerket,
revient bien plus cher à la population que ne le serait le chauffage au gaz. Le surcoût est
supporté par la population de la ville. Le calcul d'ensemble est bien évidemment nécessaire,
mais, il est clair que la population locale ne peut être écartée des processus de décision et des
critères d'évaluation des choix.
L'idée de créer ex abrupto et rapidement des « écosystèmes industriels » localisés, repose sur
l'exclusive confiance en la technologie, la démarche centralisée et verticale, l'abstraction du
processus social et des contextes concrets de la création relationnelle et l'oubli des échanges en
réseaux (analogiques ou numériques) suscités par les marchés ou, localement, dans l'économie
populaire spontanée.
L' "Eco-Efficiency Centre", dans sa tentative de développer les liaisons éco-industrielles dans
le parc industriel de Burnside à Halifax, au Canada, le fait comprendre.
Le "Green Institute" n'a pu réaliser un éco-pôle d'éco-entreprises, le "Phillips Eco-Enterprise
Center" à Minneapolis que grâce à son ancrage social dans la ville
L'Association de Lutte Contre le Gaspillage dans le Jura n’a pu créer une filière locale de
récupération à domicile et de revente du verre entier aux vignerons de la région qu’en offrant à
une population en difficulté la possibilité de participer à une œuvre locale, écologique et
sociale.
Les échanges de sous-produits et leur recyclage ne sont pas des idées nouvelles. La réutilisation
des sous-produits industriels a toujours été présente dans les activités populaires spontanées ou
dans le marché.
Dans le cadre de la logique du marché, de nombreuses industries (métaux, papier, bois,
plastique,) utilisent des matières recyclées en grandes quantités. En outre, le recyclage des
424
huiles, des cendres volantes pour la production de béton et de compost organique pour
l'enrichissement des sols s'est développé dans de nombreux pays. Des entreprises telles que
3M, IBM, Xerox identifient et réutilisent les matières premières non utilisées, les produits
obsolètes, les machines inutiles ou trop vieilles et les déchets de valeur.
Par ailleurs, la récupération, la réparation et la recirculation des produits usagés dans le cadre
de l'économie populaire spontanée se fait à une échelle localisée ou à l'intérieur de groupes
communautaires dont les membres peuvent se trouver de chaque côté de la planète. La
proximité d'intérêt ou les solidarités de lignages prêtent à la coopération.
A Kalundborg, les entreprises partenaires ont mis en place toute une structure de coordination
et de traitement de l'information, pour prendre en charge les activités externes, la collecte de
données et leur évaluation.
La mise en place d’un réseau trophique entre activités située dans une aire centrale locale ou
dans une aire intégrée à l’intérieur desquelles l'essentiel des échanges directs et indirects de
matériaux et d’énergie peut être circonscrit, décomposé, croisé et optimisé est un résultat nodal
de l'écologie industrielle.
Certes, la symbiose industrielle de Kalunborg tente, dans le cadre d'un complexe d'activités
spécifiques, de réunir l'information et d'intégrer d'autres activités : le chauffage de la ville,
l'aquaculture. Mais le système économique ne se réduit pas à la seule dynamique du système
industriel.
Certes l'industrie irrigue le marché de ses produits mais la nature et le comportement de la
demande des entreprises clientes externes à Kalundborg et celle des consommateurs sont un
anneau actif de la mise en boucle des flux de matière. Mais le système industriel ne peut être
un circuit fermé sur lui-même
Les biens industriels sont disséminés chez les utilisateurs. Ces derniers détiennent une des clés
de la mise en boucle globale des matières. Les centres urbains, dans lesquels ils sont
concentrés, ont des densités énergétiques élevées et produisent des comportements de
consommation fortement propagateurs de pollution et de déchets.
425
Par ailleurs, une industrie appuyant son rayonnement sur le développement de réseaux liés à
l'énergie fossile et à ses résidus ne peut orienter durablement les liaisons de l'espace
économique. La meilleure manière de décaborniser l'énergie étant de l'économiser.
Certes, l'écologie industrielle doit tenir compte de la polarisation existante des activités dans le
cadre de zones ou de parcs industriels et doit admettre le rôle encore indispensable de
l'énergie fossile et des organisations lourdes que la maîtrise de son métabolisme entraîne. Mais
les liaisons éco-industrielles ne peuvent s'enfermer dans une aire limitée, ni être à part du
territoire considéré comme un tout, ni être dissociées de l'ensemble des fonctions
économiques. Elles forment toute une trame territoriale de réseaux et des réseaux de territoires.
Certes le territoire est le premier des réseaux, car, sous certaines conditions de gouvernance
locale, il permet aux énergies entrepreneuriales de se mettre en partenariat et aux populations
d'être impliquées pour préserver un territoire de vie commun.
Mais des matières, énergies, composants, produits finis, rebuts peuvent être réutilisés par des
écosystèmes d'activités situés à différentes distances et suscités par des dynamiques
déterritorialisées d'éco-projets. Tel est le cas de la filière de récupération des matériels
informatiques, comme l'illustrera l'étude du cas de la société "NGSSI" située à New York.
Pour couvrir l’ensemble des échanges entre écosystèmes industriels, un système d’information
territorial doit couvrir différentes échelles de territoire.
Les échanges de matériaux chevauchent plusieurs secteurs d’activité. Pour boucler la boucle,
l’écosystème doit récupérer les matériaux et énergies après leur vie utile, en dehors du système
industriel. Les diverses fonctions économiques doivent être présentes dans l'information et
dans les différentes formes de liaisons éco-industrielles.
Cela ne concerne pas que les logistiques de production mais la récupération en cascade des
matériaux et de l’énergie déjà incorporés
Les applications pratiques de l'écologie industrielle peuvent diriger vers l'intégration des
activités dans des éco-réseaux ou dans des associations d'éco-activités stratégiques.
Cela peut concerner toute une série d'activités : l'organisation des transports, le partage des
équipements de transformation, la polyvalence des tâches du personnel, la mutualisation des
fonctions organisationnelles, les achats communs, le partage des services. Cela peut concerner
la conception, la composition, le design et le cycle de vie des produits, les grappes
technologiques clé ou la circulation de l'information.
Ces liaisons coopératives impliquent que les échanges de sous-produits et d’énergies ne sont
pas les seuls possibles dans le développement des pratiques de l'écologie industrielle. Les
échanges peuvent former des réseaux eutrophiques moins lourds et moins concentrés que ceux
de Kalundborg. Mais les caractéristiques des produits et services compatibles avec les
426
La complexité des écosystèmes ne s'accompagne pas nécessairement en tous leurs points d'une
artillerie de conduits aussi linéaire et si peu polyvalente que les pipelines de la symbiose. Ces
derniers ne conviennent que pour l'échange d'un déchet précis entre des partenaires fixes.
Une rivière ne réunit pas en elle une seule fonction et, si son tracé suit la plus grande pente, elle
échange avec l'ensemble des milieux qu'elle traverse ou qui la traverse et constitue un ensemble
de singularités redondantes.
Si l'échelle du territoire tient un rôle majeur dans l'éco-restructuration des zones d'activités et
des parcs industriels, elle n'est pas la seule.
Une coopération, un management "over the fence", entre entreprises ne peut être isolée
du cadre (analogique ou numérique15) propre à chacune des activités des partenaires, ni ne
peut se réduire à ce cadre. Par exemple, si le personnel d'une entreprise réside localement,
tous ses fournisseurs et ses clients ne se situent pas dans le même "cercle de famille".
Les entreprises ne peuvent être techniquement indépendantes des évolutions des filières et des
branches d'activités dont elles font partie et étrangères aux demandes spécifiques à laquelle
chacune d'entre elles doit s'adapter.
De plus, il ne faut pas occulter les risques d'une variation de la réglementation
environnementale, souvent instituée de manière cloisonnée, qui pourrait toucher inégalement
les entreprises, ni négliger la cessation d'activités d'un des partenaires qui affecterait
l'ensemble du système mutuel d'échanges de déchets.
15
par exemple, l'éco parc-virtuel de Brownsville au Texas
427
technologies ont une faible marge de tolérance aux changements de nature ou de composition
des substances. Par ailleurs, l'organisation de la résilience des structures face aux évolutions
des technologies16 ou aux variations du marché est onéreuse.
La question des articulations pourrait être celle d'un ensemble territorial fédératif, celle d'une
organisation planificatrice, celle d'un monopole technologique dans une filière clé ou celle des
incitations publiques centrales mais elle est d'abord celle des articulations à l'intérieur d'un
même territoire et entre les territoires, les marchés, les réseaux d'organisations ou d'individus
qui échangent ensemble localement ou à distance.
Des éco-parcs "virtuels" peuvent, par exemple, utiliser une modélisation informatique détaillée
des flux régionaux de matières et d’énergies afin de permettre aux entreprises d'un parc
industriel d'identifier des partenariats d'échange de déchets et d’en attirer de nouveaux. Ils
offrent de grandes souplesses, laissent ouverts les combinaisons d'échanges de sous produits et
suscitent des articulations innovantes dans le domaine des technologies vertes.
16
nombre de procédés industriels sont conçus pour des matières vierges.
17
voir l'étude de cas sur la mobilité personnelle et la dépendance automobile
428
Les modes de développement de l'écologie industrielle ne se confinent pas aux seuls parcs
territorialisés mais peuvent prendre la voie familière des réseaux éco-industriels, de la "joint
venture", des alliances stratégiques en recherche-éco-développement, du soutien institutionnel,
des mesures incitatives en faveur de grappes de technologies interdépendantes ou d'entreprises
clé, de l'orientation ou de la directivité publiques.18
L’optique éco-industrielle doit tenir ensemble l’objectif de réduction de l’impact sur les
écosystèmes et la performance économique des entreprises : elle se réalise par tous les bouts
du global et du local et dessine transversalement de nouveaux territoires d'échanges qu'il s'agit
d'articuler et de croiser.
Les politiques publiques doivent pouvoir anticiper, consolider et accélérer leurs
interconnexions et les populations pouvoir être saisies des choix.
Par choix éthique de la durabilité. Par choix politique de la démocratie participative où se
mêlent la responsabilité sociale et l'initiative individuelle.
La politique de développement de l'écologie industrielle pourrait donc trouver des voies
stratégiques intégrées mais variées et combinées.
Rappel. La coopération à Kalundborg est établie sur la confiance mutuelle des promoteurs de
la symbiose. Ces derniers se connaissaient personnellement avant sa mise en place et n'avaient
en aucune manière planifiée ou programmée la symbiose industrielle fabriquée.
Elle est le résultat d'un modèle d'ingénierie industrielle et de collaboration entre entreprises à
des fins commerciales et financières.
Un parc d'éco-activités peut-il être le produit d'un processus d'éco-restructuration d'un parc
industriel existant sous l'effet d'impulsions externes (au marché ou aux entrepreneurs eux-
mêmes) ?
Un bilan de masse des composants "importés" ou générés par chaque entreprise est
indispensable pour repérer les liaisons caractéristiques et les potentialités d'un meilleur usage
des ressources. Il devrait être accompagné d'une planification des activités et des possibilités
territoriales de coopération et d'une stratégie attractive en direction des entreprises qui
favoriseraient la mise en boucle de matière, d'énergie et de déchets.
La forte inertie et la faible flexibilité technique qui caractérisent les trajectoires technologiques
dans le domaine des infrastructures, les distorsions dans la concurrence que la diffusion
d'informations peut susciter, les limites d'extension spatiale d'une aire géographique et la
18
au Japon : "les nouvelles technologies énergétiques avancées" du Programme Plein Soleil puis les
programmes de l' Institut de recherches des technologies innovatrices pour la Terre
429
L'écologie industrielle doit pouvoir faire participer les populations aux choix, aux possibilités
et aux systèmes d'application de ses démarches et ne pas exclusivement orienter ses pratiques
dans des grosses machineries qui les en écartent. Les cas du "Phillips Eco-Enterprise-Center"
ou de l'ALGC et sa filiale "Juratri" dans le Jura en France le montrent bien.
Seule la participation de la population, sa responsabilisation, permettraient d'éviter de
reproduire le même modèle que celui qui est en cours dans la protection de l'eau (la
construction de gigantesques équipements d'épuration20) et de chercher vainement à reproduire
Kalundborg à l'identique.
Les études de cas qui suivent montrent comment de tels obstacles peuvent parfois être
surmontés.
20
voir étude de cas sur l'assainissement et la protection de l'eau
21
voir étude cas sur la dépendance automobile et la mobilité personnelle. Ce mode de gestion se traduit par un
coût social élevé : développement de la circulation des véhicules légers sur courtes distances et des camions
longue distance en sous capacité. (occupation des sols, pollutions, congestions routières,)
431
Le"Phillips-Eco-Entrerprise Center", dont une association locale à but non lucratif, le Green
Institute", est la réalisatrice, réunit un ensemble d'entreprises "vertes" et d'éco-activités
industrielles et commerciales complémentaires, sur un site initialement prévu par le Comté
pour installer une station de stockage des déchets.
Il matérialise le succès de ses conceptions, est l'aboutissement d'une lutte de la population
résidente et marque sa filiation avec le territoire de la ville.
Avec les 15 entreprises réunies dans ce même centre, l'Institut vert travaille avec ses
partenaires, dont le gouvernement fédéral, et d'autres sociétés locales industrielles pour
incorporer des liens d'écologie industrielle dans des projets comparables, le centre agissant
ainsi comme un catalyseur pour la revitalisation des zones urbaines.
"L'institut Vert" est une association à but non lucratif d'ingénierie et d'action
environnementales, urbaines économiques et sociales créée par des énergies entrepreneuriales
locales de la ville de Minneapolis, dans une zone, victime d'un développement non durable, le
secteur déshérité de Phillips, traversé par des autoroutes, des usines, des fonderies et des
détresses sociales.
Le chômage atteint plus de 15 % de la population active, soit trois fois et demie plus que la
moyenne nationale aux Etats Unis. Une centaine de programmes sociaux dans le secteur se
chevauchaient pour aider ses 18000 habitants et de multiples organisations fournissaient
l'alimentation, l'abri et des vêtements. Mais tous les fonds sociaux distribués étaient
dépensés sans effets sur l'emploi et la richesse locale.
A la fin des années 1970, le Comté de Hennipen rasait cinq bâtiments et 28 maisons dans le
secteur de Phillips pour libérer de l'espace et mettre à la place une station de stockage et de
transit de déchets avant enfouissement et incinération en ville.
Ces activités conservent des ressources vierges comme les forêts et les sols, mais
économisent aussi les ressources et l'énergie qui auraient été employées dans la
fabrication et le transport de produits finis neufs. Elles réduisent les coûts
d'approvisionnement et les charges de la réglementation environnementale.
Ces activités, qui intensifient l'usage des matières usagées, substituent la
productivité des ressources à la productivité du travail, dématérialisent l'économie
et offrent de nouvelles tâches et emplois de la durabilité industrielle.
Actuellement, cet institut démontre que les déchets du bâtiment sont une mine, que des
habitants entreprenants peuvent produire de la richesse locale avec les matières urbaines
usagées, susciter des entreprises rentables, induire de nombreux emplois locaux, améliorer leur
environnement et réduire les pollutions urbaines.
22
terme consacré dans la terminologie américaine
434
La mission de l'Institut Vert est le développement urbain par l'entreprise durable, la création
d'emplois durables et l'information environnementale.
L'institut, organisation à but non lucratif, s'est servi des dispositifs publics de financements
sociaux et d'exemptions fiscales pour susciter localement un réseau d'entreprises commerciales
et industrielles, d'expertises et d'énergies civiles et pour développer son autonomie financière
par ses propres emplois, ses activités industrielles et commerciales dans les domaines de la
récupération et de la refabrication des structures, matériaux et matériels de construction usagés,
de l'investissement immobilier éthique et du transfert de technologies.
L'institut Vert tente, avec les 15 entreprises réunies dans ce même centre et avec d'autres
sociétés locales industrielles, d’introduire des liens d'écologie industrielle dans des projets
comparables, le centre agissant comme un catalyseur pour la revitalisation des zones urbaines.
Il transfère des technologies sociales "vertes", les méthodes urbaines de la durabilité, les
techniques d'économie d'énergie, les stratégies de la protection de l'environnement et de l'éco-
efficience.
Cet éco-centre peut devenir un éco-pôle local et translocal d'éco-activités.
L’Institut vert à travers ce nouveau centre offre à la population des services, des emplois de
qualification croissante et de nouveaux projets pour éco-restructurer la ville, modifier ses
modes de consommation, promouvoir des liens et revitaliser ses paysages.
435
Cette proximité avec les besoins d'une ville et l'interconnexion entre le social, la performance
économique et la prévention environnementale, qui lui ont donné son excellence, sont inscrites
dans le cadre même de ce qui fait sa différence avec une entreprise classique: le terrain local
ne se réduit pas à un marché, il est son lieu de fécondation, son champ d'expérimentation, son
laboratoire d'apprentissage, le site de la démonstrativité opérationnelle et pratique de nouveaux
éco-métiers locaux dont il trace l'avenir avec ses partenaires du centre.
436
L'Institut est fondé en 1993 par des habitants de Phillips à Minneapolis après
une longue lutte contre un projet d'installation d'une station de stockage et de
Historique transfert de déchets.
Depuis sa première subvention de 7500 $, l'Institut a grandi pour devenir
une des plus grandes organisations de développement social dans le
Minnesota et un modèle d' entrepreneur du développement durable
Le "Re-use Centrer" est le magasin de vente, sur 2500 m2, de matériaux et de matériels de
construction usagés et réutilisables. Tous les produits vendus dans le magasin sont obtenus
gratuitement ou rapportés par le "Déconstruction Service".
Le Centre de Réutilisation a été créé en 1995 quand la population a convaincu les autorités
locales du comté de revenir sur leur décision d'établir une station de transit de déchets dans la
ville et s'est aperçue que la création de cette activité de récupération pouvait aider à réduire le
volume des déchets gaspillés. Les ventes du magasin croissent d'année en année et ont plus que
triplé en 2000. Un équipement informatique inventorie et évalue les économies de flux de
matière et d'énergie du système mis en place.
Quatorze personnes formées à la gestion par l'institut sont employées à plein temps et
des tâches à mi-temps sont réservées à celles qui pourraient être considérées comme
difficiles à employer.
La reproduction de l'expérience est possible, il pourrait y avoir un centre de réutilisation dans
chaque ville
L'Institut travaille sur l'environnement urbain et ses impacts sur la vie des populations.
Les domaines privilégiés par l'Institut sont la réduction des déchets ou la récupération de ceux
qui ont une valeur, l'usage des technologies sociales vertes appropriées, les activités de la
durabilité dont les économies d'énergie.
L'Institut organise des classes, des forums et des projets spéciaux pour souligner comment les
citoyens peuvent jouer un rôle clef en société dans la mise en œuvre de la durabilité et des éco-
pratiques. Plus de 60 réunions suivies par plus de 400 personnes ont été tenues en 2000.
Photo : e4 Partners
Deux objectifs primaires ont guidé la construction en fonction d'un budget limité:
Les habitants et les associations soutenant les populations fragiles du secteur de Phillips
peuvent découvrir combien ils avaient réussi à transformer un site prévu pour stocker des
déchets en un centre écologiquement et économiquement performant, utile à la richesse
sociale et à la revitalisation de la communauté. Ils font maintenant tourner les déchets dans des
services utiles, créateurs d'emplois et d'un environnement plus propre.
4. Bilan
75% des 3 millions de dollars environ de budget annuel d'exploitation de l'Institut (2000)
proviennent des revenus de ses activités et de ses investissements éthiques (les loyers des
sociétés résidentes dans l'éco-centre).
25 % viennent de financements locaux et nationaux. Les dons sont employés pour la gestion
administrative, les ressources humaines et la planification stratégique.
Ce sont les garanties offertes par l'Etat du Minnesota (1,5 millions $) et par la Bremer Bank
(3 millions $), et les baux signés d'avance par les entreprises vertes candidates à l'installation
dans le centre qui ont finalement réussi à effacer les doutes exprimés par les banques de crédit
compte tenu de la nature spécifique des activités de l'institut vert.
Les programmes fédéraux de développement économique conçus pour aider les communautés
affligées par la détresse économique à développer des activités d'écologie industrielle servent à
la marge au développement des projets du centre et les aides fédérales à l'emploi permettent à
ce centre d'employer les habitants les plus en difficulté.
L'éco-centre, qui a ouvert ses portes fin 1999, était le projet le plus ambitieux du "Green
Institute" : une éco-conception, une empreinte écologique limitée, une surface de travail de
6000 m2 et un environnement de travail sain qui produit un impact positif certain sur la
manière de travailler de la population locale employée.
Si le coût de la construction de l'éco-centre était supérieur d'environ 10% par rapport à une
construction traditionnelle de même taille, les économies sur le budget de fonctionnement
doivent permettre de les couvrir sur 4 ou 5 ans.
L' éco-centre a été pleinement occupé en 2 ans par 15 entreprises d'activités durables qui
coopèrent entre elles.
Il est devenu une multitude de liens; de réseaux relationnels et d'informations qui offrent
aux entreprises résidentes et à la population des occasions réelles de créer de la richesse et
de la réinvestir localement.
Par rapport au projet de station d'installation de la déchetterie le Comté de Hennepin a
économisé plusieurs millions de dollars. Mais le service concret et immédiat du centre est le
nombre d'emplois gagné et la quantité de nuisances en moins.
Il a induit 240 emplois, dont près des 2/3 des tâches sont tenues par la population locale et
environ 1/4 du total pour l'institut vert.
440
Avec un budget de près de 3 millions $, en 2000, l'Institut Vert est devenu un moteur de la
création de la richesse de la communauté de Phillips.
En employant des habitants chaque fois que possible et en suscitant le dynamisme de la
population, l'Institut alimente toute une chaîne d'activités durables et d'emplois dans la ville. Il
est devenu un acteur important de la revitalisation de son tissu urbain.
Le Centre attire et brasse nombre d'activités complémentaires entre elles et une large gamme
d'emplois des plus simples au plus qualifiés. La promotion des énergies renouvelables, des
technologies économes et vertes et des liaisons éco-industrielles et sa collaboration avec les
entreprises présentes dans le centre fournissent dorénavant à l'Institut vert des opportunités
d'activités dans des domaines nouveaux pour lui: le conseil en gestion, le marketing, l'aide au
montage technique et financier de projets verts et le développement de nouveaux produits et
services.
Modèle de design eco-industriel, ce centre est un des meilleurs au monde pour les
performances économiques, environnementales et énergétiques de ses équipements et de ses
activités. Des douches y ont même été installées pour encourager l'usage du déplacement
professionnel à bicyclette.
Aligné sur un futur couloir vert urbain en projet, il se trouvera environ à 5 minutes d'une
nouvelle station de train en construction.
Photo : e4 Partners
une banque de miroirs placés sur le toit permet
l'éclairage naturel de l'ensemble des locaux
442
5. Transposabilité, essaimage
L'avenir de l'écologie industrielle se joue moins à Kalundborg que dans les effets
démonstratifs et dans les succès de ses applications en ville.
Avec les 15 entreprises résidentes, "Phillips Eco-Enterprise Center" n'atteint pas la taille des
"éco-parcs industriels" américains et encore moins celui de Kalundborg mais son potentiel de
croissance est très élevé et il est surtout d'une toute autre nature.
Dans une société organisée selon des boucles de réutilisation, la véritable économie de services
est d'abord locale et la ressource critique est le savoir faire, l'expérience, le relationnel et la
polyvalence.
De plus, la rentabilité des liaisons éco-industrielles est proportionnelle à leur taille, plus une
boucle est petite, plus elle est écononomiquement et environnementalement intéressante.
L'éco-pôle d'éco-activités de Minneapolis illustre les liaisons interactives d'écologie
industrielle dans leur mode urbain, résilientes, redondantes, flexibles, légères, ouvertes à
l'innovation, rapidement assimiliables par la population et pour, une bonne part, d'entre elles,
immatérielles.
L'avenir de l'écologie industrielle se joue non à Kalundborg, mais en ville. Là, elle laisse
entrevoir d'autres liaisons que celles qui émergent de la seule manipulation d'espèces chimiques
et d'une collection de pipelines. C'est ce que montre l'expérience de l'Institut Vert et son rôle..
Là, l'écologie industrielle est en rapport direct avec des lieux dont l'objet concret et perceptible
est la vie commune et c'est là que ses liaisons sont, de manière concrète, appropriables par la
population.
L'écologie industrielle ne se destine donc pas aux seuls grands équipements de l'industrie
lourde ni aux échanges massifs de flux d'énergie et de ses sous produits.
Les liaisons éco-industrielles exigent et sont permises par une éthique de la réciprocité dans
l'échange de services, dans la mise en synergies des informations qui doivent être en
permanence alimentées et enrichies par les divers partenaires et le partage d'un objectif
commun.
Cet objectif commun ne saurait être étranger à l'histoire qui les a réunis : la protection
préventive de l'environnement global, l'éco-restructuration des bases industrielles de la ville de
Phillips et l'objet social du réalisateur du centre, l'institut vert, entreprise-association pivot de
l'éco-centre, ancrée socialement et environnementalement sur le territoire duquel elle est issue.
Cette éthique de la réciprocité, celle que requiert la proximité, s'inscrit dans un certain rapport
avec l'histoire locale de la gestation du centre, dans un voisinage réciproque avec les principes
fondateurs de l'éco-centre et dans la complémentarité des rôles des différents partenaires. Cette
éthique fonde la confiance entre les partenaires, requiert l'échange de leurs expériences dans
le domaine commun qui est le leur, celui de la durabilité, et suppose d'autres expériences de
réalisations communes.
Cette confiance et ces proximités entre les divers partenaires sont la base du
développement de l'écologie industrielle, indépendamment des motivations propres des
partenaires, comme le montre aussi l'expérience de Kalundborg.
443
Mais le maintien des proximités, n'implique pas que les partenaires du local ne puissent pas
développer leurs propres réseaux et leurs propres marchés. D'ailleurs, certains équipements
récupérés et certaines technologies vertes utilisées dans la construction du centre viennent de
fournisseurs non locaux.
Au total, l'institut vert apparaît donc comme un catalyseur et l'éco-centre comme un éco-pôle,
un incubateur d'activités, une grappe d'éco-technologies, une association caractéristique
d'entreprises stratégiques clés, essaim des liaisons eco-industrielles appliquées, notamment
dans les domaines de l'énergie, de l'eau, des modes de production, du management
environnemental, de l'éco-construction et des stratégies pratiques de la durabilité urbaine.
"Eco-Efficiency Centre"
Halifax- Nouvelle Ecosse- Canada
Le but de "l'Eco-efficiency Centre" est concrètement de faire avancer par catalyse le pari
économique de l'écologie industrielle auprès des entreprises d'un parc industriel existant.
Il aide aux choix environnementaux qu'il identifie, promeut la gestion économe des ressources,
fournit des outils, réalise et coordonne sur le parc des programmes d' "éco-business".
Il démontre que les pratiques "propres"ou "vertes", les échanges d'énergie et de sous produits,
et le développement de la récupération et la coopération "over the fence" génèrent un gain ou
réduisent les coûts des intrants, évitent les charges prohibitives et vaines du traitement "end of
pipe" des déchets et de la pollution et limitent les impacts environnementaux d'un parc
considéré dans son ensemble.
L'écologie industrielle, s'inscrit dans une perspective plus vaste, la société d'utilisation
("functional économy"). Celle-ci requiert des trajectoires technologiques qui permettent
d'intensifier l'utilisation des matières usagées, la réduction des flux des matières vierges et donc
la mise en boucle des flux de ressources et d'énergie et la minimisation des émissions
dissipatives.
Mais l'éco-efficience est un concept plus aisément accepté par le monde de l'entreprise que
celui de prévention de la pollution ou de développement durable.
Pour un parc industriel existant, l'argumentation des avantages économiques de l'écologie
industrielle peut être plus opérationnelle et plus pédagogique et exercer une influence éco-
restructurante sur les marchés, bien plus appropriée que certaines réglementations
environnementales aux effets pervers23.
Les résultats comparatifs d'enquêtes, présentés ci-après, le confirment.
23
voir étude de cas sur la l'assainissement et la protection de l'eau
446
- très faible réception des mots environnement - quelques entreprises avec des liens d'écologie
et écologie industrielle
- les réunions coopératives sont considérées
comme une perte de temps.
Telle est l'optique, sur un mode pragmatique car inscrite dans la durée, de l "Eco-Efficiency
Centre", organisation non gouvernementale et sans but lucratif, situé dans le parc industriel
déjà constitué de Burnside, s'étendant sur 1200 hectares, le plus grand de la côte atlantique du
Canada.
Un des pionniers canadiens d'écologie industrielle, Raymond Côte, professeur de la "School
for Resource and Environmental Studies" de l'Université de Dalhousie, dirige ce centre, avec
l'appui des gouvernements, fédéraux, provinciaux et municipaux, et d'autres associés et tente,
depuis 1995, d'établir, à l'aide de la promotion des pratiques éco-efficientes, des liaisons
d'écologie industrielle entre les 1300 entreprises que compte le parc industriel de Burnside qui
emploie 17 000 personnes.
Il dirige ainsi un service de recherche multidisciplinaire, multidimensionnelle et
multipartenariale de l'université de Dalhousie et intègre des étudiants pour conduire des
études pratiques en grandeur nature et en faire un laboratoire d'expérimentation et un prototype
d'essai pour l' éco-gestion des parcs industriels de la Nouvelle-Écosse et, plus largement, pour
ceux du Canada.
L'équipe d'associés, publics et privés, partage l'engagement d'améliorer la performance
environnementale et l'efficacité économique des entreprises du parc, de la municipalité
régionale de Halifax et de la Nouvelle-Écosse dans l'ensemble.
tous les angles d'attaques : recueil de l'information, chroniques dans la gazette mensuelle locale
du parc, circulation pédagogique de l'information, éducation à l'environnement, animation de
réunions, audits, aide à la décision, coordination, conseil, recherche, enseignement, expertise,
ingéniorat, négociation, management. Que de tâches et de fonctions plurivalentes et
transversales de la durabilité !
Les tâches du Centre sont : de proposer des réponses à la demande d'information et de faire
connaître les opportunités économiques d'activités de prévention de la pollution et de la
conservation des ressources sur le parc mais aussi sur l'ensemble de la province de Halifax ;
de proposer et de conduire des bilans de la qualité environnementale des équipements des
entreprises dans le parc industriel avec l'objectif d'identifier les pratiques de réduction à la
source de la consommation d'énergie et d'eau; de produire et de distribuer des fiches
d'informations sur les activités appropriées à développer dans le parc et sur la province;
d'organiser de manière coopérative des sessions de formation environnementale et des ateliers
de promotion des affaires environnementales; de promouvoir les succès du parc pour
encourager d'autres entreprises; de soutenir les efforts de coopération et les liaisons entre
activités et entre entreprises.
Certes, il y a déjà de nombreuses liaisons et de toute nature entre les entreprises dans Burnside
et de plus en plus pour les entrepreneurs qui créent. Par ailleurs différentes catégories
d'équipement, de services et d'infrastructures collectives desservent la zone. Le centre se sert
aussi de ces liaisons pour encourager, non seulement le recours à des technologies de
production "propres" ou "vertes", mais aussi les échanges de sous produits identifiés.
Beaucoup plus d'échanges peuvent s'établir si une meilleure base de l'information est élaborée,
si de nouvelles coordinations entre activités s'établissent et si plus d'entreprises entrent dans des
programmes "éco-affaires" proposés par le Centre.
Les sociétés d'un même secteur ou dans la même filière industrielle ou commerciale pourraient
grouper leurs achats. Un tel achat invariablement réduirait des coûts.
La mutualisation de certains équipements pourrait réduire leur sous utilisation ou permettre la
mise en place de nouvelles infrastructures. Le covoiturage et un transport collectif des
personnels pourraient éviter la congestion des routes et peut-être relier des personnes de
manière à créer de nouvelles occasions.
449
Bref le Centre dispose d'une variété de stratégies pour encourager les affaires vertes dans le
parc industriel et cet objectif est lui-même accompagné d'une série d'actions environnementales
convergentes externes.
Dans le cadre d'une vision d'ensemble du but et des données identifiées relatives à la situation
des entreprises du parc et aux coopérations possibles entre elles, le Centre informe, forme,
suscite des affaires, propose des audits, orientent les entreprises vers les technologies
d'économies de ressources, d'énergie et d'eau, vers la récupération en interne de leurs sous-
produits ou vers la réduction ou l'échange de leurs sous produits et de leurs de déchets solides
ou liquides dans le rayon du parc ou dans le périmètre de la province.
La mise en oeuvre continue des projets qui repèrent les opportunités d'application des
démarches de l'écologie industrielle est essentielle à son succès.
L'outil premier du Centre est la promotion des programmes volontaires par lequel les sociétés
adoptent un code environnemental qui les engage à effectuer un bilan environnemental de
leurs équipements et à réduire les gaspillages d'eau et d'énergie.
Le Centre offre l'information, les outils et l'expertise pour aider les entreprises à augmenter
simultanément leurs performances environnementales et économiques et l 'inventaire des
possibilités très concrètes d'économiser sur les coûts environnementaux
Chaque année, le Centre nomine les entreprises qui ont réalisé des réductions significatives de
coûts et des améliorations environnementales innovatrices. Il met en évidence la crédibilité et
l'intérêt du programme environnemental auprès des autres entreprises et les encourage ainsi à
améliorer leurs résultats économiques par leurs progrès environnementaux.
Il identifie les nouvelles solutions collaboratives pour diminuer les impacts environnementaux
du parc et soutient les entreprises qui échangent leurs sous produits (palettes en bois, métaux,
matériel d'emballage, )
Mais son action stratégique porte aussi sur l'ensemble du périmètre environnemental du parc.
Elle intègre :
- la préservation et l'intégration de fonctions écologiques dans la zone interne au parc,
retraitement par exemple, des terres humides ("wetlands") qui avaient servi antérieurement de
décharge, réhabilitation des sentiers verts, réintroduction des plantes et des arbres,
- la réhabilitation et valorisation des écosystèmes du parc et leur mise à disponibilité pour les
écoles.
Ce remarquable et patient travail couvre le large champ des liaisons éco-industrielles dans un
parc industriel. Il offre, à la France, un laboratoire de mécanismes, de pratiques, de démarches
et de stratégies utiles aux structures territoriales qui voudraient s'engager dans le
réaménagement et l'éco-restructuration des zones d'activités commerciales et industrielles.
450
La plus grande quantité de perte produite dans le Parc de Burnside est l'emballage. Il entre sous la
forme de palettes en bois, des boîtes en plastique, des bouteilles et leur enveloppe, des boîtes
cartonnées, des sacs de papier, le polystyrène. Bientôt une boucle locale d'échanges ?
La réutilisation externe de sous produits au profit des projets créateurs des compagnies artistiques, des
foyers municipaux, des écoles, des colonies de vacances et des groupes de personnes âgées
La société Argo a négocié un accord mutuellement avantageux avec une entreprise locale pour que
cette dernière récupère les conteneurs de peinture résiduelle et des sous-produits de cendres de zinc et
les achemine aux entreprises locales pour lesquelles elles deviennent des ressources.
Les coûts d'acheminement des conteneurs et d'enfouissement des déchets sont ainsi économisés.
La société Argo travaille notamment les techniques de galvanisation du métal. Elle fait partie d'une
industrie qui a de sérieux problèmes environnementaux, avec des sous-produits dangereux et une
consommation de grandes quantités d'eau et l'énergie, et doit observer une réglementation sévère pour
cette activité. Grâce à l'achat d'un équipement spécial, les résidus contenant un composé chimique
toxique (MEK) sont dorénavant retraités sur place. La société récupère plus de 95 % du produit
chimique sans perte de qualité de ses propriétés. 45 litres récupérés réduisent des dépenses
d'exploitation de 80 $ par jour à capacité normale d'utilisation des équipements.
Ces liaisons apparaissent aussi à travers des initiatives entrepreneuriales qui établissent de
nouvelles proximités en constituant des réseaux de territoires.
Elles s'appuient sur le croisement de relations de marché et de logiques organisationnelles.
Elles utilisent un "parc" de relations interindividuelles fondées sur la confiance et de nouveaux
circuits numériques d'échanges (internet)24.
Ce type de réseau permet aussi de coordonner avec plus de souplesse l’offre et la demande
entre les fournisseurs et clients surtout lorsqu'une médiation particulière intervient entre eux
deux et concerne une certaine nature de produits échangés
Lorsqu'il s'agit d'échanges portant sur des matériels informatiques usagés, récupérés, démontés,
réparés, réassemblés, puis revendus, ce mode d'organisation semble indispensable.
En effet, comme l'indiquent constamment les responsables d'entreprise, cette filière reste
tributaire de l'accessibilité à certaines pièces détachées et de leur disponibilité. La coopération
entre les entreprises doit donc être souple, flexible, tournante
Par ailleurs, il s'agit de biens disséminés chez les utilisateurs, concentrés notamment dans les
aires urbaines. La décentralité des opérations et la qualité du service sont une nécessité
première.
24
Sur ces territoires numériques, nous avions noté l'existence d'éco-parcs virtuels aux Etats Unis
453
Le cas de l'entreprise étudié, la "NGS ", située à New York, offre un grand nombre d'intérêts.
Elle a été créée par un français, lui-même ancien responsable de l'association EPIC. Un autre
de ses intérêts montre que les affaires, la durabilité et l'emploi font bon ménage.
D'autres intérêts, qui ont servi l'ensemble des analyses, apparaîtront à la lecture de l'entretien.
Mais l'observation la plus saisissante peut-être, et dont mention n'avait nulle part encore été
faite dans cette étude, pourrait concerner la gestion des ressources informatiques dans les
entreprises en France et notamment dans le secteur public.
Or la gestion économe des ressources offre des emplois de la durabilité et est un des objets
majeurs de l'écologie industrielle.
Il est donc clair que les démarches et les applications de l'écologie industrielle peuvent
commencer sur chaque lieu de travail et notamment dans le secteur public.
Ceci sera notre conclusion et, d'une certaine manière, elle est au début de l'aventure du créateur
français de cette entreprise. Il lui appartient donc de clore provisoirement le sujet, quelques
propositions simples en matière de développement, en France, des liaisons éco-industrielles
suivront.
454
Entretien avec :
Ernest Noncent, 40 ans, créateur de l'entreprise, ancien membre de l'association
EPIC, diplômé de l'université française, ancien cadre d'une entreprise publique
française, installé aux Etats Unis depuis 6 ans
1. L'ACTIVITE
Caractères essentiels
Pourquoi avoir créé cette activité aux Etats unis et pas en France ?
En France, je travaillais dans le secteur public et j'ai constaté une gestion chaotique des
équipements dans les services publics et privés.
Parfois la durée d'usage du matériel était allongée malgré des performances très faibles; parfois
les matériels usagés de valeur étaient mis rapidement au rebut; parfois pour maintenir le
matériel en fonction, des pièces neuves étaient incorporées sans pour autant permettre des
performances supérieures; parfois un achat de matériels neufs inconséquents.
Bref, changés trop tard ou trop tôt et souvent sans principes ni stratégies claires, les
équipements relevaient d'une gestion, proche du bricolage.
Le travail du personnel s'en ressentait. J'imaginais qu'on pouvait faire autrement.
En France, je disposais de la sécurité de l'emploi mais je me voyais mal m’engager dans une
telle aventure, conscient que les esprits n'étaient pas prêts.
En effet, les entreprises, notamment publiques, n'acceptent pas facilement l’idée d’acheter des
matériels usagés, ni d'accroître la performance de leur matériel en fonctionnement qui n'est
remplacé que relativement lentement. Les performances de matériel neuf auraient pu être
obtenues avec le matériel antérieur mais correctement et à temps remis à jour
Par contre aux Etats Unis, les entreprises ont un comportement porté sur la recherche de la
performance du matériel et les individus ont un comportement de consommation plus
dynamique, ils sont moins calculateurs sur leurs dépenses, ils recherchent l'efficacité.
Le matériel tourne très vite et le marché informatique est un peu plus en avance.
Les stocks de matériels usagés de valeur sont très importants et certaines pièces neuves sont
difficiles à trouver à un prix abordable.
Que vise-t-elle ?
Faire mieux avec moins : le poids du coût des composants usagés dans le prix de revient du
matériel refabriqué est de 30% contre 45 % pour les composants vierges dans le prix de
revient du matériel neuf.
Qui en bénéficie ?
- Les nouvelles petites entreprises, des sociétés locales, des entreprises publiques, les écoles,
les crèches, les étudiants, les petites bourses
- les populations vulnérables susceptibles d'exercer des métiers de la récupération et du
recyclage qui apparaissent encore moins nobles
- la société toute entière grâce à la réduction des nuisances industrielles et grâce à une activité
qui valorise le travail, le bon sens et l'ingénierie
Prolonger la durée de vie des produits en achetant les matériels usagers parfois obsolètes, en
désassemblant, en réparant et en réinjectant sur le marché à un prix très bas : certains au ¼ du
prix d'un matériel neuf aux performances comparables
Ainsi les gens s'habituent à considérer le service que la machine rend plutôt que de porter
attention à l'objet lui-même. Mais cela ne signifie pas que ces objets doivent être tristes.
Avec les économies faites, ils peuvent introduire dans leur budget d'autres dépenses
Une forme de solidarité naît dans la mesure où les gens pensent que le matériel informatique
est trop cher et qu'il est impossible de s'en procurer. Ils sont donc très contents d'acquérir à bon
prix un matériel de qualité.
Cette activité a, en outre, permis de créer un centre de formation professionnelle : depuis 2 ans
nous formons des jeunes de 18 à 26 ans pour l'Etat de New York avec lequel nous avons un
contrat. La formation conduit à diplôme et nous les aidons à trouver un emploi à la fin du
stage. Actuellement, trois de ces jeunes travaillent dans l'entreprise.
2. CADRE
Aux Etats Unis, 70 % de la population active gagnent environ 350 $ par semaine. L'achat d'un
ordinateur leur paraît souvent comme quelque chose d'inaccessible.
Pouvoir offrir et acheter à bas prix des objets usagés qui ont de la valeur
Pouvoir se procurer un ordinateur au prix auquel nous le vendons et bénéficier de la proximité
de nos services dédramatisent le produit informatique
Plus de 40 millions de télévisions et d'ordinateurs, dont les moniteurs, deviennent
annuellement désuets et, selon les experts en la matière, 50 millions d'ordinateurs et de
téléviseurs seront jetés annuellement d'ici 2005. Et on ne sait combien de jeux électroniques
pour enfants sont jetés
457
Non seulement il y a gaspillage mais les produits électroniques contiennent des matières
dangereuses tels que le mercure, le plomb, le cadmium et d'autres substances qui ne constituent
pas un problème lorsqu'elles sont en fonctionnement mais deviennent toxiques lorsque ces
produits sont évacués dans une décharge ou incinérés.
On peut donc créer une activité économique en protégeant préventivement l'environnement.
Le fait de prolonger la durée de vie du matériel joue un rôle incontestable sur l'environnement :
nous parvenons parfois à le prolonger de 3 à 5 ans
Par ailleurs, développer des activités économiques dans un domaine qui permet de prévenir la
pollution de l'environnement est bien considéré par les entreprises clientes avec lesquelles
nous travaillons, qui, elle mêmes, cherchent des occasions d'affaires dans le même domaine.
Chaque fois qu’une pièce usagée est réemployée, l’énergie nécessaire pour la production d’une
pièce identique est économisée et aucun rejet de fabrication ne se retrouve dans
l’environnement. Sa réutilisation permet également de préserver les ressources en évitant
l’utilisation de la matière première.
La baisse des prix des produits neufs et l' "update" fréquent des logiciels Windows
La formation du personnel
la volatilité des cadres
Les jeux électroniques usagés pour les enfants offriront de grandes perspectives si l'on règle le
problème de l'approvisionnement.
3. ACTEURS
Des anciens employés des grandes sociétés ont constaté que les entreprises avaient de grandes
difficultés pour satisfaire la demande de pièces détachées.
Je n'ai fait que poursuivre l'idée en l'adaptant avec les connaissances que j'avais de la gestion
des équipements dans les entreprises et des besoins d'une clientèle dont le budget n'est pas
élastique.
D'abord les écoles et les ministères publics et les entreprises qui se débarrassent du matériel
usagé.
Actuellement nous comptons parmi nos grands fournisseurs la poste et quelques grandes
compagnies d'assurances. Nous achetons aussi beaucoup de produits en fin de location.
Comment s'est créée la convergence entre ces acteurs ?
458
Le besoin de répondre à certaines demandes de pièces détachées très difficiles à trouver sur le
marché surtout pour les écoles, les ministères ou des services de proximité comme les
assurances.
Les commerciaux des grandes compagnies sont les premiers à ressentir le besoin de réutiliser
des machines usagées compte tenu de la demande accrue de certaines pièces difficiles à
trouver
4. ETAPES ET MOYENS
Développer davantage le lien avec les sociétés voisines pour agrandir notre panel de clients
Explorer d’autres champs de produits usagés électroniques (jeux électroniques pour enfants) et
trouver les moyens d'abaisser leur coût d'acquisition.
Développer la formation technique interne de façon à faire face aux nouvelles machines
Connaissance du marché, du produit, des pièces les plus demandées, des pièces à panne, et des
clients demandeurs
La grande technicité du produit, une modularité insuffisante des produits, l'élimination des
matériaux non refabriqués.
Nous envoyons les matières non utilisés à la décharge municipale ou un tri est fait
Pour le métal, aisément recyclable, la récupération est gratuite. Par contre pour du plastique
mélangé avec du carton et autres débris le coût est de 160 $ par chargement.
Intégrer des cadres supérieurs et leur transmettre notre savoir-faire sans être tributaire de leur
grande volatilité ( spécialité américaine). C'est un grand problème que la société rencontre et
qui limite son développement. Il a notamment des contrecoups sur le volume de recrutement
des employés permanents.
Constituer des réseaux de récupération pour l'élimination des résidus non réutilisables par
nous-mêmes : pour le métal nous développons la revente à un ferrailleur. L’énergie requise de
même que les émissions générées par le procédé de recyclage des métaux ferreux et non
ferreux sont moindres que pour leur production à partir de matières premières.
Pour le plastique, monitor, vieilles pièces électroniques, nous trouvons de temps en temps des
écoles et des compagnies d'artistes qui nous les réclament. Il faudrait développer cette filière
de recyclage
Quant à la question des cadres, nous nous orientons vers des solutions de franchise.
5. EFFETS ET PERSPECTIVES
Perspectives ?
Le marché des ordinateurs re-fabriqués occupe à peu près 1/3 du marché des emplois du secteur
informatique sur l'ensemble des Etats Unis.
L'activité et l'emploi pourraient nettement plus progresser si une coopération "over the fence"
pouvait s'établir entre fabricants de produits neufs et désassembleurs-réassembleurs
C'est un marché qui a de l'avenir, car beaucoup de grandes sociétés ne veulent pas changer de
matériels tous les 18 mois à la cadence de l'arrivée des nouvelles machines
Elles seront toujours demandeuses des pièces détachées que les entreprises - mères auront du
mal à fournir.
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Nous prévoyons dans les deux années à venir de doubler notre chiffre d’affaires, vendre notre
processus de fabrication comme label en développant la franchise et en ouvrant plusieurs
magasins " laptopfactory" dans plusieurs villes des Etats Unis, ce qui réduira les coûts de
notre développement.
CONCLUSIONS – PROPOSITIONS