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8 MAI
2 0 0 7
La vente directe,
heures et valeur ajoutées
Le développement de la vente directe passe aujourd’hui moins par les débouchés - qui restent supérieurs à
l’offre - que par la maîtrise de la charge de travail. Éclairage par Danièle Capt, économiste chercheur à
l’ENESAD1.
Comment évaluez-vous la place de la qu’ils évoluent dans des réseaux des grandes agglomérations ; ce ne
vente directe aujourd’hui dans l’agri- sociaux qui leur donnent des disposi- sont donc pas les débouchés qui, glo-
culture ? tions et un intérêt pour la vente balement, posent problème. Par
Danièle Capt : La vente directe consti- directe. Enfin, la vente directe est contre, la charge de travail inhérente à
tue un mouvement d’importance. Le davantage développée dans les petites ce type d’activité constitue un obs-
recensement agricole de 2000 a mis structures, sans être négligeable dans tacle important à la mise en œuvre et
en évidence une diminution de la part les exploitations plus grandes. au maintien d’ateliers de vente
des exploitations pratiquant la vente directe. Les chercheurs ainsi que les
directe, avec ou sans transformation : Quelles sont les motiva- organismes de développe-
celle-ci est passé de 27 % en 1988 à tions des producteurs pra-
Davantage ment agricole doivent se sai-
15,5 % en 2000. Mais je ne conclurais tiquant la vente directe ? de vente directe sir pleinement de cette
pas pour autant que le marché des D. C. : Elles sont avant en maraîchage, question afin de trouver les
produits fermiers a régressé. On dis- tout économiques, la
pose encore de trop de peu de don- vente directe permettant
arboriculture, conditions de développe-
ment de circuits courts
nées à ce sujet, car ces orientations de créer de la valeur ajou- horticulture acceptables par les produc-
sont mal suivies. J’émets l’hypothèse tée supplémentaire sur et viticulture teurs du point de vue de la
qu’une partie des producteurs ont l’exploitation. Cette moti- charge de travail. Par
augmenté significativement la part de vation se double généralement d’un exemple, les formes sociétaires, telles
la vente directe dans leur activité, ce goût pour le contact. La professionna- que les GAEC2, au sein desquels se
qui est venu compenser la baisse du lisation du travail des femmes a parti- posent de toute façon les questions 1. Etablissement
nombre de producteurs. Le marché cipé également au développement de de répartition des chantiers et de la national
s’est par contre transformé, les pro- ces activités. charge de travail, offrent un cadre d’enseignement
supérieur agro-
ducteurs se sont professionnalisés. adapté à la mise en place d’une acti- nomique de
Quels freins au développement de la vité de vente directe. Dijon.
Quels sont les profils des producteurs vente directe identifiez-vous ? 2. Groupement
agricole
pratiquant la vente directe ? D. C. : La demande est encore supé- d’exploitation
D. C. : On observe deux types de tra- rieure à l’offre, en particulier autour Propos recueillis par C. T. en commun.
jectoire : les producteurs originaires
du secteur agricole qui réorientent
leur activité et les hors cadre agricole Statut des exploitations en fonction
qui voient dans la vente directe la pos- de l’activité de vente directe
sibilité de s’installer sur une petite
surface. On observe davantage de
Statut des exploitations (en %)
vente directe en maraîchage, arbori-
culture, horticulture et viticulture, Exploitations ayant une activité Exploitant GAEC EARL Autre Autre
moins en élevage et grandes cultures. de : individuel société
Les producteurs pratiquant la vente se Vente directe sans transformation 83 5 7 4 1
répartissent dans toutes les classes Vente directe et transformation 67 8 13 11 1
d’âge. Par contre, le niveau de forma- Transformation sans vente directe 76 5 9 9 -
tion est très discriminant, les produc- Ensemble des exploitations 81 6 8 4 -
teurs pratiquant la vente directe étant Source : AGRESTE - recensement agricole 2000
généralement d’un niveau plus élevé.
C’est une activité qui nécessite un Les formes sociétaires sont plus fréquentes quand les activités de transformation et
«capital social et culturel» important, de vente se cumulent sur l’exploitation.
que les producteurs acquièrent dans
le cadre de leurs formations ou parce
III• TRANSRURAL Initiatives • 8 MAI 2007
Dossier
Savoir trouver l’équilibre entre activité
de production et de vente
La vente, ça ne s'improvise pas. Témoignage de Marie Lespinasse, viticultrice en Gironde.
Dossier
ployeurs : des projets difficiles à partager
ravail peut s'avérer ardue.
d’enchaîner sur la préparation du pro- à déterminer la rémunération lié à l’enga- entre salariés et membres d’une coopéra-
chain marché. Le tout, 3 à 4 fois par gement de chacun. Par ailleurs, les sala- tive ou d’un groupement d’employeurs.
semaines. À cela vient s’ajouter une exi- riés, souvent seuls, manquent de repères
gence importante de qualité, tant dans la pour conduire une négociation. Il y a donc un réel enjeu à la clarification
préparation des produits que sur les plans de ces relations de travail. Un des freins
sanitaires, sur les questions de présenta- DES ASSOCIATIONS ÉCHOUENT importants au développement des circuits
tion, de relation aux acheteurs, etc. Parfois, les salariés sont embauchés dans courts étant la masse globale de travail, il y
Ensuite, rien n’est jamais définitivement une perspective d’association en société. La a là une forme de réponse à la question.
acquis : comme souvent dans le com- période de salariat offre alors l’occasion Mais cela suppose que les uns et les autres
merce, les acheteurs ne sont pas toujours d’une formation et d’un essai de travail en apprennent à travailler ensemble avec des
fidèles. équipe. Pour peu qu’on ne statuts différents, que les uns sachent
déléguer clairement des tâches, que les
Dans un tel contexte, les
L'enjeu réside s’attache pas, poussé par la
motivation, à suivre son autres sachent dire comment ils souhai-
relations entre employeurs avant tout dans temps de travail, les diver- tent s’investir, etc. Dans un certain
et salariés ne sont pas tou- nombre de corps de métiers dont les
jours sereines. Certains,
la clarification des gences quant aux stratégies
de développement et aux contours sont aussi très évolutifs (métiers
plutôt du côté des «pro- exigences de chacun souhaits concernant la pré- de l’animation, des services, etc.) des
gressistes partageurs», pei- servation de la vie privée accords ont pu être trouvés, négociés col-
nent à assumer leur rôle de «patron». peuvent rester longtemps cachées. À terme, lectivement. Et les parties concernées par-
D’autres, «bourreaux du travail» ayant un nombre significatif de projets d’associa- viennent à les appliquer. Il manque sans
beaucoup donné, ont du mal à concevoir tions échouent, souvent douloureusement. doute ici une aide extérieure pour que
que des salariés aient un autre rapport au Le salarié réclame ce qu’il estime être son cela puisse se faire dans le domaine de la
travail et veuillent se réserver du temps dû, au regard du code travail, qui n’a pas pluriactivité en agriculture.
personnel. L’enjeu est grand de parvenir à vraiment prévu ces cas de figure.
se dire les choses clairement, à poser des Ce genre de difficultés peut s’observer
exigences, à dire qui a investi quoi et donc entre deux associés frères et/ou sœurs, et M. C.
Dossier
Maintenir l’abattage de proximité
La fermeture des petits abattoirs rend plus difficile la mise en place de circuits courts de vente de viande. La
communautés de communes de Fruges tente d'y remédier.
Le territoire des 7 vallées, dans le Pas- Ruisseaux a ainsi pris des parts «pour Prendre la parole en tant qu’investis-
de-Calais, s’est orienté vers la produc- engager le projet d’abattoir sur des seur, c’est aussi pour la Cigales allait
tion de viande de qualité («porc du principes d’économie solidaire et sur au delà d’une «gestion classique du per-
Haut Pays», «agneau du Haut Pays» des questions environnementales», sonnel». Sur ce point, les élus n’ont pas
1. Abattage
notamment). Au delà de l’intérêt de confie Hervé Thys, cogérant de la d’idées, la question se posant plus d’animaux des
limiter les transports en camion, les Cigales. L’association d’épargnants pour eux en termes de maintien et de espèces caprine,
éleveurs s’accordent à dire qu’il est solidaires est représen- création d’emplois. ovine et porcine,
nécessaire de maintenir jusqu’à l’abat- tée au Conseil d’Admi- Certains élus Mais depuis deux ans, à
par une per-
sonne qui les a
toir l’effort fait pour obtenir un pro-
duit de qualité. C’est ainsi que Fruges,
nistration de la société
d’économie mixte (SEM)
préfèreraint part la constitution de la
SEM, rien ne bouge.
élevés ou entre-
tenus et dont
commune de 2500 habitants des 7 Val- chargée de gérer le nou- que la viande «L’immobilisme est poli-
elle réserve la
totalité à la
lées, a décidé de maintenir l’activité
d’abattage menacée de disparition. Plu-
vel abattoir. En interro-
geant les élus et les
soit redirigée vers tique. Certains élus préfére-
raient que la viande soit
consommation
de sa famille.
tôt que de fermer ou de rénover consommateurs-investis- un gros abattoir redirigée vers un gros abat-
2. «Un club
Cigales (Club
l’ancien abattoir qui tourne à plein seurs de la Cigales, les toir. Et puis il y a les élec- d’investisseurs
régime aujourd’hui, le choix a été fait exigences sur le projet diffèrent sensi- tions. Le Préfet de Région ne donnera pour une gestion
alternative et
de construire un nouvel abattoir multi- blement. La Cigales des ruisseaux sou- pas son accord tout de suite», estime locale de
espèces, qui ne fasse pas que la haite que soient prises en compte la Germain Dollé. De leur côté, les l’épargne soli-
découpe de la viande mais qui la trans- qualité environnementale du bâtiment, consommateurs, qui sont aussi inves- daire) est une
structure de
forme également et offre la possibilité la gestion des déchets, la réduction des tisseurs de la Cigales, regrettent le capital risque
d’abattage familial1. trajets entre les lieux de production et manque d’information de la part des mobilisant
de consommation, etc. «Le volet envi- élus «aucun projet concret n’est pré- l’épargne de ses
OPÉRATEURS PRIVÉS ET ÉPARGNANTS membres au
ronnemental sera entendu par les élus, senté, les pouvoirs publics ne se posi- service de la
LOCAUX mais il ne faut pas que le bâtiment tionnent pas». Pour Germain Dollé, création et du
Jean Jacques Himoine, président de la coûte le double», répond Germain «l’implication du consommateur n’est développement
de petites entre-
communauté de communes de Fruges, Dollé, élu communautaire et président pas évidente, il n’aime pas qu’on lui prises locales et
a souhaité réunir des opérateurs privés de la SEM. Par ailleurs, l’abattoir de parle d’abattage, il préfère voir les ani- collectives
(éleveurs, chevilleurs, sociétés clientes, Fruges a pour l’instant vocation à deve- maux vivants lors de Portes ouvertes ou (SARL, SCOP,
SCIC, SA, asso-
etc) et des épargnants locaux pour nir l’abattoir d’autres territoires plus un bon produit dans son assiette. Entre ciation, …). » -
construire ce projet. La Cigales2 des éloignés. les deux…». www.cigales.asso
Sarah Darras .fr.
TRANSRURAL Initiatives • 8 MAI 2007 • VIII
Dossier
Le pain bio monte
sur les planches en Isère
Des agriculteurs vont frapper à la porte des artisans-boulangers pour créer une filière courte de pain bio.
Prenez une poignée de producteurs bio décidé de travailler avec la Chambre des être un marché intéressant pour des arti-
souhaitant mieux valoriser leurs céréales métiers du Sud Isère. Au départ, 50 bou- sans qui démarreraient une activité en
en filière courte et maîtrisée, ajoutez à langers semblaient intéressés. Produc- agriculture biologique. Bref, si chacun met
cela la possibilité de s’investir dans un teurs et boulangers se sont alors réunis la main à la pâte voilà un projet plein
moulin coopératif, remuez avec une pour affiner le projet. Ce sont finalement d’avenir et de sens.
conjoncture favorable au pain bio, faites 5 boulangers qui ont rencontré les pro-
A. S.
un liant avec l’aide d’une chambre des ducteurs bio d’Isère en mars dernier avec
métiers et vous avez les bases d’un projet pour objectif de lancer les premiers pains
Contact : ADABio / Claire Dimier Vallet,
collectif et local valorisant le blé bio bios d’Isère d’ici la fin de l’année. Une
claire.dimiervallet@adabio.com
d’Isère. journée de formation a été organisée en
Dans un contexte de marché des céréales février pour que les boulangers testent la 1. Office national interprofessionnel des grandes cultures.
bio très fluctuant, une dizaine de produc- farine des producteurs et trouvent
teurs bio du Nord Isère souhaitent ainsi ensemble avec l’appui technique de l’Ins-
maîtriser la filière dans laquelle ils com- titut national de la boulangerie et de la
mercialisent leurs produits. Même si pâtisserie une valorisation ayant du carac-
aujourd’hui le marché du blé bio est favo- tère.
rable, on ne sait pas quel en sera le prix «Il faut être vigilants de ne pas s’imposer
demain. L’idée de monter des règles trop lourdes tout
Le premier volet de ce dossier
une filière biologique sur le en proposant un pain origi-
pain bio date d’une visite en
Les producteurs nal, les contraintes de certifi-
sur les circuits courts est télé-
chargeable gratuitement sur
Franche-Comté en 2005, de blé ont repris cation des artisans-boulan-
notre site
région où est née la première gers étant déjà un frein au
filière de pain bio local, avec
un moulin développement du projet, et
www.transrural-initiatives.org.
le pain Biocomtois. Pour ces coopératif veiller à ce que les produc-
producteurs, il s’agit de tra- teurs ne perdent pas la maî-
vailler ensemble pour une filière rémuné- trise de leur projet», analyse Claire Dimier
ratrice et qualitative, d’étendre le marché Vallet, animatrice à l’ADABio Isère.
du pain bio en ouvrant de nouveaux mar- Si aujourd’hui seuls quelques boulangers
chés et ainsi faire connaître la bio à de sont prêts à se lancer dans la filière
nouveaux consommateurs. aujourd’hui, beaucoup sont intéressés et
Un maillon essentiel de cette filière nais- attendent de voir émerger le pain bio isé-
sante a été la reprise par des producteurs rois et le plan de communication qui
de blé du moulin coopératif de Saint Vic- l’accompagnera pour s’y lancer à leur
tor de Cessieu qui avait de réelles difficul- tour. Autre point positif, ce projet est lar-
tés financières et qu’il a fallu adapter pour gement soutenu par les financeurs natio-
la filière bio. Ce travail a été fait par les naux (ONIGC1) et locaux (conseils régio-
producteurs en lien avec l’Association nal et général), ce qui révèle bien tous les
pour le développement de l’agriculture enjeux au niveau local d’une telle
biologique (ADABio). En parallèle, les démarche.
producteurs engagés dans le projet se
sont réunis en ce début d’année au sein L’objectif des producteurs est de valoriser
d’une association type loi 1901. Le à terme 300 t de blé en partenariat avec au
schéma de filière retenu permet de garder moins trente boulangers et garantir un
une maîtrise de la production jusqu’à la prix à la production rémunérateur, régu-
transformation : chaque producteur vend lier et déconnecté des prix de marché. Cet
son blé à l’association qui fait faire le tra- objectif semble réaliste en comptant sur TRANSRURAL Initiatives
vail à façon par le moulin et vend elle- une campagne de communication efficace Sites web : www.transrural-initiatives.org
même la farine aux boulangers. et de grande ampleur et un relais efficace www.ruralinfos.org
Mail : transrural@globenet.org
de l’opération chez tous les artisans isé- 2, rue Paul Escudier - 75009 Paris
UN NOYAU DE 5 BOULANGERS rois. De plus, la restauration collective bio, Tel : 01 48 74 52 88
Afin de mobiliser les boulangers, il a été en plein développement en Isère, peut