Art de vivre

VOYAGER, DÉGUSTER, ACHETER, SORTIR, SE DÉTENDRE

Antigua: pirates, régates et

plages de rêve

M
Moins connue des algré un climat
peu propice à
francophones que les l’agriculture et
Antilles françaises, une superficie
Antigua a pourtant de somme toute as-
sez modeste, Antigua aura été
quoi susciter l’intérêt, l’une des îles les plus convoitées
en particulier pour des Caraïbes après sa découver-
les amateurs de navi- te en 1793 par Christophe
Collomb. Sa position stratégique
gation de plaisance et ses nombreuses baies abritées
qui se régalent en faisaient un quartier général
idéal pour rayonner sur l’en-
chaque dernière
semble des Antilles. D’ailleurs,
semaine d’avril avec au XVIIIe, English Harbour, port
la Antigua sailing de la côte sud de l’île, devient la
week. Pour les principale base navale des
Anglais aux Caraïbes. C’est de là
autres, l’île fait figure qu’ils déclenchent leurs offen-
de petit paradis avec sives et que l’amiral Rodney part,
ses plages carte en 1782, battre la flotte française
et reconquérir les Antilles britan-
postale, ses lagons niques. Aujourd’hui, l’ombre de
poissonneux, et son l’amiral Nelson qui commanda la
histoire teintée des flotte des Iles Sous-le-Vent dans
les années 1780, plane toujours
grandes épopées sur la baie à laquelle il a laissé
maritimes. son nom: Nelson’s Dockyard.
Si les visées impérialistes des
grandes nations maritimes
appartiennent désormais au
passé, Antigua reste aujourd’hui
encore le théâtre de batailles
navales épiques. Le canon y est
toujours utilisé mais c’est pour
mieux donner le coup d’envoi de
la très fameuse Antigua sailing
English Harbour, a été choisi par les Anglais pour en faire leur base
navale pour les Antilles.
week. Organisées depuis près de
quarante ans la dernière semai-
ne d’avril, ces régates consti-
tuent l’un des rendez-vous nau-
tiques les plus célèbres et les
plus fréquentés de la planète.
Pendant plus d’une semaine,
English Harbour est littérale-
ment pris d’assaut par des cen-
taines de bateaux parmi les-
quels quelques-uns des plus
grands et beaux voiliers navi-
guant actuellement sur les
océans du monde. Le soir sur le
quai principal, le spectacle vaut
le détour pour quiconque aime
les belles choses. Le moment
tourne même à l’inoubliable
pour les inconditionnels de la
voile qui apprécieront à leur
juste valeur les prouesses tech-
nologiques, esthétiques et les
performances de ces voiliers
d’exception. Parmi les vedettes
de l’édition 2004, Mari Cha IV, le
monocoque le plus rapide de la
planète, détenteur de plusieurs
records prestigieux dont celui
de la traversée de l’Atlantique
(6 jours, 17 heures, 52 minutes
et 39 secondes).
Si la bagarre fait rage en mer,
l’ambiance est particulièrement
chaleureuse à terre. Chaque soir,
les équipages refont la course et
le monde dans les nombreux
bars d’English Harbour en
buvant une Wadadli, la bière
locale. Pour les repas, les marins
se retrouvent généralement dans
des guinguettes improvisées
pour l’occasion par d’impo-
santes doudous spécialisées
dans la cuisson du poulet et des

DANS CE NUMÉRO
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68 ART DE VIVRE JUILLET - AOÛT 2004

 VOYAGE
Lord Nelson Cup. Tout
cela, dans la plus gran-
de tradition britan-
nique du yachting.
Mais que ceux que
la voile laisse indiffé-
rents se rassurent.
Indépendant depuis
1981 après des siècles
de domination britan-
nique, Antigua mise
désormais sur l’indus-
La notoriété de la Antigua sailing week dépasse trie touristique sans
largement les frontières des Caraïbes. pour autant tomber
dans les travers du
ribs. Le tout, au son des incroya- tourisme de masse, notamment
bles steel bands dont la musi- le bétonnage, quasi absent. Son
que, jouée sur des bidons, est principal atout: trois îles carte
une véritable invitation à la fête. postale (Antigua, Barbuda et
Autre lieu, autre style, mais fête Redonda) et 365 plages (une
également version so british pour chaque jour de l’année)
cette fois, la soirée de gala (Lord qui comptent parmi les plus
Nelson bal) est le rendez-vous belles du monde. Un certain
très sélect des propriétaires for- nombre d’entre elles ont
tunés, des skippers les plus d’ailleurs la particularité de
talentueux et des officiels. n’être accessibles qu’en bateau.
Attention, climat tropical ou Les amoureux des grandes
pas, smoking et robes de soirée plages de sable blanc totale-
de rigueur pour la remise des ment vierges ne manqueront
prix. Et pas question de price pas de faire un saut de puce à
money vertigineux. A Antigua, Barbuda (15 minutes de vol) où
on vient concourir pour le la civilisation semble avoir
sport, pour l’amour de la voile totalement renoncé à dompter
et pour le gain de la fameuse la nature. Ce qui en fait un véri-
L’île compte 365 plages toutes plus belles les unes que les autres.
JUILLET - AOÛT 2004
Art de vivre
table paradis pour pratiquer la
plongée, la pêche au gros, la
voile ou le farniente.
Comme il est de coutume dans
toutes les Antilles, les 70 000
habitants d’Antigua, sujets de sa
gracieuse majesté, aiment pren-
dre leur temps. Alors n’hésitez
pas à adopter le rythme local
pour la visite de l’île à commen-
cer par Saint John’s, la capitale.
L’idéal est d’éviter les jours où
les gros paquebots américains
déversent leurs touristes dans
les luxueuses boutiques duty
free du port. Préférez les petites
rues transversales, les bou-
tiques traditionnelles, le marché
couvert et les nombreux restau-
rants qui proposent un mélange
unique de traditions culinaires
britanniques et créoles. Si vous
en avez l’occasion, ne manquez
pas d’assister à une partie de
criquet. Ce sport très british est
extrêmement populaire: c’est
bien plus que le sport national,
c’est une véritable religion
d’Etat.
Antigua est également une île
chargée d’histoire avec des
sites et des édifices qui ont
transporté au fil des siècles
tous les récits et les légendes
des batailles navales et des
boucaniers. Ne repartez pas
sans avoir visité la forteresse
de Shirley Heights bâtie par les
Anglais. De là-haut, la vue sur la
côte sud de l’île est spectacu-
laire. La cathédrale St John’s,
l’une des plus intéressantes
églises anglicanes des Antilles,
mérite également le détour.
Passez également voir le fort
James, construit en 1703 et
maintenant en ruines, avec ses
canons qui restent pointés vers
la mer comme au temps des
pirates. ■
Olivier VACHERAND
CARNET
DE ROUTE
COMMENT S'Y RENDRE?
Avec British Airways au départ
de Genève via Londres.
(5 vols par semaine)
Virgin Atlantic opère deux vols par
semaine au départ de Londres.
OÙ LOGER?
Antigua joue la carte du tourisme. Il
est donc possible de trouver des
hébergements de toutes catégories.
Le site internet officiel du Ministère
du tourisme (http://www.antigua-
barbuda.com) propose une liste
exhaustive des possibilités et donne
d’ailleurs tous les renseignements
nécessaires à la réussite de votre
séjour. Le choix est extrêmement
limité à Barbuda qui ne compte que
trois hôtels.
A FAIRE
Louer un bateau pour découvrir
Antigua et ses nombreux mouillages
paradisiaques. Pousser un peu plus
au nord jusqu’à Barbuda. Attention,
les conditions de navigation sont
parfois un peu sportives pour les
non-initiés lorsque les Alizés se
mettent franchement de la partie.
Mieux vaut avoir alors de sérieuses
compétences de voile. Si ce n’est
pas le cas, il convient de faire appel
à un skipper professionnel.
Possibilité pour les plus expérimen-
tés de participer à la Antigua sailing
week mais attention à réserver les
vols et le bateau suffisamment à
l’avance car tout ce qui flotte est
pris d’assaut durant cette période.
De nombreuses adresses de loueurs
sont disponibles sur le site des
régates: http://sailingweek.com.
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