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Le décryptage instantané de l'économie

Sarkozy au-delà des slogans


Emmanuel Lechypre - 01/11/2007 - L'Expansion

Turgot est souvent cité à l'Elysée... comme un exemple à ne pas suivre. Quand ce brillant économiste est nommé contrôleur

général des Finances de Louis XVI, en août 1774, il a d'audacieux projets de réforme sous le bras. Dès le 13 septembre, il décrète

le libre-échange dans le commerce des grains. Mais la moisson est médiocre, le prix du pain flambe. Au printemps 1775 éclate la

guerre des Farines. Turgot réprime durement les émeutes, perd progressivement le soutien du roi, et finit par partir. « Son erreur a

été de vouloir réformer coûte que coûte, sans tenir compte des circonstances. Résultat, aucun de ses projets de réforme qui

auraient changé le visage de la France n'a pu être engagé », constate Henri Guaino, l'influent conseiller spécial de Nicolas

Sarkozy. Le message est clair : la rupture, oui, mais pas à n'importe quel prix. Mieux vaut revoir les ambitions à la baisse plutôt

que de gripper la dynamique du changement.

Pourtant, le célèbre slogan « Je dis tout ce que je ferai et je ferai tout ce que je dis » avait été reçu cinq sur cinq le 6 mai par 53 %

des électeurs, dont beaucoup étaient convaincus de l'urgence d'infléchir l'inquiétante trajectoire de l'économie française. Presque

six mois après son entrée à l'Elysée, Nicolas Sarkozy renie-t-il déjà ses promesses ? La réponse des Français est clairement non :

trois sur cinq ont été séduits par les débuts de « l'hyperprésident » - bombardé 224 fois à l'écran de mai à août 2007, quand

Jacques Chirac était apparu moins de 100 fois sur la même période en 1995 et en 2002, selon l'Ina'Stat. Enfin un président qui

bouge ! Encore faut-il savoir où il veut aller. Et là, cela se complique.

« Je ne vois pas la cohérence de « Je veux remettre la France au travail » p. 46

l'ensemble, ça part dans tous les sens. « Le moment est venu de reconstruire et de refonder l'état, le service public et
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J'espère que les mécaniciens d'en haut ont la fonction publique » p. 50

une vue globale de ce qu'ils font parce que,


« Je veux une France de propriétaires » p. 55

d'en bas, c'est peu visible », confesse


« Je ferai tout pour que notre industrie puisse être compétitive » p. 56

l'expert en relations sociales Bernard


« Nos enseignements supérieurs doivent relever le double défi de la

Brunhes. « Du travail est fait, mais le travail compétition internationale et de l'insertion professionnelle des jeunes » p. 60

n'est pas fait. On n'a encore aucune


« Etre responsable, c'est redresser les comptes de l'assurance-maladie » p. 64

garantie de résultat », juge de son côté le


« La France est de retour en Europe » p. 68

député UMP villepiniste Hervé Mariton.


EXCLUSIF

Autrement dit, une fois éteints les


François Hollande (PS), François Bayrou (MoDem) et Jean-Pierre Raffarin
projecteurs de la politique spectacle, la (UMP) jugent les six premiers mois du quinquennat p. 70

rupture relève souvent de l'illusion d'optique.

« On tourne autour des problèmes, on apporte quelques améliorations, mais le fond de l'affaire n'est jamais réellement abordé »,

estime André Zylberberg, directeur de recherche au CNRS et coauteur du rapport du Conseil d'analyse économique sur le temps

de travail. Plus inquiétant : alors que l'état de grâce touche à sa fin et que la popularité du tandem Sarkozy-Fillon commence à

perdre de l'altitude, peu des vrais sujets qui fâchent ont été pris à bras-le-corps.

Le paquet fiscal à base d'allégements d'impôts voté cet été pour revaloriser le travail, par exemple, est avant tout un cadeau aux

Français qui vont bien. « On redonne du pouvoir d'achat aux plus aisés, estime Patrick Artus, directeur des études de Natixis,

alors que c'est déjà la consommation qui tire l'activité. L'impact sur la croissance sera mineur. La vraie rupture aurait consisté à

mettre en place une politique de revitalisation des entreprises. » Les réformes destinées à désarmer les bastions corporatistes

marquent une inflexion, mais sans nécessiter des trésors d'audace, l'opinion les soutenant souvent, comme dans le cas des

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régimes spéciaux de retraite. La loi sur le service minimum en cas de grève ne concerne plus que le transport : exit l'éducation

nationale. Enfin, la fusion ANPE-Unédic comme celle entre la Direction générale des impôts et la Direction générale de la

comptabilité publique sont dans les tuyaux depuis plusieurs années.

D'autres réformes ont été revues à la baisse, quitte à perdre une partie de leur substance. Dans le cadre de la moralisation du

capitalisme, les parachutes dorés devaient être interdits : ils sont simplement encadrés. Plus grave, la réforme des universités se

limite à accorder une autonomie financière plus grande aux facs, mais avec peu de moyens et sans aborder la question cruciale

de la sélection. « Nous ne sommes pas allés jusqu'au bout. Mais il vaut mieux une réforme consensuelle qu'une réforme idéale qui

ne passera jamais », plaide Laurent Wauquiez, porte-parole du gouvernement. Enfin, certains projets sont passés à la trappe :

celui de la TVA sociale, par exemple. Après les rapports remis par Christine Lagarde et Eric Besson, le Premier ministre, François

Fillon, a botté en touche en chargeant le Conseil économique et social de réfléchir sur le sujet.

Finalement, c'est aujourd'hui que les difficultés commencent vraiment pour Nicolas Sarkozy. Sa tâche sera d'autant plus rude qu'il

va devoir surmonter trois handicaps. D'abord une conjoncture économique difficile. L'euro fort, le ralentissement américain et le

retournement de l'immobilier poussent les experts privés à parier sur une croissance inférieure à 2 % en 2007 et en 2008, alors

que le gouvernement table sur au moins 2,25 %. Avec à la clef des marges de manoeuvre budgétaires plus étroites.

Le budget ne rompt pas avec le déficit


Le manque de lisibilité de la politique du

Tout va très bien, Madame la Marquise. Voilà, en substance, le discours d'Eric


gouvernement pourrait aussi se révéler
Woerth au sujet du projet de loi de Finances pour 2008. « C'est un budget de

problématique au moment de faire accepter rupture parce que nous investissons, grâce au "paquet fiscal", 9 milliards d'euros

dans l'économie, explique le ministre du Budget. Stabiliser le déficit à 41,7


des réformes difficiles. Passons sur les
milliards avec ces 9 milliards de recettes en moins est même un exploit. » La

couacs de la communication, il y a plus réalité est plus complexe. En fait, loin d'être stabilisé, le déficit devrait augmenter

en 2008 : la prévision est supérieure de près de 3,5 milliards au déficit d'exécution

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grave. « Je suis à la tête d'un Etat en
(38,3 milliards) estimé pour 2007. Pis, il est calculé à partir d'hypothèses de

situation de faillite financière », expliquait fin croissance (+ 2,25 %) et de dépenses publiques (+ 1 %) peu réalistes. La

première est surestimée (les économistes tablent plutôt sur 1,8 %) et la seconde,
septembre François Fillon. « Pourtant, le
sous-estimée (la hausse des dépenses publiques a été, en moyenne, de plus de

projet de budget pour 2008 n'est en rien 2 % sur les dernières années, dans une conjoncture plus porteuse). Résultat, le

déficit 2008 devrait dépasser les 41,7 milliards budgétés et pourrait même frôler la
celui d'un Etat en faillite. Il fait le pari de la
limite maastrichtienne des 3 % du PIB (au lieu des 2,4 % annoncés aujourd'hui).

M.L.
croissance comme on joue au casino. C'est

très dangereux », critique Christian Saint-

Etienne, professeur d'économie à Tours et à Paris-Dauphine. « On aurait pu faire mieux, reconnaît Philippe Marini, rapporteur

UMP de la commission des Finances du Sénat. C'est un budget sérieux, mais pas un budget de rupture. » Et que penser, par

exemple, d'un président qui déclare vouloir aider les PME à croître... et propose de taxer les stock-options, outil de motivation

essentiel pour attirer les jeunes talents ? Paradoxalement, c'est François Hollande, le patron du PS, qui résume le mieux l'opinion

de nombreux députés, de gauche comme de droite, sur ces problèmes de cohérence : « Nicolas Sarkozy est tiraillé dans son

entourage entre les libéraux, les tenants de la rigueur budgétaire et les souverainistes partisans d'un Etat puissant. La synthèse de

ces trois mouvements a été efficace pendant la campagne, mais cela ne fait pas une politique économique. » Critique à laquelle

Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée, répond avec bon sens : « Il est plus facile de faire ressortir une cohérence

globale quand on fait peu de réformes que quand on en fait beaucoup ! »

Enfin, Nicolas Sarkozy entretient l'illusion dangereuse qu'il peut réformer sans que les Français aient à se serrer la ceinture. « Les

sacrifices, c'est travailler plus pour gagner moins. Ils en font depuis trente ans ! Nous, nous leur demandons des efforts qui

permettent, en bossant plus, de gagner plus. C'est très différent ! » justifie Henri Guaino. On l'aura compris, Nicolas Sarkozy n'est

pas Margaret Thatcher ! Mais comment, dès lors, présenter aux Français les factures qu'il va bien falloir honorer dès 2008 ? Et

Dieu sait s'il y en a, de la franchise sur les dépenses de santé à la réforme des retraites, en passant par la remise à plat du

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système d'assurance-chômage et du contrat de travail, actuellement négociée par les partenaires sociaux, la réforme cruciale du

statut de la fonction publique et les comptes, enfin, que risque de nous demander Bruxelles. « La France, comme d'habitude,

donne beaucoup de leçons à tout le monde, mais ne fait pas le ménage chez elle. Son attitude est contraire au pacte de confiance

qui doit exister entre partenaires européens », explique très diplomatiquement un commissaire européen agacé.

« La politique menée par Sarkozy est volontariste. La fin de l'histoire n'est pas écrite », conclut Laurent Wauquiez. La preuve :

l'Elysée prépare une salve de mesures qui devraient mettre du baume au coeur des déçus des cent jours : remise à plat de la

fiscalité, aide aux très petites entreprises, application des propositions de la commission Attali destinée à « libérer la croissance ».

Nicolas Sarkozy a donc déjà fait mieux que Turgot. Mais il doit faire bien plus pour que la France sorte du déclin.

L'illusion d'un dialogue social

Ce que j'ai dit, je le ferai dans la concertation, en essayant de convaincre plutôt

que de passer en force. » S'il y a une promesse que le président de la République

a tenue, c'est bien celle-là. Jamais les syndicats et le patronat n'ont autant été

consultés par un chef de l'Etat nouvellement élu. Ce qui a valu cet été à Edmond

Maire, ancien secrétaire général de la CFDT, ce trait d'humour à l'adresse de

François Chérèque, l'actuel n° 1 : « Tu as autant vu Nicolas Sarkozy en quelques

semaines que moi François Mitterrand durant son premier septennat. »

Des heures supplémentaires à l'autonomie des universités, en passant par le

contrat de travail, il n'y a pas un chantier sur lequel les partenaires sociaux n'aient

à se prononcer. « C'est un changement sans précédent sur le fond, le rythme et

les méthodes de concertation », se félicite Alain Olive, le secrétaire général de

l'Unsa. Le chef de l'Etat serait-il plus ouvert au dialogue que ses prédécesseurs ?

Loin s'en faut.

Semblant de concertation

La loi de modernisation du dialogue social de janvier 2007 le contraint à


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demander leur avis aux syndicats avant de tou- cher à une virgule du Code du

travail. « S'il pouvait s'en passer, il le ferait parce que ses projets s'en trouvent

ralentis », jure François Chérèque. « Cela ressemble à tout sauf à des

négociations où l'on a une quelconque influence », confirme Gérard Aschieri,

patron de la FSU. « Nicolas Sarkozy nous noie sous un semblant de concertation,

abonde Jean-Christophe Le Duigou, n° 2 de la CGT. Cette profusion de

rencontres donne l'illusion de beaucoup de discussions, mais nous n'avons notre

mot à dire que sur des détails. »

Le président de la République utilise tous les types de réunion pour donner

l'image d'un dialogue social actif : consultations à la va-vite, sur la défiscalisation

des heures sup, pour pouvoir dire que les syndicats ont pu s'exprimer ;

concertations sur l'égalité professionnelle ou le pouvoir d'achat, pour occuper le

terrain sur des dossiers d'où il ne sortira pas grand-chose ; et négociations

expéditives sur la question du marché du travail ou les régimes spéciaux, pour ne

pas donner l'impression de passer en force. La plupart du temps, le président fixe

les objectifs aux partenaires sociaux et impose un délai très serré pour les

atteindre. En avouant, sans complexe, que le gouvernement reprendra la main en

cas de « faux accord ». M.L.

Royaume-Uni et Suède : deux écoles de la réforme en profondeur

Lorsque Margaret Thatcher emménage au 10, Downing Street, en 1979, l'attente

d'une rupture est forte. Le Royaume-Uni est en piteux état, et le sentiment

d'humiliation est à son comble depuis que le pays a dû emprunter auprès du FMI,

à la fin des années 70. Dès son premier budget, le nouveau gouvernement

conservateur annonce la couleur : baisse des impôts, réduction de la dépense

publique et hausse massive de la TVA, à 15 %. Toutefois, « Thatcher a été plus

prudente qu'on ne le croit, souligne Philip Whyte, du Centre for European Reform,

à Londres. Il a fallu attendre son second mandat, à partir de 1983, pour que

s'engagent les réformes importantes qui lui ont survécu. »

Notamment la vague de privatisations (British Telecom, British Airways, British

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Gas, etc..) et le « big bang » de la City (libéralisation des marchés financiers).

Des mesures aux effets différés

A son palmarès aussi, l'affaiblissement des puissants syndicats, dans un combat

qui a connu son apothéose lors de la grève des mineurs de 1984-1985. Les fruits

de ces réformes n'ont pas été immédiats. Même si l'inflation est passée de 20 % à

7 % en quelques années, le chômage a doublé entre 1979 et 1985, pour atteindre

3,5 millions de personnes. C'est seulement au début des années 90 que cette

tendance s'est sérieusement inversée.

Au moment où le Royaume-Uni commençait à se redresser, la Suède entrait en

crise. Les symptômes étaient similaires (effondrement des finances publiques),

mais le traitement fut tout autre. La grande différence, souligne Stéphane

Boujnah, managing director à la Deutsche Bank et membre de la commission

Attali pour la libération de la croissance, c'est qu'il y avait « un large consensus

politique sur la nécessité de réformer le modèle social, afin d'en sauver l'essentiel

». Le gouvernement social-démocrate a travaillé main dans la main avec les

syndicats ouvriers et patronaux pour jeter les bases d'un nouveau pacte social.

Une lucidité collective

Celui-ci fut radical : réforme des retraites (un mélange de redistribution et de

capitalisation), modernisation de l'Etat, avec la réduction par deux du nombre de

fonctionnaires et la suppression du statut de la fonction publique pour la plupart

des agents, décentralisation de la gestion de l'éducation (communes) et de la

santé (régions). A la fin des années 90, la Suède avait à nouveau retrouvé

l'équilibre et renoué avec la croissance. Mais rien n'aurait été possible, insiste

Stéphane Boujnah, « sans la prise de conscience collective de l'urgence à

réformer ». Les Français sont-ils aussi mûrs ? Y.-M.-R.

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