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Turgot est souvent cité à l'Elysée... comme un exemple à ne pas suivre. Quand ce brillant économiste est nommé contrôleur
général des Finances de Louis XVI, en août 1774, il a d'audacieux projets de réforme sous le bras. Dès le 13 septembre, il décrète
le libre-échange dans le commerce des grains. Mais la moisson est médiocre, le prix du pain flambe. Au printemps 1775 éclate la
guerre des Farines. Turgot réprime durement les émeutes, perd progressivement le soutien du roi, et finit par partir. « Son erreur a
été de vouloir réformer coûte que coûte, sans tenir compte des circonstances. Résultat, aucun de ses projets de réforme qui
auraient changé le visage de la France n'a pu être engagé », constate Henri Guaino, l'influent conseiller spécial de Nicolas
Sarkozy. Le message est clair : la rupture, oui, mais pas à n'importe quel prix. Mieux vaut revoir les ambitions à la baisse plutôt
Pourtant, le célèbre slogan « Je dis tout ce que je ferai et je ferai tout ce que je dis » avait été reçu cinq sur cinq le 6 mai par 53 %
des électeurs, dont beaucoup étaient convaincus de l'urgence d'infléchir l'inquiétante trajectoire de l'économie française. Presque
six mois après son entrée à l'Elysée, Nicolas Sarkozy renie-t-il déjà ses promesses ? La réponse des Français est clairement non :
trois sur cinq ont été séduits par les débuts de « l'hyperprésident » - bombardé 224 fois à l'écran de mai à août 2007, quand
Jacques Chirac était apparu moins de 100 fois sur la même période en 1995 et en 2002, selon l'Ina'Stat. Enfin un président qui
l'ensemble, ça part dans tous les sens. « Le moment est venu de reconstruire et de refonder l'état, le service public et
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Brunhes. « Du travail est fait, mais le travail compétition internationale et de l'insertion professionnelle des jeunes » p. 60
« On tourne autour des problèmes, on apporte quelques améliorations, mais le fond de l'affaire n'est jamais réellement abordé »,
estime André Zylberberg, directeur de recherche au CNRS et coauteur du rapport du Conseil d'analyse économique sur le temps
de travail. Plus inquiétant : alors que l'état de grâce touche à sa fin et que la popularité du tandem Sarkozy-Fillon commence à
perdre de l'altitude, peu des vrais sujets qui fâchent ont été pris à bras-le-corps.
Le paquet fiscal à base d'allégements d'impôts voté cet été pour revaloriser le travail, par exemple, est avant tout un cadeau aux
Français qui vont bien. « On redonne du pouvoir d'achat aux plus aisés, estime Patrick Artus, directeur des études de Natixis,
alors que c'est déjà la consommation qui tire l'activité. L'impact sur la croissance sera mineur. La vraie rupture aurait consisté à
mettre en place une politique de revitalisation des entreprises. » Les réformes destinées à désarmer les bastions corporatistes
marquent une inflexion, mais sans nécessiter des trésors d'audace, l'opinion les soutenant souvent, comme dans le cas des
régimes spéciaux de retraite. La loi sur le service minimum en cas de grève ne concerne plus que le transport : exit l'éducation
nationale. Enfin, la fusion ANPE-Unédic comme celle entre la Direction générale des impôts et la Direction générale de la
D'autres réformes ont été revues à la baisse, quitte à perdre une partie de leur substance. Dans le cadre de la moralisation du
capitalisme, les parachutes dorés devaient être interdits : ils sont simplement encadrés. Plus grave, la réforme des universités se
limite à accorder une autonomie financière plus grande aux facs, mais avec peu de moyens et sans aborder la question cruciale
de la sélection. « Nous ne sommes pas allés jusqu'au bout. Mais il vaut mieux une réforme consensuelle qu'une réforme idéale qui
ne passera jamais », plaide Laurent Wauquiez, porte-parole du gouvernement. Enfin, certains projets sont passés à la trappe :
celui de la TVA sociale, par exemple. Après les rapports remis par Christine Lagarde et Eric Besson, le Premier ministre, François
Fillon, a botté en touche en chargeant le Conseil économique et social de réfléchir sur le sujet.
Finalement, c'est aujourd'hui que les difficultés commencent vraiment pour Nicolas Sarkozy. Sa tâche sera d'autant plus rude qu'il
va devoir surmonter trois handicaps. D'abord une conjoncture économique difficile. L'euro fort, le ralentissement américain et le
retournement de l'immobilier poussent les experts privés à parier sur une croissance inférieure à 2 % en 2007 et en 2008, alors
que le gouvernement table sur au moins 2,25 %. Avec à la clef des marges de manoeuvre budgétaires plus étroites.
problématique au moment de faire accepter rupture parce que nous investissons, grâce au "paquet fiscal", 9 milliards d'euros
couacs de la communication, il y a plus réalité est plus complexe. En fait, loin d'être stabilisé, le déficit devrait augmenter
situation de faillite financière », expliquait fin croissance (+ 2,25 %) et de dépenses publiques (+ 1 %) peu réalistes. La
première est surestimée (les économistes tablent plutôt sur 1,8 %) et la seconde,
septembre François Fillon. « Pourtant, le
sous-estimée (la hausse des dépenses publiques a été, en moyenne, de plus de
projet de budget pour 2008 n'est en rien 2 % sur les dernières années, dans une conjoncture plus porteuse). Résultat, le
déficit 2008 devrait dépasser les 41,7 milliards budgétés et pourrait même frôler la
celui d'un Etat en faillite. Il fait le pari de la
limite maastrichtienne des 3 % du PIB (au lieu des 2,4 % annoncés aujourd'hui).
M.L.
croissance comme on joue au casino. C'est
Etienne, professeur d'économie à Tours et à Paris-Dauphine. « On aurait pu faire mieux, reconnaît Philippe Marini, rapporteur
UMP de la commission des Finances du Sénat. C'est un budget sérieux, mais pas un budget de rupture. » Et que penser, par
exemple, d'un président qui déclare vouloir aider les PME à croître... et propose de taxer les stock-options, outil de motivation
essentiel pour attirer les jeunes talents ? Paradoxalement, c'est François Hollande, le patron du PS, qui résume le mieux l'opinion
de nombreux députés, de gauche comme de droite, sur ces problèmes de cohérence : « Nicolas Sarkozy est tiraillé dans son
entourage entre les libéraux, les tenants de la rigueur budgétaire et les souverainistes partisans d'un Etat puissant. La synthèse de
ces trois mouvements a été efficace pendant la campagne, mais cela ne fait pas une politique économique. » Critique à laquelle
Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée, répond avec bon sens : « Il est plus facile de faire ressortir une cohérence
Enfin, Nicolas Sarkozy entretient l'illusion dangereuse qu'il peut réformer sans que les Français aient à se serrer la ceinture. « Les
sacrifices, c'est travailler plus pour gagner moins. Ils en font depuis trente ans ! Nous, nous leur demandons des efforts qui
permettent, en bossant plus, de gagner plus. C'est très différent ! » justifie Henri Guaino. On l'aura compris, Nicolas Sarkozy n'est
pas Margaret Thatcher ! Mais comment, dès lors, présenter aux Français les factures qu'il va bien falloir honorer dès 2008 ? Et
Dieu sait s'il y en a, de la franchise sur les dépenses de santé à la réforme des retraites, en passant par la remise à plat du
système d'assurance-chômage et du contrat de travail, actuellement négociée par les partenaires sociaux, la réforme cruciale du
statut de la fonction publique et les comptes, enfin, que risque de nous demander Bruxelles. « La France, comme d'habitude,
donne beaucoup de leçons à tout le monde, mais ne fait pas le ménage chez elle. Son attitude est contraire au pacte de confiance
qui doit exister entre partenaires européens », explique très diplomatiquement un commissaire européen agacé.
« La politique menée par Sarkozy est volontariste. La fin de l'histoire n'est pas écrite », conclut Laurent Wauquiez. La preuve :
l'Elysée prépare une salve de mesures qui devraient mettre du baume au coeur des déçus des cent jours : remise à plat de la
fiscalité, aide aux très petites entreprises, application des propositions de la commission Attali destinée à « libérer la croissance ».
Nicolas Sarkozy a donc déjà fait mieux que Turgot. Mais il doit faire bien plus pour que la France sorte du déclin.
a tenue, c'est bien celle-là. Jamais les syndicats et le patronat n'ont autant été
consultés par un chef de l'Etat nouvellement élu. Ce qui a valu cet été à Edmond
contrat de travail, il n'y a pas un chantier sur lequel les partenaires sociaux n'aient
l'Unsa. Le chef de l'Etat serait-il plus ouvert au dialogue que ses prédécesseurs ?
Semblant de concertation
demander leur avis aux syndicats avant de tou- cher à une virgule du Code du
travail. « S'il pouvait s'en passer, il le ferait parce que ses projets s'en trouvent
des heures sup, pour pouvoir dire que les syndicats ont pu s'exprimer ;
les objectifs aux partenaires sociaux et impose un délai très serré pour les
d'humiliation est à son comble depuis que le pays a dû emprunter auprès du FMI,
à la fin des années 70. Dès son premier budget, le nouveau gouvernement
prudente qu'on ne le croit, souligne Philip Whyte, du Centre for European Reform,
à Londres. Il a fallu attendre son second mandat, à partir de 1983, pour que
qui a connu son apothéose lors de la grève des mineurs de 1984-1985. Les fruits
de ces réformes n'ont pas été immédiats. Même si l'inflation est passée de 20 % à
3,5 millions de personnes. C'est seulement au début des années 90 que cette
politique sur la nécessité de réformer le modèle social, afin d'en sauver l'essentiel
syndicats ouvriers et patronaux pour jeter les bases d'un nouveau pacte social.
santé (régions). A la fin des années 90, la Suède avait à nouveau retrouvé
l'équilibre et renoué avec la croissance. Mais rien n'aurait été possible, insiste
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