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Remerciements
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Remerciements
A Monsieur Patterson, co-directeur des S. Freud copyright, à
Monsieur Haynal et Madame Judith Dupont, membres du Comité
d'Edition de la correspondance Freud-Ferenczi, pour l'autorisation
de publier dans cet ouvrage certains passages de la
correspondance de Freud, la plupart inédits, que j'ai à chaque fois
essayé de situer dans leur contexte.
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INTRODUCTION
Ferenczi tendre et passionné
Comment présenter Ferenczi? Comment désintriquer ses relations
personnelles à Freud pendant vingt-cinq ans, ses problèmes
sentimentaux conflictuels et ses recherches passionnées ?
Comment faire le point entre ses prises de position engagées, qui
bouleversent la psychiatrie hongroise de son temps, et ses
découvertes en psychanalyse qui, encore aujourd'hui, le placent
en position de précurseur incontestable ?
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cas aussitôt reconnu comme un maître en puissance ; maître de la
pratique de l'analyse, empirique avant d'être spéculatif, chercheur
de stratégies efficaces, m2Cltre aussi dans l'art subtil de rester
solidaire et prosélyte d'une pensée en révolution permanente.
Trop jeune, il né sera jamais cet " autre moi-même ", comme Fliess
l'avait été ; trop proche de Freud, il ne sera pas, comme Jung, ce
président indispensable au mouvement dans ces années fébriles
d'avant-guerre, quand Freud cherchait à conquérir des terres
nouvelles : la psychiatrie internationale et l'univers des gentils.
Mais Ferenczi est mort le premier. Les difficultés entre les deux
hommes n'ont pas encore été étudiées historiquement, par
l'impossibilité d'accès aux documents ; mais pour comprendre le
destin étrange de certains textes comme " Confusion des langues
" et l'aventure de certains concepts, comme celui de " trauma ", il
faut nécessairement réévaluer les positions fluctuantes de Freud,
et la sclérose du post-freudisme ; de même faut-il découvrir le
deuxième titre de " Thalassa " : " Catastrophes dans le
développement du fonctionnement génital ", pour saisir l'axe
fondamental de la double recherche de Ferenczi : clinique et
spéculative.
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entre Freud et Ferenczi ? Soit quelle dimension doctrinale doit-on
concéder à la commotion psychique dans l'art de la cure ?
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autres, sur ce mode pathétique : " Dieu est fou, le monde est dans
le chaos! ". Ne serait-ce pas un écho à cette strophe du dernier
poème du poète-soldat, Sándor Petöfi, mort au combat en 1849 ? :
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PREMIÈRE PARTIE
LES ORIGINES
" Salut aussi au père qui, peu auparavant
tout au fond du calcul, a trouvé à endiguer
la puissance du sexe féminin pour
qu'il porte sa part d'obéissance à la Loi ".
Extrait du Poème de Freud à Fliess, 29 décembre 1899,
cité par Max Schur, La Mort dans la vie de Freud,
Tel, Gallimard, p. 245.
CHAPITRE 1
Ambiance familiale et culturelle
1. La maison Fränkel-Ferenczi
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Róza, Madame Fränkel née Eibenschütz, d'une famille polonaise
établie à Vienne.
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pour tout ce qui concernait la vie affective ; les contacts physiques
étaient des plus réduits, on évitait de parler du corps, du sexe, des
émotions.
" Selon mon souvenir, il est certain qu'entant j'ai reçu d'elle trop
peu d'amour et trop de sévérité, sentimentalités et caresses
étaient inconnues dans notre famille. D'autant plus jalousement
étaient cultivés des sentiments comme : le respect pudique à
l'égard des parents ".
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même une succursale dans la ville voisine de Nyiregyhaza. A
Miskolcz ils sont déjà liés à la famille de Gizella Altschul, future
femme de Géza Pàlos puis de Ferenczi, dont la fille cadette,
Magda, épousera plus tard un jeune frère de Sándor, Lajos
Ferenczi, et dont la fille aînée Elma, jouera un rôle important dans
la vie de Sándor.
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neuropsychiatre. Il travailla successivement à l'hôpital Rôkus, puis
comme assistant à l'hospice des pauvres Élisabeth, dans le service
des prostituées. En 1904 il dirige la consultation de la Caisse de
santé à Budapest. En 1905 il est expert auprès des tribunaux.
Balint se souvient qu'il racontait volontiers comment, après avoir
lu " La Science des rêves " pour en faire un compte rendu dans la
revue médicale hongroise de Max Schâchter, il renonça après
l'avoir parcourue rapidement comme si : " cela n'en valait pas la
peine ".
Et il conclut :
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même son questionnement sur le cycle féminin en fonction des
hormones ou sur la place qu'il faudrait accorder à " l'amour dans
la science ". C'est là que le récent travail de Claude Lorin apporte
un éclairage utile sur ce rapport entre l'art médical, l'acte d'écrire,
de décrire et de traduire, qui anticipe sur le développement
ultérieur des contradictions propres à Ferenczi, là où sont en
germe tant ses préoccupations quant aux marginaux et à une
politique de santé que ses recherches techniques à la poursuite
d'une cohérence entre le rôle du psychanalyste et le rôle du
médecin. Comme l'écrit Claude Lorin : " Il affirme l'aventure
humaine contre la nature humaine. Il ne cherche pas à garder
mais à conquérir ; médecin de formation, il part pourtant à la
découverte de la psychologie, de la littérature, de la politique, des
sciences juridiques (... ) Sa compréhension de la psychanalyse est
ascensionnelle et non pas magique. Ses premiers écrits montrent
qu'il n'a pas biffé la pensée analytique qui s'élabore en lui. Son
œuvre n'est pas un tout sans contradictions ni incohérences, mais
la totalisation d'une pensée en mouvement ".
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Quiconque lui tombait sous la main dans les cafés de Budapest,
écrivain, poète, peintre, préposé aux toilettes ou serveur, était
soumis à " l'épreuve d'associations ". Il fut ainsi amené à réparer
l'omission du passé et lut d'un bout à l'autre toute la littérature
psychanalytique disponible à l'époque ".
Mais, en 1899, Ferenczi n'en est pas là ; ce sont les " déshérités "
qu'il soigne à l'hôpital et à propos desquels il va publier un grand
nombre de textes, plus d'une cinquantaine — dont très peu sont
traduits en français — sur des problèmes divers, mais dont
certains peuvent être considérés comme pré-analytiques. On peut
supposer que, depuis sa lecture de Breuer et Freud, tout un travail
psychique, quoique refoulé, a porté ses fruits, lié à cette
effervescence littéraire et philosophique, dans le contexte
politique agité où l'équilibre de la monarchie austro-hongroise est
très instable et où le contexte psychiatrique est dominé par
l'organicisme et le concept de dégénérescence.
Et plus loin :
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pendant que d'autres fonctionnent hors du champ de la
conscience et en quelque sorte automatiquement ".
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ensembles : dans les cas d'aliénation manifeste, dans les cas
d'épuisement et comme signes accompagnateurs d'" états soi-
disant organiques ", lesquels préfigurent déjà les maladies
psychosomatiques.
c) Avec " L'Amour dans la science " (1901) se révèle, ici encore, le
retour du refoulé chez ce jeune neuropsychiatre qui sait, sans le
savoir, l'importance du sexuel dans la genèse des névroses,
cryptomnésie de sa lecture des " Études sur l'Hystérie ", voire de
la " Science des rêves ".
Pour lui, l'amour est une " zone frontière " entre normal et
pathologique, dont l'apparition, l'évolution évoquent certaines
manifestations de la psychose maniaco-dépressive dont la
compréhension relève en fait d'une " psychologie de l'amour ". "
Quant aux personnes dont les nerfs sont particulièrement fragiles',
l'amour constitue pour eux un tel danger qu'il est nécessaire que
les médecins s'occupent sérieusement de ce qu'il convient
d'appeler la psychose amoureuse ". Il complète sa description par
l'évocation de la jalousie et de l'attachement, c'est-à-dire du lien
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ambivalent qui peut survivre quand l'amour disparaît ; notion
reprise plus tard par Freud au début de son texte " État amoureux
et hypnose ", et qu'il définira alors comme " idéalisation ".
C'est une théorie générale de l'amour qui est ici esquissée ; elle
sera poursuivie par Ferenczi dans son grand poème mytho-
biologique, Thalassa, intitulé en hongrois : " Catastrophes dans
l'évolution de la vie sexuelle ", dans la mesure où il s'agit toujours
d'une : " force mystérieuse qui traverse deux âmes, comme le fait
la foudre ou l'avalanche qui ensevelit tout sur son passage (...)
L'amour-poison est aussi l'amour-catastrophe, et comme une
ancienne tempête, s'achève en général sans grand fracas... Mais
beaucoup de gens sont l'objet d'un bouleversement de leur âme ".
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de Darwin, la " sélection sexuelle ", écrit-il. Mais il n'est pas si
dupe que cela de ce darwinisme psychologique quand il écrit :
Quatre ans plus tard, dans un texte intitulé " États sexuels
intermédiaires ", on découvre l'engagement politique de Ferenczi
pour la défense des homosexuels, suggérant à ses confrères de se
joindre au Comité scientifique humanitaire fondé à Berlin et dont il
sera le correspondant en Hongrie, tenant ainsi une position
militante et subversive. Budapest vit alors dans un climat
insurrectionnel, contre les " traîtres à la patrie ", mais aussi contre
tous les " anti-sociaux ". Répression et refoulement sont à l'œuvre
aussi chez ses collègues, intolérants et méprisants vis-à-vis de
tous ces " déshérités ", que Ferenczi désigne du nom d'" Uraniens
et Uraniennes " car le concept d'homosexualité lui semble
impropre avec sa double racine grecque et latine. Dans ce texte, il
retrace l'expérience de Hirschfeld, protagoniste de ce mouvement
en Allemagne, et aborde la question de la bisexualité du point de
vue biologique, psychologique, social et historique.
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homme. Dans le même temps, il évoque les grands esprits
classiques Uraniens virils, comme Platon, Michel-Ange, Léonard de
Vinci, Oscar Wilde, les femmes homosexuelles comme Louise
Michel ou telle actrice préférant au théâtre des rôles masculins, et
les civilisations chinoise, perse, grecque et romaine où
l'homosexualité était acceptée et reconnue.
" Le plus étonnant est que tous ceux qui écrivent des articles ont
un jour été médecin assistant. Autour de la table qui n'était pas
toujours blanche du restaurant de l'hôpital, tous se vantaient de
faire dans l'avenir leur possible pour améliorer le statut du
médecin-assistant. Bon nombre sont entrés dans la vie active et,
dans la minute même où ils ont mis les pieds hors de l'hôpital,
tout était déjà oublié. " Un tel est assailli de problèmes financiers,
et s'occuper de ses anciens collègues devient le moindre de ses
soucis. Un autre a commencé de monter d'échelon en échelon :
son esprit grisé et son regard hypnotisé par le prestige sont rivés
sur l'échelon suivant et il lui importe peu, dès lors, que l'échelon
qu'il a déjà franchi soit pourri et délabré. Ce n'est plus son affaire
".
" S'il tombe dans les filets de quelque Circé (les caisses
d'assurance mutualistes qui offrent leurs charmes à bon marché),
il oublie ses ambitions d'antan et plonge dans la misère noire
d’une pratique à quatre sous ".
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f) Dans " Conscience et développement ", en 1900, il poursuit son
interrogation de jeune philosophe, comme dès 1898 il avait avec "
quelque fatigue et un peu d'émotion " découvert le vertige de
l'écriture automatique. Voici ce qui lui vint sous la plume : " Écris
un article sur le spiritisme pour la revue Gyôgyàszat ; son
rédacteur sera intéressé ".
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bousculant les cloisons étanches entre les idées, dans " Analyse
d'enfant avec les adultes ", en 1931, où il indiquera la nécessité
de jouer avec les mots comme avec les régressions dans certaines
cures analytiques délicates.
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CHAPITRE 2
Freud-Jung-Ferenczi
1. L'enthousiasme
Dès le mois de mars, son exposé est une réussite, des discussions
animées s'engagent avec les neurologues notamment, par rapport
auxquels Ferenczi se réjouit de n'avoir plus " aucun complexe ".
Suivent des félicitations de Freud et en retour des conseils sont
demandés à Freud pour une patiente atteinte d'un délire de
jalousie, où les mécanismes de l'homosexualité féminine sont
discutés et où Ferenczi évoque " la répugnance des hommes pour
les vieilles femmes ". C'est là une préoccupation évidente de
Ferenczi. Dans son exposé au Congrès de Salzburg un mois plus
tard, le premier congrès ou plutôt, suivant la formule consacrée, la
première " rencontre de psychologie freudienne ", Ferenczi
reprend de façon plus approfondie ses intuitions à propos des "
Erreurs de diagnostic ", et parle de " cécité introspective " et de "
l'hypocrisie, caractéristique de l'hystérie chez l'homme civilisé ".
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Cette récurrence des problèmes homosexuels, si elle est souvent
abordée, n'a, semble-t-il, jamais été prise en considération sous
cet angle du " traumatisme homosexuel ", telle qu'elle s'est jouée
pour Jung dans son enfance et, très vite, dans sa relation
transférentielle à Freud. Cette rencontre entre eux ne date que de
l'année précédente, soit 1907, année où Freud abordait ses
cinquante et un ans, premier âge fatidique de sa mort présumée
(28 + 23).
Dès avant leur voyage aux USA, tous les trois ensemble, où se
révèleront pour Jung les positions de prestance de Freud, Ferenczi
préfère l'intimité des rencontres avec Freud, le dimanche, aux
réunions professionnelles du mercredi, et découvre déjà les
mouvements inconscients de Freud, comme dans l'exemplaire des
" Trois Essais " que Freud lui adresse, où s'est glissé un lapsus
calami: " 1809 au lieu de 1908; " serait-ce un désir d'antidater ou
une inversion de 1908 ? Comme l'écrit Michel Schneider, la "
fausse date " était très investie dans l'amitié de Freud pour Fliess,
puisqu'il la marque d'un hommage poétique aux talents de son
ami pour " endiguer la puissance du sexe féminin ". " Salut aussi
au père qui peu auparavant, tout au fond du calcul, a trouvé à
endiguer la puissance du sexe féminin, pour qu'il porte sa part
d'obéissance à la Loi "... . " Que le calcul soit exact, et, comme
travail hérité du père, se transfère sur le fils ", etc. C'est la trace
du talent poétique de Freud.
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New York, Ferenczi se met à vomir, la question entre eux sera
débattue de savoir si c'est quelque chose qu'il a mangé (Ferenczi),
quelque chose qu'il a pensé (Freud), ou quelque chose qu'il pense
avoir mangé (Jung)... En tout cas, quand Freud et Jung se mirent à
vomir à leur tour, Ferenczi put déclarer avec quelque ironie,
comme l'imagine Steadman: " C'est sûrement quelque chose que
moi, j'ai mangé! "
Que savait Ferenczi de l'aveu si difficile fait à Freud par Jung d'un "
attentat homosexuel " ? La lecture de la correspondance Freud-
Jung est là-dessus tout à fait démonstrative et mérite d'être située
ici comme une redondance de l'affaire Fliess et une anticipation
des susceptibilités de Freud, que l'on verra se développer plus tard
avec Ferenczi, à propos du " tout dire " , de la franchise totale ou,
comme Ferenczi l'écrivait dans son texte de défense des Uraniens
: " Il n'y a pas de droit supérieur à celui de la vérité ".
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même temps sortir le mouvement analytique de sa première
enfance ; soit " aider " les analystes à sortir de " leur phase
autoérotique ", comme l'écrira Ferenczi à l'occasion de la création
de l'IPA en 1910.
" Vous avez raison, la chose n'est pas mûre; et avec les ombres du
souvenir qui sont à ma disposition, je ne peux pas travailler. C'est
pourquoi je voudrais que vous preniez entièrement possession du
problème "
Freud modifie le début de ses lettres; " Cher collègue et ami ", trop
conventionnel, et s'aventure dans un retentissant " Cher ami ",
tout court, qu'il tempère aussitôt ainsi: " N'ayez pas peur, je vous
promets après cela un silence prolongé "; ceci quinze jours après
sa première rencontre avec Ferenczi. Mais, en fait, chez Freud on
peut constater le réveil intempestif du " problème " qu'il pensait
bien avoir éliminé, sept ans plus tôt, en bradant sa théorie de la
séduction trop contaminée par son ami Wilhelm Fliess et la folie
raisonnante que celui-ci développait sur un mode expansif. Réveil
douloureux pour lui, qui croyait enfin avoir un fils-goy attaché à sa
personne, pour SA CAUSE, fils spirituel efficace pour répandre sa
doctrine chez les gentils, nouveau père pour l'Internationale.
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me semble appropriée et naturelle ". De qui s'agit-il, en effet, dans
l'enfance de Jung pour qu'il soit amené à prendre tant de
précautions ? De quel vénérable séducteur parle-t-il ? Serait-ce de
son père, respectable pasteur protestant ? car nous savons que le
jeune Carl Gustav dormait dans sa chambre et que sa mère faisait
chambre à part. Jung se souvient de sa mère portant «une robe
noire comme celle des Jésuites ". S'agit-il de quelqu'un d'autre,
d'un bon père jésuite par exemple ? En tout cas, Jung écrit à Freud
dans un moment d'authenticité manifeste, comme toute sa
correspondance en témoigne, et il explique sa paresse à écrire par
son transfert sur Freud; quoi de plus pertinent en effet?
Freud, en effet, avait un besoin impérieux d'un ami intime qui soit
à la hauteur de ses spéculations, et progressivement Ferenczi
prendra le relais. Pour l'instant, Freud est paternel et ferme avec
Jung, son nouvel ami, mais il n'ose pas désavouer pour autant la
parole de son cher et honoré collègue; par contre, il désamorce
très efficacement la poursuite du récit: il ne cherche rien, il refuse
d'entendre. Mais alors, Jung ne se ment-il pas à lui-même sur son
passé ? Serait-ce son désir d'être séduit et d'être aimé par un
homme qu'il aime?... par Freud... comme plus tard Ferenczi l'écrira
en faisant l'analyse de son transfert homosexuel à Freud: «Ce que
je voulais c'était être aimé de Freud " Où est le mythe d'origine?
Dans le souvenir? Ou dans la reconstruction ultérieure que va en
faire Jung lui-même, transformant cette époque, quand il a quatre-
vingts ans? Dans ce texte-ci, " Ma vie ", nous sommes plongés
dans un récit très à distance auquel il est bien difficile de souscrire
quand on a d'abord lu cette ancienne confidence, ce dont lui-
même se garde bien de se souvenir: Il était une fois... un jeune
Carl Gustav fils de pasteur, " qui avait peur des Jésuites et de leurs
robes noires... " Pas une seule trace de l'attentat homosexuel ni de
cet homme " vénéré ". Serait-ce sa mère dont il s'agit alors, si l'on
considère la peur des Jésuites comme signifiant résiduel, une
couverture de la mémoire pour masquer son désir incestueux? Sa
mère dont il écrit que " la nuit (elle) devenait terrifiante et
mystérieuse " ? Sa mère, redoutée-désirée, se cacherait-elle
derrière la couleur noire de cette robe, signifiant commun de celle-
ci et des Jésuites, ennemis des protestants ? Avec le " passe-
partout " œdipien, toute référence à l'histoire événementielle peut
être transformée si la structure, c'est-à-dire I'Œdipe, domine
l'histoire. Ne serait-ce pas aussi pour mieux la désavouer ? La non-
déduction d'un trauma, même comme ici, sublimé par l'humour,
est un détournement de sens sur le passé, après un détournement
sur le sexe, comme Ferenczi en abordera la théorie quelques
années plus tard. C'est une démultiplication du trauma initial. Où
est donc passé ce " vénéré séducteur " dans les mémoires de
Jung? Est-ce une omission volontaire ou inconsciente ? La question
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n'est pas seulement rhétorique. Ne s'agirait-il pas, au contraire,
d'un désaveu réussi, ce à quoi Freud l'a aidé précisément par son
injonction et par la délégation des fonctions paternelles dont il se
décharge sur lui, au Congrès de Nüremberg, trois ans plus tard?
Dans sa réponse, Freud n'y va pas par quatre chemins. C'est cinq
mois avant la confession de Jung; aurait-il été si catégorique si
Jung lui avait d'abord raconté sa propre aventure ? En tout cas,
voici Freud dans une démonstration comparable à la double
pensée d'Orwell ou au double-lien :
1. " Vous n'êtes pas sans avoir constaté que l'attentat est un
fantasme devenu conscient... "
2. " La tâche thérapeutique consiste à retrouver les sources
d'où l'enfant a tiré ses connaissances sexuelles ".
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saucisse ? Y a-t-elle pensé seulement ? Ou bien a-t-elle pensé
l'avoir goûtée ?...
" Quand il y a de cela plus de dix ans, je vis surgir dans mon
horizon ces phénomènes occultes, je ressentis moi aussi, la
crainte qu'ils ne vinssent à menacer notre conception scientifique
du monde, qui aurait dû céder la place au spiritisme ou à la
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mystique si certaines données de l'occultisme étaient confirmées.
Actuellement j'ai changé d'avis. C'est à mon sens témoigner de
peu de confiance envers la science que de la croire incapable
d'assimiler et de remanier celles d'entre les données de
l'occultisme qui seraient reconnues exactes ".
CHAPITRE 3
Frère aîné sans reproches
1. Les trois coups de Nüremberg
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des éloges, une bien curieuse évaluation de l'effet de l'analyse sur
Ferenczi. S'il est, pour Freud, " Cher Ami " ou " Cher Fils " dans les
moments délicats, voici Ferenczi non pas fils aîné mais " frère aîné
sans reproches ", frère aîné de tous les autres, de ses propres
frères et des autres psychanalystes.
Ce " complexe du frère " passé au feu de l'analyse (deux fois trois
semaines) aboutissait ainsi, pour Freud, à ce changement
symbolique metaphorisé, comme si un droit d'aînesse venait à lui
être conféré, sans être dépassé par un changement de génération
: enseignant, maître très écouté, président du groupe de
Budapest, président de l'Internationale de septembre 1918 à
octobre 1919, se démettant de ses fonctions en faveur de Jones
pour des raisons de politique internationale, enfin toujours " frère
aîné sans reproches " mais jamais en position paternelle...
Jung est sacré " prince héritier ", adopté comme " fils aîné " mais il
n'acceptera pas d'être un égal par rapport à Freud, un " ami ", et
infligera très vite une blessure à Freud en prenant " grand plaisir "
à cette " destitution de la dignité paternelle ", là où Freud pourtant
avait tout fait pour que les pouvoirs soient ainsi distribués...
L'autre, c'est Ferenczi, plus tard " grand Vizir ", non pas fils aîné,
mais " frère aîné irréprochable ", toujours " Cher Ami " mais jamais
" Cher Sándor ", à qui plus d'un reproche sera fait ensuite (1931),
dont celui de renoncer encore une fois à la présidence ne sera pas
un des moindres.
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Ces deux aînés, fils-frères-ennemis sont investis pour prendre la
relève, comme s'il s'agissait d'une répétition d'un clivage chez
Freud par rapport à Fliess (l'un idéal, l'autre persécuteur) dont
Freud était l'aîné de deux ans ;. résurgence inversée, comme
l'écrira Jones, " de l'extrême dépendance qu'il (Freud) manifestait
à l'égard de Fliess jusqu'à quarante-cinq ans, faisant songer à une
adolescence prolongée ". Jung sera démis de sa fonction et de sa
relation filiale, alors que Ferenczi ne cessera jamais le dialogue
tout en soutenant ce défi et les risques subséquents, mais en
gardant cette place dans l'institution dont il est cofondateur avec
Freud, sans en exercer vraiment les fonctions présidentielles. Ainsi
conservera-t-il sa liberté de pensée. Voici ce qu'en pensaient les
témoins :
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" Cette association doit être une famille où le père ne détient pas
une autorité dogmatique, mais seulement celle que lui confèrent
ses capacités et ses actes ", la fiction ici, portant à la fois sur le
clivage du père, le père fondateur et le père délégué, le père qui
se destitue lui-même et celui qui est institué, mais que de
douleurs en perspective...
" Bien souvent, en rêve, j'ai, sous une forme plus ou moins
déguisée, anéanti et enterré le père spirituel, hautement respecté
mais au fond encombrant, du fait même de sa supériorité
spirituelle et qui, de surcroît, présentait toujours certaines
caractéristiques de mon propre père ".
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Donc, à Nüremberg, les trois coups sont frappés par cette seconde
naissance, pour la double histoire de la psychanalyse, l'officielle et
la secrète. Freud a réussi sa manœuvre stratégique : éviter
l'antisémitisme en désignant un président goy, éliminer l'influence
des Viennois, poursuivre " l'accord sans nuages " avec Ferenczi au
prix d'un aveuglement différent mais identique. Comme Freud
l'écrit à Jung à ce moment-là :
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Mais dès 1910, cette effervescence intellectuelle entre hommes, "
fils " et " frères " les uns des autres, analystes les uns des autres,
est subvertie par Ferenczi qui n'hésite pas à introduire l'honnêteté
analytique non seulement entre hommes, mais jusqu'à l'intérieur
du couple homme-femme. Il pousse la comparaison jusqu'au bout
; il écrit à Freud que " la relation analytique (avec Gizella)
progresse, activée par la présence de sa sœur d'Italie ", comme
ses " propres progrès ont été activés par le ménage à trois sur le
bateau pour l'Amérique... ". Voici le commentaire que Freud faisait
à Jung à la suite de ce fameux voyage, où leur " ménage à trois " a
eu tant de répercussions sur eux :
Ainsi, la " puissance du sexe féminin " fait ici sa loi pour Ferenczi,
et les racines de ses symptômes multiples voisinent avec le début
du conflit entre lui, Elma, Gizella, sous les yeux de Freud. La scène
analytique s'érotise concrètement et se déshomosexualise ;
glissement d'un ménage à trois hommes vers un manège entre
deux femmes... Le contre-transfert passionné qu'il fera bientôt sur
la jeune Elma, " immature, méchante, vaniteuse et affamée
d'amour " (comme elle se décrira elle-même longtemps après),
sera en effet le problème affectif fondamental de Ferenczi, "
métabolisant " à sa façon l'homosexualité ambiante.
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amoureux. De fiançailles en ruptures, cette liaison houleuse et
très angoissant pour les trois protagonistes va scander les années
à venir, avec appel au secours auprès du Professeur Freud,
soumissions et insoumissions, hésitations, rencontres entre Freud
et Gizella, lettre pour Gizella adressée par erreur à Freud, etc.
a) Introjection et Transfert
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renverse
caractérielles
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3. Symptômes transitoires et auto-analyse, les
petits textes
Avant de les aborder tous deux, notons qu'il est clair que dans "
Mots obscènes - Contribution à la psychologie de la période de
latence, il est question d'un pseudo-dialogue analytique à propos
de ce " jeune homme à peu près normal ", qui n'est autre que
Sándor lui-même. Étant donné que Freud a découvert dans son
étude sur le Witz que " les enfants traitent les mots comme des
objets " et que, d'autre part, Ferenczi a retrouvé chez lui une
inhibition importante à l'égard de la prononciation de certains
mots triviaux ou obscènes, il essaye d'envisager le
développement théorique de ce tabou à partir de la régression
décrite' par Freud comme " régression formelle ", soit ce qui
concerne l'identité de perception :
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" Le fait que le terme obscène pour gaz intestinaux lui était
beaucoup plus intolérable que n'importe quelle périphrase,
s'explique par des événements de l'enfance semblables à ceux
vécus par le " rédacteur du dictionnaire " précédemment
mentionné. Le lien intime du domaine obscène avec le complexe
parental était donc, dans les deux cas, la force répressive
principale ".
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plus âgée et s'il ne m'est pas permis d'en avoir un avec la plus
jeune, je vais m'en faire un moi-même ".
" J'ai la rage aux dents du désir de posséder toutes ces choses "
dit-on en hongrois, ou bien une douleur au cœur révèle le désir de
poignarder, des douleurs crâniennes révèlent " l'œil pour œil, dent
pour dent " des fantasmes transférentiels, etc. ; chaud, froid,
somnolence, spasmes musculaires isolés, crampes-érections, tous
symptômes cédant à la compréhension tels que l'évanouissement
(passé de mode) à la scène, comme dans la vie courante, parce
qu'analysé par la société elle-même.
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; l'horreur de fumer ; l'ontogenèse des symboles où il cherche à
faire la distinction entre symbole, comparaison et métaphore.
Ces " attaques contre les résistances ", qui constituent le point
d'impact de la méthode psychanalytique face aux résistances du
patient, vont se doubler, pour Ferenczi, comme pour Freud,
d'attaques contre l'extérieur mais aussi contre l'intérieur du milieu
analytique lui-même : " Protégez-moi de mes amis, mes ennemis
je m'en occupe ", citait Freud à l'occasion.
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Avec l'IPA était forgé, en principe, un outil de cohésion interne
contre la médecine officielle, suffisante et insolente, considérant
Freud comme " un sauvage ". Mais très vite, du dauphin lui-même,
vint l'hérésie tant redoutée ; de Jung vint la grande offensive
atteignant l'édifice de Freud au cœur même de sa cohérence,
réussissant à convaincre l'Amérique elle-même, dès 1912.
Si Ferenczi a critiqué les positions d'Adler et son " als-ob ", les
positions philosophiques de Putnam et les positions
simplificatrices de l'école psychiatrique de Bordeaux, c'est la
critique de Jung qui aura politiquement le plus d'importance,
comme dix ans plus tard la critique de Rank avec qui, ni Ferenczi,
ni Freud ne pourront plus véritablement travailler, après la
publication de son Traumatisme de la naissance.
" Dans la démence précoce la réalité fait par trop défaut pour
qu'on puisse mettre ce phénomène sur le compte de la sexualité "
stricto sensu ", dit Jung. A cela nous répliquerons que nous
sommes bien loin de connaître les proportions du dommage que
peut subir la fonction du réel à la suite de vrais traumatismes
sexuels. Nous voyons à quel point l'homme est capable de se
détourner de la réalité dans l'hystérie et dans la névrose
obsessionnelle du fait de traumatismes psychiques érotiques ;
nous connaissons par ailleurs des états suscités par l'amour
54
(indubitablement une cause sexuelle " strictissimo sensu ") où
l'individu est presque aussi aliéné à la réalité que celui qui souffre
de démence précoce... ".
54
Ferenczi a donc fait, ici aussi, démonstration de pertinence, même
si son originalité, en tant que " frère aîné sans reproches " - sinon
sans peurs -, n'est pas tant dans ces défenses et illustrations des
positions de Freud, où pourtant il excelle, que dans cette multitude
de textes très courts d'une finesse d'observation que peu
d'analystes ont développés en liaison avec leur auto-analyse.
" Alba me raconte toujours son rêve le matin ; Alba dort pour elle,
Alba rêve pour moi ".
S'il pose la question sur l'origine des mots, c'est aussi la question
: d'où viennent les enfants ?
54
Enfin, en ce qui concerne les précurseurs de Freud, Ferenczi
souligne :
" Freud n'invente pas, comme l'écrit J.P. Mordier, il fait rupture ".
C'est en associant une " lecture de divertissement " à " une
lecture d'érudition " que Ferenczi dégage les origines multiples de
la pensée et de la méthode de Freud, comme déjà, en jeune
philosophe et en jeune psychiatre, il savait réinterpréter les
concepts de maladie, de diagnostic, de santé, de déviance, vers
une nouvelle hygiène mentale de la relation médecin-malade.
C'est en récusant une " lecture pieuse " de l'idéologie médicale
que Ferenczi défait ce qu'il perçoit comme artificiel. A ce propos,
Claude Lorin apporte de remarquables précisions ; sur un mode
imagé, il ponctue ses développements par une phénoménologie
poétique dont j'extrais ces quelques lignes :
54
DEUXIÈME PARTIE
LES CONFLITS
CLASSIQUES
" Même dans l'analyse ne pas discuter
est un principe qui a fait ses preuves...
Cependant… "
Ferenczi-Groddeck, Correspondance,
11.12.1922, Payot, p. 80-81.
CHAPITRE IV
54
des origines de la vie, centrée sur la théorie du symbole et le
principe de plaisir.
54
maintenait en dehors des relations internationales, en
octobre 1919, et transmis la présidence de
l'Association internationale à Ernest Jones, de Londres.
Au moment de la République Soviétique Hongroise,
Ferenczi s'était vu confier des fonctions d'enseignant
à l'Université et on s'entassait pour venir l'écouter.
Mais ce groupe hongrois, qu'il avait créé en 1913,
surmonta toutes les tourmentes, se développa sous sa
direction, devint un lieu de travail intense et fructueux
et brilla par l'accumulation de talents comme nulle
part ailleurs.
54
essais qui fondent avant tout le renom de Ferenczi, où
s'expriment de façon si réjouissante son originalité, sa
richesse de pensée et sa fantaisie scientifique si bien
dirigée, grâce auxquelles il a su construire" des
domaines importants de la théorie psychanalytique et
faire avancer la connaissance des rapports
fondamentaux de la vie psychique (" Introjection et
Transfert ", " Théorie de l'Hypnose ., " Développement
du sens de là réalité et ses stades ", " Études sur le
symbolisme ", etc.). Enfin, les travaux de ces
dernières années (" Les Névroses de guerre ", "
Hystérie et Pathonévroses ", " Psychanalyse des
troubles mentaux de la paralysie générale " (avec
Hello), dans lesquels l'intérêt médical part du fait
psychique pour tenter d'atteindre le facteur
somatique, enfin les approches de la thérapie active.
Sigmund Freud
2. Thalassa - Catastrophes
" Ses idées étaient réellement les enfants de son esprit dont il
refusait de se séparer... A ces enfants, spirituels correspondaient
dans son inconscient des enfants de chair qu'il désirait concevoir
de manière réellement féminine ".
54
Cet enfantement " réellement féminin ", et de toute façon retardé
en conséquence d'une érotique anale développée, constitue à la
fois par son origine fantasmatique et dans sa tentative de
dépasser la mythologie propre à Freud, ns serait-ce que pour s'en
libérer, une performance peu commune renversant les relations de
dépendance qui mettaient la psychanalyse jusque-là en dette des
sciences exactes. Le voici plus freudien que Freud. Comme l'écrit
Nicolas Abraham :
54
• l'un concernant le principe de son travail : démonstration
d'une méthode de pensée par analogies, reconnue à présent
comme un modèle créateur par excellence chez certains
chercheurs et mathématiciens modernes ;
• l'autre concernant cette nouvelle science, qui doit tout à
Ferenczi, quoiqu'elle n'ait pas pris le nom de bioanalyse
comme il le pensait, mais celui de psychosomatique, dont il
pose ici les fondements épistémologiques.
" Selon notre conception, la dent est aussi un pénis primitif auquel
l'enfant doit renoncer dans son rôle libidinal au moment du
sevrage. D'après ce qui vient d'être dit, ce n'est pas la dent qui est
le symbole du pénis, mais c'est le pénis, plus tardivement
développé, qui est le symbole de l'appareil de pénétration plus
ancien, la dentition ".
54
1) A partir de là, comment procède-t-il pour en arriver à ce "
tableau synoptique des parallèles présumés ", que nous
commenterons plus loin, soit cette mise en perspective du destin
de l'espèce humaine, ses origines, son évolution, et du destin de
l'individu pour en arriver aux accidents de la destinée du sujet ?
54
" la nature conservatrice des instincts, qui les pousse à vouloir
toujours rétablir la situation -antérieure abandonnée par suite
d'une perturbation extérieure ".
54
développent des membranes protectrices (œuf, amnios, etc.) et la
poursuite de cette protection sera assurée chez l'enfant par
l'amour et l'affection maternels, pendant cette grande période de
fragilité du nourrisson désignée quelquefois de " néoténique ".
Ainsi Ferenczi utilise-t-il, avec Freud, les thèses de
l'évolutionnisme, en en tirant le maximum de conséquences
logiques :
54
Ferenczi ne s'est pas arrêté à l'évolution des vertébrés, mais
cherche à saisir tout le cycle depuis l'ovule-spermatozdide, à
l'époque où " l'homme était un monoblaste ". Ainsi la ponte
ovulaire (ponte, expulsion) est-elle homologuée comme
catastrophe n'2.
3e Début de la Fécondation.
catastrophe reproduction
sexuée. Embryon in utero.
Évolution des
espèces animales
dans la mer.
4e Assèchement de Naissance.
catastrophe l'océan.
Primauté du génital.
Vie terrestre
Animaux avec
organes génitaux
différenciés.
54
non seulement des acides aminés, mais aussi une nouvelle
science : la chimie prébiologique ou prébiotique (1950).
Deuxième observation :
54
reculant toujours plus loin vers les deux millions d'années ou plus
loin encore ",
Troisième observation :
Phylogenèse
1 CATASTROPHE
début de la photosynthèse.
Onto-périgenèse
Phylogenèse Onto-périgenèse
54
rien). Évolution dans la mer. fondamentaux
- neurula
QUATERNAIRE
(Paléanthrope).
Agriculture, élevage.
Homme historique.
54
Ainsi les particularités du développement sexuel de l'homme par
rapport aux animaux sont-elles ici ébauchées, dans une
perspective qui se dégage de l'anatomie comparée pour aborder
une " paléontologie des symboles ", comme l'écrit Leroi-Gourhan.
Notons enfin les constatations amères de Ferenczi au décours de
la guerre de 1914-18 :
Quatrième observation :
54
Voici comment il schématise cette construction :
" Le coitus par cloacum obtenu de force par le mâle serait donc la
cause primitive du fait que l'érotisme de la femelle, phallique
également à l'origine, s'est trouvé remplacé par l'érotisme
cavitaire cloacal (Jekels, Federn) où le rôle de la verge est tenu par
l'enfant et le contenu intestinal. L'impossibilité d'expulser les
excréments lorsque le pénis remplit le cloaque, puis la délivrance
après l'achèvement du coït, c'est-à-dire tension anale et résolution
brusque de celle-ci, devaient procurer des sensations
voluptueuses telles que la femelle a pu y trouver consolation et
compensation ".
C'est ainsi qu'il finit par faire tomber toutes les barrières
artificielles entre maladies organiques et psychiques, comme il
cherche à effacer les différences entre les disciplines scientifiques,
poussant l'idée de " reconstruire tout le passé végétal et minéral.
Il s'ensuivrait un approfondissement considérable d'analogie entre
analyse psychique et analyse chimique... "
54
comme René Thom adopte exactement la même position que lui,
à la recherche de modèles qui prennent une valeur
supplémentaire, dans la mesure justement où ce sont des
véhicules de l'imaginaire. La fiction scientifique n'est pas
nécessairement du délire (sans préjuger toutefois de l'utilisation
politique qui peut en être faite, comme dans l'affaire Lyssenko).
René Thom écrit que ce type de modèle " ne postule pas
nécessairement une vérification expérimentale, mais permet de
sortir d'un positivisme limité ". Lui aussi propose un tableau
synoptique qu'il appelle " Comparatif des régimes symboliques et
de l'embryologie " et qu'il exploite en établissant des cycles
analogues entre éthologie et linguistique. Aussi parvient-il à
décrire des phénomènes discontinus à l'aide de modèles
mathématiques continus.
On peut lire dans son ouvrage plus d'une réflexion qui paraissent
l'extrapolation directe des propositions du Ferenczi de Thalassa.
Par exemple :
" Des idées telles que les miennes, fondées d'une certaine
manière sur une analogie entre les processus de l'embryologie et
ceux de la linguistique, sont résolument scandaleuses par le bon
sens du savant positiviste. Identifier la structure triploblastique de
l'embryon avec la structure ternaire de la phrase transitive, sujet-
verbe-objet, peut sembler n'être qu'une métaphore difficile à
accepter. C'est, cependant, ce que je propose justement quand
j'identifie l'ectoderme, avec l'objet, le mésoderme, avec le verbe,
et l'endoderme avec le sujet, tout au moins pour les vertébrés,
parce que pour les insectes la situation est un peu différente (... )
Alors que l'insecte s'enferme dans sa carapace (d'origine
ectodermique sans composante 'mésodermique) par un refus du
monde extérieur (une sorte de complexe de la ligne Maginot), le
vertébré fait preuve d'une philosophie de la vie tout autre ; il
consacre la plupart de son tissu périphérique (ectodermique et
tissu nerveux) à la simulation du monde extérieur, faisant montre
ainsi d'une disponibilité plus grande ".
54
" Une grande partie de mes affirmations relève de la pure
spéculation, on pourra sans doute les traiter de rêveries...
j'accepte le qualificatif ; la rêverie n'est-elle pas la catastrophe
virtuelle en laquelle s'initie la connaissance ? ".
54
jouissance (mythologies) ou la fusion (comme dans " la chasse au
Snarck de Lewis Carroll par exemple).
3. Ferenczi-Rank
54
Dans ce texte de 1913, " Perspectives de la psychanalyse " écrit
avec Rank, ils abordent des questions directement techniques et
constatent la situation :
et plus loin :
" ...Les difficultés techniques ont surgi d'un trop grand savoir de
l'analyste (de) l'identification à l'analyste... ) de son contre-
transfert narcissique (et de) l'activité dite sauvage "... ", effet
indésirable de la nouveauté même des idées de Ferenczi,
entraînant un " harcèlement " du patient. alors qu'une " activité
modérée " serait hautement préférable.
Ils insistent ensemble sur ce qui est ressenti (Erlebniss), dans la "
perspective du ressenti précoce fondamental " (complexe d'Œdipe
par exemple), " dont l'effet traumatique est ranimé dans l'analyse
". C'est ici que se situe leur divergence, dont toute l'acuité va se
répercuter dans leur relation et dans les relations entre Freud et
Rank.
54
Ici encore, le principe du travail psychanalytique dans sa rigueur
est réaffirmé à l'encontre de cette distorsion flagrante,
douloureuse pour Freud car venant de quelqu'un de très proche,
ce que Freud saura excuser de la part de celui qui " avait si bien
servi la cause ", mais plus tard. Pour l'instant, c'est l'état
psychique de Rank qui est en question et une dissidence
potentielle se profile, sous-tendue par la question de l'analyse des
non médecins.
Le texte de son ami Sándor Lorand, " Pionnier des pionniers "
relate en détails ce voyage de Ferenczi à New York et les conflits
que va soulever sa position très ferme, et toujours partagée par
Freud, de la nécessité pour la survie de l'analyse qu'elle ne soit
pas seulement une spécialisation de la psychiatrie :
Et plus loin :
54
" Pendant son séjour. Ferenczi eut en effet une activité
psychanalytique, non seulement avec d'anciens patients
américains qui avaient été en analyse avec lui en Europe, et qui
profitaient de sa présence aux États-Unis pour une analyse
complémentaire, mais également avec quelques médecins qui
étaient intéressés et voulaient suivre une analyse, ainsi qu'avec
un petit nombre d'éducateurs. Tous étaient des patients sur le
plan analytique et Ferenczi ne mit certainement pas en place un
programme de formation pour eux comme le laissait supposer
Jones. Mais il est certainement vrai que Ferenczi n'aurait jamais
refusé une analyse à quelqu'un sous prétexte qu'il avait comme
projet de devenir analyste plus tard. Il prenait en analyse tous
ceux qui désiraient faire une analyse ".
C'est à cette occasion qu'il fera un exposé sur les " fantasmes
gullivériens " à la New School en décembre 1926, devant'- la
Société de Psychiatrie Clinique de New York. où il reconnaît dans le
motif des rêves lilliputiens l'identifïcation symbolique que le rêveur
a réussi, en substituant son corps entier à son organe sexuel. A
cette occasion, il poursuit sa critique de Rank et considère " le
trauma de la naissance " comme une " fuite devant le
traumatisme sexuel remplacé par l'idée moins effrayante de la
naissance ". Il poursuit son analyse de Swift, l'auteur des "
Voyages de Gulliver ", et constate la personnalité névrotique de
celui-ci, dont l'impuissance sexuelle est attribuée rétroactivement
aux " activités sexuelles qui ont été inhibées par des intimidations
et des fixations dans la prime enfance " (p. 427). Similitude chez
Sándor avec sa propre histoire, et avec un texte de référence,
toujours présent chez Ferenczi quant au traumatisme sexuel
précoce, celui d'Arpad, " Le petit homme-coq ".
54
perte du langage humain, temporaire mais manifeste dans ce cas,
évoque sa description des troubles de l'éjaculation quand il parle
de " bégaiement sexuel " et pourrait être rapprochée de la
création du néolangage chez Swift. Ferenczi, d'ailleurs, insiste sur
l'impuissance sexuelle de celui-ci et sa conduite névrotique avec
sa femme, dont témoignent les voyages de Gulliver, au Pays des
Merveilles de l'érection, voyage qui aurait duré neuf mois et treize
jours... la gestation de Thalassa a duré neuf années.
Le rapt par sa nurse dont Swift a été victime, (elle l'a emmené en
voyage pendant trois ans au-delà de la Manche), et la mort de son
père avant sa naissance, permettent à Ferenczi d'étayer son
opinion : la psychogenèse de la névrose et de l'homosexualité est
un principe qui ne peut pas être compris par le supposé " trauma
de la naissance "
A partir de 1921, Groddeck, " sondeur d'âmes " et " autre enfant
terrible " de la psychanalyse, deviendra très vite, pour Ferenczi, un
ami véritable et le sujet-supposé-tout-savoir quant aux passions
de l'âme et aux souffrances du corps. L'ami s'écrivant même ici
avec un " e " final, pour parodier les fameuses " lettres à l'amie "
écrites par Georg Groddeck sous le pseudonyme de Patrick Troll,
futur " Livre du Ça ", à l'intention de Freud.
54
En effet, depuis dix ans, sa maladie d'amour lui tient au cœur et
au corps. Depuis deux ans il est l'époux de Gizella, ayant
régularisé son ancienne liaison avec elle, après de multiples
hésitations dont Freud est tenu au courant très en détail, mais
justement, peut-être trop en détail...
Ferenczi vivra pendant des années, à la fois très mal dans son
corps (angoisse, insomnie, sensibilité au froid, troubles cardiaques
et urémie avant même la maladie de Biermer qui devait
l'emporter), et très bien dans ce rapport d'allégeance qu'il a su
maintenir entre lui et Freud. En décrivant avec précision ses
symptômes et ses inhibitions à son ami Groddeck, il met en scène
les deux transferts sur lesquels s'appuie son discours :
54
Il décrivait en 1929 les liens entre la crise épileptique et des
expériences de déplaisir " qui donnaient au patient l'impression
que la vie ne valait pas la peine d'être vécue ". Quoi qu'il en soit,
écrivant comme l'un ou écrivant comme l'autre, ou bien
" Par périodes, je m'étais laissé analyser par lui (une fois durant
trois, une fois durant quatre à cinq semaines) ; pendant des
années nous avons voyagé ensemble chaque été. Je ne pouvais
pas m'ouvrir tout à fait librement à lui, il avait trop de ce " respect
pudique ", il était trop grand pour moi, il avait trop d'un père...
Mais quel prix va -t-il payer pour ce désir d'être aimé? Côté
paternel, amour soutenu par Freud avec son exigence et son
humour bien connus, mais aussi ce " respect pudique " dont parle
Ferenczi pour désigner l'ambiance dans sa propre famille ; côté
maternel, amour incestueux pour Gizella Pàlos et la position
maternelle complémentaire qu'elle revendique avec tant
d'insistance ; côté " Bruder-Komplex ", nous avons déjà vu que
Gizella porte le prénom d'une sœur plus âgée que lui, dont on sait
par ailleurs qu'il ne l'aimait pas tellement, ou l'aimait trop, à la
suite de quelques jeux sexuels d'enfance... et menace d'un
couteau.
54
histoire des transferts agis, histoire des passions croisées,
redoublées des relations de dépendance à Freud d'abord, à
Groddeck aussi.
Elle ne renoncerait pas pour une autre, seulement pour Elma. Elle-
même se contentant de jouer un rôle de mère. Au demeurant,
Gizella est dans sa soixante-deuxième année, et Elma a tout juste
un peu plus de quarante ans ".
54
Ainsi paradoxalement, la tentative freudienne de jouer avec
Ferenczi la loi de la prohibition de l'inceste sur un mode
paternaliste et sévère aura fonctionné en sens inverse, plutôt
comme une incitation à l'inceste le plus œdipien :
" ...Le Professeur Freud a pris une ou deux heures pour s'occuper
de mes états ; il s'en tient à son opinion précédemment exprimée
à savoir que l'élément principal chez moi serait ma haine à son
égard à lui, qui (tout comme autrefois le père) a empêché mon
mariage avec la fiancée la plus jeune (actuellement belle-fille). Et,
de ce fait, mes intentions meurtrières à son égard s'expriment par
des scènes de décès nocturnes (refroidissements, râles). Ces
symptômes@ sont surdéterminés par des réminiscences
d'observation de coït parental. Je dois avouer que cela m'a fait du
bien pour une fois, de parler de ces mouvements de haine face au
père tant aimé ".
54
Freud en ce qui concerne le sens des pulsions de mort : non pas
dualité, mais circularité : " va-et-vient incessant entre les
tendances de vie et de mort, où ni la vie ni la mort ne
parviendraient à régner seules ".
" Devant moi, il a utilisé l'expression " j'atomise l'âme " mais une
telle atomisation ne peut se terminer, si elle est sérieusement
tentée, que par une dissolution de soi-même car l'autre humain
est, et reste pour nous un mystère ; nous ne pouvons atomiser
que notre propre âme, et cela nous détruit.
54
" Mon caractère scrupuleux m'a obligé à montrer cette lettre à ma
femme!... "
Enfin, notons que pour Reich (ce que Ferenczi a déjà décrit dans
Thalassa), le corps est un théâtre : il y a identité entre cuirasse
musculaire et cuirasse caractérielle, il y a " cristallisation d'un
processus sociologique d'une époque donnée ". Certaines de ces
positions dites " néo-reichiennes " ont été développées depuis,
avec un certain succès, par Lowen, Janov, etc.
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CHAPITRE V
54
A propos des techniques
1. La logique et l'acte
54
" Si tu désires quelque chose inconsciemment, tu ne peux
échapper à la logique (de nature totalement différente), la logique
de l'inconscient".
A titre d'exemple, voici comment Izette de Forest résume " les six
étapes du traitement psychanalytique " selon Ferenczi, dans le
chapitre de son livre intitulé " L’incessante recherche de Sàndor
Ferenczi " :
Ici comme on voit, l'acte analytique est axé sur le conflit direct
avec l'analyste, après analyse des défenses caractérielles et des
symptômes de transfert, le traumatisme infantile devant ainsi être
revécu pour atteindre un nouveau sens des réalités. C'est un
projet qui ne peut être que contractuel, mais les termes de
l'implication réciproque ne sont pas nécessairement fixés
définitivement.
54
En ce qui concerne la règle d'abstinence, si peu élaborée de nos
jours, nous allons voir que la technique active en est précisément
un dépassement et une illustration, car elle agit comme un "
agent provocateur " à l'encontre du principe de plaisir, surtout par
rapport aux défenses caractérielles. D'autre part, il faut éviter le
contresens lié au concept d'activité. L'opposition actif-passif se
rapporte surtout aux équations de Freud sur l'étude des stades
prégénitaux : le rapport actif-passif correspond à la perte de l'objet
de l'époque sadique-anale, comme le rapport présence-absence
renvoie à la détresse psychique de l'époque précédente: l'activité,
dans la technique, c'est autre chose; c'est une nouvelle règle, non
contradictoire avec la règle fondamentale.
avec des guillemets pour " Acktiven Technik " dans son texte, pour
bien signifier que cette désignation est déjà l'effet d'un certain
consensus. Il ne s'agit donc pas d'une alternative entre technique
active et expectative; il s'agit d'une stratégie thérapeutique dont
les effets peuvent être vérifiés, et dont l'enjeu n'est pas tant la
passivité ou l'activité du thérapeute, que de rendre actif sur un
certain nombre de points précis le patient lui-même, même si
certaines ,consignes paraissent absurdes, provocantes ou
paradoxales.
3. L'injonction paradoxale
" une attente passive serait encore plus contre-indiquée, car dans
ces cas la cure se dirige vers une prolongation interminable du
traitement".
54
" C'est à Freud lui-même que nous devons le prototype de cette
"technique active". Dans l'analyse des hystéries d'angoisse, il a
recouru - en cas de stagnation -à l'expédient qui consiste à exiger
des patients qu'ils affrontent précisément les situations critiques
propres à susciter leur angoisse, non pour les habituer à des
choses angoissantes, mais pour détacher de leurs chaînes
associatives des affects mal ancrés".
Ferenczi poursuit:
" On espère ainsi que les valences tout d'abord non saturées de
ces affects librement flottants attirent en priorité les
représentations qui leur sont qualitativement adéquates et
historiquement correspondantes".
Le but recherché est triple: non pas tant contrecarrer en quoi que
ce soit la masturbation de la patiente, que 1) vérifier l'hypothèse,
toujours déniée jusque là, de l'existence d'une masturbation
pendant l'enfance; 2) observer la modification des fantasmes qui
ressemblent, dans ce cas, à de " véritables délires fébriles " ; 3)
voir apparaître des "fragments de souvenirs depuis longtemps
ensevelis, regroupés peu à peu autour de certains événements de
l'enfance, qui livrent ainsi les circonstances traumatiques les plus
importantes de la maladie", c'est-à-dire réussir la levée du
refoulement.
54
Donc, si la méthode fonctionne à " rebrousse-poil " par rapport au
principe de plaisir, on voit qu'elle n'est pas sans effets immédiats,
parfois très violents et très utiles.
" ... Elle chanta de sa belle voix de soprano, mima les gestes
exactement comme sa sœur, puis s'exhiba ainsi tellement qu'il fut
possible de lui montrer là, en acte, son désir de plaire ".
54
Mais pour découvrir qu'au piano, à chaque geste un peu
passionné, elle éprouvait une sensation génitale voluptueuse, il
fallut qu'elle obéisse " à l'ordre d'adopter en jouant un
comportement très passionné comme elle l'avait vu faire à
d'autres " (sa sœur, précisément). Dès que ces jeux lui
procurèrent trop de plaisir, ils furent interdits, mais le bénéfice de
ces intermèdes, c'est la reconstruction et les réminiscences des
jeux infantiles refoulés. Donc l'injonction et la prohibition en
alternance, maintiennent l'abstinence à son plus fort niveau.
54
caractère et les symptômes comme l'impuissance, les tics
ou les habitudes sexuelles pathologiques.
" ... Je lui dis donc que s'il avait vraiment confiance en lui-même, il
devait s'allonger près de cette femme tout en se promettant de
s'abstenir de tout rapport avec elle pendant six nuits de suite
quels que fussent sa puissance et son désir, et de m'informer du
résultat obtenu, ce qu'il convint de faire. Une quinzaine de jours
plus tard, il vint me dire que la nouvelle démarche avait produit
une telle transformation en lui que non seulement la puissance lui
était revenue, mais lorsqu'il se couchait tous les soirs, l'angoisse
n'était plus celle de son impuissance, mais au contraire de se
trouver possédé d'un désir si violent qu'il risquait de s'en trouver
fortement incommodé ".
54
C'est cette position technique qui va se trouver toute indiquée
face aux difficultés les plus graves que rencontrait déjà la
psychanalyse: les syndromes caractériels intriqués ou non de
symptômes.
54
j'essayais de mon mieux de les respecter; je me conciliais ainsi la
personnalité du malade, c'est-à-dire son Moi et son Surmoi. Ce
pacte d'amitié tacite permettait ensuite à l'analyste et à
l'analysant (analysand) de collaborer au dévoilement de
l'inconscient... "
Et plus loin :
6. Contre-indications - élasticité
" C'est seulement la fixation d'un terme dans tous les cas qui a
donné à Rank l'occasion de découvrir, par les réactions des
patients à cette fixation d'un terme, la répétition de la naissance
dans l'analyse "...
54
Ferenczi, tout en indisposant parfois Freud à ce propos, a très bien
saisi que les consignes elles-mêmes constituent un danger,
préférant à l'intransigeance une souplesse adaptée à chaque
situation - ébauche de ses positions techniques ultérieures comme
l'" élasticité technique ", liée à la notion de " tact ". Si Freud
évoque souvent dans les lettres les " complexes fraternels " de
Ferenczi, la lecture détaillée de leur correspondance ne permet
plus de douter un instant ni du " double langage " de Freud, ni d
son irritation derrière l'attachement profond qu'il manifestait à
Ferenczi. Par contre, ici aussi, Ferenczi réussit à tirer parti de ses
erreurs:
"Je dois aussi vous faire part des déceptions que j'ai éprouvées.
Dans certains cas, je me suis manifestement trompé sur mon
appréciation de l'opportunité ou de la portée des mesures de "
provocation ", avec pour conséquence, si je voulais garder le
patient, d'avoir à avouer mon erreur et, après cette perte de
prestige assez considérable, de le laisser exhaler son triomphe sur
moi. En fait, même cette expérience affective n'était pas sans
présenter certains avantages pour l'analyse".
54
progressive du fantasme de meurtre sadique en coït ". Ainsi y a-t-il
passage du fantasme sadique au plaisir de souffrir, quand
l'érotisme anal s'est substitué à la masturbation. J'aurais pu aller
plus loin dans ce cas si j'avais recouru aux exercices de rétention
anale pour favoriser le retour de l'érotisme sur les organes
génitaux (etc.) ".
7. Stratégie ou esquive ?
54
le haut", celle qui part de la surface des associations, la technique
active est véritablement une " analyse par le bas " (von unten). Il
s'agit donc d'une stratégie qui n'est pas une fïn en soi, mais qui va
quelquefois jusqu'à l'absurde en vue d'une meilleure élucidation
des couches profondes de l'inconscient.
54
attentive de ces textes sur la technique active, et a fortiori ceux
plus tardifs comme " Analyse d'enfant avec les adultes ", le
confirme. Le travail sur les traumatismes précoces et sur la vérité
historique, si problématique soit-il, reste encore une perspective
pertinente en contradiction avec les développements
dogmatiques qui entretiennent un climat de non créativité chez
l'analyste; déjà en 1924, Ferenczi relevait que: "les difficultés
techniques ont surgi d'un trop grand savoir de l'analyste " et: " ce
penchant à la spéculation semble fréquemment n'avoir été qu'un
moyen d'esquiver les difficultés techniques gênantes ". C'est
grâce au concept de commotion psychique qu'il dépassera la
notion de trauma, comme il dépasse les notions d'hypnose
paternelle ou maternelle par la confusion des langues, ouvrant
ainsi la voie aux enjeux modernes de la recherche sans éluder les
difficultés liées à la compréhension approfondie des traumas
précoces. Enfin, par " l'analyse mutuelle ", il cherche à éliminer
toute technique préétablie pour favoriser une spontanéité
maxima, dans le but avoué que " le patient puisse surmonter plus
facilement cette déception de ne pas être aimé de nous ".
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TROISIÈME PARTIE
Georges Orwe
Audiberti,
CHAPITRE VI
Réhabilitation du trauma
54
dans la théorie
1. Une question déplacée
" ... Lorsque l'analyse des bien portants fit apparaître le souvenir
de traumatismes analogues dans l'enfance sans que, plus tard,
une psychonévrose s'ensuivit, il (Freud) dut admettre que ce n'est
pas le traumatisme qui est le véritable agent pathogène, mais le
refoulement des représentations qui s'y rattachent. C'est ainsi que
Freud rétablit dans ses droits la prédisposition individuelle en ce
qui concerne l'origine des névroses ".
54
l'origine serait soit purement endogène, soit purement exogène.
Ce serait même aussi absurde, écrit Freud que de poser la
question: " l'enfant naît-il parce qu'il a été procréé par le père OU
conçu par la mère ? "... c'est une question " déplacée ", écrit-il.
Dans ce passage de l'" Introduction à la psychanalyse ", il prend
exemple sur l'embryologie: quand on blesse un œuf à un stade
très précoce et qu'une lésion infime entraîne des conséquences
considérables ; il stigmatise même à cette occasion la
malhonnêteté du monde scientifique de son temps qui préfère une
vérité partielle.
- en 1905, le cas Dora: - J'ai été plus loin dans cette théorie, sans
l'abandonner, c'est-à-dire que je la déclare aujourd'hui non pas
fausse mais incomplète ".
54
Quel est donc ce clivage qui prévaut dans certains esprits
habituellement bien informés, pour soutenir à la fois l'abandon par
Freud de ses premières théories du trauma et de la séduction (ce
qui est manifestement faux) et le non intérêt d'un tel débat,
comme si cela revenait au même qu'il s'agisse de mythe ou
d'histoire !
" que tend à restaurer ce qui avait été supprimé par une
perturbation extérieure".
54
correspondance, se trouve dans le fragment daté du 26.12.1932 :
" l'analyse d'enfant, l'éducation c'est de l'intropression de
superego (de la part des adultes) " ; s'il invente cette formule,
c'est bien pour permettre la distinction entre les effets simples de
la répression et les mécanismes indispensables de l'introjection;
d'où ce mot-valise d'" intropression ".
54
narcissique et d'homéostasie idéologique, les enjeux, dès cette
époque, ont constitué un modèle mythique duquel nous sommes
encore prisonniers.
" ... Toutefois, il ne faut pas que le -vécu " excède un certain
optimum. Une expérience excessive, trop précoce ou trop intense,
peut tout autant entraîner le refoulement et, conjointement, la
pauvreté de la vie fantasmatique " (Ibid.).
Ce n'est pas le concept de " vécu " (entre guillemets dans le texte)
qui est le plus important, mais bien le concept d'OPTIMUM, c'est-à-
dire le facteur quantitatif des expériences infantiles.
54
constituer une zone interdite dans la relation primordiale à la
mère.
Deux formes d'hypnose sont décrites: l'une dite maternelle par "
insinuation " ou " séduction" ; l'autre dite paternelle par "
intimidation ou crainte ".
a) La séduction
54
précoce et les effets de subversion liés à la " surprise par
changement de code ".
" ... les déceptions répétées que je subis lors de mes tentatives de
pousser mes analyses jusqu'à leur véritable achèvement ",
et enfin :
" ... la surprise de constater que dans chacun des cas, il fallait
accuser le père de perversion, le mien non exclu, alors qu'une
telle généralisation des actes pervers commis envers des enfants
semblait peu croyable".
Si le mien non exclu est ici souligné, c'est qu'il a tout simplement
été éliminé par les officiels. Max Schur, Marianne Kruhl et Marie
Balmary ont déjà insisté sur ce point. De qui parlait-il donc, à ce
moment où il commence à reconnaître chez lui une influence
54
venue, non plus du père, mais des domestiques, de son professeur
de sexualité qu'il appelle " vieille préhistorique " ?
" Dans mon cas, le père n'a joué aucun rôle actif, encore que j'aie
trouvé une analogie entre lui et moi ".
" Ainsi, Freud aurait raison, son père n'aurait joué envers lui aucun
rôle actif, et le petit Sigmund n'aurait pas été l'objet d'une
séduction, mais il se trouverait le témoin de ce que son père
aurait fait: faire disparaître une femme. Et la disparition de Nanie
serait une figuration " de la disparition de Rebecca... "
b) La commotion psychique
54
En langue allemande " die Verführung " (la séduction) a gardé son
sens étymologique qui est un sens actif. Il s'agit surtout de
tromper, d'induire en erreur, de détourner, corrompre, abuser.
C'est toujours ce sens-là qui est impliqué dans les textes qui nous
occupent: l'action séductrice. " Der Führer ", c'est le chef, le guide,
comme on sait; " verführen " (le verbe) implique non seulement
séduire mais suborner et pervertir; " Der Verführer ", c'est celui
qui détourne, Don Juan, " l'abuseur " de Séville et d'ailleurs. " Die
Verführung " se traduit donc au mieux par détournement ou
dévoiement. En allemand, la séduction d'un enfant c'est le viol. En
français, ce mot est utilisé dans son sens passif: c'est le moyen de
charmer; c'est l'attrait spontané ou artificiel, piège du désir de
l'autre. En français, la séduction d'un enfant c'est son charme.
et (p. 147) :
54
Après que Ferenczi se soit tant attaché aux catastrophes dans le
développement embryonnaire et le développement des espèces
animales, voici qu'il complète " Thalassa " par cette COMMOTION
PSYCHIQUE, CATASTROPHE DANS LE DÉVELOPPEMENT DES
PULSIONS, CATASTROPHE DANS LA PRÉHISTOIRE DU SUJET, là où
s'articulent si intimement pulsions, fantasmes et langages.
c) La déduction
Cela était clair déjà dans son schéma de 1915, où l'on peut saisir
la place que tiennent les événements chez l'adulte et chez
l'enfant.
= + libido événement
Constitution sexuelle
événements de la vie
préhistorique + événements
infantile
de la vie
"Ainsi qu'on le fait volontiers ", déjà à l'époque où Freud écrivait l'"
Introduction à la psychanalyse"... Mais alors, depuis, toute une
spéculation a saisi le fantasme originaire comme un archétype,
qu'il est déjà pour Freud, pour en faire une valeur univoque, une
valeur quasi religieuse, comme s'il y avait opposition entre la
sexualité infantile et les traumas!
54
Ferenczi évalue les conséquences intrapsychiques de cette
menace comme un " autosacrifice de l'intégrité de son propre
esprit pour SAUVER les parents! ". Clivage et sacrifice de sa propre
pensée pour le sauvetage, le salut ou la protection intriqués des
images parentales introjectées. Ces nuances sont liées aux
distinctions freudiennes: principe de réalité, épreuve de réalité,
exigence de réalité. A ces dernières, il va bien falloir que l'enfant
s'adapte puisque la famille ne s'adapte pas à lui :
54
non avenues, au nom d'une théorie, fût elle théorie du désir, les
conditions concrètes des détournements pulsionnels précoces ?
Or, quelques lignes plus bas, Freud précise que ces pulsions
peuvent être renforcées par des moments physiologiques
(puberté, ménopause), mais aussi par de " nouveaux
traumatismes "; il réintroduit ainsi ce qu'il vient d'éliminer, comme
en évoquant les rechutes, consécutives aussi à de " nouveaux
traumatismes ".
54
"La fixation inconsciente à quelque traumatisme para@ être le
plus important de ces troubles de la fonction du rêve... "
Après quoi, dans cette même " Nouvelle Conférence ", Freud va
annuler ce qu'il a mis trente pages à essayer d'éclaircir, par la
considération suivante: " Toute personne au courant du
dynamisme psychique sait que cela revient au même... "
" Dans un cas observé pendant des années, il y eut chaque nuit au
moins deux, et le plus souvent plusieurs rêves. Le premier, fait
pendant l'heure du sommeil le plus profond, n'avait pas de
contenu psychique: la patiente se réveillait, avec le sentiment
d'une grande agitation, des réminiscences sourdes de sensations
douloureuses, d'expériences de souffrance de nature corporelle et
psychique, avec des ébauches des sensations dans différents
organes du corps. Après une veille assez prolongée, nouvelle
plongée dans le sommeil avec apparition de nouvelles images
oniriques très vives, qui se révélaient comme des distorsions et
des atténuations des événements vécus dans le premier rêve (et
même dans le rêve seulement inconsciemment). Il devenait
progressivement de plus en plus clair que la patiente ne pouvait et
ne devait répéter les expériences traumatiques de sa vie, sur un
mode purement émotionnel et sans contenus représentatifs, que
dans un sommeil profondément inconscient, presque comateux ".
54
favorisée. Un choc inattendu, non préparé et écrasant, agit pour
ainsi dire comme un anesthésique -.
" le premier rêve est une répétition pure; le deuxième est une
tentative d'en venir à bout seul, d'une façon ou d'une autre, et
cela à l'aide d'atténuations et de distorsions, c'est-à-dire sous une
forme falsifiée. Donc à la condition d'une falsification optimiste le
traumatisme sera admis à la conscience ".
Et plus loin :
" Notre analyse veut (et apparemment peut) remonter aux stades
antérieurs du processus de refoulement. Il est vrai que cela
implique l'abandon complet de toute relation au présent, et une
immersion complète dans le passé traumatique. Le seul pont entre
54
le monde réel et le patient en transe est la personne de l'analyste
qui, au lieu d'une simple répétition gesticulatoire et émotive,
pousse le patient, plongé dans l'affect, à un travail intellectuel en
le stimulant infatigablement par des questions. Cette chose
favorable à laquelle nous nous référons face à l'impulsion
suicidaire,, est le fait que dans ce nouveau combat traumatique le
patient n'est pas tout à f ait seul. Nous ne pouvons peut-être pas
lui offrir tout ce qui aurait pu lui revenir dans son enfance, mais le
seul fait que l'on puisse lui venir en aide donne déjà l'impulsion
pour une nouvelle vie, dans laquelle est clos le dossier de tout ce
qui est perdu sans retour et de plus, effectué le premier pas,
permettant de se contenter de ce que la vie offre malgré tout, de
ne pas rejeter tout en bloc, même ce qui serait encore utilisable ".
Ferenczi précise que ce concept d'" Erschütterung " vient du. mot
allemand " Schütt " : débris, perte de la forme propre, acceptation
facile et sans résistance d'une forme imposée, à la manière d'une
poupée de son ou d'un sac de farine (Sack-Mehl). Comment
comprendre alors ce qui va rendre tel traumatisme si lourd de
conséquences, si pathogène? Ferenczi répond :
54
Dans certains milieux psychanalytiques, souvent très
conformistes, on préserve souvent les figures parentales des
conséquences de leurs actes, défaut ou faute commise, sexuelle
ou non, par ceux qui sont censés représenter la loi, faute qui
cherche un témoin et le trouve dans le transfert. Quand un tel
tabou chez le psychanalyste est aussi actif que chez son patient
(pour les mêmes raisons), un fantasme ou une théorie pouvant
servir à bafouer la réalité, la psychanalyse vient redoubler, voire
aggraver quelquefois le DÉSAVEU de la réalité infantile par les
adultes, soit ce qui a rendu le traumatisme pathogène; là où
l'analyste vient ainsi HONORER de tels parents parfois incestueux,
par son silence respectueux donc complice, il semble bien que
l'analyste vienne renforcer la culpabilité du sujet; contresens
complet du projet de l'analyse !
5. L'absence à soi-même
54
recevoir, une fois de plus des patients eux-mêmes, les premiers
encouragements quant à la manière d'y parvenir. Voici un
exemple: un patient dans la force de l'âge se décide, après avoir
surmonté de fortes résistances, notamment une méfiance intense,
à faire revivre des événements de sa prime enfance. Je sais déjà,
grâce à l'élucidation analytique de son passé, que dans les scènes
revécues il m'identifie à son grand-père. Tout à coup, en plein
milieu de son récit, il me passe le bras autour du cou et me
chuchote à l'oreille: " Dis, grand-père, je crains que je vais avoir
un petit enfant ". J'ai alors eu l'idée heureuse, me semble-t-il, de
ne rien dire tout d'abord du transfert ou d'une chose de ce genre,
mais de lui retourner la question sur le même ton de
chuchotement: " Oui, pourquoi donc penses-tu cela? " Comme
vous le voyez, je me suis laissé entraîner là dans un jeu qu'on
pourrait appeler jeu de questions et réponses, tout à fait analogue
aux processus que nous rapportent les analystes d'enfants, et cela
fait un moment que ce petit tour de main marche fort bien. Mais
ne croyez pas que, dans ce jeu, il me soit possible de poser
n'importe quelle question. Si ma question n'est pas assez simple,
si elle n'est pas vraiment adaptée à l'intelligence d'un enfant,
alors le dialogue est rapidement rompu, et plus d'un patient m'a
jeté à la figure que j'avais été maladroit, que j'avais pour ainsi dire
gâché le jeu...
Dans ses " Réflexions sur le traumatisme ", Ferenczi parlait de "
Traumanalyse " (analyse des rêves en état de transe) plutôt que
54
de " Traumdeutung ". Comment passer en effet du " Traum " au
"Trauma", de la Traum-analyse à la Trauma-analyse ?
C'est son " élasticité technique " qui sera le garant de sa propre
capacité " d'adaptation ", c'est-à-dire adaptation de la
psychanalyse au patient, dont la limite théorisable sera souvent
atteinte par Ferenczi, dans des récits qui " atomisent l'âme " et
dont il rend compte scrupuleusement dans son Journal, qu'il
désigne parfois " Poésie et Vérité " ou " Poésie et vérité
scientifique ".
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CHAPITRE VII
1. Double malentendu
54
l'achèvement de sa pensée théorique, le concept de "
Sprachverwirung ", la " Confusion des langues ".
54
de ces dates, l'imbrication des thèmes avec ceux déjà publiés
dans " Notes et fragments " et les thèmes essentiels de "
Confusion des langues " méritent un temps d'attention. Voici
comment Michael Balint parle de ce journal clinique, dans sa "
Note pour une préface ", en 1969, peu de temps avant son propre
décès :
" (Ce Journal) est entièrement spontané, comme tout vrai journal
doit l'être. Il est vrai qu'une grande partie, environ 80 %, est tapée
à la machine, ce qui signifie que Ferenczi a dicté cette partie à sa
secrétaire chaque fois qu'il pouvait se libérer quelques instants de
son travail. Les débuts de passage sont datés, si bien qu'on peut
suivre ce qu'il parvenait à faire chaque jour. Il se donnait pour
règle de mettre un titre à chacune de ses idées, mais les idées de
chaque jour étaient, de façon régulière, étroitement en rapport les
unes avec les autres. Le dernier passage tapé à la machine date
du 24 Août 1932. Ferenczi arrête alors de travailler afin de se
rendre d'abord à Vienne, où il rencontra Freud pour la dernière fois
de sa vie, puis de là, au Congrès de Wiesbaden, qui s'ouvrit
officiellement le 4 Septembre. Après cette date, on trouve juste six
pages supplémentaires écrites à la main, toutes datées d'Octobre
1932 ".
Sa visite à Vienne pour lire à Freud son exposé sur "les passions
des adultes " s'annonce donc très mal, car redoublant le
malentendu par cette décision quant à la Présidence, que Freud ne
peut considérer que comme un acte hostile. C'est ainsi que Freud
va interpréter par avance le contenu de la " Confusion des langues
" comme un " chambardement fondamental " (Grundsfürzend) ;
Ferenczi va mal supporter cette critique et l'interpréter comme si
Freud, contrairement à ce qui s'écrit, " ne voulait pas d'un tel
Président " lui proposant ladite présidence comme un "traitement
de choc " ; bien sûr, Freud voulait d'un tel Président, mais à quel
prix?...
54
travail personnel et la pression de Freud, qui devint vite injonction
:
" ... J'espère que vous ferez preuve d'une certaine obligeance et
que vous sacrifierez les agréments de votre isolement maintenu
jusqu'à présent pour obéir aux devoirs d'un dirigeant du
mouvement... "
" Quel que soit le motif favorisant un tel isolement, ce n'est pas
forcément quelque chose de répréhensible ou de mauvais; il est
vraisemblable que chacun de nous puisse faire l'expérience de
telles périodes qui, à vrai dire, se sont annoncées un peu
tardivement chez moi, ou, comme vous l'avez écrit une fois, sous
forme de crise de puberté tardive. L'auto-analyse plus approfondie
m'a montré à vrai dire que, dès la petite enfance, j'avais tendance
à me laisser glisser dans des situations dont je ne pouvais venir à
bout qu'au prix d'efforts démesurés. Je ne me suis jamais accordé
de vraies vacances " psychiques". Maintenant, il semble que je
veuille me reposer d'une sorte de surproduction d'une moitié de
vie. Par repos, j'entends m'adonner à une sorte de " Poésie et
vérité " de laquelle un jour, peut-être, je le pense quelquefois,
sortira certainement quelque chose qui ne manquera pas de
valeur. Je ne pense pas que l'on puisse volontairement changer
quelque chose à cette disposition, et ainsi, c'est en quelque sorte
mon sens des responsabilités qui me pousse à vous demander si
vous voulez avoir un président dont l'intérêt qu'il peut porter à ces
questions est, en partie, entravé de cette façon ? Si cela était, je
ferais mon possible pour remplir la tâche qui m'attend. Mais si
vous pensez que cette activité, à notre époque si dure, demande
beaucoup plus que ce que je peux offrir, je renoncerais alors sans
la moindre amertume à la fonction de dirigeant".
Sous ce titre: "Qui est fou, nous ou les patients? (les enfants ou les
adultes?).
54
mais qu'il a repris à Breuer quelque chose de tout prêt. Peut-être
n'a-t-il suivi Breuer que sur un mode logique, intellectuel, mais pas
avec une conviction relevant du sentiment; en conséquence, il
n'analyse que les autres et pas lui-même. Projection.
"les patients, c'est de la racaille ". Les patients ne sont bons qu'à
nous faire vivre, et ils sont du matériel pour apprendre. Nous ne
pouvons pas les aider de toute façon. C'est du nihilisme
thérapeutique, et malgré cela, par la dissimulation de ces doutes
et l'éveil d'espoirs, des patients se laissent prendre.
54
Chez Freud, cela correspond sans doute à la découverte que les
hystériques mentent. Depuis cette découverte, Freud n'aime plus
les malades. Il est retourné à l'amour de son Surmoi ordonné,
cultivé (une autre preuve est son antipathie et ses termes
injurieux à l'encontre des psychotiques, des pervers, et en général
contre tout ce qui est " par trop anormal ", ainsi que contre la
mythologie hindoue). Depuis ce choc, cette déception, il est
beaucoup moins question du trauma, la constitution commence à
jouer le rôle principal. Il s'ensuit évidemment une part de
fatalisme. Après la vague psychologique, Freud a donc de nouveau
atterri, premièrement dans le matérialisme du chercheur des
sciences de la nature; dans le subjectif, il ne voit presque
uniquement que la superstructure du physique, et dans le
physique lui-même il voit quelque chose de beaucoup plus réel;
deuxièmement, il reste encore intellectuellement attaché à
l'analyse, mais non émotionnellement; troisièmement, sa méthode
thérapeutique, comme sa théorie, est de plus en plus imprégnée
par l'intérêt pour l'ordre, le caractère, le remplacement d'un
mauvais Surmoi par un meilleur, il devient pédagogique. "
Avant d'aller plus avant dans la citation de cette page si dense où,
sont abordés plus loin, " l'abandon de toute technique pour se
montrer spontané " et le " délire érotomaniaque de l'analyste ", on
peut saisir déjà quel est l'enjeu de ces malentendus:
54
même de Freud, il semble opportun de la citer. Après avoir reçu le
livre du psychiatre hongrois Hollos, Freud répond à retardement en
essayant d'expliquer le plus honnêtement possible les raisons de
ce retard:
" ... Tout dire, même ce qui est risqué, si c'est la vérité, dans
l'espoir que la vérité ne pourra de toute façon produire que du
bien ".
Tous ces points montrent assez que la dernière rencontre entre les
deux hommes pouvait difficilement bien se passer, pour une série
de raisons dont quelques-unes se précisent et font porter
l'éclairage autant sur Freud et son intolérance que sur Ferenczi et
son enthousiasme fébrile...
54
3. Double langage
Ne serait-ce pas que, depuis 1897, Freud avait " renoncé à croire à
sa neurotica ", mise au point pour l'amour de Fliess, " parce que
même dans " les états les plus délirants, l'incident de jeunesse ne
se révèle pas " ? Ferenczi ne lui apportait-il pas une réponse,
moins événementielle, moins linéaire et directe, mais qu'il n'avait
pas formulée lui-même ? D'où peut-être chez Freud, une certaine
susceptibilité ? Le diagnostic porté par Ferenczi apparaît
aujourd'hui relativement lucide :
C'est pourquoi Ferenczi ose demander: qui sont les plus fous, les
enfants ou les adultes ? les psychanalystes ou les patients ? Sa
réponse ne fait pas de doute: ce sont les adultes et les
psychanalystes...
54
L'effet inconscient d'un trauma est ainsi repéré par Ferenczi
comme la différence entre deux qualités de langage, différence
non éclaircie ou bien confusion entre deux niveaux de
communication élémentaire: le tendre et le passionnel: L'effet
pathogène inconscient du trauma est structuré comme un double
langage.
" Ces contradictions vous font pressentir entre autres que, dans
l'érotisme de l'adulte, le sentiment de culpabilité transforme
l'objet d'amour en un objet de haine et d'affection, c'est-à-dire un
objet ambivalent. Tandis que cette dualité manque encore chez
l'enfant au stade de la tendresse, c'est justement cette haine qui
surprend, effraye et traumatise un enfant aimé par un adulte.
Cette haine transforme un être qui joue spontanément, et en toute
innocence, en un automate, coupable de l'amour, et qui, imitant
anxieusement l'adulte, s'oublie pour ainsi dire lui-même. C'est ce
sentiment de culpabilité et la haine contre le séducteur qui
confèrent aux rapports amoureux des adultes l'aspect d'une lutte
effrayante, pour l'enfant, scène primitive qui se termine au
moment de l'orgasme; cependant que l'érotisme infantile, en
l'absence de " lutte des sexes ", demeure au niveau des jeux
sexuels préliminaires, et ne connaît de satisfactions qu'au sens de
la satiété et non au sens du sentiment de l'anéantissement de
l'orgasme... "
54
Pour bien saisir la valeur théorique du trauma infantile, le détour
par les grands traumatismes de l'âge adulte s'avère utile, là -OÙ-la
rencontre d'un système de fonctionnement social fait basculer
brutalement les repères fondamentaux antérieurs.
Rien n'a été écrit d'aussi juste sur les effets de ce phénomène de
viol. Malheureusement, les commentateurs habituels tirent
54
argument de cette insistance chez Ferenczi à reconnaître un
langage de la tendresse chez l'enfant pour lui reprocher,
sentencieusement, d'avoir renié les acquis freudiens
fondamentaux, comme celui des " Trois Essais " et l'ambivalence
des pulsions. Les mêmes commentateurs ont-ils lu, dans " Ma vie
et la psychanalyse ", ;que -la pulsion de mort est historiquement
déterminée?
" [Le législateur] estima de l'intérêt général que tous les enfants à
partir de l'âge de douze ans, [... 1 fussent jugés au tarif maximum
du code. Autrement dit, " avec application de toutes les mesures
de châtiment". Décret du 7 avril 1935. (Autrement dit, y compris
la peine de mort)... Sont ajoutés en 1941 les crimes commis
involontairement ou par imprudence. Pour la cueillette des épis ou
une pochée de pomme de terre - une seule pochée d'une culotte
d'enfant: même tarif: huit ans" !
" Sur l'Archipel, les mouflets voient le monde tel qu'il apparaît aux
yeux des quadrupèdes; seule la force y tient lieu de bon droit!
Seul le carnassier a le droit de vivre !... Les enfants ressentent
l'Archipel avec la divine réceptivité de l'enfance. En quelques jours
les enfants y deviennent des bêtes, et les pires des bêtes, celles
qui n'ont pas de valeurs éthiques... Pas un enfant ne saurait y
rester une personnalité à part; il sera foulé aux pieds, déchiré,
démembré s'il ne se proclame pas d'emblée un pionnier du
milieu... la parole humaine n'a pas été faite pour eux, leurs oreilles
ne laissent rien entrer qui leur soit inutile... les mouflets agissent
avec préméditation, ils n'ont nullement l'intention d'offenser, ils ne
font pas semblant. C'est pour de bon qu'ils ne reconnaissent
personne pour des êtres humains à l'exception d'eux-mêmes et
des voleurs notoires. C'est comme ça qu'ils ont compris le monde"
!...
54
Dans ce contexte bien spécial des camps de concentration, la
confusion par " le législateur " entre des adultes et des enfants de
douze ans, semble entraîner une adaptation immédiate de ces
enfants aux conditions extrêmes de lutte pour la vie auxquelles ils
sont soumis. Dans une telle société, " primitive " à plus d'un titre,
les détenus adultes en viennent à se tatouer les uns les autres; je
cite Pierre Clastres. " C'est le prisonnier lui-même qui se
transforme en machine à écrire la loi et qui l'inscrit sur son propre
corps... la limite est atteinte, le prisonnier est absolument hors la
loi, son corps écrit le dit ".
54
A son insu, porteuse apparemment saine de ses propres séquelles
psychiques devenues ou non symptômes, elle met en acte avec
l'enfant, ce qu'il en est du RÉEL pour elle (intimité sensuelle et
double lien). Ailleurs, il s'agit du désir de ne pas avoir d'enfant,
plus ou moins annulé, ou agi sous forme de carence d'amour
nourricier, ou de " l'organisation des défenses contre sa
dépression ", de positions phobiques par rapport à l'identité
sexuelle de l'enfant. Ailleurs il s'agit encore de doubles contraintes
où sont mélangés les niveaux de communication, de désir sexuel
insatisfait investissant l'enfant comme signifiant ou emblème
phallique, etc. En tous cas, la consistance de la réalité psychique
de l'enfant va dépendre de l'insistance avec laquelle le réel de la
mère aura prise sur lui, dont dépendent les potentiels d'existence
pour lui, et par là même ses capacités d'identification.
PASSÉ HISTORIQUE
PASSÉ ÉPIQUE
PASSÉ PHYSIQUE...
5. Névrose de frustration
54
o ·l'un nourricier, d'origine maternelle, plus réel que
symbolique, dont la carence entr2Clne des frustrations
précoces, massives, psychogènes ou meurtrières ;
o ·l'autre, fondateur d'identité, et surtout d'identité
sexuelle, plus symbolique que réel, parole d'origine
paternelle qui permet à l'enfant d'acquérir une image
du corps séparée de l'univers maternel; sa carence
entraîne des psychoses par privation d'objet
symbolique (forclusion d'un signifiant paternel par
exemple, le nom du père).
individuelle
54
" Si nous voulons classer les cas relevant de cette étiologie parmi
les " types de maladie " dont Freud a donné une définition si
précoce et cependant si complète, il faudra les placer,
approximativement, au point de transition entre les névroses
purement endogènes et les névroses exogènes, c'est-à-dire les
névroses de frustration (VERSAGUNGS NEUROSE). Ceux qui
perdent si précocement le goût de la vie apparaissent comme des
êtres ayant une capacité d'adaptation insuffisante, semblables à
ceux qui, selon le classement de Freud, souffrent d'une faiblesse
congénitale de leur capacité à vivre, avec la différence toutefois
que dans nos cas le caractère congénital de la tendance maladive
est simulé du fait de la précocité du trauma ".
" Une tâche reste à résoudre: constater les différences plus fines
entre la symptomatologie névrotique des enfants maltraités dès le
début et celle de ceux qui sont d'abord traités avec enthousiasme,
voire avec un amour passionné, mais qu'on a laissés tomber par la
suite ".
54
6. "Délire scientifique"
54
à un parent (père ou mère) qui promet tout en apparence, mais
qui, intérieurement, refuse tout.
54
"double bind " - au sens de Bateson, origine de la frustration
infantile pathogène.
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CHAPITRE VIII
Ferenczi, pionnier.
54
1. Amitié ou amour de transfert?
54
C'est ainsi qu'il a toujours cherché à dépasser les limites d'un code
technique, même s'il a lui-même évolué vers une " spontanéité "
et un " partage d'émotions ". Il avait déjà décrit le " tact " et cette
idée - qui n'a été reprise d'abord que par Balint et Winnicott - à
savoir ce qu'il écrit dans " Élasticité technique " :
" Le résultat idéal d'une analyse finie est donc précisément cette
élasticité que la technique exige également du psychiatre ".
Les contraintes, doubles liens précoces (" l'un veut dominer plus
qu'être dominé, et l'inverse " sont mis en jeu par lui, comme pour
être exorcisés, dans cette tentative de réciprocité où les doubles
transferts vont entrer en résonance, sinon en compétition. En voici
un exemple frappant, extrait de son Journal (le 31.1.1932) :
" ... Du côté de l'analyste, l'aversion à jouer un rôle quel qu'il soit,
le refus des sentiments d'affectation, peu après apparition de flots
" maladifs" de sentiments (tristesse, bouleversement, regrets,
effondrement avec les larmes aux yeux), à l'opposé de la froideur
précédente. A cet instant même, dégel du patient, surgissement
en lui du sentiment que j'ai enfin compris (c'est-à-dire senti), sa
souffrance... "
Que faire pour que le patient puisse exercer sa critique tant qu'il
n'a pas été compris ? Comme souvent lui-même a eu tant de mal
à le faire avec Freud... " On ne peut pas se faire analyser par
chaque patient! " s'exclame-t-il, mais il faut pourtant " arrêter
l'illusion d'une perlaboration indéfinie et éviter les erreurs passées
de la fixation d'un terme ". Comment comprendre cette fin de
l'analyse, la vivre soi-même, la faire vivre au patient? Comment
dépasser ce qu'écrira Freud quelques années plus tard, en
généralisant son point de vue à l'égard de la névrose, et de celle
de Ferenczi en particulier?:
54
" Il convient de ne pas regarder comme des transferts toutes les
bonnes relations qui s'établissent entre analyste et analysé,
pendant et après J'analyse. Certaines de ces relations amicales
reposent sur des bases réelles et. se montrent viables... "
" Il est bien possible qu'avec les deux (patients) ou avec tous les
patients vous réussissiez mieux l'analyse que moi, mais il est
entendu que je n'y voie aucun inconvénient. Je suis saturé de
l'analyse comme thérapie, " fed up ", et qui d'autre pourrait mieux
la faire que vous ... ? "
54
pas permis de mener mon analyse à terme. Je regrette surtout que
dans l'analyse vous n'ayez pas percé à jour et mené à l'abréaction
chez moi des sentiments et fantasmes négatifs en partie
transférés... Certains petits faits au cours de nos voyages en
commun ont également fait apparaître en moi une certaine gêne
en particulier la sévérité avec laquelle vous avez corrigé ma
conduite obstinée dans la question du livre de Schreber. Et, je me
demande encore maintenant si la douceur et l'indulgence de la
part du représentant de l'autorité n'auraient pas été plus
appropriées...
Et Freud se compare plus loin à cet homme peu puissant qui disait
à sa femme après le premier coit: " voilà maintenant tu connais
ça, tout le reste est également toujours pareil ".
D'avoir été interpellé par Ferenczi comme " Cher ami " semble
avoir suffi pour apaiser " l'intolérance " de Freud (efficacité
relationnelle de ce lapsus), lui qui cherchait autant que Ferenczi
une relation réciproque, mais avait déjà été quelque peu échaudé
pour y croire encore. En tout cas, ce qu'il appellera plus tard une "
rechute " n'est maintenant que " mauvaise humeur dans la
relation ". A Fliess, Freud écrivait déjà :
" Rien ne peut pour moi remplacer les contacts avec un ami; c'est
un besoin qui répond à quelque chose en moi, peut-être à quelque
chose de féminin";
et l'on sait que, pour lui, c'est toujours l'ami qui est devenu
l'ennemi.
54
• le rapport à la guérison, qui est pour lui primordial;
• le rapport à l'autorité de Freud, c'est-à-dire de la
dépendance par l'intermédiaire de l'histoire du président
Schreber, dont ils parleront ensemble comme "l'incident de
Palerme " ;
• le rapport à l'abréaction des fantasmes négatifs qui étaient
impossibles dans sa propre analyse si courte avec Freud
(deux fois trois semaines), interrompue par les nécessités de
la guerre.
54
" Le refus de la féminité en ce qui concerne les femmes ne peut
être qu'un fait biologique, une partie du grand mystère de la
sexualité... "
" Tout patient mâle doit faire la preuve qu'il a surmonté sa peur de
la castration, en arrivant à se sentir sur un pied d'égalité de droits
avec son médecin. Toutes les malades femmes, pour que leur
névrose paraisse complètement liquidée, doivent en avoir fini
avec leur complexe de virilité et accepter sans rancœur toutes les
possibilités concevables de leur rôle féminin".
" Cet objectif 'de l'analyse correspond à peu près à l'exigence que
Groddeck pose à ses patients de raviver la naïveté paradisiaque.
La différence entre lui et moi, c'est qu'il s'efforce d'atteindre ce
but directement... "
54
Freud préfère faire un glissement de Ferenczi à Groddeck, qu'il
accusait par ailleurs de " furor sanandi " et ne pas prendre en
considération les éléments originaux qu'apporte Ferenczi; il
préfère élever le débat vers le travail infini (unendlich), c'est-à-dire
le processus psychique " interminable " enclenché par l'analyse, et
c'est ici qu'il suggère une tranche d'analyse indispensable à
l'analyste, par exemple " tous les cinq ans " (pourquoi d'ailleurs
cinq ? Ne serait-ce pas l'effet récurrent de l'écart numérique entre
28 et 23 ? ... ).
54
Précisément, qu'en est-il de ce " Godfather ", ce parrain
caractériel, si exposé lui-même " aux dangers de l'analyse " ? Ces
dangers sont bien sûr ceux encourus face à la " puissance du sexe
féminin " : non seulement son pouvoir biologique de procréation
(sans obéir aux calculs sorciers d'un Fliess investi d'un tout-savoir
phallique), mais aussi le pouvoir paradoxal de son infériorité, car :
3. Ferenczi, le parrain?
54
dit, à qui veut l'entendre, la patiente; ce qui revient très vite aux
oreilles de Freud, et n'a rien à voir avec la relation passionnée et
douloureuse qui a bouleversé Ferenczï, Gizella et Elma, son
éphémère fiancée.
Plus encore, on peut lire dans cette lettre comme une leçon que
Freud ne supportera pas bien:
54
" Les plus jeunes d'entre nos collègues trouveront cela difficile de
s'arrêter dans les relations engagées au point où ils se proposaient
de le faire à l'origine, et Ferenczi, le parrain, se dira peut-être, en
regardant la scène animée qu'il a créée: "peut-être aurais-je dû
m'arrêter avant le baiser dans ma technique d'affection
maternelle". Aucune dissertation sur les dangers de la néo-
catharsis ne pourra rien y changer; de toute façon, il ne faut pas
prendre le risque de ce danger ".
54
et critique explicitement l'attitude analytique habituelle :
54
d'un cas de répétition d'une situation père-enfant: quand elle était
enfant, son père, qui ne se possédait plus, avait commis sur elle
un abus sexuel poussé très loin; mais elle fut ensuite calomniée en
quelque sorte par son père, manifestement à cause de la
mauvaise conscience et de l'angoisse sociale de celui-ci. La fille
dut se venger de son père de façon indirecte, par l'échec de sa
propre vie".
54
passer ceux qu'il aimait par-dessus tout, justement pour leur
indépendance et leur liberté, du fait même de leurs positions de
pionniers et de leurs déviances potentielles.
54
Après la parution du tome Ill de la biographie de Freud par Jones,
Balint s'est décidé à écrire à l'éditeur. Voici un extrait de sa lettre :
Réponse de Jones :
54
concernait les dernières années, manifestement une inexactitude!
"
54
du racisme. Face à une douleur, une réaction paranoïaque fait
l'économie de cette souffrance par déplacement. Dénégation de
l'amour et projection de la haine:
" ... Plus d'une étude qui, plus tard, a eu sa place dans la
littérature sous son nom ou sous le mien, a pris forme tout d'abord
lors de ces discussions";
Notice nécrologique :
54
Sàndor Ferenczi
par
Sigmund Freud
" Nous avons fait l'expérience que les vœux n a coûtent guère,
aussi nous nous faisons généreusement cadeau les uns aux autres
des vœux les meilleurs et les plus chaleureux, dont le premier est
le vœu d'une longue vie. Une petite histoire orientale bien connue
dévoile l'ambivalence de ce vœu précisément. Le sultan invite
deux sages à lui préparer un horoscope. Tu seras heureux,
Seigneur, dit l'un d'entre eux, car il est écrit dans les étoiles que
tu verras mourir avant toi tous tes proches. Ce devin sera
exécuté. Tu seras heureux, dit aussi l'autre, car je lis dans les
étoiles que tu survivras à tous tes proches. Celui-ci sera richement
récompensé. Les deux ont exprimé le même accomplissement de
désir.
54
Lorsque la guerre mondiale a éclaté et a mis fin à notre liberté de
mouvements, paralysant en même temps notre activité
psychanalytique, Ferenczi a utilisé cette pause pour commencer
son analyse avec moi, interrompue ensuite par sa mobilisation
dans l'armée, mais qui a pu être poursuivie plus tard. Le
sentiment d'un lien mutuel sûr qui s'est développé entre nous au
cours de tant d'événements partagés, n'a été perturbé par rien,
même quand à un stade, malheureusement trop tardif de sa vie, il
s'est attaché l'excellente femme qui aujourd'hui le pleure comme
sa veuve.
54
les cercles analytiques. Nous avons appris qu'un seul problème
occupait tout son intérêt: l'aspiration à guérir et à aider est
devenue sa préoccupation principale. Il s'était probablement fixé
des objectifs qu'avec nos moyens thérapeutiques d'aujourd'hui il
est impossible d'atteindre. De sources affectives non taries
naissait sa conviction qu'on pourrait obtenir de bien meilleurs
résultats avec les malades si on leur donnait beaucoup plus de cet
amour après lequel ils languissaient, dans leur enfance. Il essayait
d'inventer un moyen de réaliser cela dans le cadre de la situation
analytique, et comme il n'avait pas obtenu de succès dans ce
domaine, il s'était tenu à l'écart. Il semble qu'il n'était plus non
plus certain que tel ou tel de ses amis soit d'accord avec lui. Où
qu'ait pu le conduire le chemin qu'il a emprunté, il n'a pas pu le
parcourir jusqu'au bout. Peu à peu se sont développés en lui les
signes de ce processus de destruction physique qui probablement
jetait une ombre sur sa vie depuis des années. Il est mort d'une
anémie pernicieuse, peu avant sa soixantième année. Il n'est pas
pensable que l'histoire de notre science le laisse tomber dans
l'oubli".
EN HONGRIE
54
Après la disparition de Ferenczi, l'École hongroise, psychanalytique
mais aussi socio-anthropologique, sera dominée par deux
personnalités: Imre Hermann et Géza Roheim. Une étude
approfondie s'imposerait à ce propos. Brièvement nous pouvons
constater que, décédé le 22.2.1984, Hermann était un des
signataires d'une pétition en faveur de dirigeants communistes
arrêtés en 1919 et qui, avec Ferenczi, proposaient leurs services à
l'éphémère République des Conseils. Un de ses premiers livres,
traduit en français sous le titre " L'Instinct filial ", paru à Budapest"
en 1943, disparut des librairies hongroises et ne fut plus réédité
en hongrois; il y soutient, entre autres, que c'est "le refoulement
d'une pulsion (qui) conduit à l'agression: par exemple, si je ne
peux pas me cramponner facilement, alors je vais me cramponner
de force " ; quand le nourrisson se cramponne à sa mère, ce n'est
pas agressif, c'est amical, ça fait vivre " . L'on peut reconnaître
aisément l'emprunt fait au Ferenczi de la " Confusion des langues
" dans cette observation d'un double message produit par l'enfant
vers la mère, à l'occasion de ce langage gestuel primordial: si le
geste vital est perçu à tort comme agressif, c'est un engrenage
précoce des confusions qui s'installe.
EN ANGLETERRE
54
rural, dans le cadre du service de guidance infantile du West
Sussex, puis en 1952 une clinique de thérapie de l'enfant, futur
Hampstead Center; on y inaugure la psychanalyse simultanée de
l'enfant et de sa mère.
Mélanie Klein avait fait une analyse à Budapest avec Ferenczi, puis
en fit une autre à Berlin avec Karl Abraham. Deux constatations
conduisent sa recherche: l'incompatibilité d'une attitude éducative
avec l'analyse et la nécessité d'une analyse approfondie du
complexe d'Oedipe chez l'enfant. Après le congrès de 1927, où
Joan Riviere et Ernest Jones approuvèrent Mélanie Klein, elle
insista toujours plus sur l'importance du Surmoi précoce et la
possibilité du transfert chez l'enfant. A saisir le développement du
kleinisme, toujours plus opposé aux positions d'Anna Freud, on
peut reconnaître aujourd'hui comme beaucoup plus proche de
Ferenczi l'opinion d'Anna Freud, qui préférait une mise en chantier
de l'analyse en deux temps, avec un temps préparatoire, en
s'intéressant précisément aux parents réels avant d'aborder les
jeux fantasmatiques avec les images intériorisées. Dès 1923,
Mélanie Klein met en place une thérapie de l'enfant par le jeu,
dans la nursery ou au domicile de l'enfant, théorisant, en
confirmation des opinions d'Abraham, le rapport entre psychose
infantile et sadisme oral, entre phase schizo-paranoïde et
incorporation cannibalique. Si Ferenczi est toujours assez critique
à son égard, il lui reconnaît aussi des qualités.
54
trouvaient chez Anna Freud, à Londres. Quand, en 1945, Gizella
quitte la Hongrie avec sa fille Magda, pour rejoindre son autre fille
Elma, en Suisse, à Berne, elle a emporté les lettres de Freud avec
elle. Vers 1947, Gizella a demandé à Anna Freud de lui donner les
lettres de Sandor; cette dernière a accepté de lui donner les
lettres manuscrites, mais elle a demandé en échange d'avoir des
photocopies de toute la correspondance entre Freud et Ferenczi.
Ainsi, la totalité des lettres manuscrites originales s'est trouvée
être la propriété de Gizella Ferenczi. Après sa mort, les lettres se
sont retrouvées chez ses filles: Magda Ferenczi (mariée à un autre
membre de la famille Ferenczi, Louis) et Elma Laurvick. Michael
Balint était l'exécuteur littéraire de Ferenczi, à la demande de
Gizella; les lettres ont donc abouti chez lui et, après sa mort, tout
naturellement chez sa femme Enid Balint, elle-même analyste.
Depuis longtemps déjà, M. Balint avait dactylographié les lettres
pour qu'elles soient prêtes pour une éventuelle publication,
souhaitée par la famille Ferenczi et par lui-même. Enid Balint a fait
faire des photocopies de cette version dactylographiée et en a
remis un exemplaire à l'actuel exécuteur littéraire de Ferenczi,
Judith Dupont. Tout est donc prêt pour qu'une publication puisse
avoir lieu ".
54
conflits entre Freud et Ferenczi, établissant les nuances entre
régression maligne - comme chez Anna O. - et les régressions
moins graves. Ainsi repère-t-il des régressions au service du Moi,
la régression au traumatisme et à la situation satisfaisante
prétraumatique, où il est important que l'analyste évite de devenir
" omnipotent ", ou d'apparaître tel aux yeux de son patient, tout
en tenant le rôle d'une véritable substance primaire,
indestructible, qui ne se " préoccupe pas de maintenir des limites
nettes entre le patient et lui-même (... ) sans pour autant faire au
patient quelque promesse que ce soit ".
Avec des concepts comme " l'amour primaire ", " l'analyste discret
" pour " surmonter l'abîme ", les travaux de Balint sont en partie la
continuation, l'illustration et l'éclaircissement des descriptions
cliniques de Ferenczi. Mais s'il est universellement reconnu, c'est
grâce à la mise au point d'une nouvelle formation des médecins:
les " groupes Balint ".
" On voit donc que l'œuvre de Mélanie Klein, sur les mécanismes
de défense par scission, et sur les projections et les introjections,
etc. constitue une tentative pour définir en fonction de l'individu
les effets de la faillite de l'environnement".
" La mère chaotique " ouvre une description qui sera reprise par
Bateson, mais déjà repérable chez Ferenczi dans ce qu'il désignait
la " relation mère-enfant archi-super-traumatique ".
" De toutes sortes de façons, et surtout dès que les mots peuvent
être utilisés, cette mère n'a pas cessé d'embrouiller tout pour ma
malade, et elle n'a jamais rien fait d'autre. Elle n'était même pas
toujours mauvaise mère. Parfois elle était très bonne mère, mais y
mêlant toujours des désordres et des actions véritablement
traumatiques ".
C'est ainsi qu'il parle des " parents dépressifs " qui mettent
l'enfant en position de garde-malade ou de psychiatre, et qu'il
souligne, comme Ferenczi l'a fait maintes fois avant lui, que, pour
ces enfants surmenés, " l'intelligence a été prostituée et utilisée à
prévoir les humeurs et les tendances parentales complexes ".
54
Winnicott, considéré et admiré en France comme une
psychanalyste original. Ses concepts d'" objet et espace
transitionnel " et sa notion du " visage de la mère comme
précurseur du miroir pour l'enfant" (s'inspirant du "Stade du
Miroir" de J. Lacan) lui permettent la description du " holding ", "
handling " et de l'" object-presenting ", où est repérée " la
capacité particulière de la mère de s'adapter aux besoins de son
bébé, permettant ainsi à celui-ci d'avoir l'illusion que ce qu'il crée,
existe réellement ".
AUX ÉTATS-UNIS
54
Elle souligne aussi la parenté des tentatives de Ferenczi avec les
développements de Rosen, Moreno, Fromm-Reichmann, etc.
EN FRANCE
54
Notons aussi les travaux de Nicolas Abraham et Maria Torok avec
les notions de séquestre, de fantôme et de crypte. Dans "L'objet
perdu-moi ", M. Torok apporte cette précision: " C'est cet élément
de réalité si douloureusement vécu, mais échappant de par sa
nature indicible à tout travail de deuil, qui a imprimé à tout le
psychisme une. modification occulte " ; et, dans " Topique
réalitaire " : " l'effet du trauma est donc d'arrêter le processus
d'introjection (... ) les mots du sujet ont été frappés d'une
catastrophe qui les a mis hors circuit (... ) le fantôme s'oppose à
l'introjection libidinale, c'est le témoin de l'existence d'un mort
enterré en l'autre... "
54
frustrations réelles dont Attila avait souffert le long de sa vie
n'eussent pu avoir raison de sa volonté de vivre. Il a fallu la
situation particulière de la psychanalyse pour le précipiter dans sa
maladie fatale. Pour comprendre son intolérance aux exigences
d'une psychanalyse classique, il suffira de lire la poésie ci-après.
Elle date d'avant 1932 et relate, selon le récit d'une sœur aînée,
de quelle étrange façon celle-ci l'alimentait en l'absence de leur
mère, lorsqu'il n'avait pas encore ses dents. L'effroyable justesse
de son intuition de bébé en détresse fait de ce chef-d’œuvre
poétique un authentique document humain... "
CAUCHEMAR
La mamelle du biberon
54
En avalant, glapit et cherche.
Il a la tête cramoisie,
54
" Il doit faire ses dents " dit-elle
Ce " coupable innocent " comme l'écrit Eva Brabant était un des
grands poètes hongrois, ainsi que Sàndor Petôfi, poète et militant
de la Commune de 1848, et Endre Adv, héros du patriotisme
démocratique et ami de la famille Ferenczi.
A l'instar de Jozsef Attila, Ferenczi veut être celui qui n'oublie pas.
Le cauchemar, pour lui, n'est pas seulement création onirique,
mais témoignage d'une torture d'enfance, cauchemar vécu,
aisément banni de la mémoire, sauf à celui qui, tel un poète, est
capable d'en réinventer le tragique. Ce sadisme nourricier
dépasse la fiction, comme toute réalité assassine: " Seul un
homme accouchant de dieux, vivrait ce cauchemar de monstre ".
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Conclusion
54
Si Ferenczi est bien celui " qui a fait la psychanalyse " suivant la
formule de Wladimir Granoff, c'est au plus tranchant de ce qu'elle
peut représenter: une démarche agnostique et subversive,
scientifique dans son objet, militante dans sa pratique.
54
s'affronte aux limites de sa pratique, même si, du tact au contact,
de la tendresse à l'analyse mutuelle, certaines cures se trouvent
dans une impasse, la dépendance de l'analyste vis-à-vis de son
analysante-analyste ayant des effets difficilement prévisibles.
54
de Ferenczi
54
" Paranoïa " in: Topique 19.
54
Août: vacances avec Freud (Leyde, Paris, Florence, Rome, Naples,
Palerme, Syracuse).
Été: JUNG part seul aux USA, donc pas de congrès possible.
54
Arpad, le petit homme-coq ", t. Il. " Critique des métamorphoses "
de JUNG.
" Névrose de guerre ", " Le silence est d'or ", etc.
Mort de Schächter.
54
Première chaire d'enseignement de la psychanalyse. G. ROHEIM
préside à l'enseignement de l'anthropologie, et G. REVESZ à celui
de la psychologie expérimentale.
Congrès, Baden-Baden.
54
Rank publie son " Traumatisme de la naissance " ; travail en
commun avec lui à leur livre: " Perspectives de la psychanalyse ",
O.C., t. Ili.
Congrès d'Oxford.
Première édition de " Thalassa ", " Rêve du nourrisson savant ".
américains.
54
1928 Février: commence à Budapest une série de conférences
publi-
CZI.
précoce " par FREUD; son " affaire c'est la recherche ", écrit-il.
Édition hongroise de " Thalassa " sous un autre titre: " Castas-
54
concevoir que FERENCZI comme Président.
t. IV.
insurmontables.
gressive.
congrès.
54
Congrès de Wiesbaden: " Confusion des langues".
anémique.
IV.
Après-guerre
54
" DANS CETTE MAISON A TRAVAILLÉ DE 1930 À 1933 LE DR
FERENCZI SÀNDOR, NEUROLOGUE, PSYCHANALYSTE, CHERCHEUR,
ET THÉRAPEUTE DES MALADIES MENTALES.
Dans sa lettre de félicitations (le 28.5.1930) FREUD lui écrit: " Une
inspection de votre nouvelle adresse est bien sûr très tentante. Je
ne peux prévoir si je resterai assez valide. Mais elle deviendrait
des plus urgentes s'il se révélait par des fouilles dans votre jardin,
qu'autrefois déjà, c'était là l'emplacement d'une villa romaine dont
le propriétaire avait même séjourné en Égypte, et en aurait
rapporté maints souvenirs... "
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Conclusion
Si Ferenczi est bien celui " qui a fait la psychanalyse " suivant la
formule de Wladimir Granoff, c'est au plus tranchant de ce qu'elle
peut représenter: une démarche agnostique et subversive,
scientifique dans son objet, militante dans sa pratique.
54
comme modèle de l'imagination scientifique, " Thalassa " peut
être considéré aujourd'hui comme un texte précurseur des
recherches modernes, notamment celle du mathématicien René
Thom, qui n'hésite pas à utiliser des analogies symboliques entre
l'embryologie, la linguistique et l'éthologie, et à développer la
théorie dite des catastrophes. Ainsi, cette évolution de la sexualité
par adaptation aux catastrophes de l'environnement, telle que
Ferenczi l'a proposée, trouve-t-elle sa place dans le vaste
ensemble de la théorie générale des systèmes ouverts: évolution
moléculaire mais aussi cosmique, géologique et prébiologique,
avant l'évolution des espèces et l'application de ces théories aux
systèmes humains.
54
demandé au patient. Jusqu'où une analyse mutuelle est-elle
possible ?...
54
1849 Après la capitulation des insurgés, il s'installe comme libraire
à Eger, puis à Miscolcz. Épouse Rosa Eibenschütz, Viennoise
d'origine polonaise (en 1858); elle a dix ans de moins que lui.
54
" La valeur thérapeutique de l'hypnose ".
54
Août: rejoint FREUD dans les Dolomites.
Été: JUNG part seul aux USA, donc pas de congrès possible.
54
Problèmes des nationalismes balkaniques; opposition croissante
entre Serbes et Croates. 28 avril: assassinat de François Ferdinand
à Sarajevo.
" Névrose de guerre ", " Le silence est d'or ", etc.
Mort de Schächter.
54
1" août: invasion des armées roumaines; terreur blanche
antisémite; régime de Horthy.
Congrès, Baden-Baden.
54
Congrès d'Oxford.
Première édition de " Thalassa ", " Rêve du nourrisson savant ".
américains.
54
CZI.
précoce " par FREUD; son " affaire c'est la recherche ", écrit-il.
Édition hongroise de " Thalassa " sous un autre titre: " Castas-
54
Août: début de la rédaction régulière de " Notes et fragments ",
t. IV.
insurmontables.
gressive.
congrès.
54
décembre: amélioration de son état sanguin.
anémique.
IV.
Après-guerre
54
SOCIÉTÉ HONGROISE DE PSYCHIATRIE. GROUPE DE TRAVAIL
PSYCHANALYTIQUE. "
Dans sa lettre de félicitations (le 28.5.1930) FREUD lui écrit: " Une
inspection de votre nouvelle adresse est bien sûr très tentante. Je
ne peux prévoir si je resterai assez valide. Mais elle deviendrait
des plus urgentes s'il se révélait par des fouilles dans votre jardin,
qu'autrefois déjà, c'était là l'emplacement d'une villa romaine dont
le propriétaire avait même séjourné en Égypte, et en aurait
rapporté maints souvenirs... "
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54