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B 282
Fracture bimalléolaire
chez l’adulte
Mécanisme, diagnostic, traitement
DR Jean-Christophe LAMBOTTE, PR Frantz LANGLAIS
Service de chirurgie orthopédique, traumatologique et réparatrice, CHU hôpital Sud, 35056 Rennes.
B
A
D
A B
I II
1. Inspection
L’inspection précise la déviation du pied en dehors
(« coup de hache » externe) et une saillie interne dans les
X
fractures par rotation ou abduction ; à l’inverse, une
déviation du pied en dedans et une saillie externe dans
les fractures par adduction.
Les déformations sont rapidement masquées par œdème Y
et hématome.
5°
20/2
2. Palpation
Elle recherche des points douloureux exquis : de la
malléole latérale ou haut situés sur la fibula ; en regard
de la malléole médiale ou en dessous sur le trajet du
ligament collatéral médial.
3. Recherche des complications et critères
de gravité
• Cutanés : ecchymose, abrasion, phlyctènes, décolle- 5 Radiographie de la cheville.
ment, ouverture (qui expose donc l’articulation). À noter que le cliché « de face » doit se faire pied en rotation interne
• Vasculo-nerveuses : évaluation de la vascularisation pour être bien perpendiculaire à l’axe de la pince bimalléolaire.
distale des orteils plus que pouls distaux, difficiles à
palper sur une cheville sévèrement traumatisée ; atteinte
du nerf fibulaire commun (sensibilité du dos du pied et
motricité des extenseurs des orteils).
• Déplacement important : faisant craindre une luxation
talo-crurale avec forte menace vasculaire et cutanée,
et justifiant une réduction précoce après bilan radio-
graphique. 3
• Impaction ostéocartilagineuse tibiale ou fracture
ostéochondrale du dôme du talus sur les radiographies. 1'
6
Radiographies 4
L’examen complémentaire essentiel d’une fracture 5
1 2
bimalléolaire est la radiographie : elle doit être parfaite-
ment bien réalisée, en urgence, chez un malade soulagé
par un traitement antalgique immédiat.
Elle doit être répétée après une éventuelle réduction.
• Le cliché de cheville de face (fig. 5) doit se faire le
pied en rotation interne de 20˚ pour que les rayons
soient perpendiculaires à l’axe de la mortaise, et pouvoir
ainsi apprécier le parallélisme entre les 3 surfaces arti- 6 Traits et déplacements recherchés dans les fractures bimalléolaires.
culaires. De face :
• Le cliché de cheville de profil strict complète l’inci-
dence de face. 1 – fibula ascensionnée (augmentation de la distance tubercule du
talus-pointe de la malléole latérale) ;
• Le cliché jambe de face en entier a pour but d’objectiver 1’– fragment fibulaire ;
une fracture haut située de la fibula (Maisonneuve). 2 – décalage des fragments malléolaires médiaux ;
• Le bilan radiographique recherche (fig. 6) : la situa- 3 – diastasis tibio-fibulaire et élargissement de l’espace joue du talus-
tion et la direction des traits de fracture ; un fragment base de la malléole médiale ;
malléolaire postérieur ; une lésion ostéochondrale 4 – perte du parallélisme talo-tibial (enfoncement latéral).
(impaction tibiale ou fracture du talus) ; une luxation De profil :
(perte de contact des surfaces articulaires). 5 – subluxation postérieure du talus ;
6 – ascension du fragment marginal postérieur.
Évolution
Elle est conditionnée par la qualité de la réduction La consolidation est obtenue en 3 mois sans séquelles en
obtenue par le traitement et la survenue éventuelle de cas d’évolution favorable.
complications. Mais des complications secondaires sont possibles.
• Cutanées, d’apparition secondaire, elles font courir chirurgical de plusieurs jours en attendant : la diminu-
un risque septique important ; prévenues par immobili- tion de l’œdème, la résorption de l’hématome, l’amélio-
sation et surélévation. ration de la souffrance cutanée, mais rend difficile un
• Infectieuses surtout après fracture ouverte ; prévenues traitement orthopédique car peut s’aggraver sous plâtre.
par antibioprophylaxie adaptée.
• Non spécifiques, de décubitus et dues à l’immobilisation 2. Possibilités de réduction
plâtrée (thrombophlébite, cutanées, compression) ; pré- La complexité des traits de fracture, ou une interposition
venues par la surveillance du plâtre et la prophylaxie ligamentaire (ligament collatéral médial rompu dans
antithrombotique systématique pendant 3 mois. fracture équivalent de bimalléolaire) peut rendre impos-
• Osseuses avec la survenue d’une algodystrophie ; sible une réduction orthopédique.
prévenues par la rééducation précoce. Une impaction ostéochondrale nécessite une réduction
• Spécifiques du traitement orthopédique : chirurgicale.
– déplacement secondaire : sa recherche justifie une
surveillance radiographique hebdomadaire initialement ; 3. Stabilité prévisible
sa survenue nécessite une reprise souvent chirurgicale ; Sont des critères d’instabilité : les lésions des moyens
– pseudarthrose de la malléole médiale (par définition d’union (ligaments et membrane interosseuse), un trait
au-delà du 6e mois) ; à opérer si symptomatique. malléolaire tibial atteignant le toit de la mortaise, un
• Spécifiques du traitement chirurgical, communes à fragment malléolaire postérieur volumineux (on parle
toute ostéosynthèse : nécrose cutanée, infection sur de fracture du pilon tibial au-delà d’un tiers de la surface
matériel, conflit avec le matériel justifiant son ablation articulaire sur la radiographie de profil), l’existence
après consolidation. d’une luxation initiale.
• Complications tardives : douleurs et troubles tro- Plus la fracture associe des critères d’instabilité, plus le
phiques, dominées par les cals vicieux, conséquence traitement est volontiers chirurgical car ainsi moins
d’une mauvaise réduction ou d’un déplacement secon- menacé par les déplacements secondaires.
daire, elles peuvent être responsables de douleurs, d’une
raideur, d’une instabilité et de troubles de la marche ; Traitement orthopédique
arthrose talo-crurale post-traumatique évoluant après cal
vicieux ou lésion chondrale sévère. Il est réalisé sous anesthésie (générale ou locorégionale)
dans le cas – le plus fréquent – de nécessité de réduction
par manœuvre en sens inverse du déplacement sous
Traitement contrôle radioscopique, suivie d’une immobilisation ini-
tiale souvent par plâtre cruro-pédieux (immobilisation
La prise en charge thérapeutique initiale après bilan des articulations sus- et sous-jacentes) pour bloquer les
radiographique associe : administration d’antalgiques rotations, genou fléchi à 30˚ et cheville à 90˚.
par voie parentérale ; en cas de fracture ouverte, une Il impose un contrôle radiographique et une reprise
antibioprophylaxie parentérale (association céphalospo- (orthopédique ou chirurgicale) en cas de déplacement
rine et aminoside) et prophylaxie antitétanique en cas de secondaire, facilité par la résorption de l’œdème et des
non-vaccination sont associées ; réduction d’un déplace- hématomes.
ment important menaçant l’intégrité cutanée ; immobili- Le plâtre cruro-pédieux est relayé par une botte plâtrée à
sation au mieux par une attelle postérieure plâtrée ; sur- partir de la 6e semaine, qui peut être conservée jusqu’à
élévation du membre traumatisé pour lutter contre la fin du 3e mois post-traumatique.
l’œdème ; prophylaxie antithrombotique immédiate si La rééducation est débutée dès l’ablation du plâtre.
décision certaine de traitement orthopédique : elle couvrira L’appui n’est envisagé que lorsque la consolidation est
systématiquement toute la période de restriction d’appui. obtenue, donc à partir du 3e mois.
Le traitement définitif peut être soit orthopédique, soit
chirurgical. L’objectif est toujours la reconstitution Traitement chirurgical
d’une pince tibio-fibulaire de morphologie anatomique
et un parfait centrage du talus de face et de profil. Il est réalisé en condition d’asepsie rigoureuse (chirurgie
Le choix est guidé par : l’état cutané, les possibilités de osseuse et articulaire), avec contrôles radiographiques
réduction, la stabilité prévisible selon l’analyse radio- peropératoires.
graphique des traits de fractures. Il peut nécessiter le recours exclusif à un fixateur externe
dans le cas d’une ouverture cutanée sévère (stade III de
Cauchoix) ou d’une souffrance cutanée non contrôlable.
Arguments du choix thérapeutique Il fait appel au mieux à une ostéosynthèse directe, dont
les différents temps sont bien codifiés : ostéosynthèse de
1. État cutané la malléole latérale restaurant la longueur normale, par
• Une fracture ouverte est traitée chirurgicalement en vis ou broches isolées en cas de trait simple, sinon par
urgence (délai inférieur à 6 h). plaque vissée ; ostéosynthèse de la malléole médiale par
• Un mauvais état cutané fait différer un traitement 1 ou 2 vis si le fragment est assez volumineux, sinon par
haubanage ; ostéosynthèse par vis d’un éventuel fragment • La tolérance du plâtre est régulièrement évaluée :
tibial postérieur s’il n’est pas anatomiquement réduit par chaleur, coloration, mobilité active et sensibilité des
le maintien du pied à angle droit par rapport à la jambe orteils (compression). L’état cutané est surveillé et une
(contrôle radiographique de profil) ; réparation par suture fenêtre est réalisée en cas de besoin.
d’un ligament tibio-fibulaire antérieur rompu ou d’un • Les radiographies de contrôle sont réalisées en cas de
ligament collatéral médial en cas de fracture équivalent traitement orthopédique à J7, J15, J21, J45, J60 et J90
de bimalléolaire. et à J5 après réfection du plâtre postopératoire, J45 ou
L’immobilisation postopératoire est assurée par une 60, et J90 en cas de traitement chirurgical.
botte plâtrée pendant 6 à 8 semaines, puis une rééducation • La surveillance biologique dépend de la prophylaxie
est débutée ainsi que la reprise d’appui lors de la conso- antithrombotique : par héparine de bas poids moléculaire :
lidation. numération plaquettaire bihebdomadaire jusqu’à J15,
puis hebdomadaire ; par antivitamines K : dosage hebdo-
Critères de réussite du traitement (fig. 7) madaire de l’INR. ■
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POUR EN SAVOIR PLUS
Langlais F. Fractures bimalléolaires. Encycl Med Chir (Paris : Elsevier).
A Tech Chir Orthop Traumat 44-877, 14 p.