Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
A7
Dyspnée aiguë
Orientation diagnostique
Pr Jean-Charles DALPHIN, Dr André DUBIEZ
Service de pneumologie, CHU, 25030 Besançon cedex
supérieures : étendue.
– la notion d’ingestion récente d’un corps étranger (surtout Une surinfection, un facteur spastique, une prise de séda-
chez l’enfant), impose la manœuvre de Heimlich (voir : tifs sont souvent incriminés. Des complications évolutives
pour approfondir / 1) ; propres peuvent être également en cause (pneumothorax
– l’état d’asphyxie aiguë fait imposer en urgence une tra- sur rupture de bulles d’emphysème, hémoptysie sur dila-
chéotomie de sauvetage. tation des bronches, cancer bronchique lié au tabagisme).
Devant des signes d’épuisement respiratoire et d’insuffi- Sont en faveur du diagnostic de BPCO : l’existence de fac-
sance respiratoire aiguë, on réalise : teurs de risque (tabac notamment) ; l’exacerbation d’une
– oxygénothérapie, ventilation au masque ; dyspnée préexistante ; l’existence d’expectorations (BC,
– libération des voies aériennes ; DDB) ; un hippocratisme digital (DDB) ; une distension
– pose d’une voie centrale (ou de 2 voies périphériques) ; thoracique; l’existence de signes d’insuffisance cardiaque
– en fonction de l’évolution au cours des premières droite ; une encéphalopathie respiratoire ; des signes radio-
minutes, intubation laryngo-trachéale et transfert en ser- logiques (distension, emphysème, DDB) ; le profil des gaz
vice de réanimation respiratoire. du sang (hypercapnie et acidose respiratoire) ; une poly-
Ne devront pas être méconnus : globulie qui traduit une hypoxie chronique.
– le pneumothorax suffocant ou « à soupape », responsable • Asthme : le diagnostic est habituellement facile devant
d’un refoulement médiastinal du côté opposé avec signes une bradypnée expiratoire et sifflante, des râles sibilants et
de gravité respiratoires et surtout hémodynamiques, qui les données anamnestiques : asthme connu, interrogatoire
impose la décompression en urgence à l’aiguille puis le (+ carnet de santé), épisodes antérieurs de dyspnée paroxys-
drainage thoracique ; tique, prise de bronchodilatateurs, facteurs déclenchants
– un hémothorax aigu avec déglobulisation, le plus souvent (saisonnier, environnemental…). On s’attachera à recherche
post-traumatique ou dans les suites d’un geste chirurgical. les signes de gravité.
Il impose un remplissage vasculaire et un drainage. • Plus rarement, pourront être rencontrés :
– une tumeur bronchique qui peut se manifester par une
symptomatologie d’obstruction bronchique avec whee-
Diagnostic étiologique zing ; il s’agit surtout de tumeurs malignes d’évolution
rapide, plus rarement de tumeur à malignité réduite ; on en
rapproche les compressions par une tumeur médiastinale ;
Il repose sur la conjonction de signes cliniques, radiolo-
– un corps étranger intrabronchique.
giques et biologiques ; mais, de façon pratique, le diagnostic
• Deux états pathologiques peuvent avoir une présenta-
est souvent orienté en fonction des premiers éléments de
tion inhabituelle. L’insuffisance ventriculaire gauche peut
l’examen clinique : existence ou non des bruits anormaux
parfois se manifester à l’auscultation par une association
ou d’une asymétrie pulmonaire à l’examen physique
de râles crépitants et de signes d’obstruction bronchique
(notamment à l’auscultation).
avec freinage expiratoire et râles sibilants.
L’embolie pulmonaire peut également se manifester de
Dyspnée façon atypique par une réaction d’obstruction bronchique
avec bruits pulmonaires anormaux dyspnéisante pouvant simuler une crise d’asthme.
1. Dyspnée (ou bradypnée) inspiratoire 3. Dyspnée avec râles crépitants
avec tirage (et parfois cornage) • Râles diffus et bilatéraux ; on évoque :
Elle évoque un obstacle au niveau des voies aériennes supé- – un œdème aigu du poumon (OAP) lié à une insuffisance
rieures ou de la trachée : ventriculaire gauche aiguë ou subaiguë (orthopnée) ; on s’ai-
– corps étrangers, en particulier chez l’enfant ; dera du contexte (cardiopathie connue, hypertension arté-
– œdème glottique (post-traumatique ou œdème de rielle), de l’auscultation cardiaque (galop gauche, souffle,
Quincke) ; trouble du rythme), de l’électrocardiogramme (ECG) (ondes
– épiglottite infectieuse ou laryngite ; Q de nécrose, hypertrophie ventriculaire gauche, trouble de
– sténose laryngée ou trachéale : inflammatoire (post-intu- la repolarisation) ; les images radiologiques sont de type
bation), tumorale ou compressive (goitre plongeant) ; alvéolaire, bilatérales, en ailes de papillon avec flou péri-
– exceptionnellement, paralysie des muscles dilatateurs de hilaire, et habituellement associées à une cardiomégalie (fig.
la glotte (ou syndrome de dysfonction des cordes vocales). 1) ; un émoussement des culs-de-sac pleuraux est fréquent ;
le diagnostic sera confirmé par l’épreuve thérapeutique, puis
2. Dyspnée à prédominance expiratoire ultérieurement argumenté par l’échographie cardiaque (car-
(avec râles bronchiques ou râles sibilants) diomyopathie, valvulopathies, endocardite, infarctus…) ou
Elle fait évoquer en priorité une bronchopneumopathie la fraction d’éjection isotopique ;
chronique obstructive (BPCO) en poussée ou un asthme. – un œdème lésionnel, toxique ou infectieux pouvant évo-
• BPCO avec insuffisance respiratoire chronique en luer vers un syndrome de détresse respiratoire aiguë
poussée. Il s’agit d’un épisode évolutif ou d’une (SDRA) ;
complication d’une bronchite chronique (BC) obstructive, – une maladie infiltrative diffuse aiguë du poumon (alvéo-
d’un emphysème ou d’une dilatation des bronches (DDB) lite allergique extrinsèque, pneumopathie médicamenteuse,
1 2 3
Œdème aigu du poumon. Opacités Pneumopathie infectieuse étendue. Embolie pulmonaire (infarctus pul-
alvéolaires bilatérales à prédominance Opacités alvéolaires de tout le poumon monaire). Opacité rétractile de la base
périhilaire ; émoussement des culs-de-sac droit ; quelques opacités alvéolaires gauche avec ascension de la coupole dia-
pleuraux ; cardiomégalie. controlatérales en situation périhilaire. phragmatique.
fois justifier un cliché en expiration pour être authentifié compressif refoulant le médiastin (fig. 5).
sans équivoque) ; la recherche des signes de mauvaise tolé- • Un trouble de ventilation (atélectasie) est associé à une
rance pouvant justifier un geste thérapeutique immédiat est matité et à une perception normale ou augmentée des vibra-
systématique. tions vocales.
• Une pleurésie est associée à une matité franche, dite « de Le cliché thoracique montre une opacité systématisée et
bois », et à une abolition des vibrations vocales. Le cliché rétractile qui peut donner un aspect de « petit poumon blanc »
thoracique confirme le diagnostic. En cas d’épanchement en cas d’obstruction d’une bronche souche (fig. 6). L’obs-
massif, l’aspect radiologique est celui d’un poumon blanc truction est soit intrabronchique (tumeur, sécrétions bron-
4 5 6
Pneumothorax compressif du pou- Pleurésie droite massive. Opacité Atélectasie complète du poumon
mon gauche. Noter l’hyperclarté en péri- homogène de tonalité hydrique occupant gauche. Opacité rétractile de tout l’hémi-
phérie du poumon gauche rétracté au la totalité de l’hémithorax droit et refou- thorax gauche. Noter l’attraction du
hile, et les signes de compression avec lant le médiastin et le cœur du côté médiastin, du cœur et de la coupole du
refoulement du médiastin à droite et opposé. côté atteint.
abaissement de la coupole diaphragma-
tique gauche.
chiques, corps étrangers) soit par compression extrinsèque. chymateuses sévères d’origine pariétale (déformation tho-
• Plus rarement, la dyspnée est due à : racique), ou neuromusculaire (myopathie, myélopathie…),
– une rupture diaphragmatique avec hernie intrathoracique qui peuvent être responsables de dyspnée aiguë lors d’évé-
de viscères sous-diaphragmatiques (presque toujours post- nements respiratoires ou cardiaques intercurrents ; une
traumatique) ; compression médiastinale, notamment liée à un cancer
– une paralysie phrénique (le plus souvent par compres- bronchique ;
sion médiastinale du nerf phrénique), responsable d’une • causes extrapulmonaires : anémie aiguë ; acidoses méta-
dyspnée aiguë surtout quand elle survient sur une insuffi- boliques donnant parfois une dyspnée caractéristique dite
sance respiratoire chronique préexistante. de Kusmaul ; shunts droite-gauche du syndrome hépato-
pulmonaire donnant classiquement une dyspnée qui aug-
Dyspnée mente en position debout (platypnée) ; atteintes neurolo-
sans bruits pulmonaires anormaux giques centrales qui peuvent se manifester par une dyspnée
de Cheynes-Stokes ;
Le diagnostic clinique est souvent difficile et les examens
– enfin, les dyspnées d’origine psychogène ou les syn-
paracliniques sont ici déterminants.
dromes d’hyperventilation, qui restent des diagnostics
1. Embolie pulmonaire d’élimination, ne doivent pas être méconnues. ■