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RESUMES — Abstracts

HERMES 15

Alain PETIT, L'art de parler dans le « Phèdre » de Platon

Partant d'une distinction entre deux fonctions majeures de la rhétorique antique, la psychagogie
et l'argumentation, cet article s'attache à montrer comment Platon radicalise le privilège conféré
par Gorgias à la psychagogie et procède à une extension de la rhétorique au-delà de son exercice
politique et judiciaire. Le Phèdre met à l'épreuve la rhétorique comme art (ou technè) et
l'assujettit à une connaissance préalable des âmes. La rhétorique peut se prévaloir alors du statut
d'une science, ce qui l'écarté singulièrement du domaine que lui assignent tant la sophistique
qu'Aristote. Mais le soupçon subsiste, in fine, d'une instrumentalisation encore possible de cette
rhétorique.

The Art of Speech in Plato's Phaedras

Waving first made a distinction between two major functions of ancient rhetoric, namely psych ago-
gía and argumentation, this paper sets out to show how Plato radicalised the prestige psychagogia
had acquired with Gorgias, and extended the scope of rhetoric beyond its political and legal uses.
Plato's Phaedras tests rhetoric as an art form (as technè) and subordinates it to prior knowledge of
the human soul Thus it can claim scientific status. But while the domain assigned to rhetoric by the

HERMÈS D, 1995 301


Sophists and Aristotle is considerably enlarged, a lingering suspicion remains that rhetoric may,
after all, be simply a mere instrument.

Francis WOLFF, Trois techniques de vérité dans la pensée grecque : Aristote et l'argu-
mentation
La Grèce classique a inventé en même temps trois techniques discursives de vérité : la
« science » par laquelle se transmet le savoir, la dialectique par laquelle on débat contre un
adversaire, la rhétorique par laquelle on persuade une foule assemblée. Ces trois techniques ont
été théorisées par Aristote dans ses Analytiques, ses Topiques et sa Rhétorique : elles mettent en
jeu une même forme légitime de véridiction, l'argumentation, qui a, selon Aristote, deux versants
(inductif et déductif), mais qui se réalise sous trois modes distincts. On montre que les
argumentations scientifique, dialectique et rhétorique ne se distinguent que par la situation
interlocutive dans laquelle elles prennent place et par ce que cette situation implique pour le
savoir présupposé de l'interlocuteur auquel elles s'adressent. C'est ce que confirme l'analyse de
l'enthymème aristotélicien : sa définition générale (déduction rhétorique) et particulière (déduc-
tion à partir de signes et de vraisemblances) montre qu'il obéit aux mêmes exigences dialogiques
que les déductions scientifique et rhétorique et ne se distingue d'eux ni selon le critère de
validité, ni celui de complétude mais selon les exigences du cadre institutionnel.

Three Truth Techniques in Ancient Greece: Argumentation according to Aristotle

Three « truth techniques » were invented simultaneously in Ancient Greece: « Science » to convey
knowledge, « Dialectics » to argue against an opponent, and « Rhetoric » to convince a gathering.
Aristotle developed a theory of these techniques, described respectively in his Analytics, Topics and
Rhetoric. All use the same « legitimate » form of truth-telling, namely argumentation. Aristotle
identifies two types of argumentation (inductive and deductive), albeit conducted in three distinct
modes. The author shows that scientific, dialectical and rhetorical argumentation can only be
identified by the different interlocutive situations in which they take place and by the implications
of that situation in terms of presuppositions about the person to whom argumentation is directed.
This is corroborated by an analysis of the Aristotelian notion of an enthymem: its general definition
(as a syllogism from signs and truth likeness) shows that it satisfies the same dialogical demands as
scientific and rhetorical syllogisms concerning the criteria of validity and completeness, the only
distinction being the exigencies of the institutional framework.

Alain BOYER, Cela va sans le dire. Eloge de l'enthymème

Les raisonnements sont la plupart du temps présentés de manière incomplète, certaines pré-
misses étant jugées trop évidentes par le locuteur pour valoir la peine d'être explicitées. On

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appelle « enthymèmes » de telles figures. Après avoir retracé à grands traits l'histoire de ce
concept issu de la rhétorique d'Aristote, on essaye d'en montrer la pertinence pour l'intelligence
des procédures argumentatives communes et de proposer une analyse « enthymématique » des
« inferences inductives » et des raisonnements « par analogie ». Dans le premier cas, la prémisse
manquante ne serait autre qu'une hypothèse (locale) de représentativité de l'échantillon men-
tionné dans la prémisse « inductive » ; cette hypothèse ne saurait elle-même avoir été obtenue
par induction.

It goes without saying. An Eulogy of the Enthymem

Very often arguments are not made fully explicit: some premises are supposed by the speaker to be
too well known to be worth being stated. Such a form of reasoning is called an « enthymem ». First,
the story of this Aristotelian concept is sketched and the possible reasons for the evolution of its
meaning discussed. Secondly, I argue for its relevance for the understanding of varieties of
reasonings, and for its capacity for enlightening the very notions of « inductive inference » and of
« argument by analogy ». In the former case, it is claimed that a certain « local» form of the « Fair
Sample Hypothesis » can be regarded as the missing link between the evidence and the universal
conclusion; unlike the conclusion and contrary to the views held by the inductivists, the FSH itself
could not have been arrived at by induction.

Irène ROSIER, Les développements médiévaux de la Úiéorie augustinienne du mensonge

Les analyses du mensonge et du parjure proposées par les théologiens médiévaux se fondent sur
plusieurs textes d'Augustin. Plusieurs éléments interviennent : la vérité des paroles, l'intention
de tromper, dissociée en intention de dire le faux et intention de duper autrui. Le cas du serment
fictif soulève la question de savoir quelle est la part de l'intention du locuteur, des paroles, et de
la manière dont elles sont normalement reçues, dans l'obligation que créée sa prononciation.
Une solution, également invoquée à propos de la question épineuse de l'intention du prêtre qui
confère le baptême, pose la nécessité, au-delà de l'adéquation entre ce qui est pensé et ce qui est
dit, d'une adéquation entre l'intention privée du locuteur et l'intention commune du récepteur
ou de la communauté.

Medieval Developments in the Augustinian Theory of Lying

Medieval theologians based their analyses of lying and perjury on a number of texts by Augustin.
The question involves considering the truth of the words, and the two-sided issue of the intent to

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deceive, a distinction being made between the intentional falsehood and deliberate deceit. The case
of the fictitious oath raises the question of the extent to which the speaker s intention, the words
and the way these are normally received, enter into the obligation created by utterance of the oath.
A solution, also mentioned in connection with the priest's intention in the administration of
baptism, insists that over and above the need to equate thoughts with words, there is a need to
accord the speaker's private intention with the common intention of the hearer and the community
as a whole.

Bernard SÈVE, Antithèse et isosthénie chez Pascal


L'antithèse peut exprimer soit un contraste (lumière/ténèbres p. ex.), soit une isosthénie au sens
sceptique du terme : la force égale de deux éléments opposés pris dans une disjonction exclusive.
Pascal utilise fréquemment l'antithèse isosthénique (Entretien avec M. de Sacy, Pensées). La
figure de l'antithèse permet de poser une isosthénie qui ne saurait jamais, dans le cadre du
scepticisme, être démontrée. Pascal propose de sortir de l'isosthénie scepticisme/dogmatisme
(constitutive de l'histoire de la philosophie) par le dogme chrétien. Mais sa position est
paradoxale : elle est isosthénique dans sa structure (renvoi dos-à-dos du dogmatisme et du
scepticisme) et anti-isosthénique dans son contenu (rejet du scepticisme isosthénique). L'isosthé-
nie dogmatisme/scepticisme construite dans YEntretien est en fait commandée d'avance par sa
solution chrétienne. Son sens est finalement le nihilisme entendu comme indifférenciation des
valeurs à partir de l'Antithèse majeure du fini et de l'infini.

Antithesis and Equipollence in the Writings of Pascal


Antithesis can express either a contrast (e.g. light/dark), or an equipollence (isostheneia) in the
sceptical sense of the word: the equal force of two opposing elements taken in an exclusive
disjunction. Pascal frequently uses equipollent antithesis (Entretien avec M. de Sacy, Pensées). The
antithetical figure makes it possible to set an equipollence which could not be envisaged within the
framework of scepticism. Pascal proposes Christian dogma as a way out of the scepticism/
dogmatism equipollence (constituent of the history of philosophy). But his is a paradoxical position,
equipollent in structure (refusal to come out in favour of either dogmatism or scepticism) and
anti-equipollent in content (rejection of equipollent scepticism). The equipollent dogmatism/
scepticism structure of the Entretien is in fact dictated by its Christian solution. Its meaning is
finally nihilism, an indifferentiation of values issuing from the major Antithesis of the finite and
the infinite.

Georges MOLINIE, Stylistique et tradition rhétorique


On se propose dans cet article de clarifier les rapports entre l'objet de la stylistique, ou plutôt de
la sémiostylistique, et de la rhétorique : il s'agit du domaine littéraire et du domaine des

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déterminations rhétoriques. Celles-ci concernent les parties de l'oraison, le type d'argumenta-
tion, la pragmatique de la séduction, le genre judiciaire et le lieu du plaisir. Plusieurs hypothèses
sont envisagées pour examiner en profondeur des rapports épistémologiquement productifs, à la
fois du côté de la rhétoricité et du côté de la littérarité. Il apparaît que c'est bien dans la
perspective d'une réflexion sur la portée argumentative que l'on peut le plus efficacement penser
l'intersection des domaines.

Stylistics and the Rhetorical Tradition

The author sets out to clarify the relationship between the subject of stylistics or rather semiostylis-
tics, and rhetoric. The fields involved are literature and the domain of rhetorical determinations.
These latter cover parts of oration, types of argumentation, the pragmatics of seduction, the judicial
genre and the place of pleasure. To ensure an epistemologically productive investigation from the
points of view of rhetoricity and literarity, the author envisages different hypotheses. The most
effective approach to the intersection of these fields does indeed appear to be from the point of view
of argumentative impact.

Sylvain AUROUX, Argumentation et anti-rhétorique: la mathématisation de la logique


classique

Depuis des siècles, les techniques d'argumentation ont fait l'objet d'un enseignement intensif,
notamment dans le trivium (grammaire, rhétorique, logique) médiéval. L'argumentation concer-
nait deux des disciplines traditionnelles ; à la fin du XIXe siècle, elle ne concerne plus guère que
la logique. Dans l'histoire de l'Occident, il n'était nullement évident que la logique vienne
recouvrir le terrain de la rhétorique. Ce recouvrement correspond à un certain nombre de
déplacements, autant conceptuels qu'institutionnels, qui ont eu lieu à la suite des travaux de
Arnauld et Nicole, c'est-à-dire de la logique dite de Port-Royal. En étudiant l'ensemble des
logiques parues en français à l'époque des Lumières, l'auteur s'efforce de montrer comment
l'ensemble de ces déplacements correspond à la mathématisation de la logique et à son
éloignement progressif du langage naturel.

Argumentation and Anti-Rhetoric: the Mathématisation of Classical Logic

For centuries, techniques of argumentation were studied intensively, especially in the medieval
trivium (grammar, rhetoric, logic). Argumentation was taught in two of these traditional disci-

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plines. But by the end of the 19th century, argumentation had become restricted to the one
discipline of logic. There seemed to be little indication in Western history that logic would one day
encroach on the domain of rhetoric. This eclipse corresponds to various conceptual and institutional
displacements following the work of Arnauld and Nicole, known as the Port-Royal school of logic.
The author studies all works of logic published in French during the period of the Enlightenment,
his aim being to show that these displacements correspond to a mathematisation of logic, with logic
progressively moving away from natural language.

Michel MEYER, Probîématologie et argumentation, ou la philosophie à la rencontre du


langage

La probîématologie est une nouvelle manière de concevoir la Raison, en l'élargissant à la base, là


où son répondre s'origine, c'est-à-dire dans le questionnement. En quoi celui-ci permet-il de
comprendre les formes de raisonnement et de discours associés à l'argumentation et à la
rhétorique ? Comment la probîématologie permet-elle d'articuler le pathos, Y ethos et le logos ?
De saisir les liens entre la rhétorique littéraire, les figures de style et l'argumentation juridique
par exemple ? C'est à un tel tableau d'ensemble que le présent texte se veut une introduction.

Problematology and Argumentation or Philosophy extended to Language

Problematology can be defined as a new means of conceiving Reason, by enlarging it at the base,
where the responding process originates, i.e. in the act of questioning. The author shows how such
an approach can lead to an understanding of the forms of reasoning and discourse associated with
argumentation and rhetoric and how problematology can constitute the junction between pathos,
ethos and logos. It then becomes possible to grasp the connections between literary rhetoric, figures
of style and judicial argumentation for example. This article is intended as an introduction to such
an overall picture.

Corinne HOOGAERT, Perelman et Toulmin : pour une rhétorique néo-dialectique

Le but de cet article est de présenter les grandes lignes de deux grandes théories de l'argu-
mentation qui ont marqué notre époque : celle de Perelman, centrée sur l'auditoire universel
comme paradigme de la Raison, et celle de Toulmin qui part du rôle de la logique pour évoluer
vers le probabilisme. Malgré leurs différences, ces deux auteurs s'enracinent dans la tradition
aristotélicienne de l'argumentation conçue comme dialectique.

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Perelman and Toulmin: Advocates of a Neo-Dialectical Rhetoric

The purpose of this article is to provide a broad outline of two major theories of argumentation
having marked present-day thinking. One, Perelman s theory, centres on the universal audience as
the paradigm of Reason. Toulmin s theory, on the other hand, starts with the role of logic and
develops towards probahilism. Despite their differences, both authors are firmly grounded in the
Aristotelian tradition of argumentation as a dialectical process.

Manuel Maria CARRILHO, Rhétorique et rationalité

Dans ce texte, l'auteur esquisse la possibilité et l'enjeu d'un « rhetorical Join ». Il s'agit de
concevoir l'articulation rhétorique/rationalité d'une façon différente de celle à laquelle nous a
habitués la tradition métaphysique et épistémologique occidentale. Ainsi, la rhétorique n'est pas
conçue comme un supplément d'usage qui est ajouté à un langage supposé « naturel », mais
relève plutôt d'une dynamique qui le traverse dans tous les usages ; et la rationalité ne découle
plus de l'application de critères précédemment établis, mais plutôt de mouvements de frontières
entre disciplines, langages et objectifs différents où, d'une manière toujours contingente, se
réalise l'action de l'homme ; bref, de ce que l'auteur, dans le sillage de Wittgenstein, appelle les
jeux de rationalité.

Rhetoric and Rationality

The author considers the possibility and the potential value of a rhetorical turn which allows the
rhetoric/rationality interconnection to be approached in another very different way from the one to
which Western metaphysical and epistemological tradition has accustomed us. Rhetoric becomes a
dynamic, present in language in all its uses, not a supplemental function to be added to supposedly
« natural» language. And rationality no longer consists of applying pre-established criteria, but is a
continual shifting of the boundaries between disciplines, languages and differing objectives, within
which the acts of man are staged in an ever contingent manner. In short rationality emerges in what
the author, like Wittgenstein before him, describes as « rationality games ».

Jean-Claude ANSCOMBRE, La théorie des topo'i: sémantique ou rhétorique ?

La théorie des topoï que nous nous défendons avec O. Ducrot est le dernier aménagement de la
théorie de l'argumentation dans la langue. Selon cette théorie, les enchaînements discursifs ont

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une valeur argumentative qui relève de la sémantique et non de la pragmatique. En d'autres
termes, il y a une rhétorique qui est de nature linguistique et non simplement discursive. À
l'époque, cette rhétorique était une rhétorique à deux termes, les arguments et les (éventuelles)
conclusions. Certains contre-exemples nous ont conduits à introduire un troisième terme — le
garant de l'enchaînement — que nous avons baptisé topos. Cette idée se trouve déjà chez
Aristote, puis Toulmin et Perelman. Cet article examine principalement la nature de ces topoï,
ainsi que leur intervention au niveau lexical. La comparaison entre les propriétés linguistiques de
certains topoï représentés par des proverbes et les phrases génériques amène à postuler que le
sens d'un mot est un faisceau de topoï (un stéréotype), c'est-à-dire en définitive, un faisceau de
phrases génériques.

The Theory of Topoï: Semantics or Rhetoric

The theory of Topoï developed by J. C. Anscombre and O. Ducrot is the most recent addition to
their theory of argumentation in language. The main claim of this theory is that the argumentative
value of discursive sequences needs to be considered within a semantic framework since the issue is
not one of pragmatics. In other words, rhetoric is not a purely discursive phenomenon because there
is also a linguistic rhetoric. Initially, the authors considered such rhetoric as a two-term relation:
arguments on the one hand, conclusions on the other. But various counter-examples led them to
introduce a third term — the warrant of the sequence — referred to as a topos. Aristotle expressed
a similar point of view, as also Toulmin and Perelman more recently. The main purpose of this
article is to examine the linguistic nature of these topoï, and their connection with the lexical level.
A comparison between the linguistic properties of proverb-like topoï and generic sentences leads the
authors to claim that the meaning of a word is to be seen as a body of topoï (a stereotype),
amounting, that is, to a body of generic sentences.

Georges VIGNAUX, Des arguments aux discours. Vers un modèle cognitif des opérations et
stratégies argumentatives

Depuis la rhétorique jusqu'au logique, et d'Aristote à Perelman ou Toulmin, il existe nombre


d'approches du phénomène « argumentation ». Trois grandes « tentations » traversent au moins
ces différentes perspectives : celle de l'encyclopédisme — livré au classement inépuisé des
arguments ; celle du logicisme — opposant l'argumentation aux formes plus « pures » du
raisonnement ; celle enfin, du sociologique renvoyant le discours aux différents contextes de sa
production. Il sera proposé ici une perspective toute différente : celle d'une réinscription des
procédés discursifs et des stratégies argumentatives à l'intérieur d'une problématique plus

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générale des formes d'intrication entre processus langagiers et opérations cognitives du sujet
énonciateur.

From Argument to Discourse. For a Cognitive Model of Argumentative Operations and


Strategies

Argumentation as a phenomenon can be approached from many standpoints, from rhetoric to logic
and from Aristotle to Perelman or Toulmin. These different approaches are crossed by three major
currents of « temptation », namely encylopedism, given over to ceaseless classification of argu-
ments ; logicism, the comparison of argumentation to « purer » forms of reasoning ; and lastly a
sociological temptation which relates discourse back to the different contexts in which it is
produced. The author suggests another very different approach. Discursive procedures and argu-
mentative strategies are considered as part of a more general issue concerned with the interrelation
between language processes and cognitive operations in the subject making the statement.

Rodolphe GHIGLIONE, Opérateurs argumentâtes et stratégies langagières

On propose dans cet article une « relecture » des analyses concernant certains opérateurs. Cette
relecture, fondée sur les grandes fonctionnalités d'une parole inscrite dans l'interlocution, telles
qu'elles furent identifiées dès le début du XXe siècle, conduit à :
— montrer que les opérateurs analysés sont, quels que soient les 'angles d'attaques' (logique,
linguistique, pragmatique), fondamentalement stables dans la fonction principale qu'ils
accomplissent.
— permettre une reclassification des opérateurs, entendus au sens large comme opérateurs
argumentatifs, eu égard aux quatre fonctions que la langue accomplit (dénoter le réel ; décrire le
cheminement d'une pensée ; présenter un état, attitude etc. du locuteur ; agir sur l'inter-
locuteur).

Argumentative Operators and Language Strategies

This article presents a « re-reading » of the analyses of certain operators, based on the broad
functionalities of a word in the interlocution as these were defined in the early years of this century.
This re-reading shows that the analysed operators remain basically stable in their principal function,
regardless of the 'angle of attack, be it logical, linguistic or pragmatic. An advantage of this

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re-reading is a reclassification of operators under the broader heading of argumentative operators,
according to the four functions of language (to denote reality, to describe a train of thought, to
convey a state or an attitude of the speaker, etc., to produce an effect on the interlocutor).

Christian PLANTIN, L'argument du paralogisme

La théorie des fallacies {dit de l'argumentation dite ordinaire une argumentation logico-scienti-
fique affaiblie. Elle construit la théorie de l'argumentation comme critique de l'argumentation,
sur des présupposés qui expliquent la difficulté qu'elle rencontre dans l'analyse des argu-
mentations en langue naturelle (méthodologie atomiste et réductionniste, élimination de la
langue naturelle, illusion d'une possible mise « hors-jeu » de l'évaluateur lui-même). L'analyse
logiciste des paralogismes ne peut être considérée que comme une technique argumentative
parmi d'autres, comme l'argument du paralogisme. Certaines argumentations reposent sur des
techniques d'exploitation du flou et de l'ambiguïté de la langue naturelle. La notion de
transformation argumentative permet d'exposer ce flou, et de préciser les racines linguistiques
de la « force » des argumentations et de la « critique » argumentative.

"Argumentum ad fallaciam"

Standard fallacy theories see everyday argument as weakened logico-scientific argument. They build
argumentation theory upon erroneous presuppositions which explain the difficulties encountered
when one tries to analyse argumentation in natural language (atomism, reductionism, treatment of
natural language as « verbiage » to be eliminated, illusion of an evaluator kept out of the debate).
This method has to be considered as a technique of argument among others, and can be called the
argumentum ad fallaciam. Arguments exploit the ambiguities of natural language, and the elimina-
tion of natural languages amounts to the elimination of argumentation itself. The notion of
argumentative transformation authorizes an analysis of ambiguities and locates in language and its
commonplaces the roots of the strength of arguments.

Jean-Blaise GRIZE, Argumentation et logique naturelle

L'argumentation est envisagée sous deux aspects complémentaires, celui de donner des preuves
et celui de faire voir. Le premier vise avant tout à convaincre et le second à persuader. Un
discours argumentatif propose à son destinataire une schématisation orientée de quelque

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situation. Celle-ci doit être construite de telle sorte que le destinataire puisse la reconstruire pour
son propre compte, qu'il en accepte le contenu et qu'il y donne son adhésion. L'acceptation
repose avant tout sur la vraisemblance des propos et sur l'autorité de celui qui les tient.
L'adhésion dépend des valeurs auxquelles souscrit le destinataire, valeurs qui sont mises en
évidence par des mécanismes d'éclairage. Une étude solide de l'argumentation ne peut ainsi se
faire du seul point de vue de la logique, elle passe nécessairement par des considérations d'ordre
psychologique et sociologique.

Argumentation and Natural Logic: to Convince and to Persuade

Argumentation is considered from two complementary viewpoints, the provision of proof and
demonstration. The first is chiefly aimed at convincing, while the second aims at persuading.
Argumentative discourse presents the addressee with an oriented schematic view of a certain
situation, constructed in a way that enables the addressee to reconstruct it for his own account, to
accept its content and to adhere to it. Acceptation depends above all on the apparent truth of the
arguments and on the authority of the person putting them forward. Adherence depends on the
addressee's own values, pinpointed by mechanisms of highlighting. Thus any serious study of
argumentation cannot restrict itself to considerations of logic alone, psychological and sociological
factors need to be taken into account.

Jacques DUBUCS, Arguments défaisables

Le raisonnement défaisable est depuis vingt ans un thème important, à la fois en philosophie et
en intelligence artificielle, mais la possibilité de décrire logiquement ce type de raisonnement est
encore un point de controverse. Le présent article propose une analyse des fondements
philosophiques de la défaisabilité, et discute en détail la possibilité d'une théorie logique des
arguments défaisables. Les aspects sémantiques du problème (existe-t-il une inteprétation
probabiliste de ces arguments ?) sont passés sous silence, et l'article se concentre surtout sur la
question la plus controversée, celle du caractère « effectuable » d'une telle logique.

Defeasible Reasoning

Tor twenty years, defeasible reasoning has been an important topic both in philosophy and in
artificial intelligence. Whether or not this kind of reasoning can be logically described is still a

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vexed issue however. The present paper provides an account of the philosophical foundations of
defeasability and discusses at length the possibility of a logical theory of defeasible arguments.
Bypassing the semantic aspects of the question (whether a probabilistic interpretation of these
arguments exists or not), the paper focuses mainly on the most controversial issue of tractability.

David MILLER, À quoi sert la logique ?

Cet article développe quelque peu la caractérisation donnée par Popper de la logique formelle
comme l'organon de la critique rationnelle plutôt que celui de la preuve. On y soutient que le
statut épistémologique de la conclusion d'un argument valide ne saurait être modifié par
l'existence de l'argument en question. Tout ce que l'argument peut faire, c'est de mettre en
évidence ce qui est déjà là. L'argumentation est importante au niveau méthodologique si elle met
en œuvre nos efforts pour éliminer l'erreur. Mais l'argumentation positive, même si elle est
possible, est sans valeur.

What is Logic for?

The paper develops in some detail Popper's description of formal logic as the organon of rational
criticism rather than of proof. It is contended that the epistemological status of the conclusion of a
valid argument cannot be altered by the existence of the argument. All that argument can do is to
seek to expose what is already present. Argumentation is significant at the methodological level if it
embodies efforts to eliminate error. But positive argument, even if possible, is worthless.

HERMES 16

Pierre OLÉRON, Sur Vargumentation polémique

La thèse défendue ici est que la polémique, en accord avec l'étymologie, s'apparente fonda-
mentalement à la guerre. Corrélativement, l'argumentation polémique s'assimile aux moyens que
celle-ci mobilise. Ce que révèle déjà l'analyse sémantique prenant comme base les productions
médiatiques. L'implication des personnes, que comporte fréquemment l'argumentation, arrive à

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prendre des formes extrêmes, comme le suicide d'hommes politiques attaqués par la presse et,
au minimum, diverses formes de minoration de l'adversaire. O. Reboul oppose bien polémique
et guerre, mais sa thèse paraît réfutée par le constat de leur coexistence.

Polemical Argumentation

The author argues that polemics, as its etymology indicates, is fundamentally related to war.
Correlatively, polemical argumentation becomes one more means by which to conduct war.
Semantic analysis of media productions has already shown that this is so. When the argumentation
implicates people, as is often the case, it can develop into an extreme form of implication such as the
suicide of a political figure whom the press have attacked, and, in its milder forms, inevitably results
in the adversary's being downgraded in one way or another. 0. Reboul argues that polemics and
war are in opposition to one another, but the fact that the two coexist would seem to refute his
claim.

Raymond BOUDON, Sens et raisons : théorie de l'argumentation et sciences humaines

La théorie de l'argumentation, bien que très vivante aujourd'hui, n'a guère d'impact sur les
sciences humaines. Cela résulte de ce que plusieurs traditions de pensée influentes ont imposé
une vision irrationaliste du comportement et une conception étroite de l'argumentation valide.
Pourtant, de grands sociologues classiques comme Tocqueville ou Weber partent du principe
que les croyances, même déconcertantes, doivent s'analyser comme faisant sens pour ceux qui
les endossent, c'est-à-dire comme fondés sur des raisons. Ils définissent ainsi un modèle qu'on
peut qualifier de « cognitiviste ». Il s'applique aussi bien aux croyances normatives que positives.

Meaningfulness and its Reasons: Argumentation Theories and the Human Sciences

The study of argumentation, though a lively activity today, has but a weak influence on the human
sciences. This results from the fact that several intellectual traditions have imposed an irrational
view of human behaviour and a narrow conception as to what a valid argument is. However, great
classical sociologists like Tocqueville and Weber start from the principle that beliefs, even odd ones,
should be analyzed as meaningful to those who endorse them, i.e. as grounded on reasons. They
define implicitly a « cognitivist » model of behavior. This model can be effectively applied to
normative as well as positive beliefs.

313
Alban BOUVIER, Les paralogismes d'un point de vue sociologique

Les erreurs de raisonnement et les paralogismes sont l'objet d'un regain d'intérêt aussi bien en
psychologie cognitive (Tversky et Kahneman, Nisbett et Ross) qu'en théorie de l'argumentation
(Hamblin, Woods et Walton, Van Eemeren et Grootendorst). On retrouve à cette occasion le
Système de logique de Stuart Mill, mais on ignore généralement qu'un programme de recherche a
été explicitement conçu par Vilfredo Pareto, dans son Traité de sociologie générale, comme le
pendant sociologique des recherches logiques et psychologiques de Mill. Beaucoup plus que
Lévy-Bruhl, actuellement souvent « revisité », Pareto, dont le programme rejoint les perspectives
néo-simméliennes de Raymond Boudon en sociologie de la connaissance, ouvre la voie vers une
« révolution cognitive » en sociologie.

Fallacies from a Sociological Viewpoint

Erroneous inferences and fallacies are a topic to which both cognitive psychology (Tversky and
Kahneman, Nisbette and Ross) and argumentation theory (Hamblin, Woods and Walton, Van
Eemeren and Grootendorst) have turned their attention. This explains the renewed interest in
Stuart Mill's System of Logic. Yet the research programme developed by Vilfredo Pareto in his
Trattato di Sociológica generale as the sociological companion to Mill's logical and psychological
studies receives no such attention, despite the fact that Pareto, whose programme is close to the
neo-simmelian conception of Raymond Boudon in the sociology of knowledge, paves the way for a
« cognitive revolution » in sociology, more so than does Levy-Bruhl to whom one often turns today.

Uli WINDISCH, Communication et argumentation politiques quotidiennes en démocratie


directe

Sur la base d'un vaste et original matériel empirique, est proposée une analyse du fonctionne-
ment de l'argumentaion politique ordinaire et de la communication politique, à partir du
système politique et de la démocratie directe de la Suisse. La typologie des formes de la
communication argumentative qui en ressort indique un contraste marquant par rapport aux
approches exclusivement philosophiques, théoriques et abstraites de l'argumentation. L'accent
mis sur l'argumentation des citoyens ordinaires par opposition à celle des dirigeants renforce
encore ce contraste. Les exemples choisis sont les initiatives populaires sur des sujets politiques
« brûlants » de l'actualité. Le questionnement multidimensionnel intègre une approche à la fois
en termes du discours, de représentations sociales, de jeux de placement/déplacement, d'activi-
tés discursives de légitimation/illégitimation, de construction d'images de soi et des inter-
locuteurs, de choix de styles discursifs suivant la situation.

314
Daily Political Communication and Argumentation in Direct Democracy

This article studies the way ordinary political argumentation and political communication function
in the political system and the direct democracy of Switzerland, using original and very abundant
empirical material The resulting typology offorms of argumentative communication contrast to the
exclusively philosophical, theoretical and abstract approaches to argumentation. The emphasis on
argumentation of ordinary citizens compared to that of the country's leaders further heightens this
contrast. Examples chosen are popular initiatives on much debated political issues of the day.
Multidimensional questioning ensured an approach in terms of speech, social representations, the
use of placement/displacement, discursive activities of legitimation/ illegitimation, the construction
of self images and images of interlocutors and the choice of discursive styles to fit the situation.

Marie-Anne FRISON-ROCHE, La rhétorique juridique

La rhétorique juridique tire sans doute sa spécificité de ce à quoi elle s'oppose : la logique
formelle. Cette dernière, empruntant au raisonnement déductif, distingue la loi, posée en
majeure, et les faits, posés en mineure. Elle s'insère dans une conception scientiste et normati-
viste du droit. Au contraire, la rhétorique juridique, prenant appui sur des textes aristotéliciens
revivifiés à partir de 1945 par Chaïm Perelman, entend traduire la réalité du processus par lequel
le juge, véritable acteur du droit, aboutit à une décision raisonnable, acceptable, juste. Cela est le
fruit de l'affrontement des intérêts particuliers servis par les arguments développés par les
parties en cause, proposant une reconstitution vraisemblable des faits, orientée vers l'application
du droit interprété raisonnablement. Le maître de cette rhétorique, constitutive de la logique
judiciaire, est le juge. Le bénéficiaire en est le destinataire d'une décision qui s'impose ainsi par
sa rationalité pratique. On peut aujourd'hui se demander si le législateur ne doit pas lui-même se
plier à une telle méthode, gage de la justesse d'une norme juridique adéquate.

Judicial Rhetoric

Judicial rhetoric can probably be best defined by comparing it to formal logic, which it is not.
Formal logic adopts deductive reasoning procedures to distinguish the law, laid down as a major,
and the facts, laid down as a minor. It belongs to a scientistic and prescriptivist conception of law.
judicial rhetoric, on the other hand, rests on Aristotelian writings as revived by C. Perelman from
1943 onwards, and aims at expressing the reality of a process whereby a judge, truly actor of the
law, comes to a sensible, satisfactory and fair decision. This is reached by confronting the various
private interests for which the parties involved argue, their aim being to suggest a plausible

315
reconstitution of the facts, oriented towards an application of the law, interpreted reasonably. The
master of this rhetoric, which constitutes judicial logic, is the judge. The beneficiary is the addressee
of a decision that is acknowledged on the basis of its practical rationality. Today we wonder
whether the legislator should not submit himself to such a method, since it is the guarantee of
accurate and appropriate judicial ruling.

Robert NADEAU, L'économique comme littérature

Donald McCloskey considère à bon droit que si on l'entend comme un code rigide de
comportement destiné aux professionnels d'une discipline comme l'économique, par exemple,
« la Méthode scientifique » n'existe tout simplement pas. Partant, pour McCloskey, la méthodo-
logie économique, qui prend appui sur l'épistémologie et la philosophie des sciences d'obé-
dience empiriste et positiviste, repose sur une conception illusoire de l'activité scientifique. Il
convient donc, selon l'auteur, de l'abandonner à son sort et de lui substituer un tout autre
programme de recherche, la rhétorique économique. Dans cette perspective, McCloskey voit
l'économique comme un « processus conversationnel » où les interlocuteurs mettent en œuvre
divers moyens stylistiques dans le but de s'influencer, voire de se convaincre les uns les autres.
Mais un examen attentif de la démarche que préconise McCloskey montre à souhait que son
raisonnement, envisagé globalement, est loin d'être concluant. Mon propos ici est de faire voir
qu'il serait vain d'attendre de l'analyse rhétorique une amélioration probante du savoir écono-
mique et que, pour autant qu'un tel objectif soit encore à l'ordre du jour, la méthodologie a
toujours sa place.

Economics as Literature

As Donald McCloskey rightly asserts, « the scientific Method » does not really exist. There is no
fixed and justified system of rules and norms that can help, for example, economists to behave more
scientifically. On that basis, McCloskey argues that economic methodology is worthless and that
one should instead study the rhetoric of economists. The rhetoric approach sees economics as a
« conversational process » in which the community of professionally trained economists use
different stylistic devices to convince one another that their ways of understanding the economic
world are the right ones as compared to others. How exactly this is done is for the literary analysis
of economic texts to find out. McCloskey clearly thinks that this approach can help economists to
improve their « dismal science ». My purpose here is to show that it cannot, and that if improving
economic knowledge is still on the agenda, then epistemological and methodological analysis are
still in order.

316
Joëlle PROUST, Raisonnement, argumentation et rationalité chez le psychotique

Un ensemble de travaux publiés dans les années cinquante, ont cru pouvoir soutenir que les
schizophrènes ont des capacités de raisonnement altérées, et les classifications psychiatriques
contemporaines insistent encore sur l'incapacité logico-argumentative du délirant. Ces travaux
tendent, d'une part, à méconnaître les médiocres résultats d'un sujet « normal » dans les tâches
de raisonnement, et, d'autre part, à ignorer le caractère extraordinaire et déviant des expériences
sensorielles d'un sujet en psychose aiguë (expériences qui, en dépit de leur variété, semblent
obéir à certaines régularités). Certaines caractéristiques du raisonnement et de l'argumentation
psychotiques ou délirants paraissent toutefois résister à la prise de position continuiste (le « fou »
n'est pas perturbé dans sa raison, mais dans son vécu) : la légèreté argumentative qui fait « sauter
aux conclusions », la tendance à poser des affirmations contradictoires, la résistance à l'argu-
mentation contraire et l'auto-attribution rétroactive des croyances délirantes. Cet article tente de
comprendre l'origine de ces divers symptômes et de montrer qu'ils n'impliquent pas de véritable
rupture avec la dynamique épistémique du sujet normal lorsque celui-ci se trouve dans une
situation de dissonance cognitive ; le rapport particulier qui s'établit chez le sujet psychotique
entre saillance perceptive et pertinence n'est qu'accidentellement facteur d'irrationalité ; il peut
conduire dans des tâches de raisonnement probabiliste à des jugements plus rationnels que ceux
des sujets normaux.

Reasoning, Argumentation and Rationality in the Psychotic Subject

A series of papers published in the 50's claimed that schizophrenics suffer from altered reasoning
capacities, and current psychiatric classifications still emphasise logical and argumentative diffi-
culties in the delusional subject. Such approaches tend to ignore the mediocre results obtained by
« normal » subjects in many reasoning tasks, and to side-step the deviant and highly salient sensory
experiences characteristic of acute psychotic episodes. Despite the variety of these ex-periences, they
seem to follow certain regular patterns, although some features of reasoning and argumentation in
psychotic or deluded subjects appear to resist a continuistic approach (the « madman » has not lost
his reason, he has existential difficulties). This is the case for an argumentative weakness known as
«jumping to conclusions», the tendency to make contradictory assertions, an inability to take
contradictory evidence into account, and retroactive self-attribution of delusional beliefs. The
author tries to understand their possible causes and suggests that they need not involve any genuine
divergence from the epistemic dynamics of a normal subject when he finds himself in a situation of

317
cognitive dissonance. The specific relation between salient perceptions and relevance judgement in
psychotic subjects may be a purely accidental factor of irrational assessment; where probabilistic
reasoning is concerned, evaluations can be much more accurate than those of normal subjects.

Alexandre DORNA, Les effets langagiers du discours politique

Cet article montre, à partir d'une approche psychologique de la persuasion, la manière dont
certains effets se produisent dans l'opinion des récepteurs. La procédure de démonstration est
essentiellement expérimentale : la structure langagière d'un discours politique est modifiée.
Ainsi, trois types d'effets langagiers sont étudiés : la manipulation des figures rhétoriques, les
stratégies discursives et les formes verbales. Les résultats confirment que le changement de la
structure et les indices langagiers provoquent des effets statistiquement significatifs dans les
opinions des sujets expérimentaux.

Language Effects in Political Discourse

Adopting α psychological approach to the subject of persuasion, this article examines the production
of certain effects on the opinion of receivers. The procedure chosen for the demonstration was
principally experimental and consisted of changes in the language structure of a political speech.
Three types of language effects were studied: the manipulation of rhetorical figures, discursive
strategies and verbal forms. The results confirm that the change of structure and the language
indicators produce statistically significant effects on the opinions of those subjected to the experi­
ments.

André GOSSELIN, Les attributions causales dans la rhétorique politique

L'essentiel de la rhétorique politique consiste en des énoncés de cause ou de conséquence sur les
problèmes et décisions politiques. La théorie cognitive des attributions causales ouvre des
perspectives nouvelles pour la théorie de l'argumentation, notamment dans le champ de
l'argumentation politique. Les attributions causales dispositionnelles et contextuelles, les attribu-
tions auto-avantageuses, les différences d'attributions entre acteurs et observateurs, voilà autant

318
de procédés cognitifs et de biais argumentatifs qui meublent tout le discours politique. La valeur
heuristique des hypothèses de la théorie des attributions dans le champ du discours politique est
illustrée par quelques exemples américain, québécois, français et russe.

Causal Attribution in Political Rhetoric

One of the main aspects of political rhetoric consists in arguments of cause or consequence about
problems or decision-making in politics. The cognitive theory of causal attribution opens to us new
perspectives for the theory of argumentation in the field of political communication. Internal
attributions, external attributions, biases and information processing in making causal attributions,
differences between actors and observers about construction of attributions, all these typical
cognitive processes are part of political discourse. The relevance of some assumptions from
attribution theory is illustrated by American, French, Canadian and Russian political events.

Gilles GAUTHIER, Uargumentation périphérique dans la communication politique : le cas


de l'argument « ad hominem »

Trois propositions sont successivement formulées : 1) Il existe, en communication politique, un


type spécifique d'argumentation qui peut être qualifiée de « périphérique » ; 2) L'un des
principaux éléments de cette argumentation périphérique est Γ«homme» politique,; 3) Par
conséquent, l'un des principaux arguments périphériques de la communication politique est
l'argument ad hominem. Trois types d'arguments ad hominem (logique, circonstanciel et person-
nel) et quelques-uns des principaux arguments ad hominem de la communication politique sont
ensuite identifiés.

Peripheral Argumentation in Political Communication: the « ad hominem » Argument

Three successive propositions are put forward: (1) A particular type of argumentation in political
communication may be described as «peripheral » ; (2) One of the main concerns of peripheral
argumentation is the person of the politician ; (3) Consequently, the ad hominem argument is
central in political communication. Three types of ad hominen argument (logical, circumstantial
and personal) are identified and also specific ad hominem arguments in political communication

Anne-Marie GINGRAS, Uargumentation dans les débats télévisés entre candidats à la


présidence américaine : l'appel aux émotions comme tactique de persuasion

Cet article analyse l'argumentation des candidats à la présidence américaine : Bill Clinton,
George Bush et Ross Perot, lors des trois débats télévisés de la campagne électorale de 1992, à

319
partir de la théorie de la logique informelle et des fallacies. Parmi les types d'arguments, le rôle
particulier de l'appel aux émotions est examiné, de même que ceux des arguments ad populum et
ad hominem et de quelques autres fallacies. Tout ceci mène à une réflexion sur le langage
politique et sur les stratégies discursives qui y sont utilisées.

Argumentation in the Televised Debates between Candidates during the 1992 American
Presidential Campaign: Emotion as a Tactic of Persuasion

Using the theory of informal logic and fallacies, this article analyses the argumentation of Bill
Clinton, George Bush and Rose Perot during the three televised debates between candidates
running for election in the 1992 American presidential campaign. The author examines the
particular role of emotional appeals, in addition to the roles of ad populum and ad hominem
arguments and other fallacies. This study sheds some light on political language and discursive
strategies.

Martin DAVID-BLAIS, Uargumentation nationaliste est-elle nécessairement irrationnelle ?


Le cas de la Pologne post-communiste

L'opposition aux mesures de libéralisation économique mises en place par les récents gouverne-
ments polonais a souvent pris une forme nationaliste. Pour beaucoup d'observateurs, cette
argumentation nationaliste serait irrationnelle du fait que la Pologne est déjà un pays pleinement
indépendant, que sa population est très homogène sur le plan ethnique et qu'elle ne fait face à
aucune menace extérieure directe. L'analyse ici menée prend le contrepied de cette vue des
choses : elle cherche à montrer la « pertinence en contexte » de certaines argumentations
nationalistes et à démontrer que celles-ci créent une adhésion « froide ».

Is Nationalist Argumentation necessarily Irrational? The Case of Post-Communist Poland

Opposition to economic reforms undertaken by recent Polish governments often betrays a nationa-
list standpoint. In the eyes of many observers, the use of nationalist argumentation and rhetoric is
clearly an irrational phenomenon given the total independence the country already enjoys, the
religious and ethnic homogeneity of its population, and the absence of any direct exterior threat to
national security. The author argues against such a viewpoint, analysing the way in which certain
nationalist argumentation has « contextual congruence » in post-communist Poland and is devised
to inspire « cold » adhesion.

320
François DEMERS, De certains « raccourcis » mass-médiatiques comme « arguments » poli-
tiques

Dans leurs efforts pour demeurer des intermédiaires indispensables entre les acteurs sociaux et
les publics, les médias ont développé, à tâtons, des manières de rendre plus efficaces les
messages des uns et des autres. À la longue, les acteurs, en amont et en aval des médias, se sont
adaptés à leurs pratiques et à leurs exigences. Ainsi, les politiciens et les partis ont peu à peu
appris que la personnalité des candidats, les objets symboliques (les images) ainsi que les jeux de
mots constituent les pivots du langage massmédiatique. Le discours public séducteur est
désormais contruit autour de ces éléments. Or, soutenant le texte, ces « arguments » de la
méta-rhétorique politique sont aussi des « raccourcis » d'information souhaités par les électeurs.

Mass Media Manufactured « Shortcuts » as Political « Arguments »

In their determination to remain the indispensable intermediaries between social actors and
publics, the media have stumbled on ways of producing ever more effective messages. Eventually
social actors upstream and downstream from the media have adapted themselves to these tech-
niques. Little by little, politicians and parties have thus learned that the personality of a candidate,
symbolic objects (images) and the art of playing upon words are the pivots of media manufactured
language. Today, if public speech is to seduce, these elements must be built into its structure. In
fact, the author asserts, these « arguments » of political meta-rhetoric are also informative « short-
cuts » devised to satisfy the needs of the electorate.

Jean CHARRON, La reconnaissance du pouvoir symbolique des journalistes politiques : une


question de rhétorique

L'article analyse des stratégies mises en œuvre par les journalistes politiques en poste à
l'Assemblée nationale du Québec pour faire reconnaître leur pouvoir symbolique dans le jeu de
la communication politique. Ces stratégies, qui sont tributaires de la position des journalistes
dans le système d'interaction propre à leur domaine de spécialisation, s'actualisent à travers une
double rhétorique d'objectivité et d'expertise critique et à travers un mode de régulation de la
couverture des affaires politiques fondé sur la collaboration entre les journalistes parlementaires.

321
Recognition of a Political Journalist's Symbolic Power: a Question of Rhetoric

The article analyses strategies employed by political journalists at Quebecs National Assembly to
gain recognition of their symbolic power in political communication exchanges. These strategies,
which depend on a journalist's position in the system of interaction operating in his area of
specialisation, consist of a double rhetoric of objectivity and critical expertise, coupled with a
method of regulating the coverage of political events, based on co-operation among parliamentary
journalists.

Michel BEAUCHAMP, Louise PETTIGREW, Facteurs, contextuels, institutionnels et indivi-


duels comme arguments de communication politique : le cas des organisations syndicales

Dans une perspective exploratoire, cet article tente de vérifier l'hypothèse selon laquelle les
premiers articles de presse consacrés à l'avènement d'un nouveau porte-parole élu d'une
organisation syndicale sont construits à partir d'un certain arrangement de facteurs contextuels,
institutionnels et individuels, ceux-ci constituant des arguments de communication politique.
Cette étude montre bien que dans le cas d'un porte-parole élu, les caractères de la persuasion
sont plus complexes que dans le cas d'un autre type de personnalité publique. Les facteurs
individuels ont leur importance, mais d'autres facteurs doivent être pris en considération.

Contextual, Institutional and Individual Factors as Arguments of Political Communication: the


Case of Trade-Unions

This article sets out to assess the hypothesis that the first press articles on the coming to office of a
newly elected trade-union spokesperson are constructed according to a certain arrangement of
contextual, institutional and individual factors, these being political communication arguments.
The case study used for this purpose clearly shows that the elements of persuasion are more complex
in the case an elected spokesperson than for other types of public personality. Individual factors are
important but other factors also have to be taken into account.

Alain LAVIGNE, Elus, communicateurs et publics : discours et arguments sur Yinîormaûon


municipale

L'information municipale est une ressource gouvernementale qui intéresse à la fois les élus, les
communicateurs et les publics (citoyens, groupes d'intérêt et associations). Pour maintenir ou

322
accroître leur pouvoir sur cette ressource, chaque acteur développe une stratégie d'action que
son discours cherche à légitimer par certains arguments clés. Dans cet article, Fauteur examine le
discours de ces trois acteurs sur l'information municipale. Il en conclut que la stratégie d'action
des élus, des communicateurs et des publics réfère non seulement à la perception de la relation
étroite entre l'information et le pouvoir, mais aussi à trois conceptions différentes de la
démocratie locale.

Politicians, Communicators and the Public: the Effect of Discourse and Argumentation on
Municipal Information

Municipal information is a governmental resource which interests politicians, communicators and


the public (citizens, interest groups and associations). To maintain or inaease their control over this
resource, each actor devises an action strategy for which he seeks legitimation through discourse by
means of various key arguments. The author examines the discourse produced by the three actors in
order to determine its effects on municipal information. He concludes that the action strategy of
politicians, communicators and the public is based on an awareness that information and power are
closely connected, but that it is also based on three different conceptions of local democracy.

323

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