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Les rapports entre perception et (re)production dans l’acquisition des langues secondes et/ou

étrangères – A. BORRELL

Les aspects phonético-phonologiques

On dit habituellement que pour bien produire un son il faut d’abord l’avoir bien perçu.
Cette affirmation, à la base de la méthode verbo-tonale de correction phonétique, semble
établir un parallélisme étroit entre perception et reproduction. Un son correctement perçu ne
devrait alors poser aucun problème de réalisation.
La méthode verbo-tonale pose le diagnostic non plus en termes articulatoires, mais en
termes perceptifs. P. Guberina : la pathologie de l’audition et la didactique des langues ont
montré la parenté qui existant entre les deux domaines.
Le sourd a un système auditif plus ou moins atteint et développe donc une perception
imparfaite. L’élève qui apprend une langue étrangère possède un système auditif correct mais
développe une perception imparfaite aux sons de la langue étrangère. La cause n’est pas la
même, le comportement des deux présente cependant une grande ressemblance.
Deux questions d’imposent alors :
- Pourquoi y a-t-il des problèmes de perception quand on apprend une langue
étrangère ?
- Perception et reproduction sont-ils aussi étroitement liés qu’on semble le croire ?

Pour répondre à ces interrogations il faut se référer à quelques notions importantes et


généralement bien connues.

Le crible phonologique

Dans notre enfance nous mettons en place le système phonético-phonologique de notre


langue. Nous intégrons les phonèmes à partir des sons qui ont été sélectionnés comme étant
ceux en usage dans notre langue. Le processus de structuration est bien connu, nous passons
du babil au prélangage puis au langage.
Il existe une période sensible qui est propice à l’acquisition d’une langue. On la situe
selon E. Lenneberg entre 15 mois et la puberté. D’autres prétendent qu’à 5 ans cette période
est terminée. Ensuite l’acquisition devient plus laborieuse. La facilité que l’on possède durant
notre petite enfance serait due au fait que la fixation linguistique s’effectue en même temps
que le cerveau voit sa maturation biologique s’accomplir.
Plus tard, chez l’adolescent et à plus forte raison chez l’adulte tout devient plus
difficile. On retrouve d’ailleurs cette facilité de récupération plus rapide chez les enfants
aphasiques que chez les adultes aphasiques.
Quand la langue est maîtrisée, du point de vue phonologique, cela signifie que notre
cerveau a structuré nos acquisitions. Il a intégré des formes qui correspondent aux phonèmes
de notre langue. L’organisation de ces formes va constituer ce qu’on appelle le « crible
phonologique » d’une langue. Chaque langue possède un système phonologique original et
par là même met en place un crible phonologique original lui aussi.
P. Guberina « Le cerveau humain est universel » ce qui signifie qu’il a les mêmes
capacités pour développer des systèmes linguistiques différents dans des communautés
différentes. Il en va ainsi des systèmes phonologiques.
P. Guberina « Le cerveau /…/ ne trouvera, automatiquement, aucune raison logique
supérieure qui l’aiderait à assimiler plus facilement l’expression de la langue qui n’est pas la
sienne. »
Ainsi un individu, dans une communauté linguistique donnée, dès lors qu’il a structuré
sa langue, et donc son crible phonologique, aura beaucoup de difficultés à remettre cette
structure en question. Il va avoir l’impression que l’outil linguistique qu’il possède est
incomparable.
Ce qui explique que, quand nous entendons un son d’une langue étrangère, nous
l’interprétons à travers le crible de notre langue maternelle. S’il n’y a pas de trou
correspondant dans ce crible, le son étranger va être filtré à travers un autre trou et interprété
comme une autre forme.
Guberina insiste sur la notion de « cerveau universel » et précise que : « le système
perceptif de l’audition est pareil chez tous les êtres humains. Ce système crée les difficultés
d’apprentissage d’une langue seconde, chaque son de n’importe quelle langue contenant
potentiellement en lui les phonèmes de toutes les autres langues. »
Ce qui veut dire que quand on entend un son d’une langue étrangère, on choisit pour
l’interpréter une forme, un phonème de notre langue maternelle. C’est ce qui explique
pourquoi par exemple les espagnols interprètent [y] comme /u/. La première voyelle se
retrouve vraiment dans la seconde. Un arabe par contre interprétera [y] comme /i/. Dans les
deux cas il ne s’agit pas de problèmes articulatoires, mais de problèmes perceptifs.

La perception catégorielle
C’est grâce à elle que se met en place le crible phonologique. Cette catégorisation vaut
pour toutes nos sensations, pour les sons comme pour les couleurs… Le crible phonologique,
ensemble de catégories, devient notre grille de référence, notre outil interprétatif. Quand un
stimulus sonore doit être interprété, il l’est par référence à ces formes qui sont mémorisées, il
est assimilé à l’une d’elles.
Cette mise en place des catégories demande du temps, c’est parce qu’il y a une grande
résistance au changement. Cette résistance s’intensifie avec le temps. Les enseignants savent
bien que les enfants ont moins de difficultés que les adultes. Ils sont plus aptes à accepter de
nouvelles catégories et donc à remettre en question la structure existante. Leur cerveau
apparaît comme plus malléable que celui des adultes.
Plusieurs modèles de perceptions existent. Le modèle passif prétend que l’oreille
analyse tous les signaux puis un système opère un filtrage sélectif et traite l’information avant
de la transmettre au cerveau. Le modèle actif prétend que le son est perçu au niveau central en
référence aux mouvements articulatoires nécessaires à sa production.
Le couplage audio-phonatoire existe-t-il ?
Les deux processus ne sont-ils pas quelquefois indépendants ?

La relation entre la perception et la (re)production

Ce couplage est fondamental en méthodologie verbo-tonale. Pour qu’un son soit bien
réalisé, il faut d’abord qu’il soit bien perçu.
Il est tout à fait possible de percevoir un son d’une langue étrangère sans être capable
de le reproduire. Exemple avec le r roulé de l’espagnol et d’autres sons dans d’autres langues.
Il existe en effet quelques sons relativement rares qui présentent réellement une grande
difficulté au plan articulatoire. Pour ces sons, une bonne perception ne garantit pas
automatiquement une reproduction convenable.
Dans la plupart de cas, une bonne perception assure une bonne reproduction.

Le phénomène « fis »

Bien connu de ceux qui se préoccupent de l’acquisition du langage chez l’enfant.


On constate que très souvent les enfants entre 4 et 7 ans prononcent [s] pour [ ]. Si
une personne fait la même confusion en les imitant, ils vont le remarquer. Ce qui signifie que
l’enfant a bien intégré une différence entre les deux sons, mais qu’il est incapable de
reproduire.
Ainsi, le parallélisme entre perception et reproduction n’est pas toujours très
rigoureux. Il y a un décalage entre structuration de la perception et structuration au niveau
articulatoire. Ceci est explicable par les limites de l’activité neuro-musculaire au plan
articulatoire. Dans ce cas la perception précède l’articulation et la première n’entraîne pas la
seconde.
E. A. Llorach « Il peut arriver que le système perceptif dispose de toutes les unités,
alors que le système articulatoire présente encore des neutralisations ou des éléments
indifférenciés. »

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