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Dossier n° 15

La contestation de la mondialisation

Après la chute du mur de Berlin, les grandes Peut-on vraiment parler aujourd’hui de
économies du Nord ont célébré la victoire du « déglobalisation » ? Début 2009, on a bien assisté
capitalisme. Le mythe d’une « mondialisation à un effondrement des échanges mondiaux. Mais
heureuse », sans alternative au capitalisme comme les fluctuations de la croissance éco-
libéral, s’est développé. Des mouvements nomique sont structurellement amplifiées au
contestataires, rassemblant une grande pluralité niveau du commerce international, on peut
d’acteurs, ont toutefois émergé dans les pays du avancer que la « déglobalisation commerciale » a
Nord comme dans ceux du Sud. Mieux saisir les été la résultante de la crise. Zaki Laïdi souligne
enjeux de cette contestation implique de d’ailleurs que la crise a renforcé la légitimité
s’interroger sur sa nature, ses acteurs ainsi que politique de l’OMC.
sur les rapports qu’ils entretiennent avec la
1 La question d’une dimension plus volontariste de
sphère politique et syndicale .
la « déglobalisation » reste néanmoins posée.
Même si les gouvernements ont eu relativement
LA CONTESTATION VUE DU NORD peu recours au protectionnisme classique (droits
de douane), ils ont été nombreux à développer
Selon Zaki Laïdi, la crise a ravivé le débat sur la des logiques de « préférence nationale » au
mondialisation sans que le courant néolibéral travers de plans de relance formels ou informels.
s’oppose frontalement à celui des étatistes ou La conséquence politique en est que l’appétence
des régulationnistes. De surcroît, la concomi- pour la clôture du cycle de Doha est très faible,
tance de la crise financière et de la crise sauf dans les pays émergents. D’ailleurs, la
environnementale ne devrait pas se solder par un préférence pour le libre-échange est très peu
retour aux équilibres passés. La crise actuelle a marquée dans les pays développés, à commen-
donc des effets inattendus, mais elle suscite cer par les États-Unis où d’autres problèmes sont
d’autres interrogations. prioritaires. Seuls les pays scandinaves et la
Grande-Bretagne font exception.
La notion de « déglobalisation », c’est-à-dire la
réorientation de la production vers les marchés Quel peut être le débouché politique de ces
locaux plutôt que vers l’exportation, a été différents processus ? Le paradoxe de la crise a
popularisée par Walden Bello. Elle fait écho à la été de « désidéologiser » le débat, y compris par
réflexion actuelle sur le renouveau du protection- rapport au libéralisme, et de ne pas déboucher
nisme dans le contexte de la crise. sur une mobilisation sociale.
Le processus de « déglobalisation » doit néan-
(1) Ce dossier a été rédigé à partir des analyses moins être pris au sérieux car un élément
présentées par Zaki Laïdi (professeur, Sciences Po),
Alfredo Valladão (président de la chaire du Mercosur),
nouveau intervient, celui de la concomitance
Eddy Fougier (chercheur à l’IRIS) et Dominique Plihon entre la crise financière et la crise environne-
(professeur à l’université Paris Centre-Nord et mentale. Les réflexions sur les mesures à prendre
président du Conseil scientifique d’ATTAC) lors du contre les mauvais élèves du réchauffement
Rendez-vous de la mondialisation du 24 septembre climatique vont bon train, sans trouver pour
2009, animé par Éric Le Boucher (rédacteur en chef, l’instant de modalités d’application satisfaisantes.
Enjeu-Les Échos).

Les Dossiers de la Mondialisation n° 15 – septembre 2009


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De surcroît, le développement de normes privées jonction avec les mouvements contestataires du
fait courir le risque d’un « protectionnisme vert ». Nord, porteurs d’une approche plus politique et
plus systémique, que les aspects anticapi-
Zaki Laïdi conclut que la critique de la
talistes et altermondialistes se sont développés
mondialisation rejoint celle de l’État dans les pays
au Sud. La contestation commune du Nord et du
du Nord, dans le sens où le renforcement de leur
Sud s’est cristallisée sur les Forums sociaux et
rôle est à la fois souhaité et critiqué. Toutefois, il
sur la lutte contre le libre-échange. La coalition
souligne combien la définition du cadre du rôle
du mouvement s’est d’ailleurs scellée en 1999
de l’État est délicate alors que les opinions
à l’occasion des manifestations organisées
publiques montrent des signes de défiance,
pendant la conférence ministérielle de l’OMC à
notamment lorsque l’aléa moral est en cause.
Seattle.
Alors qu’à la faveur de la crise, les pays du Nord
Aujourd’hui, le mouvement altermondialiste semble
s’interrogent sur le libre-échange et sur l’État,
en perte de vitesse, tout au moins silencieux,
qu’en est-il des pays du Sud ?
face à une crise extraordinaire qui pourrait
pourtant lui avoir donné raison. L’explication en
LA CONTESTATION VUE DU SUD est que les altermondialistes sont victimes à la
fois de leur propre succès et de celui de la
Alfredo Valladão analyse la naissance du mouve- mondialisation libérale.
ment altermondialiste du Sud comme une réaction Alfredo Valladão rappelle que les questions
à la victoire de l’idéologie du capitalisme libéral sociales et environnementales défendues par les
sur le socialisme d’État à partir de la chute du altermondialistes ont été progressivement reprises
mur de Berlin en 1989. dans les années 2000 par les instances inter-
Les politiques néolibérales appliquées dans les nationales, voire nationales (mouvement chaviste
pays du Sud (promotion des privatisations et du par exemple).
libre-échange, politiques orthodoxes) ont affaibli Il souligne également que, depuis quinze ans, la
un système social fondé sur des pyramides plus forte croissance économique de l’histoire de
clientélistes et rentistes qui maintenaient une l’humanité a été enregistrée et que huit cent
certaine cohésion. Si bien qu’elles ont menacé millions de personnes sont sorties de la
les communautés traditionnelles comme les pauvreté (notamment en Chine et en Inde). De
classes moyennes ou les aristocraties ouvrières. plus, les inégalités ont légèrement diminué
De surcroît, le modèle libéral de croissance, avide même au Brésil, pays le plus inégalitaire
de ressources naturelles et dangereux pour le d’Amérique latine. Ces succès socioéconomi-
climat, a provoqué la montée d’une conscience ques, auxquels s’ajoute la volonté farouche des
écologique mondiale. Cette conjonction de opérateurs du développement et des pays du
facteurs a catalysé les mécontentements. Sud de maintenir le libre-échange, ont contribué
L’Amérique latine, notamment le Brésil, a joué un à vider le mouvement de sa base revendicatrice.
rôle central dans l’émergence de cette mouvance Au Sud, les groupes contestataires de la mon-
contestataire du Sud durant les années 1990. dialisation sont en train de se transformer en
Ainsi, le mouvement zapatiste et l’esprit du gestionnaires locaux, défenseurs de la démo-
Forum de Porto Alegre ont ensuite essaimé dans cratie participative, voire acteurs de la politique
d’autres régions. La raison de cette place nationale.
particulière de l’Amérique latine tient sans doute
Une certaine rupture au sein des mouvements de
au fait que l’urbanisation y est particulièrement
contestation, en particulier Nord/Sud, en a résulté.
développée et que l’ensemble des problèmes
D’un côté, des mouvements plus politiques,
issus de la mondialisation s’y sont posés
surtout les groupes du Nord ou ceux liés à des
simultanément.
organisations d’extrême gauche, maintiennent
Selon Alfredo Valladão, trois composantes princi- une volonté de changement idéologique et
pales caractérisent alors la mouvance alter- systémique (think tanks, syndicats). Ces groupes
mondialiste : les mouvements de défense des se sont ainsi rapprochés des gouvernements
droits communautaires particuliers, tels les locaux type Chavez ou des idées bolivariennes.
groupes indigénistes ; les mouvements centrés De l’autre côté, notamment au Sud, des mouve-
sur la question sociale prônant la démocratie ments plus pragmatiques et localistes forment le
participative et le retour au « local » ; enfin, les cœur des Forums sociaux de Porto Alegre.
mouvements de protection de l’environnement.
Alfredo Valladão conclut qu’au-delà de leurs
Au départ, pratiquement tous les groupes contes- orientations, ces mouvements jouent toujours un
tataires du Sud étaient locaux et centrés sur des rôle important au Sud, soit comme gestionnaires
problèmes locaux. C’est à la faveur de leur locaux soit comme contre-pouvoirs.

Les Dossiers de la Mondialisation 2 n° 15 – octobre 2009


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LES ACTEURS DE L’ALTERMONDIALISME Eddy Fougier explique ce paradoxe par le fait
que les altermondialistes ont perdu leur position
Plus précisément, qui sont les acteurs de prépondérante dans la contestation de la
l’altermondialisme ? Pour Eddy Fougier, on parle mondialisation. En effet, leurs critiques ont été
souvent à tort d’un « mouvement » altermondia- intégrées au sein même des systèmes en place
liste, alors qu’il s’agit plutôt d’une nébuleuse de et les solutions alternatives à la mondialisation
mouvements sans qu’il existe une internationale libérale se trouvent plus du côté des expériences
altermondialiste, à l’image de l’internationale politiques de La Paz et Caracas que de celui des
communiste. D’ailleurs, le Forum social mondial réformes qu’ils prônent. Ce sujet soulève d’ailleurs
(FSM) n’est pas un congrès annuel et le conseil d’importants débats : pour certains altermondia-
international du FSM n’est pas un bureau politique. listes, notamment d’anciens membres d’ATTAC,
il est temps de passer au post-altermondialisme
La nébuleuse altermondialiste se compose de en parlant d’anticapitalisme, de révolution et en
trois grands groupes d’acteurs avec des degrés se tournant vers l’action politique.
variables d’engagement. Le premier groupe est
constitué de mouvements altermondialistes au Eddy Fougier souligne, en guise de conclusion,
sens strict, dont ATTAC est emblématique, notam- que les schémas des altermondialistes ne
ment en France. Ces mouvements, tous issus de correspondent plus à la réalité car leurs appro-
la société civile en réaction à la mondialisation ches, souvent « marxiennes » (néolibéralisme,
néolibérale, sont des observatoires de la capital, acteurs occidentaux), ont rendu difficile
mondialisation (évaluation, critiques, propositions l’intégration de certaines évolutions du monde
d’alternatives) qui prennent la forme de mouve- dans leurs analyses, notamment la montée des
ments d’éducation populaire, tel ATTAC, ou, très économies émergentes ou le nouveau rapport
souvent, celle de think tanks classiques. entre public et privé. Il n’est donc pas étonnant
que les mouvements altermondialistes soient
Le second groupe rassemble des mouvements actuellement en perte de vitesse.
sociaux ou des ONG (Confédération paysanne,
La moindre visibilité des altermondialistes pourrait
Greenpeace, Caritas International, par exemple).
aussi provenir d’une articulation déficiente avec
Sans être au cœur des mouvements altermondia-
le politique et le syndical.
listes, ce groupe s’inscrit dans la même mouvance
en participant à des mobilisations altermondia-
listes et à des FSM. Leur travail de terrain les LES RELATIONS DE L’ALTERMONDIALISME
conduit également à partager la conviction de la À LA SPHÈRE POLITIQUE ET SYNDICALE
nocivité de la mondialisation néolibérale.
Enfin, le troisième groupe n’appartient pas à la L’altermondialiste Nicanor Perlas propose un
société civile. Il s’agit d’organisations politiques schéma d’organisation triangulaire des pouvoirs,
ou de médias qui participent à la dynamique des confrontations ou des coopérations dans la
altermondialiste sans pouvoir en être les acteurs mondialisation. Les trois sommets du triangle sont
directs (le FSM n’accepte que les organisations occupés par le pôle des gouvernements et des
de la société civile). organisations internationales ; le pôle des entre-
prises multinationales et des lobbies ; enfin, le
Deux grandes phases marquent l’évolution de pôle de la société civile et du mouvement alter-
l’altermondialisme. Tout d’abord, de la chute du mondialiste. Comme il a été dit précédemment, la
mur de Berlin à Seattle, les mouvements de société civile est un concept difficile à définir, que
contestation montent en puissance sans grande l’on peut sans doute qualifier de « nébuleuse » ou
visibilité. Leur émergence médiatique date de de « réseau » plutôt que de « mouvement » au
e
Seattle. Entre 1999 et 2006, le débat sur la sens du mouvement ouvrier au XIX siècle.
mondialisation passe de la sphère académique à
D’après Dominique Plihon, le développement du
la sphère publique et politique. Les altermondia-
mouvement altermondialiste s’est déroulé en
listes y exercent une position dominante tant sur
quatre étapes. La première a été la prise de
les critiques de la mondialisation que sur les
conscience que la coordination de différents
alternatives proposées lors des Forum sociaux.
mouvements de contestation permettait de
À l’heure de la crise financière et environnemen- mettre en échec des projets dangereux pour
tale, l’altermondialisme entre dans une seconde l’évolution ultérieure de la mondialisation. Elle a
phase paradoxale. Les altermondialistes ne font été franchie en 1998 lorsque la coordination
plus la une des médias malgré la pertinence de transatlantique des mouvements de contestation
leurs analyses sur la crise, l’importance de leur a conduit au rejet du projet d’Accord multilatéral
production intellectuelle ainsi que la participation sur l’investissement (AMI), négocié de façon
massive (130 000 personnes) au Forum social de opaque au sein de l’OCDE. Le sommet de Seattle
Belém en 2009. en 1999 a symbolisé la deuxième étape.

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La troisième étape, celle du sommet de la Terre à internationale. En ce sens, c’est une composante
Johannesburg en 2002, a correspondu à la prise centrale de l’altermondialisme.
en compte de l’écologie par les trois groupes
Quelle est la stratégie d’ATTAC ? Pour compren-
d’acteurs du triangle déjà décrit ainsi qu’au
dre son fonctionnement de l’intérieur, il convient
démarrage d’un véritable dialogue triangulaire.
de souligner l’originalité de l’organisation
C’est à cette occasion que les entreprises sont
d’ATTAC en France, structurée autour de trois
devenues parties prenantes du dialogue
composantes : le collège des fondateurs – à
préexistant entre les organisations internationales
l’origine de la création d’ATTAC (syndicats,
et les ONG. On a assisté alors à la montée du
mouvements sociaux, médias) – dont les
concept de responsabilité sociale des entreprises
membres siègent souvent au Conseil d’adminis-
dans un contexte international. La quatrième
tration ; le Conseil scientifique qui comprend une
étape est celle des Forums sociaux, mondiaux ou
centaine de membres issus de différentes
régionaux. Par exemple, en 2009, le Forum social
disciplines et, enfin, les comités locaux (environ
mondial de Belém s’est illustré symboliquement
200) qui sont organisés au sein du Conseil
par l’articulation établie entre le social et
national des comités locaux. Cette organisation
l’environnemental. Selon Dominique Plihon,
donne accès à un vivier d’acteurs complémen-
l’absence du FSM de Belém à la une du 20
taires pour la réflexion et l’action à différents
heures de TFI n’est pas une indication du déclin
niveaux.
du mouvement altermondialiste – le Forum a
connu un vif succès – mais en dit long sur le ATTAC a également trois différents types
fonctionnement des médias. d’alliances et de partenariats. Avec les acteurs du
mouvement social (syndicats, mouvements tiers-
Les trois marqueurs du mouvement altermondia-
mondistes et écologistes), ATTAC cherche à
liste sont penser et agir global en se situant
travailler en symbiose et à rapprocher des points
d’emblée dans la mondialisation, construire des
de vue, syndicats et écologistes par exemple.
alternatives face à l’idéologie d’organisation
Avec les acteurs politiques (partis, élus, villes),
unique de la mondialisation « TINA » (There Is No
ATTAC établit des partenariats pour essayer de
Alternative) diffusée après la chute du mur de
les convaincre de défendre certaines politiques
Berlin, et constituer des contre-pouvoirs pour
ou de faire passer des projets de lois ou des
que la démocratie fonctionne aux niveaux local,
amendements. Enfin, ATTAC a de nombreux
national et mondial. Ce qui pose le problème de
contacts avec les acteurs et les mouvements
la légitimité démocratique de tels contre-
internationaux (Forums sociaux, Nations unies) et
pouvoirs. D’après Dominique Plihon, les alter-
est partie prenante de certaines commissions
mondialistes sont « gramsciens » dans le sens où
(commission Stiglitz).
ils croient au pouvoir des idées et au rôle central
des contre-pouvoirs. Enfin, Dominique Plihon rappelle que le mouve-
e
ment altermondialiste du XXI siècle s’inscrit dans
L’altermondialisme peut ainsi être défini comme
le prolongement des mouvements sociaux
un mouvement social tourné vers les luttes
émancipateurs. Il souligne que les idées alter-
d’émancipation, héritier des mouvements ouvrier
mondialistes, loin d’être dépassées comme l’a dit
ou anti-colonial tournés vers les luttes de
Eddy Fougier, sont au contraire validées par la
libération. Il résulte de la convergence de plusieurs
crise et en partie reprises. À titre d’exemple, deux
composantes (mouvements de solidarité envers
prix Nobel, Stiglitz et Krugman, ont dénoncé les
le tiers monde, syndicats ouvriers et paysans,
failles de la théorie économique standard, le G20
ONG, mouvements des « sans »). Au sein de l’alter-
débat de la re-régulation des banques et de la
mondialisme, ATTAC joue un rôle spécifique.
finance internationale ainsi que du démantèle-
Présent dans environ cinquante pays, ATTAC est ment des paradis fiscaux, des politiques comme
un mouvement d’éducation populaire (débat Peer Steinbrück ou Bernard Kouchner évoquent
d’idées) tourné vers l’action (luttes sociales), qui la mise en place de taxes globales financières du
propose une analyse critique et des propositions style taxe Tobin. Chacun de ces thèmes a été
alternatives face à la mondialisation néolibérale. porté depuis de nombreuses années par les
De surcroît, l’association a un rôle fédérateur, altermondialistes, dont ATTAC. L’important n’est
notamment par la mise en réseau des mouve- pas d’occuper le devant de la scène médiatique
ments de lutte, de l’échelle locale à l’échelle mais que les idées soient reprises.

Centre d’études prospectives


Centre d’analyse stratégique
et d’informations internationales
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Téléphone : 01 53 68 55 00
Site Internet : www.strategie.gouv.fr
Site Internet : www.cepii.fr

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