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Egoïsme et solidarité dans les sociétés contemporaines :

quel doit être le rôle de l’Etat ?


T HOBBES (philosophe du XVI- XVIIe s) écrivait « l’individu avec ses pulsions, ses
droits illimités de l’état de nature est une menace pour la société ». On ne pourra faire face à cette
menace que grave au pacte social. A l’inverse, on pourra également citer TOCQUEVILLE qui, dans
son ouvrage « de la démocratie en Amérique » nous dit notamment que la montée en puissance de
l’Etat, d’organisation sociale est une menace pour la liberté des individus. C’est un sujet qui intéresse
notre société, parce que dans la société française, l’idée de l’intervention de l’Etat pour corriger les
inégalités est très présent. Dans notre pays, l’Etat, très tôt, s’est reconnu le droit et le devoir de corriger
les injustices du système économique libéral. Il existe sans doute dans toute société organisée, un
principe de solidarité qui a été théorisé par E DURKHEIM (théorie du solidarisme). Au sein de la
société traditionnelle, très imprégnée par le religion, on a longtemps parlé plus de charité que de
solidarité. La charité c’est ce qui a prévalu pendant très longtemps dans nos sociétés. C’est à la
révolution que l’on va passer de la charité chrétienne, de la fraternité au concept de solidarité. C’est un
changement de mot important car il évacue tout le côté affectif de ces mots. On peut être solidaire sans
nécessairement aimer son prochain, alors que la fraternité renvoie à l’amour du prochain et donc, la
solidarité renvoie à un droit à .

C’est la constitution de 1791 qui créée un établissement général de secours public pour
les pauvres, enfants abandonnés. La Constitution de 1793 déclare que les secours publics sont une
dette sacrée et la société doit assistance au citoyen. Il est intéressant de rappeler que c’est le directoire
qui va entamer une espèce de décentralisation à l’avance en se déchargeant d’une partie de sa tache sur
les collectivités. Cette question de la solidarité va prendre une importance d’autant plus grande qu’elle
va coïncider avec la révolution industrielle, qui va entraîner une prolétarisation des populations
ouvrières et un accroissement de la classe moyenne. L’Etat providence va donc monter en puissance.
Face à ces inégalités, inhérentes à noter système économique et en particulier de l’homme, la
puissance publique s’est très tôt reconnue un droit de porter assistance au citoyen. Nous pensons aux
lois sociales de 1838 qui mettent en place l’assistance des aliénés, celle de 1848 sur le travail des
enfants, l’ordonnance de 1945 qui créé la sécurité sociale sur proposition du Conseil National de a
Résistance. L’article 1e de la Constitution de 1958 proclame que « la France est une république
indivisible, laïque, démocratique et sociale ». On est donc en présence d’un des derniers grands débats
politiques qui a existé dans notre pays. Cette question de l’intervention de l’Etat en matière sociale,
c’est le lieu de confrontation entre ceux qui considèrent que l’Etat doit intervenir et d’autres qui sont
plus modérés.

On constate de plus en plus une paupérisation des sociétés contemporaines depuis la fin
des années 1970 début des années 1980, qui s’est accompagnée d’une montée en puissance de
l’individualisme et des inégalités sociales. C’est la fameuse fracture sociale, le concept de la France à
deux étages. Face à ces phénomènes, l’Etat doit il intervenir ou doit il au contraire s’effacer plus ou
moins au profit d’autres acteurs de notre société ? La notion d’Etat providence a t elle encore un
avenir, est ce encore une réalité ou une notion dépassée économiquement et socialement ?

La remise en cause de l’Etat providence ne doit pas conduire à l’éclatement de notre


société.

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Les excès du welfare state ont suscité une réaction d’égoïsme qui induit de nouvelles formes de
solidarité.

L’émergence d’une classe moyenne dominante favorisée par l’état providence keynésien a exacerbé
l’aspiration à la différence et a entraîné un rejet d’un Etat omniprésent au profit de nouvelles
solidarités.

L’Etat providence a créé une nouvelle classe dominante qui a proclamé son droit à
l’individualisme.

On est passé d’une société communautaire à une espèce d’aspiration à la différence.

Le terme d’état providence a été employé pour la première fois sous le Second Empire. Il
est alors chargé d’une connotation polémique. Ceux qui vont l’évoquer pour la première fois sont les
libéraux qui s’opposent à l’extension des attributions de l’Etat. Par la suite, ce terme va être employé
pour désigner les différents systèmes de protection sociale de l’Europe industrialisée. Selon D
SCHNAPPER, il y a deux moments : « le moment Bismarck et le moment Beveridge ». C’est vrai que
le gouvernement du chancelier Bismarck, qui va pour la 1e fois mettre en place un embryon d’état
providence. L’idée c’était simplement qu’il fallait que les ouvriers soient en bonne santé. Cela est
passé par la mise en place des lois sociales en 1883 qui va créer une assurance maladie obligatoire
pour tous les ouvriers à bas salaire, puis en 1884 avec l’indemnisation des accidents du travail, et en
1889 avec les assurances vieillesse et invalidité. Un certain nombre de pays vont se rallier à ce
système. Beveridge était un britannique, travailliste, qui va être le promoteur d’un nouveau système de
protection sociale. On va citer le « livre blanc » de 1942 qui est à l’origine des trois grandes lois de
protection sociale d’après guerre : 1945 : « Family Allowance Act », 1946 : « National Health Service
Act » et 1948 : « National Assistance Act ». Dans le système de Bismarck, on cotisait. Là, on a une
couverture totale. Le système est fondé sur la solidarité et non sur l’assistance. On a droit à un certain
nombre de ressources minimales. La sécurité sociale française est créée par une ordonnance du 4
octobre 1945. Elle est organisée autour de 3 branches principales : maladie, vieillesse et famille. La
branche maladie est déficitaire. Ce système est hybride, car il est composé de dispositions d’assistance
qui prennent en charge les retraites et les maladies des travailleurs, système de droits sociaux comme
la Couverture Médicale Universelle (CMU). La gestion est paritaire puisqu’il s’agit d’une cogestion
entre l’Etat, le patronat et les syndicats. Or, en réalité, cette gestion a été de plus en plus étatisée. On
est souvent surpris d’apprendre qu’il existe un système de « sécurité sociale » aux USA qui a été mis
en place en 1935. C’est un système a minima que les besoins des personnes en extrême détresse (20
millions de pauvres aux USA) tels que « medicare » qui ouvre les soins hospitaliers aux personnes
âgées et « medicaid » qui prend en compte les soins aux indigents. Mais ce qui prévaut, c’est un
système d’assurance privée. Il y a 15% de la population (soit 40 millions de personnes) qui ne
bénéficient d’aucun système de protection sociale.

On est passé d’une société communautaire à cette espèce d’aspiration à la différence.


Depuis la 2nd guerre mondiale, la classe moyenne est devenue prépondérante en raison de la
généralisation du salariat, par la tertiarisation des emplois, en raison du rétrécissement des écarts de
revenus qui ont été réduits par une fiscalité particulière, et une montée en puissance du travail des
femmes. Il faut noter que la redistribution des richesses dans le cadre de l’Etat providence a contribué
à homogénéiser les situations par le caractère redistributif de l’impôt sur le revenu. On voit d’ailleurs
cela par la part prépondérante des revenus socialisés dans le revenu des ménages qui est passé de 30%
en 1960 à 50% aujourd’hui. C’est le mode de vie urbain, standards de la consommation de masse qui
ont contribué également à modeler une identité commune pour l’ensemble de nos concitoyens. C’est le
phénomène d’identité commune qui a commencé après la guerre et qui a duré jusqu’à la fin des années
1980. Autrefois quand on était fils d’ouvrier, on s’habillait on mangeait comme un ouvrier. Cette
différence a eu tendance à s’effacer avec la montée en puissance de la consommation de masse et des
standards de la consommation. Cette société communautaire, à partir de 1980, a eu tendance à vouloir

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redécouvrir la notion d’individualisme. Comme disait TOCQUEVILLE : « l’égalité exacerbe
l’aspiration à la différence ». C’est vrai que c’est très contemporain. On a assisté mi 1980 à
l’affirmation de l’individu. C’est la révélation du « moi » qui a succédé au temps des groupes. A
contrario, c’est la fin de la croyance dans les partis de masses représentant une force unie, la fin de la
prépondérance des syndicats, la remise en cause du religieux. En résumé, la remise en cause de l’Etat.
Ce « retrait social » dont parle P ROSANVALLON, c’est un peu l’idée que les individus, aujourd’hui,
ont du mal à se situer parce qu’ils n’ont plus de points de références sociaux.

Cette évolution des mentalités paraît sans doute difficile à concilier avec des systèmes de
solidarité redistributives tels que ceux qui ont été mis en place dans certains états, parce que cet état
providence a un coût. Pour autant, il serait injuste de prétendre que nos sociétés gagnées par
l’individualisme seraient devenues égoïstes, car le constat peut être fait de l’émergence de nouvelles
solidarités.

Une solidarité étatique subie a succédé à une solidarité choisie

Si la solidarité organisée par l’Etat est remise en cause, les réflexes solidaires n’ont, eux, pas disparus
au sein de notre société.

L’Etat providence a été remis en cause par la complexification du système qui a rendu
critiquable ses modes d’intervention. Et pourtant, finalement, le regard sur ce qui nous entoure, nous
montre que l’Etat reste pour les français, le vrai, voire le seul, garant de l’égalité ente citoyens. Sans
oublier le rôle joué par les collectivités locales, il existe des assurances sociales, politiques familiales,
politique du logement et son dernier avatar : le droit opposable (loi Besson 1990, principe à valeur
constitutionnelle depuis CC° 1995), aide aux personnes âgées et handicapées, retraités, lutte contre
l’exclusion, contre le chômage. Cette énumération nous renvoie à la question du poids de
l’interventionnisme étatique sur les finances publiques. On pense au déficit de la sécurité sociale, au
déficit public, au poids de la dette, et ce, d’autant plus que l’on se situe dans le contexte européens et
le pacte de stabilité. Cet interventionnisme étatique doit être mis en parallèle avec la montée en
puissance de l’exclusion dans notre société.

On a assisté à une espèce de relais de la part de la société civile. Dans la mesure où


l’exclusion est plus proche, sans doute, les citoyens se sentent plus concernés. Il y a de nombreuses
initiatives individuelles, collectives comme les associations, les restau du cœur, les entreprises
solidaires ; ainsi que des initiatives en cas de catastrophes naturelles par exemple.

La privatisation du caritatif existe et est louable, mais pour autant, l’éclatement éventuel
de la machine redistributive présente des risques non négligeables.

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La réponse aux exigences nouvelles de l’individualisme ne se trouve pas nécessairement dans une
solidarité éclatée qui atomise la société, mais dans une redéfinition des missions de l’Etat.

Afin d’éviter une dangereuse atomisation du tissu social, il convient de redéfinir le rôle et les moyens
d’action de l’Etat.

Les nouvelles solidarités risquent d’aboutir à une atomisation du tissu social alors que notre
société reste justement attachée à l’intervention de la puissance publique en tant que garante de la
cohésion sociale.

Les nouveaux modes de solidarité risquent de renforcer ces tendances de la population à


l’individualisme parce qu’on a une intervention par strates sociales et non plus de façon transversale
comme seul l’Etat peut le faire.
Les risques liés à la montée en puissance des corporatismes existent. A titre d’exemple,
jusqu’à il y a peu, il n’y avait pas de mécanismes de représentation des exclus.
La limite que l’on peut voir dans ces mouvements est liée à leur propre montée en
puissance. Toute organisation structurée hérite des défauts d’un système étatisé comme monopole de
situation, perversion du système (comme l’association de recherche contre le cancer), des frais de
structure. A contrario, certaines associations plus petites font preuve d’un certain amateurisme qui les
renvoie vers l’Etat. Mais surtout on assiste depuis une dizaine, quinzaine d’années, à un retour de la
charité. Cela est très choquant. Peut on considérer que des émissions comme le Téléthon montrent une
avancée sociale ?
Nous tendons vers une complémentarité entre ces actions et l’Etat, car il semble que la
société française reste convaincue que l’Etat reste le garant de sa cohésion. Pour elle, l’Etat providence
est un fait historique, et la population française n’est pas préparée à une modification profonde de son
système de redistribution comme nous le montrent les débats sur la fin des régimes spéciaux ou le
financement de la sécurité sociale.

Si on soutient que le privé ne peut pas tout faire, se pose la question de la redéfinition du
champ d’action de l’Etat en matière de solidarité dans un contexte budgétaire restreint.

Il convient de redéfinir le rôle et les moyens d’action de l’Etat

En effet, l’Etat doit se recentrer sur ses missions essentielles, mais faire de la lutte contre l’exclusion
un objectif prioritaire. Il faut avoir une réflexion sur l’étendue de l’Etat et ses modes d’intervention.

L’Etat démocratique doit sans doute abandonner son héritage gaulliste pour se recentrer
sur ses missions régaliennes et la protection sociale des individus. Surtout, l’Etat doit sans doute
améliorer le processus de la décentralisation enclenché en 1981-1982-1983, parce qu’il y a là des
pistes de réflexions intéressantes. Une fois encore, l’Etat sera nécessairement présent pour mettre en
place une péréquation financière enter les collectivités riches et pauvres pour éviter l’application au
sein de notre pays de distorsions et donc de différences de traitement entre citoyens.

Enfin cette lutte contre l’exclusion doit être pour l’Etat, un objectif prioritaire parce que
c’est la condition du maintien de l’unité d’un pays. C’est pourquoi cette solidarité étatique ne saurait
disparaître parce qu’on va contester une certaine ambiguïté du mouvement contemporain de
revendication de l’ego, car en définitive ceux qui revendiquent le plus le droit à l’individu font partie
d’une frange les plus favorisées de la société.

L’Etat reste attendu sur ces questions de solidarité. On pense notamment à l’épisode de la
canicule de 2003.

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L’égoïsme est sans doute inhérent à la nature humaine, la solidarité ne va pas
nécessairement de soi dans notre société. C’est parce que l’Etat est légitime à intervenir car c’est le
garant quasi institutionnel des équilibres de la société. Pour autant, il est évident qu’il ne peut plus
gérer cela seul, car les besoins sont grandissants.
On aurait pu aussi s’interroger sur la solidarité au niveau mondial quand on sait que 80% des richesses
de la planète sont détenus par 20% de la population.

Livres : Gosta Esping Andersen : « 3 mondes de l’état providence : essai sur le capitalisme moderne »
chez PUF, collection lien social.
P Rosanvallon : « la nouvelle question sociale : repenser l’état providence » ed le Seuil.

Chiffres en 2005, en France :


3 300 000 allocataires :
 1 200 000 RMI
 800 000 : allocation pour adultes handicapés
 600 000 : allocation supplémentaire vieillesse.

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