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Mai 2005
Table des matières
2. Incidence probable de la suppression des quotas commerciaux frappant les produits du textile
et de l’habillement ______________________________________________________________ 4
1
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
Le 1er janvier 2005, le système des quotas qui, pendant une trentaine d’années, a régi le
commerce mondial du textile et de l’habillement a été aboli. Ce jour-là, l’immense majorité des
quotas à l’importation a été supprimée : 701 mesures de quotas ont été supprimées par les Etats-
Unis qui n’en avaient levé que 11% depuis 1995, 239 par le Canada et 167 par l’Union Européenne
qui, pour sa part, en a démantelé 30% et déjà adopté les textes juridiques nécessaires.
Sur ce dernier point, de nombreux pays émergents craignent de voir disparaître leur
industrie du textile et de l’habillement au profit de la Chine qui, au moment de la signature de
l’Accord sur les textiles et les vêtements, n’avait pas encore intégré l’Organisation mondiale du
Commerce.
En 2003, les échanges mondiaux de textiles et d’habillement se sont élevés à 395 milliards
de dollars, en progression de 12% par rapport à 2002, dont 57% pour l’habillement (graphique 1).
Second secteur après l’agriculture, le textile-habillement représente 5,4% des échanges mondiaux
de marchandises (tableaux 2 et 2 bis) et son commerce a été multiplié par 30 en moins de quarante
ans.
2
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
Graphique 1 : commerce mondial des textiles et de l’habillement (en millions de dollars)
450000
400000
350000
300000
250000
200000
150000
100000
50000
0
67
69
71
73
75
77
79
81
83
85
87
89
91
93
95
97
99
01
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
20
Source : CHELEM.
3
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
Sur le marché du textile, les principaux importateurs mondiaux sont les Etats-Unis et
l’Union Européenne avec respectivement 10,2% et 11,2% des importations mondiales. Les
principaux fournisseurs des Etats-Unis sont, d’après l’OMC, la Chine (19,8%), l’Union
Européenne (15,4%), le Canada (10,7%), le Mexique (8,6%), l’Inde (8,4%), le Pakistan (6,8%) et
la Corée du Sud (5,5%). L’Union Européenne compte comme principaux partenaires la Chine
(14%), la Turquie (13%), l’Inde (9%), le Pakistan (7%) et dans une moindre mesure, le Bangladesh
(1%).
Bénéfique pour les consommateurs des pays occidentaux en raison des baisses de prix
qu’elle implique1, la suppression de l’ensemble des restrictions quantitatives subsistant dans le
commerce mondial des produits du textile et de l’habillement devrait normalement se traduire par
une diminution de la production et de l’emploi dans ce secteur au profit principalement des grandes
puissances démographiques du Sud, comme la Chine et l’Inde. Les coûts de production devraient y
être tirés vers le bas, parallèlement au renforcement de l’efficience des processus de production,
qui étaient jusqu’à présent fragmentés.
Dans les pays développés, les avantages d’une baisse des prix2, d’une plus grande
efficience et d’une augmentation des volumes échangés pourraient largement compenser les effets
d’ajustement négatifs sur la production et l’emploi dans les secteurs des textiles et des vêtements,
induits par la libéralisation des échanges. Néanmoins, les conséquences de la suppression de ces
quotas pourraient être importantes car, même si l’importance du secteur textile a tendance à
diminuer au cours des dernières décennies, il représente une part non négligeable de l’emploi
manufacturier et de la production manufacturière3.
1
Selon la Banque Centrale Européenne, dans la zone euro, la composante habillement joue en effet un rôle important
dans l’évolution des prix à la consommation, étant donné qu’elle représente quelque 6% de l’indice global des prix à la
consommation harmonisé (IPCH).
2
Cette évolution serait de nature à stimuler la consommation des ménages dès lors que les enseignes de distribution
répercutent la baisse des coûts sur les prix à la consommation.
3
Dans la zone euro, la filière textile représente aujourd’hui 10 % environ de l’emploi manufacturier et 6 % de la
production manufacturière. Aux Etats-Unis, elle emploie près de 850.000 salariés.
4
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
De ce fait, le secteur du textile-habillement pourrait subir certaines conséquences négatives
en termes de production et d’emploi. Toutefois, l’incidence de la suppression des quotas devrait
être atténuée étant donné que les producteurs ont eu trente ans pour s’adapter et trouver des
créneaux de substitution dans le haut de gamme, dans la mode ou les tissus techniques par
exemple4. Les mesures prises pour accroître la compétitivité de l’industrie textile, notamment en
soutenant les efforts de recherche-développement et de formation, l’ouverture des marchés et la
lutte contre la contrefaçon, ne sauraient être suffisantes pour contenir la diminution du solde net
des échanges.
D’un autre côté, le fait que cette suppression ait été progressive devrait signifier qu’elle a
déjà été, du moins en partie, intégrée dans les décisions d’investissement, bien que l’adhésion de la
Chine à l’OMC puisse entraîner une nouvelle hausse des importations en provenance d’Asie.
De plus, parmi les autres facteurs déterminant l’incidence probable de la suppression des
quotas, figurent :
• le maintien des tarifs douaniers qui, dans les pays occidentaux, se situe autour de 12% contre
4% pour l’industrie manufacturière ;
• le fait que, même si les quotas doivent être supprimés, l’Accord sur les Textiles et les
Vêtements (ATV) a prévu une clause de sauvegarde que les pays producteurs pourront toujours
appliquer si la hausse des importations en provenance d’un pays porte un préjudice grave à leur
industrie qui fabrique des produits semblables ou concurrents5.
L’expérience d’autres pays qui ont déjà libéralisé leurs échanges de produits du textile-
habillement tend à indiquer que, si l’on a généralement constaté une incidence significative sur les
prix et les volumes, le profil et l’ampleur de cette incidence ont différé selon les pays, peut-être en
raison de la présence de forces de marché différentes.
• En Norvège, pays où l’on a à la fois réduit les tarifs douaniers et supprimé les quotas, les prix à
la consommation des vêtements ont enregistré une importante baisse de 16 % entre 1995 et
2001.
4
En outre, il importe de noter que la Commission européenne a récemment proposé un plan d’action en sept points,
comportant des mesures destinées à accroître la compétitivité de l’industrie textile européenne. Ces recommandations
portent, notamment, sur un soutien aux efforts de recherche-développement et à la formation, l’ouverture des marchés
et le renforcement de la lutte contre la contrefaçon.
5
Cette clause de sauvegarde, que la Chine a accepté en adhérant à l’OMC, peut être appliquée sur une base sélective,
pays par pays, par accord mutuel ou, si aucun accord n’est intervenu au bout de 60 jours, de façon unilatérale. C’est
ainsi que depuis 2002, les Etats-Unis l’ont déjà utilisée trois fois en réintroduisant les quotas sur les robes de chambre,
les soutiens-gorge et les textiles tricotés. Plus récemment, au regard de la très forte progression des importations
européennes de textile chinois qui ont doublé, voire triplé au cours des trois premières semaines de l’année 2005, les
industriels et le gouvernement français pourraient saisir la Commission Européenne dès la mi-février pour demander la
mise en application des clauses de sauvegarde. La défense de la lingerie et des chemises et pantalons, largement
fabriqués par ses partenaires de la zone de libre-échange euro-méditerranéenne, sera sans doute privilégiée.
5
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
• En Suède, où les quotas sur les importations de produits du textile-habillement ont été
supprimé en 1991, avant de devoir les réintroduire préalablement à l’adhésion à l’Union
Européenne en 1995, les importations en provenance de Chine ont fortement augmenté mais
l’incidence sur les prix à la consommation a été peu perceptible, certainement en liaison avec
des modifications du régime fiscal suédois et la dépréciation de la couronne, ces deux
phénomènes étant intervenus à peu près en même temps.
• En Australie, où les quotas ont été démantelés en 1992-1993 et où une baisse des tarifs
douaniers est intervenue sur la période comprise entre 1992 et 2005, une hausse des
importations plus importante que la baisse de la production nationale a été observée, bien que
les prix à la consommation soient restés assez stables.
Dans les pays développés pris globalement, la suppression des quotas sur le textile-
habillement ouvre donc des opportunités, tout en présentant des défis pour l’industrie concernée,
les enseignes de distribution et les consommateurs. Même s’il est difficile de quantifier avec
précision son incidence, l’élimination de ces restrictions devrait se traduire par des avantages nets
substantiels, essentiellement par le biais de pressions à la baisse sur les prix à la consommation.
Ces gains seraient maximisés sur les marchés caractérisés par un degré élevé de concurrence.
A l’inverse des économies avancées, la disparition du système des quotas serait lourde de
conséquences pour les pays les moins avancés sur l’échelle du développement, que ce soit en Asie,
en Amérique latine ou en Afrique. Tout en procurant une part importante des revenus à
l’exportation, la filière textile assure une part substantielle de l’emploi industriel dans ces pays où
les tensions sur le marché du travail vont s’accumuler au cours des prochaines années.
Pour évaluer l’impact de la levée des quotas sur les pays exportateurs de textile et
d’habillement, il importe d’une part, d’analyser l’effet de la réduction des quotas sur les parts de
marché de la Chine lors de la précédente phase en janvier 2002, et d’autre part de comparer les
avantages comparatifs des pays et les quotas atteints.
En décembre 2001, la Chine est entrée à l’OMC. Ce pays a donc bénéficié rétroactivement
de la levée des quotas sur 11 catégories de produits (dont 8 concernent les vêtements) en Europe et
23 aux Etats-Unis. L’adhésion de la Chine à l’OMC a coïncidé avec la troisième phase de
libéralisation des quotas le 1er janvier 2002, à l’issue de laquelle 51% des volumes échangés
n’étaient désormais plus contraints.
Les exportations chinoises de textile entre 2001 et 2003 ont fortement augmenté, en valeur,
de 53% et leur part dans les importations mondiales ont progressé de 5,4 points, passant de 10,5%
à 15,9% entre 2000 et 2003.
6
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
Graphique 2 : Evolution des exportations chinoises de produits textile et habillement
(en milliards de dollars)
60
Textile Habillement
50
40
30
20
10
0
1990 1995 2001 2002 2003
Source : OMC
Tableau 3 : valeur et variation annuelle des exportations chinoises de produits textiles et d’habillement
Valeur en millions de dollars Variation annuelle en %
1990 1995 2001 2002 2003 1990-95 1995-01 2002 2003
Textile 7219 13918 16826 20563 26901 15% 3% 22% 31%
Habillement 9669 24049 36650 41302 52061 25% 9% 13% 26%
Source : OMC, calculs DPEF
2.1.2. Avantages comparatifs et quotas atteints
Selon une étude réalisée par l’Organisation Mondiale du Commerce, les pays qui vont le
plus bénéficier de la levée des quotas sont ceux qui butent aujourd’hui sur les quantités et qui ont
les capacités d’augmenter leur production. Le tableau 4 suivant montre que les pays dont les
exportations atteignent le plus les quotas sont le Pakistan, la Chine, l’Inde et le Vietnam. Ces
mêmes pays ont des avantages comparatifs révélés très importants sur les marchés du textile et de
l’habillement, en particulier le Pakistan, ainsi que le révèle le tableau 5.
7
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
Tableau 5 : avantages comparatifs révélés6 en 2000
Pays Textiles Vêtements
Inde 1,9 3,1
Pakistan 12,5 8,5
Chine -1,6 8,3
Source : Chelem
Ces pays disposent d’avantages comparatifs importants, notamment par rapport à d’autres
pays pauvres d’Asie. Ils sont notamment caractérisés par une production importante de matières
premières, facteur clé de la compétitivité. En comparaison, des pays comme le Bangladesh et le Sri
Lanka sont fortement dépendants des importations de matières premières, même si le
gouvernement du Bangladesh encourage actuellement la mise en place d’unités de tissage. En effet,
ces deux pays, qui sont importateurs nets de produits textiles, risquent de voir leurs principaux
fournisseurs (Inde, Pakistan, Chine) arrêter les exportations de matières premières pour satisfaire
leurs propres besoins après 2005.
Source : OMC
6
La spécialisation est mesurée par un indicateur d’avantage comparatif révélé, celui de contribution au solde
commercial.
8
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
La Chine, le Pakistan et l’Inde devraient en effet utiliser pour leur marché intérieur la
production locale de textile. Les prix des matières premières textiles seraient donc être amenées à
croître du fait d’une réduction de l’offre de produits à bas prix. Les premiers affectés seront donc
les pays importateurs nets, à l’instar du Bangladesh, du Sri Lanka, des Philippines, du Mexique,
des Philippines, de la Tunisie et du Maroc. Ces derniers subiraient plus fortement la concurrence
des autres pays asiatiques moins dépendants des importations de ce type de matières premières,
comme la Chine, l’Inde et le Pakistan.
D’après l’OMC, la levée des quotas au 1er janvier 2005 sur le marché textile ne devrait pas
trop modifier la répartition des parts de marchés à court terme du fait de l’utilisation des produits
textile (matières premières) pour la production d’articles finis (habillement).
Ainsi, sur le marché européen du textile, la Chine et l’Inde verront leurs parts de marché
augmenter de 2 points, tandis que les Etats-Unis et la Turquie ne perdront qu’un point de part de
marché (graphique 4).
Graphique 4 : part de marché dans le textile avant et après le démantèlement des quotas,
dans l’Union Européenne
2002 2005
Reste du
Chine Reste du Monde Chine
Monde
10% 34% 12%
36% Turquie Turquie
13% 12%
Afrique Inde
Inde
3% 9%
Etats-Unis Taïwan 11%
3% Etats-Unis
Taïwan Europe Centrale 8% Europe Centrale 7%
3% Afrique du et de l'Est (hors Afrique du et de l'Est (hors
Nord (hors Pologne) Nord (hors Pologne)
Maroc) Corée du Sud Indonésie 6% Maroc) Corée du Sud Indonésie 6%
3% 5% 4% 3% 4% 5%
Source : OMC
Sur le marché américain (graphique 5), l’abolition des quotas aura un impact plus marqué
car les barrières à l’importation sont plus nombreuses. En supposant qu’il n’y ait plus aucune
barrière à l’importation de produits asiatiques, les parts de marché de la Chine augmenteraient de 7
points. Celles de l’Union Européenne et du Mexique seraient réduites de 2 points, respectivement à
14% et 11%.
9
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
Graphique 5 : part de marché dans le textile avant et après le démantèlement des quotas,
aux Etats-Unis
2002 2005
Reste du Reste du Monde
Monde Chine Chine
Indonésie 11% Union Indonésie 21%
20% 18%
3% Européenne 3%
16% Union
Japon Japon Européenne
3% 3% 14%
Hong Kong Mexique Hong Kong
6% 13%
Amérique (hors 5%
Inde
Mexique) Inde Amérique (hors Mexique
Taïwan 11%
5% Corée du Sud 5% Taïwan Mexique)
7% 10% Corée du Sud
6% 6% 8%
6%
Source : OMC
Une étude effectuée par la Ministère français de l’Economie, des Finances et de l’Industrie
montre que l’effort d’équipement de la Chine est considérable et présage d’une augmentation de la
production et des exportations chinoises7. En s’équipant à neuf, les producteurs textiles chinois
améliorent ainsi leur productivité et augmentent leur production de textile d’une qualité permettant
l’exportation.
De même, en Inde, les mesures déployées par les pouvoirs publics vont permettre à ce pays
de multiplier ses projets d’investissement en machines et équipements nécessaires à la production
textile et d’accroître sensiblement ses exportations de textile. Les coûts de production totaux
devraient y être tirés vers le bas et le processus de production verrait son efficience renforcée8.
7
Entre 1992 et 2002, la Chine a acheté 15% des équipements de filature (fibre courte) vendus dans le monde et 31%
des métiers sans navette. A l’exception de la Turquie qui a réalisé un effort notable, les pays tiers méditerranéens et
ceux d’Europe Centrale et Orientale souffre d’un déficit d’équipement ; leur capacité d’investissement étant affectée
par les très faibles marges dégagées dans les opérations de sous-traitance.
8
Selon une étude réalisée par Mc Kinsey, l’Inde pourrait devenir le deuxième fournisseur mondial de produits textiles
après la Chine avec un montant d’exportations compris entre 25 et 30 milliards de dollars d’ici 2013, mais à condition
que de vigoureuses réformes soient mises en œuvre, notamment en matière d’infrastructures et de droits de travail.
10
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Graphique 6 : part de marché dans l’habillement avant et après le démantèlement
des quotas, dans l’Union Européenne
2002 Reste du 2005
Reste du Chine Monde Chine
18% Inde
Monde 24% 29%
6% Indonésie
30%
Turquie 3% Inde
Indonésie 9% 9%
3% Bangladesh
Europe
Bangladesh 4% Turquie
Afrique du Centrale et de Afrique du
3% Pologne 6%
Nord (hors l'Est (hors Nord (hors Europe
Pologne 4%
Maroc Maroc) Hong Kong Pologne) Maroc Maroc) Hong Kong Centrale et de
5% 9%
5% 6% 6% 4% 5% 6% l'Est 6%
Source : OMC
Source : OMC
Dans ces conditions, la part de la Chine dans les importations de vêtements aux Etats-Unis
pourrait augmenter de 34 points aux Etats-Unis. L’OMC prévoit ainsi que la Chine occuperait 50%
du marché américain. En comparaison, la montée en puissance de ce pays lui apporterait des gains
de part de marché dans les importations européennes de seulement 11 points. Ils seraient réalisés
essentiellement au détriment de la Turquie, des pays d’Europe Centrale et Orientale et du Mexique.
11
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
Graphique 8 : comparaison mondiale du coût du travail dans l’industrie de la filature et du tissage
(en dollars par heure)
25
20
15
10
0
Union Européenne à 15
République tchèque
Taïwan
Chine
Etats-Unis
Bangladesh
Mexique
Malaisie
Corée du Sud
Estonie
Slovaquie
Tunisie
Thaïlande
Inde
Portugal
Japon
Pologne
Maroc
Turquie
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Direction des Etudes et des Prévisions Financières
3.3. Impact de la mise en place d’une taxe à l’exportation par le Ministère chinois du
Commerce
L’arrivée à terme de l’accord sur les textiles et les vêtements (ATV) a fait craindre aux
autorités chinoises l’éventuelle mise en place de mesures de rétorsions9 de la part de ses partenaires
commerciaux, les Etats-Unis en particulier, dont le déficit commercial bilatéral avec la Chine a
atteint des niveaux abyssaux au terme de l’année 2004.
A court terme, cette mesure, si elle est effectivement appliquée, se traduirait par une baisse
du prix de revient des exportations de la filière et inciterait les producteurs chinois à servir
davantage le marché domestique.
Dans ces conditions, les prévisions de croissance des parts de marché chinoises réalisés par
l’OMC seraient revues à la baisse et ce sont les pays qui butent aujourd’hui sur leurs quotas et ont
peu de contraintes en termes de matières premières, en l’occurrence l’Inde et le Pakistan, qui
bénéficieraient d’un développement plus modéré des exportations chinoises.
Néanmoins, si la demande intérieure chinoise est jugée insuffisante par les entreprises
domestiques, celles-ci, compte tenu du pouvoir de marché considérable dont elles disposent,
seraient sans doute incitées d’augmenter fortement leurs prix à l’exportation et de favoriser la
montée en gamme vers des produits ne faisant pas l’objet d’une taxe à l’exportation. Aussi, à
moyen et long terme, la mise en œuvre par le Ministère chinois du Commerce de cette mesure
pourrait-elle se traduire, en plus de l’amélioration des recettes budgétaires du gouvernement
chinois, par l’augmentation de la qualité des produits chinois qui concurrenceront désormais
directement ceux économies les plus avancées.
9
Sous forme de quotas d’importation ou de tarifs douaniers.
13
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
S’agissant des échanges de produits textile-habillement, les exportations marocaines ont
constitué en 2001 respectivement 9%, 25% et 14% des exportations de l’ensemble des PECO et
des PSEM, des PECO et des PSEM. Hors la Turquie, le Maroc a exporté pour respectivement 15%,
25% et 32% des livraisons des PECO et des PSEM pris globalement, des PECO et des PSEM.
Les exportations du Maroc sont très concentrées sur un petit nombre d’articles, ce qui rend
ce secteur relativement vulnérable aux profonds bouleversements induits par l’érosion des
préférences commerciales (tableau 7). Un indicateur de concentration simple calculé par le
FEMISE montre que 6 articles composent 50% des exportations nationales de textile-habillement.
La Turquie, avec 10 articles et les PECO sont plus diversifiés.
Par ailleurs, le poids des clients européens est très marqué, ce qui rend notre pays
particulièrement sensible aux variations conjoncturelles de la demande de l’Union Européenne
(graphique 9). Le textile du textile et de l’habillement est en effet une spécialisation du Maroc dans
ses relations avec l’Union Européenne : alors que la part moyenne des importations de textile-
habillement dans les importations européennes est de 7,7%, les produits de la filière textile et
habillement représentent presque 45% des importations européennes issues du Maroc. Selon les
données du Ministère français de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, la part du Maroc dans
les importations européennes d’habillement s’est établie, en 2001, à 4% pour les articles de la
maille et à 7% pour ceux de la chaîne et de la trame. Mais, d’une façon générale, les exportations
du Maroc se concentrent sur des marchés sensibles à la concurrence chinoise (tableau 8).
14
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
Graphique 9 : évolution des exportations par pays de la filière du textile et de l’habillement
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 9 1 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02
19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 20 20 20
Tableau 8 : part de la maille et chaîne et trame dans les importations européennes d’habillement en
2001 (en %)
Tunisie Maroc Turquie Roumanie Chine
Maille 3 4 18 4 17
Chaîne et trame 8 7 10 7 18
Source : MINEFI – DREE, décembre 2002
Les coûts salariaux marocains demeurent compétitifs par rapport à ceux européens,
puisqu’ils représentent en moyenne 13% de ceux-ci. Cependant, cette compétitivité-coût est en
partie contrebalancée par une productivité du travail qui reste modeste11, alors qu’elle est forte en
Asie, particulièrement en Chine.
10
Selon la lettre du CEPII n°240, les projets de développement de la production de coton (qui entrent dans le cadre de
l’aménagement régional de l’Anatolie) comme le fait que la Turquie soit devenue, derrière la Chine, le deuxième
importateur mondial de machines textiles avec, en 2002, 12% du marché mondial contre 8% en 1995, révèlent que la
Turquie continue de renforcer l’avantage qu’elle possède dans l’amont de la filière textile.
11
Une étude du CEPII a montré que les écarts de productivité entre le Maroc et la France peuvent aller de 1 à 2.
15
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
Dans ces conditions, le retour du secteur du textile et de l’habillement sous le régime du
droit commun des échanges commerciaux le 1er janvier 2005 et la perte des conditions
préférentielles dont jouissait la production nationale sur les marchés européens vont sans doute
exacerber la concurrence asiatique sur l’industrie nationale. Celle-ci pays dispose toutefois d’un
certain nombre d’atouts, comme :
• une compétitivité coût indéniable sur certain produits : l’Institut Français de la Mode estimait
en 2003 le prix de revient d’une même chemise à 11,3 euros au Maroc contre 10,4 euros en
Chine, dont 1,1 euros dû à des taxes ;
• une proximité qui favorise la gestion de séries courtes et permet un achalandage réactif aux
variations de la demande ;
• des spécialisations produits moyennement concurrencées par la Chine, si l’on en juge par le
degré de similarité des produits exportés (tableau 9).
Tableau 9 : degré de similarité entre les structures exportatrices des différents pays (indicateur Cos12)
Turquie Roumanie Tunisie Maroc Pologne
Chine 0,41 0,5 0,42 0,48 0,46
Turquie 0,6 0,63 0,79 0,62
Roumanie 0,27 0,26 0,24
Tunisie 0,89 0,85
Maroc 0,91
Source DREE.
L’industrie marocaine tirerait un nouvel avantage hors coût décisif face aux pays
concurrents d’Asie. Cet avantage se rapporte à la prise en compte, par les grandes marques, des
considérations à caractère éthique, social et environnemental au sujet desquelles d’importantes
initiatives ont été prises par les producteurs nationaux.
12
Cet indicateur permet une appréciation synthétique du degré de concurrence entre les structures d’exportation de
deux pays. Il est égal à 1 lorsque les produits exportés sont identiques et à 0 lorsqu’ils diffèrent totalement.
16
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
Ce pays, après avoir été une base d’exportation des marques américaines, vient d’être
dépassé l’année dernière par la Chine sur le marché américain, ce qui ne peut que faire douter de la
capacité de la densification des réseaux de production et de commercialisation au niveau régional à
contrarier la banalisation des préférences commerciales avec la fin des accords ATV. Cette menace
est d’autant plus évidente sur le marché des T-shirts et des tricots, deux familles d’articles qui
assurent plus de la moitié des exportations nationales de la maille vers l’Union Européenne.
Même s’il ne résout pas les problèmes liés à la vétusteté des équipements et la fragilité des
fonds propres, la constitution d’un pôle et d’un marché pan-euroméditerranéen14, plus fluide et plus
performant autour de l’Union Européenne serait une chance.
Cette fluidité devrait permettre d’apporter une réponse plus adaptée aux exigences du
circuit court, tandis que l’harmonisation des règles d’origine serait de nature à privilégier les
approvisionnements de proximité et à constituer un moyen de prolonger les systèmes de protection
après les quotas.
13
Les travaux récents effectués par l’Institut Français de la Mode (IFM) à la demande de l’AMITH confirment l’intérêt
du passage à la co-traitance pour notre pays.
14
Ensemble composé de l’Union Européenne élargie, de la Roumanie, de la Bulgarie, de l’Afrique du Nord et de la
Turquie.
17
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Par ailleurs, la relance du partenariat euro-méditerranéen rendrait alors le Maroc plus
attractif pour les investissements étrangers, avec ce que cela suppose en termes de transferts de
technologies et de remontées des filières. Il convient donc de capitaliser sur les résultats escomptés
de la stratégie mise en place par l’AMITH avec le soutien des pouvoirs publics pour :
• réaliser des percées sur les marchés des pays émergents, dont l’accès sera déterminant à
l’avenir avec l’arrivée à maturité des marchés des pays développés ;
• améliorer notre positionnement sur le marché américain, d’autant plus que les Etats-Unis, avec
lesquels un accord de libre-échange a été contracté15, sont assurés d’une dynamique
démographique vigoureuse à la différence de l’Union européenne ; Let que le Maroc à
contracter avec ce pays un accord de libre-échange de nature à faciliter l’accès des produits
nationaux au marché américain ;
• élargir à terme le débouché de l’industrie textile locale, en créant une demande forte pour la
fabrication de semi-produits tels que les fibres, les fils et les tissus, sur le modèle de la Corée
du Sud16, de la Chine et de la Turquie.
15
Personne en Europe ne propose la signature d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis compte tenu des
enjeux agricoles et agro-alimentaires encore trop importants. Dans ces conditions, le Maroc pourrait constituer pour les
entreprises européennes une plate forme d’investissement et d’exportation à destination des Etats-Unis.
16
En Corée, le rapport entre les importations de tissus et les exportations d’habillement a diminué jusqu’à atteindre
10% en 1985.
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Direction des Etudes et des Prévisions Financières