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Royaume du Maroc

Direction des Etudes


et des Prévisions Financières

Enjeux pour le Maroc


du démantèlement de l’AMF

Mai 2005
Table des matières

1. Situation du secteur du textile-habillement à la veille de la levée des quotas ______________ 2

2. Incidence probable de la suppression des quotas commerciaux frappant les produits du textile
et de l’habillement ______________________________________________________________ 4

2.1. Sur les pays développés ___________________________________________________________ 4


2.2. Sur les pays en développement _____________________________________________________ 6
2.1.1. Effets de la réduction des quotas de 18% au 1er janvier 2002 ___________________________________ 6
2.1.2. Avantages comparatifs et quotas atteints___________________________________________________ 7

3. Présentation des prévisions de l’OMC_____________________________________________ 9

3.1. Evolution à court terme du marché du textile_________________________________________ 9


3.2. Evolution à court terme du marché du vêtement _____________________________________ 10
3.3. Impact de la mise en place d’une taxe à l’exportation par le Ministère chinois du
Commerce ________________________________________________________________________ 13

4. Fin des AMF : quels impacts sur le Maroc ? ______________________________________ 13

4.1. Rappel de la situation de la filière _________________________________________________ 13


4.2. Quelques enseignements _________________________________________________________ 17

1
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Le 1er janvier 2005, le système des quotas qui, pendant une trentaine d’années, a régi le
commerce mondial du textile et de l’habillement a été aboli. Ce jour-là, l’immense majorité des
quotas à l’importation a été supprimée : 701 mesures de quotas ont été supprimées par les Etats-
Unis qui n’en avaient levé que 11% depuis 1995, 239 par le Canada et 167 par l’Union Européenne
qui, pour sa part, en a démantelé 30% et déjà adopté les textes juridiques nécessaires.

Cette évolution a représenté la dernière étape du processus de suppression progressive des


quotas sur l’habillement et textile qui s’est étalé sur les dix dernières années. C’est la plus
importante car elle concerne 49% des volumes échangés (tableau 1). Depuis le 1er janvier 2005,
tous les pays membres de l’OMC exportent et importent sans contraintes les principaux produits du
textile et de l’habillement, ce qui ne manquera pas d’entraîner une croissance des échanges
mondiaux et une concurrence de plus en plus serrée entre les producteurs les plus compétitifs au
niveau mondial.

Tableau 1 : suppression des restrictions au commerce international dans le secteur du textile-


habillement
Date Part en % des quotas initiaux % cumulé des quotas initiaux
devant être éliminés déjà éliminés
Janvier 1995 16 16
Janvier 1998 17 33
Janvier 2002 18 51
Janvier 2005 49 100
Source : Discussion Paper n°5, 2004, OMC.

Sur ce dernier point, de nombreux pays émergents craignent de voir disparaître leur
industrie du textile et de l’habillement au profit de la Chine qui, au moment de la signature de
l’Accord sur les textiles et les vêtements, n’avait pas encore intégré l’Organisation mondiale du
Commerce.

Ainsi, l’objet de la présente note est d’examiner les conséquences probables de la


suppression des dernières restrictions frappant le commerce des produits du secteur textile-
habillement, les facteurs susceptibles de déterminer l’ampleur de cette incidence et le
positionnement de notre pays compte tenu de la stratégie nationale mise en œuvre pour la période
2002-2010.

1. Situation du secteur du textile-habillement à la veille de la levée des quotas

En 2003, les échanges mondiaux de textiles et d’habillement se sont élevés à 395 milliards
de dollars, en progression de 12% par rapport à 2002, dont 57% pour l’habillement (graphique 1).
Second secteur après l’agriculture, le textile-habillement représente 5,4% des échanges mondiaux
de marchandises (tableaux 2 et 2 bis) et son commerce a été multiplié par 30 en moins de quarante
ans.

2
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Graphique 1 : commerce mondial des textiles et de l’habillement (en millions de dollars)
450000
400000
350000
300000
250000
200000
150000
100000
50000
0
67

69

71

73

75

77

79

81

83

85

87

89

91

93

95

97

99

01
19

19

19

19

19

19

19

19

19

19

19

19

19

19

19

19

19

20
Source : CHELEM.

Tableau 2 : commerce mondial des textiles en 2003 (en milliards de dollars et en %)


Valeur 169
Variation annuelle en pourcentage
1980-85 -1
1985-90 15
1990-95 8
1995-00 0
2001 -5
2002 4
2003 11

Part dans les exportations mondiales de marchandises 2,3


Part dans les exportations mondiales de produits manufacturés 3,1
Source : OMC
Tableau 2 bis : commerce mondial des vêtements en 2003 (en milliards de dollars et en %)
Valeur 226
Variation annuelle en pourcentage
1980-85 4
1985-90 18
1990-95 8
1995-00 5
2001 -2
2002 4
2003 12
Part dans les exportations mondiales de marchandises 3,1
Part dans les exportations mondiales de produits manufacturés 4,2
Source : OMC
A fin 2003, la Chine, premier fournisseur mondial de vêtements depuis 1994, est devenue
le premier exportateur mondial de textile en 2003 avec 26,9 milliards de dollars, dépassant ainsi
l’Union Européenne (26,37 milliards de dollars), qui reste toutefois le principal producteur mondial
de textile. Selon l’OMC, la Chine contrôle désormais 23% des exportations mondiales dans
l’habillement, contre 4% en 1980, et 15,9% dans le textile, au lieu de 4,6% en 1980.

3
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Sur le marché du textile, les principaux importateurs mondiaux sont les Etats-Unis et
l’Union Européenne avec respectivement 10,2% et 11,2% des importations mondiales. Les
principaux fournisseurs des Etats-Unis sont, d’après l’OMC, la Chine (19,8%), l’Union
Européenne (15,4%), le Canada (10,7%), le Mexique (8,6%), l’Inde (8,4%), le Pakistan (6,8%) et
la Corée du Sud (5,5%). L’Union Européenne compte comme principaux partenaires la Chine
(14%), la Turquie (13%), l’Inde (9%), le Pakistan (7%) et dans une moindre mesure, le Bangladesh
(1%).

Les principaux marchés mondiaux de l’habillement sont les Etats-Unis et l’Union


Européenne, avec 30,2% et 42,9% des importations mondiales. La Chine constitue le premier
fournisseur des Etats-Unis (16,9%), suivie du Mexique (10,2%), de Hong Kong (5,6%) et de
l’Union Européenne (3,7%). L’Inde et le Bangladesh ne figurent qu’au 8ème et 13ème rang des
fournisseurs des Etats-Unis (respectivement 3,2% et 2,8%). Sur les marchés européens, la Chine a
un poids prédominant devant la Turquie (24% des importations de vêtements proviennent de Chine
et seulement 14% de Turquie). Ces deux pays sont suivis de la Roumanie (8,1%), du Bangladesh
(6,7%), de la Tunisie (5,9%), de l’Inde (5,9%), du Maroc (5,5%) et de Hong Kong (4,5%).

2. Incidence probable de la suppression des quotas commerciaux frappant les produits du


textile et de l’habillement

Bénéfique pour les consommateurs des pays occidentaux en raison des baisses de prix
qu’elle implique1, la suppression de l’ensemble des restrictions quantitatives subsistant dans le
commerce mondial des produits du textile et de l’habillement devrait normalement se traduire par
une diminution de la production et de l’emploi dans ce secteur au profit principalement des grandes
puissances démographiques du Sud, comme la Chine et l’Inde. Les coûts de production devraient y
être tirés vers le bas, parallèlement au renforcement de l’efficience des processus de production,
qui étaient jusqu’à présent fragmentés.

2.1. Sur les pays développés

Dans les pays développés, les avantages d’une baisse des prix2, d’une plus grande
efficience et d’une augmentation des volumes échangés pourraient largement compenser les effets
d’ajustement négatifs sur la production et l’emploi dans les secteurs des textiles et des vêtements,
induits par la libéralisation des échanges. Néanmoins, les conséquences de la suppression de ces
quotas pourraient être importantes car, même si l’importance du secteur textile a tendance à
diminuer au cours des dernières décennies, il représente une part non négligeable de l’emploi
manufacturier et de la production manufacturière3.

1
Selon la Banque Centrale Européenne, dans la zone euro, la composante habillement joue en effet un rôle important
dans l’évolution des prix à la consommation, étant donné qu’elle représente quelque 6% de l’indice global des prix à la
consommation harmonisé (IPCH).
2
Cette évolution serait de nature à stimuler la consommation des ménages dès lors que les enseignes de distribution
répercutent la baisse des coûts sur les prix à la consommation.
3
Dans la zone euro, la filière textile représente aujourd’hui 10 % environ de l’emploi manufacturier et 6 % de la
production manufacturière. Aux Etats-Unis, elle emploie près de 850.000 salariés.

4
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De ce fait, le secteur du textile-habillement pourrait subir certaines conséquences négatives
en termes de production et d’emploi. Toutefois, l’incidence de la suppression des quotas devrait
être atténuée étant donné que les producteurs ont eu trente ans pour s’adapter et trouver des
créneaux de substitution dans le haut de gamme, dans la mode ou les tissus techniques par
exemple4. Les mesures prises pour accroître la compétitivité de l’industrie textile, notamment en
soutenant les efforts de recherche-développement et de formation, l’ouverture des marchés et la
lutte contre la contrefaçon, ne sauraient être suffisantes pour contenir la diminution du solde net
des échanges.

Néanmoins, l’incidence de la suppression des quotas commerciaux s’avère difficile à


quantifier et ce, pour plusieurs raisons. D’un côté, même si 51% des quotas devraient avoir disparu
avant 2005, il apparaît que leur suppression progressive a pris du retard dans les faits, les quotas les
moins sensibles étant les premiers à être éliminés. Cela veut dire que l’incidence de la suppression
des quotas encore existants pourrait être proportionnellement plus élevée.

D’un autre côté, le fait que cette suppression ait été progressive devrait signifier qu’elle a
déjà été, du moins en partie, intégrée dans les décisions d’investissement, bien que l’adhésion de la
Chine à l’OMC puisse entraîner une nouvelle hausse des importations en provenance d’Asie.

De plus, parmi les autres facteurs déterminant l’incidence probable de la suppression des
quotas, figurent :

• le maintien des tarifs douaniers qui, dans les pays occidentaux, se situe autour de 12% contre
4% pour l’industrie manufacturière ;

• le fait que, même si les quotas doivent être supprimés, l’Accord sur les Textiles et les
Vêtements (ATV) a prévu une clause de sauvegarde que les pays producteurs pourront toujours
appliquer si la hausse des importations en provenance d’un pays porte un préjudice grave à leur
industrie qui fabrique des produits semblables ou concurrents5.

L’expérience d’autres pays qui ont déjà libéralisé leurs échanges de produits du textile-
habillement tend à indiquer que, si l’on a généralement constaté une incidence significative sur les
prix et les volumes, le profil et l’ampleur de cette incidence ont différé selon les pays, peut-être en
raison de la présence de forces de marché différentes.

• En Norvège, pays où l’on a à la fois réduit les tarifs douaniers et supprimé les quotas, les prix à
la consommation des vêtements ont enregistré une importante baisse de 16 % entre 1995 et
2001.

4
En outre, il importe de noter que la Commission européenne a récemment proposé un plan d’action en sept points,
comportant des mesures destinées à accroître la compétitivité de l’industrie textile européenne. Ces recommandations
portent, notamment, sur un soutien aux efforts de recherche-développement et à la formation, l’ouverture des marchés
et le renforcement de la lutte contre la contrefaçon.
5
Cette clause de sauvegarde, que la Chine a accepté en adhérant à l’OMC, peut être appliquée sur une base sélective,
pays par pays, par accord mutuel ou, si aucun accord n’est intervenu au bout de 60 jours, de façon unilatérale. C’est
ainsi que depuis 2002, les Etats-Unis l’ont déjà utilisée trois fois en réintroduisant les quotas sur les robes de chambre,
les soutiens-gorge et les textiles tricotés. Plus récemment, au regard de la très forte progression des importations
européennes de textile chinois qui ont doublé, voire triplé au cours des trois premières semaines de l’année 2005, les
industriels et le gouvernement français pourraient saisir la Commission Européenne dès la mi-février pour demander la
mise en application des clauses de sauvegarde. La défense de la lingerie et des chemises et pantalons, largement
fabriqués par ses partenaires de la zone de libre-échange euro-méditerranéenne, sera sans doute privilégiée.

5
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• En Suède, où les quotas sur les importations de produits du textile-habillement ont été
supprimé en 1991, avant de devoir les réintroduire préalablement à l’adhésion à l’Union
Européenne en 1995, les importations en provenance de Chine ont fortement augmenté mais
l’incidence sur les prix à la consommation a été peu perceptible, certainement en liaison avec
des modifications du régime fiscal suédois et la dépréciation de la couronne, ces deux
phénomènes étant intervenus à peu près en même temps.

• En Australie, où les quotas ont été démantelés en 1992-1993 et où une baisse des tarifs
douaniers est intervenue sur la période comprise entre 1992 et 2005, une hausse des
importations plus importante que la baisse de la production nationale a été observée, bien que
les prix à la consommation soient restés assez stables.

Dans les pays développés pris globalement, la suppression des quotas sur le textile-
habillement ouvre donc des opportunités, tout en présentant des défis pour l’industrie concernée,
les enseignes de distribution et les consommateurs. Même s’il est difficile de quantifier avec
précision son incidence, l’élimination de ces restrictions devrait se traduire par des avantages nets
substantiels, essentiellement par le biais de pressions à la baisse sur les prix à la consommation.
Ces gains seraient maximisés sur les marchés caractérisés par un degré élevé de concurrence.

2.2. Sur les pays en développement

A l’inverse des économies avancées, la disparition du système des quotas serait lourde de
conséquences pour les pays les moins avancés sur l’échelle du développement, que ce soit en Asie,
en Amérique latine ou en Afrique. Tout en procurant une part importante des revenus à
l’exportation, la filière textile assure une part substantielle de l’emploi industriel dans ces pays où
les tensions sur le marché du travail vont s’accumuler au cours des prochaines années.

Pour évaluer l’impact de la levée des quotas sur les pays exportateurs de textile et
d’habillement, il importe d’une part, d’analyser l’effet de la réduction des quotas sur les parts de
marché de la Chine lors de la précédente phase en janvier 2002, et d’autre part de comparer les
avantages comparatifs des pays et les quotas atteints.

2.1.1. Effets de la réduction des quotas de 18% au 1er janvier 2002

En décembre 2001, la Chine est entrée à l’OMC. Ce pays a donc bénéficié rétroactivement
de la levée des quotas sur 11 catégories de produits (dont 8 concernent les vêtements) en Europe et
23 aux Etats-Unis. L’adhésion de la Chine à l’OMC a coïncidé avec la troisième phase de
libéralisation des quotas le 1er janvier 2002, à l’issue de laquelle 51% des volumes échangés
n’étaient désormais plus contraints.

Les exportations chinoises de textile entre 2001 et 2003 ont fortement augmenté, en valeur,
de 53% et leur part dans les importations mondiales ont progressé de 5,4 points, passant de 10,5%
à 15,9% entre 2000 et 2003.

De même, sur le marché de l’habillement, la valeur des exportations chinoises a accéléré de


39% entre fin 2001 et 2003. Le poids de la Chine dans les exportations mondiales a ainsi augmenté
de 4,2 points, passant de 18,8% à 23% (tableau 3).

6
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Graphique 2 : Evolution des exportations chinoises de produits textile et habillement
(en milliards de dollars)

60
Textile Habillement

50

40

30

20

10

0
1990 1995 2001 2002 2003
Source : OMC

Tableau 3 : valeur et variation annuelle des exportations chinoises de produits textiles et d’habillement
Valeur en millions de dollars Variation annuelle en %
1990 1995 2001 2002 2003 1990-95 1995-01 2002 2003
Textile 7219 13918 16826 20563 26901 15% 3% 22% 31%
Habillement 9669 24049 36650 41302 52061 25% 9% 13% 26%
Source : OMC, calculs DPEF
2.1.2. Avantages comparatifs et quotas atteints
Selon une étude réalisée par l’Organisation Mondiale du Commerce, les pays qui vont le
plus bénéficier de la levée des quotas sont ceux qui butent aujourd’hui sur les quantités et qui ont
les capacités d’augmenter leur production. Le tableau 4 suivant montre que les pays dont les
exportations atteignent le plus les quotas sont le Pakistan, la Chine, l’Inde et le Vietnam. Ces
mêmes pays ont des avantages comparatifs révélés très importants sur les marchés du textile et de
l’habillement, en particulier le Pakistan, ainsi que le révèle le tableau 5.

Tableau 4 : quotas atteints en 2000


Pays Quotas atteints
Chine 33/76
Bangladesh n.d
Hong-Kong 3/34
Inde 7/21
Malaisie 3/12
Pakistan 8/16
Sri Lanka 1/6
Taiwan 4/43
Thaïlande 2/20
Vietnam 12/29
Source: OMC
Un quota est dit atteint s’il est rempli à 90%.

7
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Tableau 5 : avantages comparatifs révélés6 en 2000
Pays Textiles Vêtements
Inde 1,9 3,1
Pakistan 12,5 8,5
Chine -1,6 8,3
Source : Chelem
Ces pays disposent d’avantages comparatifs importants, notamment par rapport à d’autres
pays pauvres d’Asie. Ils sont notamment caractérisés par une production importante de matières
premières, facteur clé de la compétitivité. En comparaison, des pays comme le Bangladesh et le Sri
Lanka sont fortement dépendants des importations de matières premières, même si le
gouvernement du Bangladesh encourage actuellement la mise en place d’unités de tissage. En effet,
ces deux pays, qui sont importateurs nets de produits textiles, risquent de voir leurs principaux
fournisseurs (Inde, Pakistan, Chine) arrêter les exportations de matières premières pour satisfaire
leurs propres besoins après 2005.

Graphique 3 : Evolution de la balance commerciale des produits du textile


(en milliards de dollars)
Chine Mexique Tunisie Maroc Pakistan
14
12
10
8
6
4
2
0
-2
-4
1990 1995 2001 2002 2003

Source : OMC

Tableau 6 : balance commerciale textile (en millions de dollars)


Pays 1990 1995 2001 2002 2003
Chine 1927 3004 4253 7503 12684
Bangladesh -109 -1049 -1016 -781 -810
Sri lanka -387 -980 -1160 -1146
Philippines -778 -965 -897 -1053 -1027
Malaisie -608 -406 120 66 68
Mexique -279 -485 -3294 -3361 -3359
Tunisie -678 -1124 -1241 -1198
Maroc -158 -222 -1260 -1344 -1501
Pakistan 2537 4134 4371 4599 5556
Source : OMC

6
La spécialisation est mesurée par un indicateur d’avantage comparatif révélé, celui de contribution au solde
commercial.

8
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
La Chine, le Pakistan et l’Inde devraient en effet utiliser pour leur marché intérieur la
production locale de textile. Les prix des matières premières textiles seraient donc être amenées à
croître du fait d’une réduction de l’offre de produits à bas prix. Les premiers affectés seront donc
les pays importateurs nets, à l’instar du Bangladesh, du Sri Lanka, des Philippines, du Mexique,
des Philippines, de la Tunisie et du Maroc. Ces derniers subiraient plus fortement la concurrence
des autres pays asiatiques moins dépendants des importations de ce type de matières premières,
comme la Chine, l’Inde et le Pakistan.

3. Présentation des prévisions de l’OMC

3.1. Evolution à court terme du marché du textile

D’après l’OMC, la levée des quotas au 1er janvier 2005 sur le marché textile ne devrait pas
trop modifier la répartition des parts de marchés à court terme du fait de l’utilisation des produits
textile (matières premières) pour la production d’articles finis (habillement).

Ainsi, sur le marché européen du textile, la Chine et l’Inde verront leurs parts de marché
augmenter de 2 points, tandis que les Etats-Unis et la Turquie ne perdront qu’un point de part de
marché (graphique 4).
Graphique 4 : part de marché dans le textile avant et après le démantèlement des quotas,
dans l’Union Européenne

2002 2005
Reste du
Chine Reste du Monde Chine
Monde
10% 34% 12%
36% Turquie Turquie
13% 12%
Afrique Inde
Inde
3% 9%
Etats-Unis Taïwan 11%
3% Etats-Unis
Taïwan Europe Centrale 8% Europe Centrale 7%
3% Afrique du et de l'Est (hors Afrique du et de l'Est (hors
Nord (hors Pologne) Nord (hors Pologne)
Maroc) Corée du Sud Indonésie 6% Maroc) Corée du Sud Indonésie 6%
3% 5% 4% 3% 4% 5%

Source : OMC
Sur le marché américain (graphique 5), l’abolition des quotas aura un impact plus marqué
car les barrières à l’importation sont plus nombreuses. En supposant qu’il n’y ait plus aucune
barrière à l’importation de produits asiatiques, les parts de marché de la Chine augmenteraient de 7
points. Celles de l’Union Européenne et du Mexique seraient réduites de 2 points, respectivement à
14% et 11%.

9
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Graphique 5 : part de marché dans le textile avant et après le démantèlement des quotas,
aux Etats-Unis
2002 2005
Reste du Reste du Monde
Monde Chine Chine
Indonésie 11% Union Indonésie 21%
20% 18%
3% Européenne 3%
16% Union
Japon Japon Européenne
3% 3% 14%
Hong Kong Mexique Hong Kong
6% 13%
Amérique (hors 5%
Inde
Mexique) Inde Amérique (hors Mexique
Taïwan 11%
5% Corée du Sud 5% Taïwan Mexique)
7% 10% Corée du Sud
6% 6% 8%
6%

Source : OMC

A plus long terme, le démantèlement de l’ATV va supprimer les derniers obstacles au


développement de pôles de compétences textiles plus conséquents dans les pays en développement
les plus compétitifs, surtout en Chine et en Inde.

Une étude effectuée par la Ministère français de l’Economie, des Finances et de l’Industrie
montre que l’effort d’équipement de la Chine est considérable et présage d’une augmentation de la
production et des exportations chinoises7. En s’équipant à neuf, les producteurs textiles chinois
améliorent ainsi leur productivité et augmentent leur production de textile d’une qualité permettant
l’exportation.

De même, en Inde, les mesures déployées par les pouvoirs publics vont permettre à ce pays
de multiplier ses projets d’investissement en machines et équipements nécessaires à la production
textile et d’accroître sensiblement ses exportations de textile. Les coûts de production totaux
devraient y être tirés vers le bas et le processus de production verrait son efficience renforcée8.

3.2. Evolution à court terme du marché du vêtement

La dernière phase du processus de démantèlement des quotas concernera principalement les


articles d’habillement et représentera donc une opportunité importante pour les pays qui ont
développé des compétences dans ce domaine (graphiques 6 et 7).

7
Entre 1992 et 2002, la Chine a acheté 15% des équipements de filature (fibre courte) vendus dans le monde et 31%
des métiers sans navette. A l’exception de la Turquie qui a réalisé un effort notable, les pays tiers méditerranéens et
ceux d’Europe Centrale et Orientale souffre d’un déficit d’équipement ; leur capacité d’investissement étant affectée
par les très faibles marges dégagées dans les opérations de sous-traitance.
8
Selon une étude réalisée par Mc Kinsey, l’Inde pourrait devenir le deuxième fournisseur mondial de produits textiles
après la Chine avec un montant d’exportations compris entre 25 et 30 milliards de dollars d’ici 2013, mais à condition
que de vigoureuses réformes soient mises en œuvre, notamment en matière d’infrastructures et de droits de travail.

10
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
Graphique 6 : part de marché dans l’habillement avant et après le démantèlement
des quotas, dans l’Union Européenne
2002 Reste du 2005
Reste du Chine Monde Chine
18% Inde
Monde 24% 29%
6% Indonésie
30%
Turquie 3% Inde
Indonésie 9% 9%
3% Bangladesh
Europe
Bangladesh 4% Turquie
Afrique du Centrale et de Afrique du
3% Pologne 6%
Nord (hors l'Est (hors Nord (hors Europe
Pologne 4%
Maroc Maroc) Hong Kong Pologne) Maroc Maroc) Hong Kong Centrale et de
5% 9%
5% 6% 6% 4% 5% 6% l'Est 6%

Source : OMC

Graphique 7 : part de marché dans l’habillement avant et après le démantèlement


des quotas, aux Etats-Unis
2002 2005
Reste du Inde Reste du
Chine
Monde 4% Monde
16%
24% 36% Chine
Taïwan
4% Hong Kong Sri Lanka 37%
Inde
Union 9% 1% 11%
Européenne Amérique Bangladesh
5% (hors 1% Hong Kong
Amérique
Mexique Mexique) Indonésie 4%
(hors
Bangladesh 10% 16% 1%
Indonésie Philippines Philippines Thaïlande Mexique Mexique)
4%
4% 4% 1% 2% 2% 4%

Source : OMC

Dans ces conditions, la part de la Chine dans les importations de vêtements aux Etats-Unis
pourrait augmenter de 34 points aux Etats-Unis. L’OMC prévoit ainsi que la Chine occuperait 50%
du marché américain. En comparaison, la montée en puissance de ce pays lui apporterait des gains
de part de marché dans les importations européennes de seulement 11 points. Ils seraient réalisés
essentiellement au détriment de la Turquie, des pays d’Europe Centrale et Orientale et du Mexique.

L’élimination des préférences commerciales dans ce secteur irait à l’encontre de la


régionalisation observée depuis plusieurs années autour des grands marchés protégés d’Amérique
du Nord et de l’Union Européenne. Le Mexique, la Turquie, les pays d’Europe Centrale et
Orientale et les partenaires méditerranéens de l’Union Européenne ne semblent pas à l’abri des
pressions concurrentielles exercées par les produits en provenance de Chine qui, en plus d’une
monnaie nationale notoirement sous évaluée, dispose d’avantages compétitifs écrasants, alliant
main d’œuvre qualifiée, équipements renouvelés régulièrement grâce à l’afflux continu
d’investissements directs étrangers, infrastructures modernes, importants facteurs d’échelle et très
faible coût du travail (graphique 8).

11
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
Graphique 8 : comparaison mondiale du coût du travail dans l’industrie de la filature et du tissage
(en dollars par heure)
25

20

15

10

0
Union Européenne à 15

République tchèque
Taïwan

Chine
Etats-Unis

Bangladesh
Mexique

Malaisie
Corée du Sud

Estonie

Slovaquie

Tunisie

Thaïlande

Inde
Portugal
Japon

Pologne

Maroc
Turquie

Source : Werner Spinning and Weaving Labour Cost Comparaisons, 2002.


L’Inde, qui dispose de puissantes entreprises locales dans ce secteur, dispose de nombreux
atouts pour réussir dans la période qui suivra le démantèlement des quotas, grâce notamment à la
disponibilité dans le pays de nombreuses fibres naturelles, à ses compétences dans le domaines des
fibres artificielles, au faible niveau de rémunération pratiqué dans les secteurs manufacturiers, à
l’augmentation du niveau de vie et du niveau de qualification de la classe moyenne et à un vaste
marché intérieur.

Néanmoins, ces avantages concurrentiels restent contrebalancées par les difficultés


inhérentes à l’industrie textile, une industrie fragmentée pour cause de réservation du secteur
textile aux petites entreprises employant beaucoup de main-d’œuvre, une production de qualité
faible, des infrastructures déficientes et un appareil de production largement obsolète. En outre,
l’Inde, qui est surtout spécialisée dans les articles en coton, se doit aussi d’élargir son portefeuille
de produits pour être plus en phase avec la demande dans les pays occidentaux.
En comparaison, le Pakistan, qui a investi dans les secteurs en amont de la filière du textile
(filature et tissage) et développé une forte compétence dans des sous-secteurs spécialisés comme le
linge de maison, ne tirerait que très partiellement profit des opportunités occasionnées par la levée
des quotas puisqu’elle concernera surtout les articles d’habillement.

12
Direction des Etudes et des Prévisions Financières
3.3. Impact de la mise en place d’une taxe à l’exportation par le Ministère chinois du
Commerce

L’arrivée à terme de l’accord sur les textiles et les vêtements (ATV) a fait craindre aux
autorités chinoises l’éventuelle mise en place de mesures de rétorsions9 de la part de ses partenaires
commerciaux, les Etats-Unis en particulier, dont le déficit commercial bilatéral avec la Chine a
atteint des niveaux abyssaux au terme de l’année 2004.

A court terme, cette mesure, si elle est effectivement appliquée, se traduirait par une baisse
du prix de revient des exportations de la filière et inciterait les producteurs chinois à servir
davantage le marché domestique.

Dans ces conditions, les prévisions de croissance des parts de marché chinoises réalisés par
l’OMC seraient revues à la baisse et ce sont les pays qui butent aujourd’hui sur leurs quotas et ont
peu de contraintes en termes de matières premières, en l’occurrence l’Inde et le Pakistan, qui
bénéficieraient d’un développement plus modéré des exportations chinoises.

Néanmoins, si la demande intérieure chinoise est jugée insuffisante par les entreprises
domestiques, celles-ci, compte tenu du pouvoir de marché considérable dont elles disposent,
seraient sans doute incitées d’augmenter fortement leurs prix à l’exportation et de favoriser la
montée en gamme vers des produits ne faisant pas l’objet d’une taxe à l’exportation. Aussi, à
moyen et long terme, la mise en œuvre par le Ministère chinois du Commerce de cette mesure
pourrait-elle se traduire, en plus de l’amélioration des recettes budgétaires du gouvernement
chinois, par l’augmentation de la qualité des produits chinois qui concurrenceront désormais
directement ceux économies les plus avancées.

La Chine pourrait alors s’octroyer un quasi-monopole mondial.

4. Fin des AMF : quels impacts sur le Maroc ?

4.1. Rappel de la situation de la filière

Pour le Maroc, le textile-habillement, dont le développement a été largement favorisé par le


système des quotas, occupe une place considérable dans l’économie nationale. Organisé autour
d’un réseau dense de PME-PMI, il est le premier employeur industriel en occupant 200.000
personnes, soit une part de 40%. En 2001, les industries du textile et de l’habillement ont drainé
près de 24% des exportations totales de notre pays et ont contribué pour près de 2,5% au PIB, soit
l’équivalent d’une valeur ajoutée de 11,5 milliards de dirhams. L’effort d’investissement
représente 7,1% du chiffre d’affaires de la filière et l’évolution baissière de l’ICOR traduit une
dépréciation relative de la rentabilité économique des investissements.

Dans la région euro-méditerranéenne, la production nationale occupe une place


intermédiaire par rapport aux pays d’Europe Centrale et Orientale (PECO) et ceux du Sud et de
l’Est de la Méditerranée (PSEM). En 2001, le Maroc a représenté respectivement 7%, 23% et 6%
de la production des PSEM, des PECO et de l’ensemble formé des PECO et des PSEM. Si l’on
exclut la Turquie, le Maroc s’est octroyé respectivement 15%, 23% et 27% de la production des
PSEM, des PECO et de l’ensemble PECO-PSEM.

9
Sous forme de quotas d’importation ou de tarifs douaniers.

13
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S’agissant des échanges de produits textile-habillement, les exportations marocaines ont
constitué en 2001 respectivement 9%, 25% et 14% des exportations de l’ensemble des PECO et
des PSEM, des PECO et des PSEM. Hors la Turquie, le Maroc a exporté pour respectivement 15%,
25% et 32% des livraisons des PECO et des PSEM pris globalement, des PECO et des PSEM.

Les exportations du Maroc sont très concentrées sur un petit nombre d’articles, ce qui rend
ce secteur relativement vulnérable aux profonds bouleversements induits par l’érosion des
préférences commerciales (tableau 7). Un indicateur de concentration simple calculé par le
FEMISE montre que 6 articles composent 50% des exportations nationales de textile-habillement.
La Turquie, avec 10 articles et les PECO sont plus diversifiés.

Tableau 7 : nombre d’articles composant 50% des exportations


PSEM PECO
Egypte 6 Estonie 15
Jordanie 3 Lettonie 10
Liban 20 Hongrie 11
Israël 7 Lituanie 10
Syrie 4 Pologne 13
Maroc 6 Slovaquie 9
Tunisie 5 Slovénie 13
Turquie 10 Tchéquie 22
Chypre 5
Malte 2
Source FEMISE, calculs FEMISE.

Par ailleurs, le poids des clients européens est très marqué, ce qui rend notre pays
particulièrement sensible aux variations conjoncturelles de la demande de l’Union Européenne
(graphique 9). Le textile du textile et de l’habillement est en effet une spécialisation du Maroc dans
ses relations avec l’Union Européenne : alors que la part moyenne des importations de textile-
habillement dans les importations européennes est de 7,7%, les produits de la filière textile et
habillement représentent presque 45% des importations européennes issues du Maroc. Selon les
données du Ministère français de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, la part du Maroc dans
les importations européennes d’habillement s’est établie, en 2001, à 4% pour les articles de la
maille et à 7% pour ceux de la chaîne et de la trame. Mais, d’une façon générale, les exportations
du Maroc se concentrent sur des marchés sensibles à la concurrence chinoise (tableau 8).

14
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Graphique 9 : évolution des exportations par pays de la filière du textile et de l’habillement

3500

3000

2500

2000

1500

1000

500

80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 9 1 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02
19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 20 20 20

Etats-Unis France UEBL Allemagne Italie Royaume-Uni Espagne Golfe Autres

Source CHELEM, calculs DEPF.

Tableau 8 : part de la maille et chaîne et trame dans les importations européennes d’habillement en
2001 (en %)
Tunisie Maroc Turquie Roumanie Chine
Maille 3 4 18 4 17
Chaîne et trame 8 7 10 7 18
Source : MINEFI – DREE, décembre 2002

L’analyse de la position concurrentielle du Maroc révèle qu’en 2001, dans le secteur de


l’habillement, le Maroc dispose d’un taux de pénétration des importations encore relativement
faible (18%). Néanmoins, ce taux pourrait croître, en lien avec l’ouverture du marché national dans
le cadre de l’accord de partenariat avec l’Union Européenne qui doit mettre un terme à la
protection dont bénéficie le secteur de l’habillement. En revanche, le taux d’exportation, à 80%,
est très élevé.
Sur le marché du textile, la situation est différente : tandis que le taux d’exportation est
relativement faible (22%), le taux de pénétration est assez élevé, à 64%. Cela s’explique par le fait
que notre pays ne dispose pas, en amont, d’une industrie textile compétitive, à la différence de la
Chine, l’Inde, l’Italie ou la Turquie10. Le taux de pénétration des textiles se situe à des niveaux un
peu moins élevés que la Tunisie, la Roumanie ou la Hongrie.

Les coûts salariaux marocains demeurent compétitifs par rapport à ceux européens,
puisqu’ils représentent en moyenne 13% de ceux-ci. Cependant, cette compétitivité-coût est en
partie contrebalancée par une productivité du travail qui reste modeste11, alors qu’elle est forte en
Asie, particulièrement en Chine.

10
Selon la lettre du CEPII n°240, les projets de développement de la production de coton (qui entrent dans le cadre de
l’aménagement régional de l’Anatolie) comme le fait que la Turquie soit devenue, derrière la Chine, le deuxième
importateur mondial de machines textiles avec, en 2002, 12% du marché mondial contre 8% en 1995, révèlent que la
Turquie continue de renforcer l’avantage qu’elle possède dans l’amont de la filière textile.
11
Une étude du CEPII a montré que les écarts de productivité entre le Maroc et la France peuvent aller de 1 à 2.

15
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Dans ces conditions, le retour du secteur du textile et de l’habillement sous le régime du
droit commun des échanges commerciaux le 1er janvier 2005 et la perte des conditions
préférentielles dont jouissait la production nationale sur les marchés européens vont sans doute
exacerber la concurrence asiatique sur l’industrie nationale. Celle-ci pays dispose toutefois d’un
certain nombre d’atouts, comme :
• une compétitivité coût indéniable sur certain produits : l’Institut Français de la Mode estimait
en 2003 le prix de revient d’une même chemise à 11,3 euros au Maroc contre 10,4 euros en
Chine, dont 1,1 euros dû à des taxes ;
• une proximité qui favorise la gestion de séries courtes et permet un achalandage réactif aux
variations de la demande ;
• des spécialisations produits moyennement concurrencées par la Chine, si l’on en juge par le
degré de similarité des produits exportés (tableau 9).

Tableau 9 : degré de similarité entre les structures exportatrices des différents pays (indicateur Cos12)
Turquie Roumanie Tunisie Maroc Pologne
Chine 0,41 0,5 0,42 0,48 0,46
Turquie 0,6 0,63 0,79 0,62
Roumanie 0,27 0,26 0,24
Tunisie 0,89 0,85
Maroc 0,91
Source DREE.

L’industrie marocaine tirerait un nouvel avantage hors coût décisif face aux pays
concurrents d’Asie. Cet avantage se rapporte à la prise en compte, par les grandes marques, des
considérations à caractère éthique, social et environnemental au sujet desquelles d’importantes
initiatives ont été prises par les producteurs nationaux.

Le Maroc pourrait également bénéficier de la relative moindre sensibilité de l’Union


Européenne à l’élimination des quotas sur les importations des produits de l’habillement. A cet
égard, l’OMC table sur un recul du poids du Maroc dans les importations européennes de
seulement un point, passant de 5% à 4%. En plus des facteurs d’attractivité cités ci-dessus, ce léger
repli s’expliquerait par le fait que les quotas ont d’ores et déjà été progressivement supprimés par
l’Union Européenne. Ainsi, seulement 20% des importations européennes du secteur sont encore
soumises à des restrictions et 12% des exportations chinoises vers l’Union entre dans cette
catégorie.

Mais, les expériences d’autres pays peuvent faire redouter un renforcement de la


concurrence chinoise en Europe au détriment de notre pays. Le cas du Mexique est à cet égard
parfaitement illustratif.

12
Cet indicateur permet une appréciation synthétique du degré de concurrence entre les structures d’exportation de
deux pays. Il est égal à 1 lorsque les produits exportés sont identiques et à 0 lorsqu’ils diffèrent totalement.

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Ce pays, après avoir été une base d’exportation des marques américaines, vient d’être
dépassé l’année dernière par la Chine sur le marché américain, ce qui ne peut que faire douter de la
capacité de la densification des réseaux de production et de commercialisation au niveau régional à
contrarier la banalisation des préférences commerciales avec la fin des accords ATV. Cette menace
est d’autant plus évidente sur le marché des T-shirts et des tricots, deux familles d’articles qui
assurent plus de la moitié des exportations nationales de la maille vers l’Union Européenne.

4.2. Quelques enseignements

Dans ce nouvel environnement économique international, le Maroc, à l’instar des autres


pays méditerranéens, risque de perdre le bénéfice des arrangements préférentiels avec l’Union
Européenne. Face à de telles perspectives, les opérateurs marocains ont élaboré un plan stratégique
de grande ampleur qui privilégie les objectifs de qualité et de compétitivité à travers :

• la remontée en gamme et la différenciation de l’offre. Concrètement, cela passe par des


activités « d’ennoblissement », des investissements supplémentaires, des efforts d’innovation et
de R&D et la mise en œuvre de cycles de formation aux différents niveaux de qualifications ;

• le passage de la sous-traitance (qui bride les initiatives des producteurs) à la co-traitance,


relation plus équilibrée entre acheteurs et confectionneurs, et qui laisse plus de place à la
qualité, la créativité et la recherche de valeur ajoutée13. Il va sans dire qu’une telle orientation
passe par l’amélioration des circuits de distribution, ce qui nécessitera des investissements
importants dans les technologies de l’information pour optimiser les moyens et permettre une
meilleure gestion des commandes et des délais d’exécution.

Même s’il ne résout pas les problèmes liés à la vétusteté des équipements et la fragilité des
fonds propres, la constitution d’un pôle et d’un marché pan-euroméditerranéen14, plus fluide et plus
performant autour de l’Union Européenne serait une chance.

A l’appui de cette thèse, on constate que l’ensemble pan-euro-méditerranéen constitue une


zone largement protégée naturellement, compte tenu de la diversité de sa demande, des conditions
d’offre et des savoir-faire disponibles: entre 1994 et 2002, le poids du « reste du monde » dans les
importations de l’ensemble pan-euro-méditerranéen n’a d’ailleurs guère varié, se situant autour de
40%, ce qui suppose que l’intégration régionale a effectivement contribué à la protection, si ce
n’est au renforcement de la filière textile-habillement, à l’échelle régionale.

Cette fluidité devrait permettre d’apporter une réponse plus adaptée aux exigences du
circuit court, tandis que l’harmonisation des règles d’origine serait de nature à privilégier les
approvisionnements de proximité et à constituer un moyen de prolonger les systèmes de protection
après les quotas.

13
Les travaux récents effectués par l’Institut Français de la Mode (IFM) à la demande de l’AMITH confirment l’intérêt
du passage à la co-traitance pour notre pays.
14
Ensemble composé de l’Union Européenne élargie, de la Roumanie, de la Bulgarie, de l’Afrique du Nord et de la
Turquie.

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Par ailleurs, la relance du partenariat euro-méditerranéen rendrait alors le Maroc plus
attractif pour les investissements étrangers, avec ce que cela suppose en termes de transferts de
technologies et de remontées des filières. Il convient donc de capitaliser sur les résultats escomptés
de la stratégie mise en place par l’AMITH avec le soutien des pouvoirs publics pour :

• réaliser des percées sur les marchés des pays émergents, dont l’accès sera déterminant à
l’avenir avec l’arrivée à maturité des marchés des pays développés ;

• améliorer notre positionnement sur le marché américain, d’autant plus que les Etats-Unis, avec
lesquels un accord de libre-échange a été contracté15, sont assurés d’une dynamique
démographique vigoureuse à la différence de l’Union européenne ; Let que le Maroc à
contracter avec ce pays un accord de libre-échange de nature à faciliter l’accès des produits
nationaux au marché américain ;

• élargir à terme le débouché de l’industrie textile locale, en créant une demande forte pour la
fabrication de semi-produits tels que les fibres, les fils et les tissus, sur le modèle de la Corée
du Sud16, de la Chine et de la Turquie.

Si elle se réalise, cette intégration en amont de la filière, en complétant les compétences


acquises en aval, va permettre à notre pays de remplir une fonction centrale dans le vaste pôle
régional euro-méditerranen, tout en améliorant son positionnement sur la chaîne de création de la
valeur ajoutée. Dans ces conditions, la pérennisation de la filière à terme semblerait bien tributaire
de la réussite de la réalisation du triptyque suivant : intégration industrielle ; créativité et
innovation ; diversification des marchés à l’export.

15
Personne en Europe ne propose la signature d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis compte tenu des
enjeux agricoles et agro-alimentaires encore trop importants. Dans ces conditions, le Maroc pourrait constituer pour les
entreprises européennes une plate forme d’investissement et d’exportation à destination des Etats-Unis.
16
En Corée, le rapport entre les importations de tissus et les exportations d’habillement a diminué jusqu’à atteindre
10% en 1985.

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