Вы находитесь на странице: 1из 3

Biopiraterie et bioprospection : Une terminologie nouvelle pour

un problème de longue date


Daniel Gallant (daniel@rede-verde.org)
02/2010

Mots-clés: biopiraterie, bioprospection, exploitation, ressources biologiques, ressources génétiques

Qu'est-ce que la biopiraterie?

Ce terme vient tout récemment d’être ajouté aux dictionnaires comme l'édition 2009 du Petit Larousse. Il
est défini comme « l'appropriation (dépôt de brevets) et l’exploitation par des sociétés commerciales,
dans des conditions jugées illégales ou inéquitables, de ressources biologiques ou génétiques propres à
certaines régions ». Bien que le terme soit nouvellement accepté par les
linguistes, le concept de la biopiraterie n'est pas nouveau, certains exemples
remontent à plusieurs siècles ou même des millénaires, si on considère
l'appropriation de diverses plantes domestiques par des empires conquérants
comme étant de la biopiraterie. Par exemple, la luzerne (Medicago sativa) aurait
été acquise par les Grecs durant les guerres avec l’empire Perse au cinquième
siècle avant Jésus-Christ. Cependant, le premier véritable exemple de
biopiraterie qui est souvent évoqué est celui de la plante nommée quinquina
(Cinchona officinalis) ramenée du Pérou au 17e siècle et commercialisée par les
jésuites espagnols comme remède pour lutter contre le paludisme.

Plus récemment, à partir du 20e siècle, l’exploration de la biodiversité a augmenté dans différentes
parties du globe, comme par exemple en Amérique du Sud. Cette activité, maintenant appelée
bioprospection, a souvent été effectuée au nom de la science, dans un souci de conservation de la
diversité biologique mondiale et des connaissances sur celle-ci. Un exemple popularisé de bioprospection
est celui des activités de l'ethnobotaniste Mark J. Plotkin dans la forêt Amazonienne et son livre intitulé «
Tales of a Shaman's Apprentice: An Ethnobotanist Searches for New Medicines in the Amazon Rain Forest
», parut en 1993 chez Viking Adult. Cependant, certaines de ces activités d'exploration peuvent avoir
comme but la recherche d'applications pratiques et la commercialisation d'un produit ensuite protégé par
des clauses d'exclusivité. Dans certains cas, un brevet peut être déposé même si ce produit est basé sur
des connaissances partagées gratuitement ou s’il provient d'un spécimen récolté sans autorisation légale.

Le problème de la biopiraterie est presque entièrement unidirectionnel. Ce sont surtout des compagnies
privées, voir des multinationales provenant de pays industrialisés, qui déposent des brevets sur certaines
variétés d'une espèce végétale ou animale, sur des gènes spécifiques, sur des produits dérivés ou extraits
d'une espèce (protéines, huiles), ou sur des connaissances techniques. L'origine des espèces et des
connaissances proviennent le plus souvent des forêts tropicales et des sociétés traditionnelles dans les
pays en voie de développement. Trois conséquences dramatiques peuvent s'en suivre pour les
communautés qui furent bien avant le dépôt de brevets les premiers utilisateurs des produits biologiques
obtenus à partir de connaissances traditionnelles. Premièrement, la compagnie détentrice du brevet peut
obtenir de larges profits sans que les communautés ayant partagé les informations en question n’en
bénéficient. Deuxièmement, les populations qui comptent les usagers traditionnels des procédés et des
produits biologiques concernés peuvent être privées d’une utilisation libre de ces derniers parce que le
brevet confère légalement la propriété exclusive à la compagnie qui le détient. Enfin, les communautés à
la source même des biotechnologies ou des produits brevetés par une compagnie peuvent se voir dans

Rede Verde Conservation Network Inc. BN: 845495613NP0001


York street, 8 - 1st floor Moncton, NB E1C2X9 Canada
URL : www.rede-verde.org Email: info@rede-verde.org
l'obligation de payer monétairement pour utiliser des produits qu'ils utilisaient gratuitement et sans
limitation depuis des siècles.

L'opposition à la biopiraterie s'est aussi développée à mesure que le problème pris de l'ampleur. Les
gouvernements fortement impliqués dans cette lutte sont ceux de pays victimes comme par exemple,
l'Inde, les Philippines, le Brésil, le Gabon, et la Malaisie, qui ont sur leur territoire une immense richesse
en biodiversité et qui comptent toujours des sociétés traditionnelles. Dans les pays en voie de
développement, de nombreux groupes citoyens manifestent activement contre les multinationales qui
tentent de breveter la vie. Chez les pays industrialisés d’où proviennent des multinationales qui déposent
régulièrement des brevets sur la vie, plusieurs groupes et organisations non-gouvernementales sont
impliqués dans la lutte, comme le Collectif pour une alternative à la biopiraterie, constitué principalement
d'organismes basés en France, Genetic Resources Action International (GRAIN) basé en Europe, et Third
World Network qui est surtout actif en Asie. Récemment, du 13 au 15 juin 2009 à Paris, un premier
rassemblement d'envergure a eu lieu, les Rencontres Internationales Contre la Biopiraterie, où divers
groupes et organisations ont échangé pour tenter de trouver des moyens alternatifs pour lutter contre la
biopiraterie.

Différentes approches peuvent être appliquées dans la lutte contre la biopiraterie. Par exemple, on peut
tenter de démontrer que certaines communautés utilisaient déjà le produit ou la technique avant le dépôt
du brevet contesté, ce qui légitimerait leur utilisation indépendamment d’un brevet déposé à une date
postérieure. Certaines sociétés traditionnelles font usage d'une plante ou d'un produit dérivé depuis des
siècles, voire même depuis plus d'un millénaire mais il est souvent difficile de trouver des documents
écrits spécifiques dans ces sociétés. Dans le cas des plantes surtout, une personne ou une compagnie
peut déposer un brevet sur une variété spécifique d'une espèce qu'elle déclare avoir développée par
génie génétique ou en effectuant des croisements. En analysant la constitution génétique de la variété
brevetée, il est possible de détecter un cas de fraude si cette variété s'avère génétiquement identique à
une variété indigène bien connue, déjà cultivée traditionnellement par certaines sociétés ou déjà incluse
dans des banques de graines ou des banques de gênes. Bien qu'ils ne soient pas toujours divulgués, il
existe de plus en plus de cas où des groupes ont réussi à faire annuler des brevets sur la vie. Voici
quelques exemples:

 1995 : Le suisse Peter Lendi, président de Bio-Herb Grower's Association, obtient de la Court Suprême
Suisse, la révocation d'un brevet déposé par la compagnie pharmaceutique allemande Degussa/Asta
Medica sur une variété de camomille (Matricaria chamomilla) nommée « manzana ».

 1998 : En Inde, le Council of Scientific and Industrial Research (CSIR) obtient du « United States Patent
and Trademark Office » (USPTO), la révocation d'un brevet déposé par le centre médical de l’Université
du Mississippi sur l'utilisation du turmeric (Curcuma longa) pour favoriser la guérison de plaies.

 1999 : Les groupes Center for International Environmental Law (CIEL), Coordinating Body of
Indigenous Organizations of the Amazon Basin (COICA) et Coalition for Amazonian Peoples and Their
Environment (Amazon Coalition), obtiennent du « United States Patent and Trademark Office » (USPTO),
le rejet d'un brevet déposé par l'américain Loren S. Miller sur une variété d’une liane de la forêt
amazonienne (Banisteriopsis caapi) nommée « Da Vine ». Cette plante est l’ingrédient principal d’un thé
médicinal sacré appelé ayahuasca, qui est utilisé depuis des millénaires en Amazonie.

 2001 : Le réseau indien Navdanya obtient du « United States Patent and Trademark Office » (USPTO),
la révocation d'une grande section d'un brevet déposé par la compagnie américaine RiceTec inc. sur le riz
Basmati indien.

Rede Verde Conservation Network Inc. BN: 845495613NP0001


York street, 8 - 1st floor Moncton, NB E1C2X9 Canada
URL : www.rede-verde.org Email: info@rede-verde.org
 2004 : Le réseau indien Navdanya obtient de l'Office Européen des Brevets (EPO), la révocation d'un
brevet déposé par Monsanto sur une variété indienne de riz nommée « Nap Hal ».

 2005 : « La Research Foundation for Science, Technology and Ecology » (RFSTE) et la « International
Federation of Organic Agriculture Movements » (IFOAM) obtiennent de l'Office Européen des Brevets
(EPO), la révocation complète d'un brevet déposé par la multinationale américaine W.R. Grace sur l'usage
des propriétés fongicides du margousier indien (Azadirachta indica).

 2008 : Le International Centre for Tropical Agriculture (CIAT) de Colombie, appuyé par des groupes de
fermiers mexicains et le Consultative Group on International Agricultural Research (CGIAR), obtiennent
du United States Patent and Trademark Office (USPTO), la révocation d'un brevet déposé par l'américain
Larry Proctor sur une variété mexicaine de fève (Phaseilus vugaris) appelée « mayacoba ».

 2009 : En France, la Commission Nationale Péruvienne et le Collectif Biopiraterie obtient de l'Institut


National de la Propriété Industrielle (INPI), la révocation d'un brevet déposé par l'entreprise française
Greentech sur l'utilisation d'huile et de protéines extraites des graines de Sacha Inchi (Plukenetia
volubilis).

Pour plus d'informations sur la biopiraterie, veuillez vous référer aux exemples d’organisations suivantes
qui sont impliquées dans la lutte :

- Action Bioscience (www.actionbioscience.org)


- Center for International Environmental Law (www.ciel.org)
- Collectif pour une alternative à la biopiraterie (www.biopiraterie.org)
- Consultative Group on International Agricultural Research (www.cgiar.org)
- Genetic Resources Action International (www.grain.org)
- International Centre for Tropical Agriculture (www.ciat.cgiar.org)
- Navdanya (www.navdanya.org)
- Third World Network (www.twnside.org.sg)

Rede Verde Conservation Network Inc. BN: 845495613NP0001


York street, 8 - 1st floor Moncton, NB E1C2X9 Canada
URL : www.rede-verde.org Email: info@rede-verde.org

Вам также может понравиться