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Multifragmentation :
Rôle de la masse et de l’isospin
Membres du jury
Je tiens également à remercier le professeur Abdelmjid Nourreddine ainsi que tous les
membres du jury (messieurs Christian Beck, Abdelouahad Chbihi et Helmut Oeschler)
pour m’avoir fait l’honneur de leur présence, pour l’intérêt qu’ils ont porté à la lecture
de ce document, mais aussi pour leur enthousiasme et leurs remarques bien souvent per-
tinentes.
Merci à toutes les personnes que j’ai pu rencontrer au cours de ces presque quatre an-
nées passées à GSI et que j’apprécie énormément : Lucia Caceres, Juan Castillo, la french
connexion, Stoyanka "Tania" Ilieva1 , Adam Klimkiewicz, Olga Lepyoshkina (thanks for
the dances) Barbara Soulignano (merci pour ces longues conversations tardives à GSI),
Martino Trassinelli (merci pour ces longues conversations tardives au restaurant), Sergiy
Trotsenko et bien sûr ............................2 .
Je tiens également à remercier mes "non-GSI friends"3 , ainsi que leurs familles respec-
tives4 , pour leur soutien : Hassan (de loin mon meilleur ami), Aurélien, Cédric, Claire
(merci encore pour tout), Clément, Danaé, Kathia et Nico, Julie et Bérangère (n’atten-
1
Cette petite phrase en français n’est rien que pour toi.
2
Si j’ai oublié votre nom, merci de l’inscrire ici.
3
"Mes amis éxtérieurs à GSI" pour les non anglophones.
4
Mension spéciale à la famille Cherradi pour leur hospitalité et leur gentillesse.
6
dons pas encore 10 ans pour nous revoir), Sam, Stéphane, Thomas, ............................5 et
bien entendu Isa pour avoir toujours été là même si je ne l’ai pas toujours vu (j’espère
qu’un jour tu seras cap de me pardonner).
Et parce que la vie ne s’arrête pas après la thèse (loin de là !), je voudrais également
remercier monsieur Takehiko Saito ainsi que tous les membres du groupe HypHI (Olga
Borodina, Myroslav Kavatsyuk, Shizu Minami, Daisuke Nakajima et Christophe Rappold)
pour m’avoir accueilli si chaleureusement parmi eux.
Bien entendu, je terminerais en remerciant ma famille à qui je dois tout et sans qui je ne
serais littéralement pas là où j’en suis aujourd’hui. Je pense bien sur à ma famille proche :
mon père (ma plus grande source d’inspiration), Geneviève, mes deux soeurs que j’adore
Amandine et Aurélie, le petit Valentin, Kévin et Régis et leur petite famille respective,
mais également à tous mes oncles, tantes, cousins et cousines aux quatre coins de la France
et bien sûr une pensée spéciale pour Amélie (on pense tous très fort à toi).
5
Voir 2 .
À ma famille
Table des matières
Introduction 15
2 Dispositif expérimental 35
2.1 Le complexe accélérateur GSI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.2 Le séparateur de fragments FRS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.2.1 Production de faisceaux radioactifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.3 Les détecteurs auxiliaires et la partie diagnostic du faisceau . . . . . . . . . 38
2.3.1 Le détecteur Veto . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.3.2 Le détecteur STELZER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.3.3 Le détecteur start . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.3.4 Le détecteur de position . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.3.5 L’hodoscope de Catane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.4 L’aimant ALADiN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.5 La chambre d’ionisation TP-MUSIC IV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.5.1 Les chambres d’ionisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.5.2 Les compteurs proportionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.5.3 L’électronique de lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.5.4 Performances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.6 Le mur de temps de vol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.6.1 Principe de détection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
2.6.2 Électronique associée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
10 TABLE DES MATIÈRES
5 Mesure de la température 83
5.1 Méthodes de mesure des températures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
5.2 Notion de température isotopique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
5.3 Choix du thermomètre isotopique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
5.4 Étalonnage des thermomètres isotopiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
5.5 Résultats expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
5.5.1 Analyse des rapports des taux de production isotopiques . . . . . . 90
5.5.2 Mesures de températures pour les trois systèmes 124 Sn, 124 La et 107 Sn 91
5.5.3 Comparaison entre les systèmes pour les températures THeLi et TBeLi 92
Conclusion 119
Appendices 123
Bibliographie 147
Table des figures
6.1 Rapport R21 entre les taux de production isotopiques et isotoniques pour les
réactions 124 Sn+124 Sn et 112 Sn+112 Sn en fonction de N et Z respectivement 98
6.2 Rapport R12 en fonction de t3 = (N − Z)/2 . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
6.3 Rapports des taux de production obtenus pour les réactions 124 Sn+Sn et
107
Sn+Sn en fonction de N et Z - résultats de la méthode d’ajustement ❶ 100
6.4 Valeurs de α et β obtenues par ajustement bidimentionnel (méthode d’ajus-
tement ❶) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
6.5 Rapports des taux de production obtenus pour les réactions 124 Sn+Sn et
107
Sn+Sn en fonction de N et Z - résultats de la méthode d’ajustement ❷ 102
6.6 Valeurs moyennes de α et β obtenues par ajustement individuel des isotopes
et isotones (méthode d’ajustement ❷) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
6.7 Rapports des taux de production obtenus pour les réactions 124 Sn+Sn et
107
Sn+Sn en fonction de N et Z - résultats de la méthode d’ajustement ❸ 104
6.8 Valeurs de α et β obtenues en supposant α = −β (méthode d’ajustement ❸)105
6.9 Rapport réduit S(N) pour le système réactionnel (124 Sn/107 Sn) . . . . . . . 106
6.10 Paramètres d’isoscaling α et β en fonction de Zbound . . . . . . . . . . . . 108
6.11 Comparaison des résultats obtenus pour le coefficient γ du terme d’énergie
de symétrie entre les deux systèmes réactionnels isobares (124 Sn/124 La) et
isotopiques (124 Sn/107 Sn) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
6.12 Paramètre α, température isotopique THeLi et terme d’énergie de symétrie
γapp obtenus grâce au détecteur INDRA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
6.13 Corrélation entre les deux observables liées au paramètre d’impact dans le
cas du détecteur INDRA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
6.14 Comparaison des résultats obtenus pour le coefficient γ du terme d’énergie
de symétrie à partir des données collectées grâce aux détecteurs INDRA et
ALADiN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
6.15 Comparaison des résultats obtenus pour le coefficient γ du terme d’énergie
de symétrie en utilisant les valeurs de la température mesurée grâce aux
thermomètres THeLi et TBeLi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
6.16 Comparaison des résultats obtenus pour le coefficient γ du terme d’éner-
gie de symétrie à partir des données collectées grâce aux détecteurs IN-
DRA et ALADiN, mais également dans le cadre de l’expérience menée par
D.V. Shetty et al. [She07] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
6.17 Comparaison des résultats obtenus pour le coefficient γ du terme d’énergie
de symétrie en utilisant la méthode d’isoscaling pour les fragments pro-
duits lors de la réaction et le rapport des taux de production de neutrons
libres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
Les collisions entre ions lourds aux énergies relativistes ont pour objectif principal de
produire des noyaux dit "chauds", c’est-à-dire des noyaux dans lesquels la matière nu-
cléaire est soumise à des conditions extrêmes de température et de densité. L’étude de ces
collisions permet donc d’explorer le diagramme des phases de cette matière nucléaire et,
finalement, d’en écrire son équation d’état.
Des questions se posent actuellement concernant le rôle de l’isospin dans ces réactions et
notamment dans le processus de multifragmentation. Afin de répondre à ces questions,
des données ont récemment été collectées grâce au spectromètre ALADiN auprès du syn-
chrotron d’ions lourds SIS (SchwerIonen Synchrotron). La décroissance des projectiles de
différentes compositions isotopiques a été mesurée en cinématique inverse. La reconstruc-
tion de traces, couplée à des mesures de temps de vol, permet de déterminer l’impulsion
et la masse des fragments produits. Des faisceaux stables de 197 Au et de 124 Sn, ainsi que
des faisceaux radioactifs secondaires de 124 La et de 107 Sn, disponibles grâce au séparateur
de fragments FRS, ont été utilisés dans le but de couvrir une large gamme de compo-
sitions massiques et isotopiques, permettant ainsi une étude comparative du processus
de multifragmentation des systèmes spectateurs formés aux énergies relativistes (dans le
cadre de ce travail de thèse Eproj = 600 MeV/nucléon) en fonction de la masse (124 Sn,
197
Au) et de la composition isotopique du système. Pour ce dernier point, la paire d’iso-
bares 124 Sn/124 La et la paire isotopique 124 Sn/107 Sn sont utilisées. La cinématique inverse
offre l’avantage de s’affranchir d’un seuil de détection des fragments lourds ainsi que des
résidus, ce qui permet un accès unique à la dynamique de la réaction. De plus, le dispositif
ALADiN permet la détection de tous les produits de la réaction. Des progrès significatifs
dans l’interprétation de l’énergie cinétique des fragments et dans la compréhension du
mécanisme de multifragmentation peuvent alors être espérés.
Dans les collisions entre ions lourds, la multifragmentation du projectile spectateur peut
être considérée comme universelle. Cette universalité a été démontrée par la collabora-
tion ALADiN durant ses premières campagnes d’expériences [Sch96]. Une des principales
motivations de la campagne S254 est de vérifier si cette universalité est invariante par
rapport à l’isospin.
Outre ce dernier, la masse peut également jouer un rôle important dans le processus de
fragmentation. En effet, cette influence a été suggérée pour la température limite [Nat02],
qui gouverne la courbe calorique (température en fonction de l’énergie d’excitation). Cette
quantité représente la température maximale au-delà de laquelle les noyaux n’existent
16
plus comme des systèmes auto-liés dans les calculs de type Hartree-Fock [Bes89]. Pour les
systèmes les plus légers, la température limite est plus élevée, principalement parce que
l’énergie coulombienne y est plus faible. Toutefois, l’approche statistique SMM (Statisti-
cal Multifragmentation Model) prédit que la température est pratiquement invariante en
masse dans la région de coexistance liquide-gaz [Bon95].
Nous nous attendons donc, avec ce choix de projectiles, à ce que les influences relatives
de la masse et de l’isospin, ainsi que le rôle de la température limite dans la décroissance
multi-fragments puissent être discernés et étudiés. La comparaison de deux systèmes de
masses différentes devrait donc permettre de distinguer si la température de breakup est
déterminée par l’énergie de liaison du système nucléaire "chaud" (description microsco-
pique) ou par l’espace des phases accessible par fragmentation (description statistique).
La même comparaison peut être faite en variant l’isospin du système.
Chapitre 1
Fig. 1.1 – Densités nucléaires déduites par diffusion électronique (figure extraite de [Dan01]).
On exprime cette indépendance de la densité centrale des noyaux lourds en disant que la
densité de nucléons "sature" pour une densité appelée densité de saturation (ou encore
densité normale), ρ0 = 0, 16 ± 0, 02 fm−3 (Fig. 1.1). L’incertitude sur cette valeur provient
essentiellement des incertitudes sur la densité des neutrons et sur le fait que la densité au
cœur des noyaux présente de petites oscillations dûes à des effets quantiques. Ces mêmes
expériences de diffusion d’électrons ont également permis de déterminer avec une bonne
précision que les rayons des noyaux obéissent à une relation de la forme :
R = r0 A1/3 (1.1)
où r0 ≈ 1, 2 fm est indépendant du noyau considéré et où A est le nombre de masse de ce
Équation d’état de la matière nucléaire 19
dernier. Un nucléon occupe donc ainsi le même volume élémentaire 4πr03 /3 ≈ 6 − 7 fm3 à
l’intérieur de n’importe quel noyau.
60
E th
40
20
EC
0
1 2 3 ρ/ρ0
−16
Point de
saturation
Afin de décrire les noyaux réels, ce modèle simple doit être corrigé en introduisant des
effets dits de taille finie, et en particulier les forces coulombiennes entre les protons, ainsi
que des effets de surface modélisant la zone intermédiaire entre la partie centrale dense
du noyau et l’extérieur vide. Une correction supplémentaire, dite d’asymétrie, est enfin
nécessaire pour pouvoir considérer les noyaux pour lesquels N 6= Z. Cette représentation
des noyaux sous forme de fluide fini est à l’origine du modèle dit de la goutte liquide qui
permet de rendre compte de certaines propriétés globales des noyaux. L’intérêt de tels
20 Propriétés de la matière nucléaire et collisions entre ions lourds
modèles est lié au succès des formules de masse de type Bethe-Weizsäcker, par le biais
desquelles l’énergie de liaison B d’un noyau peut être reproduite à l’aide d’une expression
du type :
2
2 − 31 (N − Z)2 1
B = av A − as A − ac Z A
3 − aa ± ap A− 2 (1.2)
A
K (ρ − ρ0 )2
E/A(ρ) ∼
= E/A(ρ0 ) + · (1.5)
18 ρ20
Diagramme de phases de la matière nucléaire 21
200
Température (MeV)
150
plasma de
quarks et
100 gaz de hadrons de gluons
coexistence
50
gaz−plasma
matière
phase liquide
condensée
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
ρ/ρ0
1.5
Fig. 1.4 – Équation d’état de la
T=20 matière nucléaire à température non
1 nulle calculée pour une force de
Skyrme. La pression (en MeV.fm−3 )
est représentée en fonction de la den-
sité (en fm−3 ) pour chaque isotherme
0.5
(températures exprimées en MeV).
16
Tc=17.9
La courbe en trait gras intercep-
12
tant les isothermes délimite la région
0
−0.5
sente la région spinodale (figure adap-
4 tée de [Sau76]).
La figure 1.4 représente l’équation d’état de la matière nucléaire pour différentes tem-
pératures calculées à partir d’une force de Skyrme. Une région de coexistence de phases
liquide-gaz peut être observée pour des températures inférieures à la température critique
Tc = 17, 9 MeV , ainsi qu’une région de basse densité appelée région spinodale. Cette der-
Les collisions entre ions lourds aux énergies relativistes 23
nière est caractérisée par une instabilité mécanique pour laquelle les perturbations ne sont
plus amorties (comme c’est le cas pour la matière nucléaire à la densité normale), mais
au contraire, amplifiées. Cette région est associée au phénomène de multifragmentation :
les noyaux y entrant éclatent en fragments de différentes tailles [Gua96, Gua97].
pour bien signifier la différence entre les résidus non affectés du projectile et de la cible,
et la zone participante, appelée f ireball (ou boule de feu) correspondant à la zone de
recouvrement. Ce concept de participant-spectateur est illustré de manière schématique
sur la figure 1.5.
Dans ce travail de thèse, nous étudierons principalement la décroissance (ou la désexcita-
tion) du projectile spectateur.
Projectile
Projectile spectateur
Fireball
Cible Cible
spectatrice
Fig. 1.5 – Lors de collisions entre ions lourds aux énergies relativistes, il existe trois différentes
sources de fragments et/ou de particules légères en fonction du paramètre d’impact. Les noyaux
du projectile et de la cible ne participant pas directement à la collision constituent respectivement
le projectile spectateur et la cible spectatrice. Les noyaux directement impliqués dans la collision
et correspondant à la zone de recouvrement entre le projectile et la cible constituent le f ireball
ou boule de feu.
.
émission
du pré−équilibre
fragments (Z>2)
=
gouttes liquides
12 197 197
Au+ Au, 600 AMeV
12 18 nat 197
C, O + Ag, Au, 30-84 AMeV
22 181
10 Ne+ Ta, 8 AMeV
√10
√ <E0>/<A0>
8
THeLi (MeV)
0
0 5 10 15 20
<E0>/<A0> (MeV)
La courbe calorique, représentée sur la figure 1.7, peut être divisée en trois sections dis-
tinctes. Dans la continuité des précédentes études du régime de fusion-évaporation, l’aug-
mentation de la température THeLi pour des énergies d’excitation inférieures à 2 MeV
par nucléon est compatible avec l’approximation à basse température d’un système fer-
mionique. Dans une gamme de <E0 >/<A0 > comprise entre 3 et 10 MeV par nucléon,
où le régime de multifragmentation domine sur le processus de fusion-évaporation, une
valeur quasi-constante de la température THeLi d’environ 4,5-5 MeV est observée. Fina-
lement, au dessus d’une énergie d’excitation totale d’environ 10 MeV par nucléon, une
augmentation de la température THeLi est de nouveau observée pour une augmentation
de <E0 >/< A0 >.
À mesure que l’on augmente la température du noyau, les nucléons se mettent à occuper
un continuum d’états non-liés de manière similaire à un gaz entourant une goutte d’eau
chaude. Macroscopiquement, les nucléons à l’intérieur de la goutte sont dans la phase
liquide de la matière nucléaire, alors que les nucléons de la vapeur sont dans la phase
Les collisions entre ions lourds aux énergies relativistes 27
Fig. 1.8 – Masse moyenne du préfragment <A0 > et son énergie d’excitation <E0 >/<A0 >
en fonction de la variable Zbound pour différentes sélections de Zmax (cf. Chap. 4). Les barres
horizontales (panneau supérieur) représentent la taille attendue du préfragment dans le cas d’une
géométrie "participant-spectateur" idéale (figure extraite de [Poc95]).
gazeuse.
La similarité de cette courbe calorique avec une transition de phase liquide-gaz de premier
ordre pour les systèmes macroscopiques est à l’origine d’important débats au sein de la
communauté scientifique et un effort particulier est consacré à comprendre le rôle de la
masse et de l’isospin du système nucléaire dans cette transition de phase.
Il a été montré [Lev85] que, en raison de la pression coulombienne, il existe une tempé-
rature limite Tlim qui représente la température maximale à laquelle les noyaux existent
comme des objets auto-liés dans les calculs de type Hartree-Fock [Bes89].
28 Propriétés de la matière nucléaire et collisions entre ions lourds
Fig. 1.9 – Position des quatre projectiles étudiés dans le plan (N,Z). Les lignes de contour
représentent les températures limites (exprimées en MeV) prédites par [Bes89], alors que la ligne
en pointillés correspond à la vallée de stabilité. La droite pleine, enfin, correspond à la valeur
N/Z = 1, 49 du projectile 197 Au.
.
14
12
10
T (M eV)
0
0 5 10 15
E*/A (M eV/nucleon)
Fig. 1.10 – Courbe calorique obtenue pour des données provenant de différentes expé-
riences [Hag88, Wad89, Cus93, Chulick, Gon90, Poc95, Ode99, Hau00, Wad97, Kwi98, Mor96,
Cib00, Hag00, Rua02] (figure extraite de [Nat02]).
10
T (MeV)
0
0 100 200 300 400
A
Fig. 1.11 – Températures limites extraites des doubles rapports entre les taux de production
isotopiques (triangles pleins) et par des mesures de bremsstrahlung (carrés ouverts). Les lignes
représentent les températures limites calculées en utilisant les interactions proposées par Go-
gny [Zha96] et par Furnstahl [Zha99] (figure extraite de [Nat02a]).
et les données existantes ont du mal à la reproduire [Bom91]. De plus, il est à noter que
les prédictions de Müller et Serot ne s’appliquent qu’à la matière nucléaire infinie et ne
tiennent pas compte de la force coulombienne.
Des études théoriques dans le cas de systèmes nucléaires finis montrent que la désintégra-
tion successive des produits de réactions tend à modifier certains des effets prédits par
les précédents calculs [Lar99]. Les rapports entre les taux de production mesurés pour
différents isotopes [Wad87] varient fortement en fonction du rapport N/Z de la source
émettrice, suivant ainsi les prédictions théoriques [Bar88, Hah88]. Récemment, des diffé-
rences significatives de comportement entre les systèmes riches et les systèmes pauvres en
neutrons ont été observées lors de réactions entre projectiles et cibles de 112,124 Sn [Xu00]
en même temps qu’un enrichissement en neutrons de la phase gazeuse pour une augmen-
tation du rapport N/Z du système, ce qui est en accord avec les prédictions de Müller et
Serot [Mül95]. Le rôle de l’énergie d’excitation dans le processus de multifragmentation
a également été étudié [Mil00], démontrant, en accord avec les prédictions du modèle
statistique de multifragmentation SMM [Bon95], que la production d’isotopes riches en
neutrons augmente avec l’énergie d’excitation.
La campagne d’expériences au centre de ce travail de thèse a pour principal objectif
d’étudier les effets de la masse et de l’isospin dans la multifragmentation du projectile
spectateur.
L’utilisation de faisceaux secondaires radioactifs (cf. Chap. 2) permet d’étendre la gamme
de compositions isotopiques bien au delà de celle accessible avec des faisceaux stables. Les
réactions utilisant ces faisceaux représentent alors un outil unique pour l’étude des effets
Motivations physiques 31
N/Z
Fig. 1.12 – Compositions isotopiques N/Z (panneaux supérieurs) et masses des fragments
primaires chauds (panneaux inférieurs) produits au moment du breakup pour les deux systèmes
de même nombre de masse A = 124 obtenues grâce au modèle SMM. Les lignes correspondent à
quatre énergies d’excitation différentes comprises entre 3 et 8 MeV par nucléon. Il est important
de remarquer que l’axe des ordonnées est différent pour les panneaux supérieurs (figure adaptée
de [Sfi05]).
Comme on a pu le voir sur la figure 1.9, la température limite prédite par les modèles de
type Hartree-Fock est plus élevée dans le cas des systèmes légers, principalement parce
que l’énergie coulombienne y est plus faible. Le modèle SMM, quant à lui, prédit, comme
illustré sur la figure 1.13, que les températures dans la région de coexistence sont prati-
quement indépendantes de la masse. La comparaison de deux systèmes ayant des masses
très différentes devrait donc permettre de distinguer si la température au moment du
32 Propriétés de la matière nucléaire et collisions entre ions lourds
breakup est déterminée par les propriétés de liaisons des systèmes nucléaires excités ou,
au contraire, par l’espace des phases accessible par multifragmentation.
Le chapitre 3 décrit les méthodes utilisées pour la reconstruction des trajectoires, ainsi
que la détermination de la masse de chacun des fragments détectés.
Le chapitre 4, quant à lui, présente les propriétés générales des évènements de fragmen-
tation.
Enfin, le 6eme et dernier chapitre de ce mémoire est, quant à lui, consacré à l’étude de
l’isoscaling et à la détermination du terme de symétrie de l’équation d’état de la matière
nucléaire.
34 Propriétés de la matière nucléaire et collisions entre ions lourds
Chapitre 2
Dispositif expérimental
Au cours de l’année 2003, la campagne expérimentale S254 a été conduite par la colla-
boration ALADiN auprès de l’accélérateur du laboratoire GSI à Darmstadt en Allemagne.
Durant cette campagne, plusieurs systèmes projectiles-cibles ont été étudiés à travers l’uti-
lisation de deux types de faisceaux : des faisceaux primaires stables de 197 Au et de 124 Sn,
ainsi que des faisceaux secondaires radioactifs de 124 La et de 107 Sn. Ces différents projec-
tiles ont été choisis de façon à permettre l’étude des effets de la masse et de l’isospin dans
le processus de multifragmentation.
En effet, les deux projectiles 197 Au et 124 Sn ont sensiblement le même rapport N/Z (1,49
et 1,48 respectivement), mais des masses différentes, alors que les projectiles 124 Sn et
124
La ont la même masse, mais des rapports N/Z très différents (1,48 et 1,18 respective-
ment). Le spectromètre ALADiN est spécialement conçu pour l’étude de la décroissance
du projectile spectateur en cinématique inverse.
Ce chapitre est consacré à la description des détecteurs qui composent le dispositif expé-
rimental ALADiN.
comprise entre 1 GeV pour les noyaux de Au et de U et 4,5 GeV pour les protons. Une fois
l’énergie désirée atteinte, le faisceau d’ions est acheminé, via le séparateur de fragment
FRS ou directement, vers les aires expérimentales dites de hautes énergies. Dans le cas de
la campagne S254, le faisceau est acheminé vers l’aire expérimentale B avec une énergie
de 600 AMeV.
Aire expérimentale B
Fig. 2.1 – Schéma du complexe accélérateur GSI comprenant l’accélérateur linéaire UNILAC,
le synchrotron d’ions lourds SIS, l’anneau de stockage ESR (non utilisé dans la campagne S254)
et le séparateur de fragments FRS.
dégradeur : plus le dégradeur est épais, plus le faisceau est isotopiquement pur. Cependant,
la pureté du faisceau est obtenue au détriment de son intensité. Pour cette raison, aucun
dégradeur n’a été utilisé lors de la campagne S254 permettant ainsi d’obtenir des faisceaux
secondaires d’intensité suffisamment élevée, et de bénéficier d’une statistique acceptable.
Afin de vérifier la pureté isotopique du faisceau délivré, des mesures supplémentaires sont
effectuées dans la deuxième moitié du séparateur de fragments (après le plan focal S2).
Ainsi, le temps de vol des noyaux qui composent le faisceau est mesuré sur une distance de
36 m entre deux scintillateurs plastiques d’une épaisseur de 5 mm placés respectivement
aux plans focaux S2 et S4. Ces mêmes scintillateurs servent également à mesurer la perte
d’énergie du faisceau. La position de ce dernier est, elle aussi, mesurée avec précision
événement par événement. Pour cela, des chambres proportionnelles à gaz multifils de type
MWPC (MultiWire Proportional Counter) similaires au détecteur STELZER (cf. §2.3.2)
et orientées de façon à déterminer la position des noyaux dans les deux directions du plan
perpendiculaire à la direction du faisceau sont placées sur le parcours de ce dernier.
S1 S3
S4
Quadrupôle Dipôle
S2 (Dégradeur)
Fig. 2.2 – Le séparateur de fragments FRS. Dans le cadre de la campagne d’expériences S254,
des scintillateurs plastiques sont placés en lieu et place du dégradeur.
de déterminer le rapport A/Z des projectiles sélectionnés avec une grande précision via
la formule :
∆x γ02 (t − t0 )
A A
= . 1+ + (2.1)
Z Z 0 D t0
Le premier terme de cette équation est le rapport A/Z correspondant à la valeur nominale
du faisceau désiré et a pour valeur (A/Z)0 = 2, 175 et (A/Z)0 = 2, 14 pour un faisceau
de 124 La et de 107 Sn respectivement. ∆x = x − x0 est la différence entre la position
horizontale x du faisceau mesurée à l’aide des scintillateurs plastiques situés au plan focal
S2 et celle correspondant au faisceau nominal, alors que D = −6, 81 cm/% représente la
dispersion maximale au niveau de ce même plan focal [Gei92]. t, quant à lui, est le temps
mesuré par le détecteur plastique se trouvant à la sortie du séparateur de fragments (plan
focal S8) et t − t0 représente la différence entre ce temps de vol mesuré et le temps de
vol t0 du faisceau nominal. En cas de nécessité, une sélection plus précise de la charge
du projectile peut être obtenue en utilisant les détecteurs de diagnostic situés en amont
de la cible. La composition du faisceau délivré par le séparateur de fragment FRS est
représentée sur la figure 2.3. Dans le cadre de l’analyse présentée par la suite, et afin de
bénéficier d’une statistique suffisante, le faisceau délivré par le séparateur de fragment est
utilisé sans sélection supplémentaire. La masse et la charge moyenne du faisceau sont alors
déterminées par la moyenne arithmétique des masses et des charges de tous les isotopes
qui le composent.
124
La runs 1740-1903, beam trigger 130
104 124
2.24 " La"
2.22 128
2.2 103 1
2.18
126 5
A
46
A/Z
2.16 102
124 2 22
2.14
12 1
2.12
10
122 7
2.1
1
2.08 Cs Ba La Ce Pr 120 1
1
54 55 56 57 58 59
ZMUSIC 55 56 57 58 59
ZDA
107
Sn runs 1911-1996, beam trigger
107
2.24 112 " Sn"
2.22
103
2.2
110 2
2.18
A 11 2
102 108 1 34
A/Z
2.16
7 15
2.14
106 16 1
2.12 10
1 6
2.1
104 1
2.08 Cd In Sn Sb Te 1
1
47 48 49 50 51 52
ZMUSIC 48 49 50 51 52
ZDA
Fig. 2.3 – Composition isotopique des faisceaux nominaux de et de 107 Sn (panneaux 124 La
Fig. 2.4 – Le détecteur de position. Panneau de gauche : guide de lumière en plexiglas. Panneau
de droite : le scintillateur plastique est placé sur le guide de lumière, lui même connecté à quatre
photomultiplicateurs.
Cette feuille de scintillateur est placée dans un guide d’onde en plexiglas (cf. Fig. 2.4)
de forme carrée de 126 mm de coté, de 5 mm d’épaisseur et recouvert d’une couche
de Mylar afin d’empêcher la dispersion de la lumière. Ce guide d’onde est, à son tour,
connecté à 4 photomultiplicateurs ayant un gain maximum de 7.106 . En combinant les
Les détecteurs auxiliaires et la partie diagnostic du faisceau 41
Fig. 2.5 – Panneau de gauche : profil d’un faisceau stable de 124 Sn. Panneau de droite : profil
d’un faisceau secondaire de 124 La.
Une fois étalonné, le détecteur de position a une résolution de 1 mm dans les deux direc-
tions du plan. La figure 2.5 montre la position des ions dans le détecteur après étalonnage
dans le cas d’un faisceau stable (124 Sn) et d’un faisceau secondaire (124 La). Comme on
peut s’y attendre, la distribution spatiale des ions est bien plus large dans le cas des
faisceaux instables.
Fig. 2.6 – Panneau de gauche : un des téléscopes de l’hodoscope de Catane. Panneau de droite :
disposition des téléscopes dans la configuration utilisée lors de la campagne S254 à GSI : les 90
cristaux de CsI(Tl) sont agencés de façon à laisser passer les fragments produits par fragmentation
du quasi-projectile spectateur dans l’acceptance de l’aimant ALADiN.
Par ailleurs, l’utilisation de photodiodes plutôt que de scintillateurs est motivée par le fait
que ces premières sont d’un encombrement réduit, mais surtout qu’elles sont insensibles
aux champ magnétique. Cette qualité est d’autant plus appréciée et indispensable que
ces photodiodes sont placées à proximité de l’aimant ALADiN. Cependant, les signaux
délivrés en sortie des photodiodes sont d’amplitude bien plus faible que ceux produits par
un photomultiplicateur.
Fig. 2.7 – Le dispositif expérimental ALADiN. Le faisceau venant par la gauche traverse les
détecteurs de diagnostic placés en amont de la cible. Les fragments produits par multifragmen-
tation du quasi-projectile spectateur entrent dans l’acceptance de l’aimant ALADiN où ils sont
défléchis en fonction de leur rigidité magnétique avant d’être détectés et identifiés par la chambre
d’ionisation TP-MUSIC IV et par le mur de temps de vol. Les neutrons émis avec un angle de
0◦ sont, quant à eux, détectés par le détecteur de neutrons LAND. Les fragments n’entrant pas
dans l’acceptance de l’aimant sont identifiés grâce à l’hodoscope de Catane.
ions du faisceau n’intéragissant pas soient défléchis d’un angle d’environ 7 ◦ , assurant alors
leur passage au travers du trou découpé au centre du mur de temps de vol ainsi que dans
la partie droite (à proximité de la cathode) de la chambre d’ionisation TP-MUSIC IV.
et des chambres d’ionisation. Pour les ions les plus légers (Z ≤ 8), les compteurs pro-
portionnels permettent d’obtenir un signal très peu bruité et fortement amplifié grâce
à un phénomène d’avalanche. En revanche, dans le cas de fragments de charge élevée
(Z>8), la résolution en charge obtenue grâce aux compteurs proportionnels se détériore
(cf. Fig. 2.12). Les chambres d’ionisation sont alors les détecteurs les mieux adaptés à la
mesure de la charge des fragments.
Plans d’anodes
des chambres d’ionisation
Mur de
temps de vol
O
Plan cathodique
Sections de compteurs
proportionnels
Fig. 2.8 – Vue schématique de la chambre d’ionisation TP-MUSIC IV. Le plan de cathode
est placé parallèlement à la direction du faisceau (axe Z) et divise le détecteur en deux parties
égales. De chaque côté du détecteur, les plans d’anodes des chambres d’ionisation (numérotés de
0 à 5) sont segmentés chacun en 8 bandes. De la même façon, les huit sections des compteurs
proportionnels sont chacune divisées en 3 sous-sections numérotées de 0 à 23.
permet d’accéder à la position de ces mêmes fragments dans le plan dispersif (axe X). Afin
d’obtenir une largeur du signal quasi-indépendante de la position à laquelle le fragment
traverse le détecteur, ces chambres d’ionisation sont équipées d’une grille de Frisch.
Gating grid
Cathode
-15 kV
Frisch grid
Shielding grid 0 kV
0,32 kV
2,64 kV
Fil d’anode
Bandes d’anodes
Fig. 2.9 – Coupe horizontale de la chambre d’ionisation TP-MUSIC IV. La position des plans
d’anodes et des plans de cathodes pour chaque type de détecteur est représentée. La position
des grilles de "portillonnage" (gating grid) et de protection (shielding grid), ainsi que la tension
appliquée à chaque électrode sont également reportées.
Fig. 2.10 – Électronique de lecture du détecteur TP-MUSIC IV. Les signaux provenant des fils
d’anode ainsi que des pads des compteurs proportionnels sont amplifiés par des pré-amplificateurs
sensibles à la charge avant d’être numérisés par des flash ADC, stockés et mis en forme dans
un système contenant des FPGA (Field Programmable Gate Array) et des DSP (Digital Signal
Processor).
2.5.4 Performances
L’amplitude du signal dans le détecteur TP-MUSIC IV est fonction de la perte d’éner-
gie de la particule qui traverse le gaz. Donc, en première approximation, on obtient :
√ Z
AMP ≈ , (2.3)
v
mesurée par les chambres d’ionisation (ZIC ). La linéarité observée pour les fragments de
charge Z ≥ 10 confirme le bon fonctionnement de ces deux types de détecteurs. On peut
également remarquer que les fragments les plus légers sont mieux résolus en utilisant les
compteurs proportionnels. Ces derniers seront donc utilisés pour la détection des fragments
de charges Z ≤ 8. Les chambres d’ionisation seront, quant à elles, utilisées pour déterminer
la charge des fragments les plus lourds.
10 4
10 4
Nombre de coups
10 3
Nombre de coups
10 3
10 2
10 2 10
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Z PC Z IC
Fig. 2.11 – Panneau de gauche : spectre en charge obtenu à l’aide des compteurs proportionnels.
Panneau de droite : spectre en charge obtenu à l’aide des chambres d’ionisation.
45
40
35
30
25
Z PC
14
20 12
10
15 8
Z PC
6
10 4
5 0
5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Z IC
0
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Z IC
Fig. 2.12 – Corrélation entre la charge mesurée à l’aide des compteurs proportionnels (ZPC ) et
la charge mesurée à l’aide des chambres d’ionisation (ZIC ). L’encart en bas à droite correspond
à un agrandissement de la région correspondant aux fragments les plus légers.
niers se désexcitent alors en émettant des photons. La lumière, ainsi produite, est guidée
vers les photomultiplicateurs situés à chaque extrémités du scintillateur en question. L’ef-
fet photoélectrique convertit alors les photons collectés au niveau de la photocathode de
chacun de ces tubes photomultiplicateurs en un signal électrique de faible amplitude. Ce
dernier est alors amplifié au niveau de la première dynode qui, par émission secondaire,
émet d’autres électrons, eux même multipliés par la seconde dynode et ainsi de suite pour
les 8 étages d’amplification qui composent les photomultiplicateurs utilisés pour ce détec-
teur. Le signal électrique mesurable délivré par chacun des photomultiplicateurs est alors
codé en signaux amplitude (ADC) et en signaux temps (TDC). La charge des particules
est finalement déterminée à partir des amplitudes détectées par chacun des photomulti-
plicateurs d’un même scintillateur. La quantité de lumière créée dans le plastique est en
effet proportionnelle, au premier ordre, à l’énergie déposée par la particule.
La position verticale des fragments est obtenue par la différence de temps d’arrivée des
signaux entre les 2 photomultiplicateurs d’un même scintillateur plastique, connaissant la
vitesse de transmission de la lumière à l’intérieur de celui-ci.
La vitesse de chacun des fragments est déterminée par la connaissance du temps de vol
ainsi que par sa longueur de vol. Le premier est mesuré par la différence de temps entre
le détecteur start décrit précédemment et le mur de temps de vol. La longueur de vol,
quant à elle, dépend du rayon de courbure de la trajectoire du fragment dans l’aimant
ALADiN. Sa détermination nécessite donc la reconstruction de sa trajectoire du mur de
temps de vol à la cible (cf. Chap. 5). La résolution en temps, ∆t, du mur de temps de vol
est d’environ 150 ps pour les fragments les plus lourd et de 400 ps pour les fragments plus
légers (Z ≤ 8). Cette résolution temporelle permet de discriminer en masse les fragments
de charge inférieure à Z ≈ 15.
La figure 2.15 représente la matrice étirée ("stretched") pour les signaux de tous les
photomultiplicateurs superposés. Il est possible de voir que la grille d’identification est
commune à tous les fragments, atteignant une haute résolution en charge jusqu’à Z=11.
La charge des fragments les plus légers (Z ≤ 11) sera donc déterminée par l’information
en charge de la chambre d’ionisation TP-MUSIC IV couplée à la charge déterminée à
l’aide du mur de temps de vol (cf. Chap. 3).
240 cm 1,25 cm
mur arrière
mur avant
mur arrière
mur avant
110 cm
7,2 cm
Fig. 2.14 – Panneau de gauche : le mur de temps de vol. Chaque bande verticale représente
un module de 8 scintillateurs plastiques. Le rectangle noir désigne le trou effectué dans le mur
à l’endroit du passage du faisceau. Panneau de droite : détail de la disposition en quinconce des
scintillateurs qui composent les murs avant et arrière. Le trou découpé dans le mur et représenté
par le petit rectangle noir mesure 3,4 cm de hauteur sur 7,5 cm de largeur.
Fig. 2.15 – Corrélation entre le temps et l’amplitude du signal pour tous les modules superposés.
La grille d’identification est commune à tous les fragments.
52 Dispositif expérimental
Fig. 2.16 – Logique de lecture du mur de temps de vol. Les signaux provenant des photomul-
tiplicateurs sont divisés en signaux temps et en signaux amplitude. Les signaux amplitude sont
alors retardés avant d’être numérisés dans les ADC. Les signaux temps, quant à eux, doivent
d’abord passer dans des discriminateurs à fraction constante (DFC) avant d’être retardés à leur
tour et enfin numérisés dans les TDC.
Fig. 2.17 – Panneau de gauche : vue schématique du détecteur de neutrons LAND. Panneau
de droite : détail des modules du détecteur de neutrons LAND. Chaque module est composé
d’une alternance d’une couche de convertisseur (Fe) et d’une couche de scintillateur plastique de
5 mm d’épaisseur chacune. Un photomultiplicateur est placé à chaque extrémité de ces modules.
Ces derniers sont alors disposés tour à tour horizontalement et verticalement pour composer le
volume actif du détecteur LAND.
E/A Cible
Projectile (MeV) C Ni Au Sn
3 3 3 3 3 3
202 mg/cm 80 mg/cm 440 mg/cm 80 mg/cm 516 mg/cm 505 mg/cm 1000 mg/cm3
197
79 Au 600 • • • • •
12 600 • • •
6C
1000 • •
124
50 Sn 600 • • •
124
57 La 600 • •
107
50 Sn 600 • •
2 2 2 2 2 2 13 4 1
1500
1000
34
2
2
4
5
4
6
3
9
4
500
36
11
5
3
3
7
3
6
7
6
7
4
6
3
0
35
10
4
5
5
5
4
3
4
4
-500
36
4
7
3
5
6
5
3
9
run 1400
1000 500 0 -500 -1000
Fig. 3.1 – Traces reconstruites dans le plan de courbure (XZ) de la chambre d’ionisation TP-
MUSIC IV. Les points de couleur correspondent aux coups à l’intérieur du détecteur, alors que
les flèches rouges représentent les traces reconstruites. Les chiffres indiqués symbolisent, quant à
eux, les amplitudes relatives mesurées. Les valeurs indiquées sur les axes sont exprimées en mm.
est évaluée. Si cette distance est inférieure à une certaine valeur (typiquement 10 mm), le
coup est associé à la trace prédéfinie par les plans primaires. À partir de la connaissance
de la position de trois ou quatre coups associés à une même trace, une trajectoire est alors
reconstruite par régression linéaire entre ces coups. Nous disposons ainsi de l’équation de
la trajectoire linéaire de toutes les particules détectées en sortie de l’aimant. La résolution
intrinsèque du détecteur TP-MUSIC IV étant de l’ordre de 100 microns, l’incertitude sur
la détermination de la position du fragment est de l’ordre de 1 mm.
vertex d’interaction mesurée grâce au détecteur de position (cf. Chap. 2) est alors évaluée
et la valeur de départ de la rigidité est modifiée en fonction de cette différence. Cette
opération est ainsi répétée jusqu’à ce que la position du point d’interaction avec la cible
obtenue par backtracking coïncide avec la position mesurée. La valeur finale de la rigidité
est alors déterminée à l’aide d’une interpolation entre les valeurs de la rigidité magnétique
initialement choisie correspondant aux deux valeurs de position les plus proches du point
d’interaction mesuré. La résolution en position obtenue au niveau de la cible ne contribue
pas significativement à la résolution en rigidité.
La masse A des produits de réaction peut alors être extraite de l’équation (3.1) :
~ 1 − β2
p
0, 3Z|R|
A= , (3.2)
m0 β
~ est le
où m0 = 0, 9315 GeV/c2 , Z est la charge du fragment considéré, β = v/c et |R|
module de la rigidité magnétique (exprimé en Tm).
La résolution en masse ∆A ainsi obtenue est due de manière équitable aux résolutions
mesurées en rigidité ∆R et en vitesse ∆β.
La corrélation entre la charge déterminée par le mur de temps de vol (ZToF Wall ) et celle
déterminée par la chambre d’ionisation (ZTP−MUSIC IV ) est quasi-parfaite pour les frag-
ments lourds (Z ≥ 8). En revanche, pour les fragments les plus légers, et particulièrement
pour les isotopes d’hélium (Z = 2) et de lithium (Z = 3), l’accord entre les deux dé-
tecteurs est moindre. En effet, en observant l’encart situé dans le coin inférieur droit de
58 Mesure de la masse des fragments
ztofzmusic htp
Entries 307301
Mean x 4.095
30 Mean y 3.958
RMS x 4.968
RMS y 5.048
25
20
Z TOF Wall
c htp1
Entries 272546
9 2.616
15 8
2.463
1.446
1.662
10 5
2
5
1
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
0
0 5 10 15 20 25 30
Z TP-MUSIC IV
Fig. 3.2 – Corrélation entre la charge mesurée par la chambre d’ionisation TP-MUSIC IV et
celle mesurée à l’aide du mur de temps de vol. Une coupure circulaire de rayon rZ autour de
la charge désirée est effectuée. La région correspondant aux fragments de charge 1 ≤ Z ≤ 9 est
agrandie dans l’encart inférieur droit.
49
t (en ns)
48
47
46
45
44
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180
ADC
Fig. 3.3 – Ajustement du walk par la fonction d’ajustement fwalk définie au paragraphe 1.3.2.
Correction fines
La résolution en temps résultant de la correction du walk permet de discriminer en
masse les isotopes de charge comprise entre Z = 2 et Z ≈ 12 (dans le cadre de ce travail
de thèse, nous limiterons notre étude au cas des fragments de charge comprise entre
Z = 2 et Z = 10). Après application des corrections en temps du walk, les spectres en
masse de chacun de ces fragments légers sont obtenus pour tous les photomultiplicateurs
qui composent le mur de temps de vol. Ces derniers sont ensuite ajustés à l’aide d’une
fonction multigaussienne de la forme :
6
(A − Ai )2
X
fmulti = Ni .exp − (3.4)
i=0
2σ 2
Pour un numéro atomique Z donné, une masse nominale de référence Aref , généralement
celle de l’élément se trouvant au milieu de la distribution isotopique, est soustraite aux
valeurs moyennes des masses obtenues par ajustement multigaussien Ames pour former
la quantité ∆A = Ames − Aref , représentée sur la figure 3.4 en fonction du numéro du
scintillateur touché. Le tableau 3.1 regroupe les valeurs de Aref utilisées dans le cadre de
cette analyse.
4 Z=4 Aref=9
2
∆A 0
-2
-4
100 110 120 130 140 150 160 170 180 190 200
Numéro de scintillateur
Fig. 3.4 – ∆A en fonction du numéro de scintillateur pour les isotopes de charge Z = 4 après
application des corrections en temps du walk. La ligne en pointillés (∆A = 0) correspond à la
masse de référence Aref = 9 (cf. Tab. 3.1). Les symboles jaunes, verts, rouges et bleus représentent
les valeurs moyennes obtenues par ajustement multigaussien pour les masses nominales A = 11,
A = 10, A = 9 et A = 7 respectivement. Les fragments sont produits par la collision 124 Sn+Sn.
Comme l’illustre la figure 3.4, les corrections en temps apportées par la fonction de walk
ne sont pas entièrement satisfaisantes si l’on souhaite obtenir une résolution en masse
globale inférieure à 0,25 (en unité de masse) pour les fragments de charge Z inférieure
à 10. Ceci s’explique par le fait que les conditions d’intensité de particules au cours des
Détermination de la masse des produits de réaction 61
Tab. 3.1 – Masse de référence Aref pour les fragments de charge 2 ≤ Z ≤ 10 ; celle-ci correspond
la plupart du temps à la masse de l’isotope stable le plus abondant.
runs d’étalonnage du walk utilisant la pièce d’aluminium ne sont pas celles des runs
physiques. En effet, dans le premier cas, les particules produites par fragmentation du
faisceau sur le dégradeur le sont à très faible distance du mur de temps de vol et, par
conséquent, la fréquence de pics de photons (intensité lumineuse) collectés au niveau des
photomultiplicateurs est bien plus élevée que dans le cas de runs physiques. La réponse
en temps des photomultiplicateur dépendant de l’intensité de lumière reçue au niveau de
la photocathode, il est alors nécessaire d’introduire des corrections fines aux corrections
obtenues grâce à la fonction de walk afin de corriger plus précisement les temps dans
les runs physiques. Il est à noter que ces corrections fines sont cette fois déterminées en
fonction de la charge des fragments Z et non plus en fonction de la valeur ADC.
Pour cela, la différence en masse ∆A est convertie en une différence temporelle ∆t qui
sera à son tour ajoutée aux corrections de walk. La relation qui lie ∆t et ∆A est obtenue
par dérivation de l’équation (3.2).
∆t m20 A2 l2 ∆A
= , (3.5)
t 0, 32R2 Z 2 t2 c2 A
où t est le temps de vol de chacun des fragments sur le parcours de longueur l (typiquement
de l’ordre de 25 ns). La fonction de walk de chaque photomultiplicateur du mur de temps
de vol est alors corrigée de la quantité ∆t. La figure 3.5 montre les corrections en temps à
apporter à la fonction de walk appliquée à quatre photomultiplicateurs du mur de temps
de vol.
Au delà de la charge Z = 8, il devient très difficile, en raison de la faible statistique de
déterminer les corrections ∆t. Pour cette raison, et compte tenu d’un effet de saturation
en fonction de la charge, les corrections en temps correspondant aux fragments de charge
Z ≥ 9 sont obtenues par interpolation entre les valeurs obtenues pour les fragments de
charge Z = 8 et celles obtenues pour les fragments de charge Z = Zproj .
La figure 3.6 montre les valeurs de ∆A en fonction du numéro de scintillateur, obtenues
après l’application de ces corrections en temps pour chacun des scintillateurs plastiques
62 Mesure de la masse des fragments
0 -0.4
-0.1 -0.5
-0.2 -0.6
∆t
∆t
-0.3 -0.7
-0.4
-0.8
-0.5
-0.9
-0.6
-1
0 2 4 6 8 10 12 0 2 4 6 8 10 12
Z Z
-0.5
-0
-0.2 -0.6
-0.4
-0.7
-0.6
∆t
-0.8
∆t
-0.8
-0.9
-1
-1.2 -1
-1.4
-1.1
-1.6
2 4 6 8 10 2 4 6 8 10
Z Z
Fig. 3.5 – Valeurs des corrections fines appliquées à la fonction de walk pour les photomulti-
plicateurs haut et bas (panneaux supérieurs et inférieurs respectivement) du scintillateur #40
de la partie avant du mur de temps de vol (panneaux de gauche) et du scintillateur #140 de la
partie arrière (panneaux de droite). La différence en temps ∆t est ici exprimée en ns.
∆A 0
-2
-4
Numéro de scintillateur
Fig. 3.6 – ∆A en fonction du numéro de scintillateur pour les isotopes de charge Z = 4 après
correction en temps de la fonction de walk de chacun des photomultiplicateurs. La valeur ∆A = 0
indiquée par la ligne en pointillés correspond à l’isotope de référence 9 Be (cf. Tab. 3.1).
Les figures 3.7, 3.8 et 3.9 représentent les spectres en masse des fragments de charge
comprise entre Z = 2 et Z = 10 obtenus pour les 3 systèmes 124 Sn, 124 La et 107 Sn
respectivement. L’influence de la composition isotopique du projectile spectateur, qui sera
abordé en détail au prochain chapitre, peut d’ores et déjà être observée en comparant ces
trois figures. En effet, on constate que les taux de production d’isotopes riches en neutrons
sont bien plus élevés dans le cas du système riche en neutrons 124 Sn que pour les systèmes
124
La et 107 Sn pauvres en neutrons.
×103
15000 4000
150
He Li Be
3000
10000
100
2000
50 5000
1000
0 0 0
1 2 3 4 5 6 7 4 5 6 7 8 9 10 11 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Nombre de coups
0 0 0
6 8 10 12 14 16 8 10 12 14 16 18 10 12 14 16 18 20
400
800
O 300
F Ne
600 300
200 200
400
0 0 0
12 14 16 18 20 22 16 18 20 22 24 26 16 18 20 22 24 26 28
A
Fig. 3.7 – Spectres en masse obtenus grâce à la méthode de reconstruction des trajectoires et à
la mesure du temps de vol dans la réaction 124 Sn + Sn à 600 AMeV pour les fragments de charge
comprise entre Z=2 et Z=10.
8
(A − Ai )2
X
fG1 = Ni .exp − (3.7)
i=0
2σ 2
40000
He 3000 Li 1500
Be
30000
2000 1000
20000
1000 500
10000
0 0 0
1 2 3 4 5 6 7 4 5 6 7 8 9 10 11 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Nombre de coups
600
1500 B 1000
C N
800
400
1000 600
400 200
500
200
0 0 0
6 8 10 12 14 16 8 10 12 14 16 18 10 12 14 16 18 20
300
O 100 F 80 Ne
80
200 60
60
40
40
100
20
20
0 0 0
12 14 16 18 20 22 16 18 20 22 24 26 16 18 20 22 24 26 28
A
Fig. 3.8 – Spectres en masse obtenus grâce à la méthode de reconstruction des trajectoires et à
la mesure du temps de vol dans la réaction 124 La + Sn à 600 AMeV pour les fragments de charge
comprise entre Z=2 et Z=10.
8
(A − Ai )2
X
fG2 = Ni .exp − (3.8)
i=0
2σi 2
4000
60000
He Li 2000 Be
3000
40000 1500
2000
1000
20000
1000
500
0 0 0
1 2 3 4 5 6 7 4 5 6 7 8 9 10 11 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Nombre de coups
1200 600
1500 B 1000 C N
800 400
1000
600
400 200
500
200
0 0 0
6 8 10 12 14 16 8 10 12 14 16 18 10 12 14 16 18 20
100
300
O 80
F 100 Ne
80
200
60
60
40
100 40
20 20
0 0 0
12 14 16 18 20 22 16 18 20 22 24 26 16 18 20 22 24 26 28
A
Fig. 3.9 – Spectres en masse obtenus grâce à la méthode de reconstruction des trajectoires et à
la mesure du temps de vol dans la réaction 107 Sn + Sn à 600 AMeV pour les fragments de charge
comprise entre Z=2 et Z=10.
La figure 3.10 montre qu’il existe une dépendance linéaire entre la largeur de chacune des
gaussiennes σ et la masse A des fragments pour un numéro atomique Z donné.
La troisième méthode utilisée pour la détermination des taux de production isotopiques
consiste alors à faire varier linéairement la largeur σ, réduisant ainsi le nombre de pa-
ramètres d’ajustement à 13. Les nouveaux paramètres σ4 et a, obtenus par régression
linéaire des valeurs de sigma dans le plan (σ(A), A), sont respectivement la largeur de la
fonction gaussienne centrale et le coefficient directeur de la droite de régression définie
par :
0 0 0
3 4 5 6 6 7 8 9 10 8 10 12
0 0 0
10 11 12 13 14 12 13 14 15 16 14 15 16 17 18
0 0 0
16 18 20 18 19 20 21 22 20 21 22 23 24
A
Fig. 3.10 – Variation de σ en fonction de la masse des fragments. Les lignes noires représentent
les droites d’ajustement obtenues pour chacun des fragments de charge comprise entre Z=2 et
Z=10. Les paramètres d’ajustement ainsi obtenus sont indiqués.
8 8
(A − Ai )2 (A − Ai )2
X X
fG3 = Ni .exp − = Ni .exp − (3.10)
i=0
2(σ(A))2 i=0
2[a(A − Ai ) + σ4 ]2
La seconde, quant à elle, notée fegg , est la somme d’une fonction exponentielle et de deux
fonctions gaussiennes.
68 Mesure de la masse des fragments
(A − Ag1 )2 (A − Ag2 )2
fegg = exp(ae .A + be ) + Ng1 exp − + Ng2 exp − (3.12)
2σg1 2 2σg2 2
La figure 3.11 représente le spectre du bruit de fond obtenu pour chacun des fragments
de charge comprise en Z = 2 et Z = 10 et ajusté à l’aide des fonctions fegg et fFermi ,
représentées respectivement par une courbe mauve et par une courbe rose.
Les deux dernières méthodes d’ajustement des spectres en masse permettant de détermi-
ner les taux de production des différents isotopes consistent alors à ajouter les fonctions
fegg et fFermi ainsi obtenues à la fonction fG3 précédemment définie (voir Eq. 3.10).
3000 90
300
2500 He 250 Li 80
70 Be
2000 200 60
50
1500 150 40
100 30
1000
20
50 10
500
0 0
Nombre de coups
0
1 2 3 4 5 6 7 4 5 6 7 8 9 10 11 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
70
60
50
B 40
C 20
15
N
30
40
20 10
30
20 10 5
10
0 0
0
6 8 10 12 14 16 8 10 12 14 16 18 10 12 14 16 18 20
10 6
3.5
8 O 3
2.5
F 5 Ne
4
6 2
1.5 3
4 1 2
2 0.5
1
0
0 -0.5 0
-1
12 14 16 18 20 22 16 18 20 22 24 26 16 18 20 22 24 26 28
A
Fig. 3.11 – Ajustement du bruit de fond présent dans les spectres en masse pour chacun des
isotopes de charge 2 ≤ Z ≤ 10 par la fonction de Fermi fFermi (cf. Eq. B.5) et par la fonction
fegg (cf. Eq. B.4) après lissage du spectre par un filtre de Savitzky-Golay [Sav64].
La figure 3.12 montre les spectres en masse obtenus pour le système riche en neutrons
124
Sn. Les différentes méthodes d’ajustement y sont représentées.
Les taux de production mesurés de chaque isotope en fonction de la méthode d’ajustement
utilisée pour les trois systèmes étudiés ainsi que pour différentes sélections de la centralité
Zbound /Zproj (voir Chap. 4) sont reportés en Annexe B.
Détermination des taux de production des différents isotopes 69
5 4
10
4
He
10
3
10
Li 10
3
Be
10
2
2
10 10
3
10
10 10
2
10
1
1
1 2 3 4 5 6 7 4 5 6 7 8 9 10 11 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Nombre de coups
4
10
3
10 B 10
3
C 10
3
N
2 2
2
10 10 10
10 10 10
1 1
1
6 8 10 12 14 16 8 10 12 14 16 18 10 12 14 16 18 20
3
10
2
10
O 10
2 F 10
2 Ne
10 10
10
1 1 1
12 14 16 18 20 22 16 18 20 22 24 26 16 18 20 22 24 26 28
A
Fig. 3.12 – Ajustement d’un spectre en masse obtenu pour le système Les cinq diffé- 124 Sn.
En comparant les taux de production obtenus pour chaque isoptope avec et sans ajuste-
ment du bruit de fond, la contribution de ce dernier est estimée. La valeur la plus élevée
de cette contribution (environ 4 %) est atteinte pour les fragments de charge Z = 2 et
décroît, comme le montre la figure 3.13, pour les fragments lourds (Z ≥ 8), pour lesquels
elle est pratiquement nulle. On observe également que le choix du rayon de coupure rZ
utilisé pour sélectionner la charge des fragments n’a que très peu, voire aucune influence
sur le rapport signal sur bruit. Par conséquent, une valeur de rZ = 0, 5 est retenue pour
déterminer les taux de production de chacun des isotopes produits lors de la réaction.
Pour finir, il est également à souligner que la soustraction du bruit de fond n’a que très peu
d’influence sur les observables obtenues à partir des rapports de ces taux de production,
car dans ce cas, les contributions s’annulent. De telles observables, comme la température
ou les paramètres d’isoscaling α et β, seront étudiées dans les prochains chapitres.
70 Mesure de la masse des fragments
rZ
5
0.2
0.3
Bruit de fond / Signal [%]
0.4
4 0.5
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Z
Fig. 3.13 – Contribution du bruit de fond dans la détermination des taux de production de
chacun des isotopes de charge Z en fonction du rayon de coupure rZ .
Chapitre 4
Y-Axis Hodoscope
acceptance
β∼β
Projectile Beam
Projectile rapidity source
β=β
Beam
Z-Axis
Fig. 4.1 – En raison de la cinématique, le dispositif expérimental (cf. Chap. 2) permet la
détection de tous les fragments de charge Z ≥ 2 provenant du projectile spectateur (zone bleue)
ainsi qu’une partie des fragments légers provenant de la boule de feu (fireball) (zone rose).
fragments les plus légers, émis par la boule de feu, i.e. par la zone de recouvrement des
noyaux de la cible et du projectile, peuvent entrer dans l’acceptance de l’aimant et ainsi
être détectés par la chambre d’ionisation TP-MUSIC IV (cf. Fig. 4.1).
β = 0,675
10 4 Z = Zproj (trigg. faisceau)
2
Z=
Nombre de coups
10 3
3
Z=
4
10 2
Z=
Z=6
10
1
0.5 0.55 0.6 0.65 0.7 0.75 0.8 0.85 0.9 0.95 1
β
Fig. 4.2 – Spectre en vitesse (β) mesuré dans la réaction 124 Sn+Sn à 600 AMeV, pour les
fragments de charge Z=2, 3, 4, 6 et Z = Zproj (trigger faisceau).
Il est alors nécessaire de discriminer les fragments provenant de cette zone de ceux émis
par le projectile spectateur. Ces derniers étant bien localisés en vitesse (β = v/c), une
coupure en β est effectuée et seuls les fragments ayant une vitesse proche de celle du
projectile sont sélectionnés. Cette coupure (β ≥ 0, 675), appliquée aux fragments détectés
par la chambre d’ionisation TP-MUSIC IV ainsi que par le mur de temps de vol, est
visible sur la figure 4.2 représentant les spectres en vitesse (β) dans la réaction 107 Sn+Sn
à 600 AMeV pour les fragments de charge Z=2, 3, 4, 6 et Z = Zproj .
1400
124
Sn
124
La 4000
1200 107
Sn
3500
1000
3000
Yield (a.u)
Yield (a.u)
800 2500
2000
600
1500
400
1000
200 500
0
10 20 30 40 50 10 20 30 40 50
Zbound Zbound
Fig. 4.3 – Distributions de l’observable Zbound pour les trois systèmes et 107 Sn. 124 Sn, 124 La
Les valeurs expérimentales (panneau de gauche) sont comparées avec les prédictions du modèle
statistique SMM (panneau de droite).
calculs de simulation basés sur des modèles microscopiques comme BUU1 [Ber84, Aic85]
ou QMD2 [Aic88, Aic91, Pei89, Pei92].
La variable Zbound est une des observables utilisées dans le cadre de la campagne expéri-
mentale S254 pour rendre compte de la centralité des collisions. Celle-ci est définie comme
la somme des charges de tous les fragments de charge supérieure ou égale à Z = 2 et peut
ainsi s’écrire :
Z=Zp
X
Zbound = NZ .Z, (4.1)
Z=2
où NZ est le nombre de fragments de numéro atomique Z émis au cours d’un même évè-
nement et où Zp est la charge du projectile.
En première approximation, Zbound représente donc la charge du projectile spectateur ori-
ginal réduite du nombre d’isotopes d’hydrogène émis lors de la décroissance de celui-ci.
Des valeurs élevées de Zbound correspondent à de gros projectiles spectateurs c’est à dire
à des collisions périphériques, alors que de faibles valeurs de Zbound correspondent à de
petits projectiles spectateurs et donc à des collisions plus centrales [Hub91, Ogi93].
1
Le modèle BUU (Boltzmann-Uehling-Uhlenbeck) est basé sur l’équation de Vlasov-Uehling-
Uhlenbeck qui décrit les collisions en suivant l’évolution de la distribution à 1 corps des nucléons dans
l’espace des phases, f (~r, ~
p, t), comme la propagation d’un nucléon dans un champ moyen généré par les
autres nucléons du noyau et subissant des collisions avec ces derniers.
2
Le modèle QMD (Quantum Molecular Dynamics) est basé sur une théorie à N corps et tient compte
des effets quantiques. Il permet une analyse évènement par évènement des collisions entre ions lourds.
74 Propriétés générales des événements de fragmentation
Au cours des collisions entre ions lourds aux énergies relativistes, l’excitation du projectile
spectateur est principalement due aux réactions de knock-out et dépend ainsi essentielle-
ment du paramètre d’impact de la collision. L’observable Zbound étant, comme nous venons
de le voir, fortement corrélée avec ce dernier, celle-ci est alors non seulement une mesure
du paramètre d’impact, mais aussi de l’énergie d’excitation (cf. §1.4.2, Fig. 1.8). La fi-
gure 4.3 montre les distributions de l’observable Zbound obtenues pour les trois systèmes
124
Sn, 124 La et 107 Sn. Un premier effet lié à l’isospin est alors observé entre le projectile
stable et les projectiles instables. En effet, alors que dans le premier cas, la distribution
est centrée autour de la charge du projectile initial, les systèmes pauvres en neutrons pré-
sentent des distributions centrées autour de valeurs légèrement inférieures à la charge des
projectiles en question. Une possible interprétation de cette différence réside dans le fait
que pour des collisions périphériques, i.e. pour des valeurs élevées de Zbound , les systèmes
pauvres en neutrons faiblement excités commencent à évaporer des protons qui ne sont
pas pris en compte dans le calcul de Zbound , alors que le système riche en neutrons émet,
quant à lui, préférentiellement des neutrons.
Afin de confronter les résultats expérimentaux obtenus dans le cadre de la campagne S254
aux valeurs théoriques, le modèle statistique de multifragmentation SMM [Bon85, Bon95]
(cf. Annexe A) a été choisi. Ce dernier utilise, pour ses calculs, une multitude de sources
excitées représentant l’ensemble des systèmes spectateurs produits au cours de la réac-
tion [Bot95].
Les distributions de Zbound ainsi prédites par le modèle SMM pour les trois systèmes 124 Sn
(ligne rouge), 107 Sn (ligne verte) et 124 La (ligne bleue) sont représentées sur le panneau
de droite de la figure 4.3. Un accord qualitatif avec les résultats expérimentaux (panneau
de gauche de la figure) est observé et les valeurs de Zbound correspondant aux maxima des
distributions sont similaires aux valeurs obtenues dans le cadre de la campagne S254.
3 2.2
197
Au 124
Sn
124
Sn 2 124
124
La La
107 107
2.5 Sn 1.8 Sn
1.6
2
1.4
<MFMI>
<MFMI>
1.2
1.5
1
0.8
1
0.6
0.5 0.4
0.2
0 0
0 10 20 30 40 50 60 70 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Zbound Zbound
En se dirigeant, à présent, vers les collisions les plus centrales, on constate un maxi-
mum dans la distribution de la multiplicité moyenne de fragments de masse intermédiaire
<MFMI > correspondant approximativement à Zbound = 30 pour le projectile 197 Au et
Zbound =20 pour les 3 autres systèmes. La valeur de cette multiplicité moyenne est bien
plus élevée dans le cas du système 197 Au que pour les autres. En observant la partie
droite de la figure 4.4, on remarque un maximum de multiplicité plus faible dans le cas
de l’isotope le plus léger 107 Sn, alors que les deux systèmes de masses A = 124 présentent
des valeurs de multiplicité moyenne identiques. Cet effet de masse semble quelque peu
surprenant dans la mesure où la définition des fragments de masse intermédiaire est basée
3
En principe, le processus d’échange de charge peut produire des noyaux résiduels de charge supérieure
à celle du projectile, mais la section efficace est faible [Rub95].
76 Propriétés générales des événements de fragmentation
2.4
124
2.2 Sn
124
La
2 107
Sn
1.8
1.6
1.4
<MFMI >
1.2
0.8
0.6
0.4
0.2
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Z bound
Fig. 4.5 – Comparaison entre les multiplicités de fragments de masse intermédiaire mesurées
dans le cadre de la campagne expérimentale S254 (cf Fig. 4.4) et celles prédites par le modèle
statistique de multifragmentation SMM.
sur leur charge et non sur leur masse. Celui-ci peut cependant être interprété comme un
effet de structure nucléaire.
La figure 4.5 représente la comparaison entre les distributions des multiplicités moyennes
de fragments de masse intermédiaire obtenues expérimentalement et celles prédites par le
modèle statistique SMM dans le cas des trois systèmes 124 Sn, 107 Sn et 124 La. Un accord
qualitatif est de nouveau observé et la décroissance plus rapide dans le cas du système
riche en neutrons 124 Sn est reproduite, ainsi que la différence entre les valeurs des maxima
obtenues pour la paire d’isobares de masse A = 124 et le système 107 Sn.
45 45
50
40 40
35 40 35
30 30
Zmax
Zmax
Zmax
30
25 25
20 20
20
15 15
10 10
10
5 5
0 0 0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 0 10 20 30 40 50 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Fig. 4.6 – Corrélation entre les observables Zmax et Zbound pour les trois systèmes 124 Sn, 124 La
et 107 Sn.
Par définition, la charge maximale Zmax est au plus égale à la valeur de Zbound . Tous les
événements sont alors localisés sur, ou sous, la diagonale principale Zmax = Zbound du plan
(Zmax ,Zbound ). Les points appartenant à cette dernière correspondent aux événements où
seul un fragment a été détecté, alors que les points au voisinage de cette diagonale princi-
pale sont des événements typiques d’évaporation pour lesquels au moins deux particules
complexes ont été observées, mais où la plus grande partie de la charge est toujours por-
tée par l’une d’elles. Dans les collisions périphériques, le fragment le plus gros contient
la plupart de la charge liée et Zmax peut ainsi être identifié comme le résidu lourd après
évaporation. Pour les collisions les plus centrales, en revanche, Zmax devient une petite
fraction de Zbound . De larges fluctuations de la charge maximale détectée sont observées
pour des valeurs de Zbound comprises entre Zbound = 20 et Zbound = 40 correspondant au
régime de multifragmentation.
Sur la figure 4.7, la valeur moyenne de la charge du plus gros fragment détecté <Zmax >,
normalisée à la charge du projectile, décroît avec Zbound /Zproj . Cette décroissance est plus
rapide pour des valeurs de Zbound /Zproj comprises entre 0,8 et 0,5 indiquant ainsi une
transition entre les évènements pour lesquels la charge totale est principalement portée
par un seul fragment et ceux pour lesquels elle est distribuée de façon plus équitable entre
plusieurs fragments.
78 Propriétés générales des événements de fragmentation
Une fois normalisée à la charge du projectile, la corrélation entre Zmax et Zbound est
pratiquement identique pour les trois systèmes étudiés.
124
Sn
0.9 124
La
107
Sn
0.8
0.7
<Z max /Zproj >
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Z bound /Zproj
Fig. 4.7 – Zmax /Zproj moyen en fonction de Zbound /Zproj pour les trois systèmes 124 Sn, 124 La
et 107 Sn. Les barres d’erreur sont, dans la plupart des cas, plus petites que le symbole.
124
Sn, rendant ainsi la variation paire-impaire plus visible.
<N/Z> = f(Z) pour Sn124 avec la correction pour le 8Be <N/Z> = f(Z) pour La124 avec la correction pour le 8Be
1.2 1.2
1.15 1.15
<N>/Z
<N>/Z
1.1 1.1
1.05 1.05
1 1
0.95 0.95
0.9 0.9
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Charge Z du fragment Charge Z du fragment
Fig. 4.8 – Valeurs moyennes <N >/Z des fragments légers (2 ≤ Z ≤ 10) produits par frag-
mentation des projectiles 124 Sn et 124 La à 600 MeV par nucléon pour 3 différentes sélections en
Zbound .
En observant la figure 4.8, on s’aperçoit que, comme on pouvait s’y attendre en raison
du rapport N/Z plus élevé du projectile original, les valeurs obtenues pour le système
124
Sn sont plus élevées que celles obtenues pour le système 124 La. Selon les prédictions
du modèle SMM on s’attend à ce que le rapport N/Z des fragments chauds (avant la
décroissance secondaire) soit proche de celui du projectile spectateur [Buy05]. Apparem-
ment, cette décroissance secondaire modifie la richesse en neutrons des fragments issus de
la réaction. Cet effet est plus important dans le cas du système riche en neutrons 124 Sn.
L’effet pair-impair observé est en revanche bien plus prononcé dans le cas du système
pauvre en neutrons 124 La.
Cet effet pair-impair est caractérisé par une valeur moyenne du rapport N/Z plus faible
dans le cas des noyaux de charge paire. Ce comportment peut être interprété comme une
manifestation de la stucture nucléaire due à l’énergie de liasion plus élevée des noyaux de
type α (pair-pair N=Z). Ces noyaux attirent une large fraction des taux de production
des produits de réaction au cours de l’évaporation secondaire [Ric04]. Cet effet est, ap-
paremment, plus important si le fragment chaud est déjà proche de la symétrie N = Z,
comme c’est le cas pour la fragmentation des systèmes 124 La et 107 Sn (Fig. 4.9).
Des données inclusives (sans sélection de l’énergie d’excitation, i.e. de Zbound ) récemment
collectées auprès du séparateur de fragments FRS par fragmentation de faisceaux de
238
U [Ric04] et de 56 Fe [Nap04] sur des cibles de titane à une énergie de 1 GeV confirment
la systématique d’un tel comportement. La figure 4.10, représentant les données collectées
dans le cadre de la campagne S254 pour les deux systèmes 124 Sn et 107 Sn ainsi que celles
obtenues auprès du séparateur de fragments FRS, témoigne dans le même temps des effets
80 Propriétés générales des événements de fragmentation
1.35
0.2 < Zbound/Z proj < 0.4
1.3
1.25
1.2
<N/Z>
1.15
1.1
1.05
124
Sn
1 124
La
107
Sn
0.95
2 4 6 8 10 12
Z
Fig. 4.9 – Rapport N/Z en fonction du numéro atomique Z pour les évènements avec 0, 2 ≤
Zbound /Zproj ≤ 0, 4. Les divers symboles représentent les données expérimentales pour les trois
systèmes étudiés. Les courbes, quant à elles, correspondent aux prédictions du modèle SMM.
de structure nucléaire caractéristiques pour les isotopes produits ainsi que des effets de mé-
moire significatifs de la composition des systèmes excités desquels ces fragments sont issus.
Fig. 4.10 – Valeurs inclusives (aucune sélection en Zbound ) de <N>/Z pour les fragments légers
3 ≤ Z ≤ 9 produits par fragmentation de faisceaux de 107 Sn, 124 Sn (600 AMeV, ALADiN), 56 Fe et
238 U(1 AGeV, FRS) en fonction du numéro atomique Z. Le panneau de droite montre les résultats
obtenus pour les fragments de charge Z = 8 en fonction de la valeur N/Z du projectile. Les
courbes représentent le comportement général des données (ligne pleine) et <N >/Z=(N/Z)proj
(ligne en pointillés).
82 Propriétés générales des événements de fragmentation
Chapitre 5
Mesure de la température
5
internal Li 16.66 MeV
excitation 3
d+ He
5 5
Li16.66/ Ligs N
16.6 -∆E/T
~e
N
∆/N g.s. g.s.
p+α
Fig. 5.1 – Illustration des différents thermomètres utilisés pour les systèmes hadroniques :
paramètre de pente inverse (panneau supérieur), double rapport isotopique (panneau central) et
population relative des états (panneau inférieur).
N (A, Z) A3/2
ρ(A, Z) = = 3 ω(A, Z)eµ(A,Z)/T , (5.1)
V λ
Notion de température isotopique 85
1
où N (A, Z) est le nombre de particules (A, Z) à l’intérieur du volume V , λ = h/(2πm0 T ) 2
est la longueur d’onde thermique, µ(A, Z) est le potentiel chimique de la particule (A, Z)
et T est la température exprimée en MeV. La fonction de partition interne de la particule
(A,Z), ω(A, Z), s’écrit, quant à elle :
X
ω(A, Z) = [2sj (A, Z) + 1]exp[−Ej (A, Z)/T ], (5.2)
j
De la même façon, le rapport entre les taux de production de deux fragments isotones
(A1 − Z1 = A2 − Z2 ) s’écrit :
3/2 A1 −A2
λ3
Y1 A1 ω(A1 , Z1 ) Z1 −Z2 (B1 −B2 )/T
= ρ e (5.7)
Y2 A2 2 ω(A2 , Z2 ) p
86 Mesure de la température
Si l’on considère à présent que les fragments ont la même origine, pour une température
T fixée de la source émettrice, les densités de protons et de neutrons libres sont indépen-
dantes du rapport entre les taux de production utilisé. Pour un tel système, une mesure de
la température T peut être obtenue via le double rapport entre les taux de production de
deux paires de fragments, (A1 ,Z1 /A2 ,Z2 ) et (A3 ,Z3 /A4 ,Z4 ), différant par le même nombre
de neutrons et/ou de protons. On obtient ainsi :
Fig. 5.2 – Valeurs des paramètres α (notée ici a) et ∆B (notée ici b) introduites par l’équa-
tion (5.8) et définissant les thermomètres isotopiques pour différentes combinaisons de paires
d’isotopes. La partie se trouvant au dessus de la diagonale correspond aux thermomètres basés
sur le rapport de paires isotopiques. La partie inférieure, quant à elle, correspond aux paires de
noyaux pour lesquels ∆Z = 1.
En raison de la différence élevée existant entre les énergies de liaison des isotopes 3 He et
4
He (∆B = 20, 6 MeV), les thermomètres utilisant cette paire isotopique, et en particulier
le thermomètre hélium-lithium (THeLi ) défini par l’équation (5.11), sont parmi les plus
utilisés.
13, 33 (MeV)
THeLi,0 =
Y6 Li /Y7 Li
(5.11)
ln 2, 18 Y3 /Y4
He He
Fig. 5.3 – Inverse de la température apparente obtenue pour différents thermomètres isotopiques
en fonction de la différence d’énergie de liaison ∆B pour les réactions 124 Sn+Sn (panneau de
gauche) et 107 Sn+Sn (panneau de droite). La ligne représentée en pointillés correspond à la
température apparente Tapp = 4 MeV.
11, 28 (MeV)
TBeLi,0 =
Y /Y
(5.12)
ln 1, 76 Y79 Be /Y86 Li
Be Li
11, 47 (MeV)
TCLi,0 =
Y /Y
(5.13)
ln 5, 90 Y116 Li /Y712Li
C C
13, 77 (MeV)
TCC,0 =
Y12 C /Y13 C
(5.14)
ln 7, 92 Y11 /Y12
C C
À ce titre, le modéle statistique QSM (Quantum Statistical Model) [Hah88, Kon94] pre-
nant en compte ces effets, permet de comparer la température "véritable" du système au
moment du breakup avec la température extraite des doubles rapports entre les taux de
production isotopiques. Ce modèle est basé sur l’hypothèse d’un équilibre thermique et
chimique au moment du breakup au cours duquel le système fragmentant est caractérisé
par une densité ρ (que l’on désigne par le terme "densité de breakup"), une température
T et par sa composition isotopique N/Z.
Les résultats ainsi obtenus pour différents thermomètres, dont les quatre définis précédem-
ment, à savoir THeLi , TBeLi , TCLi et TCC , sont représentés sur la figure 5.4. La température
apparente obtenue en utilisant les formules (5.11), (5.12), (5.13) et (5.14), notée Tapp est
représentée en fonction de la "véritable" température du système à l’équilibre déterminée
par le modèle QSM (notée Tinput ) pour des valeurs de densité au moment du breakup
comprises entre ρ = 0, 1ρ0 et ρ = 0, 5ρ0 .
À faible température, les états excités de chacun des isotopes sont faiblement peuplés
et, par conséquent, les valeurs de Tapp et de Tinput sont très proches pour la totalité des
thermomètres représentés. Les déviations observées pour des températures supérieures à
3 MeV, sans être négligeables, sont plus faibles dans le cas du thermomètre THeLi . Pour
ce dernier, à Tinput = 6 MeV, la température apparente Tapp mesurée est comprise entre
4,5 et 5,5 MeV en fonction de la densité considérée. En règle génerale, la différence entre
Tinput et Tapp est d’autant plus grande que la densité de breakup est élevée. Dans le
cas du thermomètre THeLi , qui rappelons-le est l’un des plus utilisés pour déterminer la
température des systèmes nucléaires, la correction prédite, pour une densité ρ = 0, 3ρ0 , est
bien reproduite par Tinput = 1, 2 · Tapp , suggérant ainsi un facteur de correction global de
1,2. Une valeur moyenne similaire a également été obtenue pour ce facteur de correction
à partir d’autres modèles statistiques [Poc95] comme les modèles GEMINI [Cha88a] et
MMMC [Gro90, Gro97].
Les déviations prédites de Tapp par rapport à Tinput pour des températures plus élevées
sont considérablement plus importantes pour les autres thermomètres et notamment pour
le thermomètre TCC , pour lequel une faible différence de Tapp correspond à une large dif-
férence de Tinput , réduisant ainsi la précision des mesures de température (cf. §5.5.2).
Les températures mesurées et présentées dans la suite de ce travail de thèse (sauf indication
contraire) correspondent aux températures apparentes et n’incluent par conséquent aucun
facteur correctif déterminé via le modèle QSM. Néanmoins, pour des raisons de clarté et
de lisibilité, l’indice 0 indiquant que chacun des isotopes condidérés est pris dans son état
fondamental est supprimé.
90 Mesure de la température
10 10
Tapp (MeV)
8 THeLi THedt 8
6 6
4 ρ/ρ0=0.1 4
ρ/ρ0=0.3 THepd
2 ρ/ρ0=0.5 2
0 0
8 TtHeLiBe TBeLi 8
6 6
4 4
2 2
0 0
8 TCLi TCC 8
6 6
4 4
2 2
0 0
0 2 4 6 8 0 2 4 6 8 10
Tinput (MeV)
Fig. 5.4 – Températures apparentes Tapp en fonction des températures Tinput utilisées dans
les calculs basés sur le modèle de statistique quantique QSM [Hah88, Kon94] (lignes pleines)
pour différents thermomètres isotopiques dont les thermomètres THeLi , TBeLi , TCLi et TCC . Les
symboles utilisés représentent trois hypothèses différentes de la valeur de la densité du système
au moment du breakup. Ces dernières sont indiquées sur le panneau supérieur gauche. Les lignes
en pointillés symbolisent la diagonale Tapp = Tinput (figure extraite de [Ode99, Tra07]).
topique du système spectateur est observée pour tous les rapports présentés à l’exception
du rapport 3 He/4 He pour lequel la différence entre les systèmes riches et les systèmes
pauvres en neutrons est faible. Cette différence de comportement s’explique notamment
par le nombre important de particules alpha produites par désintégration successive des
fragments primaires. Par conséquent, les effets de structure mentionnés précédemment
et responsables de la variation paire-impaire des rapports N/Z des fragments de masse
intermédiaire (cf. Chap. 4, Fig. 4.8) jouent, ici encore, un rôle important.
De plus, dans le cas du projectile spectateur 124 Sn, tous les rapports, à l’exception cette
fois encore du rapport 3 He/4 He (∆B = 20, 6 MeV), sont pratiquement indépendants
de Zbound . La valeur de ce dernier rapport est, en effet, 4 fois plus élevée dans le cas
des collisions les plus centrales (faibles valeurs de Zbound ) que dans celui des collisions
les plus périphériques (Zbound ≈ Zproj ), alors que cette variation atteint difficilement un
facteur 2 dans le cas des autres paires isotopiques comme par exemple la paire 9 Be/8 Li
(∆B = 16, 9 MeV).
Il semble alors qu’il y ait une corrélation claire entre la différence d’énergie de liaison ∆B
des isotopes utilisés et Zbound , i.e. l’énergie d’excitation du système [Tra07] : plus ∆B est
élevée et plus la variation avec Zbound du rapport isotopique correspondant est forte. Pour
les systèmes pauvres en neutrons, en revanche, tous les rapports (à l’exception peut-être
de 7 Be/6 Li) présentent une forte dépendance avec l’énergie d’excitation du système.
Les températures mesurées pour les trois systèmes 124 Sn, 124 La et 107 Sn, pour chacun
des thermomètres isotopiques étudiés sont représentées sur la figue 5.6.
À l’exception des deux thermomètres utilisant les isotopes de carbone TCLi et TCC , les tem-
pératures mesurées augmentent lentement à mesure que l’on se dirige vers les collisions
les plus centrales (faibles valeurs de Zbound ). Les valeurs de température ainsi observées
varient approximativement entre 4 et 6 MeV dans le cas des collisions périphériques et
entre 8 et 9 MeV pour les collisions les plus violentes. Cette élévation de température,
également observée pour le thermomètre TBeLi , n’est donc pas une conséquence du com-
portement singulier de la paire 3 He/4 He (cf. Fig. 5.5).
Les températures mesurées à l’aide des thermomètres utilisant les isotopes de carbone TCLi
et TCC demeurent quant à elles constantes autour de 5 MeV. Ce comportement s’explique
par le fait que, comme nous venons de le voir, les températures TCLi et TCC présentent un
effet de saturation. Ces thermomètres présentent les déviations les plus élevées. On peut
alors supposer que les fragments les plus lourds proviennent de régions plus froides.
92 Mesure de la température
Fig. 5.5 – Rapports des taux de production des paires d’isotopes nécessaires à la mesure des
températures définies par les équations (5.11), (5.12), (5.13) et (5.14) en fonction de Zbound /Zmax
pour les trois systèmes étudiés.
masse A = 124, une différence moyenne de ∆THeLi = 0, 7 ± 0, 1 MeV est observée entre
les températures THeLi , alors qu’il n’y a pratiquement aucune différence (à peine 0,1 MeV
en moyenne) dans le cas du thermomètre TBeLi . Cette différence entre les deux types de
thermomètre est principalement due au fait que la dépendance du rapport 6 Li/7 Li avec
la composition isotopique du projectile original (cf. Fig. 5.5) n’est pas compensée par la
faible dépendance du rapport 3 He/4 He.
Dans le cas du thermomètre TBeLi , en revanche, la dépendance des deux rapports 7 Be/6 Li
et 9 Be/8 Li avec la composition des deux systèmes de même masse s’annule en formant le
double rapport isotopique (cf. Eq. (5.8)).
Cette invariance de la température apparente en fonction de la composition isotopique
du système considéré est en désaccord avec la notion de température limite [Bes89] (cf.
Chap. 1, Fig. 1.9) prédisant une différence de température d’environ 2 MeV entre les
deux systèmes 124 Sn et 124 La, mais semble en revanche favoriser une interprétation statis-
tique [Bot06] (cf. Chap. 1, Fig. 1.13).
94 Mesure de la température
Fig. 5.6 – Températures isotopiques mesurées pour les trois systèmes 124 Sn, 124 La
et 107 Sn en
fonction de Zbound /Zmax à l’aide des quatre thermomètres isotopiques THeLi , TBeLi , TCLi et TCC
symbolisés respectivement par des cercles, des carrés, des triangles et des étoiles.
Résultats expérimentaux 95
Fig. 5.7 – Températures isotopiques THeLi et TBeLi mesurées pour les trois systèmes 124 Sn
(cercles rouges),124 La(triangles bleus) et107 Sn (carrés verts) en fonction de l’observable Zbound
normalisée à la charge du projectile étudié Zproj .
96 Mesure de la température
Chapitre 6
En effet, lorsque deux réactions 1 et 2 (nous adopterons par convention que la réaction
2 correspond au système le plus riche en neutrons) ne diffèrent que par leur asymétrie
d’isospin, le rapport R21 (N, Z) entre les taux de production Y1 et Y2 mesurés pour chacun
des isotopes (ou isotones) présente une dépendance exponentielle en fonction du nombre
de neutrons N et du nombre de protons Z de la forme :
Il a en particulier été observé que les paramètres d’isoscaling α et β présentent des va-
leurs relativement proches mais de signe opposé. Par exemple, pour la multifragmentation
induite par des collisions centrales 124 Sn+124 Sn et 112 Sn+112 Sn à 50 MeV par nucléon (cf.
Fig. 6.1), les valeurs α = 0, 361 et β = −0, 417 ont été obtenues par ajustement des
rapports entre les taux de production isotopiques pour des fragments de masse comprise
entre A = 1 et A = 18 [Tsa01].
Ces paramètres suggèrent une mise à l’échelle approximative basée sur la troisième com-
posante du terme d’isospin t3 = (N − Z)/2 de la forme :
98 Isoscaling et énergie de symétrie
Fig. 6.1 – Rapport des taux de production isotopiques représentés en fonction du nombre de
neutrons N (panneaux supérieurs) et du nombre de protons Z (panneaux inférieurs) pour les
réactions 124 Sn+124 Sn et 112 Sn+112 Sn (collisions centrales) à 50 AMeV. Les lignes représentées
sur le panneau supérieur gauche correspondent au meilleur ajustement (avec une pente commune)
pour les différents éléments. Les lignes représentées sur le panneau inférieur gauche correspondent,
quant à elles, à l’ajustement des isotones. Sur le panneau supérieur droit, le rapport réduit S(N)
(cf. Eq. 6.9) est construit en utilisant β = −0, 417. De la même façon, sur le panneau inférieur
droit, le rapport réduit S(Z) (cf. Eq. 6.10) est représenté en fonction de Z en utilisant α = 0, 361
(figure extraite de [Tsa01b]).
des valeurs du paramètre βt3 proches de βt3 = 0, 7 ont été obtenues dans le cas de ré-
actions induites par des protons (0.66, 1.0 et 6.7 GeV), des deutérons (3.1 GeV) et des
particules alpha (15.3 GeV) (cf. Fig. 6.2). Cette valeur est assez proche du double de
la valeur obtenue pour le paramètre α pour les réactions symétriques Sn+Sn [Tsa01] et,
d’après l’équation (6.2), suggère un comportement similaire dans le cas de réactions de
fragmentation induites par des ions légers aux énergies relativistes.
Fig. 6.2 – Rapport isotopique R12 , normalisé par rapport à R12 (6 Li), en fonction de la troisième
composante d’isospin t3 des fragments. Les cinq réactions (p+112,124 Sn (0.66, 1.0 et 6.7 GeV),
d+112,124 Sn (3.1 GeV) et 4 He+112,124 Sn (15.3 GeV)) sont décalées les unes par rapport aux autres
par des multiples de 3 et sont identifiées par l’énergie totale du projectile exprimée en GeV (figure
extraite de [Bot02]).
Le rapport R21 déterminé au cours de la campagne expérimentale S254 dans le cas des
réactions 124 Sn+Sn et 107 Sn+Sn est représenté sur les figures 6.3, 6.5 et 6.7 en fonction
du nombre de neutrons N (panneau supérieur) et du nombre de protons Z (panneau in-
férieur) pour les fragments de charge Z comprise entre Z = 3 et Z = 10. Dans le premier
cas, les isotopes d’un même élement sont représentés par le même symbole, alors que dans
le second cas, les noyaux représentés par un symbole identique sont des noyaux isotones,
i.e. des noyaux ayant le même nombre de neutrons. Il est important de mentionner que
les données représentées ici sont des données inclusives et que par conséquent aucune sé-
lection de la centralité n’est effectuée.
exponentiel de ces données. Pour cela, trois différentes méthodes d’ajustement ont été
étudiées.
❶ - La première de ces méthodes d’ajustement, symbolisée par les lignes rouges sur la fi-
gure 6.3, consiste à utiliser une fonction du même type que celle définie par la formule (6.1),
soit :
Fig. 6.3 – Rapports entre les taux de production R21 (N, Z) (cf. Eq. (6.1)) pour les isotopes de
charge comprise entre Z=3 et Z=10 obtenus par fragmentation des projectiles 124 Sn et 107 Sn à
600 AMeV en fonction du nombre de neutrons N (panneau supérieur) et du nombre de protons
Z (panneau inférieur) dans le cas de données inclusives. Les lignes rouges représentent le résultat
d’un ajustement exponentiel à deux dimensions (cf. Fig. 6.4).
Le phénomène d’isoscaling 101
Fig. 6.4 – Représentation en deux dimensions des rapports R21 en fonction du nombre de protons
Z et du nombre de neutrons N . La grille représentée sur le panneau supérieur correspond au
plan défini par l’équation (6.1). Sur le panneau inférieur, le point d’observation est dans le plan
de la grille, ce qui permet d’évaluer la qualité de l’ajustement.
L’indice "2D" signifie ici que les valeurs du rapport R21 (N, Z) représentées à la fois en
fonction du nombre de protons Z et du nombre de neutrons N sont ajustées à l’aide
d’une fonction exponentielle à deux dimensions. Le plan d’ajustement (en échelle loga-
rithmique) est représenté sur la figure 6.4 sous différents angles permettant ainsi d’ap-
précier l’accord existant entre celui-ci et les données expérimentales. Les valeurs des pa-
ramètres d’isoscaling obtenues par le biais de cette méthode d’ajustement sont alors
α2D = 0, 470 ± 0, 004 et β2D = −0, 490 ± 0, 004.
Fig. 6.5 – Rapports entre les taux de production R21 (N, Z) (cf. Eq. (6.1)) pour les isotopes de
charge comprise entre Z=3 et Z=10 obtenus par fragmentation des projectiles 124 Sn et 107 Sn à
600 AMeV en fonction du nombre de neutrons N (panneau supérieur) et du nombre de protons Z
(panneau inférieur) dans le cas de données inclusives. Les lignes en pointillés sont le résultat d’un
ajustement exponentiel pour chacun des isotopes et isotones pris individuellement (cf. Fig. 6.6).
❸ - La troisième et dernière méthode d’ajustement, représentée par les lignes visibles sur
la figure 6.7, repose sur l’hypothèse d’une égalité entre les paramètres α et β, ces derniers
étant cependant de signe opposé.
Le phénomène d’isoscaling 103
α(Z)
0.5
-0.5
β(N)
-1
〈β 〉 = -0.501 ± 0.005
N
-1.5
0 2 4 6 8 10 12 14
Z | N
Fig. 6.6 – Valeurs des paramètres de pente α(Z) et de β(N ) obtenues par un ajustement
exponentiel de chacun des isotopes et isotones pris individuellement. Les valeurs moyennes <αZ >
et <βN > sont alors obtenues à l’aide d’un ajustement par une constante de ces mêmes paramètres
de pente.
Ces paramètres sont obtenus en ajustant le rapport R21 (N, Z) en fonction de l’excès de
neutrons N − Z (cf. Fig. 6.8) à l’aide d’une fonction exponentielle de la forme :
Une analyse similaire peut être effectuée, dans le cas des noyaux isotones, en fonction de
l’excès de protons Z − N à l’aide d’une fonction de la forme :
Par définition, on obtient alors les paramètres d’isoscaling αN−Z = −βZ−N = 0, 468 ±
0, 004.
La différence de 10% observée entre les valeurs des paramètres α et β obtenues dans le
cas du système réactionnel (124 Sn/107 Sn)1 et celles obtenues pour le système (124 Sn/124 La)
1 124 107
Par souci de clarté et de lisibilité, la paire de réactions Sn+Sn et Sn+Sn est désignée par le
terme "système réactionnel" noté (124 Sn/107 Sn).
104 Isoscaling et énergie de symétrie
Fig. 6.7 – Rapports entre les taux de production R21 (N, Z) (cf. Eq. (6.1)) pour les isotopes de
charge comprise entre Z=3 et Z=10 obtenus par fragmentation des projectiles 124 Sn et 107 Sn à
600 AMeV en fonction du nombre de neutrons N (panneau supérieur) et du nombre de protons Z
(panneau inférieur) dans le cas de données inclusives. Les lignes correspondent à un ajustement
exponentiel défini par les équations (6.5) et (6.6).
Des valeurs moyennes du rapport A/Z de 2,188 et de 2,160 sont ainsi déterminées pour
les systèmes 124 La et 107 Sn respectivement et la différence de compositions isotopiques
Le phénomène d’isoscaling 105
10
R21(N,Z)
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6
N-Z
Fig. 6.8 – Ajustement de la distribution des rapports entre les taux de production isotopiques
R21 par une fonction exponentielle identique pour tous les isotopes. Les paramètres α et β ont
alors la même valeur (ici 0,468 ± 0,004), mais sont de signe opposé.
alors observée entre les deux systèmes réactionnels (cf. Eq. (6.7) et (6.8)) est également
de 10%.
Les paramètres d’isoscaling α et β dépendent donc linéairement de la composition iso-
topique des systèmes réactionnels considérés. Une telle dépendance a notamment été ob-
servée dans le cas de réactions de fragmentation et de spallation induites par des protons
ayant une énergie de 1 GeV [And01], ainsi que dans le cas de réactions aux énergies in-
termédiares [She07].
124
Sn/107 Sn 124
Sn/124 La
Meth. α β α β
❶ 0,470 ± 0,004 -0,490 ± 0,004 0,424±0,004 -0,436±0,005
❷ 0,472 ± 0,004 -0,501 ± 0,005 0,421±0,004 -0,447±0,005
❸ 0,468 ± 0,004 -0,468 ± 0,004 0,423±0,004 -0,423±0,004
Tab. 6.1 – Paramètres d’isocaling α et β obtenus à partir des 3 méthodes d’ajustement pour
les 2 systèmes réactionnels (124 Sn/107 Sn) et (124 Sn/124 La).
Une des façons les plus simples d’étudier la dépendance des paramètres d’isoscaling α
et β en fonction de la variable Zbound , i.e. de l’énergie d’excitation, est de supprimer la
dépendance du rapport R21 (Z, N) par rapport au nombre de protons Z et au nombre
106 Isoscaling et énergie de symétrie
de neutrons N, respectivement. Pour cela, les quantités S(N) et S(Z), définies par les
équations (6.9) et (6.10) sont formées.
104
Zbound
[0.0-0.2]
(0.2-0.4]
(0.4-0.6]
(0.6-0.8]
(0.8-1.0]
103
S(N)
102
Z
3
4
5
6
10 7
8
2 4 6 8 10 12 14
N
Fig. 6.9 – Rapport réduit S(N ) en fonction du nombre de neutrons N pour le système réac-
tionnel (124 Sn/107 Sn).
ces dernier. Cette différence explique également le fait que les valeurs du paramètre α
sont plus faibles dans le cas du système réactionnel (124 Sn/124 La) que pour le système
(124 Sn/107 Sn).
124
Zbound Sn/107 Sn 124
Sn/124 La
/Zproj α β α β
0,0 - 0,2 0,340 ± 0,001 -0,309 ± 0,012 0,291 ± 0,009 -0,361 ± 0,010
0,2 - 0,4 0,432 ± 0,006 -0,442 ± 0,007 0,387 ± 0,007 -0,405 ± 0,007
0,4 - 0,6 0,511 ± 0,007 -0,523 ± 0,008 0,468 ± 0,007 -0,467 ± 0,008
0,6 - 0,8 0,630 ± 0,011 -0,651 ± 0,012 0,560 ± 0,012 -0,580 ± 0,014
0,8 - 1,0 0,853 ± 0,034 -0,870 ± 0,038 0,709 ± 0,037 -0,802 ± 0,041
Tab. 6.2 – Valeurs des paramètres d’isoscaling α et β obtenues en fonction des valeurs de
l’observable Zbound pour les systèmes réactionnels (124 Sn/107 Sn) et (124 Sn/124 La).
α = ∆µn /T (6.11)
β = ∆µp /T (6.12)
où ∆µn et ∆µp sont les différences de potentiels chimiques.
Cette différence de potentiel chimique des systèmes pour différents rapports N/Z est di-
rectement responsable du phénomène d’isoscaling.
Il a de plus été démontré [Bot02] que ces potentiels chimiques sont liés au coefficient γ de
l’énergie de symétrie :
2
Z22
Z1
∆µn = µ2 − µ1 ≈ 4γ − (6.13)
A21 A22
où Z1 , A1 et Z2 , A2 représentent la charge et le nombre de masse des systèmes 1 et 2,
respectivement. Les différences de potentiels dépendent ainsi essentiellement du coefficient
108 Isoscaling et énergie de symétrie
1
124 107
Sn/ Sn
0.8 124
Sn/ 124
La
0.6
α
0.4
0.2
-0
-0.2
β
-0.4
-0.6
-0.8
-1
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Zbound
Fig. 6.10 – Paramètres d’isoscaling α (panneau du haut) et β (panneau du bas) en fonction de
Zbound pour les systèmes réactionnels (124 Sn/107 Sn) et (124 Sn/124 La).
Afin de comparer les résultats obtenus pour les paramètres d’isoscaling, il est nécessaire
de considérer l’observable α/∆(Z 2 /A2 ) afin de supprimer la dépendance de l’asymétrie
du système et pour étudier la systématique du terme de symétrie.
Fig. 6.11 – Comparaison des résultats obtenus pour le coefficient γ du terme d’énergie de
symétrie entre les deux systèmes réactionnels isobares (124 Sn/124 La) et isotopiques (124 Sn/107 Sn).
Récemment, en se basant sur l’équation (6.14) et en faisant l’hypothèse que les compo-
sitions isotopiques des sources émettrices sont pratiquement égales à celles des systèmes
originaux, un coefficient de symétrie apparent, i.e. qui ne tient pas compte des effets dus
à la désintégration successive, noté γapp a pu être déterminé grâce aux données collectées
par la collaboration INDRA [Lef05].
E/A (MeV)
0.6 300
600
α
0.4
0.2
10
THeLi (MeV)
6
112
Sn
4 124
Sn
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
25
γapp (MeV)
20
15
10
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
1-b/b max
Fig. 6.12 – Paramètre α (panneau supérieur), température isotopique THeLi (panneau central)
et terme d’énergie de symétrie γapp (panneau inférieur) pour E/A = 300 MeV (symboles pleins)
et E/A = 600 MeV (symboles ouverts) en fonction de la centralité de la collision (1 − b/bmax )
obtenus grâce aux données collectées par le détecteur INDRA. Les températures obtenues pour
des cibles de 112 Sn et de 124 Sn sont représentées, respectivement, par une ligne pleine et par une
ligne en pointillés (figure extraite de [Lef05]).
Les résultats observés sont proches de la valeur du coefficient γ à la densité normale dans
le cas des collisions périphériques (cf. Fig.6.12, panneau inférieur). Cependant, ces va-
leurs diminuent pour des paramètres d’impact correspondant à des collisions centrales.
Énergie de symétrie 111
Fig. 6.13 – Corrélation entre les deux observables liées au paramètre d’impact dans le cas du
détecteur INDRA.
Afin de pouvoir comparer les ensembles de données, une variable commune liée au pa-
ramètre d’impact est choisie. Dans le cas du spectromètre 4π INDRA, les réactions
12
C+112,124 Sn ont été étudiées et le paramètre d’impact a été calculé par le biais de la
multiplicité de particules légères chargées puisque le détecteur ne permet pas d’identifier
les fragments lourds. Il est alors nécessaire, afin de comparer les résultats obtenus avec
ceux de notre expérience, de déterminer la variable Zbound
INDRA
[Tur02] définie par :
INDRA
Zbound = Zcible − MZ=1 (6.15)
où MZ=1 est la multiplicité de fragments de charge Z = 1 (isotopes d’hydrogène) détectés
112 Isoscaling et énergie de symétrie
La figure 6.13 montre la corrélation existant entre le paramètre d’impact réduit b/b0 et
l’observable Zbound
INDRA
définie par l’équation (6.15). Il est à noter que, dans le cas de l’expé-
rience INDRA, les atomes de 12 C ne permettent pas d’atteindre les régions correspondant
aux faibles valeurs de Zbound (0, 0 ≤ Zbound /Zproj ≤ 0, 4).
Cette procédure ne fournit qu’une estimation de Zbound en raison des seuils de perte d’éner-
gie dans le détecteur : la multiplicité des atomes d’hydogène MZ=1 à 45◦ ≤ θlab ≤ 142◦ a
été mesurée et normalisée sur 4π. Elle n’est donc qu’une approximation dans la mesure
où aucune des sources de protons n’est isotrope [Tur04]. De plus, dans cette région angu-
laire, l’énergie maximale des protons détectés est de 138 MeV. Par conséquent, une partie
des protons très énergétiques, et notamment dans le cas des collisions centrales, n’est pas
détectée. Dans ce cas, seule l’émission de la cible est prise en compte bien qu’une étude
plus précise nous oblige à considérer également l’émission du projectile dont les particules
ne sont pas identifiées par le spectromètre INDRA. Néanmoins, cette estimation de Zbound
permet de représenter les résultats obtenus pour les deux expériences en fonction de la
même observable Zbound utilisée dans le cadre de la campagne expérimentale S254.
Fig. 6.14 – Comparaison des résultats obtenus pour le coefficient γ du terme d’énergie de
symétrie à partir des données collectées grâce aux détecteurs INDRA et ALADiN.
La comparaison entre les résultats obtenus par la collaboration INDRA [Lef05] et ceux
obtenus dans le cadre de la campagne S254 est ainsi représentée sur la figure 6.14.
L’accord entre les données est remarquable pour la plupart des collisions périphériques et
Énergie de symétrie 113
Fig. 6.15 – Comparaison des résultats obtenus pour le coefficient γ du terme d’énergie de
symétrie en utilisant les valeurs de la température mesurée grâce aux thermomètres THeLi et
TBeLi dans le cas des systèmes réactionnels (124 Sn/107 Sn) et (124 Sn/124 La).
sent et semble être indépendant de la charge des fragments considérés pendant l’analyse
d’isoscaling ainsi que du thermomètre utilisé durant l’analyse des paramètres α et β.
Une étude similaire, portant sur des données provenant de collisions centrales aux énergies
intermédiaires, a récemment été menée. L’énergie de symétrie, la température, la densité
et les paramètres d’isoscaling, dans les réactions 58 Ni+58 Ni, 58 Fe+58 Ni et 58 Fe+58 Fe aux
énergies de faisceau respectives de 30, 40 et 47 MeV par nucléon, ont été étudiés en fonc-
tion de l’énergie d’excitation de la source de fragments. Il a ainsi été montré [She07]
que les décroissances de la densité et de l’énergie de symétrie sont liées à l’augmentation
de l’énergie d’excitation. La décroissance de l’énergie de symétrie est principalement une
conséquence de la diminution de la densité correlée à l’augmentation de l’excitation plutôt
qu’à l’augmentation de la température [Li06].
Fig. 6.16 – Comparaison des résultats obtenus pour le coefficient γ du terme d’énergie de
symétrie à partir des données collectées grâce aux détecteurs INDRA et ALADiN, mais également
dans le cadre de l’expérience menée par D.V. Shetty et al. [She07].
Puisqu’à ce stade de l’analyse, aucune information sur l’énergie d’excitation des specta-
teurs n’a pu être obtenue, une comparaison directe avec ces données ne peut se faire qu’au
travers d’hypothèses sur les valeurs de Zbound correspondant aux énergies d’excitation at-
teintes dans ces collisions centrales. À partir d’une précédente analyse calorimétrique de
la désintégration des fragments spectateurs dans les collisions 197 Au+197 Au à 600 AMeV,
la corrélation entre l’énergie d’excitation déposée dans le système et les valeurs de Zbound
a été déduite (cf. Chap. 1, Fig. 1.8). De cette analyse, nous pouvons estimer que les
intervalles respectifs [0,2-0,4], [0,3-0,6] et [0,5-0,6] de Zbound /Zproj correspondent, respec-
Énergie de symétrie 115
La comparaison entre les résultats obtenus dans le cadre de la campagne S254 et ceux de
la référence [She07] est présentée sur la figure 6.16. Un très bon accord entre ces résultats
peut à nouveau être observé bien que les données se rapportent à deux types de réactions
différentes. L’intervalle d’énergie d’excitation couvert dans le cas de l’expérience menée
par D.V. Shetty et al., n’est pas suffisamment important pour nous permettre de tirer
des conclusions fermes sur le comportement du paramètre γ dans le cas de collisions très
centrales.
L’étude des neutrons permet de pousser plus loin notre analyse. Il est en effet possible,
dans l’approximation grand-canonique, de démontrer qu’à partir du rapport des taux de
production neutroniques, le terme de symétrie de l’équation d’état de la matière nucléaire
peut être déterminé une fois la température et la composition isotopique des systèmes
connues [Bot02]. En particulier, le nombre de neutrons émis par une source excitée dépend
de façon exponentielle de la température et du potentiel chimique neutronique du systéme :
1
Relativistic Boltzmann-Uehling-Uhlenbeck model
116 Isoscaling et énergie de symétrie
Fig. 6.17 – Comparaison des résultats obtenus pour le coefficient γ du terme d’énergie de
symétrie en utilisant la méthode d’isoscaling pour les fragments produits lors de la réaction et
le rapport entre les taux de production des neutrons libres.
Les neutrons sont importants pour établir l’équilibre entre la masse et l’énergie, et en par-
ticulier pour compléter les études calorimétriques entreprises avec la mesure des tempéra-
tures isotopiques (cf. Chap 5). Il est par conséquent crucial d’identifier les neutrons spec-
tateurs et de les distinguer de ceux provenant du f ireball. Une analyse préliminaire des
distributions invariantes de la multiplicité de neutrons a permis d’identifier les sources neu-
troniques spectatrices. Ces dernières sont caractérisées par des températures d’au moins
4 MeV, probablement dues à la forte contribution des phénomènes d’évaporation.
En utilisant les taux de production neutroniques ainsi que les températures isotopiques
mesurées, il est possible, par le biais de l’équation (6.18), de déterminer le coefficient γ du
terme d’énergie de symétrie. La figure 6.17 montre la variation de ce dernier en fonction
de la centralité de la collision exprimée par le rapport Zbound /Zproj. Ces résultats sont
comparés à ceux de l’analyse d’isoscaling.
À mesure que les valeurs de Zbound diminuent, l’énergie de symétrie diminue également
jusqu’à atteindre une valeur minimale dans la région correspondant au régime de multi-
fragmentation (0, 3 ≤ Zbound /Zproj ≤ 0, 5) avant d’augmenter à nouveau.
De plus amples analyses sont alors nécessaires afin d’expliquer les raisons de ce comporte-
ment et de comprendre d’où proviennent les différences entre les résultats de l’isoscaling
et ceux obtenus en étudiant les neutrons. Il est néanmoins encourageant d’observer qu’à
la fois la décroissance, mais également la valeur absolue (au moins pour les collisions les
Énergie de symétrie 117
Les fragments issus de la source spectatrice ayant une vitesse proche de celle du projectile
ont été distingués de ceux issus du f ireball en appliquant une coupure en vitesse (β =
0, 675). La variable Zbound , obtenue en sommant les charges Zi de tous les fragments de
charge Z ≥ 2 et liée au paramètre d’impact de la collision, a été utilisée pour sélectionner
les évènements en fonction de la violence de la réaction.
Les multiplicités de fragments de masse intermédiaire (MFMI ) observées en fonction de
la variable Zbound sont en accord avec les systématiques existantes ainsi qu’avec les pré-
dictions du modèle statistique SMM. Les effets liés à l’évaporation peuvent expliquer les
faibles différences observées pour des valeurs de Zbound élevées.
Les rapports N/Z moyens des distributions isotopiques des fragments légers présentent,
comme nous l’avons vu, des effets isotopiques spécifiques. En particulier, la variation paire-
impaire observée est bien plus prononcée dans le cas des systèmes pauvres en neutrons.
Celle-ci peut s’expliquer en terme de concurrence à la fois des effets de structure caracté-
ristiques pour les isotopes produits et des effets de mémoire de la composition isotopique
des systèmes excités dont ces fragments sont issus.
120
Les températures de breakup ont été déduites à partir des doubles rapports entre les
taux de production isotopiques mesurés. Différents thermomètres ont alors été étudiés et
notamment les thermomètres THeLi , TBeLi , TCLi , TCC . Il a ainsi pu être observé que les va-
leurs obtenues par le biais du thermomètre TBeLi , basé sur les paires d’isotopes 7 Be/6 Li et
9
Be/8 Li, sont équivalentes à celle obtenues avec le thermomètre isotopique le plus couram-
ment utilisé THeLi . Les simples rapports entre les taux de production des isotopes utilisés
pour déterminer ces températures montrent une dépendance en Zbound en accord avec la
différence d’énergie de liaison ∆B à l’équilibre chimique.
Seuls les doubles rapports basés sur les isotopes de carbone sont en désaccord avec la
tendance générale observée d’une élévation de la température à mesure que l’énergie
d’excitation augmente. Ce résultat semble alors indiquer qu’un équilibre thermique et
chimique au moment du f reeze-out est exclu pour les atomes de carbone, mais probale-
ment également pour les isotopes plus lourds, indiquant ainsi que ces derniers pourraient
provenir de régions plus froides du système comme le suggère le modèle dynamique QMD.
Il a également été observé que les températures obtenues sont pratiquement indépendantes
de la composition isotopique N/Z des sources spectatrices. Seul THeLi présente une légère
différence (environ 0,7 MeV en moyenne) entre le système riche en neutrons 124 Sn et les
deux systèmes pauvres en neutrons 107 Sn et 124 La. Cette dernière peut cependant, au
moins partiellement, être attribuée aux effets de structure observés dans les distributions
du rapport moyen <N/Z>. En effet, la production plus importante de particules alpha
dans le cas des systèmes pauvres en neutrons a pour conséquence de faire baisser la tem-
pérature de breakup.
Cette quasi-invariance de la température en fonction de la composition isotopique de la
voie d’entrée est en désaccord avec le concept de température limite, reproduisant pour-
tant la dépendance en masse des courbes caloriques, et semble favoriser une interprétation
statistique.
Le phénomène d’isoscaling a été observé pour les systèmes réactionnels (124 Sn/107 Sn) et
(124 Sn/124 La) à une énergie de 600 MeV par nucléon pour des fragments de charge com-
prise entre Z=3 et Z=10. Trois différentes méthodes d’ajustement ont été appliquées et
induisent des valeurs des paramètres α et β très proches l’une de l’autre (en valeur ab-
solue). La dépendance du paramètre α en fonction du paramètre d’impact de la collision
a également été étudiée et sa décroissance à mesure que l’énergie d’excitation augmente,
observée auparavant par la collaboration INDRA, a été confirmée qualitativement.
les plus périphériques, dans la décroissance du facteur γ à mesure que l’on se dirige vers
les collisions les plus centrales.
Le modèle statistique de
multifragmentation SMM
Vf = χ.V0 (A.1)
alors que le volume total de "freeze-out" Vtot est donné par :
X sym 3 Z02 e2
Ff (V, T ) = Fftr + vol
NAZ FAZ surf
+ FAZ Coulomb
+ EAZ + FAZ + (A.4)
5 R
(A,Z)
sym
Fftr , FAZ
vol surf
, FAZ Coulomb
, EAZ et FAZ sont respectivement l’énergie thermique, de volume, de
surface, coulombienne et de symétrie.
Pour une partition f de fragments de masse A et de charge Z, ces contributions sont
données par :
X
Vf 3/2
Vf 3/2
Fftr = −T NAZ · ln gAZ 3 A − ln(NAZ !) + T ln A (A.5)
λT λ3T 0
(A,Z)
vol
FAZ = (−W0 − T 2 /0 ).A (A.6)
5/4
Tc2 − T 2
surf
FAZ
= β0 2 2
.A2/3 (A.7)
Tc + T
" 1/3 #
Coulomb 3 Z 2 e2 V0
EAZ = · 1/3
1− (A.8)
5 r0 A V
125
sym (A − 2Z)2
FAZ =γ (A.9)
A
où :
gAZ est le facteur de dégénérescence.
Tc est la température critique.
λ est la longueur d’onde thermique.
NAZ est le nombre de fragments de masse A et de charge Z dans la partition.
W0 est l’énergie de liaison par nucléon de la matière nucléaire infinie à la densité de satu-
ration.
0 est le paramètre de densité de niveaux inverse donné par le modèle du gaz de Fermi
(0 = 16 MeV).
β0 est le terme de surface correspondant à la formule de Bethe-Weizsäcker (β0 = 18 MeV).
γ est le terme symétrie correspondant à la formule de Bethe-Weizsäcker (γ = 25 MeV).
3 Z 2 e2
X ∂FAZ 3
Etot = E0∗ + Qf = · 0 1/3 + NAZ FAZ − T + T (m − 1) (A.10)
5 r0 A0 tous les f ragments
∂T 2
où :
E0∗ est l’énergie d’excitation mesurée par rapport à l’état fondamental du noyau composé
(A0 , Z0 ).
Qf est la chaleur de réaction de la voie f .
vol surf Coulomb sym
FAZ = PFAZ + FAZ + EAZ + FAZ .
m = NAZ est la multiplicité totale de fragments.
La distribution de probabilité pour une partition de fragments (p.f) est donnée par :
exp(−Fp.f /T )
P (p.f) = X (A.11)
exp(−Fp.f /T )
tous les p.f
légers ("Fermi breakup"). Les fragments les plus lourds en revanche (A > 16) se désex-
citent principalement par évaporation de particules légères [Bon95, Bot87].
Dans l’approche statistique SMM, la transition entre la phase pour laquelle l’évaporation
de particules légères de la source est dominante et la phase pour laquelle la multifragmen-
tation devient prépondérante est estimée à une température de 6 MeV [Bot87].
Annexe B
Les taux de production isotopiques mesurés pour chacun des trois systèmes 124 Sn, 107 Sn
et 124 La en fonction de l’énergie d’excitation représentée par l’observable Zbound /Zproj sont
reportés dans les pages suivantes (Fig. B.1-Fig. B.18). Ces valeurs sont obtenues, comme
nous l’avons vu au chapitre 3, par cinq méthodes différentes d’ajustement des spectres en
masse.
La seconde méthode, appelée meth2, consiste à utiliser la fonction fG2 pour laquelle la
largeur σ des gaussiennes n’est plus fixée, mais, au contraire, varie avec la masse des
fragments.
8
(A − Ai )2
X
fG2 = Ni .exp − (B.2)
i=0
2σi 2
8 8
(A − Ai )2 (A − Ai )2
X X
fG3 = Ni .exp − = Ni .exp − (B.3)
i=0
2(σ(A))2 i=0
2[a(A − Ai ) + σ4 ]2
La quatrième méthode d’ajustement (meth4) consiste à utiliser la fonction fegg qui est la
somme d’une fonction exponentielle et deux fonctions gaussiennes pour rendre compte du
bruit de fond présent sur les spectres en masse.
128 Taux de production isotopiques mesurés
(A − Ag1 )2 (A − Ag2 )2
fegg = exp(ae .A + be ) + Ng1 exp − + Ng2 exp − (B.4)
2σg1 2 2σg2 2
Pour chacune de ces méthode d’ajustement, les taux de production Y mesurés sont indi-
qués ainsi que les erreurs statistiques correspondantes (Y _err) en fonction de la masse
A des isotopes de charge comprise entre Z = 2 et Z = 10.
Pour plus de détails sur les différentes méthodes d’ajustement, le lecteur est invité à se
reporter au chapitre 3.
129
fout_a.par_mass_Sn124_zbound_final_0.0_0.2
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.1 – Taux de production obtenus pour le système 124 Sn (0, 0 ≤ Zbound /Zproj ≤ 0, 2).
130 Taux de production isotopiques mesurés
fout_a.par_mass_Sn124_zbound_final_0.2_0.4
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.2 – Taux de production obtenus pour le système 124 Sn (0, 2 ≤ Zbound /Zproj ≤ 0, 4).
131
fout_a.par_mass_Sn124_zbound_final_0.4_0.6
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.3 – Taux de production obtenus pour le système 124 Sn (0, 4 ≤ Zbound /Zproj ≤ 0, 6).
132 Taux de production isotopiques mesurés
fout_a.par_mass_Sn124_zbound_final_0.6_0.8
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.4 – Taux de production obtenus pour le système 124 Sn (0, 6 ≤ Zbound /Zproj ≤ 0, 8).
133
fout_a.par_mass_Sn124_zbound_final_0.8_1.0
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.5 – Taux de production obtenus pour le système 124 Sn (0, 8 ≤ Zbound /Zproj ≤ 1, 0).
134 Taux de production isotopiques mesurés
fout_a.par_mass_Sn124_zbound_final_Inclusive
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.6 – Taux de production obtenus pour le système 124 Sn (données inclusives).
135
fout_a.par_mass_Sn107_zbound_final_0.0_0.2
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.7 – Taux de production obtenus pour le système 107 Sn (0, 0 ≤ Zbound /Zproj ≤ 0, 2).
136 Taux de production isotopiques mesurés
fout_a.par_mass_Sn107_zbound_final_0.2_0.4
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.8 – Taux de production obtenus pour le système 107 Sn (0, 2 ≤ Zbound /Zproj ≤ 0, 4).
137
fout_a.par_mass_Sn107_zbound_final_0.4_0.6
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.9 – Taux de production obtenus pour le système 107 Sn (0, 4 ≤ Zbound /Zproj ≤ 0, 6).
138 Taux de production isotopiques mesurés
fout_a.par_mass_Sn107_zbound_final_0.6_0.8
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.10 – Taux de production obtenus pour le système 107 Sn (0, 6 ≤ Zbound /Zproj ≤ 0, 8).
139
fout_a.par_mass_Sn107_zbound_final_0.8_1.0
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.11 – Taux de production obtenus pour le système 107 Sn (0, 8 ≤ Zbound /Zproj ≤ 1, 0).
140 Taux de production isotopiques mesurés
fout_a.par_mass_Sn107_zbound_final_Inclusive
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.12 – Taux de production obtenus pour le système 107 Sn (données inclusives).
141
fout_a.par_mass_La124_zbound_final_0.0_0.2
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.13 – Taux de production obtenus pour le système 124 La (0, 0 ≤ Zbound /Zproj ≤ 0, 2).
142 Taux de production isotopiques mesurés
fout_a.par_mass_La124_zbound_final_0.2_0.4
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.14 – Taux de production obtenus pour le système 124 La (0, 2 ≤ Zbound /Zproj ≤ 0, 4).
143
fout_a.par_mass_La124_zbound_final_0.4_0.6
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.15 – Taux de production obtenus pour le système 124 La (0, 4 ≤ Zbound /Zproj ≤ 0, 6).
144 Taux de production isotopiques mesurés
fout_a.par_mass_La124_zbound_final_0.6_0.8
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.16 – Taux de production obtenus pour le système 124 La (0, 6 ≤ Zbound /Zproj ≤ 0, 8).
145
fout_a.par_mass_La124_zbound_final_0.8_1.0
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.17 – Taux de production obtenus pour le système 124 La (0, 8 ≤ Zbound /Zproj ≤ 1, 0).
146 Taux de production isotopiques mesurés
fout_a.par_mass_La124_zbound_final_Inclusive
Y_meth1 Y_meth2 Y_meth3 Y_meth4 Y_meth5
A Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err Y Y_err
Fig. B.18 – Taux de production obtenus pour le système 124 La (données inclusives).
Bibliographie