Lutte Contre Le Racisme

3 Juillet 2007
Et
Centre Européen de Les Discriminations
la Jeunesse - COE

L’Islamophobie et
Le Monde Politique
 COLLOQUE INTERNATIONAL
Incitation à la Haine Raciale et Religieuse
l’Intolérance et les Discriminations envers les Musulmans

PROGRAMME
Mardi 3 Juillet 2007

14H30 : Ouverture + Film

Son Excellence Mr. Daryal BATIBAY
Ambassadeur de la Turquie au COE

14H40 : Discours d’Ouverture Mr Ulrich BUNJES

Conseil de l’Europe
M. Lauri SIVONEN
Représentant du Commissaire aux Droits de
l’Homme du COE

Son Excellence M. Babacar BA

Ambassadeur de l’OCI à l’ONUG

Mme Alima BOUMEDIENE THIERY

Sénatrice de Paris

M. Nizamettin YESIL
Cojep France

Programme

16H00 :PAUSE
16H20 : M. Ömür ORHUN (Représentant spécial du Président de l'OSCE contre
l’intolérance et les discriminations envers les musulmans)
16H40 : Mme Isil GACHET (ECRI)
17H00 : M. Jean Michel CROS (Chercheur en Sciences Sociales)

17H20 : M. Tankut Taskin SOYKAN (ODIHR)

17H40 : M. Bashy QURAISHY (ENAR)

L’Islamophobie dans les Médias occidentaux et ses conséquences.

18.00 : Dr. Talip KÜCÜKCAN (Fondation SETA)

18.20 : Fin du Colloque

 Les Phobies Religieuses, l’Intolérance et les Discriminations
envers les Musulmans et leur Expression dans le Monde Politique
Dans le cadre de son action de Lutte contre le Racisme et les Discriminations, Cojep
International a axé son travail en 2007 sur l’Incitation à la Haine Raciale et Religieuse en
privilégiant la Montée d’une nouvelle forme de discrimination : l’Islamophobie.

En effet, nous observons depuis quelques années un accroissement de l’intolérance qui par
conséquent fait gagner du terrain aux préjugés au sein de notre espace publique aussi bien dans
le civil qu’au sein du politique. La montée de l’Islamophobie est réelle et générée par différentes
causes souvent profondes. Sa dangerosité relève de son caractère qui englobe la discrimination
à caractère raciale mais aussi culturelle et religieuse. Notre inquiétude nous pousse à agir à
travers des réunions publiques au sein des institutions internationales pour examiner la situation
avec plus de rigueur.

La montée de l’Islamophobie fait partie de ces nouveaux dangers qui menacent notre cohésion
sociale. La société politique est un acteur majeur dans le combat des dérives de nos sociétés.
Malheureusement, le monde politique n’est pas uniforme et des acteurs oublient parfois l’éthique
pour utiliser des peurs à des fins dangereuses et populistes. A court terme, cette attitude peut
entraîner un apport médiatique et une aura auprès du public. A moyen terme, elle remet en
cause les fondements démocratiques et les valeurs essentielles de nos sociétés.

Par exemple, l’image des musulmans donnée par certains acteurs politiques et reprise dans les
médias devient souvent source de litiges parce que déséquilibrée dès le départ. Les
conséquences de cette présentation non équilibrée et calculée par certains politiques ont été un
conflit entre les diverses communautés musulmanes et les sociétés dans lesquelles elles vivent,
ce qui a fait dérailler l'intégration mutuelle et augmenter dramatiquement la discrimination
religieuse, raciale et ethnique. Ce cercle vicieux s’est aussi traduit grâce à sa couverture
médiatique par la mise en place par les partis politiques d’une immigration plus stricte et des lois
sur l'asile plus restrictives. Voilà des conséquences et des fins inacceptables.

Le monde politique tout comme les médias peuvent créer des stéréotypes qui influent sur la
perception de la diversité au sein de nos sociétés. Par ailleurs, sans la liberté d’expression nos
sociétés perdraient leur caractère démocratique. Par notre travail, nous espérons pouvoir
équilibrer les différentes interactions afin de valoriser toutes les cultures au sein de notre Europe
en évitant les dérives prosélytes. Les discours de haines doivent être sanctionnés avec plus
d’efficacité car les victimes souvent silencieuses font partie intégrante de nos sociétés. Notre
devoir de citoyens est de donner une place égale à chacun d’entre nous sans discriminations.

Notre projet sur « l’Islamophobie » qui a été mis en place en cinq phases dans le but de porter à
la connaissance du public le problème de phobie des religions et notamment celle de
l’Islamophobie se poursuit avec le Centre Européen de la Jeunesse du Conseil de l’Europe le 3
juillet 2007. Après l’Unesco en Janvier dernier et le Palais des Nations à Genève en avril, nous
voilà à Strasbourg. Le Bureau du Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe et
la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) feront part de leurs travaux
à ce sujet. Nous poursuivrons les phases suivantes à l’OSCE à Vienne et à la Commission
Européenne à Bruxelles. Enfin, réaliser ce programme à l’ombre de la devise « Tous Différents
– Tous Égaux » est une source supplémentaire de fierté pour notre organisation.
COJEP INTERNATIONAL
 Veysel FILIZ (Modérateur)
Cojep International - Coordinateur de l'Europe Occidentale
La société civile a pris en main le problème de l’islamophobie à travers la
mise en place de son engagement contre le Racisme et les Discriminations
en générale et par la lutte contre l’Incitation à la Haine Raciale et Religieuse
en particulier. Les communautés musulmanes représentent une part
importante de la diversité culturelle européenne tout en étant victime de
discriminations liés à ses origines religieuses. L’islamophobie est un
phénomène particulier qui s’inscrit dans un contexte et une conjoncture lui
fournissant le terrain fertile pour un développement actif. Les institutions
européennes, les organisations internationales et les ONG luttent
désormais contre ce phénomène qui touche les mentalités. Mais ce travail
restera de toute manière insuffisant et inégale si les musulmans d’Europe
ne font pas l’effort de mieux se faire connaître notamment par le biais de la
participation citoyenne. Enfin, la lutte contre les préjugés envers le monde
qui est en dehors de leur religion reste toujours comme une réflexion à
mener en priorité pour que la présence musulmane en Europe devienne un
atout constructif et enrichissant au niveau culturel.

Lauri SIVONEN
Représentant du Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe

Les manifestations de l'Islamophobie au sein des sociétés

européennes ont pris la forme de préjugés persistants, d'attitudes
négatives, de discriminations et parfois de violences. Il est clair que
le combat actuel contre le terrorisme ait eu pour conséquences que
la situation ait empirée à l’encontre des musulmans en Europe. Une
société civile active pourrait fournir une « vaccination » contre la
xénophobie. Les ONG qui fonctionnent avec les jeunes, tels que le
COJEP, ont un rôle essentiel à jouer. Leurs activités contre le
racisme et les discriminations devraient être largement soutenues.

Daryal BATIBAY (Ambassadeur)

Représentation Permanente de la Turquie auprès du Conseil de l’Europe

Le racisme et la discrimination sur la base de la religion, incluant celui

contre l'Islam, n'est pas un nouveau phénomène en Europe. Plusieurs
événements tragiques de l'histoire européenne ont puisés leurs racines
dans les manifestations de la haine, de l'intolérance et de la discrimination
envers les groupes ethniques et religieux. Les raisons principales des
fossés croissants entre les sociétés musulmanes et occidentales ne sont
dues ni aux expériences historiques, ni aux différences religieuses, mais
aux développements politiques.
 Ulrich BUNJES
Conseil de l’Europe

Nous sommes entrain de parler d’une affaire qui prend de l’ampleur ici en Europe,
l’incitation à la violence, la xénophobie. Nous savons que la diversité nous mène
parfois à la discrimination, à la violence. Le dialogue interculturel doit être encré dans
notre politique qui n’est pas seulement mis en œuvre par les forces publiques mais
par tous les acteurs sociaux et la société civile. On ne peut pas percevoir une
politique de dialogue sans voir les organisations internationales et les acteurs
internationaux.

Alima BOUMEDIENE-THIERY (Sénatrice)

Les Verts

Je suis convaincue que le seul moyen de faire reculer le racisme est la mise
en place une égalité des droits politiques pour créer un vraie rapport de force.
Il faut commencer par faire reculer la peur, et pour cela il est nécessaire
d’instaurer un dialogue, parce que la peur naît de l’ignorance. Les médias
doivent participer à ce dialogue entre les cultures, pour apprendre à connaître
l’autre, parce que la connaissance est une étape impérative avant la
reconnaissance.

Ömür ORHUN
Représentant Spécial du Président de l’OSCE contre
l’Intolérance et les Discriminations envers les Musulmans
La discrimination et l'intolérance envers les musulmans ont des effets
dévastateurs non seulement dans la vie quotidienne des communautés
musulmanes, mais également sur les sociétés où elles vivent. Pour remédier à
ces phénomènes dangereux, négatifs et inquiétants, des stratégies saines et
des approches éducatives doivent être développées et vigoureusement mises
en application. Promouvoir la compréhension et le respect croissant pour la
diversité culturelle et religieuse serait la première étape pour élaborer des
critères d’identifications afin de développer des bonnes pratiques dans la lutte
contre l'intolérance et les discriminations envers les musulmans.
 Taskın Tankut SOYKAN
Bureau des Institutions Démocratiques et des Droits de l'Homme

Les stéréotypes et les préjugés sont en grande partie enracinés

dans le manque de connaissance et la collaboration
insuffisantes avec les communautés musulmanes. Dans le
discours public et dans les médias, non seulement les manières
de présenter la vie des musulmans, leur point de vue et leur
relation au monde, mais également leurs problèmes et les
difficultés de leurs milieux sociaux trouvaient peu de place. La
manière la plus efficace de parer à la rhétorique anti-islâm, sans
mettre en danger la liberté d'expression, est de fournir une
l'information précise et objective de l'Islam ainsi que de la vie
culturelle des communautés musulmanes.

Babacar BA (Ambassadeur)
Mission Permanente de l’Organisation de la Conférence Islamique
auprès de l’ONU à Genève et Vienne

A travers beaucoup un certain nombre de médias Occidentaux on a

souvent tendance à pointer du doigt, de façon systématique et délibérée,
les communautés musulmanes, suscitant ainsi envers celles-ci des
sentiments de méfiance, de haine et d’intolérance préjudiciables à leurs
rapports avec les autres communautés et portant gravement atteinte à leur
dignité en tant que personne humaine. Ces pratiques inadmissibles
risquent, si l’on n’y prend pas garde, de crédibiliser l’impression, au sein
des communautés musulmanes, selon laquelle la guerre menée par
l’occident contre le terrorisme se transforme en une guerre contre l’Islam.

Nizamettin YESIL
Membre du Conseil d’Administration
L’Islam souffre de ces sempiternels amalgames entre croyance et intégrisme,
pratique & fondamentalisme, les médias quant à eux catalysent et diabolisent ces
dualités… troublant ainsi la limite entre l’être et le paraître ! Si l’on apprend à avoir
peur, on peut donc apprendre à ne plus avoir peur… A l’instar de ceux-ci, COJEP
vous répondra :
-Qu’il faut dialoguer pour comprendre et se comprendre ;
-Qu’il faut mettre un terme aux propos bellicistes fussent-ils licites ou
illicites… l’allitération en dit long !
-Qu’il faut se transcender et aller au-delà de ses différences en empruntant la
voie de la Tolérance…
Au fond, COJEP c’est vous, COJEP c’est nous ! Une somme infinie d’individus
convaincus que tolérance et la Paix s’accordent à tous les temps, à tous les
genres et sur n’importe quel point de la planète !
 Bashy QURAISHY
Réseau Européen contre le Racisme

Nous connaissons tous le rôle et le pouvoir stupéfiant des médias dans la

diffusion de l'information dans une société moderne. En Occident, il y a très
peu d’espace pour des identités religieuses différentes ou d’envergures qui
seraient relatées de façon équilibrées par les médias notamment touchant
aux fois non-chrétiennes et particulièrement à l'Islam. Les conséquences de
cette présentation des médias non équilibrées ont été un conflit entre les
groupes divers de communautés musulmanes et les sociétés dans lesquelles
ils vivent, ce qui a fait déraillé l'intégration mutuelle, et a augmenté
dramatiquement la discrimination religieuse, racial, ethnique et l'utilisation
des médias par des partis politiques pour mettre en place une immigration
plus stricte et des lois d'asiles restrictives. Cette description générale de
l’Islam comme une religion ou une foi est très insultante, dérangeante et
provocatrice pour la plupart des communautés Musulmanes. Des solutions
existent, la création d’un guide pour les médias en est une. Les musulmans
ont aussi un certain nombre de devoirs afin de remédier aux carences du
domaine médiatique.

Işıl GACHET (Secrétaire Executive)

ECRI – European Commission Against
Racism and Intolerance

Une des formes qui devient de plus en plus préoccupante est le racisme et la
xénophobie dans le débat public et le discours politique. Si l’on veut proposer des
solutions efficaces et viables pour contrer l’exploitation du racisme dans la vie
politique, il faut pouvoir la déceler lorsqu’elle est visible, mais aussi lorsqu’elle prend
un caractère plus insidieux. Pour l’ECRI, il s’agit d’une étape nécessaire dans le
processus qui consiste à offrir des solutions pratiques et viables pour lutter contre
ces phénomènes.

Dr. Talip KÜÇÜKCAN

Fondation de la Recherche Politique, Sociale et Economique
Il est temps de mettre de côté de vieux préjugés et de traiter de l'Islamophobie. Les
musulmans ne pourront pas être compris correctement à moins qu'on découvre la
signification de la religion pour leur communauté. La religion n'est pas simplement un
acquis culturel ou une source d'identité individuelle ou collective ou bien simplement un
ensemble de pratiques rituelles pour les musulmans. L'Islam a une valeur existentielle
pour les croyants fournissant une conception du monde concernant les sphères
publiques et privées. Il sera possible d'établir des relations fonctionnelles et un dialogue
réel avec les musulmans à la condition sine qua non que les Européens comprennent la
signification de la religion et de son importance existentielle.

Jean Michel CROS

Chercheur en Sciences Sociales
L’islamophobie, en dépit d’expressions massives dans le champ
social, peine à trouver une place comparable à celle du racisme en
général ou de l’antisémitisme en particulier, tant dans le champ
intellectuel français que dans le champ médiatique.
Ce refus de lui faire une place est en soi problématique, et
révélateur de la difficulté à en admettre la réalité. En un sens,
l’islamophobe nous révèle paradoxalement la réalisation de ce que
précisément il redoute le plus : l’islam est en Europe, et s’y est
adapté. Il l’ignore, mais Dieu est le plus savant…
 Lutte Contre
le Racisme et
les Discriminations

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