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en Haïti
.
Droits de l’enfant
en Haïti
L'objectif des rapports alternatifs de
l'Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT)
est de prévenir la torture
Dans ses rapports relatifs aux droits de l'enfant, l'OMCT entend analyser la législation nationale
au regard des engagements internationaux de gouvernements parties à la Convention relative aux
droits de l'enfant. L'omission de mesures de protection ou des failles dans les garanties juridiques
favorisent les violations, y compris les plus graves comme la torture, la disparition forcée ou l'exé-
cution sommaire.
En d'autres termes, ces rapports ont pour objectif de mettre en lumière les lacunes d'une légis-
lation qui, souvent involontairement, facilite les plus graves abus à l'encontre des enfants.
L'analyse juridique est renforcée, à chaque fois que cela est possible, par des appels urgents de
l'OMCT sur la torture d'enfants. Ces interventions urgentes (l'OMCT reçoit quotidiennement des de-
mandes d'actions pour des cas de violence graves à l'encontre de mineurs) sont la base de notre
travail.
Les rapports de l'OMCT ne se limitent pas à une analyse juridique, mais représentent, en plus des
appels urgents, un autre aspect de notre stratégie pour mettre un terme à la torture. Ces rap-
ports se terminent par des recommandations, visant à des réformes juridiques, destinées à réduire
la fréquence de la torture d'enfants.
Les rapports sont soumis au Comité des droits de l'enfant des Nations Unies qui les utilise pour
analyser la manière dont un pays remplit ses engagements internationaux concernant les enfants.
Ses recommandations sur la torture, tirées des rapports de l'OMCT, envoient un message clair de
la communauté internationale sur la nécessité d'une action pour mettre fin aux graves abus dont
sont victimes les enfants.
ISBN 2-88477-053-4
Sommaire
I. Introduction ..................................................................................................................................................................................................... 7
II. Les instruments internationaux .................................................................................................................................................... 8
III. Définition de l’enfant ............................................................................................................................................................................ 9
IV. La protection contre la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants ................................................................................................................................................... 11
V. Les exécutions illégales ........................................................................................................................................................................ 13
VI. La protection contre les autres formes de violence ............................................................................................... 15
6.1 Les abus et l’exploitation sexuelle ............................................................................................................................................ 15
6.2 Le travail forcé et l’esclavage ................................................................................................................................................. 17
6.3 La traite d’enfants ............................................................................................................................................................................... 20
VII. 6. Les enfants en conflit avec la loi ......................................................................................................................................... 21
7.1 L’âge de la responsabilité pénale ................................................................................................................................................. 21
7.2 Les juridictions et les procédures .............................................................................................................................................. 23
7.3 Le jugement équitable .......................................................................................................................................................................... 24
7.4 Les motifs d’arrestation et de détention .............................................................................................................................. 25
7.5 La détention préventive ..................................................................................................................................................................... 27
7.6 Les conditions de détention .......................................................................................................................................................... 28
VIII. Conclusion et recommandations .................................................................................................................................................... 31
3
L’OMCT souhaiterait exprimer sa
gratitude à la Commission nationale
Justice et Paix Haïti pour sa contri-
bution aux recherches ayant permis
la rédaction de ce rapport.
4
COMITÉ DES DROITS DE L’ENFANT
32e session - Genève, 13-31 Janvier 2003
8
pour ratifier, dès que possible, les traités Traités ou Accord Internationaux, une fois
susmentionnés. sanctionnés et ratifiés dans les formes pré-
vues par la Constitution, font partie de
Au niveau régional, Haïti est partie à la la Législation du Pays et abrogent toutes
Convention américaine relative aux droits les Lois qui leur sont contraires. » Malgré
de l’homme (« Pacte de San Jos »), ratifiée l’existence de cette disposition, l’OMCT
le 27 septembre 1977, mais n’est pas par- est préoccupée par le fait que nombre de
tie à la Convention interaméricaine sur la lois haïtiennes, encore en vigueur, s’inscri-
prévention, la sanction et l’élimination de vent en flagrante contradiction avec la
la violence contre la femme (« Convention Convention. Par conséquent, l’OMCT re-
de Belem do Para »). Par conséquent, commande que le gouvernement remplace
l’OMCT prie, également, le gouvernement ces textes par de nouvelles lois de façon à
de ratifier cet instrument. établir un cadre législatif applicable aux en-
fants et qui soit conforme à l’esprit de la
Aux termes de l’article 276 (2) de la Convention.
Constitution haïtienne de 1987, « Les
13
matière de crime, signifiant qu’il n’était pas L’OMCT recommanderait que le gouverne-
nécessaire de faire comparaître les criminels ment ne laisse pas dans l’impunité les
devant les tribunaux. En grande partie, la auteurs de ces pratiques. De même, l’OMCT
population a interprété cette déclaration prie le gouvernement de garantir une
comme une invitation à la « justice popu- enquête poussée sur toutes les affaires
laire » et au recours à la violence par la po- d’exécutions illégales afin d’identifier les
lice.16 Cette politique a amené les ONG à responsables, de les faire comparaître
relever une augmentation du nombre d’exé- devant un tribunal civil compétent et im-
cutions de présumés criminels soupçonnés partial et d’appliquer les sanctions pénales,
par des officiers de police ou par la popu- civiles et/ou administratives appropriées.
lation.
Afin de mettre un terme à ce problème,
Amnesty International a, par exemple, rap- l’OMCT recommanderait, également, que
porté le cas de Mackenson Fleurimon, âgé le gouvernement déclare dans un message
de 16 ans, que la police aurait tué par balle, clair que sa politique de « tolérance
le 11 octobre 2001, dans le quartier de la zéro » en matière de crimes interdit toute
Cité Soleil de Port-au-Prince. Selon les forme d’exécution illégale de la part des
membres de la famille et des témoins, les of- officiers de police ou de la population civile.
ficiers de police l’auraient abattu, faute L’OMCT recommanderait encore que le gou-
d’avoir trouvé son frère, soupçonné d’être vernement élabore et mette en oeuvre des
impliqué dans un gang de criminels. Le 18 programmes de prévention, visant, en par-
octobre 2001, un inspecteur et un commis- ticulier, à la formation théorique et profes-
saire de police ont été interrogés, mais ce sionnelle des agents des forces armées.
dernier aurait visiblement disparu. Un man-
dat d’arrêt a été lancé contre lui.17
(a) Que des enfants ne soient incités ou L’OMCT juge inadéquate cette disposition,
contraints à se livrer à une activité car elle établit le même régime légal pour
sexuelle illégale ; les enfants et pour les adultes âgés de 21
En dernier lieu, l’OMCT demande au gou- Nous l’avons mentionné plus haut, l’article
vernement d’octroyer les ressources néces- 50 du Code pénal prévoit le placement des
saires à la construction d’un système enfants accusés de crimes mineurs dans
judiciaire pour enfants efficace qui pourrait diverses sortes d’institutions, comme les
garantir, conformément à l’article 40, para- centres de bien-être, les instituts médico-
graphe 1 de la Convention, que tous les en- pédagogiques ou les institutions de redres-
fants en conflit avec la loi bénéficient d’un sement éducatif.59 Le juge doit adopter ce
traitement de nature à favoriser leur sens de type de décision « en fonction des circons-
la dignité et de la valeur personnelle, qui tances », ce qui signifie qu’il dispose d’une
renforce leur respect pour les droits de marge considérable d’interprétation, alors
l'homme et les libertés fondamentales que la décision revêt un caractère particu-
d'autrui, et qui tienne compte de leur âge lièrement coercitif, car elle peut impliquer
ainsi que de la nécessité de faciliter leur la privation de liberté. En effet, dans le
réintégration dans la société et de leur faire cadre du droit haïtien, le placement en ins-
assumer un rôle constructif au sein de celle- titution peut s’assimiler à des mesures de sé-
ci. curité, car il implique généralement la
En outre, l’article 227 du Code pénal pré- L’OMCT est préoccupée par ces divers
voit des mesures similaires sans motif légi- exemples qui favorisent les mesures coer-
time. Cette disposition prévoit que les citives, plutôt que la protection et la réin-
enfants vagabonds sont envoyés dans des sertion. Ces dispositions, de par la longueur
institutions de rééducation jusqu’à leur ma- et le caractère vague de leur contenu consti-
jorité.61 Le droit haïtien définit les enfants tuent des portes ouvertes aux arrestations et
vagabonds comme, notamment, des enfants à la détention d’enfants, alors que ce genre
qui sont « soit errants, soit logeant en garni de décision de devrait être pris que comme
et n’exerçant régulièrement aucune profes- une mesure exceptionnelle. A cet égard,
sion, ou tirant leurs ressources de la dé- l’OMCT souhaite rappeler l’article 37 (b) de
bauche ».62 la Convention qui dispose que « Nul enfant
ne [doit être] privé de liberté de façon illé-
En outre, l’article 15 du décret sur l’autorité gale ou arbitraire » et que « L'arrestation, la
parentale et la majorité civile autorise les détention ou l'emprisonnement d'un enfant
parents à placer leurs enfants dans des doit n'être qu'une mesure de dernier res-
centres de rééducation ou, lorsque la si- sort. »64
tuation est suffisamment grave, dans un
centre de détention. Dans ce dernier cas, la L’OMCT est également préoccupée par le ré-
durée de détention doit être fixée à la fois gime pénal applicable aux enfants et qui
motive l’adoption de ces mesures par la
situation sociale de l’enfant et non unique-
60 - Mattarollo Rodolfo, L’exercice de l’autorité parentale en Haïti ment par des actions présumées illégales.
au regard des droits de l’enfant, 28 février 1998. Ce système, qui brouille la distinction entre
(http://cdonu.un.org.ec/publica/derecho/PROGRAMA/Modu
lo05/Mattarollo_Rodolfo.htm) sanction et protection, entre délit et margi-
61 - Code pénal, art. 227-3. nalisation sociale, tend à affaiblir le critère
62 - Code pénal, art. 227-2.
de culpabilité et la présomption d’innocence
63 - Décret du 8 octobre 1982 sur l’autorité parentale et la ma-
jorité civile, Art. 15 « Les père et mère ou celui qui a la dans le processus judiciaire. Il n’est donc
garde de l’enfant peuvent le confier à un centre de réédu-
cation ou, si les motifs de mécontentement sont suffisam- pas conforme aux exigences de procès équi-
ment graves, à un centre de détention pour une durée qui
ne peut excéder six mois et qui doit être fixée par le Doyen
et le Ministère Public ».
64 - Cf également Les règles des Nations unies pour la protec-
tion des mineurs privés de liberté, art. 2. 26
table exprimées à l’article 40 de la profondie du système judiciaire pour mi-
Convention, ce qui est particulièrement vrai neurs conformément aux dispositions de la
lorsque la décision de privation de liberté Convention, concernant en particulier la
peut être adoptée par les parents de l’enfant nécessité d’établir une nette distinction
sans aucune garantie de procédure.65 entre les enfants délinquants et les enfants
victimes afin que ces derniers soient proté-
Il faut, en dernier lieu, souligner que, en rai- gés et assistés au lieu d’être soumis aux ju-
son de la crise économique et sociale que ridictions pénales.
traverse actuellement Haïti, ces dispositions
pourraient affecter spécialement les L’OMCT recommande également de donner
classes socialement et économiquement dé- une stricte définition des motifs éventuels
favorisées, comme les enfants des rues. En d’arrestation et de détention susceptibles
effet, ces enfants sont plus susceptibles d’être applicables aux enfants afin d’assu-
d’être considérés comme des « vagabonds » rer que la privation de liberté est une me-
ou « des enfants en conflit avec leurs pa- sure de dernier ressort pour tous les enfants,
rents », et donc plus susceptibles d’être la conformément à l’article 37(b) de la
cible d’une intervention coercitive. Ces dis- Convention. L’OMCT recommande particu-
positions ont pour effet de favoriser une lièrement l’abrogation de l’article 15 du dé-
attitude discriminatoire et répressive vis-à- cret sur l’autorité parentale et la majorité
vis des enfants vivant dans des conditions civile.
particulièrement difficiles. Cette attitude
serait incompatible avec l’article 2 de la
Convention qui oblige les Etats parties à res-
pecter la Convention « sans distinction au- 7.5 La détention préventive
cune », et avec l’article 6, qui demande
qu’ils « assurent dans toute la mesure pos- En raison de la lenteur excessive de la plu-
sible la survie et le développement de l'en- part des procédures en Haïti, la majorité des
fant. » détenus sont constitués par ceux en attente
d’une décision finale. En se fondant sur l’ex-
L’OMCT recommande, par conséquent, que périence de la MICIVIH, trois experts ont
le gouvernement procède à une réforme ap-
• La règle 31, qui stipule le droit des mi- • La règle 49, qui dispose que « Tout mi-
neurs à « être logés dans des locaux neur a le droit de recevoir des soins mé-
répondant à toutes les exigences de l'hy- dicaux, tant préventifs que curatifs,
giène et de la dignité humaine. » y compris des soins dentaires, ophtal-
mologiques et psychiatriques, ainsi que
• La règle 34, selon laquelle « Les instal- celui d'obtenir les médicaments et de
lations sanitaires doivent se trouver à des suivre le régime alimentaire que le
emplacements convenablement choisis médecin peut lui prescrire. »
et répondre à des normes suffisantes
30
VIII. Conclusion et recommandations
Le Secrétariat international de l’OMCT est Concernant le système juridique, l’OMCT
profondément préoccupé par la situation des recommande que le Comité des droits de
enfants en Haïti, en particulier par le risque l’enfant :
qu’ils encourent à se trouver confrontés à
l’exploitation sexuelle ou économique, ainsi Prie le gouvernement haïtien
qu’à toutes les formes de mauvais traite-
ments lorsqu’ils sont soumis à la procédure • De ratifier la Convention contre la torture
judiciaire. L’OMCT souhaite, également, at- et autres peines ou traitements cruels,
tirer l’attention sur le fait que cette situation inhumains ou dégradants, le Protocole
des droits de l’enfant en Haïti se caractérise facultatif à la Convention relative aux
par un grand défaut d’informations. L’OMCT droits de l’enfant concernant l’implica-
propose, en particulier, que le gouvernement tion des enfants dans les conflits armés,
fournisse plus d’informations sur la straté- le Protocole facultatif à la Convention
gie qu’il compte adopter pour évaluer la relative aux droits de l’enfant concernant
situation des enfants des rues et pour les la vente d’enfants, la prostitution des en-
protéger, les assister et les réinsérer. fants et la pornographie mettant en scène
des enfants, ainsi que la Convention
L’OMCT pense qu’un certain nombre de ga- interaméricaine sur la prévention, la
ranties, à la fois légales et pratiques, doivent sanction et l’élimination de la violence
être mises en œuvre afin de garantir plei- contre les femmes ;
nement les droits de l’enfant formulés dans
la Convention. • D’entreprendre toutes les mesures lé-
gislatives, administratives et autres
mesures appropriées pour assurer la
pleine application de la disposition de
la Convention à l’échelle nationale.
31
Concernant la torture et autres peines ou lier en assurant l’éducation et la forma-
traitements cruels, inhumains ou dégra- tion de l’ensemble du personnel sus-
dants, l’OMCT recommande que le Comité ceptible d’être impliqué dans la garde à
des droits de l’enfant vue, l’interrogatoire ou le traitement
d’enfants sujets à toute forme d’arresta-
Prie le gouvernement haïtien tion, de détention ou d’emprisonnement.
Ces programmes de formation devraient
• De fournir davantage d’informations comprendre spécifiquement la psycho-
concernant les mesures légales et pra- logie de l’enfant, le bien-être de l’en-
tiques adoptées pour la protection des fance et l’étude des normes et des règles
enfants contre ces pratiques ; internationales sur les droits de l’homme
et sur les droits de l’enfant, en particu-
• De promulguer une loi qui définisse la lier celles de la Convention et des Règles
torture en affichant l’aspect de souffrance des Nations unies pour la protection des
mentale et en mentionnant particuliè- mineurs privés de liberté.
rement les enfants victimes ;
Concernant les exécutions illégales,
• De mettre en oeuvre des procédures ef- l’OMCT recommande que le Comité des
ficaces de surveillance et de discipline droits de l’enfant
interne des fonctionnaires, comprenant
des sanctions pour ceux qui ne fournis- Prie le gouvernement haïtien
sent pas d’avocat aux enfants ou ne les
informent pas sur leur droit de notifier • De proclamer que sa politique de « to-
leur détention à leurs proches ; lérance zéro » en matière pénale inter-
dit aux officiers de police et à la
• D’assurer l’indépendance et la qualifi- population de recourir à aucune forme
cation du personnel médical chargé d’exécution illégale ;
d’examiner les enfants détenus ;
• De garantir une enquête poussée sur
• D’élaborer et de mettre en oeuvre des cette pratique, afin d’identifier les res-
programmes de prévention, en particu- ponsables, de les faire comparaître de-
32
vant un tribunal civil compétent et im- • De recueillir des données pertinentes
partial et d’appliquer les sanctions pé- et exhaustives sur la situation afin de
nales, civiles et/ou administratives formuler une politique nationale visant
appropriées ; à prévenir l’exploitation sexuelle de
l’enfant et à traduire en justice les cou-
• D’élaborer et de mettre en œuvre des pables. A cette fin, l’OMCT recommande
programmes préventifs, en particulier en de demander l’assistance internationale.
assurant la formation théorique et pro-
fessionnelle des officiers dans les forces Concernant le travail des enfants, l’escla-
armées. Cette formation devrait couvrir vage et la traite, l’OMCT recommande que
les instruments internationaux relatifs le Comité des droits de l’enfant
aux droits de l’enfant et à l’utilisation de
la force. Prie le gouvernement
• D’amender l’article 229 du Code pénal, • D’adapter sa loi sur le travail des enfants
de façon à définir le viol comme un aux instruments internationaux, en par-
crime grave et à le considérer comme ticulier à la Convention 138 de l’OIT, en
une atteinte à l’intégrité et au bien-être établissant comme règle générale que
de la victime et non à une atteinte à sa l’âge minimum d’admission à l’emploi
dignité ; est fixé à 15 ans, mais qu’il est relevé à
33
18 ans, lorsque que le travail est sus- Concernant le système judiciaire pour mi-
ceptible de mettre en danger la santé, la neurs, l’OMCT recommande que le Comité
sécurité ou la dignité de l’enfant ; des droits de l’enfant
34
tème judiciaire en Haïti et d’appliquer protection des mineurs privés de liberté,
des mesures disciplinaires, le cas en résolvant particulièrement les pro-
échéant ; blèmes de surpopulation, d’insalubrité,
de pénurie alimentaire et de restrictions
• De proposer l’attribution de services et des visites familiales ;
d’assistance juridiques à tout enfant en
conflit avec la loi ; • De veiller à la séparation des enfants et
des adultes en détention, sauf si cela
• De lancer une réforme poussée du sys- n’est pas dans l’intérêt supérieur de l’en-
tème judiciaire pour mineurs confor- fant ;
mément aux dispositions de la
Convention, en répondant particulière- • De fournir des informations concernant
ment à la nécessité d’établir une nette les formations développées à l’intention
distinction entre l’enfant délinquant et de l’ensemble des professionnels impli-
l’enfant victime afin de protéger et d’ai- quées dans le système judiciaire pour
der ce dernier, plutôt que de le soumettre mineurs, sur les dispositions de la
aux juridictions pénales ; Convention et d’autres instruments in-
ternationaux pertinents dans le domaine
• De fournir une définition stricte des mo- de la justice pour mineurs, y compris les
tifs éventuels d’arrestation et de déten- « Règles de Beijing », les « Principes di-
tion applicables à l’enfant afin recteurs de Riyad » et les Règles des
d’assurer que la privation de liberté soit Nations unies pour la protection des mi-
une mesure de dernier ressort pour tous neurs privés de liberté ;
les enfants, conformément à l’article
37(b) de la Convention ; • De veiller à allouer des ressources fi-
nancières suffisantes pour construire un
• De veiller à ce que les conditions de vie système judiciaire pour mineurs efficace
des enfants dans les centres de détention capable de garantir, conformément à
et dans les institutions soient con- l’article 40, paragraphe 1 de la
formes à l’article 37 de la Convention et Convention, que tous les enfants en
aux Règles des Nations unies pour la conflit avec la loi reçoivent un traitement
35
de nature à favoriser leur sens de la di- ainsi que de la nécessité de faciliter leur
gnité et de la valeur personnelle, qui ren- réintégration dans la société et de leur
force leur respect pour les droits de faire assumer un rôle constructif au sein
l'homme et les libertés fondamentales de celle-ci.
d'autrui, et qui tienne compte de leur âge
36
COMITÉ DES DROITS DE L’ENFANT
32e session - Genève, 13-31 Janvier 2003
Observations finales
du Comité des droits de l’enfant :
Haïti
38
EXAMEN DES RAPPORTS PRÉSENTÉS PAR LES ÉTATS PARTIES
EN APPLICATION DE L’ARTICLE 44 DE LA CONVENTION
1. Le Comité a examiné le rapport initial B. Aspects positifs
d’Haïti (CRC/C/51/Add.7), soumis le 3 avril
2001, à ses 854e et 855e séances (voir 3. Le Comité se félicite :
CRC/C/SR.854 et 855), tenues le 27 janvier
2003, et a adopté à sa 862e séance, tenue le a) De l’adoption de la loi de 2001 interdisant
31 janvier 2003, les observations finales ci- le recours aux châtiments corporels au
après : sein de la famille et des écoles ;
39
Le Comité note également que l’application a) De prendre toutes les mesures nécessaires
des résolutions de l’Organisation des États pour achever l’harmonisation de la lé-
américains et le retour de la stabilité politique gislation existante avec la Convention ;
sont des préalables indispensables à la re-
prise de l’aide internationale au développe- b) D’adopter dans les meilleurs délais un
ment, qui a été suspendue. code général de l’enfant reflétant les prin-
cipes généraux et les dispositions de la
Convention ;
40
pour mandat précis de coordonner toutes les tie est invité à solliciter une assistance tech-
activités liées à la mise en œuvre de la nique auprès du Fonds des Nations Unies
Convention, et de le doter des compétences pour l’enfance (UNICEF) et à faire participer
et des ressources humaines et autres dont il la société civile à la préparation et à la mise
a besoin pour s’acquitter efficacement de son en œuvre d’un tel plan d’action national.
mandat aux niveaux national, régional et lo-
cal. Le Comité recommande en outre à l’É-
tat partie de prendre toutes les mesures Structures de surveillance indépendantes
nécessaires pour donner à l’Institut du bien-
être social et de recherche les moyens de 11. Le Comité prend note de la création de
remplir sa mission aux niveaux national, ré- l’Office de la protection de citoyens (OPC),
gional et local. mais regrette que cet organisme ne soit pas
pleinement opérationnel et qu’il n’existe au-
cun mécanisme de surveillance indépendant
Plan d’action national compétent pour recevoir et examiner les
plaintes individuelles relatives à des viola-
9. Bien que l’État partie élabore certains tions des droits de l’enfant.
plans sectoriels, par exemple dans le domaine
de la santé, le Comité est préoccupé par l’ab- 12. Le Comité invite l’État partie à envisager
sence d’une stratégie ou d’un plan d’action de créer une institution nationale des droits
national global pour la mise en œuvre de la de l’homme indépendante, compte tenu de
Convention. l’Observation générale no 2 du Comité sur le
rôle des institutions nationales des droits de
10. Le Comité encourage l’État partie à éla- l’homme, qui serait chargée de suivre et
borer un plan d’action national global aux fins d’évaluer les progrès accomplis dans la mise
de la mise en œuvre de la Convention faisant en œuvre de la Convention aux niveaux na-
une place aux buts et objectifs du document tional et local. En outre, le Comité recom-
final intitulé «Un monde digne des enfants», mande d’allouer à cette institution des
adopté par la session extraordinaire de ressources humaines et financières suffisantes
l’Assemblée générale des Nations Unies et de l’habiliter dans le cadre de son mandat
consacrée aux enfants. À cet égard, l’État par- à recevoir des plaintes relatives à des viola-
41
tions des droits de l’enfant et à enquêter sur budget consacrée à la réalisation des droits
ces plaintes en respectant la sensibilité des des enfants, notamment en prenant les
enfants, ainsi que donner à ces plaintes la mesures nécessaires pour que reprennent
suite qui convient. Le Comité encourage l’É- les programmes d’aide internationale. À cet
tat partie à solliciter une assistance technique égard, l’État partie devrait veiller à consacrer
auprès du Haut-Commissariat des Nations aux enfants, en particulier aux plus vulné-
Unies aux droits de l’homme et de l’UNICEF, rables d’entre eux, des ressources humaines
entre autres. et financières adéquates, et garantir la mise
en œuvre à titre prioritaire des politiques
concernant les enfants.
Ressources consacrées aux enfants
42
assistance technique auprès de l’UNICEF et cées. À cet égard, il est préoccupé par l’ab-
du Programme des Nations Unies pour le dé- sence d’un plan systématique visant à former
veloppement, entre autres. et sensibiliser les groupes professionnels
travaillant avec et pour les enfants.
La société civile et les organisations non gou- 20. Le Comité recommande à l’État partie :
vernementales (ONG)
a) D’intensifier ses efforts pour faire
17. Dans la pratique, les ONG jouent un connaître les principes et dispositions de
grand rôle en matière de sensibilisation et de la Convention en tant que moyen de sen-
fourniture de services dans des domaines tels sibiliser la société aux droits des enfants
que la santé et l’éducation. Néanmoins, le par la mobilisation sociale ;
Comité regrette que l’État partie n’ait pas ins-
tauré une coopération bien structurée et sys- b) De mettre en place des programmes sys-
tématique avec les ONG et n’évalue pas les tématiques d’éducation et de formation
activités de ces organisations. sur les dispositions de la Convention à
l’intention de tous les groupes profes-
18. Le Comité recommande à l’État partie sionnels travaillant pour et avec des en-
d’instaurer une coopération bien structurée fants, à savoir les parlementaires, les
et systématique avec les ONG de manière à juges, les avocats, les responsables de
fixer régulièrement des normes minimales l’application des lois, les fonctionnaires,
claires pour les activités de prestation de ser- les élus locaux, le personnel des établis-
vice et à assurer le suivi nécessaire. sements accueillant des enfants et des
centres de détention pour mineurs, les en-
seignants, le personnel de santé, y com-
Formation et diffusion de la Convention pris les psychologues, et les travailleurs
sociaux ;
19. Le Comité sait que des mesures ont été
prises afin de faire largement connaître les c) De solliciter une assistance technique
principes et dispositions de la Convention, auprès du Haut-Commissariat aux droits
mais il estime qu’elles doivent être renfor- de l’homme et de l’UNICEF, entre autres.
43
2. Définition de l’enfant et 12, dans tous les textes législatifs concer-
nant les enfants et de les appliquer dans
21. Le Comité est préoccupé par la différence toutes les décisions politiques, judiciaires
de l’âge minimum légal du mariage pour les et administratives, ainsi que dans les projets,
filles (15 ans) et les garçons (18 ans). programmes et services ayant des répercus-
sions sur tous les enfants. Ces principes
22. Le Comité recommande à l’État partie devraient inspirer la planification et l’élabo-
d’aligner l’âge légal minimum du mariage ration de politiques à tous les niveaux, ainsi
pour les filles sur celui des garçons. que les mesures prises par les établissements
de protection sociale et de santé, les tribu-
naux et les autorités administratives.
3. Principes généraux
Non-discrimination
23. Le Comité constate avec préoccupation
que les principes généraux énoncés dans la
25. Tout en notant que la Constitution (art. 18)
Convention, à savoir le droit à la non-discri-
interdit la discrimination et qu’un ministère
mination (art. 2), l’intérêt supérieur de l’en-
de la condition féminine a été créé en 1994,
fant (art. 3), le droit de l’enfant à la vie, la
survie et au développement (art. 6) et le res- le Comité est préoccupé par la persistance de
pect des opinions de l’enfant (art. 12) ne sont règles juridiques discriminatoires à l’égard
pas pleinement reflétés dans la législation et des enfants nés hors du mariage. Il est en
les décisions administratives et judiciaires de outre préoccupé par la discrimination de facto
l’État partie ni dans les politiques et pro- qui existe dans l’État partie. Plus particu-
grammes concernant les enfants aux niveaux lièrement, le Comité est préoccupé par les
national et local. disparités dont pâtissent en matière de jouis-
sance de leurs droits les enfants appartenant
24. Le Comité recommande à l’État partie aux groupes les plus vulnérables, tels que les
d’intégrer de manière appropriée les prin- fillettes, les restaveks, les enfants de familles
cipes généraux de la Convention, en parti- pauvres, les enfants de la rue, les enfants
culier les dispositions des articles 2, 3, 6 handicapés et les enfants des zones rurales.
44
26. À la lumière de l’article 2 et des articles au Programme d’action de Durban adoptés
connexes de la Convention, le Comité re- à la Conférence mondiale contre le racisme,
commande à l’État partie : la discrimination raciale, la xénophobie et
l’intolérance qui y est associée, compte tenu
a) D’adopter à titre prioritaire des mesures ju- de l’Observation générale no 1 du Comité re-
ridiques efficaces pour faire cesser la dis- lative au paragraphe 1 de l’article 29 de la
crimination à l’égard des enfants nés hors Convention (buts de l’éducation).
du mariage ;
45
lois, politiques et programmes pertinents en 4. Libertés et droits civils
rapport avec la mise en œuvre la Convention.
Il recommande en particulier à l’État partie Enregistrement des naissances
d’abolir le droit de «correction paternelle»,
qui permet aux parents de faire emprisonner 32. Le Comité prend note avec satisfaction du
leurs enfants. décret de 1995 qui autorise un enregistre-
ment tardif des naissances, mais demeure
préoccupé par le nombre élevé d’enfants dont
Respect de l’opinion de l’enfant la naissance n’est pas enregistrée. Il est en
outre préoccupé par le montant de la rede-
30. Le Comité note que le décret du 12 dé- vance que les parents doivent acquitter pour
cembre 1960 confère aux enfants le droit obtenir un certificat de naissance de leurs en-
de s’exprimer au sein de la famille ; il regrette fants.
cependant que l’opinion des enfants ne soit
pas suffisamment prise en considération 33. À la lumière de l’article 7 de la
et que le respect des opinions de l’enfant de- Convention, le Comité prie l’État partie d’in-
meure limité au sein de la famille, à l’école, tensifier ses efforts pour assurer que tous les
devant les tribunaux et les autorités admi- enfants soient enregistrés à la naissance,
nistratives, et dans la société dans son en- entre autres par l’organisation de campagnes
semble. de sensibilisation, d’envisager de faciliter les
procédures d’enregistrement des naissances,
31. Le Comité encourage l’État partie à veiller notamment en supprimant tous les droits à
à ce que l’opinion de l’enfant soit dûment payer et en décentralisant la procédure, et de
prise en considération, conformément à prendre des mesures pour enregistrer les en-
l’article 12 de la Convention, au sein de la fants qui n’ont pas été déclarés à la naissance.
famille, à l’école, devant les tribunaux et dans
toute procédure administrative ou autres l’in-
téressant, notamment à travers l’adoption des Droit à une identité
lois appropriées, la formation des profes-
sionnels et la mise en place d’activités spé- 34. Le Comité note avec préoccupation que
cifiques à l’école. les enfants nés hors du mariage sont privés
46
du droit de connaître l’identité de leur père 37. Le Comité recommande à l’État partie :
(art. 306 du Code civil).
a) De prendre toutes les mesures nécessaires
35. À la lumière de l’article 7 de la pour assurer l’application effective de
Convention, le Comité recommande à l’État la loi interdisant le recours aux châti-
partie de prendre les mesures nécessaires, ments corporels, en particulier par
parmi lesquelles l’abrogation de l’article 306 l’intermédiaire de campagnes d’informa-
du Code civil, afin de respecter, dans la me- tion et d’éducation destinées à sensibili-
sure du possible, le droit de l’enfant à ser les parents, les enseignants et d’autres
connaître l’identité de ses parents. professionnels s’occupant d’enfants, ainsi
que le public dans son ensemble, au ca-
ractère néfaste des châtiments corporels
Mauvais traitements et autres formes de vio- et à l’importance d’appliquer d’autres
lence formes de discipline non violentes, confor-
mément au paragraphe 2 de l’article 28
36. Le Comité prend note avec satisfaction de de la Convention ;
la loi interdisant le recours aux châtiments
corporels (août 2001) au sein de la famille et b) D’enquêter avec diligence sur toutes les
à l’école, mais demeure préoccupé par la per- allégations de mauvais traitement d’enfant
sistance de l’application de châtiments cor- commis par des responsables de l’appli-
porels par les parents ou les enseignants ainsi cation des lois et de veiller à ce que les
que par les mauvais traitements dont sont auteurs présumés de ces actes soient
l’objet les enfants employés comme domes- retirés du service actif ou suspendus pen-
tiques (restaveks). Le Comité est par ailleurs dant la durée de l’enquête, et révoqués
vivement préoccupé par les affaires de mau- et punis s’ils sont condamnés ;
vais traitements infligés à des enfants de la
rue par des responsables de l’application des c) D’assurer la protection, la réadaptation et
lois. la réinsertion des enfants victimes.
47
5. Milieu familial et protection de rem- c) De veiller à ce que les enfants aient la
placement possibilité de participer aux procédures
et de faire connaître leur opinion ;
Enfants séparés de leurs parents
d) De prendre toutes les mesures nécessaires
38. Le Comité est particulièrement préoccupé pour permettre à l’Institut du bien-être so-
par le nombre élevé d’enfants qui sont sé- cial et de recherche de procéder à un ré-
parés de leurs parents. Il s’inquiète en outre examen périodique du placement de tous
du fait que l’opinion de l’enfant n’est pas prise les enfants séparés de leurs parents, qu’ils
en considération lorsqu’une décision de cet soient placés en institution ou en famille
ordre est prise et de ce que l’Institut du bien- d’accueil.
être social et de recherche ne procède pas à
un réexamen périodique du placement de
tous les enfants séparés de leurs parents. Adoption
39. À la lumière des articles 9, 12, 20 et 25 40. Le Comité est préoccupé par la hausse du
de la Convention, le Comité recommande à nombre d’adoptions internationales, ce en
l’État partie : l’absence de mécanisme adapté de sur-
veillance.
a) De faire en sorte que les enfants ne soient
pas séparés de leurs parents contre leur 41. Le Comité recommande à l’État partie :
volonté, sauf lorsque la séparation est
dans l’intérêt supérieur de l’enfant et sur a) De ratifier la Convention de 1993 sur la
décision d’une autorité compétente – dé- protection des enfants et la coopération en
cision devant pouvoir être contestée matière d’adoption internationale ;
devant la justice ;
b) De s’attacher à renforcer sa capacité à
b) De faire en sorte que les enfants privés à contrôler les adoptions internationales afin
titre temporaire ou permanent de leur en- d’assurer le plein respect de l’article 21
vironnement familial aient droit à une pro- et des autres dispositions pertinentes de
tection et à une assistance spéciale ; la Convention.
48
Violences, sévices et négligence violences, dans le cadre de procédures ju-
diciaires respectueuses de l’enfant, no-
42. Le Comité s’inquiète de l’incidence éle- tamment en accordant le poids voulu à
vée des violences et sévices sur enfant au sein l’opinion de l’enfant dans l’action judi-
de la famille, sévices sexuels y compris, ainsi ciaire, et d’imposer des sanctions aux cou-
que des cas de négligence, et relève que les pables, tout en veillant à ce que le droit
efforts faits pour protéger les enfants à cet de l’enfant au respect de sa vie privée soit
égard sont insuffisants. Il constate en parti- garanti ;
culier avec préoccupation que le taux de
sévices sexuels sur les fillettes est très élevé c) De mettre des services de réadaptation
(plus d’un tiers des femmes ont été victimes physique et psychologique et de réinser-
de sévices sexuels avant l’âge de 15 ans). tion sociale à la disposition des filles vic-
Le Comité est également préoccupé par times de sévices sexuels et de tous les
l’absence de données statistiques et l’absence autres enfants victimes d’un quelconque
d’un plan d’action complet en la matière ainsi type de sévices, négligence, mauvais trai-
que par l’insuffisance des infrastructures en tements, violence ou exploitation, et de
place. prendre les mesures voulues pour empê-
cher la criminalisation et la stigmatisation
43. À la lumière des articles 19 et 39 de la des victimes ;
Convention, le Comité recommande à l’État
partie : d) De prendre en considération les recom-
mandations que le Comité a adoptées lors
a) D’évaluer l’ampleur, la nature et les de ses journées de débat général sur
causes de la violence à l’encontre des la violence contre les enfants (CRC/C/
enfants, en particulier les violences 100, par. 688, et CRC/C/111, par. 701 à
sexuelles dont sont victimes les filles, en 745) ;
vue d’adopter une stratégie globale ainsi
que des mesures et politiques concrètes e) De demander une assistance technique,
et de changer les mentalités ; notamment à l’UNICEF et à
l’Organisation mondiale de la santé
b) D’enquêter comme il se doit en cas de (OMS).
49
6. Santé et bien-être proprié et de définir et appliquer des po-
litiques et programmes globaux tendant à
44. Le Comité se félicite des efforts déployés améliorer l’état de santé des enfants, en
par l’État partie en matière de santé et de particulier en milieu rural ;
bien-être, notamment le Programme élargi de
vaccination, le respect du cadre de gestion in- b) De faciliter un accès accru aux services
tégrée des maladies infantiles, l’initiative de santé primaire, notamment dans les
Hôpital ami des bébés et la promotion de l’al- zones rurales ; de réduire l’incidence
laitement maternel. Il reste toutefois vivement de la mortalité maternelle et infanto-
préoccupé par les taux élevés de mortalité in- juvénile ; de prévenir et combattre la mal-
fantile, de mortalité des moins de 5 ans et de nutrition, en particulier dans les groupes
mortalité maternelle, ainsi que par la faible d’enfants vulnérables et défavorisés ;
espérance de vie dans l’État partie. Le Comité
de continuer à promouvoir les bonnes
demeure également préoccupé par le fait que
pratiques en matière d’allaitement ma-
l’accès aux services de santé est limité dans
ternel ;
les zones rurales et que la survie et le déve-
loppement des enfants de l’État partie restent
c) De poursuivre ses campagnes de vacci-
menacés par les maladies de la petite enfance
et les maladies infectieuses, la diarrhée et la nation et de les inscrire dans le cadre
malnutrition. Il s’inquiète par ailleurs du peu intégré de gestion des maladies infan-
d’infrastructure en place pour l’assainisse- tiles ;
ment et de l’insuffisance de l’accès à l’eau po-
table, tout particulièrement en milieu rural. d) De mettre en place des programmes de
formation de sages-femmes pour contri-
45. Le Comité recommande à l’État partie, buer au bon déroulement des accouche-
notamment grâce à une mise en route aussi ments à domicile ;
rapide que possible de son plan national pour
la santé : e) De rechercher de nouvelles possibilités de
coopération et d’assistance aux fins de
a) De redoubler d’efforts en vue de déblo- l’amélioration de la santé des enfants, no-
quer des ressources d’un montant ap- tamment avec l’OMS et l’UNICEF.
50
Santé des adolescents VIH/sida
46. Le Comité relève avec préoccupation que 48. Le Comité prend acte de l’adoption du
les questions liées à la santé des adolescents, plan national stratégique contre le VIH mais
notamment touchant à leur développement, est extrêmement préoccupé par l’incidence
à leur santé mentale et à la santé de la re- élevée et la prévalence croissante du
production ou à l’abus de substances, n’ont VIH/sida chez les adultes et les enfants, et
pas bénéficié d’une attention suffisante. Il plus particulièrement par la forte proportion
prend également note de la situation parti- d’enfants séropositifs à la naissance ainsi
culièrement vulnérable des filles, que révèle, que par le nombre d’enfants orphelins du fait
par exemple, le pourcentage très élevé de de la maladie. Le Comité prend également
grossesses précoces. À cet égard, le Comité note avec préoccupation du manque de
est particulièrement préoccupé par l’inci- connaissances des adolescents quant aux
dence élevée des avortements pratiqués dans moyens de prévenir le VIH/sida, et ce en dé-
l’illégalité, avec tous les risques que cela pit des efforts réels déployés par l’État par-
comporte inévitablement pour la santé et la tie pour sensibiliser la population au
vie des intéressées. problème.
47. Le Comité recommande à l’État partie : 49. Le Comité recommande à l’État partie :
a) De prendre toutes les mesures nécessaires a) De redoubler d’efforts pour prévenir les
pour définir des politiques et programmes infections par le VIH/sida, en prenant
adaptés en matière de santé des adoles- en considération les recommandations
cents, en portant une attention toute par- adoptées par le Comité lors de sa journée
ticulière aux adolescentes ; de débat général sur les enfants vivant
dans un monde marqué par le VIH/sida
b) De renforcer l’éducation sexuelle et gé- (CRC/C/80, par. 243) ;
nésique ainsi que les services de santé
mentale et services de conseil dans le res- b) De prendre d’urgence des mesures pour
pect de la sensibilité des adolescents, et prévenir la transmission de la mère à l’en-
de les rendre accessibles aux adolescents. fant, entre autres choses en combinant ces
51
mesures aux activités de lutte contre la services de santé adéquats ainsi qu’à l’édu-
mortalité maternelle, et de prendre les cation et aux services sociaux et pour facili-
mesures adéquates pour atténuer les ter leur pleine intégration dans la société. Le
répercussions du décès de parents, d’en- Comité s’inquiète aussi du faible nombre de
seignants ou d’autres personnes victimes professionnels dûment formés travaillant pour
du VIH/sida sur la vie familiale et affec- et avec les enfants handicapés.
tive des enfants et leur éducation ainsi
que sur leur accès à l’adoption ; 51. Le Comité recommande à l’État partie :
c) D’amplifier ses efforts tendant à sensibi- a) De définir une stratégie globale, et les
liser les adolescents, en particulier les plans d’action qui s’imposent, en faveur
plus vulnérables d’entre eux, au VIH/ des enfants handicapés ;
sida ;
b) De rassembler des données sur les en-
d) De demander une assistance technique fants handicapés afin de déterminer leur
supplémentaire, notamment au Pro- situation en termes d’accès à des soins de
gramme commun des Nations Unies sur santé adaptés, aux services d’éducation et
le VIH/sida (ONUSIDA). au marché de l’emploi ;
52
et former des professionnels dans ce do- occupation que l’enseignement est princi-
maine ; palement dispensé par le secteur privé (ibid.,
par. 184), alors que l’État ne peut assurer
e) De demander une assistance, entre autres qu’une supervision très limitée de ce secteur,
auprès de l’UNICEF et de l’OMS. par l’intermédiaire de la Commission natio-
nale de partenariat .
53
doublement et d’abandon scolaire enre- 8. Mesures spéciales de protection
gistrés dans les écoles primaires et de
s’employer à remédier à la situation ; Exploitation économique
e) De mieux contrôler les programmes sco- 54. Le Comité prend note avec une vive pré-
laires et la qualité de l’enseignement dis- occupation du nombre élevé des enfants
pensé dans les écoles privées ; qui travaillent alors qu’ils n’en ont pas l’âge,
et ce de longues heures de suite, ce qui
f) D’introduire, de renforcer et de systéma- nuit à leur développement et à leur scolari-
tiser l’enseignement des droits de sation.
l’homme, y compris des droits de l’enfant,
dans les programmes scolaires, et ce dès 55. Le Comité recommande à l’État partie :
le primaire ;
a) D’appliquer plus énergiquement sa lé-
g) D’assurer une formation adéquate aux en- gislation du travail et d’accroître le
seignants ; nombre des inspecteurs du travail ;
54
Code du travail comme seuil à partir duquel violence, dans le cadre d’une procédure
ces enfants peuvent être placés dans une fa- judiciaire respectueuse des enfants, et
mille, considérant que, dans la pratique, d’imposer des sanctions aux coupables ;
même des enfants plus jeunes sont concer-
nés. Le Comité note avec préoccupation que d) À faire en sorte que les restaveks se
ces enfants – des filles pour la plupart – sont voient proposer des services de réadap-
contraints de travailler de longues heures tation physique et psychologique et de ré-
dans des conditions difficiles et sans aucune insertion sociale, et notamment l’accès à
rétribution et sont soumis à des mauvais trai- l’éducation.
tements et à diverses violences, y compris des
violences sexuelles.
Enfants des rues
57. Le Comité recommande à l’État partie, de
s’attacher à titre d’urgence : 58. Le Comité est préoccupé par le nombre
croissant d’enfants des rues et l’absence de
a) À abroger l’article 341 du Code du travail stratégie systématique et globale tendant à
et à faire respecter l’âge minimum d’ad- remédier à cette situation et à apporter à ces
mission à l’emploi, fixé à 15 ans ; enfants la protection et l’assistance dont ils
ont besoin. Le Comité note de plus avec pré-
b) À prendre toutes les mesures nécessaires occupation que ces enfants sont utilisés pour
pour prévenir et faire cesser l’emploi d’en- commettre des infractions et que certains
fants en dessous de l’âge légal, en mettant d’entre eux disparaissent.
en place une stratégie globale et notam-
ment en organisant des débats et des 59. Le Comité recommande à l’État partie :
campagnes de sensibilisation, en four-
nissant des conseils et un soutien aux a) De faire en sorte que les enfants des rues
familles les plus vulnérables et en s’at- disposent de nourriture, de vêtements,
taquant aux causes profondes du phéno- d’un logement, de soins de santé et de ser-
mène ; vices éducatifs appropriés, notamment
d’une formation pour l’acquisition de com-
c) À enquêter comme il se doit en cas de pétences professionnelles ou pour la vie
55
quotidienne, afin de favoriser leur plein 61. Le Comité recommande à l’État partie de
développement ; prendre toutes les mesures nécessaires pour
prévenir la traite d’enfants haïtiens à desti-
b) De veiller à ce que ces enfants bénéficient nation de la République dominicaine. En
de services de réadaptation et de réin- particulier, il recommande de conclure un ac-
sertion en cas de violences physiques ou cord avec la République dominicaine pour le
sexuelles et d’abus de substances, ainsi rapatriement en Haïti des enfants victimes de
que de services de médiation visant à leur traite ainsi que pour le renforcement des
permettre de se réconcilier avec leur fa- contrôles à la frontière. Le Comité recom-
mille ; mande à l’État partie de continuer à sollici-
ter une assistance, notamment auprès de
c) D’enquêter dans les cas de disparitions l’UNICEF et de l’Organisation internationale
pour les migrations.
d’enfants des rues ;
56
l’ordre, et s’inquiète des conditions de dé- pour instituer des tribunaux pour mineurs
tention des mineurs. Il s’alarme en outre des et nommer des juges pour enfants dûment
possibilités très restreintes de réadaptation et formés dans toutes les régions de l’État
de réinsertion offertes aux mineurs après une partie ;
action en justice ainsi que du caractère spo-
radique de la formation assurée aux juges, b) De n’envisager la privation de liberté
procureurs et membres du personnel péni- qu’en dernier recours et pour une période
tentiaire. aussi brève que possible, de limiter lé-
galement la durée de la détention avant
63. Le Comité recommande à l’État partie de jugement et de faire en sorte que la lé-
prendre les mesures voulues pour réformer la galité de toute détention soit déterminée
législation relative au système de justice pour sans délai par un juge, puis réexaminée
mineurs, conformément à la Convention et en régulièrement par la suite ;
particulier à ses articles 37, 40 et 39, ainsi
qu’aux autres normes de l’ONU applicables c) De fournir une assistance, juridique et
en matière de justice des mineurs, notam- autre, à tout enfant dès le début d’une pro-
ment l’Ensemble de règles minima des cédure à son encontre ;
Nations Unies concernant l’administration de
la justice pour mineurs (Règles de Beijing), d) De fournir des services élémentaires (sco-
les Principes directeurs des Nations Unies larisation par exemple) aux enfants
pour la prévention de la délinquance juvénile concernés ;
(Principes directeurs de Riyad), les Règles
des Nations Unies pour la protection des mi- e) De protéger les droits des enfants privés
neurs privés de liberté et les Directives de de leur liberté et d’améliorer les condi-
Vienne relatives aux enfants dans le système tions de détention et d’incarcération,
de justice pénale. notamment en créant des prisons spé-
ciales pour les enfants, adaptées à leur
64. Dans le cadre de cette réforme, le Comité âge et à leurs besoins, et en veillant à la
recommande particulièrement à l’État partie : disponibilité des services sociaux dans
l’ensemble des centres de détention du
a) De prendre toutes les mesures nécessaires pays, tout en s’assurant dans le même
57
temps que les enfants sont séparés des graphie mettant en scène des enfants et l’im-
adultes dans toutes les prisons et tous les plication d’enfants dans les conflits armés.
lieux de détention avant jugement sur
l’ensemble du territoire ;
58
son rapport sur sa vingt-neuvième session régulièrement et dans les délais fixés. À titre
(CRC/C/114), le Comité souligne l’impor- exceptionnel, et afin d’aider l’État partie à
tance qui s’attache au respect d’un calendrier s’acquitter pleinement des obligations qui lui
qui soit pleinement conforme aux dispositions incombent en vertu de la Convention, le
de l’article 44 de la Convention. L’un des as- Comité invite ce dernier à présenter dans un
pects importants des responsabilités des États seul document ses deuxième et troisième rap-
parties à l’égard des enfants en vertu de la ports périodiques avant le 7 juillet 2007, date
Convention consiste à faire en sorte que le à laquelle son troisième rapport est attendu.
Comité puisse examiner régulièrement les Le Comité attend de l’État partie qu’il sou-
progrès accomplis dans la mise en œuvre de mette par la suite des rapports tous les cinq
la Convention. Il est donc très important que ans, comme le prévoit la Convention.
les États parties présentent leurs rapports
59
L’Organisation Mondiale
Contre la Torture (OMCT)
souhaite exprimer sa profonde
gratitude à la Commission
Européenne, MISEREOR et
la Fondation de France pour
leur soutien au Programme
Droits de l’Enfant.
ISBN 2-88477-053-4