JG 2270
COUR SUPERIEURE
(Chambre civile)
CANADA, :
PROVINCE DE QUEBEC
DISTRICT DE MONTREAL
Ne 500-17-095764-166 |
DATE: Le S octobre 2016
SOUS LA PRESIDENCE DE: L'HONORABLE LOUIS J. GOUIN, J.C.S. |
ODETTE LOURS
et
SOCIETE CANADIENNE POUR LA PREVENTION DE LA CRUAUTE ENVERS LES
ANIMAUX
Demanderesses
c
VILLE DE MONTREAL
Défenderesse
et
PROCUREURE GENERALE DU QUEBEC
Mise en cause
JUGEMENT
(sur la demande de sursis de ’entrée en vigueur de certains articles du
Réglement sur le contréle des animaux)
14. MISE EN CONTEXTE
[1] Le Tribunal est saisi d'une «Demande de pourvoi en contréle judiciaire et
sursis» (la «Demande>) aux termes des articles 529 et 530 du Code de procédure
civile («C.p.c.»), présentée par Odette Lours («Mme Lours») et la Société
canadienne pour la prévention de la cruauté envers les animaux (la «SPCA») (Mme
Lours et la SPCA collectivement appelées les «Demanderesses») a l'encontre de la
Ville de Montréal (la «Ville»), afin d'obtenir, dans un premier temps, le sursis de
entrée en vigueur de certaines dispositions du Réglement sur le contrdle des
animaux (le «Réglement»)', soit celles reliées spécifiquement aux «chiens de type500-17-095764-166 Page 2
Pit bull» (les «Dispositions litigieuses»), lesquelles sont énumérées au paragraphe
[71] de ce jugement.
[2] _ La Procureure générale du Québec est mise en cause, mais elle n'était pas
présente lors de audition, ni représentée par avocat.
[3] _ Le Réglement, adopté par le Conseil municipal de la Ville le 27 septembre
2016, est entré en vigueur le 3 octobre 2016, A 0hOt
[4] Par la Demande, déposée le 28 septembre 2016, les Demanderesses
demandent au Tribunal de déclarer les Dispositions litigieuses illégales, ultra vires,
nulles, inconstitutionnelles, invalides et inopérantes et, d'ici & ce quiil soit décidé du
mérite d'une telle demande, elles demandent au Tribunal de surseoir a l'entrée en
vigueur des Dispositions litigieuses, d'ou audition du 3 octobre 2016 devant le
Tribunal.
[5] A la fin de cette audition, le Tribunal a indiqué aux parties qu'il prendrait
quelques heures pour rédiger son jugement, et qu’l serait rendu, au plus tard, le 5
octobre 2016, A 17h00. Les Demanderesses ont alors suggéré a la Ville de consentir &
suspendre, diici la, entrée en vigueur des Dispositions litigieuses, mais la Ville a
efusé, vu son opposition a la demande de sursis.
[6] Dans ces circonstances, les Demanderesses ont alors demandé au Tribunal,
séance tenante, d’émettre une ordonnance de sauvegarde ordonnant, d'ici la, le sursis
des Dispositions litigieuses.
[7] Considérant les commentaires du Tribunal formulés tout au long de audition
quant aux Dispositions iitigieuses, le Tribunal a effectivement émis lordonnance
de sauvegarde demandée, pour valoir jusqu’au jugement du Tribunal sur la demande
de sursis des Demanderesses soit, au plus tard, jusqu’é 17h00 le 5 octobre 2016.
[8] Voici le jugement du Tribunal sur la demande de sursis des Demanderesses.
2. DROIT
[9] _ La Demande siinsorit dans le cadre des articles 529 et 530 C.p.c., lesquels
prévoient, entre autres, ce qui suit :
529. La Cour supérieure saisie d'un pourvoi en contrdle
judiciaire peut, selon l'objet du pourvoi, prononcer lune ou l'autre
des conclusions suivantes:
1° déclarer inapplicable, invalide ou inopérante une disposition
d'une loi du Québec ou du Canada, un réglement pris sous leur
autorité, un décret gouvernemental ou un arrété ministériel ou
toute autre régle de droit;500-17-095764-166 Page 3
[el
Ce pourvoi n'est ouvert que si le jugement ou la décision qui en
fait objet n'est pas susceptible d'appel ou de contestation, sauf
dans le cas oU il y a défaut ou excés de compétence.
Le pourvoi doit étre signifié dans un délai raisonnable @ partir de
Vacte ou du fait qui lui donne ouverture.
530. La demande de pourvoi en contréle judiciaire est présentée
a la Cour supérieure @ la date indiquée dans lavis de
présentation qui y est joint, laquelle ne peut étre fixée a moins de
16 jours de la signification de la demande. Elle est instruite par
priorité
La_demande_n’opére_pas_sursis des procédures pendantes
devant une autre juridiction ou lexécution dun jugement rendu
ou d'une décision prise par une personne ou un organisme
assujetti A ce contrdle & moins que le tribunal_n'en_décide
autrement, S'l y a lieu, le tribunal ordonne que les piéces du
dossier quil determine soient transmises sans délai au greffier.
Le jugement qui fait droit a la demande est signifié aux parties sil
ordonne d'accomplir ou de ne pas accomplir un acte
(le Tribunal souligne)
[10] Tel que mentionné précédemment, a I'étape d'une demande de sursis, le
Tribunal n'a pas a décider du mérite des prétentions des Demanderesses, soit celles
relatives & la nullité des Dispositions litigieuses, mais seulement sill y a lieu, pour
instant, den suspendre leur entrée en vigueur, et ce, jusqu’a l'audition au mérite
desdites prétentions et une décision finale a cet égard.
[11] Les critéres applicables a une telle demande de sursis, un recours
exceptionnel, s'apparentent 4 ceux applicables & une demande diinjonction
interlocutoire provisoire et, a cette fin, le Tribunal doit appliquer avec rigueur les
critéres suivants? :
a. Les Demanderesses doivent démontrer une urgence réelle et immédiate;
et
b. Les Demanderesses doivent démontrer une apparence de droit clair,
ainsi qu'un préjudice sérieux ou irréparable, ou quill sera créé un état de
fait ou de droit de nature a rendre le jugement au fond inefficace,
® Société de développement de Ia Baie James c. Kanatewat, [1975] C.A. 169, pp. 183 ~ 184; Grand
Council of the Crees (Eeyou Istchee) c. Québec (Procureur général), 2009 QCCA 810, par. 27; Zaria ¢.
Gignac, 2016 QCCS 85, par. (11] - [13]; Groupe CRH Canada inc. (Demix Construction) c. Montréal
(Ville de), 2016 QCCS 1183, par. [95]500-17-095764-166 Page 4
ou
c. Les Demanderesses doivent démontrer une apparence de droit possible
{en loccurrence, 'existence d'une «question sérieuse»%], ainsi qu'un
préjudice sérieux ou irréparable, ou quil sera créé un état de fait ou de
droit de nature a rendre le jugement au fond inefficace, mais tout en
prenant alors en considération aussi le préjudice pouvant étre subi par la
Ville, et ce, en fonction de la prépondérance des inconvénients [y inclus,
dans les circonstances, l'intérét public’).
[12] Dans ce cadre, l'analyse du Tribunal se limite aux allégations de la Demande et
aux piéces et déclarations sous serment déposées a son soutien, ainsi qué toute
déclaration sous serment déposée par la Ville en réponse a la demande de sursis des
Demanderesses.
[13] A la lumiére de ces documents, les allégations factuelles de la Demande sont
alors tenues pour avérées par le Tribunal
[14] Dans ce contexte, les Demanderesses ont déposé les déclarations sous
serment suivantes
a. Deux déclarations de Me Sophie Gaillard, avocate pour les départements
de Défense des animaux et d’Enquétes et inspections & la SPCA, soit
lune datée du 28 septembre 2016 et l'autre datée du 2 octobre 2016;
b. Une déclaration de Mme Lours, coordinatrice aux événements a la
SPCA, datée du 28 septembre 2016;
c. Une déclaration de la Dre Gabrielle Carriére, vétérinaire en chef de la
SPCA, datée du 28 septembre 2016 (la «Déclaration-Carriére»); et
Une déclaration de Patrice Robert, directeur des soins animaliers a la
SPCA, datée du 21 [sic] septembre 2016 (la «Déclaration-Robert»)
[15] De son coté, la Ville n'a déposé qu'une seule déclaration sous serment, soit
celle de Guylaine Brisson, Directrice du Service de la concertation des
arrondissements au sein de la Ville, datée du 30 septembre 2016.
[16] Ds a présent, le Tribunal tient & souligner que son analyse de la Demande et
des autres documents déposés par les parties l'a satisfait que les Demanderesses ont
Tintérét suffisant pour présenter la Demande, ce qui, dailleurs, n’a fait l'objet d’aucune
objection de la part de la Ville
° Manitoba (Procureur général) c. Metropolitain Stores Ltd., {1987] 1 A.C.S. 110, par. 34; RJR —
MacDonald inc, c. Canada (Procureur général), [1994] 1 R.C.S. 311 (pp. 383 ~ 349); Harper c. Canada
(Procureur général), [2000] 2 R.C.S. 764 (pp. 768 - 771)
Idem.500-17-095764-166 Page 5
3. DECISION
[17] Le Tribunal ordonnera le sursis de l'entrée en vigueur des Dispositions
litigieuses, et ce, jusqu’a la décision finale a étre rendue dans le cadre de l'audition au
meérite de la Demande, laquelle devrait étre fixée trés rapidement.
[18] En effet, le Tribunal est d’avis que les Demanderesses ont rencontré les
critéres mentionnés précédemment, en démontrant une urgence réelle et immédiate,
une apparence de droit possible, soit l'existence d’au moins une «question sérieuse»,
et un préjudice sérieux ou irréparable, la balance des inconvénients penchant
définitivement en leur faveur.
[19] Cette «question sérieuse» vise plus précisément la compétence méme de la
Ville car, en adoptant les Dispositions ltigieuses, lesquelles semblent inconciliables |
avec d'autres dispositions législatives, la Ville pourrait avoir outrepassé le cadre de sa
compétence. |
[20] Aussi, par 'emploi de mots vagues et ambigus, la Ville a amplifié le sérieux du
probléme, au point ol certaines des Dispositions litigieuses soulévent plus de
questions qu'elles n’apportent de réponses.
4. DISCUSSION
4.1 Urgence réelle et immédiate
[21] Le Tribunal est d’avis que le critére de 'urgence est rencontré du seul fait que
le Réglement soit entré en vigueur le 3 octobre 2016, @ Oh01, le jour méme de
audition de la demande de sursis, obligeant dés lors les Demanderesses a respecter
les Dispositions itigieuses, alors qu'elles soulévent de sérieux arguments pour
contester leur validité.
[22] Tel que mentionné précédemment, le Réglement fut adopté par la Ville le 27
septembre 2016 et, dés le 28 septembre 2016, les Demanderesses déposaient la
Demande afin d’étre présentée pour adjudication le 29 septembre 2016.
[23] _Malheureusement, aucun juge n’était alors disponible pour procéder a audition
de la Demande, et elle fut donc reportée au lundi 3 octobre 2016, 4 9h00.
[24] II est définitivement approprié pour le Tribunal d'intervenir, du moins sur une
base provisoire, par 'émission d'une ordonnance de sursis, vu obligation des
Demanderesses de respecter, depuis 0h01 le 3 octobre 2016, les Dispositions
litigieuses.
[25] Le défaut d’ainsi surseoir a l'entrée en vigueur des Dispositions
pourrait dailleurs rendre le débat plutét académique, vu que les Demanderesses
devraient alors respecter les Dispositions litigieuses d’ici au jugement final sur la500-17-095764-166 Page 6
Demande, et ce, avec toutes les conséquences que cela implique, et le fait que
certaines des Dispositions litigieuses sont vagues et ambigties, et donc difficilement
applicables.
4.2 Apparence de droit (question sérieuse sur la compétence de la Ville)
424
positions législatives
[26] En 2015, le Iégislateur québécois a adopté la Loi sur le bien-étre et la sécurité
de animal (la «LBSA»), prévoyant, d'entrée de jeu, ce qui suit :
«4, Toute disposition d'une loi accordant un pouvoir & une
municipalité ou toute disposition d'un réglement adopté par une
municipalité, inconciliable avec une disposition de la présente loi
ou d'un de ses réglements, est inopérante.
ll en est de méme pour les dispositions des normes ou codes de
pratiques dont (application est rendue obligatoire par le
gouvernement conformément au paragraphe 3° de l'article 64.»
(le Tribunal souligne)
[27] La LBSA prévoit diverses dispositions afin d'assurer le bien-étre et la sécurité
de I'animal, incluant les soins propres a ses impératifs biologiques®.
[28] Ainsi, il est défendu de faire en sorte qu'un animal soit en détresse’et, afin
déviter quill en soit ainsi, des obligations sont imposées, entre autres, & tout
propriétaire ou gardien d'un animal®, et a un médecin vétérinaire qui a des motifs
raisonnables de croire qu'il en est ainsi®.
[29] Parallélement, l'article 898.1 du Code civil du Québec («C.c.@.») prévoit ce qui
suit :
«Les animaux ne sont pas des biens. Ils sont des étres doués de
sensibilité et ils ont des impératits biologiques. Outre les
dispositions des lois particuliéres qui les protégent, les
dispositions du présent code et de toute autre loi relatives aux
biens leur sont néanmoins applicables.»
SRLAQ, ¢. 83.4
°LBSA, ant. 5
7 (BSA, an. 6
°LBSA, ant. 8
°LBSA, ant. 14500-17-095764-166 Page 7
[30] Par ailleurs, l'article 63 de la Loi sur les compétences municipales’” (la «
[48] Le Réglement définit un «chien interdit»"® comme suit : |
«chien interdit» :
1° _uncchien dangereux;
2° un chien de type Pit bull dont le gardien_ne_posséde
pas de permis spécial de garde d'un chien de type Pit
bull conformément au présent réglement;
3° —_uncchien hybride;
4° un chien non stériisé au 31 décembre 2019, a
exception d'un chien qui ne peut étre stérlisé sur avis
écrit d'un médecin vétérinaire ou dun chien
reproducteur dont le gardien détient une preuve
denregistrement d'une association de races reconnue;
5° un chien non muni d'une micropuce au 31 décembre |
2019;
(le Tribunal souligne)
[49] Par ailleurs, le Régiement prévoit linterdiction «a toute personne de posséder,
d'étre en possession ou de garder en captivite & quelque fin que ce soit un «chien
interdit»»
[50] Ainsi, il est interdit de garder un «chien de type Pit bull», & moins de détenir,
dans un certain délai, un permis spécial de garde a cet effet, sujet aux conditions
contraignantes des articles 16 a 18 du Réglement.
[51] A détaut d’ainsi obtempérer, le chien en question sera considéré au méme titre |
qu'un «chien dangereux», et il sera interdit, et ce, méme s'il ne représente aucun
danger.
(52] Est-ce conciliable avec les dispositions, entre autres, de la LSBA et du C.c.Q.?
[53] La Ville soumet que le pouvoir qui lui est attribué par l'article 63 de la LCM”?
d’«éliminer tout animal [...] dangereux» lui permet de définir la portée et 'étendue de
'S Réglement, 12" alinéa.
"” Réglement, art. 3, 1” alinéa, par. 1°
*® Par, [30] de ce jugement.500-17-095764-166 Page 11
cette mission, ce qui inclurait, selon elle, le pouvoir d’éliminer ou interdire un animal
qui n’est pas dangereux, mais qui pourrait éventuellement devenir dangereux.
[64] _ Mais, tout animal peut devenir dangereux!
[55] _Cest, selon la Ville, de la prévention en matiére de sécurité, et elle prend donc
des mesures, jugées appropriées selon elle, a I'encontre des chiens qu'elle considére
les plus susceptibles de devenir dangereux, soit les «chiens de type Pit bull».
[56] Ces mesures comprennent, entre autres, les suivantes
a. Depuis l'entrée en vigueur du Réglement, tout «chien de type Pit bull»
doit étre muselé en tout temps, peu importe ou il se trouve, et ce, jusqu’a
lobtention d'un permis de garde d'un «chien de type Pit bull»'®.
Suite A un commentaire du Tribunal a ce sujet, la Ville a reconnu que
cette disposition ne devrait pas s‘appliquer lorsque l'animal se trouve a
Vintérieur d'un batiment. Par inadvertance, les mots «lorsque l'animal se
trouve a 'extérieur d’un batiment» n‘ont pas été incorporés a cet article,
comme ils ont été a l'article 17, 1® alinéa du Réglement.
La Ville a confirmé que cette situation sera corrigée a la premiére
occasion et, d'ici la, des instructions et directives auraient été données &
qui de droit
Par ailleurs, la preuve révéle que le musellement n'est pas sans risque et
quill cause souvent des problémes de comportement™, surtout lorsqu’un
chien n’a jamais été muselé
b. _Depuis entrée en vigueur du Réglement, il est interdit de faire
acquisition d'un «chien de type Pit bull»?
Il est interdit de garder un «chien de type Pit bull» sans permis spécial de
garde”, || semble que cette disposition soit en vigueur depuis l'entrée en
vigueur du Réglement, et ce, méme si un délai est prévu pour l'obtention
dudit permis.
Des conditions contraignantes” sont imposées pour 'obtention d'un tel
permis, incluant le musellement en tout temps lorsque animal se trouve
@ l'extérieur d'un batiment™.
Régiement, art. 55.
® Déclaration-Carriére, par. 35 — 37; Déctaration-Robert, par. 53 ~ 56.
% Réglement, ant. 16, 2="* alinéa, par. 7° a)
® Reglement, art. 28, 1” alinéa, par. 12
® Regiment, SOUS-SECTION 1, art. 16 ~ 18.500-17-095764-166 Page 12 |
|
Aussi, un permis spécial de garde est incessible et non transférable, sauf
dans le cas de décés du gardien et a certaines conditions™*.
Si le permis spécial de garde est révoqué, l’animal doit étre euthanasié”.
d. —Depuis entrée en vigueur du Réglement, la mise en adoption d'un
«chien de type Pit bull» est interdite et 'autorité compétente peut méme
ordonner que l'animal soit euthanasié””.
e. — Depuis entrée en vigueur du Réglement, la reprise de possession par
les propriétaires de «chiens de type Pit bull» errants ou perdus est
interdite® et, vu que la mise en adoption est interdite, ils devront alors
étre euthanasiés™.
[57] _ Tout aussi louable que puisse étre l'objectif de la Ville de prévention en matiére
de sécurité, le Tribunal a eu la nette impression que certains articles du Réglement
avaient été rédigés a la hate, en réaction a un récent événement malheureux, et que
cet empressement avait fait perdre de vue un autre objectif, tout aussi louable, global,
soit la sécurité de tous, face a tout chien, et ce, peu importe sa race ou sa catégorie.
[58] Crest ce quia d’ailleurs poussé le Tribunal a suggérer a la Ville qu'un retour a la
table a dessin serait peut-étre a envisager afin de revoir la formulation de certains
articles du Réglement.
[59] Ce serait aussi l'occasion d’éliminer les aspects vagues et ambigus qui ont été
notés et qui mettent davantage en évidence la question reliée a la compétence de la
Ville @ adopter de telles Dispositions litigieuses.
[60] Tel que mentionné précédemment, il s‘agit d'une question sérieuse a étre
décidée, non dans le cadre de la présente demande de sursis, mais plutét dans le
cadre d'une audition au mérite de la Demande, laquelle devrait étre fixée le plus
rapidement possible.
[61] _ A cette occasion, les autres questions soulevées par les Demanderesses dans
leur Demande pourront alors étre débattues.
2 Réglement, art. 17, alinéa 1, par. 1.
® Reglement, art. 16, Sime et Giéme alinéa.
2 Raglement, art. 17, 2" alinéa.
2” Réglement, art. 44, 1” et 3°” alinéa
% Réglement, art. 45, ter alinéa.
* Déclaration-Carriére, par. 39 et 40.500-17-095764-166 Page 13
4.3 Préjudice sérieux ou irréparable, et balance des inconvénients
[62] Le Tribunal est d’avis que si l'ordonnance de sursis n'est pas émise et que les
Demanderesses doivent respecter les Dispositions litigieuses, alors il sera créé un état
de fait ou de droit de nature a rendre inefficace le jugement au fond relativement & la
validité de telles dispositions.
[63] _Méme sil y a sursis de entrée en vigueur des dispositions du Réglement visant
spécifiquement les «chiens de type Pit bull», il n'en demeure pas moins que tout tel
type de chien est quand méme un chien, visé par les autres dispositions du
Réglement, comme tout autre chien.
{64] La Ville a soumis que tout préjudice pouvant étre subi par les Demanderesses
pourrait étre compensé, le cas échéant, par loctroi de dommages, et quill était
essentiel de maintenir, pour linstant, l'entrée en vigueur des Dispositions litigieuses,
autrement, il pourrait y avoir des événements malheureux causés par des «chiens de
type Pit bull»
[65] _ Le Tribunal ne partage nullement cette position.
[66] Si la présente situation existe, elle résulte du texte méme des Dispositions
litigieuses que la Ville a adoptées, et ce, peut-étre sans en avoir la compétence et en
contravention des dispositions, entre autres, de la LSBA et du C.c.Q.
[67] 11 est donc primordial et essentiel que cette question sérieuse soit tranchée,
avant d'obliger toute personne a respecter les Dispositions litigieuses.
[68] L’octroi de dommages n'a méme pas a étre envisagé dans de telles
circonstances.
[69] _Le Tribunal est donc d'avis que la prépondérance des inconvénients au niveau
du préjudice sérieux ou irréparable penche définitivement en faveur des
Demanderesses.
5. CONCLUSION
[70] Le Tribunal maintiendra donc le sursis de l'entrée en vigueur des Dispositions
litigicuses ordonné par rordonnance de sauvegarde du 3 octobre 2016, et ce, pour
valoir jusqu’a la décision finale sur la Demande.
{71] _ Les Dispositions litigieuses sont les suivantes :
a. _ ladéfinition des mots «chien de type Pit bull» de l'article 1, 10" alinéa;
b. le paragraphe 2° de la détinition des mots «chien interdit» de article 1,
12" alinéa;500-17-095764-166 Page 14
c. la SOUS-SECTION 1 (PERMIS SPECIAL DE GARDE D’UN CHIEN DE
TYPE PIT BULL) de la SECTION IV (PERMIS SPECIAUX DE GARDE);
d. la référence aux mots «ou d'un chien de type Pit bull» du paragraphe 5°
du 2°” alinéa de l'article 19;
e. la référence aux mots «ou de type Pit Bull [sic]» du 2*"* alinéa de
article 27;
fla référence aux mots «de type Pit Bull [sic}> du 3°" alinéa de larticle
44;
9. la référence aux mots «de type Pit Bull [sic] de l'article 45;
h. Particle 55; et
i. de fagon générale, et ce, afin de pallier a tout oubli_ dans lénumération
des Dispositions litigieuses, toute référence dans le Réglement aux mots
«chien de type Pit bull»
[72] Vu l'urgence, le Tribunal ordonnera aussi 'exécution provisoire de ce jugement
nonobstant appel.
[73] Enfin, le Tribunal invite les parties et leurs procureurs a convenir d'un
échéancier serré pour le déroulement des prochaines étapes de ce dossier, afin quill
soit procédé le plus rapidement possible a l'audition au mérite de la Demande.
POUR CES MOTIFS, LE TRIBUNAL :
[74] ACCUEILLE en partie la demande de sursis des Demanderesses;
[75] MAINTIENT lordonnance de sauvegarde du 3 octobre 2016;
[76] ORDONNE le sursis de lentrée en vigueur des Dispositions Iitigieuses
suivantes du Réglement sur le contréle des animaux (le «Réglement»)”, pour
valoir jusqu’a la décision finale sur la Demande
a. __ladéfinition des mots «chien de type Pit bull» de larticle 1, 10°" alinéa;
b. le paragraphe 2° de la définition des mots «chien interdit» de article 1,
12° alinéa;
RAV, ¢. C10,500-17-095764-166 Page 15
¢. la SOUS-SECTION 1 (PERMIS SPECIAL DE GARDE D’UN CHIEN DE
TYPE PIT BULL) de la SECTION IV (PERMIS SPECIAUX DE GARDE);
d. la référence aux mots «ou d'un chien de type Pit bull» du paragraphe 5°
du 2°" alinéa de l'article 19;
e. la référence aux mots «ou de type Pit Bull [sic]» du 2°”* alinéa de
article 27;
f, la référence aux mots «de type Pit Bull [sic]» du 3*"* alinéa de article
44;
Q. __laréférence aux mots «de type Pit Bull [sic] de l'article 45;
h. — Farticle 55; et
i. de fagon générale, et ce, afin de pallier tout oubli dans l'énumération
des Dispositions litigieuses, toute référence dans le Réglement aux mots
«chien de type Pit bull»;
[77] ORDONNE I’exécution provisoire de ce jugement nonobstant appel;
[78] LE TOUT, frais de justice a suivre.
C4utes (wren ses
Louis J. Gout
Mes Sibel Ataogul et Marie-Claude St-Amant
Melangon Marceau Grenier et Sciortino
Procureurs des Demanderesses
Mes René Cadieux et Justina Di Fazio
Blake, Cassels & Graydon
et
Me Ghislain Quimet
Dagenais, Gagnier, Biron
Procureurs de la Défenderesse
Date d'audience: 3 octobre 2016