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Clinique
INTRODUCTION
Rachel Silski
La psychiatrie contemporaine, dans sa manitre d'appré-
hender la folie humaine, multiplie les troubles, comme en
témoigne le Manuel diagnostique de UAssociation psychiatrique
américaine. La clinique du trouble est supposée étre descriptive,
athéorique de dysfonctionnements quil sagirait de traiter, voire
déliminer par des techniques et des médicaments & chaque fois
spécifiques. Or, du point de vue de la psychanalyse, le symptéme,
aussi aberrant que cela puisse paraitre, possede aussi un caractere
‘pour ainsi dire fonctionnel, puisqu'il senracine dans les vicissi-
tudes relationnelles et existentielles du sujet, impliquant une
pulsion fondamentale, quia sa manivre il traite. Comme Alfredo
Zenoni le souligne, les racines dudit « trouble » dépassent large-
ment les limites de la fonction concernée, Elles renvoient & une
configuration globale quil sagit de reconstituer et dont le trouble
est un symptéme. Des lors, Vapproche clinique structurale du
symptéme, dans sa nature pulsionnelle, modifie radicalement
Vabord de la psychose. C'est pourquoi Alfiedo Zenoni propose au
clinicien d’étre d’abord a Vécole de la psychose. Et cest de ld,
comme nous le verrons au travers des textes, qu'une orientation
pragnatique précise pour l'accompagnement du sujet psychotique
pourra se dégager.
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« La psychose hors déclenchement »
La psychose nest pas liée it une fixation & un stade. Elle est
du registre de la structure. Loin détre assimilable au champ des
démences (et des dégénérescences), elle n'en est pas moins au
méme titre que la névrose, déterminée par Vordre symbolique,
dans ses fonctionnements et ses fuilles. Mettre V'accent sur la
dimension de la jouissance en renouvelle la clinique et saccom-
pagne pour le clinicien d'une attention plus soutenue aux solu-
tions élaborées par le sujet lui-méme.
« La construction dans la clinique des psychoses »
La perspective analytique séloigne du registre de Vexplica-
tion et de la comprehension pour saisir, transversalement a cette
opposition, la double dimension clinique du cas. Avec la causa-
lité psychique avancée par la psychanalyse, la structure ordonne
le singulier de la jouissance du sujet. Mais on sera attentif au fait
que des phénomenes semblables peuvent relever de structures
subjectives difféventes. Cela aura deus conséquences majeures :
dune part, Vabandon de Vabord déficitaire de la psychose ;
dautre part, la disponibilité a linédit et @ Vinclassable.
« La mesure de la psychose, Note sur ladite schizophrénie »
Lhypothese est ici que la psychose enseigne la psychanalyse &
partir du champ de ladite schizophrénie, en tant quill est paradig-
‘matique, dans ses manifestations différentes, d'une « inexistence de
T'Autre » qui est de structure. On verra, & partir de riches vignettes
cliniques, comment, dans des formes variées, les solutions et les
inventions du sujet schizophréne pour parer & cette inexistence
peuvent inspirer une pragmatique de Vaccompagnement du sujet
oit la dimension de la jowissance est prise en compte.
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primé par un viClinique ”7
« Troubles de Vénonciation »
Ce texte montre combien U'appréhension clinique trouve des
reperes plus fins dans la réference a la théorie du neeud des trois
registres du Réel, de l'Tmaginaire et du Symbolique, de Jacques
Lacan. Elle autorise un relevé des signes infimes qui permettent
de situer une position subjective psychotique qui n'est plus simple-
ment assimilable i la présence des traits symptomatiques retenus
par la psychiatrie classique.
« Quand Venfant réalise Vobjet »
Lauteur présente « le syndrome de Miinchhausen par procu-
ration », exemplaire de la psychiatrie actuelle, et nous en propose
une lecture @ la lumitre de la psychanalyse. Nous voyons
comment, en passant de la nosographie du trouble a la catégorie
du symptéme, il prend en compte a la fois la structure du sujet et
la dimension de sa responsabilité en tant que telle. Il rappelle
comment la pulsion est en cause dans la maniere dont un sujet
organise son rapport a objet, en tant quelle est « détachée de
toute référence & un soubassement biologique ». La satisfaction
pulsionnelle est d'un tout autre registre que la satisfaction d'un
besoin vital. La logique de la pulsion et celle de la jouissance
sinscrivent dans un au-dela du bien-étre du sujet avec des consé-
quences parfois dramatiques.
« Je veux une maman” »
Ce texte aborde la question des effets de Vimaginaire et des
impasses de travail lors de la rencontre avec un sujet en institu-
tion. Un sujet psychotique, dans sa radicalité, peut mettre une
dquipe a Vépreuve. Une fois prise en compte la nécessité logique
du repérage de la structure du sujet @ travers une clinique du
détail et de la position subjective, lengagement dans une orien-
tation de travail peut se mettre en place. On verra comment
celle-ci ne peut faire abstraction de Vimplication de plusieurs
praticiens,
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Impr98. Liautre pratique clinique
Lorientation dégagée par ces textes sécarte done de toute
perspective visant & simplement obtenir une éradication du
‘pathologique. Elle propose, au contraire, de savoir repérer en
quoi tel ou tel élément symptomatique peut déja constituer une
ébauche de traitement, et de savoir sen servir, en la transfor-
mant, afin dassurer une modification et un apaisement de ce qui
est en cause dans sa souffiance.