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Voile intégral dans l'espace public : le juste milieu !

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Le débat sur l¶identité nationale voulu par le président de la République - et organisé par son
gouvernement - et plus particulièrement celui qui porte sur l¶exercice des libertés religieuses ont pris
ces derniers mois une tournure inquiétante. Avec une fixation toute particulière sur le port du voile
intégral dans l¶espace public.
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Nous souhaitons mettre d¶emblée l¶accent sur une évidence : nous ne sommes pas dans un débat sur
le goût, mais bien dans un débat sur le droit.
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Dans ce débat, il est indispensable que chacun garde à l¶esprit le cadre juridique qui organise
l¶exercice des libertés religieuses sur le territoire de la République. Il s¶agit des articles 9, 14 et 17 de
la Convention européenne des droits de l¶Homme, de l¶article 1er de la Constitution, de l¶article 1er de
la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l¶Etat et de la législation anti-
discrimination directement inspirée du droit communautaire européen.c
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Ce cadre établi, il est possible d'envisager certaines restrictions légales, pour autant que le but
poursuivi par le législateur soit légitime et que la mesure soit proportionnée, que le principe de non-
discrimination soit respecté et que cela n'aboutisse pas à une destruction des droits protégés.
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De notre point de vue, seuls deux éléments sont à retenir : la sécurité publique au regard du critère de
l¶identifiabilité ± et non de la reconnaissabilité ± de chaque citoyen (devoir décliner son identité si
nécessaire et dans des circonstances déterminées) et l¶importance ± pas l¶obligation ± du maintien du
lien social.
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L¶interdiction de toute tenue vestimentaire couvrant intégralement le corps dans l¶espace public a ceci
de disproportionnée qu'il n'a jamais été démontré adéquatement que le port du voile intégral
représente en soi un danger pour la sécurité publique, la protection de l¶ordre, de la santé ou de la
moralité publics, ou encore la protection des droits et libertés d¶autrui.
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Le critère de la dignité ne peut servir de fondement à pareille interdiction : la puissance publique ne
peut nullement se substituer aux personnes afin de se faire juge de leur dignité. Le contraire
reviendrait à créer une querelle théorique entre les principes de liberté et de dignité, alors que la
liberté doit permettre de développer sa propre conception de la dignité, dans le respect des balises
prévues à l'article 9.2 de la Convention. Cela reviendrait à supprimer le principe de liberté.c
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Loin d¶être une affirmation du principe d¶égalité entre les hommes et les femmes, une loi d¶interdiction
générale du port du voile intégral dans l¶espace public en constitue une rupture, dans la mesure où
elle prive une femme qui le souhaite du droit d¶exercer cette liberté.
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Si la laïcité est un principe constitutionnel, il ne nous semble nullement être de nature à justifier une
interdiction générale. Au contraire, ce principe doit conduire à la préservation des principes de liberté
et d¶égalité et non à leur négation. Il emporte l'obligation pour l'Etat de protéger le pluralisme et non de
le limiter. De plus, une telle interdiction générale violerait le principe de proportionnalité et le prescrit
des articles 14, 17 et 18 de la Convention.
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En vertu du principe de séparation du religieux et du politique, et conformément à la jurisprudence
établie de la Cour européenne des droits de l'Homme, il ne revient pas à l¶Etat de définir le contenu
d¶une pratique religieuse ou de se prononcer sur la validité ou la légitimité des croyances religieuses
ou des modalités d¶expression de celles-ci. De façon générale, constitue une pratique religieuse la
pratique qui est qualifiée comme telle par la personne concernée.
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Ces différents principes ont été rappelés par la Cour dans l¶arrêt Ahmet Arslan c. Turquie du 23 février
2010 donnant raison à des requérants qui avaient été sanctionnés pour la tenue vestimentaire qu'ils
portaient dans des lieux publics ouverts à tous.
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Initiative rendue publique le 05 juillet 2010 par le groupe de travail neutralite.fr Page c
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La Cour a relevé qu'« il ne ressort pas du dossier que la façon dont les requérants ont manifesté leurs
croyances par une tenue spécifique constituait ou risquait de constituer une menace pour l'ordre
public ou une pression sur autrui ». Quant à la thèse d'un éventuel prosélytisme dans le chef des
requérants, la Cour a observé qu'« aucun élément du dossier ne montre que les requérants avaient
tenté de faire subir des pressions abusives aux passants dans les voies et places publiques dans un
désir de promouvoir leurs convictions religieuses ».
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Dès lors, la Cour a estimé qu'en l'espèce la nécessité de la restriction litigieuse ne se trouve pas
établie de manière convaincante. L¶interdiction des signes religieux dans l¶espace public n¶est possible
que dans un contexte de prosélytisme abusif.
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Devant la mobilisation déraisonnable et disproportionnée de l'appareil législatif, la nécessité du rappel
des principes fondamentaux de la démocratie et du cadre juridique existant s'impose à nous.c
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C'est le double objectif poursuivi par une proposition de circulaire (disponible sur www.neutralite.fr)
que nous transmettons aux membres de l¶Assemblée nationale et du Sénat. Elle rencontre selon nous
les réserves exprimées par le Conseil d¶Etat dans son rapport rendu public le 30 mars dernier. Elle
constitue à nos yeux le moyen le plus approprié pour assurer le nécessaire équilibre entre garantie de
la sécurité publique et respect des libertés individuelles.c
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Dans le cadre du groupe de travail neutralite.fr :c
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Abdelghani BEN MOUSSA, militant anti-discriminationsc
Christine DELPHY, auteure et chercheusec
Hajer MISSAOUI, juriste spécialiste des droits de l¶Hommec
Inès WOUTERS, avocate spécialiste des droits de l¶Hommec
Ismahane CHOUDER, auteure et militantec
Jean BAUBEROT, historien et sociologuec
Laurent LEVY, essayistec
Lila CHAREF, avocatec
Mehmet SAYGIN, juristec
Nora MISSAOUI, chargée de communicationc
Pierre TEVANIAN, enseignantc
Samy DEBAH, historien

Paris le 5 juillet 2010c

Initiative rendue publique le 05 juillet 2010 par le groupe de travail neutralite.fr c


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