Qui na pas de rivage et qui na pas de cime, tait l, morne, immense ; et rien ny remuait. Je me sentais perdu dans linfini muet. 5 Au fond, travers lombre, impntrable voile, On apercevait Dieu comme une sombre toile. Je mcriai : Mon me, mon me ! il faudrait, Pour traverser ce gouffre o nul bord napparat, Et pour quen cette nuit jusqu ton Dieu tu marches, 10 Btir un pont gant sur des millions darches. Qui le pourra jamais ? Personne ! deuil ! effroi ! Pleure ! Un fantme blanc se dressa devant moi Pendant que je jetais sur lombre un il dalarme, Et ce fantme avait la forme dune larme ; 15 Ctait un front de vierge avec des mains denfant ; Il ressemblait au lys que la blancheur dfend ; Ses mains en se joignant faisaient de la lumire. Il me montra labme o va toute poussire, Si profond, que jamais un cho ny rpond ; 20 Et me dit : Si tu veux je btirai le pont. Vers ce ple inconnu je levai ma paupire. Quel est ton nom ? lui dis-je. Il me dit : La prire. Victor Hugo, Les Contemplations, 1856.
Questions
1- Etudiez la qualit et le genre des rimes dalarme/larme et
denfant/dfend . (2+2) 2- En vous aidant des verbes, dlimitez le texte en deux parties et proposez des titres chacune. (2) 3- Quelles sont les deux figures de style employes au vers 6 ? Analysez leur effet. (4) 4- Quelle est la tonalit du texte ? Justifiez votre rponse par trois aspects au minimum. (4) 5- Par quel moyen le pote relie-t-il les vers 1 et 2 ? Que veut-il renforcer par ce procd ? (2) 6- Expliquez la relation que le pote tablit entre le titre et dernier mot du pome. (2) 7- Quelle est la porte de ce pome ? Justifiez votre rponse en cinq lignes au maximum. (2)