Les Trophées: un recueil de poèmes parnassiens de José-Maria de Heredia, comprenant la quasi-totalité de son oeuvre
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Le recueil est composé de 7 parties ; les trois premières suivent un ordre chronologique :
La Grèce et la Sicile (39 sonnets)
Rome et les barbares (23 sonnets)
Le Moyen Âge et la Renaissance (25 sonnets)
L'Orient et les Tropiques (9 sonnets)
La nature et le rêve (22 sonnets)
Romancero (3 poèmes)
Les Conquérants de l'Or (1 poème)
Ce recueil, composé presque tout entier de sonnets, se divise en plusieurs groupes : la Grèce et la Sicile, Rome et les Barbares, Moyen âge et Renaissance, Orient et Tropiques, la Nature et le Rêve. Il porte à un très haut degré les qualités essentielles du Parnasse. D'abord l'impersonnalité, car le poète, sensible à la seule émotion du beau, ne nous laisse connaître de soi-même que la précision de son regard et la sûreté de sa main. Ensuite, l'exactitude scientifique; car, dans ces sonnets où il résume les diverses formes de civilisation, il n'y a aucun détail qui ne soit authentique. Enfin, le culte de l'art et de la forme; car nul autre poète ne fut jamais plus correct et plus pur, n'allia si bien la rectitude et la précision à l'éclat.
José-Maria de Heredia
José-Maria de Heredia, né le 22 novembre 1842 à Cuba et mort le 3 octobre 1905 en France, est un homme de lettres d'origine cubaine. Il a été naturalisé français en 1893. Son oeuvre poétique a fait de lui l'un des maîtres du mouvement parnassien. "Les Trophées" est publié en 1893 chez Lemerre.
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Les Trophées - José-Maria de Heredia
Sommaire
La Grèce et la Sicile
L’oubli
Hercule et les Centaures
Némée
Stymphale
Nessus
La Centauresse
Centaures et Lapithes
Fuite de Centaures
La naissance d’Aphrodite
Jason et Médée
Artémis et les Nymphes
Artémis
La chasse
Nymphée
Pan
Le bain des Nymphes
Le vase
Ariane
Bacchanale
Le Réveil d’un Dieu
La Magicienne
Sphinx
Marsyas
Persée et Andromède
Andromède au monstre
Persée et Andromède
Le ravissement d’Andromède
Épigrammes et bucoliques
Le Chevrier
Les Bergers
Épigramme votive
Épigramme funéraire
Le Naufragé
La Prière du Mort
L’Esclave
Le Laboureur
À Hermès Criophore
La Jeune Morte
Regilla
Le Coureur
Le Cocher
Sur l’Othrys
Rome et les Barbares
Pour le vaisseau de Virgile
Villula
La Flûte
À Sextius
Hortorum Deus
I
II
III
IV
V
Le Tepidarium
Tranquillus
Lupercus
La Trebbia
Après Cannes
À un Triomphateur
Antoine et Cléopatre
Le Cydnus
Soir de bataille
Antoine et Cléopatre
Sonnets épigraphiques
Le vœu
La Source
Le Dieu Hêtre
Aux Montagnes Divines
L’Exilée
Le Moyen Âge et la Renaissance
Vitrail
Épiphanie
Le Huchier de Nazareth
L’Estoc
Médaille
Suivant Pétrarque
Sur le Livre des Amours de Pierre de Ronsard
La belle Viole
Épitaphe
Vélin doré
La Dogaresse
Sur le Pont-Vieux
Le vieil Orfèvre
L’Épée
À Claudius Popelin
Émail
Rêves d’Émail
Les Conquérants
Les Conquérants
Jouvence
Le Tombeau du Conquérant
Carolo Quinto imperante
L’Ancêtre
À un Fondateur de ville
Au Même
À une Ville morte
L’Orient et les Tropiques
La vision de Khèm
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Le Prisonnier
Le Samouraï
Le Daïmio
Fleurs de Feu
Fleur séculaire
Le Récif de corail
La Nature et le Rêve
Médaille antique
Les Funérailles
Vendange
La Sieste
La Mer de Bretagne
Un Peintre
Bretagne
Floridum Mare
Soleil couchant
Maris Stella
Le Bain
Blason Céleste
Armor
Mer montante
Brise marine
La Conque
Le Lit
La mort de l’Aigle
Plus Ultra
La Vie des Morts
Au Tragédien E. Rossi
Michel-Ange
Sur un Marbre brisé
Romancero
Le Serrement de mains
La revanche de Diego Laynez
Le Triomphe du Cid
Les Conquérants de l’Or
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Chapitre VI
La Grèce et la Sicile
L’oubli
Le temple est en ruine au haut du promontoire.
Et la Mort a mêlé, dans ce fauve terrain,
Les Déesses de marbre et les Héros d’airain
Dont l’herbe solitaire ensevelit la gloire.
Seul, parfois, un bouvier menant ses buffles boire,
De sa conque où soupire un antique refrain
Emplissant le ciel calme et l’horizon marin,
Sur l’azur infini dresse sa forme noire.
La Terre maternelle et douce aux anciens Dieux,
Fait à chaque printemps, vainement éloquente,
Au chapiteau brisé verdir une autre acanthe ;
Mais l’Homme indifférent au rêve des aïeux
Écoute sans frémir, du fond des nuits sereines,
La Mer qui se lamente en pleurant les Sirènes.
Hercule et les Centaures
Némée
Depuis que le Dompteur entra dans la forêt
En suivant sur le sol la formidable empreinte,
Seul, un rugissement a trahi leur étreinte.
Tout s’est tu. Le soleil s’abîme et disparaît.
À travers le hallier, la ronce et le guéret,
Le pâtre épouvanté qui s’enfuit vers Tirynthe
Se tourne, et voit d’un œil élargi par la crainte
Surgir au bord des bois le grand fauve en arrêt.
Il s’écrie. Il a vu la terreur de Némée
Qui sur le ciel sanglant ouvre sa gueule armée,
Et la crinière éparse et les sinistres crocs ;
Car l’ombre grandissante avec le crépuscule
Fait, sous l’horrible peau qui flotte autour d’Hercule,
Mêlant l’homme à la bête, un monstrueux héros.
Stymphale
Et partout devant lui, par milliers, les oiseaux,
De la berge fangeuse où le Héros dévale,
S’envolèrent, ainsi qu’une brusque rafale,
Sur le lugubre lac dont clapotaient les eaux.
D’autres, d’un vol plus bas croisant leurs noirs réseaux,
Frôlaient le front baisé par les lèvres d’Omphale,
Quand, ajustant au nerf la flèche triomphale,
L’Archer superbe fit un pas dans les roseaux.
Et dès lors, du nuage effarouché qu’il crible,
Avec des cris stridents, plut une pluie horrible
Que l’éclair meurtrier rayait de traits de feu.
Enfin, le Soleil vit, à travers ces nuées
Où son arc avait fait d’éclatantes trouées,
Hercule tout sanglant sourire au grand ciel bleu.
Nessus
Du temps que je vivais à mes frères pareil
Et comme eux ignorant d’un sort meilleur ou pire,
Les monts Thessaliens étaient mon vague empire
Et leurs torrents glacés lavaient mon poil vermeil.
Tel j’ai grandi, beau, libre, heureux, sous le soleil ;
Seule, éparse dans l’air que ma narine aspire,
La chaleureuse odeur des cavales d’Épire
inquiétait parfois ma course ou mon sommeil.
Mais depuis que j’ai vu l’Épouse triomphale
Sourire entre les bras de l’Archer de Stymphale,
Le désir me harcèle et hérisse mes crins ;
Car un Dieu, maudit soit le nom dont il se nomme !
A mêlé dans le sang enfiévré de mes reins
Au rut de l’étalon l’amour qui dompte l’homme.
La Centauresse
Jadis, à travers bois, rocs, torrents et vallons
Errait le fier troupeau des Centaures sans nombre ;
Sur leurs flancs le soleil se jouait avec l’ombre,
Ils mêlaient leurs crins noirs parmi nos cheveux blonds.
L’été fleurit en vain l’herbe. Nous la foulons
Seules. L’antre est désert que la broussaille encombre ;
Et parfois je me prends, dans la nuit chaude et sombre,
À frémir à l’appel lointain des étalons.
Car la race de jour en jour diminuée
Des fils prodigieux qu’engendra la Nuée,
Nous délaisse et poursuit la Femme éperdument.
C’est que leur amour même aux brutes nous ravale ;
Le cri qu’il nous arrache est un hennissement,
Et leur désir en nous n’étreint que la cavale.
Centaures et Lapithes
La foule nuptiale au festin s’est ruée,
Centaures et guerriers ivres, hardis et beaux ;
Et la chair héroïque, au reflet des flambeaux,
Se mêle au poil ardent des fils de la Nuée.
Rires, tumulte... Un cri !... L’Épouse polluée
Que presse un noir poitrail, sous la pourpre en lambeaux
Se débat, et l’airain sonne au choc des sabots
Et la table s’écroule à travers la huée.
Alors celui pour qui le plus grand est un nain,
Se lève. Sur son crâne, un mufle léonin
Se fronce, hérissé de crins d’or. C’est Hercule.
Et d’un bout de la salle immense à l’autre bout,
Dompté par