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OUVRAGES DU MEME AUTEUR La crise des études classiques en France, Leipzig, Teubner, 1913. La linguistique ou science du langage. Paris, Geuthner, deuxiéme ‘dition, 1943. Lexique de terminologie linguistique, Paris, Geuthner, troisitme ‘dition, 1954 Introduction au latin, Pavis, Les Belles Lettres, 2 éd., 1954 La linguistique et Censeignement du latin, Paria, Les Belles Léttres, troisidme édition, 1943 La prononciation du latin. Pari Edition, 1943. La traduction du latin, Paris, Les Belles Lettres, cinquitme édi- tion, 1963, Récréations latines. Pavis, Didier, 1944. Place du pronom personnel sujet en latin. Pari, Champion, 1907. Lordre des mots dans la phrase latine, t. 1: Les groupes nomi- rnauz. Paris, Champion, 1922; t. II: Le verbe. Les Belles Lettres, 1935; t. IIT: Les articulations de Uénoncé. Wbid,, 1950. La phrase & verbe tre » en latin. Paris, Geuthoer, 1910. Le participe présent latin & Uépoque républicaine. Paris, Cham- pion, 1910, Traité de stylistique latine. Paris, Les Belles Lettres, cinquiéme dition, 1962. Tarence, dition G. Budé, toxte ot tradvetion, 3 volumes. Paris, Les Belles Lettres, 1943-1969. Précis de stylistique francaise. Paris, Masson, quatriéme édition, 1950. ‘Quelgues aspects de la formation du lotin littéraire. Pa sieck, 1949. Aspects du francais, Paris, Masson, deuxidme édition, £963. Dix années de bibliographic classique. Bibliographie critique et ‘analytique de Vantiquté gréco-latine pour les années 1914-1924. Paris, Les Belles Lettres, 1927. L'Anréo philologiyue, suite du précédent, publiée année par an- née depuis 1924. Paris, Les Belles Lettres. Les Belles Lettres, troisiéme + Klinck- I XFb bod COLLECTION D'ETUDES LATINES SOCIETE DES ETUDES LATINES J. Marovriae Sime répacociovr ne LA TRADUCTION DU LATIN CONSEILS PRATIQUES PROGRAMME ET PUBLICATIONS DE LA SOCIETE DES ETUDES LATINES a Société des Etudes lations, fondée en 1923 per M. 1. Maroutens, « pour objet de grouper les personnes qui sialérennt aux cludes Intines * Francais et Aeangers, membres des dférents ordren denvcigaemen, savant, éludanta, humanists, représentants des diverseedisipines Les seasces de la Soviet son! consacréas A des cominynicaions et disevsions ‘sur les sujet es pls variés,touchant la ence el Fenseignement lain La Revue des fades latines pubic les Complerrendas des séanes, dela So ‘it, une Chronique des tudes Iatines, des arcs originaux el un Balllinertigoe 14 eat racensés [es ouvragesrdcemment parua a Revue est envoy gratuitement aux membres dele Scité des Eudes latin (colstion annvelie : 20°F supplément de & F pour Teranges) {es adbtsions doivent dtr adresées & FAdiinistrateur M.M. Dean, 5, quai de Bethune, Paris, 1, Les ctatios. en manda chigue bancaire ou chéque posal (comple de cheques postu n> $80.54, Pars), ala Trescriore Siew'S, Novcanes, 174, arene de Clichy, Paria, XVII. Les clleivién:Biblitbéques, Sicidtés, Revues a, peuvent vebonner (30 F ur Ie France, 32 pour Tétranger) en vadressant Tediteor Socidédédion « Les Belles Leties», 99, boalevard Mapai, Pari, VP. Une Goitection d'studes latinen comprend bce jour lee ouvragen suivants A. Sine sainenoue 1:4, Manovteus, La linguittique et Tensignement du latin, 2 éttion (Spine LEA. Woe Gnoor, La prove métrigue dt ancins (épuiss. .Fatoen, Réprtoire des indea et levigus acura latins (pus). ‘A Gunarats, Pline ef la ee itraire de son lempe (€pula 1.6. Ncout, Zerorigines du eure (ep). NIA. Pn, fatal surf srulure dramatigue des comédis de Ploute Spine : A Goussaes, Lorginalitede Virgil le mdtods lari antius nue VIM: P. Fao, Réperoire de ins de scl etcommentates gui) IX:P. Peanocuar, Recherches sur la valeur et emplet de Tina epee) In, Lint de naraton en latin (pie 4 Guat, Recherches eur le ews ablares (puis). A. Manone, Trailé de stjltque laine, 9 io, ‘A. Gonseais, Le publi fle ee lilérair & Rome (puis 1 Manoceec, Lorde des mote dana (a phrase latin: Le tert (puis, .Pannocnas, Prone, Le Pestin de Trimalion. Commentaie Spuiee ‘A Connes, Le wocabulaire épique dans nde (opine, 3. Fras, L'eolation Kbraire de ald dugua (epaad, lo. Saint duguatin rhlewr (epuins), £4, Asonms, Elude sur les sigles de pertomnages chez Prence (puis, £A-Lores, Sidoine dpollinare of esprit priieus en Gaul oguies, BH. Le Bowe, Biligraphie de Pline Cancion A Macoetany, ductortas princi, + Paanoctar, Las modales recs de Salle (Spud). 43: Manoureas, ordre des mos, tll: Les articulations de Unonce. V1. Penner, Recherches sur le teste de le German 4M. Gaocer, Les leure de Sallate & Clue, +H. Srany, Dae el detinataire de t'« Hiteire Augue», MC. Rewnsco, Cizéron ef Thsoire romaine 1 axon, Le dilopue antique :trueture cl prsenation, , Séme rtsusoaiooe 4, Masonnsay, La pronnciation ds lain, Ein, sin. 1a traduction latin, 8° Eon MP. Dawas, La prononciaion« frangaie» du latin (6puitd. IW:1, Manooten, Introduction latin, 2 dition, WV 4, Couns, Sroidion ef structure de la langue laline (pie). Ntsl: Manocteas, ordre der mat en latin, volume compldmestaie, VIT: J. Maroceta, Du latin ev ramen es commandes de volumes doivent ttre adreeeen & Védivour ‘Sovité Cetin «Les Beles Leties», 93, blend spat, Parts (Ve) LA TRADUCTION DU LATIN CONSEILS PRATIQUES AVANT-PROPOS DE LA PREMIERE EDITION Traduire n'est pas un art; c'est plutét, sinon une science, du moins une technique, qui comporte, avec un fonds solide de connaissances, une méthode rigoureuse. Or, des connais- sances s'acquiérent, une méthode s'apprend. Le petit volume que voici « pour objet d'enseigner, dans la mesure du pos sible, la technique de la traduction. Mais ily a traduire et traduire. Le vulgarisateur, Uhomme de lettres, Uhumaniste, qui veut faire connattre & un large public Vceuore d'un auteur, vise avant tout & réaliser une traduction daire, aisée, vivante, qui ne demande pas au lec- teur Vejfort de se placer au point de cue de Vauteur, mais qui ‘au contraire met Veuore traduite a la portée du tcsteur; de cette traduction, qui peut s'accommoder de quelque désinvol- ture, il no sera pas question ici. Hine cera pas question non plus de ce genre de traduction ‘ow plutst de transposition que pratique un professeur dans son enseignement, un commentateur dans ses notes, qui a pour objet essentiel de faire apparattre sous le vétement de Ja traduction Vossature du texte : construction, procédés syn- tazxiques, idiotismes ; c'est la un procédé d'explication, non de présentation des cusres. La préoccupation qui a inspiré ce petit livre est surtout ordre pratique; c'est de répondre aux: besoins de ceux & qui organisation actuelle des ezamens impose comme tdcke prin- 6 avant-rnoros cipale une épreuve de version : éléves des lycées, étudiants des Facultés, qui sans cesse demandent & leurs professeurs : " Qu'attend-on de nous aur examens? Comment devons-nous comprendre Vexercice de traduction? » La traduction du latin comporte des difficultés particu- lidres. Le latin diffdre du francais plus que toute autre langue enseignée dans les classes. Pour des raisons historiques ot linguistiques assez faciles& apercevoir (développement paral- Lele des civilisations, relations politiques et sociales, échanges et interpéndtrations réciproques), les langues modernes de U Europe occidentale présentent avec le francais des analogies telles que souvent il sufft de transposer les constructions, les rots, les idiotismes mémes, pour obtenir un sens et une forme cceptables. Quand il s'agit du latin, au contraire, langue Pune culture et d'une mentalitétrés bloignée dela nétre, fixée a un stade de développement trés antérieur 4 nous, il est exceptionnel que la traduetion puisse étre un calque de Vori- ssinal ; elle en doit étre d’ordinaire une transposition. La phrase latine apparatt d'abord comme un assemblage de mots sans suite et suns lien, qu'il faut avant tout replacer dans un ordre convenatle, Ceci fait, la traduction littérale qu'on tire de cet arrangement n'est le plus souvent qu'un Jargon obscur et puéril. Pour chaque mot en particulier, le dictionnaire, dont les articles sont d’autant plus longs que les mots sont plus simples, offre tant de possibilités de tra- duetions qu'on ne sait laquelle choisir ; pour les tours de Phrase, la grammaire en explique le mécanisme sans en pro- poser de traduction. Avec sur sa table une bonne grammaire et un bon dictionnaire, Péléve ext loin @avoir ce qu'il lui faut pour traduire un terte latin méme facile. Il lui manque Avanr-rnopos 7 un guide qui entre deus langues séparées par mille obstacles lui facilite le passage. Un tel guide ne peut guire s'adresser a telle ou telle caté- sgorie d'lives en particulier : commengants, retardataires ow. Atudianis 1éja formés. La limite est difficile & tracer entre ces categories, et tel candidat & la licence, qui a beaucoup sinon 4 apprendre, du moins & réformer dans ce qu'il a appris, pourra faire son profit de conseils destinés aur débutants. Je adresse donc ici aux éléves de latin en bloc et leur offre ces ages en laissant d chacun d’euz le soin d’y chercher conseil 4 sa mesure. AVANT-PROPOS DE LA DEUXIEME EDITION Qui a cherché dans cet ouerage un Manuel de la traduetion aura &é dégu. Il n'a pas été dans ma pensée d'y poser toutes les questions et d’y grouper tous les enseignements néces- saires, Surtout je n'ai pas pritendu dispenser les élives de chercher dans leurs ouvrages de classe les connaissances qui doivent étre a la base de tout exercice de traduction. Jai che de prévoir les principales diffieutés qu’'ils peuvent ren- contrer, de parer & leurs erreurs les plus grossires et les plus jréquentes. Je n'ai pas songé é dire complet, j'ai essayé d'étre pratique. Ce petit ousrage ne doit étre qu'un livre d'appoint tun guide; c'est beaucoup sit peut aider a tirer parti de ce quenseignent les manuels scolaires. A Vexpérience, depuis la premiére édition, il m'est apparu cependant qu'on pouvait en développer certaines parties, tou- jours sans empiéter sur la matiére des manuels en usage. Je Pai quelque peu augmenté, c enrichi dexplications e Cexemples ; pour cette tache, j'ai été grandement aidé par un de mes anciens éléves, M. 0. Chennevelle, qui, ayant fait Pépreuve de ce petit livre dans son enseignement, m'a proposé utiles corrections ow additions. AVANT-PROPOS DES TROISIEME ET QUATRIEME EDITIONS A revoir une fois de plus cet opuscule, je n'ai trouvé que peu de changements ou d'aiditions & y apporter; jy ai seu- Jement incorporé quelques passages dun Rapport que j'avais résenté en 1985 & un Congrés de U Association Guillaume Budé, et que j'ai publié avee quelque développement dans la Revue des études latines, 1987, p. 155 et suiv. AVANT-PROPOS DE LA CINQUIEME EDITION Une nowvelle révision ne m’a suggéré aucune correction cessentielle; aprés plus de irente ans, j'ai Limpression que les problémes demeurent inchangés, et que les recelles pro- posées pour les résoudre sont peut-tire encore valable. NOTE PRELIMINAIRE On trouvera dans ces pages le latin écrit conformément a usage des anciens et de certains éditeurs modernes : au lieu de j et +, qui sont des innovations de Ia Renaissance, i et w sont employs en fonction de consonne (iam, uot) aussi bien que de voyelle (tiam, twos}; on doit donner & ces lettres leur prononciation Tatine, en articulant i consonne comme I'y dans yeur, et u consonne comme ow anglais dans wattman. On profitera de ces deux corrections pour rectifier aussi sur autres points la prononciation traditionnelle du latin : u voyelle se prononce ou; les deux voyelles sont perceptibles dans les diphtongues ae, au, eu; c, g, { n'altérent pas leur prononciation devant i et ¢, s‘articulant dans fagi comme dans fagus, dans ‘epi comme dans eapio, dans ratio comme dans rotus; ¢ n'est jameis adouci en + (causa = caussa); g garde se prononciation intacte devant n (agnus comme agmen); m et n ne nasalisent pas la voyelle qui précéde, de fagon que le méme prétive est recon naissable dans inops et dans insanus, dans immensus et dans im- portunus, Sur les détails et le raison d'etre de cee régles, on pourra con: sulter J. Marouzeau, La prononciation du latin, &* édition, Pats, Les Belles Lettres, 1955. I. CONSEILS GENERAUX 4. Au moment de rédiger des conseils pour la tradue- tion, je serais tenté d’en donner d’abord de négatifs. est vrai que l'apprenti traducteur a beaueoup & apprendre, il n’a peut-dtre pas moins & désapprendre. Souvent, il péche moins par ignorance que par l'effet de mauvaises habi- tudes et de méthodes erronées. Avant d’apprendre ce qu'il doit faire pour bien traduire, il a besoin d'étre mis en garde contre ee qu'il ne doit pas faire. 2. Ha d’abord & désapprendre Pacceptation de Vabsurde. Lehabitude paresseuse de chercher le sens par recours & un mot & mot littéral conduit I'éléve s'accommoder souvent de calques puérils et ridicules. S'il n'arrive pas & tirer un sens de la transposition rudimentaire a laqueile le conduit cette méthode, il s’en lave les mains, et laisse & auteur latin la responsabilité des sottises qu'il lui fait dire. Sans doute, les difficultés du latin sont telles que 'éleve est parfois excusable de renoncer & les résoudre ; mais son attitude doit étre au moins de recaler les limites du renonee- ‘ment. 3. Ce qui revient d’ordinaire & sinterdire la hite et 'im- patience. Il faut viter @abord la hite & traduire. Car, par une sorte de disposition diabolique de l'esprit, Péléve se laisse entrainer couramment & traduire avant de comprendre. La traduction lui est suggérée en vertu d’une sorte d’auto- matisme et de réflexe qui le fait aller par une démarche directe de Pénoncé latin & ’énoneé francais, du mot au 4 conseins cnénaux mot. Or, il doit se résigner & passer par un intermédiaire, qui est le sens. La démarche est & deux temps : aller Aabord des mots latins au sens, puis du sens aux mots fran- sais, Eriter non moins 1a hite & comprendre. Se méfier du pre- mier sens qui se présente & 'esprit. Attendre, avant de se prononcer, qu'on ait en mains tous les éléments d’inter- prétation. Ne pas supposer le probléme résolu, pour plier ensuite les données & la solution. Autrement dit, résister & Pintaition, qui est la pire ennemie de W'intelligence, et en quelque maniére un aspect prestigieux de l’étourderie. Ne pas croire que ce qu'il y a dans une phrase, c’est nécessai- rement ce qu’on s'attend & y trouver. Tenir en horreur la formule : «Ga doit étre ga quill a voulu dire. » 4, Au reste, ces précautions prises, on se gardera encore de V'espoir que chaque phrase, méme méthodiquement abordée, puisse livrer aussitdt son secret. Il y aura des arréts, des efforts vains, des obstacles infranchissabl Que faire alors? — Ne pas s'obstiner, mais ruser. Atta- quer Pobstacle de biais, et méme par derriére. Crest-a-dire, si la vole choisie dabord conduit & une impasse, en essayer une autre; si l'on a commencé par le verbe, ten- ter l'accts de la phrase par le sujet, par le régime, etc. Puis, aller chercher du secours dans In suite du texto, em- prunter aux phrases comprises la lumiare qu’elles peuvent procurer, se servir du facile et de Pélucidé pour attaquer le difficile et "obseur. En somme, épargner les efforts irritants et désespérés, ‘se réserver pour les efforts méthodiques et efficaces ; pra- tiquer cette discipline de l'esprit sera a la fois le meilleur adjuvant et le plus sr bénéfice de la traduction. Il. LA CONSTRUCTION 5. La langue des textes qu'on explique dans les classes est une langue bien écrite. Profitons-en. La phrase latine porte en elle-méme son explication, qu'il faut dégager en réalisant ce qui s'appelle la construction grammaticale, Seulement, la construction ne s’improvise pas. Elle sup- pose une exacte connaissance des formes (déclinaison et con- jugaison) et de Ia syntaxe (accord, subordination, réle et sens des conjonctions). On perdrait son temps a vouloir débrouiller une construction sans la connaissance imper- turbable des éléments de la grammaire. — Isouen tes Propositions 6. Quand l'éléve étudie sa grammaire, on le conduit prudemment du simple au compliqué, tandis que, quand il se trouve en face d'un texte, efest du comptiqué quill doit partir, c'est le compliqué qu'il doit ramener au simple. Il commencera done par isoler les propositions. Une phrase complexe se compose théoriquement : d’une proposition qui énonce le fait ou 'idée principale, ot d'une ou plusieurs autres qui énoncent les idées ou circonstances accessoires, subordonnées 4 la principale, aépendantes par rapport a elle. I] faut lire la phrase avec la préoceupa- tion de reconnaitre au passage les subordonnants, qui nous in- diquent & peu prés les limites de chaque proposition. I] sera bon de les souligner ou de les marquer'd’un signe & mesure qu’on les repére. Chaque fois qu’on rencontre un subordonnant, ne pas 16 La consraverion en perdre le souvenir avant d’étre arrivé au verbe qu'il nous annonce ; ce verbe trouvé, la proposition est définie ; un trait joignant le verbe & son subordonnant fixera le chemin parcouru de 'un & autre, et on se préparera a la rencontre du prochain subordonnant : Non is homo est | qui wmguam dissimulet | quid uere sentiat = « il n'est pas un homme qui dissimulerait jamais (il n’est pas homme a ja- ‘mais dissimuler} ce qu’il pense vraiment », 7. Souvent les propositions chevauchent les unes sur les autres : Non is homo est ovr quid were sentiat umquam pis- siuvcer, La premiére subordonnée est annoneée par le su- hordonnant gui; mais, avant qu’elle ne regoive son verbe, tune deuxiéme est amoreée par un nouveau subordonnant, quid, qui regoit aussitdt le sien (sentiat); il reste & attribuer le verbe restant dissimulet au subordonnant resté en sus- pens qui. C’est ict surtout qu’un systéme de traits joi- gnant deux & deux les termes construits ensemble peut atre utile : [Non is homo est gu quid were senuat umquam dissin, | Pour des cas plus complexes, voir les par. 27 et suiv. 8. Il peut arriver, mais rarement, qu'une subordonnée n’ait pas de subordonnant; on la reconnait alors A ce que son verbe est au mode qui exprime essentiellement Ia dé- pendance, le subjonctif : sino eas = je permets (que) tu ailles ; fac audiant = fais (en sorte qu'jils entendent, caue cadas = prends garde (que tu ne) tombes = de ne pas tomber. Beaucoup de propositions dépendantes ont leur verbe & Vinfinitif ; c’est 1 une des tournures les plus originales ct les plus fréquentes de la langue latine, dont on peut se faire une idée par la tournure frangaise : Je vous vois venir, ou par telle phrase imitée directement du latin : Je la crois étre morte (Corneille) = Ilam credo esse mortuam. SOLER LES PROPOSITIONS "7 Cette construction est aussi fréquente en latin qu'elle est rare en francais. On notera que Ie sujet de Finfinitit, qui se met & Paceusatif, est normalement exprimé, méme s'il ne rest pas en frangais dans le phrase correspondante : credit se esse Deatum = il se croit étre heureux = il eroit étre heureux. 410. Il n'est pas’ impossible que le verbe de Ia principale soit lui-méme an subjonetif; subjonetif exprimant un ordre : ueniat = (j‘ordonne) qu'il vienne ; un souhait : waleas (je souhaite) que tii te portes bien ; une permission : abeat {je permets) qu'il s’en alle ; une hypothése : dicat quis (je suppose) que quelqu’un dise ; une atténuation : ue- lim = (Javoue que) je voudrais ; nitit : infinitif d’exclamation : te non dicere (est-il possible que) tu ne dises pas la vérité ! — de narration : ridere omnes = tous de rire. Noter que le subjonetit tient liew de Vimpératif aux per- sonnes oft celui-ci fait défaut : caueant consules = que les consuls prennent garde. 11, Enfin, une proposition peut n'avoir pas de verbe ex- primé : c'est que ou bien une forme du verbe « étre » est sous-entendue (omnia praeclara rara — toutes les belles choses sont rares, factum = c'est fait}, ou bien le verbe est le méme que celui d'une proposition. voisine et symé- trique (multi potentes, pauci humiles laudant = beaucoup vantent les. puissants, peu les humbles). Il arrive aussi qu’on doive se laisser guider par le con- texte pour rétablir un verbe sous-entendu : Quo tu? (quo est l'adverbe interrogatif de lieu désignant le liew ot Ton va) = ot vas-tu? — Ne plura = pour n’en pas dire plus. Parmi les phrases sans verbe exprimé, noter les exela- matives, dans lesquelles le terme sur lequel porte 'excla- mation est fréquemment & Paceusatif : 0 magnum homi- nem! = 6 le grand homme! 18 La constavction B. — RecoNNAtTRE LES FORMES GRAMMATICALES 12. Les propositions isolées, il reste & s'orienter dans Vin- térieur de chacune dees. Ici, premiére difficulté propre au latin : en frangais c'est la place des mots qui indique le réle quiils jouent dans la phrase ; le verbe est précédé de son sujet et suivi de son régime : le pére | aime | le fils. Au contraire, en latin, les trois mots pater diligit filium peuvent prendre théoriquement toutes les positions sans que le réle de chacun d’eux en soit ni modifié ni obscurci, p- ex. : filium pater diligit. L'indication du réle que joue chaque mot dans la phrase est fournie par les désinences. Crest Ia finale, sorte d’étiquette du mot, qu'il faut d’abord interroger. 13. Beaucoup de désinences sont trompeuses et demandent a étre interprétées avec le plus grand soin. ‘On n’oubliera pas que les mots neutres ont méme dési- nence a Vaccusatif qu’au nominatif : templum, opus, ete. ; — que le génitif des mots en -ius et -ium se présente parfois sous deux formes : -ii et -i, de sorte que benefici peut étre le génitif de beneficus et de beneficium ; — que laccusatif pluriel de certains substantifs et ad- jectifs de la 3¢ déclinaison est parfois en -is : nauis, omnis ; — que les démonstratifs (hic, iste, ile) et certains pro- noms ou adjectifs trés usuels (is, ipse, unus, alter, tolus) font leur génitif en -ius (huius,... totius, ete.) et non pas en -i, leur datif en -i (uni,... alteri) et non pas en -0. Pour les conjugaisons, on notera que la 1¥*, qui a pour voyelle caractéristique a, a son subjonctif en e : amare, ‘amet, tandis que la 3°, qui est en e, a son subjonctif en a : Legere, legat. La caractéristique -er- (temps formés sur le parfait) resemble au radical que présente le verbe étre & Vimparfait et au futur : eram = j’étais, ero = je serai, si bien qu’on confond souvent Vimparfait des composés de sum (p. ex. deerat, imparfait de de-sum) et le plus-que-partait, ‘uns FORE GRAMMATICALES 19 des autres verbes (p. ex. dederat, plus-que-parfait de do). 414, Certaines désinences ont des valeurs multiples : bonae est-il génitif ou datif singulier, ou nominatif pluriel? bona nominatif ou ablatif (éminin singulier ou nominatif-ace satif neutre pluriel? Romae est-il génitif, datif ou local Une désinence -re peut indiquer : un infinitif actif (amare), tune 3¢ pers. plur, du parfait (amauerunt ou amauere), une 2¢ pers. sing. du passif (amaris ou amare). On confond souvent Ie subjonctif présent et le futur dans les conjugaisons autres que la 1 et la 2¢, car ils ont une 4° personne commune : capiam, legam, audiam ; mais ils se distinguent aux autres personnes : subjonctif capias, futur capies. On confond le présent uénit avec le parfait ué- nit, si Yon n'est pas prévenu que le la est bref et ici long. n confond souvent le futur antérieur et le subjonctif parfait aux personnes autres que la 1" : amaueris, amauerit, ete. d'ordinaire le tour de phrase indique suffisamment si le subjonctif est justifiable. 15. Quelques caractéristiques sont obscurcies dans les formes dites réduites : un parfait amauisti a pour doublet amasti; amauissem : amassem; amauerim : amarim no- uisse : nosse; nouerunt : norunt, ete. Pour restituer la forme compléte, ajouter la syllabe -ui- ou -ue- 16. Aprés avoir appris les temps les plus usuels, on s'exercera dans un texto & reconnaltre les diverses caractéristiques, en se reportant pour chaque cas douteux & la grammaire et au dic- tionnaire. Pratiquement, lorsque la langue offre diverses possibilités, on sera guidé dans le choix a faire par les données du contexte et les exigences du sens. 47. I] est des formes verbales dont on méconnatt sou- vent la nature. Ce sont d’abord les formes périphrastiques, composées d'un participe et du verbe « étre » employé comme auxiliaire : factum est = ila été fait. Peu importe que Pausiliaire soit préeédé, suivi, ou aéparé du participe : id dic- 20 LA consrnverion tum est = id est dictum = dictum id est. Done, quand dans une méme phrase on trouve a peu de distance une forme du verbe étre et un participe, il faut essayer de les joindre pour voir s'ils ne constituent pas ensemble un temps com- posé. (Ne pas oublier qu’en dépit des apparences amatus est est un passé et signifie non pas il est aimé, mais il a été aimé.) Dans ces formes composées, le verhe « tre » est assez sou- vent sous-entendu (ef. par. 11) : factum = [c'est] fait. Done le participe tout seul peut représenter le verbe d’une pro- position principale. 18. En présence d’un verbe de forme passive, il faut se demander s'il n'est pas un déponent (consulter le diction- naire), qui peut se construire comme un verbe actif : imi tatur magistrum = il imite son maitre. En particulier, noter que le participe @un déponent, malgré son apparence de passif et de passé, a In valeur @un actif et @un présent : imitatus = imitant, secutus = suivant. 49. Certains verbes intransitifs peuvent prendre Ia forme passive en devenant impersonnels : wentum est = on est venu ; sic itur = ainsi Pon va. C. — Dérinm es rarronts sywraxrques 20. Quand nous savons : 1° isoler les propositions dans la phrase; 2° dans la proposition interpréter Ia forme grammaticale de chacun des termes essentiels : verbe, sujet, régimes, il ne reste plus qu’a construire selon ces données, c'est-a-dire & attribuer & chaque mot son rOle dans ta phrases 24, Gardons-nous bien de la tendance invincible & com- mencer par le premier mot qui se présente ; allons tout de suite au verbe, car il nous aidera a reconnaitre les deux autres @éments de la proposition : sujet et régime ou attribut. 22. Du sujet, le verbo nous indique 1a personne, le nombre, as narronts sywTaxiquas a parfois le genre. [Uli hie capti sunt : le pluriel capti sunt nous oblige & prendre pour sujet non pas hic qui est un sin gulier, mais le pluriel ili = ils ont été pris ; hic ne pouvant as étre ici un nominatif, nous devrons lui donner la seule autre valeur qu'il puisse avoir, celle d’un adverbe de liew pris ici. 23. Du régime, il nous indique le eas : chaque fois qu’on cherche un verbe dans le dictionnaire, observer quelle construction il comporte, sans se laisser influencer par celle du francais, qui peut étre différente ; génitif = poti- tur regni = il prend le pouvoir; datif : fauet amicis = il favorise ses amis; ablatif : utitur clementia = il emploie la clémence ; double accusatif : docet grammaticam discipu- los = il enseigne la grammaire a ses éléves, Certains verbes admettant deux constructions diffé- rentes, il faudra quelquefois envisager deux régimes pos- sibles ; dans : urbe relicta potitur arcis = la ville aban- donnée, il s'empare de la citadelle, on pourrait construire potitur avec V'ablatif urbe aussi bien qu'avec le génitit arcis ; mais alors arcis resterait en suspens, Prendre garde que le complément dun verbe passit, qui se met normalement & V'ablatif soit seul (uictus morbo = vaineu par la maladie), soit avec préposition (uictus a Caesare = vaineu par César), est construit au datif dans certains cas, par exemple si le verbe se présente sous la forme du participe en -ndus : hoc est tibi tentandum doit étre tenté par toi. ceci 24, Latiribut peut n’étre pas au mémo cas que le sujet : on Je trouve au génitif (de prix, de qualité, d'apparte- nance) : pluris esse = étre de plus grande (valeur) ; ma- gnae uirtutis esse = etre d’un grand mérite; est boni uiri = il est d'un honnéte homme ; — su datif (d’attribu- tion) : esse odio = étre & haine = étre un objet de haine ; — Al'ablatif (de caractérisation) : esse magna statura = étre de grande taille. 2 2A CONSTRUCTION 25. Le sujet prend quelguefois le genre de Pattribut, par ‘exemple quand il est un démonstratif ou un relatif : haee (au lieu de hoc) est sapientis uita = ceci est la vie du sage s — quae (au lieu de quod) uocatur sapientia = ce qui s’ap- pelle sagesse, 26. Pour le verbe « tre», souvent deux constructions sont pos- sibles : causa iustissima est = le motif est tres légitime (verbe attributif), ou : il y aun motif tres légitime (verbe aexistence). Pour d'autres constructions possibles du verbe « étre » consulter la grammaire ou le dictionnaire : est quod. ily a de quoi... ; est tanti = la chose en vaut la peine, ete. Noter la construction typique : sunt qui credant (subjonctif obligatoire) = il y a des gens qui croient. 27. Possédant verbe, sujet, régime, il ne reste plus qu’a grouper autour deux leurs appartenants : rattacher aux subs- tantifs (sujet, régime ou attribut) les adjectifs, participes, etc., qui s'y rapportent ; rapprocher du verbe l'adverbe, les locutions adverbiales, déterminations locales, tempo- relles, de maniére, ete. : milites-nostri | magnd-copia-are sgenti | illo-die | in-urbe-hostium | potiti-sunt = nos soldats s'emparérent ec jour-la dane la ville ennémie dune grande quantité argent. 28, Pour grouper ainsi les principaux éléments d’une proposition, il ne faut pas oublier que ordre des mots, étant libre, peut tre trompeur, ét que nous devons avant tout nous laisser guider par la forme des désinences. Par exemple, la phrase ci-dessus pourrait devenir a la rigueur, sans que le sens soit modifié : magna argenti copia sunt illo die in hostium urbe nostri milites potti 29, Dans le travail de groupement, ne pas perdre de vue que la conjonction et, deux fois répétée, sert souvent & présenter symétriquement les deux termes d’un énoneé, comme il arrive exceptionnellement en frangais dans les HIATSON DES PROPOSITIONS. 2 phrases du type :« La je retrouverais et 'espoir et l'amour.» ‘Ainsi on prendra garde que, dans une phrase comme : Post- quam sententiam dizit, et inimici diffisi sunt, et amici tacue- runt, le premier et n’introduit pas une addition a la subor- donnée postquam..., mais contient la premiére partie de la principale : «quand il eut exprimé son avis, d’une part ses adversaires se méfigrent, d’autre part ses amis gardérent Ie silence ». Dans le méme ordre d’idées, prendre garde que la con- jonction cum, qui souvent introduit une subordonnée, peut aussi étre une conjonetion de coordination quand elle est mise en paralléle avec tum : diffisi sunt cum inimici, tum amici = se méfitrent non seulement ses adversaires, mais aussi ses amis. 30. Si, avec tous ces beaux conseils on n’arrive pas & débrouiller la construction d’une phrase, il reste encore ‘un moyen désespéré, Commengons par le premier mot de la phrase, et raisonnons de proche en proche : nous rencontrons tun adjectif? il ne peut guére s'entendre sans un substantif qui sera au méme cas et de genre correspondant ; — un ad~ verbe? oi est le verbe qu'il détermine? — un accusatif? oii est le verbe dont il est le régime? — un subjonctif? ot est le subordonnant dont il peut dépendre? — un subor- donnant? oi est Je verbe de la subordonnée? et ainsi de suite. BL. Quelle que soit du reste la méthode de construction qu'on adopte, on doit tirer parti du fait que Ie latin ‘aime les liaisons. Nous disons : il est parti comme il était venu ; I? latin dira de préférence : il est parti dinsi - qu'il était venu, abiit ita-ut venerat, ou bien, en faisant pré- voir das le débitt de la phrase qu'il y aura dans la suite ‘une comparaison : ita abiit ut uenerat, ou méme, avec in- version : ut uenerat ita abiit. Utiliser ces correspondances, dont les principales sont : is qui, ita wt, sic quomodo, adeo % 1A coNsraueTiON us, tam quam, talis qualis, tantus quantus, ideo quia, ibi ubi, prius quam, etc. 32. Exervice de construction (d’aprés une lettre de Pline Je Jeune} (Las ehides mis ates patenthin egvient aux paragraphs da print ooveege) Litters tuis (13) cognoui te Ro- J'ai appris par ta lettee que tu ‘mae (14) distrctam et (28) ablec- a Rome uno vie tiraillee tamentis et negotiis agere (9) ui- entre les plaisis et les affaires ; tt tam (28); eam (30) es assocutus (17 as réalisé celle que tu es souhaitée, et 18) quam (30) optasti(15).Mea La mienne « plus de prix a mes autem mii pluris est (24); nam yeux; car iei loin de la ville je ne bie (22) procul ab urbe nullvs (13) mbitione solicitor, nemini seruio de personne, je ne suis au (23), ita liber ut (34) nemo um- de personne, libre au point qu'il quem cui non imperem occurrat ne se rencontre jamais personne & (7). Despiciant (40) alii mediocri- qui je ne commande. Que d'autres tatem; medioeria me delectant implicté ; les choses Hic (22) est (26) vera uita; ace (25) quies (11), see (25) est vie; cest cela le repos, é'est cela cera felictas; hie (22) cottidie ad le vrai bonheur; ici chaque jour on sepientiam itur (19). Ne plura (14), avsince vers la sagesse. Pour n'en Jhoc(28) welim (10)aliquandootium pas dire plus, je voudrais qu'un ‘experiare (8, 13, 18), quod (31) se- jour ta faases 'expérience de cette mel consecutus (18) praesentia ne- vie de loisirs; elle est telle que, ania duces (8, 14) tune foie que tu l'auras réalisée, 10 tiendras pour vaines tes occupa: tions présentes, 83. Une des grandes difficultés de la construction tient 4 Ja tagon diftérente qu’ont le latin et le francais de dis- poser les éléments dune phrase complexe. En francais, la phrase marche d’un pas égal, d’une allure un peu mono- ‘tone , les propositions successives partant pour ainsi dire toutes du méme pied : if n'est pas homme — a se pronon- cer sur toi d la légére — il ignore — ce que tu as fait. La phrase latine procéde par avances brusques suivies de re- tours, par enchevétrements et par sauts : non is est qui si quae feceris ignoret de te temere iudicet; si bien qu'il peut constaucrions comPLexes 5 étre utile, pour en dégager la marche, d’avoir recours & une disposition artificielle : non is est qui_temere de te iudicet si__—ignoret quae feceris La phrase frangaise, est une suite d’énoneés dont chacun satisfait provisoirement esprit ; la phrase latine pose une série de problémes dont souvent chacun est amoreé avant que le précédent ne soit résolu 34, Soit un début de phrase : [lam optimoruim erant... Voici en premitre place un adjectif, qui, féminin, fait at- tendre un substantif féminin, lequel, accusatif, appellera un verbe régissant ; or, en seconde place, au lieu du subs tantif ou du verbe attendu, voici un second adjectif, mas- culin celui-ta, ot au génitif, destiné par conséquent & étre, avec un substantif a venir, le complément de quelque chose qu'on ignore : avec deux mots, voila quatre questions posées ; le troisitme mot va en soulever une cinquiéme C'est un verbe qui fait attendre un sujet encore insoup- gonné... ; et la phrase continue ainsi, multipliant les incon- nues, si bien qu’il faut souvent avancer trés loin, a travers toutes sortes d'obscurités et de dédales, pour voir enfin apparaitre, parfois & de longs intervalles, les mots qui apportent les solutions attendues. 35. Le passage que voici, emprunté au Pro Archia de Cieéron (2, 3), fournira un excellent exercice de déchiffre- ment : [Ne cui uestrum mirum este uideatur me in quaestione legitima..., cum es agatur apud praetorem populi Remani..., hoc uti genere dicendi quod non modo a consuetudine iudiciorum, uerum etiam a forensi er- ‘mone abhorreat, quaero a uobis uf in hac causa mihi detis hane ueniam, ‘ccommodatam huic reo, uobis, quemadmodum spero, non molestam, ‘ut me, pro summo poeta dicentem, hoe concursu hominuea Litteratise, ‘morum..., patiamini.. in eiuemedi periona quae... minime in ‘traciata ex uti prope nouo quodam et inusitato genere dicendi 6 LA construction Le ne du début, en méme temps qu'il annonce un verhe de tubordon- née (uideatur), fait prévoir une principale dont dépendra ladite subor- donnée ; mais le verbe de la principale (quaero) se fera attendee long- temps; avant qu'il ne vienne, In subordonnée mirum esse uideatur ‘amorce une proposition in bord que le sujet (me), en rejetant au dela d'une nouvelle eubordonnée (cum res ive dont on ne nous sert ‘agatur) le verbe uti, lequel entraine & sa suite une nouvelle subordonnée ‘quod abhorret; le quaer, si longtemps attendu, fait attendre & son tour ‘out un développement qui se dérobe & mesure qu'on en saisit les di- verses articulations : ul... detis Aane weniam.. lo. mee patiamini... i 36. Un moyen pratique de suivre & travers ce laby- inthe le fil de le subordination est de marquer par des signes conventionnels les liaisons et les appartenanees : on sou- ligne d’un trait ou on encadre d'un cercle les mots qui s‘appellent dans la construction : subordonnant ne et verbe subordonné uideatur, antécédent hoc et conséquent, quod, sujet de la proposition infinitive me et verbe & l'in- finitif uti, etc. ; en réunissant deux a deux par des traits ces appartenants, ou en les numérotant, ou en les marquant aun signe au crayon de couleur, on arrivera a s'orien- ter sans trop de peine a travers la phrase la plus compli- quée. 37. Un moyen plus str encore est de transcrire la phrase ‘en s'exergant a disposer les propositions qui Ia constituent dans Jes colonnes dan tableau, Ia premiére colonne & gauche con- tenant la ou les principales, et chacune des colonnes qui se suecédent vers la droite présentant les subordonnées dans lordre 08 chacune vient s'attacher & la précédente. On pourra en outre, pour mieux faire apparaitre les ar- ticulations et les appartenances, employer tels systémes de traits, de fléches, d’accolades que suggérera Vexpé- rience. Voici par exemple comment pourra étre traitée la phrase de Cicéron dont la construction a été commentée au par. 35 : EXENCICE DE coNSrnUCTION a [NE cui uestrum mirum este leat ‘VIDEATUR x ‘ee, in quaestione legitima, x cum res agatur apud practorum pepuli Ro- Sunonponnte hoe uti genere dicendi quod | non modo a consuetudine iudiciorum, uuerum etiam a forensi sermone \ abhorreat, — QVAERO 0 wobie % ‘ut in hac causa mii + ‘accommodatam huie reo, dis hane venta | sobis, quemadmodam speo, non + { motestam, {me pro summo posta dientem Privcirate atin a eivsmod prone | t (quae minime in iudiciie trae fata ext, ttl prope nous quodam et inusitato genere dicendi Trapverion axatyrious DE PEUR QU'—L NE PARAISSE ETONNANT & ‘que moi, dans une action régulitre, quand affair est traitée devant le préteur du peuple romain, ‘Femploie un genre d’éoquence ‘qui #earte non seulement de usage des tribunaux, ‘mais encore du style du forum, JE RECLAME DE VOUS que dans cette conjoncture ‘Yous m’aceordiez cette faveur, appropriée 4 cot accusé, et pour vous, & ce que jespére, non importune, moi, plaidant pour un podte éminent, ‘Yous me laissiez, & propos d'un personnage d'une espdce telle quielle n'a guére été mise en ques- tion dans les tribunaux, employer un genre d'éloquence quelque peu neuf et inuité, quelqu’an dente vous IIL. LE SENS 38. La connaissance de la construction n’améne pas né- cessairement et immédiatement 4 la découverte du sens. Les mots ne se recouvrent pas exectement d’une langue 4 l'autre ; pour un mot latin donné, le dictionnaire offre le choix entre toute une série de sens parfois tres éloignés les uns des autres : & l'article causa on trouvera par exemple principe, motif, occasion, maladie, procés, sujet, mission, parti, état, rapports d’amitié, intérét, besoin, enfin chose (et en ce sens le mot est souvent explétif), pour ne rien dire de l'emploi en postposition (exempli causa = 4 titre d’exemple). L’éléve est tenté de voir la une espece de négligence, d’imperfection et surtout d’arbitraire, qui autoriserait toutes les fantaisies ; mais il doit remarquer que le méme fait se produit pour toutes Jes langues et pour Ja sienne en particulier : qu'il songe aux différentes signi- fications que peut prendre le mot « opérati qu'il est employé par un mathématicien, un chirurgien, un général, etc., le mot « article » dans les expressions : l'ar- ticle féminin, un article de foi, a l'article de la mort, article de Paris, faire V'article ete. 39. Pour éviter V'incertitude qui résulte de ce fait, on doit dés le début prendre Vhabitude de ne jamais traduire lee mots un par un, mais de tenir le dietionnaire ouvert & plu- sicurs endroits & la fois jusqu’a ce que l'un des-mots, sur le sens duquel il n’y aura pas d’hésitation, indique avec évi- dence de quoi il s'agit, et permette de choisir pour les autres mots entre les diverses acceptions possibles. Par ce moyen on n'aura aucun embarras traduire : nullus ‘ MOTS A SENS MULTIPLES 2» effectus sine causa = aucun effet sans cause ; causam orare amici = plaider le proces d’un ami; causam optimatium sequi = prendre le parti de Varistocratie ; acquirendi causa = en vue @acquérir, ete. Cette incertitude est. partie: ement fréquente pour les verbes, dont un grand nombre ont des significations trés étendues : agere, facere, habere, etc., et surtout esse. Quand on rencontre un de ces verbes, il faut immédiate- ment le joindre au mot qui est en rapport avec lui, et le rapprochement fera apparaitre le sens : agere causam == plaider uun procés, — negotium = traiter une affaire, — aetatem passer sa vie, — partes = jouer un réle, — praedem = faire du butin, — iure = actionner en justice, ete. 40. De plus I’éleve doit savoir lire son dietionnaire. Dans Particle causa, les trois derniers alinéas (intérét, chose, besoin) ne contiennent que des exemples empruntés & des textes de lois et la Bible; nous n’en avons que faire pour la traduction de nos textes classiques. Il faut apprendre a interpréter d’abord dans le dictionnaire les références d'auteurs et A ne pas tirer argument par exemple d'un texte emprunté & saint Augustin pour tra- duire du Plaute. 41. Quant aux confusions qui peuvent étre faites entre homonymes soit exacts, comme liber (¢ livre » et « libre »), comme refert («il rapporte », de refero, et «il importe », im- personnel), soit approximatifs, comme quaero (je cherche) et queror (je me plains), c’est affaire d’attention et de ré- flexion. L'attitude du traducteur doit étre de méfiance systématique. Du reste, une partie de ces homonymes dis- paraitront si l'éleve s'avise d'observer les différences de quantité ; par exemple, entre malum = le mal, et milum ja pomme ; léuis = léger, et leuis = poli, uénit = il vient, et wénit = il vint, maniis = la main, et maniis = les mains. Un exercice utile sera de grouper les mots et formes qui 30 a sens prétent a confusion en un tableau qu'on aura constam- ‘ment sous les yeux, fixé par exemple au mur dela chambre ott on travaille. 42. Enfin, dans la recherche du sens, le traducteur doit, lutter sans cesse contre une disposition d’esprit. qui auto- rise toutes les complaisances et toutes les paresses : la diffi culté qu'il éprouve pénétrer la pensée exprimée dans une langue qu’il connait imparfaitement le dispose a croire que cette pensée s’accommode d’A peu prés, d’imprécisions, Wobscurités, sinon de contradictions ; il accepte aisément que l'auteur latin commette des fautes de raisonnement, et il Tui préte en traduisant des inconséquences dont i rougirait pour son propre compte. Il doit s'astreindre a interroger le texte ot & creuser Ie sens jusqu’A ce que soient pleine- ment satistaits Ie bon sens et la logique. 43. L’expérience montre qu'un grand nombre de fautes, ont pour cause V'ignorance’de la valeur des démonstratits, des possessis, de eertaines eonjonetions, des relatts ot indéfinis hic est le démonstratif de Ia 1" personne, de celle qui parle, par conséquent des objets qui sont proches d’elle s dans Pespace, soit dans le temps, soit par la pensée : hic liber = ce livre (qui est & moi, ow : qui est ici, ou : dont je parle en ce moment, ou : dont je vais parler) ; ille est le ‘démonstralit de la 3* personne, ou des objets éloignés, ou des personnes et objets considérés dans le passé, ou dési- gnés avec emphase : ille liber = ce livre (qui est lui, ou : qui est li-bas, ou : dont j’ai parlé, ou : sur lequel j'attire Vattention) ; iste est le démonstratif de la 2* personne : iste liber = ce livre (qui est & vous, dont vous parlez, etc.), ou des personnes et objets qu’on dénigre (iste dans la bouche dun accusateur s’adressant & l'avocat = votre homme). is n'est pas un démonstratit; il ne sert le plus souvent qu’a renvoyer & un objet ou & une personne mentionnés ‘ou connus par ailleurs, avec le sens de «le... en ques tion », et se traduit d’ordinaire simplement par « il » ou PRONOMS £F CONJONCTIONS 3 leo: is wenit = il est venu ; eum uideo = je le vois ; dans certains cas, il a un sens qualificatif, voisin de celui de @tel» : eum amicum uolo qui mihi uerum dicat = je veux il un ami qui me dise la yérité; is est qui libere loquatur est homme & parler frane, 44, Les pronoms personnels et les adjeetits possessits ne sont ‘pas exprimés quand ils ne sont pas indispensables au sens : ueneror patrem = (j')honore (mon) pére ; s'ils sont expri- més, c'est qu’on juge bon d'insister sur la personne et Pap- partenance : ueneratur patrem meum = il honore mon pére, adit suum patrem = il déteste son propre pére ; tu affirmas, eg2 nego = toi, tu aflirmes, moi je nie. On distinguera soigneusement le possessif simple du ré- Aéshi : odit patrem eius = il déteste son pire (= le pire d'un tel), mais : odit patrem suum = il déteste son propre pire (le possesseur est le sujet de l'action). 45. On n'oubliera pas qu'une méme conjonetion p. avoir des sens divers suivant qu’elle est eonstruite avee I dicatit ou le subjonetit. ut, qui avec Vindicatif sert & exprimer une date (quand ou une comparaison (de méme que), indique avec le sub- jonctif une conséquence (de sorte que), une intention (afin que), une concession (en admettant que), ete. (I’équivalent est dans les phrases négatives ut non pour marquer la con- séquence : de sorte que... ne pas, ne pour marquer linten- tion : afin que... ne pas, de peur que... ne). Prendre garde au sens de ita (ou sic) ut = « dans des conditions telles que », qui permet des interprétations variées : ita ambu- lauit ut primus aduenerit = il a si bien marché qu’il est artivé premier ; ita ambulauit ut postremus aduenerit = il si mal marché qu'il est arrivé dernier. Attention de ne pas confondre : ita... ut (ita sere ut metas = seme de facon 4 xécolter), avec ut... ita (ut seueris, ita metes = comme ‘tu auras semé, ainsi tu récolteras = tu récolteras selon ce que tu auras semé). 32 Le sexs ‘cum, qui avec Vindicatif sert & dater avec pr événement soit unique (cum aduenisti = le jour ou tu es arrivé), soit répété (cum loquebatur = toutes les fois qu'il parlait), énonce avec le subjonctif une circonstance expli- cative (cum wellet = comme il voulait, alors qu’il voulait, ou : bien quill voulit). dum, avec Vindicatif = tandis que ; avec le subjoneti pourvu que... Noter l'emploi de indicatit présent : dum tacet, laudabat = en se taisant (= par son silence) il ap- prouvait, . Pour plus de détails sur les différentes conjonctions, voir la grammaire. 46. Ul faut se fixer dans la mémoire que, des trois parti- cules interrogatives usuelles, ne pose une question sans pré- juger de la réponse possible, nonne fait prévoir une ré- ponse affirmative (par oui ou si), num une réponse néga- tive (par non). An, habituellement disjonctif, sert souvent aussi A présenter une hypothése a titre d’objection : An ? dices...? = Ou bien peut-étre diras-tu. Le latin connait une interrogation complexe introduite ordinaire par an wero, qui fait souvent difficulté : An uero Cicero potuit diffidere, Caesar etiam aduersari, mihi non licebit differre sententiam? = Voyons ! (ou : Comment ! ou: Quoi!) Cieéron a pu montrer de la défiance; César méme de Phostilité, et moi je n’aurai pas le droit de différer mon 47, Se familiariser avec V'emploi du relatit qui = qui, le- quel, et des composés : quicumque, quisquis = qui que ce soit qui, tous ceux qui (ne pas confondre avec quisque chacun), si quis = si quelqu’un..., tout homme qui... Souvent il faut le construire avec un antécédent qui n'est pas exprimé : diligo (eos) quos diligis = j'aime ceux que tu aimes (comp. le frangais : gui m’aime me suive). Ne pas confondre le neutre du relatif quod avec a con- jonction quod = parce que; — Vaccusatif féminin quam neLanie 33 avec la conjonction quam avec ladverbe interrogatit fait-il que...? On notera les tours : quid quod...? = que dire du fait, que...? — quod nemo aderat = le fait que personne n’était, Ja; — est quod, non est quod (avec le subjonctif)... = il y a, il n'y a pas liew de ; — quae tua est scientia = étant donné votre savoir; — non is sum qui dicam = je ne suis pas homme a dire ; — quippe qui sciat (toujours le subjonc- tif) = naturellement, lui qui sai Prendre garde aux cas oii le relatif a un sens qualificatif, que signale l'emploi d'un verbe au subjonctif : amici quibus confidat = des amis & qui il puisse se confier. La tournure dignus qui dicat = digne de parler, prend des formes compliquées selon le réle que joue le relatif dans la phrase : dignus a quo pelamus = digne que nous lui demandions, digni quorum mores imitemur = dignes que nous imitions leur conduite. On notera encore la complication de tournures comme : Socrates, quo nemo fuit prudentior, ait... = Socrate, par rapport & qui personne ne fut plus sage = que personne n'a surpassé en sagesse, dit que... ; libertas, quam qui ami- serunt uix' homines dici possunt = la liberté, (qui est telle) que ceux qui Pont perdue méritent & peine le nom hommes. On retiendra les latinismes : prudentior quam ut a no- bis decipiatur = trop avisé pour se laisser tromper par nous ; fuerunt qui dicerent = il s'est trouvé des gens pour dire. Enfin et surtout on remarquera que le relatif n'est souvent qu’en apparence un subordonnant. Il peut servir en effet au début d'une phrase & reprendre un terme de la phrase précédente, & la maniére du frangais « lequel » dans le type de phrase : Lequel a déclaré ne savoir signer. On le traitera alors comme un simple pronom de renvoi : quem (= eum) cum uidissem abii = Vayant vu, je partis. comment se 3% te sexs 48. Il faut s*habituer & grouper, en les fixant dans sa mé- aliquis, quis, quisquam, qui sont les trois formes de V'in- défini, employé ou normalement (aliguis uenit = quel- qu'un est venu), — ou comme enclitique aprés des mots comme si, ul, cum... (si-quis uenerit = si quelqu’un vient), — dans une phrase dubitative-interrogative (uenit quis- quam? = quelqu’un est-il venu?) — ou négative (ueni neo uidi quemquam = je suis venu et n'ai vu per- re murgigue e uigue = « chacun dont second s‘emploie particuliérement aprés une conjonction (ut cimus quisque = quisque), ou avec un superlatif (sapie le plus sage). —les mots qui, avec des nuances variées, & chercher dans le dictionnaire, signifient : — «quelques » : aliqui, aliquot, nonnulli; — «tout »: omnis, totus, cunctus, uniuersus ; — «seulement »; solum, tantum, modo, tantummodo ; — «quoique » : quamquam, quamuis, licet, etsi; — «enfin »: postremo, denique, tandem, demum. 49. Au contraire, on s'appliquera & distinguer : quicumque, quisquis, qui appellent aprés eux un verbe (quicumgue ue- niet = qui que ce soit qui vienne), de quiuis, quilibet, qui n'appellent pas de verbe, parce qu’ils en contiennent déja un (uis = tu veux, libet = il te plait) : elige quemuis = choisis n'importe qui (= celui que tu veux). On distinguera quidam = un (définissable), une sorte de, de aliquis = un (indéfini) ; alius = un autre, de alter = Vautre (de deux) ; alii = d'autres, de ceteri = les autres ; ipse = lui-méme, de idem = le méme ; idem = le méme, de item (adverbe) = de méme ; hic = celui-ci, de hic (ad- verbe) = ici ; quamquam = quoique, de quamuis = & quel point que ce soit que ; — parmi les conjonctions, cum su- hordonnant de cum coordonnant (dans Je groupe : cum manu, tum oculis = tant de la main que des yeux) ; tan- Surin Br céRoNDIP 35 tum marquant une extension (= tellement) de tantum marquant une restriction (= seulement). 50. Le mot le plus élémentaire de la Iangue, la conjone- tion et, fait quelquefois difficulté ; on dit : et pater et filius = et le pire et le fils = le fils aussi bien que le pire (ef. 29). On peut dire : et filium diligo = j’aime le fils aussi (et = etiam), Sénéque subtilise de la maniére suivante : non hoc curandum est, sed et hoc = il faut non pas s’occuper de ceci, mais de ceci aussi, c’est-a-dire : iF faut s’occuper de ceei non pas essentiellement, mais par surcroit. 54, Certaines formes grammaticales sont embarras- santes parce qu’elles n'ont pas de correspondant apparent dans notre langue : Te supin est la forme que prend Pinfinitif dans certaines cons- truetions définies par la grammaire : eo lusum (supin en -um : rapport de mouvement) = je vais jouer; — facile dictu (supin en -u: rapport de qualification) = facile a dire. le gérondif est la forme que prend V'infinitif décliné : nomi tif: discere est difficile = apprendre est malaisé ; géni- tif : cupido discendi = le désir @'apprendre ; datif : aptus discendo = doué pour apprendre; accusatif : paratus ad discondum — disposé a apprendre; ablatif : proficere dis- cendo = profiter en apprenant. 52, Par rapport au gérondif, qui est comme un infinitif substantivé, le participe en -ndus est comme un infinitit ad- Jeetivé, qui peut s'accorder avec un substantif : adest ad dicendam sententiam = il est 1a pour un avis a dire = +++ pour dire son avis ; ef. cupidus uidendae urbis = dési- reux de la ville & voir = désireux de voir la ville ; lassus legendis libris = fatigué de livres a lire = de lie des livres, ete. Dans les exemples qui précédent, l'adjectif en -ndus est construit comme un qualificatif qui accompagne son subs- tantif, Employé comme attribut, il prend une valeur différente, et équivaut & marquer une obligation : laudandum est 36 Le otium = le loisir est d louer = il faut louer le loisir 5 cum dicendum erit = quand il y aura @ parler = quand il faudra parler. 53. On pourra s'aider du sens des prépositions pour re- ‘connaitre le sens des verbes composés : ‘ad et ab marquent respectivement. Papproche et 1s s6- paration; comparer les mots frangais : admission, ablation. in et ex, Pentrée et In sortie; comp. incursion, excursion. de, la descente ou Péloignement; comp. dériver, dévier. re, le retour; comp. retourner. cum, la r6anion, Vaboutissement un état stable; comp. contenir. prae, le fait de devaneers comp. prévenir. per, le fait d’aller jusqu’au bout; comp. persévérer. trans, le passage d'un lien dans un autre ; comp. transplanter, dis, ia répartition ; comp. distribuer. pro et ob, Ie fait de mettre en avant, l'un généralement avec idée favorable, l'autre avec idée défavorable ; comp. proposition, opposition, sub et super, Vidée d’étre en dessous ou en dessus; comp. submerger, superposer. On pourra déduire de Ja, en vérifiant chaque fois dans le dictionnaire pour se rendre compte des déviations pos- sibles et en observant les déformations que subit la prépo- sition, le sens des composés de esse et de ferre : adesse, afferre, abesse, auferre, inesse, inferre, efferre, deesse, deferre, referre, conferre, praeesse, praeferre, per ferre, transferre, differre, prodesse, proferre, obesse, offerre, sufferre, superesse. On reconnaitra, malgré la déformation que subit le verbe simple, capio dans accipio, acceptus; emo dans adimo, ademptus, ete. ‘54. On s'aidera aussi, non pas pour deviner le sens, mais pour s'aider le retenir, des ressemblances entre mots de méme famille; fari signifie parler : on retrouvera le radi- RESSEMBIANCES AVEC LE FRANGATS 37 cal du mot dans : infans = l'enfant (qui ne parle pas) ; jax tum = le destin (ce qui a été proclamé) ; infandus et nefan- dus = indicible; fateri = prononcer, avouer ; fama = la renommée (ce qui se dit) et famosus = livré aux propos; fabula = un conte et fabulari = faire des contes, bavar- der ; facundus = doué de la parole, beau parleur, 55. Mais on prendra garde de ne pas se laisser influen- cer par la ressemblance d’un mot frangais ; le plus souvent ‘un mot atin n’a pas Ie sens du mot frangais quien est aé- rivé : on évitera en principe de traduire ratio (moyen) par raison, auaritia (avidité) par avarice, rudis (grossier) par rude, prudens (avisé) par prudent, tristis (sinistre) par triste, attendere (viser 4) par attendre, iniuria (tort) par injure, crimen (grief) par crime, finire (délimiter) par fi honestus (digne) par honnéte, querela (plainte) par que- relle, fabula (rumeur) par fable, persona (individu) par per- sonne, diuersus (opposé) par divers, iam (désormais) par déja, ete., ete. 56, Si aprés un premier moment de réflexion nous n'apercevons pas le sens d'un mot ou d’une phrase, ne nous y arrétons pas trop, nous égarerions notre attention sur de fausses pistes dont il nous serait ensuite difficile de nous dégager. Surtout n’écrivons pas une traduction que nous soupgonnons d’étre inexacte, en nous réservant dy revenir pour la corriger ; un mot écrit s'impose aux yeux, qui ensuite trompent lesprit. $i aprés réflexion nous ne com- prenons pas, ménageons un blane sur notre brouillon, et passons. Puis, arrivés & un passage od le sens devient clair, nous retournerons aux blancs & remplir, et alors, allant du connu 4 Pinconnu, nous nous serons assuré de nouvelles chances de comprendre. 57. Parfois un mot obseur est expliqué par un mot synonyme ‘ou de Ia méme famille. Soit ce début de lettre : Amor in te ‘meus cogit non ut praecipiam... (pour le verbe praccipere, le dictionnaire nous offre des sens trés divers ; c'est la suite 38 ue sexs qui va nous indiquer lequel il faut choisir)..., neque enim praeceptore eges... ~ I'affection que jai pour toi me pousse non pas a t'instruire, car tu n’as pas besoin d’un instruc- ‘eur... ( praeceptore fait comprendre le praecipiam qui pré= cede). 58. Ou bien c'est uné distinetion entre deux nuances d'une méme idée qui nous aide & préciser le sins d'un mot. Soit la phrase déja citée, qui se continue ainsi : .. non ut praecipiam, sed admoneam tamen = non pas & t'ins- ‘truire, mais a t'avertir ; les deux mots praecipiam et admo- neam s'éclairent ’un par autre. Ou bien c'est un renchérissement, une opposition, une restriction, une explication, etc., qui nous met sur la voie du sens exact. 59, Autant nous devons, pour débrouiller la construc- tion, analyser, morceler, découper notre texte, autant i nous faut, pour trouver le sens, rapprocher, comparer, mettre en rapport les termes qui se ressemblent, qui s’opposent, qui se correspondent. Un mot écrit n'est pas oublié, Pidée qu'il exprime reste un temps présente a esprit de I"éeri- vain ; qu'elle reste aussi présente ou du moins latente dans esprit du traducteur, préte & réapparaftre au premier ap- pel. A propos de chaque mot non compris, appelons & notre se- cours tout ensemble du passage oi il figure. 60. Un exercice fructueux, et qui peut étre amiusant, puisqu'll sort du cadre des devoirs habituels, sera de prendre un texte dont on aura entrevu la construction et le sens général, et d’y rechercher les correspondances dont, i vient d’étre parlé. Iei encore un systéme de signes, de numéros et d'accolades, de traits et de fléches, d'alinéas, @intervalles, rendra la chose sensible a esprit comme aux yeux. Voici un texte, emprunté & Cicéron (Tusculanes, I, 1), qui se préte particuliérement a la recherche des rapports et correspondances : ANALYSE LootquE 39 Meum semper iudicium fuit 1 omnia (ffirmation nos Romanos | aut anvesuses sapientiue quam Graccos générale) wut accepta ab illis rises mexio RA [Nam 40 mores et insituta ultae resque domesticas ac fa- | miliares nos profecto et melius tuemur et lau 29 rem uero publieam nostri maiorescerte melioribus i ‘tomperauerunt et institutis et legibus. (les exemples) | 3° Quid loquar de re militarit In qua cum vinrvre nostri multum ualuerunt, tum plus etiam piscirtixa. 4° Jam illa quae xarvna, non tarrenis adsecuti sunt neque cva GRAzciA neque VLLA C¥M CENTE sunt con- | forenda, | 4 Doctrina Graecia nos et omni litterarum genere sveenanars in quo erat facile vixceRe non repu- ‘gnantes. 2 Philosophia iscuit usque ad hanc aetatem ; quae TLLVSTRANDA et ExCITANDA nobis est, Ut, #1 occvPATL Paorviaus aliquid ciuibus nostri, rnosiieys etiam, si \ possumus, oriost. ae (les exceptions) Le texte commence par un énoneé général :¢ J'ai toujours estimé que rows autres Romain avons tout découvert plus ingénieusement que lee Gress , énoncé qui a pour terme essentiel omnia = « tout », Que fautil ‘entendre par omnia? ts le début de la seconde phrase, la particule Nam... annonce qu'on ‘va nous Vexpliquer : parmi les choses que nous avons découvertes, ily a 18 mores et instituta, 2° rem publicam, 3 ree miliaris, 4 illa quae... Le terme 4 est introduit par nam, le terme 2 par wero, le terme 3 par Ia for- mule Quid loquar de..., le terme 4 par iam = « et puis, et en outre, et enfio 6, qui edt l'énumération, En effet, nous en avons fini avec les choses que les Romans ont trou- vvéee miowx quo les Grecs, ear, en ce qui concerne le savoir, qui vient maintenant, ce sont les Grecs qui ont la supériorité : Doctrina Graecia nos... superabat = ¢ Pour le savoir, la Grice nous surpassat. » Et cst 1e cas aussi pour la philosophic : Philosophia iacuit usque ad hane aela- tem = « La philosophic est restée jusqu'ei & un niveau inférieur... » Les mots-vedettes, les mots indieateure sont done : omnia, qui an- nonce I'énumération ; mores et institula, rem publicam, re militar, illa quae... qui en détallent les termes composants ; doctrina et philasophie, quien énoncent les termes exclus. Nous soulignerons, par exemple au 40 un sens crayon rouge, le terme initial omnia, au crayon bleu les termes de la premidre série, au crayon noir les termes de In teconde série (tous ces termes sonten caractéres gras dans le texte imprimé ci-dessus); et nous it 4 Venere les motsarticulations (en ialique povrrons marquer d'un t dans le texte c-deseus] ovientés dans l'ensemble, nous passerons au détil, et noterons centre les termes qui sont imprimés ci-dessus en pertres carrranes des ‘oppositions: inuenisse et fecisse meliora (ly a des choses que nous avons Aécouvertes, ily en a que nous avons perfectionnées); res domesticas ac familiares (la vie domestique et familiale) et rem publicam (la vie pur Dlique) ; wircutem (la valeur innée) et diseiplina ('éduestion regue) ;na~ tra (les dons naturels) et litteris (instruction); ooeupati (dans Vacti- vite), otiosi (dans le list); nous observerons les correspondance melius loutius, euperabat-uincer, illuttranda-escitanda, profuimus-prosimic... tous ces termes pourront dtre encadrés et relide deux & deux par des truiti au crayon. Aprés cela, nous n'aurons plus qu’a traduire en suivant les indications fournies par nos signes. Si nous restons exposés & faire des fautes de détail, en tout eas novs ne nous méprendrons pas sur la suite des idées, t les termes mis en rapport «'éclaireront les uns par les autres, Estat pe taapucrion Ce fut toujours mon sentiment qu’en toute choses nos compatriotes fou bien ont innové avee plus de sens que les Grecs ou bien ont amé Tioré ce quils leur ont emprunté. En effet, d 'égard des usages ot des ragles do vie, des choses de In mai son et de la famille, sans conteste c'est nous qui avons les meilleures et les plus splendides traditions. Pour ce qui est de (Etat, nos ancétres & coup sar 'ont organisé selon es ragles et des lois supérieures Parleravje de Cart militaire? Liles ndtres ont été éminents d'abord parle courage, et plus encére par la technique. Quant auz acquisitions qu'ils doivent & leurs dons naturels et non a la culture lttéraie, il ne peut y avoir de comparaison ni avec Ia Gree, ni vee aucune nation. Dans Vordre du savoir, la Gréce nous était supérieure, ainsi qu’en tous Jes genres littérares; Iai était facile de lemporter sur qui ne se défen- dait pes. La philosophie a vigété jusqu’a notre temps; il nous faut Villustrer et Ia promouvoir, en sorte que, si, au cours d'une vie occupée, nous avons rendu quelques services & nos concitoyens, nous leur en rendions aussi, si possible, dans Ia retraite. IV LA TRADUCTION 61. Le sens une fois dégagé, la traduction, hélas! n’en résulte pas du méme coup. Transporter telles quelles dans la traduction les expressions qu’on a trouvées dans le dictionnaire ne conduit le plus souvent, vu la multiplicité des sens qu'un mot donné peut comporter, qu’a éerire un jargon inintelligible. I arrive qu’on trouve dans le dictionnaire la traduction toute faite d’une locution, d’un membre de phrase. Se mé- fier de cette bonne fortune apparente. Car, d’abord, le dietionnaire s pour objet de faire comprendre, non de traduire. Ainsi dans un dictionnaire d’usage courant je trouve, sous astans obstupuit, la traduction : « il reste Ta comme une borne », L’emploi d'une comparaison est destiné & faire apparattre la valeur propre de l’expression, mais c'est la une explication, non une équivalence. De plus, il arrive que pour une expression donnée le dietionnaire propose une traduction qui convient & tel passage, mais non pas nécessairement & tel autre. Soit expression : pergi ad similitudinem = se développer a la resemblance de. Quel non-sens ce serait d’adopter la traduction de tel dictionnaire qui, empruntant l’expression & un texte de Macrobe, oi il est question de la formation de Veeuf, la rend par : « continuer lespéce »! Toute traduction qui se présente & V'esprit doit étre soumise & Pépreuve du contexte et ne doit étre adoptée que si elle s'y adapte sans effort. Tl arrive aussi qu'on ne trouve sous le mot-cherehé aucune traduction recevable. C’est peut-étre qu’il n'y en a pas, et

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