GEOMEMBRANE BITUMINEUSE COLETANCHE :
un abri d toute épreuve pour le stockage des déchets radioactifs
1 a comer diritve du Centr de Stockoge deka Manche
itué pres de La Hague, le
Cenire de Stockage de
déchets radioactifs de la
Manche entre actuelle-
ment dans une période
décisive de son fonction-
nement : le passage de sa phase
d’exploitation a sa phase de sur:
veillance. Pour ce faire, les déchets
sont enfouis sous une couverture
définitive, qui doit satisfaire a des
conditions draconiennes ; étre
Parfaitement étanche, bien sar,
‘mais pour longtemps * trois cents
ans... Le matériau qui pouvait
répondre a de telles exigences? Le
Colétanche NTP4 de Colas, d base
de Shell Mexphalte 100 / 40 de la
raffinerie de Petit-Couronne.
Crest en 1969 que s‘ouvre le Centre
de Stockage de la Manche (CSM),
dans le nord Cotentin, & TEst de
Pusine de retraitement de La Hague,
Pour la premitre fois est créé en
France un Centre de Surface destiné
au stockage des déchets radioactifs
AUCSM, ils’agit de déchets de faible
et moyenne activité, & durée de vie
courte, et qui proviennent pour leur
plus grande part des centrales
nucléaires et des industries du cycle
du combustible. Une faible part est
issue des laboratoires de recherche,
ainsi que des hopitaux.
est 'ANDRA, ’Agence Nationale
pour la gestion des Déchets Radioac-
tifs, qui en assure Pexploitation. Cest
eneffet le sens méme de la mission de
cet organisme public créé en 1979 :
recenser tous les déchets radioactifs
sur le territoire national, rechercher
pour eux des procédés de gestion, en
définir les modalités techniques de
traitement et de conditionnement, et
contréler leur application. Mais au-
dela de cette recherche technique,
PANDRA a pour rdle essenticl
Wassurer une sécurité totale, en
veillant a la qualité de l'ensemble des
étapes.
Trois temps pour une
partaite sécurité
Lobjectif du Centre est bien évidem-
ment de protéger les personnes et
environnement contre d’éventuelles
disséminations de substances radio-
actives. Pour atteindre cet objectif,
une seule solution : T'solement des
déchets.
Cet isolement se fait selon trois
phases : tout d’abord une phase
Centre de Stockage de la Manche :
schéma de principe de la couverture
Piologiaue | Matériau grossior
1% Drainage { Sablo + Draine
2 Drainage
Couche de forme {Matériau grossiordexploitation qui dure environ 25
ans. Au cours de cette phase, les
ouvrages de stockage sont construits
sur une dalle drainée pour recueillir,
analyser et traiter toutes les eaux
dinfiltration. Le stockage se fait
selon deux modes combinés : les
“monolithes” recouverts par le
“tumulus". Chaque monolithe est
constitué par une case en béton dans
laquelle sont déposés les déchets. Un
béton spécifique est alors coulé
autour de chaque case remplie, ce qui
1 Pose d'se bande de ghomentrore
apporte une sécurité complémen-
taire. D'autres colis de déchets sont
ensuite disposés cote a cOte sur les
monoliths, et empilés les uns sur les
autres ; les interstices sont remplis de
graviers afin de stabiliser 'ouvrage.
Une couche de terre est étendue sur
ensemble qui forme ainsi un tumu-
lus. A la fin de l'exploitation du site,
une couverture definitive est mise en
place au-dessus du tumulus, couvrant
ainsi la totalité des ouvrag
Trois barritres de confinement proté-
gent done|environnement des déchets
adioactifs : V'enrobage du déchet, le
plus souvent au béton, les structures de
dalles drainées surmontées du tumu:
lus, et enfin la couverture définitive,
Puis vient la “phase de surveillance”,
au cours de laquelle activité radio:
active des déchets va décroissant,
Cette période dure ... trois sitcles,
pendant lesquels des contrOles régu.
liers de la radioactivité sont effectués.
La “phase de banalisation” est la phase
ultime. Les radioéléments sont alors
devenus proches de la radioactivité
naturelle. Le site peut étre habité en
toute sécurité,
Aujourd’hui, la phase d’exploitation
du Site de la’ Manche touche a sa fin
Sa capacité de stockage est atteinte
(500 000 m’) : les opérations de fer:
meture du Centre ont commencé en
1990, et s'acheveront en 1995. Mo
ment décisif de ces opérations : le
choix et la pose de la couverture défi-
nitive,
Des critéres rigoureux
Conformément & son exigence de
qualité, ANDRA a défini trés rigou-
reusement les critéres auxquels doit
répondre la couverture définitive
Critére d’étanchéité tout d’abord. 1
faut impérativement limiter au maxi-
mum les risques d’infiltration de la
couverture par l'eau de pluie. Sinon
C'est le phénomene de lixiviation qui
se produit : les radionucléides sont
entrainés par l'eau,
Deuxiéme critére : la pérennité. La
couverture doit conserver ses pro-
priétés de résistance & T'infiltration
pendant toute la durée de la phase de
surveillance, soit, comme on I’a vu,
trois cents ans. II faut done des maté:
riaux qui puissent garantir une longé-
vité de leur étancheite.
Demier critere : la protection. Les
facteurs d'agression sont en effet
multiples : eau déja citée, mais aussi
Yérosion, les variations de tempéra:
ture, les’ organismes vivants, ...Scul
tun complexe multicouche bien congu,
et d'une épaisseur raisonnable, peut
protéger les ouvrages de tous les
risques d’agression.
A partir de ces données, les respon.
sables de ' ANDRA et du Commissa-
riat 4 Energie Atomique se metient
au travail. Une observation les guide :
la biodégradation particuligrement
lente et difficile du bitume ; pour
preuve, lexistence actuelle d'objets
ou d’ouvrages en bitumes vieux de
4000 ans, ainsi que les gisements de
bitume natif qui datent de plusieurs
millions d'années. C’est done de ce
c6té qu'ils décident d'orienter leurs
recherches.
Une phase expérimentale
soutenve
Des tests comparatifs sont alors réali-
és sur des échantillons de géomem-
brane bitumineuse Colétanche. Le
paramiétre utilisé est le coefficient de
perméation : il prend en effet en
compte la perméabilité a Teau du
matériau a la fois par simple osmose
(phénomene de diffusion), et sous
pression,
Les essais de perméation sont effec-
tués sur membranes neuves et
vieillies en laboratoire. Les tests sont
réalisés au Commissariat a I'Energie
Atomique de Grenoble, qui est le
seul laboratoire & disposer de l'appa-Calle de parméotion pour es sto loborotie
du CEA de Grencbo
reil indispensable. Le traceur utilisé
est le Tritium, isotope de 'hydro-
gene. Les résultats sont largement
satisfaisants : le Colétanche NTP4
résiste remarquablement al'eau
Parallélement, un test de vieilisse.
ment naturel du matériau est mené
en Corse pendant sept ans sur une
membrane qui étanche un lac utilisé
pour irrigation des cultures. I
S‘avere tout aussi concluant.
Autre paramétre étudié : le coeffi
cient de friction. La encore, les résul-
tats jouent en faveur de la géomer
brane bitumineuse.
Au final, les tests montrent que sur
300 ans, la biodégradabilité du
bitume serait de 2 mm, et ce dans les
conditions les plus défavorables ! Le
Colétanche NTP4 de 6,5 mm d’épais.
seur restera done étanche.
Ine restait plus qu’a mettre au point
le concept de couverture.
Un systéme parfaitement
verrouillé
Les chercheurs élaborent ainsi un
complexe composé de sept couches
qui entourent la membrane bitumi:
neuse, et dont
chacune apporte
une nouvelle
sécurité, Les cou-
ches en sable fin
et en schistes
permettent de
déceler et de
réguler toute
présence d’eaux
infiltration
L’avant-dernie-
re couche joue le
role de barrigre
biologique : elle
protége la mem-
brane de
Vattaque éven-
tuelle de racines,
et surtout d’ani-
D’aspect extérieur, la couverture,
d'une épaissseur de 4 m, sera une suc
cession de pans inclinés en forme de
toit. Sur tout le pourtour de la zone &
couvrir, le complexe viendra buter
sur le femblai de la route périphé
Tique, réalisé en schistes et en maté
riaux de carrigre
Enfin, derniére sécurité, toutes les
eaux récupérées au niveau de la cow
verture seront collectées dans des
réseaux ceinturant le site,
Mais si dans le systéme d’assurance-
qualité qu’a mis en place ANDRA,
le choix des matériaux est fondamen-
tal, leur mise en oeuvre et leur
contréle sont tout aussi essentiels.
Ainsi, les soudures seront réalisées
par un appareillage automoteur. Sa
vitesse d’avancement et la tempéra:
ture de air chaud qu'il utilise pour la
soudure seront enregistrées en
continu sur un ordinateur. Les sur-
faces de géomembrane soudées
seront controlées & 100 % par ultra-sons. La réparation d'une sou-
dure sera décidée aprés une
statistique portant sur
la taille, le nombre et la posi
tion des défauts décelés lors
des contrdles effectués. Une
Echographie spéciale a été
mise au point pour détecter les
bulles d’air. La réparation
a poser & cheval sur
le joint défectueux un couvre-
joint soudé de part et d’autre
du joint a réparer. Les deux
soudures ainsi obtenues se
ront contrOlées a leur tour.
On le voit, rien n'a été laissé
au hasard par l'ANDRA, et
son degré d'exigence prouve
bien que le bitume est le
meilleur matériau pour proté
ger homme et son environne
ment de la radioactivité,
sw
1 Contre descr por uronons