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VOYAGE PITTORESQUE Er HISTORIQUE DE LORS PAGNKE A. PARIS. 1806, DESCRIPTION DE VESTREMADURE. PRECIS GENERAL SUR CETTE PROVINCE. ern, enclavée entre le royaume de Léon, les deux Castilles, l Andalousie, et le Portugal, est une des plus grandes provinces de Espagne : sa longueur est de cinquante lieues du nord au sud, et de quarante de lest 4 louest; elle est traversée par deux grands fleuves (le Tage et la Guadiana ), dix-huit rivieres, et plusieurs chaines de montagnes, dont la plus considérable est la Sierra de Guadalupe. Son sol est trés fertile; la végétation s’'y développe avec la plus grande activité; la pureté du ciel et la chaleur du climat en favorisent lessor. Les rivieres nombreuses qui l'arrosent sembleroient devoir y porter un surcroit de fécondité; mais, par une fatalité des plus déplorables, cette terre est comme abandonnée A elle-méme. Si elle donne quelques productions, elle ne les doit point a l'industrie des hommes; c'est elle seule qui agit, et lon peut assurer quelle seroit une des provinces les plus fertiles de ’Fspagne, si elle n’étoit pas la moins bien cultivée, et par conséquent la moins peuplée. Tout atteste cependant quelle le fut autrefois, et c'est un probleme que la dépopulation actuelle dun pays aussi avantageusement situé, aussi bien arrosé, aussi propre a toute espece de culture. Les monu- ments qui le couvrent de toutes parts prouvent toute l'importance qu’y avoient attachée les anciens: la beauté de son climat, la fertilité de son terroir, sont des avantages dont les Romains surent tirer un meilleur parti; ils regardoient I’Estremadure, qui faisoit alors partie de la Lusitanie, comme un pays enchanté. Les Maures eurent pour elle la méme prédi- lection : leur expulsion fut l'époque de l’abandon presque total de cette province, et depuis ce temps elle est restée dans un état qui la rend presque nulle pour l'Espagne. Quelques auteurs attribuent a une autre cause la dépopulation de ce pays; ils la font remonter jusqua lépoque de la terrible peste qui ravagea l'Europe au milieu du XIV* siecle, et qui enleva les deux tiers des habitants de Espagne: les provinces voisines de la mer se repeuplerent en peu de temps, mais celles de l'intérieur ne réparerent que lentement et difficilement les ravages de ce fléau. Les bras manquerent a la culture; une infinité de champs restés sans maitres furent un appat pour lavidité de ceux qui avoient survécu, et 1. 54 108 DESCRIPTION DE LESTREMADURE. leur offrirent un moyen facile de vivre, et méme de s enrichir sans peine. C’est a cette époque que Ton rapporte lintroduction des troupeaux de race étrangere' sur le territoire de ['Es- pagne : la circonstance qui venoit de laisser tant de terrains sanssemploi donna, dit-on, lidée du systéme de la mesta, qui convertit en paturages forcés la plus grande partie des champs cultivés auparavant avec tant de succés. Or, l'on sait combien la vie pastorale, qui n’exige ni activité, ni industrie, est essentiellement destructive de la population. Ceux qui connoissent I Espagne ont remarqué que dans les provinces ou nexiste point la mesta, comme la Galice, les Asturies, la Biscaye, la Catalogne, tout est peuplé, tout offre avec le tableau du travail Papparence du bonheur, tout rappelle cette peinture qu'un ancien faisoit de Espagne: Wihil otiosum , nihil sterile; dans les pays au contraire ou sétend le privilége de la mesta, tout dépose contre sa facheuse influence; témoin les deux Castilles, le royaume de Léon, et sur-tout !'Estremadure. Quoi quil en soit, on ne peut voir sans intérét cette derniere province, meme dans l'état ou elle est aujourd'hui; ses solitudes couvertes de ruines attachent tristement la pensée; leur nom seul (despoblados) renferme Vidée de la grandeur ancienne du pays, et des révo- lutions qui en ont changé la face. A chaque instant on y retrouve les vestiges de beaux monuments, des colonnes milliaires, des inscriptions, des fragments de la voie militaire. La contemplation de ces débris, qui ont vu passer tant de générations et de dynasties, jette lesprit dans une réverie d’autant plus profonde, qu'un voyageur peut marcher des journées entieres dans quelques contrées de lEstremadure sans apercevoir une figure humaine qui vienne l’en distraire. Ge n’est que sur la principale route de la province et aux approches des villes que lon retrouve quelques traces de la civilisation moderne. A lépoque de la domination des Romains, lEstremadure fit partie de la Lusitanie, dont la ville d Emerita Augusta, aujourd'hui Mérida, étoit la capitale. Cette colonie fut fondée, apres la réduction des Cantabres, par P. Carisius, lieutenant d' Auguste. Liitinéraire d’An- tonin fait mention de neuf routes qui traversoient cette province dans différentes directions, et dont la plus considérable venoit de Lisbonne a Mérida. Aprés Yinvasion des Maures, l’Estremadure suivit la destinée du royaume de Léon: ces conquérants l’envahirent dans la méme expédition, la réunirent a ce royaume, et la perdirent en méme-temps que lui vers le milieu du XIII® siecle. Elle a depuis fait partie de la Castille, et a fini par étre une pro- vince séparée de la monarchie espagnole. (1) Ce fut vers la fin du regne de D. Alfonse, dit le Dernier, ces troupeaux venoient d’outre-mer, on les appela marinos , dont que ce roi fit venir d’Angleterre des bétes a laine, dont la toison le peuple a fait ensuite, par corruption, le mot mérinos. étoit reconnue d'une qualité supérieure a celles du pays. Comme

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