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BRAIN Fr 03-05-2010 12:11 Pagina 1

medipage BRAIN

EN SAVOIR PLUS SUR:

TDA/H
SCLEROSE EN PLAQUES
EPILEPSIE
SCHIZOPHRENIE
TROUBLES BIPOLAIRES
téléchargeable sur
www.medipage.info DEPENDANCES
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EDITO
L’HOMME EST SON CERVEAU
TEXTE DOMINIQUE LEOTARD
Depuis toujours, le cerveau intéresse autant commun d’atteindre l’individu de manière chro- caractéristiques les plus affinées de la race
les médecins que les spécialistes de l’âme. nique dans son autonomie et d’affecter son humaine. Il semble donc primordial de tout
Il fait rêver, il est le siège de notre personna- positionnement dans la société », explique le mettre en œuvre pour le préserver, l’entre-
lité. Parfois, il est à l’origine de différences, Professeur J.Schoenen. tenir, le soigner. » Alors que les maladies du
alors il fait peur, on isole ou diabolise les cerveau représentent 35% des maladies,
malades… Dans ce numéro de medipage, Diagnostic et prise en charge seulement 12% des budgets de la recherche
vous apprendrez ce qui se cache derrière
certains troubles cérébraux. Des spécialis-
optimale : la mise en pratique leur sont consacrées. D’autre part, comme
des connaissances issues de le cœur ou les artères, le cerveau peut faire
tes vous en parlent afin que, de moins en
moins, on stigmatise leurs patients et qu’on l’objet d’efforts de prévention ( le faire tra-
la recherche vailler, ne pas l’empoisonner avec le tabac,
reconnaisse leurs souffrances et celles de
Ces dernières décennies ont connu une les drogues, l’alcool, la caféine ou le cola à
leur entourage.
évolution importante de la compréhension du outrance) , prenons en soin !
cerveau, de son fonctionnement normal et
Parfois, le cerveau présente
de ses dysfonctionnements. L’imagerie médi-
des troubles de fonctionnement cale, la recherche de traitements nouveaux,
« Les maladies du fonctionnement du cer- l’hyperspécialisation des médecins permet-
veau sont fréquentes, elles touchent près de tent des diagnostics précis et précoces et
3 millions de belges. Elles regroupent par des traitements adaptés, primordiaux pour
ordre de prévalence les troubles anxieux, les une prise en charge efficace. Interview avec
migraines, les dépressions, les toxicomanies, Pr Jean Schoenen,
Université de Liège,
les démences, l’épilepsie, le parkinson, les Le cerveau fait l’homme, départements de
AVC, la sclérose en plaques,… et représen- neurologie et
tent un coût très important pour la société. ne le négligeons pas ! giga-neurosciences,
Certes, elles ne sont pas toutes mortelles ou « Notre cerveau est notre patrimoine, notre Président du Belgian
Brain Council
extrêmement graves mais elles ont pour point organe le plus précieux, il détermine les

PUBLICITÉ Le Belgian Brain Council :


tous ensemble autour du cerveau
Le BBC regroupe tous les acteurs qui s’intéressent au cerveau :
médecins neurologues, psychiatres, psychologues, chercheurs
fondamentaux, cliniciens, patients,…et a pour but de partager
les connaissances de chacun tout en conservant une ouverture d’esprit face aux
tentatives de comprendre cet organe noble qu’est le cerveau.
Belgian Brain Congress 2010
Brussels, 17 & 18 September
A transdisciplinary meeting
organized by the Belgian Brain Council
in collaboration with
the Belgian Pain Society
Adresse:
Management Centre Europe
118, Rue de l’4cqueduc , 1050 BRUXELLES
Le 18 septembre 14h45-16.05
TABLE RONDE destinée aux patients et à leurs proches.
www.belgianbraincouncil.be

CONTENU
LE TDA/H N'EST PAS LIE A L'AGE 3
LES ENFANTS TDA/H 4
L'IMPACT SUR LA VIE QUOTIDIENNE EST UN ELEMENT 5
DETERMINANT DE DIAGNOSTIC DU TDA/H
L'ASSOCIATION TDA/H BELGIQUE 6
LA PRISE EN CHARGE DU TDA/H 7
LA SCLEROSE EN PLAQUES, UNE AFFECTION INVALIDANTE 8
IMPORTANCE DU DIAGNOSTIC PRECOE
DE LA SCLEROSE EN PLAQUES 9
EPILEPSIE: UN COURT-CIRCUIT DANS LE CERVEAU 10
VIVRE AU JOUR LE JOUR AVEC SON EPILEPSIE 12
LA SCHIZOPHRENIE:L'IMPORTANCE
D'UNE REALITE PERTURBEE 13
POUR UN TRAITEMENT OPTIMAL DE LA SCHIZOPHRENIE 14
SIMILES OFFRE DES PERSPECTIVES AUX FAMILLES 15
LES TROUBLES BIPOLAIRES: DES PATIENTS
AVEC DES HAUTS ET DES BAS 16
SE POSER DES QUESTIONS 17
LE LOURD TRIBUT PAYE PAR L'USAGER DE DROGUES
PAR VOIE INTRAVEINEUSE : L'HEPATITE C 18
LA LUTTE CONTRE L'HEPATITE C DU TOXICOMANE 19
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TDA/H

LE TDA/H N’EST
PAS LIÉ À L’ÂGE
ON ESTIME QUE 5 % DES ENFANTS
EN ÂGE DE SCOLARITÉ SOUFFRENT
D’UN TDA/H (TROUBLE DÉFICITAIRE DE
L’ATTENTION AVEC OU SANS HYPER-
ACTIVITÉ). LES GARÇONS SONT TROIS
FOIS PLUS AFFECTÉS QUE LES FILLES. LE
TDA/H S’ATTÉNUE GÉNÉRALEMENT À
L’ADOLESCENCE, MAIS 1 À 4 % DES
ADULTES EN SOUFFRENT ENCORE.

TEXTE AN SWERTS – ILLUSTRATION SARAH VANBELLE

Trouble du développement chez une personne TDA/H ? Celle-ci se lais- d’écriture et de calcul) et à l’abus de substan-
se facilement distraire, a du mal à respecter ces (alcool, drogues).
et du comportement
des instructions. N’aime pas les tâches exi-
Le TDA/H est un trouble qui se développe geant un effort prolongé ou une organisation Causes du TDA/H
lors de la croissance (trouble du dévelop- importante, et perd les objets indispensables Les parents de premier degré de personnes
pement) et exerce un effet négatif sur le
à son jeu ou à son travail. Comment se ma- TDA/H ont un risque environ 8 fois plus élevé
comportement (trouble du comportement).
nifeste l’hyperactivité/l’impulsivité chez une de développer eux-mêmes ce trouble. Le
Sur le plan neurochimique, le TDA/H est
personne TDA/H ? Elle est incapable de développement du TDA/H est déterminé
associé à un déséquilibre de la dopamine et
rester assise, même pour recevoir un câlin, pour 80 à 90 % par des facteurs génétiques.
de la noradrénaline – deux messagers chimi-
aime les jeux bruyants, parle sans arrêt et Il n’existe toutefois aucun gène spécifique du
ques appelés « neurotransmetteurs ». Les
interrompt les autres. Elle impose sa présen- TDA/H. Il est probable que plusieurs gènes
modèles explicatifs neuropsychologiques font
ce, veut décider des règles du jeu et n’attend soient impliqués. Les enfants dont les mères
état d’un déficit du contrôle des impulsions
pas son tour. Elle se sent aussi attirée par ont fumé ou consommé de l’alcool pendant la
et de la motivation (voir Effet du TDA/H sur
les activités physiques dangereuses. grossesse ont également un risque accru - à
les relations). Le TDA/H pourrait recouvrir
l’instar des prématurés et des bébés ayant
différents troubles, qui se manifesteraient
Association à d’autres troubles souffert d’un déficit en oxygène ou d’un poids
par le même comportement.
de naissance trop faible.
Le TDA/H est souvent associé à d’autres
Enfin, des données indiquent que certaines
Trois présentations troubles, p. ex. : au trouble du comportement
substances présentes dans notre environne-
La plupart des personnes TDA/H souffrent à oppositionnel avec provocation (désobéissan-
ment (p. ex. alimentation) favorisent le dével-
la fois d’un déficit de l’attention et d’hyperactivi- ce, opposition, provocation, mots grossiers), oppement d’un TDA/H chez les enfants
té/d’impulsivité (type combiné). D’autres souf- aux troubles du développement (autisme, génétiquement prédisposés.
frent principalement d’un déficit de l’attention Gilles de la Tourette), mais aussi aux troubles
(type TDA) ou d’hyperactivité/ d’impulsivité. anxieux et aux troubles de l’humeur, aux trou- INTERVIEW AVEC LE PROFESSEUR ERIC SCHOENTJES ET LE
Comment identifier un déficit de l’attention bles de l’apprentissage (difficultés de lecture, DOCTEUR INGE ANTROP

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TDA/H

LES ENFANTS
TDA/H
ONT LA TÊTE DANS LES NUAGES ET DES
RAPPORTS CHAOTIQUES AVEC LA FAMILLE.

La relation parent-enfant subit Souhaitez-vous développer de


une pression émotionnelle bonnes relations avec votre
croissante enfant, adolescent, partenaire
« En tant que parent, adapter son mode d’édu- ou collègue TDA/H ?
cation au tempérament TDA/H de son enfant
Inge Antrop donne les conseils suivants :
n’est pas évident », déclare Eric Schoentjes.
« Pour établir de bonnes relations avec une
« Certains parents accordent entière liberté à
personne TDA/H, il est essentiel de com-
leur enfant, alors qu’il a au contraire besoin
prendre quels déficits elle doit compenser.
d’être surveillé et orienté. D’autres imposent
des règles strictes et pénalisent, démotivant Vous pourrez ainsi l’aider.
Deux modèles explicatifs neuropsychologi- Interview avec
encore davantage l’enfant : autant d’attitudes Pédopsychiatre Pr Eric Schoentjes et le
qui ne font que renforcer le problème du ques servent de points de repère. Dr Inge Antrop- Service de Pédopsychiatrie,
TDA/H. La relation parent-enfant subit une Le 1er modèle souligne qu’une personne UZ Gent
pression émotionnelle croissante et s’en trou- TDA/H a du mal à maîtriser ses impulsions,
ve perturbée, ce qui entraîne des troubles ce qui la pousse à vivre dans la réalité immé-
(autres encore) du comportement. » diate. Respecter des règles, planifier, organi- est intrinsèquement faible ; les tâches
ser et maîtriser ses émotions représentent ennuyeuses et pénibles sont donc rapide-
Les adultes TDA/H connaissent également des défis importants pour elle. Elle a besoin ment abandonnées, sauf si l’entourage pro-
plus souvent des problèmes relationnels don- d’être guidée par d’autres personnes. cure un encouragement particulier. Car il
nant lieu à des séparations et à des problè- L’autre modèle se concentre sur le degré de s’agit davantage d’une incapacité que d’un
mes au travail. motivation des personnes TDA/H. Celui-ci manque de volonté ».
TEXTE AN SWERTS
ILLUSTRATIONS SARAH VANBELLE

« Je fais des efforts mais


on ne me croit pas »
Contrairement à la première impression qu’ils pourraient donner,
les enfants TDA/H ne sont ni paresseux ni méchants. Toute leur
vie, ils devront faire des efforts pour simplement rester attentif, se
concentrer , se tenir calme…et, très souvent, ces efforts ne sont
pas reconnus.

Il s’agit cependant d’enfants créatifs, curieux, spontanés et vifs


mais ils fonctionnent principalement au « plaisir immédiat » .

Un enfant TDA/H a besoin :


I d’un cadre structuré et très organisé, de routines, de consignes
brèves et de règles fixes.
I que l’on reconnaisse ses difficultés et ses efforts, d’appréciation
positive et de valorisation de ses efforts, et lorsque nécessaire,
de punitions justes et immédiates.

TEXTE DOMINIQUE LEOTARD – INTERVIEW AVEC LE DR. CATHERINE GILLAIN


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TDA/H
L’IMPACT SUR LA VIE
QUOTIDIENNE EST UN
ÉLÉMENT DÉTERMINANT
DU DIAGNOSTIC
DU TDA/H
IL N’EXISTE AUCUN TEST STANDARD
PERMETTANT DE DÉTECTER LE TDA/H.
DÈS LORS, COMMENT ÉTABLIR LE DIAGNOSTIC ?

TEXTE AN SWERTS – ILLUSTRATION SARAH VANBELLE


Les critères du diagnostic du TDA/H ont été gravité du dysfonctionnement auprès des gnostic sur l’image de soi. Par ailleurs, il est
établis par le DSM IV (Diagnostic Statistical parents ainsi que d’un observateur indépen- également important de poser le diagnostic
Manual of Mental Disorders, quatrième dant, généralement un enseignant. correct, car de nombreux troubles et situa-
version mise à jour). Il s’agit d’un système de A l’école, les enseignants doivent sans cesse tions à problèmes partagent des caractéristi-
classification international des soins de rappeler l’enfant à l’ordre : ‘arrête de rêvas- ques comportementales avec le TDA/H. »
santé mentale. Selon ces critères, une ser’, ‘n’oublie pas de ranger ça’, ‘reste tran-
personne souffrant du TDA/H présente au quille’, ‘ne perturbe pas le cours’, ‘attends ton Tests neuro(psycho)logiques
moins 6 symptômes de déficit de l’attention tour’, etc. Le diagnostic du TDA/H repose également
(p. ex. ‘a des oublis fréquents dans la vie A la maison, la routine quotidienne n’est pas souvent sur des tests neuropsychologiques,
quotidienne’) ou d’hyperactivité/impulsivité non plus une mince affaire : ‘tu as entendu ce qui évaluent notamment la maîtrise des
(p. ex. ‘remue souvent les mains ou les que je t’ai dit ?’, ‘va t’habiller’, ‘n’oublie pas ton impulsions, la motivation, l’intelligence et les
pieds, ou se tortille sur sa chaise’). Les cartable’. Les devoirs sont typiquement une progrès d’apprentissage. « Toutefois, leurs
symptômes se présentent dans au moins activité qui crée de fortes tensions entre les résultats ne permettent ni de confirmer ni
2 types d’environnement (p. ex. à la maison parents et l’enfant. Selon les parents, si on d’infirmer le diagnostic », déclare le
et à l’école). Certains symptômes doivent ne fait pas la police à la maison, il est impos- Pr Danckaerts. « Ils servent uniquement à
être présents avant l’âge de 7 ans, et le sible de tirer quoi que ce soit de l’enfant. évaluer plus précisément les forces et les
fonctionnement social, scolaire et professi- Les enfants atteints du TDA/H ont égale- faiblesses et à les expliquer aux parents ou
onnel doit être ‘significativement altéré’. ment du mal à se faire des amis et à les gar- aux enseignants. De même, les tests neuro-
der. Ils sont souvent les pitres de la classe et logiques (EEG p. ex.) ne permettent pas de
Forte perturbation de s’expriment avec sincérité et sans détour, ce formuler un diagnostic définitif. »
qui les rend parfois durs et blessants. Ils
la vie quotidienne recherchent des ‘compagnons d’infortune’ –
A partir de quand le fonctionnement d’une per- des enfants qui présentent des troubles du
sonne est-il ’significativement altéré’ ? « Cette comportement (éventuellement différents),
évaluation », explique la pédopsychiatre Marina ce qui augmente encore leur risque de se
Danckaerts (UZ Leuven), « constitue la partie retrouver dans une situation problématique.
la plus ardue du diagnostic. Par son comporte-
ment, une personne souffrant du TDA/H se Évaluer le rapport bénéfice/
retrouve constamment en situation probléma-
tique et hypothèque gravement son développe-
risque et poser un diagnostic
ment émotionnel, relationnel et intellectuel. La correct
personne accumule les conflits avec les per- « Le diagnostic du TDA/H », poursuit le Interview avec
sonnes de son entourage et fonctionne bien en Pr Danckaerts, « ne doit pas être posé à la Pr Marina Danckaerts
deçà de ses capacités (sociales et scolaires ou Pédopsychiatre UZ
légère. La sévérité du dysfonctionnement doit
Leuven
professionnelles). Nous nous informons de la être mise en balance avec l’effet négatif du dia-

MATTHIEU, 21 ANS, ÉTUDIANT, SOUFFRANT DE


PÈRE ET FILS FACE AU TDA/H TROUBLE DE DÉFICIT DE L’ATTENTION ET SON PÈRE,
MÉDECIN , NOUS LIVRENT LEUR TÉMOIGNAGE .
TEXTE DOMINIQUE LEOTARD
Inquiétude parentale et mis à des tests cognitifs et psychomoteurs et nous révélait des problèmes de dyslexie, de
les résultats, analysés par des spécialistes dysorthographie. Qu’allait être son futur
insouciance de l’enfance en la matière, furent plutôt rassurants. » scolaire ? Serait-il capable de faire quelques
Père « Très tôt, je me suis inquiété à propos « C’est quelques années plus tard qu’une nou- études ? Nous avons décidé de mettre en
de ce bébé si peu curieux , tellement moins velle inquiétude est née, mon enfant était place tout ce qui était possible pour l’aider :
actif que son aînée. En tant que pédiatre, je devenu rapidement trop actif, impulsif, tête le parcours du combattant a commencé avec
craignais un retard mental… » se souvient le en l’air, incapable de se concentrer sur une les séances de logopédie 3 fois par semaine.
Dr Schlögel. « Vers 3-4 ans, nous l’avons sou- activité très longtemps… L’entrée à l’école SUITE À LA PAGE 6
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TDA/H

L’ASSOCIATION TDA/H BELGIQUE


UNE PRÉSENCE
DES ACTIONS CONCRÈTES
L’ASBL TDA/H BELGIQUE INFORME, GUIDE ET SOUTIEN TOUTES LES PERSONNES CONFRON-
TÉES AU TROUBLE DÉFICITAIRE DE L’ATTENTION AVEC OU SANS HYPERACTIVITÉ. SA
DYNAMIQUE FONDATRICE, MADAME PASCALE DE COSTER, NOUS PARLE AVEC PASSION
DES ACTIONS ET PROJETS MIS EN PLACE.

Informer, c’est déjà aider la manière la plus adéquate possible. Belgique poursuit son action sur plusieurs
Les conséquences des dysfonctionnements fronts.
« Lorsqu’en 1995, mon fils a été diagnosti-
dus au TDA/H pourront ainsi être gérées de
qué TDA/H, je me suis retrouvée extrême-
manière optimale et permettre aux person- Elle propose, entre autre,
ment démunie. » raconte Pascale De Coster.
nes atteintes de devenir des adultes heureux I des brochures d’information (pour les
« Je me suis alors mise en quête d’un maxi-
et épanouis. » parents enseignants, enfants et sur le
mum d’informations sur ce trouble. Le par-
« Nous menons toutes les actions utiles en TDA/H à l'adolescence)
tage étant dans ma nature, j'ai créé un site
ce sens. » I une permanence ( le jeudi hors vacances
internet puis un forum de discussion pour
scolaires de 10 à 16 heures, rue de la
que toutes les personnes confrontées
comme moi au TDA/H puissent y trouver
Reconnaître le TDA/H, c’est glacière, 24 à 1060 Bruxelles -
éviter beaucoup de souffrance tel : 0484 17 77 08)
l'information, le partage et le soutien dont
I des groupes de parole, des conféren-
elles avaient besoin. « Les gens s’adressent à nous pour exprimer ces,..
Suite aux nombreuses demandes des visi- leurs doutes, questions et inquiétudes. Trop I des stages psycho-éducatifs
teurs du site et du forum, l’asbl TDA/H souvent encore victimes d'idées préconçues I des formations pour les professionnels de
Belgique a vu officiellement le jour fin 2004." et de jugements, ils nous demandent com- la santé et de l'éducation
ment faire diagnostiquer ce trouble, comment I un site internet très fourni www.tdah.be
On peut devenir un adulte l’aborder dans la vie de tous les jours, com- I un forum interactif www.forumhyper.net
heureux et épanoui avec un ment ‘vivre avec’.
Nous les informons et les rassurons : de
TDA/H ! nombreux outils existent pour faire face au
« Aujourd’hui, les connaissances scientifiques TDA/H : psycho-éducation, groupes de pa-
et la reconnaissance de ce trouble ont fort role, thérapies comportementales, médica-
évolués. De plus en plus d’enseignants veulent menteuses,…"
comprendre le TDA/H et savoir comment
adapter leur enseignement aux élèves Très consciente du flou autour du TDA/H,
atteints. Les parents, enfants et adultes tou- du manque d'information des uns et des
chés par le TDA/H sont en demande de autres et de l'absolue nécessité de soutenir
conseils, de trucs pratiques pour apprendre à autant les enfants, que les parents et les Interview avec
vivre de manière sereine, malgré le trouble. adultes atteints dans ce long et lent par- Pascale De Coster
Notre but est de permettre à toutes les per- cours du combattant qu'exige ce trouble Fondatrice de
l'asbl TDA/H
sonnes confrontées au TDA/H de réagir de encore mal perçu, l'Association TDA/H

SUITE DE LA PAGE 5

Ensuite, très vite, le diagnostic de TDAH fut nés de travaux de vacances mais j’étais un
posé et une prise en charge multidisciplinaire petit garçon heureux et insouciant. »
entreprise. »
Père « Aujourd’hui, je suis fier de mon fils :
Fils « Mes premiers souvenirs à propos du fier de son parcours, heureux de savoir qu’il
TDA remontent à l’école primaire. J’allais a appris à se gérer, à s’organiser, ému de
bien volontiers à mes séances de logopédie, réaliser combien il se connaît à son âge. Il
je ressentais leur efficacité et leur utilité, vient de décrocher un stage d’échange inter-
contrairement à mes copains, qui y allaient universitaire à Montréal et entamera un doc-
avec des pieds de plomb. Je me souviens torat par la suite. Cela signe le début d’une
principalement de ces dictées, truffées de carrière de chercheur autant que le résultat changer les idées, que je dois me faire reli-
fautes d’inattention mais aussi des premiers d’un courageux parcours d’efforts. » re par d’autres. Mais je voudrais transmet-
petits trucs à appliquer pour pallier à mon tre aux plus jeunes un message positif : lors-
trouble. On me disait par ailleurs sensible et Fils « Toute ma vie, je vivrai avec des difficul- qu’on est motivé par quelque chose, on peut
attentif aux autres bien qu’hyperactif. Les tés face à certains apprentissages. Je sais toujours y arriver et dépasser les moments
congés scolaires furent toujours accompag- que parfois, j’ai besoin de bouger, de me de découragement. »
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TDA/H

LA PRISE EN CHARGE
DU TDA/H
LE TROUBLE DU DÉFICIT DE L’ATTENTION ET L’HYPERACTIVITÉ
ÉVENTUELLEMENT ASSOCIÉE NE SONT PAS À PROPREMENT
PARLER « GUÉRISSABLES ». IL EXISTE CEPENDANT UNE
MULTITUDE DE MOYENS QUI PERMETTENT D’EN ATTÉNUER
LES SYMPTÔMES ET LA SOUFFRANCE CONSÉQUENTE AFIN
DE MIEUX VIVRE AVEC CE TROUBLE.

TEXTE DOMINIQUE LEOTARD – ILLUSTRATION SARAH VANBELLE

Un diagnostic précis et affiné Une prise en charge


est indispensable multidisciplinaire
Avant d’entamer tout traitement, il est néces- Commence alors le travail de toute une équi-
saire que le diagnostic précis de TDA/H soit pe qui va accompagner le patient TDA/H au
établi. Il existe en effet d’autres causes ou fil du temps pour qu’il apprenne à se connaî-
maladies qui peuvent en mimer les manifes- tre et qu’il s’adapte au mieux à son trouble.
tations. Ce diagnostic est exclusivement Pour ce faire, on va proposer aussi bien des
clinique et doit être posé par un médecin médicaments qu’un accompagnement psy-
spécialiste (psychiatre, neuropsychiatre, chologique et pratique.
pédiatre, neuropédiatre, ..) Parfois, on fait I Les médicaments: Ils sont destinés
appel à des neuropsychologues, au médecin à pallier au dysfonctionnement de
traitant, au témoignage de l’entourage et de la neurotransmission cérébrale.
l’école, pour affiner le diagnostic de ce trou- Leur durée d’utilisation varie
ble de fonctionnement au niveau du lobe pré- selon les patients mais parfois,
frontal du cerveau. ils sont prescrits toute la vie.
Aucun n’est cependant rembour-
De plus en plus d’enfants sé en Belgique après l’âge de
traités ? Trop d’enfants 17 ans. Parmi ceux-ci, le méthyl-
traités ? phénidate va faciliter l’attention et la
gestion de l’impulsivité en améliorant la
Ces dernières années, une meilleure compré-
transmission dopaminergique, alors que
hension du trouble a permis un diagnostic
l’atomoxétine va augmenter la vigilance et tion par logopédie, psychomotricité, neuro-
plus précis et, par conséquent, une prise en
l’éveil en stimulant la transmission nora- psychologie, …
charge thérapeutique optimale. On estime
drénergique.
aujourd’hui que 5% de la population souffre I L’accompagnement psychothérapeutique:
d’un trouble déficitaire de l’attention (TDA/H). I La mélatonine: est destinée à recadrer le peut aider à l’acceptation du trouble, à con-
D’autre part, bien qu’il ait une origine indénia- sommeil des patients TDA dont la sécré- trôler l’anxiété, à une conscientisation de
blement héréditaire, le trouble peut être favo- tion naturelle de cette hormone est trop l’entourage (les parents, la fratrie, les pro-
risé par des perturbations durant la grosses- tardive , provoquant insomnies d’endor- fesseurs, le conjoint,..)
se ou l’acccouchement. L’augmentation des missement ,réveils matinaux difficiles et
I L’alimentation: on conseille de limiter la
enfants diagnostiqués est aussi explicable par donc majoration des troubles de l’atten-
consommation d’excitants (sucres rapides,
une éducation moins cadrante qui permet tion diurnes
alcool, café, colas..) et certaines études
aux symptômes de plus s’exprimer. I Les médicaments des pathologies asso- préconisent des suppléments en oméga-3.
ciées : sont utilisés pour traiter les éventu-
elles pathologies concomitantes, présentes Une prise en charge efficace du
chez un patient adulte sur deux (antidépres-
seurs, modulateurs de l’humeur, parfois
TDA/H doit reposer sur la syn-
neuroleptiques, ..) ergie de deux approches: des
I La psycho-éducation : consiste en l’infor- médicaments performants et
mation d’une structure et l’apprentissage une gestion du fonctionnement
d’une méthode de fonctionnement adaptée
Dans un premier temps, les médicaments
au trouble présent. C’est le « coaching » du
Interview avec associés à la psychoéducation permettent
TDA/H
Dr Cathérine Gillain d’être plus réceptif à celle-ci.. Ensuite, on
Médecin specialiste en I Les traitements de rééducation cognitive: adaptera, modulera, affinera ces différentes
neuropsychiatrie et les troubles de l’apprentissage sont souvent
réadaptation fonctionelle
approches thérapeutiques selon l’évolution
conjoints et peuvent bénéficier de rééduca- individuelle.
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SCLÉROSE EN PLAQUES

LA SCLÉROSE EN PLAQUES,
UNE AFFECTION INVALIDANTE
LA SCLÉROSE EN PLAQUES (SEP) EST UNE MALADIE NEUROLOGIQUE CHRONIQUE ET ÉVOLU-
TIVE, QUI TOUCHE LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL. IL S’AGIT D’UNE AFFECTION INVALIDANTE
QUI TOUCHE FRÉQUEMMENT DES ADULTES JEUNES ; ENVIRON 12.000 PERSONNES SONT
TOUCHÉES EN BELGIQUE.
TEXTE DOMINIQUE LEOTARD
Elle peut se manifester sous différentes for- musculaire, une fatigue intense, des troubles Le traitement (injections régulières) vient
mes (forme à poussées, forme progressi- de la vue, de la coordination, des tremble- toujours rappeler la présence de la maladie
ve,..) mais on retrouve toujours les mêmes ments et problèmes d’équilibre, des troubles et est parfois accompagné d’effets secon-
causes à ces problèmes de fonctionnement urinaires,…tant de symptômes invalidants daires (syndrôme grippal).
du système nerveux : une destruction (en qui bouleversent la vie quotidienne des La fatigue et la moindre faculté de récupé-
plaques) de la gaine de myéline qui protège patients et de leur entourage. ration empêchent la pratique de certaines
les neurones et une dégénérescence des activités. Certains patients devront adapter
neurones eux-mêmes. Ce circuit nerveux
« Vivre avec la sclérose en leur façon de s’habiller (pas de boutons ni de
abîmé présente alors des déficiences dans la plaques, c’est vivre accompagné lacets) ou encore leur lieu de vie pas d’esca-
liers par exemple). A l’extérieur ou sur son
transmission de l’influx nerveux. d’un épuisement physique et lieu de travail, le patient recherchera la proxi-
psychologique permanent. » mité de toilettes. Certains devront éviter la
Des conséquences multiples L’impact de la maladie sur la vie quotidienne chaleur, source de malaises (bains chauds,
Selon la zone et le type de neurones touchés des patients et de leur entourage est extrê- activité sportive intense,..) Parfois, les limi-
par la maladie, celle-ci se manifestera de mement variable en fonction de la sévérité tes imposées par la présence de la maladie
manières diverses. On retrouvera fréquem- des symptômes mais aussi de la personna- ont des répercussions sur le couple, sur les
ment des troubles sensitifs, moins de force lité du patient. rapports avec les enfants.

OBJECTIF FITNESS À LA CARTE


L’asbl BESEP propose aux patients atteints de sclérose en plaques un accompagnement
personnalisé et une aide financière pour les inciter à la pratique d’une activité physique
régulière et adaptée à leur pathologie.
En pratique, les patients, recommandés par leur neurologue, Interview avec
Dr Régine Reznik
s’adressent au BESEP qui les oriente vers une salle de sports où Neurologue, Centre
ils pourront pratiquer, sous la houlette d’un coach particulier, un de Neurologie et de
programme adapté aux limites physiques de chacun. L’association Réadaptation
travaille sur l’ensemble du territoire francophone. www.besep.be Fonctionelle à
Fraiture-en-Condroz

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LIGUE NATIONALE BELGE


DE LA SCLEROSE EN PLAQUES

Qu'est-ce que la sclérose en plaques ? L'information est la demande


la plus fréquemment adressée
Quels en sont les différents symptômes et à la Ligue.
die ?
les causes de la malad La revue trimesterielle
Comment adapter son mode de vie « La Clef » a pour objectifs
lorsqu'on souffre de sclérose en plaques? de créer des liens, informer
et nourrir la réflexion.
aitements ?
Quels en sont les tra
A travers toute la Wallonie
et à Bruxelles, des activités
Conçu comme un guide pratique, cette brochure est variées sont organisées.
destinée aux personnes qui veulent en savoir plus sur
la sclérose en plaques. Ce sont autant d'occasions
de rencontres, d'ouverture
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Avec le soutien de

8
BRAIN Fr 03-05-2010 12:11 Pagina 9

SCLÉROSE EN PLAQUES
IMPORTANCE DU
DIAGNOSTIC PRÉCOCE DE LA SEP
LE DÉLAI QUI S’ÉCOULE ENTRE LES PREMIERS SYMPTÔMES ET LE DIAGNOSTIC DE SEP
VARIE DE QUELQUES MOIS À QUELQUES ANNÉES. PLUS LES SYMPTÔMES SONT DISCRETS,
PLUS LE RISQUE DE SOUS-DIAGNOSTIC EST ÉLEVÉ. PLUS TÔT UN NEUROLOGUE ÉTABLIT LE
DIAGNOSTIC, PLUS VITE IL PEUT INSTAURER UN TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX.
L’ATTITUDE ATTENTISTE EST DÉSORMAIS HORS DE QUESTION.
La sclérose en plaques (SEP) se caractérise du temps, s’avérer essentielles pour l’établis- invalidante qu’à un âge avancé. « Nous es-
par des poussées inflammatoires récurrentes sement d’un diagnostic futur », explique le pérons pouvoir déplacer la forme la plus
dans différentes régions du cerveau et de la Dr Danny Decoo. invalidante de la maladie vers un âge exclu-
moelle épinière, provoquant des symptômes sivement avancé, ou, idéalement, prévenir
de défaillance neurologique (p. ex. défaillance Le nombre de poussées peut son apparition », conclut le Dr Decoo.
du nerf optique). Le diagnostic ne pourra être varier fortement, grâce à
posé qu’après avoir observé deux poussées
survenant dans deux sites différents et sépa- l’amélioration des traitements
rées d’un intervalle d’au moins un mois. Les Les traitements contre la sclérose en plaques
radiologues peuvent détecter les lésions par existent depuis les années 90. L’injection de
imagerie médicale. médicaments peut atténuer la progression de
la maladie et diminuer de 30 % en moyenne
Détérioration progressive le nombre de poussées. Selon le Dr Decoo,
les études ont montré qu’un traitement préco-
de la mobilité et des ce a un effet favorable sur la fonctionnalité et
facultés cognitives sur l’augmentation du degré d’invalidité. « Rien Interview avec
La SEP, une maladie auto-immune chronique, ne sert d’attendre une évolution défavorable. Dr Danny Decoo
Neurologue AZ Alma
se manifeste généralement sous 2 phases/ Si l’on attend 2 ans avant d’administrer un
à Sijsele-Damme
formes. La première phase se caractérise médicament, il sera à jamais impossible
par l’apparition soudaine de poussées. En d’obtenir le béné-
l’absence de traitement, la fréquence moyen- fice que l’on aurait PUBLICITÉ
ne des poussées est de moins de une pous- obtenu avec un trai-
sée par an, mais elle peut se révéler très tement immédiat.
variable. Entre les poussées, le patient n’ob- On ne pourra plus
serve aucune aggravation de sa maladie. Au jamais annuler l’ef-
bout de 10 à 15 ans en moyenne, le nombre fet de ces lésions ».
de poussées diminue, mais l’état du patient Les neurologues
commence progressivement à se détériorer espèrent que l’uti-
(= forme progressive). « Les patients ne doi- lisation prolongée
vent pas attendre l’apparition de limitations de médicaments
fonctionnelles. Une défaillance qui persiste au permettra à la plu-
moins 24 à 48 heures impose une consulta- part des patients
tion médicale. Les informations figurant dans SEP de n’atteindre
le dossier médical du patient peuvent, au fil la phase la plus

TEXTE JOHAN WAELKENS

Il est important d’identifier les symptômes


de la SEP en temps opportun
Les inflammations et les lésions nerveuses associées à la SEP
touchent le système nerveux central (cerveau et moelle épinière).
Tous les membres et organes qui présentent une innervation
provenant du cerveau et de la moelle épinière peuvent donc
recevoir des signaux perturbés. Il en résulte un large éventail de
troubles neurologiques subtils à très sévères :
I troubles de la sensibilité,
I perte visuelle partielle ou complète,
I troubles allant d’une force réduite à une paralysie d’un ou de
plusieurs membres,
I perturbation des réflexes,
I diminution de la souplesse lors de la marche, allant jusqu’à
une perte d’équilibre,
I troubles de la fonction intestinale (constipation),
I troubles de la fonction vésicale (incontinence), ...
Par ailleurs, des troubles cognitifs sont également possibles (alté-
ration de la mémoire et diminution de la faculté de concentration,
troubles du traitement d’informations). La fatigue associée à la
SEP oblige parfois un patient à ne plus travailler qu’à temps par-
tiel ou même à arrêter ses activités. Toutefois, tous les patients
SEP ne deviendront pas dépendants d’un fauteuil roulant.
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EPILEPSIE

ÉPILEPSIE :
UN COURT-CIRCUIT
ÉLECTRIQUE
DANS LE CERVEAU
ON ESTIME QUE 60 000 À 100 000 BELGES
SOUFFRENT D’ÉPILEPSIE.
PAR AILLEURS, 5 À 10 % DE LA POPULATION
DÉVELOPPERA UNE CRISE D’ÉPILEPSIE AU
COURS DE SA VIE.

TEXTE JOHAN WAELKENS – ILLUSTRATION SARAH VANBELLE


Selon le Pr Paul Boon, une personne souffre cligner des yeux, avant de fixer un point dans Relation de confiance
d’épilepsie lorsqu’elle a subi deux crises d’épi- le vide. Ce comportement peut se répéter des
lepsie ou plus. Une crise d’épilepsie se carac-
médecin-patient
dizaines de fois par jour ; en l’absence de trai-
térise par une modification soudaine soit de la tement, il peut conduire à des troubles graves Le Pr Boon souligne l’importance d’une com-
conscience, soit du comportement et/ou des de l’apprentissage. munication ouverte. « Le diagnostic repose
émotions. Ces comportements étranges peu- sur les informations correctes communi-
Dans les crises partielles, le court-circuit
vent durer quelques secondes à quelques quées par un patient au neurologue lors
survient dans une zone limitée du cerveau, à
minutes. d’un entretien approfondi. » Des réponses
savoir dans un seul hémisphère. Lorsque la
Ils résultent d’un trouble électrique survenant à conduction électrique anormale affectant
la surface du cerveau, dans le cortex cérébral. une seule zone se propage après quelque
temps aux autres régions du cerveau, on
Natures différentes parle de crise généralisée ‘secondaire’.
des crises d’épilepsie Les neurologues opèrent aussi une distinc-
On distingue 2 catégories principales de crises tion entre les crises partielles ‘complexes’,
d’épilepsie : la crise généralisée et la crise caractérisées par une perte de contrôle du
comportement et de la conscience, et les Interview avec
partielle. Les crises généralisées touchent la Pr Paul Boon
totalité du cortex cérébral (les deux hémisphè- crises partielles ‘simples’, lors desquelles le Chef du Département
res cérébraux). Les absences, qui se manifes- patient est relativement conscient de son Neurologie de UZ Gent
tent essentiellement chez les jeunes enfants changement brusque de comportement et Président de La Ligue
(p. ex. contractions incontrôlées de l’avant- Belge et Vlaamse Liga
(de 4 à 7 ans) constituent une forme subtile
tegen Epilepsie
de crises généralisées. Ils commencent par bras).
10
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EPILEPSIE

honnêtes à quelques questions précises sant sur les canaux ioniques des cellules céré- la dernière décennie, on a développé autant
peuvent faire suspecter une épilepsie. Ne brales. Résultat : 70 % des patients épilepti- de médicaments qu’au cours des 70 derniè-
reste ensuite qu’à effectuer certains exa- ques ne présentent plus de crises ou ne sont res années. « Chaque nouveau médicament
mens techniques (p. ex. scanographie céré- quasi plus gênés par les crises éventuelles. permet d’augmenter le nombre de personnes
brale) pour exclure ou confirmer le diagnostic épileptiques exemptes de crises. Les patients
d’épilepsie. Les chercheurs s’efforcent aujourd’hui de qui présentent malgré tout des récidives peu-
Les neurologues ne savent cependant tou- trouver un moyen pour éviter la survenue de vent au final avoir recours à des techniques
jours pas pourquoi le cerveau développe des crise chez les 30 % des patients restants. chirurgicales, à la mise en place d’un stimula-
caractéristiques épileptiques. Les recher- Les compagnies pharmaceutiques belges teur cérébral ou à l’implantation d’électrodes
ches menées notamment par le laboratoire (p. ex. UCB) participent très activement à la dans les structures cérébrales profondes »,
expérimental du Pr Boon à l’Université de recherche en matière d’épilepsie. Au cours de conclut le Pr Boon.
Gand visent à répondre à cette question.
« Nous pensons que la cause pourrait être
un coup porté au cerveau lors d’un accident
de la route, d’une affection ou d’un trauma-
tisme cérébral, qui serait suivi d’une période
pendant laquelle rien ne se passe, en appa-
DES IDÉES REÇUES
rence. Au bout de quelque temps – quelques
semaines, mois ou années – un court-circuit QUI ONT LA VIE DURE
se produit brusquement. Si nous parvenons
à savoir ce qui se passe exactement pendant I L’épilepsie est toujours héréditaire
cette période, il y a beaucoup de chances Faux.
que nous puissions prévenir le développe-
ment de l’épilepsie à l’avenir. » I L’épilepsie se développe spontanément
Faux. L’épilepsie n’est pas toujours une maladie bénigne, et peut s’aggraver progressi-
Un traitement axé sur la vement en l’absence de traitement.
réduction ou l’arrêt des crises
I Un patient épileptique ne peut jamais conduire de voiture
Les médicaments antiépileptiques actuels
visent à arrêter ou à réduire substantielle- Faux. Lorsque le patient n’a pas eu de crise pendant 1 an, il peut conduire à condition
ment les crises. Ces médicaments rétablis- d’avoir un certificat médical.
sent l’équilibre entre les substances qui trans-
I Les images en 3D provoquent des crises
mettent les impulsions électriques entre les
Faux. Seuls les éclairs (boîtes de nuit) et les images alternant rapidement peuvent éven-
neurones (= neurotransmetteurs), ou encore
tuellement provoquer des crises chez les personnes sensibles.
normalisent la conduction électrique en agis-

La Ligue francophone belge contre Face à une crise d’épilepsie :


l’Epilepsie : tous ensemble au que faire ?
service du bien-être des patients
I Ne pas paniquer ! La plupart des crises ne sont pas graves
La ligue francophone belge contre l’épilepsie est une asbl com- et s'arrêtent d'elles-mêmes rapidement, après 1 à 2 minutes.
posée principalement de neurologues et d’assistants sociaux, I Il faut veiller à ce que la personne ne se blesse pas. Après
impliqués dans la prise en charge des patients atteints d’épilepsie. la crise, la rassurer pendant qu’elle se repose et émerge
Nous avons rencontré son président actuel, le Dr Ossemann. progressivement.
La Ligue contre l’épilepsie poursuit deux grands axes d’actions : I Si un élément paraît suspect ( blessure, absence de retour à
la conscience,…), appeler les secours (112)
I Un axe scientifique, de sensibilisation et d’information médicale I Il n'est pas possible d'avaler sa langue pendant une crise
continue, afin de promouvoir la recherche et l’échange de d'épilepsie ! C'est une idée reçue.
savoirs.
I La diffusion d’informations sur les divers aspects de l’épilepsie,
l’organisation et la coordination de services d’aide psychosociale, En cas de crise d'épilepsie :
des activités de prévention, destinés aux patients concernés,
parents, famille, personnel soignant, institutions paramédicales, A FAIRE
enseignants, étudiants.... I Rester calme et appeler les secours si besoin
« Il ne faut jamais hésiter à nous contacter » I Protéger la personne de blessures éventuelles : écarter les
« La ligue dispose d’un grand nombre d’outils d’information et d’aide objets dangereux
généraux mais elle répond également volontiers aux demandes I Allonger la personne en position latérale de sécurité
spécifiques. » explique le Dr Ossemann. I S'assurer que la personne respire sans difficultés.
Elle propose par exemple:
I Rester avec la personne jusqu'à la fin de la crise et la récon-
I Un accompagnement dans une orientation scolaire, profes-
forter
sionnelle… et dans la vie de tous les jours
I Un soutien social et psychologique A NE PAS FAIRE
I Une aide dans les démarches administratives
I Ne pas mettre d'objet, ni la main dans sa bouche
I L’organisation de conférences-débats et de groupes de parole
I La publication de brochures, dépliants, affiches, articles sur I Ne pas abandonner la personne sitôt la crise convulsive passée
l‘épilepsie
I Un site Internet : www.ligueepilepsie.be TEXTE DOMINIQUE LEOTARD – INTERVIEW AVEC DR. OSSEMANN
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EPILEPSIE

VIVRE AU JOUR LE JOUR


AVEC SON ÉPILEPSIE
DEPUIS LA NUIT DES TEMPS, L’ÉPILEPSIE FAIT PEUR. QUEL QUE SOIT SON NIVEAU DE
GRAVITÉ, LES PERSONNES MALADES SUBISSENT LE REGARD STIGMATISANT DE LA SOCIÉTÉ
TOUT EN DEVANT ASSUMER DANS LA VIE DE TOUS LES JOURS LES PROBLÈMES POSÉS
PAR LEUR PATHOLOGIE.
TEXTE DOMINIQUE LEOTARD

« Les retombées de l’épilepsie sont médica- Avec l’adolescence viennent Toute sa vie, il faudra vivre avec
les, psychologiques et sociales. » explique le Non seulement tous les grands choix de vie
Dr Michel Ossemann. « Ces 3 aspects doi-
les choix de vie
(maternité, loisirs, profession,..) seront influ-
vent être pris en compte par les équipes Le choix d’une orientation professionnelle est encés par la gestion de sa maladie mais il
soignantes lors de la prise en charge d’un crucial en cas d’épilepsie. C’est qu’il ne faudra faudra dépasser le stade de « maladie hon-
patient épileptique » pas se mettre en danger, ni les autres… teuse ». En parler avec son entourage, sa
Difficile d’imaginer devenir chauffeur de bus famille, ses collègues devrait permettre d’évi-
La période scolaire : éviter les scolaire ou couvreur ! ter de tristes perceptions. On a moins peur
dangers et annoncer la couleur Une discussion approfondie avec l’équipe de ce qu’on connaît !
Une fois un traitement médical mis en place, soignante est indispensable afin d’anticiper
la plupart des enfants peuvent poursuivre toute déception ultérieure.
une scolarité normale mais devront toujours De même, la conduite d’un véhicule (vélo,
veiller à éviter les sources de danger s’ils scooter ou voiture plus tard) sera envisagée
venaient à faire une crise. La pratique du avec son médecin.
sport par exemple est conseillée mais on
Il existe une législation stricte au niveau du
nagera sous surveillance particulière et on
permis de conduire en cas d’épilepsie. Les Interview avec
évitera les sports dangereux (escalade, ..) Dr Michel Ossemann,
D’autre part, il est conseillé de toujours pré- jeunes patients apprendront progressive- Neurologue et
venir les personnes sous qui on place la res- ment à s’approprier leur maladie, à la gérer. Chef de Clinique des
ponsabilité de ces enfants : enseignants, Ils éviteront les facteurs favorisants (alcool, Cliniques universitaires
UCL Mont Godinne
moniteurs de stages, chefs scouts,… cannabis, manque de sommeil,…)

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SCHIZOPHRENIE

LA SCHIZOPHRÉNIE,
L’EXPÉRIENCE
D’UNE RÉALITÉ
PERTURBÉE
LA SCHIZOPHRÉNIE EST UN TROUBLE PSYCHI-
QUE GRAVE, QUI TOUCHE LÉGÈREMENT PLUS
LES HOMMES QUE LES FEMMES. LE PREMIER
ÉPISODE PSYCHOTIQUE SURVIENT GÉNÉRALE-
MENT ENTRE 16 ET 25 ANS. LA SCHIZOPHRÉNIE
PEUT ÉGALEMENT APPARAÎTRE À UN ÂGE PLUS
TARDIF, MAIS CELA RESTE EXCEPTIONNEL.

TEXTE JOHAN WAELKENS – ILLUSTRATION SARAH VANBELLE

Selon le Pr Jozef Peuskens, au moins centrations, d’expériences/convictions étran- troubles cognitifs (= symptômes positifs)
30 000 à 50 000 Belges souffrent de schi- ges (p. ex. impression de recevoir des sont les plus frappants, en plus des déficits
zophrénie. Un psychiatre ne peut établir le ordres), etc. « Ces modifications, qui s’inten- fonctionnels (= symptômes négatifs).
diagnostic que lorsqu’une personne a déjà sifient graduellement, persistent parfois 1 à 2 Les patients présentent des expériences
connu un épisode (crise) psychotique et que ans avant qu’une aide médicale ne soit sollici- sensorielles étranges en l’absence de stimu-
son fonctionnement a été altéré pendant au tée. On pourrait penser qu’à mesure que les lus externe, p. ex. ils sentent des odeurs et
moins 6 mois. Un épisode (crise) psychotique symptômes s’aggravent, le patient réalise de voient des couleurs étranges et entendent
correspond à un trouble sévère du fonction- façon croissante qu’il est gravement malade, des voix (= hallucinations). Un schizophrène
nement cérébral, caractérisé par une pertur- mais ce n’est malheureusement pas le cas. entend la voix d’une personne qui n’est pas
bation des perceptions et des interactions Une personne atteinte de schizophrénie subit présente dans la réalité extérieure. De
avec l’environnement. Le résultat est que le un premier épisode sans en être consciente, même, il goûte du poison alors qu’il n’a aucu-
patient vit une réalité perturbée (par rapport car la situation a évolué progressivement. ne substance (toxique) en bouche, etc.
à lui-même et à l’environnement). L’entourage parle de souffrances liées à la Les troubles cognitifs se manifestent sous la
croissance ou d’une crise d’adolescence, forme d’idées délirantes. Il s’agit de concep-
Caractéristiques alors que le problème est nettement plus tions erronées de la réalité, qui ne sont pas
de la schizophrénie complexe. Il arrive qu’il faille attendre un inci- liées à la culture et ne peuvent pas être cor-
dent majeur (p. ex. une télé fracassée en rai- rigées par la réflexion.
Juste au moment où de jeunes adultes vulné-
son de soi-disant rayonnements) pour que le Les schizophrènes ont l’impression que leurs
rables achèvent leurs études, entament une
patient soit hospitalisé – généralement contre pensées peuvent être entendues par les
relation, entrent en contact avec leur premier
son gré ». autres, qu’ils peuvent lire ou influencer les
environnement professionnel et développent
pensées d’autrui, que les autres leur font du
leur autonomie, ils peuvent être confrontés à
Troubles sensoriels et tort, les poursuivent et/ou les menacent,
des difficultés graves. Selon le Pr Peuskens,
troubles cognitifs etc.
un premier épisode est généralement précé-
dé de signes d’isolement social, de troubles de De nombreux symptômes sont associés à la
l’humeur, d’une diminution des facultés de con- schizophrénie ; les troubles sensoriels et les SUITE A LA PAGE 14
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BRAIN Fr 03-05-2010 12:11 Pagina 14

SCHIZOPHRENIE
SUITE DE LA PAGE 13

Causes de la schizophrénie teur de risque pour le développement de


Selon le Pr Peuskens, la schizophrénie résul- la schizophrénie à un âge ultérieur. Au cours
te d’une anomalie structurelle et fonctionnel- de l’adolescence, les structures cérébrales
le du cerveau. Ce développement différent du continuent à se développer et la pression
cerveau et cette organisation différente de psychosociale est nettement plus forte, car
l’activité cérébrale sont partiellement déter- cette période correspond au début de la vie
minés par des facteurs génétiques. La schi- en tant qu’adulte autonome. La vulnérabilité
zophrénie est un trouble dont l’origine résulte (biologique) au stress et aux stimuli externes
Interview avec
en partie d’une prédisposition (génétique). est extrêmement caractéristique. En cas de
Pr Jozef Peuskens
Par ailleurs, la présence d’éléments pertur- pression trop forte, le patient ne pourra plus Neuropsychiatre
bant le développement cérébral primaire des fonctionner de manière appropriée. Il est Universitair Psychiatrisch
f?tus et des nouveau-nés (p. ex. incidents important que l’entourage tienne compte des centrum Sint-Jozef à
Kortenberg
durant la grossesse) constitue aussi un fac- possibilités et des limites du patient.

En finir avec certains mythes


I Les schizophrènes ont une double personnalité
FAUX. On parlera plutôt d’une désorganisation du fonctionnement psychique. Lors d’épisodes psychotiques, les
schizophrènes sont incapables d’avoir des sensations et des pensées raisonnables et structurées.

I Les schizophrènes sont extrêmement violents


FAUX. Au moment d’un épisode psychotique, les schizophrènes peuvent p. ex. se sentir très anxieux ou éventu-
ellement présenter des réactions violentes, en raison de leurs perceptions erronées. Dans l’intervalle qui sépare
les épisodes, les schizophrènes ne sont pas plus violents que d’autres personnes.

POUR UN TRAITEMENT OPTIMAL


DE LA SCHIZOPHRÉNIE
LES MÉDECINS SONT EN MESURE D’AIDER LES PERSONNES ATTEINTES DE MALADIES
MENTALES À BIEN FONCTIONNER DANS NOTRE SOCIÉTÉ. IL EST ESSENTIEL QUE CHAQUE
PERSONNE ATTEINTE DE SCHIZOPHRÉNIE COMPRENNE SA MALADIE ET CONNAISSE SES
POSSIBILITÉS ET SES LIMITES PERSONNELLES. L’ENTOURAGE PROCHE (S’IL EST BIEN
INFORMÉ) PEUT ÉGALEMENT APPORTER UNE AIDE, EN VEILLANT À ÉVITER TOUT STIMU-
LUS INUTILE. NOTONS QUE DES ATTENTES TROP ÉLEVÉES AUGMENTENT LE RISQUE D’UN
NOUVEL ÉPISODE PSYCHOTIQUE.
TEXTE JOHAN WAELKENS

La réintégration au sein de la société néces- Utilisation prolongée de patient n’adhère pas à son traitement de
site un soutien psychologique et psychosocial manière stricte, il s’expose à un risque de
médicaments d’entretien nouvel épisode psychotique, souvent plus
ainsi que l’apprentissage de la gestion de situa-
tions stressantes. Du fait du manque ou de l’absence de compré- grave que le précédent. » Le problème de la
Selon le Pr Jozef Peuskens, la pierre angulaire hension de la gravité de sa maladie, il n’est non-adhérence (partielle) au traitement peut
pas toujours évident de convaincre le patient être pallié par le médecin par l’injection men-
du traitement est l’administration d’agents
schizophrène de l’utilité de médicaments. Une suelle ou bimensuelle du médicament (dans
antipsychotiques. « L’objectif consiste à inhiber
fois le patient convaincu de leur nécessité, il la fesse ou le bras) – administré ainsi, le
le composant biologique, à savoir l’activité
est essentiel qu’il prenne un médicament médicament agit plus longtemps qu’en cas
excessive de la dopamine dans le cerveau.
d’entretien quotidiennement, ce qui pose un de prise orale. Si le patient ne se présente
Les médicaments réduisent cette hyperactivi-
té – la cause des hallucinations et des idées pas au rendez-vous,
délirantes – et empêchent en outre l’appari- « LE RISQUE DE RECHUTE DANS UN DÉLAI le médecin pourra se
faire une bien meil-
tion de nouveaux épisodes psychotiques ». DE 1 AN EST DE 80 % APRÈS L’ARRÊT DE leure idée de l’obser-
Cela permet au patient schizophrène de maî-
triser à nouveau sa personne et son
LA MÉDICATION. » vance thérapeutique
et pourra surveiller le
environnement, sans que sa vulnérabilité ne
traitement de façon plus précise. En outre,
disparaisse toutefois complètement. Dans le problème pour toutes les maladies chroni- la présence de concentrations sanguines
cadre de l’approche bio-psycho-sociale, les ques. « Lorsque les symptômes ont disparu, il constantes offre une protection plus sûre et
soignants veilleront toujours à faire concorder existe un risque élevé que le patient prenne plus efficace contre de nouveaux épisodes.
parfaitement les trois composants. son médicament de façon moins rigoureuse, L’utilisation à long terme des ‘antipsycho-
Les médicaments et traitements actuels sans toutefois en informer son médecin. » tiques atypiques’ requiert un suivi rigoureux
permettent à 60 à 70 % des patients de du poids corporel et un contrôle régulier du
fonctionner sans symptôme gênant après un Après l’arrêt du médicament, le risque de taux de sucre et de graisse dans le sang.
premier épisode. rechute dans l’année s’élève à 80 %. Si le
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SCHIZOPHRENIE

SIMILES OFFRE
DES PERSPECTIVES
AUX FAMILLES
LA RELATION PATIENT-SOIGNANT EST AU CENTRE DES SOINS DE SANTÉ MENTALE.
TOUTEFOIS, AUTOUR DE LA MALADIE MENTALE GRAVITE SOUVENT UNE FAMILLE ENTIÈRE,
AUSSI DÉSEMPARÉE QUE LE PATIENT LUI-MÊME. LES MEMBRES DE LA FAMILLE QUI ONT
PERDU ESPOIR ONT ÉGALEMENT BESOIN D’INFORMATION ET DE SOUTIEN.

TEXTE JOHAN WAELKENS

Similes est une association d’aide aux familles d’une affection mentale modérée à sévère
et amis de personnes atteintes de troubles bouleverse la vie de famille. Sa révélation fait
psychiques, explique Mieke Craeymeersch. l’effet d’une bombe, comparable à ce que
Elle trouve son origine dans le mouvement de ressent un patient apprenant qu’il est atteint
démocratisation apparu à la fin des années d’un cancer potentiellement mortel. Il est
1960, lorsque la société a exprimé le souhait nettement plus difficile, selon Mieke Craey-
de modifier et d’humaniser la psychiatrie. meersch, de comprendre une maladie men- Le mardi 1 JUIN 2010
tale qu’une maladie physique. « Les gens ont
Rectifier les attentes du mal à s’en faire une idée correcte, ce qui de 18h à 20H,
Similes accueille tant les partenaires, les les fait tomber dans les préjugés. Nombre de Similes Bruxelles asbl
parents que les frères et sœurs de person- personnes pensent, à tort, que les patients
nes présentant un trouble mental modéré à souffrant de maladies mentales sont des organise une conférence:
sévère (dont la schizophrénie). Des person- « tire-au-flanc ». Une de nos missions consiste « L’administration
nes confrontées à une même problématique à rectifier les idées associées aux maladies
s’aident mutuellement à accepter et à gérer mentales et aux soins de santé mentale en provisoire de biens »
le diagnostic. Comment aborder une maladie général. »
Regards croisés du Juge de paix et de l’admi-
mentale, quelle place lui donner au sein de la
famille, comment rectifier les attentes d’un Rompre l’isolement social nistrateur sur les rapports entre administré et
parent dont le fils ou la fille était initialement Des groupes de bénévoles sont actifs à administrateur.
destiné à un avenir prometteur ? L’irruption l’échelon national. A intervalles réguliers, ils LIEU Auberge de Jeunesse J. Brel –
organisent des activités auxquelles partici-
Rue de la Sablonnière 30 - 1000 Bruxelles
pent les membres des familles de personnes
souffrant de maladies mentales. Les symp- INFOS ET INSCRIPTIONS 02/511 99 99 –
tômes des maladies mentales sont certes 02/511 06 19
différents, mais leur effet sur la famille est P.A.F. 5€/personne – 3€/étudiant (à payer sur place)
similaire. Toutes ces histoires suivent un
même fil rouge. « De nombreuses person-
nes éprouvent des sentiments de honte, de étape qui permet de reprendre sa vie en
culpabilité et d’anxiété vis-à-vis de l’avenir. main, de comprendre qu’une maladie mentale
L’objectif est de rompre leur isolement so- se traite comme une autre maladie, » conclut
Interview avec cial. » Des activités d’information figurent Mieke Craeymeersch.
Mieke Craeymeersch également au programme. « Obtenir des Pour plus d’information,
Directeur Similes
informations constitue souvent la première consultez www.similes.be

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TROUBLES BIPOLAIRES

DES PATIENTS AVEC


DES HAUTS ET DES BAS

LES TROUBLES BIPOLAIRES SONT UNE AFFECTION QUI N’EST PAS TRÈS FRÉQUENTE, MAIS
QUI EST CEPENDANT LOIN D’ÊTRE EXCEPTIONNELLE ET QUI RESTE PARFOIS DIFFICILE
À DIAGNOSTIQUER. UN TOUR D’HORIZON CONCERNANT CETTE PATHOLOGIE AVEC LE
PR KURT AUDENAERT (HÔPITAL UNIVERSITAIRE DE GAND), QUI NOUS EN DÉVOILE LES
TENANTS ET LES ABOUTISSANTS.

TEXTE MAURICE EINHORN – ILLUSTRATION SARAH VANBELLE

Toutes les dépressions dépressifs. En pratique, on constate donc


que le temps passé en dépression est bien Le concept de cycles rapides
ne sont pas les mêmes plus important que celui en manie.
Dans les troubles de l’humeur, on distingue Selon la définition de l’Association psychia-
en fait deux grands groupes, les troubles Dans notre population, quelque 15% des trique américain, on parle de « cycles ra-
dépressifs et les troubles bipolaires. Les gens (et 20% chez les femmes) ont, au pides » lorsqu’une personne éprouve au
patients souffrant de troubles dépressifs moins une fois dans leur vie, un épisode moins quatre changements dans l’humeur
présentent des épisodes dépressifs unique- dépressif, tandis qu’entre 3 et 4% ont des ou épisodes sur une période de 12 mois.
ment, tandis que ceux qui ont des troubles troubles bipolaires, si l’on respecte stricte- Ce serait le cas de 5 à 15% des personnes
bipolaires présentent des épisodes dépres- ment la définition de cette dernière affection. présentant des troubles bipolaires.
sifs, eux aussi, mais également des phases Naguère on parlait de psychose pour les
où ils se sentent finalement trop bien, ont troubles bipolaires, mais cette conception a
beaucoup d’énergie, dorment trop peu, ont Une maladie qui apparaît
été revue, même si l’on peut parfois avoir
trop d’activités. Lorsque ces épisodes sont certains épisodes psychotiques durant un assez tôt à l’âge adulte
très intenses et durent longtemps on parle épisode (notamment idées délirantes de cul- Dans le cas de troubles bipolaires, le premier
de manie, lorsqu’ils ont une intensité plus pabilité). épisode survient en général plus tôt dans la
basse on parle d’hypomanie. En général ces vie (âge moyen de 22 ans) que dans le cas de
épisodes-là sont moins fréquents que les Le développement et les cycles d’hypomanie, troubles (unipolaires) dépressifs. Survenant
épisodes dépressifs chez les patients ayant de manie et d’épisodes dépressifs se produi- de façon assez égale entre hommes et fem-
des troubles bipolaires. En réalité on a deux sent généralement après des semaines voire mes, il sera aussi beaucoup moins lié à des
grands types de troubles bipolaires, les trou- des mois, avec des périodes dans lesquelles incidents négatifs survenus au cours de l’exis-
bles de type 1, avec environ 1 épisode de le patient est même indemne de tout symp- tence du patient. Même s’il existe un certain
manie pour 4 épisodes dépressifs, tandis tôme. Mais parfois episodes d’humeur se caractère héréditaire pour les troubles
que dans les troubles de type 2 on a 1 épiso- suivent rapidement. Dans ce cas on parle dépressifs, ce caractère est nettement plus
de d’hypomanie pour plus de 30 épisodes d’un schema de cycles rapides. marqué pour les troubles bipolaires, qui sur-
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TROUBLES BIPOLAIRES

viennent souvent de façon familiale. La trans- ter notamment les changements de com- slation Inami exige que ce soit un psychiatre
mission héréditaire est cependant dite multi- portement du patient comme des signes de qui prescrive pour la première fois tel ou tel
factorielle, car on n’a pas pu, contrairement son affection. L’entourage a évidemment médicament.
à ce que d’aucuns avaient espéré, mettre en également un rôle essentiel pour convaincre
évidence le gène des troubles bipolaires. Si le patient de prendre sa médication pendant Les médicaments indispensables
on peut dans une certaine mesure faire de la un temps prolongé, voire à vie. Pour ce qui concerne le traitement, le rôle de
prévention des troubles de l’humeur, notam- la psychothérapie est plus limité que dans le
ment en adoptant un mode de vie adéquat, il (Se) poser des questions pour cas de troubles dépressifs (unipolaires),
n’existe aucun mode de prévention spécifique tenter de cerner des épisodes notamment du fait du rôle important des fac-
des troubles bipolaires. teurs génétiques, bien plus que du vécu du
de manie ou d’hypomanie
patient. Pendant les épisodes dépressifs
Le diagnostic de Il est important pour le médecin traitant qui mêmes, le patient aura cependant tendance
est amené à voir ce type de patient de poser à oublier ces épisodes où il se sentait en quel-
trouble bipolaire n’est pas des questions concernant d’éventuels épiso- que sorte trop bien. Il est d’une importance
toujours simple à poser des de manie ou d’hypomanie, question que cruciale d’interroger le patient au sujet de
Lorsque l’on voit un patient durant un épiso- le patient lui-même peut aussi se poser pour l’existence d’autres cas dans sa famille.
de dépressif, on peut d’emblée confirmer en parler d’emblée au médecin. Le traitement médicamenteux, en réalité indis-
celui-ci, mais si on interroge le patient et qu’il Il existe d’ailleurs divers types de questionnai- pensable (faute de quoi, les rechutes seront
s’avère à travers cet entretien ou sur base res destinés à mieux cerner les problèmes, nombreuses), sera basé pour les phases de
du dossier médical, qu’il y a déjà eu dans le comme le Mood Disorder Questionnaire manie sur des produits à effet calmant, dont le
passé des épisodes de manie ou d’hypoma- (MDQ). lithium, les nouveaux antipsychotiques, les
nie, on peut conclure au trouble bipolaire. La antiépileptiques. Pour les épisodes dépressifs
façon dont la dépression elle-même se pré- Certains symptômes doivent un peu faire on ne recourt pas aux antidépresseurs, mais
sente est en effet la même que pour des fonction de signal d’alarme ; notamment aux «antipsychotiques atypiques».
troubles dépressifs simples (unipolaires). problèmes de sommeil inhabituels, perte d’é- Une fois le patient stabilisé on donne en géné-
D’autre part ces épisodes dépressifs pro- nergie, activité réduite, … Une efficacité très ral le même traitement, mais à des doses
viennent souvent de façon plus fréquente, rapide (moins de 15 jours) d’un médicament moins élevées.
tandis que le caractère familial du problème antidépresseur est aussi, apparemment para-
doit aussi attirer l’attention. doxalement, un signe important, indiquant
qu’il y a fluctuation de l’humeur liée à la mala-
Le rôle que la famille a die elle-même plutôt qu’au traitement. Une
rechute rapide sous traitement peut aussi
à jouer est important pointer dans ce sens.
Il est important, pour commencer, que l’en- Le médecin traitant devrait en principe
tourage soit au courant du diagnostic. La recourir à l’aide du psychiatre s’il n’arrive pas
psychoéducation, importante pour le patient à résoudre le problème avec son traitement
lui-même, l’est tout autant pour ses fami- initial. Le psychiatre est par ailleurs souvent
liers. Ceux-ci doivent reconnaître les signes consulté par des généralistes qui souhaite- Interview avec
de la maladie, réaliser leur importance, raient obtenir une confirmation de leur pro- Pr Kurt Audenaert
UZ Gand
apprendre à les percevoir assez tôt, accep- pre diagnostic. Il y a aussi les cas où la légi-

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DÉPENDANCES LES ADDICTIONS SONT


UNE MALADIE DU CERVEAU

LE LOURD TRIBUT
L’addiction, définie comme tout comporte-
ment dédié à la recherche du plaisir ou à
l’apaisement d’un malaise intérieur, met en
jeu de nombreuses fonctions cérébrales. La

PAYÉ PAR L’USAGER motivation, la recherche de sensation, la


mémoire liée au souvenir de ces sensations
mais aussi la notion de plaisir procuré par la
prise d’un produit ou pas, les usages com-
DE DROGUES PAR pulsifs, l’influence de l’environnement tant
matériel que social… sont impliqués. Elle
se rapporte autant à des produits qu'à

VOIE INTRAVEINEUSE : des conduites telles que le jeu, les


comportements alimentaires, les achats
compulsifs. La toxicomanie, quant à elle,
représente une dépendance à un produit
L’HÉPATITE C psychoactif illicite, c'est-à-dire une incapaci-
té à arrêter la consommation d’une sub-
stance. Ces substances se jouent de notre
cerveau, elles sont capables d’agir directe-
LE VIRUS DE L’HÉPATITE C TOUCHE LES PERSONNES QUI ment sur les récepteurs des neurotrans-
S’INJECTENT DES DROGUES EN FAISANT FI DES RÈGLES metteurs, d’imiter leur action et d’inhiber
les processus naturels d’arrêt de sécrétion
D’HYGIÈNE ÉLÉMENTAIRES. LE VIRUS PEUT TOUTEFOIS de neurotransmetteur, elles induisent une
stimulation permanente des synapses, à
ÊTRE DÉTECTÉ DANS LE SANG ET SON TRAITEMENT EST l’origine des problèmes d’addiction.
RELATIVEMENT EFFICACE, MÊME CHEZ LES TOXICOMANES. TEXTE DOMINIQUE LEOTARD

TEXTE AN SWERTS
Après la Seconde Guerre mondiale, l’usage comanes qui partagent leurs aiguilles et leur Prendre en charge la
de drogues dans les pays occidentaux a aug- matériel de préparation. »
menté à un rythme effréné. Le nombre de
toxicomanie ET l’hépatite C
personnes qui consomment/s’injectent des De la fatigue au danger de mort Les directives américaines et européennes
drogues est aujourd’hui estimé à 16 millions. initiales recommandaient aux médecins de ne
« 80 % des patients infectés développent une
Parmi les 4 millions résidant en Europe, un pas administrer de traitement contre l’hépatite
hépatite chronique, généralement asympto- C aux toxicomanes. Elles reposaient sur la con-
tiers environ est sous traitement. Ce traite- matique. Au bout d’une dizaine d’années,
ment comprend un accompagnement psy- viction qu’ils ne suivraient de toute façon pas
20 % de ces patients présentent des lésions leur traitement et que les résultats en seraient
chosocial et un traitement de substitution du foie, avec le développement de cicatrices
pour les toxicomanes consommant des opia- donc médiocres. Au cours de la dernière
(cirrhose du foie). Si des symptômes appa- décennie, plusieurs études internationales
cés (principalement les héroïnomanes). raissent, ils sont souvent non spécifiques de
L’utilisation d’un produit de substitution selon (pour le Benelux, Pr Robaeys) ont démontré
la maladie (fatigue, troubles digestifs). Chez que cette conclusion n’était pas valable pour
des conditions contrôlées permet de mettre 25 % des patients, la cirrhose donne lieu, au
graduellement un terme à l’usage de drogu- certains groupes de toxicomanes. Les directi-
cours des dix années suivantes, à des com- ves ont donc été adaptées en conséquence.
es. Les produits de substitution légalement plications sévères incluant l’accumulation de
autorisés en Belgique sont la méthadone et Selon le Pr Robaeys : « Le toxicomane qui peut
liquide intra-abdominal, les hémorragies par recevoir un traitement contre l’hépatite C
la buprénorphine. La méthadone est pre-
rupture de varices œsophagiennes ou le coma. répond aux critères suivants : il suit un traite-
scrite sous la forme de comprimés ou de
Ces complications peuvent entraîner le décès ment de sevrage, n’utilise pas de drogues
préparations magistrales (gélules, sirops).
du patient. D’autres patients développent un illicites (ou seulement occasionnellement), est
La buprénorphine et la buprénorphine en
cancer du foie. Une transplantation du foie est motivé pour réussir son traitement et est bien
association à la naloxone, sous la forme de
alors souvent la seule option disponible. » suivi par des soignants. Son hépatologue colla-
comprimés destinés à une administration
sublinguale. bore étroitement avec une équipe pluridiscipli-
On estime que 40 % des personnes ayant
Un diagnostic établi à temps naire (médecin spécialisé dans la substitution,
un jour consommé des drogues n’en con- augmente les chances de infirmier/ère, assistant(e) social, psychologue,
psychiatre). Quant aux toxicomanes qui ne par-
somment plus 10 à 20 ans plus tard et ne guérison viennent pas encore à renoncer aux drogues,
présentent aucun dysfonctionnement au sein « Lorsque le diagnostic d’une infection par
de la société. L’usage de drogues est toute- il est préférable de les traiter d’abord pour leur
l’hépatite C est établi en temps opportun – c.- toxicomanie. De fait, le risque d’une nouvelle
fois souvent associé à une conséquence à-d. avant l’apparition de lésions hépatiques
funeste, à savoir l’hépatite. infection par le virus de l’hépatite C est réel et
irréversibles – les chances de guérison après les chances de réussite diminueraient avec
un traitement de 6 mois à 1 an oscillent entre chaque nouveau traitement. »
La contamination par des 50 et 90 %, selon le génotype du virus. Le
aiguilles infectées traitement consiste en une association d’inter-
« 40 à 80 % des personnes qui s’injectent des féron – qui stimule le système immunitaire –
drogues ont été contaminées par le virus de et de ribavirine, un inhibiteur du virus. Plus vite
l’hépatite C, qui se transmet par un contact le traitement est instauré après le développe-
direct de sang à sang », explique le Pr Geert ment de l’infection, plus il est facile de l’élimi-
Robaeys, gastro-entérologue hépatologue ner du sang. Toutefois, c’est justement là que
(hôpital Oost-Limburg, UZ Leuven, UHasselt). le bât blesse. De fait, les toxicomanes consti-
« L’identification du virus et sa détection dans tuent aujourd’hui le principal groupe à risque
le sang sont possibles depuis le début des pour une nouvelle infection par l’hépatite C,
Interview avec
années 90. Depuis lors, le sang des donneurs mais le dépistage de cette infection demeure
Pr Geert Robaeys
est testé pour le virus et toute contamination trop rare dans ce groupe de population. Et si Gastro-entérologue
par transfusion sanguine est désormais le diagnostic est posé, ces patients ne se hépatologue,
exclue. Le virus continue cependant de se voient souvent pas proposer de traitement, ou Hôpital Oost-Limburg,
UZ Leuven, Uhasselt
propager à une vitesse fulgurante chez les toxi- trop tard.
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DEPENDANCES
LA LUTTE CONTRE L’HÉPATITE C
DU TOXICOMANE : PRÉVENTION
ET APPROCHE MULTIDISCIPLINAIRE
AUJOURD’HUI, LE PRINCIPAL MODE DE TRANSMISSION DE L’HÉPATITE C CONCERNE LES USA-
GERS DE DROGUES . POUR LUTTER EFFICACEMENT CONTRE CE LARGE PROBLÈME DE SANTÉ
PUBLIQUE, IL EST INDISPENSABLE D’INFORMER POUR PRÉVENIR LA PROPAGATION DU VIRUS ET
D’ABORDER LA PRISE EN CHARGE DES PATIENTS SELON UNE APPROCHE MULTIDISCIPLINAIRE.

TEXTE DOMINIQUE LEOTARD

Mieux vaut prévenir que guérir Après un dépistage et un bilan de sévérité,


les médecins se consacreront d’abord au
Le virus de l’hépatite C (VHC) se transmet par
sevrage et aux problèmes sociaux puis, à un
le contact avec le sang d’une personne conta-
moment choisi par l’ensemble des interve-
minée. La principale source de contamination à
nants dont le patient lui-même, on entamera
l’heure actuelle est l’utilisation de drogues par
le traitement de l’hépatite. Interview avec
voie intraveineuse ou par voie nasale (usage Dr Mulkay
d’une paille contaminée). Viennent ensuite la Hépatologue et
transmission de la mère à l’enfant, les rapports
Le réseau hépatite C Bruxelles, Chef de Clinique adjoint
sexuels à risque ( homosexuels, partenaires un exemple qui fonctionne au CHU St Pierre et
Président du réseau
multiples) et les tatouages ou piercings faits Dans ce réseau, c’est un accompagnateur hépatite C Bruxelles
dans de mauvaises conditions d’hygiène. La social qui est le coordinateur. Il commence son
contamination par transfusion sanguine est rôle central en informant et propo-sant aux
devenue exceptionnelle car depuis 1990, le personnes à risque une prise
sang des donneurs est testé pour détecter le en charge. Ensuite, le patient PUBLICITÉ
virus de l’hépatite C. « Pour se protéger de est placé au centre des pré-
l’hépatite C, il n’y a qu’une seule chose à faire : occupations d’un réseau de
éviter tout contact avec du sang contaminé » professionnels (addictologue,
psychiatre, hépatologue, par-
Une équipe autour d’un patient tenaires sociaux, médecin
La prise en charge de l’hépatite C chez les traitant,..) qui vont prendre en
usagers de drogues doit être multidisciplinai- charge le patient dans sa
re, intégrant les médecins hépatologues et globalité (addiction, hépatite C
psychiatres aux spécialistes des addictions et et les problèmes qui en dé-
personnel social. coulent.).

LES CONSEILS À APPLIQUER POUR PRÉVENIR


LA TRANSMISSION DU VIRUS SONT :
Pour les usagers de drogues :
I Ne jamais partager sa seringue, ni sa paille pour sniffer ni même le
matériel de préparation (cuiller, ouate, …) . Aller échanger ses serin-
gues dans les centres d’échanges de seringues propres.
I Ne pas avoir de rapports sexuels à risque non protégés.

Pour l’entourage d’une personne infectée :


I Ne pas partager ses objets pouvant être en contact avec du sang
comme le rasoir, la brosse à dents, le matériel d’épilation …
I Eviter les rapports sexuels violents ou pendant les règles, non protégés.

Dans la vie sociale :


I Se faire dépister, en parler à son médecin, si l’on craint d’être à risque
( p.ex. transfusion avant 1992, hémodialyse, ex-usagers de drogues,
enfants de mères HCV+).
I Si l’on est porteur du virus : éviter toute occasion de mettre son sang
en contact avec d’autres personnes et demander une prise en charge
médicale de son hépatite. Ne pas boire d’alcool. CHAC : CARREFOUR HEPATITES AIDE & CONTACT asbl

I Si l’on veut un piercing ou un tatouage : s’adresser à un professionnel, Parce que…


Parce que les hépatites virales nous concernent tous
pratiquant dans de bonnes conditions sanitaires. Parce que l’hépatite C contamine 7 fois plus que le sida et tue actuel-
lement 4 fois plus de.personnes
« Lorsqu’on évoque les risques de la toxicomanie, tout le monde pense au Parce que trop de gens ne savent pas…
sida, il ne faut pas oublier l’hépatite C ! » INFO: www.hepatites.be & info@chacasbl.be
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