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medipage BRAIN
TDA/H
SCLEROSE EN PLAQUES
EPILEPSIE
SCHIZOPHRENIE
TROUBLES BIPOLAIRES
téléchargeable sur
www.medipage.info DEPENDANCES
BRAIN Fr 03-05-2010 12:11 Pagina 2
EDITO
L’HOMME EST SON CERVEAU
TEXTE DOMINIQUE LEOTARD
Depuis toujours, le cerveau intéresse autant commun d’atteindre l’individu de manière chro- caractéristiques les plus affinées de la race
les médecins que les spécialistes de l’âme. nique dans son autonomie et d’affecter son humaine. Il semble donc primordial de tout
Il fait rêver, il est le siège de notre personna- positionnement dans la société », explique le mettre en œuvre pour le préserver, l’entre-
lité. Parfois, il est à l’origine de différences, Professeur J.Schoenen. tenir, le soigner. » Alors que les maladies du
alors il fait peur, on isole ou diabolise les cerveau représentent 35% des maladies,
malades… Dans ce numéro de medipage, Diagnostic et prise en charge seulement 12% des budgets de la recherche
vous apprendrez ce qui se cache derrière
certains troubles cérébraux. Des spécialis-
optimale : la mise en pratique leur sont consacrées. D’autre part, comme
des connaissances issues de le cœur ou les artères, le cerveau peut faire
tes vous en parlent afin que, de moins en
moins, on stigmatise leurs patients et qu’on l’objet d’efforts de prévention ( le faire tra-
la recherche vailler, ne pas l’empoisonner avec le tabac,
reconnaisse leurs souffrances et celles de
Ces dernières décennies ont connu une les drogues, l’alcool, la caféine ou le cola à
leur entourage.
évolution importante de la compréhension du outrance) , prenons en soin !
cerveau, de son fonctionnement normal et
Parfois, le cerveau présente
de ses dysfonctionnements. L’imagerie médi-
des troubles de fonctionnement cale, la recherche de traitements nouveaux,
« Les maladies du fonctionnement du cer- l’hyperspécialisation des médecins permet-
veau sont fréquentes, elles touchent près de tent des diagnostics précis et précoces et
3 millions de belges. Elles regroupent par des traitements adaptés, primordiaux pour
ordre de prévalence les troubles anxieux, les une prise en charge efficace. Interview avec
migraines, les dépressions, les toxicomanies, Pr Jean Schoenen,
Université de Liège,
les démences, l’épilepsie, le parkinson, les Le cerveau fait l’homme, départements de
AVC, la sclérose en plaques,… et représen- neurologie et
tent un coût très important pour la société. ne le négligeons pas ! giga-neurosciences,
Certes, elles ne sont pas toutes mortelles ou « Notre cerveau est notre patrimoine, notre Président du Belgian
Brain Council
extrêmement graves mais elles ont pour point organe le plus précieux, il détermine les
CONTENU
LE TDA/H N'EST PAS LIE A L'AGE 3
LES ENFANTS TDA/H 4
L'IMPACT SUR LA VIE QUOTIDIENNE EST UN ELEMENT 5
DETERMINANT DE DIAGNOSTIC DU TDA/H
L'ASSOCIATION TDA/H BELGIQUE 6
LA PRISE EN CHARGE DU TDA/H 7
LA SCLEROSE EN PLAQUES, UNE AFFECTION INVALIDANTE 8
IMPORTANCE DU DIAGNOSTIC PRECOE
DE LA SCLEROSE EN PLAQUES 9
EPILEPSIE: UN COURT-CIRCUIT DANS LE CERVEAU 10
VIVRE AU JOUR LE JOUR AVEC SON EPILEPSIE 12
LA SCHIZOPHRENIE:L'IMPORTANCE
D'UNE REALITE PERTURBEE 13
POUR UN TRAITEMENT OPTIMAL DE LA SCHIZOPHRENIE 14
SIMILES OFFRE DES PERSPECTIVES AUX FAMILLES 15
LES TROUBLES BIPOLAIRES: DES PATIENTS
AVEC DES HAUTS ET DES BAS 16
SE POSER DES QUESTIONS 17
LE LOURD TRIBUT PAYE PAR L'USAGER DE DROGUES
PAR VOIE INTRAVEINEUSE : L'HEPATITE C 18
LA LUTTE CONTRE L'HEPATITE C DU TOXICOMANE 19
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TDA/H
LE TDA/H N’EST
PAS LIÉ À L’ÂGE
ON ESTIME QUE 5 % DES ENFANTS
EN ÂGE DE SCOLARITÉ SOUFFRENT
D’UN TDA/H (TROUBLE DÉFICITAIRE DE
L’ATTENTION AVEC OU SANS HYPER-
ACTIVITÉ). LES GARÇONS SONT TROIS
FOIS PLUS AFFECTÉS QUE LES FILLES. LE
TDA/H S’ATTÉNUE GÉNÉRALEMENT À
L’ADOLESCENCE, MAIS 1 À 4 % DES
ADULTES EN SOUFFRENT ENCORE.
Trouble du développement chez une personne TDA/H ? Celle-ci se lais- d’écriture et de calcul) et à l’abus de substan-
se facilement distraire, a du mal à respecter ces (alcool, drogues).
et du comportement
des instructions. N’aime pas les tâches exi-
Le TDA/H est un trouble qui se développe geant un effort prolongé ou une organisation Causes du TDA/H
lors de la croissance (trouble du dévelop- importante, et perd les objets indispensables Les parents de premier degré de personnes
pement) et exerce un effet négatif sur le
à son jeu ou à son travail. Comment se ma- TDA/H ont un risque environ 8 fois plus élevé
comportement (trouble du comportement).
nifeste l’hyperactivité/l’impulsivité chez une de développer eux-mêmes ce trouble. Le
Sur le plan neurochimique, le TDA/H est
personne TDA/H ? Elle est incapable de développement du TDA/H est déterminé
associé à un déséquilibre de la dopamine et
rester assise, même pour recevoir un câlin, pour 80 à 90 % par des facteurs génétiques.
de la noradrénaline – deux messagers chimi-
aime les jeux bruyants, parle sans arrêt et Il n’existe toutefois aucun gène spécifique du
ques appelés « neurotransmetteurs ». Les
interrompt les autres. Elle impose sa présen- TDA/H. Il est probable que plusieurs gènes
modèles explicatifs neuropsychologiques font
ce, veut décider des règles du jeu et n’attend soient impliqués. Les enfants dont les mères
état d’un déficit du contrôle des impulsions
pas son tour. Elle se sent aussi attirée par ont fumé ou consommé de l’alcool pendant la
et de la motivation (voir Effet du TDA/H sur
les activités physiques dangereuses. grossesse ont également un risque accru - à
les relations). Le TDA/H pourrait recouvrir
l’instar des prématurés et des bébés ayant
différents troubles, qui se manifesteraient
Association à d’autres troubles souffert d’un déficit en oxygène ou d’un poids
par le même comportement.
de naissance trop faible.
Le TDA/H est souvent associé à d’autres
Enfin, des données indiquent que certaines
Trois présentations troubles, p. ex. : au trouble du comportement
substances présentes dans notre environne-
La plupart des personnes TDA/H souffrent à oppositionnel avec provocation (désobéissan-
ment (p. ex. alimentation) favorisent le dével-
la fois d’un déficit de l’attention et d’hyperactivi- ce, opposition, provocation, mots grossiers), oppement d’un TDA/H chez les enfants
té/d’impulsivité (type combiné). D’autres souf- aux troubles du développement (autisme, génétiquement prédisposés.
frent principalement d’un déficit de l’attention Gilles de la Tourette), mais aussi aux troubles
(type TDA) ou d’hyperactivité/ d’impulsivité. anxieux et aux troubles de l’humeur, aux trou- INTERVIEW AVEC LE PROFESSEUR ERIC SCHOENTJES ET LE
Comment identifier un déficit de l’attention bles de l’apprentissage (difficultés de lecture, DOCTEUR INGE ANTROP
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TDA/H
LES ENFANTS
TDA/H
ONT LA TÊTE DANS LES NUAGES ET DES
RAPPORTS CHAOTIQUES AVEC LA FAMILLE.
TDA/H
L’IMPACT SUR LA VIE
QUOTIDIENNE EST UN
ÉLÉMENT DÉTERMINANT
DU DIAGNOSTIC
DU TDA/H
IL N’EXISTE AUCUN TEST STANDARD
PERMETTANT DE DÉTECTER LE TDA/H.
DÈS LORS, COMMENT ÉTABLIR LE DIAGNOSTIC ?
TDA/H
Informer, c’est déjà aider la manière la plus adéquate possible. Belgique poursuit son action sur plusieurs
Les conséquences des dysfonctionnements fronts.
« Lorsqu’en 1995, mon fils a été diagnosti-
dus au TDA/H pourront ainsi être gérées de
qué TDA/H, je me suis retrouvée extrême-
manière optimale et permettre aux person- Elle propose, entre autre,
ment démunie. » raconte Pascale De Coster.
nes atteintes de devenir des adultes heureux I des brochures d’information (pour les
« Je me suis alors mise en quête d’un maxi-
et épanouis. » parents enseignants, enfants et sur le
mum d’informations sur ce trouble. Le par-
« Nous menons toutes les actions utiles en TDA/H à l'adolescence)
tage étant dans ma nature, j'ai créé un site
ce sens. » I une permanence ( le jeudi hors vacances
internet puis un forum de discussion pour
scolaires de 10 à 16 heures, rue de la
que toutes les personnes confrontées
comme moi au TDA/H puissent y trouver
Reconnaître le TDA/H, c’est glacière, 24 à 1060 Bruxelles -
éviter beaucoup de souffrance tel : 0484 17 77 08)
l'information, le partage et le soutien dont
I des groupes de parole, des conféren-
elles avaient besoin. « Les gens s’adressent à nous pour exprimer ces,..
Suite aux nombreuses demandes des visi- leurs doutes, questions et inquiétudes. Trop I des stages psycho-éducatifs
teurs du site et du forum, l’asbl TDA/H souvent encore victimes d'idées préconçues I des formations pour les professionnels de
Belgique a vu officiellement le jour fin 2004." et de jugements, ils nous demandent com- la santé et de l'éducation
ment faire diagnostiquer ce trouble, comment I un site internet très fourni www.tdah.be
On peut devenir un adulte l’aborder dans la vie de tous les jours, com- I un forum interactif www.forumhyper.net
heureux et épanoui avec un ment ‘vivre avec’.
Nous les informons et les rassurons : de
TDA/H ! nombreux outils existent pour faire face au
« Aujourd’hui, les connaissances scientifiques TDA/H : psycho-éducation, groupes de pa-
et la reconnaissance de ce trouble ont fort role, thérapies comportementales, médica-
évolués. De plus en plus d’enseignants veulent menteuses,…"
comprendre le TDA/H et savoir comment
adapter leur enseignement aux élèves Très consciente du flou autour du TDA/H,
atteints. Les parents, enfants et adultes tou- du manque d'information des uns et des
chés par le TDA/H sont en demande de autres et de l'absolue nécessité de soutenir
conseils, de trucs pratiques pour apprendre à autant les enfants, que les parents et les Interview avec
vivre de manière sereine, malgré le trouble. adultes atteints dans ce long et lent par- Pascale De Coster
Notre but est de permettre à toutes les per- cours du combattant qu'exige ce trouble Fondatrice de
l'asbl TDA/H
sonnes confrontées au TDA/H de réagir de encore mal perçu, l'Association TDA/H
SUITE DE LA PAGE 5
Ensuite, très vite, le diagnostic de TDAH fut nés de travaux de vacances mais j’étais un
posé et une prise en charge multidisciplinaire petit garçon heureux et insouciant. »
entreprise. »
Père « Aujourd’hui, je suis fier de mon fils :
Fils « Mes premiers souvenirs à propos du fier de son parcours, heureux de savoir qu’il
TDA remontent à l’école primaire. J’allais a appris à se gérer, à s’organiser, ému de
bien volontiers à mes séances de logopédie, réaliser combien il se connaît à son âge. Il
je ressentais leur efficacité et leur utilité, vient de décrocher un stage d’échange inter-
contrairement à mes copains, qui y allaient universitaire à Montréal et entamera un doc-
avec des pieds de plomb. Je me souviens torat par la suite. Cela signe le début d’une
principalement de ces dictées, truffées de carrière de chercheur autant que le résultat changer les idées, que je dois me faire reli-
fautes d’inattention mais aussi des premiers d’un courageux parcours d’efforts. » re par d’autres. Mais je voudrais transmet-
petits trucs à appliquer pour pallier à mon tre aux plus jeunes un message positif : lors-
trouble. On me disait par ailleurs sensible et Fils « Toute ma vie, je vivrai avec des difficul- qu’on est motivé par quelque chose, on peut
attentif aux autres bien qu’hyperactif. Les tés face à certains apprentissages. Je sais toujours y arriver et dépasser les moments
congés scolaires furent toujours accompag- que parfois, j’ai besoin de bouger, de me de découragement. »
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TDA/H
LA PRISE EN CHARGE
DU TDA/H
LE TROUBLE DU DÉFICIT DE L’ATTENTION ET L’HYPERACTIVITÉ
ÉVENTUELLEMENT ASSOCIÉE NE SONT PAS À PROPREMENT
PARLER « GUÉRISSABLES ». IL EXISTE CEPENDANT UNE
MULTITUDE DE MOYENS QUI PERMETTENT D’EN ATTÉNUER
LES SYMPTÔMES ET LA SOUFFRANCE CONSÉQUENTE AFIN
DE MIEUX VIVRE AVEC CE TROUBLE.
SCLÉROSE EN PLAQUES
LA SCLÉROSE EN PLAQUES,
UNE AFFECTION INVALIDANTE
LA SCLÉROSE EN PLAQUES (SEP) EST UNE MALADIE NEUROLOGIQUE CHRONIQUE ET ÉVOLU-
TIVE, QUI TOUCHE LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL. IL S’AGIT D’UNE AFFECTION INVALIDANTE
QUI TOUCHE FRÉQUEMMENT DES ADULTES JEUNES ; ENVIRON 12.000 PERSONNES SONT
TOUCHÉES EN BELGIQUE.
TEXTE DOMINIQUE LEOTARD
Elle peut se manifester sous différentes for- musculaire, une fatigue intense, des troubles Le traitement (injections régulières) vient
mes (forme à poussées, forme progressi- de la vue, de la coordination, des tremble- toujours rappeler la présence de la maladie
ve,..) mais on retrouve toujours les mêmes ments et problèmes d’équilibre, des troubles et est parfois accompagné d’effets secon-
causes à ces problèmes de fonctionnement urinaires,…tant de symptômes invalidants daires (syndrôme grippal).
du système nerveux : une destruction (en qui bouleversent la vie quotidienne des La fatigue et la moindre faculté de récupé-
plaques) de la gaine de myéline qui protège patients et de leur entourage. ration empêchent la pratique de certaines
les neurones et une dégénérescence des activités. Certains patients devront adapter
neurones eux-mêmes. Ce circuit nerveux
« Vivre avec la sclérose en leur façon de s’habiller (pas de boutons ni de
abîmé présente alors des déficiences dans la plaques, c’est vivre accompagné lacets) ou encore leur lieu de vie pas d’esca-
liers par exemple). A l’extérieur ou sur son
transmission de l’influx nerveux. d’un épuisement physique et lieu de travail, le patient recherchera la proxi-
psychologique permanent. » mité de toilettes. Certains devront éviter la
Des conséquences multiples L’impact de la maladie sur la vie quotidienne chaleur, source de malaises (bains chauds,
Selon la zone et le type de neurones touchés des patients et de leur entourage est extrê- activité sportive intense,..) Parfois, les limi-
par la maladie, celle-ci se manifestera de mement variable en fonction de la sévérité tes imposées par la présence de la maladie
manières diverses. On retrouvera fréquem- des symptômes mais aussi de la personna- ont des répercussions sur le couple, sur les
ment des troubles sensitifs, moins de force lité du patient. rapports avec les enfants.
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SCLÉROSE EN PLAQUES
IMPORTANCE DU
DIAGNOSTIC PRÉCOCE DE LA SEP
LE DÉLAI QUI S’ÉCOULE ENTRE LES PREMIERS SYMPTÔMES ET LE DIAGNOSTIC DE SEP
VARIE DE QUELQUES MOIS À QUELQUES ANNÉES. PLUS LES SYMPTÔMES SONT DISCRETS,
PLUS LE RISQUE DE SOUS-DIAGNOSTIC EST ÉLEVÉ. PLUS TÔT UN NEUROLOGUE ÉTABLIT LE
DIAGNOSTIC, PLUS VITE IL PEUT INSTAURER UN TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX.
L’ATTITUDE ATTENTISTE EST DÉSORMAIS HORS DE QUESTION.
La sclérose en plaques (SEP) se caractérise du temps, s’avérer essentielles pour l’établis- invalidante qu’à un âge avancé. « Nous es-
par des poussées inflammatoires récurrentes sement d’un diagnostic futur », explique le pérons pouvoir déplacer la forme la plus
dans différentes régions du cerveau et de la Dr Danny Decoo. invalidante de la maladie vers un âge exclu-
moelle épinière, provoquant des symptômes sivement avancé, ou, idéalement, prévenir
de défaillance neurologique (p. ex. défaillance Le nombre de poussées peut son apparition », conclut le Dr Decoo.
du nerf optique). Le diagnostic ne pourra être varier fortement, grâce à
posé qu’après avoir observé deux poussées
survenant dans deux sites différents et sépa- l’amélioration des traitements
rées d’un intervalle d’au moins un mois. Les Les traitements contre la sclérose en plaques
radiologues peuvent détecter les lésions par existent depuis les années 90. L’injection de
imagerie médicale. médicaments peut atténuer la progression de
la maladie et diminuer de 30 % en moyenne
Détérioration progressive le nombre de poussées. Selon le Dr Decoo,
les études ont montré qu’un traitement préco-
de la mobilité et des ce a un effet favorable sur la fonctionnalité et
facultés cognitives sur l’augmentation du degré d’invalidité. « Rien Interview avec
La SEP, une maladie auto-immune chronique, ne sert d’attendre une évolution défavorable. Dr Danny Decoo
Neurologue AZ Alma
se manifeste généralement sous 2 phases/ Si l’on attend 2 ans avant d’administrer un
à Sijsele-Damme
formes. La première phase se caractérise médicament, il sera à jamais impossible
par l’apparition soudaine de poussées. En d’obtenir le béné-
l’absence de traitement, la fréquence moyen- fice que l’on aurait PUBLICITÉ
ne des poussées est de moins de une pous- obtenu avec un trai-
sée par an, mais elle peut se révéler très tement immédiat.
variable. Entre les poussées, le patient n’ob- On ne pourra plus
serve aucune aggravation de sa maladie. Au jamais annuler l’ef-
bout de 10 à 15 ans en moyenne, le nombre fet de ces lésions ».
de poussées diminue, mais l’état du patient Les neurologues
commence progressivement à se détériorer espèrent que l’uti-
(= forme progressive). « Les patients ne doi- lisation prolongée
vent pas attendre l’apparition de limitations de médicaments
fonctionnelles. Une défaillance qui persiste au permettra à la plu-
moins 24 à 48 heures impose une consulta- part des patients
tion médicale. Les informations figurant dans SEP de n’atteindre
le dossier médical du patient peuvent, au fil la phase la plus
EPILEPSIE
ÉPILEPSIE :
UN COURT-CIRCUIT
ÉLECTRIQUE
DANS LE CERVEAU
ON ESTIME QUE 60 000 À 100 000 BELGES
SOUFFRENT D’ÉPILEPSIE.
PAR AILLEURS, 5 À 10 % DE LA POPULATION
DÉVELOPPERA UNE CRISE D’ÉPILEPSIE AU
COURS DE SA VIE.
EPILEPSIE
honnêtes à quelques questions précises sant sur les canaux ioniques des cellules céré- la dernière décennie, on a développé autant
peuvent faire suspecter une épilepsie. Ne brales. Résultat : 70 % des patients épilepti- de médicaments qu’au cours des 70 derniè-
reste ensuite qu’à effectuer certains exa- ques ne présentent plus de crises ou ne sont res années. « Chaque nouveau médicament
mens techniques (p. ex. scanographie céré- quasi plus gênés par les crises éventuelles. permet d’augmenter le nombre de personnes
brale) pour exclure ou confirmer le diagnostic épileptiques exemptes de crises. Les patients
d’épilepsie. Les chercheurs s’efforcent aujourd’hui de qui présentent malgré tout des récidives peu-
Les neurologues ne savent cependant tou- trouver un moyen pour éviter la survenue de vent au final avoir recours à des techniques
jours pas pourquoi le cerveau développe des crise chez les 30 % des patients restants. chirurgicales, à la mise en place d’un stimula-
caractéristiques épileptiques. Les recher- Les compagnies pharmaceutiques belges teur cérébral ou à l’implantation d’électrodes
ches menées notamment par le laboratoire (p. ex. UCB) participent très activement à la dans les structures cérébrales profondes »,
expérimental du Pr Boon à l’Université de recherche en matière d’épilepsie. Au cours de conclut le Pr Boon.
Gand visent à répondre à cette question.
« Nous pensons que la cause pourrait être
un coup porté au cerveau lors d’un accident
de la route, d’une affection ou d’un trauma-
tisme cérébral, qui serait suivi d’une période
pendant laquelle rien ne se passe, en appa-
DES IDÉES REÇUES
rence. Au bout de quelque temps – quelques
semaines, mois ou années – un court-circuit QUI ONT LA VIE DURE
se produit brusquement. Si nous parvenons
à savoir ce qui se passe exactement pendant I L’épilepsie est toujours héréditaire
cette période, il y a beaucoup de chances Faux.
que nous puissions prévenir le développe-
ment de l’épilepsie à l’avenir. » I L’épilepsie se développe spontanément
Faux. L’épilepsie n’est pas toujours une maladie bénigne, et peut s’aggraver progressi-
Un traitement axé sur la vement en l’absence de traitement.
réduction ou l’arrêt des crises
I Un patient épileptique ne peut jamais conduire de voiture
Les médicaments antiépileptiques actuels
visent à arrêter ou à réduire substantielle- Faux. Lorsque le patient n’a pas eu de crise pendant 1 an, il peut conduire à condition
ment les crises. Ces médicaments rétablis- d’avoir un certificat médical.
sent l’équilibre entre les substances qui trans-
I Les images en 3D provoquent des crises
mettent les impulsions électriques entre les
Faux. Seuls les éclairs (boîtes de nuit) et les images alternant rapidement peuvent éven-
neurones (= neurotransmetteurs), ou encore
tuellement provoquer des crises chez les personnes sensibles.
normalisent la conduction électrique en agis-
EPILEPSIE
« Les retombées de l’épilepsie sont médica- Avec l’adolescence viennent Toute sa vie, il faudra vivre avec
les, psychologiques et sociales. » explique le Non seulement tous les grands choix de vie
Dr Michel Ossemann. « Ces 3 aspects doi-
les choix de vie
(maternité, loisirs, profession,..) seront influ-
vent être pris en compte par les équipes Le choix d’une orientation professionnelle est encés par la gestion de sa maladie mais il
soignantes lors de la prise en charge d’un crucial en cas d’épilepsie. C’est qu’il ne faudra faudra dépasser le stade de « maladie hon-
patient épileptique » pas se mettre en danger, ni les autres… teuse ». En parler avec son entourage, sa
Difficile d’imaginer devenir chauffeur de bus famille, ses collègues devrait permettre d’évi-
La période scolaire : éviter les scolaire ou couvreur ! ter de tristes perceptions. On a moins peur
dangers et annoncer la couleur Une discussion approfondie avec l’équipe de ce qu’on connaît !
Une fois un traitement médical mis en place, soignante est indispensable afin d’anticiper
la plupart des enfants peuvent poursuivre toute déception ultérieure.
une scolarité normale mais devront toujours De même, la conduite d’un véhicule (vélo,
veiller à éviter les sources de danger s’ils scooter ou voiture plus tard) sera envisagée
venaient à faire une crise. La pratique du avec son médecin.
sport par exemple est conseillée mais on
Il existe une législation stricte au niveau du
nagera sous surveillance particulière et on
permis de conduire en cas d’épilepsie. Les Interview avec
évitera les sports dangereux (escalade, ..) Dr Michel Ossemann,
D’autre part, il est conseillé de toujours pré- jeunes patients apprendront progressive- Neurologue et
venir les personnes sous qui on place la res- ment à s’approprier leur maladie, à la gérer. Chef de Clinique des
ponsabilité de ces enfants : enseignants, Ils éviteront les facteurs favorisants (alcool, Cliniques universitaires
UCL Mont Godinne
moniteurs de stages, chefs scouts,… cannabis, manque de sommeil,…)
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SCHIZOPHRENIE
LA SCHIZOPHRÉNIE,
L’EXPÉRIENCE
D’UNE RÉALITÉ
PERTURBÉE
LA SCHIZOPHRÉNIE EST UN TROUBLE PSYCHI-
QUE GRAVE, QUI TOUCHE LÉGÈREMENT PLUS
LES HOMMES QUE LES FEMMES. LE PREMIER
ÉPISODE PSYCHOTIQUE SURVIENT GÉNÉRALE-
MENT ENTRE 16 ET 25 ANS. LA SCHIZOPHRÉNIE
PEUT ÉGALEMENT APPARAÎTRE À UN ÂGE PLUS
TARDIF, MAIS CELA RESTE EXCEPTIONNEL.
Selon le Pr Jozef Peuskens, au moins centrations, d’expériences/convictions étran- troubles cognitifs (= symptômes positifs)
30 000 à 50 000 Belges souffrent de schi- ges (p. ex. impression de recevoir des sont les plus frappants, en plus des déficits
zophrénie. Un psychiatre ne peut établir le ordres), etc. « Ces modifications, qui s’inten- fonctionnels (= symptômes négatifs).
diagnostic que lorsqu’une personne a déjà sifient graduellement, persistent parfois 1 à 2 Les patients présentent des expériences
connu un épisode (crise) psychotique et que ans avant qu’une aide médicale ne soit sollici- sensorielles étranges en l’absence de stimu-
son fonctionnement a été altéré pendant au tée. On pourrait penser qu’à mesure que les lus externe, p. ex. ils sentent des odeurs et
moins 6 mois. Un épisode (crise) psychotique symptômes s’aggravent, le patient réalise de voient des couleurs étranges et entendent
correspond à un trouble sévère du fonction- façon croissante qu’il est gravement malade, des voix (= hallucinations). Un schizophrène
nement cérébral, caractérisé par une pertur- mais ce n’est malheureusement pas le cas. entend la voix d’une personne qui n’est pas
bation des perceptions et des interactions Une personne atteinte de schizophrénie subit présente dans la réalité extérieure. De
avec l’environnement. Le résultat est que le un premier épisode sans en être consciente, même, il goûte du poison alors qu’il n’a aucu-
patient vit une réalité perturbée (par rapport car la situation a évolué progressivement. ne substance (toxique) en bouche, etc.
à lui-même et à l’environnement). L’entourage parle de souffrances liées à la Les troubles cognitifs se manifestent sous la
croissance ou d’une crise d’adolescence, forme d’idées délirantes. Il s’agit de concep-
Caractéristiques alors que le problème est nettement plus tions erronées de la réalité, qui ne sont pas
de la schizophrénie complexe. Il arrive qu’il faille attendre un inci- liées à la culture et ne peuvent pas être cor-
dent majeur (p. ex. une télé fracassée en rai- rigées par la réflexion.
Juste au moment où de jeunes adultes vulné-
son de soi-disant rayonnements) pour que le Les schizophrènes ont l’impression que leurs
rables achèvent leurs études, entament une
patient soit hospitalisé – généralement contre pensées peuvent être entendues par les
relation, entrent en contact avec leur premier
son gré ». autres, qu’ils peuvent lire ou influencer les
environnement professionnel et développent
pensées d’autrui, que les autres leur font du
leur autonomie, ils peuvent être confrontés à
Troubles sensoriels et tort, les poursuivent et/ou les menacent,
des difficultés graves. Selon le Pr Peuskens,
troubles cognitifs etc.
un premier épisode est généralement précé-
dé de signes d’isolement social, de troubles de De nombreux symptômes sont associés à la
l’humeur, d’une diminution des facultés de con- schizophrénie ; les troubles sensoriels et les SUITE A LA PAGE 14
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BRAIN Fr 03-05-2010 12:11 Pagina 14
SCHIZOPHRENIE
SUITE DE LA PAGE 13
La réintégration au sein de la société néces- Utilisation prolongée de patient n’adhère pas à son traitement de
site un soutien psychologique et psychosocial manière stricte, il s’expose à un risque de
médicaments d’entretien nouvel épisode psychotique, souvent plus
ainsi que l’apprentissage de la gestion de situa-
tions stressantes. Du fait du manque ou de l’absence de compré- grave que le précédent. » Le problème de la
Selon le Pr Jozef Peuskens, la pierre angulaire hension de la gravité de sa maladie, il n’est non-adhérence (partielle) au traitement peut
pas toujours évident de convaincre le patient être pallié par le médecin par l’injection men-
du traitement est l’administration d’agents
schizophrène de l’utilité de médicaments. Une suelle ou bimensuelle du médicament (dans
antipsychotiques. « L’objectif consiste à inhiber
fois le patient convaincu de leur nécessité, il la fesse ou le bras) – administré ainsi, le
le composant biologique, à savoir l’activité
est essentiel qu’il prenne un médicament médicament agit plus longtemps qu’en cas
excessive de la dopamine dans le cerveau.
d’entretien quotidiennement, ce qui pose un de prise orale. Si le patient ne se présente
Les médicaments réduisent cette hyperactivi-
té – la cause des hallucinations et des idées pas au rendez-vous,
délirantes – et empêchent en outre l’appari- « LE RISQUE DE RECHUTE DANS UN DÉLAI le médecin pourra se
faire une bien meil-
tion de nouveaux épisodes psychotiques ». DE 1 AN EST DE 80 % APRÈS L’ARRÊT DE leure idée de l’obser-
Cela permet au patient schizophrène de maî-
triser à nouveau sa personne et son
LA MÉDICATION. » vance thérapeutique
et pourra surveiller le
environnement, sans que sa vulnérabilité ne
traitement de façon plus précise. En outre,
disparaisse toutefois complètement. Dans le problème pour toutes les maladies chroni- la présence de concentrations sanguines
cadre de l’approche bio-psycho-sociale, les ques. « Lorsque les symptômes ont disparu, il constantes offre une protection plus sûre et
soignants veilleront toujours à faire concorder existe un risque élevé que le patient prenne plus efficace contre de nouveaux épisodes.
parfaitement les trois composants. son médicament de façon moins rigoureuse, L’utilisation à long terme des ‘antipsycho-
Les médicaments et traitements actuels sans toutefois en informer son médecin. » tiques atypiques’ requiert un suivi rigoureux
permettent à 60 à 70 % des patients de du poids corporel et un contrôle régulier du
fonctionner sans symptôme gênant après un Après l’arrêt du médicament, le risque de taux de sucre et de graisse dans le sang.
premier épisode. rechute dans l’année s’élève à 80 %. Si le
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SCHIZOPHRENIE
SIMILES OFFRE
DES PERSPECTIVES
AUX FAMILLES
LA RELATION PATIENT-SOIGNANT EST AU CENTRE DES SOINS DE SANTÉ MENTALE.
TOUTEFOIS, AUTOUR DE LA MALADIE MENTALE GRAVITE SOUVENT UNE FAMILLE ENTIÈRE,
AUSSI DÉSEMPARÉE QUE LE PATIENT LUI-MÊME. LES MEMBRES DE LA FAMILLE QUI ONT
PERDU ESPOIR ONT ÉGALEMENT BESOIN D’INFORMATION ET DE SOUTIEN.
Similes est une association d’aide aux familles d’une affection mentale modérée à sévère
et amis de personnes atteintes de troubles bouleverse la vie de famille. Sa révélation fait
psychiques, explique Mieke Craeymeersch. l’effet d’une bombe, comparable à ce que
Elle trouve son origine dans le mouvement de ressent un patient apprenant qu’il est atteint
démocratisation apparu à la fin des années d’un cancer potentiellement mortel. Il est
1960, lorsque la société a exprimé le souhait nettement plus difficile, selon Mieke Craey-
de modifier et d’humaniser la psychiatrie. meersch, de comprendre une maladie men- Le mardi 1 JUIN 2010
tale qu’une maladie physique. « Les gens ont
Rectifier les attentes du mal à s’en faire une idée correcte, ce qui de 18h à 20H,
Similes accueille tant les partenaires, les les fait tomber dans les préjugés. Nombre de Similes Bruxelles asbl
parents que les frères et sœurs de person- personnes pensent, à tort, que les patients
nes présentant un trouble mental modéré à souffrant de maladies mentales sont des organise une conférence:
sévère (dont la schizophrénie). Des person- « tire-au-flanc ». Une de nos missions consiste « L’administration
nes confrontées à une même problématique à rectifier les idées associées aux maladies
s’aident mutuellement à accepter et à gérer mentales et aux soins de santé mentale en provisoire de biens »
le diagnostic. Comment aborder une maladie général. »
Regards croisés du Juge de paix et de l’admi-
mentale, quelle place lui donner au sein de la
famille, comment rectifier les attentes d’un Rompre l’isolement social nistrateur sur les rapports entre administré et
parent dont le fils ou la fille était initialement Des groupes de bénévoles sont actifs à administrateur.
destiné à un avenir prometteur ? L’irruption l’échelon national. A intervalles réguliers, ils LIEU Auberge de Jeunesse J. Brel –
organisent des activités auxquelles partici-
Rue de la Sablonnière 30 - 1000 Bruxelles
pent les membres des familles de personnes
souffrant de maladies mentales. Les symp- INFOS ET INSCRIPTIONS 02/511 99 99 –
tômes des maladies mentales sont certes 02/511 06 19
différents, mais leur effet sur la famille est P.A.F. 5€/personne – 3€/étudiant (à payer sur place)
similaire. Toutes ces histoires suivent un
même fil rouge. « De nombreuses person-
nes éprouvent des sentiments de honte, de étape qui permet de reprendre sa vie en
culpabilité et d’anxiété vis-à-vis de l’avenir. main, de comprendre qu’une maladie mentale
L’objectif est de rompre leur isolement so- se traite comme une autre maladie, » conclut
Interview avec cial. » Des activités d’information figurent Mieke Craeymeersch.
Mieke Craeymeersch également au programme. « Obtenir des Pour plus d’information,
Directeur Similes
informations constitue souvent la première consultez www.similes.be
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TROUBLES BIPOLAIRES
LES TROUBLES BIPOLAIRES SONT UNE AFFECTION QUI N’EST PAS TRÈS FRÉQUENTE, MAIS
QUI EST CEPENDANT LOIN D’ÊTRE EXCEPTIONNELLE ET QUI RESTE PARFOIS DIFFICILE
À DIAGNOSTIQUER. UN TOUR D’HORIZON CONCERNANT CETTE PATHOLOGIE AVEC LE
PR KURT AUDENAERT (HÔPITAL UNIVERSITAIRE DE GAND), QUI NOUS EN DÉVOILE LES
TENANTS ET LES ABOUTISSANTS.
TROUBLES BIPOLAIRES
viennent souvent de façon familiale. La trans- ter notamment les changements de com- slation Inami exige que ce soit un psychiatre
mission héréditaire est cependant dite multi- portement du patient comme des signes de qui prescrive pour la première fois tel ou tel
factorielle, car on n’a pas pu, contrairement son affection. L’entourage a évidemment médicament.
à ce que d’aucuns avaient espéré, mettre en également un rôle essentiel pour convaincre
évidence le gène des troubles bipolaires. Si le patient de prendre sa médication pendant Les médicaments indispensables
on peut dans une certaine mesure faire de la un temps prolongé, voire à vie. Pour ce qui concerne le traitement, le rôle de
prévention des troubles de l’humeur, notam- la psychothérapie est plus limité que dans le
ment en adoptant un mode de vie adéquat, il (Se) poser des questions pour cas de troubles dépressifs (unipolaires),
n’existe aucun mode de prévention spécifique tenter de cerner des épisodes notamment du fait du rôle important des fac-
des troubles bipolaires. teurs génétiques, bien plus que du vécu du
de manie ou d’hypomanie
patient. Pendant les épisodes dépressifs
Le diagnostic de Il est important pour le médecin traitant qui mêmes, le patient aura cependant tendance
est amené à voir ce type de patient de poser à oublier ces épisodes où il se sentait en quel-
trouble bipolaire n’est pas des questions concernant d’éventuels épiso- que sorte trop bien. Il est d’une importance
toujours simple à poser des de manie ou d’hypomanie, question que cruciale d’interroger le patient au sujet de
Lorsque l’on voit un patient durant un épiso- le patient lui-même peut aussi se poser pour l’existence d’autres cas dans sa famille.
de dépressif, on peut d’emblée confirmer en parler d’emblée au médecin. Le traitement médicamenteux, en réalité indis-
celui-ci, mais si on interroge le patient et qu’il Il existe d’ailleurs divers types de questionnai- pensable (faute de quoi, les rechutes seront
s’avère à travers cet entretien ou sur base res destinés à mieux cerner les problèmes, nombreuses), sera basé pour les phases de
du dossier médical, qu’il y a déjà eu dans le comme le Mood Disorder Questionnaire manie sur des produits à effet calmant, dont le
passé des épisodes de manie ou d’hypoma- (MDQ). lithium, les nouveaux antipsychotiques, les
nie, on peut conclure au trouble bipolaire. La antiépileptiques. Pour les épisodes dépressifs
façon dont la dépression elle-même se pré- Certains symptômes doivent un peu faire on ne recourt pas aux antidépresseurs, mais
sente est en effet la même que pour des fonction de signal d’alarme ; notamment aux «antipsychotiques atypiques».
troubles dépressifs simples (unipolaires). problèmes de sommeil inhabituels, perte d’é- Une fois le patient stabilisé on donne en géné-
D’autre part ces épisodes dépressifs pro- nergie, activité réduite, … Une efficacité très ral le même traitement, mais à des doses
viennent souvent de façon plus fréquente, rapide (moins de 15 jours) d’un médicament moins élevées.
tandis que le caractère familial du problème antidépresseur est aussi, apparemment para-
doit aussi attirer l’attention. doxalement, un signe important, indiquant
qu’il y a fluctuation de l’humeur liée à la mala-
Le rôle que la famille a die elle-même plutôt qu’au traitement. Une
rechute rapide sous traitement peut aussi
à jouer est important pointer dans ce sens.
Il est important, pour commencer, que l’en- Le médecin traitant devrait en principe
tourage soit au courant du diagnostic. La recourir à l’aide du psychiatre s’il n’arrive pas
psychoéducation, importante pour le patient à résoudre le problème avec son traitement
lui-même, l’est tout autant pour ses fami- initial. Le psychiatre est par ailleurs souvent
liers. Ceux-ci doivent reconnaître les signes consulté par des généralistes qui souhaite- Interview avec
de la maladie, réaliser leur importance, raient obtenir une confirmation de leur pro- Pr Kurt Audenaert
UZ Gand
apprendre à les percevoir assez tôt, accep- pre diagnostic. Il y a aussi les cas où la légi-
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LE LOURD TRIBUT
L’addiction, définie comme tout comporte-
ment dédié à la recherche du plaisir ou à
l’apaisement d’un malaise intérieur, met en
jeu de nombreuses fonctions cérébrales. La
TEXTE AN SWERTS
Après la Seconde Guerre mondiale, l’usage comanes qui partagent leurs aiguilles et leur Prendre en charge la
de drogues dans les pays occidentaux a aug- matériel de préparation. »
menté à un rythme effréné. Le nombre de
toxicomanie ET l’hépatite C
personnes qui consomment/s’injectent des De la fatigue au danger de mort Les directives américaines et européennes
drogues est aujourd’hui estimé à 16 millions. initiales recommandaient aux médecins de ne
« 80 % des patients infectés développent une
Parmi les 4 millions résidant en Europe, un pas administrer de traitement contre l’hépatite
hépatite chronique, généralement asympto- C aux toxicomanes. Elles reposaient sur la con-
tiers environ est sous traitement. Ce traite- matique. Au bout d’une dizaine d’années,
ment comprend un accompagnement psy- viction qu’ils ne suivraient de toute façon pas
20 % de ces patients présentent des lésions leur traitement et que les résultats en seraient
chosocial et un traitement de substitution du foie, avec le développement de cicatrices
pour les toxicomanes consommant des opia- donc médiocres. Au cours de la dernière
(cirrhose du foie). Si des symptômes appa- décennie, plusieurs études internationales
cés (principalement les héroïnomanes). raissent, ils sont souvent non spécifiques de
L’utilisation d’un produit de substitution selon (pour le Benelux, Pr Robaeys) ont démontré
la maladie (fatigue, troubles digestifs). Chez que cette conclusion n’était pas valable pour
des conditions contrôlées permet de mettre 25 % des patients, la cirrhose donne lieu, au
graduellement un terme à l’usage de drogu- certains groupes de toxicomanes. Les directi-
cours des dix années suivantes, à des com- ves ont donc été adaptées en conséquence.
es. Les produits de substitution légalement plications sévères incluant l’accumulation de
autorisés en Belgique sont la méthadone et Selon le Pr Robaeys : « Le toxicomane qui peut
liquide intra-abdominal, les hémorragies par recevoir un traitement contre l’hépatite C
la buprénorphine. La méthadone est pre-
rupture de varices œsophagiennes ou le coma. répond aux critères suivants : il suit un traite-
scrite sous la forme de comprimés ou de
Ces complications peuvent entraîner le décès ment de sevrage, n’utilise pas de drogues
préparations magistrales (gélules, sirops).
du patient. D’autres patients développent un illicites (ou seulement occasionnellement), est
La buprénorphine et la buprénorphine en
cancer du foie. Une transplantation du foie est motivé pour réussir son traitement et est bien
association à la naloxone, sous la forme de
alors souvent la seule option disponible. » suivi par des soignants. Son hépatologue colla-
comprimés destinés à une administration
sublinguale. bore étroitement avec une équipe pluridiscipli-
On estime que 40 % des personnes ayant
Un diagnostic établi à temps naire (médecin spécialisé dans la substitution,
un jour consommé des drogues n’en con- augmente les chances de infirmier/ère, assistant(e) social, psychologue,
psychiatre). Quant aux toxicomanes qui ne par-
somment plus 10 à 20 ans plus tard et ne guérison viennent pas encore à renoncer aux drogues,
présentent aucun dysfonctionnement au sein « Lorsque le diagnostic d’une infection par
de la société. L’usage de drogues est toute- il est préférable de les traiter d’abord pour leur
l’hépatite C est établi en temps opportun – c.- toxicomanie. De fait, le risque d’une nouvelle
fois souvent associé à une conséquence à-d. avant l’apparition de lésions hépatiques
funeste, à savoir l’hépatite. infection par le virus de l’hépatite C est réel et
irréversibles – les chances de guérison après les chances de réussite diminueraient avec
un traitement de 6 mois à 1 an oscillent entre chaque nouveau traitement. »
La contamination par des 50 et 90 %, selon le génotype du virus. Le
aiguilles infectées traitement consiste en une association d’inter-
« 40 à 80 % des personnes qui s’injectent des féron – qui stimule le système immunitaire –
drogues ont été contaminées par le virus de et de ribavirine, un inhibiteur du virus. Plus vite
l’hépatite C, qui se transmet par un contact le traitement est instauré après le développe-
direct de sang à sang », explique le Pr Geert ment de l’infection, plus il est facile de l’élimi-
Robaeys, gastro-entérologue hépatologue ner du sang. Toutefois, c’est justement là que
(hôpital Oost-Limburg, UZ Leuven, UHasselt). le bât blesse. De fait, les toxicomanes consti-
« L’identification du virus et sa détection dans tuent aujourd’hui le principal groupe à risque
le sang sont possibles depuis le début des pour une nouvelle infection par l’hépatite C,
Interview avec
années 90. Depuis lors, le sang des donneurs mais le dépistage de cette infection demeure
Pr Geert Robaeys
est testé pour le virus et toute contamination trop rare dans ce groupe de population. Et si Gastro-entérologue
par transfusion sanguine est désormais le diagnostic est posé, ces patients ne se hépatologue,
exclue. Le virus continue cependant de se voient souvent pas proposer de traitement, ou Hôpital Oost-Limburg,
UZ Leuven, Uhasselt
propager à une vitesse fulgurante chez les toxi- trop tard.
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DEPENDANCES
LA LUTTE CONTRE L’HÉPATITE C
DU TOXICOMANE : PRÉVENTION
ET APPROCHE MULTIDISCIPLINAIRE
AUJOURD’HUI, LE PRINCIPAL MODE DE TRANSMISSION DE L’HÉPATITE C CONCERNE LES USA-
GERS DE DROGUES . POUR LUTTER EFFICACEMENT CONTRE CE LARGE PROBLÈME DE SANTÉ
PUBLIQUE, IL EST INDISPENSABLE D’INFORMER POUR PRÉVENIR LA PROPAGATION DU VIRUS ET
D’ABORDER LA PRISE EN CHARGE DES PATIENTS SELON UNE APPROCHE MULTIDISCIPLINAIRE.
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