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Devoir
Devoir Alf. Contribution à l'étude de l'Ère monumentale préhistorique : l'Architecture mégalithique bretonne et les observations
solaires (Suite). In: Bulletin de la Société préhistorique de France. 1916, tome 13, N. 1. pp. 70-80.
doi : 10.3406/bspf.1916.7143
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1916_num_13_1_7143
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(1) Voir Bull. Soc. Préh. 1 ravç, 1915, № 10, p. 369; № 11, p. 403; № 12, p. 458.
(2) Coatmoeun en Brennilis, Noroc'hou en Loqueffret, Kerastrobel en Crozon ;
il est impossible de ne pas être frappé de la ressemblance du tracé de ces voûtes
avec celui des arches du pont de Sainte-Catherine, près Carhaix, d'époque gau-
'oise, selon du Cbâtellier. NC.
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grande surface, mais de faible relief (T.ronval et Lesconil en Plo-
bannalec (NC), Pen ar menez et Kervilloc ou Kervillogan en Treffia-
gat(NC).
Dans ces curieux ensembles, un dolmen domine généralement les
chambres éparses autour de lui, sans orientation ou ordre appa
rents; ce dolmen, de dimensions modérées, a sa table fortement
inclinée, deux supports étant nettement plus courts que les autres :
cette disposition commune à trois au moins de ces ensembles,
paraît intentionnelle.
Les explorations ont donné des récoltes intéressantes et ont
révélé l'existence de petits coffres en pierres plates accolés aux
blocs principaux des chambres, elles ont été malheureusement sui
vies de mutilations par les usagers du sol, et il est à craindre que
ces monuments, encore insuffisamment étudiés dans leur architec
ture, aient d'ici peu disparu. La partie Est de celui de Lesconil est
actuellement exploitée pour la construction des clôtures de champs,
Peu ar menez est bouleversé : son tertre avait 64 mètres sur
20 mètres.
Les Coffres, particulièrement nombreux aux abords de la baie
d'Audierne et dans le canton de Quiberon, n'ont absolument rien de
monumental ; on les rencontre parfois groupés dans des tertres,
plus souvent isolés, au cours des défrichements.
Formés de pierres plates dont les plus longues n'atteignent pas
2 mètres, sur quelques centimètres d'épaisseur, ils ont pu être
construits sans le secours d'aucun engin mécanique, leur simplicité
même en permettait la multiplication.
Les circonstances de leur découverte d'une part, et de l'autre la
facilité avec laquelle ils peuvent être fouillés, puis bouleversés, sont
pour les coffres des causes de disparition : il n'a été recueilli, sur
leurs orientations que fort peu de renseignements absolument surs.
Ces petites constructions sont néanmoins intéressantes au point
de vue architectural, comme formées, ainsi que les dolmens, d'un
nombre restreint d'éléments, l'avenir nous dira peut-être si elles en
constituent le prototype ou de simples réductions.
Les Tumulus.
(1) Trois au moins de ces grandes galeries ont été violées à l'époque romaine
(du Ghâtellier).
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Zacharie Le Rouzic (1) résume ainsi, en ce qui concerne la plus
riche de nos régions monumentales :
Commune de Carnac, une cinquantaine de dolmens, 6 tumulus ;
communes voisines, entre les rivières d'Etel et d'Auray (Erdeven,
Plouharnel, Grac'h, la Trinité, Saint Philibert, Locmariaker),
environ 200 dolmens, 2 tumulus.
Ces chiffres comprennent, pour les dolmens de tous types, non seu
lement les monuments bien ou assez bien conservés, mais aussi les
ruines indiscutables.
Dans sa brutale simplicité, un tel résumé impose quelques remar
ques.
1° Le petit nombre des tumulus sur dolmens contraste avec le
grand nombre des dolmens à l'air libre; d'autre part une forte pro
portion de ceux-ci garde encore des traces nettes du tertre de cons
truction (2).
2° Plus rares que les tumulus de recouvrement sont les chambres
à parois maçonnées, même en y comprenant celles à parois compos
ites ; des dolmens « fermés » de tracé circulaire ou presque, fo
rment la moitié du total des monuments enfouis (Saint-Michel №s 1
et 2; Mané er Hroeck; Moustoir); deux des tumulus correspondants
sont parmi les plus volumineux connus.
3° En admettant que l'auteur de l'opuscule précité ait volontaire
ment omis, dans une brochure de vulgarisation, plusieurs tumulus
de recouvrement de lui connus, le nombre de ces buttes artificielles
reste incontestablement bien inférieur à celui des dolmens de tous
types, découverts pour la plupart il y a un siècle, c'est-à-dire au
début de la période des fouilles, et alors que le rapport des surfaces
cultivées aux surfaces incultes était beaucoup plus faible qu'aujourd
'hui.
(1) La même remarque s'applique aux tumulus qui n'abritent aucune cons
truction monumentale ; plusieurs d'entre eux cités et explorés par M. du Châtell
ier dépassaient le sol naturel de 2 à 3 mètres ; ils étaient donc comparable»,
comme volume, à bien des tumulus sur chambres.
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constructions actuellement enfouies, et à celles dont l'enfouissement
a été scientifiquement constaté au cours du dernier siècle, le postu
látům généralement admis pour les chambres à parois mégalithiques
comme pour celles à parois maçonnées.
Ces dernières renferment, sauf exceptions extrêmement rares, des
restes humains, incinérés ou inhumés ; des fouilles, faites avec le
plus grand soin, depuis cinquante ans, établissent le fait sur des
bases inébranlables.
Les chambres à parois maçonnées ou composites étaient donc des
sépultures ou mieux des sépulcz*es ; j'ajouterai même qu'elles ne
pouvaient être rien d'autre, le tumulus de recouvrement devant
cacher aux yeux de tous, sous sa chape étanche et inviolable, le
monument à jamais enfoui.
Comme je l'ai déjà dit, la cellule faite de pierres disposées régu
lièrement, avec recouvrement mégalithique ou à encorbellement,
peut ne pas exister ; quelques très petites dalles constituent en pareil
cas l'élément inférieur de protection des restes, incinérés dans la
plupart des sépultures de ce genre.
L'importance prédominante du tumulus dans les rites de leurs
architectes est d'ailleurs bien mise en valeur par cette observation
de l'auteur des « Epoques préhistoriques et gauloise dans le Finis •
tèreï qu'à la base de certains d'eux on rencontre, àla place ordinaire
des cendres, un petit mulon de sable très blanc. L'hypothèse d'un
monument commémoratif, d'un « tumulus de souvenir », pour
employer l'expression du savant archéologue, est incontestablement
séduisante.
Les chambres à parois maçonnées des cantons du Huelgoat et de
Pleyben n'ont souvent livré, comme tout mobilier, qu'un vase gross
ier, fait sans le secours du tour ou du plateau ; des vases du même
genre se retrouvent dans les sépultures plus richement garnies des
arrondissements du Nord et du Sud, à côté d'armes de bronze et de
pointes de flèches en silex, d'un travail très délicat (1).
La similitude des vases autorise, jusqu'à preuve du contraire, à
rapporter toutes ces sépultures à un même stade de civilisation, de
durée d'ailleurs imprécise, correspondant à l'emploi courant du
métal et à un haut degré de perfection et d'élégance dans la fabrica
tion des très petits objets en silex (2).
(1) Dans sa monographie du canton du Huelgoat (Berrien), le même auteur
mentionne, près d'un tumulus inviolé, une allée couverte, dont la table a été débi
téepar des carriers : elle était done a l'air libre.
(2) Les fouilles de M. du Châtellier n'ont donné qu'un objet en pierre polie,
recueilli dans la grande chambre à parois maçonnées de Kerhuébras en Plonéour
Lavern (N.-G). — A rapprocher de la belle pendeloque en callais de la Chambre
composite d'Er Grah, en Locmariaker.
(3) Les fines barbelures de ces pointes peuvent être imitées par simple pression
d'un bâtonnet dur.
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Ces pointes ont elles servi a armer les flèches usuelles? La question
me paraît devoir être résolue par la négative ; des éclats aussi min
ces sont fragiles ; le travail difficile et hasardeux nécessité par leur
confection devait en faire des choses précieuses ; il faut sans doute y
voir de véritables fétiches, rappelant les temps déjà lointains où le
métal était encore inconnu.
Une caractéristique commune à tous les tumulus dont je viens de
parler est le soin extrême apporté aux travaux destinés à assurer
l'étanchéité de la chambre funéraire ; le tumulus comprend toujours
une chape plus ou moins épaisse faite soit d'argile calcinée en place,
comme le montrent les débris de charbon dont elle est parsemée,
soit de vase liante, fluviale ou d'estuaire, suivant les régions. Cette
dernière forme aux embouchures des petits fleuves bretons des
bancs épais et étendus, témoins de la puissance de l'érosion torrent
ielleaux temps quaternaires.
Des précautions analogues ont été prises pour la protection des
chambres à tracé fermé sur lui-même que recouvrent les grandes
buttes artificielles morbihannaises, et notamment celles du Mont-
Saint-Michel de Carnac, de Tumiac et du Mané er Hroech ; dans
cette dernière, on n'a rencontré que des éléments pierreux surmont
ant une chambre à parois maçonnées et partiellement excavée dans
le sol, comme le sont de nombreuses constructions finistériennes.
Les deux autres sont caractérisées par trois enveloppes superpos
ées, l'inférieure et la supérieure en pierres, la moyenne en vase
d'estuaire, capable à elle seule de s'opposer à la pénétration des
eaux pluviales.
Au Mané er Hroeck, c'est l'épaisseur même du monticule qui
garantit l'étanchéité, grâce à des éléments terreux interposés, en
faible quantité d'ailleurs, et malgré l'absence d'une chape complète
en matériaux plastiques.
Dans ces trois monuments, l'énormité du tumulus contraste avec
la petitesse de la chambre ou des chambres recouvertes ; la remar
que en a été faite depuis longtemps ; elle s'applique également aux
sépultures du Finistère étudiées précédemment, bien que les monti
cules abritant ces dernières soient bien inférieurs, comme hauteurs
et comme masse, aux célèbres tumulus morbihannais.
Ceux-ci donnent incontestablement, au même titre que les autres,
l'impression de sépultures définitivement closes et enfouies aussitôt
après fermeture de la chambre ; mais cette impression tend plutôt à
s'affaiblir, quand on considère les récoltes qu'ils ont livrées. « II n'y
« a pas de région, a dit M. E. Cartailhac (1), qui ait fourni de plus
« belles et de plus nombreuses haches en roches rares que la Bre-