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le yoga comme art de soi ae sage Philippe Filhiot Pgs de, Php Fit nse Pcs eins Se recherches veulet velicr spirituaité, art, &ducaton ot vit, A partir de con expr pesca rate ethers, tee sense sane dion a oie spielen give @ we ail dere cnc Le ts cd Pipe Flt msi @ we pratique non duels, wn chemin ot corps et esprit e sont plus dssoci l e y 0 g a comme art de soi " Le sourfile de lesprit' ACTES SUD DANS LA MEME COLLECTION Abbé Pier, Pere Khenchen Shah. Anipa Rinpché, Comment sree pox der od. Ushio Ancpts, Diogu cee de ravi Mati Balt, Frond g's Dice ny Bauchaty, Ere du matin; Le Pie on chr: "Echt Le Lamine nig ema dele Mautce Sin fetes anjeune dave. Fe Sec lar Ugage pie dans bauddbirme ron Cateye Cason So Rien, Brin ere Si Larbs Chehooi ve Jet Mon, Pleringe rs Mare Antoine Conn de Benepe Le Vee here Dalles La Compan ond Cire Oust, Ze Render Vode eae. Tams Denys a Ved bow Hn Fallon, Bnntenatompefnr le Ta EXE Goal, Llano Rabbin Phillpe Hadad, Eres ep hance. Babbin Haim Koni crea Tt. Ramon Lomatewuna. Le Chemin dren. Michal Lonnie, Onze Ela il, robe denege Dail Mcand, Enger re Petr Alsin des Brandis Pir po ing Dani Otic, Tamtr pontandt de ine Rios Paar Ue cpa pour note ves: = ation ts Vode Roland Vino Rech Zen, en quoi Isles oy, etme epoca deuce (939-1943) Datser Sao nom Jearllaou Sinn, Deon Cunt de Fert Ser Emanuci fo Men dy rare Mohamed Tel, Unis Core, ‘xe igh. Grebo oma be Chant db rip Washington Matches. Phiie Leung Relea “LESOUFFLE DE LESPRIT™ to die er Crisien Datta La calleccion "Le Sone de epi” se veut le refer une couverrue des uns aux auces, rover apie, le efexon, In tndicnion, Nous avons demande 3 des perineal ric sicues ou lignes, coyantes, ates ou agnostiqes, de nous faire part de leur “prt, eles scien une invocation 2 Diew eu une flcsion de agene ue horaine son deve, DU MEME AUTEUR PHILIPPE FILLIOT LLEDUCATION AU RISQUE DU SPIRITUBL, Desclée de le yoga comme art de soi Brouwer 2011, © actessuD, 2012, 1808 9782-530-00669 9 ACTES SUD UN CHEMIN D/APPRENTISSAGE Dirge ton regard vers intcriew este rouwenas de miler de régions encore inexplondes, Découre-les et deviens expert en casmographie persnrelle HENRY DAVID THOREAU JOURNAL D'EXPERIENCES Coller au plus prés de la pratique. ‘Témoigner, sculement témoigner. Ne pas faite de la “ieeérature” ni de la “théo- rie", Juste des notes de pratique. Jour apeés jour [Ne pas envisager le yoga comme “objet d’éude” ‘mais avant cout comme expétience. Oublier le savoir, mettre entre parenthéses les concepts. Re- venir & la sensation. Tiaduire ce qui se passe, ce qui se pense dans le corps, en mots, en idées, en images. Rien que les fais, Stouvrir ce qui advien, se liver pew & pew & ce qui vient (tse situe cout lapprendre quand il Sagic d’apprendre A écre et non seulement d’ac- quéric des savoirs ou des savoir-fair), lier yoga et vie quotidienne, réduire la dis- tance qui les sépare, de plus en plus. UNE CHOSE EST SORE Cela nla Vair de rien mais cest tts difficile de ppascer d’une pratique hebdomadaire classique & tune pratique quotidienne, fitelle courte, et pour- cant tous les maferesspirtuels, quelles que soient les traditions, ne font que cépéter l'importance de la persévérance dans la pratique. Nous trou- vons du cemps pour tutes sortes de choses plus ‘04 moins utiles, mais cing minutes pout respite, illny a plus personne... En tout cas, une chose est sxe, méme si je rdloigne de cette pratique, jy reviens toujours comme & un centre ec & chaque fois je me dis (ou phutieje constate) que la réside la vaie vie, Désor mais pour moi la vie “normale” est dans ces ias- tants privilégiés erla vie quocdienne doiten garder Tempreince et la teace de plus en plus profonde, ‘Diane certaine fagon, les choses se sont inver- séesje ne pergois plus ces moments comme excep- tionnels dans une vie ordinaire(agitéc, tcoublée, cexcitée pourrien... la viede tout le monde, quoi) mais comme ordinaires dans une vie anormale (mais considérée comme la norme !). ‘Fessaye de transformer Pexceptionnel en ordi- nae. Jai du pain sur la planehe ! ‘TRANSFORMER LEXCEPTIONNEL EN ORDINAIRE Latacheest immense, infinie, impossible, méme mais jai confiance. Confiance en cette “chose sire” que je sens au fond intime de moi-méme et ‘qui pourtant appartient 2 tout le monde. La res- piration, ce trésor cach¢ juste 1a en nous, y ouvre deen quelque sortel'atceste encore fautil prendre conscience de cecte evidence! A partirde a, com- ‘ment puisje vivre autrement que dans cette con- science ? Comment pouvais-je vivre comme je vvivais avane ? Il nly a pas d'autre fagon de vivre pour moi maintenant. Le retour en artitre est ‘impossible :évolution est commencée et nes’ sétera qu’a la mort. Voila ce que je veux. Cest pat 12 oit je veux aller. C'est ga qui importe avant route chose et que je désite cultiver envers et contre out (Poubli, le doute, le découragement, les habi- tudes, Popinion des autres ct de soi-méme...). Je me suis pas pressé, méme si cest bien “il et maintenant” que les choses commencent, pas demain, qui sera peut-éure wop tard, ou aleurs, oon a peur-tre jamais... Petit petit, oui, sans fracas, sans éclat, goutte 2 goutte, simple- ‘ment ezuvrer dans ce sens et fare sa vie. “Faire sa vie", se *réaliser’, re “un’, se donner, toutes dis- ‘inctions etcontradictions tombées, comment dire cela ? Les mots changent suivant les systémes de ppensée que l'on se forge. Mais eien n’est plus mer- veilleux. Cest la seule chose qui valle vraiment LE TRESOR DE LA RESPIRATION “Bh, quoi ! La respiration un trésor ? Cela n'a aucun sens...” Nous tespirons de la naissance & Ja more sans cesse ni artes sans meme y penser ; comment des lors aecorder de la valeur & ce qui est toujours IA? Respirer est tellement banal, tl- lemene simple... Ft pourtant, si fon y réfichit bien, cares sont [es moments oi: nous vivons en pleine conscience de notte souffle. La tée pleine de pensées nous perdons de vue cette fonction vitale et sans y prendre garde nous nous éloignons de Fessenticl, jusqufau jour oi “cela ne va plas”. Cet seulement = ce qui est déja une chance 8 ge de rente- trois ans que j'ai “découvert” la respiration, et depuis, je ne cesse de reveni sur cette découverte qui nen finie plus d’owvrir en moi de nouveaux horizons, Crest une aventure ordinaire et excep tionnelle qui échappe complécement au raison- rnement et au langage. Au sein de Tinspir et de Vespir, il nous faur quitter les mots et se tenis, autant que faire se peut, an plus prés de la seule sensation. Rejoindre la ve. Nous sommes toujours attirés& Fexeéricur de fnous-mémes (et le monde actuel nous sollicive de toutes parts dans ce sens), et méme seuls fice 3 nous-mémes, nous continuons & passer & cbt dela seasation présente, plongés dans 0s mono- logues intétieurs, nos souvenirs, nos projets. Bref, rout ce magma incoherent, collant,répécitif ui faicle mental ordinaire {Il faut une véritable conversion de lesprit pour que T’attention sen arrache et vienne se porcer sur la respiration qui vaet vient en permanence dans le corps, mais si V'on veut bien se recourner en soi-m&me et se pré- ter régulitremenc cet exercce, alors, pew A peu, ilse passe quelque chose déronnant. Oh, sien de spectaculaire, juste impression fugace d'ére plus {que ce que on est d’habitude, de découvrir une espece «espace insoupgonné en soi Quel espace ! Quel espace nous sommes tous, et dire que nous enfermons nos vies dans des li- mites siérroites, quel gichis ! Une couche épaisse cecnoire semble recouvrir une vie nouvelle qui ne demande qu’a voir le jour, comme une petite pousse sur les trottoirs qui craque le bitumme et cherche la lumixe. Carla respiration, sidiscréte, Ala limite de "imperceptible, est d'une puissance formidable. Par som bias, 4 occasion de postures, ou de manitre imprévue, jeressens un sentiment ouverture, maisaussi de concentration de la vie, our 8 coup comme rassemblée au cxeur de soi, comme si je touchais a source doit vient la vie elle-méme, qui faie qu'il y ait existence ou non, Difficile& expliquer, esters intense et cts calme Ala foi, mais quand on a gotté cette saveut,. Mais en voila asser. Jespére ne pas tenir des propos trop “mystiques", Cest au contraire on ne pout plus concret et réel, méme si cela reste fon- damentalement impalpable. Cette expévience se sépercute dans fe quotidien et je me surprends pacfois& prendre plaisir’ simplemene... respi Seulement le fat d'etre la, de sentir quej existe, suffic® me contenter. Unc sorte de joie sans objet in’habite alors, une joie qui ne dépend ni des choses, ni des autres, ni méme sans doute de ‘Respirer parait peu de chose et pourtant c'est devenu pour moi un bien inestimable, un appui, ‘une aide, pout aller dans la vi ; pour aller dans la vie avec un peu plus de paix et de umizce. Voll, je crois, la grande legon de la respiration. CE QUIEST DUR C'EST DE DURER ‘Cest!"éxé qui revient, Voila maintenant une année gue jai eu le désir d"approfondir la pratique” (ans tp savoir ce que cela pouvait recouvtir...), ec décidé de suivte des cours individuels. Prati- quer ne reve que de notre choix seul- personne autre ne peut le faire notre place— mais je res- Sentas le besoin d'écre accompagné pour “feane chirce cap’, carcen est un, Ce resepasla peemidee fois que jessaye de pratiquer quotidiennement, Mais coutes les tentatives précédentes ont échous, ‘Quelques jours, une semaine, deus semaines, cout au plus... Bt puis les habitudes ordinaires 10- viennent. Ce qui est dur, c'est de durer ! Cote fois-ci, je tens bon. Il miarrive je Pavoue de “man- quer” une journée, mais si je regarde en artiéte, je dois reconnatre que jai réussi& installer une pratique iépétée, continue, eéguliére, mme si elle nest parfois que de courte durée (il faut rester ‘modest “wis contents une petite chose progresse” dist je ne sas plus quel philosophe ancique). Je dois remercier ici mon professeur de yoga, dont la déterminacion sans filleen la pratique me sou- tient, et sans qui je ny serais pas arvive Ce nest pas toujours facile, loin dela. Se mettse sure tapis tous les matins ne ressemnble pas & ces belles images que Yon voit dans les livres New ‘Age qui vantent l'harmonie et le bien-étre... Combien de résstances faut vaincre, combien obstacles 2 franchir quand on commence 8s’n- sgager dans cette voie ! On a du mal & imaginer tout Je travail sur soi-méme que cela implique. Mais tous ces efforts ne sont pas vains. Ce q reste au bout du compre cest une grande satis- faction, dénuée de tout sentiment personnel de fier, Jose le dite : je suis content de moi. Cela donne en phis la force de continuer et... Penvie de sy semetite! ETRE A CONTRE-COURANT DE SOL-MEME Lundi matin, Début de semaine assez chargé plein de choses & penser, & prévoir,& prepacct. ‘Quine connatt pas ces moments? Le premiec mouvement qui vient, c'est de se précipiter et de se mettrea latiche tout de suite, Etpourtant une autre tiche, au préalable, m/attend : j'ai décidé de pratiquer une courte séance pour expétimenter tune nouvelle facon de maitriser le souffle. Alors je my mets. Sur le tapis, debout, je m'inquiére de routes ‘ces choses & faire qui mfateendent, des pensées parses me traversent ct Sagivent vide dans tous les sens, on dirait des mouches qui virevolent dans un bocal... Je commence quand méme “les soucis seront pour demain’... Pour instant, equi doie me préoccuper, Ces la respiration, la postute, ce nest pas la téte ! Petit & peti, sans forcer les choses, d'autres pensées viennent et prennent bientt le dessus et poussent “dehors” les pensées précédentes. A Vesprit brouillé se sub- stitue progressivement un état desprit, pas par faicement yogique, mais disons un peu moins dispetsé et un peu plus clair... Cese comme un clou qui chasse autre. C'est presque mécanique. Mais pour mettre en marche le processus, i faut évier de céder au premier mouvement qui pousse & ne pas pratiquer et alors suivre la pente naturelle trés humaine, deinguiétude, deagi- ‘ation. Non, il fur se placeren quelque sorte dans lesens inverse: 6e contre-courant de so-méme. ‘Voila un principe que Von peut retenir de cet exemple de pratique. Le moi doit étre provisoire- ment mis de cBté pour lissr la place & une autre spective, un aire centre, au Soi, pourrait-on Hevea tal brsocnlas adie 3p cde [il agit de lisserfaice la pratique, sans hue ter, sans en faire erop, sans attendre non plus de résultats immédiats, miraculeux. Simplement étre ce que J'on fait et remertre & plus tard tout le reste. Etaprts ? Eh bien, toutes ces choses faire ni étaient pas si cerribles que cela |... SAVOIR CE QUE LON VEUT ‘Au fond, il nya quiune seule question qui vaille quel est ordre de nos prioreés ? Tout le reste dé- coule de cette question premiere, Que veut-on ? Considdre-t-on le yoga comme une pratique, agréable certes, mais secondaite (qui vient aprés le travail et permet de trouver du repos par exemple) out comme ce sur quoi se fonde la vie dans son ensemble? Franchir ke limites d'un tapis nest pas anodi Ces engage ren moins qu devoira vieen- titre sous un autre angle, Cet engagement sap- profondit par la pratique elle-méme et s‘inscrit peu a peu dans le corps méme. C'est avec tout son étre que Von pratique. EXPERIENCE DES LIMITES Certaines postures sont parfois si difficiles&réar Tiserque fon se heurtebient6t ses propreslinizes. 1 faut le reconnaite : je ny arrive pas. Impos- sible. Cest trop fort pour moi ! I ne faus pas force, luster, mais il ne faut pas non plus se décourager, lasser tomber. Souvent ‘nous sommes trop dues avec nous-mémes, ce qui conduit}.nous sentir coupables, ou bien &'inverse, ‘nous sommes trop “cool”, baissant les bras devant les difficuleés ce préférant notre petit confort per sonnel... Le yoga en cela est une leson dhumi- licé et de fucidicé devant la vie tlle quelle est Entre la résignation ec le combat, ily a une trot sitme voie :Faecepeation. Une acceptation active, courageuse, eransformattice. IMAGES Comme un champ de terre que Lon itrigue par des canaux de manitre que V'eau se répartisse ut route la surface et nourrisse l'ensemble de la calruce, cel ese Veffet des postures. Revenir chez soi apres étre allé dehors, occupé pat les choses faire, appelé droite oua gauche, tir€ hue et & dia; revenir chez soi pour soufller ‘enfin et se sentir libre, désencombré, débarrassé, ‘anquille, agréablement désoceupé, tel est effet des postures. Réaliscr que lon ne peut pas tout réussit, que les effores déployés n'y changerone peueétte rien, que le but & atteindre est inaccessible et malgré ‘out ne pas tomber dans le découragement, la lassivude et, au contraire, se sentir bizarrement [ges confiant, cl est Veffer des postures. LE TRAVAIL INVISIBLE, Le travail auquel nous invite le yoga est, pour ls. sentiel, invisible. ILy ales postures physiques, ex- sérieures, les dana, qui sont la partie visible bien connue du yoga. Mais on sapercoit vite par la pratique quelles ne sont pas du rout e but viser ‘mais occasion dum cravail intérieur, cout orienté vers “Tespace du dedans” selon la belle expression 'Henti Michaux. (Ge travail intérieur plonge ses racines és pro- fond, ts loin, au-dela de notre conscience ordi- naire, dans le fond clair-obscur de l'ére et du corps, ce fond abouchant sur un autre fond encore plus immense, innommable, un fond sans fond, ‘qui échappe 2 toute saisie sensorelle ou intellec- ‘muelle. Mais peu importe d’oi cela vient et com- iment cela se passe, ce qui compte cest leffet produit, lui, bien manifeste, On ne voit pas le ‘vent mais le bruissement des feuilles. Aussi il ne fan pass'illusionner ex fate fausse route: le but nfesc pas de ressembler 3 une belle image nide rechercher une forme parfaite comme peuvent nous kes présenter les maguzines.... Tout cela rest quapparence et nous éloigne du véti- table cravail du yoga qui peut prendre des formes minimes, inattendues, invisible... Le but mse pas de réussir obligatoirement la posture, de viser la performance, cout se joue sur le plan mental : dans quelle attitude je suis quand je fais ceci ou cela? Est-ce que je fais attention & ce qui se passe... Le but nest pas ’empiler des connaissances, d’accumuler des compétences, ‘ais d'erre le plus pleinement possible dans son corps au moment présent. Comme le formule Ignace de Loyola dans ses exercices spicituels (que jercite de mémoire) : “Ce qui importe ce nest pas de savoir beau- ‘coup mais de gotiter intéricurement les choses.” ILYADES HAUTS ETILY ADES BAS Dans la pratique ~ comme dans la vie—ilya des hhauts et des bas. LLaffiemation est banale, plate comme tn let comraua, et pourtant il se cache sous cette &i- dence des significations importantes qu'l serait dommage de ne pas regarder de plus pres. Cette ‘remarque mse venue Tissue d'une pratique labo- sieuse,lourde, inefficace, “nulle” comme on dit ! Mais Cesta éalité 11 ne faut pas s'ilusionner en idéalisane la pratique du yoga et croire quelle nest faice que dharmonie et de bonheur absolu. Elle ‘connait aussi ces fluctuations qui caractrisent la conscience ordinaie. Elle connatt des dificuleés, des obstacles, des pirinements. Ce n'est pas un chemin semé de pétales de roses! I faut Fadmetere ex esayer den trer profi, si jose dire. Cela ensei- gneetapporte quelque chose contrairement aux ap- parences negatives de cere expérence. Quiest-e que Japprends de crc walité de la pratique ? Voici en quelques points ce que cela me donne & penser, 1) Quill ne faut pas se comporter en consom- rmareur de yoga : “Quoi ! Aujourd’hui je n'ai pas ‘eu mon compte de yoga Je veux du bien-ttre...” La pratique est au-dela de ces récriminations de ego qui manifeste la son mécontentement. 2) Quiil faut done *accucillir ce qui arrive comme il arrive” comme fe formule stoiquement Marc Aue. Ne pas faire le tr, garder le “bon”, jeter le “mauvais". Cette attinude est source de déséquilibre et de malheur un jour ou l'aucre. ‘Crest ne pas accepter la réalit, une, indivisible. Jele sais. 3) Quil faut se rendre disponible pares eforss iis en place mais sans attendre de résultats, se donner sans recour. Pratiquer est une sorte de pritre, la grace ne se demande pas !.. 4) Quill faue garder confiance et remercier pour ce qui nous est donné de faire aujourd'hui ~ce peu est dé beaucoup. Cette confiance par- ticulitre ne dépend pas des hauts et des bas de Vexistence, elle plonge au plus profond ses racines dans un fond qui tui est stable, immuable, tou- jours idensique A lu-méme,&1'ineércur de nous. La confiance soutient la pratique et la pratique entretient cette confiance par unessrte de “cercle vertueux” dans lequel nous sommes pris ct comme cembarqués. Cela ne se réalise queen pratiquant. Cette découverte est pour moi fondamental. '5) Que la pratique est plus grande que nous, est [8 son intérét. [échec ressentt n'est que la mesure de cet écart qui nous tend vers l'idéal Tnutile de chercher & re un saint ! Devenir bu- rain est déja énorme... A quoi bon pratiquer si lebutestattcint? Lavoie réside dans limperfec- tion disaient les Chinois. ©) Que la pratique, quelle quielle soit, deve, ‘méme quand on tombe. “Bonnes’, “mauvaises”, ‘toutes ces pratiques, épétées, et pourtant routes différentes, mises bout & bout formentjour apres jour un maillage qui traverse la vie et tous ses ‘changements. Quelque chose dans ce monde oit “rien ne demeure” reste toujours la, méme sila ‘conscience que lin peut en avoir change. Qui vente ou qu'il pleuve, le fond du cil reste a. Cela donne une sorte de repére sur lequel on peut rou jours compter. Cette pensée est vraiment trts séconfortante. Les “hauts” et les “bas” n'ont dés » Jors plus aucune imporcance. Le yoga nous donne une boussole intérieure qui permet de ne pas se Iaisser emporter par eux et de les relativiser, les atténuer, les dépasser sans pour autant les nier et donc de les traverse... 7) Traverser ! Tout est la ENTRE “DE” ET “RE” 1La pratique, selon mon expérience, s situe exac- tement entre deux modes daction & a fois oppo- sés et associés. Dun cdté, il Sagit de se déslier des attache- ‘ments courants, se dé-sencombrer des pensées inutiles et nuisibles, se dé-charger des petits sou ‘is quotidiens, se dé-faie des habitudes de pen- ke De autre cbt, il sagit en méme temps de se relier & “autre chose", difficile & nommer, mais qui sexpérimente de pratique en pratique, comme tun fl rouge traversant le temps. Pratiguer, Cest revenir sans cesse au méme, ‘Ceretour permet de se ré-générer, de re prendre des forces pour re-partir.. Toutse passe viaiment ‘entre ce “dé” et o& “te”, Ce double mouvement de désunion et de réunion définic le yoga depuis les otigines. Aujourd’hui on die parfois que le a yoga cest apprendre & “faire le vide", peut-sre, ‘mais cest surcout le moyen de faire le plein !... La pratique des duama est le moment privilégié de cet échange, de cette transformation subtile, “ga sen va et ga revient” comme die a chanson... Ce qui est fascinant et mystérieux, cest Yori gine de cette source inépuisable, continue, sans Tieu assignable, non temporelle et qui pourtant réseau sein de nocre corps et nous habice bel et bien. Il n'y a pas autre raison en tout eas qui nous pousse& pratiquer et & revenir su le apis. (Crest*cela” qui ma attire, et qui mvattire encore, vers le yoga. LA VIE COMME UNE ARDOISE, MAGIQUE “Tous les jours repartic. Effacer la ville, réécrie Vayjourdhui. Comme une ardoise magique de lenfance.. Se débarrasser des choses qui alourdissent, quitter Vesprit de pesanteur et avancer, léger, transparent, devenir de plus en plas neuf, au fur ex mesure des années qui passent. Echapper au temps ! Cest un réve, mais grice au yoga, cest ne serait-ce qulun peu une réalité, YOGA AU SUPERMARCHE Dimanche matin. Lappateil dans lequel je viens dintroduire ma carte bleue affche: PATIENTEZ Pendant ces quelques secondes 'atente, sans le chercher, je prends conscience de ma respics- En bas dans le ventce, puis en haut dans le ‘thorax en passant par le milieu, au niveau du plexus solaire ~ bizarrement sensible, électrique. ‘Tiens, cela doit éere un effec & retardement de la pratique particulitre de ces jours-ci, Cette sensa- tion est tts agréable. Crest le mor que j'écris maintenant maisil est mal chois: cela va en fait bien plus loin que quelque chose de seulement agréable: “Elle donne force, confiance, sénité.” (Ce mantra (formule méditative) donné par mon professcur, je Pai eépété mainees fois, mais cette fais, je ne le dis pas, je levis. Sans m’abstraire da lieu ot je me trouve, e me tourne intérieurement ‘vers cette sensation involontaire et je savoure cet instant, oubliant complttementle passét le Furur pourtant tout proches.. En plein milieu de Faction, je découvre une oasis de repos bien inatteadue ot on semble avoir I'écernité devant soi. On peut y voir Ia peut-éere tun avane got du fameus “présent écernel”,syno- ayme de Dieu selon fa mystique paradoxale de Silesius... Voila un curieux endroic pour le dé- couvrit, mais ¢est ainsi, Comme le déclace un ‘maitre indien, “le meilleur endroit c'est celui ott Yon es”. Dansla réalisé quoridienne, dans 'éphé- zmbre de nos vies, i es possible de Souvrie 8 une autre dimension. Labsolu est imbriqué dans le relatfinscrie dans la chair du comps, ii et mai tenant, se manifescant dans la eéalié la plus ordi- naire et transfigurant le banal, au coeur méme de 'importe quelle situation bien coneréte (faire les ‘courses, re debout, atendie...).A vtai dice il n'ya pas d'autres lieus. Seul fangle de vue change ct la vie nese plus la méme Pensant & tout cela sans vraiment y penser = je traduis aprés coup par des mots ce qui est s fondamentalement une fille dans le langage — aprés ces quelques précieuses secondes, je tape ‘mon code et range mes courses... Je repars avec ‘cette légere et profonde sensation, dont je garde la trace et la mémoire tour au long dela journés. Cette pevite extase incognito ec inopinge jen ‘connais la source : Cest assurément fa pracique ‘quotidienne qui porte [8 ses fruits. Quand jai ‘commencé& approfondir le yoga je déclarais vou- loie “transformer Mexceptionnel en ordinaite’, je se croyais pas si bien dire. Cest ce qui se passe ‘exactement. Mais ce que je navais pas prévu, Cest jnversement,lordinaire devienne exception- mo LE GRAND DECENTREMENT ‘On commence & approfondir fa pratique quand ce nest plus le moi qui tient les nes mais quelque chose d'autre. Ce nest plus moi qui veux ceci ou cela, ce nest plus moi qui décide... Cest la fin dela tyrannie du moi. Debute le grand décentrement qui place le moi ‘en position de soumission 4 un autre ordre. Tout le travail qui nous appartient alors est de suivee ce nouvel ordre des choses. “Faire son devoit” di ‘on en Occident, “suivte son derma” en Orient. ‘Voila ce qui nous incombe quand on se eroure cembarqué pour de bon dans le mouvement de la pratique. Cest comme remettre & Vendroit un ‘objec qui fonctionnaic a Penvers. Crest un boule- vetsement interne complet. Cela ne se faic pas sans une certaine paniquc. Crest le prix & payer. Mais une fois habicué, le ‘monde s largit, la vie s'alloge, un chemin se des- sine ec il ny a rien & regreter, tout & espéret. NE PAS SARRETER Enitainement & un nouvel excrcice : contrdler saména, a zone centrale du tronc, sans Pinter médiaite du souffe. Voila ce que me dit mon professeur en couts individuel. Exercice quasi impossible & faire ! Un peu comme demander de bouger ls oeiles, ov 2p- plaudir avec une seule main comme dit un kod zen... associ toujoucs la respiration et le mou- ‘vement comme je Tai toujours appris. I faut que japprenne maintenant dissocier les deux. Crest tun véritable travail de déconditionnemene des hhabitudes de pratique, qui étaient elles-mémes ‘une nouvelle fagon de faire et de penser vis &-vis des habitudes ordinaires, Alller de déconditionnement en décondition- nement, De Pinconau au connu, du connu & Vinconnu, toujours. ‘Sapercevoir que la pidce oit nous sommes dé- bouche sur une autre pice dont nous n’avions pas soupsonné l'existence avant d'y enter. Diespace en espace, 'horizon sélargi, encore et encore. Aller au large, éternellement, Ne pas Sarrétet, Cese la loi de la pratique S'HABITUER A AVOIR UNE NOUVELLE HABITUDE Voila deux ans que je pratique tous les matins ec ext seulement maintenant que cela devient auto- rmatique. Cettest plus “moi” qui décide. Quelque chose

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