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L’incidence des lymphomes malins non hodgkiniens (LMNH) présente une forte
augmentation entre 1980 et 2005 dans les deux sexes : le taux d’incidence (standardisé
monde) augmente respectivement pour les hommes et les femmes, de 2,7% et 2,9% par an.
Toutefois, on assiste à une stagnation de cette augmentation entre 2000 et 2005 plus tangible
chez les hommes (légère baisse de 0,1% par an pour les hommes et faible augmentation de
0,4% par an pour les femmes). Cette augmentation plus lente de l’incidence des LMNH est
liée à une contribution plus importante des cohortes jeunes, nées à partir de 1940, mais
n’ayant pas encore atteint l’âge où l’incidence est maximale. Le risque d’être atteint de
LMNH entre 0 et 74 ans est passé, pour les cohortes nées en 1910 et en 1940, de 0,4% à 1,1%
chez l’homme et de 0,3% à 0,8% chez la femme puis ces taux sont constants pour les cohortes
les plus jeunes (1945 et 1950) chez les femmes alors qu’ils baissent chez l’homme. Ce
phénomène est observé dans la majorité des registres ayant contribué à cette estimation.
L’évolution de la mortalité suit la même tendance que l’incidence mais la précède dans le
temps. La mortalité augmente jusqu’en 1995-1997 puis diminue pour les deux sexes durant la
période 2000 à 2005 : le taux de mortalité (standardisé monde) baisse de 2,3% par an chez les
hommes et de 3% chez les femmes.
Les causes de l’augmentation d’incidence des LMNH entre les années 80 et 2000 ne sont pas
élucidées. En effet, même si le rôle de certains agents infectieux ou celui de
l’immunodépression sévère (congénitale ou acquise) sont reconnus, ces facteurs de risque
n’expliquent qu’en partie l’augmentation de l’incidence observée. D’autres expositions sont
suspectées dont les expositions professionnelles ou environnementales au sens large
(Alexander 2007, Merhi 2007). La relative stagnation de l’augmentation d’incidence observée
pour la période 2000-2005 est un phénomène déjà observé aux Etats-Unis et en Europe
(Morton 2006, Adamson 2007). Il pourrait traduire une diminution de la prévalence
d’exposition à des facteurs de risque des LMNH pour les cohortes les plus jeunes. La
diminution de la mortalité depuis la fin des années 90 est vraisemblablement la conséquence
des progrès thérapeutiques, notamment avec l’apparition des traitements faisant appel à des
anticorps monoclonaux humanisés et notamment les anti CD 20 ( Hennessy 2004).
Les LMNH représentent un groupe de maladies hétérogènes dont l’incidence et l’étiologie
varient en fonction du sous-type. L’interprétation des tendances récentes est donc difficile car
elle doit tenir compte des éventuels effets de l’évolution des classifications, d’une meilleure
détection de la maladie ou de l’amélioration de la qualité de l’enregistrement des cas même si
peu de modifications ont eu lieu dans la période récente à interpréter. D’autre part, la quasi
totalité des codes utilisés pour l’estimation en 2000 ont été reconduits pour définir le groupe
des LMNH et l’ajout des lymphomes lymphoblastiques, bien que numériquement modeste,
jouerait en sens inverse de notre observation. Une surveillance continue des LMNH permettra
de confirmer cette stagnation de l’incidence en prenant en compte cette hétérogénéité de sous-
type (Morton 2007), ceci grâce à l’amélioration de la qualité du codage (Clarke 2006) et en
réalisant des analyses par sous type selon la classification. D’autre part une recherche
étiologique intégrant cette hétérogénéité est aujourd’hui nécessaire en prenant en compte les
interactions gènes/environnement.
Références
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Note : les estimations de l’incidence produites ici sont différentes de celles produites
antérieurement (Remontet, RESP 2003). La plus longue période d’enregistrement maintenant
disponible (jusqu ‘en 2003) nous a permis de mettre en évidence une tendance non prévisible
avec les données antérieures (disponibles jusqu’en 1997). Pour exemple, la diminution de la
mortalité observée n’a commencé qu’après 1997 (cf figure 3). Cette évolution ne pouvait
donc être prise en compte dans les précédentes estimations.