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S’il est louable de se féliciter des récentes campagnes de nettoiements qui ont été

annoncées à travers de nombreuses wilayas du pays, on ne doit pas non plus s’interdire
d’espérer que ces initiatives contre la pollution ne soient enfin le point de départ d’une
planification durable et pragmatique de cette problématique environnementale. D’autant
qu'elle a des répercussions à la fois sociales et économiques sur l’équilibre de la société
algérienne. Sans cette vision sur le moyen et le long terme, on ne pourra que parler de
coups d’éclats, de quelques batailles remportées ça et là, mais sûrement pas de
la nécessaire victoire de l’Algérie civile et politique sur un fléau perturbant son
équilibre en bien des points et de diverses façons.

Un pays qui se développe sans vraiment rien développer, une jeune nation riche en
ressources naturelles au point d’en oublier la valeur de ses extraordinaires ressources
humaines inexploitées, ne peut pas espérer accéder à la véritable modernité sans relever le
défi d’être en mesure d’assurer un caractère pérenne et soutenable à son développement
si particulier. Car si l'Algérie est tantôt considérée comme un pays en voie de
développement, ces investissements et sa consommation ressemblent plutôt à celle d'une
nation émergente; de plus, elle n'a pratiquement pas de dettes, contrairement aux pays
développés, au point même qu'elle est capable d'être la créancière du FMI. L'Algérie n'est
pas très productive, pourtant elle consomme beaucoup; en fait, elle produit beaucoup de
déchets... Enormément de déchets, dont plus de 50% sont stockées dans des conditions
alarmantes.

Ne pas se donner les moyens financiers et humains de lutter au présent contre les dangers
que représentent ces pollutions pour l’avenir de l’Algérie, c’est assurément se résigner
à assumer des frais qui s’avèreront être plus considérables sur le long terme, seul champ de
vision pertinent pour qui cherche une solution durable à un problème récurant. Cette
pollution dont on parle de plus en plus en Algérie tellement elle crève les yeux n’est pas sans
coûts pour la société algérienne. Ces coups sont matériels, les impacts de ce fléau sont
également sociaux voire même économiques car ils peuvent entraver le développement de
certaines activités économiques. Les impacts sur le budget national de la santé publique
ainsi que les difficultés à développer le tourisme et l'agriculture dans un tel cadre de
pollution sont les exemples les plus flagrants de ce que coûte cette pollution à l'Algérie.

D’un autre côté, la lutte curative, mais surtout préventive contre la pollution de l’Algérie
peut être une source de création d’activité économique et un formidable prétexte pour faire
évoluer les mentalités civiques en Algérie. La collecte et le recyclage des déchets, le
traitement des eaux usées ainsi que de nombreuses autres niches de services
environnementaux vont émerger très prochainement dans ce pays . On parle de centaines
de milliers d'emplois potentiels.

Dans un pays où l’espace privé est considéré comme sacré, où les intérieurs brillent de
milles et uns feux, dans un tel pays, l’espace publique n’est pas considéré par l’ensemble de
la population. Les rues sont sales, les espaces verts sont désaffectés, personne n’hésite à
jeter ses ordures sur la voie publique. Avant toute autre mesure "technologique", je pense
que c'est contre ce paradoxe qu'il faut lutter. Car l’espace publique, par prolongement,
c’est la République, c’est la Nation, c'est une partie de nous, normalement ce devrait être la
meilleure…
Un citoyen qui abandonne l'espace publique à la saleté est un homme qui ne croit plus en
ses devoirs envers les autres et, donc qui ne peut croire en ses droits vis-à-vis de la
République. N’oublions pas que ce sont des aussi des arguments écologiques qui ont permis
de justifier la colonisation du territoire des « hommes libres » qu'on disait soit disant
inaptes et nuisibles à leur environnement… La propreté de la voie publique, comme source
de bien être est un des premiers droits du citoyen, veiller à lui en donner les moyens est un
des plus noble devoir de l’Etat.

Tant qu’il faudra plus d’une heure à un passant, dans le meilleur des cas, c'est-à-dire à Alger,
pour trouver une poubelle à sa disposition afin de se délester d’un emballage usé, alors cela
voudra dire que le citoyen n’est pas suffisamment incité à s’acquitter de ses devoirs vis-à-vis
de la collectivité et que son droit le plus basique à la vivre dans un environnement sain n’est
pas réellement pris en compte. Cette « petite » lacune cacherait au fond une autre plus
importante …

C’est principalement parce que le contrat social algérien est pollué par des
dysfonctionnements récurrents que ce pays croule de plus en plus sous les immondices.
C’est donc en priorité dans ce domaine qu’il faudra évoluer et pas seulement en luttant
contre la pollution à grand coup de technologies exotiques et coûteuses en devises ainsi
qu'en énergie . De nombreux gestes assimilés par chacun d’entre nous au quotidien
pourraient s’avérer également efficaces. Une fiscalisation réellement appliquée , favorisant
les consommables aux emballages 100% recyclables ne serait pas non plus un luxe. Disons
qu’à court et moyen terme, les « services » vendus à l'Algérie serviront à développer
l’économie de certains de ses partenaires, qu’elles créeront même des emplois pour des
Algériens et qu’elles permettront à notre pays de ne pas s’enfoncer plus profond dans
l'abîme.

A travers toute la planète, des gens éclairés s'accordent à dire que c'est le mode de
production et de consommation global qui est responsable de cette recrudescence des
déchets dans le monde, bien plus d'ailleurs que la croissance démographique. Les plus
grands pollueurs de la globosphère ne représentent pas plus de 10% de la population
mondiale! C'est donc là que se situe le terrain privilégié d'une lutte qui n'est pas que
nationale, mais bien mondiale. Guérir c'est bien, prévenir la maladie c'est nettement plus
efficace et pour relever ce défi l'Algérie ne pourra pas être seule.

En ce qui concerne l’avenir, c’est bien entendu la culture qui sera le champ privilégié de la
lutte en profondeur contre la pollution. La population Algérienne est jeune, donc encore
perméable aux changements, la pollution en Algérie est une des alertes évidentes de
l’urgente nécessité d’opérer des mutations d’ordre économiques, sociales et
environnementales en Algérie. La lutte contre la pollution est un bon prétexte pour engager
certains dialogues oubliés entre la société civile et le monde politique algérien parce c’est
un noble combat national contre une invasion globale du territoire algérien. Après une
guerre de libération, une guerre fratricide, l’Algérie toute entière ne pourra-t-elle pas
mener un combat pacifique contre le désordre et la saleté?

Il serait bon de louer tout d’abord les efforts qui ont été accomplis dans ce sens depuis que
le jeune Ministère de l’Environnement (M.A.T.E) a vu le jour a de cela plus d’une dizaine
d’année (2000). Il serait malhonnête de ne pas déplorer que l’ampleur de la tâche est encore
colossale et que la politique dédiée à la lutte contre la pollution est loin d’être jusque
là performante. On pourra, à la décharge de ce dernier, déplorer les nombreux incivismes
qui persistent dans la société civile ainsi que le peu de considération que la plupart des
responsables locaux accordent à ce type de problème ce qui parasite l’efficience locale des
programmes mis en place à l’échelle nationale. Mais, force est de constater que cette
recrudescence des déchets est un indice incontestable de l’existence de certains
dysfonctionnements au sein de cette institution qui doit faire certes avec une société
algérienne dans sa grande majorité peu réceptive aux considérations environnementales.

La société algérienne n’est cependant pas restée figée dans ce domaine, de plus en plus de
citoyens se sont mobilisés à travers tout le territoire pour endiguer les impacts de cette
pollution ou bien, encore, afin de militer pour que les responsables politiques locaux
prennent leur responsabilité. Il y a trois ans de cela, j’écrivais un article intitulé « La pollution
en Algérie est-elle une fatalité ? », mon constat aujourd’hui est que les mentalités ont tout
de même évoluées dans le bon sens et que les initiatives menées par le C.N.F.E (Centre
National des Formations Environnementales) pour le compte du M.A.T.E , le monde
associatif et les médias ont permis de faire évoluer quelque peu les mentalités en Algérie.
Même si on est bien loin encore du compte de réels progrès ont été accomplis par la société
civile, il est important de le souligner et d’encourager cet élan salutaire bien qu’ encore
insuffisant.

Les politiques, depuis l’an 2000 n’ont eu de cesse de faire de ce sujet un thème phare, mais
beaucoup parmi la société civile concernée déplorent que cela ne soit
seulement qu’épisodiquement.

Sur le papier, les nouveaux programmes proposés par le nouveau gouvernement semblent
encourageants et les mesures pertinentes d’autant qu’elles font souvent appel à des savoir
faire et des conseils de pays comme l’Allemagne, la France et l’Espagne qui ont développés
de nombreuses compétences dans le traitement des déchets, des eaux et le développement
des énergies renouvelables. Mais il faudra veiller à ne ce que nos politiques n’oublient pas
que c’est l’Europe, en inventant la révolution industrielle aux Etas Unis qui a crée la
maladie dont elle semble vouloir aujourd’hui nous vendre les vaccins… A travers le débat
qu’il est sain de mener autour de la prolifération des déchets, il me semble important
d’insuffler la nécessité vitale de produire des solutions de gestion et de production
endémiques. Sans favoriser l’innovation dans un des pays à qui elle fait le plus défaut au
monde, la souveraineté de l’Algérie sera toujours en quelque sorte remise en cause par une
telle lacune.

D’un point de vue étymologique, le mot pollution vient du latin « pollere » qui signifie
« souillure », il a tout d’abord une connotation religieuse .Polluer, selon la conception
antique, c’était avant tout nuire à la pureté du Sacré. Selon une vision plus moderne de
cette définition, polluer signifie perturber l’intégrité d’un système, qu’il soit matériel ou bien
encore spirituel. La vénération de la Nature est un des plus vieux cultes sacrés de l’histoire
humaine ; l’origine religieuse du terme n’est pas innocente quand on parle aujourd’hui de
pollution de l’environnement. Ne parle-t-on pas d’espaces vierges quand on veut signaler
qu’une une zone n’a pas été « souillée » par l’activité anthropique ?

L’Amour de la Nature est un des rare radical commun à toute l’Humanité, quelque soient les
couleurs politiques, ethniques et religieuses des habitants de cette planète. En cela, la
pollution touche une des cordes les plus sensibles de l’esprit humain, celle du Sacré qu’il soit
d’ailleurs de nature religieuse ou profane. La pollution est donc l’antithèse de la pureté
idyllique qu’est censée incarner la Nature dans l’esprit de nombre d’entre nous. Qui ne se
souvient pas de ses premiers dessins représentant plus ou moins heureusement un jardin,
une fleur, un oiseau, un animal sauvage ? Aurions-nous, enfant, imaginé que toute cette
saleté, ces ordures à l’air libre soient le morne décor d’une Algérie moderne et
indépendante ?

Si l’on tente de donner une définition vraiment précise au terme « pollution », on s’aperçoit
assez vite qu’il serait plus judicieux de le décliner au pluriel au regard des nombreuses
formes et phénomènes à travers lesquelles elle peut s’exprimer pour perturber
notamment un écosystème. Cette diversité des processus de manifestation de la
pollution n’est pas dénuée de symbioses et d’interactions entre toutes ses formes
d’expressions. Sans être un expert en la matière, il semble évident que la lutte globale
contre la pollution au singulier passe d’abord par une identification de toutes ces
manifestations dans la réalité de nos société du 21ème siècle.

Nous aurions pu aborder ensemble la pollution à travers celle qui touche les eaux, l’air, nos
terres ect… Mais, il faudrait pour cela y consacrer un ouvrage entier.

La prolifération des déchets sur la voie publique est une des formes de pollution la plus
évidente à déplorer dans un pays en « voie de développement » comme l’Algérie; pour ce
premier billet consacré à la pollution, j’aimerais commencer par vous faire part de quelques
unes de mes réflexions sur le sujet. Ces constats ne sont pas le fruit d’une étude universitaire
ou bien d’un travail journalistique poussé, mais diront-nous les résultats de trois ans
d’exploration de la société algérienne sur le net et sur le terrain toujours sous l'angle de
l'écologie et avec le regard d’un Algérien né à Paris.

En créant le portail « Nouara », j’ai été amené, moi le simple citoyen algérien « par
intérim » à visiter plus d’une quinzaine de wilayas. J’y ai rencontré des chercheurs, des
journalistes, des membres d’associations, des responsables politiques, des fonctionnaires et
j’ai surtout partagé le quotidien d’algériens et d’algériennes d'horizons sociaux très
différents . Des salons du Hilton d'Alger à ma cabane sans eau ni electricté à Guerbes,
avouez que la palette est large! Ma vision est celle de l’expérience, du terrain, si j'osais dire
de l'aventure, je m’en excuse d’avance auprès de ceux et de celles qui n'ont pas l'habitude
de considérer ce genre de témoignage comme digne d'intérêt.

Il parait aujourd’hui impossible de circuler dans une agglomération urbaine algérienne sans
être frappé par la place prépondérante que prennent ces déchets sur la voie publique. Leur
accumulation dans des conditions plus qu’alarmante est source de bien des périls pour
l’environnement de notre pays ainsi que la santé de nos concitoyens. Le pire, pour ma part,
réside dans le fait qu’une quantité astronomique de déchets toxiques sont brûlés à l’air libre
aux quatre coins de la voie publique et ce dans la plus grande inconscience des dangers
pour la santé des civils à proximité de ces foyers toxiques. A Hadjar El Dis, petite ville à la
périphérie de Annaba, il y a non loin de là une décharge publique où l’on brûle nuit et jours
des ordures, les habitants ne se rendent même plus compte à quel point l’air qu’ils inhalent
est pollué ; cela fait depuis tellement longtemps que cela dure ! Pour le visiteur occasionnel
comme moi, évoluer dans une telle atmosphère est une véritable épreuve de force. Lors
d’une visite d’une décharge sauvage dans une ancienne sablière, à Mzed Edchich dans la
wilaya de Skikda je n’ai pas pu supporter plus d’une minute l’air ambiant tellement il était
saturé de substances toxiques.

La voie publique, dans un pays où la majeure partie des terres appartiennent à l’Etat, c’est
aussi la campagne et les sites naturels. Il suffit de visiter ces décharges sauvages en pleine
nature, comme celle qui surplombe la ville d’Ibn Ziad à Constantine, juste au pied du Mont
Zwaoui, pour constater à quel point la biodiversité d’un site naturel peut être bouleversée
par la présence de telles poubelles à ciel ouvert. Je me souviens encore de ces hordes
d’oiseaux au plumage crasseux qui hantaient les lieux comme des zombies ailés. Jamais une
cigogne ne m’a paru en si piteux état. Pourtant elles semblaient « accros » à cet endroit
qu’elles ne semblaient jamais vouloir déserter. A Ben Badis, commune de la wilaya de
Constantine, des paysans m’ont parlé d’hyènes surprises à « festoyer » la nuit au sommet
d’une de ces dunes de pourritures qui s’érigent un peu partout en Algérie. Carnassiers,
rapaces, un grand nombre de prédateurs précieux pour le maintien de l’équilibre des
écosystèmes voient leur comportement se modifier par la présence de ces déchets leur
assurant une nourriture non seulement facile d’accès mais en plus en abondance.
Seulement sans le savoir, tous ces animaux s’empoisonnent à petit feux et , en désertant
leur rôle dans la chaîne alimentaire, ils mettent en péril l’équilibre d’un biotope au sommet
du quel, souvent il y a un être humain concerné.

De ces décharges sauvages se dégagent à plus ou moins long terme des acides et des
huiles toxiques qui s’infiltrent dans les sols quand ils ne sont pas protégés à cet effet. En
influant ainsi sur la pédologie des sites naturels qu’ils envahissent, elles nuisent à la
végétation et peuvent même provoquer la disparition de certaines espèces rares dont notre
territoire est encore si riche.

La prolifération des moustiques et des rats dans de nombreuses agglomérations urbaines ne


peut être honnêtement dissociée de celle des déchets sur la voie publique. Ces
amoncellements de détritus offrent des « biotopes » idéaux à ces nuisibles forts prompts à
diffuser les maladies les moins agréables pour l’Homme. Les m3 de pesticides et les tonnes
de poisons utilisés pour lutter contre ces invasions constituent une atteinte grave à la qualité
de l’air, des sols ainsi qu’à la survie des abeilles que l’on sait indispensables pour la
pollinisation de 70% des espèces végétales comestibles par l’Homme.

Même les animaux domestiques comme les bovins, les ovins, les caprins, les volailles
n’échappent pas à cet empoisonnement car ces déchets leurs sont souvent accessibles alors
qu’ils sont destinés à finir dans nos assiettes ! A Guerbes, dans la wilaya de Skikda, j’ai vu de
mes propres yeux l’estomac d’un veau mort gorgé de sacs en plastiques alors que l’on
tentait d’autopsier l’origine de son intriguant décès. Ce type de mort est assez fréquente
parmi les troupeaux de mes amis de la baie de Guerbes pour être signalée et ce n’est
malheureusement pas l’apanage de cette région du nord est de l’Algérie.

Il y a d’autres déchets auxquels on ne pense pas forcement : j’ai pu régulièrement constater


que les agriculteurs de la baie de Guerbes ne prenaient pas la peine d’ôter de leur emballage
plastique les jeunes pousses de pastèques qu’ils plantaient sur leurs terres. Ainsi, des
quantités non négligeables de plastique sont injectées dans les sols et ce pour de longues
décennies…
Il y a aussi ceux dont l’Algérie n’est pas responsable, tous les déchets venus de la mer qui
viennent inlassablement s’échouer sur nos plages et s’infiltrer grâce au vent jusque dans les
entrailles de notre sol. On pourrait également parler de certains pesticides peux
recommandables et de nombreux produits phytosanitaires vendus impunément sur les
marchés alors qu’ils sont fabriqués en Europe et que dans cette zone du monde ils sont
interdits de vente. On pourrait même évoquer la nature de certains médicaments vendus en
Algérie qui viendront un jour ou l’autre déverser dans nos oueds les substances de ces
médicaments par le bien notamment de l’urine humaine.

Enfin, il resterait à parler de ces déchets dont l’Algérie devrait avoir honte, des déchets
hospitaliers dont la communauté scientifique algérienne s’alarme régulièrement du manque
de sérieux de leur traitement alors qu’ils sont hautement toxiques. Enfin, n’oublions pas que
certaines usines déversent leur eaux usées directement à la mer et ce à quelques kilomètres
de zones balnéaires très fréquentées. Rappelons que l’air de la ville de Skikda est devenu
très nocif pour ses habitants depuis que l’on a eut la formidable idée de construire un
complexe pétrochimique à la périphérie d’une des plus belles et agréable ville d’Algérie.

J’aimerai, en fait, vraiment conclure par une des pires pollutions, celle qui s’incruste dans
nos esprits. J’ai pu en faire la malheureuse expérience. En quoi consiste-t-elle ? Eh bien, cela
est aussi simple que machiavélique : à force d’évoluer dans un environnement pollué, on en
finit par se résigner et à l’accepter. Le plus grand effort, à vrai dire c’est de rester alerte et de
ne pas se laisser à la facilité , de ne pas céder à la tentation de faire comme tout le monde.

On dit en Alchimie, science dans laquelle les arabes se sont d'ailleurs longtemps illustrés,
qu’il est possible de faire de l’or avec du plomb. En ce qui concerne la pollution en Algérie, il
est sûr que l’on pourra faire du plastique avec du plastique et même récolter l’or contenu
dans les ordinateurs usagers. Mais la véritable alchimie devra s’opérer au niveau de l’âme de
tout un peuple, de la Nature d’un pays. Il faudra faire des mauvaises habitudes d’aujourd’hui
les éco gestes de demain. La lutte contre la pollution c’est avant tout un combat pour le
respect de la voie publique, du territoire national, de la République et donc du bien être
de toute la société.

La première expression de la démocratie, la voix du peuple , ne s’est-elle pas toujours


manifestée sur la place publique ? Réunir toute une nation autour du défi de faire de la voie
publique un trésor national, un espace de communion et d'émulation et non plus le terrain
transitoire où l'on peut se décharger du mal de vivre l'Algérie au quotidien, voilà, à vrai
dire, un combat valable car rassembleur pour toute la société algérienne....

Au regard de l’écologie, l’Algérie est un territoire aussi vaste et varié que vulnérable. Cette fragilité n'a de
cesse d'être renforcée par de nombreux facteurs environnementaux, économiques et sociaux.

Avant son indépendance, l’Algérie a subi une massive déforestation (plus d’un millions d’hectares décimés
en 132 ans). L’utilisation abusive du « dry-farming », une technique agricole très néfaste pour les sols,
l’introduction d’espèces végétales et animales exotiques, le démantèlement rationnel de l’environnement du
monde rural indigène et ses cosnéquences sur l'aménagement des territoires, les expérimentations militaires
et tant d’autres interventions de la France coloniale ont fortement bouleversé l’équilibre écologique de notre
pays. Déjà du temps des romains jusq'à celui des ottomans, on s'était appliqué à exploiter "industriellement"
les richesses naturelles du pays...
Ajoutez à ce triste héritage le grand boum démographique de l’Algérie indépendante, la focalisation de son
économie sur l’exploitation des énergies fossiles et des matières premières, une guerre civile qui s’est jouée
aussi dans ses douars et qui a provoqué un exode rural massif, une gigantesque entreprise de
"modernisation" des infrastructures du pays, l’absence d’une réelle politique environnementale avant les
années deux mille, la difficulté à la rendre efficiente depuis. Tous ces phénomènes et bien d’autres ont des
répercussions très importantes sur la santé non seulement de la nature algérienne, mais aussi, par systèmie,
sur celle des Algériens.

On pollue sur terre

Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, les villes algériennes croulent sous les détritus. La saleté est devenue
tellement un radical commun à la plupart des agglomérations urbaines qu’elle semble presque être devenue une
norme.

Dans les communes, les villages, proportionnellement, on peut dire que les dysfonctionnements dans le domaine
de la gestion des déchets sont encore plus néfastes pour les environnements. Combien de décharges sauvages, de
sites naturels souillés par la présence du plastique, de biotopes perturbés par cette nourriture « empoisonnée » à
laquelle s’accoutument certains animaux sauvages et domestiques ? Le Tell, les Hauts Plateaux et même le
désert n’échappent pas à cette fort malheureuse proximité entre l’Algérien et ses poubelles. Au point que la
gestion des déchets est devenue une priorité politique dans ce pays.

Etrangement, en Algérie, certains pesticides et engrais circulant sur le marché ne sont pas toujours conformes
aux normes environnementales mondiales. Ils sont, de plus, utilisés par des agriculteurs peu formés et dont les
techniques d’irrigation sont trop archaïques dans le contexte de nos milieux arides. Les terres se meurent,
empoissonnées par ceux là même à qui elles ont tant donné par le passé. Or, là où les terres meurent, le désert,
lui prend vie…

Même le patrimoine génétique national a été contaminé par de nombreuses introductions d’espèces exotiques
végétales et animales. Leur présence n’est pas sans influence sur l’intégrité de notre biodiversité nationale, elle-
même garante du maintien de nos climats régionaux et vice versa. Nos espèces locales sont certes souvent moins
productives, mais plus régulières et adaptées au climat de notre territoire. De plus elles sont capables de
produire de très bons « produits du terroir ». La faune et la flore algérienne, parce que les climats et la
géographie du pays sont très particuliers, regorgent d’espèces et de sous espèces propres à notre pays. Cette
rareté à un prix à la fois écologique et économique. La pollution est donc également génétique.

La pollution est dans l’eau

Parce que des produits très toxiques s’infiltrent dans les sols, un phénomène favorisé par l’irrigation intensive et
irrationnelle des cultures, ces véritables poisons sont largement susceptibles de contaminer les nappes et les
cours d’eau limitrophes aux zones agricoles. Les oueds, où se déversent les rejets d’usines, les eaux usées, des
déchets, sont devenus de véritables poubelles, pour ne pas dire des accélérateurs de contaminations.

Il existe encore trop de zones humides dévastées par la prolifération des déchets dans leurs écosystèmes. Ces
sites naturels constituent pourtant un maillon essentiel dans la régulation et la filtration des eaux de pluies.

Les barrages sont parfois, comme à Keddara (Boumerdes), limitrophes à des carrières dont les poussières
viennent se mélanger aux eaux stockées. Quand ils sont mal entretenus, leur envasement devient également
source de pollution. Il n'est pas rare que les stations prévues pou épurer leur eau ne soient pas assez éfficaces.

L’exploitation prévue, pour dans à peine sept ans, du gaz de schiste ne va pas arranger les choses. Tout le
monde devrait réaliser que plus grand trésor de l’Algérie est l’immense gisement « d’or bleu » que représente la
nappe phréatique Albienne largement située dans Sahara algérien. On ignore de moins en moins les énormes
risques que peut faire peser la fracturation hydraulique horizontale sur une telle quantité d’eau potable aussi
phénoménale que précieuse. Or, jusqu’à ce jour, c’est la seule technologie disponible pour extraite du gaz de
schiste. Elle consomme des quantités astronomiques d’eau ainsi que des centaines de produits chimiques peu
recommandables…

On pollue l’air

Beaucoup trop d’algériens, souvent par dépit et ignorance, brûlent leurs déchets à l’air libre. Sur la place
publique ou en pleine nature. Parfois même à deux pas de la rue où leurs propres enfants ainsi que leurs jeunes
camarades s’amusent et inhalent ainsi quotidiennement des fumées hautement toxiques. Parfois, ce sont des
incinérateurs qui se chargent de « diffuser » industriellement ces fumées pestilentielles et cela non loin des
villes.

La poussière des carrières et des usines à ciment, aux normes environnementales qui ne sont pas toujours mises
à jour, s’infiltre dans l’air que respire quotidiennement des millions d'Algériens. Dans la wilaya d’Ain
Temouchent, j’ai été particulièrement frappé par ce phénomène. Ces poussières véhiculent dans l’air avec elles
des microbes et endommagent les systèmes respiratoires de la faune ainsi que de la population algériennes.
Même les cultures peuvent être perturbées…

A Skikda, les torchères d’un méga-complexe pétrochimique vaporisent nuit et jour dans l’atmosphère leurs
fumées noires, et cela à quelques kilomètres de zones d’habitations. Et ce n’est malheureusement pas un cas
isolé, en Algérie de site industriel polluant l’atmosphère de ses rejets. Les précautions prises pour remédier à
cette pollution sont le plus souvent anecdotiques et rarement aux normes environnementales actuellement en
vigueur dans le monde.

En Algérie, on achète beaucoup de voitures et on ne jure que par un diesel qui rejette dans l’air des tonnes de
micros particules toxiques. Dans la ville de Tokyo, au Japon les autorités ont dors et déjà décidé d’interdire ce
type de carburant parce qu’il a été scientifiquement prouvé que son utilisation favorisait très majoritairement les
maladies respiratoires…

On pollue la mer et le littoral

Il est sûr que la mer Méditerranée n’a pas attendu l’Algérie pour être une des plus polluée au monde. Dans ce
volet, la responsabilité des Algériens est certes à nuancer. Celle des pays européens n’est plus à prouver ni
même contestée par ces derniers. Des quantités alarmantes de déchets plus ou moins dangereux viennent
s’échouer sur notre littoral. C’est une véritable invasion.

Mais cela n’empêche pas nos plages d’être aussi sales à cause de pollutions locales. Ces sites souvent d’une rare
beauté sont devenus de véritables décharges à ciel ouvert. Tout ce qui peut se jeter, on le retrouve mélangé au
sable de notre littoral où évoluent une faune et une flore trop peu méconnues du grand public. Cette biodiversité,
même résidant sur les rochers, joue parfois des rôles très importants dans l’équilibre des écosystèmes côtiers et
marins. Parfois elle crée des associations d’espèces totalement inédites sur la planète. Cette richesse étouffe de
plus en plus sous les immondices.

Dessaler la mer pour produire de l’eau douce en quantité industrielle n’est pas totalement sans conséquences
pour l’équilibre salin de cette dernière. D’autant que l’on y réintroduit tout le sel qui y a été prélevé pour
produire de l'eau potable. Par asscociation, c'est l'environnement de la faune et de la flore marine locale que l'on
perturbe. Ces réjets de sels sont à considérer comme une pollution.

Toute pollution qui se mélangera aux eaux des oueds ira inexorablement un jour se déverser dans la mer. Si en
plus les zones humides littorales ne sont pas protégées, ces eaux polluées ne seront même pas filtrées au moins
naturellement.
La pollution contamine le corps des Algériens

En conséquence de ces quelques exemples parmi les plus accablants de toutes les pollutions dont est victime
l’Algérie, la population est aussi touchée à travers les poussières, les fumées toxiques, les eaux contaminés, l’air
vicié, les moustiques et tant d’autres facteurs. Le cancer est un fléau qui n’a pas fini de faire entendre parler de
lui en Algérie. Les maladies respiratoires, digestives, buccales, dermatologiques ne font que croitre à travers
tout le pays et, le pire, c’est que les enfants sont régulièrement les plus touchés.

La pollution est dans la tête des citoyens

Quel observateur étranger n’a pas été choqué par la désinvolture avec laquelle les Algériens jettent tout ce qu’ils
consomment sur la voie publique? Passez quelques mois dans ce pays et vous aurez la désagréable impression de
vous être habitué à toute cette saleté tant elle est récurrente au quotidien. Les cafés, les restaurants, les marchés,
les gares, tous les espaces publiques, à vrai dire, souffrent de cet incivisme. Les agriculteurs provoquent de
véritables désastres écologiques, les entrepreneurs, les promoteurs, les exploitants en tous genres, tout ce beau
petit monde ne pense qu’à à faire de l’argent au présent et se moque bien de savoir quelles seront demain les
conséquences de leur mépris pour l’environnement et la santé publique. La place publique, l’intérêt commun ne
sont plus des notions dignes d’intérêt pour la majeure partie des habitants de l’Algérie.

Ceux qui, ne se sont pas résignés à ne penser qu'à leur propres intérêts, qui se sont la plupart du temps réunis
dans des associations locales ou nationales, ceux-là ne sont pas assez écoutés et pris en considération par la
société algérienne. Le tissu associatif algérien n'a pas non plus le soutien des politiques, surtout quand il milite
pour la préservation de l'environnement.

L’hypocrisie d’un grand nombre de politiques et d’entrepreneurs algériens, en ce qui concerne le respect de
l’environnement, frise régulièrement avec le "green washing", c’est-à-dire l'art de travestir les pires prédations
mercantiles par un faux semblant d’actions écologiques. Les conséquences d’une telle démagogie peuvent être
très cuisantes pour preservation de la nature, ainsi que la santé en Algérie.Car ces deux domaines ne peuvent
souffrir d'aucune imposture dans leur gestion...

C’est d’ailleurs, à mon humble avis, là que se trouve le nœud du problème, la matrice de toutes les pollutions qui
sévissent en Algérie.Cette pollution c'est l'appât du gain facile, la soif de pouvoir, le matérialisme
stérile, le mépris d'autrui. Elle engendre celle de l’environnement qui, une fois dégradé, devient le milieu
idéal pour qu'elle persiste dans la tête des gens.

C'est un cercle vicieux que l'on se doit de défaire en agissant non seulement sur le terrain mais aussi au sein de
toute la société algérienne.

Car, si l'heure est grave, il n'est jamais trop tard pour réagir; sans cela le pays deviendra un desert aride et
infertile peuplé de cancéreux d'ici quelques décennies . J'exagère à peine...

L'Algérie est pourtant une nation qui dispose de nombreux atouts pour réaliser ce que ses voisins d'outre-mer
tardent à accomplir malgré leur grande assiduité à le prêcher : une véritable révolution écologique des
économies nationales qui doit entraîner une mutation salutaire du système économique mondial.

En Algérie, il suffirait juste pour cela de changer vraiment d'état d'esprit...

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