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et le souci logique
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L EXPÉRIENCE DE LA SCIENCE ALLEMANDE
ET LA TÂ.CHE DE LA PHILOSOPHIE
avec Th. Kuhn (12) - que nous serions peut-être obligés de décrire la
nature au moyen d'un système axiomatique entièrement différent de
l'ancienne physique classique. Il
(16) cr. par exemple les textes consacrés par Léon Brunschvicg à l'indéterminisme
de la nouvelle physique quantique, notamment son exposé à la Société française de
Philosophie du 1 er mars 1930, in Ecrits philosophiques, III, 139, et S8 monographie
intitulée La Physique du XXe siècle et la Philosophie (Paris: Hermann, 1936). La
comparaison de ces textes avec ceux de Laulman montre à quel point ce dernier s'était
libéré du kantisme brunschvicgien.
(17) A. Laulman, Mathématiques et réalité, in Actes du Congrès international de
Philosophie scientifique, Paris Sorbonne, 1935 (Paris: Hermann, 1936). Reproduit in
A. Lautman, Essai sur ['unité des mathématiques et divers écrits (Paris: UGE, 1977),281,
cité dans la suite comme Essai... et divers écrits.
(18) La Conception scientifique du monde: le Cercle de Vienne, 2e partie, in
Manifeste du Cercle de Vienne et autres écrits, Ed. Antonia Soulez (Paris: PUF, 1985),
1 15, cité dans la suite comme Manifeste...
(t9) Manifeste ... . 1 1 5 : « Clarifier des problèmes et des énoncés. et non poser des
énoncés proprement "philosophiques", constitue la tâche du travail philosophique. La
méthode de cette clarification est celle de l'analyse logique. •
A/bert Lau/man et le souci logique 55
si elles sont vraies >l (20). La recherche du sens se fera par la réduc
tion à des énoncés qu'il est possible de mettre « en correspondance
univoque )) avec les expériences, au sens de (( l'immédiatement
donné >l (21). Sera par conséquent « réel ce qui peut être intégré
à tout l'édifice de l'expérience >l (22). Ces affirmations d'un posi
tivisme épistémologique radical définissent pour Lautman, comme
pour Cavaillès et Meyerson (23), les orientations essentielles du
nouveau groupe. Avec force, Lautman expose au Congrès de 1935
les raisons de son désaccord :
« C'est là - écrit-il - une thèse difficile à admettre pour ceux des
philosophes qui considèrent comme leur tâche essentielle d'établir une
théorie cohérente des rapports de la logique et du réel. ))
(20) Moritz Schlick. Les Enoncés scientifiques el la réalité du monde extérieur (Paris:
Hermann, 1934), I l . Il s'agit d'extraits de deux articles parus dans Erkenntnis, traduits
par le général Vouillemin et revus par Schlick.
(21) L'expression de • mise en correspondance univoque ., destinée à remplacer
le concept flou de • vérité " est reprise de la Allgemeine Erkennlnislehre de M. Schlick.
Elle sert à souligner que la relation d'un jugement à la réalité est une relation de coln
cidence. puisqu'il y a hétérogénéité entre la pensée et l'objet. L' • immédiatement
donné, est une expression du Manifeste. par exemple: • seule existe la connaissance
venue de l'expérience. qui repose sur ce qui est immédiatement donné '. op. cit.. 118.
(22) Manifeste.. . . 118.
(23) Cf. Jean Cavaillès, L'Ecole de Vienne au Congrès de Prague, Revue de Méta
physique et de Morale, XLII; 1 (1935).137-149, et Emile Meyerson, Du Cheminement
de la Pensée (Paris: Alean. 1931), 787-790.
(24) A. Lautman, Essai... et divers écrits, 281.
(25) Manifeste.... 127.
(26) Lettre d'Albert Lautman à Fréchet du 1er février 1939, eitée par Maurice Loi
in Lautman. ESBai... el divers écrits. préface, 10.
Catherine Chevalley
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L ACTION ORGANISATRICE DES STRUCTURES
ment l'ensemble des questions portant sur les fondements ou la cohérence du domaine
considéré?
(40) Philipp Franck, Was bedeuten die gegenwartigen physikalischen Theorien
rür die allgemeine Erkenntnislehre 1, Erkenntnis, 1 ( l 930�1931), 126-157, trad. franç.
sous le titre de Théorie de la connaissance el physique moderne (Paris: Hermann, 1934).
L'analyse de la constante de Planck se trouve aux p. 33-37. La vérité d'un système
.
symbolique est assurée par la possibilité de contrôler la permanence de l'univocité
de sa correspondance avec l'expérience (c'est la procédure de « vérification . d'une
théorie physique). La grandeur h, dit Franck, peut« se construire de diverses manières
avec des expériences vécues, telles que le rayonnement du corps noir ou la série de
Balmer ( ... ). Si la même valeur de h résulte des deux calculs, je tiens l'univocité et j'ai
vérifié la vérité de ma théorie -.
Albert Lautman et le souci logique 59
(43) Par exemple in Manifeste... • 121. Laulman partage avec Jacques Herbrand le
souci de libérer les débals sur les mathématiques des simplifications accumulées au
cours des polémiques. Cf. par exemple EssaL., 83-84 : « On peut dire qu'en 1926 les
problèmes de la logique mathématique se posaient encore dans les mêmes termes que les
discussions du début du siècle, relatives à l'existence du transfini. Fidèle en cela à ses
origines leibniziennes, le formalisme considérait toujours que le passage de l'eSsence
à l'existence devait consister uniquement dans la démonstration de la "compossibilité
des essences". de la non-contradiction des axiomes qui la définissent. •
(44) Essai... • 9.
(45) EBsai... , 13.
(46) Essai. .., 29.
60 Calherine Chevalley
SCHÉMAS DE STRUCTURE
ET IDÉ E S PLATONICIENNES
(47) Euai. . , 13
.
(51) E88ai...• 14 : • La structure d'un être imparfait peut parfois préformer l'exis
tence d'un être parfait en lequel toute imperfection a disparu . •
(52) Mathématiques el réalité, in Essai... tl divers écrits, 281.
Alberl Laulman el le souci logique 61
ment visible, dans une science? Pourquoi y a-t-il des étapes dans
le développement de la connaissance mathématique et physique?
Des progrès, éventuellement des rétrogradations? Une pluralité
de théories? Lautman tente de résoudre cette difficulté inévitable
pour tout essentialisme en parcourant un spectre inattendu de
références : Léon Brunschvicg, Hilbert, Heidegger.
Dans toute son œuvre, Lautman est préoccupé avant tout
par l'apparition de problèmes logiques nouveaux. Bien qu'il montre
une connaissance approfondie des mathématiques du XIX . siècle,
ce sont surtout les progrès les plus récents qui attirent son atten
tion : en théorie des nombres les débuts de la théorie du corps de
classes (73) ; les travaux sur les algèbres non commutatives ; la
théorie des espaces de Hilbert et son application en mécanique
quantique. De même qu'il sait reconnaitre l'importance des travaux
d'Elie Cartan, de même les recherches de Herbrand et de Godel
lui semblent inaugurer ce qu'il appelle la « période critique » de
l'histoire de la logique, en opposition à la « période naïve » allant
des premiers travaux de Russel jusqu'en 1929. L'apparition de
la nouveauté, non pas seulement au niveau des résultats mais à
celui des problématiques - par exemple, dans la période critique
de la logique « o n voit s'affirmer une théorie des rapports de l'essence
et de l'existence aussi différente du logicisme des formalistes que du
constructivisme intuitionniste » (74) -, lui fait concevoir nette
ment l'impossibilité d'une « déduction systématique selon les
exigences d'un rationalisme idéaliste » (75).
Comment comprendre l'incarnation singulière et historique des
Idées dans les théories successives, tout en refusant à la fois l'image
d'une approximation croissante des modèles par les copies, et
celle d'une déduction intégrale immédiate? A ces difficultés
extrêmes il y a souvent des solutions insatisfaisantes. Lautman
fait appel à une « activité créatrice » de l'esprit humain qui, dans
une « expérience spirituelle ", produit des schémas de structure
nouveaux à partir de " soucis logiques " pérennes. Ainsi les mathé
matiques seraient-elles par excellence l'activité libre - conformé-
(73) Essai . . , 67 sq. C'est le second exemple, après la théorie de Galois, par lequel
.
Lautman expose le thème de la « monlée vers l'absolu •. Sur les algèbres non commuta
tives, cf. notamment le chapitre III de l'Essai sur l'unité des scienus mathématiques
dans leur développement actuel.
(74) Essai... , 86.
(75) Essai ...• 150.
RHS - 3
66 Catherine Chevalley
Mais nulle part mieux que dans les sciences ces soucis ne
deviennent intelligibles, parce qu'ils se trouvent projetés, comme
sur un écran, en organisations réglées par la rigueur logique des
théories.
L'unité de la science lui vient « essentiellement " de l'unité
des soucis logiques. L'expérience de la science allemande avait
poussé Lautman dans un projet philosophique anti-positiviste ;
la notion de souci logique lui fournit un accès spéculatif vers la
compréhension du « mystérieux parallélisme » entre les mathé
matiques et la physique contemporaines. L'indépendance à l'égard
d'une ontologie de choses, la primauté de l'abstraction, le privi
lège des structures sur les individus dans les théories s'inter
prètent de manière « analogue )J, écrit Lautman (78), dans le
développement des algèbres abstraites et dans celui de la physique
quantique. Retour à une inspiration grecque, renversement complet
(76) E88ai sur l'unité du sciences mathématiques dans leur développement actuel, 57:
• Nous entendons ( ... ) par rapports d'expression les cas où la structure d'un domaine
fini et discontinu enveloppe l'existence d'un autre domaine continu ou infini... _
(82) Essai .. , 9.
.
(83) Ibid.
(84) Ibid. En elYel les constantes c et h « s'imposaient de façon incompréhen
sible dans les domaines les plus ditTérents, jusqu'à ce que le génie de Maxwell, de Planck
ou d'Einstein ait su voir dans la constance de leur valeur la liaison de l'électricité et
de la lumière, de la lumière et de l'énergie �.
(85) Le terme est introduit par Hilbert dans Das Unendliche. Mathematische
Annalen, 95 ( 1926), 161-190, et Hilbert, Bernays, Ackermann et von Neumann tra
vaillent jusqu'en 1930 à l'élaboration de la • Beweistheorie J. Lautman connaissait
directement ce texte, qu'André Weil avait d'ailleurs traduit immédiatement in Acta
Mathemalica, 48 (février 1926). En outre, il reconnatt à plusieurs reprises sa delte à
l'égard de Bernays en ce qui concerne sa connaissance des idées de Hilbert à celte
époque.
(86) Essai ... , 8, 12. cr. aussi le chapitre IV : • Essence et existence. Les problèmes
de la logique mathématique. 1
Albert Lau/man e/ le souci logique 69
(87) Essai... , 8, I l .
(88) Ibid.
(89) Jacques Herbrand, Les bases de la logique hilbertienne, Revue de Métaphy
sique et de Morale, 37 (1930), 243-255. Dans une note pour Hadamard, publiée in
J. Herbrand, Ecrits logique, (Paris : PUF, 1968), 215, Herbrand écrit que 1 la méta
mathématique apparatt comme la théorie mathématique ayant pour objet l'étude du
langage mathématique -.
70 Calherine Chevalley
tique ne soit pas un vain jeu de symboles, ( . ) elle doit être la traduction
. .
(90) J . Herbrand, Les bases de la logique hilbertienne, op. cil. Repris in Ecrits
logiques, op. cil., 156.
(91) Tout ceci est exposé également par LauLman in Essai ... , 86 sq.
(92) J. Herbrand, ct. n. 90, p. 162.
(93) J. Herbrand, Recherches sur la théorie de la démonslration ( 1 930). Repris in
Ecrits logiques, op. dt, 89, 35-153.
Albert Laulman el le souci logique 71
ANNEXE 1
Eludes critiques
ANNEXE Il
BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE
ANNEXE I I I
J. H.