CAC40 Pétrole(brent)

+ 15,16%
Variation depuis le 1er janvier
69,86dollars
+ 49,72 % depuis le 1er janvier

Eurostoxx50 Onced’or
+ 14,93%
Variation depuis le 1er janvier
1001,50dollars
+ 13,88 % depuis le 1er janvier

DowJones Euro
+ 9,70%
Variation depuis le 1er janvier
1,4614dollar
+ 4,07 % depuis le 1er janvier

Pratique page 2 Immobilier page 6 Portefeuille page 7

Déchiffrer Les étudiants en quête RENDEMENT DES
SUPPORTS EUROS
La lente érosion
sa fiche de paie d’une location, 4,4 4,1
3,9 des rendements
en %

sans se prendre victimes involontaires de l’assurance-vie

2004 2008 (e)
la tête de la loi Boutin va se poursuivre
SOURCES : ACAM, FFSA,LMA

Editorial
Deux ans
en enfer
Placements
Une autre finance est possible
D
Cet été a marqué les
deux ans de la crise
financière. Rappelez-
t Contre vents et marées, l’investissement socialement responsable confirme sa percée
vous: en juillet 2007, des produits
titrisés deviennent subitement
t Après les actions, la gestion éthique gagne les obligations, le monétaire, l’immobilier…
invendables et le monde découvre,
médusé, l’existence des subpri-
t Des études montrent que les fonds ISR ont bien résisté au krach. Dossier pages4 et5
mes, ces crédits immobiliers à ris-

Jérôme Porier
que dont les banques se sont
gavées. Le mal se propage rapide-
ment à l’ensemble du système
financier. Le 15 septembre 2008,
Lehman Brothers sombre, entraî-
nant dans sa chute les Bourses
mondiales. Le spectre de la Grande
Dépression de 1929 terrorise les
marchés. Le 9 mars 2009, le
CAC40 passe momentanément
sous les 2 500 points. Le monde,
pense-t-on alors, ne serait plus
jamais comme avant.
Aujourd’hui, alors que les Bour-
ses ont rebondi de 50 %, il faut se
rendre à l’évidence : rien n’a vrai-
ment changé. Certes, le pire a été
évité. Les injections de liquidités
des banques centrales et les plans
de relance des gouvernements ont
permis d’éviter le pire. Mais le sys-
tème financier qui a failli nous
mener à la catastrophe est tou-
jours en place. Les marchés de cer-
tains produits complexes sont, il
est vrai, mieux encadrés. Les gou-
vernements français et allemands
font des efforts louables pour met-
tre fin aux paradis fiscaux et enca-
drer les rémunérations indécentes
des traders. Mais la recherche du
profit à court terme demeure l’uni-
que moteur du système financier.
L’évolution des mentalités rend
cependant possible une autre
finance, plus transparente, plus
humaine, plus respectueuse de
l’environnement. En un mot, une
finance responsable.
Est-ce un vœu pieux ? En réali-
té, les économies occidentales
n’ont plus le choix. Depuis les
années 1980, elles vivent à crédit.
Au prix d’un endettement massif,
elles ont pu compenser les désé-
quilibres nés d’une surproduc-
tion industrielle chronique et
d’une consommation stagnante.
L’automobile, pour ne citer qu’el-
le, en est le meilleur exemple. A
moins d’accepter un retour de l’in-
flation, elles doivent trouver le
chemin d’une croissance pérenne.
Ce qui impliquera forcément des
sacrifices, notamment dans notre
façon de consommer. Quels que
soient les choix des gouverne-
ments, ils seront douloureux. p

Cahier du « Monde » N˚ 20103 daté Samedi 12 septembre 2009 - Ne peut être vendu séparément
2 Argent Pratique 0123
Samedi 12 septembre 2009

Tropdeniches Décrypter son bulletin de paie

tuelesniches
est fastidieux, mais indispensable
Le gouvernement vient d’annoncer qu’il

Y renonçait à réformer les niches fiscales,

alors même qu’il en existe près de 500,
et que leur coût pour la collectivité dépasse les 70 mil-
Sa complexité est telle que peu de salariés font l’effort de le lire en détail. Pour ceux qui sont
prêts à faire preuve de patience, ce document est pourtant riche d’informations précieuses
liards d’euros par an.
Les niches fiscales regroupent une gamme de « pro-

L
duits» défiscalisants sous forme de crédit d’impôt, de a France compte plus de
réduction d’impôt ou de réduction de base taxable. A 18 millions de salariés, mais
rebours des idées reçues, les plus utilisées (heures sup- peu connaissent les règles
plémentaires, dons, emploi d’un salarié à domicile…), ou régissant l’élaboration de leur bul-
celles qui coûtent le plus cher à la collectivité (TVA à 5,5 % letin de paie. Sa complexité, il est
sur les travaux, prime pour l’emploi…) ne s’adressent vrai, est réelle, avec une multitude
pas aux plus riches. Mais ce sont celles concernant ces de cotisations qui varient selon le
derniers (DOM-TOM, loi Malraux…) qui font polémique. statut du salarié mais aussi selon
Elles proviennent de la confrontation d’une offre et la branche d’activité.
d’une demande. La demande est celle de contribuables Comment lire sa fiche de paie ?
aux revenus élevés voulant rendre plus supportable le Le salarié qui reçoit sa fiche de paie
barème de l’impôt sur le revenu, dont la caractéristique ne regarde souvent qu’une seule
principale est, contre toute logique, d’avoir une assiette ligne, la dernière, sur laquelle figu-
étroite et des taux élevés. L’offre consiste pour l’Etat à re son salaire net. D’autres chiffres
méritent pourtant attention.
Le bulletin se compose de trois
Droit fiscal parties. Dans la première, on trou-
ve l’identification de l’employeur
et du salarié. Dans la deuxième, le
Philippe Bruneau montant du salaire brut et les coti-
sations sociales qui viennent le
attirer les plus aisés vers des secteurs où ils n’iraient pas diminuer. Enfin, la dernière partie
sans carotte fiscale (monuments historiques, cinéma…) récapitule les principales données
pour ne pas les subventionner lui-même. concernant le salaire : montant
Depuis cette année, le gouvernement a instauré un brut,netimposable,chargessalaria-
plafonnement global des niches ainsi qu’un plafonne- les et patronales, congés acquis…
ment spécifique de trois d’entre elles. Une mesure qui Un conseil : vérifiez que le mon-
aura, à n’en pas douter, un effet limité, si ce n’est de com- tant du salaire brut correspond à
plexifier encore notre législation fiscale. Car quitte à vou- celui mentionné sur votre contrat
loir plafonner, il eût été plus pertinent de plafonner le de travail et que le temps de travail
gain fiscal plutôt que l’investissement réalisé. correspond à la réalité.
Mais peu importe. L’idéal serait de recourir à un exa- Quelle est la différence entre le
men des 500niches fiscales pour séparer le bon grain de salaire brut et le salaire net ? Le
l’ivraie, c’est-à-dire celles qui ont un intérêt pour la collec- salaire brut se compose du salaire
tivité de celles qui n’en ont pas. Et de deux choses l’une: debase,auquels’ajoutentéventuel-
soit on les garde, soit on les supprime. En effet, comment lement lesavantages en nature,par
la France peut-elle accepter un dispositif qui lui coûte exemple la voiture de fonction ou
70milliards d’euros par an sans réaliser le moindre audit le logement. Peuvent s’y ajouter
sur son efficacité ? Il faut supprimer toutes les niches fis- des primes éventuelles et, le cas AURORE PETIT
cales à intérêt social non avéré. Et cette suppression doit échéant, des pourboires.
s’inscrire dans une refonte de notre fiscalité sur le patri- Le salaire net, qui figure en bas Le salaire est-il maintenu pen- l’employeur qui veut diminuer le tinguer les primes que l’on appelle
moine, et en l’occurrence de notre impôt sur le revenu.p de la fiche de paie, est égal au salai- dant les absences maladie ? Plu- salaire doit consulter préalable- « bénévoles » et les primes « obliga-
re brut moins la part salariale des sieurs conditions doivent être réu- ment les représentants du person- toires ». Les premières peuvent
Philippe Bruneau est directeur général de Mirabaud Gestion cotisations sociales, qui sont rete- nies. Le salarié doit avoir au moins nel. Ensuite, il doit « proposer» cet- être mises en place ou supprimées
et président du Cercle des fiscalistes. nues par l’employeur pour le un an d’ancienneté lors de son pre- temodificationdecontrataux sala- par l’employeur à tout moment.
compte du salarié et adressées aux mier jour d’absence. Il doit adresser riés concernés, par lettre recom- En revanche, les secondes font par-
différentes caisses. son arrêt de travail à l’employeur mandée avec accusé de réception, tie du salaire. L’employeur peut les

Lespleenducrédit A quoi correspondent les cotisa-

tions sociales ? Il y a d’abord les
versements à l’Urssaf, qui regrou-
àlaconsommation pe l’assurance-maladie, les alloca-
tions familiales, la retraite de base,
la contribution sociale généralisée
(CSG) et la contribution au rem-
sous 48 heures et être pris en char-
ge par la Sécurité sociale. Mais le
salaire n’est maintenu ni immédia-
tement ni intégralement. Il existe
un délai de carence de sept jours
(sauf en cas de maladie ou d’acci-
dent professionnel). L’indemnité
Les primes
diminuer ou les supprimer en sui-
vant la même procédure que pour
une baisse de salaire.
«bénévoles» peuvent
êtremises en place
Une prime devient « obligatoi-
re » pour l’employeur lorsqu’elle
réunit trois critères. Elle doit
ou supprimées d’abord être « constante »,

Les Français seraient-ils devenus raison-

boursement de la dette sociale
(CRDS). Viennentensuite les cotisa-
estversée à partirdu huitièmejour.
Le salarié reçoit alors 90 % de
par l’employeur c’est-à-dire versée à plusieurs
reprises (au moins trois verse-

Y nables et les sociétés spécialisées dans la

distribution de crédit à la consomma-
tion complètement folles, avec des taux proches de
tions au Pôle emploi (chômage), la
retraite complémentaire et, enfin,
diverses cotisations patronales
son salaire brut durant les trente
premiers jours d’indemnisation,
puis 66,66 % durant les trente
à tout moment
en leur laissant un mois pour l’ac-
ments consécutifs). Elle doit ensui-
te être « fixe ». Cela ne signifie pas
qu’elle est toujours du même mon-
20 % quand l’inflation est pratiquement inexistante ? destinéesà l’apprentissage, à la for- jours suivants. Ces durées sont cepter ou la refuser. tant, mais qu’elle est calculée
Toujours est-il que nos concitoyens recourent moins mation professionnelle, etc. augmentées de dix jours par pério- Mais attention, si les motifs de selon les mêmes critères. Enfin,
au crédit à la consommation. Une contraction de plus de Ces prélèvements sont varia- de de cinq ans d’ancienneté l’employeur sont avérés, celui-ci elle doit être générale, c’est-à-dire
18% sur un an, selon l’ASF, l’Association française des bles d’un salarié à l’autre, mais on au-delà de l’année exigée pour pourra procéder au licenciement versée à l’ensemble du personnel
sociétés financières. A ne pas confondre avec AZF, même estime qu’ils représentent envi- être indemnisé. économique des salariés qui refu- ou à une catégorie de personnel
si le surendettement est une véritable bombe, qui a fait ron 67 % du salaire brut et qu’ils L’employeur peut-il diminuer le sent la diminution de leur salaire… (par exemple les cadres ou le per-
exploser plus d’une famille. Bombe dont la mèche est le sont payés pour 45 % par l’em- salaire ? Dansla mesure où ilinvo- Des primes régulières peuvent- sonnel de tel site…). p
crédit à la consommation et l’allumette le crédit perpé- ployeur et pour 22 % par le salarié. que un motif d’ordre économique, elles être supprimées ? Ilfaut dis- Stéphane Corone
tuel ou revolving.
On dit que les plaisanteries les plus courtes sont les
meilleures. Ce n’est pas vrai en matière de crédit à la
consommation. Pour ne retenir que le recul de demande
de crédit du premier semestre (– 15,6%), l’ASF note qu’il
Seportercautionpourunprochen’estpassansrisques
Même s’il est très encadré par la loi, un tel engagement demande une confiance particulière
Conseils de famille
V
otreenfantveutlouerunstu- totalité de la dette sans même votre engagement. Si l’acte ne com- cela, le créancier doit vous indi-
Patrick Lelong dio… Votre conjoint doit s’adresser au préalable au débi- porte pas ces mentions manuscri- quer, au moins une fois par an, le
acquérir un véhicule pour teur ! Vous pouvez donc être ame- tes obligatoires, vous pourrez obte- montant de la dette qui doit encore
s’agit là de la contraction la plus importante depuis sontravail…Votrecompagnons’en- né à payer à la place de votre pro- nir en justice son annulation… être payée par le débiteur, ainsi que
vingt ans. Il aura fallu vingt ans et surtout la crise actuel- dette pour acheter un logement… che, même si ce dernier peut hono- Si vous n’avez pas précisé la la durée du prêt ou du bail.
le, qui a miné le pouvoir d’achat, réduit au chômage Danstoutes cessituations,unecau- rer ses engagements… Signer un tel durée de votre engagement, ce qui Si le débiteur ne rembourse pas
nombre de Français, endetté durablement chacun d’en- tion peut leur être réclamée. Mais à document demande donc une estgénéralementle caslorsquel’on sa dette, le créancier doit vous pré-
tre nous, révélé l’indigence des banques qui ont tendu la quoi cela vous engage-t-il ? confiance particulière ! cautionne un locataire, vous pou- venir.Encasde loyerimpayé,lepro-
main vers les deniers publics, plombé la croissance mon- En signant ce document, vous Pour s’assurer que vous êtes vez revenir sur votre engagement à priétairedoit ainsiadresser auloca-
diale, pour que nous disions « basta ». vous engagez à payer le créancier conscient des risques, la loi exige tout moment. Toutefois celui-ci ne taire un « commandement de
A y regarder de plus près, le recul n’est pas uniforme. désigné pour le compte du débi- que vous écriviez de votre main le cessera pas immédiatement. Pre- payer » et vous en envoyer une
Les prêts personnels sont les plus touchés (– 29 %), sui- teur. Si celui-ci ne règle pas son montant que vous garantissez. Si nons un exemple : vous caution- copie dans les quinze jours. Vous
vis par les prêts dits « affectés » (– 12 %), qui limitent la loyer ou ne rembourse pas son vouscautionnezunesomme déter- nez votre enfant pour un bail de êtes donc censé être tenu informé
casse en raison de la prime du même nom. En revan- emprunt, le propriétaire ou la ban- minée – par exemple le montant trois ans renouvelable par tacite des difficultés de votre proche. Si le
che, les « revolving » sont les crédits qui ont le moins que vous demandera de payer jus- d’un emprunt –, vous devez inscri- reconduction. Si vous résiliez votre créancier omet de vous prévenir, la
reculé, alors qu’ils sont les plus chers. Paradoxe ? L’ex- qu’à ce que vous ayez entièrement redans l’actela sommeempruntée, cautionnement durant la première loivous dispensede réglerlespéna-
plication est à chercher du côté des organismes spéciali- remboursé sa dette. ainsi que les intérêts et les frais. année de location, vous serez libéré lités et intérêts de retard… mais pas
sés dans ces crédits et dans la décomposition des En pratique, il existe deux types de votre engagement, mais seule- la dette principale !
familles modestes. Plus on est pauvre et plus on paye de caution: la « simple » et la « soli- Intérêts de retard ment à la fin du bail initial, Dernier point : si vous êtes
cher ! A l’instar des crédits subprimes, outre-Atlanti- daire ». Si vous vous portez « cau- En règle générale, le cautionne- c’est-à-dire à la fin de la troisième marié, le créancier peut, si vous ne
que. Le revolving, c’est le crédit toxique distribué de tion simple », le créancier peut ment a la même durée que l’em- année. Pour cela, il suffit d’adresser payez pas, saisir vos biens et vos
façon industrielle, le dernier bol d’oxygène hors de vous demander de régler la dette prunt.Si vous cautionnez unesom- au propriétaire une lettre recom- revenus personnels, mais pas les
prix avant la noyade. du débiteur uniquement si ce der- me indéterminée – par exemple le mandée avec accusé de réception. biens communs du couple. Seule
Le crédit contribue à la consommation, donc à la nier ne le fait pas. paiement d’un loyer –, vous devez Compte tenu des risques d’un exception à cette règle : si votre
croissance. Moins de crédit peut signifier que la relance Mais le plus souvent la caution inscrire de votre main le montant tel acte, la loi prévoit que la caution conjoint a donné son consente-
sera plus lente. Mais une croissance qui a pour moteur est dite « solidaire ». Dans ce cas, le des échéances et stipuler que vous doit être tenue informée des éven- ment exprès à l’acte de caution.p
le crédit perpétuel ruine les Etats et les familles. p créancier peut vous réclamer la connaissez les conséquences de tuellesdifficultés du débiteur. Pour S. Co.
0123
Samedi 12 septembre 2009 Polémique Argent 3

D Faut-il amnistier les évadés fiscaux?

Bercy s’est procuré une liste de 3000contribuables possédant un compte en Suisse. Eric Woerth les a invités
à régulariser leur situation avant le 31décembre. Le fisc doit-il être compréhensif? Deux experts répondent

Oui Non
Ce serait un moyen de faire Une telle mesure serait
revenir en France des capitaux un signal très négatif
considérables au bon moment » pour tous les contribuables»
Jean-Yves Mercier, avocat associé, CMS Bureau Francis Lefebvre, Michel Sapin, député (PS) de l’Indre, ancien ministre
membre du Cercle des fiscalistes. de l’économie et des finances.

Etes-vous favorable à une amnis-
tie pour les évadés fiscaux ?
Ce serait un moyen de faire reve-
nir en France des capitaux considé-
rables, au moment où l’économie
française en a besoin. Mais d’abord,
il faut définir ce qu’est une amnis-
tie fiscale. La proposition faite aux
évadés fiscaux par le ministre du
budget, Eric Woerth, n’est pas une
amnistie,car ellerevientà leurfaire
payer ce qu’ils auraient dû verser si
leurs capitaux avaient été déclarés,
avec, en plus, des pénalités dont le
montant est seulement atténué.
Au lieu de sanctionner quel-
qu’un à qui on demande un geste
civique, on pourrait envisager un
règlement forfaitaire pour tous
ceux qui rapatrient leurs avoirs…
Quelles sont les limites de l’am-
nistie ?
Ouvrir les fenêtres à intervalles
réguliers, comme en Italie, peut
devenir « pousse-au-crime ». Pour
être efficace, l’amnistie doit être
unique et définitive. L’idéal serait
d’ailleurs de la décréter au niveau
international. Pourquoi ne pas en
débattre lors du prochain G20, les
24 et 25 septembre à Pittsburgh ?
Une amnistie peut aussi avoir
deseffetspervers.Ellepeutêtreexa-
gérément profitable à certains.
Lors d’une amnistie, il est difficile
dedifférencier les détenteurs « pas-
sifs»,quiontméconnuleursobliga-
tions, de ceux qui ont organisé la
dissimulation de leurs revenus. On
peut s’interroger sur la pertinence
d’une amnistie qui couvrirait tou-
tes les formes de fraude sans tenir
compte de leur degré de gravité.
Quel devrait être le montant des
pénalités ?
Il faut distinguer deux situa-
tions. Ceux qui ne sont pas éligibles
à l’impôt de solidarité sur la fortu-
ne risquent simplement un rappel
correspondant à la taxation des
revenus de leurs capitaux sur trois
ans. S’ils étaient restés en France,
«Pour être efficace,
l’amnistie doit être
Croyez-vous à la fin des paradis
fiscaux ?
Au vu de la multiplication des
accords signés entre les Etats à la
suite du G20 d’avril, on peut dire
que l’étau se resserre. Les grandes
nations sont engagées dans une
véritable traque aux Etats non coo-
pératifs. Le démantèlement des
paradis fiscaux a déjà commencé.
Les évadés fiscaux cèdent-ils à
la panique ?
Depuis quelquesmois, mon télé-
phone sonne sans arrêt. Mes inter-
locuteurs se sentent fragilisés
mais ne paniquent pas. Beaucoup
sont tentés d’abandonner la clan-
destinité. Le phénomène s’est clai-
rement accentué depuis février. La
décision de la banque suisse UBS
de livrer au fisc américain les
noms des contribuables améri-
cains coupables de fraude fiscale a
changé la donne. p
Propos recueillis par
Jérôme Porier
Michel Sapin, vous êtes opposé
à une amnistie pour les évadés
fiscaux. Pourquoi ?
Dans le contexte de crise que
nous traversons, où la majorité des
Français doivent se serrer la ceintu-
re, ce serait un signal très négatif
pourtouslescontribuables.L’impé-
ratif moral est encore plus grand
dans les périodes difficiles. De plus,
je suis convaincu qu’une amnistie
n’apporteraitrienauniveauécono-
mique et budgétaire. Le coût d’une
LIVR E T HS B C
telle mesure ne se mesure pas sur
une année, mais sur le long terme.
L’amnistie est un encourage-
ment à la fraude. Même s’il y a des
pénalités de retour, payer ses
impôts tous les ans en France
revientbeaucouppluscherque dis-
simuler des capitaux à l’étranger.
L’impératif des pays qui veulent
mettre en place un système sécuri-
sé pour le bien du plus grand nom-
bre devrait être la chasse aux para-
dis fiscaux.
(2)
RGNE (1 )
E PA
Pourtant, l’amnistie peut aussi
être perçue par certains comme
un moyen de lutter contre les
paradis fiscaux…
C’est regarder les choses par le
petit bout de la lorgnette. Encore
une fois, il ne faut pas raisonner
sur une seule année. Tous les ans,
des flux de capitaux cherchent à
échapper à l’impôt et partent s’in-
vestir dans des places financières à
l’étranger. Une amnistie ne ferait
qu’encourager cette fuite. Ce serait
un cercle vicieux.
La lutte contre les paradis fis-
caux doit passer par une plus gran-
de coopération entre les Etats et
par la mise en place d’une nouvel-
le régulation internationale beau-
coup plus stricte.
N’est-ce pas un combat perdu
d’avance ?
Le communiqué volontariste
du dernier G20 de Londres m’inci-
terait plutôt à l’optimisme. Mais
ces annonces n’ont pas été suivies
d’effet. Il faut aller plus vite. La seu-
le vertu de la crise, c’est d’avoir fait
prendre conscience au plus grand
nombre du besoin de mettre en
placeun système régulépour enca-
drer la finance mondiale.
«Degrands
délinquants
dissimulentdetrès
grossessommes
auxyeuxdufisc
entouteconscience»
Dans certains cas, une certaine
clémence fiscale n’est-elle pas
légitime ?
Lorsqu’un contribuable hérite
d’un compte à l’étranger et tarde à
régulariser sa situation, on peut
envisager une forme de mansuétu-
de. Mais c’est déjà le cas dans les
faits. L’administration fiscale est
souvent bienveillante vis-à-vis de
ceux qui ont mal évalué leur patri-
moine ou qui ont tardé à réagir à la
suite d’un événement imprévu.

unique et définitive» Le rendez-vous Mais les gens dont nous parlons

ces avoirs auraient été taxés à envi-
ron 6 %. Pour qu’il y ait une vérita-
ble incitation financière, il faudrait
fixer la pénalité à un niveau infé-
rieur, proche de 4 % des sommes
rapatriées par exemple.
Pourceuxquiauraientdûacquit-
ter l’ISF, la situation est différente.
Ils risquent en sus un rappel corres-
pondantàsixannées d’impôtsurla
fortune, soit une taxation de l’or-
dre de 6 % de leurs capitaux. Pour
ceux-ci,onpeutimaginerunepéna-
lité globale de l’ordre de 10%.
Combien pourrait rapporter une
MMM
ne correspondent pas à ce profil. Il
s’agit de grands délinquants qui
événement HSBC bre 20 09
dissimulent de très grosses som-
mes aux yeux du fisc en toute
Profitez dès aujourd’hui d’une opportunité unique pour devenir client HSBC :
jusqu’ au 31 décem conscience.
Le ministre du budget, Eric
une rémunération exceptionnelle de votre épargne, Woerth, a révélé le 30 août que
des services bancaires exclusifs en France et à l’international, Bercy détenait une liste de
et toute l’expertise HSBC pour gérer au mieux votre patrimoine. 3 000 contribuables français
Un rendez-vous à ne pas manquer ! possédant un compte en Suisse.
Il les a invités à régulariser leur
situation avant le 31 décembre,
en leur promettant qu’il n’y
Prenez rendez-vous aurait pas de poursuites judiciai-
res. Approuvez-vous la position
avec l’un de nos conseillers : de Bercy dans ce dossier ?
D’abord, je me réjouis qu’un

telle mesure ?
On estime à plus de 200 mil-
liards d’euros les avoirs placés par
desrésidentsfrançaissurdescomp-
tes à l’étranger. Quelle part serait
rapatriée en cas d’amnistie? Diffici-
le à dire. En Italie, deux opérations
de ce type en 2001-2002 et en 2003
ontpermisderapatrier46milliards
d’euros,toutenfaisantrentrer2mil-
liards d’euros dans les caisses de
l’Etat. Pour la troisième amnistie,
qui débutera le 15 septembre,
l’amendelibératoireaétéfixéeà5 %
des capitaux rapatriés. Cette fois,
Rome compte récolter 3 à 5 mil-
liardsd’euros. EnFrance, unemesu-
re similaire rapporterait sans doute
autant d’argent.
Dans l’agence la plus proche de chez vous ministre du budget possède enfin
Sur www.hsbc.fr/rendez-vous(3) une telle liste de délinquants. Mais
je souhaite qu’on les poursuive. Si
Au 0 810 2 4 6 8 10(4) Bercy va jusqu’au bout de sa propo-
sition,lescontribuablesrégularisés
devront payer l’impôt sur le reve-
nu des trois dernières années avec
despénalités.Pourceuxquisontéli-
(1) Taux nominal annuel brut, hors impôt et prélèvements sociaux applicables selon la réglementation en vigueur, valable du 1er septembre 2009 au 31 décembre 2009 dans la limite
gibles à l’ISF, le fisc remonte six ans
de 100 000 € (à compter du 1er janvier 2010 ou pour la part du montant investi avant cette date au-delà de 100 000 €, le taux servi sera celui du Compte sur livret en vigueur chez en arrière. C’est insuffisant.
HSBC France, soit 1.25% - taux nominal annuel brut, hors impôt et prélèvements sociaux applicables selon la réglementation en vigueur - au 1er août 2009). Les intérêts du Livret Pour ceux qui pratiquent l’éva-
HSBC Epargne sont calculés par quinzaine civile et versés début janvier de chaque année. (2) Offre réservée à toute personne physique, capable majeure, résidant fiscalement en
France, pour toute ouverture d’un compte de dépôt lors d’une entrée en relation dans une agence du réseau HSBC France, entre le 1er septembre 2009 et le 31 décembre 2009, et sion fiscale depuis des décennies,
souscrivant concomitamment une convention de services HSBC Dynamique ou HSBC Patrimoine aux conditions tarifaires actuellement en vigueur. Toute souscription à l’une ou cette proposition est un cadeau
l’autre des conventions susvisées (éventuellement sous la forme d’une convention jointe) n’ouvre droit qu’à un seul Livret HSBC Epargne. Le Livret HSBC Epargne ne peut être
ouvert que sous la forme d’un compte unipersonnel. (3) Service gratuit hors frais de connexion Internet. (4) Coût d’un appel local depuis une ligne fixe France Telecom partout en
indécent. C’est une amnistie fiscale
France Métropolitaine. HSBC France - Société Anonyme au capital de 337 189 100 euros - SIREN 775 670 284 RCS Paris - Siège social : 103, avenue des Champs-Elysées - déguisée et un encouragement à la
75008 Paris. © Photo : David Meignan - 08/09. Banque et Société de Courtage en assurance immatriculée auprès de l’ORIAS (Organisme pour le Registre des Intermédiaires fraude. Ce serait faire preuve d’une
en assurance-www.orias.fr) sous le n° 07 005 894.
bienveillance coupable sous cou-
vert d’une sévérité apparente. p
Propos recueillis par J. Po.
4
Dossier
Les Bourses rebondissent et certains investisseurs semblent n’avoir tiré
aucune leçon du krach. Dans le même temps, une poignée
de gestionnaires se convertissent à la finance socialement responsable
L’investissementdurable,
uneréponsefaceàlacrise
Par Yannick Roudaut
L
a finance a-t-elle réelle-
ment tiré les leçons de
la crise ? Deux ans après
les premières défaillan-
ces liées aux subpri-
mes, ces fameux crédits
immobiliers à risque, on peut en
douter. Depuis quelques mois, les
marchés financiers s’emballent de
nouveau, à la faveur du regain de
santé des banques américaines et
du ralentissement de la dégrada-
tion de l’économie mondiale.
Selon les calculs de la société
Aurel ETC Pollak, la contribution
des activités marchés aux résul-
tats des banques américaines est
revenue, au deuxième trimestre, à
son niveau d’avant la crise. Le
géant de Wall Street Goldman
Sachs a même dégagé un bénéfice
de 3,44 milliards de dollars
(2,37 milliards d’euros) lors du
deuxième trimestre, en hausse de
67 % sur un an ! Un rétablissement
spectaculairepour unebanque pla-
cée sous perfusion gouvernemen-
tale à l’automne 2008.
Certes, depuis le sommet du
G20 de Londres, en avril, les tran-
sactions sur certains produits déri-
vés sont mieux encadrées. Les gou-
vernements français et allemand
se démènent pour réformer le sys-
tème «pousse-au-crime » de rému-
nération des traders. Mais les désé-
quilibres à l’origine de la crise
demeurent. Les investisseurs
n’ont pas modifié les pratiques
qui ont failli mener le système
financier international au chaos.
« La crise a au moins eu le mérite
d’ouvrir les yeux de certains inves-
tisseurs, estime Cécile Churet, ana-
lyste chez SAM, une filiale de la
banque Robeco. Ils sont de plus en
plus nombreux à penser qu’il faut
renouer avec la fonction primaire
des marchés financiers : allouer
des actifs de manière efficace en
considération des enjeux économi-
ques, sociaux et climatiques du
XXIe siècle. L’efficacité d’un investis-
En France, ces pratiques se heurtent encore à des blocages
MALGRÉ des encours en progres-
sion régulière, l’investissement
socialement responsable (ISR)
reste confidentiel en France.
Trop contraignant pour les uns,
insuffisamment rentable pour
les autres, la pertinence d’une
gestion plus responsable fait
encore débat. Les freins à son
essor sont à la fois psychologi-
ques et techniques.
Premier obstacle : le manque
de transparence. Alors que l’opaci-
té de la finance classique a été
montrée du doigt ces derniers
mois, la gestion ISR prône une
meilleure communication sur la
composition de ses fonds. Mais
qu’en est-il réellement ? Dans les
faits, les fonds ISR se contentent
généralement de communiquer
les dix premières lignes de leur
portefeuille, comme dans n’im-
porte quel fonds « classique ».
sement ne peut plus se limiter à sa
seule rentabilité. »
Cette finance soucieuse d’un
développement durable reste
cependant embryonnaire. Les pla-
cements « responsables » (ou
« socialement responsables ») ne
représentent que 1 % à 2 % des
actifs gérés en Europe. Mais leur
essor se confirme trimestre après
trimestre, contre vents et marées.
En France, les caisses de retraite,
Fort de ce constat, le centre de
recherche Novethic a lancé une
initiative qui pourrait changer la
donne. Avant la fin du mois de
septembre, un label ISR va ainsi
voir le jour, le premier du genre
en Europe.
« Nous voulons faciliter l’accès
du grand public à la gestion ISR,
confie Anne-Catherine Husson-
Traore, la directrice générale de
Novethic. Ce label nous permet de
promouvoir la démarche globale
de l’investissement responsable. Il
récompensera les fonds qui respec-
tent à la fois les critères environne-
mentaux, sociaux ainsi que les
principes de bonne gouvernance. »
Pour obtenir ce précieux sésa-
me, le gestionnaire devra entre
autres s’engager à publier la liste
complète des valeurs entrant
dans la composition de son fonds.
« Sur les 250 produits proposés à la
les mutuelles, des institutionnels
soucieux de leur image et une poi-
gnée de sociétés de gestion se
convertissent à l’« autre finance ».
Les encours dits « ISR » – investisse-
ment socialement responsable –
détenus par des résidents français
ont bondi de 37 % entre 2007 et
2008, à 30 milliards d’euros, selon
l’observatoire Novethic.
Au niveau mondial, le nombre
de signataires des « Principes pour
vente en France, plus d’une centai-
ne ont déjà déposé leur candidatu-
re. C’est un succès », souligne
Mme Husson-Traore.
« Avant tout un engagement »
Autre reproche fréquent fait
aux fonds ISR : l’hétérogénéité de
l’offre. « C’est un marché extrême-
ment complexe qui nécessite
beaucoup de pédagogie. Au lieu
de simplifier les choses, on les
complique en multipliant les
appellations, déplore Patrick
Savadoux, responsable de l’ISR
chez Mandarine Gestion. Il est
indispensable d’aider les clients à
mesurer l’impact concret de leur
engagement financier. »
Dernier verrou : pour nombre
d’investisseurs, la gestion ISR est
synonyme de sous-performance
camouflée sous de bons senti-
ments. Selon les manuels de ges-
l’investissement responsable »,
promus par les Nations unies afin
d’inciter les financiers à s’inscrire
dans une logique de développe-
ment durable, est passé de 360 en
avril 2008 à 530 institutions finan-
cières en mai.
Mais les intentions sont encore
trop peu suivies d’effets. Sédui-
sant sur le papier, l’investisse-
ment responsable reste encore,
pour beaucoup d’investisseurs,
tion, un vaste horizon d’investis-
sement permet une diversifica-
tion plus forte, et donc une
meilleure maîtrise des risques.
Or les filtres de sélection appli-
qués dans la gestion ISR rédui-
sent l’horizon du gérant. Ils
seraient donc source de risque
accru pour l’investisseur.
« Des études suggèrent que cet-
te théorie est fausse, rétorque
Cécile Churet, analyste ISR chez
SAM, une filiale de la banque
Robeco. Car la prise en compte
des critères environnementaux,
sociaux et de gouvernance dimi-
nue le profil de risque des
valeurs. » « De toute façon, il faut
arrêter de vendre les fonds ISR uni-
quement sur des critères de perfor-
mance, ajoute Philippe Zaouati,
de Natixis AM. C’est avant tout
un engagement. » p
Y. Ro.
0123
Samedi 12 septembre 2009
« une bonne idée » à accrocher
pour plus tard sur la porte du réfri-
gérateur…
L’approche socialement respon-
sable peut-elle aider à « assainir »
la finance ? « Oui, l’ISR peut être
l’un des remèdes à la crise », répond
sans hésitation Philippe Zaouati,
le directeur du développement de
Natixis Asset Management. Pour
lui, cette méthode de gestion
répond à toutes les problémati-
ques posées par la crise financière.
Parce qu’elle exige de tous les
acteurs une plus grande transpa-
rence, l’ISR peut mettre fin à l’opa-
cité des mécanismes de gestion,
propice à tous les dérapages.
« L’investissement socialement
responsable répond aussi à la ques-
tion de la contribution des investis-
sements à l’économie réelle, ajoute
M. Zaouati. Il donne une réponse
concrète à l’allocation de l’épar-
gne. Il contribue à reconnecter la
finance à l’économie. »
Cerise sur le gâteau, l’investisse-
ment socialement responsable
apporterait aussi une réponse aux
problèmes environnementaux.
C’est d’ailleurs l’aspect que le
grand public retient le plus facile-
ment. « La croissance économique
basée sur une consommation effré-
née des ressources naturelles n’est
plus possible à long terme, estime
Najib Sassenou, responsable de
l’ISR à la Banque postale AM. Il faut
dès maintenant privilégier les
investissements conciliables avec
unecroissance soutenable. L’appro-
0123
Samedi 12 septembre 2009
che responsable apporte cette
vision à long terme qui nous fait
tant défaut. » L’investissement
dans des entreprises respectueu-
ses de l’environnement et des per-
sonnes (transports collectifs, éner-
giesnouvelles…) devrait aussi favo-
riser l’émergence d’une économie
durable, créatrice d’emplois. Un
levier de changement considéra-
ble, si l’on en croit les promoteurs
des fonds ISR.
« Pas la solution miracle »
Mais certains experts se veu-
lent plus prudents. « Il serait faux
de croire que l’ISR est la solution
miracle aux problèmes actuels »,
tempère ainsi Christoph Butz,
expert en développement durable
à la banque Pictet. L’effet de levier
induit par ces comportements ver-
tueux demeure très limité, car la
démarche ISR reste marginale.
« Selon de récentes études, si 30 %
des investisseurs adoptaient une
vision ISR dans leur gestion, l’im-
pact serait décisif car les entrepri-
ses seraient contraintes d’intégrer
ces principes dans leur stratégie »,
note M. Butz.
Faire émerger une finance plus
soucieuses des enjeux de long ter-
me nécessitera une remise à plat
de la façon dont les fonds sont
conçus, gérés et distribués. « Ce qui
signifie remettre en cause les prati-
ques de toute une chaîne d’acteurs,
qui réalisent des bénéfices conforta-
bles dans le système actuel », décla-
re Patrick Savadoux, responsable
ISR chez Mandarine Gestion.
Ala recherche des meilleurs ren-
dements, l’épargnant a, lui aussi,
un rôle essentiel àjouer. Pour beau-
coup, accepter une moindre renta-
bilité sur des investissements
« éthiques » relève encore de l’er-
reur de gestion. « C’est toutefois un
sacrifice qui mérite d’être consenti
si nous voulons éviter le piredes scé-
narios », estime M. Butz.
Après deux ans de crise, peu
d’investisseurs parviennent à s’af-
franchir de l’obsession du profit à
court terme. Même les institution-
nels adeptes de l’ISR jugent les per-
formances de leur investissement
sur une base trimestrielle ou
semestrielle. Un comportement
proche de la schizophrénie…
« Il n’est pas facile de sortir l’ISR
de son statut de niche car peu de
gens sont prêts à se sacrifier finan-
cièrement pour l’intérêt commun,
juge M. Butz. Il faudrait imposer
un code d’investissement durable,
un effort collectif pour amorcer le
changement. »
Un défi qui relève sans doute du
G20 mais aussi de la capacité des
investisseurs à prendre individuel-
lement conscience du risque col-
lectif que les pratiques financières
actuelles nous font courir. p
Les gérants soucieux de l’éthique
n’ont pas à rougir de leurs performances
Pour beaucoup d’épargnants, l’ISR est synonyme de faibles rendements. Mais des études récentes montrent
que les fonds responsables investis en actions ont mieux résisté à la crise que les autres produits de gestion collective
D
ifficile de s’orienter dans la
jungle des fonds actions
spécialisés dans l’investis-
sement responsable. Les multiples
sigles désignant les fonds inté-
grant des critères de gestion extra-
financiers témoignent de la diffi-
culté d’appréhender ces produits :
on parle d’ISR (investissement
socialement responsable), d’ESG
(environnement, social, gouver-
nance),ou encore d’IRD (investisse-
ment responsable et durable)… Le
concept des 130 fonds actions ISR
disponibles en France, totalisant
10 milliards d’euros d’actifs, est
rarement identique d’un établisse-
ment à l’autre.
Certaines sociétés de gestion
ont pris le parti d’exclure d’office
de leur univers d’investissement
des secteurs considérés comme
néfastes. La Financière de Cham-
plain, maison indépendante spé-
cialisée dans le développement
durable, s’interdit ainsi d’investir
dans le tabac, l’alcool, l’arme-
ment, mais également dans le
pétrole, la chimie ou les laboratoi-
res pharmaceutiques réalisant
des tests sur animaux.
BNP Paribas IP, elle, exclut le
tabac, l’alcool et l’armement, mais
aussi les sociétés ne respectant par
les grandes normes internationa-
les en matières de droits humains,
quelque soit leur secteur d’activité.
Contrairement aux pays anglo-
saxons, la France reste cependant
peu à l’aise avec cette approche
éthique centrée sur l’exclusion de
secteurs d’activité. C’est pourquoi
le marché français de l’ISR s’est plu-
tôt développé autour d’une appro-
che positive axée sur l’identifica-
tion des meilleurs élèves (ou « best
in class ») de chaque secteur.
La gestion ISR part à la conquête
de nouveaux territoires
Immobilier, capital-investissement, gestion alternative:
aucun bastion ne résiste à la vague de l’investissement durable
L L
’investissement socialement
responsable (ISR) se dévelop-
pe progressivementdans tou-
tes les classes d’actifs. Après les
actions, les obligations et la ges-
tion monétaire, le mouvement
gagne de nouveaux bastions de la
gestion.
« La volonté affichée par les
Nations unies de promouvoir l’in-
vestissement responsable a
convaincu de nombreux établisse-
ments financiers de mettre en pla-
ce une gestion “tout ISR”, explique
Dominique Blanc, le responsable
de la recherche sur l’investisse-
ment socialement responsable à
l’observatoire Novethic. Il y a donc
une demande naissante pour des
fonds de capital-investissement
ISR, de l’immobilier ISR, etc. La
demande devrait tirer l’offre. »
Capital-investissement. Les
sociétés de capital-investissement
(private equity) commencent à
prendre en compte des critères
extrafinanciers dans leur straté-
gie. Une enquête réaliséepar Nove-
thic en juillet démontre que les
deux tiers des 300 sociétés françai-
ses de capital-investissement
interrogées tiennent compte de
critères environnementaux,
sociaux et de gouvernance dans
leurs choix financiers.
Mais cela ne signifie pas pour
autant que leurs fonds mettent
tous en œuvre une gestion 100 %
ISR. Le mouvement se heurte en
effetàplusieurs freins,comme l’ab-
sence d’expertise extrafinancière
au sein des PME non cotées.
Une sélection de fonds actions ISR
NOM (promoteur)
CODE ISIN
ACTIONS ZONE EURO
AGF Valeurs Durables (Allianz Global Investors France)
FR0000017329
Axa Euro Valeurs Responsables (Axa IM)
FR0000982761
Ecureuil Bénéfices Responsable
(Natixis/Caisses d’Epargne) FR0010091116
Euro Capital Durable (Groupama)
FR0010271528
LBMA Responsable Actions Euro (La Banque Postale)
FR0000008963
Performance moyenne de la catégorie
ACTIONS EUROPÉENNES
Atout Valeurs Durables (Crédit Agricole)
FR0000991424
BNP Paribas Ethéis (BNP Paribas)
FR0010302398
Fédéral Europe ISR (Crédit Mutuel Arkea)
FR0010583146
MAM Actions Ethiques (Financière Meeschaert)
FR0000448987
Performance Responsable (Financière de Champlain)
FR0010397588
Performance moyenne de la catégorie
*au 28/08/2009
« Nous classons 600 valeurs en
fonction de leur comportement
social, de leur politique en matière
d’environnement et de gouvernan-
ce. Notre univers d’investissement
se limite aux 270 meilleurs élèves. A
partir de ces titres, je construis le
portefeuille, sur la base, cette fois,
de critères purement financiers »,
A l’image d’Alto Invest, de la
Financière de Champlain ou d’Od-
do Private Equity, certains gestion-
naires n’hésitent pas à proposer
des fonds spécialisés dans le déve-
loppement durable.
« Nous investissons régulière-
ment dans de toutes petites PME,
ayant moins de dix salariés, qui
ont peu de données à nous fournir
en matière de critères extrafinan-
ciers. Nous réalisons alors un véri-
table travail qualitatif pour les éva-
luer et les faire progresser », confie
Jean-François Descaves, président
de la Financière de Champlain,
qui a lancé au printemps le fonds
commun de placement dans l’in-
novation (FCPI) Champlain Inno-
vation, en partenariat avec le
fonds Siparex.
Immobilier. Le marché de l’immo-
bilier est en pleine révolution ver-
te, avec la mise en place de normes
environnementales issues notam-
ment du Grenelle de l’environne-
ment. La pierre papier, elle aussi, se
met à l’ISR.
L’Union française de gestion
(UFG) a ainsi lancé, en février, un
premier organisme de placement
collectif immobilier ISR, à destina-
tion des investisseurs institution-
nels. Làencore, des critères adaptés
au secteur ont été mis en place. Ils
prennent en compte, par exemple,
lerespect de l’environnement(éco-
nomie d’énergie, etc.), mais aussi le
bien-êtredes occupantsou laproxi-
mité de transports en commun.
«Nous pensons que le respect de
critères ISR améliorera le taux de
Performance Performance
2008 2009*
– 41,56 % 16,59 %
– 40,42 % 22,18 %
– 43,29 % 18,03 %
– 36,99 % 12,96 %
– 41,56 % 18,23 %
– 42,61 % 18,72 %
– 45,06 % 20,16 %
– 41,04 % 19,88 %
— 10,56 %
– 42,94 % 20,11 %
– 49,31 % 5,19 %
– 42,76 % 20,48 %
explique Jean-Marc Maringe,
gérant d’Axa Euro Valeurs Respon-
sables.
Touscesproduitsontpourobjec-
tif de battre les indices de marché
traditionnels sur le long terme.
Contrairement à une idée répan-
due, ils y parviennent souvent.
« L’ISR souffre d’une fausse image.
remplissage des immeubles, per-
mettra de dégager des loyers supé-
rieurs et de diminuer les charges.
L’immobilier ISR devrait donc être
une source de performance pour les
investisseurs », explique Bertrand
Fournier,le vice-présidentdudirec-
toire de UFG Sarasin AM.
Même point de vue au groupe
Perial, pour sa SCPI PFO2, lancée en
août, intégrant l’environnement
au sein de ses critères de sélection.
« Les immeubles ne respectant pas
les normes environnementales
vont peu à peu se dévaloriser », pré-
voit Eric Cosserat, le président de
Perial.
Gestion alternative. Rapprocher
deux concepts aussi éloignés a
prioriquel’ISR etla gestionalterna-
tive,utilisée par les fameux hedges
funds (fondsspéculatifs) peut sem-
bler audacieux. Mais le phénomè-
ne existe pourtant bel et bien.
La société de gestion suisse Har-
court, filiale du groupe Vontobel,
propose ainsi un fonds de fonds
alternatif ISR, baptisé Belair Sustai-
nable Alternatives SRI. Le concept
est cependant compliqué à mettre
en place dans un secteur peu répu-
té pour sa transparence.
Pionnier en France, Cogefi Ges-
tion propose de son côté le fonds
Long Short Equity Sarbacane, inté-
grant des critères extrafinanciers
dans ses choix d’investissement.
Une stratégie reposant sur l’achat
et la vente à découvert d’actions,
dans la lignée des fonds ISR actions
traditionnels. p
A. La.
Dossier Argent 5
Spécificité
Le critère des droits humains
est discriminant
Pas de secteur exclu a priori
Partenariat avec l’Unicef
Investit sur les meilleurs élèves
et ceux en progression
Univers ISR de 120 à 130 titres
de la zone euro
Géré par Ideam, filiale ISR de CAAM
Exclut le tabac, l’alcool et l’armement
Le filtre ISR intervient après le filtre
financier
Meeschaert est l’un des pionniers
du secteur
Spécialisé sur les petites
et moyennes valeurs
Source : Europerformance-SIX Telekurs
Les investisseurs pensent souvent
qu’investir autrement signifie
renoncer à la performance, analyse
Benoît Magnier, fondateur du cabi-
net de conseil Altedia IC. Nos études
démontrent au contraire que l’ap-
proche ISR n’est pas un handicap. »
Les fonds investis sur la zone
euro réalisent ainsi exactement la
Lesfondsobligataires
etmonétairesplébiscités
A elles seules, ces catégories représentent
la moitié des actifs ISR gérés en France
ongtemps cantonné aux
actions, l’investissement
socialement responsable
(ISR) gagne la gestion obligataire et
monétaire. L’encours des fonds
obligataires étiquetés ISR atteint
3,1milliards d’euros, celui des pro-
duits monétaires 14,5 milliards. A
elles seules, ces deux catégories
représentent près de la moitié des
actifs ISR gérés en France.
Pourtant, la gestion monétaire
ISR ne convainc pas toujours.
« L’ISR est par définition un place-
ment de long terme, qui me semble
peu adapté à la gestion monétaire,
par nature très court-termiste »,
confie Frédéric Pétiniot, le direc-
teur général du cabinet Amadeis.
Filtres spécifiques
Le développement des produits
obligataires et monétaires ISR
nécessite la mise en place de filtres
spécifiques afin de sélectionner
les titres rentrant dans le champ
d’investissement. Il peut s’agir
d’obligations d’Etat ou d’entrepri-
ses, voire de billets de trésorerie et
de certificats de dépôt pour la ges-
tion monétaire. Pour mener à bien
cette tâche, les sociétés de gestion
doivent donc analyser les politi-
ques des Etats, des institutions
financières et des entreprises.
Une fois ce travail réalisé, les
gérants peuvent construire leurs
portefeuilles de façon classique.
« Nous évaluons 250 émetteurs de
titres obligataires et monétaires
selon des critères extrafinanciers,
dont les deux tiers sont autorisés à
mêmeperformance(–0,1%précisé-
ment) que les indices de marché
sur trois ans à fin mai2009, d’après
la dernière étude d’Altedia IC.
Ils ont même un peu mieux
résisté à la crise, avec une perfor-
mance supérieure de 2,9 % aux
indices de marché sur un an, à fin
mai 2009. « Les fonds ISR sont tra-
ditionnellement sous-investis en
valeurs financières et sur les gran-
des valeurs industrielles, deux sec-
teurs particulièrement touchés
par le krach », indique M. Magnier.
« Démarche de dialogue »
La crise permet de mettre en
lumière les pratiques des sociétés
sur le plan social et de la gouver-
nance, des thèmes désormais scru-
téspar tous les gérants. «Nous som-
mes dans une démarche de dialo-
gue avec les entreprises. L’ISR les
incite à intégrer des pratiques plus
saines, par exemple en matière de
rémunérations et de restructura-
tions », confirme Christine Clet,
aux commandes d’AGF Valeurs
Durables chez Allianz Global Inves-
tors France.
Mais, comme dans toutes les
catégories de placements, il existe
de bons et de moins bons produits.
La rigueur du processus de sélec-
tion des titres varie sensiblement
d’unemaison àl’autre,certainspro-
duits relevant davantage du coup
marketing que d’une réelle éthi-
que. Le label Novethic, décerné
pour la première fois avant la fin
septembre par l’observatoire indé-
pendant,devrait permettre de faire
le tri. Il distinguera les produits
ayant à la fois une méthode de ges-
tion exhaustive et une transparen-
ce totale vis-à-vis de leurs clients.p
Agnès Lambert
intégrer nos portefeuilles. Ces ana-
lyses sont réalisées en interne,
mais nous utilisons aussi des bases
de données spécifiques comme cel-
les de Vigeo, Oekom ou Centre
Info », explique Eric Borremans, le
responsable de l’investissement
responsable et durable chez BNP
Paribas IP.
La plupart des produits disponi-
bles sur le marché se concentrent
sur les obligations émises par des
entreprises, utilisant la recherche
ISR déjà réalisée sur les actions.
La société de gestion belge Peter-
cam est l’une des rares à proposer
un fonds ISR composé à 100 %
d’obligations d’Etat, baptisé Peter-
cam L Fund Bonds Government
Sustainable. « Nous analysons les
trente pays de l’Organisation de
coopération et de développement
économiques selon des critères
comme les émissions de CO2, le taux
de chômage, etc. Le fonds ne peut
investir que dans des obligations
émises par un Etat classé parmi les
quinze premiers. Un filtre qui élimi-
ne d’emblée les Etats-Unis et l’Ita-
lie », confie Johnny Debuysscher,
responsable de la gestion obligatai-
re du groupe.
Mais tous les produits ne sont
pas aussi rigoureux. L’observatoi-
re Novethic dénonce la conception
parfois peu sélective de certains
fonds monétaires. Autre point à
améliorer : tous les acteurs ne
jouent pas le jeu de la transparen-
ce, dans une catégorie où ce critère
se révèle désormais primordial.p
A. La.
6 Argent Immobilier
Une tuile de plus pour les étudiants
à la recherche d’une location
La loi du 25mars devait faciliter l’accès au logement, en interdisant aux propriétaires de cumuler
une assurance contre les impayés et la caution d’un tiers. Victimes imprévues: les étudiants
B
oulette du législateur ou
effetperversdelaloi?Lesétu-
diants,déjàmisàrudeépreu-
ve à chaque rentrée, sont encore
moins à la fête en ce mois de sep-
tembre.L’article55delaloidemobi-
lisation pour le logement et la lutte
contre l’exclusion (MOLE), promul-
guée le 25 mars, ne s’adresse pour-
tant pas spécifiquement à eux.
Mais ils en font les frais.
Le texte vise en effet à faciliter
l’accèsaulogementàtouslescandi-
dats locataires, en limitant les exi-
gences des propriétaires. Ainsi, les
bailleurs privés ayant souscrit une
assurance contre les loyers
impayés ne sont désormais plus
autorisés à demander en sus aux
candidats locataires la caution soli-
daire d’un tiers.
Une bonne nouvelle pour les
salariés en CDI ou ayant un revenu
Versunenouvelle garantiedesrisqueslocatifs
SEULS 10 % à 20% des bailleurs
particuliers seraient titulaires
d’une garantie contre les loyers
impayés, car, au regard du risque,
les cotisations s’élevant à 4 % ou
5 % du montant annuel des loyers
diminuent la rentabilité de l’im-
mobilier locatif.
C’est pour augmenter cette pro-
portion et diminuer les exigences
des bailleurs qu’avait été créée, en
2007, la garantie des risques loca-
tifs (GRL). Mais ce contrat moins
coûteux, garanti par le 1 % loge-
ment et l’Etat, n’a pas rencontré le
succès escompté: la plupart des
AToulouse,seulslesbienssansdéfautsetidéalement
situésrésistentaudéboulonnagedumarché
Depuis août2008, les prix de l’immobilier ont reculé en moyenne de 15% dans la Ville rose
A Les ascensoristesrappellent
près sept années de hausse
continueetunquasi-double-
ment des prix entre2000 et
2007,lemarchéimmobiliertoulou-
sain est brutalement entré en crise
à l’automne dernier: au quatrième
trimestre 2008, le nombre de ven-
tes s’est effondré d’environ 30 %.
«Nousavonsconnuunquasi-bloca-
ge des transactions, avec une déser-
tion des acheteurs, confie Jacques
Desmortier, directeur de l’agence
L’AdresseSud-EstImmobilier.Mais
l’étau s’est progressivement desser-
ré et la conjonction de la baisse des
tauxetdecelledesprixlesafaitreve-
nir à partir de mars. »
Malgré cette petite embellie,
l’euphorie n’est plus de mise, car
les acquéreurs sont devenus très
sélectifs. Ils prennent le temps de
visiterappartementset maisons,et
comparent les prix attentivement.
Actuellement,àToulouse,lesdeux-
pièces se vendent entre 100 000et
130 000 euros, les trois-pièces
entre 140 000 et 160 000 euros et
les quatre-pièces entre 170 000 et
210000euros.
Depuis août 2008, les prix ont,
en moyenne, reculé de 15 % dans la
ville, avec de très fortes disparités
selon les secteurs ou les types de
bien. Ainsi, les beaux apparte-
ments du centre-ville se négocient
toujours au tarif fort, malgré une
baisse des prix d’environ 5 % par
rapport à l’année 2008. « Les clients
se recentrent de plus en plus sur les
valeurs sûres, analyse Frédéric
Sayous, responsable de Centu-
ry 21-Fly Immo Rive gauche. Les
biens un peu moins recherchés doi-
vent donc être proposés avec une
décote importantepour se vendre.»
C’est le cas des grandes copro-
priétésdes années1960 et 1970, qui
susceptibledesatisfaireunproprié-
taire et surtout son assureur. Mais
lapiluleestplusamèrepourlesétu-
diants:sanssalairenirevenussuffi-
sants, leur seule garantie face aux
bailleurs était cette caution, appor-
tée généralement par les parents.
Elle ne sert plus qu’à leur barrer la
route face à des propriétaires assu-
rés, à moins que ces derniers n’ac-
ceptentque les parents deviennent
les titulaires du bail, mais, dans ce
cas, adieu les aides au logement…
Dernière solution : la suspension
de la garantie le temps du bail.
«Vu le nombre de demandes sur
le marché, un bailleur n’a aucun
intérêt à privilégier un étudiant, ce
serait se compliquer la vie », obser-
ve un agent immobilier.
«Il s’agit sans doute d’une erreur
de rédaction ou d’un oubli, estime
Nathalie Erzezer, la directrice du
compagnies privées n’ont pas com-
mercialisé ce produit entrant en
concurrence avec leurs propres
contrats, plus lucratifs. Sur 6,5mil-
lions de logements privés locatifs,
seuls 150000 sont garantis par cet-
te assurance.
Une GRL nouvelle formule
devrait être créée en octobre:
moyennant une cotisation repré-
sentant environ 2 % des loyers
annuels plafonnés à 2 000euros
par mois, les assureurs devront
accepter tous les dossiers de loca-
taires à condition que leur loyer ne
dépasse pas 50% de leur revenu,
Capitole
2 600-3 800 €
Place du
Capitole
Saint-Etienne
2 600-3 800 €
Les Carmes
2 600-3 800 €
Pt St-Michel 500 m
Vers l’aéroport
de Toulouse-
Blagnac
Ga
ro n
ne
Saint-Cyprien
1 600-2 600 €
Av. denne
Larde
Saint-Michel
2 200-2 800 €
A62
Le Mirail
0
4
1 km
A6
Vers Foix
ontvu leur prixdégringolerdeplus
de 25 %. Même phénomène pour
les petits bâtiments construits
dans les années 1990 et vendus en
masse à des amateurs de défiscali-
sation. Nombre de ces biens arri-
vent sur le marché en ce moment
et,pourlesvendre,leurspropriétai-
res doivent accepter d’abaisser
leurs prétentions de 15% à 20%.
« Cette baisse est saine, car nous
étions arrivés à un point où les prix
avaient tellement augmenté que
mêmes les ménages aisés ache-
taient avec difficulté », explique
service juridique de la Fédération
nationale de l’immobilier (Fnaim).
Les étudiants peuvent en effet tou-
jours être garantis par une person-
ne morale, comme le Fonds de soli-
darité logement ou le loca-pass, ou
Leur seule garantie
face aux bailleurs
était cette caution,
souvent apportée
par les parents
encore s’ils sont boursiers et s’ils
cherchent un logement auprès d’un
office d’HLM ou dans une résidence
étudiante… C’est sur le marché des
particuliers que les problèmes se
posent, là où les étudiants trouvent
le plus de petites annonces.»
aides comprises, alors que le taux
couramment accepté est de 30%.
Les locataires dont le revenu
atteindra 28% de leur loyer seront
garantis directement par les socié-
tés d’assurances. Au-delà, le 1 %
logement ou l’Etat prendront le
relais avec un accompagnement
social en cas de difficulté.
Mais la Fédération française des
sociétés d’assurances considère
que les fonds mis en place par les
pouvoirs publics ne seront pas suf-
fisants pour financer le dispositif
et hésite encore à s’engager.p
C. Sh
Les valeurs sûres autour
de la place du Capitole
PRIX MOYEN DU M 2 À LA VENTE
’Albi
Vers Montauban
et Bordeaux A6
8 pavée comptent surtout des
ed
Rout
Bonnefoy
Les Minimes 1 700-2 500 €
A61
1 700-2 600 €
Gare Toulouse-
CENTRE-VILLE Matabiau
Guilhemery
He
Place du
rs
Capitole 1 800-2 400 €
La Côte Pavée
1 800-2 400 €
Le Busca
2 000-3 300 €
Saint-Agne
2 200-2 800 €
Rangueil
2 200-2 800 €
Vers Narbonne
SOURCE : « LE MONDE ARGENT »
Nicolas Verret, président du grou-
pement d’intérêt économique
(GIE) Orpi-Toulouse.
Lesvaleurssûresrestentlesalen-
tours de la place du Capitole, ainsi
que les quartiers des Carmes et de
Saint-Etienne. Ce cœur historique
regorge de beaux bâtiments
anciens, et les petites rues piéton-
nes et placettes ombragées ont un
charme fou.« La demande reste for-
te pour ces secteurs, mais les ache-
teurs ne font plus de surenchère »,
explique Jérôme Rigaud, négocia-
teur à l’agence Cabinet du midi.
«Informé, conscient des difficul-
tés et très concerné par le logement
étudiant», le secrétariat d’Etat au
logement annonce un amende-
ment imminent. Le nouveau texte
devrait autoriser, pour les étu-
diants, le cumul de la caution et de
l’assurance.
En attendant, et c’est mainte-
nant que se joue la rentrée, l’appli-
cation du texte aboutit à des situa-
tions ubuesques. C’est le cas dans
cette colocation au bail antérieur à
la loi Boutin, dont deux des quatre
occupants ont quitté la maison en
juillet.«L’agencenepeutplusaccep-
ter d’autres étudiants avec caution,
car le propriétaire est assuré. Il leur
demande de gagner plus de
2 000 euros par mois… Nous nous
retrouvons donc à devoir payer le
loyer à deux ou bien à partir et à
nousheurteràladifficultéderetrou-
ver un toit, sans revenu, raconte
Nathalie, étudiante à Montpellier.
Nous allons payer le loyer en sous-
louantillégalementles chambres,je
ne vois pas d’autre issue. »
Les forums Internet bruissent
de mille questions sur ce sujet plus
ou moins bien interprété, y com-
pris par les agents immobiliers. La
Fnaim affirme avoir fait évoluer les
conditions des contrats d’assuran-
ce de sa caisse de garantie (la
CGLAIM), en conseillant à ses
clients d’accepter les étudiants,
sanscaution,maisauregarddupro-
fil financier de leurs parents. La
Fédération française des sociétés
d’assurances attend de son côté le
nouveautexte,quirisqued’êtresur-
tout utile à la rentrée 2010.p
Catherine Sabbah
Pour les amateurs de maisons,
trois secteurs sortent toujours du
lot : Le Busca offre un grand choix
de maisons anciennes et bourgeoi-
ses, alors que Guilhemeryet laCôte
constructions d’après-guerre. Il
faut compter entre 250 000 et
300 000 euros pour en acheter
une, mais d’importants travaux de
rénovation doivent souvent être
réalisés. Refaites à neuf, elles valent
environ 450 000 euros, contre
500000 euros en août2008.
« Barre psychologique »
« Les acheteurs ont du mal à
dépasserla barre psychologique des
450000euros et les ventes à plus de
500 000 euros sont très rares »,
confie Jacques Barès, directeur de
Laforêt Toulouse Saint-Michel.
Au sud, les quartiers de Saint-
Michel, Saint-Agne et Rangueil
sontunpeumoinschersetdavanta-
ge urbains. Ils plaisent aux parents
d’étudiants, tant pour loger leurs
enfants que pour y faire un place-
ment. Le secteur se négocie entre
2 200 et 2 800 euros le mètre carré
pour des petites surfaces, les prix
les plus élevés étant ceux des biens
récents ou proches du métro.
Sur l’autre rive, le quartier Saint-
Cyprien, repaire de familles bobos,
subit aussi une baisse des prix de
10 % à 15%. Même les petites mai-
sons pour cadres supérieurs, rares
et recherchées, dépassent difficile-
ment 300000euros. «Elles varient
entre 240 000 et 300 000 euros,
note Patrice de Nardi, directeur de
Guy Hoquet Saint-Cyprien. Les prix
les plus élevés étant atteints par cel-
les qui ont du charme et sont situées
à côté de la Garonne.»p
Marie Pellefigue
0123
Samedi 12 septembre 2009
Les futurspropriétairesrêvent
moinsde maisonqued’appartement
Une enquête du site d’annonces immobilières De particulier à particu-
lier (PAP), réalisée auprès de 5 654individus entre mai et juillet, a révélé
que plus de la moitié des personnes interrogées sur leurs projets
d’achat immobilier souhaitent un appartement dans un immeuble. Les
enquêtes précédentes montraient une préférence massive, de l’ordre de
deux tiers, pour la maison. « C’est un renversement de tendance que
nous avons commencé à percevoir il y a trois ou quatre ans : les
accédants intègrent dorénavant le coût du transport dans leurs calculs,
ce qui les oriente vers des situations plus centrales, quitte à abandonner
leur rêve de petit jardin », commente Jean-Michel Guérin, le directeur
général de PAP. p (PHOTO : MICHEL GAILLARD/REA)
Travauxd’économied’énergie:
leslocatairesparticiperontaux frais
Le gouvernement va publier incessamment un décret pour permettre
au bailleur, privé ou social, de faire supporter au locataire une partie
des travaux d’économie d’énergie. La mesure souhaite encourager les
propriétaires à entreprendre ces travaux alors que les économies déga-
gées bénéficient à l’occupant du logement. Le bailleur pourra ainsi faire
figurer sur la quittance de loyer un forfait supplémentaire de 20 euros
par mois, ou un montant qui ne pourra excéder la moitié des écono-
mies de charges réalisées suite à ces travaux. Le montant du forfait est
encore en discussion, notamment pour les petits logements.p
63%LaproportiondeFrançais
croyantàunelonguecriseimmobilière
Quelque 63 % des Français sont convaincus que la crise immobilière
durera encore plusieurs années, selon un sondage publié mercredi
9 septembre et réalisé en juillet par TNS Sofres, auprès d’un échantillon
de 1 000 personnes, pour le compte du promoteur Nexity. Seule une
très faible minorité des sondés (8 %) considère que la sortie de crise est
imminente. La grande majorité des personnes interrogées (80 %) esti-
me que le marché immobilier se caractérise actuellement par les diffi-
cultés à financer l’acquisition d’un bien. Dans une moindre mesure
(50 %), la pénurie de logements continue d’être un obstacle à l’accession
à la propriété. Enfin, de moins en moins de Français attendent une bais-
se des prix dans les prochains mois. Alors qu’ils étaient encore 63 % à
l’espérer six mois plus tôt, ils ne sont plus que 36 % en juillet.
A noter également une stabilisation des intentions d’achat. Sans surpri-
se, ce sont surtout les jeunes (25-34 ans) et les locataires qui manifestent
leur volonté d’acquérir un bien immobilier.p
aux copropriétairesleursobligations
En 2003, Gilles de Robien, alors ministre du logement, avait imposé aux
propriétaires d’immeubles de sécuriser les ascenseurs. Pour rendre sup-
portable le coût de cette modernisation chiffrée à 5 milliards d’euros, la
loi du 2 juillet 2003 a prévu d’étaler ces travaux sur quinze ans, en trois
tranches de cinq ans, avec des échéances en 2008, 2013 et 2018. A la
demande de la profession comme à celle des copropriétaires, la premiè-
re échéance a été repoussée fin 2010. « Il ne reste que quinze mois pour
que les copropriétaires réalisent les travaux de la première tranche»,
vient d’alerter Jean-Luc Detavernier, délégué général de la Fédération
des ascenseurs, qui pointe que, sur les 275 000 appareils concernés,
seuls deux tiers ont été mis en sécurité. De son côté, l’Association des
responsables de copropriété (ARC) milite pour reporter les échéances
suivantes. Elle a eu partiellement gain de cause avec la loi Boutin du
25 mars, qui a porté à 2021 le délai final de réalisation des travaux. Reste
la date de la deuxième échéance, aujourd’hui fixée à 2013. Ni les ascen-
soristes, qui ont dû embaucher, ni le ministère ne veulent la modifier.
« C’est aberrant, on va recréer l’embouteillage et la flambée des prix que
l’on a connus lors de la première phase », tempête Bruno Dhont, le
patron de l’ARC. p
Paris donne un coup de pouce aux primo-accédants
La Ville de Paris majore de 50 % le montant du prêt sans intérêts qu’elle
accorde aux ménages parisiens qui veulent acheter leur première rési-
dence principale. A partir du 1er septembre et jusqu’au 31 décembre
2010, un célibataire dont les ressources sont inférieures à un barème
peut disposer de 36 300 euros, contre 24 200 euros jusqu’ici, à taux zéro
et remboursable sur quinze ans.
«Il faudraréserver les avantages
fiscauxà la constructionexclusive
de logements de haute qualité
environnementale»
a déclaré, jeudi 10 septembre, le président Nicolas Sarkozy à l’adresse
de ses ministresde l’écologie,Jean-LouisBorloo, et de l’économie,Christi-
ne Lagarde, lors d’un discours sur la taxe carbone à Culoz (Ain). « Je n’ai
pas l’intention de continuer longtemps à aider à la construction de loge-
ments qui sont des passoires en matière de consommation énergétique,
ou qui ne respectent pas les règles de la haute qualité environnementale»,
a ajouté le chef de l’Etat.
0123
Samedi 12 septembre 2009
Assurance-vie: les réserves s’épuisent,
l’érosion des rendements va se poursuivre
Même s’ils sont plébiscités par le public, les fonds garantis en euros ont été fragilisés par la crise
L
es Français font de nouveau
les yeux doux à l’assurance-
vie : du début de l’année à la
fin du mois de juillet, ils y ont pla-
cé 83,6 milliards d’euros.
Se défiant toujours des marchés
boursiers, les épargnants plébisci-
tent surtout les fonds en euros
« garantis », qui ont recueilli
73,2milliards d’euros. Il est vrai que
leurs rendements ont plutôt bien
résisté à la crise, puisque de nom-
breuxassureursontréussiàrevalo-
riser l’épargne au-delà de 4,5 %,
avantprélèvements sociaux. Et cet-
Pour afficher
de bons rendements
en 2008 sur
les contrats en cours
de commercialisation,
les assureurs
ont utilisé
plusieurs ficelles
te année encore, des établisse-
ments comme les Caisses d’épar-
gne ont garanti des taux de 4,30 %
pour les versements investis avant
l’été. Alors que les rémunérations
de l’épargne à court terme ont fon-
du sous 2 %, l’assurance-vie semble
de nouveau avoir tout pour plaire.
Pourtant, et malgré les apparen-
ces, les fonds en euros ne sont pas
engrande forme.En 2008, lerende-
ment moyen s’est élevé à 3,9 %, et
l’Autorité de contrôle des assuran-
ces et des mutuelles (ACAM), par la
voix de son président Philippe Jur-
gensen, a jugé ces taux « un peu éle-
vés », et appelé les assureurs « à la
prudence dans leur politique de
revalorisation».
Certaines compagnies parviennent
encore à tirer leur épingle du jeu
Les performances des nouveaux fonds créés durant les deux dernières La loi contraint désormais les compagnies à rechercher activement
années devraient se maintenir un cran au-dessus de celles des autres les bénéficiaires d’assurance-vie qui s’ignorent
A D
vec des rendements de
fonds en euros qui pour-
raient tomber massive-
ment aux alentours de 3 % ou 3,5 %
en 2009, l’assurance-vie va perdre
de son lustre. Mais pour placer de
l’argent en toute sécurité, elle res-
te une solution incontournable,
puisqu’aucun placement sans ris-
que n’offre aujourd’hui de telles
performances, avec une disponibi-
lité permanente.
De plus, tous les épargnants ne
sont pas forcément condamnés à
defaiblesrémunérations,carilexis-
te des assureurs performants ou
ayantdéveloppédesgestionsspéci-
fiques, qui pourraient tirer leur
épingle du jeu et maintenir des
revalorisations très honorables.
Les nouveaux fonds en euros,
c’est-à-dire ceux créés durant les
deux dernières années, devraient
également se maintenir un cran
au-dessus des « vieux », car ils ne
détiennent pas d’actifs en moins-
value et peuvent se permettre d’in-
vestir dans des titres aux rende-
ments attrayants.
La société Axéria Vie, lancée en
2007, a ainsi crédité ses clients de
5,25% en 2008 et anticipe pour cet-
te année un taux encore supérieur
à 5 %. Les assurances du Crédit
mutuel Nord Europe ont égale-
ment développé un de ces nou-
veaux fonds prometteurs, baptisé
« Opportunité », essentiellement
disponible dans des contrats ven-
dus sur Internet. Elles garantis-
Un message que la place semble
avoir largement entendu, puisque
plusieurs sociétés ont d’ores et déjà
décidé de le suivre à la lettre. «Nous
diminuerons certainement nos
revalorisations en 2010, prévient
ainsi Jean-Paul Challet, président
de Mutavie (groupe Macif), car
nous devons maîtriser les risques
financiers et garantir la pérennité
de l’épargne qui nous est confiée,
alors qu’une remontée de l’inflation
n’est pas exclue. »
Pour afficher de bons rende-
ments en 2008 – au moins sur les
contrats en cours de commerciali-
sation, car les anciens ont parfois
été moins bien traités –, des assu-
reurs ont utilisé plusieurs ficelles.
Tout d’abord, ils n’ont pas réper-
cuté immédiatement la baisse de
valeur d’une partie de leurs actifs
atteints par la crise, alors que leurs
portefeuilles sont parfois en lour-
des moins-values latentes. Les
actions, les placements de gestion
alternative, les fonds structurés et
les obligations d’entreprises que
détiennent les compagnies ont
pourtant vu leur prix fortement
diminuer en 2008.
Dans un tel cas, les sociétés ont
l’obligation de passer des provi-
sionspoureffacercespertestempo-
raires, et ces provisions viennent
en déduction des rendements déli-
vrés par les fonds en euros. Mais
pour tenir compte de la violence de
la crise, les autorités ont cependant
autorisé les compagnies à étaler la
constitution de ces provisions sur
plusieurs années. La majorité d’en-
tre elles semblent avoir utilisé cette
option, ce qui signifie qu’elles vont
peserpendantlesprochainsexerci-
ces sur les performances.
Autre levier actionné par des
sociétés d’assurance-vie : elles ont
saient un taux minimum de 4,6 %
en 2009. « Ce fonds vise à profiter
des opportunités de marché pour
servir un rendement supérieur à un
actif traditionnel, précise Bernard
Lebras, directeur général d’Acmn-
Vie, la filiale assurance-vie du Cré-
dit mutuel Nord Europe. Il sera lar-
gement diversifié puisqu’aucune
ligne – hormis les emprunts d’Etat –
ne sera supérieure à 2 %. »
Hormis ces nouveaux fonds, les
opportunités de l’assurance-vie se
Tous les épargnants
ne sont pas forcément
condamnés
à de faibles
rémunérations
trouvent plutôt, actuellement,
dans les volets en unités de comp-
te, c’est-à-dire dans les fonds dont
la valeur n’est pas garantie.
Plusieurs établissements ont
ainsi diffusé ces derniers mois des
obligations d’entreprises dans des
conditions similaires à un achat
en direct. Commercialisées sur des
duréescourtes, ces obligations affi-
chent des taux de rendement
attractifs. Les épargnants réactifs
ont pu mettre la main sur des
emprunts Casino servant du 4,9 %
net pendant cinq ans, Groupama à
4,95 %, voire des « paniers » d’obli-
gations (Saint-Gobain, Lafarge,
La cagnotte des assureurs s’épuise
Performance
Sociétés nette 2008,
Assurances Mutuelles Le Conservateur
MACSF Epargne Retraite
MAAF VIE
Carac
GAN Assurances VIE
GROUPAMA VIE
SMAvie BTP
UNPMF/MUTEX
AGPM Vie
GMF Vie
La France mutualiste
AFER
GAN PREVOYANCE
Axa France Vie
SAF BTP VIE (Groupe PRO BTP)
Mutavie
Swiss Life Assurance et Patrimoine
Aviva Vie
Generali France
Dexia Epargne Pension
Fortis Assurances
MMA Vie SA
Parnasse-MAIF
AGF Vie (AGF Vie)
La Mondiale
ACMN VIE
Antarius (Crédit du Nord - Aviva)
CARDIF ASSURANCE VIE
PÉRENNITE
Predica
Groupe Pasteur Mutualité
(via sa filiale GPM Assurances S.A.)
Assurances Banque populaire Vie
CNP Assurances
* La « provision pour participation aux excédents », ou PPE, est une réserve de bénéfices
qui appartient aux assurés et qui doit être créditée durant les huit prochaines années.
Les sociétés qui disposent de la plus importante « cagnotte » seront les mieux à
même de soutenir leurs rendements si les marchés continuent à broyer du noir.
nd : non disponible
Adecco, PPR, Volvo) à 5,40 % net
pendant cinq ans.
La sécurité est moindre qu’avec
un fonds en euros, puisque ces
titres voient leur valeur varier à la
hausse ou à la baisse en fonction
des évolutions sur le marché des
taux d’intérêt – s’ils montent, la
valeur diminuera – jusqu’à leur
échéance.
Ils sont aussi à la merci d’une
défaillance de l’émetteur, entraî-
nant une perte totale des sommes
investies, bien que les assureurs
retiennent généralement des obli-
gations d’entreprises solides, et sur
des durées courtes qui limitent ce
risque. Mais il est peu probable que
les fonds sans risque fassent aussi
bien dans les prochaines années.
Lesépargnants qui visent le long
terme et acceptent une dose de ris-
que supérieure peuvent aussi se
tourner vers des fonds en obliga-
tions convertibles, qui offrent un
amortisseur aux soubresauts des
marchés d’actions, voire directe-
ment dans des fonds en actions.
En choisissant un bon équilibre
entre le fonds en euros et ces sup-
ports parfois très volatils (par
exemple, trois quarts dans le fonds
en euros et un quart dans des fonds
d’obligations et d’actions), le risque
de perdre à un horizon d’au moins
dix ans est quasiment inexistant,
car les intérêts du fonds en euros
auront eu le temps à cet horizon de
reconstituer le capital d’origine. p
E. L.
Portefeuille Argent 7
Vers la fin des garanties excessives
PPE*, équivalent Evolution PPE*
rendement 2008, 2008/2009,
en % en % en %
Après plusieurs mises en garde, nombreuses compagnies et ban-
l’Autorité de contrôle des assu- ques, ces garanties étaient
4,70 2,88 28,14 rances et des mutuelles (ACAM) d’ailleurs bien supérieures aux
4,65 1,81 – 24,61 a sanctionné, le 16 juillet, trois taux de rendement réellement
4,51 1,85 – 26,72 sociétés d’assurance-vie à cause crédités à l’assuré de base. Les
des garanties excessives accor- sociétés sanctionnées par l’A-
4,50 2,16 3,78
dées à des clients. Le nom des CAM garantissaient par exemple
4,50 0,91 – 62,21
sociétés ayant reçu un avertisse- des taux de 5,2 % à 5,6 %, quand
4,50 1,01 – 45,24 ment et une sanction pécuniaire la plupart des contrats ne rappor-
4,50 4,81 4,35 (de 25 000 à 200 000 euros) n’a taient que 4 % à 4,5 % nets ! Le
4,50 2,03 – 23,00 cependant pas été rendu public. retour à l’orthodoxie devrait faire
4,45 0,95 – 6,88 Depuis quelques années, de nom- perdre du lustre aux campagnes
4,40 1,80 –44,64 breuses sociétés s’affranchis- commerciales des assureurs,
4,40 1,40 – 17,00 saient des lois et promettaient de
servir des rendements minimums
pour le plus grand bien des assu-
rés, car ces promesses étaient
4,36
4,35
0,00
3,43
nd
– 22,09
élevés durant la ou les années sui- souvent payées par l’épargne des
4,30 1,85 – 8,92
vant l’investissement. Dans de anciens souscripteurs.
4,30 1,58 – 41,09
4,30
4,26
0,52
1,72
– 56,49
– 42,68
utilisé leur réserve de bénéfices,
mis de côté les années précéden-
certainement pas de soutenir les
performances. Sauf dans les socié-
4,25 4,37 nd tes. Les assureurs, qui ont l’obliga- tés qui sont toujours particulière-
4,22 4,14 8,15 tion de redistribuer aux assurés
au moins 85 % des bénéfices réali-
ment bien dotées, comme la SMA-
vie BTP, Generali ou Aviva, qui dis-
4,21
4,20
nd
0,96
nd
– 20,38
sés grâce aux fonds en euros, ne posent de l’équivalent d’une
sont en effet pas contraints de les année de rendement en réserve.
4,20 0,97 – 14,12
distribuer chaque année. Ils peu- Mais rien ne dit que ces sociétés
4,20 1,40 – 14,83 vent les réserver pour l’avenir, et utiliseront leur trésor de guerre
4,10 3,20 – 17,60 doivent seulement les créditer à cette année.
4,10 0,50 – 49,81 leurs assurés durant les huit Ces chiffres, qui donnent un
4,00 0,30 – 84,99 années suivantes. De 2003 à 2007, aperçu sur un volet de la richesse
4,00 0,84 – 18,48 ces réserves avaient fortement des assureurs, ne traduisent toute-
4,00 0,52 – 59,39 augmenté, grâce à la bonne santé fois qu’une partie de la réalité. La
des marchés financiers. manière dont les sociétés ont pro-
3,97 0,30 – 67,27
L’enquête menée auprès des visionné leurs pertes ou nettoyé
3,90 1,21 – 39,38
sociétés montre que les réserves leurs actifs (la GMF Vie a ainsi ven-
3,80 0,98 34,72 ont été fortement entamées en du, en 2008, toutes ses actions en
2008, et qu’elles représentent moins-values pour partir sur de
3,70 0,43 – 50,00 désormais un très faible amortis- nouvellesbases), ou encore lanatu-
3,50 1,10 – 21,43 seur. En moyenne, les assureurs re des actifs détenus (obligations
ne disposent plus que de 1,3 % de d’Etat ou privées, actions…) sont
rendement mis de côté pour les tout aussi importantes. Mais de
prochaines années. Alors que cela, les assureurs préfèrent géné-
2009 est pour l’instant bien som- ralement ne pas parler… p
SOURCE : « LE MONDE ARGENT » bre, ces montants ne permettront Eric Leroux
La recherche des contrats
en déshérence, une tâche complexe
ivine surprise ! Un beau d’assurance (FFSA), le Groupement Recherche Déshérence, précise
matin, Alexandre B. se voit des entreprises mutuelles d’assu- M. Antoniotti. Nous leur avons
remettre un chèque de rances et le Centre technique des confié 2 500 contrats. Ils ont décou-
56 016 euros. Il n’est pas l’heureux institutions de prévoyance ont en vert 1 350 souscripteurs toujours en
gagnant d’un jeu de hasard, quoi- effetcréél’Agira:ceservicecentrali- vie et 984 décédés. Nous avons pu
que l’histoire y ressemble : contre selesdemandesdes personnessou- reverser les sommes aux ayants
toute attente, il vient d’hériter de cieuses de savoir si un contrat a été droit dans 85% des cas. » Axa estime
l’assurance-vie de sa tante. « Merci souscrit à leur profit. La procédure le coût moyen d’une recherche à
de m’avoir cherché et surtout de est simple – il suffit d’écrire à l’Agi- 600 euros. Mais la facture peut
m’avoir retrouvé », écrit-il alors à ra– et surtout elle est gratuite. flamber si l’enquête se complique.
Axa, qui est parvenu à découvrir La loi du 17 décembre 2007, en «Nous en avons retrouvé aux Etats-
qui était ce « neveu » anonyme ins- contraignantles assureur à devenir Unis ou en Grande-Bretagne.» Et en
crit sur la clause bénéficiaire de sa actifs dans la recherche des bénéfi- cas d’échec, les montants sont
cliente décédée. reversés au Fonds de réserve des
Axa fait figure de pionnier dans retraites au bout de trente ans.
la chasse aux contrats d’assurance- Encasd’échec, Combien y a-t-il de contrats en
vie tombés en déshérence parce
queledécèsdusouscripteurestpas-
lesmontants déshérence en France ? La polémi-
quea faitrage avantl’été.Lecabinet
sé inaperçu ou parce que l’identifi- sontreversésauFonds Déminor estime le magot à 4,7 mil-
cation du bénéficiaire est difficile,
soit en raison d’un changement de
deréservedesretraites liards d’euros. « Faux», s’insurge la
FFSA. « D’après l’enquête menée en
nom,soitenraisond’un déménage- auboutde trenteans juin, la somme s’élève à 700 mil-
ment. « Nous avons commencé lions, rétorqueJérôme Cornu,direc-
avant que la loi n’impose cette ciaires, leur a aussi permis d’accé- teur des études statistiques de la
démarche aux assureurs, affirme der au Répertoire national d’identi- FFSA. Elle était de 970 millions en
Jean-Sébastien Antoniotti, direc- fication des personnes physiques 2000. Il faut se méfier des statisti-
teur des services client vie indivi- (Rnipp) de l’Insee. ques établies à partir des noms
duelle chez Axa. Pour nous, il s’agit Désormais, Axa planche sur transmis sans vérifier les homony-
de respecter notre engagement 18 000 contrats « douteux ». « Sur mes et l’existence d’un contrat. »
vis-à-vis de nos clients. » les 7 000 déjà traités, nous avons La FFSA rappelle aussi que l’ac-
L’assureur a procédé par étapes. identifié80%desouscripteursenco- cès au fichier n’a été effectif qu’en
Il a effectué ses premiers tests sur re vivants grâce au Rnipp, note mars, à cause de demandes de la
les souscripteurs les plus âgés. Via M.Antoniotti.Nouscherchonsenco- Commission nationale de l’infor-
ses agents généraux, ses commer- re“manuellement”,mais nousdéve- matiqueetdelibertés(CNIL), etpro-
ciaux et ses courtiers, il s’est rensei- loppons un système balayant le met un nouveau rapport plus pré-
gné sur les éventuels décès. fichier automatiquement. » cis en octobre. p
Aujourd’hui, cette quête s’est Il arrive toutefois que le Rnipp Florence de Goldfiem
beaucoup simplifiée grâce aux n’apporte pas de réponse. « Nous
moyens mis en place. Dès 2006, la noustournons alors versdesexperts Agira : 1, rue Jules-Lefebvre, 75431 Paris
Fédération française des sociétés en généalogie comme Capitaux Cedex 09.
8 Argent Plaisir
Les arts primitifs, témoins
de mondes oubliés
Les pièces réalisées par des civilisations anciennes ont vu leurs prix baisser.
Mais les galeristes ne cessent pas pour autant d’explorer de nouveaux territoires
Marché de l’art ble dérisoire par rapport à une
sculpture du Japonais Takashi
P
lus de peur que de mal. » Tel Murakami envolée pour 15,5 mil-
est le constat du marchand lions de dollars l’an dernier…
d’arts primitifs Bernard « Le total de la vente Rosenthal,
Dulon au terme d’une annéede cri- soit 10,85 millions de dollars, ne
se.Le jackpotde lacollection Rosen- représente même pas la moitié d’un
thal chez Sotheby’s en novem- tableau de Francis Bacon », note le
bre 2008 tend à lui donner raison. marchand bruxellois Didier Claes.
A cette occasion, une paire de sta- Mais, dans ce domaine comme
tues-pilons senoufo de Côte d’Ivoi- dans d’autres, on constate deux
re s’est adjugée pour 4 millions de
dollars (2,8 millions d’euros).
En juin dernier, toujours chez
« Le marché est petit,
Sotheby’s, un masque kwele a pul- intelligent, composé
vérisé son estimation de
400 000 euros, pour atteindre
d’amateurs lucides
971950 euros. Un prix qui dépasse et passionnés»
de loin les 372 000 euros payés en Bernard Dulon
juin2007 pour un autre spécimen marchand d’arts primitifs
kwele, issu de la collection Andreas
Lindner. poids, deux mesures. Si les ventes
La demande étant supérieure à publiques tirent leur épingle du
l’offre, les prix en ventes publiques jeu, engrangeant au passage quel-
n’accusent pas de baisse. Il faut dire ques records, les galeries, elles,
que, hormis un masque adjugé tirent la langue. «L’hiver était d’un
pour 5 millions d’euros dans la ven- ennui mortel », confie le marchand
te Pierre et Claude Vérité en 2006, bruxellois Bernard de Grunne.
les pièces d’arts primitifs n’ont Quelques succès ne doivent pas
jamaisatteintleniveaustratosphé- non plus cacher la forêt de pièces
rique. Et encore, cette somme sem- moyennes restées sur le carreau.
Une tête tumaco, exposée
chez le galeriste Arte y Ritual.
Cette pièce de 9 cm
a été réalisée en Colombie
entre 800 et 500
avant Jésus-Christ. ARTE Y RITUAL
Le masque yoruba « Sylvester », proposé
par Jean-Baptiste Bacquart. Cette pièce
mesurant 60 cm a été réalisée
au Nigeria. JEAN-BAPTISTE BACQUART/LONDRES
« Le marché est petit, intelligent,
composé d’amateurs lucides et pas-
sionnés qui préfèrent un objet
parfait à 3 000 euros plutôt
qu’une sculpture prétentieuse et
moyenne à 50 000 euros », expli-
que M.Dulon.
Faceàlasélectivitécrois-
sante des acheteurs, les
marchands tendent à révi-
ser leurs prix ou à être souples
dans les négociations. A l’occa-
sion du Salon des arts pre-
miers Parcours des mon-
des, organisé jusqu’au
dimanche 13 septembre
dans le quartier Saint-
Germain-des-Prés, à
Paris, la galerie romaine
Dandrieu Giovagnoni
présente un masque
yoruba,à la fois raffiné et
digne, doté d’une patine
miel rougeâtre. La galerie
en exige environ
60000 euros, alors que, voi-
là un an, elle en aurait demandé
80 000 euros. Elle propose aussi,
pour 40 000 euros, un masque
polychrome du Burkina Faso.
Apprécié par les artistes comme
Picasso, ce type d’objet est légère-
ment passé de mode malgré la
vigueur de sa construction.
Car l’art africain n’échappe pas
aux variations de goût. « On
constate aujourd’hui un
attrait pour les objets forts,
des pièces venant du
Cameroun et du Nige-
ria, des objets porteurs
de magie », remarque
le marchand Renaud
Vanuxem.
Certains
chands osent ouvrir
mar-
des brèches dans des
territoiresmoinslabéli-
sés. Dans le cadre du
Parcours des mondes,
la galerie Johann Levy
braque le projecteur
sur les mystérieux
objets de culte Boliw
du Mali. « S’il faut
aujourd’hui exposer
les boliw, c’est parce
qu’il y a seulement un
siècle ils faisaient par-
tie d’une culture
dominante et qu’ils
sont à présent margi-
nalisés, voireméprisés.
Désormais, en effet, les
élitesafricaineslesconsi-
Masque bwa-gurunsi
du Burkina-Faso. Le prix de
cette pièce en bois de 85 cm,
proposée par la galerie
Dandrieu-Giovagnoni,
s’élève à 40 000 euros.
DANDRIEU-GIOVAGNONI
dèrent comme un aspect plutôt
fâcheux de leurs cultures », observe
l’historien Jean-Paul Colleyn.
La galerie Flak, elle, largue les
amarres du côté de la Papouasie-
Nouvelle-Guinée. « C’est la deuxiè-
me plus grande île au monde et la
plus grande concentration de
richesses culturelles de toute l’Océa-
nie. Il y a en Papouasie 1 200 lan-
gues, donc 1 200 cultures : un vrai
melting-pot de formes d’art », indi-
que Julien Flak. Des créations abs-
traites des Hautes Terres au travail
plus naturaliste du bassin du Sépik,
en passant par les figures polychro-
mes et souriantes du golfe de
Papouasie, une soixantaine d’ob-
jets – dont les prix varient entre
600 et 100 000 euros – attestent
cette diversité.
Avecl’exposition«Gems,Monu-
mental Miniatures », la galerie
madrilène Arte Y Ritual se focali-
se quant à elle sur des petits
objets occultés, ces dernières
années, par des pièces de gran-
de échelle. « C’est un art fait
pour l’intimité, la qualité est
souvent plus fine que sur les
grandes pièces. Ce sont des
objets personnels qui ne sont
pas réalisés pour tout le villa-
ge », souligne Antonio Casa-
novas, le directeur de la gale-
rie. Et d’ajouter : « Les grands
collectionneurs avertis aiment
souvent davantage les petits
objets de leur collection. Ils
savent que la qualité ne se mesu-
re pas au centimètre. »
Le prix non plus. Le record
pour une sculpture, toutes épo-
ques confondues, ne concerne
pasBrancusi ou Picasso.Il revient
à une lionne mésopotamienne
datant du IVe millénaire avant
Jésus-Christ et adjugée 57,2 mil-
lions d’euros en 2007. Sa taille ?
Huit centimètres…p
R. A.
Parcours des mondes, Salon des arts
premiers, se déroule jusqu’au dimanche
13 septembre dans le quartier
Saint-Germain-des-Prés, à Paris.
www.parcours-des-mondes.com
0123
Samedi 12 septembre 2009
Les paillettes
sont éternelles
L’ère du « bling-bling » est-elle aujour-
Y d’hui révolue ? Pas si sûr. Certes, depuis
la crise, le monde du luxe affiche de nou-
velles directives : « No logo » et « No label ». Dans les
boutiques huppées de la principauté de Monaco, les
sacs exhibant crânement leurs marques ont été remi-
sés au profit de contenants blancs uniformes. Le
consommateur ne doit pas être pris en flagrant délit
d’excès. Gagnés par la contrition, les collectionneurs
eux non plus ne voulaient pas être surpris la main au
portefeuille. De fait, toute création ostentatoire et coû-
teuse semblait avoir pris du plomb dans l’aile. Ces six
derniers mois, les foires d’art contemporain offraient
des stands lissés, policés, parfois à la limite du fade.
L’heure était au revival. On sortait des placards des
artistes intéressants injustement oubliés, mais aussi de
vieux barbons que la postérité ne retiendra pas. Sans
être mises au pilori, les stars d’hier étaient circonscrites
Art & dollars
Roxana Azimi
en périphérie. Mais chassez le naturel, il revient au
galop. Du moins en petites foulées.
A la Foire de Bâle, en juin, la galerie Emmanuel Per-
rotin montrait une œuvre kitschissime, née de la colla-
boration entre le producteur de hip-hop Pharell
Williams et Takashi Murakami. Même si, depuis la
récession, les œuvres de l’artiste japonais sont sou-
vent ravalées en ventes publiques, elles font encore flo-
rès en galerie. Avant que son exposition parisienne,
prévue à partir du 12 septembre, ne commence, les
trois quarts de ses pièces ont déjà trouvé preneurs. L’ar-
tiste devrait même jouir d’une exposition au château
de Versailles en 2010.
Le monde de l’art, quant à lui, n’a pas rompu avec
son côté tape-à-l’œil. Lors de la Biennale de Venise, le
nombre de maxi-yachts mouillant dans la lagune et l’en-
chaînement des soirées n’avaient rien à envier à l’édi-
tion précédente de 2007. Le milieu n’a pas vraiment fait
pénitence. L’arrogance et la cupidité ne sont que partie
remise. Mais la bonne nouvelle, c’est que la créativité et
l’appétit d’art n’ont pas disparu, comme en témoigne la
dynamique rentrée artistique parisienne.p
Philatélie
Revisiter l’histoire de la Croix-Rouge
Les philatélistes pourront
accomplir une bonne action
tout en satisfaisant leur pas-
sion en achetant un feuillet
de 5 timbres à 0,56 euro, des-
sinés par Marc Taraskoff, en
vente à La Poste à partir du
21 septembre. Le prix de
4,80 euros inclut en effet
une surtaxe de 2 euros ver-
sés à la Croix-Rouge françai-
se. Henry Dunant (1828-1910), la bataille de Solferino (1859), les conven-
tions de Genève, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-
Rouge et du Croissant-Rouge ainsi que des colombes de Georges Bra-
que : ces timbres retracent l’histoire de la plus grande organisation
humanitaire au monde, créée par le Suisse Henry Dunant, témoin de la
bataille de Solferino, et qui improvisa des secours à l’aide des popula-
tions civiles locales. Il fonda en 1863 le Comité international et perma-
nent de secours aux blessés militaires (futur Comité international de la
Croix-Rouge).
Si la Suisse a inventé le premier timbre à surtaxe – une « taxe supplé-
mentaire sans valeur d’affranchissement s’ajoutant à la valeur fiduciai-
re d’un timbre au profit d’une œuvre », selon le Dictionnaire philatéli-
que et postal –, la France a suivi en 1914, déjà au profit de la Croix-Rouge.
Puis, par un décret de 1952, l’organisation s’est vu attribuer le produit
de toutes les surtaxes des vignettes postales. Aujourd’hui, les timbres
Croix-Rouge rapportent tous les ans près de 3 millions d’euros à la bran-
che française de l’organisation. p Pierre Jullien (PHOTO : DR)
Enchères Trois aquarelles attribuées à Adolf Hitler
adjugées à Nuremberg
Trois aquarelles attribuées à Adolf Hitler ont été vendues aux enchères
pour 42 000 euros, samedi 5 septembre, à Nuremberg. Les œuvres
auraient été adjugées à trois acheteurs différents. Les aquarelles sont
datées de 1910 et 1911, époque à laquelle Hitler essayait de percer com-
me artiste et avait tenté, en vain, d’entrer à l’Ecole des beaux-arts de
Vienne. Les trois aquarelles représentent des chaumières, des églises et
des moulins nichés dans des paysages ruraux. Le nombre exact des
œuvres du dictateur n’est pas connu, mais les experts estiment
qu’il tourne autour de 720 (croquis compris).
34 350 euros pour un gant de Michael Jackson
Un gant orné de brillants ayant appartenu à Michael Jackson a été adju-
gé aux enchères pour 57 600 dollars australiens (34 350 euros), lundi
7 septembre à Melbourne. L’objet a été remporté par le Hard Rock Hotel
et Casino de Las Vegas. Ce gant avait été porté par la star lors de la pre-
mière à Sydney de son film Ghosts, le 15 novembre 1996. Trois autres
gants de Michael Jackson pourraient être dispersés aux enchères aux
Etats-Unis cette année.
12 500 euros pour deux fauteuils du paquebot « France »
Près de 7 00 objets, dont 160 provenant du paquebot France et 200 du
mythique Normandie dans sa version de 1935, ont été vendus aux
enchères, samedi 29 août, à Deauville (Calvados). Une paire de fauteuils
du décorateur Maxime Old a atteint la somme record de 12 500 euros.
Une table ronde du salon Saint-Tropez du France est partie à
5 200 euros. – (AFP.)