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while. de, Alan Luohne Poppin ee Paine Guperioe Lyut Foidberbe, Cite « Entre concept et métaphore : existe-t-il une écriture spécifiquement philosophique? Quill fille, en dépit de résstances encore notables dans T'instittion, rendre au sércux les fats d'éerture dans Mapproche des doctrines ou des systémes, est une chose quia désormais conquis droit de cité chez les critiques. Restecependant ‘4 staccorder sur ce qu'on entend par écrire. Metre léerture des philosophes en cexergue, este fire droit simplement & cette évidence que les auvres philosophiques doivent re taitées aussi et d'abord comme des textes, et 6ventuellement comme des textes proprement itéraires? Veuton signifier plutt par 1& que seule Ia prise en compte du phéaoméne de 'ériture peut contester en son principe une approche de la philosophie qu continue de eroite & une donation immédiate du sens via de purs actes e pensée’? Entend-on enfin, en indexant la pensée 2 I'ériture, soutenie qu'est concevable au moins en droit une éerture purement conceptelle, une forme d’ériture compatible avec les seules exigences de la pensée logique, ce qui pose subsidiairement la question de savor s'il n’estd'éeriture conceptuelle que rigouteusement formelle ‘On le voit, poser la question de I'éeriture des philosophes, c'est trer tout Irécheveau des questions qui hantent aujourd'hui la scene philosophique, y produsant plus d'ffets de brouillage que de clarifications dans la mesure od, tlle linguistic tn, la référence & Iécrture apparaft comme une sorte de mot d’ordre propre 2 I'époque pute que comme une question rigoureusement thematisée dans la diversité de ses Aceeptions. dée méme dune écriture des philosophes a en outre quelque chose ambigu, en raison d'un emploi emphatique du mot éeriture devenu extrémement prégnant et qui tend a préinscrire l'analyse dans le champ que dessne le doublet Dhilosophie/itératue. I'n’y a pourtant a priori aucune raison de privilégier un tel ‘couple, On peut en effet soutenir tout & Inverse qu'il faut, quind on s'intéresse aux textes philosophiques, se tourer vers une théorie beaucoup plus générale de la textualité evou de la discursivité, inégrant en droit une foule de textes non spécifiquement « linérires »: textes politiques, juridiques, médicaux, scientifiques, textes de moraistes, de théologiens, d'histriens, d'amthropologues. Il sent, at) demeurant, pour le moins étrange qu'une critique des textes philosophiques fase comme si feur statu textuel_pouvait ve réduit& une textualité de type «litéraire » et n'avait rien & voir avec la dimension d'autorité et le type de eégime de vérité qu caractérisent la litérature scientifique, les textes théologiques ou tel commentaire juridique [Mais on peut objecter en retour que Ia prise en compte du statut du texte ou 4e son affiliation géacriqueIasseentée Ia question de son mode d’ériture, en tant que: celui-ci, en demiere analyse, est bien ce qui porte la trace ov consttve T'inseription Gane pensée. La question ne serait done pas tant de décrire une sorte de spécificité générique ov insttationnelle du texte philosophique que de déterminer comment des opérations de pensée se trouvent produites via I’értue,et via Ifriture seule. Et c'est 1a que analyse textuelle contemporaine se trouverat justifiée dans son approche proprement pocique de "euvee, approche seule en mesure de montrer comment, dans Ia fabrique du texte, se novent une éeriture et une pensée @ supposer que cette distinetion méme sot encore pertnente et ne releve pas d'une illusion logocentrique) pew importe dans ces conditions que le texte soit « pilosophique »,« iteaire» ow Aute, qu'il soit de Holderlin ou de Heidegger, de Wittgenstein ot de Roussel, de Musil fu de Husser,puisque dans tous les eas rien n'est en question qué la fabrigue du sens, son effectuaton, son jeu, son suspens, ou son différé. IH faudrat donc, & partir de ‘ser soutenir qu'il n'y a pas de teste philosophique, sau &recondeite une representation ‘en extsrorté du rapport de la pensée & son expression. Seul un concept comme celui 4 éeriture permetait de tavaller au plus prés du procs d’laboration du sens, de eete production d'ffets de sens que les croyants, ou les crédules,croient pouvoir appeler ‘emphatiquement «Ia pense». Quant a la « philosophic », lle me serait, pou Fini, pas fautre chose que cete eroyance en une dimension proprement rodtique de la pens ppensée A laquelle on accéderat via ce procés d'intériorisation od les opérations intelectulles se donnent comme directement réeffectuables et done immédiatement ‘escrptibles. Comme on voit, approcher la philosophie via son ériure n'est pas une ‘operation métaphysiquement neue. [Mais sil dscours qui pose inssignablité de Ia pense hors 'éritures eu Iégitimement son heure de gloite, peut-éve fautil prendre lz mesure de ce qu'il congédie. Non sculement il refuse route spéifcité au texte philosophique, mais il rend ‘du méme coup difficlement intelligible ce que I'on os &peine agpeler encore lerravail dela pensé, Sila production du sens n'est qu'un effet du texte Sl n'y a de aval que 4u texte il devient cificile de concevoir un veritable ars invenieni, les événements de pensée finissant par se confondre avec les trouvalles de I'éeritue. Mais ily plus : en absorbant le moment de Ia pensée dans Macte méme d'éerire, non seulement on rend impensable la part propre de invent mais on écrase les unes Sut les autes ls diverses. dimensions de ce que recouvre ce terme décidément trop simple: Iéertue. Car le ‘iscours écrit quest, le pls souvent, une euvt philosophigue comporte de nombreuses imensions — celles que éécrivait ancienne rhétorique et celles que révelent les nouvelles disciplines textuelles —, dimensions que le travail d'élaboration et de ‘composition de I"euvre doit précisément repérer, combiner, anticuler, higrarchiser — ore an pas autre chose que résovdre les probiémes que pose I'ariculation, le jeu, Ta congruence ou Ia divergence de ces diverses dimensions. Efets de texte, oui, mais antcipés, conjecturés, computes, architectures, en un mot: composes. Eerre se présente ‘comme ne résolution de problemes, et c'est la forme ct la nature de ee ou ces problémes que la ritique doit identifier et crite, si du moins elle veut dire quelque chose de pertinent et de déterminé sur les rappors de I'éerture et de Ia pensée. Ty a ‘manifestement ne éritre cartésienne, une rhétorique rousseaiste : que nous disent- elles de Ia pensée de Descartes ou de Ia pensée de Rousseau ? De leur pense considérée rnon pas comme déposée dans le texte, mais en tant qu'elle fomente, compute Finéralement produit le teste? Lestyle : art de penser et art d'éerire Je propose de faire droit & la question de Mécriture des philosophes en ‘aéngral et & la question du rapport de la pensée d'un philosophe a son écrture en particulier en prenant ces questions par un biais sylistique: en quoi et jusqu’a quel point Iéeiture a thétorique, le style de Rousseau pat exemple constituent ils comme la signature de sa pensée ? Jusqu’a quel point Fauilconvenir que cete pensée ne pouvait ‘se dite, s'argumenter, s'engendrer, s'atester que dans cette écrture que nous percevons ‘comme spécifquementrousseauste ? Si nous nous tournons vers la ville ealégorie de style, c'est pour quelle nous aide & mieux concevoir cette congruence prinipielle entre In singularité dune éerture et originalité d'une pensée s'il y a un style Kanten, un siyle cartéien, un syle witlgenstenien, ce style doit se marquer dans la singularté 4 pation indissociablement intellectuelies et seripturales faut & pati de a, payer d’exemple. On ge tournera pou ce faire vers un ‘tour a propos daguel on pourrait penser que tout a été dit sur ce sujet: Rousseau ! On ‘tant lous In riguetr et amplitude de son style, tant éerit sur loriginaité et la force de ‘st théorique qu’aujourd'hui encore on résiste dificilement & Midée que, Mécrivain emportant souvent sur le penseur et le philosophe se démarquant parfois mal du théteur, apport de Rousseat ala philosophic pure restersit celui d'un amateur éclairé ‘essayiste genial et auteur paradoxes, Mais, supposer qu'il en soit ainsi il resterat & fexpliquer pourquoi on lit encore ses ceuvres philesophiques, & comprendre ce qu'au juste on leur trouve. ‘, Il ext cetes de- bonne méthods, quand on prétend refuter quelqu’un, de le citer, mais outre que Rousseau n'en fit pas précistiment une régle il reste & comprendre pourquoi il achoisi de convoguer un passage de lintroduction di De Cive qui n'est assarément nile plus. <écisif nile plus pertinent, choix qui semble viole ceterégle implicte de la eridque: {qui veut que seule la refutation d'un point stratégique de Ia doctine puisse valoir ‘eaversement de tout le syste ‘Lrexamen serté de la logique du texte de Rousseau devrait éclatcr cote ) et de compare une situation — I'tat, de nature — oles hommes n'ont «ni mal a eraindee ni bien &espérer de personne » et cette autre 0d, soumis & une dépendance universlle, les hommes < s"obligent & tout, fecevoir de ceux qui ne s'obligent & rien leur donner». Fautil ne voir dans ces. parlllismes e: ces symétries que mimétsme rhétrique, ou faucil y voit au contaire tin véritable scheme dargumentation ? Contre une lecture de type “aditionnellement «ltée » qui ne verrait dans larhétorique de Rousseau qu'un habilage heurewx mais, redondant de Iidée, et une approche classiquement « philosophique » qui considérersi ‘que Rousseau tame dans sa rhéorique ce qu'il ne parvient pas & porer au concept, on <écidera de vorr das le disposifrhétorique lui-méme la productcn d'une vértcble Pigure de pense. Dispositif dont on ne saurait par ailleurs méconnitre Ia fonction propédeuique : en marquant et en scandant stylistiquement, par tout un jeu de prallelismes e: de chiasmes, ce qui constitue en vérité une authentque forme logico- dialectique (comme lest par excellence la figure de Vantthse), Rausseau forme son lecteur & un cenain type de schématisation proprement rhéorique de Vargumenttion et Je met ainsi en mesure d'accueillir une refutation des positions de Hobbes dont Péeriture,extsordinairementserrée use, comme on va le vor, des mazes procéés Le schéme logico- grammatical qui vient la fois redoubler et lester a figure , ‘parce quils ne coanassent pas la vertu») dune négation sémantiquement enveloppée ans le seul attibut (méchant, viiewx). Ce qui tevient a éerire virtellement la ‘ropostion suivante: qui dit absence de bonté naturelle (négation qu est une simple Derivation) ne dit pas pour autant méchanceté (négation qui consitue en réalité une affirmation). De méme, qu dt ignorance dela vertu ne dit pas ndeessirement vice (od il se confirme que #s deux négations n'ont pas méme statu). Quant au chissme que ccomposent ces deux propositions étoitement enchainées, ila pour fonction dune part ATsoler les deux premitres complétives des deux suivants (elles ont pour objet spécfique le thse de la bonté naturelle, autre pat d'encader les prédicatsrécusés (tnéchancet, vice) par les deux prédicatsvalidés (absence de I'idée de boats, absence de connaissance de avert). La complétive qu sult répteI'operation des deux précédentes en passant de Mie des peédicats moraux (bonté ou vert) celle des devois: Mhomme naturel ne sauritrefuser oe ql ne erit pas devoir. La logique ext la méme, qui monte qu'une simple privation (ignorance de tout devo) ne saurat valoir ondement pour une Impuzation (positive) dinsocibilité (refus de les honorer). La demitre complétive ‘change apparemmest de registe en proposant sous une forme chiasmée une opposition centre un droit sur es choses limité par sa source méme, le besoin nature, et une revendication illimtée portant sur toutes choses. Mais si a liison avec les trois formules précédentes apparat plus difficile & assigner (en dépit d'une homologie structurale indite par le répton de la forme chiasmée, il sagt bien de monter, encore une fois, qut Te défau 4 T'éat de nature d'une norme partagée nimplique pas illmitation du droit sur les choses mais qu’au contrare, «est 'afirmation naturelle (spontanée) de ce drt qui consttue son propre principe de limitation > Enchant «boi», «vein», «deve» e «dit», Rowen pede termination st soa dee de tie a ctermintion depen ds rot mate! Les trois phrases qui suivent posent stlistiquement moins de problémes, et a refutation qu'elle proporent de Hobbes est si connue qu’on se contentera den résumer ic le disposi. argument majeur de Rousseau consiste comme on salt 8 ‘montrer qu’ parir des «principes qu'il a éublis», Hobbes aurait dé conclure précisément Pinvene de sa guerre de tous contre tous, 2 savoir que l'état de nature est pour "homme celti ob le soin de sa conservation est « le moins préjudciable & celle @autrui >. Reste alors & exhiber la raison pour laquelle Hobbes n’a pas su raisonner correctement& parr de prémisses en elles-mémes parfatement corrects: c'est qu'il a ‘mal congu l'un des princpes constiutfe de sa definition de Iéat de eatue,& savoie le principe de conservation. Ayant cru devoirinclure «dans le son de la conservation de homme sauvage, le besoin de salsfaire une multitude de passions qui sot 'ouvrage de la soci », Hotbes a commis la fate bien connue que Rousseau dénonce tut a tong de son ouvrage, savoir le paralogisme qui consiste, transportant dans un état des qualtés qui n'ont pu exister que dans un autre, & confondre l'homme dela nature et homme de "home. Leshibtion de ce peralogisme lt manifestement une premire ligne 4'argumentaton et rend d'autant moins évidente Ia rlance qui conduit Rousseau & critiguer dans la feulée Ia proposition de Hobbes assimilant le méchant & un enfant robuste. Fautil voir dans cete critique un simple ajout? S'agitil pour Rousseau de perachever 2a réfuation en faisant A Hobbes un procés supplémeniaire — mauvais proces en Woccurrince, si on admet avec Victor Goldschmidt que Ia leture que ‘Rousseau propose cece passage de Hobbes frise "ignoraiio elenchi*? Mais voi dans cette mention de 'nfantrobuste une simple relanee ou un simple ajout ce serait non seulement se méprendre sur la technique argumentative de Rousseau mais méconnaitre sravement I'unirérhtorique de tout le passage’ ‘A consider en effet que la critique ov refutation que Rousseau propose de Hobbes se centre sit I'aceusation de récurence* tlle qu'elle vient d'are énoncée & propos du prince de conservation, le texte souffrirait d'une double forme Aincomplétude. Insomplétude rhétorique pour commencer. Reprenons en effet le scansion rhetorique du texte, Rousseau écrit: «Hobbes a tes bien vu, puis: «cet auteur devait dite ..» ; «il dt précisément le contite..», ee, Rese, pour parachever le mouvement criique, a spécifier ce que « Hobbes n'a pas vu»... Fomule qui apparemment fait défaut, mais que Yon découvre .. une dizaine de lignes plus loin, attestant de a parfait continuté théorique de toute paragraphie. Ce qui nous conduit & la deuxiéme forme d'incomplétue, qui porte sur I'argumentation propremeat dite. Si, cen effet, la critique de Hobbes ad clairement asignée relativement as coneeption du principe de conservation, il et tout ausi clair qu'elle ne saursit tre considérée comme achevée, dés lors que Rousseau a Grit: «en ralsonnant A parir de zee princpes, cet Auteur devait dire...» Quel est done, au minimum, Wate principe” qui est au fondement de la definition hobbienne du droit naturel — second principe augue! i 4 Vitor Golscih anvopooee er poliqe, Vin 1974p 323 * Cest que ies malleus exégbes manque’ olsen use dimension eseele du text — en spare wn trent agents Doda endance boned etgte de Fimage de aft aba remprane Teapresson 8 Andié Chara, «Du doit ste! av dri ate rsom », Jean cpus Rosen Les Cables phesophques e Stasout, ome 13, plemps 2002, p10 {NIE premier sant ot es hommes, ha de nate, ne son sn ue pr le sal pnp de soeseraton. ester faite un sort en montrant que li encore Hobbes, ena tiré des conclusions tout aussi inconséquentes ? ‘La dificuté que le lecteur éprouve &assignercet autre princie vient de ce que Rousseau ne le convogue encore une fois que via le mouvement méme de la refutation 3 quel il procéde. Et ce, en commencant par aller chercher dans Hobbes cette ceurieuse formule de enfant robust .. D'od effet de rupture. Confronté& cee série ‘impictes,on peut méme se demander comment le lecteur peut bien avoir la moindre ‘idée du principe en question et s'y rerouver dans un calcul d’arguments dont les prémisses demeurent A ce point vistuelles. ly len vérité, un double probleme. L’un {ui tient a la Virtwostérhetorique propre & Rousseau, dont les ellipses pouvaient avoir ‘quelque chose de déconcertant méme pour ses contemporains (meme un Kant n'a VU,

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