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Les avenues de la foi est un livre plein de promesses. Il annonce que Charles Taylor,
éminent philosophe québécois de réputation internationale, livrera « un témoignage de
foi à partir d’un rapport à des oeuvres littéraires ». Le parcours, se dit-on, sera riche. Il
l’est, d’ailleurs, mais il s’avère aussi déroutant.
Taylor y parle avec profondeur de cinq auteurs qui ont nourri sa pensée. Merleau-Ponty,
confie-t-il, avec sa Phénoménologie de la perception (1945), lui a permis d’étoffer son
opposition au réductionnisme, c’est-à-dire cette volonté d’expliquer tout l’esprit humain
par la science. Hölderlin, grâce à sa poésie, a convaincu Taylor « que le monde est fait
de signes » à traduire et n’est pas réductible à des lois causales. Avec Les fleurs du mal
(1857), de Baudelaire, et Les frères Karamazov (1880), de Dostoïevski, le philosophe
explore le problème de la perte de sens et les potentialités de la foi. Les oeuvres du
théologien Yves Congar, enfin, l’ont conforté dans sa pensée selon laquelle « pour
rendre son usage vraiment efficace, c’est-à-dire vraiment humain, la raison doit
accepter de sortir d’elle-même et de s’appuyer sur des intuitions indémontrables ».
Savantes, les questions de Guilbault semblent parfois surgir de nulle part, ce qui
entraîne Taylor dans toutes les directions et le force à sauter du coq à l’âne. Or, comme
la pensée du philosophe est complexe et que les oeuvres dont il parle sont denses et
subtiles, il aurait fallu de solides mises en contexte et plus de méthode dans la direction
des entretiens pour permettre au lecteur de suivre le fil. En optant pour un échange à
bâtons rompus, Guilbault et Taylor ne s’adressent qu’à des initiés, ce qui n’est pourtant
manifestement pas l’intention de l’ouvrage.
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Vous citez Taylor : « pour rendre son usage vraiment efficace, c’est-à-dire
vraiment humain, la raison doit accepter de sortir d’elle-même et de s’appuyer
sur des intuitions indémontrables ». Ces intuitions se nomment elles Dieu,
religion, transcendance, etc. ? Les fanatiques religieux, les évangélistes
chrétiens, les créationnistes, les islamistes ne s’appuient-ils pas sur ces
‘’intuitions indémontrables’’ ?
‘’Dans l’avant dernier paragraphe du livre, Taylor fait valoir ses convictions
spirituelles personnelles, qui lui font placer son espoir dans le théisme judéo
chrétien, ‘'et dans sa promesse centrale d’une affirmation divine de l’humain,
plus totale que celle a laquelle les etre humains pourraient jamais atteindre par
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d’une affirmation divine de l’humain, plus totale que celle a laquelle les etre
humains pourraient jamais atteindre par eux-mêmes.’’ (Source du moi, p. 650).
P. 284.
‘’Des préjugés ont également été soulevées par des historiens inquiets par ce
qu’ils voient comme étant la tentation manifestée par ‘’Source du moi’’ de faire
dans ‘’l’histoire a thèse’’. Par exemple, pour Jerrold Seigel, qui a consacré tout
un ouvrage, The Idea of the Self, a la formulation d’une histoire de sujet
occidental s’inscrivant en faux par rapport a celle de Taylor, l’entreprise de ce
dernier est viciée a l’avance par le fait qu’il choisit les auteurs qu’il voit comme
étant fondamentaux pour notre tradition, ainsi que les argument s a mettre en
évidence chez tel ou tel ou tel philosophe, en fonction de sa thèse philosophique
qu’il veut mettre de l’avant. Cela donne lieu a mon avis a une vision fortement
biaisée de l’histoire du sujet humain. Sans doute en est il ainsi de toute tentative
d’embrasser en un seul tenant un sujet aussi complexe.’’ (P. 285)
(1) ‘’Charles Taylor, Sources of the self’’, 1989, pp. 277-286, in ‘’Monuments
intellectuels québécois du XXe siecle’’, sous la direction de Claude Corbo,
Septentrion, 2006, 290 pages.
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Mots clés
essai,
Charles Taylor (philosophe),
littérature québécoise