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N°12000

LUNDI 29 JANVIER 2018

8 ENTRETIEN
ENTRETIEN N°12000
Lundi 29 janvier 2018

SÉBASTIEN LECORNU
SECRÉTAIRE D’ÉTAT AUPRÈS DU MINISTRE D’ÉTAT, MINISTRE
DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET SOLIDAIRE

« Rien ne servirait de lancer une nouvelle PPE


sans s’en donner les moyens »
Le ministère de la Transition écologique et solidaire développe depuis plusieurs mois sa
méthode pour concrétiser les objectifs de la France en matière de réduction des émissions
de gaz à effet de serre et de réduction de la part du nucléaire dans la production
d’électricité. Le ministre Nicolas Hulot est épaulé par Brune Poirson et Sébastien Lecornu.
Le secrétaire d’État est à la manœuvre notamment sur les dossiers de la transition des
territoires. Il pilote également les travaux de simplification pour « libérer » le potentiel
des énergies renouvelables. Entretien.

Enerpresse – Vous avez annoncé le lancement d’un appel d’offres


régional sur le photovoltaïque lors de l’installation du comité de
pilotage pour l’avenir du territoire autour de la centrale nucléaire
de Fessenheim. Ce dispositif ne concerne que le photovoltaïque ?
Sébastien Lecornu – Le photovoltaïque se présente comme
l’énergie renouvelable la plus consensuelle et la plus évidente
pour cette partie sud de l’Alsace. Son potentiel de dévelop-
pement est énorme et elle pourrait rapidement devenir une
marque de fabrique du Haut-Rhin. Je ne verrai cependant que
des avantages à élargir l’appel à projets à toutes les énergies
renouvelables. C’est une volonté des élus qui rencontre la nôtre. « Nous sommes clairs
Il faudra seulement notifier à la Commission européenne ce sur notre volonté de
régime particulier puisqu’en dehors des territoires d’outre-mer,
ce sera la première fois qu’en métropole nous lancerons mix, l’augmentation
un appel d’offres sur une zone réduite et ciblée. Avec l’accord de nos émissions de
de la Commission, nous l’élargirions à la méthanisation ou la carbone n’est pas une
géothermie, voire à l’éolien même si le bassin de vent n’est pas option pour nous »
particulièrement favorable.

Avez-vous des éléments de calendrier ?


Nous validerons le cahier des charges de l’appel d’offres avant mon retour à Fessenheim les 12 et
13 avril prochains.

Business France va prospecter des entreprises pour développer de nouvelles activités sur
le territoire de Fessenheim. Quel est son cahier des charges ?
Nous avons engagé Business France à nos côtés pour procéder à un vrai marketing territorial de
l’Alsace en mettant en avant ses atouts humains et le foncier qui sera libéré autour de la centrale
nucléaire ou sur le port de Colmar, la qualité des infrastructures. Nous renforcerons ses avantages
en travaillant à une convergence des conditions économiques avec celles du Bade-Wurtemberg.
Ce travail se fera en lien avec les agences de développement économique et d’attractivité
alsaciennes qui ont leurs propres outils. Nous n’allons pas travailler en silo mais engager un vrai
décloisonnement pour agir sur trois cibles : les entreprises internationales intéressées par un
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positionnement frontalier ; les entreprises déjà présentes sur le territoire national français ;
et les entreprises qui existent déjà sur le territoire alsacien et le Haut-Rhin pour aider leur
développement, ce dont nous faisons une priorité. La transition écologique commence par
le développement des entreprises locales et de leurs ambitions dans des activités durables.
La transition énergétique sera particulièrement à l’honneur et favorisera donc les PME et TPE des
filières du bâtiment engagées dans les travaux de performance énergétique ou encore le monde
agricole qui se diversifie dans les énergies renouvelables.

Là aussi, avec quel calendrier ?


Il faut en finir avec les annonces de Paris qui ne sont suivies d’aucun effet. Ceux qui font du
développement économique savent très bien qu’il faut les bons ingrédients pour démarrer et
développer une activité, à savoir du foncier, une fiscalité, une stratégie territoriale, la viabilisation
des terrains, des offres de formation professionnelle, etc. Les élus ne m’ont pas demandé de jouer
au père Noël mais de les aider à créer les conditions pour développer l’activité économique.

Le territoire de Fessenheim aura-t-il son contrat de transition écologique (CTE) ?


Pas forcément, car l’ampleur de la tâche et le retard qui a été pris nous dépassent un peu. Je
souhaite mener la réflexion en dehors des contrats de transition écologique pour ne pas venir
perturber leur logique. Fessenheim, c’est la première fois que l’on fait une telle opération et donc
je ne veux pas m’enfermer dans un droit commun que l’on veut écrire même si les contrats
de transition écologique seront des outils faits de souplesse.

De nouvelles concertations de CTE ont-elles été enclenchées après celles concernant la Corrèze
et Arras ?
Avec la ministre des Outre-mer Annick Girardin, nous travaillons à sélectionner un ou deux
territoires d’outre-mer. C’est la prochaine étape. À côté de cela, nous allons continuer à
compléter progressivement la liste des territoires d’expérimentation au cours de ce premier
trimestre 2018.

La fin de la production d’électricité à partir du charbon est prévue d’ici 2022. Chaque territoire
sur lequel est implantée une telle installation fera-il l’objet d’un CTE ?
Assurément ! Car nous sommes moins pris par le temps que dans le cas de Fessenheim puisque
la production d’électricité à partir de charbon cessera avant la fin du quinquennat. Nous pouvons
donc envisager les choses bien en amont. Quatre territoires sont concernés : le Havre, Cordemais,
Saint-Avold et Gardanne dans lesquels il y a quatre centrales à charbon, deux exploitées par EDF
et deux par Uniper France. Ces territoires pourront signer un contrat de transition écologique.

Quel est l’objet de la mission interministérielle sur cette question de l’arrêt de la production
d’électricité au charbon ?
La mission que nous avons confiée aux inspections générales des trois ministères de l’Écologie,
du Travail et de l’Économie traite de façon transversale tous les sujets liés à cet arrêt. Pascal
Terrasse et Hervé Mariton, deux anciens députés, en font partie. Les conclusions de la mission
sont attendues pour avril et les derniers éléments de cadrage des décisions seront présentés en
juin. Elle analysera toutes les options – qu’elles relèvent du marché ou de la réglementation – pour
conduire à l’arrêt du charbon. Elle définira une stratégie d’accompagnement de ces décisions,
sur le plan social, sur le plan de l’avenir industriel des sites ou encore sur le développement des
territoires. C’est une réflexion qui est très ouverte.
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Ces sites pourraient accueillir des installations émettant moins de CO2, indique le Plan Climat.
Une centrale à gaz pourrait remplacer une centrale à charbon ?
À ce stade, ce n’est pas ce qui est prévu mais une fois de plus Nicolas Hulot souhaite que la
transition se fasse de la manière la plus efficace au niveau social. Aussi laissons-nous la mission
travailler pour avancer sur différentes pistes. Les syndicats poussent à des reconversions à la
biomasse, à Gardanne et Cordemais. Sur ce dossier, nous cherchons, avec la mission, à avoir
un juge de paix technique, économique et scientifique.

Quand seront signés les CTE sur ces quatre territoires ?


J’entends commencer les négociations des CTE dès cette année.

Venons-en à l’éolien. Les coûts baissent fortement, a indiqué le président de la CRE en faisant
référence aux premiers résultats de l’appel d’offres.
Cette baisse des coûts conduit à ce que les énergies renouvelables deviennent compétitives.
Pourtant, nos voisins arrivent à avoir des prix encore plus bas. Il était donc devenu nécessaire de
retravailler nos procédures pour faire profiter aux Français de l’énergie éolienne au meilleur coût.
D’où la série de mesures de libération du potentiel éolien que j’ai annoncée le 18 janvier dernier.

La mesure concernant le balisage ne change pas vraiment la donne pour ce qui est de la gêne
des riverains.
C’est le jugement de Salomon,
je l’assume volontiers. Certes, la « Il n’est pour l’instant
décision d’instaurer un balisage fixe pas prévu de faire
sur la moitié des mâts d’un parc
n’est pas suffisante pour les évoluer notablement
riverains de ces parcs mais il s’agit les paramètres actuels
d’une réelle avancée. Rien ne de sécurité
pouvait laisser à penser, il y a d’approvisionnement »
quelques mois encore, que l’on
pouvait aboutir à cette avancée. C’est un premier pas et un bon compromis pour commencer.
Nous continuons à tester avec l’armée de l’air et l’aviation civile des solutions de balisage encore
plus apaisées pour les riverains et sécurisantes pour les aviateurs.

Concernant le conflit entre éoliennes et radars et notamment militaires, là aussi il est difficile
d’avancer.
L’armée a ses raisons que je respecte. Là aussi il y a des avancées. L’armée de l’air a accepté de
retravailler sur ses zonages d’entraînement lorsqu’ils se situent dans les meilleurs bassins de vent
du pays. Si elle maintient légitimement ses avis conformes pour défendre ses intérêts vitaux, elle
change de process : elle disposera prochainement d’un logiciel qui fera des calculs plus précis
d’impact des éoliennes sur les radars et limitera ainsi les zones d’exclusion de l’éolien au strict
nécessaire. Le ministère de la Transition écologique en sera en quelque sorte le garant et fera
l’interface avec l’armée de l’air avec qui il partagera le retour d’expérience.

Quid d’une révision de l’économie des premiers projets d’éoliennes en mer ?


Nicolas Hulot s’est emparé de ce dossier et il aura l’occasion d’y revenir dans les semaines
qui viennent.
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Et concernant le lancement d’un appel d’offres pour l’hydrolien ?


Nous comptons lancer les études préalables dans le courant de l’année, mais la filière devra
de son côté tirer le retour d’expérience des premiers démonstrateurs.

Quand seront lancés les groupes de travail sur la méthanisation et le photovoltaïque ?


J’installerai le groupe de travail national sur la méthanisation au tournant du mois de février. Les
premières conclusions seront rendues au Salon de l’Agriculture qui se tient à Paris du 24 février
au 4 mars. Pour le photovoltaïque, la fin des travaux est prévue un peu plus tard mais en tout cas
au printemps.
Ces groupes de travail libèreront ces énergies renouvelables. Ils lèveront les difficultés adminis-
tratives rencontrées pour leur développement et chercheront les solutions de facilitation de leur
développement. Rien ne servirait de lancer une nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie
(PPE) en 2018 sans s’en donner les moyens.
Pour la méthanisation nous aborderons les sujets suivants : part du soutien public ; raccordement
au réseau ; utilisation dans l’aval (biogaz dans les transports) ; modèle économique ; questions
de règlementation.

Continuons à balayer les sujets relatifs aux énergies renouvelables avec le dossier
de l’hydroélectricité.
Cette technologie fait partie de notre mix énergétique. Il s’agit d’une énergie propre qui corres-
pond à notre volonté de diminuer la part de l’électricité issue de l’atome et également à mener
notre combat pour le climat. Concernant l’ouverture à concurrence des concessions hydro-
électriques, nous continuons à dialoguer de manière très opérationnelle avec la Commission
européenne pour sortir le plus vite possible de ce pré-contentieux, ce qui conduira à lancer
les procédures de renouvellement des concessions arrivées en fin de validité.

Le conseil d’État a annulé fin décembre 2017 le décret relatif au Schémas régionaux de
raccordement au réseau des énergies renouvelables (S3REnR). Quelle réponse le ministère
va-t-il apporter à la situation que laisse cette annulation ?
Nous allons réformer la procédure d’élaboration de ces schémas de raccordement pour leur
donner une nature prospective. Il s’agira de bénéficier de plus de souplesse pour s’adapter aux
projets mais aussi pour favoriser le déploiement des énergies renouvelables. Ces travaux vont
nous occuper les semaines à venir. Nous allons en profiter pour supprimer la procédure
d’approbation préfectorale pour les lignes souterraines et les postes électriques.

Parlons de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Suite aux ateliers, la DGEC prépare
une première vue d’ensemble dans le cadre du débat public organisé à partir de février par la
CNDP. De premières orientations du gouvernement figureront-elles dans ce document ?
Tout d’abord, nous allons redire nos engagements qui sont assez clairs : baisse des émissions
de gaz à effet de serre, pas de construction de nouvelles centrales électriques à énergie fossile,
réduction de la part du nucléaire à 50 % à un horizon sincère. Je note la très forte mobilisation
de tous les acteurs lors des 24 ateliers préparatoires qui se sont tenus entre fin septembre 2017
et janvier 2018.

Certains accusent le gouvernement de tronquer le débat sur le mix électrique en ne retenant que
deux scénarios sur les cinq étudiés par RTE dans son bilan prévisionnel.
La raison de ce choix est simple : il y a trois scénarios sur les cinq qui débouchent sur la
construction de centrales thermiques. Or nous sommes clairs sur notre volonté de mix,
l’augmentation de nos émissions de carbone n’est pas une option pour nous. Il n’y aura plus
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de nouvelle centrale au charbon ou au fioul, c’est une évidence. Le gaz doit, lui, être regardé
au calme et voir en quoi il peut contribuer à la diminution globale des émissions de notre mix.

Un atelier de la PPE a été consacré à la sécurité d’approvisionnement. Le gouvernement veut-il faire


évoluer les critères pour l’électricité et le gaz ?
La sécurité d’approvisionnement est, avec le coût de production et la protection de l’environ-
nement, l’un des trois éléments fondamentaux d’une politique énergétique. Il est donc normal
d’avoir tenu un atelier sur la sécurité d’approvisionnement, qui est au cœur de nos stratégies !
En outre, c’est un sujet extrêmement dynamique : dans l’électricité, avec le développement des
interconnexions et la montée des énergies intermittentes ; dans le gaz, avec la réforme de la
tarification du stockage de gaz qui est en cours d’étude… Il est donc naturel que le gouvernement
consulte et interroge sur la sécurité d’approvisionnement, même s’il n’est pour l’instant pas prévu
de faire évoluer notablement les paramètres actuels.

Vous avez annoncé que les parlementaires seront associés aux travaux de la PPE. Dans quel cadre ?
Des parlementaires, membres du Conseil national de la transition écologique (CNTE) et du Conseil
supérieur de l’énergie (CSE), sont associés au suivi de l’élaboration de la PPE. Des membres des
commissions parlementaires m’accompagnent également lors de mes déplacements sur le terrain.
Ce sera le cas le 1er février, date à laquelle je me rendrais sur le site de la centrale de Flamanville.

Propos recueillis par Philippe Rodrigues

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