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CANADA,
ENTRE LES ANNÉES 1634 ET 1642,
FA~
t009tAMRECTM!<
~UtttC< 1
~ïn~~t~
~-<a.,<e-
~4?.
C~W.~ ET t'tt.S.
AVERTISSEMENT.
,ou ignofes.
avait imposé des noms qui, depuis plus de deux siècles, étaient perjus
Enfin, la Société a lieu de croire qu'on ne lira pas sans intérêt tes
extraits et les notes qui les accompagnent, sur le lieu précis 0!~ <~art!er
bat't un fort pour mettre sa aot'Ue en sûreté pendant le rude hiver qu'il
fut obligé de passer au milieu des aborigènes dn Canada.
!LE8
TROIS VOYAGES
PB
thapttrt).
Comme te C'p't*iDt Jacques Quartier partit tïtt JtWH ~T!ft< de S~ M<o, et
to'nm< il arriva ea la Ttfft NtUfvt appelée la NowveUo Frxett, et eetrt <t
Port't<BoDn<f)te. ·
Après quq Mcssïre Chartes De Mouy, Sieur de la MeiHcrayo et Vice-
Amiral do France eut fait jurer les Capitaines, Maitres et Compagnons
des Navires, do bten et ndeïement se comporter au service du Hoy très-
chrétien, sous h charge du Capitaine Jacques Quartier, nous partîmes
le v!ngtie!nc d'An!! en l'an mil cinq cens trente-quatre du Port do
Saint Malo avec deux Navires de charge, chacun d'environ soixante
tonneaux, et armé de soixante et un hommcf, et navigamcs a\cc têt
heur quo le dixième de May nous arrivâmes ta
Tcrre-~eavc, en-
laquelle nous entrâmes parle Cap de J~o/t~tM, (~) lequel est au qua-
rante-huitième degré et dcmt de latitude. Mais pour la grande quan-
tité de glaces qui etott le long do cette terre, il nous fut besoin d'entrer
dans un port quo nous nommâmesde (''«~r~, (~) distant cinq
I~euës du port susdit vers le Su-Sucst là nous y* arrêtâmes d!~ jours
otteadaM la commodité du temps, et ce pendant nous equtpamcs et
appareillames nos barques.
th<t!<M tt.
Cc~m<tMtt~Mm«ttn'tt dt< Oi<et't<,ttdtt< t;rtt<!e qMntit<d'Oi~M<~u(
t'yt~~tDt.
L~ Y~gt-cnicmc de May <!me9 voi!e, ayant Vent d'Ouest, et t!rame<
vers le Nord depuis k Cap de ~t~-t~o jusque !7~ ~<
(t))~
taqûcUc étoit entteremeht environnée de glaces, qui toutefots étoit
rompue et divisée en pièces Mats nonobstant cette gtace «os barques
ne îaîsscrent
d'yancf pour avo!r des okcau~ desquels iî y a st grand
nombre que c'est chose Incroyable à qui ne le voit, parceque combien que
n<'an)noin! il yv en
nn an nnnh
lieue do circuit) en
(!aquct!o peut a\oir une hcuedo
cetto lie (laquelle
cxprc~mcnt apportas, et presque
6Ctnb!c qu'ils y soient expressément
6emb!c
inia ninarcntourd'iccHG,
cent fo!$p!u9
en soit si pleine, qu'il
pre9( comme &cmes t
ô l'nnfnnw rl'Cnnlln et en l'air que de-
dans dcsquc!a!c3t)M sont grands comme P!cs, noirs ctbhncs, ayant
le bec do Corbeau: ils sont toujours eh mer, et ne peuvent voler haut,
d'autant que leurs ailes sont petites, point plus grandes que la moitié de
h main, avec !esquct)e9 toutefois i!~ vo!ent de telle vitesse à fleur d'eau,
que les autres otscaux eu l'air, Ils sont cxccsMvcmcnt graa, et $to!ent
appetcs par ceux du pais Apponath, (') desquels nos deux barques so
t-hargeret~t en moins de demie heure, comme l'on auroit pu faire de
cailloux ( de sorte qu'en chaque navire, nous en fimes saler quatre ou
cinq tonneaux, sans ceux quo nous mangeâmes frais.
thepttKtttt.
De ~txt~tt<t <t'0ist&u<–t'"ce appelée Co<M~, FtUtt~t Afa~ax~ et comme bout
MrtT&mtttCfpttt.
En outre, il y a une autre cspèce d'oiseaux qui volent haut dans l'air,
et à fleur d'eau, lesquels sont plus petits que les autres, et sept appelés
C'<~<<. (t) Ils s'assemblentordinairement en cette Ile, et se cachent sous
les ailes des grands. Il y en a aussi d'une autre sorte, (mais plus grands
et blancs) séparés des autres en un Canton de l'Ile, et sont très-difficiles
prendre, parcequ'IIs mordent comme chiens, et les appeloient 3f<H'-
<?«.<* et bien que cette !!e soit distante quatorze
lieuës de la grande
terre, néanmoinsles Ours y viennent & nage, pour y manger do ces
oiseaux, et les nôtres y en trouvèrent un, grand comme une vache, blanc
èt )e lendemain de
comme un Cygne, lequel saùta en mer devant eux,
Piques qui étoit en May, voyageant vers la terre, nous le trouvâmes
moitié chemin nageant vers Icelle aussi vite que nous allions à la. vo!!o 1
mats l'ayant appeau lui donnâmesla chasse par le moyen de nos barques
et le prhncs par force. Sa chair était aussi bonne et délicate manger
qu'un bouveau. Le Mercrediensuivant qui étoit le vingt-septième du
dit mois de May, nous arrivâmes Ma bouche du Co~~M (/%<«~w~ (t)
niais pour la contrariétédu temps, et cause de la grande quantité de
glaces, il nous fallut entrer dans un port qui étoit aux environs de cette
embouchure, nommé CMyMnt, (If) auquel nous demeurâmes Mas pou"
(')LnAM<!ient!tstppcHeBtBHriM<Mrts.
(t)Mabt<'MBttOt!nat!<)at!<!Mm(!eC<'ff<t.'
(t) Le Pf<rct'< Belle ~ff.
(t) On <~<f'f0))(,
à
Du tACQCES QUARTIER.
Chapitre ive
Pw~tion de h TttT< N<aYe,<t<pn!<le Cap P~< jt~t'A tttat de Pe~H<
1~ terre depuis !o Cap ~d~ jusque cetul de D~<!<f (') fait la pointe
de t'entr~o do ce Cto~ qui regarde de Cap à Cap vers ~'Est, Nord et
Sud; toute cette partie do terre est faite d'Iles situées l'une anpr~
rautrc, si qu'entre Icelles n'y a que comme petite Ocuve~, par Icsquc~ l'on
peut aïk-r et passer avec petits bateaux, et là y a beaucoupde bons pot t~
entre !csq'jc-!< sont ceux de .C~~tMt et J9cyMj. En t'une do ces Ileq,
la plus haute do toutes, l'on peut étAnt debout, clairement voir les deux
Iles basses pr~ te C<'p~<M< duquel lieu l'on compte vingt-cinq lieuës
jusqu'au port do Carpunt, et là y a deux entrées, l'une du coté de t'Est,
l'autre du Sud mais il faut prendre garde du côté d'Est, parccqu'on
n'y voit que bancs et eaux basses, et faut aller !t Fentour de l'He ver!)
l'Ouest, la longueur d'un demi cable, ou peut moins qut veut, puis tirer
vers le Sud pour aller au susdit <~t~Wt<} et aussi l'on doit se garder do
trois bancs qui sont sous l'eau, et dans le Canal; et vers F Ho du cot~ de
l'Est, y a fond au Canal de trois ou quatre brasses, Fautrecntreo
regarde l'Est et vers FOucst Fon peut mettre pied terre.
Cbapt~tV.
Do t'Me nomm<< à prêtent de S(e. Cfthetine.
(*)0<tPtPro<.
(t) Vee Me appelée cujeurd'h'tt Belle y~< <Mit le Pttfe't dit ~~me nom
(t) Et<r< ~tft ~~< << la <<<< de Labrador.
~ord-Hxt, et !o Su-Sur-Ouest, et y a distance do t'un & t'autre environ
quinze !ieu6s. Du susdit Port des C'A<<(Mt'~ jusqu'au JPor< <?<w«M,(1i)
qut est la terre du Nord du Ctotfe susdit qui regarde t'Est-Nord d'Est,
et t'Ouest Sur-Ouest, y a distance de douxc !!eu?s et demie, et est dcu<
ticucs du Port /?(!?ttMM< (') et se trouve qu'en la tierce partie du
travers de ce Golfe y a trente brasses do fond p!omb, et do ce JPcr~
J?<~?«H<'<~jusqu'au 7~n<<tM<w il y'a vingt-cinq lieuës vers l'Ouest-
Sur-Oue~t. Et faut remarquer que du côté du Sur-Ouest de Blanc-
~«M<M', Fon voit par trois t'eues un banc, qui paraît dessus l'eau rcssem-'
b!ant!t un bateau.
<:tt«pt<t< Vf.
ft) t'ea nomp)< B~oc-Sat-ton, de t't~t de Prt<<, et t'btt aux Ois<!)"x, t~ sorte et
t'y troMftBt, t< Ja Port nommé les !et<««.
<)oanti<< qut
B!<~))<<?o'~est un lieu oo il n'y a aucun abry du Sud, ni du Sud-
Est, mais vers le Sud Sur-Oùc~t de ce lieu, il y a deux Mc~ l'uno
dcsquc!!cs est appeUco !?< (~ Br~ (t) et l'autre
en laquelle it y'a a grande quantité de C'<~f<<et
t'
<~< O~a~ (t)
<~)'&<?<t!M) ($) qui ont !e
bec et les pieds rouges, et font leurs'nids en des trous sous terre comme
Connus. Passe un Cap de terre distantd'une lieuë de .B~oMoM, l'on
do
trouve un port et passage appeHe les 7~«< (a) qui est !e meilleur lieu
.B~fc", et oh la pèche est fort grande. De ce lieu des f~~jus.
qu'au jP<n'< J?)* (b) y a dix huit lieuës de circuit et ce Port est au
dnquantc-unitme degr6 cinquante-cinq minutes de tatitude. Depuis les
Hettes Jusqu'à ce lieu il y a plusieurs Hes et le fM'< de Br~t est même
entre les lIes, lesquelles t'en~Tronnent do plus de trois lieuës, et Jes lIes
sont basses, tellement qu'on peut voir par dessus icelles les terres susdite:
~hx~hre Yttf.
pa.~m~ M
Comme eeo! tBtrtmet au Port dt Brest, tt comme tirant Teft Ouest,
.pitiés dès tttqaeUet ~nt tp et :rt~
pombrt qu'il n't~ pwibte dt les
tp~pttr.
~e dixicme jour du susdit mois de Juin, entrâmes dans le P~rt~
.p~po~ur avoir de l'eau et du bois, et pour nous apprêter déparer
(t)A"jeur4'b'ttBaf<~)<f.
(') Axjc.ord'hat Bare Nef~t sur la o~te Ot Ltbrt~or.
(t) Anjourd'hat t'~f< o)< Boit sur h <4t< << LtbrtJor-
(n ~< Verte sur))njoard'be)tONt!t
la t~te de Lfbr~otr.
6<im ~CormouBt. t)< tont Presque aussi
(!) !)ttonttonBU!
ttOt qu'an Pia4t, et ptccget< jatqn'jt cinq bra<-)« tt pht, pour tettïtr un H~f~
(.)A''J.W~t''<~A<'t''<'<tof..
et un M<"t')er<"<
ChaphM Yttt
pMrcrbdeSt Aftoine.deSt $cr~!e, de Jat~uttQa~uort<!< Ftf't tppe!'<
St. ~cqnct des Ccutumtt tt Y~temeutt dM h~it'ct~ tt <)< t't't< d< B)«n6
Sabto.).
bcnncan
bcnnean < etet toutefois Je descendis en plu~curs
plusieurs !!cux
!!cu et en t'Me do
/<~)H-~M<"t n'y
t)'y a autre
autro chose
p!'oso que moussa, et pt't'tes
oùo mousse, petites opines
< et butions
ça et cachez et demi-morts. Et en somme, je pense que cette terre est
cc~io que Dieu donna & C<un. L~ on y volt des homme? do belle t<u!!o
et grandeur, mats lndonités et Mtuva~es. Ils portent !es cheveux liés
au sommet de h tête, et étreinte comme une poignée do <b!n, y mettant
au travers un petit bois, ou autro chose, au ticu de clou, et y tient
cnscn)M<:quelques p!un)es d'o!scaux. Ils sont vêtus do peaux d'animaux,
aussi bien les hommes que les femmes, lesquelles sont toutefois percluses
t-t renfermées en leurs habits, et ceintes par !o milieu du corps, ce quo
lie sont pas les hommes ils se peignent avec certaines couleurs rouges.
ïb ont leurs barques faites d'ecorees d'arbre de Bou!, qui est un
arbre ainsi appeu~ au pab, scmMabIo nos chênes, avec lesquels
ib peehcTt grande quant't4 de Loups-n~arins. Et depuis mon retour,
j'at entendu qu'ils ne f:)!soient pas là leur demeure, mais q~')!s y
viennent d~ }'ah plus chauds, phr terre, pour prendre de ces Lo.tps, et
autres ch')~~ ~our vivre.
(!hatt<M<X.
-r-
De qae!~att protttoptctrtt, 4 $avoir t da Cap PoaMe, Cap Roy~, Cap de Ldt} d«
Mo6()t Bt< dttCotfentt,dtt !s!e* C<em~alr«, et d'une grande p~oher!< de
Morue).
Letrt!zl{'mojourdudltmo!s,nous retournâmes nos navires pour
(aire voile, pour ce que !e temps était beau, et !e Dimanche nmM dire
la Mpsse.(') Le Lundi suivant qui étoit le quinzième, partimes outre !e
Port do .Br<~<, et prîmes nôtre chemin vers !o Sud, pour avoir connais-
sance des terres que nous avions apper~ucs, qui ~emMoIent faire deux
Iles. M~Is quand nous fmucs environ le mHieù du Golfe, connûmes
qne c'étolt terre ferme, o& étoit un gros Cap douMo l'un dessus l'autre;
et cette occaalon t'appcUames Cap Z~< (f) Au commencementdu
CtoMe nous son'dames le fond, et !e trouvâmes de cent brasses do
tous cote~. De J9r~{ au Cap Dct'M~ y a distance d'environ vingt lieuës,
et & cinq lieues de là, nous sondâmes aussi le fond, et le trouvâmes do
quarante brasses..Cette terre regarde te Nord-est Sur-Ouest. Le
(*) !t certain qH'Mtao Ecct<e!ts<!qae n'a tCtompagn~ Qmtftier <o!t dans M
<<<
premier voyage, soit dans les. autres qu'il 6t tubseqaemmtHt tm Canada. Ûtt doit
d~ne tqtenjre parce passage, que têt pri~rtt e)tt'0f6« de ta M<'ss< furent «t~eMtct
d!t« et r<ti<<«.
(t) <«< h Ppft)f< ~t'~t «« P~r{ d CA~ ~r h t~t< Outst de Ttrrt'xn~e-
jour ensuivant qui était le seizième de ce mois, noua ha\!gamts îo long
do la cote par Sur-Ouest et quart de Sud, environ'trente-cinq !ieuës loin
du C~DotfMc.ct trouvâmes des montagnes très-hautes et sauvages,
entre tcsqucllcsl'on voyoit je ne ~ay queues rctitcs cabannes, et pour ce
tcsappeUamcs~ 3ÏMt<<< des C«!)H~('); les autres terres et
montagnes sont taillées, rompues et cntrc-coupccs, et entre icelles et la
mer, y en a d'autres basses Le jour précédent pour le grand brouillas
et obscurité du temps, nous ne pumes avoir connoissanced'aucune terre,
mais le soir i! nous apparut une ouverture de terre ressemblante & une
embouchure do rivière, qui était entre ces monts des, Cabanncs. Et y
avait là un Cap vers Sur-Ouest éloigné de'nous environ trois ticucs, et
ce Cap en son sommet est sans pointe tout a~ l'entour, et en bas vers la,
mer il flnit en pointe, et pour ce il fut appcue le Cap .P<~tt<M. (t) Du
côté du Nord do ce Cap, il y a une Ile plate. Et d'autant que nous
désirions avoir connoissancc de cette embouchure pour voir s'il y avoit
quelque bon port, nous mimes la voUe bas pour y passer la nuit. Le
jour suivant qui était le dix-septième du dit mois, nous courumes fortuco
à cause du vent de Nordest, et fumes contraints mettre la cauque souris
et la cappe, et chemiriames vers Spr-Ouestjusqu'au jeudi matin, et fîmes
environ trente-sept lieues et nous nous trouvames au milieu de plusieurs
îles rondes comme Colombiers, et pour ce leur donnâmes le nom de
CM<wt&<fr~.
Le Golfe Saint ~MM (t) est distant sept lieues d'un Cap 'comme
(~) qui reste vers le Sud et un quart de Sur-Ouest. Et vers
rpuest Sur-Ouest de ce Cap, y en a un autre, lequel audessous est tout
entre-rompu, et est rond audessus. Du côté du Nord il y a une Ile
ba~c environ dcnu-)!cuë et ce Cap fut appelle !c C~ Z~. (§) Entro
ces deux Caps il y a de certaines terres basses, sur lesquelles il y en a en.
tore d'autres, qui démontre bien qu'il y doit avoir des neuves. A deux
lieues du Cap Royal, l'on y trouve fond de vingt brasses,et y a la plus
grande pécherie de grosses Morues qu'il est possiMe de voir, desquelles
Compagnie.
nous en prîmes plus de cent en moins d'une heure,, en attendant !a
(') Ltt hMttt tcrfe< ea Sud de !a Baie <t'/ngo)~acto)'.r, 6Hr !a côte Ouest de
TTerreneare.
(t) Aujeurd'hat Coto J/tCf! ça 7'ftc da FocA< sur la côte Oucet de TerrencuYe.
(!) ABjonrd*'hn! Bonne Baie lur
la t6te Oac~t de Terrcntatt.
(1t) An~ard'hui le Cap Nord de la Baie <fM 7?M, <Nr la côte Ouest de rctrtntuyt.
(§) Au~tu-d'bui 6 Pointe ~f«f de r« P<tf< ~< 7~ sur ).t côte Ouest de Ttn'tnt~t.
thttphftX.
De quc)qt)« t')et entre le Cap Boy<! et te Cap de Lait.
tt'apHteX*.
Det'MeSt.Jeaa.
Depuis le dit jour jusqu'au vingt-quatrième du mois qui était !a fête
de Saint Jean, fum<;9 battua de la tempête et du vent contraîre et sur<
vint telle obscurité que nous ne pûmes avoirconnaissanced'aucune ~crro
jusqucsaudit jour Saint Jean, que nous découvrîmes un Cap qui fcs-
toit vers Sur-Ouest, distant du Cap ~j/<t! environ trente-cinq !Lcuë9 1
mais en ce jour !c brouillas fut si épais, et le temps s: mauvais, que nous
hepcumcs approcher de terre. Et d'autant qu'en ce jour l'on célébrait
!a fête de Saint Jean Baptiste, nous !o nommâmes le C~ (~ ~tttt
J<'«M.(')
~thapttreXtt
s
Pet tttt de
de Brion,
M~
tt dt
J<t esp~eet d'oiseaux et Animaux qu! t'y
Cap du Dauphin.
trouvent <:e t'h!t
(') AnjounThui te Cap <t <«f~< tor h t~tt Oft~t <!t 'fttt<n<Mtt.
Joignes do sept tieuës et demie du Cap ~<!<< ~t, et comme nous
voutumcs faire voile, le vent commenta a soumcrdu Nord-Ouest, et pour
ce tirames vers Su-Est quinze tieues, et approchâmes de trois Des, des"
quelles y en avoitdeux petites droites comme un mur, en sorte qu'il étoit
impossible d'y monter dessus, et entre !cct)cs il y a un petit écueil. Cet
lies étoient p!us rompues d'oiseaux que ne scroit un pré d'herbe, !cs<
quels <a!so!cnt là leurs nids, et en la plus grande de ces Iles it y en avoit
un monde de eux que nous ~ppeUiont 3/aryaMJ' qut sontManM et plus
ctëtoipnts~'arexenunCanton, et en Fautrerarty
grand!} qu'Ovson!
avoit des CMc~ mais sur le rivage y avoit de ces G'o<~f~ et g'andt
~~WM~ sc:nMab!c3 & ceux de cette lie dont nous avons fait mention,
Nous descendîmesau plus bis de la p!m petite, et tuames plue de mille
G'o~ft et ~~oxa~, et en mimes tant que voulumcs en nos barques, et
cn eussions pu en moins d'une heure remplir trente semblables barques.
Ces Iks furent appelées du nom do 3~)y<!tt~. (') A cinq ticues de ces
lies it y avoit une autre Ile du (-ûtc de l'Ouest qui a environ deux lieues
de longueur et autant de largeur là nous passâmes la nuit pour avoir do
l'eau et du bo!s. Cette lie est environnée de Sabton, et autour d'icelle y
a une bonne source de six ou sept brasses,de fond. Ces Hcs sont do
tnciUcuro terre que nous eussions oncques vues, en sorte qu'un champ
d'iceHcs vaut plus que toute la Terre-Neuve. Nous la trouvâmes
p!c!no de grands arbres, do prairies, do campagnes pleines do froment
sauvage, et de pois qui étoient fleuris ausst épais et beaux commo l'on
~ut pu voir en Bretagne, qui scmbtoicnt avoir été semés par des labou-
reurs. L'on y voyoit aussi grande quantité de raisins ayant !it fleur
Manche dessus, des fraises, roses incarnates, pcMi), et d'autres herbes
de bonne et forte odeur. A l'cntour de cette lie il'y a plusieurs
grandes Mtcs comme grands boeuf; qui ont deux dents en la bouche
comme d'un Etephant, et vivent mêmes en la mer. (t) Nous en vîmes
une qui dormolt sur !o r!vagp, et allames vers elle avec nos barques pcn<
sans la prendre, mais aussitôt qu'elle nous ouit cHc.scjctta en mer.
Nous y vimcs scmMab!cmcnt des Ours et des Loups. Cette lie fut
appcUee t'Z~ (~ Bffo)t.(t) En son contour y a do grands marais vers
Su-Est et Nor-Oucst. Je crois par ce quo j'ai pu comprendre, qu'il y
ait quelque passage entre la Terre-Neuve et la terre de Z~'<'Mt. (H) S'M
(*) Isles XNX 0!s<tm.
(t) Ct «'nt les Vaches Marino
(t)t.)nn<m<Me de Brion d'.c'joorj'hn', trt!tem~;<b)<'m<'nt «!t'<t p<"am<t par
Quartier ta t'bonnear de CAmirat (te Francod'ft!or<, te Vicomte Chabot, Seigt)<ar <)<
er<en, toot)* protection dM~tct Q~rtitr avoit entreprit ce toyfga de ()ccouf«-)c-
(<) C't') 'c pM'~e <t'«MJoM)-<)'hut totre !e C~ R~y et )< Cap Bt-tton, qoe Qmrt'~r
ne paraît Moir.d~c~Mvcrt qn'au retour de son dcu'.Xnx: viy~a C~n~d:).
H
.JJ
en étoit ainsi, ce scroit pour raccourcir !o temps et te chemin, pourva
quo l'on pu trouver quelque perfection en ce voyagc.(*) A quatre
tieuës do cette ïh~ est la terre ferme vers Ouest Sur-Ouest, laquelle
ecf'bie~trc comme une Ho environnée d'Hottes de Mblo noir. ~H
y a un beau Cap que nous appeHamcs le Cap D(!M~Ai'K,(t) pour ce que
est !e commencementdes bonne? terre?.
Le vingt-septième do Juin nom circuimes ces terres qui regardent
vers Oucst-Sur-Ouest, et paroisscnt do loin comme CoUmes ou Mon-
tagnes de Sablon, bien quo ce scient terres basses et de peu. de fond.
Nous n'y pumes aller, et moins y descendre, d'autant que !c vent nous
étoit contraire; et ce jour nous nmcs quinze ticuës.
Chaphrt Xttt.
· De t'h!e d'A)Mty, et du Cap St. Pierre.
Le lendemain allamcs le long des dites terres environ dix Mcuës jusqu'&
un Cap da terre rouge qui est roidc et coupé comme un Roc, dans
lequel on voit un entre-deux qui est vers le Nord, et est un pais fort
bas et y a aussi comme une petite plaine éntro h mer et un étang, et
de ce Cap de terre et étang, jusqu'à un autre Cap qui paroissoit, y a
environ quatorze tieues, et la terre se fait en façon d'un demi ccrcio
tout environnée de gabion comme une fosse sur laquelle l'on voit des
marais et étangs aussi loin que se peut étendre l'opii. Et avant que d'ar-
river au premier Cap l'on trouve deux petites lies assez près de terre. A'
cinq lieues du secondCap il y a une De vers Sur-Ouest qui est tr~s haute
et pointue, laquelle fut nommée ~~«~ (t) le premier Cap fut appellé
de fS<HKt Pierre,(') parceque nous y arrivâmes au jour et fête du dit
Saint, `
thapttre XtV.
Ptt C"P <t'0rt<ens,dn Fleuve des B.x', ~t Cap des S:wge<, et do la ~uf)tit<
tt température de cet ptyt.
Depuis L'7~~ de J~not jusqu'en ce lieu y a bon fond de sablon, et
ayant sondé également vers Sur-Ouest jusque en approcherde cinq lieues
de terre nous trouvâmes vingt-cinq brasses, et a. une ticuë près, douze
brasses, et près du bor'i six plus que moins, et bon fond. Mais
(') L< ptfftetica
qM t~erehe Jacques Quartier t<t de <roar<r «t p!t:9!'6< pour
mMpMHeaOrtent.-L'~cat6ot. f 6 f
<
(1) C'est det Caps de!btc< do la M~deteine qa<! Qmrtier pM)ut ttoit pr!) BOM
la terre ferme.
~))Vce dc< tstc< de la M~Mttee.
(~ Autre Cap dc< Mtt de la M~detont.
parco q~o nous voulions avoir plus grande connoissance do ces
fonds pierreux p!e!ns de ro<hes, mîmes les voiles bas et de travers.
Et !c !etidcma!n pcmdticmo du Mo! !c vent vint du Su et quart
de Sur-Ouest, aUamcs vers Ouest jusqu'au Mardi matin, dernier
jour du moi", sans connoitre et moins découvrir aucune terre, excepté
quo vers le soir nous appercumcs une terre qui semMoit fa!rc deux
Dca qui demeurât derrière nous vers Ouest et Sur-Ouest environ.
neuf ou dix ticuc: Et ce jour allames vers Ouest jusqu'au lendemain
lever du soleil quelques quarante t'eues ) et
fanant ce chemin connûmes
que cette terre qui nous (toit apparue comme deux tics, ctoit tcrro
ferme Htucc au Sur-Ouest et Nord Nor-Ouest jusque un tres-bc~u Cap
de terre nomme le Cap <<'<)) ft'a~. Toute cette te) rc c~t basse et plate,
et la plus belle qu'il est pos.iMo do voir, pleine do beaux arbres et
prairies t H est vra! que nous n'y pûmes trouver do port, par ce qu'cUc
est entièrement pleine do bancs et do sab!es. Nous dcsccndimcs en
plusIeurs licux avec nos barques, et entre autres nous entrames dans un
beau fleuve' de peu do fond, et pour ce, fut appe!)e !o .F~MM <~
Baf~M~ (*) d'autant ,que nous vimcs quelques barques d'hommes
sauvages qui traversoient !e fleuve, et n'eûmes autre connoissanccde ces
bien
sauvages, parce que !c vent venoit de mer et chargcolt !a côte, si
qu'il nous fauut retirer vers nos navires. Nous allames vers Nord-Est
Jusqu'au lever du soleil du lendemainpremier Juii!et, auquel temps s'é!c-
voues
va un brouillas et tempête, à cause de quoi nous abaissâmes les
jusques a. environ deux heures avant midi, que !o temps ~e fit cLdr, et
que nous appcrcumes !o Cap d'0)'?f(tK~, avec un autre qui en doit
joigne do sept lieues vers le Nord uh quart de Nord-Est, qui fut
appelle Cap <~t 'S'aMp~M. Du côté du Nord-Est do ce Cap, !t environ
dem!c lieue, il y a un banc de pierre tres-pcri!!cux. Pendant qu.~ nous
étions près do ce Cap, nous apper~umcs un homme qui couroit derrière
nos barques qui alloit !c long do !a côte, et nous falsoit plusieurs signes
quo nous devions retourner vers ce Cap. Nous, voyans tels signes
<~mmcn~amcs tirer vers lui, mais nous voyans venir, so mit fuir.
Etant descendus en terre mimes devant !'d un couteau, et une ceinture
~e !a!ne sur un bâton 1 ce fait nous rctournames à nos navires. Ce jour
nous allames tournoyans cette terre, neuf ou dix Ucucs, cuidahs trouver
quelque bon port, ce qui no fût possible, d'autant que comme j'ai dej~
dit, tout< cette terre est basse, et est un pais environné de bancs et de
9&b!ons. Néanmoins, nous dcscendimesce jour en quatre lieux pour
<hapt<tt~V.
D< Golfe Mmmt St, L'<!fe,tt )mtfttCo)f« tieti'btttttCtf'
<!<tWt,t[J< t*
~a)it<ttbcn<&dttttp'y'-
Le lendemain second de Juillet, nous découvrîmes et appcrçumcs !<
terre du côté du Nord à notre opposite, laquciic se joignot avec celle
ci-devant dite. Apres que nous l'eûmes circuite tout autour, trouvames
qu'elle contcnoit en rondeur de profond, et autant de diamètre.
Noust'appcnaMM le (?cf~ 'S'owt ~«'M~, et. allames au Cap avec
parl'espaco
nos barques YCM!c Nord, et trouvâmes !cpa'bstt)M, que
d'une Me il n'y avoit qu'une brasse d'eau. Du côté vers Nord-Est
du Cap sus-dit, cav!ron sept ou huit lieuës, y avoit un autre Cap de terre,
très-grand
au milieu desquels est un golfe en forme de triangle qui a
fond de tant que pouvions étendre la vue d'icelui il restoit vers te
Nord-Est. Ce golfe est environné de sablons et lieux bas par dix lieues,
et n'y a plus de deux brades de fond. Pcputs ce Cap jusque !a rive de
l'autre Cap de terre y a quinze lieues. 'Etant au travers de ces Caps,
découvrîmes une autre terre et Cap qui resioit au Nord un quart d~
Nord-Est pour tant que nous pouvions voir. 'foute ta nuit le temps
fut fort mauvais et venteux, bien qu'il nous fut besoin mettre la Cappe
de la voile jusqucs au lendemain matin troisième de Juillet que !o vent
vtnt d'Ouest, et Ornes porter vers le Nord pour copnoitre cette terr~ qui
nous restoit du côté du Nord et Nord-Est sur !es terres basses, entre
lesquellesbasses et hautes terres, étoit un grand golfe et ouverture de
cinquante-cinq brassesde fond en quelques lieux, et large environ quinze.
lieues. Pour la grande profondité et largeur et changement des terres,
eûmes espérance de pouvoir trouver passage comme le passage des CM*
~«tu-. Ce golfe regarde vers l'Est-Nord-Est, Ouest, Sur-Ouest. Le
terroir qui est du c6t< du Sud de ce Golfe, est aussi bon et beau cul-
t!ver et p~'iu de belles campagnes et prairies que nous ayons vu, tout
plat conitnc seroit un lac t et celui qu! e~t vers Nord est un puis haut
avec montagnes i'autes pleines de forets, et de bob très-hauts et gros de
diverses sortes. Entre autres, ity a des t'-cs-bcaux Cc'hes et Sapins,
autant qu'U est possible do voir, et bons h faire n'&tt de navires de plus do
trots cen; tonneaux, et ne vîmes aucun licu qui ncfutp!einde ces bois,
excepté en deux phees que le pais étoit bas, ptcin de pr:<)r!es, avec deux
tr~-bcaux !ac~. Le mitan de ce go!fc est au quarante-huiticmc ~egrë
et demi de latitude.
thaft~e XVt.
Du Cap d'Errance et du lieu $t Martin, et comme te< Barqutt <hommc< S<m-
vw'*pt'roch<r<'nt de nos Barquct, et ce te Tentant retirer fnrtnt tBpo.t~nt~t
de quttqutt toupt de piwe-TetMt tt dt cet dard~ et comme ils t'enf~rent 4
;fMdt h4te.
Le Cap do cette terre du Sud fut appeHë Cap <f'~<'r<!M< pour
t'cspërancc que nous avions d'y trouver pacage. Le quatrième Jour do
Juillet aUamcs le long de cette terre du côté du Nord pour trouver
port, et entrames en un petit port et lieu tout ouvert vers to Sud, ou n'y
& aucun abrt pour ce vent, et trouvâmes bon appe!!er!e lieu Saint
JtTort'H, et demeurâmes là depuis !o quatrième de Juillet jusques au
douzième. Et pendant !c temps que nous étions en ce lieu, a!!ames!o
Lundi sLdcmc de ce mo!~ âpres avoir oui la Messe, avec une de nos
barques pour découvrir un Cap et pointe de tore, qui en étoit éloigné sept
s< cette
ou huit lieues du Côté d'Ouest, pour voir do quel côté tournoit
terre et étant a demic-Hcuë de la pointe, appercumcsdeux bandes de
barquçs d'hommes Sauvagesqui passoient d'une terre a t'autrc, et étoient
plus de quarante ou cinquante barques, desquelles une partie approchade
cette pointe, et sauta en terre un grand nombre de ces gens faisana grand
bruit, et nous faisoïcnt signe qu'aHasaïons a terre, montrans des peaux
sur quelques bois mais d'autant que nous n'avions qu'une seule barque
nous n'y voulûmes aller, et navigames vers l'autre bande .qu! étoit en
mer. E<m nous voyans fuir, ordonnèrent deux de leurs barques les plus
grandes pour nous suivre, avec lesquelles se joignirent ensemble cinq
autres de celles qui venoient du côté de mer, et tous s'approchèrent de
notre barque sautans, et faisans signes d'allégresse, et de vouloiramitié,
disans en leur langue, Na pcM (c)t (~tmot <M~)t)' f<
et autres paroles
que nous n'entendions. (*) Mais par ce que, comme nous avons dit,
(') BtttefoKtt tnterpr~ ttt) ) '< r?ont T~ttont itToir <oa tm!t!t."Je )te d'o~ il
t'< pr!~ )ff)!t aujourd'hui Ht ne Parlent plus x!nt).–J~«rt<'<.
nom n'avtont qu'un!* seule barque nous no vou~ump~ nous ncr en !eur!
eignpf, et leur donnant & entendre qn'i~ se retiraient, Co qu'ils no
outurcnt fatrc, a!m vcnotent avec une s! grande furtc ver:t nous, qu'ausst<
(6t ils t'nvironncrcnt nptro barque avec !c9 sept qu'ita ayoïent. Et parco
que pour signes que nous <!ss!on9 !)< ne se vouto)cnt retirer, t&cnamea
deux pa!!9C-Yo!a'is sur eux, dont ~pouvant~fetourn~rcnt vera la susdite
pointe faisans tr~-gran't bruit, et demeura quelque peu, cOBtmcn-
<~t'cnt dcrtchef & vcn!f vcr9 nous con<mc devant, en sorte qu'étant
approchado t)arqup, décochâmesdeux de nos dard~ au milieu d'eux,
CC qui les ~p~uvantatelleilielit,qu'i!~ connucn~crcnt fuir en grand'hatc,
et n'y Yc'uhucnt onc plus revenir.
Chapitre XVH.
Co"-m< tttSaavi'~t refont ttr<no<I'fttir«,tH<'«'o<)'«<'ec<nx vers les leurs,
deacendireutles unt tt t~< autres en terreset comme têt Sauvages se tntrent 4 trtt-
6<)M)r en ~r<nj< allégresse avec !n notret.
ChayttMXVf ·
Comme *pt<< que !tt notre* eurent tn~oy~ deux hommetta terre avec <e< marchtn*
<i<tt, t!cr<Bt 300 StMYMtt en grande joie d< qualité <t ce p<y<,<t< tt qa'H
produit, tt da Golfe do (< Chaleur.
Le Jcu~! huitième <}'t du dit nio! par ce que !e vent n'c(<t bon pour
sortir hors avco nos navires, apparentâmes nos barques pour aller
découvrir ce Golfe, et courumes en ce jour vingt-cinq lieues dans Icelui.
Le lendemainayant bon temps navigantes Jusqu'à midi, auquel temps nous
eûmes connoissanec d'une grande partie de ccgoKe, et comme surlet
terres basses il y avoit d'autres terres avec hautes montagnes. Mats voyans
qu'il n'y avoit point do passage, commentâmes& retourner faisamnotro
chemin le long de cette cote, et navigamcs,vimcs des Sauvages qut étoient
sur !o bordd'un lac qut est sur les terres basses, lesquels Sauvagesfaisoient
plusieurs feux. Nous allames là et trouvamesqu'il y avoit un Canal de mer
qui enfroit en ce !a< et mimes nos barques en l'un des bords de ce Canal.
Les Sauvages s'approchèrent de nous avec une de leurs barques, tt nous
apportèrentdes pièces de Loups-marins cuites, lesquelles ils mirent sur
des boises, et puis se retirèrent nous donnant & entendre qu'ils nous les
donnoïcnt. Nous envoyâmes des hommes en terre avec des mitaines, (')
couteau, chape!cts, et autres marchandises,' dcsqueUcs choses i!} M ré-
jouirent Infiniment, et aussitôt vinrent tout à coup au rivage eu nous
étions, avec leurs barques, appottans peaux et autres choses qu'Us
avoient pour avoir de nos marchandises, et étoïent p!us de trots cens
tant hommes quo femmes et enfans, Et voyons uno partie des femmes
qui no passèrent, lesquelles ëtoicnt jusques aux genoux dans la mer~
sautans et chantans. Les autres qut avotcnt passé là où étions v;'no!cnt
privément à nous frottans leurs bras avec leur Ma!n",et après les haus-
soient vers le ciel, sautans et rendans plusieurs signes de réjouissance, et
tellement s'assurèrent avec nous qu'enfin iistranquoientdcmain a main
de tout ce qu'ils avoient, en sorte qu'il ne leur resta autre chose que !o
corps tout nud, par ce qu'ils donnèrent tout ce qu'ils avoicnt, qui étoit
chose do peu de valeur. Nous connumes que cette gent se pourroit
aisément convertir notre Foy. Ils vent de lieu en autre, vivans do la
pcchc. Leur pais est plus chaud que n'est t'Espagnol) et !o plus beau
qu'il est possible de voir, tout egal et uni, et n'y a lieu s! petit ou n'y ait
des arbres, combien que ce soient sablons, et ou il n'y ait du froment
sauvage, qui a l'épie comme le seigle, et lo grain comme de l'avoine, et
des pois aussi épais comme s'ils y avoient semés et cultivés, du raisin
blanc et ronge avec la Cour blanche dessus, des fraises, mures, roses
rouges et blanches, et autres fleurs de plaisante, douée et agréable odeur.
Chapitre X'X.
D'une tutrt ~f<)io~) de Sauvagesde )cur< toustu'ntt tt de leurs t))!)n!tr< t*"t de
!tUftttt<<tMeduTCtttn)<:n<.
Etans certains qu'il n'y avait aucun passago far pc Ool<e, nmcs
voile et partliiies de ce lieu de Sain' 3/t)ffH, le Dimanche douzième do
Juiliet pour découvrir outre ce golfe, et allâmes vers Ust !c long do
cette côte environ dix-huit lieues jusques au Cap ~t Pft, o& nou<8
trouvamM le flot t~s-grand et fort peu de fond, la mer courroucée et
tcmpetucuw, et pour ce il nous faUut retirer terre entre le Cap susdit
et uno I!o vers Est environ UM lieuë do ce Cap, et nous mouittamcs
t'ancrc pour iccHo nuit. Le lendemain matin n'ucs voile en Intention
de circuir cette cote, !aqucMe est située ver~ le Nord et Nord-Est,
~na!9un\ent!!ur\intst contraire et impétueux qu'il nous fut néces-
saire retourner au lieu d'o~ nous étions partie et dcmewrame~
tout ce jour J'tsqucs au iendcmain que nous ftmcs voile, et ~nmcs au
tniticu d'un fleuve éloigné cinq ou six !!cuës du ~tt et étant
&utravcMdu<teuve, eûmes do rechef lovent contraire avec un grand
brouiiias et obscurité, tellement qu'il nous fallut entrer en ce <tcuv~
!e Mardi quatorzième du mois, et nous y demeurâmestt l'cntrëc jusqu'au
seizième attendans !o bon temps pour pouvoir sortir. Mais en Ce
de no$
se!)!!emCt jour qui étoit !c Jeudi, !c vent crut en telle Sorte qu'un
navires perdit une ancre, et pour ce nous fut besoin passer plus entre en
<~ 3 y
ce neuve quelques sept ou huit lieues pour gagner un bon port
eût bon fond, lequel nous avions été découvrir avec nos barques et pout
le thauva!~ tempi', tempête et obscurité qu'il fit, demeurâmesen ce port
jusqu'au vingt-cinquième sans pouvoir sortir, Cependant, nous vime)
(t)
une grande mu!t!tudo d'hommes sauvages qui pcchoicnt des tombes,
desquels il y a grande quantité ils étoient environ, quelques qoaranto
barques et tant en hommes, <cmmcs qu'cnfans~ plus de deux cens, lesquels
après qu'ils eurent quelque peu converse en tcrro 'avec nous, ve~oient
privemeut au bord de nos navires avec leurs barques, Nous leur donnions
(httph~XX.
Comme !« xotre* phnttrent âne grande Croit sur la Pointe de t'entrât dn Port, et
comme !e C"r!t<ae de <« Sauvages étant enfin <ppa)t< par un !ot)~ pettrp~rter
ttM notre Capitaine, tee~da~oe deux de M< enfant t!tS!tn< ttttc luy,
Le vingt-quatrième jour de Juillet, nous fîmesfaire une Croix haute
de (rente p!cdi<, et fut <a!to en la présence do p!ustcur9 d'iceux sur !<t
pointe de l'entrée de ce port, au milieu de hqucno mîmes un eeuMon
relevé avec Trois I-'kurs-dc-ï. et dessus etoit écrit en grosses lettres
entaillées en du bols, « V" Roy FRAXCE." Et après, !a
h
ptantamesen leur présence sur dite pointe, et la regardoient fort,
tant lors qu'on la fa!so!t que quand on la p~nto!t. Et l'ayans levée en
haut, nous nous ogcnouitMons tous, ayans les mains jo!nte<, l'adorans &
!eur vue, et leur faisions signe, regardans et montrans !e Ciel, que
d'iceHe dépcndoit notre Rédemption de laquelle chose ils 9'emervc~
lérent beaucoup se tournans entrcux, puis regardans cette croix. Mais
étans retournés en nos Navires, leur Capitaine vint avec une Barque
nous, vêtu d'une vieille peau d'Ours noir, avec ses trois n!s et un sien
frère, lesquels ne n'approchèrent si près du bord comme th avoient
accoutumé, et y fit une !on~c harangue montrans cette croix, et M".
taM!e oigne d'ieeUe avec deux doigts. Puis il montroit toute la terre
des environs, comme 9'H eut voutut dire qu'elle étoit toute â lut, et que
nous n'y devions planter cette Croix eans son congé. Sa harangue
finie, nous lut montrâmes une mitaine <e!gnans de lui vouloir donner en
échange de sa peau, à quoi il prit garde, et ainsi peu !t peu s'acccs~ du.
bord de nos Navires mais un de nos compagnonsqui étoit d~ns le
bateau, mit la main sur sa barque, et a l'instant sauta dedans avec deux
ou trois, et les contraignirent aussitôt d'entrer e& nos N&v!rcs, dont iht
furent tout étonnes. Ma!s!e Capitaine les assura qu'ils n'auroient
J ~Bt!.
<*) t.t hn~~tt d< ttt penp)« a thânfit,«r tujoard'hot ))* B< pM!tqtpoint~~«rt~.
aucun Ml, !cur montrant g'-an<t signe d'a'nit'e, tes f:U~n'! bou'o et
Manger avec bon aecueii. Kn âpres tcur donna-t-on à entendre par
eigncs, que cette Croix étoit !a plantée, pour donner quelque n~rquo
et connoissance pour pouvoir entrer en co port, et que nom y voulions
retourner en bref, et qu'appo~tertom des fcrrcmena et autres choses, et
que déi)!r!oM mener avec nous deux de ses fils, et qu'en après nous re-
tournerions en ce port. Ht a!n?! nom f!'nes Yet!r à ses fils a chacun
une chemise, un Sayon do codeur, et une toquo rouge, leur nattant
aussi h chacun une cha!nc de laiton au col, dont ils so contentèrentfort,
et donnèrent !curs vieux habita à ceux qut s'en retournoïent. Pu!~
ftmes prient d'une mitaine & chacun des troh que nous renvoyâmes et
de quelques couteaux ce qut leur apporta grande joie s iceux etana
retourner terre, et ayans raconté les nouvelles aux autres, environ sur
!c midi vinrent h nos Navires six de leur barques ayans chacun': cinq
avions re-
ou six hommes <~a venaient dire adieu à ceux que nous
tenue et leur apportèrentdu poisson, et teur tenoicnt plusieurs parole)
que nous n'entendions point, faisans signe qu'ils
n'otcroicnt point cctt'}
croix.
thttphn XXI,
Comme t~M bert <h Port tn«ti<, phtmicam derrière Cette Co~e, ttttsmM pOMt
thefth~r la Terre qui est titane ter* Su-Est et Kord-Ottftt.
Le !cndema:n,étant le vingt-cinquicmc jour du moh, se levit un bon
~ra6tica
vent, et nous mtmcs hof< du port. Etant hors du Oeuvc susdit,
Y'era Est .Nord-Est, d'autant que pr~ de l'embouchure de <~
~cuve,
h terrent un circuit, et faitunjotfc enfonce d'undcmt-ccr<e,cn
sorte que de nos Navires nous voyons toutcht&tc.dcn~rc
!:iqucUe
nous chcm:namcf,et nous tn;mcs chercher la terre située vers Ouest
et Nor-Ouest, et y avait un autre pareil golfe d:s(ant vingt !icues
dt
dit neuve.
~h«)'t<te xxn.
pt$ Cal)s St Lo)))t et de MQut~orcBcy, et de qM~tt e"tm Ttfr« ) << comme une
de BOt bM<)')t< ayant h<urttt (cnMfn~taeit xe!« de ~efeu(f<
y~u~ tUa&M9 donc !c to"g de cette terre qui est, comntc nous avons
dit, située au Su-E~t et Nor.0ue')t, tt deux jours apr~ nous vïm~) un
autre Cap où la terre commence à se tourner vers l'Est, et allâmes le
long d'icelle quelque seize lieues, et de la cette terre commence à tour-
ner vers !o Nord, et à trois lieues de ce Cap y a fond de vingt-quatre
brasses de plomb. Ces terres sont plattes, et les plus découvertes de
bois que nous ayons encore pu voir il y a de belles prairies et carn.
pagnes tr~s-vertcs. Ce Cap fut nommé Cap de Saint
~OMM, pour ce
qu'en ce jour l'on célébroit sa fcte, et est~au quarante-neuvièmedegré et
demi de latitude, et de longitude. Ce jour au matin, nous
étions vers l'Est de ce Cap, et allâmes vers Nor-Ouest pour approcher
de cette terre, étant presque nuit, et trouvâmes qu'elle regardoit le
Nord et le Sud. Depuis ce C~ Saint ~<w~ jusques à un' autre,
nommé le Cap de -MbKfMMMKC:, y a quelques quinze lieuës, la. terre
voulûmes sonder le fond
commence à tourner vers Nor-Ouest. Nous
à trois lieuës près de ce Cap mais nous ne le pumes trouver, avec cent
cinquante brasses, et pour ce allames le long de cette terre environ dix
lieuës jusqu'à la latitude de cinquante dégrés.
Le Samedi ensuivant étant le premier jour d'Août, au lever du Soleil
connûmes et vîmes d'autres terres qui nous restoient du côté du Nord et
Nord-Est, lesquelles étoient très-hautes et coupées, et sembloient être
montagnes, entre lesquellesil y avoient d'autres terres basses ayars bois
et rivières. Nous passâmes autour de ces terres tant d'un côte que
d'autre tiram vers Nor-Ouest, pour voir s'il y avoit quelque Golfe ou bien
quelque passage. D'une terre à l'autre y a environ quinze lieuës, et le
mitan est au cinquante et un tiers degré do latitude, et nous fut très-
dimcile de pouvoir faire plus de einqllcuës à cause de la marée qui nous
étoit contraire et des grands vents qui y sont ordinairement. Nous ne
passâmesoutre les cinq lieuës d'oùl'on voyoit aisément la terre de part en
part. laquelle commence là à s'élargir. Mais d'autant que nous ne faisions
autre chose qu'aller et venir selon le vent, nous tirames pour cette raison
Sud, qui étoit le
vers la terre pour tâcher de gagner un Cap vers le
plus loin et le plus avancé en mer que nous pussions découvrir, et étoit
distant de nous environ quinze IIeuës mais étans proches de là, tr<
vames que c'étoient rochers, pierres et écueits, ce que nous n'avions en-
core point trouvé aux lieux ou nous avions été auparavant vers le Sud,
depuis le Cap Saint Jean et pour lors étoit la marée qui nous portoit
contre le vent vers l'Ouest. De manière que navigans le long de cette
cote, une de nos barques heurta contre un écueil, et ne laissa de passer
outre, mais il nous fallut tous sortir hors pour ia mettrela marée.
Chapitre XXIII.
deUbemtAe.
Ccmme ty~ht consulté ce qui estoit !e plus expédient de faire, nous
notre retour; du Détroit de St. Pierre, et da Cap de Tiennot.
'Ayàns navigué le long de cette côte environ deux heures, la maréo
survint avec telle impétuosité qu'il ne nous fut jamais possible dé passer
avec treize avirons outre la longueur
d'un jet de pierre; si bien qu'il nous
fallut quitter les barques et y laisser partie de nos gens pour la gàrde,
où
et marcher par terre quelque dix ou douze lieuës jusqu'à ce Cap,
là à s'abbaisser vers Sur-
nous trouvames que cette terre commence
Ouest. Ce qu'ayons vus, et étans retournésà nos barques, revinmes à
pcnsoient toujours pouvoir
nos navires qui étoient ja à la voile qui
de plus de quatre
passer outre mais ils étoient avallés à cause du vent
lieuës du lieu ou nous les avions laissés, ou étans arrivés fîmes assembler
tous les Capitaines, mariniers, maitres et compagnons pour avoir l'avis
et conseil de ce qui étoit le plus expédient à faire. Mais après qu'un
chacun eut parlé, l'on considéra que les grands vents d'Est commen~oient
à régner et devenir violents, et que le flot étoit si grand que nous ne
faisions plus que ravaller, et qu'il n'étoit possible pour lors de gagner
aucune chose même que les tempêtes commcn~oient à
s'élever en cette
saison en la Terre-Neuve, que nous étions de lointain pais, et ne savions
les hazards et dangers du retour, et pour ce qu'il étoit temps de se retirer,
ou bien s'arrêter là pour tout le reste de l'année.
Outre cela, nous
discourions en cette sorte que si un changement de vent de Nord nous
surprenoit, il ne seroit possible de partir. Lesquels avis ouïs et bien
considérés, nous firent entrer en délibération certaine de nous en
retourner. Et pour ce que le jour de la fête de Saint Pierre nous
entrames en ce Détroit, nous l'appellames à cette occasion Détroit de
&!tMt\PMfM, (*) où ayant jeté la sondé en plusieurs lieux, trouvames
près de terre, soixante
en aucun cent cinquante brasses, autres cent, et
vent à
avec bon fond. Depuis ce jour jusqu'au Mercredi nous eûmes
souhait, et circuimes la dite terre du côté du Nord, Est-Sud-Ouest,
Ouest et Nor-Ouest car telle est son assiette, hormis la longueur d'un
Cap de terres basses qui est plus tourné vers Su-Est, éloigné à environ
vingt-cinq lieuës du dit détroit. En ce lieu nous vîmes de la fumée qui
étoit faite par les gens de ce pais au-dessusde ce Cap, mais pour ce que
le vent ne cingloit vers la côte nous ne les accostâmes point, et eux
vinrent a
voyans que nous n'approchions d'eux, douze de leurs hommes
aussi librement de nous
nous avec deux barques, lesquels s'accostèrent
eh"p:tre -XJTtV.
` AU ROY TRES-CHRETIEN.
Chapitre 1.
P~paratioo j« Capitaine Jacques Quartier, et des siens pour le voyagé de rerre-
~enTe- Emharquement. De
ment <e h grande Rivière de
t'e ~nx Oiseaux. Découvertesjasqu'aa commence-
Canada, appellée par les Sauvages Hochehga.
Le Dimanche jour et feste de la Pendecoste, seizième jour de May
audit an mil cmq cens trente-cinq, du commandement du Ca.pitauie et
bon vouloir de tous, chacun confessa et reçûmes tous ensemble notre
se
Créateur en l'EgHsc Cathédrale du dit Si)!n~ Malo; après lequel ~voi)'
reçu, fume~nous présenter au chœur de la dite Eglise devant Révérend
Père en Dieu, Monsieur de Sainct Malo, lequel en son estât Episcopal
nous donna sa bénédiction.
Le Mercrediensuivant dix-neuvièmejour de May, 1& vent vint bon et
convenable, et appareillasmesavecq les trois Navires~ savoir la grande
Hermine, du port d'envyron cent à six-vingt tonneaux, oh estoit le dit
Capitaine Général, et pour Maistre Thomas Frosmont, Claude de Pont-
Briand, fils du Seigneur de Montcevelles, et Echanson de Monseigneur
le Dauphin, Charles de la Pommeraye, Jean Poulet, et autres gentils-
hommes. Au second Navire nommé La petite .No'MtMc, du port d'environ
soixante tonneaux, estoit Capitaine soubs le dit Quartier, Marc Jalobert
Navire nommé
et Maistre GulUaume le Marie, et au tiers, et plus petit
Z'.EmenHeK, du port d'environ quarante tonneaux, en estoit Capitaine
Guillaume le Breton, et Maistre Jacques Maingart, Et navigasmes, avec
bon temps jusques au ving-sixièmc du di~ mois de May que le temps se
tourna en ire et tourmente, qui nous a duré en vents contraires et
scrralsons autant que jamais Navires qui passassent la dite mer eussent,
vingt-cinquième jour do Juin
sans aucun amendement, tellement que le
entreperdimes tous trois, sans
par le dit mauvais temps et serralsons, nous
que nous ayons eu nouvelles les uns des autres jusques
à la T~T~~M~
là où nous avyons limité nous trouver tous ensemble.
Et depuis nous être entreperdus, avons été avec la Nef géneralle par
la mer de tous vents contraires jusqu'au septième jour de Juillet que
à Zr'~
nous arrivasmes à la dite 2~-M-WeMM et prismes terre
Oiseaulx, (*) laquelle est à quatorze lieuës de la grande terre laquelle
Isle est si très-pleine d'Oiseaux, que tous les Navires de France y
pourroient facilementfhr.rger sans qu'on s'apperceut qu'on n'en n'eut
tiré et H en prismes deux barquées pour parties de nos victuailles.
Icelle Isle est en l'élévation du Polle en quarante neuf dégrés quarante
minutes. Et le huitième jour du dit mois nous apparculasmos de la dite
Isle, et avecque bon temps vinsmes au Hable de B!<M<M<M, estait en
la Baie des CM<e<tM. le quinzième jour du dit mois, qui est le lieu où
nous deviens nous rendre auquel lieu fusmes attendant nos compagnons
jusques au vingt-sixième jour du dit mois qu'ils arrivèrent tous deux
ensemble et là nous accoustrasmes et prismes chacun eaux, bois et
autres choses nécessaires et appareillasmeset fismes voile pour passer
outre le vingt-neuvième jour du dit mois à l'aube du jour, et fismes
porter le long de la Coste du Nord gisante Est-Nord-Est, et Ouest-
Sur-Ouest,jusques environ les huit heures du soir que mismes les voiles
bas le travers de deux Isles qui s'avancent plus hors que les autres, que
<SftMtc~ G~MM~, lesquelles sont environ
nous nommasmes les Isles les
vingt lieues outre le Hâble de .Bf< Le tout de la dite coste depu:s
C'MtMM.cjusques ici, gist Est-Nord-Est,et Ouest-Sur Ouest, rangée de
plusieurs Isles et terres, toutes hachées et pierreuses, sans aucunes terres,
ny bois, fors en aucunes vallées.
Le lendemain, pénultième jour du dit mois, nous fismes courir à Ouest
demeuroient environ
pour avoir congnoissance d'autres Isles qui nous
douze lieues et demie s entre lesquelles Isles se fait une couche vers le
(') M"M!(.
(t)M<m<JoH.
()) OapeMe que c'est le Havre «e MtH~an.
~t) C'e~t-:L-dire,pou[mtrqae.
vinsmes querir la terre du Su vers le Cap f?a ~a6<M<, lequel est distantdu
dit h&Mc environ vingt lieuës, gisant Nord, Nord-Est et Su-Sur-Oucst.
Et le lendemain,le vent vint contraire et pour ce que ne trouvasmcsnul
hâble à la dite terre du Su, nsmes porter vers le Nort outre le précèdent
hâble d'environ dix lieuës, où trouvasmes une fort belle et grandebayo
pleine d'Mes et bonnes entreet et posâge de tous les temps qu'il pourrait
faire, et pour cognoissance d'icelle baye, y a une grande Me comme un
Cap de terre qui s'avance plus hors que les autres et sur la terre environ
deux lieues, y a une montagne faicte comme un tas de blé. Noua nom-
mâmes la dite baye La Baye Saint Zaw~. (*)
Le quatorzième du dit mois, nous partismes de la dite Baye Sainct
Laurent, et fismes porter a Ouest, et vmsmes quérir un Cap do terre
devera le Su, qui gist environ l'Ouest un quart de Sur-Ouest du dit
hâble dé Saint Laurent environ vingt-cinq lieuëa, Et par les ~dcux
Sauvages qu'avionspria le premier voyage nous fut dit, que e'étoit do la
terre devers le Su, et que c'étoit une isie, et que par le Su d'icelle étoit
le chemin à aller de~foHyMC< où nous les avions pris le premier voyage,
à Canada et qu'a deux journées delà du dit Cap et Isle, commcn~oit le
Royaume de ~t~MKay, a. la terre devers le Nord allant vers le dit
Canada. Le travers du dit Cap environ trois lieuës, y a de profond cent
brasses et plus, et n'est mémoirede jamais avoir v& tant de Baillâmes (f)
que nous vismes cette journée le travçrs du dit Cap.
Le lendemain jour de Notre-dame d'Aoust, quinzième du dit mois,
nous passasmes le détroit la nuit devant, et le lendemain eumes
cognoissamcedes terres qui nous demeuroient vers le Su, qui est une terre
hautes montagnes à merveilles, dont le Cap susdit de la dite Isie que
nous avons nommée L'7~<~ F~MoatpftOK, (~) et un Cap des dites hautes
terres gisent Est-Nord-Est, et Ouest-Sur-Ouest:et y a entre eux, vingt-
cinq lieuës, et voit-on les terres du Nord encore plus hautes que celles
du Su plus de trente lieuës. Nous rangeames les dites terres du Su
dempuis le dit jour jusques au mardi midi que le vent vint Ouest, et
mismes le cap au Nort pour aller querir les dites hautes terres quo
voyons et nous estans là, trouvasmesles dites terres unies et basses vers
la mer et les montagnes de devers le Nort par sus les dites basses terres,
gisantes icelles Est et Ouest un quart de Sur-Ouest et par les Sauvages
qu'avions, nous a été dit, que e'étoit le commencementdu &!y<MtM!y et
terre habitée, et que de là venoit le Cuivre rouge, qu'ils appellent
C~M~<& TI y a entre les terres du Su et celles du Nort,' environ
(') On pense que c'est la RivièredesSt.Baleines.
Jean sur la côte de Labrador.
(*) Ce Mnt vraisemblablement
(t) Appelée par les Sauvages A'afMMfff,et dfpuis par tes Européens~tt'eofM-
trehte t!eues, et plus de deux cens brasses de parfond. Et nous ont les
Sauvages certifié, cstre le chemin et commencementdu grand Fleuve de
.HocMoyo et chemin du Canada, lequel aUoît toujours en 6troîssissant
jusqucs à Canada; et puis, que l'on trouve l'eau douée au dit ne~ve, qui
va si long, que jamais hpmme n'avoit été au bout, qu'ils eussent ouï, et
qu'autre passage n'y avoit que par battcaux. Et voyans leur dire, "t
qu'ils aSrmoient n'y avoir autre passage, no voulut le dit Capitaine
passer outre jusques a avoir veu le reste et coste de devers le Nord,
qu'il avc'it obmis à voir depuis ta 2?~ ~Htct Laurent pour aller voir la.
terre du Su, pour voir s'il y avoit aucun passage.
ChapitreH.
Comment notre Capitaine Sst retourner tes Navire: en erri&re ]<Kquet d'avoir con.
Boiseamce de la Baie St. Laurent, ponr voir <'it y avait aucun
passage rere !e
Nord.
t
Le Mercredi, dix-huitième jour d'Aoust, ledit Capitaine fist retour-
ner les Navires en arrière, et mettre le Cap de l'autre bord, et rangea-
mes ladite côte du Nord, qui git Nord-Est et Sur-Ouest, faisant un
demi Arc, qui est une terre fort haute, non tant comme celle du Su, et
arrIvasmGs le Jeudi à sept Mes moult hautes, que nous nommasmes
?M~ .B(MM~,(*) qui sont environ quarante lieues des terres du Su,
et s'avancent hors à la mer trois ou quatre lieues le travers desquelles
il y a un commencementde basses terres pleines de beaux arbres, les-
quelles terres nous rangeasmes le Vendredi avec nos barques le tra-
vers desquellesy a plusieurs bancs de sablon plus de deux lieues à la
mer, fort dangereux, lesquels demeurent de basse mer et
au bout
d'icelles basses terres, (qui contiennent environ dix lieues) y a une ri-
vière d'eau douce sortante la mer, tellement qu'a plus d'une lieuë do
terre, elle est aussi douce qu'eau de fontaine. Nous entrasmés dans
la dite rivière avec nos barques, et ne trouvasmcs à l'entrée que brasse
et demie, n y a dedans la dite rivière, plusieurs poissons qui ont forme
de cheveaux, ~) lesquels vont laterre de nuit, et de jour la
mer,
ainsi qu'il nous fut dit par nos deux Sauvages et de ces dits poissons,
vismes grand nombre dedans la dite rMère.
Le lendemain vingt et unième jour du dit mois, au math) t'aube
du jour Smes voile, et porter le long de la dite côte tant que nous
('~ Ce sont tes &~ J~M.
(t) Ce sont des Hippotames eu ChevMx de [iYiere.–~MM~of.
eûmes connoissance de la reste d'icelle coste du Nord que n'avions vcu,
et de 1'7<~ de !Mompf~ que nous avions ésté querir au partir do la
dite terre; et lors que nous fumes certains que la dite coste estait
rangée, et qu'il n'y avoit nul passage, retonrnasmcs à nos Navires qui
estoient Es dites Sept Isles, où il y a bonnes rades à dix-huit et & vingt
brasses, et Sablon auquel lieu avons été sans pouvoir sortir, ni faire
:voile pour la cause des bruines et vents contraires, jusques au vingt-
quatrième dudit mois, que nous appareillasmes,et avons été à la mer
chemin faisans jusques au vingt-neuvième dudit mois, que nous sommes
arrivés à un hàble de la Côte du Su, qui est environ quatre-vingtlieuës
des dites Sept Isles, lequel est le travers de trois lies petites et plates
qui sont par le parmi du fleuve; et environ le mi-chemin des dites Isles,
et le dit Hâble, devers le Nord, y a une fort grande Rivière, qui est
entre les hautes et basses terres, laquelle fait plusieurs bancs a la mer à
plus de trois lieuës, qui est un pays fort dangéreux, et sonne de deux
brasses et moins, et à la choite d'iceux bancs trouverez vingt-cinq et
trente brasses bort à bort. Toute cette coste du Nord gist Nord Nord-
Est, et Sur-Ouest.
Le Hâble devant dit où posâmes, qui est a la terre du Su, est hâble
de marée, et de peu de valeur. Nous les nommasmes les 7~Ma.c ?.
Jean, (*) parceque nous y entrâmes le jour de la décollation du dit
Saint. Et auparavant qu'arriver audit Hâble, y a une Ho l'Est d'ice-
lui, environ cinq lieuës, où il n'y point de passage entre terre et elle
que par bateaux. Le dit hâble des Z~a!<~ ?. Je~ assèche toutes les
marées, et y marine l'eau fie deux brasses. Le meilleur lieu & mettre
Navires est vers le Su d'un petit ilot, qui est au parmi du dit hâMe~ bord
au dit îlot.
Nous appareulasmes du dit Hâble, le premier jour de Septembre pour
aller vers Canada. Et environ quinze lieues du dit Hâble, l'Ouest
Sur. Ouest, y a trois Iles au parmi du dit fleuve, le travers desquelles y a
une rivière fort profonde et courante, qui est la rivière et chemin'du
Royaume et terre de <S'oyMe!My, ainsi qui nous a été dit par nos hommes
du pais de C'a~ad~. Et est icelle rivière entre hautes montagnes de pierre
nue, et sans y avoir que peu de terre et nonobstant y croît grande
quantité d'arbres, et de plusieurs sortes, qui croissent sur la dite
pierre nue comme sur bonne terre. De sorte, que nous y avons vus
telle arbre susffisant à master navire de trente tonneaux, aussi vert qu'il
est possible, lequel était sur un roc, sans y avoir aucune saveur de
terre.
(*) Ltscarbot pense, ~e ce sont les !!cs du Bie, ~M'it aj'peUe !c Fic.
A Fcntr~e d'icelle rivière trouvasmesquatre barques de Canada qui
cstoiont I& venuespour &!re pêcherie de Loups-marins, et autres pois-
sons. Et nous estans posés djdans la dite rivière, vinrent
deux de)
dites barques vers nos Navires, lesquelles venoient en une peur et
crainte, de sorte qu'il en ressortit une, et l'autre approcha si près, qu'ils
peurent entendre l'un de nos sauvages, qui se nomma, et fit sa connois-
sance, et les fit venir seurement a bord.
Le lendemain, deuxième jour du dit mois de Septembre, nous sorUmes
hors de la dite rivière pour faire le chemin vers Canada, et trouvasmes
la marée fort courante et dangéreuse, pour ce que devers le Su de la dite
Rivière y a deux Iles, (') a l'entour desquelles à plus de trois lieues, n'y
a que deux ou trois brasses, semées de gros perrons comme ~onneMX et
pipes, et les marées décevantes par entre les dites nés de sorte que cm-
dames y perdre notre Gallion, sinon le secours de nos barques et Ma
choiste des dits plateis, y a de proR)nd trente brasses et plus. Passé la
dite rivière de ~<M!MM<)j~et les dites Mes, environ cinq Ucuës vers le
Sur-Ouest y a une autre Ile vers le Nord, aux côtes de laquelle y a de
moult hautes terres, le travers desquelles nous cuidames poser l'ancré
pour estaller l'Ebe, et n'y'pumes trouver le fond à six vingts-braases, à
un trait d'arc de terre de sorte que fumes contraints de retourner vers
la dite lie, ou posâmes trente cinq brasses, et beau fond.
Le lendemain au matin fismes voile, et appareillasmes pour passer
outre, et eûmes connoissance d'une sorte de poissons, desquels il n'est
mémoire d'homme d'avoir vu ni oui. Les dits poissons sont aussi gros
que Morrues, sans avoir aucun estoc, et sont assez faits par le corps et
tête de la façon d'un lévrier, aussi Mânes comme neige, sans ajucune
tache, et y en a moult grand nombre dedans le dit fleuve, qui vivent
entre la mer et l'eau.douce. Les gens du pays les nomment ~l<~o(Att~,
et nous ont dit qu'ils sont fori bons à manger, et si nous ont aiHrme n'y
en avoir en tout le dit fleuve ni pays qu'en cet endroit.
Le sixième jour du dit mois, avec bon vent nmes courir à mont le dit
neuve environ quinze lieuës, et vimmes poser une Be qui est bort là
terre du Nord, laquelle fait une petite baie et couche de terre, à la-
quelle y a un nombre inestimablede grandes tortues, qui sont es environs
d'icelle ne. Pareillement par ceux du pais se fait ès environs d'iceBe î!e,
grande pêcherie des Adhothuis cy devant écrits. II y aussi grand courant
ès environsde la dite Isle, comme devant Bordeaux, de flot et ébe. Icelle
(*~L'MeRoBgeett'ïs!eB)anchc.
e
Ile contient environ trois lieuësde long, et deux de large, et est une fort
bonne terre et grasse, pleine de beaux et grands arbres de plusieurs
sortes entres autres y a plusieurs Coudresfranches que trouvasmes fort
chargées de Noizilles aussi grosses et de meilleur saveur que les nostres,
mais un peu plus dures. Et pour ce la nommâmes l'-Me C'CM<
Le septièmejour du dit mois, jour de Notre-Dame, après avoir oui la
Messe, nous partimes de la dite Me pour aller a-mont le dit fleuve, et
vinmes quatorze Isles (*) qui estoient distantes de la dite -Me
(~M<~ de sept à huit lieuës, qui est le commencement de la terre et
province de C'a~M~a desquelles y en a une grande d'environ dix lieues
de long, et cinq de large, (f) où il y a gens demeurans qui font grande
pêcherie de tous les poissons qui sont dans le dit fleuve selon les saisons,
de quoy sera fait cy-après mention. Nous estans posés et a l'ancré entre
icelle grande tsie et la terre du Nord, fumes à terre et portâmes les deux
hommes que nous avions pris lo précèdent voyage, et trouvasmes
plusieurs gens du païs, lesquels commencèrent à fuir, et no voulurent
approcher jusqu'à ce que les dits deux hommes commencèrent a parler
et à leur dire qu'ils estoient ~~«~~ et .Cornait ? et lorsqu'ils
eurent cognoisaance d'eux, commencèrent a faire grand'chcre, dan&ans et
faisans plusieurs cérémonies, et vindrent partie des principaux à nos
bateaux, lesquels nous apportèrent force anguilles, et autres poissons,
avec deux ou trois charges de gros mil, qui est le
pain duquel ils vivent
en la dite terré, et plusieurs gros melons, Et icelle journée vindrent
'nos Navires plusieurs barques du dit pais, chargées de gêna, tant
hommes que femmes pour faire chère à nos deux hommes, lesquels
furent tous bien re~us par le dit Capitaine qui les festoya de ce qu'M put.
Et pour faire sa cognoissance, leur donna aucuns petits présens de peu
dé valeur, desquels se contentèrent fort.
Le lendemain le Seigneur de C~K<K?a, nommé .DotMMMOtMen nom,
et l'appellant pour Seigneur ~OM~aKKa, vint avec douze barques,
accompagné de plusieurs gens devant nos Navires, puis en fit re-
tirer en arrière dix, et vin~ seulement avecque deux à bord des dits
Navires, accompagné de ses hommes s et commenta le dit ~4y<M<-
~M?<<t le travers du plus petit de nos Navires faire une prÉdica-
(*) CM HM sont l'lie d'Orléans, t'Mc aux Grues, F!Ie aux Oies, l'lie Madame,
t'He aux Reaux, rHe Ste. Marguerite,la Grosse Me, et autres de moindre !mpor-
tance.
(t) C'est J.'J!e d'Orléans,à laqnelle Quartier donne ici près du double de ('éten-
due qn'et)e s'a effectivement en longueur, et près du triple en largeur car elle a un
peu nioint de sept lieues de !ong, sur une lieue et demie dans sa plus grande largeur,
K
ttOtl et preschcmcnt & leur mode, en démenant son corps et membres
d'une merveilleuse sorte, qui est une cérémonie de joie et assu-
fance. Et lorsqu'il fut arrivé a la nef générale ou estoientles dits
TM~MM~ et 7)om<T~at, parla le dit Seigneur eux, et eux & lui,
et lui commencèrent a conter ce qu'ils avoient vu en France, et le
bon traitement qui leur avoit été fait de quoy fut le dit Seigneur fort
joyeux, et pria le Capitaine de luy bailler ses bras pour les baiser, et
sccollcr, qui est leur mode de faire chère en la dite terre. Et lors le dit
Capitaine entra dedans la barque du dit .~<M<A<MMM, et commanda qu'on
apporta pain et vin pour faire boire et manger le dit Seigneur et sa bande.
Ce qui fut fait. Do quoy furent fort contents et pour lors ne fut autre
présent fait au dit Seigneur, attendant lieu et temps. Après lesquelles
choses faites se départirent les uns des autres, et prirent congé, et se
retira le dit ~0!tX<ïMK<ta ses barques, pour soy retirer et aller en son lieu.
Et pareillement le dit Capitaine fit apprester nos barques pour passer
outre, et aller à-mont le dit fleuve avec le flot pour chercher hâble et Heu
de sauveté pour mettre les Navires et fusmes outre le dit fleuve environ
dix lieues, cotoyansla dite Isle,(*)etau bout d'icelle trouvasmesun ~Sburo
d'eau fort beau et plaisant, auquel lieu y a une petite rivière, et hâble de
barre marinant de deux à trois brasses, que trouvasmeslieu à nous propice
pour mettre nos dits Navires à sauveté, Nous nommasmes le dit Heu
Sainte C~OM*, (~) parce que le dit jour y arrivasmes. Auprès d'icelui lieu,
y a un peuple dont est Seigneur Donnacona, et y est sa demeurance, la-
queUe se nomme <S~!J<!COK~,(~)qui est aussi bonne terre qu'il soit possible
de voir et bien fructiC~rante, pleine de moult beaux arbres de la nature et
sorte de France comme chesnes, ormes, fresnes, noyers, pruniers, i&,
cèdres, vignes, aubépines, qui portent fruit aussi gros que prunes de
damas, et autres arbres, sous lesquels croît aussi bon chanvre que celui
dé France, lequel vient sans semence ni labeur, Après avoir visité le
dit lieu et trouve estre convenable,se retira le dit Capitaine et les autres
dedans les barques pour retourner aux Navires; et ainsi que sortunes
hors la dite rivière, trouvasmes au devant de nous l'un des Seigneurs d~t
dit peuple de ~{<!<~co~, accompagnéde plusieurs gens tant hommes que
femmes, )equel Seigneur commenta à faire un preschement la
fa~on et
mode du pais, qui est joie et assurance, et les femmes dansoient et
{
(*) C'est l'étendue que Quartier donne ptM pu moins à PHe (POr!êM)S.
(t) Ce lieu de Ste. Croix est évidemment la JHoMre St. CAartM d'aujourd'hui. Elle
~taitau<]-efpM)'ppe!eep!tr!esSaat!'g€sCaKr-Cpf6a<, raison des tonn etd~touM
qu'elle fait en serpentant mfue les RR. PP. Récollets vers 16t' lui donnës'ent le
nom de S<. Ct<!)'!«, en mémoirede Messire Charles Des Boues, Grand-Victate de
Pantoise, et Fondateur de leurs Missions en taNonveXe-France.
(t) Le Chapitre XIII contient une plus ample description de Sf<t<!e<'0))e.
çhantoient sans cesse, étant en l'eau jusques aux genoux, Le Capitaine
voyant leur bonne humeur et bon vouloir,Est approcher la barque où il
estoit, et I~ur donna des couteaux et petites patenostres de verre, de
quoy menÈrent une merveilleusejoie de sorte que nous estant départis
d'avec eux, distans d'une lieuë environ, les oyons chanter, danser et
mener fest~ de notre venue.
Chapitre Ht.
Comme !e Capitaine retourna MX Navires et aUa retoir t'ïste. La grandeur et natare
d'icelle et comme il fist mener les dits Navires à la Ririêre Sainete Croix.
Après que nous fusmes arrivés avec les barques aux dits Navires, et
retournés de la Rivière ;S'<7M:c~ Croix, le Capitaine 'commanda apprester
les dites barques pour aller à terre à.' la dite' Me voir les arbres (qui
!emblo!ent voir fort beaux) et la nature de la. terre d'icelle ce qui
'ut fait; et estant à la dite Me, la trouvastncapleine de fort beaux arbres,
:omme chênes, ormes, pins, cèdres et autres bois de la sorte des nostres,
;t pareillement y trouvasmes force vignes, ce que n'avions vu par ci-
levant en toute la terre et pour ce, la nommasmes Z'.Z~ .BoccXtM ? (*)
celle Isle tient de longueur environ douze Ueuës, et est moult belle
terre et unie, pleine de bois, sans y avoir aucun labourage, fors qu'il y a
petites maisons où ils font pêcherie, comme par ci-devant est fait mention.
Le lendemain partismes avec nos dits Navires pour les mener au dit
ieu de./S~, Croix, et y arrivames le lendemainquatorzième du dit mo!s,et
vinrent audevant de nous les dits DoMH<M<MM, T'a~MM~KM et -DoMMMMwa,
~vec vingt-cinq barques chargéesde gens, lesquels venolcnt du lieu d'ou
étions partis, et alloient, au dit <S!<K&MOKe où est leur demeurance et
~nrent tous à nos Navires faisans plusieurs signes de joie, fors les deux
lommes qu'avions apporté, savoir T~tMM~H~et Z~omay~a, lesquels
itoient tout changea de propos et de courage, et ne voulurent entrer
lans nos dits Navires, nonobstant qu'ils en fussent plusieurs fois priés
te quoi ensmes aucune denance. Le Capitaine leur demanda, s'ils
rouloient aller (comme ils lui avoient promis) avec lui à .HocM~ra, et
Js répondirent que oui, et qu'ils étoient délibérés d'y. aller, et alors
ihacun se retira.
Et le lendemain quinzième du dit mois, le Capitaine accompagnade
)lusienrs da ses gens fut à terre pour faire planter balises et merches,
Chapttrc BV.
Comment les dits DonnMona~TaigNrtgnyettntrMaông&rentant SBCssé, ttSsMnt
babiller trois hommes en guise de diables, feignans estre venua de par Codbuagny
leur Dieu, pour nous empêcher d'aller à Hochelaga.
Le lendemain dix-huitième jour du dit mois de Septembre, pour nous
cuider toujours empêcher d'aller à .HocMetya, songèrent une grande
finesse, <~ui fut telle ils firent habiller trois hommes en la fa~on de trois
diables, lesquels étoient vêtus de peaux de chiens, noires et blanches, et
avoient cornes aussi longues que le bras, et étoient peints par le visage
de noir comme du charbon, et les fisrent mettre dans une de leurs banques
à notre iMcu puis vinrent avec leur bande, comme avoient de coutume,
auprès de nos Navires, et se tinrent dedans le bois sans apparôitre environ'
deux heures, attendans que l'heure et marée fat venue pour l'arrivée de
,!a dite barque à laquelleheure sortirent tous, et se présentèrentdevant
nos dits Navires, sans eux approcher ainsi qu'ils souloientfaire. Et com-
tnen~ ?TM~H'<y à saluer le Capitaine,lequel lui demanda s'il ~mloit
avoir le bateau, à quoilui répondit le dit T~MM~t~ que non pour l'heure,
mais que tantôt il entreroit dedans les dits Navires, Et incontinent
arriva la dite barque, où étoient les dits trois hommes apparaissansestre
trois diables, ayant de grandes cornes sur leurs têtes,' et faisoient celui
du milieu, en venant, un merveilleux sermon, et passèrent le long de
nos Navires avec leur dite barque, sans aucunement tournèr leur vue vers
nous, et aBèrent assener et donner en terre avec leur dite barque et
tout incontinent le dit .P(M!M<M<~ et ses gens prirent la dite barque et
les dits hommes, lesquels s'étolent laissés cheoir au fond d'icelle, comme
gens morts, et portèrent le tout ensemble dans le bois, qui estoit distant
des dits Navires d'un jet de pierre, et ne demeura une seule personne,que
tous ne se retirassent dedans le dit bois. Et eux estant retirés commen-
tèrent une prédication etpreschementquenous oyons denos Navires, qui
dura environ demie heure. Après laquelle sortirent le dit 2~MM~y et
.D<)))Mtyd~adu dit bois marchans vers nous, ayant leurs mains jointes, et
leurs chapeaux sous leurs coudes, faisant Une grande admiration et
comment !e dit 2~~ri<r<ty<~à dire et proférer trois foisJésus, Jésus,
Jésus, lovant Ïe~ yeux vers le ciel. Puia DoNtMay~ commença à dire
Jésus, Maria, Jacques Cartier, regardant le Ciel comme t'autre. Et le
Capitaine voyant leurs mines et cérémonies,leur commenta demander
qu'il y avoit, et que c'cstolt qui estoit purvenu de nouveau lesquels ré-
pondirent, qu'il y avoit de piteuses nouvelles, en disant NennI est-il
bon ? (c'est-a-dirc, qu'cilea ne sont point bonnes.) Et le Capitaine leur
demanda derechef que c'estoit et ils lui dirent, que leur Dieu nomme
(MoMt~Ky avait parlé H<?cM<~<~ et que les trois hommes devant dits
estoient venus de par lui leur annoncer les nouvelles, et qu'il y avoit
tant de glaces et ne!ge9, qu'Us mourroient tous. Desquellesparoles nous
prismes tous & rire, et leur dire que C'M<~M<~Ky n'étoit qu'un sot, et
qu'il ne savoit ce qu'il disoit, et qu'ils le dissent à ses messagers, et que
Jésus les garderoit bien du froid s'ils lui vouloient croire et lors le
dit T~rMf~m!/ et son compagnondemandèrent au dit Capitaine s'il avoît
parlé à. Jésus; et il répondit que ses prêtres y avoient parlé, et qu'il
feroit beau temps. De quoi remercièrent fort le dit Capitaine, et s'en
retournèrent dedans le bois dire les nouvelles aux autres, lesquels sor.
tirentdu dit bois tout incontinent, feignans être joyeux des dites paroles.
Et pour montrer qu'ils en estoient joyeux, tout incontinentqu'ils furent
devant les Navires, commencèrent d'une communevoix à faire trois cris
Bt hurlemens, qui est leur Mgne de joie, et se prirent à danser et ch&nter
comme avoient de coutume. Mais par résolution les dits Ï~M~Mrc~ity et
D(W!<!y<tMdirent au dit Capitaine, que le dit Donnacona ne vouloit point
aue nul d'eux allast à BbcMo~a avec lui, s'il ne bailloit plège qui demeu-
rât terre avec le, dit .D~MMM~Mt. A quoi leur répondit le Capitaine, que
s'ils n'estoient délibérés d'y aller de bon courage, qu'ils dcmeurasaent)
3t que pour eux ne laisseroient mettre peine à y aller.
Chapitre V.
comment le Capitaineet tous les Gentilshommes,avecque cinquanteMariniers par.
tirent de la province de Canada, Mecq le Gallionet les deux barques, pour aller
à Hbchettg'a~et de ce qui fut veu entre-dentx sur ledict Fleuve.
Le lendemain dix-neuvième jour du dit mois de Septembre comme
lit est, nous apparcillasmeset fismes voile avecquele Gallion et les deux
arques pour aller avecque la marée amont le dit fleuve, où trouvasmes
t voir des deux côtés d'Icehu les plus belles et meilleuresterres qu'il soit
possible de voir, aussi unies que l'eau, pleines des plus beaux arbres du
monde, et tant de vignes chargées de raisins le long du fleuve, qu'il
semble mieux qu'elles y aient été plantées de main d'homme qu'autre-
ment mais pour ec qu'elles no sont ni cultivëea ni taill~es~ ne sont les
dits raisins si doux, ni si gros comme les nôtres. Pareillement nous trott-
vasmes grand nombre de maisons sur la rive
du dit fleuve, lesquelles
Sont habitées de gens qui font grande pêcherie de tous bous poissons
selon les saisons et venoient à nos Navires en aussi grand amour et
privauté qui si eussions été du pays,nous apportant force poissons, et de ce
ciel,
qu'ils avoient, pour avoir de notre marchandise, tendans les mains au
faisans plusieurs cérémonies et signes de joie. Et nous étant posés
envi-
nommé ~cMocy, (*) qui
ron a vingt-cinq lieuës de Ca'M~ en un lieu
est W Détroit du dit fleuve, fort courant et dangereux, tant de pierres
bord, et entre autres
que d'autres choses, vinrent plusieurs barques à
grand sermon en
y vint un grand Seigneur du pays, lequel fit un les
venant et arrivant à bord, montrant par signes évidens avecque
mains et autres cérémonies, que le dit fleuve estoit un peu plus amont
fort dangéreux, nous avertissant de nous en donner garde. Et présenta
iceluy Seigneur a~ Capitaine deux do ses caûms à don, ~quci prit une
fille de ]'–e d'environ huit ne~f ans, et refusa un petit garçon do,
deux ou trois ans, parcequ'il c~toit trop petit. Le dit Capitaine festiva
le dit &gneur et sa bande de ce qu'il peut, et lui donna aucun petit
présent, duquel remercia le dit Seigneur le Capitaine, puis s'en allèrent
à terre. Dempuis sont venus celui Seigneur et sa femme voir leur fille
jus~ues à Canada, et apporter aucun petit présent au Capitaine.
Dempuis le dit jour dix-neuvième jusques au vingt-huitième du dit
mois, nous avons été navigans à-mont le dit neuve, sans perdre heure
ni jour, durant lequel temps avons vu et trouvé aussi beaucoup de
des plus beaux
pays et terres aussi unies que l'on saurait désifer, pleines
arbres du monde, savoir chesnes, ormes, noyers~pins, cèdres, pruches,
fraines, bonlles, saules, oziers, et force vignes, (qui est le meilleur) les-
quelles avoient si grand abondance de raisins, que les Compagnons en
venoient tous chargés à bord. H y a pareillement force gruës, cygnes
outardes, oycs, cannes, alouettes, faisans, perdrix, merles, mauvis, tour-
tres, ehMdonnerets, serins, linottes, rossignols, et autres oisoàulx, Comme
en France, et en grand abondance.
Le dit vingt-huitième jour de Septembre, nous arrivames à un grand
Lac et plaine du dit fleuve, large d'environ cinq ou six Ueuës, et douze
de long.(t) Et navigasmes ce jour à mont le dit lac sans trouver partout
baisser,
icelui que deux brasses de parfond également sans hausser ni
(*) Cet endroit est visiblement le Richelieu, qui n'est cependant éloigna ~ue de 15
lieues Ot environ de Sfa~ncon~ en Québec.
(t) C'est le La<-St. Ftft-~auytel Quartier donne deux fois plue d'~tendns <iw*H
t'en t fteHement.
DE JACQUES QUABTtEM.
41
thttpttfeVt.
Comment le Capitaine fist accoustrer les barques pour aller Hochetaga, et tfasser !e
GaUion pour la difficulté du passage. Et comment nous arrivasmes au dit Hoche!aga,
et de la réception que le peuple fit à nostre arrivée.
Le iendemain YÏngt-neuvtëme de Septembre, nostre Cap!t~!nc Yoy:mt
qu'il n'estoit possible de pouvoir pour lois passer le dit Gallion, nst
(') QaattierAtaitévidemment enfilé le Chenal du Nord, au )ieu de prendre cclni du
Sud.
0) Ce eant tes divers chenaux qui se trouvent entre t'tsïe du t'as. t'tste au Castor,
t'Me St. Ignace, l'tste Madame, t'Me de Grâce, et les autres t;tcs an haut du Lac
St. Pierre.
(t) Des Rats Musqufs. <
y
avictuailler et accoustrer les barques, et mettre victuailles pour !e pht~
de temps qu'il fust possible, et que les dites barques en purent accueillir,
et se parfont avec iccDes accompagnede partie des (Gentils-hommes,sa-
voir de Claude du Pont-brhnd, Echanson de Monseigneurle Dauphin,
Charles d3 la Pommcraye, Jean Gouyon, Jean Poullet, et vingt-huit
mariniers, y compris ~îacë JaHobcrt et CfuHîaume.te Breton, ayant la
charge sous le dit Quartier des deux autres Navires, pour aller amont hy
le dit fleuve au plus loing qu'il nous seroit possible et navigasmcs de
temps à gré jusqu'au deuxiëme jour d'Octobre, que nous arrivasmes à
BbcAe!<~<t qui est distant du lieu o& estoit demeuré le Gallion d'environ
quarante-cinq Iieuës.(*) Durant lequel temps et chemin faisans, trou-
vasmes plusieurs gens du pays qui nous apportèrentdu poisson et autres
victuailles, dansans et menans grande joie de nostre venue et pour les
attraire et tenir en amitié avecquo nous, leur donnoit le dit Capitaine
pour récompense des couteaux, patenostres, et autres menues hardes~
de quoi se contentoientfort. Et nous, an'h'ês au dit .Soc~!ay< se ren-'
dirent au devant de nous plus de mille personnes tant hommes, femmes
qu'encans, lesquels nous Ssrent aussi bon accueil que jamais père nat
enfant, menans une joie merveuleuse car les hommes en une bande
dansoient, et les femmes de leur part, et leurs enfans d'autre, lesquels
nous apportèrent force poisson, et de leur pain fait de gros mil, lequel
ils jettoient dedans nos dites barques, en sorte qu'il semblo;t qu'il tom"
bâst de l'air. Voyant ce, le Capitaine desccndist à terre, accompagnéde
plusieurs de ses gens et si test qu'il fut descendu, s'assemblèrent tou~
sur lui, et sur les autres, en faisant une chère inestimable; et apportoient
les femmes, leurs enfants à brassées pour les faire toucher au dit Capî.
taine, et aux autres qui ehtoicnt en sa compagnie, en faisant une feste
qui dura plus de demieheure. Et voyant le dit Capitaine leur largesse,
et bon vouloir, fist asseoir et ranger toutes les femmes, et leur donna
certaines patcnostrcsd'etain,et autres menues besongnes § et à partte des
hommes des couteaux puis se retira. bord des dites barques pour
souper et passer la nuit 1 durant laquelle demeura icelui peuple sur 1~
bord du dit Neuve, au plus près des dites barques, faisans toute la nuit
plusieurs feux et danses, en disant à, toutes heures ~fMM~, qui est leur
dire de salut et joye.
(*) Quartier pMMt aYoîf laissé ïe Callion à peu prêt ~s-à-vis de Berthier mais
on ne compte que quinze t!caS$ pcnr M fendra de B<tth!ef .tfotMa~
Mcntr~af.
Chapitre VH.
Comment t< Capitaine et tM geDtih-hommcs arecqne ïingi-cirq hommee bien Mn)<9
et en bpn ordre, allèrent à la Ville de Pethe!aga,et de là situation du dit lieu-
Le lendemain au plus matin, le Capitaine s'accoustra, et fist mettre
ses gens en ordre pour aller voir la ville et demeurance du dit peuple,
et une montagne qui est jacenie à la dite ville, où allèrent avccquo lo dit
Capitaine les gentils-hommes,et vingt mariniers, et laissa le parsus pour
la garde des barques, et prit trois hommes de la dite ville do Bbc~e~tt
pour les mener et conduire au dit lieu, Et nous estans en chemin, le trou-
vasmes aussi battu qu'il soit possible de voir, en la plus belle terre et
meilleure plaine des chènes aussi beaux qu'il y en ait en forêt de France,
sous lesquelsestoit toute la terre couverte de glands. Et nous, ayant fait
environ une lieue et demie, (*) trouvasmcs sur le chcminl'un des princi-
paux Seigneurs de la dite ville de .Ho<'Mcy<~avecqueplusieurs personnes,
lequel nous fist signe qu'il se &I]o!t reposer au dit lieu près un feu qu'ils
avoient fait au dit chemin. Et lors commença le dit Seigneur à faire un
sermon et preschement, comme ci-devant est dit être leur coutume do
faire joyeetconnoissance,en faisant celui Seigneur chère au dit Capitaine
et sa compagnie lequel Capitaine lui donna une couplede haches et uno
couple de couteaux, avec une Croix et remembrance du Crucifixqu'il lui
fist baiser, et lui pendit au col dé quoi il rendit grâces au dit Capitaine.
Ce fait, marchâmesplus outre, et environ demielieuë de là commentâmes
& trouver les terres labourées, et belles grandes campagnes pleines de
blé-de leurs terres, qui est comme mil de Brésil, aussi gros ou plus que
pois, (t) duquel ils vivent, ainsi que nous faisons de froment. Et au
parmi d'icelles campagnes,est située et assise la dite ville de ~'cM«y<t,(t)
près et joignante une montagne qui est à l'entour d'iceHe, bien labourée
et fort fertile de dessus laquelle on voit fort loin, Nous nommasmes
icelle montagne le J~Mt JRcya?. La dite ville est toute ronde, et close
de bois & trois rangs, en façon d'une pyramide croisée par le haut, ayant
la rangée du parmi en façon de ligue perpendiculaire, puis rangée
de bois couchéz de long, bien oints et cousus à leur mode, et est de
la hautenr d'environ deux lances, Et n'y a en icelle ville qu'une
porte et entrée, qui ferme à barres, sur laquelle et en plusieurs endroits
de la dite clôture y a manière de galeries et échelles à y monter, les-
quelles sont garnies de roches et cailloux pour la garde et défense
(*) Ce qo! fait To!r, que Quertier aurait pris terre audessous du Courant de Ste.
Mer:
(0 Btej
~t) d'Me.
Bled d'lnd/1-
(!) Montr-~t-
d'icellc. I! y a dans icelle ville environ cinquante maisons, longues
d'environ cinquante pas au plus chacune, et douze ou quinze pas de large,
toutes fait es de bois, couvertes et garniesde grandes écorces et peluresdes
dits bois, aussi larges que tables, bien cousues artificiellement selon leur
modo; et par dedans icelles, y a plusieurs aires et chambres et au milieu
d'icelle3 maisons y a une grande salle par terre, où font leur feu et
vivent Ctf communauté, puis so retirent en leurs dites chambres les
hommes avec !e'ti's femmes et cn&ns. Et pareillement ont gréniers au
haut de !<W9 faisons, ou mettent leur blé, duquel ils font leur pain
qu'ils appuient C'«t'<!<'< <t «Wicrû d-ap~s. Ils ont des
piles do t'ois, coilmM {'ttuf chanvre, et battent avec filons de bols le
dit blé en poudre, puis l'amassent en p&te, et en font des tourteaux
qu'ils mettent sur une pierre chaude, puis le couvrent de caillouxchauds,
et ainsi cuisent leur pain en lieu de four. Ils font pareillement force
asscz*i et aussi
potages du dit blé, et'de fèves et pois, desquels ils ont
de gros concombres et autres fruits. Ils ont aussi de grands vaisseaux
comme tonnes en leurs maisons, ou ils mettent
leur poisson, savoir s
anguille~et autres qui sèchent à la fumée durant l'Eté, et en vivent en
Hiver, et de ce font un grand amas, comme avons vu par expéHenct;.
Tout leur vivre est sans aucun goût de sel, et couchent sur écorees de
bois étendues sur la terre, avec mMiantoscouvertures de peaux, de quoi
font leurs vêtemens, savoir Loirs, Bièvres, Martres, Renards, Chats
sauvages, Daims, Ceris, et autres sauvagines mais la plus grand part
d'eux sont quasi tout nuds.
La phu précieuse chose qu'ils aient en ce monde, est .E~M~M, (*)
lequel est blanc, et le prennent au dit fleuve en cornibots en la manière
qui en suit. Quand un homme a desservi la mort, ou qu'ils ont pris
les fesses et
aucun ememi à la guerre, ils le tuent, puis l'incisent sur
cuisses, et par les jambes, bras et épaules à grandes taillades Fuis es
lieux ou est le dit ~Ktr~M avalent le dit corps au fond de l'eau, et le
laissent dix ou douze heures, puis le retirent à mont, et trouvent dedans
les dites taillades et incisions les dits cornibots, desquels ils ~ont des
patenostres, et de ce usent comme nous faisons d'or et d'argent, M le
tiennent la plus précieuse chose du monde. Il a la vertu d'étancher le
sang des nazilles car nous l'avons expérimenté. Ce dit
peuple ne
(*) Lescarbot en parlant de cet r~t~ qui est évidemment une espècede
ceqniUage,nous dit « C'est un mot que j'ay eu beaucoup de peine à comprendre¡
<< et que Belleforestn'a point entendu quand il a voulu en parler. Anjour~hui~de<
les
Sauvages n'en ont plus, ou en ont perdu !e métier car i)s servent fert.
''MatofMazpesgr.tinsderassade) qu'onleur porte de France."
s'adonne qu'à labourage et pêcherie pour vivre; cM-dcaMcM~cc
monde ne font compte, parce qu'ils n'en ont connoissance, et qu'ils ne
bougent de leur pays, et ne sont ambu!~toirea comme ceux do
C*<MM<~
sujets, avec
et ~t6?My, nonobstant que tes dits Canadiens leur soient
huit ou neuf autres peuples qui sont sur le dit fleuve.
~~ttrc ~<tt.
qui 6.ai y fut f..t.. Et
comme h6Mt MtttMMM t )< dita Ville, <<~ !t ~C<'f:<'t)
dit Capitaine
tommmt te Capitaine leur ~t des pr<;KD.,et MtrM choses que :e
leur 6~ comme sera veu en ce chapitre.
Ainsi, comme fumes arrivés auprès d'icelle ville, se
rendirent audevant
de nous grand nombre des Imblt&ns d'iccUe, lesquels leur ~oh de
fusmes
faire nous firent bon accucH, et par nos guides et conducteurs
menés au milieu d'icelle ville, où il y a une place entre les maisons,
spacieused'un jet de pierre en carré, ou environ, lesquels nous firent
signe que nous arrêtassions au dit lieu ce que nous fismes et tout
soudain s'assemblèrent toutes les femmes et fUles de la dite ville,
dont
leurs bras, qui nous vinrent
une partie estoicnt chargés d'enfans entre
baiser le visage, bras et autres endroits de dessus le corps où ils pou-
voient toucher, plem-ans de joie de nous voir, nous faisans la meilleure
plut
chère qu'il leur estoit possible, en nous faisans signes qu'il nous
toucher leurs dits enfans. Après ces choses faites, les hommes firent
retirer les femmes, et s'assirent sur la terre à l'entour de nous, comme
si eussions voulu jouer un mystère. Et tout incontinent revinrent
plusieurs femmes qui'apportèrent chacune une natte quarrée, en fa~on
de tapisserie, et les étendirent sur la terre au milieu de la dite place, et
lesquelles choses ainsi faites, fut
nous firent mettre sur icelles. Après
apporté par neuf ou dix hommesle Roy et Seigneur du dit paM, qu'ils
appellent en leur langue ~OM~MMM,lequel estoit assis sur une grande
et'le vinrent poser dans la dite place sur les dites nattes
peau de Cerf,
près du Capitaine, en faisant signe que c'estoit leur Seigneur. Celui'1
~ooM~aatM étoit de l'âge d'environ cinquante ans, et n'estoit mieux
accoutré que les autres, fors qu'il avoit à l'entourde la teste une manière
de lisière rouge pour sa couronne, faite de poil d'hérissons, et étoit celui
Seigneur tout perclus et malade de ses membres. Après qu'il eût fait
son signe de salut au dit Capitaine et ses gens, en leur faisant signes
évidens qu'ils fussent les bienvenus, il montra ses bras et jambes au
dit Capitaine,le priant les vouMr toucher, comme s'il lui eût demandé
guérison de sa santé. Et lors le Capitaine commença à lui frotter les
bras et jambes avec les mains, et prit le dit /iy<~<M!?Kt ta liziere et cou-
ronne qu'il avoit sur sa tête, et la donna au dit Capitaine et tout in-
continent furent amenés au dit Capitaine plusieurs malades, comme
aveugles,borgnes, boiteux, impotents, et gens si très-viéux que les pau-
pières des yeux leur pcndoicnt sur les joues,et les seyoient et couchoient
prëa du dLt Capitaine pour les toucher tellement qu'il sembloit que
Dieu fut H descendu pour les guérir.
Le dit Capitaine voyant la pitié et foy de ce dit peuple, dit l'Evangile
St. Jean,s~avoir I'jfMprmetpto,faisant le signe do la Croix sur les pajuvres
a
malades, priant Dieu qu'il leur donnât connaissancede notre saincte
Foy, et de la Passion de Notre Sauveur et grâce de recouvrer chrétienté
et baptesme. Puis print le dit Capitaine une paire d'heures, et tout
hautementleut mot & mot la Passion de Notre Seigneur, si que tous les
assistans la purent ouïr, où tout ce pauvre peuple fit un grand silence, et
furent merveilleusement bien entendibles, regardans le ciel et faisans
pareilles cérémonies qu'ils nous voyoient faire. Après laquelle, fit le
dit Capitaine ranger tous les hommes d'un côté, les femmes d'un autre,
et les enfans d'autre, et donna ès principaux et autres des couteaux et
des bachots, et aux femmes des patenôtres, et'autres menues choses, puis.
jetta parmi la place et entre les dits enfans des petites bagues et -~MM
Dei, d'étam, de quoy menèrentune merveilleusejoie. Ce fait, le Ca-
pitaine commanda de sonner les trompettes et autres instrumens de mu-
sique, de quoy le dit peuple fut fort réjoui. Après lesquelles choses,
mous prismes congé d'eux, et nous retirasmes. Voyant ce, les femmes
se mirent audevant de nous pour nous arrêter, et nous apportèrent
de leurs vivres, lesquels ils nous avoient apprestés, savoir s poisson,
potages, fëvés, pain et autres choses pour nous cuider faire repaistre et
diner au dit lieu. Et pour~ce que les dits vivres n'estoientà nostre gout,
et qu'il n'y avoit gout de sel, les remerciasmes, leur faisant signe que
nous n'avions besoin de repaistre.
Apres que nous fusmes. sortis de la dite ville, fusmes conduits par
plusieurs hommes et femmes d'icelle sur la montagne devant dite, qui est
par nous nommée .MbMt-.Koya!, distante du dit lieu d'un quart da lieue r
et nous, estant sur la dite montagne eusmcs vcu et connoissanee de
plus de trente lieuës & l'environ d'icelle,dont il y a vers le Nord une ran-
gée de montagnes, qui sont Est et Ouest gisantes, et autant vers le Su .1
entre lesquelles montagnes est la terré la plus belle qu'il soit possible de
voir, labourable, unie et plaine et par le milieu des dites terres voyons
le dit fleuve outre le lieu où estoicnt demeurées nos barques, où il y
tin saut d'eau le plus impétueux qu'il soit possible de voir,(*) lequel
ne nous fit possible de passer et voyions le dit fleuve tant que l'on
pouvoit regarder grand, large, et spacieux, qui alloit au Su-Ouest, et
passoit par auprès do trois bellcs montagnes rondes que nous voyions, et
estimions qu'elles estoient à environ quinze lieuës do nous et nous fut
dit et montré par signes par les trois hommes qui nous avolcnt conduite
qu'il y avait trois itieux Saults d'eau au dit ncuvo,(t) comme celui ou
estoient nos dites barques mais nous ne pusmcs entendre quelle distance
il y avait entre l'un et l'autre. Puis nous montroient que les dits Mults
passés, l'on pouvoit naviguer plus de trois lunes par le dit fleuve. Et
là dessus me souvient, que -Z)oîMMCotM Seigneur des Canr.diens nous
a dit, quelquefois avoir esté à une autre terre, ou ils sont une lune à
aller avec leurs barques depuis Canada jusqu'à la dite terre, en laquelle
il croît force Canelle, et Girofle. Ils appellent la diteCanelle ~IJo~tAM~,
le Girofle ChMono~. Et outre nous monstroient, que le long des dites
montagnes estant vers le Nord, il y a une grande Rivière qui descend
de l'Occident comme le dit neuve. Nous estimons que c'est la Rivière
qui passe par le Royaume et Province du ,Sa~MM<!y Q) et sans que leur
fissions aucune demande et signe, prisrcnt la chaisne du simet du Capi-
taine qui est d'argént, et un manche de poignard qui estoit de laiton
jaune comme or, lequel estoit au côté de l'un de nos mariniers, et mon-
troient que cela venoit d'amontle dit fleuve, et qu'il y avoit des ~y&~M<<<M,
qui est à dire mauvaises gens, qui estoient armés jusques sur les doigts,
nous montrant la ia~on de leurs armures, qui sont de cordes et bois la~es
et tissus ensemble nous donnans à entendre, que les dits .~yc~!«~M
menoient la guerre continuelle les uns ès autres mais par défaut de
langue, ne pusmës avoir connoissance combien il y avoit jusques au dit
pays, Le dit Capitaine leur montra du cuivre rouge, qu'ils appellent
Cho'MCt~M~, leur montrant vers le dit lieu, et demandant par signe s'il
venoit de là. Ils commencèrent à secouer la teste, disant quq non, et
montrant qu'il venoit du <SM!<eM<!V, qui est au contraire du précèdent.
Après lesquelles choses ainsy vues et entendues, nous retirasmes à nos
barques, qui ne fut sans avoir conduite de grand nombre du dit peuple,
dont partie d'eux quand venoient nos gens las, les chargeoient sur eux
ChapttretX.
Comment Bons arrivasmes au dit H&Me de Ste. Croix comment nous tronyasmes
nos Navires, et comment le Seigneur du pays vint voir le Capitaine, et comment
iedit Capitaine l'alla voir, et partie de leurs consternes et particularités~
L~ Lundi onzième jour d'Octobre, nous arrivasmes au Hâb~e de
<S<t!Mcfe CircM! où estoient nos Navires, et trouvasmes que le? Maîstre~
et Mariniers qui estoient demeurés avoient fait un Fort devant les d{ts
Navires, tout clos de grosses pièces de bois plantées debout, joignant les
unes aux a.utres,et tout à l'entourgarnid'artillerie, et bien en ordre pour
se défendre contre tout le pays. (~) Et tout incontinentque le Seigneur
du pays fut averti de nostre venue, vint le lendemain accompagné de
ïa%ifM<'<Mjmy, -Domo~ctys, et plusieurs autres
pour voir le dit Capitaine,
et lui Asrent une merveilleuseteste, icignans avoir grande Jo!o de sa
venue, lequel pareillement leur fist assez bon accueil, toutefois qu'e
(*tCtMmt)[e9Trois-Rivi6tM..
(}) On pense que ce Fort a dû être bâti, à t'endroit où la Petite Rivière Lairet
se décharge dans la Rivière St. ChMkt.
ravo!cnt pas desservi. Le Seigneur .DotMMCMM pria le Capitaine de
l'aller voir le lendemain à. C'atMt~ ce que lui promit le dit Capitaine.
Et le lendemain treizième du dit mois, le dit Capitaine accompagnédes
Gentils-hommes et de cinquante Compagnons bien en ordre, allèrent
voir le dit jPoK'MCMM et son peuple, qui est distant du lieu où estoient
nos Navires de demie lieuë, et se nomme leur demeurance ~<t(?<tcot~.
Et nous, arrivés au dit lieu, vinrent tes habitans audevant de nous, loin
de leurs maisons d'un jet de pierre, ou mieux, et là se rangeront et
assirent à. leur mode et façon de faire, les hommes d'une part, et les
femmes de l'autre debout, chantans et dansans sans cesse et après
qu'ils s'eatrefurent salués et fait chère les uns aux autres, le Capitaine
donna aux hommes des couteaux, et autres choses de peu de valeur, et
fist passer toutes les femmes et filles devant lui, et leur donna à chacune
une bague d'étain de quoi remercièrent le dit Capitaine, qui fut par le
dit .P<MMM<WMet !T<!tyMf< mené voir leurs maisons, lesquellesestoi-
ent bien estorées de vivres selon leur sorte pour passer leur hyver. Et
fut par le dit .D(MMMM<MMt montréaudit Capitaineles peaulx de cinq tes-
tes d'hommesestendues sur des bois, comme peaulx de parchemin et nous
dit que c'estoient des T~M~amatM de devers le Su, qui leur menoient
continuellement la guerre. Outre nous fut dit, qu'il y a deux ans
passes que les dits roM~amaMM les vinrent assaillir jusques dedans le dit
Fleuve ~une Isle qui est le travers du <S<~Mf;Kay, où ils étaient à passer la
nuit, tondans aller à .HoKy:te(~ leur mener guerre avecque environ deux
cent personnes, tant hommes, femmes, qu' enfans, lesquels furent surpris
en dormi-ntdedans un fort qu'ils avoient fait, où mirent les dits Touda-
m<MM le feu tout à l'entour, et
comme ils sortoient les tuèrent tous,
réserve cinq qui échappèrent. De laquelle destrousse se plaignoiont
encore fort, nous montrans qu'ils en auroient vengeance. Après les-
quelles choses voues, nous retirames à nos Navires.
Chapitre X.
De la faco* de vivre du Peuple de la dite Terre, et de certaines conditions, Cfeanoea
etfa~onsqn'ibont.
Le dit peuple n'a, aucune créance de Dieu qui vaille, car ils croyent
dans un qu'ils appellent CMoMo~M~ et disent, qu'il parle souventeux,
et leur dit le temps qu'il doit faire. Ils disent que quand il se cour-
rouce à eux, qu'il leur jette de lit terre nux yeux. Ils croient aussi
quand ils trépassent, qu'ils vont es cstoiiles, puis Tiennent baissant en
G.
l'horizon comme les dites cstoiUes puis vont en beaux champs verds,
pleins de beaux arbres et fruits somptueux. Après qu'ils nous eurent
donné ces choses a entendre, nous leur avons remontré leur erreur, et
que leur C~CM<~Myest un mauvais Esprit qui les abuse et qu'il n'est
qu'un Dieu, qui est au Ciel, lequel nous donne tout, et est Créateur de
toutes choses, et qu'en celui devons croire seulement et qu'il faut être
baptisé ou aller en Enfer. Et leu!~ fut rcmonstré plusieurs autres choses
de notre Foy ce que facilement ils ont creu, et appelé leur C~MMyMy
.~o'od'MM~ (*) tellement que plusieurs fois ont prié le Capitaine de lesfaire
baptiser, et y sont venus le dit Seigneur, TatytH-~My, .Do?)M~y<%
av ecque tout le peuple de leur ville pour le cuyder estre maïs parceque
ne scavions leur intention et courage, et qu'il n'y avoit personne qui leur
remonstrast la Foy, pour lors fut pris excuse vers eux, et dit à
T~M~Mf~~ et Domagaya qu'ils leur fissent entendre, que nous retour-
nerions un autre voyage et apporterions des Prêtres et du Crcsme leur
donnant à entendre pour excuse, que l'on ne peut baptiser san~ le dit
Cresme ce qu'ils crûrent, pàrceque plusieursenfans but veu baptiser en
Bretagne. Et de la promesse.que leur fist le Capitaine de retourner~
furent fort joyeux, et le remercièrent.
Le dit peuple vit quasi en communauté de biens assez de la sorte
des Brézilliens, et sont tous vestus de peaux de bêtes sauvages, et assez
pauvrement. L'Hyver, ils sont chaussés de chausses et souliers,et l'Eté
vont deschauxs. Ils gardent l'ordre de mariage, fors que les hommes
prennent deux ou trois femmes et dempuis que le mari est mort
jamais les femmes no se remariant, mais font le dcuu de la dite mort
toute leur vie, et se teignent le visage de charbon pilé et de graisse,
comme l'espaisseur d'un couteau, et à. cela cognoist-on qu'elles sont
veuves. Ils ont une autre coustumé fort mauvaise de leurs nllsa car
dempuis qu'elles sont d'âge d'aller à homme, elles sont toutes mises en
une maisonde bordeau, abandonnées à tout le monde de qui en veut,
jusqu'à ce qu'elles aient trouvé leur parti. Et tout ce avons veu par
expérience car nous avons 'vu les maisons aussipleines des dites Elles.
comme est une escolle de garçons en France et d'avantage le jeu de ha-
zard seto~ leur mode tient es dites maisons, ou ils jouent tout ce qu'ils
ont, jusques à la couverture de leur nature. Ils ne sont point de grand
travail, et labourent leur5 terres avec petits bois de la grande'tri d'une
demieespée, où ils font le bled qu'ils appellent Ozisy, lequel est gros
comme pois et de ce mesme bled en croît assez au BrézU. Pareillement
Chapitre XI.
Comme le dit Peuple de jour en jour nous apportoient du poisson, et de ce qu'i!t
avoient à nos Navires: EtcommepMradvertissementde Taiguragny etDoma''
gaya le dit peuple se retira de y venir, et comme il eut aucun discord entre
nous tt eux.
Et depuis de jour en Fautre, venoit le dit peuple nos Navires, et
apportolont force anguilles et autres poissons pour avoir de notre mar~
ehandise, de quoi leur estoit baillé couteaux, allaisnes, patenostres et
autres mjenues choses dont se contentolent fort ma!s nous appcr~umes
que les .deux mechans qu'avions apportes leur disoicnt et donnoient il,
entendre, que ce que nous leur baillons ne yaloient
yaMent rien, et qu'ils
qu' au.
~L _u~J.6_J.1_
roient auMttost des bachots
'iL- -.1.
comme des
1 couteaux pour ce qu'ils nous
baiUoicnt, nonobstant quo le Capitaine leur eust Mt beaucoup de
présens, et si ne cessoient à toutes heures de demander au dit Capitaine
lequel fut averti par un Seigneur de la ville de .H<~oM<-Xo~ qu'il
donnast garde de .DpMMcoîMet des dits deux méchans, et qu'ils estoient
j4y<~M~, qui estjt dire, traistres, et aussi en fut averti
par aucunâ du
dit C~K<t< et aussi que nous appcr~umes do leur malice, parce qu'ils
vouloient retirer les trois enfang que le dit jP(M:K<«'c)M avoit doutas ~u
dit Capitaine. Et do fait, fisrent fuir la plus grande des filles du Navire}J
après laquelle ainsi fuie, fi~t le Capitaine prendre garde es autres $ et
par l'avertissement des dits 'Z~MytM'a~my et .Dt~My<~ s'abstinrent et
déportèrent do venir avecque nous quatre ou cinq jours, sinon aucuns
qui yenoicnt et) grande peur et crainte.
Chaph~e XH.
Comment le Capitaine doutant qu'Us ne songeassent aucune trahison, 6st renforcer le
Fort et comment ils vinrent 'parlementer avecqac lui, et la rendition de la fille
qnis'enestcitfuie.
Voyant la malice d'eux, doutant qu'ils ne songeassent aucune traMson.
et venir avccque un amas de gens sur nous, le Capitaine fist renforcer le
Fort tout à l'entour de gros fossés, larges et parfonds, avecquo perte
pont-levis et renfort de rangs ou pans de bois au contraire des preEuers.
Et fut ordonné pour le guet de la nuit, pour le tempr venir, cinquante
hommes à quatre quarts, et à chacun changement des dits quarts les
trompettes sonnantes ce qui fut fait selon la dite Ordonnance. Et les
dits..D<MMM<'c!M, !f~~Mf<My et Domagaya estant aYert!s du dit renfort,
et de la bonne garde et guet que l'on faisoit furent courrouces d'être en
la mal-grâce du Capitaine et envoyèrent par plusieurs fois de leurs
gens feignansqu'ils fussent d'ailleurs, pour voir si on leur feroit déplaisir,
desquels on rie tint compte, et n'en fut fait ni monstré aucun semblant.
Et y vinrent les dits Donnacona, Ta~Mf~m~, J~omo~aya, et autres
plusieurs fois parler au dit Capitaine, une rivière entre-cux, demandant
au dit Capitaine s'il estoit marri, et pourquoi il n'alloit à C~ttMd'a les voir.
Èt le dit Capitaine leur répondit qu'ils n'estoieht que trai~res et
mechans, ~!ns! qu'on lui avait rapporte et aussi qu'il l'avait appereù eh
plusieurs sortes, comme de n'avoir tenu. promesse d'aller ~.HccMa~ et
d'avoir retiré la fille qu'on lui avait donnée, et autres mauvais tours qu'il
leur nomma mais pour tout ce, s'ils vouloient cstre gens de 'bien. et
M MOQUEE QttAMÏt: $9
oubUet kùr mal-volonté
lonté, qu'il
~u'H leur pardonnoit,
p;trdonno!t, et qu'ils vinsMent
Yin~scnt
seurement à bord faire bonne chère comme pardevant. Desquelles paroles
remercièrent le dit Capitaine, et lui promirent qu'ils lui rendroioRt 1~
fille qui s'en estoit fuie, dedans trois jours. Et le quatrième jour de
Novembre, Domagaya accompagnéde six autres hommes vinrent à nos
Navires, pour dire au dit Capitaine que le Seigneur D~K~co~M estoit
allé par le pays chercher la dih? fille, et que le lendemain elle lui aeroit
par lui amenée. Et outre dit, que ?'aMy!M'<MjM~estoit fort malade, etqu'il
prioit le Capitaine lui envoyer un peu de sel et de pain. Ce que fist le
dit Capitaine lequel lui manda, que c'catoit Jésus qui estoit marri
contre lui pour les mauvais tours qu'il avoitcuydêjouera
Et le lendemain le dit .Dc;HMM<MM!, To~tM~, Domagaya, et plu~
sîeurs autïes vinrent et amenèrent la dite fille, la représentant au dit
dit Capitame, lequel n'en tint compte, et dit qu'il n'en vouloit point, et
qu'ils la rcmcnasscnt. A quoy répondirent faisans leurs excuses, qu'ils
ne lui avoient pas conseillé de s'en aller, ains qu'elle s'en estoit alléo,
parce que les pages l'avoient battue, ainsi qu'elle leur avoit dit et
prièrent derechef le Capitaine de la reprendre, et cux-mesmes la me-
nèrent jusques aux Navires. Après lesquelles choses le Capitaine com-
manda apporter pain et vin, et les festoya. Puis prirent congé les uns
des autres, et dempuis sont allés et venus à nos Navires, et nous à leur
demcut'ance en aussi grand amour que jamais.
€hmp:tre XtH.
De la grandeur et profondeur du dit neuve en général et des bestcs, oiseaux, poiesont
et autres choses que y avons vues, et la situationdes lieux.
Le dit Fleuve commence passé 2<e <~ !M<MMp~MM, le travers des
hautes montagnes de BoM~M~o et des Sept Isles s et y a de distance en
travers environ trente-cinq ou quarante lieuës, et y a au parmi plus do
ieux cent brasses de parfond. Le plus profond et le plus sur
naviguer
est d'Jt cost~ devers le Su et devers le Nord, savoir es dites Sept j~M.
ir a d'un
costé et d'autre environ sept Ueuës, loin des dites Isles, doux
fosses Rivières, qui descendent des monts du ~tMM~ lesquelles~bnt
plusieurs bancs à la mer fort dangéreux. A l'entrée des dites Rivières
~vons vu grand nombre de Baleines et Chevaux de mer.
Lô travers des dites Sept Isles y a une petite Rivière qui va troi'' ou
quatre lieuës en la terre par-dessus des marais, en laquelle y a un mer-'
yeulcux nombre do tous oiseaux de Rivière. Deputs le commencement
du dit fleuve jusqucs & Bbc~c~a y a trois cent lieues et plus, et est le
Commencement d'icclu! la Rivière qui vient du <Sot~!teK<laquelle sort
d'arriver h
d'entre hautes montagnes et entre dedans le dit fleuve auparavant que
province de Ca'M~a de la bande devers. le Nord
iccllo Rivière fort profonde, estroite, et fort dangereuse à naviguer.
et
est
(*) ~'&!e tFOrMan~ à laqnelle Quartier donne encore une étendue de p!ns de dix
lieues de long.
(t) Ce .M<rMt,doit s'entendre de l'endroit on le Fleuve St. Laurent p&Mp entre
Québec et la Pointe Lêv!.
(t) D'apr&a ce passage de la Relation, on est porté à croire que le Vi)bge de
Stathttott~ devait être situé sur la partie du coteau Ste. Geneviève, où se trouve
tnaintenanUe Faubourg St. Jean et ce point une fois établi, l'ancienne Rivière et
H&6~e de t3e. Cf0t'.t est incontestablementla Rivière St. C/tar~s d'anjourd'hui.
Fleuve. Toute cette dite terre est couverte et pleine de bois do plu-
sieurs sortes, et force vignes, excepté it l'entour des peuples, laquelle
ils ont désertée pour faire leur demeurance et labeur, Il y a grand
nombre do grands Cerfs, Da!ms, Ours, et autres bestes. Nous y avons
vu les pas d'une beste qui n'a que deux pied! laquelle nous avons
suivie longuement pardessus le sable et vase, laquelle a les pieds en
cette fa~on grands d'une paulme et plus. Il y a force Loutres,
Bièvres, Martres, Rcynards, Chats Sauvages, Liëvrcs, Connins, Escu-
reils, Rats, lesquels sont gros à merveille, et autres sauvagines. Ds
s'acceoutrent des peaux d'icelles bestes, parcequ'ils n'ont nuls autres
accoustremens. Il y a grand nombre d'oiseaux, savoir Grues, Out-
tardes, Cygnes, Oies sauvages Manches et grises, Cannes, Canards,
Merles, Mauvis, Tourtres, Ramiers, Chardonnerets, Tarins~ Serins,
Linottes, Rossignols, Passes-Solitaires, et autres oiseaux comme en
France.'
Aussi, comme par ci-devant est faite mention es chapitres preeMcns,
le dit Fleuve est le plus abondant de toutes sortes de poissons qu'il soit
mémoire d'homme avoir jamais vue ni ouï car depuis le commencement
jaques à la fin, y trouverez scion les saisons la plupart des sortes et
espèces de poissons de la mer et d'eau doucc. Vous trouverez jusques
au dit Canada force Baleines, Marsoins, Cheveaux de mer, Adhothuis,
qui est une sorte de poisson duquel jamais n'avions vue, ni ouï parler.
Ils sont blancs comme neige, et grands comme Marsouins, et ont le
corps et la teste comme Levriers lesquels se tiennent entre la mer et
l'eau douce qui commence entre la rivière du fS~M~M~ et C'0!M<K~.
Item y trouverez en Juin, Juillet et Aoust force Macquercaux, Mulets,
Bars, Sartres, grosses Anguilles, et autres poissons ayant leur saison
passée, y trouverez l'EpcrIan aussi bien qu'en la Rivière de Seine. Puis
au renouveau y a force Lamproies et Saulmons. Passé le dit C~tMo~a y a
force Brochets, Truites, Carpes, Brèmes, et autres poissons d'ean
douce, et de toutes ces sortes de poissons fait le dit peuple, de chacun
selon leur saison, grosse pescherie pour leur substance et victuaillc.
Chapitre XtV.
Chapitre d'aucunsenseignemens que ceux du Pays nous ont donné depuis estre re-
venus de Hochelaga.
Depuis estre arrivés de HbcMo~ avec le Gallion et les barques
avons cORYors~ allé et venu avecque les peuples les plus prochains c.e nos
Navires en douceur et amitié, fors que parfois avons eus aucuns diHerens
avccquo aucuns mauvais gardon' dont les autres éstoicnt fort marris et
courroucés. Et avons entendu par le Seigneur .D<MMMtco?<a, Ta~MM~~
J9(MK<~aya pt autres, que la Rivière devant dite, et nommée la Rivière
de ~<!y!MK<ty, va jusques au dit <S<«'Hay, qm est loin du commencement
de plus d'une Lune de chemin vers l'Ouest Nor-Ouest et que passé huit
ou neuf journées elle n'est plus pat-fondé que pour bateaux mais que
le droit et bon chemin et plus sûr est par le dit Fleuve jusques t-u des-
sus de .HocM~a à une Rivière qui descend du dit <S<~MCH(tv ec entre
au dit Fleuve, (ce que avons vcu) et que de là sont une lune a y
aller. Et nous ont fait entendre qu'au dit lieu les gens sont habillés
de draps comme nous, et y a force peuples et villes, et bonnes gens, et
qu'ils ont grande quantité d'or et de cuivre rouge. Et nous ont dit que
le tout de la terre depuis la dite première Rivière jusques au dit jHo<
~M/a et ~a~ttenoey est une Isle, laquelle est circuite et environnée de
Rivières et du dit fleuve et que passé le dit ~tyMetMy va !a dite
Rivière entrant en deux ou trois grands lacs d'eau fort larges s puis que
l'on trouve une mer douce, de laquelle n'est mention avoir vue le bout,
ainsi qu'Usent ouï par ceux du<Ss~!<<M; car ils nous ont dit n'y'
avoir été. Outre, nous ont' donné à entendre, qu'au lieu où avions
laissé notre Gallion quand fumes à Hochelaga, y a une Rivièrequi va vers
le Sur-0uest,(*) ou semblablementsont une lune a aller. avecque leurs
barques depuis Sainte Croixjusqu'à une terre ou il n'y a jamais glaces
ni neiges mais qu'en cette dite terre y a guerres continuelles les uns
contre les autres, et qu'en icelle y a Oranges, Amandes, Noix, Prunes,
et autres sortes de fruits, et en grande abondance, et font de l'huile
qu'ils tirent des arbres, très-bonnè à la guérison des plaies. Et nous
ont dit les hommes et habitans d'iceUe terre estre vestus et accoûstréa
de peaux comme eux. Après leur avoir demandé s~ y a de l'or et du
cuivre, nous ont dit que non. J'estime a leur dire )e dit lieu ~strc vêts
la Floride, à ce qu'ils monstràient par leurs signes et merches.
Chapitre XV.
Comme grosse maladie et mortalité qui & été au Peuple de Stadacona, de 'aqueUe
pour les avo!r fréquentes en avons este infectés, tellement qu'il est mort de nos
gens jusqu'au nombre de T'ngt-cinq.
Au mu!a de Dëccmbre fumes avertis que la mortalité s'estoit !M$e au
peuple de ~fo~!<~KO!, tellement que j~ en esto!ent morta par }eur con-
~*) Anctennoment la ~e des .f~Me)'.f, tn.t'ntenaDt h ~i't'Mrt JRtcAeMcK.
fession plus do cinquante. A cause de quoi, leur fimmes défenses do
non venir notre Fort, ni entour nous. Mais nonobstant les avoir
chassés, comment la mortalité entour nous d'une merveilleuse sorte,
et la plus inconnue. Car les uns pcrùoicnt la soutenue, et leur dcve-
noient les jambes grosses et ennécs, et les nerfs retirés, et noircis eommo
charbon, et aucunes toutes semées de gouttes de sang, comme pourpre.
Puis montoit la dite maladie aux hanches, cuisses, espaules, au bras et
au col, Et à tous venoit la bouche si infecte et pourrie par les gencives
que toute la chair en tomboit jusqu'à la racine des dents, lesquelles
tomboient presque toutes.(*) Et tellement s'csprit la dite maladie en nos
trois Navires, qu'à la mi-Février, de cent-dix hommes que nous étions
il n'y en avoit pas dix sains, tellement que l'un ne pouvoit s?courl)?
l'autre, qui estoit chose piteuse à voir, considéré le lieu ou nous estions
car les gens du pays venoient tous les jours devant notre Fort, cul peu
de gens voyoient debout, et jâ. y en avoit huit de morts, et plus do cin-
quante o~ on cspéroit plus de vie. Notre Capitaine voyant la pitié et
maladie ainsi esmeue, fit mettre le monde en prières et oraison~ et fit
porter une Image et rcmcmbrance do la Vierge Marie contre un arbre,
distant do notre Fort d'un traict d'arc, le travers les neiges et glaces,
et ordonna que le Dimanche ensuivant l'on diroit au dit lieu la Messe,
et que tous ceux qui pourroientcheminer tant sains que malades, Iroicnt
à la procession,chantans les sept Psaulmes de David, avec la Litanie,
en priant la dite Vierge qu'il luy plust prier son Cher Enfant qu'il cust
pitié, de nous s et la Messe di~e et chantée devant la dite Image, se fit
le Capitaine Pèlerin à Nostre Dame, qui se fait de prier !t Rocqucma-
dou ;(~) promettant y aller, si Dieu luy donnoît grace de retourner eh
France, Cciuy jour trépassa Ph!ppc lîougcmont,natif d'Amboisc,
de l'âge d'environ vingt ans.
Et parccque la dite maladie estoit incognue, fist le Capitaine ouvrir
le corps, pour voir si aurions aucune connoissanced'icelle, pour pré-
server si possible estoit le parsus et fut trouvé, qu'il avait le cœur to,ut
blanc et aétri, environné de plus d'un pot d'eau, rousse comme datte,
le ibie beau, mais avoit le poulmon tout noirci et mortiné, et s'étcit re-
tiré tout son sang au dessus de son cœur car quand il fut ouvert, sortit
audessus du cœur une grande abondance de sang noir et infect. Pa-
reillement, &YoIt la ratte par. devers l'échiné un peu entamée, environ
(*) C'est évidemmentle Sc6r&M<,maladie contagieuse a!or9 peu connue des Euro-
peecs.
«) Ou poar mtett& dire Roque Amadou, c'cst-a-dire des AniM!. C'est un Bourg
« Querc!, oA U y ya force pèlerins.–.CMcartot.
Jf
deux doigts, (comme s! elle cùst été frottée sur une pierre rude.)
Âpres ee~a vu, lui fut ouvert et incisé une cuisse, laquelle estoit fort
noire par dehors, ma!? par dedans la chair fut trouvée assez belle, Ce
fait, fut inhumé du moins mal que l'on put. Dieu par sa. sainte grâce
pardonne son ame, et à tous trépassés. Amen.
Et depuis, de jour en autre s'est tellement continuée la dite maladie,
que telle heure a este que partout les dits trois Navires n'y avait pas
trois hommes sains. De sorte, qu'en l"un des dits Navires n'y avoit
homme qui eut peu descendre sous le tiHae pour tirer a. boire tant pour
lui que pour les autres. Et pour l'heure y en avoit jà plusieurs de morts,
Ïesquels il nous convint mettre par fbiMesse- sous les neiges car il ne;
nous étOLt pour lors possible d'ouvrir la terre qui estoit gelée, tant
estions folbles, et avions peu de puissance. Et si étions en une ct'ainto
merveille.isedes gens du pays qu'ils ne s'aperçussent de notre plt!é et
foiblesse. Et pour couvrir la dite maladie lorsqu'ils venoient près de-
notre Fort, notre Capitaine, que Dieu a toujours préservé debout, sor-
toit au devant d'eux avecque deux ou trois hommes tant sains, que
malades,lesquels il faisoit sortir après luy et lorsqu'il les voyoit hors'
du pare, iaisoit semblant de les vouloir battre, et criant, et leur jottant;
bâtons après eux, les envoy ant bord, montrant par sigues'ës dits Sau-
vages qu'il faisoit bésogner ses gens dedans les Navires les uns a gai-
ïuestcr, les autres à faire du pain et autres besognes, et qu'il n'estoit
pas bon qu'ils vinssent chômer dehors ce qu'ils croyoient. Et faisoit
le dit Capitaine battre et mener bruit es dits maladesdedans les Navires
avec bâtons et caiuoux, fëignans galluester Et pour lors estions s~
épris de la dite maladie, qu'avions quasi perdus l'espérance de jamais
retourner en France, si Dieu par sa bonté manie' et miséricorde ne
nous eust regardé en pitié, et donné connoissanced'un remède contre
toutes maladies,le plus excellent qui fut jamais vu ni trouvé sur la
terre, ainsi que nous dirons dans le chapitre suivant.
Ctapît~XTt. ·
Comment nous demema~mes au Port de Sainte Crox parmi !e! neigM et efghe~
et da nombre qui moururent de la dite maladie depuis son commencement })Mqa'à
tann-Mars.
Depuis la mi-Novembrejusques au dix-huitièmejour d'Avril avons
esté contmùeUementenfermez dedans les glaces, lesquelles avouent plus
de deux brasses d'épaisseur et dessus terre y ayoU auteur de
quatre pieds de neiges et plus tellement qu'elle estoit plus haute que
les bords de nos Navires,lesquelles ont dur~ jusques au dit temp~ en
sci'to que nos bruvages estoient tous gelés dedansles futailles, et par
dedans les dits Navires tant bas que haut estoit la glace contre les bois
& quatre doigts d'épaisseur, et estoit tout le dit fleuve par autant que
l'eau douce en contient jusques au dessus de BccXe!<<r, gelé. Auquel
temps nous décéda jusques au nombre de vingt-cinq personnes des
principaux et bons Compagnonsqu'eussions, lesquels moururent do la
maladie sus-dite et pour l'heure y en avoit plus de quarante en qui
on espéroit plus de vie, et le parsus tous malades, que nul n'en estoit
exempté, excepté trois ou quatre. Mais Dieu par sa. sainte grace
nous regarda en pitié, et nous envoya connoissanceet remède do notre
guérison et santé, de la sorte et mampre que nous allons dire en c~
Chapitre suivant.
Chapitre XVH.
Commentpar la grâce de Dieu nous eûmes connoisance d'un certain arbre, par
vertu (htqnet nous recouvrîmes notre santé et de la manière d'en user.
Un jour notre Capitaine voyant la maladie si émue, et ses gens si
fort épris d'icelle, estant sorti hors du Fort, et soy promenant sur la
glace, appercut venir une bande des gens de <S'<<K~!COK~ en laquelle
*e
estoit .D<'m<ty<ty< lequel le Capitaine avoit veu depuis dix ou douze
jours fort malade de la propre maladie qu'avoient ses gens car il avoit
l'une de ses jambes aussi grosse qu'un enfant de deux ans, et tous les
nerfs d'icelle retirez, les dents perdues et gâtées, et les gencives pour-
ries et infectes. Le Capitaine voyant le dit J9om<:yaya sain et guerî
fat fort jcyeux, espérant par lui savoir comme il s'étoit guéri, à fin de
donner ajde et secours à ses gens. Et lorsqu'ils furent arrivez près le
Fort, le Capitaine lui demanda comme il 9'estoit guéri de sa maladie S
lequel Z)omMyaya répondit, qu'avec le jus des feuilles d'un arbre, et lé
marc, il s'estoit guéri, et que c'étqlt le singulier remède pour cette ma~
ladie. Lors le Capitaine demanda s'il y en avoit point là entour, et qu'il
lui en montrast pour guérir son Serviteur qui avoit pris la dite maladie
en la maison du Seigneur Donnacona ne lui voulant déclarer le nombre
des Compagnonsqui estoient malades. Lors le dit Domagaya envoya
deux femmes avec notre Capitaine pour en querir, lesquelles en appor-
tèrent neuf ou dix rameaux, et nous montrèrent qu'il falloit piler
l'écorce et les feuilles du dit bois, et mettre le tout bouillir en l'eau,
puis boire de la dite eau de deux jours l'un, et mettre le marc sur les.
jambes cnnecs et malades, et que de toutes maladies leditarbr~ gué-
rissoit et s'appelle le dit arbre en leur langage .~MM<'<Ma.(*)
Tot-apr~s le Capitaine fit faire du breuvage pour faire boire es ma-
lades, desquels n'y en avoit nul d'eux qui voulut icelui essayer, sinon
un ou deux qui se mirent en aventure d'icelui essayer. Tôt-après qu'ils
en curent bu us curent l'avantage, qut se trouva être un vray et évident
miracle. Car do toutes maladies de quoy ils estoient entachés, après en
avoir bu deux ou trois fois, recouvrirent santé et guérison tellement
que tel des Compagnonsqui avoit la vérole puis cinq ou six ans aupara-
vant la dite maladie, a esté par la dite médecine curé nettement.
Après co avoir vu, y a une telle presse qu'on se vouloit tuer sur la dite
médecine !t qui premier en auroit desorte qu'un arbre aussi gros et
aussi grand que je vis jamais arbre, a esté employé en moins de huit
jours lequel a fait telle opération, que si tous les médecins de Louvain
et Montpellier y eussent esté avec toutes les drogues d'Alexandrie,ils
n'en eussent pas tant fait en un an, que le dit arbre a fait 'en huit jours.
Car, il nous a tellementprofité, que tous ceux qui en ont voulu user ont
recouvert santé et guérison. la grâce à Dieu.
ChapîtreXVtM.
Comment le Seigneur Donnacona accompagna de Taiguragny et divers entres,
fe!gnans d'estre allés à la chasse des Cerfs et autres bcstea, furent deux mois
absents, et à leur retour amenèrent grand nombre de gens arec eux que n'avons
coutume de voir.
Durant le temps que l.i maladie et mortalité régnoitcn nos Navires,
so partirent -DoMMco~ raMfMr<MK! et plusieurs autres fei~nans aller
prèndre cbs Cerfs et autres bestes, lesquels ils nomment en leur !aB~â~e
~bK?M~et ~~M~:o:K~p~rcc que les neiges Qstoient grandes, et que les
glaces cstolcnt jà rompues dedans le cours du Fleuve tellement qu'ils
pouvoieiit naviguer par icelui et nous fut par DoBmyoiya et autres dit,
qu'ils ne seroient que quinze jours ce que nous croyons mais ils furent
deux mois sans retourner. Au moyen de quoi eûmes suspection qu'ils
ne so fussent allés amasser grand nombre <c gens pour nous &dn? de-
plaisir, parce qu'ils nous voyoicnt si anbibUs. Nonobstant qu'avions jnis
si bon ordre en notre fait, que si toute la'pmssanoe do léur terre y eut
esté, ils n'eussent seeu faire autre chose que nous regarder. Et pendant
le temps <jU'iIs estoient dehors, venoient tous les jours force gens nos
Navires, comme ils avoient de coutume, nous appportans de la chère
cune d'eUcs donna au dit Capitaine un Collier d'~Mty!~ puis &'ch al-
lèrent de l'autre bord de la Rivière où estoit tout le peuple du dit
~<K?<MOK<t puis se retirèrent, et prirent congé du dit Seigneur 2)ot;-
M<MC?M.
Le Samedi, sixième jour de May, nous appareillasmos du Havre
~Kcte Croix, et vinmes poser au bas de !Ma d'Orléans environ douze
lieues du dit lieu Sainte Croix. Et le Dimanche vînmes F~
Coudres, où avons esté jusqu'au Lundi sixième jour du dit mois, lais-
sans amortir les eaux, lesquelles estoient trop courantes et dangereuses
pour avaller le dit neuve. Pendant lequel temps vinrent plusieurs
barques des peuples subjets du dit Donnacona, lesquels venoient de la,
Rivière du ~yMeMfïy. Et lorsque par jPcM~~a feurcnt averti de la
prise d'eux, et de la façon et manière comme on menoit le dit .PotMM-*
COK<~ en France, furent bien estonB~s: mais ne laissèrent à venir le
long
des Navires parler au dit jDoMMCMM, qui leur dit, que dans douze
lunes il retourneroit,et qu'il avoit bon traitement avecque le Capitaine
et les Compagnons, Dé quoy tous à une voix remercièrent le dit Ca-
pitaine~ et donnèrent au dit JPoMM<MOK<t trois pacquets de peaux de
Biëvres et Loups marins, avecque un grand Cousteau de cuivre rouge,
qui vient du dit ~M~My, et autres choses: Us donnèrent &ussi au
Capitaine un Collier <jEMt)yKy. Pour lesquels présens leur fist le
Capitaine donnerdix ou douze bachots desquels furent fort contentst
etjoyeux, remercians le dit Capitaine, puis s'en retournèrent.
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Le passage est plus scur et meilleur entre lo Nord et la dicto Isle,
quo vers le Su, pour le grand nombre des basses, bancs ~t rochcn qui y
sont, et aussi qu'il y a petit fonds.
Le lendemain seixicsmo jour de May, nous apparcil!asmcs do la dite
Z~e CoitJrc~ et vînmes poser & une Isle qui est environ quinze
lieues de la dite Isle, laquelle est grande d'environ cinq lieues de long,
et là. posâmes celuy jour pour passer la nuit, espérans le lendemain pas-
ser les dangers du ~fMCKoy, lesquels sont fort grands. Le soir fusmes à
la dite Mo où trouvasmes grand nombre de Lièvres, desquels nous
eusmes quantité. Et pour ce, la nommasmes e~ Z~r~ Et la
nuist lo vent vint contraire, et en tourmente, tellement qu'il nous fallut
relâcher &. !M~ C~Mt~ d'ou estions partis, parcequ'il n'y a autre
passage entre les dites Isles, et y fusmes jusqu'auvingt-ct-unit'me jour
du dit mois, que le vent vint bon et tant fismes par nos journées quee
nous passâmes jusques à Bot~/Mc~o, (*) entre !g de !Momjp~oK, et le
dit BbK~M<'<fo, lequel passage n'avoit pardcvant été découvert. Et fismes
courir jusques le travers du Cap de Prato (f) qui est le commence~
ment de la Baie de CMeMf. Et pqrceque le vent estoit convenableet
bon~à. plaisir, fismes porter le jour et la nmct et le lendemain vînmes
querir au corps r/~ de ~noM, ce que voulions faire pour l'abrège de
nostre chemin 1 gisantes les deux terres Su-Ouest et Nord-Ouest un'
quart de l'Est et de l'Ouest; et y a entre eux cinquante Ueuës.' La
dite Isle est en quarante-sèptdegrés et domi do latitude.
Le Jeudi, vingt-cinquième jour du dit mois, jour et festo de l'As-
censlon de Nostre Seigneur, nous traversames à
une terre et sillon de
basses aramcs; qui demeurent au Su-Ouest do la dite ~e (~ -BrMM en-
viron huit lieuës, parsus lesquelles y a de grosses terres pleines d'arbres
et y & une mer enclose, dont nous n'avons veu aucune entrée ni ou-
verture par où entre îeelle mer.
Et le Vendredi, vingt-sixième, parccque le vent chargcolt la
retournaHnes à. la dite Isle (~ JCrtOM, où fusmes jusqu'au premier jour
coste,
sept degrés un
Le Dimanche,
Dimanche, <<roMêm~our
_–––
un Cap que nous nommasmes le Cap ~ct!Mc< .P<(t) qui est en quarante-
quart..
du dit
'tiur du If). Pentc-
teste de la
dit mois, jour et festo Pcntc-
7
SECADA.1 INDABIB.6
TiSNENI.2
HA~ÇHE~3
AYAGA.7
ADDEGUE .8
'HANNAÏON.
OuiSCON.
MADELL0~9
ASSEM .10
(*) C'est le Cnp N~ de l'Isle Royale, ou Cap Breton.
(~) On pense qne c'est te Cap<e, sur la c6(e Est dn Cap Bretow
(t) Antoutd'hni le Pot'! itMc~a~MM, sur le Côte Sud de Terre-Neuve.
(§) Légistes de S<.JPMt')'tt<eAft~tfc!o!t.
~) C'<st h Bote des Ti'epaM~ sur la Côte Sud de Terre-Ncaïc.
Ci-aatremt tM Mm* des d!rcreM purlics <ta eerpt, et mttrtt motr it~ect~
Mttt<&"tT«hrts
La Tête.<. AciaoNzi. UnCtar~on. ADDEGPETA.
Le Front lÏEQCENiASCON. Une Fille. AcNlAQUESTA~
Les Yeux. IlEGATA. Un petiten&nt.~ ExiASTA.
Les Oreilles. AnoNTASCON. Une Robe. CABATA.
La Bou<~ie. EaAHE~, Ua Pourpoint. CciOzA.
Les Dents. Es~ON&AT. Des Chausses. HEMONDOHA~
La Langue. OsNACHE. Des Souliers. At'HA.
L~Ctorge. Attûuao~. Des Chemises. AMMOPA.
Lo Menton. HEBEUN. Un Bonnet CA8TBUA. »
Le Visage. HEGOpASCoa~
Pain'
Leur Bled. QsïZY.
Les Cheveux AGANiscov, CANACÛNT~
Les Bras.
Les AisaoUes.
AlAYSCON.
HE~NENpA. Chair.
Eau AME,
QuAHOUASCON.-
Les Cotes. AissoNNE. Poisson. QuEïON.
L'Estomach. AseBUASCON.' Prunes
Ventre. EscHEHBNDA. Hgues. ABSCONDA~
HONNESTA.
Le
j~TNEGItA.DAS. R~inS.
Rmsms. OSAHA.
Les Cuisses.
Cuisses. <HETNEeRADAS-
< < CON.
Noix.
Poule.
QUAHOTOA~
Un Arc.
y Cfenouu.
LeGenoal. {( (AtiOCHiNEGO-.
cm::t&GO-.
AGO.
DASCO~.
Une l'oule
Una
Arc. AHENCA.
S~HOMCtAHO~
Un
SAHÓ:M:GAUO.&
T~
Les Jambes.
T~ (AGQcepta!È- Une
<
Flèche. QuATETA~.
ch~e {
à lachasse
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Lesneds. ONCHIDASCON. t NASCAT.
(NASCAT.
Les
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A<tBN(~A.
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Dos
Cerf.
Daims; ils
}
Dos Paims
AïONi!EST.A.
AïONiŒST-A.
moi.)
Venez parler à
f
CASIGNO CA~DTf,
Assi&NiQUADDA.
Les
Une
Une
Isle.
Montagne.
CODA.
COIIENA.
OGATCHA.
NAt
Regardez-moi. QuATGATHO~ifA. La GlMC. IIONNESCA.
La Neige.
“ i )
Taisez-vous
Allons au bMeau.~
t-
AîSTA.
CASI~NO CAS-'
NOUt.
Le Froid.
Chaud.
CAMSA.
ATHAtf.
Donnez-moi un)
couteau. HEDA..
QuASOHOA-MiO-
Le
Le
La
Feu.
Fuïnëc.
ODAZANI.
AzisTA.
QuEA/
·
de l'homme.
AiNOASCON.
Mon ~êre. ÂDDATHY.
Les parties 1 Ma Mère.
t'rëre.
ADANAHCE..
honteuses de CASTAIC~E. Mon ADDAGRUf.
ÏaCBmme. ) Ma Sœur. ADDOHAS9PE.
tin homme.
JJJ
<
LE TROISIEME VOYAGE DECOUVERTES FAITES PAU LE CAPITAINE
fES
JACQUES QUARTIEN~ EX L'ANNEE 1540, DAXS LES rAYS t'E CANADA,
HOCHELAGA ET SAGUEXAY.
( T~O!<7Mtt (~ BaNttyt.)
Chapitre ï
Le 6oy François Premier, ordonne à Jacques Quartier de faire de plus amples
découvertesvers lcs Païs de Canada, Hocbelaga'etSaguenay. Ses préparât!~
et sot départ de St. Malo, avec cinq Navires. Son arrivée au Port de Ste- Croix.
ï! bâtit un fort à quatre lieues plus outre, en un lieu qu'il appelle Char]esbodr~
Royal.
Le Roy François Premier, ayant ouï ce qu'avoit rapporté le Capitaine
Quartier, son Pilote (Général, de ses deux premiers Voyagés tic décou-
vertes, tant par ses écrits que verbalement, touchant ce qu'il avoit trouva
et v eu dans les Terres Occidentalespar lui découvertes, dansées pays de
Canada et et R<?cM<~< et ayant aussi veu et conversé avec les Hommes
Sauvages que 16 dit Quartier avoit amenés do ces Pays, l'un desquels
était Roy du C~M«< et qui avoit pour nom DcMK<MOM< et autres Ïes-
quels après avoir vécus longtemps en Franco et au Pais de la Bretagne,
y furent baptisés selon leur désir et demande, et trépassèrent ensuite
dans le dit Pays do Bretagne. Et quoique Sa Majesté eut été Informée
par le dit Quartier de la mort ctdécës de tous les Hommes Sauvages
qui avoient ainsi été amenés par lui (lesquels étoieht au nombre de dix)
à l'exception d'une petite <iUe d'environdix ans, cependant elle résolut
d'y envoyer de nouveau le dit Quartier son Pilote, avec Jean Fiancois
de la Rocque, Chevalier, Seigneur de Roberval, qu'elle nomma son
Lieutenant et Gouverneur dans les Pals de C~tM~t ej! BocM~, et le
dit Quartier comme Capitaine Général et Maitre Pilote des Vaisseaux,
afin de faire plus amples découvertes qu'il n'avoit été faites dans les
précédons voyages, et atteindre (s'il était possible) à la connoissancedu
Pais du ~'a~MeK«y, duquel le Peuple, amené par le dit Quartier, Comme
il est dit; avolt rapporté au Roy, qu'il s'y trouvoit de grandes richesses
et de très-bons Pais. Le. Roy donc, commanda, qu'il fut baillé certains
deniers h l'enët d'entreprendre le dit voyage avec Ciuq Navirea la-
quelle chose fut faite par les dits Sieurs de Roberval et Quartier les-
quels s'accordèrent d'apprêter les dits Cinq Navires à Saint M:Jo en
Bretagne 1~ même où les deux premiers voyages avoient été apprêtés et
d'où les Vaisseaux avalent pris leur départ, et auquel lieu le dit Sieur
Robcrval envoya Quartier pour la même fin. Et âpres que Quartier eut
fait préparer et mettre en bon ordre les dits Ciuq Navires, lo Sieur do
Robcrval se rendit Saint Malo où il trouva tes Navires en rade, les
vergues hautes, tous pr~ts à partir et faire voile, n'attcndansautre chose
que la venue du Gênerai, et le paiement des dépenses. Et comme
~e Sieur do Robcrval le Lieutenant du Roy, n'avait pas encore rcpt
son artillerie, ses poudres et munitions, et autres choses nécessairesdont
il s'étoit pourvu pour ce voyage dans les Pa!s de Champagne et de Nor-
mandie, et parecque les choses susdites lui étoient trcs nécessaires, et
qu'il ne pouvoit se résoudre à les laisser en arrière, il se détermina do
partir de St. Malo pour aller à. Rouen, et la y faire apprêter un ou deux
Navires Bb~eM)' où il pensoit que toutes ces choses étoient venues1
et que le dit Quartier partiroit incontinent avec les Cinq Navires qu'il
a.voit prépares, et prendrait les devants. Considérant au~si, que le dit
Quartier avait reçu des lettres du Roy, par lesquelles il lui cnjoignoit
expressément de partir et faire voile incessamment à la vue et recette
d'iceltes, à peine d'encourir son déplaisir, et de lui en imputer tout lo
blâme. Apres avoir délibéré toutes œs choses, et que le dit Sieur de Ro-
berval eut fait un état et revue de tous les Gentilshommes,Soldats et
Ma,telots qui avoicnt été retenus et choisis pour l'entreprisedo ce voyage,
H donna a'J dit Quartier pleine autorité de par tir et prendre les devants,
et de so conduire en toutes choses connue s'il s'y fut trouvé en personne
et lui-même prit son départ pour Bo~c«)' afin de &irc ses autres prépa-
ratifs. Après ces choses ainsi faites, le vent devenant favorable, Ica sus-
dits Cinq Navires firent voile ensemble, bien fournis de victuailles pour
deux ans, le vingt-troisième jour de Mai 154w.
Et nous mavigâmcs si longtemps, par des vents contraires, et des tour-
mentes continuelles qui nous arrivèrent à cause du retardement de
notre départ, que nous fûmes sur la mer plus de trois mois avant do
pouvoir arflver an Port et Havre du C'<~M<~ sans avoir eu pendant tout
ce temps trente heures de bon vent' qui put nous servir h. suivre notre
droit chemin de sorte, que nos Cinq Navires cause do ces tempêtes
s'entreperdirentles uns des autres, sauf deux qui demeurèrent ensemble,
savoir celui où étoit le Capitaine, et l'autre dans lequel se trouvoit le
Vicomte de Beaupré, jusques ennn au bout d'un mois que nous
nous rencontrâmes au Havre de C~tpOKt en la 2~n'~V<?M!'Ct Mais la
longueur du temps que nous fûmes à passer entre la Bretagne et la 'Z~n'C-
tMMe~ fut cause, que nous nous trouvâmes en grand besoin
d'eau, rap.
port au Bestial, aussi bien que des Chèvres, Porcs et autres animaux
que nous avions apporté pour y multiplier dans te Païs~ lesquels nous
fumesnécessités d'abreuver avec du Cidre et autres breuvages. Ayant
donc été l'espace de'trois mois & naviguersur la mer, nous étant arrêtes
& 2~'f~MMM, attendans le Sieur de Roberval, et faisant provision d'eau
et autres choses nécessaires, nous ne pûmes arrive)' devant le Havre de
C~ en C*<MMt<~ (auquel lieu dans notre précèdent voyage, nous
avions demeuré huit mois) que le vingt-troisième jour du mois d'Août,
Auquel Heu !cs peuples du Pais vinrentnos .Navires, montrante une
grande joie de notre arrivée; et nommément y vint celui quia'oit !a
conduite et qui gouvernoit le Païs du C~)M< appelé ~<Mta, lequelavoit
~té nommé Roy par .D<MHMMMM, et que dans notre précédent voyage
nous avions emmené en France Et s'étant rendu au Navire du Capi-
taine avec six du sept barques, et avec aombrc de femmes et enfans
et après que le dit ~MM se fut informé du Capitaine où étoit jDfMMMCOKo:
et les autres; te Capitiune lui répondit: Que .D(MMM<WMetoit décédé
en France, et que son corps étoit demeuré en terre, et que les autres
~toient re~ês en France o& ils vivolent comme de grands seigneurs 1
qu'ils étcient mariés, et qu'ils ne vouloicnt pas revenir en leur Pais.' La
dit ~<Mm ne montra aucun signe de déplaisir de tout ce discours et je
orols qu'il le prit ainsi en bonne part, parcequ'il demeuroit Seigneur et
Chef du Pays par la mort du dit DoMM<MOK< Après laquelle confé-
rence !é dit Jt~oMa prit un morceau de cuir tanné de couleur jaune, et
garni tout autour d'J~M~M~ (qui est leur richesse, et la chose qu'ilat
estiment être !a, plus précieuse, comme nous faisons de l'or) qui étoit s~
sa tête au lieu de Couronne, et le pla~a sur la tête de notre Capttame
ensuite 3 ôta de ses poignets deux bracelets d'~Mf~M~, et les plaça.
pareillement sur les bras du' Capitaine, jtui disant des accolades, c~ lui
montrant de grands signes de joie ce qui n'étoit que dissimulation
comme bien il nous apparût ensuite. Le Capitaine prit sa Couronne de
Cuir et la mit de reçhef sur sa tête, et lui donna ainsi qu'à ses femmef.
certains petits présents M donnant entendre, qu'il avait apporté cer-
taines chosesnouvelles,desquelles il lui &ro!t présent ci-après :–et pou]'
ce, le dit ~OM<t remercia !e Capitaine. Et après qu'i~ lujt eu<: ~t bonne
chëreaînsi qu'~ sa Compagnie, ils prirent leur départ et s'en retour.
nërent~terre avec leurs barques.
Apres lesquelles choses, le dit Capitaine fut avec detm barques
ont la Rivière audc~ do C~tM~'et du Port de <S'a~ C!roM', pour y
ypir un Havre et une petite Riyiere qui est environ quatre tieues pitfa
ybutre :(*) laqueUe fut trouvée meilleure et plus çonunpdepour y mettre
(')AMjoM<hui!.tJRtt!t~t?(tC<tp-oM~e.
·
sea Navires flot et les placer, que n'étoit l'autre. Pourquoi a son re-
tour nt mener tous ses Navires au devant de ladite Rivière, et à basse
Navires
mer fit planter son Artillerie pour mettre en sureté ceux des
qu'il entendoit garder et retenir dans le Pius, lesquels étoient au nom-
bre de trois ce qu'il fit le jour suivant et les autres Navires demeu-
rèrent dans la. rade au milieu du fleuve, (auquel lieu les victuailles et
autres choses qu'ils avoient apporté furent débarquées :) depuis le vingt-
septième jour d'Août jusqu'au deuxième de Septembre, auquel temps
ils firent voile pour retourner à Saint Malo. Dans lesquels Navires il
renvoya Marc Jalobert son beau-frère, et Etienne Noël son neveu,
tous deux excellents Pilotes, et bien expérimentés avec des lettres au
Roy, pour lui donner connoissancede ce qui avoit été fait et trouvé
et comment Monsieur de Roberval n'étoit pas encore arrivé, et tomme
il craignoit que par la cause des vents contraires et tcmpëtca il avoit
été contraint de retourner en France.
ChttpitteM.
Suit h descriptionde h Rivière et Hâvte de Char!esboarg Royal.
La dite Rivière est petite, et n'a. pas plus de cinquante pas de lar-
'd'eau peuvent y entrer do
geur, et ks Navirestirant do trois brasses
pleine mer et à basse mer il ne s'y trouve qu'un chenal d'un pied ou
environ. Des deux côtés de la Rivière il y a de fort bonnes et belles
terres, pleines d'aussi beaux et puissants arbres que l'on puisse voir au
monde/et de diverses sortes, qui ont plus de dix brassès plus haut que
les autres; et il y a une espèce d'arbre qui s'étend à plus de trois biasses,
qui est appellepar les gens du Pais Anneda," lequel a plus excellente
vertu de tous les arbres du monde, dont je ferai mention ci-après. De
plus, il y a grande quantité de Chênes les plus beaux que j'ai vu de ma
vie, lesquels étoleni tellement chargés de glands qu'il semblolt qu'us s'al.
loient'rompre en outre, il y a de plus beaux Erables, Cèdres, Bou-'
leaux et autres sortes d'arbres que l'on n'en voit en France et proche
de cette forêt sur le côte Sud, la terre est toute couverte de vignes,
ronces, mais
que nous trouvâmes chargées de grappes aussi noires que
qu'elles ne
non pas aussi agréables que celles de France, par la raison
sont pas cultivées,"et parcequ'elles croissent naturellement sauvages.
Do plus, il y a quantité d'Aubépines blanches, qui ont les feuilles aussi
larges que celles des Chênes, et dont le fruit ressemble& celui du Nénier.
?
En somme, ce Païs est aus~~fre au labourage et
la culture qu'on
· rt!
puisse trouver ou désirer. Nous semâmes ici des graines de notre
Païs, tel que graines de Choux, Naveaus~'Laitucs et autres, lesquelles
fructifièrent et sortirent tïo terre en huit jours. L'entrée de cette
.Rivière est devers le Sud, et elle va tournant vers le Nord en ser-
pentant et à. l'entrée d'icclle vers l'Est, il y a un Promontoire haut et
roide où nous pratiquâmes un chemin en manière de double montée,
et au sommet nous y (unes un Fort pour la garde du Fort qui étolt au
bas, ainsi que des Navires et de tout ce qui pouvoit passer tant par le
grand Fje~vo que par cette petite Rivière. En outre, l'on voit une
grande étendue de terre propre la culture, unie et belle voir, ayant
la pente quelque peu au Sud, aussi facile mettre en culture que l'on
peut le désirer, et toute remplie de beaux Chênes, et autres Arbres
d'une gr&nde beauté, non plus épais qu'en nos Forêts de Francc.(*) Ici,
nous employâmesvingt de nos hommes travailler, lesquels dans uno
journée labourèrent environ un arpent et demi de la terre sus-dite, et
en semèrent partie avec des Naveaux,,lesquels au bout de huit jours,
comme j'ai dit ci-devant, sortirent de terre. Et sur cette haute Mon-
tagne ou Promontoire nous trouvasmcs une belle fontaine très-proche
du dit Fort:' joignant lequel nous trouvâmes bonne quantité.depierres,
que nous estimions être DIamans. 'De l'autre côté delà. dite Mon-
tagne et a~ pied d'icelle, qui est vers la grande Rivière, se trouve une
belle mine du meilleur fer qui soit au monde, laquelle s'étend jusques
proche da notre Fort, et le sable sur lequel nous marchiona est terre
de Mine par&ite.'prêtc mettre au four neau. Et sur le bord de Feau
nous trouvâmes certaines feuilles d'un Or fin, aussi épaisses que l'ongle.
Et à l'Ouest,de la dite Rivière il y a, comme it a été dit, plusieurs
beaux Arbres et vers l'eau un Pré plein d'aussi belle et bonne herbe
que jamais je ne vit,en aucun Pr~de France et entre le dit Pré et la
Forêt y a grande quantité de Vignes et au delà de ces Vignes latà
terre donne abondance de~Chanvre lequel croît naturellement, et qui
est aussi bon qu'il est possible de voir, et de même force.. Et an bout
du dit Pré environ cent pas, il y a une terre qui s'élève en pente, la-
quelle est une espèce d'ardoise noire et épaisse Ou l'on voit des Ydnea
Chapitre <H.
Comme &três le départ des deux Navires qui furent remoycs en Bretagne, tt que la
bâtisse da Fort fat commencé,le Capitaine fit préparer deux Barquespeur aller
à mont la Grande Rivière pour descowrir te passage des trois Saults ou tourahts
d'eau.
(') Dans le Routier de Jean Alphonse, ce même endroit est nommé j~'ftttce-.Roy.
(t) Oa pense qoe c~st ua Village qui était situé proche des K<!pMM dit jRMcMtK.
t
et les lui <
t laissa pour
manteau de drap
n.tAn~~ntnOf
apprendre langue; et il lui fit prient d'un ·
leur t!<nfrt)f'ft.!th)!~tM6sCn
écarlated~ Paris, lequel manteau étoit tout garni de
boutons jaunes et blancs d'Etain, et de petites Clochettes et outre lui
donna deux Bassins de cuivre ou Laiton, avec certains Hachots et cou-
teaux. De quoi le dit seigneur parfit fort joyeux, et remercia le Capi-
taine après cela fait, le Capitaine et sa Compagniepartirent du d~t lieu.
Et nous navigâmcs avec vent tellement favorable, que nous arivamesie
distance do
onzièmejour du mois au premier Sault d'eau,(*) qui est à la
fûmes arrivés
deux lieues de la ville de Tutonaguy. Et après que nous
d'aller et passer aussi loin qu'il est
en ce lieu, nous nous délibérâmes
possible avec l'une des Barques, et que l'autre demeurerolt en cet
endroit jusqu'à, notre retour: et nous mîmes le double des hommes en
la
après
Barque pour nager, contre le .courant ou la force du dit Sault. Et.
Barque, nous trouvâmes
que nous nous fûmes éloignés de notre autre
mauvais fonds et de gros rochers, et un si grand courant d'eau qu'il ne
Barque. Sur quoi,
nous fut pas possible de passer plus outre avec notre
!e Capitaine se délibéra'd'allerpar terre pour voir la nature et la façon
du Sault. Et après être descendus à terre, noustrouvâmes près du rivage
les dits Saults, par lequel
un chemin et sentier battu conduisant vers
faisans, et peu après trouvâmes
nous prîmes notre chemin. Et chemin
la demeure d'un Peuple qui nous fit bon accueil, et nous reçurent avec
beaucoup d'amitié. Et après que nous leur eussionsfait connoltre que
d'aller a.~M<!H<
nous allions vers les Saults, et que nous désirions
chemin, et ils
quatre jeunes gens vinrent avec nous pour nous montrer le
nous menèrent si loin que nous vînmes a un autre village ou demeurancë
(f)
de bonnes gens, lesquels demeurent vis-à-vis le deuxième Sault,
qui nous apportèrentde leurs vivres, tels que Chair et Poisson, et nous
leur eut demandé tant par
en firent oSre.' Et après que le Capitaine
signes oùe par paroles, combien de Saults nous avions & passer pour al-
ler à <~MM<ty, et quelle'étoit la longueur du chemin d'ouno~a étions,
étions au deu-~
ce Peuple nous montra, et donna à entendre, que nous
'xiême Sault, et qu'il n'y avoit qu'un autre Saultpasser (~ qua la Ri
viere n'étoit pas navigable pour .se rendre au ~<~K< et que le dit
Sault h'étoit qu'à une tierce partie du chemin plus outre que nous
avions parcouru nousmqntrans icelui avec certains petits batons qu'ils
(') Ce premier Sault sémblexait <tft!eCcMf<tnt S<e.jM!<tn<-
(t)Ct deuxième SaM!tpMa!tcMrtspoB)]reaMj:opMM<!ef<ttKtte.
0)CttMtrtSMttdo!tctre!eSnt(MS<Louis.
placèrent sur la terre certaines distances, et ensuite mirent certaines 1
Chapitre IV.
De9Ct!pt!oa des trois Saults ou courants d'eau qui sont audessusde Hoehehg~.
Après que nous fûmes avertis par le dit' Peuple des choses ci-dessus
dites, tant parceque la journée estoit bien avancée, et que nous n'avions
ni bu ni mangé de cette journée, nous délibérâmes de retourner a nos
Barques et y estant arrivés, nous trouvames grandequantité de peuples
au nombre de quatre cens ou environ, lesquels sembloient estre très ré-
jouis et joyeux de notre arrivée et pour ce, !e Capitaine donna à cha-
cun d'eux certains petits présens; tels que peignes, épingles d'étain et
de laiton, et autres petits ornemens, et aux Chefs à chacun sa petite
hache et hameçon desquels firent plusieurs cris et cérémonies de joie.
Mais néanmoins, il fant se garder de toutes ces belles cérémonieset joie-
eusetés, car ils auroient fait de leur mieux pour nous tuer, ainsi que
nous l'avons appris par la suite. Cela fait, retournames avec nos Bar-
ques, et passâmes près de la demeurance du Seigneur de Hochelai, chez
lequel le Capitaine avoit hissé les deux jeunes garçons en remontant !a
Rivière, pensant le trouver. Mais il ne put y trouver personne, sauf
l'un de ses 61s, lequel dit au Capitaine qu'il étoit allé JM<!MOMM<t, ainsi
que nous le. firent aussi nos garçons, disans qu'il étoit parti depuis
deux jours, Mais de vrai, il étoit allé a Canada pour délibérer avec
Agonir ce qu'ils pouvoient entreprendre contre nous. Et lorsque nous
fumes arrivés a notre Fort, nous fut dit par nos gens, que les Sauvages
du Pals ne venoient plus autour de notre Fort comme ils avolent cou-
tume de'faire, pour nous apporter du poisson, et qu'ils nous redoutoient
et cra!gnoient merveilles. Notre Capitaine ayant donc été averti par
quelques-uns des nôtres qui avoient été a ~<<tJ<M<Mt~ pour les voir, qu'il
y avoit un monde considérable du Peuple du Pais qui y étoient assem-
blés, fit apprêter toutes les choses et mettre notre Fort en bon oidre.
(La ~M<6 de cette .jRc!<~tCM M (fûMMjMf~MC.)
LE ROUTIER
(Traduit de SaMM~.)
)543..
qu'à la Rivière de Canada, dans un espace de deux cens trente Meuee, CD~érvé
par Jean Alphonse, de Xanctoigne, Premier Pilote de Monsieur de Roberval,
ftSCOMOttEB.
VOYACE
SIEUR DE ROBERVAL,
ACCANADA.
IM2.
LE YOTAGE DE JEAN FRANÇOIS DE LA ROQUB~ CHEVALIER 5IECR DE
RODËRVAL, AUX PAIS DU CANADA, SAGCEtfAY ET nOpHELAGA, AVEC
TROIS NAVIRES ET DEUX CENS rERSOXXES, TANT HOMMES QUE
FBmtES ET EXFAKS, COMMENCÉ EN AVRIL 1542 AUQUELS MEUX
IL EST DEMEURE .PENDANT L'ËTË DE LA MEME AMtt:E, ET TOUT
L'HÏVER SUIVAIT.
'~Ot~ ~<t~<.)
Chapitfe I.
Départ <*a Sieur de Roberval du Port de la Rochelle. Son arrivée à h Terrc-NtUte
'où H, rencontre J.tcquçs Quartier, tc~'te! revenant du Canada refuse d'y retour-
uer-tvecte dit Sieur de Roberval. Arrivée du dit Sieur <*e Robert !.uiieuaa-
pellée Fra~ce-Roy, où il it bâtit un Fort, ainsi que divers Jogemens.
Lç Sieur Jean François De la Roque, Chevdicr, Sieur de lîobcrva!,
tioiTiine par le Roi cotnmc son .Lieutenant es pMs du Canada Sague:-
Miiy et
~Ïochehga, mum de trois grands Navires qu! ~voient ~t6 pour-
vits ~ux dëpcus du Roi, et ~yant ?ur flotte deux ccn<) persomies taji~
hommes, que femmes, accompagne de diverses personnes de qualité~
savoir d~ ~tonsietu' Saine-Terre,son Lieutenant FEspinay, son En-
seigne le Capitaine Gùinccourt Monsieur Non'e Pontaitie Dieu
Lamont; Frotte; La Brosse; François do La~Urc; La SaUc,ct
Royêzc, et Jean Alphonse, ~amtongeo~ exceltent Pilote, fit voile de
la Rochelle le 1Q*' A\Tu 1542. Le même jour vers les midi, nous
nous trouvâmes te. ira vers de Chef de B.oys, ou nous fumes coutt'ain~
de passer la nuit suivante. Le Lundi dix-scptîcmc du dit mois, nous
partîmes de Chef de Boys.–Le vent nous fut favo~Mc pendant quel-
que tems, mais en peu de jours il devint tout !). fait contraire, ce qui re-
tarda notre route pendant longtchis, cai; nous fumes soudainement
forces de retournet en artijçre~et dp chercher un a~rl au Havre do
Bcllc-Me sur la çôto de Bretagne, où nous demeurâmes si longcem~ et
épropYMMS tant de vents contraires en chemin, que nous nç pûmes at-
teindre la Terre-Neuve que le septièmejouf de Juin.
Le huit de .ce mois, noua entrâmes au Havre de St. Jean, eu noua
trouvâmes dix-sept Navires de Pêcheurs, purant notre long s~our
en cet endroit, Jacques Quartier et sa CoMpagnic venant du Canadaoù
avoit été envoyé l'année d'auparavant avec cinq Navires, arriva au
même Havre.–Apres avoir rendu ses devoirs à notre Générât, il lui
dit, qu'il avoit apporté certains diamans, et une quantité de mine d'Or
qu'il avoit trouvée au Pais. Le Dimanche suivant on fit l'essai de
cette mine, et elle fut trouvée bonne.
De plus, il dit à notre Général qu'il n'avoit pu avec sa petite bande
résister aux Sauvages,qui rodolcnt journellement et l'incommcdoicnt
fort, et que c'étoit là la cause qui le portoit à revenir en Franco. Ce-
pendant, lui et sa Compagnie loucrcnt fort le Pais comme étant très
riche et très fertile; mais lorsque notre Général qui avait des forces sum-
santcs, lui eut Commandé do retourner avec lui, Quartier et ses gens
remplis d'ambition, et parce qu'ils vouloicnt avoir toute la gloire d'avoir
fait la découverte de tous ces objets, se sauvèrent secrètement de nous
la nuit suivante, et sans prendre aucun congé partirent incontinent pour
se rendre en Bretagne.
Nous passâmes la meilleure partie du mois de Juin au Havre de
Saint Jean, tant pour nous approvisionner d'eau fraîche, dont nous
eûmes grand besoin durant toute la route, que pour accommoderune
querelle qui s'étoit élevée entre des gens de notre Païs et quelques
Portugais. Enfin, environ le dernierjour du même mois, nous prîmes
notre départ, entrâmes dans la Grande Baie, passâmes parFIsIedo
l'Ascension, et arrivasmcs enfin à quatre lieues l'Ouest de l'Mc d'Or- ·
léans.(') En cet endroit, nous trouvâmes un Havre commode pour nos
Navires nous y jcttamcs l'ancre, et nous nous rendîmes à terre avec
nos gens et Smcs choix d'une place commode pour nous y ibrtMer, ca-
pable de commander à la Grande Rivière, et de pouvoir résiste!: l'at-
taque des ennemis. En sorte que vers la fin de Juillet, nous avions ap-
porté h terre toutes nos provisions et autres munitions, et commen-
tâmes à travailler pour nous fortiner~
` thapttjrcH.
Du Fort de Fraeee Roy, <t de ee qai fut fait en cet tndroit.
Ayant décrit le commencement, le milieu et !a. fin tin voyage que fit
M. De Roberyal dans les Pais du C~MKM~, Boc~e~<7, <S~tMMO~, et
autres pais dans les Contrées de l'Ouest il navigua si avant (comme il ·
est écrit dans d'autres mémoires) qu'il abords enfin au Païs susdit,
accompagné de deux cents personnes, soldats, mariniers et gens du
(*) C«t< di~MM indique pr~cis~mcttt ~'f~re ~< Cep ~M~e
commun, avec tout ce qui était nécessairepour une flotte. Le Général
susdit, aussitôt son arrivée fit bâtir un joli Fort, proche et un peu !t
'l'Ouest du Canada, lequel était beau à voir, et d;une grande force, sur
une haute montagne, dans lequel il y avait deux Corps de logis, une
grosse Tour, et une autre de h longueur de quarante ou cinquante
pieds, où il y avoit diverses Chambres, une Salle, une Cuisine, des
Chambres d'office, des Celliers haut et bas, <.t. proche d'iceux il y avoit
un Four et dos Moulins, aussi uu Poêle pour y chauncr les gens, et un
Puits au devant de la maison. Le B&timcnt était situé sur la Grande
Rivière du C~MM~<t, appelée JF'MHM ~'tmc par Monsieur De Roberval.
II y avait aussi au pied de la Montagne un autre logement, dont
partie fca-mait une Tour h deux étages, avec deux Corps de logis, où
l'on gardait toutes les provisions et tout ce que nous avions apporté
et près de cette Tour il y a une autre petite rivière. Dans ces deux
endroits, tant en bas qu'en haut, furent logés les gens du commun. (*)
Chapturcttf.
Destna~jèresdesSauyages
Pour vous déclarer quelle est la condition des Sauvages, il faut dire à
co sujet Que ces peuples sont de bonne stature et bien proportionnes.
ïts sont blancs, maïs vont tout nuds et s'ils étaient vêtus à ta façon
do nos François, ils seroient aussi blancs, et auroient aussi bon air
mais ils se peignent de diverscs couleurs, cause de la chaleur et de
l'ardeurduSoleil.
Au lieu do vêtements, ils s'accoutrent de peaux en manière de
manteaux, tant tes hommes que les femmes. ]Us se servent d'une cer-
t-iwe couverture avec laquelle ils cachent leurs parties honteuses, et
ce, les honnies aussibien que les femmes. Ils ont de~ bns de cj~~usses,
et des souliers de cuir proprement façonnes. Ils ne portent pc'int de
chemises; et ne se couvrent point la tête, mais leurs cheveux sont
relevés au haut de la tête, et, tortilles ou tresses. Pour ce qui est de
leurs vivres, ils se nourrissent de bonnes viandes, toutefois sans aucune
sayeur de sel mais i}s la font sécher et ens~(c gt'~Iet Sur les charbons,
ctee,taatlepo!ssonquel~cha!r.
Ils n'ont aucune demeure arrêtée, mais vont d'un lieu en un autre o&
:!s croient qu'ils pourront nucux trouver leur npnrnture, comme Atoses
d~n~ un endroit, et ailleut-s dinërcns Poissons, tels que Saumons, Estur-
gcons, Mulets, Surmulets, Bars, Carpes, Anguilles, PImpcrncMx et
autres poissons d'eau douce. Ils se nourrissent aussi de Cerfs, Sangliers,
Bœufs sauvages, Porc-Epîcs et de nombre d'autres sauvagine; Le
Gibier W'y trouve en aussi grande abondance qu'ils peuvent désirer.
Pour ce qui est de leur pain, Us le font d'une bonne saveur, avec de
gros mil. Ils se nourissent bien, car pour autre chose, ils n'ont aucun
souci. Leur breuvage est l'huile de Loup-marin; néanmoins, ils
réservent pour leurs grands festins. Ils ont un Roy dans chaque Païs,
mquci ils sont merveilleusementsoumis, et ils lui font honneur d'âpres
leurs manières et façons. Lorsqu'ils voyagent d'un lieu à un autre, ils
emportent dans leurs canots tout ce qu'ils possèdent. Les Femmes
nourissent leurs cnfans à la mamelle, et sont continuellement accroupies
et enveloppéespar le corps avec des fourrures,
Chapitre tV.
Le voyage que fit le Sieur de, Roberval, de eon Fort en Canada, au S.'gMttisy, le
Se.dtJnia,tM3.
Le SIsur de Roberval, Lieutenant Général pour le Roy dans les
Pais du Canacla, ~M~M~ et HocM<~<t, prit son départ pour aller a. la
dite Province de <S'o~!MM<ty Mardi le 5e Juin 1543, après souper, et s'étoit
rendu à bord des Barque:; avec tous ses effets pour fairé le voyage sus-
dit DM~s à. cause de quelques circonstances qui survinrent, Ica dites
Barques demeurèrent dans la rade vis-vis du Heu ci-devant nommé. Et
le Mercredi vers les s!x heures du matin, elles firent voile naviguant
contre le flot et la marée. La flotte étoit composée de huit Barques
tant grandes que petites et il y avait M)ord soixante et dix personnes,
ensemble avec le dit Général.
Le Général laissa dans la dite place et Fort le nombre de trente
personnes, lesquelles y dévoient demeurer jusqu'au retour du voyage
du ~M~My, qui devait être au premier de Juillet passé lequel temps
il leur scroit libre de retourner en France. Et il ne laissa en ce lieu
que deux Barques pour y contenir les dites trente personnes, avec tout
ce qui s'y trouvoit lorsqu'il faisait sa demeure dans le Pa!s.
Et pour ce sujet, il y laissa comme son Lieutenant, un Gentilhomme
nomméle Sieur de Royezc, auquel il donna sa commission enjoignant
a tous les gens de lui porter obéissance comme étant aux ordres du dit
Lieutenant.
Lea vivres qui avoicnt été laisses pour }cur subsistance jusq~'sm dit
premier jour de Juillet, furent reçus par le dit Lieutenantde Itoyèze.
Le Jeudi, quatorzième de Juin, te Sieur de l'Espinay, le Sieuf La
Brosse, )c Sieur Frotté, et le Sieur Longuevat et autres revinrent de
devers le Général du Voyage du <S'<M?K!y..
Et il est remarquer, qu'il y eut une Barque de perdue, et huit
personnes furent noyées. parmi lesquelles se trouvoient le sieur Noire
Fontaine~ et un nommé Levasseur, de Constance.
Juillet.
Le Jeudi, dix-neuvième du mois de Juin susdit, M-riv~rent do devers
IcCtënëra!, les Sieurs do Villeneuve, Talbot, et trois autres, lesquels
apportèrent six-vingts livres pesant de Bled avec Lettres demandant
qu'on demeurât jusque la veille de la Ste. Magdelaine,qui 1 est le vingt-
deuxième de
Mt
.~y DE
I)m
<
PEUX HTTRES DE JACQUES NOE~ PB ST. MALO, TOUCHAT MS
B&COC-
TEBTES DE JACQUES QUARTIEREN CANADA, 1587.
(TM<M! B~ht~.)
MONSŒTR CROWT~
JACQUES
Votre ami affectionné,
tfOEtj.
De St. Ma!o, avec hâte, ce 19me de Juin, 1587.
MON COUSIN,
Je vous prie de me faire le plaisir de m'envoyer le Livre
qui traite de la découverte du Nouveau Mexique, et l'une de ces nou-
velles Cartes des Indes Occ!denttt!es, que vous avez envoyée a. votre beau-
frère Gilles Watier, et quiest dédiée à M. HacMuyt, Monsieur Anglais.
Je ne manquerai pas de m'informer par moi-méme, s'il y'a moyen de
trouver ces relations que le Capitaine Jacques Quartier a 4crite~ après
ses deux derniers voyages au Canada.
APPENDICE.
t.AP~tWtEREHAetTAT'eMBE~EBEC.
~M 1608. [Vc~M
Description de la prem~ Habitation
jM<S'MMf de C~t~atM, j~N'e Il,
~e 184 E(MoM 1613.]
A. Le Magazin.
B. Le Colombier.
C. Corps dé logis o& sont nos armes, et pour loger les ouvriers,
p. Cadran..
D. Autre 'corps de logis pour les ouvriers.
f
F.' Autre corps de logis où est la Forge, et Artisans logés.
G. Galleries tout autour des logemens.
H. Logis du Sieur de Champlain.
ï. La porte de l'Ha,Mta.tto6, où il y a Pont-Ievis.
L., Promenoir autour de l'Habitation contenant 10 pieds de large,
jusques sur le bort du fossé.
A. LeMe~~t'h~Mtatiohestbastie,
.M~ <!M[~ < !<! 6aM6-~ Q!~&~ MtKp!<M~< <M~OMf.
~MtC~~jW6~~<<M~~<~FMM~<eM<Xt<M<
C.LësJard&t&gës.f.
?~<T< M ~eMM~at autour- de !'A~~tM'! de 1608 ~<!M
f~tC~DMNM~
0. Petit fuls~ëau qui ~nt~e~ns tes m&Msëages.
Zc~NM f:t~e<< y~em~ ~aK~ !e j?~ d~ !<: <~ (~ Q<~&e<:
.tM~<WM<~M!'HM~r6<j~<!M<~P~
C~~<e7~Z~<c<
p~ <~ y~M~ C<?<!< !e ~MM<t« (c<M}tBM.~
situés
COM~
“ KM
CHCOfe <t!~OM!'<?'AMt,' ma~ <~m~ (?M C<!?M!MF /6tTH~) !6 ~H~
fM<~ J~Mt~, du Parloir, <?M JafJtM~, et <~ !a ~M,'
<&M traversant te ~f<ftM de !<e!-DMM, o!!<t~ M jeter <t!t ~<!
du Cap à
JKcC~htM.
f~~ occupé MMtmf~taMt faf
!'OMCMK!M 6tYMMWa
F,Ruîsseaud<M)MMau.
<% JM< ~M nt~MM qui ~nM OCtMe~Mtt~ ~M C~ (~ F~,
<C!T)M'<F<t6t<?r!
!.Boutdel'ïs!ed'OrIeanë.
·
J~P<M~-J~~<e/b~~Km~~C~<~Z~.
M. RMëre Bruyante, qui va aux Etchemams
~~c~m~ ~<!4a< MH~ ~a~ MMe~e ~<(t (~<~< Qw~M
p<tr~W~e~îjpM~6?M~r~!eKrttCM,
N. La grande rivière St. Laurens.it
a~
'c;.
Q. LM
M. de C~~MM ? pu
F~Mp~
~< cf~
du grand Saut de'Montmorency.
ou
~JMo~oM~
<!M<M !<M (~ttM !<t ~t~'
M~ :6
rection. <
R. HuIsseauderOurs.
~OM~M!a!-M~ Beauport, ~t-~M6~M~M(!<M~distil-
î6W<?.
S. Rmsseaudu Gendre.
P<f!< cours d'MM ~Mt fait ~W des
C%<
pour M Roi en las Nouvelle ~<!
1603. Le
CCM~~
~M~
j~~tM
<~
:M côtes de !< <~<~ ta dé-
1~~
X. Ruisseau courant, propre à faire toutes sortes de moulina.
Z~~M~M~K&, qui Mprec~~g ~!o!~ de la ~cH~
<~ y~r<~ <?<!<: armée atteignit les ~!<MM~ <f~-
~'<~M. un )!Mtt!tM /OM!<MM~ construit autrefois id, <~MttM!'
à !(! !oC<e K<MM ytt'e!!e~<M'<~maintenant ( J&M FoM!<MM").
a t~
.<
\<
L t,
eu HEM OU JACQU6< ~WARTtER HIVERNA EN tOe-a~,
M. SAMUEL DE CHAMPLAIN..
Plus proche du dit Quebecq, y a une petite rivière qui vient de-
dans les terres d'un lac distant 'de notre habitation de six à sept
lieues ( ). Je tiens que dans cette rivière qui est au Nort et'un
quart du Norouest de nostre habitation, ce fut le lieu où Jacques
<' Quartier yvema, d'autant qu'il y a encores une
lieue dans la rivière
'< des vestiges comme d'une cheminée, dont on à trouvé le fondement,
et apparence d'y avoir eu des fossez autour de leur logement~ qui
'<estoit petit. Nous trouvasmes ausss! de grandes pièces de boiser
cames, et quelques 3 ou 4 balles de canon (3). Toutes ces choses
monst?eBf évidemment que esté une habitation, laquelle a. esté ibn-
«dee pajdes Chrcstiens et ce qui me fait dire et croire que c'est
Jacques Quartier, c'est qu'il ne se trouve point qu'aucun aye yverné
my basty en ces lieux que le dit Jacques Quartier autemps de ~es
(') C'est htiviête S!. Charles d'aajourd'hai elle tire en efM sa sautée J'ua kc
qui porté le mêm? Mm, et qui, est situé à taviron sept lieues à t'ouest de Quaxc.
(') C'estte rapide du NtcMtctt qui eet en~a'et rempli de rocher~ et }9 <heaa! <n
tt(<n~dott.!ttor<ue)tf[ttdiSci)eâmiyM.
lé
et ta nviëre y court comme si c'était un Saut d'eau, (~ ) et y perd de
deux brasses et demie. Il ne s'y voit aucune apparence de bastimen~
hy qu'un homme de jugement voulut s'cstablir en cet endroit, y en
ayant beaucoup d'antres meilleurs quand on serait forcé de demeurer.
J'ay bien voulu traicter de cecy, d'autant qu'il y en a beaucoup qui
eroyent que ce lieu fut la résidence du dit Jacques Quartier ce que
je ne croy pas pour les raisons ci-dessus car le~dtt Quartier en eut,
aussi bien fait le discours pour le laisser à la postérité comme il l'a fait
de tout ce qu'il a vu et descotivert, et Sousttens que mon dire est vé-'
ritable ce qui peut se prouver par l'histoire qu'il en a escrite.
~)LeR!ip:dedaRithe!]en.
(9) Da temps de Jacqaes QaMtier les SMfages ne donnaient en tSet aa paya !e nofa
de Canada, qa'~ partir du Cep rottn:Mtt<e, o& reaa Ja Ceave St. Laurent eontmeBCt à
ëtredonce.
(M) Ce sont les deux sauvages, Taiguragnyet Domagaya que Quartier avait tm*
BMne< en France l'année précédente ( en t534 ).
(S) « ANour onafToatt," vieax mot qni o!gni6e une baie, on un bMs!n, et qm
dtmgEe bien renifle de la rivière St. Charles.
(M) Ceci n'est pas exact Q~artiet dit qte te vittage de S<<t(!<K:<t e« S<<td'<MW~
<tait & uce demie lieue de la nviête Ste. Croix (St. Charles ).
~') He fort de ces trois vaisseaux ensemble n'était que de 220 tonneaux.
(t~) Les Récollets arrivèrent dans la Nouvelle-France en 1615.. Les Jcea~tes ne
vinrent qu'en i635, et en 1627 ces Pères commencèrent un ~taHiMement sur h rive
Il toient ses vaisseaux, où le temps et la saison le pressèrent de telle fa-
con, qu'il ~dt contraint d'yvcrner en 1~ rivière SMnctG Croix, en un
endroit où mMntcnantles Pères Jésuites ont leur demeure sur le bord
d'une autro petite rivière qui so d6ch:u'~e dans ccilo de Saincte Croix~
appelée la Rivière de Jacques Quartier (~), comme ses relations en
fi font foy."
C~AMPLAJt!.–Voyage?, de 1603 à IG29, Liv. t, Chap. pp. t<~ et )i". Edition in-4,
imprimée à Paris eliez Claude Cotiet, 1632.
JEAN DE LAET.
droite de la petite rivière Lairet, à l'endroit où elle tombe dans la rivière St. Chartes.
Le passage suivant extrait de l'Histoire du Canada par le P. Sagard, Rccottet, prouve
que le lieu choisi par.les Jésuites était dès lors connu sous le nom de Fo'< de .foeaMM
QuaffM)'. Et en l'an )627, tes 'Récollets prêtèrent aux Jésuites une charpente pour
estre emptoyêe aa bastiment qn'ils avaient commence au de!à de la petite rivière
«f (St. Chapes), à sept ou huit cens pas de nous en un lieu que l'on appelle comma-
«n~ment le Fort de Jacques Quartier.–SAGABD,Hist. du Canada, p. 867.
(~) Ainsi, l'on voit qu'à l'époque où M. de Champlain publiait cette ddition de
tes voyages (en 1632), la petite rivière Lairet était appelée la ~ït'M'~e de Jacques
Quartier, et que dés 1627 ( voyez la note précédente ) le site qoi est A i'cmbOMhure
de cette même rivière était connu sous le nom de Fort de Jacques Quartier.
(M) M. de Champlain s'est plutôt attaché à prouver que ce ne fut pas au sud du
Neuve St.,Lauren<, et à quinze lieues audessus de Québec, que Jacques Quartier hiverna
<' proche de 1'a.utomne donné ordre pour y bastir une maison pour y
hyverncr, pendant que les ouvriers avançoient la besogne, il entre-
prit le 19° Septembre 1535 de visiter avec quelques uns de ses gens
la rivière plus avant."
JEAN DE LAET.–Histoire du Nouvetn Monde) ]L'Tfe p. 46, <J:}:<& 4e t64).
M. BACQCEVtLLE DE LA POTHERtE.
(«!)VoyeztaMte5.
(!<!)Voyt2hnote6. ·
('") M. de ït Potherie décrit ici en pea de mota et d'une m~iete fort exacte te lieu
det'MTerMmentdeJacqaMQMttier.
<
sion des Récollets de la Nouvelle-France. Ils y t~tirent en 1620, un
couvent sous le titre de Notre Dame des Anges, dans une espèce de
petite Isle où de très belles eaux serpentent. Monseigneur l'Evêque
(St. Vallier) a acheté cet emplacement de ces Religieux ou il a mis
des Hospitalières qui y ont soin de l'Hôpital Général qu'on y a bati
avec une grande magnificence."
LA PoTHEME.–Voyagesde t'Amdriqae, Tome 1, p. t24. Edition de 1722.
(~) Dans un troisième voyage que Jacques Quartier fit aa Canada en !540, il paraît
avoir civernë &!a rivière dn Cap-Rougequi est à environ trois lieues andessua de Qué-
tec. M. de Roberval ne vint en Canada qu'en 1542, sans être accompagné de Quartier.
(~) H est probable que Pauteur disait «i dans une rivière qui est encore connue sous
ce DOtÈ et qoe tes mots dans ace rivière auront été omis dans l'impression.
(M) M. de la Potherie est le premier qui ait fait mention d'un naufrage arrivé A
Jacques Quartier dans !e neaye St. Laurent, les relations que nous avens de ce nayi~
gateur n'en disent pas Ma s<at mot. L'histoire de ce prétendu naufrage tire feut-etre
arpens en superficie, au p!ed d'une petite montagne faite en MnpM-
téàtre sur !e sommet de laquelle est un pais plat, où sont tes cam"
pagnes de bled. Jacques Cartier jetta les yeux sur ce lieu pour y
faire une ville (~).
tDEM.–Tome p. 282.
LE R. P. DE CHARLEVOtX.
<
(~) LeR P.<!eChar!eTo!j: adûpa~et tDeofeiciAqaetqneMMce pea correcte,
car la'relation de Jacques Quartier dit expressémentle tontra're Le seizième det
"ditmo~, (Septembre) noaimismesno~ <!et<zp!tM~r<tttf!tnoetMit( la Grande Her-
"mine ft la Petite Hermine ) dedans le dit tS&~ et rivière, où il y a de p'aine met
trois brssMS, et de basse tM demie brasse, et fut laissé le Gallion (t'Emer)))oc)
<!e<~<tM~ la m<~e poMf menei' d ~ocAtfe~e." –( Voyez p. 36 ) Le tendemait 19' jour ·
da dit mots de Septembre, nona appareillasmeset fismes voile e<;M le CoWon et les
deux barques (chaloupes).-Voyez p. 39.
(M) M. de Champlaina dû prétendre qne cette rivière de Ste. Croix était celle de
St. Chartes mais il n'a parlé nulle part dans sa relation de ta dimcnité qu'il y avait
de placer soit la GrandeHermine soit les autres vaisseauxdans ta rivière en question.
(3<) M. de Champlainétait bien fonftê à compter les dix lieues do bas de t'fste
(t'He d'Ortêans), et en cela H a parfaitementcompris te récit de Jacques Quartiert
'< Et faames outre le dit NenTe environ dix KtMM, costoyans la dite &fe ( à t ~quette il
–
donnait dix Uenea ) et au bout ~'tMHe, ~c. Voyez p. 34.
Ft~.
TABLE
DES MATIERES ÇONTENUES DANS CE VOLUME.
PMEMteXVOYACE eE~e~<)Ee<tMART)6tt.
CHAP.r.
Comme le Capitaine Jacques Quartier partit avec deux Nav!fC9
de St. Maîo, et
comme il'arriva en la Terre-Neuve,appelle f
laNouvelIe-FfanceetentMauPortdeBon&evuo. 1
CHAP. ïï.
CHAP, ÏH.
De deux espèces d'Oiseaux–rune appelée (?c< et l'autre JM<M'-
o<M'~ et comme nous
arrivâmes à Carpunt.
CHAP. tV.
DescrîpttoadeIaTeti'6-Neuve~ depmsie Cap Rase jusqu'à celu:
deDegrad. 3
CHAP.V:
Pel'Me gommée prient de Ste.Catheftne.. ,J~.
CHAR VI.
Du lieu nommé Blanc-Sablon, de l'Ho de Brest, et de l'Isle aux
Mettes.
Oiseaux la sorte et quantité qui s'y trouvent, et du Port
nommé les
<%AP,VIÏ.
Comme nous entrâmes au Port de Brest, et co~me t!r&M vers
CHAP. YIII.
Des Ports de St. Antome, de St. Servain, et de Jacques Quartier
du Fleu~ &ppd$ St.. Jacques des' Coutumes et: Vestements
BIaneSabIon.
des habitants, et de t'isie dé
CHAP.ÏX.
De q<et)iprpmo!~pu:eS)i,~savoir d~. cap Double, Ca~Rcy:
Cap de La! de.s,Montagnes des; Ca.bannes~ des Isïea.Cotom-.
paires, et d'une grande pêcherie de Morues.. 6
..CHAP..X,
-t'
D~queïqueslalea entre !e Cap Royatet~eapde'Mt. 8
caÂp~xt ·
t- "Dët'îsleSt.Jean.M
CHAp.,XM,
Des !~de.MMgàux,.e!ti de~espëpesd'O~eaux.etAntmau?qms;y
trouvent; de l'Me de Brion, et du Capdu Dauphu;. <,
CHAP. XU~
DePIsIe d'Aléa, et d~Caa St. B~n'c. 10
CHAP. XIV.
CHAP. XV.
pays.
Du Gone nommé St. Lunaire, et autres Golfes notables et Caps de
terre, et de la qualité et bonté de ces
CHAP. XVI. ·
hâte.
Du Cap d'Espérance, et du lieu St. Martin, et comme les Barques
d'hommes Sauvages approchèrent de nos Barques, et ne se
voulant retirer furent espouvantésde quelques coups de passe-
vo~ans et de nos dards, et comme ils s'enfuirent à grande
13
· 1
< a
CHAP. XVIÏ.
«
CHAP. XVIII.
Comme âpres que les nôtres eurent envoyé deux hommes en ten'e
avec des marchandises, vinrent 300 Sauvages en grande joie
de la qualité de ce pays, de ce qu'il produit, et du Golfe de la
Chaleur.. r
y
CHAP, XIX.
D'une autre Nation de Sauvages de leurs coustumes et de leurs
tnaniëres.tantdeleurv~vrequeduvestement.16
CHAP.XX
Comme les nôtres plantèrent une grande Croix sur la pointa de
l'entrée du Port, et comme ~Capitaine de ces Sauvages étant
1~
appaisé par un long pourparler avec notre Capitaine, accorla
quj~ deux de ses entants allassent avec )8
CHAP.XXH.
o ~9
CHAP. XXIII.
.M.'
Des Caps St. Louis et de Montmorency, et de quelques autres
Terres; et comme une de nos barques ayant heurté contre
Comme
Tiennot.21
ayant consuJté ce qui estoit le plus expédient de faire, nous
déHbêrasmes notre retour .du Détroit de St. Pierre, et du
Cap de
1
CHAP. XXIV.
Commele 9me jour d'Août nous cntrasmes dans Blanc-SaMon, et
5me de Septembre arrivasmesau Port de St. Malo. 22
eEUXt6M6WOY~CECEJAC$M69<WART<Et<.
CHAP.Ï.
~pr6parat!oBdu Capitaine Jacques Quartier, etdëss!cn9 pOurlo
~yagë !!t Ten'e-Neuve. Emibarquement. De l'ïsie aux
Oiseaux. Découvertes jusqu'au conmtehcementde la grande
RMer~d~ Canada, appellée par les Sauvages Hochelaga.. 26
-<
~CHAP..n. <
CHAP.Mï.
Commele Capitaine retourna, aux Navires et alla revoir l'ïsle. La
Croix.35
grandeur et mature d'icelle et comme il nst mener les dit9
Navires & h Rivière Saincte
CHAP. IV.
Comment les dits Donnacona, Taiguragny et autres songèrent une
finesse, et fisrent habiller trois hommes en guise de diables,
Hochelaga.38
feignans estre venus de par Cudouagny leur Dieu, pour noua
empêcher d'aller
CHAP.V. `.
CotMne&t le Capitaine et tous les Qentilshommes, avec cin-
quante Mariniers partirent de,la province de Canada, avecque
le Gallion et )es deux barques, pour aller à Hochelaga, et de
ce qui M veu entre-deux sur le dict Fleuve. '39
.CHAP. VI.
Comment le Capitaine nst acccoustrer les barques pour aller h,
Hochelaga, et laisser le Gallion pour la difficulté du passage.
Et commentnous arrivasmesBu dit Hochelaga, et de la récep-
Lion que le peuplant à nostre arrivée.. < < '.41
CHAP.vn.
Comment le Capitaine et les gentilshommes avecque vingt-cinq
hommes bien 'arméa et en bon ordre, allèrent a. la Ville dg
Hochelaga, et 4e ~situation du dit lieu.
CHAP. VIII
Comment nous arrivasmes la dite Ville, et de la réception qui
nous y fut faite. Et comment le C&pitaine leur fit des
prë-
chapitre.
sens, etautres choses que k dit Capitaine leur nt, comme
ser~Yeu en ce
CHAP. IX
Comment nous arrîvasmes au dit HâMe de Ste. Croix commet
nous trouvasmes nos Navires, et comment le Seigneur du
pays vint voir le Capitaine, et comment le dit Capitaine l'aBa
voir, et partie de leurs cousttunes etparticularités. 48
CHAP.X.
ont.
De la ~on de vivre du Peuple de la dite Terre, et de certaines
conditions, créances et façons qu'ils
CHAP. XI.
49
eux.
Comme le dit Peuple de jour en jour nous apportoient du poisson,
et de ce qu'ils avoient a nos Navires Et comme par l'aver-
tissement de Taiguragnyet Domagaya le dit peuple se retira
de y venir, et comme H y eut aucun discord entre nous et
.SI
CHAP. XII.
Comment le Capitaine doutant qu'ils ne songeassent aucune trahi-
son, fist renforcer le Fort et comment ils vinrent parlementer
fuie..
avecque lui, et la rendition de la Elle qui s'en estoit C2
CHAP. XIII.. r
CHAP, XÏV.
Chapitre d'aucuns enseignemensque ceux du Pays nous ont donne
depuis estre revenus de Hochelaga, ,60
CHAP. XV.
Comme grosse maladie et mortalité aete au Peuple de S~da-
cône, de laqucUe pour !e9 avoir fréquentes en :tYOKS esté in-
nombre
fectes, tellement qu'il est mort de nos gens jusqu'au
devingt-cinq.. < IJG
CHAP. XVI.
Sainte Croix parmi les
Comment nous demeurasmes au Port de
neiges et englués et du nombre qui
moururent de !a dite
maladie depuis son commencementjusqu'à la mi-Mars..
~8
CHAP. XVII.
user.
Comment par la grâce de Dieu nous cumes
connoissance d'un ce~
tain arbre, par la vertu duquel nous recouvrées notre
et de la manière d'en
CHAP. XVIH.
santé
CHAP. XIX.
grand nombre de
Comment Donnacona revint a Stadacone avec
last le voir.
peuple, et de ce qu'il ne vint faire visite à notre Capitaine,
teignant être bien malade ce qu'il nst aOa que le Capitaine
CHAP. XX.
al-
CHAP. XXÏ.
Comment les CanadieM vînrent la nuit devant les Navires cter-
cher leurs gens, durant laquelle ils hurloient comme loups,
fl
et le partement et conclusion qu'Hûsrent le lendemain, et
deaprëseMqu'tIsnsreht~nostreCitpitMne. 6-)r
CHAP. XXII.
Comment le lendemain, c!nqu!ême jour de May, le dict peuple re-
tourna pour parter à leur Seigneur Et comme il vint quatte
femmes~bordiuîapporterdeàvtvi-ea. 65
Le tangage des Pays et Royaume de Hochelaga et Canada, au-
trement appellés par nous la ~ouveUe-France. 96
'70
CHAP.Ï.
Le RoyTrancoîs Premier, ordonne a Jacques Quartier de faire de
plus ample découvertes vers les Pa!s de Canada, Hochelaga et
Saguenay. Ses préparaUfs, et son départ de St. Mato, avec
cinq Navires. Son arrivée au Port de Ste. Croix U ~&t!t
un fort a quatre Ueues plus outre, en un lieu qn'U appelle
.Chaj'!esbourgRoya!
CHAP. Ï!
Stutia descnpttonde }a Rivière et Havre de Char~sbour~ 73
CHAP. I~Ï.
C'omme après le départ des deux Navi~s qui eurent envoyés en
Bretagne, etque la.Mtisse du~Foft fu(;commmence,!e',Cap~
rants.d'e&u.' ~).t
tameStpréparerdeuxBarquespo~i'a!!er&mont!aC!ran<îe
Rivière pour descouvrir le passage èestro:sSau!t9oacou-
~CHAP!
'.t~; ?5
de Hochelaga. ~4"
Description dea trois Saulta eu coufahts d'eau, qu! sont au-dessus
-t 77
t.E ROUTIER DE JEAN ALPHONSE B6 XAMeTOCKE.
CHAP.I.
Depart du Sieur de Roberval du Port de la RocheUe. Son ar-
flvëo à la Terre-Neuve ou il rencontre Jacques Quartier, le-
quel revenant du Canada refuse d'y retourner avec !e dit
Stenr de Roberval. Arrivée du dit Sieur de Robcrval au
!ogemens.91-~
lieu appellée France-Roy, ou il bâtit un Fort, ainsi que
divers
CHAP. II.
Du Fort' de France Roy, et de ce qui fut fait en cet endroit. 92
AffEHB)C6.
y